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Full text of "Dictionnaire historique de l'ancien langage françois, ou Glossaire de la langue franxoise depuis son origine jusqu'au siecle de Louis XIV. Pub. par les soins de L. Favre"

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I 


DICTIONNAIRE  HISTORIQUE 


DE 


L'ANCIEN  LANGAGE  FRANÇOIS 


NIORT.    —   TYPOGRAPHIE   DE   L.    FAVRE. 


DICTIONNAIRE  HISTORIQUE 


DE 


L'ANCIEN  LANGAGE  FRANÇOIS 

ou 

GLOSSAIRE  DE  LA  LANGUE  FRANÇOISE 

DEPUIS  SON  ORIGINE  JUSQU'AU  SIÈCLE  DE  LOUIS  XIV 
Par  LA  CURNE  DE  SAINTE-PALAYE 

MEMBRE   DE   l'aCADÉMIE   DES   INSCRIPTIONS   ET   DE   l' ACADÉMIE    FRANÇOISE 

Publié  par  les  soins  de  L.  FAVRE,  membre  de  la  Société  de  l'Histoire  de  France, 

avec  le  concours  de  M.  PAJOT,  Archiviste-paléographe, 

CONTENANT  : 

SIGNIFICATION  PRIMITIVE  ET  SECONDAIRE  DES  VIEUX  MOTS 

Vieux  mots  employés  dans  les  chants  des  Trouvères, 
Acceptions  métaphoriques  ou  figurées  des  vieux  mots  français.  —  Mots  dont  la  signification  est  inconnue. 

ETYMOLOGIE  DES  VIEUX  MOTS 

Orthographe  des  vieux  mots.  —  Constructions  irrégulières  de  tours  de  phrases  de  l'ancienne  langue. 

Abréviations  ;  études  sur  les  équivoques  qu'elles  présentent  dans  les  anciens  auteurs. 

Ponctuation  ;  difficultés  qu'elle  présente. 

Proverbes  qui  se  trouvent  dans  nos  poètes  des  XII**,  XIII»  et  XIV^  siècles. 

Noms  propres  et  noms  de  lieux  corrompus  et  défigurés  par  les  anciens  auteurs. 
Mots  empruntés  aux  langues  étrangères 

Usages  anciens. 


SUIVI   DES 


CURIOSITEZ  FRAiÇOlSES,  pour  sopplément  aux  Dictionnaires 

Ou  Rectieil  de  plusieurs  belles  propriété^,  avec  une  infinité  de  proverbes  et  quolibets  pour  l'application  de  toutes 

sortes  de  livres,  par  Antonin  OUDIN. 


TOME   QUATRIÈME 


NIORT 

L.  FAVRE,  éditeur-  du.  GLOSSARIUM  de  Du  Gange, 

Rue    Saint-Jean,    6. 


DICTIONNAIRE  HISTORIQUE 


DE 


L'ANCIEN  LANGAGE  FRANÇOIS 


CH 

Chiedent,  verbe.  [Intercalez  cinedent,  tombent, 
de  cadunt. 

Chieent  i  fuildres  e  menut  e  suvent. 

Chanson  de  Roland,  publiée  par  L.  Gautier,  vers  liSfi.)  Tn.eJ 

Chie  en  fons.  «  Ces  mois  fainéant,  proconi- 
«  meou  (lisez  copronyme),  chie  en  fons,  le  court, 
i>  grisegonnelle,  barbe  torte,  mauclerc,  gippon,  et 
>•  grand  nombre  d'autres  ,  ne  sont  qu'adjectifs 
«  moqueurs ,  altacbez  aux  noms  des  princes.  » 
(Conles  d'Eulrap.  p.  505.) 

Chiefroidure  ,  suhst.  Terme  d'injure.  Il 
répond  à  notre  mot  trivial  pisse-froid.  «  Celui  qui 
«  avoit  achepté  le  poisson  bien  cber  demanda  cette 
"  chicheface  qu'on  appelloit  f/(/e/roîV/in'e.  •>  (Bouch. 
Serées,  p.  181.) 

Chien,  subst.  masc.  Ce  mot,  qui  subsiste  sous 
la  première  orlliograplie  ,  se  prononce  encore 
aujourd'iiui  fjnien,  parmi  le  peuple,  en  Normandie. 
Nous  nous  contenterons,  sans  en  faire  une  acsep- 
tion  particulière,  de  remarquer  que  ce  nom  fut 
donné,  à  Orléans,  à  une  pièce  d'artillerie.  (Voyez 
Mercure  de  May  1735,  p.  !)08.) 

On  employoit  aussi  ce  mol  comme  terme  généri- 
que, en  parlant  des  pelils  de  dilîérens  animaux, 
comme  ceux  de  la  loutre,  du  blaireau,  du  loup,  etc. 
«  Aucunes  gens  dient  que  la  loupve  ne  porte  point 
«  de  rhicns,  tant  comme  sa  meiv  ce,t  vive.  »  ^Cliasse 
de  Gast.  Pbéb.  ms.  p.  09.)  «  Les  blaireaux  fout  une 
«  fois  l'an  leurs  chiens,  comme  renards,  et  les  fonl 
>.  dans  les  fosses.  »  (Ibid.  fol.  80.)  On  lit  (Ib.  f°  Si], 
i<  que  les  loutres  font  leurs  chiens  es  fosses, 
«  dessoubz  les  racines  des  arbres,  près  des 
«  rivières.  » 

Restreint  à  sa  signification  subsistante  de  chien 
animal,  ce  mot  servoit  à  distinguer  les  diverses 
espèces  de  cbiens,  en  y  ajoutant  quelques  termes 
propres  à  les  déterminer. 

On  appeloit  cliien  maatin,  un  chien  de  basse- 
cour.  Nous  disons  simplement  mâtin.  Il  esl  employé 
comme  terme  d'injure,  dans  le  passage  suivant; 


CH 

ceux  qui  entendoient  les  apôtres  parler  diverses 
langues,  disoient  : 

Ils  sont  yvres,  li  chieyi  maatin. 

Hist.  des  Trois  \hries,  en  vers,  MS.  p.  202. 

Les  diables  apostrophent  Ilérode  de  celte  épithète, 
en  le  recevant  dans  les  enfers.  (Hist  du  Th.  fr. 
T.  II,  p.  440.)  On  a  dit  simplement  chiens,  en  par- 
lant des  Turcs  ;  chiens  ennemis  de  notre  foy.  (Mém. 
du  Bellay,  T.  VI,  p.  282.) 

Le  franc  chien  semble  être  le  chien  de  chasse. 
«  L'or  et  l'argent  en  quelque  espèce  qu'il  soit,  en 
"  vaisseaux,  monnoyé,  ou  en  masse,  pourveu  qu'il 
«  vaille  plus  de  vingt  livres,  chevaux  de  service, 
«  francs  chiens,  oyseliux,  apparlienl  au  roy.  «  (Coût. 
de  Norm.  Coût.  Gén.  T.  I,  p.  1030.) 

Les  chiens  d'oiseau  sont  une  espèce  de  cbiens 
propres  à  faire  partir  le  gibier,  pour  le  cliasser  à 
l'oiseau.  «  Leur  droit  inestier  si  est  de  la  perdriz, 
«  et  de  la  caille.  »  (Chasse  de  Gast.  Phéb.  >is.  p.  130.) 
On  lit  (Ibid)  :  «  C'est  moult  bonne  chose  à  un 
«  homme  qui  a  un  bon  austour,  ou  faucon  lanier, 
«  ou  sacre  pour  la  perdriz,  que  de  tielz  chiens.  >> 
Ils  diffèrent  des  chiens  courants,  en  ce  qu'il  faut 
que  ceux-ci,  «  pour  bien  chasser,  se  tiennent 
«  ensemble;  et  au  contraire  les  chiens  d'oijseau, 
»  tant  plus  ils  s'escartenl,  pour  batre  pais,  ils  en 
«  sonlestimez  meilleurs.  ■■  (Charles  IX,  de  la  chasse, 
page  24.) 

Les  cliiensde  terre  (1),  qu'on  nomme  bassets,  en- 
trent dans  les  tanières  des  renards  et  laissons.  On 
distingue  deux  sortes  de  laissons,  \es,po7'chiiis  et  les 
clienins.  ■■  Les  chiens  de  terre  craignent  bien  plus 
«  les  chenins,  que  les  porchins,  car  ils  sont  plus 
«  mauvais,  et  plus  puants.  »  (Fouill.  Vén,  f"73.) 

Comme  il  seroit  inutile  de  rapporter  ici  les  autres 
espèces  de  cbiens  qui  sont  connues  et  désignées 
par  des  termes  encoi'e  eu  usage,  nous  jiasserons 
aux  façons  de  parler,  la  plupart  proverbiales,  aux- 
quelles le  mot  chien  a  donné  lieu  (2).  On  disoil  : 

1°  Aller  aux  chiens,  d^ns  le  sens  propre,  pour 
aller  à  la  chasse  : 


(1)  On  les  nommait  aussi  cullots  :  «  Nostre  amé  UichaiJ  lies  Costes,  escuier,  bourgeois  et  citoyen  de  Lion 
i1e  lui  ung  sien  chic»  cullot  assez  rioteux  et  malicieux.  »  (JJ.  195,  p.  -1126,  an.  -1474.)  (N.  E.) 
{i)  Comparez  Lerotix  de  Lincy  (I,  105  à  171)  et  V.Vncien  Théâtre  franc.,  t.  IX,  Glossaire,  (n.  e.) 
IV. 


ayant  prés 


CH 


o   


CH 


Rjchart  ert  bel,  et  bon,  et  bien  se  contcnoit 
D'oyseaux  duire,  et  de  chiens,  tous  lens  s'entremettoit 
Un  jour  ala  as  chiens,  si  corne  aler  souloit. 

Rom.  de  liou,  MS.  p.  78. 

2"  Le  past  de  chien  éloit  «  la  charge  que  les  sei- 
«  gneurs  imposoieiil  à  leurs  tenanciers  de  nourrir 
«  leurs  ciiiens  de  cluisse  ».  (Laurière,  Gloss.  du  Dr. 
fr.  —  Voyez  ci-après  Chie.nage.) 

3°  On  à  dit,  en  parlant  de  l'avidité  du  soldat  pour 
le  butin  : 

—  Courent  soudoiersà  maies... 
Ausi  comme  chiens  à  charoingnes. 

G.  Guiai't,  MS.  fol.  2(Î3,  R-. 

i"  Avoir  condition  de  chien  (1).  (Eust.  Descli.  Poës. 

MSS.    fol.  2'i'(.) 

5°  Montrer  del]e)tse  comme  [ait  le  chien  sur  son 
fumier  est  mis  pour  se  défendre  vigoureusement 
et  de  pied  ferme,  dans  Percef.  Vol.  111,  fol.  47  (2). 

G"  On  a  dit  proverbialement  :  abai  de  chien,  pour 
aboi  de  chien.  (Prov.  à  la  suite  des  Poës.  mss.  avant 
4300,  T.  IV,  p.  1G.51.) 

7°  Cliiens  de  Flandres.  (Prov.  îi  la  suite  des  Poës. 
MSS.  avant  1300,  T.  IV,  p.  1653.) 

8°  Chiens  d'Orléans.  (Voyez  l'origine  de  cette 
expression  dans  le  Moyen  de  Parvenir,  p.  213.)  Son 
obscénité  ne  permet  guère  de  la  rapporter. 

9°  Cliiens  d'Aitbidon.  On  disoit  de  certaines  gens, 
mal  reçus  partout,  qu'ils  s'en  alloient  comme  les 
chiens  d'Aubidon.  (Contes  d'Eutrap.  p.  230.) 

10°  Chien  d'Esope.  Charron,  parlant  de  quelqu'un 
qui  feint  de  ne  pas  désirer  une  chose  parce  qu'il  ne 
peut  pas  l'avoir,  dit  qu'il  est  comme  le  cliieu 
d'Esope.  (Sagesse,  p.  158.) 

11°  Ciiien  de  l'hortolan  avoit  la  même  signification 
que  notre  expression  :  chien  de  jardinier,  en  par- 
lant de  celui  qui,  ne  pouvant  pas  se  servir  d'une 
chose,  ne  veut  point  que  d'autres  s'en  servent. 
«  Retint  moitié  du  naturel  du  chien  de  l'hortolan, 
«  d'autant  qu'il  ne  mange  jamais  des  choux  du 
«  jardin  de  son  maistre,  et  n'en  laissoit  manger 
«  aux  autres.  »  (Brantôme,  D"  Gall.  T.  I,  p.  181.) 
Barelete,  dans  son  sermon  de  la  3"  semaine  de 
Caresme,  fol.  110,  V"  col.  1,  a  mis  en  latin  ce  pro- 
verbe qu'il  appli(iue  à  l'avare  :  «  Est  sicut  canis 
«  hortulani  qui  porros  non  comedit,  nec  alios  sinit 
«comedcre.  » 

12°  Chien  qui  garde  le  niulon.  Le  même  que  le 
précédent. 

13°  Paix  de  chien  signifie  coups  de  bâton,  ou 
simplement  coups.  (Merlin  Cocaie,  T.  I,  p.  154.) 

14"  Amourettes  au  chien.  Un  ancien  poëte  a  dit, 
en  parlant  des  inclinations  qui  ne  sont  pas  fondées 
sur  l'estime  et  la  vertu  : 

Ce  sont  amourettes  au  chien 
Et  puis  la  fin  si  n'en  vault  rien. 

ContreJ.  de  Songecreu-x,  fol.  01,  V*. 


15°  On  trouve  l'expression  entre  cliieu  et  leu 
dans  Percef.  Vol  I,  fol.  67(3).  Garasse, dans  ses  Rech. 
des  Rech.  a  critiqué  l'étymologie  que  Pasquier 
donne  ù  ce  proverbe.  On  l'exprimoit  en  latin  par 
inter  canem  el  lupum.  (Du  Cange,  Gloss.  lat.  T.  II. 
col.  164.) 

16°  On  disoit  : 

Esveiller  le  clnen  qui  dort. 

M"  Gaulicrs  d'Argies,  Poës.  MSS.  av.  1300, T.  Ill,  p.  J15I. 

Dans  le  sens  où  nous  disons  encore  éveiller  le 
chat  qui  dort. 

17°  S'entr'aimer  comme  chiens  et  leux.  Nous 
disons  comme  chiens  et  chats  (4).  (Voyez  Poës.  mss. 
d'Eust.  Desch.  fol.  444.) 

18»  Battre  le  chien  devant  le  lion  ou  près  du  lion 
signifie  châtier  les  petits,  pour  corriger  les  grands  (5). 
On  faisoit  vraisemblablement  allusion  à  ce  pro- 
verbe parmi  les  différentes  représentations  que 
l'on  vit  au  fameux  banquet  de  la  cour  du  duc  de 
Bourgogne,  à  Lille.  «  Ou  moyen  de  la  salle  esloit 
«  un  lybn  vif,  devant  lequel' on  batloit  un  chien- 
«  net."»  (Monstr.  Vol.  III,  fol.  55,  an  1453.)  <<  .le 
«  m'apperçus  que  son  mal  procédoit  d'ailleurs  que 
<■  de  moi,  et  qu'il  ne  s'altachoit  à  moy  que  pour 
«  /;ft»r(^,  et  gourmander  le  d//VH  devant  lelyon.  ■• 
(Mém.  de  Viller.  T.  I.  p  42.)  On  a  dit  dans  le  même 
sens  :  battre  le  chien  ilevant  le  loup.  (Estât  de  la 
France  sous  François  second,  par  la  Planche, 
p.  126.)  Celte  dernière  expression  subsiste  encore, 

19°  La  facilité  des  chiens  et  laquais  à  faire  con- 
noissance  entre  eux  a  passé  en  proverbe.  (Vovez 
Rom.  Buurg.  Liv.  1,  p.  It)!).) 

20°  On  lit,  au  sujet  de  l'inceste,  que  «  le  proverbe 
«  françois  ne  réputé  pour  un  bon  chien  celuy  qui 
«  guarde  cesle  bonnesteté  ».  (Apol.  pour  Hérodote, 
p.>2.) 

21°  Pendanl  ce  temps,  les  chiens  mangent  le 
lièvre.  Cette  expression  répond  à  la  nôtre,  le  rot 
brûle,  c'est-à-dire  le  temps  se  perd.  (.Mém.  de 
Bassomp.  T.  III,  p.  196.) 

rlSOVERDES  : 

1.  Mauvais  chiens  enconbrez  (médade) 
Envoise  (réjouit)  les  amis  nez. 

iMarc  el  Salom,  MS.  de  S.  G.  fol.  Hfi,  V  col.  1. 

2.  Li  chiens  se  lieve  de  son  soef  dormir. 
Et  va  el  bore  volée  (lippée)  recuillir. 

rrov.  du  vil.  MSS.  de  S.  G.  fol.  "C,  \',  col.  1  et  2. 

3.  On  a  dit  d'un  fils  de  bourgeois  qui  veut  avoir 
une  meute,  comme  un  seigneur,  dont  il  joue  le 
rôle  en  se  ruinant  : 

Jlieldres  (meilleur)  est  mestiers 
Que  chiens,  ne  esperviers. 

ProT.  du  Vil.  MS.  de  S.  G.  fol.  7G,  R-. 

4.  Par  chiens,  et  oiseaulx 

Sont  venus  aux  gens  mains  travaulx. 

Gace  de  la  Big;ne,  des  Déduirts,  MS.  fol.  143,  V'. 


rt)  Voici  la  citation  plus  complète  :  «  Qui  à  nul  bien  de  présent  ne  s'applique,  Fors  à  avoir  condition  de  chien.  »  (n.  e.) 

(2)  «  Ils  nous  sont  venus  assaillir  sur  nostre  fumier,  monstrons  défense  comme  fait  le  chien.  »  (N.  e.) 

(3)  «  Il  estoit  jà  moult  annuyté  ;  car  il  estoit  ainsi  que  entre  chien  et  leu.  »  Mais  on  lit  déjà  au   xill»   siècle  ,   dans 
bataille  des  Sept  Arts  ;  «  En  \\n  carrefour  fist  un  feu  Lez  \m  cerne  entre  chien  et  leu.  »  (N.  E.) 

(4)  On  lit  aussi  dans  la  Chron.  du  siège  d'Orléans  (Bibl.  de  l'Ec.  des  Chartes,  t.  III,  1"  série,  p.  509)  :  «  Par  avant  iiz 
entre  hayoient  comme  chiens  et  chas.  »  (n.  e.) 

(5)  Le  proverbe  daterait  du  xiii*  siècle,  d'après  Leroux  de  Lincy  (1, 170.)  (n.  e.) 


la 


se 


CH 


-  3 


CH 


5.      De  ch>e»s,  d'oyseaux,  d'armes,  et  d'amours, 
Pour  une  joie  cent  donlours. 

Gacc  de  la  Bigne,  des  Déduits,  MS.  fol.  lOG,  R". 

<i.  Folye  fait  envahir  le  chien  sur  son  fumier 
s'est  dit  pour  signifier  le  danger  qu'il  y  a  d'attaquer 
un  ennemi  chez  lui.  (Percef.  Vol.  V,  fol.  GO.) 

7.  Deux  chiens  sont  mauvais  à  un  os. 

Eusl.  Desch.  Pol's.  MSS.  fol.  307,  col.  4. 

8.  On  fiert  chien,  qui  roine  engigne. 

Parton.  de  Blois,  MS.  de  S'  Gerni.  fol.  149,  V'  col.  3. 

9.  Chien  esragié  (enragé)  longues  ne  vit. 

Rom.  de  Rou,  MS.  p.  174. 

10.  Chien  en  cuisine  ne  demande  point  son  com- 
paignon.  (Percef.  Vol.  III,  fol.  129.) 

Chiens  en  quisine 
Son  per  n'y  désire. 

Prov.  du  Vil.  MS.  de  S.  G.  fol.  75,  R-  col.  3. 

11.  On  sert  le  chien  por  le  seignor  ; 
Et  por  l'amor  le  chevalier. 
Baise  la  dame  l'escuyer. 

Hebers  cité  par  Fauch.  Lang.  et  Poës.  fr.  p.  106. 

12.  Quand  on  veut  tuer  son  chien,  on  luij  fait 
croire  qu'il  est  enragé.  (Salnov.  Vénerie,  p.  326.) 

Qui  son  cliien  het,  on  luy  met  sus  (impute)  la  raige. 
Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  289. 

Celuii  qui  son  chien  veult  tuer  pour  couleur  de 
son  faict,  luij  met  sus  (impute) /«  rage.  (Al.  Cliartier, 
Quadril.  Invect.  p.  430.) 

13.  De  là,  cet  autre  proverbe,  avec  le  même  sens  : 
Faulee  occasion  celuy  trouva  qui  son  chien  battit. 
(Percef.  Vol.  IV,  fol.  454.) 

14.  Envie  court  comme  entre  chien  et  chienne. 

Eust.  Descli.  Poës.  MSS.  fol.  364,  col.  2. 

15.  Qui  m'aijme,  à  mon  chien  s'esbanoxje  (se  plaît 
ou  se  joue.)  (Percef.  Vol.  VI,  fol.  88.) 

Bien  doit  amer  mon  chien,  qui  moi  mesismes  aime. 
Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7218,  fol.  273,  V  col.  1. 

Nous  disons  encore  :  qui  m'aime,  aime  mon 
chien. 

16.  Marchans,  bourgois,  ne  facent  comme  chiens 
Qui  tout  mangue,  et  ne  veut  donner  riens. 

Eusl.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  338,  col.  2. 

17  Qui  prent  les  chiens  par  les  oreilles,  aucunes 
fois  le  chien  le  mort.  (Le  chev.de  la  Tour  (1),  Instr.  à 
ses  filles,  fol.  81.) 

18»  Si  dist  on  :  souvent  avient, 

Que  d'aire  (de  bonne  race)  est  le  ciens  ki  devient 
Vénères,  sans  aprendeour  (maistre  qui  le  dresse). 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  449  et  450. 

Nous  disons  :  bon  chien  chasse  de  race. 

19"  Clrien  couart  abaijeplus  fort  (2)  qu'il  ne  mort. 
(Tri.  des  IX  Preux,  p.  170.)  Ce  proverbe  revient  au 
nôtre:  tous  les  chiens  qui  aboyent  ne  mordent  pas. 

20.         Avoir  à  clers,  toison  à  chien, 
Ne  doivent  pas  venir  à  bien. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7615,  T.  I,  fol.  70,  V  col.  2. 


21.  Bon  chien  se  deffend  de  ses  dens. 

Al.  Chartier  Poës.  p.  719. 

22.  Homme,  cheval,  oysel,  et  chien, 
S'il  ne  travaille,  il  ne  vault  rien. 

Gace  de  la  Bigiie,  des  Déduits,  MS.  fol.  10,  R*. 

23.  On  a  dit  de  Thomme  qu'il  doit  estre  maistre 
de  son  cheval  et  de  sa  jenime  par  précipul,  et  sans 
comparaison,  compagnon  de  son  chien  et  valet  de 
son  oyseau.  (Favin,  Th.  d'honn.  T.  Il,  p.  1807.) 

VARIANTES    (3)  : 

CHIEN.  Orth.  subsistante. 

GiENS.  H.  Eslienne,  Conf.  du  Fr.  avec  le  Grec,  p.  132. 

KiEN'.  Poës.  MSS.  av.  1300,  p.  1029. 

QUIEN. 

Chienage ,  subst.  masc.  Droit  seigneurial. 
C'étoit  la  charge  imposée  aux  vassaux  de  nourrir 
et  de  loger  les  chiens  de  leur  seigneur.  (Du  Gange, 
aux  mois Canagiu7n  (i)eiCanaria.  —Voyez  Past  de 
chien,  sous  l'article  Chien  ci-dessus.) 

Cliienes.  [Intercalez  Chienes,  monnaie  d'Alle- 
magne ou  de  Liège:  «  Le  suppliant  avec  les  diz 
«  compagnons  fust  ou  pais  d'Alemagne;  et  la  en 
«  une  certaine  ville  achetèrent  à  une  fois  vi"  mars 
«  de  menue  monnoie,  nommée  cliienes,  qui  à  eulx 
«  trois  ensemble  coustcrent  la  somme  do  xv  francs.  » 
(JJ.  117,  p.  204,  an.  1.380.)  Au  reg.  JJ.  121,  p.  299, 
an.  1382,  on  lit  kiennes:  «  En  l'éveschie  et  ou  pais 
«  du  Liège  achetèrent  d'un  accort  et  d'une  volonté 
«  certaine  monnoie  que  on  appelle  kiennes;... 
"  ladite  monnoie  de  kiennes  montans  à  la  somme 
«  de  deux  cent  cinquante  mars  ou  environ.»]  (n.  e.) 

Chienesse,  subst.  fém.  Meute  de  chiens.  (Du 
Gange,  Gloss.  lat.  au  mot  Canaria.)  «  Nulles  chien- 
«  nesses,  en  nostre  dit  pays  de  Hainault,  ne  pour- 
«  ront  venir  en  iceluy  nostre  pays  faire  quelques 
«  despenses,  ne  dommage  aux  laboureurs,  ne 
«  manans  nourissans  blanches  bestes.  »  (Coût,  de 
Hainaut,  Goût.  Gén.  T.  I,  p.  811.) 

Chien-marin,  subst.  masc.  Sorte  de  poisson. 
Le  chien  marin  ou  chien  de  mer  est  bon  à  manger  (5). 
«  Nul  ne  soil  si  hardi  qu'il  mesie  les  rayes,  ne 
•<  chiens  de  mer  (6),  avec  autre  poisson  en  mesme 
"  panier.  »  (Ord.  T.  II,  p.  359.)  Il  en  est  mention 
dans  la  Bat.  de  Quaresme.  ms.  de  S.  G.  fol.  92,  et 
dans  les  Poës.  mss.  d'Eust.  Desch.  fol.  18.").  On  trouve 
«  des  chiens  marins  tous  noirs,  et  sans  poil,  dans 
«  la  mer  Blanche  et  dans  les  lacs  de  Moscovie  et  de 
«  Sibérie  ».  (Helat.  de  Tart.  p.  86.) 

Chiennaille,  subst.  fém.  Canaille.  Terme  d'in- 
jure. «  Les  Juifs  s'en  furent,  et  France  fut  vuidé  de 
«  la  corruption  de  celle  chiennaille.  »  (Ghron.  S' 
Denis,  T.  II,  fol.  IV) 


(1)  On  lit  aussi  au  Ménagier  (I,  9)  :  «  Cellui  qui  s'entremet  des  noises  d'autruy  est  semblable  à  cellui  qui  prent  le  chien 
par  les  oreilles.  »  On  disait  en  iatiu  :  «  Teneo  lupiim  auribits.  »  (n.  e.) 

(2)  Les  sorciers  donnaient  aux  voleurs  le  moyen  de  faire  taire  les  chiens  bavards  :  «  Auquel  papier  estoient  contenus 
plusieurs  choses,  que  l'en  disoit  estre  experimens  de  Virgiles,  entre  lesquelx  y  estoit  escript  que  on  presist  la  laingue 
d'un  f/iie)!  noir  avecques  le  maistre  dent  d'icellui  f/iie»?,  et  que  le  dent  fust  boutez  dedens  ladite  tangue,  et  que  ce  fait, 
chien  ne  pouroit  abaïer  ceulx  qui  porteroient  ledit  dent  et  langue.  »  (.1.1.  lôO,  p.  162,  an.  1396.)  (n.  e.) 

^3)  I.e  mot  est  dans  la  Chanson  de  Roland  (v.  1751)  sous  la  forme  chen.  (n.  e.) 

(4)  Voyez  t.  11,  p.  75,  col.  2.  On  dit  plus  souvent  bcennage.  (N.  E.) 

(5)  C'est  la  grande  roussette,  scyllium  caincuUi.  (N.  E.) 

(6)  On  lit  dans  un  Fabliau  du  xuv  siècle  (t.  IV,  85,  de  l'éd.  Barbazan)  :  «  Si  l'en  envoie  sanz  targier  As  chiens  de  mer  et 
as  balaines  Conter  les  noveles  certaines.  »  (n.  e.) 


CH 


CH 


Nous  disons  canaille  (1).  Le  peuple  prononce 

encore  i]U(' nui  lie  en  quelques  provinces.  <■  En  Beiirn, 

»  el  en  Navarre  c'«/irt///^,  etquenaille  sont  gens  de 

«  néant,  des  va^'abonds.  »  (Laur.  GIoss.  du  Dr.  fr.) 

Va  en  France,  où  vivra  le  jour  d'une  i:aiiaille. 

Rom.  de  Rou,  IIS.  p.  il. 

C'est-iVdire  où  tu  mèneras  la  vie  que  mène  la 
canaille  ("2). 

VARIANTES  : 

CHIENNAILLE.  Chron.  S.  Denis,  T.  II,  fol.  4,  V". 

KiENAiLLE.  Ph.  Mouskes,  MS. 

Chenaille.  Journ.  de  Paris  sous  Charles  VI  et  VII,  p.  39. 

QuENAiLLE.  Cotgrave,  Dict. 

Canaillk.  On  i.  subsistante. 

QUANAILI-IC.  Uial.  de  Tahur.  p.  177. 

Chienne,  subst.  fém.  Terme  d'injure.  Comme 
qui  diroit  maudite. 

Encor  est  ceste  gent  si  chienne. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  T2i8,  fol.  MJ,  V-  col.  1. 

Chienuerie,  subst.  fém.  Vilenie  (3).  Il  semble 
que  ce  soit  le  sens  de  ce  mot  pris  figurément  en  ce 
passage  :  «  De  cestuy  monde,  rien  ne  prestant,  ne 
«  sera  qu'une  citiomerie,  qu'une  brique  plus  ano- 
«  maie  que  celle  du  recteur  de  Paris.  »  (Rabelais, 
T.  m,  p.  2!.) 

Chienneter,  verbe.  Cbienner.  (Dict.  de  Cotgr. 
et  d'Oudin.)  ■<  La  joune  lyce  qui  n'a  jamais  chien- 
a  neté.  »  (Salnov.  Vénerie,  p.  33.)  (i) 

Chiennons,  subst.  niasc.  plur.  C'est  une  faute, 
dans  Froissart,  au  lieu  de  chevrons  d'armoirie.  (Le 
JLabour.  Orig.  des  Arm.  p.  191.) 

Chieor,  subst.  masc.  Chieur.  On  a  dit  prover- 
bialement il  chier  de  Borges  (5).  (Prov.  à  la  suite  des 
Poës  M.<s.  avant  1300,  T.  IV,  p.  J652.) 

Chier,  verbe.  Ce  mot,  qui  subsiste,  nous  four- 
nira quelques  anciennes  façons  de  parler  (C)  : 

1°  Cliier  sur  la  Bible  s'est  dit  pour  abandonner 
la  religion  des  Huguenots  :  «  11  le  mena  à  la  Cour, 
<<  qui  iors  estoit  à  Fontainebleau  ;  mais  ayant  parlé  à 
«  monsieur  le  cardinal  de  Lorraine,  ledit  David 
«  chia  sur  la  Bible,  el  le  ministre,  et  tout.  »  (Brant. 
Cap.  Fr.  T.  III,  p.  237.) 

2°  Chier  au  jianier.  Nous  disons  trivialement, 
chier  dans  la  malle,  àims  le  sens  de  cette  expres- 
sion. M.  de  Villars  dit  à  M.  de  Rosni  :  «  Vous  estes 
"  bien  loin  de  vostre  compte,  et  vostre  roy  de 
«  Navarre  aussy;  car,  par  le  corps  bleu,  il  a  chié 
«  au  panier  pour  moy,  et  s'il  n'a  pas  d'autre  valet 
«  que  de  Villars,  croyez  qu'il  sera  mal  serw  /).  » 
(Mém.  de  Sully,  T.  II,  p.  143.) 

Nous  citons  le  proverbe  suivant  : 


Et  en  dit  bien  en  reprovier  (proverbe), 
Que  trop  estraindre  fait  chier. 

FobL  MSS.  du  R.  n-  7(U5,  T.  I,  fol.  50.  R»  col.  I. 

On  disoit  trivialement,  et  dans  un  sens  ironique. 
bien  cilié  pour  mal  fait,  mal  tourné  : 

Alez  vous  en  tost  hioi  chié,... 
Vous  estes  mal  antillié  (outillé.) 

Eusl.  Desdi.  Poos.  MSS.  fol.  208,  col.  I . 

Chiere,  subst.  fém.  On  a  dit,  du  faucon  pèlerin, 
que  «  la  couleur  du  pié,  et  la  chirc  du  bec  soit 
«  une.  »  (Modus  et  Racio,  m.=..  fol.  109.)  <■  Se  tu  tens 
«  les  latz  pour  les  bestes  noires,  garde  que  la  chiere 
'<  ne  soit  mie  trop  liaulte.  »  (Modus  et  Racio,  f^  35.) 

variantes  : 
CUIRE.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  109,  Y". 
Chiere,  Ciere.  Modus  et  Racio,  fol.  35,  R». 

Chifetier, Si('/s/.  masc.  ChilTonnier(8j.Crieurde 
vieux  drapeaux.  iDicl.  de  Nicot,  Cotgrave  et  Oudin.) 

Chiffonie.  [Intercalez  Chiffonie,  tambourin 
porté  comme  une  grosse  caisse,  mais  frappé  à  la 
fois  sur  ses  deux  faces:  «  Symphonia  vulgo  appel- 
le latur  lignum  cavum  ex  ulraque  parte,  pelle 
«  extensa,  (|uam  virgulis  liinc  et  inde  musici 
"  feriunt.  »  (Isidore,  11,  c.  21.1  On  lit  au  Lnsidaire 
(Du  Gange,  VI,  îG9,  col.  1)  : 

Psalleres,  harpes  et  vieles, 
Giges,  et  chifonies  bêles. 

On  lit  aussi  dans  Cuvelier  (Id.,  id.)  : 

Et  s'avoit  chascun  d'eu.K  après  luy  un  sergent 

Qui  une  cliiffonie  va  à  son  col  portant, 

Et  11  deus  menestrers  se  vont  appareillant 

Tous  deus  devant  le  roy  se  vont  cltipliotiiant. 

Et  Mahieu  de  Gournay  les  va  apperchevant, 

Et  les  chifonieux  aloy  priser  tant. 

Et  en  son  cœur  alloit  moult  durement  gabant; 

Et  li  rois  lui  a  dit  après  le  geu  laissant  ; 

Et  que  vous  samble,  dit-il,  sont-il  bien  soufQsant? 

Dist  Mahieu  de  Gournay  ;  ne  vous  iray  celant  ; 

Eus  ou  pays  de  France^  et  ou  pays  Normant, 

Ne  vont  tels  instrumens  fors  aveugles  portant  ; 

Ainsi  vont  les  avugles  et  li  povres  truant. 

De  si  fais  instrumens  li  bourgois  esbatant  ; 

En  l'appella  de  là  un  instrument  truant. 

Car  il  vont  d'huis  en  huis  leur  instrument  portant, 

Et  demandent  leur  pain,  rien  ne  vont  refusant... 

Au  xiv  siècle,  les  chiffonies,  comme  les  orgues 
de  Barbarie,  servaient  à  forcer  l'auditeur  à  la 
charité  ;  on  n'aurait  plus  écrit,  comme  Isidore  de 
Séville:  «  Fitque  ex  ea  concordia  gravis  et  aculi 
«  suavissinius  cantus.  ■•]  (n.  e.) 

Chiffre,  subst.  fém.  Chiffre  *.  Engin  à  pécher  ^. 

*Ce  mot,  aujourd'hui  masculin,  étoit  féminin 
autrefois.  On  l'employoit,  non-seulement  pour 
désigner  les  caractères  qui  expriment  les  nombres, 


Çl)  C'est  là  une  forme  italienne  qui  a  dépossédé  la  forme  française  ckienaille  (comparez  chenille)  :  «  Entre  moi  et  ceste 
chienaille.  »  (Renart,  v.  1903.)  On  l'emploie  encore  dans  le  Berry.  (n.  e.) 

(2)  Il  a  aussi  le  sens  de  chenil  au  Roman  de  Robert  le  Diable  (Du  Cange,  II,  324,  col.  2)  :  «  Et  commande   c'on  li  voist  A 
porter  fuerre,  estraia  et  paille  Dessoubz  le  vaute  ou  le  chienaille,  Là,  face  là  le  lit  au  fol.  »  Comparez  plus  haut  chenail.  (n.  e.) 

(3)  C'est  encore  un  synonyme  de  chienaye,  brennage  :  «  Si  a  li  cuens  à  le  S'  Rémi  rente  c'on  apele  chienerie,  de  chascun 
feu  .1.  dosin  d'avaine  et  .1.  poille.  »  (Ch.  des  Comptes  de  Lille,  1289,  dans  Du  Cange,  II,  324,  col.  1.)  (n.  e.) 

(4)  On  lit  aussi  dans  0.  de  Serres  (341)  ;  «  Apres  que  la  chienne  aura  chienneté,  on  la  logera  chaudement.  »  (n.  e.) 

(5)  Lisez  «  li  lichieor  de  Bourges  »,  les  gourmands,  (n.  e.) 

(6)  On  lit  aussi  au  Moyen  de  Parvenir  (p.  50)  :  «  Pleurez  donc  et  chiez  bien  des  yeux.  »  (n.  e.) 

(7)  On  lit  encore  au.\  Mémoires  de  d'Aubigné  (éd.  Lalanne,  j).  36)  :  «  Ci  gist  un  roy  [Henri  IV],  par  grant  merveille  ,  Qui 
mourut,  comme  Dieu  permet,  D'un  coup  de  serpe  et  d'une  vieille,  Comme  il  chioit  dans  un  met.  »  (n.  B.) 

(8)  Marchand  de  chiffes.  (N.  E.) 


CH 


CH 


mais  aussi  pour  l'éciilure  mysLérleuse.  On  lil  cette 
chilfre,  parlant  des  cliitlVes  employés  dans  les  négo- 
ciations secrètes.  (Lelt.  de  Louis  Xll,  T.  I,  p.  "270.) 

Le  mol  chilfre  esi  pris  au  ligure  pour  caractères 
qui  expiimenl  les  nombres,  dans  cette  ancienne 
expression  :  «  Quelques  sots  et  glorieux  Italiens 
«  se  sont  venus  affubler  de  tel  honneur  par  dessus 
«  nous,  qu'ils  semblent,  par  leurs  escrils,  nous 
«  reputer  comme  chiffres.  «  (Lett.  de  Pasq.  T.  J, 
p.  45.)  Nous  disons  mieux  comme  zéro.  (Du  Gange. 
au  mol  Cifrœ  {[).)  L'orthographe  sifre  est  celle  qui 
seroit  plus  conforme  à  son  origine  hébraïque  ("i). 
C'est  cependant  celle  qui  est  le  moins  en  usage. 

°0n  a  aussi  appelé  chiffre,  cliiphre,  ou  cifre  une 
sorte  d'engin  à  pécher  (3).  (Gr.  Coût,  de  Fr.  p.  31.) 

VARIANTES  : 
CHIFFRE.  Orth.  subsist. 
Chifre.  Nicot,  Oiidin,  etc. 
Chiphue.  Gr.  Coût,  de  Fr.  p.  31. 
Cifre.  Grand  Coût,  de  Fr.  p.  28. 
Cyffbe   Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  208,  V"  col.  2. 
Sifre.  Oudin,  Cotgrave.  —  Lettres  de  Louis  XII,  p.  2ii. 
ZiFRE.  Lett.  de  Louis  XII,  T.  Ili,  p.  257. 

Chiffrement,  siibst.  musc.  Chiffre.  Proprement 
l'action  d'écrire  en  chiffres.  «  .Mes  lettres,  mais 
«  principalement  celles  en  chiffres,  sont  souvent 
«'  pleines  de  redites,  étant  bien  difficile  d'user  de 
"  chiffrement,  sans  plusieurs  erreui-s.  »  (Mém.  de 
Sully,  T.  VI,  p.  20-2.) 

Chiffi'eneau,  subst.  )uasc.  Oudin  l'explique 
par  morve  qui  bouche  le  nez  (4). 

Chiffrez,  part,  aupliir.  Notés.  Suivant  le  Gloss. 
des  Arr.  d'Amour,  p.  406,  c'est  peut-être  une  faute 
pour  cliiflez,  du  verbe  cldfler.  (Voy.  Sifler ci-après.) 

Chifolignie,  subst.  fcm.  Nom  d'une  île.  Les 
anciens  l'appeloienl  Cephallénie.  (Froissart,  liv.  IV, 
page  284.) 

Chifonieux,  subst.  masc.  Musicien.  Propre- 
ment joueur  de  chifonie,  instrument  de  musique. 
(Voy.  ci-après  Sifoine.) 

Et  les  chifonieux  (5)  aloy  priser  tant, 
Et  en  son  cœur  alloit  moult  durement  gabarit. 
Du  Gange,  Gloss.  lat.  .iu  mot  Sym]ihonia. 


Chileiire,  s»/vs^  fém.  Terme  de  fauconnerie; 
l'action  de  cliiller,  de  coudre  les  paupières  d'un 
épervier,  vers  le  bec,  alin  qu'il  ne  voie  que  par  der- 
rière. De  lii  :  »  laschier  sa  chileure,  adtin  qu'il  voie 
>'  mieulx.  »  (Modus  et  Racio,  ms.  fol.  139.) 

VARIA.NTES  : 
CHILEURE.  iMoQus  et  Racio,  MS.  fol.  139,  R». 
Chilleuhe.  Fouilloux,  Fauconnerie,  loi.  (i2,  V". 
Chillure.  Budé,  des  Oiseaux,  fol.  122,  Y». 

Chilifier,  verbe.  Digérer.  Proprement  tourner 
en  eliijle.  On  a  dit,  au  figuré  :  «  Ce  n'est  pus  ici  le 
•'  rudiment  des  appreulifs,  c'est  l'alcoran  des  mais- 
•<  très,  œuvi'c  non  ù  gousler  par  une  attenlioii 
«  superficielle;  mais  à  digérer,  etchilifwr  avec  une 
«  applicalion 
préf.  p.  15.) 

Chiinent, 


profonde.  -^   (Essais  de   Montaigne, 
subst.  masc.  Ciment  (G).  ^Cout.  Cén. 


T.  II,  p.  i)49.) 

Chimentiere,  subst.  masc.  Cimetière,  saljre. 
On  lit  dans  Philip.  Mouskes,  en  parlant  de  la  sépul- 
ture des  guerriers  de  Charlemagne,  tués  à  la  bataille 
de  Koncevaux  : 

A  cel  tans  estoient  conté 

Doi  cimentera  en  dignité  : 

En  ces  deus  ciinenleres  (7)  furent 

Une  grant  partie  enfoui. 

Ph.  Mouskes.  MS.  p.  2:13  et  23i. 

On  disoit  le  cyntetiere  de  t'église,  en  parlant  des 
sépultures  dan  s  l'intérieur  de  l'église,  par  opposition 
au  cimetière  extérieur.  (Bout.  Somme  f^ur.  p.  735.) 

Cymets,  pour  cimetières,  mot  employé  par  Britt. 
Loix  d'Anglet.  fol.  Si,  \\  paroit  une  abréviation, 
car  il  écrit  ailleurs  cijmysters.  (Voy.  Ibid.  fol.  11.) 

On  a  dit  aussi  cijmcliere,  pour  sabre.  Nous  nous 
contenterons  de  remarquer  ici  que,  selon  Alain 
Chai'tier,  Hist.  de  Charles  VII,  p.  272(8),  l'épée  turque 
fut  vraisemblablement  ainsi  nommée,  parce  qu'on 
la  jugeoit  plus  propi'e  qu'une  autre  à  peupler  les 
cimetières  (9).  Elle  est  désignée  par  l'épithète  de  ter- 
rible, dans  les  Mém.  de  Coniines,  p.  663  (10). 

VARIANTES   (II)  : 
CHIMENTIERE.  Hist.  des  Trois  Maries,  MS.  p.  322. 
Chimetiere.  J.  Le  Fevre  de  S.  Rem.  Hist.  de  Cliarles  VI. 


(1)  Ce  sens  est  aux  vers  du  Monde  (xiii«  siècle)  :  «  Tu  es  li  cyffres  d'angorisme  Qui  ne  fait  fors  toler  le  lieu  D  autre 
iSgure.  »  Du  Gange  cite  les  Miracles  de  la  Vierge  (II,  348,  col.  3)  :  «  Or  ai  tant  fait  par  moi  meisme  ,  Que  chiffres  sui  en 
angorisme,  moult  m'ont  deable  cmpechié  Quant  jou  ne  rechui  l'euveskié.  »  On  lit  encore  dans  Chastellain  (II,  26)  :  «  Aussi 
bien  n'y  suis  fors  que  une  offre  donnant  ombre  et  encombre.  »  (N.  E.) 

(2)  L'origine  est  l'arabe  cafar,  vide,  le  zéro  étant  un  cercle  évidé  ;  le  sens  numérique  s'est  étendu  à  tous  les  caractères 
représentant  les  nombres  ;  la  preuve  en  est  un  comput  du  xiiF  siècle  (fol.  15)  :  «  La  darraine  [figure]  est  appelée  cyfre... 
cijfre  ne  fait  riens,  mais  aie  fait  les  autres  figures  multeplier.  »  (n.  e.) 

(3)  Voyez  aussi  Ordon.,  t.  VUI,  an.  1402,  p.  535,  art.  72.  (N.  E.) 

(4)  C'est  plutôt  un  coup  sur  le  nez.  «  Autrefois  ils  combattoient  à  l'espée  d'armes ,  en  sorte  qu'il  y  en  avoit  tousjours 
quelqu'un  qui  avoit  quelque  chenfreneau.  »  (Paré,  III,  C93.) 

(5)  Voyez  plus  haut  cUiffonie.  (N.  E.) 

(6;  On  a  la  forme  chime  au  reg.  JJ.  56,  p.  507,  an.  1318  :  «  Meubles  et  catels,  qui  seroient  audit  jour  en  ladite  maison,  qui 
ne  tenroient  à  clou  ou  à  keville,  à  chime  ou  à  rechime.  »  (N.  E.) 

(7)  Une  charte  de  1232  (Du  Cange,  II,  414,  col.  1)  donne  aussi  chimentiere  :  «  Adechertes  li  homes  manans  dedens  le 
f7iîmen(iece  ou  l'enclos  de  Biagni,  iront  en  men  despéeschement,  si  comme  il  ont  accoustumé.  >•  Le  sens  est  un  peu 
différent  :  c'est  l'aitre,  l'enceinte  entourant  l'église.  (N.  E.) 

(8)  Sanneterres  ou  cimeterres,  qui  sont  manières  d'espées  à  la  Turque.  «  (N.  e.) 

(9)  L'étymologie  est  le  persan  chimchir.  (n.  e.) 

(10)  «  Six  mille  cinq  cens  chevaux  légers  se  fussent  meslaz  parmy  nous,  avec  leurs  cimeterres  au  poing,  qui  sont  terribles 
espées  ;  veu  le  petit  nombre  que  nous  estions,  nous  estions  desconfits  sans  remède.  »  (N.  E.) 

(11)  On  lit  dans  la  Chanson  des  Saxons  (X)  :  «  Li  dux  Miles  se  tint  devers  un  cismetirc.  »  Thomas  de  Cantorbery  (62)  donne  : 
«  Ne  fust  en  cimetere  sis  aveirs  retenuz.  »  L'étymologie  est  le  latin  cœmeterium  (^xotfitjztjQtoy)  de  xoi^uào),  dormir,  (n.  e.) 


CH 


—  (i  — 


CH 


CYMETirnE.  Bout.  Somme  Rurale,  p.  735. 

CiMETKRE.  Olli.  1.  l,  p.  596. 

CiiiETlEnE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  326,  R>  col.  2. 

Chimitier. 

Çy.mistierk.  Vig.  de  Charles  VII,  T.  I,  p.  72. 

Cl.ME.NTERE  (1).  Ph.  MouskbS,  MS.  p.  233. 

Ce.metiere.  Riib.  Est.  Moiiet,  Oudin,  Dict. 

Semantiere.  Colgrave,  Dict. 

Cymvters.  Britt.  Loi.K  d'Angl.  fol    11,  V». 

(;y.mets.  Britt.  Loix  d'Angl.  fol.  84,  V». 

Cliiniere,  siibst.  7nasc.  Cemot,  qui  nes'emploie 
plus  qu'au  féminin,  est  masculin  dans  ce  passage  : 
"  Je  suis  plus  monlrueux  qu'un  chimère.  » 
Bouchât,  Serées,  liv.  i,  p.  17.) 

Chimcriser,  verbe.  Former  des  chimères. 
(Dict.  d'Oudin.) 

Chinceliei",  siibst  inase.  [Intercalez  Chincelier, 
rideau,  tour  de  lit,  baldaquin: 

Un  esprevier  ot  par  dessus, 
Qui  moult  riches  et  biaulx  estoit, 
Qui  trestout  le  lit  pourprenoit, 
Del  chincelier  que  je  vous  dy. 
Selon  ce  que  jou  ay  oy. 

Roman  do  GléoiiiadOs  (Du  Gange,  II,  352,  col.  1). 

On  lit  encore  dans  la  Bible  llisloriaux  (Id.  id.): 
"  Quand  Judith  vit  Holofernes  gésir  en  son  lit, 
'<  dessous  un  cincelier,  qui  estoit'  de  saphir,  d'es- 
«  meraudes,  etc.,  ouvrée  d'or  et  de  soye.  »]  (n.  e.) 

Cliincepiier,  subst.  masc.  Cochevis.  On  l'ap- 
pelle autrement  alouette  huppée,  en  latin  galerita. 

Quant  li  cliincepuer  s'escrie. 

Que  févriers  va  desinant  (finissant)  ; 

Ke  l'aloete  jolie, 
Vait  contremont  Tair  montant  ; 
Lors  est  raison  que  jou  chant 
Quant  celé  que  j'aim  m'en  prie. 

l'oôs.  MSS.  Val.  n-  1490,  fol.  96,  Vv 

On  lit  cincevis,  au  lieu  de  cliincepuer,  dans  la 
même  pièce  qui  se  trouve  répétée  parmi  les  Poës. 
MSS.  av.  1300,  T.  II,  p.  .^TS. 

On  a  dit  proverbialement  :  «  Comme  tout  coclievy 
<•  à  la  houppe  sur  la  teste,  ainsy  il  faut  que  tout 
«  vray  amour  aye  un  peu  de  la  jalousie.  »  (Malad. 
d'amour,  p.  143!) 

VARIANTES   : 

CHINCEPUER.  Poës.  MSS.  du  Vat.  n"  1490,  fol.  96,  V». 
Cincevis.  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  II,  p.  578. 
CoNCHEVis.  Budé,  des  Oiseaux,  fol.  117,  V». 
KoKEViEUs.  î'ioissarl,  poës.  MSS.  p.  279,  col.  1. 
Cochevis.  Orth.  subsist. 
CocHEVY.  Mal.  d'amour,  p.  143. 

Chincherie,  subst.  féni.  Friperie.  On  dit 
encore  à  Rouen  recinncliers,  pour  fripiers.  Dans  la 
Coutume  de  la  Vicomte  de  Rouen,  on  trouve  :  cliin- 
ches,  chiffons  ;  et  Ménage,  au  mot  chiffon,  ajoute  : 
«  chinchere,  qui  achette  des  chiffons.  »  On  lit  : 
«  Chincherie,  une  fois  par  an,  2  den.  »,  dans  une 


citation  de  Du  Gange,  au  mot  Clieincerie,  sous 
Cainpsilis  (2).  (Voy.  ci-dessus  le  mot  Cinces.) 

Cliine,  subst.  fém.  Nom  d'une  racine.  C'est  la 
niciuc  d'uiiu  ijlante  orientale,  en  latin  china  offici- 
nnntm,  que  nous  appelons  aujourd'hui  esquine,  et 
qui  est  nommée  chine,  dans  le  Dict.  d'Oudin. 

Cliinée.  [Intercalez  Chinée,  nuque,  dans  Aubrv 
(p.  159,  col.  2): 

Mais  ains  que  jors  traie  à  la  vesprée, 
Ara  abris  peur  de  sa  chinée.']  (n.  e.) 

Chinon,  subst.  Nom  de  ville.  Elle  est  «  assise 
«  sur  pierre  ancienne,  au  hault  le  bois,  au  pied 
»  la  Vienne.  »  (Hab.  T.  V,  p.  171.)  On  disoit  prover- 
bialement :  Cliinon petite  ville,  grand  renom  (31.  (Id. 
Ibid.)  Brantôme  nous  donne  l'originede  ce  proverbe, 
lorsqu'il  dit  :  Chinon  petite  ville,  et  chasteau  de 
grant  renom.  (Cap.  Fr.  T.  II,  p.  213.)  (4) 

Chinonneins,  sulM.  masc.  pliir.  Habitans  de 
Chinon.  (Voy.  les  autorités  ci-dessus  rapportées.) 

VARIANTES  : 
CHINONNEINS.  Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  9i,  V"  col.  1. 
Chinonnes.  Ibid.  MS.  de  M.  de  Bombarde. 

Chinquaii.  [Intercalez  Chinquau,  cinq  gerbes 
réunies  (JJ.  187,  p.  317,  an.  1458)  :  «  Une  pièce  de 
«  terre  où  il  avoil  encores  plusieurs  gerbes  d'avoine 
«  en  cliinquaus.  »]  (n.  e.) 

Chinquenaude,  siilist.  fém.  Chiquenaude. 
«  Ne  luy  faisoit  mal  en  plus  que  feriez  baillant  une 
"  chinquenaulde  sus  ung  enclume  de  forgeron.  » 
(Rab.  T.  II,  p.  243.) 

VARIANTES  : 

CHINQUENAUDE.  Rab.  T.  I,  p.  153. 
Chinquenaulde.  Id.  T.  II,  p.  243. 

Chinquer,  verbe.  Trinquer,  boire.  (Cotgrave  et 
Ménage,  Oudin,  Dict.  et  Cur.  fr.)  «  Voyant  qu'elles 
«  prenoient  grand  plaisir  à  chinquer  (5)  du  vin 
«  d'Arbois.  »  (Mém.  de  Sully,  T.  IV,  p.  195.) 

Chintre,  subst.  masc.  Levée  de  terre.  En  Anjou, 
suivant  le  Dict.  Etym.  de  Ménage,  c'est  le  petit  che- 
min qui  est  autour  des  pièces  de  terre;  mais  il  faut 
dire  que  c'est  proprement  une  levée  de  terre,  en 
forme  de  ceinture,  autour  des  pièces  de  terre  qu'on 
veut  ienfeiiiioi.  On  dïso'û  cliaindre,  pour  ceindre, 
enveloppé  comme  nous  l'avons  marqué.  C'est  de  là 
que  vient  le  mot  chintre  :  c'est  en  ce  sens  qu'on  le 
dit  encore  eu  Touraine,  et  qu'il  le  faut  entendre 
dans  le  passage  suivant  de  la  Coutume  de  Berri  : 
«  Il  loisl  (est  permis)  ù  toutes  personnes  de  la  dicte 
«  terre  de  Mehung,  mener,  ou  faire  son  bestail, 
»  par  toute  la  dicte  terre  de  Mehung,  pasturer,  si 
«  ce  n'est  en  garenne  d'ancienneté  deffendue,  et 


(1)  Froissart  donne  In  cymenliere  (XV,  4)  et  la  chymentiere  ÇLV ,  24.)  (N.  E.) 

(2)  Ed.  Henschel,  II,  58,  col.  1.  (n.  e.) 

(3)  «  Et  ne  fais  double  aulcun  que  Chinon  ne  soit  une  ville  anticque  ;  son  blason  l'atteste  auquel  est  dict  deux  ou  troys 
foys...  »  (N.  E.) 

(4)  0  Je  ne  sçay  qui  en  est  à  ceste  heure  gouverneur,  c'est  le  moindre  de  mes  soucis  ;  mais  c'est  un  bel  estât  et  belle 
marque  de  chasteau  de  qui  on  dict  :  la  ville  de  Chinon,  petite...,  quand  ce  ne  seroit  que  pour  nostre  bon  maistre  Rabelais 
qui  a  esté  natif  de  là.  »  (N  e.) 

(5)  L'étymologie  est  l'allemand  sclwnken,  verser  à  boire,  (n.  e.) 


CH 


CH 


«  garclable,  se  les  dites  terres  ne  sont  labourées, 
«  emblavées,  ou  bouchées,  sans  y  faire  nulles  prin- 
«  ses,  toutes  fois  ceux  à  qui  sont  les  béritages, 
«  pourront  chasser  les  dictes  bestes  hors  de  leurs 
«  dits  héritages,  et  aussi  nul  ne  pourra  faire  chiiitrc 
«  en  ses  terres,  pour  la  garde  d'icelles.  »  (La  Thaum . 
Coût,  de  Berry,  p.  379.) 

Chiplioeue.  [Intercalez  Chiphoene  :  «  Elleborus, 
«  qutedani  herba.  gall.  chiphoene,  »  (Gloss.  lat.-fr. 

B.  N.  521.)]  (n.e.) 

Chipoter,  wr^^É".  Vétiller.  (Dict.d'Oudin(l).)Pro- 
premenl  découper  en  petits  morceaux,  le  même 
que  cliicoter  qui  est  la  vraie  orthographe  (selon 
Falconnet),  car  d'autres  tirent  Tétymologie  de  chi- 
poter de  la  monnoie  appelée  chipotois  ou  cliats  de 
Poitou.  (Voy.  ci-dessus  chats  de  Poitou  à  l'art.  Chat.) 

Chipoterie,  subst.  fém.  Niaiserie,  vétillerie. 
(Dict.  d'Oudin.) 

Chipotois,  siib&t.  masc.  Sorte  de  monnoie. 
Elle  étoit  de  peu  de  valeur,  comme  le  prouve  ce 
passage  :  «  Ouinque  arnaldi,  et  chipotois  valent 
«  quatre  den.  turon.  »,  dans  une  citation  de  Du 
Cange,  sous  le  mot  Moneta  (2).  (Voyez  ibid.  au  mot 
Chapotensis  moneta.) 

Chippe,  subst.  Bateau*.  Guenille,  chiffon  °. 

*Sur  le  premier  sens  de  bateau,  voyez  LeDuchat, 
sur  Babelais,  T.  IV,  p.  100,  note  13.  C'est  propre- 
ment ce  que  nous  nommons  esquif. 

^  On  a  dit,  au  second  sens,  cliippes  (3),  poi  iif- 
fons,  guenilles. 

Ses  filz  le  nom  de  comte  port 
Qui  n'iert  mie  vestuz  de  c/nppes. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  12,  R"  (éd.  I,  p.  2S,  74). 

Chiprois,  subst.  masc.  plur.  Ceux  de  Chypre. 
>■  S'en  relorna  en  Acre,  et  laissa  le  roi  o  (avec)  les 
"  Chiprois.  «  (Contin.  de  G.  de  Tyr,  Martène,  T.  V, 
«  col.  3.) 

Chiquart,  subst.  masc.  On  a  dit  proverbiale- 
ment :  brave  comme  chiquart.  (Bouchet,  Serées, 
Liv.  III,  p.  6.) 

Chique,  subst.  fém.  Petite  boule  de  marbre  ou 
d'ivoire,  selon  Oudin  (4).  Chique  au  masculin  étoit  le 
même  que  chiche.  (Voyez  ce  mot  ci-dessus.) 

Chiqueter,  verbe.  Couper,  découper  (5).  (Nicot, 
Cotgrave,  Oudin,  Monet  et  Ménage,  Dict.) 

Chiqueteur,  subst.  masc.  Découpeur.  (Dict. 
d'Oudin.) 


Cliirat,  subst.  masc.  Monceau  de  pierres.  Ce 
mot  se  dit,  dans  le  Lyonnois,  des  pierres  ramassées 
en  tas  dans  les  champs  nouvellement  cultivés.  (Du 
Cange,  au  mot  Chirat.)  Peut-être  faut-il  l'expliquer 
par  charretée.  (Falconnet.) 

VARIANTES  : 
CHIRAT.  Du  Cange,  C.ioss.  lat.  au  mol  CItirat  (6). 
Chierrat.  Id.  ibid.  (7) 

Chirceambei",  sulist.  masc.  Sorte  de  rede- 
vance. «  Chirseed,  cJiirccomer  ou  cliirceamber  fut 
»  un  certein  rent  de  bled  batu,  que  chescun  home 
«  devoit  al  temps  des  Brytons  et  des  Englez  porter 
»  à  lour  église  le  jour  seint  Martin.  »  (Du  Cange, 
sous  le  mol  Ciricsetum.)  (8) 

VARIANTES  : 
CHIRCEAMBER.  Du  Cange,  Gloss.  lat.  au  mot  Cincsetum. 
Chirceomer,  Chirseed.  Id.  ibid. 

Chirei".  [Intcicalez  durer,  dont  ie  sens  est 
douteux  dans  une  charte  de  12!»  1  (Petit  livre  rouge 
de  la  municipalité  d'Abbeville,  fol.  20,  r")  :  «  Un 
«  chirer  de  le  vile  de  .vi.  livres  et  .xvn.  sols  de 
«  chens.  »  (Du  Cange,  11,  328,  col.  3.)]  (n.  e.) 

Chii'on,  subst.  masc.  [Intercalez  Chiron,  mon- 
ceau de  pierres,  comme  plus  haut  cliirat:  «  Jehan 
»  Loys  estant  en  ung  chiron  de  pierres,  desquelles 
«  il  prenoit  et  metloit  en  son  saing.  «  (.IJ.  188, 
p.  204,  an.  1459.)]  (n.  e.) 

Chirurgien,  subst.  masc.  Ce  mot,  qui  subsiste 
sous  cette  orthographe,  s'écrivoit  autrefois  plus 
ordinairement  (•/riM'ff/CH(0).  Les  médecins,  du  temps 
de  Pasquier,  prétendoient  que  ce  mot,  à  remonter 
à  son  origine,  ne  signifioit  que  manœuvre.  Voy. 
Pasquier,  Rech.  p.825,chap.  xxxi,  où  il  traite  expres- 
sément de  la  querelle  entre  les  médecins  et  les 
chirurgiens  avec  les  barbiers.  11  paroit  pourtant 
qu'ils  étoient  distingués,  du  temps  du  chevalier 
Bayard.  On  lit,  dans  son  Histoire,  p.  286,  que  «  le 
«  chirurgien  qui  avoit  longtems  pansé  sa  playe, 
«  montra  au  barbier  de  Bayard,  comment  il  pansoit 
«  le  malade,  et  lui  donna  ensuite  un  onguent  pour 
«  faire  un  emplastre  qu'il  falloit  appliquer  tous  les 
«  jours  sur  la  playe.  » 

Les  barbiers  ayant  voulu  prendre  le  titre  de 
chirurgiens  barbiers,  «  la  cour,  par  arrest  du 
»  25  avril  1625,  leur  defîendit  de  ce  faire,  mais 
«  qu'il  se  nommassent  barbiers  clùrurgiens,  sui- 
«  vaut  l'arrest  de  1003.  »  Pasquier,  Rech.  Liv.  IX, 
p.  833.)  Marie  de  Bourgogne  qualifloit  cependant 
Olivier  le  Dain.  favori  de  Louis  XI,  cliirurgicn  bar- 
bier. (Hist.  de  Marie  de  Bourg,  par  Gaillard,  p.  150.) 


(1)  On  lit  dans  Tabouret,  d'après  Dochez  :  h  Ce  ne  sera  jamais  fait  pour  qui  voudra  chipoter  tous  les  mots.  »  Le  radical 
est  citiffc  ou  chippe.  (Voyez  plus  bas.)  (n.  e.) 

(2)  Voyez  éd.  Henschel,  ariialdensis,  t.  I,  p.  404,  col.  3.  (N.  E.) 

(3)  On  lit  encore  dans  la  Passion  de  N.  S.  71.  C.  (xv«  siècle)  :  «  Bandez  lui  les  yeulx  de  la  teste  ,  Et  pour  le  loier  de  ses 
truffes  Ly  portez  de  grosses  buffes,  Et  sy  en  jouez  à  la  chipe.  »  (n.  e.) 

(4)  C'est  la  bille  des  petits  Parisiens,  la  canette  de  l'Ouest,  (n.  e.) 

(5)  Ce  mot  a  été  fait  sur  cliiquet.  (Voyez  chic.)  (N.  E.) 

(6)  Ed.  Henschel,  II,  328,  col.  3.  (n.  e.) 

(■?)  Dans  une  charte  de  1454  on  lit  :  «  juxta  vineam  dicti  confitentis,  quodam  cliierrut  intermedio.  o  (N.  E.) 

(8)  Ed.  Henschel,  II,  364,  col.  3.  (n.  e.) 

(9)  Consultez  les  Etudiants  de  l'Ecole  de  Médecine  de  Montpellier,  au  xvi«  siècle,  par  A.  Germain,  de  l'Institut.  (Revue 
historique,  1877,  p.  31-71.)  (n.  e.) 


CH 


CH 


Le  serorfjicii  on  chirurgien  est  distingué  du  ;j/i2/s?- 
cioi  ou  miiegcyl],  médecin,  danf,  les.  Assis.  de,I(5rus. 
p.  153  (Voyez  Gloss.  sur  les  Coût,  de  Beauvoisis.) 
On  éciivoil  aussi  sirurgie,  pour  chirurgie.  (Voyez 
ci-après  Sincniin;.) 

VAIIIAM'ES  (2)  : 

CHIRURGIEN.  Oilh.  subsistante. 

CiRURGiEN.  Joinv.  p.  5,  etc.  (3) 

CiCHGiEN.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  443,  col.  3. 

Cyrurgien.  Lanc.  du  Lac,  T.  III,  fol.  122,  V». 

SiRRURGIEN.  Ord.  ï.  III,  p.  603. 

Serurgien.  Le  Fevre  de  S.  Rémi,  Ch.  vi,  p.  70. 

Serorgien.  Gloss.  sur  les  Coût,  de  Beauv. 

SuRRiGiEN.  Britt.  Loix  d'Anglet.  fol.  14,  R». 

Surgien.  Monstr.  Vol.  I,  fol.  178,  V",  etc.  (4) 

Serourge.  Chron.  S.  Denis,  T.  II,  fol.  65,  V»  (5). 

Chiriirgienne,  snbst.  fém.  Pasquier,  après 
avoir  cité  les  ordonnances  de  nos  rois  (6),  en  vertu 
desquelles  les  femmes  exenjoient  la  cliirurgie, 
ajoute  que  c'est  une  cliose  de  prime  face  estrange, 
"  et  toutefois  excusable,  si  par  nos  anciens  romans 
>'  (images  de  nos  couslumes  anciennes)  nous 
«  trouvons  que  nos  ciievaliers  ayan»  esté  casuel- 
«  lement  blessez  par  la  campagne,  ils  avoient 
>'  recours  aux  plus  proches  chasleaux,  dans  les- 
«  quels  ils  trouvoienl  leur  guerison  par  le  ministère 
"  des  preudes  dames,  el  damoiselles.  »  (t^asq.  Recli. 
Liv.  IX,  p.  820.) 

VARL\NTES  (7)  : 

CHIRURGIENNE.  Orth.  subsistante. 
Cirurgien-ne.  Percef.  Vol.  II,  fol.  10,  R»,  etc. 
Cyrurgienne.  Ibid.  fol.  39,  R»,  etc. 

Chisel.  [Intercalez  CJiisel,  ciseaux  au  reg.  J.J. 
1G5,  p.  53,  aîi.  J410  :  »  Le  suppliant  print  en  Toslel 
i'  .lehan  le  INoir  escuier  demourant  à  Noyon  un 
»  instrument,  nommé  chisel.  »]  (n.  e.) 

Cliissure,  stilist.  fém.  Filet.  Il  semble  que  ce 
soit  le  sens  de  ce  mot,  qui  n'est  peut-être  qu'une 
faute  pour  Ihissure,  dans  le  passage  suivant,  où  l'on 
dit,  en  parlant  de  la  trahison  : 

Tant  est  faincle,  simulée,  et  légiére, 

Qu'envers  celiuy  ou  elle  veult  contendre  (s'attaquer; 

En  luy  riant  va  sa  c/iîssKre  tendre 

Poiu-  irnpréveu  le  séduire,  ei  surprendre. 

Cliabic  et  dcparliL'  d'Amours,  p.  33,  col.  t. 

Chitoiial.  [Intercalez  Chitoiial,  zodoaire,  espèce 
de  gingembi'c.  On  lit  uuxMiraclesdela  Vierge(t.  II): 
»  faut  1  mêlent  à  la  fois  De  gingembre  et  de 
"  chHoiial,  De  gerotle  el  de  garingal.  »  Ou  lit  encore 
dans  un  regisire  de  la  Ch.  des  Comptes:  »  Pour  la 


«  balle  de  citoual,  n  s.  vi  den.  »  Au  Cartulaire  de 
Lagny  (fol.  240):  «  Cytoa!,  un  denier  la  livre.  » 
Voir  Du  Gange,  VI,  932,  col.  2.]  (n.  e.) 

Cliiunkante,  Nomb.  indécl.  Cinquante. 

Troi  cens  et  chiuiikante  malade. 

Pli.  Mouskes,  MS.  p.  291. 

VARIA.NTES  : 
CHIUNK.^NTE.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  291. 

ClUNC.\NTE.  Id.  p.  151. 

Chivande,  siibst.  fétu.  Partie  d'une  église.  Il 
seroit  difficile  de  juger  quelle  partie  d'une  église 
porloit  ce  nom.  Dans  une  déclaration  donnée  par  le 
trésorier  de  l'église  de  Guibray  des  charges  du 
trésor,  on  lit  :  »  Paye  le  dit  trésor,  pour  les  répa- 
i<  rations  de  l'église,  tant  de  la  nef,  cliivainde,  que 
»  chapelles  qui  composent  les  ailes  d'icelle,  etc.  » 
Peut-être  est-ce  la  même  chose  que  ce  qu'on  nomme 
en  quelques  cantons  chivande,  petit  endroit  près  de 
la  sacristie  desliné  à  mettre  les  burettes,  les  plats 
pour  l'offrande,  etc.,  et  dont  le  chefecier  a  la  clef; 
mais  il  me  paioit  plus  probable  que  le  mot  de  chi- 
vande ou  chivainde  désigne  une  portion  de  l'église 
beaucoup  plus  considérable  (8). 

VARIANTES  : 
CHIVANDE.  Cout.  de  Hainaut,  Cout.  Gén.  T.  I,  p.  1012. 
Chivainde.  Déclar.  MS.  du  Très,  de  l'église  de  Guibray. 

Chive.  [Intercalez  Chive,  oignon.  On  lit  dans 
Aubri,  p.  155,  col.  2  : 

11  vit  porter  les  cJiivcs  enpevrés. 

Au  Roman  du  Renart  (II,  2(52,  v.  16G92): 

Ne  pris  pas  deus  foilles  de  cives 
Ton  menacier  ne  ton  vanter. 

Comparez  le  Roman  de  la  Rose,  v.  5350  et  198. 
En  Picardie  et  en  Bretagne,  la  ciboule  se  nomme 
encoi  e  civé,  du  latin  cœpa.  Comparez  Raynouard, 
II,  370,  col.  1,  sous  ceba.]  (n.  e.) 

Gliiver,  subst.  Dans  le  Gloss.  de  Labbe,  p.  473. 

c'est  chines  qu'il  faut  lire.  11  dil  que  ce  sont  vais- 
siaux  à  nelloier  bief,  en  lalin  capisleriitin.  Ce  mot 
latin  ne  se  trouve  que  dans  Columelle.  C'est  un 
van.  (Voyez  Du  Gange  (9).) 

Chivon,  subst.  masc.  Cve,  oignon.  On  se  ser- 
voit  de  ce  mol  pour  exprimer  le  peu  de  cas  qu'on 
faisoit  de  quelqu'un.  «  De  tous  nous  ne  donnerions 
«  (|uatre  c/in'0»s  (10).  »  (Froissart,  Liv.  III,  p.  130.) 

Chnapaii,  subst.  masc.  Bandit.  De  l'allemand 


(1)  Miege  vient  de  medicus  ;  ^iiire  vient  de  javqoi',  onguent.  (N.  E.> 

(2)  On  lit  encore  au  Livra  des  Méiiius  (419)  ;  »  Pour  ce  que  il  puet  avenir  que,  quant  murtrier  ou  larron  sunt  bleciez  ou 
blecent  autrui,  viennent  celéement  aus  cyriayiens  de  Paris,  et  se  font  guérir  celéement.  »  (,n.  e.) 

(3)  M.  de  Wailly  donne  cyrurgieiis  (!$  175).  (N.  E.) 

(4)  Comparez  la  forme  anglaise  surgeon.  C'est  aussi  la  forme  que  donne  Froissart,  III,  85  ;  II,  161  ;  VU,  296.  (N.  E.) 

(5)  Serourge  de  sorori\is  sic;nifie  beau-frère.  Comparez  Froissart,  II,  26,  248  ;  III,  377.  (N.  E.) 

(0)  Voici  le  début  de  cette'ordoimance  :  «  Nous  défendons  et  inhébons  par  tous  les  trois  edits  (porte  le  langage  latin) 
que,  dans  la  ville  el  vicomte  de  Paris,  nuls  (7ii)'i/r(/ic);6- et  chirunjieiines  ne  puissent  e.\ercer  Tart  de  la  chirurgie,  soit 
publiquement  ou  en  privé,  s'ils  n'ont  esté  préalablement  examinez  et  approuxez  par  les  autres  maistres  chirurgiens  jurez 
demeuranz  à  Paris,  à  ce  expressément  appeliez.  Chose  de  prime  face  estrange  et  toute  fois...  »  (n.  e.) 

(7)  On  Ut  déjà  dans  Rntebeuf  (37)  :  «  .le  sai  une  fisicienne  (anglais  physician)  Qui  à  Lions  ne  à  Viane,  Ne  tant  comme  li 
siècles  dure.  N'a  si  bonne  serurgienne.  »  (N.  E.) 

(S)  Ne  serait-ce  pas  le  clievel.  {N.  E.) 

(!))  Ed.  Ilenschel,  II,  13'-\  col.  2.  (n.  e.) 

(10)  Voyez  chice.  (N.  E."» 


CH 


-  9  — 


CH 


sch7iapphahn{l).  On  a  donné  ce  nom  à  des  paysans 
révoltés  contre  la  noblesse,  qui  furent  dél'aits,  aux 
environs  de  Strasbourg,  vers  1525,  suivant  M.  de 
Thou .  Liv.  X,  p.  232  "(2).  Voy.  Ménage,  qui  croit 
donner  l'origine  de  ce  mol.  On  en  trouvera  la  vraie 
étymologie  dans  Wachter,  Gloss.  Germ.(Falconnet.) 

VARIANTES  : 
CHNAPAN. 
ScHNAPHAN.  Wachter,  Gloss.  Germ.  Dict.  univ. 

Choaisie.  [Intercalez  Choaisie ,  choix,  aux 
preuves  de  THist.  de  Bretagne,  II,  col.  504,  an. 
1385  :  «  Et  la  teneur  de  la  ce'dule  de  ladite  choaisie 
"  et  élection  d'armes  est  cy-aprez.  >>]  (n.  e.) 

Chocailler,   verbe.  Trinquer.  Boire  fréquem- 
ment. (Dict.  de  Cotgraveet  d'Oudin.) 
vARiAPiTEs  : 

CHOCAILLER.  Oudin,  Dict. 
Chocqu.ailler.  Cotgrave,  Dict. 

Chocaillon,  subst.  fém.  Femme  qui  s'enivre. 
Une  chocaillon  est  une  femme  qui  boit  habituelle- 
ment, selon  Oudin.  (Dict.  et  Curios.  fr.) 

Chocas,  subst.  masc.  Corneille.  Nous  nommons 
encore  choucas  une  espèce  de  corneilles.  Voyez  le 
Dict.  univ.  qui  en  décrit  les  différentes  espèces. 
Quelques-uns  ont  semblé  confondre  les  choucas 
avec  le  chat-huant  ;  mais  il  me  semble  qu'ils  se 
trompent.  Du  Gange  donne  au  mot  languedocien 
c}iot  la  signification  de  chat-huant.  (Gloss.  lat.  au 
vc\o\.Cavanna.)^'\co\.  dit  que  c'est  unechouette.  Voici 
quelques  passages  oîi  ce  mot  peut  se  prendre  pour 
corneille.  Il  faut  observer  que  le  Dictionn.  univ.  a 
remarqué,  au  mot  choucas,  que  cet  animal  de  l'es- 
pèce des  corneilles  a  aussi  porté  le  nom  de  chouette. 
«  Pline  dit  que  prenant  quantité  de  vin  meslé  en 
«  des  œufs  de  chucas,  puis  en  faire  boire,  par  deux 
«  ou  trois  jours,  celuy  qui  en  boira,  hayra  telle- 
«  ment  le  vin  que  jamais  il  n'en  voudra  boire.  » 
(Div.  Leç.  de  P.  Messie,  fol.  273.) 

Ce  sont  chucas  et  corbeaux  qui  croassent. 

Œuv.  de  Baif,  fol.  218,  V. 

VARIANTES  : 
CHOCAS.  Monet,  Ménage,  Dict.  et™. 
Choucas.  MerL  Cocaie,  T.  Il,  p.  19  (3). 
Chucas.  Div.  Leç  de  P.  Messie,  fol.  273,  R»  et  V»  (4). 
Chouca.  Nicot,  Dict. 

Chouquars.  R.  Belleau,  Berg.  fol.  122,  V». 
Chot.  Gloss.  lat.  de  Du  Cange,  au  mot  Cavatma. 
Chor.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  488. 

Choche,  subst.  fém.  Nous  trouvons  ce  mot  dans 


l'Hist.  des  Trois  Maries,  en  vers  ms.  p.  283,  pour  la 
bière  dans  laquelle  étoit  porté  le  corns  de  la  Sainte 
Vierge.  Un  lit  chace  dans  un  autre  ms.  Il  y  a  bien  de 
l'apparence  qu'il  faut  en  effet  lire  chace,  la  même 
chose  que  châsse  oîi  l'on  enferme  les  reliques  des 
saints. 

Choche  a  signifié  aussi  Cloche.  (Voyez  Chron.  fr. 
MS.  de  Nangis,  sous  l'an  1379.)  Ce  ne  peut  êlre  une 
faute,  car  cette  orthographe  se  lit  plusieurs  fois 
dans  le  même  ms.  On  touve  d'ailleurs,  dans  Blan- 
chardin,  c/ioc/îf  f/éîjO/OH  (5),  qui  semi)le  signifier  cloche 
de  plomb,  la  même  chose  vraisemblablement  que 
chape  de  plomb  c\-àess\\s,  pour  loge,  prison. 

La  tor  fu  fermée  (/ii-inala)  en  la  roche; 
De  pion  y  avoit  mainte  choche, 
Dont  11  quarrel  sont  seelé. 

Blanch.  MSS.  de  S.  G.  fol.  m,  V  col.  3. 

On  a  dit  de  même  clief  pour  clef  et  choses  pour 
closes. 

On  écrivoit  aussi  quelquefois  c/jof/^;?  pour  cloche. 
C'est  en  ce  sens  qu'on  lit:  «  Prendre  les  aloes  et 
"  les  pertris  à  la  choque  (G).  »  (Modus  et  Bacio,  ms. 
fol.  ICI.)  On  sonne  cette  cloche  poar  effrayer  les 
oiseaux  et  les  faire  pnrlir,  afin  de  leur  brûler  les 
ailes.  Alors  on  les  prend  à  la  main. 

VARIANTES  : 
CHOCHE.  Blanch.  MS.  de  S.  G.  fol.  177. 
Choque.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  161,  V". 

Chocmeaulx,  subst.  masc.  (7) 

.4donc  découvrent  leurs  faulcons, 
Et  leurs  monstrent  les  deux  hairons  : 
Si  bastirent  si  fort  d'esles, 
Ou'ilz  traient  droit  à  leurs  hairons. 
Ainsi  comme  deux  esmerillons, 
Quant  volent  par  les  cliocincanlx. 

Gacc  de  la  Bigne,  Des  Déduits,  MS.  fol.  128.  Rv 

VARIANTES  : 
CHOCMEAULX.  Gace  de  la  Bigne,  des  Déd.  MS.  fol.  128,  R». 
Choquemeaux.  Id.  ibid. 

Chocq,  subst.  masc.  Souche.  C'est  un  mot 
picard,  de  l'allemand  stock  (8).  Il  est  pris  au  figuré 
pour  souche  généalogique,  dans  le  passage  suivant: 
«  S'il  y  a  plusieurs  enfans  represenlans  un  décédé, 
«  iceux  font  une  teste,  et  choc(i  (9),  contre  chacun  de 
«  leurs  oncles,  ou  autres  avec  lesquels  ils  doivent 
«  succéder.  »  (Coût,  de  Lilers,  Coui.  Gcii.  T.  Il, 
p.  897.  —  Voyez  Ciiouqie  et  Chouquet.) 

Choe,  subst.  fém.  Corneille.  Autrement  petit 
choucas.  (Voy.  le  Dict.  Univ,  au  mot  Choucas.)  On  a 
aussi  donné  à  cet  animal  le  nom  de  chouette, 


(1)  De  schnuppeii ,  attraper,  et  HaJin,  coq.  (N.  E.) 

(2)  Les  Boures  (Baiier)  ou  Rustauds  d'Alsace  avaient  voulu  piller  la  France  qu'ils  croyaient  sans  défense  depuis  la 
bataille  de  Pavie  ;  ils  furent  écrasés  près  de  Saverne  par  Antoine,  duc  de  Lorraine,  et  par  son  frère  Claude  de  Guise, 
gouverneur  de  Champagne  ;  20,000  périrent  au  cri  de  «  vive  Luther  !  »  (n.  e.) 

(3)  «  Il  est  seulement  accompagne  de  corneilles  chantant  quaqua ,  et  des  corbeaux  avec  leur  crocro ,  et  aussy  des 
choucas.  »  (N.  E.) 

(4)  On  lit  aussi  dans  Paré -Animaux,  20-:  «  Les  linottes,  cochevis,  pies,  corneilles,  chucas,  corbeaux  parlent  et 
chantent.  »  (N.  E.) 

(5)  Choche  est  là  pour  coche,  joint,  rainure,  comme  dans  ce  passage  de  Montaigne  :  «  Quelle  géhenne  ne  soufîrent-eUes, 
guindées  et  sanglées,  à  tout  de  grosses  coclies  sur  les  costez.  »  (I,  à)8.)  En  Berry,  choche  est  dit  pour  souche,  (n.  e.) 

(6)  Lisez  cloque,  comme  dans  Baudouin  de  Sebourc  (X,  76)  :  «  Quant  li  bourgois  oireut  la  clioze  deviser,  La  cloque  de  la 
ville  ont  fait  tantost  sonner.  »  (N.  E.) 

(7)  Ce  doit  être  un  dérivé  de  clioiiue,  souche.  Voyez  le  suivant,  (n.  e.) 

(8)  Cette  étymologie  est  admise  par  Scheler  ;  Diez  préfère  soccus.  (N.  E.) 

(9)  Le  picard  a  la  forme  clioke  ou  choque.  (Du  Cange,  II,  332,  col.  3.)  (n.  e.) 

IV.  2 


m 


-  10 


Œ 


chuetle  ou  cliouchelle  ;  mais  ce  n'est  point  la 
chouette  proprement  dite,  qui  n'est  pas  un  oiseau 
noir,  comme  celui  à  qui  on  donne  le  nom  de  choe, 
dans  les  [lassages  suivans.  Le  P.  Labbe,  dans  son 
Gloss.  lai.  p.  514,  nomme  cet  oiseau  Monedula. 
C'est  la  corneille  de  l'espèce  des  chucas  (1).  (Du 
Gange,  au  mot  Caccitla.) 

D'un  vilain  conte  qui  avoit 

Une  choe  qu'i  norri,  qu'ele  parla. 

Fabl.  MSS.  de  S.  Germ.  fol.  8.  V'  col.  2  (2J. 

Grosse  de  corps,  blonde  comme  une  pomme, 
Yeux  de  corbaut,  noire  comme  une  riioe  (3). 

Eust.  Desch.  Pops.  MSS.  fol.  211,  col.  3. 

On  disoil  proverbialement  : 

Il  aiment  plus  deniers 
Que  ne  fet  une  choe. 

Fall.  MSS.  du  R.  n-  7615,  T.  1\.  fol.  Ul,  V  col.  1. 

VARIANTES   (4)  : 
CHOE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  211,  col.  3. 
Choue.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  134,  V°. 
Chaue. 

Choene,  subst.  fém.  (5)  Sorte  de  mesure,  du  latin 
choenix,  selon  Léon  Trippault,  qui  ailleurs  dit 
que  ce  mot  a  aussi  signifié  chaîne.  Aussi  l'avons- 
nous  employé  comme  orlhographe  du  mot  cadene. 

Choi,  particule.  Quoi. 

Diex  !  que  grande  signerie, 
Oui  tant  est  douche  et  plaisans, 
Par  clioi  je  sui  moult  engrans  (enclin) 
De  siervir,  sanz  vilenie. 

Chaiis.  fr.  du  xiii"  siècle,  MS.  de  Doubler,  fol.  330,  V°  col.  2. 

Choiement,  subst.  masc.  Chute.  En  latin  casns. 
(Gloss.  de  Labbe,  p.  494.) 

Choile.  [Intercalez  Choile,  impératif  du  verbe 
celer  : 

Qu'en  feroies  ?  Ne  Vchoile  pas. 

Renan  le  Nouvel  (IV,  v.  1539). 

Coile  est  dans  Flore  et  Blanceflor,  v.  3015.]  (n.  e.) 

Choin,  subst.  masc.  Pierre  dure  et  de  vive 
roche;  c'est  le  silex.  Elle  peut  être  polie  comme  le 
marbre.  (Dict.  de  Monet.) 

Choine,  subst.  masc.  Pain  blanc  et  délicat. 
De  là,  celle  espèce  de  proverbe  ou  dicton  en  usage 
dans  quelques  provinces:  «  11  amangésonc/iome((j) 
«  le  premier.  »  (Dict.  Etym.  de  Ménage.  —  Voyez 
Rab.  T.  IV,  p.  248.) 


Chois,  sxibst.  masc.  Choix. 

De  ces  deu.x  a  s'amie  le  c/iiea:; 

Conseilliez  l'en,  qu'elle  en  prengrie  le  miex. 

l'OL-s.  MSS.  Valican,  n- 1,=>22,  fol.  153,  R'  col.  2. 

Mais  c'est  trop  plus  grant  esplois  (proPfit) 
D'avoir  sa  mie  à  son  cois. 

Pocs.  MSS.  Vïlican,  n-  1490,  fol.  164.  R'. 

De  trestot  le  monde  a  son  ketis. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  211. 

Puisque  j'en  ai  le  yieus, 

Avoir  veU  l'otroiement  (consentement). 

Poes.  MSS.  Val.  n-  1490,  fol.  173,  V. 

Mort  prent  à  son  rjiiiex  ; 

Amour  ausi  à  son  chois  chascun  prent. 

Poes.  MSS.  Val.  n*  1522,  fol.  lr,5,  V  col.  2. 

Ce  mot  nous  fournit  diverses  expressions  à 
recueillir  : 

1"  Mettre  à  choais  (7)  de  lay  signifie  donner  le  choix 
de  faire  le  serment,  ou  de  le  déférer.  (Ane.  Coût, 
de  Bret.  fol.  81.)  Le  chapitre  est  intitulé  :  «  Des  cas 
1  dont  l'en  peut  mettre  à  choais  de  lay.  « 

20  Avoir  trois  chois,  c'est  avoir  la  liberté  de  choi- 
sir de  trois  choses  l'une,  ou  d'opter  entre  trois 
partis  à  prendre.  (Gr.  Coût,  de  Fr.  liv.  Il,  p.  194.) 

3°  A  choix  (8)  est  mis  pour  indistinctement  dans 
ces  vers  : 

Feme  prant  tôt  à  chois,  ou  courtois,  ou  vilain 
Borgois,  ou  chevalier  ;  mais  qu'il  emplela  main. 

Chastie-Musail.  MS.  de  S.  Germ.  fol.  lOfi,  V'  col.  3. 

4°  Aller  à  chois  pour  choisir. 

Chevex  ot  si  blons,  et  si  blois, 
Con  s'il  en  fust  aie:  à  chois. 

Parlonopei  de  Blois,  MS.  de  S.  G.  fol.  126,  R-  col.  1. 

5"  Faire  son  chois  parti,  pour  choisir  entre  deux 
partis  proposés.  (Mém.  de  Sully,  T.  Xll,  page  224.) 
On  avoit  dit  plus  anciennement  jeu  parti. 

Proverbe. 
Cil  qui  a  chois  de  prandre,  et  départir. 
N'est  pas  saiges,  s'il  ne  prant  le  meilleur  (9). 

Eusl.  Uesch.  Poés.  MSS.  fol.  1,  col.  3 

VARIANTES   (10)  : 
CHOIS.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  1,  col.  3. 
Cheoys.  Mém.  du  Bellay,  T.  VI,  p.  306. 
Choais,  Choays.  Korel,  Dict. 
Cois.  Poës.  MSS.  Vat.  n"  1490,  fol.  164,  V». 
Qois.  Phil.  Mouskes,  MS.  p.  177. 
Quois.  Beauman.  p.  228. 

QuiEX.  Poës.  MSS.  Valican,  n»  1522,  fol.  165,  V»  col.  2. 
KiEX.  Poës.  MSS.  Vat.  n»  1490,  fol.  147,  R». 
Chiex.  Poës.  MSS.  Vat.  n°  1522,  fol.  153,  R»  col.  2. 
Chuez.  Coût,  de  Fr.  p.  434. 


(1)  En  Savoie,  f/iuc  désigne  le  chucas;  mais  c/mioe  en  wallon,  chauxcc  en  namurois,  choue  en  français,  désignent  la 
chouette.  (N.  e.) 

(2)  C'est  une  fable  de  Marie  de  France  :  «  D'un  vilein  dist,  ki  nurrisseit  Une  ka\(we  que  mult  ameit  »,  édit.   Roquefort 

(p.  48.)  (N.  E.) 

(3)  On  lit  dans  Berthe  (XXXIII)  :  a  Sa  colors  n'estoit  pas  en  semblance  de  choe.  »  Voyez  Raynouard,  II,  392,  col.  2,  sous 
chava.na.  (N.  E.) 

(4)  Choe  vient  encore  de  cohuu  et  désigne  une  halle  :  «  Et  est  acordé  entre  le  duc  et  nous  que  nous  aurons  la  moitié  des 
choes  de  Dinant.  »  (Preuves  de  l'Hist.  de  Bretagne,  I,  col.  1069,  an.  1283.)  (N.  E.) 

(5)  C'est  le  pain  choine,  le  pain  des  chanoines  :  «  Et  devent  estre  serviz  honestement  du  rost  et  boest  [bouilli]  et  leur 
sauxe  appartenante  avesques  eulx,  du  paen  de  fouace,  du  paen  choene,  du  vin  blanc.  »  (Bibl.  de  l'Ec.  des  Chartes,  4«  série, 
t.  IV,  p.  373.)  (N.  E.) 

(6)  On  lit  encore  au  reg.  JJ.  128,  p.  84,  an.  1385  :  a  Lequel  suppliant...  print  trois  pams  blans,  appeliez  choesnes.  »   (N.  e.» 

(7)  Mettre  à  chois  se  retrouve  dans  Froissart  (XVI,  96)  ;  «  Et  tnist  à  chois  ung  chevalier  que  le  conte  d'Erby  avoit  là 
envoie,  de  toutes  ses  armures  pour  servir  le  dit  conte.  »  (n.  e.) 

(8)  On  lit  déjà  dans  Wace,  Rou  (v.  5975)  ;  «  Ainsi  pourons  aler  as  bois,  Abres  tranchier  et  prendre  à  chois.  »  (n.  e.) 

(9)  Bruyant  cité  au  Ménagier  (II,  27),  écrit  ;  «  Or  fay  le  quel  que  tu  vouldras.  Et  y  pense  tout  à  loisir  ;  Quant  o.  chois  es, 
tu  pues  choisir.  »  (n.  e.) 

(10)  On  trouve  dans  Froissart  coes  et  eues,  formes  verbales  de  coesir  :  «  Je  vous  mech  à  coes  (IX,  336).  —  Vous  estes 
à  eues  don  partir  ou  dou  demeurer  (X,  441).  »  (N.  E.) 


CH 


—  H  - 


CH 


Kjeus.  Pb.  Mouskes,  MS.  p.  211. 

OUEUS.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  226. 

QlEVS.  Poës.  MSS.  Vat.  n»  1490,  fol.  173,  V». 

KiEus.  Poés.  MSS.  Vat.  n»  1490,  f»  147,  R°,  et  177,  R». 

Kius.  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  Il,  p.  806. 

Choisie,  subst.  fém.  Choix,  option.  On  dit,  en 
termes  de  procédure,  choisie  de  lots  (1).  (Voy.  style 
de  procéd.  au  Parlem.  de  Norm.  fol.  7'2.) 

Choisir,  verbe.  Voir,  apercevoir,  reconnoître*. 
Paire  choix  °. 

*Le  premier  de  ces  deux  sens  est  le  plus  commun, 
dans  nos  anciens  auteurs  (2).  J'en  pourrois  citer  un 
nombre  prodigieux  d'exemples.  Il  me  suffira  d'en 
avertir,  et  je  me  contenterai  d'en  rapporter  quel- 
ques-uns, soit  en  prose,  soit  en  vers  :  «  Ung  Sarrazin 
«  c/jo«'s('i,  qui  estoil  plus  grand  que  nul  des  autres.  » 
fChron.  S.  Denis,  T.  I,  fol.  14G.)  On  lit  dans  le  latin 
de  Turpin  :  «  Vidit  quemdam  Saracenum,  etc.  » 
«  Clovis  se  ferit  eu  la  bataille,  là  où  il  choisit,  et 
»  avisa  le  roy  Alarich.  Il  se  combattit  à  luy.  » 
(Chron.  S.  Den.  T.  I,  fol.  14.) 

Le  Roy  Othon  a  resaisi; 
Piertres  Mavoisins  Va  ceusi. 

Ph.  Mouskes.  MS.  p  593. 

Ains  de  si  loing  de  moi  ne  fu  clioisie. 

Adans  li  Bocus,  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  IV,  p.  1422. 

Un  poi  vueil  amors  blasmer. 

Car  je  ai  souvent  choisi 

Ceu.x  grant  joie  recouvrer. 

Qui  se  faisoient  gas  (se  jouoient)  de  11,  etc. 

J.icq.  de  Chison,  Pots.  MSS.  av.  1300,  T.  H,  p.  fiSl. 

De  là,  on  disoit,  en  termes  de  guerre  :  cltoisir  un 
parti  pour  le  reconnoitre.  (Le  .Fouvenc.  ms.  p.  132.) 

Choisir  un  cerf,  en  termes  de  chasse,  signilloit 
l'examiner  assez  pour  être  en  état  de  dire  «  quel 
«  cerf  c'est,  et  quelle  teste  il  porte.  «  (Fouilloux, 
Vénerie,  fol.  37.) 

^Les  anciens  employoient  aussi  le  mot  choisir, 
dans  le  sens  où  nous  le  prenons  encore,  pour  faire 
choix. 

Qui  est  a  choix  de  deux  choses  avoir, 
Eslire  doit,  et  choisir  la  meillour. 

Eusl.  Desch.  Poes.  MSS.  fol.  202,  col.  2. 
Si  les  bons  voulés  causir. 

Pops.  .MSS.  av.  1300. 

Quant  il  pot  s'aisse  (son  aise)  quoisir. 

Ph.  Mouskes.  MS.  p.  80. 

C'est-à-dire  quand  il  fut  le  maître  d'être  à  son 
aise. 

Une  voye  ceusirent  autre. 

Ibid.  page  819. 

Vous  kieusissiés  le  pieur. 

Jeu  Parli,  Pops.  MSS.  du  Val.  n"  (490. 

C'est-à-dire  vous  choisiriez  le  pire.  Il  seroit 
superflu  d'accumuler  d'autres  exemples. 


VARIANTES    : 

CHOISIR.  Orth.  subsistante. 

Choisyr.  Gace  de  la  Bigne,  des  Ded.  MS.  fol.  118,  R». 

Choysir.  Percef.  Vol.  IV,  fol.  25,  P,"  col.  1. 

CoisiR.  Duchesne,  Gén.  do  Guines,  p.  283. 

QuûissiR.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  80. 

CUESIR.  Froissart,  Poës.  MSS.  p.  65,  col.  1. 

Ceusir.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  819. 

Chausir,  Causir,  Kausir.  Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  II, 
page  903. 

Kieusir.  Poës.  MSS.  Vat.  n»  1490. 

Keunsir.  d'ofi  Keunsiscons  ;  lisez  peut-être  Kunsiseons, 
pour  choisissons,  dans  Carpentier,  Hist.  de  Cambray,  p.  18  ; 
titre  de  1133. 

Keusir.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  593. 

CoisiER.  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  III,  p.  1105. 

Choisisseor.  [Intercalez  Choisisseor,  voyant  : 

Dunt  de  la  tierce  part  menor 
N'erent  ti  oïl  choisisseor. 

Chr.  des  ducs  de  Norm.,  I.  v.  1551.]  (N.  E.) 

Choison,  subst.  fém.  Borel  s'est  trompé,  ainsi 
que  le  Dict.  de  Corneille.  Il  faut  lire  l'achoison,  le 
prétexte,  au  lieu  de  la  clioison.  Il  en  est  de  même 
du  vers  suivant  : 

Par  quoy  à  toy  en  laisse  la  choison. 

Cl.  Marol,  p.  494. 

Il  faut  corriger  l'achoison. 

Choison,  subst.  niasc  Quantité.  (Dict.d'Oudin.) 
,Ie  n'ai  vu  ce  mot  nulle  part  ailleurs,  en  ce  sens; 
c'est  peut  être  le  même  que  foison. 

Chol,  subst.  mase.  Chou,  légume.  On  trouve 
dans  les  Mém.  de  Sully,  T.  I,  page  124  :  faire  chou, 
pour  chou,  rendre  la  pareille,  expression  qui  sub- 
siste encore,  ainsi  que  cette  orthographe  de  ce  inot(3). 
On  lit  dans  le  Roman  de  Hou,  .ms.  p.  28,  feuille  de 
col,  pour  feuille  de  chou. 

Tout  ne  vault  un  cliol. 

Eus(.  Desch.  Pues.  MSS.  fol.  106,  col.  3. 

C'est-à-dire  ne  vaut  rien.  On  disoit  au  pluriel 
chos,  chox. 

Mieulx  vault  raangier  du  potaige,  et  des  chos 
Estre  vestus  d'un  gros  drap  de  villaige,  etc. 

Eust.  Desch.  Poi-s.  MSS.  fol.  286,  col.  2. 

Nous  avons  char,  querés  des  chox. 

Fabl.  MSS.  de  S.  Germ.  fol.  38,  R-  col.  2. 

A  mes  beaux  chouls  gelés,  étoit  un  cri  des  rues 
de  Paris,  du  tems  de  Bouchet  (Serées,  liv.  III,  p.  37.) 

Je  ne  sais  ce  qu'on  entendoil  autrefois  p-àv  cotton 
de  chou.  Voici  le  passage  où  nous  trouvons  cette 
expression  :  «  Prens  un  gros  tronc,  ou  cotton  de 
»  chou,  puis  le  fend  au  long,  etc.  »  (Fouilloux, 
Faucon,  fol.  64.) 

On  disoit  proverbialement  : 

S'il  veult  des  pois,  on  luy  donra  du  chol. 

Eusl.  Desthamps,  Poës.  MSS.  fol,  227. 


(1)  Voyez  plus  haut  choaisie.  (N.  E.) 

(2)  Ce  sens  est  déjà  dans  Roncisvals  (p.  25)  :  «  A  la  letre  choisie.  »  Il  se  retrouve  dans  .Toinville  (§  162),  dans  Froissart  : 
(t.  Car  se  il  se  fuissent  embattu  en  ycehii  port  qu'il  avoient  chiœsi,  ou  auques  priés,  ils  estoient  perdu  d'avantaige  (II,  67). 
—  Cils  faucons  montoit  si  haut  que  à  peines  le  pooit  il  cuesir  en  l'air  (X,  69).  »  Dans  d'Aubigné  (Hist.,  III  ,  175) ,  il  signifie 
prendre  :  «  Ses  gardes  n'avoient  pas  eu  le  loisir  de  coucher  une  mesche ,  volant  la  chambre  pleine  et  sa  personne 
choisie.  »  (N.  E.) 

(3)  A  la  surprise  de  la  RéoUe  par  d'Ussac,  Henri  IV  ,  roi  de  Navarre  ,  répondit  par  la  surprise  de  Fieurence  à  portes 
ouvrantes.  La  reine  mère,  qui  estoit  à  .\uch  et  qui  croyoit  que  le  roy  de  Navarre  y  avoit  couché,  l'aynut  appris  n'en  fit 
que  rire  et  en  branlant  la  teste,  dit  ;  «  Je  voy  bien  que  c'est  la  revanche  de  la  RéoUe  et  que  le  roy  de  Navarre  a  voulu  faire 
chou  pour  chou,  mais  le  mien  est  mieu.x  pommé.  »  (Mém.  de  Sully,  1. 1,  p.  124,  an.  1578.)  (N.  E.) 


CH 


15 


CH 


Ou  comme  il  dit  ailleurs,  p.  424,  col.  3  : 

S'il  veut  (lu  dur,  il  a  du  nioul, 
S'il  veut  des  pois,  il  a  du  choul. 

On  écrivoil  aussi  coule.  (Voyez  ce  mot.) 

VARIANTES  : 
CHOL.  Eust.  Descli.  Poës.  MSS.  fol.  106,  col.  3  (1). 
ChoI'L.  Eust.  Drsch.  Poës.  MSS.  fol.  t29,  col.  3. 
Chou.  Orih.  subsistante. 
Col.  Rom.  de  Hou,  MS.  p.  2S. 

Cols,  plui:  FiiLl.  .\iSS  du  R.  n°  7218,  fol.  228,  R»  col.  2. 
Chols,  plur.  Falil   MSS.  du  R.  n"  7218.  fol.  227,  V»  col.  2. 
Choleiz,  plni:  Fabl.  MSS.  du  R.  n°  7615,  T.  II,  fol.  212. 
Chaulx,  plur.  Horel,  Dict. 
Chox,  phir.  Kabl.  MSS.  de  S.  G.  f'  38,  R». 
Chos,  plur.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  286,  col.  2. 

Choie,  subst.  fém.  Passion  violente*.  Coup  de 
vent^. 

*Cc  mot  s'est  appliqué  en  particulier  à  la  colère  (2). 
(Dict.  de  Mcot,  Monel,  Cotgrave,  Borel,  Corneille  et 
Ménage.)  «  T;int  fut  indigné  que  de  son  espée  le 
«  tua^  en  sa  choie.  «  (Rab.  T.  I,  p.  297.) 

Gourous,  dépit,  ou  chaude  cote. 

Les  Marg.  de  la  Marg.  fol.  230,  R°. 

Chaude  colle  se  pread  souvent  dans  ce  sens. 
(Quinze  Joies  du  Mariage,  p.  63.)  Mais  il  se  dit  aussi 
pour  viêlée  chaude,  poursuite  vive.  (Laur.  Gloss. 
du  Dr.  fr.  —  Du  Cange,  au  mot  Caiida  Melleia.)  De 
là,  ou  disoit  :  à  la  chaude  colle,  pour  exprimer 
tout  à  coup,  à  l'improvisle.  (Pasq.  Rech.  livre  III, 
p.  2V)8.)  Colle  se  prenoil,  quelquefois,  pour  passion 
violente  en  général,  comme  en  ce  passage  : 

Or  vois-je  bien  que,  pour  paroUe, 

Ne  pour  rien  qu'on  vous  sceust  presoher, 

Ne  vous  osteriez  de  la  colle. 

Ou  vostre  cueur  se  veult  ficher. 

L'Aniaiil  ren  m  Cordelier,  page  651. 

Noire  cote  signifie  mélancolie,  dans  Gace  de  la 
Bigne,  des  Déduits,  ms.  fol.  78. 

^De  là,  on  a  applii^ué,  dans  un  sens  figuré,  le 
mol  colc  à  tempête,  coup  de  vent.  Il  est  interprété 
ainsi  par  Oudin,  et  employé  selon  cette  acception 
par  Rabelais,  T.  IV,  p.  83,  où  nous  lisons  un 
cote  effréné,  un  rude  cole  (3). 

VARIANTES  : 
CHOLE.  Nicot,  Dict.  -  Rab.  T.  I,  p.  297. 
Cole.  Nicot,  O-idin.  -  Rab.  T.  IV.  p.  83. 
Colle.  L'Amant  rendu  Cordelier,  p.  510,  etc. 

Cholere,  adj.  Colère.  Sujet  à  la  colère,  impé- 


tueux. (Dict.  de  Rob.  Estienne,  Id.  Gramm.  fran^. 
p.  42.)  «  Voilù  que  c'est  que  d'estre  si  cholere.  » 
(Des  Ace.  Escr.  Dijon,  p.  56.) 

VARIANTES  : 
CHOLERE.  Nicot,  Oudin,  Dict. 
CiiOLEBic.  Oudin,  Dict. 
CnoLERig.  Nicot,  qui  cite  Ronsart. 
Cholerkjqe.  Nicol,  Dict. 

Cholet,  subst.  masc.  C'est  le  surnom  de  Hugues, 
comte  de  Roucy  (ij.  On  le  lui  donna  à  cause  de  i'im- 
pei  feclion  de  son  corps.  (Voyez  la  Roque,  Orig.  des 
Noms,  p.  12'i.) 

Chois,  subst.  masc.  plur.  Il  semble  qu'on  ail 
voulu  désigner  sous  le  titre  d'exécuteurs cliols  cea\ 
qui  faisoienl  exécuter  les  jugeinens  pour  cause  de 
demande.  Du  Cange,  au  mot  Executores  chalenli, 
cite  ce  passage  :  •■  De  ce,  rendra  nostre  1res  cliier 
'<  frère  Loys  comte  d'Evreux,  aux  exécuteurs  chois, 
«  et  aultres  fiefs,  etc.  (5)  »  Il  croit  que  ehalentum  esl 
le  même  que  chalengum,  ou  chalenga,  chalenge, 
suivant  notre  ancien  langage. 

Chômage.  [Intercalez  Chômage,  cessation  dans 
la  fabrication  :  «  Nous  avons  entendu...  que  noslre 
«  monnoye  de  Touruax...  est  en  chômage.  •< 
(Ordonnances,  t.  V,  p.  422.)]  (n.  e.) 

Chômas,  adj.  Paresseux.  Qui  ne  fait  rien,  pro- 
prement qui  chôme. 

L'en  peut  bien  clamer  frère  ('.limitas; 
Onques  mais  homs  n'ot,  si  foible  merrien. 

Eusl.  Desch.  Po.s.  MSS.  fol.  332,  col.  i. 

Chômer,  verbe.  S'abstenir  de  travail  (6).  Ce  mot 
subsiste.  On  diroit  encore,  comme  autrefois  (7): 
«  Vous  connoistrez  que  je  n'ai  pas  chômé,  tant  que 
«  j'y  ai  demeuré,  etc.  »  (Duclos,  Preuves  de  l'Hist.  de 
Louis  XI,  p.  399.)  Mais  ou  ne  diroit  pas  également: 
il  n'avoit  que  çhommer,  pour  il  n'avôit  pas  de 
temps  à  perdre  (8j.  (Percef.  Vol.  6,  fol.  93.)  Ce  mot  a 
la  même  signification  dans  ce  vers  : 

Fay  le  venir  sans  bruit,  et  sans  chommer. 

Clém.  Marol,  p.  585. 

Chemer,  s'abstenir  de  travail,  se  disoit  quelque- 
fois pour  s'abstenir  en  général.  On  lit,  en  ce  sens, 
chômer  de  peschier,  pour  s'abstenir,  discontinuer 
de  pécher.  (Ord.  T.  V,  p.  208.) 

Proverbe  :  ><  Il  vaut  mieux  perdre  que  chômer.  « 
(Div.  Leç.  de  P.  Messie,  fol.  89.)  (9) 


(1)  Comparez  Raynouard,  II,  358,  col.  1,  sous  caul.  (n.  e.) 

(2)  De  là  colieux  dans  Froissart  (VI,  222)  :  «  Car  il  s'estoient  parti  dou  roy  très  colieux.  »  (N.  E.) 

(3)  Choie  a  eu  aussi  le  sens  de  soûle  (voir  cheoller).  «  Comme  les  supplians  et  plusieurs  d'autres  gens  du  pais  fussent 
alez  esbatre  à  un  geu.  appelle  c7i()/e.  »  (JJ.  89,  p.  126,  an.  1357.)  —  «  Estans  en  icelle  choie  ou  soûle,  ainsi  que  l'eu 
emportoit  l'estouef  ou  cholet.  »  (J.I.  176,  p.  683,  an.  1448.)  «  Enfin,  au  cartulaire  d'Amiens,  en  1323,  est  un  accord  entre 
l'évêque  et  le  maire  «  de  ce  que  li  maires  prist  l'estuef  à  la  choie  le  jour  de  quaresmel  en  la  terre  de  l'Evesque  et  de 
l'EgUse.  »  (Du  Cange,  II,  325,  col.  1.)  (n.  e.) 

(4)  C'est  aussi  le  nom  de  la  boule  au  jeu  de  la  soûle.  «  Estant  en  icelle  choie  ou  soûle,  ainsi  que  l'en  emportoit  l'estouef 
ou  cholet.  »  (JJ.  176,  p.  683,  an.  1448.)  (N.  E.) 

(5)  Preuves  de  l'Hist.  d'Evreux,  par  Lebrasseur,  an.  1298,  p.  25.  (Du  Cange,  III,  143,  col.  3.)  (N.  E.) 

(6)  Il  a  même  le  sens  de  dormir  au  xm"  siècle,  dans  les  Miracles  de  la  Vierge  :  «  A  grans  trais  boivent  vin  d'Auchuerre, 
Pour  miex  clioiner  desor  le  fuerre.  »  (Du  Cange,  II,  333,  col.  2.)  (N.  E.) 

(7)  Voici  la  citation  plus  complète  :  «  .le  vous  prie,  vous  qui  estes  par  delà,  avisier  à  fraper  un  beau  coup  sur  le  duc  de 
Bourgogne...  et  j'espère  faire  si  bonne  diligence  par  deçà  que  vous  connoissiez...  »  (N.  E.) 

(8)  Voici  ce  qui  précède  ces  mots  :  «  El  si  lui  dirent  les  maistres  [maçons]  que  le  demourant  estoit  legier,  mais  qu'i 
flst  finance  de  la  couverture,  car...  «  (n.  e.) 

(9)  On  lit  encore  dans  les  Choses  qui  faillenten  Ménage  (xni«  siècle)  :  «  Ménage  fait  prendre  mal  somme  ,  Ménage  hait 
celui  qui  chôme  Et  rien  ne  fait.  »  (N.  E.) 


CH 


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CH 


VARIANTES  : 
CHOMER.  Duclos,  Preuv.  de  Louis  XI,  p.  399. 
Chommer.  Cléiii.  Marot,  p.  524. 

Clioineter,  sitbst.  masc.  Qui  chôme  souvent. 
Qui  aime  à  chômer.  (Dicl.  de  Monet.) 

Chommemant,  subst.  masc.  Chômage.  (Dict. 
de  Moiiel.) 

Chonnine,  subst.  fém.  Thonnine  (1).  Peut-être 
esl-ce  une  faute.  Thonnine  est  la  chair  de  thon 
salée  :  ■>  J'empescheray  que  robe  ne  manque  à  la 
«  chonnine,  ou  cotle  aux  olives  «  (Essais  de  Mon- 
«  taigne,  T.  Il,  p.  009.)  C'est  la  traduction  de  ce 
vers  de  .Martial  : 

Ne  toga  cordylis,  ne  penula  tlesit  olivis. 

Cordijla  signifie  thon. 

Chopade,  subst.  fém.  Faux-pas.  L'action  de 
broncher. 

Mal  robotez  lieux 
Passay,  à  cloz  yeux, 
Sans  faire  chopade. 

Clcm.  Marol,  p.  424. 

VARIANTES  : 
CHOPADE.  Clém.  Marot,  p.  424. 
Choppement,  subst.  masc.  Cotgr.  Dict. 
Chopement,  subsl.  nuise.  Oudin.  Dict. 

Chope.  [Intercalez  Chope:  1°  Houppelande: 
«  Et  un  vallet  avec  lui  armé  de  haubergeon,  de 
«  bacinet  à  camail,  de  gorgerelte,  de  gantellez  et 
«  chope  par  dessus  le  haubergeon.  »  (Ord.  IV,  p.  67, 
an.  1351.)  -i»  Gobelet  ou  son  contenu  :  «  Prestre,  dy. 
«  —  Voulez  que  je  dye  ?  —  A  la  guise  de  rsormandiê, 
«  Je  bef  à  vous  de  chipe  en  chope.  »  (Mir.  de 
S"  Geneviève.)]  (n.  e.) 

Choper,  verbe.  Broncher  (2). 

Li  destrier  Orgeil  si  sovent 
Choup'it  que  ce  n'estoit  pas  fins. 

Fabl.  MSS  du  R.  n-  7615,  T.  U,  fol.  189,  V'  col.  2. 

Proverbe  :  «  Qui  chope,  et  ne  tombe  pas,  adjouste 
«  à  son  pas.  »  (Dict.  de  Cotgrave.) 

VARIANTES  (3)  : 
CHOPER.  Dict.  de  Cotgrave. 
Chouper.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  T.  II,  fol.  189. 

Chopination,  subst.  fém.  L'action  de  boire. 
De  là,  on  a  dit  niale  chopination,  pour  ivrognerie  : 

S'en  a  soif,  c'est  estorement 
De  maie  chopination  ; 
Fuyez  donc  tel  abusement. 

Contred.  de  Songecreux,  fol.  27,  V". 


Chopine,  subst.  fém.  Mesure.  (Du  Gange,  aux 
mots,  Cho/)iiia  et  Copina  ;  Ménage,  Orig.  franc,  et 
Dict.  de  Borel.)(4)Ce  mol  s'est  dit  nou-seulementen 
parlant  de  boissons,  mais  encore  d'autres  denrées. 
»  La  chair  et  sain  doux  valoit  quatre  blancs  la 
»  chopine.  «  (Journ.  de  Paris  sous  Charles  VI  et  VII, 
an  1435,  p.  163.)  On  lit  chopine  de  trippes,  dans 
Rabelais  T.  VI,  p.  223.) 

Chopineur,  subst.  masc.  Buveur,  ivrogne. 
(Path.  Testam.  p.  l-il.) 

Choppet.  [Intercalez  Choppet,  croc  en  jambe: 
«  Lequel  Jehan  priiil  ledit  Symon  parla  potrine  et 
«  lui  fist  le  choppet  du  pié,  tant  que  ledit  Symon 
«  cheusl  à  terre.  »  (JJ.  152,  p.  278,  an.  1397.)  Il  en 
est  de  même  au  reg.  JJ.  189,  p.  27,  an.  1454: 
«  Lequel  Jacotin,  ainsi  que  icellui  Morel  dansoit, 
<>  lui  bailla  le  ("/iO/jpe<  de  la  jambe,  en  soycuidant 
»  jouer  à  lui,  et  tant  que  dudit  choppet  il  chey  à 
«  terre.  »  (n.  e.) 

Clioppeur,  subst.  masc.  Qui  bronche.  (Essais 
de  Montaigne,  T.  I,  préf.  p.  6.) 

Chorage,  subst.  masc.  Coryphée.  Le  principal 

personnage  des  chœurs.  C'est  le  Xooayiç  des  Grecs. 

Nostre  vie  est  ainsi  comme  un  ample  théâtre. 
Où  les  dieux  sont  assis,  au  plus  haut  spectateurs; 
Nous  masquez,  la  pluspart,  y  sommes  les  acteurs, 
Nostre  chorage.  c'est  la  fortune  marastre. 

Pocs.  de  Perrii),  fol.  16,  R*. 

Cliorde,  subst.  fém.  Corde.  (Rob.  Estienne, 
Oudin  et  Cotgrave,  Dict.) 

Chore,  suhst.  masc.  Chœur.  (Cotgrave  et  Oudin, 
Dicl.)  On  a  dit  enfants  île  chore,  pour  enfants  de 
chœur.  (Favin,  Th.  d'honn.  T.  I,  p.  90.) 

Choreal,  subst.  masc.  Chantre,  choriste.  Pro- 
prement, ce  qui  est  du  chœur.  (Diclionn.  de  Nicot, 
Oudin,  Cotgrave,  Monel.)  >•  11  y  a  des  églises  ou  les 
«  chanoines  ont  des  vicaires  (|ui  font  pour  eux,  et 
«  sont  dits  clioriaux  (5).  »  (Moyen  de  Parvenir, 
p.  167.)  On  distinguoit  les  chanoines,  chapelains,  et 
choraux.  (Mém.  d'Ol.  de  la  Marche,  Liv.  I,  p.  258.) 

VARIANTES  : 
CHOBEAL.  Oudin,  Dict. 
Chorial  (6). 
Choriau.  Moyen  de  Parvenir,  p.  67. 

Choriger,  verbe.  Corriger.  (Celthell.  de  Léon 
Trippault.) 


(1)  On  lit  au  ms.  fr.  anc.  10197.  2.  2.  fol.  71,  v»,  an.  1312  :  «  Nous  Florens  Berthaut  sire  de  Matines  faisons  savoir...  que 
nous  tenons...  en  fief...  de  M.  Jehan  duc  de  Lothrike,  de  Brabant  et  de  Lembourck...  la  voerie  et  la  seignerie  de  Matines,... 
le  marchiet  du  seil,  du  poisson  et  des  bestes,  les  choniits.  les  Lombards  et  les  Juys.  »  (N.  E.) 

(2)  C/ioper  veut  dire  aussi  couper  :  «  La  dame...  avoit  fait  choper  ses  bielles  traices,  et  fut  autres!  atirés  com  uns 
eskuiiers.  «  (Flore  et  Jeanne,  p.  29.)  (N.  E.) 

(3)  Au  Roman  de  la  Rose  (  v.  6171),  on  lit  :  «  Lors  va  soupant  et  jus  se  boute,  Ausinc  cum  vel  ne  veïst  goûte.  »  L'étymologie 
est  alors  l'allemand  schupfeii,  heurter,  (n.  e.) 

(4)  On  lit  au  Roman  de  la  Rose  (v.  6813)  :  «  N'est  nus  qui  chascun  jor  ne  pinte  De  ces  tonneaus  ou  quarte  ou  pinte  ,  Ou 
mui  ou  setier  ou  chopitie.  »  Aux  Emaux  de  De  Laborde  (xiV  siècle,  p.  213),  on  lit  aussi  :  «  Une  grand  chopine  d'argent  dorée, 
et  est  le  biberon  d'une  teste  qui  baille,  et  l'autre  d'une  femme,  et  est  le  fruitelet  d'une  seraine.  »  (N.  E.) 

(5)  Curiuux  se  lit  dans  une  charte  bretonne  de  1433  (Spicilége,  V,  632)  :  «  Voulons  qu'il  y  ait  quatre  curiaux  pour  ayder 
au  divin  office,  qui  pareillement  seront  subgiz  et  obéiront  audit  doyen.  »  Dans  le  Cérémonial  de  S'  Brieuc,  es  mot  désigne 
les  enfants  de  chœur  ;  «  Item  les  petits  entïens,  c'est  assavoir  les  petits  cureaulx ,  ne  doivent  pas  seoir  ne  estaller  es 
chaeses  haultes  ne  basses,  mes  ils  doivent  estre  en  estant  es  petiz  reteiz  du  cueur  en  manière  de  station.  »  (N.  E.) 

(6)  Ung  nommé  Chapponay  <?/iocia/ de  l'église  S.  Jehan  de  Lyon.  »  (JJ.  181 ,  p.  163,  an.  1452.)  Au  reg.  189,  p.  176,  an. 
■14o7  :  «  Jehan  Aies,  que  on  dist  estre  cariai  et  teneur  en  l'église  de  N.  D.  de  Chartres.  »  (n.  e.) 


CH 


14  — 


CH 


Chorme.  Chiourme.  (Dict.  tl'Oudin  el  de  Colgr. 
—  Voyez  Kabelais,  T.  IV,  p.  74  et  109  (1).) 

Choron,  siibst.  ?Hasc.  Inslrument  de  musique. 
Probablement  le  même  dont  pai'le  Tlioinot  Arlaan, 
dans  son  Urcliésographie,  et  dont  il  dit  avoir  vu  la 
figure  dans  un  ancien  livre. 

Timpanne  aussi  mettez  en  eiivre  dois  (digili) 
Et  le  citoron,  n'y  ait  nul  qui  réplique, 
Faictes  devoir,  plourez  gentils  Galois. 

Eusl.  Desch.  Poês.  MSS.  fol.  28,  col.  3  et  4. 

Simphonies,  salterions, 
Monacordes,  timbres,  corrotis. 

Rom  de  Brut.  MSS.  add.  fol.  80,  R-  col.  2. 

De  harpe  sot,  et  de  chorum  ; 
De  lire,  et  de  psalterium. 

Rom.  de  Brut.  MS.  fol.  28,  V  col.  2  (2). 

Terpsicore  soubdain  habandonna 
Psalterion,  et  chnron. 

Crelin,  p.  62. 

Delà,  cette  espèce  de  corde  appelée  co?'rfo}i-c/io?'Oft, 
proprement  cordon  ou  corde  à  choron,  dont  on  se 
servoit  pour  toucher  de  cet  instrument;  elle  étoit 
faite  de  boyau,  comme  semble  l'indiquer  le  passage 
suivant,  où  le  cordon  choron  se  trouve  employé  par 
opposition  à  corde  de  fouet.  Après  la  mort  du  duc 
de  Bourbon,  e^n  1419,  «  on  lui  trouva  deux  cordes 
a  ceintes  en  sa  chair  nue,  l'une  de  fouet,  nouant 
«  de  nœud,  et  l'autre  à&cordon-choroni^à).  «  (llist.  de 
fiOys  III,  duc  de  Bourbon,  p.  400.  —  Voyez  ci-après 

CORDEAN.)  (4) 

VARIANTES  : 

CHORON.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  28,  col.  3  et  4. 
Chorum.  Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  28.  V»  col.  2. 
CORRON.  Rom.  de  Brut,  MS.  add.  au  fol.  80,  R»  col.  2. 
Coron.  Falconnet. 

Chose,  subst.  fém.  et  masc.  Mot  indéterminé 
qui  tient  la  place  de  plusieurs  autres.  Il  subsiste 
encore  sous  sa  première  orthographe.  Nous  ne  nous 
arrêterons  qu'à  l'ancien  usage  qu'on  en  faisoit.  On 
peut  consulter  Du  Gange,  aux  mots  Cai<sa  (5),  Cansa- 
mentuni,  Chaucia,  Cosa,  lies,  et  Pasquier,  Rech. 
p.  735.  En  patois  languedocien,  cause  (6)  se  prend 
pour  chose.  (Voyez  Cause.)  Ce  mot  s'est  dit  plus 
souvent  des  personnes.  »  Li  Pères,  el  li  P'ils,  el  li 
o  sains  Esperiz,  lesqueies  trois  très  saintes,  el  très 
(I  précieuses  choses  sont  un  seul  Dieu  en  Trinité.  » 


(Beauman.  Prolog,  p.  1.)  »  Quant  il  entendit  le 
«  bossu,  il  s'appareilla  de  jouster  à  luy,  puis  il  luy 
<■  e.scric,  chose  contrefaicte,  tourne  toy,  si  auras  le 
«  jousle,  etc.  »  (Percef.  Vol.  1,  fol.  85.)  (7) 

Cose  el  chose  se  disoient  pour  biens  de  toutes 
espèces,  comme  terre  ou  autre  héritage. 

"  Sa  chose  de  Athées  qu'il  a  vendu.  »  (Perard, 
Hist.  de  Bourg,  p.  4G7,  titre  de  1216.) 

Coses  signiiioil  biens  (8).  (Duchesne,  Gén.deBgfh. 
p.  104,  til.  de  1240.) 

Nostres  choses  se  disoit  pour  nos  biens.  (Perard, 
Ilist.  de  Bourg,  p.  518,  lit.  de  l'i69.) 

«  Mettre  ses  coses  en  droit  el  en  loy.  »  (Duchesae, 
Gén.  de  Béth.  p.  164,  Ut.  de  1240.) 

Trop  seroit  foie,  et  legiere. 

Se  ge  haoie  (je  haïssois)  à  escient, 

Chose  qui  m'aim  veraiement. 

Blanchardin,  MS.  de  S.  G.  fol.  178,  V-  col.  2. 

Les  deux  chnses  vi  vis-à-vis; 
L'une  fu  grande,  et  bien  taillée. 
D'un  banc  samit  (0)  appareillée 

Fabl.  MSS.  du  R,  n-  7218,  fol.  280,  V  col.  1 . 

Dame,  qui  est  si  douce  chose, 
Que  cortoisie  en  li  repose. 
Comment  puet  ele  refuser? 
Cehii  que  voit  vers  li  plorer. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  350,  R*  col.  1. 

On  disoit  chose  fée,  pour  fée.  (Perc.  Vol.  II,  f"35.) 
Chose  servoit  aussi  à  exprimer  ce  qui  n'a  point  de 
nom,  ou  suppléoit  à  l'expression  propre  de  ce  qu'on 
ne  peut  définir,  faute  de  mémoire,  ou  de  connois- 
sance  ou  par  pudeur.  «  LorsescoutaLancelot,etouyt 
«  au  chasteau  sonner  une  chose  moult  hautement  ; 
«  il  regarda  vers  les  murs,  et  veit  tout  plain  de 
«  dames,  etc.  »  (Lanc.  du  Lac,  T.  III,  fol.  8.;  »  Voit 
«  au  milieu  ung  arbre  vestu  de  merveilleuse 
«  escorce,  et  esloient  les  feuilles  dec/wsesverdes.  » 
(Percef.  Vol.  IV,  fol.  139.)  (10) 

Alez  veoir  à  vostre  chose, 

Li  chevaliers  veoir  i  va, 

Ne  trueve  qu'il  ait  rien  perdu. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  298,  R'  col.  \. 

Chose  est  pris  dans  un  sens  obscène,  en  plusieurs 
expressions,  et  alors  on  le  fait  quelquefois  mascu- 
lin. (Voyez  Vaseliana,  p.  71  el  121  ;  Clém.  Marot, 
p.  390;  Rabelais,  T.  I,  p.  68,  el  Nuicls  de  Strapar. 
T.   II,  p.  445  (11).)  Il  étoit  féminin  lorsqu'on  disoit: 


(1)  «  Ce  pendant  que  les  chnrmcs  des  naufs  faisoyent  aiguade  (IV,  2).  —  Toute  uostre  chorme  grandement  se  contristoit 
(V,  18).  >)  Jal  tire  ce  mot  du  turc  tcheurmè.  (N.  E.) 

(2)  Cette  citation  est  plutôt  extraite  des  poésies  de  Thibaut  (t.  I,  p.  2i4):  «  De  vieles  sot  et  de  rote.  De  harpe  sot ,  et  de 
chorum  ;  De  lire  et  de  psalterium.  i>  (N.  E.) 

(3)  M.  Chazaud  (p.  316)  imprime  ;  «  Et  au  trés-preudhomme  prince,  on  trouva  deux  cordes  ceinctes  à  sa  chair  nue,  l'une 
de  fouet,  nouée  de  neuds,  et  l'autre  de  curde  de  cheron.  »  (N.  E.) 

(4)  Dans  Froissart  (XIV,  71),  choron,  comme  coron,  signifie  coin  :  «  Sur  ung  des  chorons  à  l'entrée  de  Thoulouse.  » 
Cette  forme  se  retrouve  dans  une  charte  de  1254  (Cartulariura  Fidemiense,  Du  Gange,  II,  614,  col.  3).  C'est  alors  un  dérivé 
de  cor.  (N.  E.) 

(5)  Causa  a  le  sens  de  chose,  dans  le  bas-latin  de  la  Loi  Salique,  de  Grégoire  de  Tours,  et  des  Capitulaires.  Pline  l'Ancien 
disait  déjà  quatn  ob  causayn,  au  lieu  de  quam  ob  rem.  (n.  e.) 

(0)  En  provençal,  au  ne  se  transforme  j)as  en  o,  comme  en  français,  (n.  e.) 

(■7)  Ce  sens  remonte  au  xiii*  siècle  :  «  Onque  si  douce  chose  [que  Berte]  ne  vi  ni  n'acointai.  »  (Berte,  57.)  Voyez  plus  bas 
les  citations  en  vers,  qu'on  pourrait  placer  ici.  (n.  e  ) 

(8)  Ce  sens  remonte  au  xv  siècle  :  «  Et  pour  acheter  chevaux,  armures  et  ce  qu'à  guerre  appartient ,  souvent  advient 
qu'ils  vendent  leurs  choses.  »  (Monslrelet,  I,  25.)  (n.  e.) 

(9)  Samcl  signifie  velours  en  allemand.  (N.  E.) 

(10)  Beaumanoir  (XXV,  17)  écrit  en  ce  sens  indéterminé  :  «  Plus  sont  rices,  et  plus  grans  mestiers  lor  est  que  li  quemins 
et  les  cozes  communes  soient  amendées.  »  (n.  e.) 

(11)  Ajoutez  Renart  (t.  II,  p.  103,  v.  12365  ;  p.  105,  v.  12410.)  (n.  e.) 


CH 


—  15  — 


CH 


faire  la  chose  à  une  femme.  (Tri.  des  IX  Preux, 
p.  144.) 

Rapportons  les  expressions  les  plus  remarqua- 
bles, dans  lesquelles  on  a  employé  le  mot  chose  : 

l"  Chose  aromatique  désigne  les  parfums  que  la 
reine  de  Saba  donna  à  Salomon,  dans  l'Hist.  de  la 
Toison  d'Or,  T.  II,  fol.  198. 

2°  Cliose  villaine  s'est  dit  pour  roture,  par  oppo- 
sition à  la  noblesse  : 

Veons  dont  noblesse  jadis 

Vint,  des  vertus;  eltose  villaine, 

Des  vices,  dont  est  laidis  (blâmé) 

Qui  villenie  en  tous  cas  admaine  (amène). 

Eust.  Desch.  Pocs.  HSS.  fol.  302,  col.  2. 

3»  Choses  de  bestes,  pour  bétail  ou  bestiaux. 
«  Coviendra  especifier  quant  cenz  des  acres,  choses 
«  de  besles,  etc.  »  (Britl.  Loix  d'Anglet.  fol.  151.) 
Peut-être  faut-il  lire  chejf  de  bestes. 

4*  Chose  publique,  pour  république  (1).  (Gloss.  de 
l'Hist.  de  Paris  ;  Essais  de  Montaigne,  T.  I,  p.  523.) 

5°  Droit  à  la  chose  et  droit  en  la  chose  ont  des 
significations  différentes  en  termes  de  coutume. 
«  Tel  a  droit  à  la  chose  qui  ne  l'a  pas  en  la  chose, 
«  et  pour  ce  dit  on  jus  ad  rem,  eljus  in  re  ;  jus  ad 
'  rem  est  usufruicts,  comme  douaire,  rente  et 
«  talia  :  jus  in  re,  est  avoir  la  propriété  de  telle 
«  chose.  »  (Gr.  Coût,  de  Fr.  Liv.  I,  p.  105.)  Voyez  la 
«  même  définition  dans  Bout.  Som.  Rur.  p.  3  et  4. 

6°  Mettre  en  nature  de  chose.  «  Estoit  tenu  de 
«  mettre  le  dit  molin  de  Berry  en  nature  de  chose, 
>i  en  dedans  trois  ans.  »  (Procès  de  Jacq.  Cuer,  ms. 
p.  158.) 

7»  Chose  faire  est  mis  pour  travailler,  en  ce  pas- 
sage :  «  Iceux  ouvriers,  et  monoiers  sont  si  abstrains, 
«  et  obligez  à  ce  faire,  que  à  nul  autre  mestier, 
«  office,  ne  estât  ne  se  peuvent  ordonner,  et  ainsi 
«  sont  serfs  îi  y  chose  faire.  »  (Ord.  T.  II.  p.  340.) 

8"  Faire  une  grosse  chose  (2)  semble  répondre  à 
notre  fafon  de  parler,  faire  un  grand  coup,  dans  ce 
passage  :  «  Eust  peu  faire  le  ducBaudoin  nnegrosse 
"  chose,  celle  muyt  ;  mais  les  coureurs  adviserent 
«  le  Jouvencel,  tellement  qu'il  fust  sur  sa  garde,  et 
«  ne  peut  le  duc  Baudoin  riens  faire.  »  (Le  Jouvenc. 
Ms.  p.  347.) 

9°  Avoir  autre  chose  que  bien  signifioit  n'avoir 
pas  de  bien,  être  dans  la  peine,  n'avoir  rien.  «  Ce 
«  poise  moy,  se  Passelion  a  autre  chose  que  bien. 
«  Sire,  disl  Marones,  ce  sont  amours  qui  ainsy  le 
«  demainent.  »  (Percef.  Vol.  I,  fol.  85.)  On  trouve 
cette  expression  répétée  fort  souvent  dans  ce 
roman. 

10^  On  disoit  chose  que,  pour  que.  «  S'il  avenoit 
"  chose  que  les  chiens  laissassent,  etc.  »  (Chasse  de 


Gast.  Pheb.  iis.  p.  227.)  Le  mot  chose  est  explétif 
dans  ce  passage  ;  il  est  mis  pour  ce  dans  le  suivant  : 

Ja  por  chose  que  j'aie  à  vivre, 
Ne  me  deussés  pas  faillir. 

Fabl.  MSS.  duR.  n-  "218,  fol.  151,  R-  ool.  2. 

De  même,  on  lit  chose  que,  pour  ce  que,  dans  les 
Assis,  de  Jérus.  p.  214,  pour  chose  que,  c'est-à-dire 
pour  ce  que,  à  cause  que  (3),dansPercefor.  Vol.  VI, 
fol.  41. 

11»  Chose  qui  signifie  pour  quelque  chose  que. 
«  Mais,  chose  qui  puisse  avenir,  ne  finira  ma 
»  loyauté.  »  (Mel.  de  S.  Gelais,  p.  119.)  ><  Se  cou- 
«  vroit  si  sagement  de  son  escu  qu'ilz  ne  l'avoient 
«  navré c//ose  çHJlegrevast.  ■>  (Percef.  Vol.  I,  fol.  56.) 

12°  Se  chose  est,  pour  s'il  arrive.  (Ger.  de  Nevers. 
2'  part.  p.  79.)  Se  chose  estoit,  s'il  arrivoit.  (Ibid. 
1  "  part.  p.  34.)  On  lit,  au  même  sens,  se  chose  avient. 
(Fahl.  Mss.  du  R.  ir  7218,  fol.  135.) 

13'  Chose  7i' en  sera  pas,  pour  il  n'en  sera  rien. 
(Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7015,  T.  II,  fol.  150.) 

14°  La  chose  tourna  sur  le  chose,  pour  il  en 
arriva  tout  au  rebours.  (Contes  d'Eutrap.  p.  185.) 

On  trouvera  d'autres  façons  de  parler  empruntées 
h  ce  mot,  dans  Oudin,  Curios.  franc. 

VARIANTES    (4)  : 
CHOSE.  Orth.  subsistante. 
Chiose.  Marb.  col  1646,  passim  et  1654. 
Chouze.  Joinv.  p.  4;  Faifeu,  p.  51. 
Chosse.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  T.  II,  fol.  150,  V". 
Co.SE.  Duchesne,  Gén.  de  Guines,  p.  286. 
QuosE.  Gloss.  sur  les  Coût,  de  Beauvoisis. 
Couse.  G.  Guiart,  MS.  fol.  151.  V». 
JosE  at  Chose.  L.  Norm.  art.  7,  où  on  lit  dans  le  lat.  res  (5). 

SOSE. 

Chose,  partie,  au  féni.  Close,  fermée.  On  pour- 
roit  soupçonner  que  c'est  une  faute,  si  on  ne  lisoit 
ailleurs  chef  pour  clef,  clioche  pour  cloche  :  ainsi 
il  faut  regarder  comme  constant  que  Vh  a  pris  quel- 
quefois la  place  de  1'/. 

Jusqu'au  fenestres  de  l'ostel, 
Clwses  furent  de  ce  costel. 

Eust.  Desch.  Poès.  MSS.  p.  534,  col.  2. 

Choser.  [Intercalez  Clioser,  désapprouver, 
blâmer  : 

Moult  de  sa  gent,  parler  n'en  osent, 
Mais  par  derrière  moult  l'en  chosent. 

Fabliaux,  t.  I,  p.  160. 

Au  reg.  JJ.  142,  p.  138,  an.  1377:  «  Pour  lequel 
»  fait  et  omicide  li  dis  procureur  est  causé  et 
«  calengiet  ledit  Jaquemars.  »  Dans  une  vie  ms.  de 
Jésus-Christ,  on  trouve  aussi  : 

Sa  famé  l'ot,  moult  fort  le  cose 
Car  ele  estoii  moult  saine  cose. 

Du  Gange,  II,  257,  col.  2. 

On  s'écrie  encore:  «  Il  m'a  ditdesc/foses.'  »]  (n.  i:. 


(1)  On  lit  dans  Bercheure  (xiv  siècle,  fol.  1,  verso)  :  «  Chose  publique,  ce  n'est  autre  chose  mes  que  Testât  publique  ou 
commun,  et  est  nom  gênerai  à  touz  estaz  de  terre,  pais,  roiaumes  et  citez.  »  Montaigne  restreint  le  sens  pour  l'appliquer 
à  une  république  (I,  288)  :  «  Magistrats  de  la  chot.e  publicqite  emperiere  du  monde.  »  (N.  E.) 

(2)  On  disait  chose,  où  nous  emploirions  affaire  :  «  Je  ne  voi  que  ma  chose  à  nés  sun  bien  s'afi'uite.  »  (Berte,  37.)  — 
«  C'est  grand  chose  de  voir  ses  enfants  alliés  [mariés],  en  la  pleine  vie.  »  (Louis  XI,  44"  Nouv.)  »  (N.  E.) 

(3)  Dans  Froissart,  le  sens  est  quoique  :  «  Li  yawe  entra  à  grant  randon  dedens ,  ne  pour  cose  que  on  entendesist  à 
l'espuisier,  point  ne  demoroit  que  elle  [la  nef]  n'appesandesist  toutdis.  »  (V,  2(33.)  (N.  E.) 

(4)  On  lit  déjà  aux  Serments  de  Strasbourg  :  «  Et  in  cadhuna  cosa.  »  Dans  S"  Eulalie  :  «  Ni  ule  cose  non  la  pouret  omque 
pleier.  »  La  Chanson  de  Roland  donne  choses  (v.  2377)  :  «  De  plusurs  choses  à  remembrer  li  prist.  »  (n.  e.) 

(5)  «  Si  alquens  vienge  à  pref  pur  clamer  [ajose.  «  (n.  e.) 


CH 


16  — 


CH 


Choscttc,  suUst.  fém.  Diminutif  Ue  chose.  On 
disoit  : 

Noisettes,  et  teles  menues  vIioscIIks. 

Eust.  Descli.  Poi-s.  MSS.  fol.  »13,  col.  3. 

Faire  la  chosette  est  pris  dans  un  sens  obscène, 
en  ce  passai;e  : 

Pourtant  que  je  suis  jeunette, 
Amy,  n'en  prenez  esmoy  (crainte)  : 
Je  fei-ois  mieux  la  chosetle 
Qu'une  plus  vieille  que  moy. 

Cymbal.  Muniii,  p.  113. 

(Voyez  Rabelais,  T.  III,  p.  98;  Oudiii,  Diclionn.et 
Curies,  franc;.)  (1) 

Cliosier,  subst.  masc.    Arbre  qui  porte  des 

choses.  (Voyez  Oudin,  Cur.  fr.)  M"'  de  La  Sablière 

disoil  de  même  de  La  Fontaine,  qu'il  étoit  un 
fabli(r  (2). 

Chotier.  [Intercalez  Chotier,  évier  d'une  cui- 
sine: "  Le  valleton  soiilart  do  laditte  cuisine  sonna 
«  une  paeile...  Le  inaistre  dhoslel  leur  dist,  est-il 
«  maintenant  temps  d'eslre  en  cuisine,  et  print 
«  laditte  paeile  et  la  frôla  sur  un  chotier  ou  eschau 
«  de  laditte  cuisine,  ainsi  comme  on  acoustumé  ;) 
«  faire,  et  après  ce  le  ressua.  »  (.IJ.  116,  p.  51, 
an.  1379.)]  (N.  E.) 

Chotoii,  suhst.  masc.  Coton. 

Cordes,  courtines  (rideaux),  belle  toye 
De  cendal,  et  de  blan  cholon. 

Eust.  Uesch.  Poi-s.  MSS.  fol.  530,  col.  -i. 

Chou.  [Intercalez  Vexçression  Chou  ptnir  chou, 
but  à  but,  échange  pur  :  »  Par  juste  et  loïal  escange 
«  cliou  pour  clwii.  »  (Cart.  de  Corbie,  21,  fol.  304, 
an.  1346.)  Voyez  encore  p.  11,  note  3.]  (n.  e.) 

Chouan,  subst.  masc.  Chat-buant.  On  prononce 
ainsi  dans  l'Anjou  (3).  (Dict.  étym.  de  Ménage.) 

Chouai't,  subst.  masc.  On  lit  :  Maître  Jtan- 
Chouart,  en  un  sens  obscène.  (Rabel.  T.  II,  p.  199.) 

Choucage.  [Intercalez  Choucage ,  droit  payé 
pour  prendre  des  choques  ou  souches  dans  un 
bois-  «  Est  tenu  faire  et  assemblei'  ù  la  receptede 
"  Beaumont  sept  solz,  cinq  deniers  maille  pniltevine 
«  tournois  chacun  an  pour  le  c/)owcfl5f^.  ■■  (.1.1.  162, 
p.  341,  an.  1401.)]  (n.  e.) 

Choucher,  verbe.  Coucher.  (Percef.  Vol.  III, 
fol.  6.) 

Choué,  partie.  Tombé.  (Dict.  de  Borel.  au  mot 
Chaus) 


Chouette, s?/^s/.  féin.  Espèce  de  hibou*.  Parure 
de  tèie^. 

*Ce  mol  subsiste  au  premier  sens  de  hibou.  Les 
latins  l'uppeloient  la  chouette,  monedula,  parce 
qu'elle  vole  l'argent.  De  lu,  peut-être,  le  jeu  de  la 
eliouetle  (4),  pour  tour  d'escroc,  jeu  de  dupe.  C'est  à 
qui  plumera  son  compagnon.  (Dict.  d'Oudin.) 

^Chouette,  suivant  l'éditeur  des  Lettres  de  M°"de 
Sévigné,  désigne  une  esiièce  de  coiffure,  dans  ce 
passage  :  »  Vous  avez  donc  eu  peur  de  ces  pauvres 
"  petites  diablesses  de  chouettes  noires...  elles 
"  font  la  beauté...  de  la  coitîure  »  (Lett.  p.  39  et  40, 
2  févr.  1689.) 

Chouflier,  subst.  masc.  Visage  jouflu.  On  lit, 
dans  le  Dialogue  de  la  Cuisine  et  de  la  Paneterie, 
qui  parle  en  ce  passage  : 

Orde  loudiere  (lourdaude),  et  qui  es  tu'? 

A  tout  ton  pot,  et  ta  cuillier, 

Qui  portes  un  si  gros  chouflier 

Que  ce  semble  estre  une  buisiiie  (trompette). 

Eusl.  Desch.  Po5s.  MSS.  fol.  3"8,  col.  3. 

Choula,  pronom.  Cela. 

Clioula  me  fait  mainte  fois  requigner  (rechigner). 

Eusl.  Desch.  Poés.  MSS.  fol.  â-28,  col.  *. 

Chouloil,  sulist.  masc.  Lampe.  Mot  breton. 
(DuCange,au  mot/>;^Cîù7'Hw(5).)ALyon,  cette  lampe 
s'appelle  chelu.  (Falconnet.) 

Chouque,  subst.  fém.  et  masc.  Souche*.  Partie 
du  pied  d'un  oiseau^ 

*0n  dit  encore  chouque,  au  premier  sens,  en 
Non^iandie,  de  l'allemand  stocli.  (Voyez  Ménage, 
au  i.;ut  Souche.)  C'est  la  signification  propre  de  ce 
mut,  masculin  quelquefois,  mais  plus  souvent  fémi- 
nin. Il  est  employé  dans  les  deux  genres,  en  ce 
passage,  où  l'on  trouve  «  une  manière  d'oster  les 
«  pouels,  sans  orpiner  un  oisel  ;  prenez  eaue  que 
«  vous  Irouverés  dessus  un  chousque  de  chesne 
«  vert,  qui  ara  esté  dedans  le  creux  de  la  coupe  de 
«  celle  chouque.  »  (Modus  et  Racio,  ms.  fol.  130.)  On 
écrivoit  aussi  choque.  (Du  Cange,  aux  mots  Cheocu, 
Choca,  diocactum,  Coeagium  et  Cocha. 

^Delà,  ce  mot,  au  figuré  signifioit  le  gros  du 
pied  d'un  oiseau.  «  Aussi  doitl'en  oindre  le  fons  du 
«  pié,  comme  \acli0uque.  «  (Modus  et  Racio,  fol.  130. 
—  Voyez  ci-dessus  Cnocy  et  Ciiouquet  ci-après.) 

VARIANTES  : 
CHOUQUE.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  130,  R». 
Choque.  Modus  et  Racio,  fol.  70,  R°. 

Chouquet,  suhst.  masc.  Souche*.  —  Drogue 
médicinale  °. 


(1)  On  lit  dans  la  Rose  :  «  Fèves  et  poix  et  texes  chosetes  Cum  fruis,  racines  et  herbetes.  »  (La  Rose,  8414.)  Au  xv«  siècle, 
Coquillart  (Enquête  de  la  simple  et  de  la  Rusée)  écrit:  «  Corne  font  marchant  â  marchant,  Touchant  leurs  petites 
chnseiles.  »  Voyez  aussi  Villon,  la  Repue  du  Pelletier.  (N.  E,) 

(2)  On  dit  encore  aux  enfants  :  «  Va,  va,  quand  tu  seras  grand,  tu  verras  qu'il  y  a  bien  des  choses  dans  un  cho.ner.  (n.  e.) 

(3)  Ronsard  (815)  écrit  aussi  :  «  Si  nous  oyons  crier  de  nuit  quelque  chouan.  Nous  hiTissons  d'esfroy.  i>  Le  mot  (levini 
célèbre  pendant  la  Révolution  et  désigna  les  Vendéens,  qui  se  réunissaient  de  nuit  comme  tous  les  conspirateurs  et  les 
chats-hiiants.  On  veut  parfois  que  le  nom  propre  de  Jean  Chouayt,  tué  en  1794,  soit  devenu  un  nom  commun  ,  mais  ce 
n'était  qu'un  sobriquet  ;  il  s'appelait  Cottereau.  (N.  E.) 

(4)  Faire  la  chouutte,  c'est  jouer  seul  contre  plusieurs  personnes,  pour  être  battue  comme  la  chouette  quand  elle  vole  en 
plein  midi.  —  Rabelais  donne  p.  e.  l'origine  de  l'expression  populaire  être  chouette,  parfait  :  «  Ma  femme  sera  coincte  et 
jolye  comme  une  belle  petite  chouette.  »  (Pantagruel,  III,  14.)  (N.  E.) 

(5)  On  lit  au  Catholicon  Armoricum  :«  Lumière  ou  chandelle  à  veiller  de  nuit,  ou  chouloil,  ou  engasse  ,  britannice 
creuseul.  »  Chouloil  est  donc  un  mot  français  à  rapprocher  de  chateil.  (N.  E.) 


CH 


17  — 


CH 


*  On  dit  encore  chouquet.  en  Normandie.  (Voyez 

ci-dessus  Ceioco.)  11  est  pris  dans  le  sens  propre,  en 

ce  pussiige  : 

Comme  il  convient  faire  bon  feu  en  somme  ; 
Comme  de  hois,  et  gros  chouquet:  (1)  en  busche. 
Fabri,  Art.  de  Rhct.  Liv.  II,  f.il.  19,  V'. 

°I1  sembleroit,  par  le  passage  suivant,  qu'on  ait 
appelé  chouquet  une  espèce  de  drogue  médicinale  : 
«  Prenez  eaue  de  chievrefeul,  et  eaue  de  lieibe 
«  Robert  meslés  ensemble,  et  soit  lavé  le  mal,  puis 
>.  soit  mis  dessus  de  la  poudre  de  chouquet  bien 
«  déliée.  »  (Modus  et  Racio,  ms.  fol.  130  ) 

Chouser,  verbe.  Ce  mot  s'est  pris  dans  un 
sens  obscène,  qu'il  tire,  ainsi  que  son  origine,  du 
mot  chouse  ou  chose,  employé  quelquefois  en  ce 
sens.  (Voy.  Moyen  de  Parv.  p.  197.) 

Cliouserie,  subst.  fém.  (De  Chouser  ci-dessus.) 
Sa  siiniilicalion  est  obscène,  dans  le  Moyeu  de 
Parvenir,  p.  TiO. 

Choyer,  verbe.  Esquiver  *.  Ménager  ^. 

*  La  signification  propre  de  ce  mot  est  prendre 
garde,  du  laliri  cavere.  De  là,  on  a  dit  chotjer  une 
chose,  pour  l'esquiver.  (Monet,  Dict.)  Choyé:,  moy. 
(Testam.  de  Path.  p.  119.)  On  l'emploie  encore  en 
ce  sens,  en  Normandie,  où  le  peuple  prononce 
couyer. 

°  Dans  le  second  sens,  choyer  le  teins  signifie  le 
ménager,  n'en  pas  perdre.  «  H  l'avoit  prié  de  haster 
«  sa  marche,  et  de  choyer  le  temps  qu'il  consumoit 
"  ù  son  préjudice,  à  de  longs  entretiens.  »  (Le 
Labour,  trad.  de  l'Ilist.  de  Ch.  VI  par  un  moine  de 
S'  Denis,  p.  124.)  On  dit,  à  Lyon,  se  chouer,  pour  se 
ménager.  (Falconnet.  —  Voyez  ci-après  Chuer.)  (2) 

VARIAIS  TES  : 
CHOYER.  Orth.  subsistante. 
Choier.  Nicot,  Dict. 
Chouer.  Montaigne,  Essais,  T.  I,  p.  199  (3). 

Chre,  abrév.  Chartre.  (Voyez  Carta  magna, 
fol.  44.) 

Clirenone,  subst.  fém.  Ce  mot  est  employé 
dans  une  ordonnance  de  nos  rois.  L'éditeur  croit 
qu'il  signifie  une  sorte  d'herbe,  ou  quelque  chose 


d'une  nature  à  peu  près  semblable.  Sa  note  porte 
sur  une  disposition  par  laquelle  il  est  défendu  de 
mcllre  avec  les  poissons,  dans  les  paniers  de  marée, 
chrcnone...  feurre,  etc.,  pour  empêcher  que  les 
herbes  ne  les  gâtassent.  (Voy.  Oïd.  T.  V,  p.  253.) 

Chresmé,  subst.  masc.  Nous  disons  au  même 
sens  chresmeau  (4).  C'est  ce  qu'on  met  surla  tête  de 
l'enfant  baptisé,  après  qu'on  lui  a  donné  le  saint 
chrême.  (Celthell.  de  L.  Trippault.) 

Chrestieiî,  subst.  masc.  aclj.  et  adv.  Homme  *. 
Humain  ^.  Intelligiblement"^.  La  singularité  de  ce 
mot  est  remarquable.  Il  est  à  la  fois  substantif, 
adjectif  et  adverbe.  Je  ne  parlerois  point  de  sa 
signification  propre  qui  subsistera  toujours. 

*  Comme  substantif,  chrestien  a  signifié,  en  géné- 
ral, un  liomme(.5).  «  Ung des  plus crueulx  t'/rres^^ens 
«  du  monde.  »  (Journ.  de  Paris  sous  Ch.  VI  et  Vif, 
p   1G6,  an.  1436.)  Le  peuple  le  dit  encore. 

^  Comme  adjectif,  ce  mot  a  signifié  bumain. 
«  Très  solempnel  exemple  de  non  désirier  les  choses 
«  crestiennes  »  (Eust.  De.sch.  Mss.fol.  401.)  11  s'agit 
de  la  vanité,  de  la  gloire  d'Alexandre-lc-Grand. 

*=  Comme  adverbe,  on  a  dit  parler  chrcstieit,  pour 
parler  intelligiblement  (6).  (Path.  Farce,  page  64.  — 
Hab  T.  II,  p.'^99.) 

Balzac  l'a  employé  aussi  comme  adverbe,  mais 
dans  le  sens  propre,  pour  chrétiennement,  en  chré- 
tien. «  Si  nous  étions  au  tems  des  sacrifices,  je 
"  devrois  sacrifier  à  Esculape;  mais  il  faut  parler 
«  chrétien,  et  je  loue  Dieu.  »  (7) 

iVjoutons  cette  expression  particulière,  rendre 
bon  chrétien,  pour  convertir  au  bon  parti,  sans 
qu'il  soit  question  de  religion.  On  lit  dans  une  lettre 
de  .Jacques  d'Aubusson,  a  Pierre  de  Beaujeu  tenant 
le  parti  de  Charles  VIII  :  «  Monsieur  de  Metz  amené, 
»  de  Gascogne,  jusques  au  nombre  de  six  à  sept 
"  cens  honimes,  et  sommes  délibérez.  Gressin  et 
«  moy,  de  voir  si  nous  les  pourrons  faire  bons 
»  chrestiens,  comme  les  autres.  »  (Godefr.  Observ. 
sur  Charles  VIII,  p,  501.)  (8) 

VARIANTES   (9)  : 
CHRESTIEN.  Journ.  de  Paris  sous  Ch.  VI  et  VII,  p.  166. 
Crestien.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  p.  401,  col.  2. 


(1)  Voyez  aussi  le  reg.  .TJ.  120,  p.  126,  an.  1381  :  «  Pour  cause  d'une  certaine  bûche  ou  chouquet.  »  Les  tréfileurs  et  les 
marins  emploient  encore  ce  mot.  (n.  e.) 

(2)  On  trouve  même  suer  (anglais  to  suc,  supplier)  :  «  Quant  ele  est  seule  et  enserrée,  Cort  tenue  d'un  vilainastre  ,  Vos 
alez  joer  et  esbatre  ;  Mais  el  ne  se  puet  remuer,  Tant  sache  son  mari  suer.  »  (Roman  de  la  Poire.)  (N.  E.) 

(3)  «  .le  disois,  en  mes  jours,  de  quelqu'un  en  gaussant,  qu'il  avoit  choué  la  justice  divine  »  (Essais,  I,  310),  c'est-à-dire 
esquivé.  (N.  E.) 

(4)  On  lit  à  la  69»  Nouv.  de  Marguerite  ;  «  La  chambrière  ayant  son  surcot  sur  la  teste  à  la  mode  du  pays  ,  qui  est  fait 
comme  un  clireineau,  mais  il  couvre  tout  le  corps  et  les  espaules  par  derrière.  »  (n.  e.) 

(5)  On  disait  encore  d'une  femme  :  «  Loys  Daulphin,  duc  de  Guyenne  ,  En  bastissant  oeste  besogne ,  Print  une  belle 
chrestienne  Fille  du  duc  de  Bourgogne.  »  (Mart.  d'.Vuvergne,  dans  Richelet.)  (N.  E.) 

(6)  Molière  a  conservé  cette  expression  dans  les  Précieuses  Ridicules  (se.  vu)  ;  «  Il  faut  parler  chrétien,  si  vous  voulez 
que  je  vous  entende.  »  (N.  e.) 

(7)  Le  titre  de  roi  Ircs-chrétieit,  donné  aux  souverains  de  la  France  ,  ne  remonte  pas  à  François  \"  ni  à  Louis  XI  ; 
Charles  V  l'a  porté,  comme  l'indique  le  prologue  de  la  Cité  de  Dieu,  par  Raoul  de  Prestes  :  «  Et  ces  choses ,  mon  très 
redoublé  seigneur,  dénotent  et  demonstrent  par  vray  raison ,  que  par  ce  vous  estes  et  devez  estre  le  seul  principal 
protecteur,  champion  et  deffenseur  de  l'église,  connue  ont  esté  vos  devanciers.  Et  ce  tient  le  saint  siège  de  Rome  ,  qui  a 
accoutumé  à  escripre  à  vos  devanciers  et  à  vous  singulièrement  à  l'entitulation  des  lettres  :  .-1»  très  chrestien  des  priiwes.  » 
Ce  titre  est  donné  à  S'  Louis,  en  1256,  à  Philippe-Auguste  (1101).  (Voir  Du  Gange,  II,  3il,  col.  2  et  3.)  (N.  E.) 

(8)  .\joutons  un  proverbe  du  xvF  siècle,  relevé  par  Lerou.x  de  Lincy  dans  Gaigniéres  (I,  290)  :  «  Juifs  en  pasques  ,  Mores 
en  nopces,  Chrestiens  en  plaidoyers  Despendent  leur  deniers.  »  (N.  E.) 

(9)  Aux  Serments  de  Strasbourg,  on  lit  :  «  Pro  Christian  poblo.  »  Dans  Eulalie,  on  it  avec  abréviation  «  /pii^n  »,  qu'on 
peut  résoudre  en  christiien.  (x.  E.) 

rv.  3 


CH 


-  18  — 


CH 


Chetien.  Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  fol.  49. 

Cbestian.  Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  III,  p.  r42. 

Chiustian.  Rab.  T.  II,  p.  59,  et  T.  I,  p.  37. 

Christien.  Loix  Norm.  art.  41. 

CnisTiEXE  et  Cristienne.  S.  bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  254. 

Chrestienei",  verbe.  Faire  chrétien,  baptiser*. 
Tenir  sur  les  fonts  baptismaux  ^. 

*  Voyez  sur  le  premier  sens  de  baptiser,  les  Dict. 
de  Monet,  Cotgravc  et  Du  Gange,  au  mot  Cliristia- 
nare.  «  Les  prescha  tant  qu'ilz  se  firent  chrestien- 
«  ner.  >•  (Percef.  Vol.  V,  fol.  38  (1).)  On  disoit  aussi 
se  cristianner,  pour  se  faire  chrétien.  (Conlin.  de 
G.  de  Tvr,  Martène,  T.  V,  col.  639.) 

^  Cre'stienner  un  enfant,  a  signifié,  au  second 
sens,  tenir  un  enfant  sur  les  fonts  baptismaux. 
(Hist.  de  la  Popel.  T.  I,  liv.  II,  fol.  56.) 

VARIANTES  : 
CHRESTIENER. 

Chrestienner.  Lanc.  du  Lac,  T.  II,  fol.  45,  R°  col.  2. 
Crestienner.  Hist.  de  la  Popel.  T.  I,  liv.  II,  fol.  56,  V». 
CRtSTiENNER.  Chroii.  S.  Den.  T.  III,  fol.  10. 
Cristianner.  Contin.  de  G.  deTyr  Martene,  T.  V,  col.  639. 
Christianer.  Journ.  de  Paris,   sous  Charles  VI  et  VU, 
pages  m  et  136. 
Chripstianer.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  f»  127,  V»  col.  1. 
Christianizer.  Cotgrave,  Dict. 

Chrestienté,  subat.  fém.Les  gens  d'église*. 
Les  hommes  ^.  Le  corps  humain  •=. 

*0n  a  dit  eresHenté,  cort  ere&tianté  et  cour  de 
chrestienté,  pour  la  juridiction  des  gens  d'église, 
l'ofOcialité.  la  justice  ecclésiastique,  opposée  i\  la 
justice  laïque.  iDu  Gange,  auxmotsC//ris/«aju/as(2), 
Chrislianare,  et  Gloss.  sur  les  Goût,  de  Beauvoisis.) 
De  lu,  plait  de  chrestienté,  dans  Du  Gange,  au  mot 
Placitiim  (3),  col.  524.  11  est  mention  de  «  maistre 
«  Aubery,  doyen  de  \a.chrcstie7ilé  de  Dijon  »,dans 
un  titre  de  1269,  cité  par  le  Labour.,  de  la  Pairie, 
p.  254.  11  y  avoit  «  un  doyen  de  la  chrestienté  de 
<■  Lille  »,  titre  de  1616,  cité  par  Goujet  (Bibl.  fr. 
T.  XIY,  p.  2G6.) 

^Chrestienté  (4)  désigne,  en  général,  les  hommes, 
par  opposition  aux  animaux,  dans  cette  expression 
qui  subsiste  parmi  le  peuple  :  Dieu  bénisse  la  chres- 
tienté. (Dict.  Univ.) 

•^On  dit  encore,  parmi  le  peuple,  en  parlant  d'un 
homme  sans  souliers,  qu'il  marcfie  sur  la  chres- 
tienté, c'est-à-dire  sur  sa  chair  nue.  (Longuer.  T.  I, 
page  64.) 


VARIANTES  : 
CHRESTIENTÉ.  Du  Cange,  Gloss.  lat.  au  mot  Placitum. 
Chre.stianté.  Perard,  11.  de  Bourg,  p.  1614,  tit.  de  1266. 
Crestiicnté.  Contin.  de  G.  de  Tyr,  Martene,T.  V,  col.  614. 
CiiHETiANTÉ.  Ord.  T.  III,  p.  471. 
CiiRiPSTiENTEZ.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f»  186,  V»  col.  2. 

Chrisopras,  subst.  fém.  Pierre  précieuse.  Les 
différentes  orlhographes  de  ce  mot,  qui  se  trouvent 
confondues  dans  nos  Diclionn.  modernes,  sont  dis- 
tinguées dans  nos  anciens  auteurs.  A  l'article  XI,  du 
livre  de  Marbodus  de  Gemmis,  on  lit  sur  la  chriso- 
lite  (5),  que  nous  appelons  aiguë  marine  (Falc): 

Cbrisolile  fait  a  amer. 

Si  a  semblant  d'eve  de  mer 

Enz  (dedans)  a  un  grain  d'or,  el  milou, 

Si  estencele  cume  fou. 

Marbodus  de  Gemm.  p.  1(U8. 

On  Irouvela  définition  de  lachrysopraze,  art.  XV  : 
CHsopnis  vent  d'Inde  majur  (6) 
De  jus  de  purret  en  a  culur 
Gutte  est  d'or  éteinte  purpurie. 

Ibid.  page  1B5. 

Cette  distinction  se  remarque  aussi  dans  cette 
description  d'un  palais  enchanté,  «  dont  le  pre- 
«  mier  fondement  est  jaspe,  le  second  saphir,  le 
«  cinquième  sardonix ,  le  sixiesme  sardonie,  le 
«  sepliesme  chrysolite  :  le  huitiesme  berille, 
a  le  neufiesme  topaze,  le  dixiesme  ehrysopraze.  » 
(Garthen.  voyage  du  Gh"  Err.  fol.  \:m.) 

On  appelle  chrijsoprasus{l)  toute  pierre  verte  qui 
a  l'éclat  de  l'or.  (Boos.  de  Gem.liv.  II,  cap.  59.) 

VARIANTES  : 
CHRISOPRAS.  Marbod.  de  Gemm.  p.  1652. 
Chrisopraze.  Marb.  col.  1652  et  1685. 
Chryscpraze.  Carthen.  voy.  du  Chev.  Err.  fol.  156,  V». 
Crisopace.  Marbodus,  col.  1678,  en  latin  Crisopacioii. 
Crisopbase.  Marb.  col.  1652  et  1685. 
Criselectre.  Marbod  de  Gemm.  art  59,  col.  1676. 
Crisolectre.  Marb.  art  59,  col.  1676,  en  lat.  Cnseleclvus. 
Crisolite.  Marbodus,  col.  1648  et  1686. 
Chkysolite.  Carth.  voy.  du  Chev.  Err.  fol.  156,  V». 
Chrisolite.  Marbod.  de  Gemm.  p.  1648. 
Grisolite.  Marb.  col.  1685,  en  latin  GrxsoUtus. 

Cliristaudin,  subst.  masc.  On  s'est  servi  de  ce 
mot  pour  désigner  les  Huguenots.  Beze  disoit  : 
«  Christaudin,  n'étant  encore  en  usage  le  mot  de 
«  Huguenot.  »  (Hist.  des  Egl.  Réf.  liv.  II.)  Pasquier, 
dans  ses  Rech.  p.  738,  s'exprime  ainsi  ;  <>  Telles 
«  manières  de  gens  avoient  esté  appeliez  ,  dès 
«  nostre  jeunesse,  Luthériens,  à  cause  de  Martin 


(1)  On  lit  déjà  dans  Partonopex  (Du  Cange,  II,  340,  col.  2)  :  «  Li  quens  s'est  mainte  fois  penez  Qu'il  fust  par  lui 
crcsiienez.  »  Dans  Renard,  on  lit  aussi  (id.  342,  col.  2)  ;  «  Drouin,  fait-il,  par  S.  Orner,  Tu  le  feras  chrestienner.  Si  tost  con 
Ijaptisiez  seront.  Jamais  de  ce  mal  ne  cherront.  «  Enfin,  Froissart  dit  aussi  (II,  341)  :  «  Et  pris  le  roy  qui  s'estoit  de  son 
temps  crestiennés.  »  (N.  e.) 

(2)  Il  cite  les  mss.  de  Corhie  :  «  El  le  tere  dehors  le  pont  de  Thanes  dusques  as  Maillieres ,  ensi  come  les  bonnes  le 
demonstrent,  sauve  le  clireslienlé  de  l'église  devant  dite,  et  che  ki  appartient  à  le  chrestienté.  »  (n.  e.) 

(3)  Ed.  Henschel,  V,  279,  col.  1.  (n.  e.) 

(4)  C/iresrîe)i(é  signifie  aussi  baptême  ;«  Icelle  Marguerite  enfanta  d'un  filz,  vif,  qui  ot  chrestienneté.  »  (JJ.  153,  p.  397, 
an.  1398.)  —  «  Les  exposans  mirent  l'enfant  sur  un  estai  au  devant  de  la  maison  Dieu  d'Amiens,...  et  assez  près  dudit 
enfant  misdrent  du  sel,  en  signe  de  ce  qu'il  n'estoit  pas  baptisié...  lequel  enfant  receut  crestienneté  et  batesme.  »  (JJ.  162, 
p.  236,  an.  1408.)  Il  signifie  aussi  autorité  spirituelle  (Chr.  de  Rains,  244)  ;  «  Sire,  vous  restés  hors  de  la  main  l'arcevesque 
quant  à  laie  justice  ;  vous  n'avés  riens  fait,  se  vous  n'iestes  hors  de  sa  crestienté.  »  (n.  e.) 

(5)  C/(»yso/i(/ie  est  le  terme  générique  désignant  les  pierres  précieuses  d'un  jaune  verdâtre  :  «  Et  bons  coraus,  et 
crisoliles,  Et  diamans,  et  ametistes.  »  (xiii«  siècle,  Romancero,  p.  59.)  On  lit  encore  dans  Yver  (xvi'  siècle ,  604)  :  «  La 
poignée  estoit  d'un  chrijsolitlie,  et  le  pommeau  d'un  fin  rubis.  »  (n.  e.) 

(6)  On  lit  aux  Emaux  de  De  Laborde  (xiv«  siècle,  p.  213)  :  «  Crisupacc  est  une  pierre  d'Antioche.  Il  est  une  aultre  espèce 
de  crisopace  en  Vnde,  qui  est  verde  comme  ung  porret.  »  (n.  e.) 

(7)  L'étymologie  est/çixrèf,  or,  et  nçàaos,  poireau.  C'est  une  agate  teinte  par  l'oxyde  de  nickel,  (n.  e.) 


CH 


19 


CH 


«  Luther,  depuis  Calvinistes,  et  d'un  mot  général 
«  sacramentaires.  Le  peuple,  n'estant  plus  si  effa- 
«  rouelle  encontre  eux,  commenta  de  leur  donner 
«  certains  noms,  par  forme  de  sobriquets  :  je  les 
»  ay  veus  vers  ce  temps,  les  appeller,  par  quelques 
»  uns,  christodins.  parce  que,  ne  parlant  que  de 
«  Christ,  ils  se  puhlioient  chanter  particulièrement 
«  hymnes,  et  pseaumes  à  Dieu.  "  On  disoit  :  »  Crier 
«  au  Luthérien,  et  au  christaudin.  «  (Voyez  La 
Planche,  Estât  de  la  Fr.  p.  l'iS,  et  Dial.  de  Tahur. 
page  99.) 

VARIANTES  : 
CHRISTAUDIN.  La  Planche,  Estât  de  la  Fr.  p.  125. 
Christodin.  Pasq.  Rech.  p.  738. 
Christhaudin.  La  Planche,  Estât  de  la  Fr.  p.  125. 

Clu-istifere,  &uhst.  masc.  Porte-Christ.  JNom 
donné  à  Gerson,  pour  exprimer  son  zèle.  On  l'appe- 
loit  docteur  christifere,  irrépréhensible.  (Les  Tri. 
de  la  Noble  Dame,  fol.  334.) 

Christofle,  subst.  masc.  Nom  propre.  On  a  dit  : 
par  le  fardeau  de  S.  Christofle,  c'est-à-dire  par 
.fésus- Christ.  (Rab.  T.  lU,  p.  19.-).) 

Saint  Christophe  de  Pâques  fleuries,  se  disoit 
comme  une  espèce  d'injure  (1):  «  Pour  ce  je  me  moc- 
«  que  de  toy,  va  te  faire  penser  par  mon  barbier, 
«  et  il  ne  t'en  coûtera  rien  à  te  faire  déclarer  vray 
«  S.  Crislophe  de  Pâques  fleuries.  »  (Moyen  de 
Parvenir,  p.  106.) 

VARI.\NTES  : 

CHRISTOFLE.  Rab.  T.  III,  p.  195. 
Cristophe.  Moyen  de  Parv.  p.  106. 

Chroniqueur,  subst.  masc.  Chronologiste  (2). 
(Nicol,  Oudin,  Cotgrave,  et  les  Epith.  de  M.  de  la 
Porte.) 

VARIANTES  : 
CHRONIQUEUR.  Nicot,  Oudin,  Dict. 
Chronicleur. 
Chroniste.  Oudin,  Dict. 

CIh's.  Cette  abréviation  nous  paroit  difficile  à 
expliquer.  Nous  citerons  le  passage  entier  où  on  la 
trouve.  On  lit,  dans  «  la  Balade  du  Caresme  M""  et 
«  deux,  qui  fut  très  grevable  h  mainte  gent  <>  : 

J'ay  XL  ans,  passé  la  quarantaine, 
Maint  dur  karesme  avec  les  un  temps, 
Qui  ne  me  firent  onques  le  qnart  de  paine 
Que  cilz  ci  fait,  pour  ces  mauvais  harens, 
Caques,  et  sors,  jaunes,  noirs,  et  puens, 
Mal  en  sausses,  viez  merlans,  hors  de  saison, 


Poys,  fèves,  clirs  (3)  sont,  et  tuit  U  poisson  . 
De  rivière,  d'estans,  et  de  la  mer. 
Riens  ne  valent  ;  nulz  ne  les  doit  amer: 
De  tout  mon  temps  ne  vi  si  dur  caresme. 

Eust.  Deschamps,  Pofs,  MSS.  fol.  324,  col.  \  et  2. 

Chucades,  subst.  fém.  plur.  Sucreries. 

J'ay  veu  deux  ou  trois  isles. 
Trouvées  en  mon  temps. 
De  chucades  fertiles. 

Molinet,  p.  n.^. 

C'est-à-dire  fertiles  en  sucre,  que  le  Picard  pro- 
nonce chuque,  d'oii  chucade,  comme  limonade  de 
limon.  (Falconnet.) 

Chuchoter,  verbe.  Chucheter.  Parler  bas  à 
l'oreille.  (Dict.  de  Cotgrave.  —  Voy.  Mém.  de  Sully, 
T.  I,  p.  405  (4).) 

Chuchottement,  subst.  masc.  L'action  de 
chucheter.  Discours  à  voix  basse.  (Essais  de  Mont. 
T.  I,  p.  550.)  (5) 

Chucre,  subst.  masc.  Sucre.  On  disoit  prover- 
bialement : 

Plus  doux  que  chucre. 

Hîst.  des  Trois  Maries,  en  vers,  MS.  p.  316. 

Plus  doux  assez  que  ne  soit  chucres  ((\). 

Ibid.  p.  :.îi. 

On  lit  cucre,  dans  les  Ord.  T.  II,  p.  320  (7).  «  La  baie 
«  de  cucre  brisié,  trois  sols  ;  la  baie  de  cucre  de 
«  Chypre,  la  baie  de  cucre  entier,  siz  soûls.  »  On 
écrivbit  aussi  entre;  c'est  une  faute.  «  La  balle  de 
a  entre  entière  vi  s.  »  (Gloss.  de  l'IIist.  de  Paris.) 

VARIANTES  : 
CHUCRE.  Hist.  des  Trois  Maries,  p.  130. 
Cucre.  Hist.  de  S"  Léoc.  xMS.  de  S.  G.  fol.  30,  V»  col.  2. 
CuTRE.  Gloss.  de  Paris. 

Chuel,  subst.  masc.  Voyez  le  Gloss,  de  Labbe, 
p,  494,  qui  ivAùmichuel,  par  le  mot  latin  cerinda  (8) 
qu'il  explique  ainsi  :  «  Le  bois  sur  lequel  est 
«  démené  le  chuel.  » 

Chuenel,  subst.  masc.  Crâne.  L'os  coronal, 
selon  Borel,  1'"  add.  Il  ne  cite  aucune  autorité. 
Peut-être  a-t-il  mal  lu  chuenel,  pour  chuevel,  la 
partie  de  la  tête  couverte  par  les  cheveux. 

Chuev,  verbe.  Flatter  (9).  DuCauge,  Gloss.  lat.  au 
mot  Mitificare,  cite  un  vers  du  Rom.  delà  Rose  : 

Il  se  set  bien  amoloier. 
Par  cliner,  et  par  souploier. 

Ghuette,  subst.  fém.  Chouette,  hibou.  Il  est 


(1)  «  On  appelle  ainsi  un  âne,  parce  que  Christophe  (Chrisloptiorus)  signifie  Porte-Christ,  et  que  .Tésus  était  monté  sur  une 
âuesse  lorsqu'il  fit  son  entrée  à  .Jérusalem,  le  jour  des  Rameaux  ou  de  Pasques  fleuries.  »  (Ducatiana.)  (N,  E,) 

(•2)  «  Et  pour  advenir  de  ceste  affaire  tous  ceulx  qui  prennent  plaisir  à  lire  et  escouter  les  faitz  de  la  guerre  ,  moy, 
cliriDiiquenr,  ay  oy  dire  et  raconter.  »  (.>cv«  siècle,  bibl.  de  l'Ec.  des  Chartes,  4«  série,  t.  I,  p.  430.)  (n.  e.) 

(3)  Il  faut  lire  chers.  (N.  E.) 

(4)  Voici  le  passage  de  Sully  :  «  Messieurs...  qui  chuchottent  l,à  vers  la  cheminée  aux  oreilles  les  uns  des  autres.  »  On  lit 
aussi  dans  la  Sat.  Menippée  (p.  95)  :  «  Furent  veus  les  princes  et  princesses  cliuchetcr  en  l'oreille  l'un  de  l'autre.  »  (n.  e.) 

(5)  On  lit  dans  Montaigne,  d'après  Dochez  :  «  Il  y  a  des  choses  qu'on  ne  dit  encore  qu'en  chuchotement.  »  (n.  e.) 

(6)  On  lit  aussi  aux  Péages  de  Péronne  (Cart.  de  Corbie,  Du  Gange,  II,  343,  col.  3)  :  «  Item  ungz  homs  qui  porte  chucre, 
doit  .vj.  den.  »  Dans  Bauduin  de  Sebourc  (XI,  516)  on  Ut  de  même  :  «  Gingembres  et  canele,  st  chucre,  et  asur  bis.  »  (n.  e.) 

(7)  Cucre  est  la  forme  du  xir  siècle:  «Et  destrampe  suie  de  miel,  et  mesle  cucre  avoeques  fiel.  »  (Cliev.  au  Lyon, 
V.  1403.)  (N.  E.) 

(8)  On  lit  au  Glossaire  lat.  fr.  7613  ;  «  Cerintha,  ital.  cerinta.  gall.  paquette.  »  (n.  e.) 

(9)  Comparez  plus  haut  choyer  ;  on  lit  dans  la  Rose  (v.  7425)  :  «  Maie  Bouche  et  tous  ses  parens,  A.  qui  ja  Diex  ne  soit 
garans.  Par  barat  estuet  barater.  Servir,  chucr,  blandir,  flaler,  »  De  même  au  v.  7430  :  «  Il  fait  trop  bon  le  chien  chuer, 
■Tant  qu'on  ait  la  voie  passée.  »  —  Dans  Renard  (v.  21897)  il  signifie  hujr  :  «  Li  est  venuz  Renart  devant  En  sa  voie  parfont 
chuant  :  Ahi,  fait  il  !...  »  (n.  e.) 


CH 


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CI 


aisé  de  reconnoilre  notre  mot  chouette  dans  la 
plupart  des  orthoiira plies  ci-dessous.  Nous  ne  cite- 
rons d'exemples  que  pour  celles  qui  sont  moins 
reconiioissables.  On  peut  d'ailleurs  consulter 
aïonet,  Mcot,  Cotgrave,  Ménage,  Oudin,  Gloss.  de 
Marol,  etc.  (Voyez  Ceiouktte  ci-dessus.)  Monet,  après 
le  mot  chouette,  avertit  que,  dans  le  Lyonnois,  on 
dit  civette;  et  Nicol,  après  le  mot  chuca,  nous 
avertit  aussi  que  les  Picards  disent  cauëtte(\). 

On  lit  dans  S'  .lulien  «  que  la  chevesche  estoit  le 
"  signal,  et  enseigne  ordinaire  des  Athéniens.  » 
(Mesl.  hist.  p.  542.) 

VARIANTES    (2)  : 
CHUETTE.  Molinet,  p.  143. 
Chevêche.  Oud.  Dict. 
Chevesche.  Civette.  Monet,  Dict. 
CA.UETTE.  Nicot,  Dict. 
Coete.  Hist.  de  S'«  Léocade,  MS.  de  S.  G.  foi.  29. 

Chueur.  suhst.  masc.  Complaisant.  On  a  dit  : 
«  L'escuyer  chueur,  ou  flateur  se  descorde  de  roffice 
«  de  clievalier.  Car  l'homme  chueur,  ou  flatteur  a 
«  corrompu  intention,  par  laquelle  corruption  est 
«  destruite,  et  corrompue  la  noblesse  qui  affiert  au 
«  couraige  de  chevalier.  »  (Ordrede  Cheval.,  fol.  11.) 

Chuinc,  nomb.  indecl.  Nous  remarquerons, 
sur  ce  mot,  cette  expression  singulière  :  cinq  cinq 
ans  pour  vingt  cinq  ans.  (Lanc.  du  Lac,  T.  I,  i"  137.) 

variantes  : 
CHUL\C.  Carpentier,  Ilist.  de  Cambray,  p.  31 . 
Chunc. 

Chuinck.  Carpentier,  Hist.  de  Cambray,  T.  II,  p.  29. 
CiUNC.  Duchesne,  Gén.  de  Beth.  p.  47,  tit.  de  1248. 
Chiunc.  Titre  rapporté  par  Heauman.  p.  418. 
Chinq.  Ane   Reg.  cités  par  La  Colomb.  Th.  d'honn.  p.  61. 
CiNC.  Pérard,  Hist.  de  Bourg,  p.  449,  tit.  de  1241. 
CiNK.  Ryraer,  T.  I.  p.  114,  col.  2,  tit.  de  1270. 
Cinq.  Orth.  subsist. 

Chuite,  subst.  fém.  Pot,  baril.  «  La  chuite 
«  d'huile  d'olive,  18  deniers;  le  tonncl  d'huile 
•  d'olive,  xii  sous.  «  (Gloss.  de  l'Hist.  de  Bret.) 

Chukaut,  partie.  Peut-être  couchant,  ou  tou- 
chant, voisin.  (Carp.,Hist.  de  Cambray,  T.  Il,  p.  28.) 

Chupier.  [Intercalez  Cltupier,  ouvrier  en 
chupperie,  corroyeur,  aux  Ordonnances,  t.  VI, 
p.  120,  art.  13,  an.  1372,]  (n.  e.) 

Chuquer.  [Intercalez  Chuquer,  jouer  au  billard 
en  Languedoc  :  «  Comme  iceulx  jouassent  à  un  jeu 
«  nommé  au  pays  chuquer.  »  (.1.1.  162,  p.  233, 
an.  1408.)]  (n.  e.) 

Churles,  subst.  [ém.  (3)  Ciboule  blanche.  (Dict. 
d'Oudin.) 


Churlupcr,  verbe.  Trinquer,  boire  avec  excès. 
C'est  le  sens  de  ce  mot,  selon  Oudin,  Dict.  et  Curies, 
franc. 

variantes  : 

CHURLUPER,  Chculupper. 

Churquette,  subst.  fém.  Ratière,  souricière. 
Mot  picard.  (Nicot,  Dict.) 

Churriaus.  [Intercalez  C/uoTirtKS,  draps  en 
loques,  dans  (Juigneville  (Du  Cange,  V,  00,  col.  2)  : 

D'un  ort  et  viel  burel  vestue 

Rattasselé  de  cluslriaus 

De  vies  panifies  et  churnaus.}  (n.  e.) 

Chy,  adv.  Ci,  ici.  Ctn  commence  le  premier  cha- 
pitre. (Beauman.  p.  7.)  On  disoit  :  de  cye  en  avant, 
pour  d'ici  en  avant,  dorénavant.  (Carta  Magna, 
fol.  139.)  Chi  iluec,  pour  ici.  C'est  un  pléonasme 
dans  ces  vers  : 

Je  voi  bien  que  Diex  vos  amis 
Ci  illuec,  pour  parler  ensemble. 

Fabl.   MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  320,  V»  col.  1 . 

On  écrivoil  aussi  ci,  pour  si  tellement.  (Voyez 
l'art.  Si.) 

variantes  : 

CHY.  Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  IV,  p.  1374. 

Chi.  La  Thaumass.  Coût.  d'Orl.  p.  14465. 

Ci.  ViUehardouin,  p.  55. 

Cy.  Orth.  subsistante. 

Cye.  Carta  Magna,  fol.  139,  V». 

Kl.  Borel,  Dict.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  5. 

Qui. 

Cliyboille,  subst.  fém.  Boîte  aux  saintes  huiles. 
Cotgrave  rend  la  signilication  de  ce  mot  par  ciboire; 
mais  elle  est  déterminée  pour  la  boite  aux  saintes 
huiles,  dans  le  passage  suivant  : 

Ly  donne  cil  communion... 

Et  puiz  ly  donne  la  sainte  oille, 

Qu'illec  tenoit  en  sa  clnjhoilli:. 

Hist.  des  Trois  Maries,  en  vers,  MS.  ji.  423  (4). 

VARIANTES  : 
CHYBOILLE.  Hist.  des  Trois  Maries,  en  vers,MS.  p.  423. 

CiBOILLE. 

Ci,  adv.  de  lieu  et  de  temps.  Ici.  Le  mot  ci,  dans 
S.  Bernard,  répond  dans  le  lat.  aux  molshicelhuc. 
"  Entre  ci  e  ke  Pakes  «,  pour  d'ici  à  Pâques.  (Rymer, 
T.  I,  p.  109,  tit.  de  1268.) 

Cibaire,  adj.  Alimentaire.  «  Deffendons  à  nos 
><  dits  officiers  de  demander,  ne  se  faire  payer 
«  aucuns  despens,  non  pas  mesme  cibaires,  aux 
«  communautez.  »  (Nouv.  Coût.  Gén.  T.  II,  p.  1241.) 

Ciboire,  subst.  masc.  .\rmoire  (5).  (Dict.  de  Borel, 
qui  dérive  ce  mot  du  grec  mSùygioy,  arcula.) 


(1)  La  forme  wa'lone  est  chawète  ;  la  forme  normande  est  caiiveltc,  au  sens  de  petite  corneille,  (n.  e.) 

(2)  Christine  de  Pisan  (.Charles  V,  III,  ch.  4)  donne  une  variante  :  «  De  tant,  dist-il,  comme  les  yeuls  des  suetes  ou  des 
chauve-souris  sont  inhabiles  à  recepvoir  la  clarté  du  souleil.  »  (N.  E.) 

(3)  Cltnrleau  est  encore  le  nom  vulgaire  du  panais  sauvage.  (N.  E.) 

(4)  Cette  citation  est  reproduite  aux  Emaux  de  De  Laborde  (p.  214)  ;  chyboiUe  suppose  cibucula,  comme  quenouille  vient 
de  canucida.  (n.  e.) 

fS)  On  lit  au  reg.  .IJ.  176,  p.  278,  an  14i3:  «  Le  suppliant  print  dedans  le  ciboire  ung  calixe  avec  lequel  estoit  enveloppée 
une  petite  boite  dedens  laquelle  estoit  le  corps  de  Nostrc  Seigneur.  »  Dans  une  charte  de  1526  (Du  Cange,  11,  346,  col.  2)  on 
a  une  forme  différente  ;  «  Lequel  Cocquet  a  prié  et  requis  audit  Adam  Briffant  que  son  plaisir  feust  lui  permettre  de  pouvoir 
mettre...  une  lampe  devant  le  ciboingne  de  Péglise  dudit  Senuc.  »  On  lit  encore  aux  Miracles  de  la  Vierge  (Du  Cange,  id. 
&i5,  col.  3)  ;  «  Li  fiex  au  bon  roy  Charlemaine...  Nous  donna  sainte  Leochade,  Là  fu  grant  tans  en  no  chiboire  Leis  saint 
Maart,  leis  saint  Grégoire.  »  (n.  e  ) 


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Cibole,  subst.  fém.  Ciboule*.  Partie  d'une 
massue^. 

*Ce  mot  se  disoil,  au  premier  sens,  avec  une 
légère  diflerence  dans  la  layon  de  l'écrire  (I)  : 

En  civos,  ou  en  poriaus, 

En  poi  novel,  ou  en  t-ito/es, 
En  ni  de  chanvre,  etc. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  176,  V-  col.  1. 

*0n  s'est  aussi  servi  de  ce  mot  pour  signifier 
la  partie  la  plus  grosse  d'une  massue,  la  crosse, 
par  allusion  vraisemblablement  à  la  forme  d"une 
ciboule. 

Jehans  qui  tint  la  maçue, 

Oui  moult  ot  grosse  la  cihole, 

Felonessement  (rudement)  le  rebole  (repousse). 

Fabl.  MSS.  du  R.  ii-  7-218,  fol.  12,  R-  col.  1. 

Ciborées,  subst.  fém.  plur.  Espèce  de  ragoiits. 
Peut-être  a-t-on  entendu  par  ce  mot  des  ragoûts  ù 
la  ciboule.  Voici  le  passage  : 

Après  viennent  ces  ciborées, 

Et  de  porions  (poireaux)  oez  porées  (ragoûts  de  poireaux)  ; 

Oitres,  et  hennons  au  civé. 

Viennent  enprès  (après)  tuit  abrivé  (tout  à  la  hâte). 

Bat.  de  Quaresm.  MS.  de  S.  Germ.  fol.  '.)2,  R"  col.  3. 

Cibory,  subst.  masc.  Charnier.  Dans  le  patois 
d'Auvergne,  lieu  oii  l'on  conserve  les  ossemensdes 
morts.  (Voyez  Du  Gange,  au  motCibori'tm.)  (2) 

Cicad,  subst.  Espèce  de  tleur  ou  d'herbe.  Pris 
allégoriquement,  ce  mot  désigne  un  amour  durable, 
dans  Recr.  des  Dev.  amoureux,  p.  39. 

Cicamus,  subst.  masc.  Sorte  d'étotîe.  (Borel, 
qui  cite  Perceval.) 

Cicaut,  subst.  masc.  Nom  propre.  On  juroit 
par  saint  Cicaut. 

Foi  qui  doi  Deu,  et  saint  Cicaut 
Il  pert  trestot,  au  derrien. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7015,  T.  H,  fol.  153,  V',  col.  1. 

Cicbarou.  [Intercalez  Cicliarou,  poisson  ^B.  N.  1. 
6838.  c)  :  «  Saurus,  a  nostris  saurai  vel  sieurel 
«  dicitur,  ab  aliquibus  nostrorum  gascon,  a  santoni- 
«  huscicliarou,  aGal!is?Hrtgife?"m(t  baslard.  '>](n.  e.) 

Cichei'ée,  subst.  fém.  Chicorée.  (Dictionn.  de 
Monet.  —  Voyez  les  Epith.  de  M.  de  La  Porte.) 

VARl.OTES  : 
aCHERÉE  Dict.  d'Oudin. 
CicoKÈE.  Id.  ibid. 

Ciclatuns.  [Intercalez  Ciclatuns  (Roland,  vei's 
846) ,  étoffe  de  soie.  Les  plus  beaux  ciclatons 
venaient  de  l'Espagne  musulmane  (V.  Fr.  Michel, 
Recherches  sur  lesétoffes  de  soie,  d'or  et  d'argent, 
1,220).  L'arabe  a  la  forme   siklatoun,    mais  le 


bas-latin  employait  cijclas.  On  lit  encore  au  Roman 
de  Garin  : 

Si  a  vestu  un  hermin  peliçon, 

Et  par  deseure  un  vermeil  ciglalo», 

Mantel  a  riche,  qui  n'est  raie  trop  Ion. 

Du  Gange,  II,  73),  col.  3.]  (N.  E.) 

Cicogne,  subst.  fém.  Cigogne.  On  disoit  autre- 
fois :  Contes  de  la  Cigogne,  dans  le  sens  où  nous 
disons  :  Contes  de  ma  mère  l'Oye.  (Gotgr.  Oudin, 
Dict.)  Remoitrances  de  la  cicongne  (3).  Cette  façon  de 
parler  proverbiale  se  trouve  employée  dans  la 
Défense  pour  Est.  Pasq.  p.  402. 

VARIANTES  : 
CIGOGNE.  Oudin,  Dict. 
CicoiGNE.  Nicot,  Dict. 
Sycoigne.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS. 
CiGOiGNE.  Nicot,  Dict. 

Cyngongne.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  290,  col.  -2. 
CiGON'GNE.  Défense  pour  Est.  Pasq.  p.  402. 

Cicoigneaux,  subst  masc.  plur.  Les  petits  de 
la  cigogne. 

VARIANTES  : 

CICOIGNEAUX.  Sag.  de  Charron,  p.  547. 
CiGOGNEAULX.  Rabelais,  T.  IV,  p.  252. 

Cicii taire,  subst.  masc.  Sorte  de  ciguë  (4).  (Dict. 
d'Oudin.) 

Cid  (le),  subst.  masc.  Ce  tilre  d'une  tragédie  de 
P.  Corneille  donna  lieu  à  cette  façon  de  parler  pro- 
verbiale ;  Cela  est  beau  comme  le  Cid.  Elle  étoit  en 
usage  du  temps  de  Pelisson,  suivant  son  llist.  de 
l'Acad.  fr.  in--i",  p.  04;  mais  elle  tomba  quelque 
temps  après,  suivant  l'Hist.  de  la  même  Acad.  par 
l'abbé  d'Olivet,  T.  II,  p.  18i. 

Ci-demain,  adv.  Le  lendemain. 

Ci-demain  vont  la  messe  oïr. 
Puis  s'en  voloient  départir. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7089,  fol.  17,  V-  col.  1. 

Cief.  [Intercalez  Cief,  suif  :  ■■  Chandelles  de 
«  cief.  »  (JJ.  87,  p.  226,  an.  1359.)]  (n.  e.) 

Ciel,  subst.  masc.  Ciel,  dais,  poêle*  (5).  Palais^. 

Le  pluriel  ciels  et  cieulx  est  employé  pour  les 
cieux  dans  S'  Athan.  Symb.  fr.  20  traduct. 

*  Outre  les  acceptions  subsistantes  du  mot  ciel,  ce 
mot  s'est  pris  souvent  pour  dais,  poêle  ou  autre 
chose  semblable.  On  le  trouve,  dans  les  anciens 
auteurs,  synonyme  à  dais,  poêle,  h  dosseret:^.  On 
voit  himmelz  dans  le  même  sens,  au  Gloss.  lat.  de 
Du  Cange.  Le  mot  allemand  hiinmel  signifie  ciel. 
>'  Le  roV  entra  en  la  ville;  sur  lequel  quatre  gentils 
i.  hommes,  et  chevaliers  demeurans  en  icelle  por- 
»  terent  un   ciel,  ou  dais  et  estoient  toutes  les 


(1)  Au  Martyr  de  S'  Etienne  (xv=  siècle)  on  lit  encore  :  «  Meschant,  tu  as  puante  aleine,  Avale  moy  caste  ciboule.  » 
onne  ciboulles  (XVIII,  43)  ;  enfin  0.  de  Serres  écrit  (510)  :  «  Les  cibouilles  ou  civots|participent  de  l'oignon  et  du  pour 


Paré 
donne  ciboulles  (XVIII,  43)  ;  enfin  0.  de  Serres  écrit  (510)  :  «  Les  cibouilles  ou  civots|participent  de  l'oignon  et  du  pourreau, 
tenans  de  l'un  la  figure,  et  de  l'autre  la  saveur.  »  (N.  E.) 

(2)  Ci6ori»)/i  a  d'abord  désigné  l'une  des  quatre  enveloppes  de  l'autel  dans  les  basiliques  (t.  III,  p.  351,  note  3);  il  a 
désigné  ensuite  le  jubé  (ms.  de  1301,  cité  par  Du  Cange,  II,  346,  col.  2)  ;  enfin,  ajoute-t-il  :  «  In  pluribus  Arverniae  locis 
ciboni  lingua  patria  locus  est  concameratus,  in  quo  reponuntur  ossa  defunctorum.  »  (N.  E.) 

(3)  On  lit  dans  Rabelais  (Pantagruel,  II,  19)  ;  «  Cependant  Panurge  leur  contoit  les  fables  de  Turpin,  les  exemples  de 
S'  Nicolas  et  contes  de  la  ciguoi>iijiie.  »  On  Ut  aussi  dans  la  Comédie  des  Proverbes  (act.  II,  se.  II)  :  «  Seigneur  docteur,  ce 
que  je  vous  dis  ne  sont  point  des  contes  de  la  cicoigne.  »  (N.  E.) 

(4)  Cicata  virosa  de  Linné.  (N.  E.) 

(5)  Ciel  désignait  encore  le  lambris  remplaçant  la  voiite  d'une  chapelle  :  «  Dix  huit  ais  de  blanc  bois,  dont  on  fist  le  chiel 
de  la  dite  chapelle.  »  (Bulletin  du  comité  de  langue,  t.  II,  n"  I ,  p.  54,  xiv»  siècle.)  (n.  e.) 


CI 


22  - 


CI 


«  rues  par  où  ils  passoient  tendues  à  ciel.  » 
(.f.  Chail.  Hist.  de  Charles  Vil,  p.  209.)  «  Avoit  sur 
"  le  chef  du  dit  duc,  uu  drap  de  soye,  de  couleur 
"  Inde,  et  qualire  clochettes  d'or  sounautes,  et 
»  porloyenl  le  dit  ciel  quatre  bourgeois  de  Dou- 
«  vres.  "  (Kroissart,  liv.  IV.) 

On  lit:  ciel,  aulroneiit poésie,  dans  Pasq.  Rech. 
p.  753.  Ciels,  ou  dossercts,  dans  les  Ilonn.  de  la 
Cour,  Mss.  p.  74.  ('iel  d'autel,  pour  dais,  dans  le 
Gloss.  de  l'Hist.  de  Bret.  (1) 

On  nommoil  ciel  entier  le  dais  qui  couvroil  la 
table  tout  entière  : 

De  sùye  et  d'or  le  courtinet  opèrent, 
Et  ly  coyssins  sont  richement  ouvré 
Dessus  les  liz,  le  liault  doys  apresté, 
Un  ciel  entier,  sur  la  table  ordonnèrent. 

Eusl.  [lesch.  Poi's.  MSS.  fol,  7G,  col.  2. 

Aux  obsèques  de  FranyoisI",  il  y  avoit  un  grand 
ciel  porté  par  les  princes  (2).  (Mém.du  Bellay,  T.  VI, 
p.  154.) 

On  tendoit  les  rues  à  ciel,  dans  certaines  fêtes  ou 
réjoui-ssances  publiques,  pour  garantir  du  soleil  ou 
de  la  pluie. 

Toutes  les  rues  estoienl  parées, 
Et  tendues  à  ciel  richement. 

Visil.  de  Charles  VU,  T.  II,  p.  77. 

«  Ils  firent  tendre  les  rues  à  ciel.  »  (Hist.  de  la 
Pucelle  d'Orléans,  p.  519.)  On  disoil  aussi  couvrir 
à  ciel.  (J.  Ghart.  Hist.  de  Charles  VII,  p.  209.)  Cette 
tenture  se  faisoit  avec  des  toiles,  etc.,  qui  formoient 
une  espèce  de  dais  le  long  des  rues. 

"Ciel  est  employé  pour  palais  dans  le  passage 
suivant  :  «  Les  Bretons,  et  autres  avoienl  entrepris 
«  d'entrer  à  Rouen  par  dedans  le  ciel,  ou  palais  de 
«  la  dicte  ville.  »  (Cluon.  de  Louis  XI,  p.  76.) 

L'expression  :  //  n'ij  a  personne  sous  le  ciel,  est 
d'usage  ;  mais  nous  remarquerons  son  ancienneté, 
puisqu'elle  n'est  cjuc  la  traduction  de  l'expression 
latine  homini  sitb  ccelo,  qu'on  trouve  dans  Du  Cange, 
au  mot  Dicoj'rit  (3). 

On  disoil  aussi  : 

Sos  dès  n'eut  plus  gente  beste. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  79S9,  fol.  57,  V-  col.  2. 

VARIANTES  : 
CIEL.  Orth.  subsistante. 

SiEL.  Fabl.  MSS.  du  R  n»  7D89,  fol.  57,  V',  col.  2. 
Chiel.  ViUehard.  p.  189,  Beaumanoir,  p.  2. 
Ciels,  phir.  pour  cieux.  S   \thnn.  Symb.  fr.  1'  frad. 
Chieus,  plur.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  190,  V». 


CiEULx,  plur.  S.  Athan.  Symb.  fr.  2»  trad. 
Cius,  plur.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  244,  R»  col.  1. 
CiÉs,  plur.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7982,  fol.  57,  V»  col.  2. 
CiEX,  plur.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  T.  II,  fol.  173,  V". 

Ciclin,  adj.  Céleste.  (Dict.  de  Cotgrave.  —  Voy. 
Epith.  de  M.  de  La  Porte.) 

Cierce,  subst.  masc.  Nord-nord-ouest  (4).  Vent 
d'occident.  (Du  Cange,  au  mot  Circius.)  On  lit  : 
"  Vent  de  Languedoc,  que  l'on  nomme  cierce  >>, 
dans  Rabelais,  'ï.  IV,  p.  181.  Mais  plus  communé- 
ment vent  de  cers,  dans  les  auteurs  des  pays  méri- 
dionaux. (Falconnet.) 

Borel  explique  cers  par  vent  du  nord,  et  Gon- 
douli,  cité  par  Du  Cange,  l'oppose  aux  vents  du 
midi.  (Dict.  Etym.  de  Ménage,  et  Astruc,  Hist.  nat. 
du  Languedoc,  p.  338.) 

VARIANTES  ', 
CIERCE.  Rabelais,  T.  IV,  p.  ISl. 
Cebs.  Dict.  de  Borel. 

Ciercele,  siihst.  fém.  On  a  dit  en  parlant  des 
Sarrasins  fuyant  à  la  vue  de  Roland,  à  la  bataille  de 
Roncevaux  : 

Tôt  ansement  (ainsi  que)  coume  la  ciercele  (5), 

S'enfuit  par  devant  l'esprivier, 

U  (ou)  par  rivière,  et  par  gravier. 

Si  s'enfuient,  par  devant  lui  ; 

Des  Sarrasins  n'i  a  celui 

Qu'il  n'osent  atendre  son  cop. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  200  cl  201. 

VARIANTES  : 
CIERCELE,  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  200  et  201. 
Sarcelle. 

Ciercer,  verbe.  Parcourir,  tourner  autour.  Ce 
mot  vieiiL  du  latin  circumire.  «  Li  fins  du  Marchis 
«  ciei'ça  la  cité,  pour  voir  se  ele  estoil  bien  garnie 
«  de  vitaille,  et  si  comme  il  cerchoit,  il  trouva  les 
«  bannières  de  Salehadi.  »  (Du  Cange,  Gloss.  lat. 
au  mot  Circare  (6).) 

Si  ot  cierkiés,  et  mons,  et  vaus. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  204. 

VARIANTES    (7)  : 
CIERCER.  Du  Cange,  Gloss.  lat.  au  mot  Circare. 
CiERKiER.  Ph.  Mousk.  MS.  p.  196. 

Ciercheverie,  subst.  fém.  Ce  mot  est  vraisem- 
blablement une  faute,  pour  tierchenerie  ci-dessus, 
qu'on  trouve  dans  une  citation  françoise  du  Gloss. 
lat.  de  Du  Gange,  au  mot  Tertiaria,  3  (8).  C'est  l'amo- 
diation d'un  bien  ou  des  fruits  au  tiers. 


(1)  On  lit  encore  au  reg.  .1,1.  84,  p.  153,  an.  1355  :  «  Un  ciel  d'une  chambre  de  sarge  vert,  prisé  .xvni.  escus.  »  (n.  e.) 

(2)  On  lit  aiibsi  dans  C;irloi.\  (III,  17):  «  Et  firent  ester  de  dessus  son  berceau  les  ciels,  poisles  et  daix  qui  y  estoient,  avec 
les  rideaux  et  tour  du  liet.  n  (n.  e.) 

(3)  «  Trado  tibi...  villam...  sitani  in  pago  Venedia...  sine  rendo,  sine  opère  dicofrit,  difosot,  et  sine  uUa  re  homini  sub 
ccelo.  »  (Dom  Lobineau,  Hist.  de  Bret.ngne.  Il,  col.  24.)  (n.  e.) 

(4)  C'est  le  mish-nl,  qui,  d'après  Diodore  de  Sicile  (V,  27),  soulève  les  rochers  et  démonte  les  Gaulois  en  les  dépouillant  de 
leurs  manteaux.  Strabon  parle  du  Mélamborée  (IV,  I,  7),  du  Borée  noir  de  la  Narbonnaise,  que  Pline  (II,  46,  4)  nomme 
Circius  :  «  In  Narbonensi  provincia  clarissimus  ventorum  est  Circius,  nec  uUo  violenlia  inferior  ;...  non  modo  in  reliquis  cœ  li 
partibus  ignotus  est,  sed  ne  Viennara  quidem,  ejusdem  provinciœ  attingens.  »  Comparez  Aulu-Gelle,  II,  XXII,  20  et  22  ; 
Sénéque,  Quest.  Natur.  V,  17  ;  Lucain,  Pharsale,  I,  v.  408;  «  Solus  sua  littora  turbat  Circius.  »  (N.  E.) 

(5)  On  trouve  dans  les  Etudes  d'agriculture  normande  de  M.  Delisle  (p.  58)  la  forme  cercetle;  c'est  la  sarcelle,  en  latin 
querqucdula.  (N.  E.) 

(6)  Ed.  Henschel,  II,  359,  col.  1.  (N.  E.) 

(7)  Froissart  donne  la  forme  cierqaier  :  «  Et  cierindérenl  tout  le  jour  les  camps  et  tous  les  mors  (V,  74).  »  (N.  E.) 

(8)  On  lit  au  Cartulaire  de  S'  WandriUe  (t.  I,  p.  161,  an.  1296);  «  .le,  Guillaume,.,  sui  tenu  à  rendre  et  à  paier  d'an  en  an... 
à  hommes  religieux...  de  S.  Vendrille  dix  sols  et  sept  deniers  t.  d'annuelle  rente  pour  la  raison  de  la  ciercheverie  des  frus 
crosans  en  une  acre  et  .xxix.  pieches  de  terre,  que  lesdits  religieux  ont  franchi  de  ladite  ciercheverie  à  moi...  à  tenir  et  à 
avoir  ladite  rente  pour  ladite  tierchenerie.  »  (n.  e.) 


CT 


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CI 


Cierge,  subst.  fém.  Biche.  On  reconnoît  aisé- 
ineiU  le  mot  latin  cerva  dans  le  mol  cerve,  et 
l'allération  est  légère  dans  cierve.  De  là,  on  a  fait 
cierge,  par  la  transformation  de  l'r»  consonne  en  g. 
Nous  en  avons  d'autres  exemples.  On  a  fait  gaine 
de  vagina,  guêpede  iifsyvrt,  etc.  {l)Borel  cite  ces  vers 
d'Ovide,  ms.'Lb  poëte  dit,  en  parlant  du  sacrilice 
d'Iphigénie  : 

En  leu  de  la  belle,  fu  mise, 

Une  cierge  et  sacrefiée  ; 

Si  fu  la  déesse  apayée  (satisfaite.) 

VABUXTES  : 
CIERGE.  Borel,  Dict. 
Cierve.  Corneille,  Dict. 
Cerve.  Percef.  Vol.  V,  fol.  56,  V»  col.  1. 

Cierge,  subst.  masc.  Flambeau,  torche*.  Chan- 
delier^. Bâtons  d'un  dais'^. 

*  Nous  disons  encore  cierge,  pour  les  chandelles 
de  cire  dont  on  se  sert  dans  les  églises.  On  le  disoit, 
autrefois,  non-seulement  dans  ce  sens ,  mais  pour 
toute  espèce  de  chandelles  et  flambeaux.  «  Les 
«  gardes,  qui  faisoient  sentinelle  aux  portes  du 
«  palais  de  Charlemagne,  avoient  une  espée  nue  à 
«  la  main  droite  ,  et  en  la  senestre  un  cierge 
«  ardant.  »  (Chron.  S.  Denis,  T.  I,  fol.  144.) 

On  lit  charge  ardant,  dans  les  Tri.  des  IX  Preux, 
p.  452.  Les  cierges  de  cire,  dont  il  est  parlé  dans 
les  Ord.  T.  111,  p.  GG6,  donnent  lieu  de  conclure  que 
tout  cierge  n'étoit  pas  de  cire,  et  que  cierge  étoit  un 
mot  générique.  Le  mot  chandelle  se  trouve  cepen- 
dant quelquefois  opposé  îi  cierge  ;  par  exemple 
dans  Lauc.  du  Lac,  T.  11,  fol.  13.  »  II  n'y  avoit  ne 
«  cierge,  ne  chandelle.  » 

^Cierge  pour  chandelier  a  été  moins  usité.  H  est 
pris  en  ce  sens,  dans  les  vers  suivans  : 

De  sor  la  nape  ot  (il  y  eut)  deitx  broussins, 
Où  il  avoit  cierges  d'argent. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  65,  V  col.  i. 

Ce  mot  s'est  dit  pour  un  bouchon  de  paille  qu'un 
moine  lient  à  la  main,  comme  un  cierge,  en  faisant 
ses  nécessités,  et  qui  devoit  lui  tenir  lieu  de  la 
pierre  de  ponce  employée  par  les  Grecs  au  même 
usage,  suivant  Aristophane  : 

Si  s'est  assis  à  un  pertuis  (trou), 
Et  tenoit  un  cierge  en  sa  main, 
S'a  conneu  le  secretain. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7989,  fol.  89,  V  col.  2. 

•=  On  a  nommé  cierges  les  bâtons  à  porter  un  dais 
ou  poêle.  "  Quatre  varlelz  tiennent  un  paille  à 
u  quatre  cierges,  et  dessoubz  ce  paille,  chevauche 
«  une  damoyselle  moult  richement  aornée.  »  (Lanc. 
du  Lac,  T.  1,  fol.  44.) 

VARIANTES   (2)    : 
CIERGE.  Orth.  subsistante. 
SiERGE.  Hist.  des  Trois  Maries,  en  vers,  MS. 


Chierge.  Mém.  d'Ol.  de  la  Marche,  liv.  II,  p.  497. 
Cerge.  Parlon.  de  Blois,  MS.  de  S.  G.  fol.  127,  R»  col.  3  (3). 
Charge.  Tri.  des  IX  Preux,  p.  452  et  453,  col.  1. 

Ciergier,S!(?*s/.  masc.  Cirier.  Ouvrieren  cierges, 
selon  Monel,  Dict.  On  donne  encore  à  Tours  ce  nom 
aux  épiciers,  parce  qu'ils  vendent  des  cierges  (4). 

Giers.  [Intercalez  Ciers,  cas  sujet  fait  sur  certtis  : 

Puis  r'ot  plevie  cis  Robiers 

La  fille  à  Lascre  ;  j'en  suis  ciers. 

Ph.  Mouske?  (Du  Cange,  II,  29i,  col.  3)].  (N.  E.) 

Cietile,  subst.  Peut-être  faut-il  lire  cieuté,  qui 
pourroil  avoir  été  dit  pour  cité,  ville  capitale.  Du 
Gange,  au  mol  Hetropolitanns,  c\le]e  Gloss.  lat.  fr. 
de  S.  G.  où  l'on  trouve  que  «  Metropolitanus  c'est 
«  sires,  ou  archevesque  de  Cieule  (5).  » 

Cieus.  [Intercalez  Cicus,  ciuz,  aveugles  [cœci): 

Les  cieus  véeir,  et  o'ir  cher 
Les  sorz,  e  si  parler  les  muz. 

ChroD.  des  ducs  de  Norm.,  v.  24080. 
Les  surz  oïr,  les  muz  parler 
Et  ciu:  veanz. 

Thomas  le  Martyr,  v.  1289. 
Car  ainz  fut  dus  e  ore  veit. 
La  Résurreclion  fTb.  Franc,  au  m. -à.,  p.  15,  v.  145).]  (N.  E.) 

Ci  fait,  affirm.  Oui.  Le  peuple  dil  encore  si  fait 
en  ce  sens  :  «  Je  dis  que  ci  fait,  par  les  raisons  que 
«  je  ai  autrefois  dites.  »  (Assis,  de  Jérus.  p.  199.) 

Cigale,  subst.  fém.  Ce  mot  subsiste.  On  disoit 
autrefois  ferrer  les  cigales,  pour  travailler  en  vain, 
en  pure  perte.  (Dict.  d'Oud.  Cur.  fr.) 

Ciglaton,  subst.  masc.  (6)  Etoffe  précieuse*.  Or- 
nement de  chevalier  °. 

*  Nous  trouvons  ce  mot  souvent  employé  dans 
nos  anciens  auteurs,  pour  désigner  une  étoffe  pré- 
cieuse. Il  y  en  avoit  de  plusieurs  couleurs  : 

Pailes  ciglalODS,  et  cendax 
Dras  riches,  et  amperiax. 

Parlon.  de  Blois,  MS.  de  S.  G.  fol.  129,  V  cul.  1. 
Ilarçons  couvert  d'un  vermoil  sijgîaton. 

Rom.  de  Roncevaux,  cité  par  Du  Cange,  au  mot  Cyclas. 

S'ele  est  vestue  de  houdel  (espèce  de  robe), 
D'esquallate,  ou  de  siglaton,  etc. 

Ovide  de  Arte,  MS.  de  S.  G.  fol.  96.  V"  col.  3. 

Le  siglaton  éloil  une  éloife  moelleuse  et  très 
chaude,  comme  l'indique  le  passage  suivant  : 

J'ai  de  bon  loutre  à  pehçons, 
J'ai  hermines,  els>r,glato>is. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  42,  V"  col.  2. 

On  distinguoit  le  chigaton  de  Lucques.  Du  Gange, 
au  mot  Cijclas,  rapporte  l'article  d'un  compte  de 
i352  d'El.  de  La  Fonlaine,  où  on  lit  :  «  Pour  une 
<i  pièce  de  chigaton  de  Luques  achetée,  etc.  » 

^On  appeloil  siglelon,  une  espèce  d'ornement  de 

chevalier.  L'ordonnance  concernant  la  manière  de 

1  créer  un  chevalier  du  Bain  porte  que   «  quant  il 


par 


(1)  Il  ne  faut  pas  confondre  le  v  initial  avec  le  v  placé  entre  deux  voyelles  (en  hiatus).  La  forme  cierge 
ir  cervia,  prononcé  ceruja,  avec  u  bref,  puis  cerja,  d'où  cierge;  de  même  abrcviare  a  fait  abréger,  (n.  e.) 


doit  s'explique  . 


(2)  Th.  de  Cantorbéry  (52)  donne  cirge  :  «  Esteigniez,  fait  lur  il,  ces  cirges  alumez.  »  (n.  e.) 

(3)  On  lit  aussi  dans  Roncisvals  (p.  118)  :  «  Où  n'eust  cerge  ou  lanterne  enfichée.  »  (n.  e.) 

(4)  On  lit  au  Gloss.  lat.-fr.  7(384  ;  «  Ciergier,  cirier,  qui  fait,  vent  ou  euvre  de  cire,  cerarius.  »  (n.  e.) 

(5)  La  citation  n'est  pas  complète  ;  Henschel  (IV,  301,  col.  1)  imprime  :  «  Metropolitanus,  c'est  sires  ou  arcevesques  de 
cieule  viUe.  »  Cieule  est  alors  adjectif  démonstratif,  (n.  e.) 

(6)  Voyez  plus  hant  Cickituiis.  (n.  e.) 


CI 


-  24 


CI 


u  sera  en  son  lit,  pendant  le  temps  de  son  reveil- 
«  lier,  il  sera  amendé  (recouvert  ou  réctiaulfé) 
«  c'est  assavoir  avec  une;  couverton  d'or,  appelle 
«  sigleton.  >■  (Du Gange,  au  mo[Miles)[\).  On  lilflbid. 
col.  7;58i  :  c.  Ensemble  le  lit  en  qui  il  coucha  pré- 
«  mièreuienl  après  le  baing,  aussi  bien  avec  le 
«  singleton,  que  des  autres  nécessitez.  » 

VAIUANTKS  : 
CIGLATOX.  Part,  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  129,  V»  col.  1. 
SiGLATON.  Floire  et  Blanch.  MS.  de  S.  G.  f»  196,  V°  col.  I. 
Sigleton.  Du  Gange,  Gloss.  lat.  au  mot  Miles. 
SvGLETON.  Du  Gange,  Gloss.  lat.  au  mot  Cyclas. 
SiNGLETON.  Du  Gange,  Gloss.  lat.  au  mot  Mites. 
SiNGLATON.  Vah[.  MSS.  de  S.  G.  fol  42,  V»  col.  2. 
Chigaton.  Du  Gange,  Gloss.  lat.  au  mot  Cyclas. 

Cigne,  subst.  masc.  Ce  mot  subsiste  sous  cette 
orthographe.  Les  cygnes  ont  la  peau  noire  ;  de 
là,  cette  expression  proverbiale  ("i)  : 

Char  ot  noire  com  pel  de  cigne. 

Fabl.  MSS.  du  H.  n''7218,  fol.  318,  V"  col.  2. 

On  donnoit  quelquefois  un  cygne  pour  prix  d'un 
tournoi  : 

C'est  celé  qui  le  pris  en  a; 

Vraiement  a  trestout  vaincu. 

Hien  i  parut  à  son  escu, 

Et  au  cisue  (3)  que  li  donnèrent 

Le  hiraut,  qui  s'abandonnèrent  (s'accordèrent) 

A  ce  qu'il  l'en  douent  l'onor. 

Fahl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  76,  V  col.  2. 

VARIA.NTES  : 
CIGNE.  Orth.  subsistante. 

Chyne.  Gace  de  la  Digne,  des  Déd.  MS.  fol.  134,  V»(4). 
Cyne.  Gace  de  la  Bigne,  des  Déd.  MS.  fol.  112,  R». 
CiNE.  Modns  et  Racio,  fol.  58,  V"  (5). 
CiSNE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n°  7218,  fol.  76,  V»  col.  2. 

Cignean,  (idj.  De  la  nature  du  cygne.  On  a  dit  : 
Cygneane  blancheitr.  (Epith.  de  la  Porte.) 

VARIANTES  : 
CIGNEAN.  Cotgrave,  Dict. 
Cygnean.  Epith.  de  la  Porte. 

Cignis,  subst.  masc.  Le  mont  Cenis. 

Puis  aiguë  belle,  au  mont  Ciijnis  ; 
Faut  entre  roches  chevauchier. 
Quatre,  ou  si.x  jours,  très  dur  pais,  etc. 

Eust.  Desch.  Poés.  MSS.  fol.  2i0. 

Cil,  pronom.  Celui,  ce,  cet,  ceux,  etc.  Nous  ne 
compilerons  point  de  passages,  pour  donner  des 
exemples  sur  la  variété  prodigieuse  des  orthogra- 
phes de  ce  pronom,  tant  au  singulier  qu'au  plu- 


riel Qu'il  suffise  de  les  avoir  citées,  avecles  endroits 
de  nos  auteurs  anciens  où  l'on  pourra  les  trouver. 

Nous  rapporterons  cependant  quelques  construc- 
tions particulières: 

1"  Cil  ne  cil,  ni  celui-ci,  ni  celui-lù.  (Rom.  de 
Brut,  MS.  fol.  7.) 

'•1°  Cil  cel,  celui-là.  (Gautier  d'Argies,  Poës.  mss. 
av.  1300.  T.  Il,  p.  ÔÔG.) 

3°  Cil  ell,  celui-là.  (Ernous  Caupains,  Poës.  mss. 
av.  1300,  T.  III,  p.  1257.) 

i"  dits  ki,  celui  qui.  (Andrieus  li  contred.  Poës. 
MSS.  av.  1300,  T.  III,  p.  •illt).  —  Voyez  ci-dessus  les 
articles  Ce,  Cest  et  Cesti.) 

vahiantes  : 

CIL.  VUlehard.  p.  1.  -  Joinv.  p.  72  (6). 

Ceil. 

SiL.  Floire  et  Blanch.  MS.  de  S.  G. 

SiLZ,  CiLZ.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  236,  col.  4. 

Ciz.  rhib.  de  Navarre,  Poës.  av.  1300,  MSS.  T.  I,  p.  126. 

Cis.  Notice  des  Vœux  du  Paon,  fol.  140. 

Ci.  Beauman.  p.  9. 

Chi.  Villehard.  p.  36. 

Chil.  Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  I,  p.  89. 

Chis.  Andrieus,  Poës.  JISS.  av.  l'30O,  T.  III,  p.  978. 

Chiex.  Hist.  des  Trois  Maries,  MS.  p.  227. 

Chu.s.  Le  Livre  du  Reclus  de  Morliens,  fol.  199. 

CiEUS.  Poës.  MSS.  Vat.  n»  1490,  fol.  122. 

ClEULS.  Froissart,  Poës.  MSS.  p.  156  ^7). 

CiELE,  fém.  Beaum.  p.  7. 

Cele.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  76,  V»  col.  2. 

Celle,  fém.  Villehard.  p.  9.  —  Arr.  Amor.  p.  100. 

Selle,  Seelluy. 

Gel.  Crétin,  p.  110.  -  Paës.  MSS.  av.  1300,  T.  IV. 

Celei.  Villehard.  p.  92  (8). 

Cheli.  îieaiiman.  p.  8. 

Cely   Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  III,  p.  16. 

Celi.  Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  I,  p.  524,  T.  VII,  p.  311. 

Celle,  fém.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  8,  col.  3. 

CiLi.  Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  I,  p.  524. 

Ceuls,  plur.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  282,  col.  3. 

CiEULS,  CiEUs,  Sellx,  Chiauls,  ClAUX,  Ch.^uz,  plur. 

Salz,  Ciauls,  Cie.k,  Celz,  plur. 

Coeuls,  plur.  Rom.  de  Rou,  MS.  p.  283. 

Cheus,  plur.  Borel,  Dict.  1"'  add. 

Chieuls,  plur.  Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  III,  p.  293. 

Chiux,  plur.  Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  III,  p.  3. 

Chiaulx,  plur.  Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  I,  p.  57,  col.  2. 

Chiaus,  plur.  Beaumanoir,  Coutumes  de  Beauvois.  p.  11. 

CHAU.S,  Chaux,  plur.  Beauman.  Coût,  de  Beauv.  p.  1  et  12. 

Cax,  plur.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  15,  R»  col.  3. 

Cj^us,  plur.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  695. 

Ceaux,  p.  M"  Quesne,  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  III,  p.  981. 

Cex,;j.  Hue  de  la  Ferté,  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  III,  p.  1157. 

Se.x,  plur  Beaumanoir,  Cout.  de  Beauv.  p.  155. 

Ces,  plur.  Villehard.  p.  189. 

Cels,  plur.  Villehard.  p.  20. 


(1)  Edition  Henschel,  II,  731,  col.  3,  et  IV,  398,  col  3.  (n.  e.) 

(2)  On  lit  encore  au  t.  VII  de  l'Ane.  Th.  français,  p.  256  :  «  Vous  y  serez  cogneu  comme  un  oyson  parmy  les  cygnes,  je 
voulois  dire  comme  un  cyijue  parmy  les  oysons.  »  (N.  E  ) 

(3)  Cette  forme  est  dans  Raoul  de  Cambrai  (62)  ;  «  Paons  rotiz  et  bons  cisnes  pevres  Et  venoison  à  molt  riche  plenté.  »  (N.  E.) 

(4)  Dans  George  Chastelain  (Chr.  I"  part  ch.  20)  on  lit  :  «  Au  roi  fut  présenté  uu  cherf-volant,  au  duc  d'Orliens  un  blanc 
chisne,  au  duc  de  ISourgoigne  un  lyon.  »  (N.  E.) 

(.5)  On  lit  aussi  dans  la  Rose  (v.  8746)  ;  «  C'est  oisel  cler  semé  en  terre.  Si  legierement  congnoissable.  Qu'il  est  au  cine 
noir  semblable.  »  Dans  l'IIist.  des  Croisades  (t.  II,  p.  293)  on  lit  aussi  :  «  Et  contrefaisoient  le  cir»ie  qui  chante  quand  il  doit 
morir.  »  (N.  E.) 

(6)  Dans  .loinviUe,  le  sujet  singulier  est  cil  (éd.  de  Wailly,  §  494)  ;  on  trouve  aussi  celi,  S  (i05;  cilz  §  322  ;  le  régime  singulier 
est  cel,  §  74,  ou  celi,  §  69,  celui,  ^  822  ;  le  sujet  pluriel  est  cil,  §  59;  le  régime  pluriel  ceus,  au  ms.  ceulz,  §  434;  le  féminin 
singulier  est  celle,  §  14,  eele,  %  95.  (N.  E.) 

(7)  Dans  Froissart  au  nomin.  masc.  smg.  la  forme  correcte  est  cil  ou  cils  {chil  ou  chils),  au  cas  régime  cel  ou  celui.  Au 
plur.  le  mot  fait  :  au  cas  sujet  masc.  cil,  au  cas  régime  masc.  ciaus,  chiaus.  L'emploi  de  celui  au  nomm.  sing.  (XI.  254)  est 
contraire  à  la  règle  et  caractérise  la  décadence  grammaticale.  Cel  est  une  forme  écourtée  de  icel  {ecce  ille)  qui  se  rencontre 
aussi  dans  Froissart.  (n.  e.) 

(8)  Pour  ViUehardouin,  voyez  l'édition  de  Wailly:  les  variantes  sont  indiquées  à  la  page  440,  ce'.  1.  (N.  e.) 


CI 


—  25 


CI 


Cilcun,  pron.  Quelqu'un. 

S'orrent  (si  eurent)  fait  espiier  cilcun 
Qne  li  Rois  iert  (estoit)  à  Meleun  ; 
Armé  sont,  vinrent  à  Paris,  etc. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  484. 

Cillement,  subst.  masc.  Clignement.  Mouve- 
ment des  paupières.  (Dictionn.  de  Cotgrave,  Oudin. 
Nieot,  etc.) 

Ciller,  verbe.  Remuer  les  paupières*.  Coudre 
les  paupières^. 

*Ce  mot  subsiste,  au  premier  sens,  sous  la  pre- 
mière orthographe;  mais  on  ne  dit  plus,  comme 
autrefois,  se  ciller,  pour  baisser  les  yeux  par  con- 
fusion : 

S'il  a  dame  riche,  il  la  pille, 
Et  fault  qu'el  le  veste  et  habille  ; 
S'il  s'en  mocque,  et  elle  se  cille. 

Al.  Charl.  Toi^s.  [).  C6S. 

^  Sous  l'ortliographe  de  chiUer,\\  subsiste  comme 
terme  de  fauconnerie.  On  dit  encore  chiller  (1)  un 
épervier,  pour  lui  coudre  les  paupières  vers  le  bec, 
afin  qu'il  ne  puisse  voir  que  par  derrière.  (Dict. 
univ.  —  Voyez  Fouilloux,  Faucon,  fol.  Gl.) 

V.\RI.\NTES  : 
CILLER.  Oudin,  Nieot,  Dict. 
SiLLER.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  112,  R". 

SCILLER. 

CiLLiER.  Gace  de  la  Digne,  des  Déd.  MS.  fol.  89,  Y". 
SiLLiER.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  110,  R". 

SiLIR,  SCILIR,  SCILLIR. 

r.iLLEK.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  107,  V". 
(".MILLIER.  Hist.  des  Trois  Maries,  MS.  p.  305. 
Cuiller.  Oudin,  Dict.  -  Modus  et  Racio,  fol.  73,  V". 

Ciniau,  subst.  féni.  Cime.  «  Ce  est  à  savoir  à 
«  prendre  à  l'usage  de  la  maison  devant  dite;  tant 
«  cum  un  chevaux,  o  uns  asnes,  lor  en  porra 
«  apporter  daus  cimaus,  et  daus  branches,  qui 
»  remandront  au  servant  qui  de  ma  fourest  devant 
«  dite  tranchera,  et  mettra  son  chauffage  au  signer 
«  de  Fonlenay.  Et  si  les  branches,  et  la  cimau 
Cl  devant  dit  ne  suffisent  au  devant  dit  frères  au 
«  chauffage  de  os  et  dau  pauvres  de  la  maison 
..  devant  dite,  je  lor  ay  donné  congé  et  pouer  de 
Il  prendre  lor  bois  sec.  »  (Citât,  de  Du  Cange,  au 
mot  Cheniinagium  (2).) 

Cimbaler,  verbe.  P.elentir.  Proprement,  f-^ire 
du  bruit  comme  celui  d'un  tambour.  (Gloss.  de 
Marot.)  De  là,  on  a  dit  au  figuré  : 

Fuyez  l'iiifame  inhumaine  personne. 

De  qui  le  nom  si  mal  ciinbalc,  et  sonne,  etc. 

Cléin.  Marol,  p.  3;)8. 

Cimboul,  subst.  masc.  Grelot,  sonnette  (3).  (Voy. 
Du  Cange,  au  mot  Cimbolum,  et  le  Dict.  de  Borel, 
au  mot  Cembel.) 


Cimet,  subst.  mase.  Sommet. 

VARIANTES  : 
CIMET.  Oudin,  Dict. 
SiMET.  Chron.  S.  Denis,  T.  I,  fol.  238. 
Symet.  Chron.  S.  Denis,  T.  I,  fol.  263. 
SiMETTE.  Les  Marg.  de  la  Marg.  fol.  237,  R". 

Cimier,  subst.  masc.  Panache.  Ce  mot,  sous  la 
première  orthographe,  conserve  encore  plusieurs 
acceptions.  \\  désigne,  en  termes  de  blason,  la 
partie  la  plusélevée'des  ornemensde  l'écu,  celle  qui 
surmonte  le  casque.  No.is  ne  l'employons  ici  que 
pour  observer  qu'il  a  aussi  signifié  les  ornemens 
que  l'on  mettoitsur  la  tète  des  chevaux.  <■  On  mit 
«  en  files  toutes  ces  chelites  peintes,  et  différentes 
«  l'une  de  l'autre,  par  les  divers  oyseaux  qu'elles 
«  représentoient,  dont  la  variété  estôit  encore  plus 
«  agréable  que  celle  desharnois,  et  des  cimiers  des 
«  chevaux  qui  lestiroient.  »  (La  Colomb.  Tii.d'Hon. 
T.  I,  p.  305.) 

VARIANTES  : 
CIMIER.  Orth.  subsistante. 
Cymier.  Fouilloux,  Vénerie,  fol.  54-  (4). 

SiMIER. 

Ciniositez,  subst.  fém.  Ce  mol,  qui  semble 
formé  de  cime,  peut  signifier  ici  axiome,  ou  peut- 
être  extraits,  si  ce  n'est  une  faute  pour  curiosités. 
«  M.  le  rapporteur,  ornant  son  discours  de  quel- 
«  ques  cimositez  tirées  des  anciens,  et  principa- 
"  lement  des  Grecs,  etc.  »  (Mém.  de  Montrés. 
T.  II,  p.  28.) 

Cinabre,  subst.  masc.  Terme  de  blason.  Ces 
mots  cinabre,  belic,  gueules  et  riche  couleur  hirent 
les  noms  que  les  hérauts  donnèrent  à  la  couleur 
rouge  (5)  dans  les  armoiries.  (Favin,  Th.  d'Honn. 
T.  i;  p.  12.) 

VARIANTES  : 

CINADRE.  Oudin,  Dict. 
Cinnabre.  Nieot,  Dict. 

Cinabrin,  adj.  Rouge,  vermeil.  (Voy.  Cotgrave, 
Dict.  et  les  Epilh.  de  M.  de  La  Porte.)  «  Quand  je 
Il  vois  deux  fraisettes  meures  à  demy  rouges,  et  à 
«  demy  vermeilles...  se  jouans  dessus  la  cresme... 
«  un  peu  distantes  l'une  de  l'autre,  je  me  repre- 
«  sente  les  bouts  de  ces  telins  cinabrins.  ■>  (Le 
Peler,  d'amour,  p.  102.  —  Voyez  Poës.  de  .Jacq. 
Tahur.  p.  274.) 

Cinade.  [Intercalez  Cinade,  crevette,  au  ms. 
lat.  6838  c.  de  la  B.  N.,  c.  138:  «  Squilla  parva, 
«  quam  noslri  cinade  appellant.  »]  (n.  e.) 

Ciiicelier,  subst.  masc.  Dais  (6).  C'est  en  ce  sens 
que  le  Dict.  de  Borel,  copié  par  Corneille,  explique 


(1)  «  Le  faucon  ne  doit  point  estre  chiUé  trop  estroict,  ne  le  fil  de  qaoy  il  est  chilHé  ne  doit  estre  trop  délié,  ny  ne  doit 
estre  noué  sur  la  teste,  ains  doit  estre  tors.  »  tModus,  fol.  78.)  (n.  e.) 

(2)  Sous  chcminus  (II,  323,  col.  3).  La  citation  est  extraite  d'une  charte  de  Geoffroy  de  Lusignan,  accordant  à  l'aumônerie 
de  S'  Thomas  de  Fontenay  son  chauffage  dans  la  forêt  de  Mervent  (1233).  (n.  e.) 

(3)  C'est  une  forme  provençale.  (N.  E.) 

(4)  On  lit  dans  l'édition  Favre  (fol.  42,  verso)  :  «  Et  après  faut  lever  le  cymier  [du  cerf  abattu]  depuis  le  commencement 
des  costez  et  de  longueur  jusques  au  bout  de  la  queue...  Les  nombles,  cuisses  et  cymier  appartiennent  au  roy.  »  (N.  E.) 

(ô)  Cet  le  sulfure  rouge  de  mercure  ;  Pline  et  G.ilien  nommaient  ainsi  le  minium  ou  o.'cyde  de  plomb  rouge  :  «   Comme 
au  ciiiahie  ou  sublimé.  »  (Traité  d'Alchimie,  xiv«  siècle,  [).  2'.l7.)  (N.  E.) 
(6)  Voyez  ckincclier.  (x.  E.) 

IV.  -î 


CI 


26  - 


CI 


ce  mol  dans  ce  passage  de  la  Bible  hisloriaux  : 
«  Quand  Jmlitli  vil  Ilolofernes  gésir  en  son  lil,  des- 
«  sous  un  cincelier  (jiii  éloit  de  saphir,  d'esmerau- 
1  des,  elc  ouvrées  dor  et  de  soye.  "  Du  Gange,  au 
mot  Cincinerhnn.  adopte  celle  explication.  Cepen- 
dant conune  le  mol  cuicerelle  ci-après  a  signifié  une 
espèce  de  mouche,  appelée  en  latin  culex,  cela 
pourroit  faire  coiVjecimx'i  que  cincelier  désigne  une 
cousinière,  gaze  ou  réseau  servant  à  défendre  des 
cousins.  Cuicelier,  qui  se  trouve  aussi  dans  Borel. 
est  une  faute  pour  ciiicelier. 

VARIANTES  * 
CINCELIER.  Dict.  de  Borel. 
CL'iciii.iER.  Id  ibid. 

tlliiicenelle,  subst.  fém.  Sorte  de  mouche  (1).  Il 
faut  écrire  cijniphes,  du  singulier  cijnips,  en  latin 
cinifes,  selon  le  Gloss.  du  P.  Labbe,  p.  495.  Oudin 
dit  que  c'est  une  espèce  de  sauterelle.  (Dict.  fr.  esp.) 

Cincerelle,  subU.  fém  Petite  mouche.  Mou- 
cheron, cousin,  en  latin  ùnxala,  dans  le  Gloss.  lat. 
fr.  de  S.  G.  cilé  par  Du  Gange,  au  molzinzala,  d"où 
vient  x-in~<alarium,  pavillon,  voile  pour  se  garantir 
des  mouches  ('2).  1\  y  a  beaucoup  d'apparence  que 
cincerelle  est  la  même  chose  que  le  mot  cincenelle 
du  P.  Labbe  et  d'Oudin. 

Cinces,  subst.  fém.  plur.  Chiffons,  guenilles.  Le 
roy  Agolant,  voyant  à  la  table  de  Charlemagne  beau- 
coup ûe  seigneurs  bien  mis  et  brillants,  s'informe. 

Et  puis  de  comtes,  et  des  ducs, 
K'U  vit  seoir  si  bien  vestus  ; 
Puis  des  castelains,  et  des  princes, 
.  Kl  n'ierent  (n'étoient)  pas  vestus  de  cinces. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  Ui. 

.  .  .  Coumanda,  et  si  fist  dire, 

A  ses  vallais  qu'il  11  feisent 

Treslout  le  honte  qu'il  puisent  ; 

Et  quant  li  quens  s'en  dut  aler, 

Cil  li  vinrent  à  rencontrer, 

Si  fu  gietés  (couvert)  de  palestiaux, 

Et  de  cinces  et  de  boiaux. 

IJ.  p.  -fli. 
VARIANTES   (3)  : 
CINCES.  Ph.  Mouskes,  MSS.  p.  144. 
Chinches.  Ane.  Coût,  de  la  Vie.  de  Rouen. 

Cinceuse,  adj.  au  fém.  Nous  trouvons  ce  mot 
employé  dans  les  vers  suivans  : 

Se  li  convient  sa  robe  vendre. 

Et  changier,  quoique  nus  vous  die, 

Pour  une  poure  hiraudie  (méchant  habit), 


p.  WI 


Qui  moult  estoit  poure,  et  honteuse, 
Et  à  tel  home  moult  rinccusi'. 

Fabl.  MSi.  du  R.  n-  721R,  fol.  3,  Y-  col.  S. 

Cinclie.  [Intercalez  Cinclie,  massue  (JJ.  173, 
•'<-4'i,  an.  1436)  :  »  Un  baston  gros  devant,  nommé 
au  pais  cinclie,  en  façon  d'une  massue.  »]  (n.  e.) 
Cindrer,  verbe.  Ceintrer.  (Dict.  de  Cotgrave.) 

De  clapiers  mal  cindrez  attendons  les  ruines. 

Contes  de  Choliere,  fol.  0,  R". 

Ciiigariste  (4),  subst.  masc.  Charlatan,  bateleur. 
(Voyez  Naudé,  Coups  d'Etal,  T.  II,  p.  361.) 

Cinge,  subst.  masc.  Singe  (5).  Rabelais  s'est  servi 
de  l'expression  :  dire  la  patenoslre  du  cinge,  pour 
marmotter  entre  ses  dents.  iT.  I,  p.  162.)  On  lit  (Ibid. 
T.  IV,  p.  283)  :  a  Remuant  les  babines  comme  un 
"  c/Hère  qui  cherche  pou Iz  en  léte(6).  » 

Cinge  verd,  que  Le  Duchat  explique  par  singe  de 
couleur  verte,  pourroit  aussi  s'entendre  d'un 
arbuste  dont  les  feuilles  sont  piquantes  comme 
celles  du  houx,  et  qu'on  appelle  singes  verds,  dans 
la  forêt  de  Fontainebleau,  oii  ces  arbustes  sont  fort 
communs  ;  mais  il  est  plus  probable  qu'il  s'agit,  eu 
effet,  de  singes  verts,  ainsi  nommés,  non  à  cause 
de  leur  coiileur,  comme  le  suppose  Le  Duchat, 
mais  parce  qu'ils  viennent  du  cap  Vert,  comme  des 
navigateurs  me  l'ont  assuré.  (Voyez  Rabelais,  T.  T, 
p.  162.) 

Le  vin  de  cinge  (7)  semble  pris  aliegoriquement,  en 
ce  passage,  pour  une  espèce  de  vin  dont  voici  les 
effets  : 

Encoire  y  a  ung  autre  vin, 
Que,  combien  qu'il  soit  cler,  et  tin, 
(Jui  par  gloutunnye  le  boit. 
C'est  à  dire  plus  qu'il  ne  doit, 
Il  luy  eschauffe  le  cervel; 
Combien  qu'il  desplaise  à  l'oysel. 
U  jangle,  et  chante,  et  parle,  et  rit. 
Il  quiert  des  femmes  de  desduyt  ; 
Il  dance,  il  baie,  il  tuinbe,  il  sault 
Il  cuide  que  nul  ne  le  vault  ; 
Vin  de  cinge  se  fait  nommer. 

Gace  de  la  Bigoc,  des  Déduits,  MS.  fol.  23,  V". 

VARIANTES  : 
CINGE.  Cotgrave,  Percef.  Vol.  IV,  fol.  9. 
Cynge.  Percef.  Vol.  VI,  fol.  189. 

Cingerie,  subst.  fém.  Singerie.  Le  passage 
suivant  {lourroit  ;ivoir  introduit  et  mis  à  la  moile 
l'usage  de  ce  mot  (8).  «  Le  Lay  a  ramentu  au  roy  une 


(1)  C'est  aussi  un  cordage  pour  haler  les  bateaux  sur  les  rivières  :  on  dit  aussi  cintjnenclle.  (n.  e.) 

(2)  Au  Gloss.  lat.-fr.  7674,  on  Ut  ;  «  Cincenelle.  Cincenaude ,  une  petite  mouche  ainsi  appellée,  ziiizala.  Cincenaudief, 
:in:alariuin.  m  (N.  E.) 

(3)  On  lit  encore  aux  Miracles  de  la  Vierge  (Du  Cange,  II,  352,  col.  I)  :  «  Cil  U  rejeté  une  vies  cincc.  »  (n.  e.) 

(4)  L'origine  est  Zingai-i  ou  Tsenr/aris.  (N.  E.) 

(5)  L'orthographe  singe  est  plus  conforme  au  latin  siinitis  (sinuis,  camus).  (N.  E.) 

(6)  Rabelais  (f'oHfayjKc/,  IV,  2)  écrit  encore  :  «  Frère  Jean  achapta  deux  rares  et  pretieux  tableaux,  et  les  paya  en 
monnaie  de  cinge.  »  Le  Livre  des  Métiers  (287)  explique  cette  expression  :  «  Li  singes  au  marchant  doit  quatre  deniers  ,  se 
pour  vendre  le  porte  ;  et  se  li  singes  est  au  joueur,  jouer  en  doit  devant  le  peagier,  et  pour  son  jeu  doit  estre  quites.  »  (n.  e.) 

(7)  On  distinguait  les  vins  par  leurs  effets  (Oudin,  Curios.,  p.  574)  ;  le  vin  de  singe  faisait  sauter  et  rire  ; -le  vin  d'iinK 
endormait  ;  le  vin  de  cerf  faisait  pleurer  ;  le  vin  de  lijon  rendait  furieux  ;  le  vin  de  pie  faisait  cajoler  ;  le  vin  de  porc  vous 
faisait  rendre  gorge  ;  le  vin  de  renard  poussait  à  la  malice  ;  le  vin  de  Nazarelli  passait  par  le  nez.  De  là  ce  passage  d'une 
pièce  insérée  par  M.  Vallet  de  Viriville  (t.  I,  p.  313  de  la  llibl.  de  l'Ecole  des  Chartes) ,  oii  sont  énumèrées  les  marques 
municipales  de  la  magistrature  de  Langres  ;«...  Plus  quatre  gondoUes  d'argent  qui  ont  esté  données  à  l'hostel  de  ville 
par  feu  M.  de  Charmoulue,  lesquelles  gondoUes  représentent  les  quatre  vins,  sçavoir  :  «  Vin  de  singe,  vin  de  lyon,  vin  de 
mouton,  vin  de  cochon,  d  (n.  e.) 

(8)  Le  mot  est  en  elTet  du  xv«  siècle  ;  au  .\lii=  siècle,  on  employait  simjoiement  :  s  Et  che  n'est  que  singoiement.  De  faire 
ainsi  muser  le  gent  ;  Singes  li  Pharisiens  fu.  >)  (GtùgneviUe,  dans  Du  Cange,  VI,  259,  col.  1.)  (n.  e.) 


Cï 


-  27  — 


CI 


«  chose  qui  le  nieisl  en  merencolie,  tellement  qne 
<i  la  royne  manda  ses  deux  fils  Olofer,  el  Galafar, 
«  pour  sa  mélancolie  osier  ;  adonc  les  convoya  le 
«  roy  l'ung  après  l'autre,  puis  leur  bailla  un  petit 
"  singeot,  pour  leur  esbanoyer;  si  ne  pourriez 
«  croire  les  joyeuses  cingeries  qui  furent  entre  les 
«  enfans  el  le  cynge.  »  (Percef.  Vol.  VI,  fol.  109.) 
Cingesse,  subst.  fém.  Guenon.  (Dict.  de  Cotgr.) 

Cinier,  subst.  masc.  Signe.  II  pareil  que  c'est 
le  sens  de  ce  mot  dans  ces  vers  : 

Piez  poudreus,  et  pensée  vole  (volage), 
Et  cil  qui  par  cinier  (i)  parole 
Sont  trois  choses,  tout  sans  doutance, 
Dont  je  n'ai  pas  bone  espérance. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  721S,  fol.  280,  R»  col.  1 . 

Cinil.  [Intercalez  Cinil,  sorte  de  légume  dans 
une  charte  de  1416  (Du  Gange,  II,  355,  col.  1): 
<'  Cinilz,  panilz,  naveaux,  et  autres  choses  des- 
«  niables.  "]  (n.  e.) 

Cinique,  adj.  Sinistre  (2). 

Où  est  le  corps  du  sens  (s^ge)  de  Salomon, 
Ne  d'Iîypocras  le  bon  physicien? 
Ils  sont  tous  mors;  si  fu  leur  mort  cinique 
Tuit  y  mourront,  et  li  fol  et  li  saige  (3). 

Eust.  Desch.  Poes.  MSS.  fol.  13Ci,  col.  3. 

(Unnelier,  subst  masc  En  latin  cuius,  suivant 
ie  Gloss.  du  P.  Labbe,  p.  495  (4). 

Cinnes,  subst.  fém.  plur.  C'est  une  faute  pour 
einnes,  aines,  dans  les  Div.  Leç.  de  Du  Verd.  p.  263. 
On  lit,  ibid.  :  «  Les  aines,  ou  basses  parties  du  ven- 
«  Ira.  »  (Page  312.  —  Voyez  Einne  ci-après.) 

Cinq  et  ([uatre.  Ces  mots,  en  termes  de 
vénerie,  désignoient  une  parlie  du  cerf:  «  Faut 
"  osier  du  bout  de  devers  les  coslez,  trois  neuds 
«  qu'on  appelle  les  cinq  et  quatre  qui  apparlien- 
«  nent  au  grand  Veneur.  »  (Fouilloux,  Vénerie, 
fol.  54.) 

Cinq  pas  (les).  C'étoit  une  sorte  de  danse. 
Les  dames  de  la  reine  de  Navarre,  allant  en  Gas- 
cogne, s'expriment  ainsi  dans  leurs  adieux  à  M""  la 
princesse  de  Xavarre  : 

Que  dens  ton  cœur,  tu  ne  m'oublies  pas; 
Mais  qu'au  retour  nous  dancions  les  cinq  pas. 

Les  Marg.  de  la  Marg.  fol.  396,  V'. 

Régnier,  comparant  la  vertu  des  anciens  avec 
celle  de  nos  jours,  dit  : 

...  la  nostre  aujourdhuy  qu'on  révère  icy  bas, 
Va  la  nuict  dans  le  bal,  et  danse  les  cinq  pas, 
Se  parfume,  se  frise,  etc. 

lïegnier.  Satyre  V,  p.  46. 

Cette  danse  avoit  passé  de  mode  du  temps  de 
laulcur  du  Roman  Bourgeois.  On  lit  ;Ibid.  liv.  I, 


p.  147)  :  0  On  lui  fit  venir  un  maître  i\  danser,  pour 
«  la  façonner.  Sa  mère  voulut  qu'il  lui  apprît  prin- 
«  cipaiement  les  cinq  pas,  et  les  trois  visages  ; 
"  danses  qui  avoient  été  dansées  à  sa  noce,  et  qu'elle 
«  disoit  être  les  plus  belles  de  toutes.  » 

Cinquain,SM?)Sf.  masc.  Pièce  de  vers*.  Nombre 
de  cinq^. 

*En  poésie,  cinqiiain  étoit  une  pièce  de  cinq 
vers,  soit  épigramme,  couplet  ou  stances  (5).  (Dicl. 
d'Oudin.) 

^  En  arithmétique,  cinquam  désignoit  le  nombre 
de  cinq.  Le  cinquain  ou  cinqnein  de  chandelle 
désigne  un  paquet  composé  de  cinq  chandelles. 
Nous  disons  aujourd'hui  de  cinq  à  la  livre.  On  lit, 
en  parlant  des  droits  attribués  aux  portiers  de  la 
chambre  du  Parlement,  dans  le  temps  qu'il  n'était 
pas  résidant  à  Paris  :  «  Aura  la  porte  9  cinquains, 
«  9  quayers  (paquet  de  quatre)  et  12  chandelles 
«  courtes,  et  aura,  partoul,  demie  moule  de  bus- 
«  ches.  >'  (Pasq.  Rech.  p.  723.)  On  accordoit  aussi 
au  chancelier  »  livraison  de  chandelles,  un  cin- 
«  quain,  deux  quaiers,  et  une  poignée  de  menues 
«  chandelles.  »  (Miraum.  des  Cours  souver.  p.  545, 
an  1317.)  Voy.  Id.  Traité  de  la  Chanc.  fui.  -14,  où  le 
mot  septain,(\m  vraisemhlablementétoit  un  paquet 
de  sept  chandelles,  et  le  mot  quaier  un  paquet 
de  quatre,  se  trouvent  employés  avant  et  après 
cinquain. 

VAR1.\NTES   : 

CINQUAIN.  Monet,  Oudin,  Dict. 

CiNQUEiN.  Du  Gange,  Gloss.  lat.  au  mot  Paginala. 

Cinquain  ou  Cinquains.  Perard,  p.  412. 

Cinquain,  adj.  Cinquième.  On  lit  le  cinque 
dcqrée,  pour  le  cinquième  degré,  dans  les  Tenur. 
de  Littl.  fol.  5. 

Des  granz  beautez  dont  nus  bons  n'a  pooir 
Qu'il  en  deist  la  rimiuuine  partie. 

Thiéb.  do  Navarre,  Pofs.  MSS.  av.  1300.  T.  I,  p.  206. 

VARIANTES  : 
CINQUAIN.  Poës.  MS.  av.  1300,  T.  I,  p.  260. 
Cinque.  Littleton,  Tenur.  fol.  5. 

CinquaniHS,  subst.  Nous  trouvons  ce  mot 
employé  dans  le  passage  suivant  :  >■  Incontinant 
«  est  yssue  une  damoyselle,  d'une  chambre,  qui 
«  porloit  sur  son  col  ung  manteau  d'escaiiate  à 
«  penne  de  cinquamus.  (Lancelot  du  Lac,  T.  I, 
fol.  140.) 

Cinquantaine,  subst.  fém.  On  lit  :  selon  la 
constitution  des  cinquantaines  (6),  dans  les  Ord.  des 
R.  de  Fr.  T.  III,  p.  362.  L'éditeur  (note  D)  conjecture 
qu'on  avoit  établi  un  nouveau  guet  de  cinquante 
personnes. 


(1)  Lisez  cinjer,  pour  sinrjer.  (N.  E.) 

(2)  La  lecture  et  la  traduction  sont  fort  douteuses,  (n.  e.) 

(3)  Cette  strophe  rappelle  la  ballade  de  Villon  sur  tes  «  Dames  du  Temps  Jadis  »,  ou  son  Charnier  des  Innocents.  On  lit 
aussi  dans  Jean  Meschinot  (1509)  :  «  Se  tu  vas  à  Saint  Innocent,  Où  il  y  a  d'ossemens  grand  tas  ,  Jà  ne  connoistras  e«tre 
cent  Les  os  de.s  gens  de  grans  estas  D'avec  ceulx  qu'au  monde  notas  En  leur  vivant  pauvres  et  nus  ;  Tous  s'en  vont  d'ond 
ilz  sont  venus.  »  (N.  E.) 

(i)  La  ceneUe  est  le  fruit  de  l'aubépine  el  du  houx  :  «  Framboises,  freses  et  cenelles.  »  (La  Rose,  v.  8416.)  On  ht  encore 
au  (jloss.  latin-français  7684  :  «  Cinunt,  cenelle.  »  (N.  E.) 
(5)  On  dit  plus  souvent  quintil.  (N.  E.) 
\\)  Voyez  plus  bas  cinquantenier,  et  Du  Cange,  sous  cinquanlina.  (N.  E.) 


CI 


—  28 


CI 


Cinquante,  nom  numérique  ou  ordinal. 

VABIANTES  : 
CINQUANTE.  Orih.  subsistante. 
Cinquante. 

Cint|iiante   ou  Cinquantième.    On    a   dit 

cynclunUjme  pour  cinquantième.  (D.  Morice,  llist. 
de  Bret.  Pr.  col.  lOO'i  et  1003,  dans  deux  litres,  l'un 
de  l'iCG  et  l'autre  de  12G8.) 

Cinquinte  deusième,  comme  nous  disons  cin- 
quante-deux, dans  les  dates  des  années.  (Perard, 
Hist.  de  Bourg,  p.  MA,  lit.  de  1252.) 

Cinquante  secund,  dans  le  même  sens  que  le 
précédent.  (Rymer,  T.  I,  p.  109,  col.  1  et  2,  lit. 
de  1208.) 

Cinquante  quatrième.  Terme  de  monnoie. 
«  Avons,  n'a  gueres,  ordonné,  et  avons  mandé  par 
«  noz  lettres  ouvertes,  que  vous  fassiez  ouvrer,  et 
«  monnoyer,  en  blanc  (argent),  et  en  noir  (cuivre) 
•>  sui-  le  pié  de  monnoye  cinquante  quatrième.  » 
(Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  II,  p.  iW.) 

Cinquantenier,  subst.  masc.  Titre  d'officier 
militaire*.  Nombre  de  cinquante^. 

*Ce  mot,  dans  le  premier  sens,  avoit  vieilli  dès  le 
temps  de  l'auteur  des  Contes  d'Eutrapel  et  avoit  été 
remplacé  par  celui  de  cap  d'escouade  (1).  JContes 
d'Eu  Ira  p.  p.  479.) 

°0n  a  dit  un  cinquantenier,  pour  le  nombre  de 
cinquante,  ou  comme  nous  disons  une  cinquan- 
taine : 

Et  pour  ce,  allez, 
Si  tant  valiez, 
Voir  au  psautier 

Ciit'juiDilenicr,  etc. 

Le  Blason  des  Faulces  Amours,  p.  226. 

VARIANTES   (2)  : 

CINQUANTENIER.  Contes  d'Eutrap.  p.  479. 
CiNQUANTiNiER.  Mém.  du  Eellay,  T.  VI,  p.  426. 

Cinquantin,  adj.  Du  nombre  de  cinquante. 
«  Merrien  assigné  le  cent,  cinq  sols;  rocs,  le  cent, 
«  quarante  deniers  ;  eschalas,  le  cent  de  bottes  cin- 
«  quanti ns,  dix  deniers  »,  c'est-à-dire  de  bottes 
composées  chacune  de  cinquante  échalas.  (Ord. 
T.  I,  p.  000.) 

Cins,  mhst.  masc.  Sein. 

Enchainle  sui  d'.\gan, 
Si  k'en  lieve  mes  cins,  etc. 
.     Andefr.  li  Basiars,  Pocs.  MS.  avant  1300.  T.  Il,  p.  855. 

Cinsneor.  [Intercalez  Cinstieor,  brigand  : 

Si  a  gaires  des  enableors 
Des  larrons  ne  des  clusneors. 

Chr.  des  ducs  de  Norm.,  v.  4700.)  (a.  E.) 

Cintetée.  Il  semble  que  ce  soit  un  mot  cor- 


rompu, peut-être  pour  civetée,  qui  pourroil  signi- 
tier  un  ragoût  de  cives,  oignons  : 

Audigier  dit  ;  Rainberge,  rois,  t'espousée 
lier  soir  menja  navez.  et  cinteéc: 
Si  huma  plain  vaissel  d'une  brouée. 

Rom.  d'Audip.  MS.  de  S.  G.  fol.  69,  R-  col.  3. 

Cintraige.  [Intercalez  Cintraige ,  sorte  de 
redevance,  au  reg.  JJ.  01,  p.  290,  an.  1321: 
«  Disons  que  les  avoueries,  li  fumaige,  les  cin- 
"  traiges,  li  tourtel,  les  garbes,  li  herbage  mort  et 
«  vif....  »]  (n.  e.) 

Cintré,  adj.  Trompé,  attrapé.  (Dict.  d'Oudin 
franc,  esp.) 

Cinture,  subst.  fém.  Ce  mol,  dans  le  passage 
suivant,  semble  désigner  une  opération  que  les 
maréchaux  faisoient  aux  chevaux.  >■  Qui  acheste 
«  beste,  et  il  la  fait  mareschausser,  ou  cinture  de 
<■  cinture,  ou  traire  dens,  ou  decoitler  (châtrer)  la 
«  et  il  après  la  treuve  restive,  il  ne  la  peut  rendre 
«  par  l'assise.  »  (Assis,  de  Jérus.  p.  89.)  (3) 

Cion ,  subst.  masc.  Bourrasque,  tourbillon*. 
Rejeton,  jet  d'arbre  ^. 

*0n  lit,  au  premier  sens  :  «  Alors,  il  se  fait  un 
«  tourbillon,  ou  sion.  "  (Amyot,  Iraduct.  de  Plut, 
chap.  m  des  Opin.  des  Philos.)  Ce  mot  est  employé 
dans  le  même  sens  au  4'  T.  de  Rabelais,  p.  83. 

^Mous  disons  encore  sion  ou  scion  pour  les 
menus  jets  que  poussent  les  arbres.  Le  Dicl.  univ. 
l'écrit,  non-seulement  de  ces  deux  façons,  mais 
aussi  c«ora  (-1).  On  le  trouve  écrit  syon.  (Arr.  Amor. 
cités  par  Du  Cange,  au  mol  Sium.  —  Voyez  les  Orig. 
de  Ménage,  qui  écrit  sion.) 

VARIANTES  : 
CION.  Monet,  Oudin,  Dict. 
Cyon.  Nicot,  Dict. 

Sion.  Rabelais,  T.  IV,  p.  83,  et  la  note. 
Scion.  Dict.  Univ. 
Chion.  Modus  et  Racio,  .MS.  fol.  320. 

Cionner,  verbe.  Pousser  des  scions.  Ce  mot  est 
employé  figurément  dans  ces  vers  : 

Ce  qu'Ysayas  dit,  tieng-ge  (je  tiens)  à  vérité  ; 
Or  oez  que  il  dist  de  la  Nativité. 
Que  dist  de  Gesse  dont  la  virge  cionnier, 
Et  de  lui  doit  la  Hors  escroitre,  et  borjonner 
Jusque  li  Esperite  doit  de  Dieu  reposer. 

Disp.  du  Juif  et  du  Cliresl.  MS.  de  S.  Germ.  fol.  110.  V'  col.  1 . 

Cipaue,  subst.  (cm. 

Li  pors  qui  estoit  fiers,  li  fet  une  cipaue 
Il  tost  le  haterel  du  pié  à  terre  haue. 

Fabl,  MSS.  du  R.  o'  72I«,  fol.3ii,  R-  coi.  1. 

Cippiau,  subst.  masc.  Terme  de  monnoie. 
(Voyez  Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  II,  p.  317.)  L'éditeur 
(note  E)  donne  une  fausse  interprétation  de  ce  mot. 
Ce  n'est  point  le  coing  sur  lequel  sont  les  armes  du 


(1)  Voyez  Ordonnances  (t.  V,  p.  686,  an.  1368  )  (n.  e.I 

(2)  Froissart  donne  la  forme  cliienquantenier  (IX,  195)  :  «  Li  doyen  des  mestiers  et  li  chicmiuanlcnier  des  paroches.  »  (N.  E.) 

(3)  Cinture  signifie  qiteue  au  reg.  .1,1.  19"),  p.  78,  an.  14C8  :  «  Gilet  Gaude  avoit  une  cinture  en  la  main  ou  la  queue  d'une 
raye,  et  cingla  d'icelle  cinlvre  ou  queue  le  varlet.  »  (N.  E.) 

(4)  0  Et  battu  par  les  carrefours  de  cion  de  vert  olivier.  »  (Du  Gange,  VI,  269,  col.  \.)  C'est  aussi  une  baguette  creuse  de 
métal  ;  «  Praipositus  qui  legit  opistolam  et  portât  si/oh  loco  manipuli.  —  Vinuin  per  sion  in  calicem  mittitur.  »  (Martène, 
I,  568,  5(59.)  Voyez  encore  Mabillon,  Analect.,  III,  354.  (n.  e.) 


CI 


—  '2',)  — 


CI 


prince,  c'est  le  billot  appelé  pile  dans  lequel  on 
enfonce  la  queue  de  l'un  des  deux  poinçons,  ou 
coings,  el  dont  le  vrai  nom  est  eippenu,  formé  du 
latin  cippus.  (Boizard,  Traité  dos  Monnoies,  p.  ICI.) 
Gipricimi.  Ce  mot  est  composé  de  quatre  mots, 
ci  pris,  ci  mis,  >•  comme  qui  diroit  en  ce  lieu  pris, 
"  et  en  ce  lieu  pendu.  »  (R.  Estien.  Gram.  fr.  p.87  ) 

Ciquelle,  siibst.  fém.  Espèce  d'insecte.  Peut- 
être  la  ciirale.  «  Ils  entrèrent  en  une  grotte  rus- 
•<  tique  si  bien,  et  naifvement  élaborée  que  nature 
«  se  confessoit  vaincue  par  l'artifice  humain  ;  car 
«  les  limasses,  lesards,  taupes,  grenouilles,  saule- 
«  relies,  ciquelles,  etc.  »  (Prlnt.  d'Yver,  fol.  !37.) 

Circarie,  subst.  fém.  District.  «  Les  monastères 
«  de  l'ordre  des  Prémontrés  étoient  autrefois  divisés 
<•  en27 circaries  ou  disctricts,pour  chacun  desquels 
«  il  y  avoil  un  visiteur.  >•  (Extr.  des  An.  dès  Prémon- 
trés  dans  le  Journ.  des  Sçavans,  juin  i"3.").  p.  1058.) 

Circoncire,  verbe.  Circoncire  (1).  Orthographe 
subsistante. 

CONJUGAISON  : 

Circoncis,  pour  circoncises.  (S.  Bern.  Serra,  fr. 
Mss.  p.  181.  Dans  le  lalin  circiancidetis.) 

CirconceftstetCircoiiciest,  pour  fit  ou  éprouvât  la 
circoncision.  (S.  Bern.  Serm.  fr.  .mss.  p.  174  et  2(35.) 

Circoncis,  subst.  masc.  Prépuce.  On  lit  dans  le 
.lournal  de  Paris,  p.  108,  sous  Charles  VI  et  VII,  an 
1444  :  «  Qu'en  celluy  temps  fut  apporté  le  circoncis 
><  de  nostre  Seigneur  à  Paris.  » 

Circonder,  verbe.  Environner,  envelopper.  Du 
latin  circumdare.  «  Combien  que  aucunes  fois  que 
'<  vérité  soit  circondée,  ou  environnée  de  toutes 
«  pars  de  fousselez,  etc.  »  (Hist.  de  la  Toison  d'Or, 
Vol.  H,  fol.  213.) 

Circonjacent,  adj.  Adjacent.  (Dict.  de  Colgrave 
et  d'Oudin.) 

Circonspectenient,  adv.  Avec  circonspec- 
tion. (Mém.  de  Sully,  T.  YI,  p.  172.) 

Circonstance,  suhst.  fém.  Ce  qui  est  à  l'en- 
tour.  C'est  le  sens  propre  de  ce  mot,  qui  ne  subsiste 
plus  que  dans  le  sens  figuré,  pour  les  particularités 
qui  accompagnent  un  fait.  On  l'eraployoit  autrefois 
dans  sa  signification  propre.  «  Dame,  dit- il,  il  me 
«  semble  que  .je  voy  tout  le  monde.  11  est  vray, 
«  dit-elle,  que  tu  le  vois,  ne  il  n'y  a  pas  grant 
"  pays  dont  tu  n'ayes  esté  seigneur  jusques  cy,  et 
«  de  toute  la  circonslnnce  que  tu  vois  (2).  »  (Lanc. 
du  Lac,  T.  m,  fol.  15'i.) 


Circonstant,  adj.  Adjacent  (3).  «  Il  me  conseil- 
a  loit  que  je  me  tenisse  en  ces  lieux  circonstant 
«  d'icy  à  Trente.  »  (Lett.  de  Louis  XII,  T.  III,  p.  322.) 

Circonstantionner,  verbe.  Circonstancier, 
détailler  les  circonstances  : 

Cil  qui  vie  à  tous  donna.... 
Par  prophètes,  sermonna 
Jadis,  et  loy  ordonna, 
Qu'il  leur  proportionna. 
Et  cirroustantiou'ia, 
Et  couvrit,  et  environna. 
Lia,  acconditionna 
De  cerimonies  maintes. 

Al.  Chart.  Tocs.  p.  3U  et  3i5. 

Circonvaler,  verbe.  Environner.  Faire  des 
circonvallations.  (Dict.  d'Oudin.) 

Circonvolant,  part.  prés.  Volant  autour.  Du 
latin  circumvolare.  [Closs.  de  Marot.  — Voy.  Clém. 
Marot,  p.  i.'.8.) 

Circue.  [Intercalez  Circue.  cordes  retenant  le 
bœuf  au  timon  :  «  Les  liens  ou  cordes,  nommez 
«  circues,  ausiiuelz  estoient  alachiez  lesdiz  buefs 
«  au  tymon  de  bois  de  ladittebarrote  ou  charrete.  « 
(JJ.  140,  p.  279,  an.  1391.)]  (n.  e.) 

Circuir,  verbe.  Faire  le  tour. 

(Voyez  .Monet,  Oudin,  Cotgrave  et  Glossaire  de 
Marot.)  «  Le  promontoire  deMallée,  très  dangereux 
«  à  circuir,  pour  ses  destroicts  »  (.1.  d'Auton,  Ann. 
de  Louis  XII. i  «  Lors  yssirent  du  porche,  et  s'en 
«  vont  circulant  le  temple,  tant  qu'ilz  veirent  un 
«  moult  bel  manoir.  •■  (Percef.  Vol.  I,  fol.  72.) 

VARIANTES  : 
CIRCUIl^.  Nicol,  Oudin,  etc.  Dict. 
CiRCUYiî.  Percef.  Vol.  I,  fol.  72,  V'  col.  I. 

Circuit,  partie.  Entouré.  On  lit,  dans  le  sens 
propre  :  «  La  maison  d'un  gentilhomme  circuite  de 
«  grands  fossez.  »  (Mém.  du  Bellay,  liv.  Il,  fol.  39.) 
Dans  le  sens  figuré,  on  disoit  :  «  Affaires  tellement 
«  circuies  i'i),  environnées,  el  enveloppées  de  per- 
«  plexitez,  etc.  »   (Mém.  de  Sully,  T.  X.  p.  323  )  (.5) 

VARIANTES  : 
CIRCUIT.  Mém.  du  Bellay,  liv.  II,  fol.  39,  V». 
CiRCUiE,  féiH.  Mém.  de  Sùlly,  T.  X,  p.  323. 

(livcuxiG,  subst.  masc.  Cl  fém.  Circuit,  enceinte, 
contour.  Circuite  est  masculin  dans  le  passage  sui- 
vant :  «  L'empereur  étant  à  Vincennes  en  1377, 
»  regarda  par  les  fenestres  le  civcuiteAn  chastel  {(>).  » 
(Chron.  fr.  ms.  de  Nangis,  an  1377.)  Ce  même  mot 
est  féminin  dans  cet  auire  passage:  «  .l'ay  envi- 
"  ronné  le  monde,  mais  en  toute  celle  circuijte, 
«  n'ay  pu  trouver  une  femme  bonne.  >■  (Lanc.  du 
Lac,  t.  m,  fol.  105.) 


(1)  On  lit  dans  ,Iean  de  .\leung  (Trésor,  11)  :  «  Car  circottcU  fus  à  la  lettre,  Et  baptisié  pour  nous  démettre  Du  pechié  que 
tu  maudeïs.  x  (N.  E.) 

(2)  On  lit  aussi  dans  Froissart  (XII,  22.5)  :  «  Lequel  roy  estoit  de  Bougie  et  de   Carbarie   à  l'opposite   d'Espaigne   et   des 
circonstances.  »  (N.  E.) 

(3)  Dans  Froissart,  il  signifie  présent,  assistant  :  «  Li  contes  volt  que   il  fuissent  oys   des  circonslans   qui  là  estoient 
(X,  29).  —  Adont  respondirent  les  prélats  et  les  princes  circonstans  (XIII,  28).  *  (N.  E.) 

(4)  D'Aubigné  (Hist.,  II,  54)  écrit  aussi  :  «  La  ville  est  comme  en  ovale,  circuie  dune  mauvaise  muraille.  »  (N.  E.) 

(5)  On  lit  déjà  dans  G.  Chastellaiii  (Expos,  sur  vérité  mal  prise)  ;  «  Te  prie  que  tu  veuilles  faire  revivre  aussi  mon  esperit 
tout  cirera  de  ténèbres.  »  (N.  E.) 

(6)  On  lit  aussi  dans  une  charte  de  1330  (Du  Gange,  H,  361 ,  col.  3)  :  «  Touz   les  murs   et   forteresses   du  prieuré   de 
S.  Nicolas  de  CourbeviUe,  sont  et  appartiennent  audit  prieuré,  c'est  assavoir  la  circuite  de  la  porte  à  la  quiète.  »  (N.  E.) 


Cl 


—  30  — 


CI 


VARIANTES  : 
CIRCUITE.  Ord.  T.  II,  p.  208;  Froiss.  <  1)  Monstr.  etc. 
CiRCUYTE.  LiUic.  du  Lac,  T.  III,  fol.  10.5,  V»  col.  2. 
CiRcuiTTE.  Chron.  S.  Denis,  T.  II,  fol.  42,  R». 
CiRCUiTUDE.  Ibid.  fol.  VI;  Gr.  Coût,  de  Fr.  liv.  I,  p.  10  (2). 

Circuition,  stihst  fém.  Circuit,  détour.  On  adit: 
eircnition  île  parolea,  en  latin  verhorum  ambitus. 
(l)ict.  de  Rob.  Estienne.  —  Voy.  Dict.  de  Cotgr.)  (3) 

Circularité,  subst.  fém.  Rondeur.  (Oudin, 
Dicl.  franc,  esp.) 

Circulateiir,  siibsl.  jHrtsc.  Partisan  de  la  circu- 
lation du  sans  (4).  Thomas Diafoirus,  jeunemëdecin, 
tirant  une  thèse  de  sa  poche  qu'il  présente  à  Angé- 
lique, ajoute  ;  «  J'ay  contre  les  circulateurs  sous- 
«  tenu  une  lliese,  etc.  »  (Malade  imag.  Comédie  de 
Molière,  acte  H,  scène  V.) 

Circuler,  verbe.  Calculer.  Ce  mot  subsiste  avec 
d'autres  significations.  Celle  que  nous  citons  n'est 
plus  en  usage  :  «  Regardoient  aux  estoiles  et  les 
«  considéroient.  Et  comptoient  les  moys,  et  circu- 
>■  (oient.  Et  gettoyent  poiii'  sçavoir  le  temps.  »  (Eust. 
Desch.  Poës.  mss.  fol.  382.) 

Circuinbilivafjiner ,  verbe.  Tourner.  On 
disoit  :  eircuinbUivaginer  autour  du  pot.  (Rabe- 
lais, T.  m,  p.  1G3.) 

VARIANTES  : 
CIRCUMBILIVAGINER,  Circombilivaginer. 

Circumvenu,    partie.    Entouré*.    Trompé, 

séduit^. 
*0n  a  dit,  au  premier  sens  d'entouré  : 

D'angoisseul.x  deuil  me  veiz  circonvenu. 

Crétin,  p.  '.îft. 

°Ce  mot,  au  figuré,  signifioil  aussi  trompé, 
séduit,  suivant  le  Gloss.  des  Arr.  d'Amour,  pro- 
prement environné  de  pièges. 

VARIANTES  : 
CIRCUMVENU.  Gloss.  des  Arr.  d'Amour. 
Circonvenu.  Crétin,  p.  38. 

Circunvalver,  verbe.  Tromper,  séduire.  Pro- 
prement, envelopper.  (Voyez  Contred.  de  Songe- 
creux,  fol.  13.) 

Circunvoler,  verbe.  Voler  autour.  Ce  mot 
signifie  parcourir  en  conquérant,  dans  ces  vers  : 


Luy  suadant  que,  sans  plus  arrester, 
Circunvolast  les  nations  itales. 

J.  M.irot,  p.  7. 

Cire,  subst.  fém.  Chandelle  de  cire.  Il  semble 
que  ce  soit  le  sens  de  ce  mol,  dans  le  vers  suivant  : 

Torches,  cires,  cierges,  flambeatix  (5). 

Eust.  Descli.  Po6s.  MSS   fol.  442,  col.  3. 

Le  mot  cire  se  trouve  souvent  répété  dans  l'énu- 
méralion  des  provisions  les  plus  nécessaires  dans 
les  places  assiégées,  comme  en  ce  passage  :  «  Chairs, 
«  farines,  cires,  vin,  sel,  fer,  et  acier  »  (Froissart, 
an  139(1,  liv.  IV,  p.  60  (6).) 

On  disoit,  en  style  figuré  :  ->  Autresfois  ay  esté 
"  bruslé  de  pareille  cire,  dont  à  présent  vous  ardez  : 
«  je  ne  doute  pas  que  vous  n'aimez.  »  (Percefor. 
Vol.  m,  fol.  74,  R"col.  1.) 

Changer  cire  pour  suie  s'est  dit  aussi  proverbiale- 
ment pour  passer  d'une  fortune  brillante  à  un  état 
médiocre.  (Fabl.  mss.  du  R.  ir  7218.,  fol.  61.) 

Ce  mot  paroît  désigner  une  partie  du  bec  d'un 
faisan,  dans  ces  vers.  Pour  être  parfaitement  beau, 
il  faut  qu'il  ait  : 

Gros  beoq,  dont  la  cire  ressemble, 
De  couleur,  à  la  dicte  sangle. 

Gace  de  la  Bigne,  des  Déduits,  MS.  fol.  IW,  V"  (7)- 

Cireau.  [Intercalez  Cireau,  coup  donné  sous  le 
menton  par  Insulte  ou  par  dédain  :  »  Icellui  Jehan... 
«  fisl  au  suppliant  le  cireau  ou  le  visage  par 
»  plusieurs  foiz.  »  (JJ.  101,  p.  31,  an.  lioi.)  On 
trouve  encore  les  formes  ciriau  (.IJ.  160,  p.  li,  an. 
1406),  sireau,  sisiau,  six.eau.]  (n.  e.) 

Cirement,  subst.  masc.  Cirage.  (Rob.  Estienne, 
Oudia  et  Cotgrave,  Dict.) 

Cireus,  adj.  11  sernbleroit  qu'Eust.  Deschamps 
ait  voulu,  sous  ces  mots  fons  cireus,  désigner  l'Hip- 
pocrène  qui   coule  au   pied  du    mont   Parnasse, 
voisin  de  Cirrha,  ville  de  la  Phocide  : 
Et  le  jardin  que  jadis  laboura 
Fons  cireus,  où  Calliope  ouvra. 

Eust.  Desch.  Poùs.  MSS.  fol.  258,  col.  t. 

Cireux,  adj.  M.  de  La  Porte  s'est  servi  de  ce 
mot  pour  épithète  de  liqueur. 

VARIANTES  : 
CIREUX,  CiRiER. 

Ciriinanage,  subst.  masc.  Terme  de  coutume. 
C'est  un  cens  ou  droit  qui  éloit  payé  aux  seigneurs 


(U  «  Une  telle  cliité  que  Paris  est  et  de  si  graut  cifruiie.  »  (VI,  53.)  Froissart  écrit  encore  ciniiii!'- :  «  Ensi  estoit  la 
chité  de  Tournai,  qui  est  de  grant  cirquitc.  »  (III,  223)  Il  lui  donne  le  sens  de  région  :  «  De  toutes  les  circuites  et  changles 
de  Francp.  »  (X,  lOi.)  (N.  E.) 

(2)  On  lit  aussi  au  reg.  .IJ.  127,  p.  91  bis,  an.  1385  :  «  Icellui  Grimet  voulsist  icelle  Perrote  mener  au  bols  d'emprés 
laditte  maison,  hors  du  l'ircuiliii^e  d'icelle.  »  (N.  E.) 

(3)  On  lit  dans  Montaigne  (II,  248),  au  sens  de  contour  :  «  Democritus  dict  que  les  images  et  leurs  circuitio^is  sont  deux.  » 
(II,  248.)  Amyot  (Caton,  25)  écrit  aussi  :  «  Longue  circuition  et  grande  traînée  de  langage.  «  (n.  e.) 

(4)  La  découverte  d'Harwey  était  encore  récente,  (n.  e.) 

(5)  Ce  sens  est  déjà  dans  la  Chr.  des  ducs  de  Normandie  (v.  1531)  :  «  Là  sunt  alumé  li  grant  cire.  »  On  lit  encore  aux 
Emaux  de  De  Laborde  (xv  siècle,  p.  215)  :  «  Pour  payer  un  vœu  de  cire  pesant  45  livres  de  la  représentation  de  M"»  Anne 
de  France,  sa  fille,  qu'il  a  fait  olTrir  en  juin  devant  l'image  N.  D  de  Cléry.  »  (n.  e.) 

(6)  Il  est  question  du  siège  de  Vendat.  M.  Kervyn  (XIV,  167)  omet  le  mot  cire  :  «  Pourveir  leur  fort  de  chars ,  de  vin  ,  de 
sel,  de  fer  et  d'achier  et  de  toutes  choses  qui  leur  povoient  besongnier.  »  (n   e.) 

(7)  On  disait  encore  au  xv  siècle  :  «  Si  l'on  me  fait  la  courtoisie  comme  à  vous,  parjieu  !  j'accuserai  le  ménage  ;  je  ne 
sui  pas  ici  venue  pour  eschauffer  la  cire.  »  (Louis  XI,  92'  Nouv.)  On  disait  au  sens  de  fait  au  moule:  «  Je  ne  vous  sai  du 
nés  que  dire  ;  L'en  ne  feïst  pas  miex  de  cire.  »  (La  Rose,  v.  852.)  Par  suite,  Desperiers  a  pu  écrire  en  raillant  l'expressiûo 
(25=  Conte)  :  «  La  botte  de  la  jambe  droite  lui  estoit  faite  comme  un  gant  ou  comme  de  cire,  ou  comme  vous  voudrez  ;  car 
les  bottes  ne  seroient  pas  bonnes  de  cire.  »  (n.  e.) 


CI 


-.  31 


CI 


par  leurs  vassaux,  dans  le  pays  de  Béarn.  (Laur. 
Gloss.  du  Dr.  fr.  —  Voyez  Du  Gange,  au  mol  Cir- 
manayium.  où  les  nouveaux  éditeurs  conjecturent 
que  ce  pourroit  être  la  même  chose  que  cerque- 
manage.  —  Voyez  ci-dessus  ce  mot  (4).) 


VARIANTES  : 

CIRIilANAGE,  Cihmenage,  Sirimenage. 


Cirisette,  suhst. 
l'Hist.  de  Paris.) 


fém.  Petite  cerise.  (Gloss.  de 


Cironner,  verbe.  Pétiller.  On  a  dit,  en  parlant 
du  vin  :  «  Qu'il  soit  frisque.  c'est  à  dire  qu'en  le 
«  versant  eu  la  tasse,  il  cironne,  et  aie  petites 
«  atomes,  quand  il  est  mis  en  la  tasse.  »  (Tri.  de  la 
Noble  Dame,  fol.  120.) 


(Dict.  de  Cotgrave 


Cirop,  subst.  masc.  Sirop. 

et  d'Oudin.) 

N'il  n'est  cirop,  n'elethiaire,  etc. 

Eust.  Desch.  Pc»'S.  MSS.  fol.  430,  col.  1  (î). 

Cirroys,  subst.  masc.  Nom  propre.  Peut-être 
celui  de  quelque  héros  de  roman  : 

...  En  un  moment  ay  veu  recevoir 
Guerdon  d'autruy,  et  j'ay,  plus  de  Cirroys, 
Amour  servi,  qui  me  t'ait  assavoir, 
Au  main  lever,  ne  gist  pas  11  esplois. 

Eust.  Pesch.  Pois.  MSS.  fol.  154,  col.  3. 

Cis.  [Intercalez  Cis,  cité  dans  Partonopex  de 
Blois(v.  10r>94): 

Tote  la  cis  en  tramble  et  frime.]  (n.  e.) 

Cisaille,  subst.  fém.  Gros  ciseau.  Ce  mot  sub- 
siste pour  exprimer  soit  les  gros  ciseaux  dont  se 
servent  les  ouvriers  en  métal,  soit  les  rognures  du 
métal,  particulièrement  à  la  monnoie(3).  Il  signifioit 
autrefois  gros  ciseau,  en  général,  et  les  rognures 
de  ce  qui'avoit  été  coupé.  (Voyez  Oudin,  Monet, 
Rabelais,  T.  V,  p.  41,  etDuCange,au  motfor7;e.i";4).) 

VARIANTES  : 
CISAILLE.  Orth.  subsistante. 
CizAiLLE.  Oudin,  Dict. 

SiSAILLE. 

Sis.\LLE.  Cotgrave,  Dict. 

Cisailler,  verbe.  Couper  avec  les  cisailles. 
(Dict.  d'Oudin,  Cotgrave  et  Monet.)  Ce  mol  se  dit 
particulièrement  du  métal  (5).  Habelais,  cependant, 
l'emploie  pour  couper  avec  des  ciseaux  en  général. 
>>  Brûlés,  tenaillés,  cisaillés  ces  hérétiques.  »  fT.  IV, 
p.  234.) 


VARIANTES  : 
CISAILLER.  Oudin,  Dict. 
CiZAiLLER.  Rabelais,  T.  IV,  p.  224. 

Ciseau,  suhst.  masc.  Outil  *,  Arme^. 

*Nous  disons  encore  ciseau  pour  outil,  el  on 
disoit  aussic«Sé'/(G).ll  paroilquecemotest  un  outil, 
dans  le  passage  suivant,  où  il  est  joint  avec 
tenailles  :  ■•  .Jeferay  aussi  habiller  mes  tenailles, 
«  mes  ciseaulx,  el  toutes  mes  chevilles,  et  s'il  y  a 
«  aucune  haie  à  passer,  etc.  «  (Le.louvenc.  fol.. 55.) 
«  Si  yrons  ouvrir  la  porte  des  champs,  en  despil 
«  de  tous ,  garnis  de  nos  turquoises  (Iricoises), 
«  tenailles  et  ciseaul.r.  >■  (Ibid.  fol.  25.)  Ciseau,  pris 
en  ce  sens,  fournissoit  l'expression  faire  ciseau, 
pour  couper,  tondre,  rogner.  «  Ceste  subversion 
«  dont  fortune  nous  fait  ciseau  àe  si  près.  »  (.\1. 
Charlier,  Quadril.  invect.  p.  412.) 

^Pris  pour  arme,  ciscuu  éloit  une  espèce  de  trait. 
«  On  destacha,  d'une  part  et  d'autre,  plus  de  trois 
»  cens  volées  d'arquebuses,  et  lascherent  plus  de 
.  mil  garrots,  el  ciseaux  (7).  »  (Merl.  Cocaie,  T.  II, 
p.  41.) 

VARIANTES    : 
CISEAU.  Orth.  subsistante. 
CisEL.  Du  Cange,  aux  mots  Cellis  (8)  et  Sciselvui. 
Chisel,  Chisias,  pinr. 

Ciselet,  subst.  masc.  Diminutif  de  ciseau. 
(Dict.  de  Rob.  Estienne.  —  Voy.  Epith.  de  M.  de  La 
Porte.) 

Cisgnez,  subst.  masc.  plur.  Signets.  «  Livre  à 
«  fermoir  d'aigenl,  et  cisgne::,  blans.  »  (Invent,  des 
liv.  de  Ch.  V,  art.  150.  —  Voy.  ibid.  art.  2.30.) 

CisniG,  subst.  fém.  Cime.  On  a  dit  :  dès  la  cisme 
en  la  raiz-,  pour  du  haut  jusques  en  bas  ;  au  figuré, 
d'un  bouta  l'autre. 

Si  li  a  conté  de  son  fils, 

Dès  la  cisme  en  la  raiz, 

Con  une  fée  le  soztrait. 

Parlou.  de  Blois,  MS.  de  S.  G.  fol.  140,  R"  col.  ;;. 

Cisme,  subst.  masc.  Schisme.  On  lit  :  le  cisnw 
de  l'Eglise,  dans  la  Salade,  fol.  39,  V  col.  2  (9). 

Le  cisme  grant  fait  contre  l'Evangile. 

Eust.  Descli.  Po.'S.  IISS  fol.  389,  col.  4. 

Cismes.  Il  faut  peut-être  lire  cis  mes,  dans  le 
passage  suivant.  Cis  y  seroit  mis  pour  escis,  rude, 
contraire,  el  mes  pour  m'esl.  Celle  conjecture  nous 
paroil  d'autant  plus  vraisemblable  que  cismes  y  est 
employé  comme  synonyme  de  recuis,  qui  semble 


(1)  'Voyez  aussi  éd.  Henscliel,  t.  Il,  p.  3(35,  col.  I.  (N.  E.) 

(2)  Dans  le  Miroir  du  Mariage  qui  a  été  publié,  on  lit  encore  (p.  41)  :  «  Cijrop  leur  fault  ou  lectuaire.  »  (N.  E.) 

(3)  On  a  ce  sens  dans  un  registre  de  la  Ch.  des  Comptes  (an.  1330  ;  Du  Cange,  II,  36(5,  col.  1)  :  «  Que  li  ouvrier  puissent 
faire  demi  marc  de  cizaille.  »  (N.  E.) 

(4)  Dans  un  Gloss.  lat.  du  f.  S.  Germ.,  on  lit  ;  «  Forpex,  cisailles  ;  forpicula,  petite  cisaille.  »  (n.  e.) 

(5)  «  Le  suppliant  scisailla  lesdittes  pièces  de  monnoye.  »  (JJ.  180,  p.  153,  an.  1450.)  N.  E.) 

(6)  ic  Tant  ont  minez  souz  terre,  chascuns  à  son  cisel ,  Que  des  murs  de  Coloigne  ont  trait  maint  grant  carrel.  » 
(Sax.,  IX.)  (N.  E.) 

(7)  On  nommait  ainsi  les  traits  d'arbalète  ;  «  L'arbaleste  bandée  et  ung  traict  dessus  ferré  d'un  fer,  appelle  ciseau.  » 
(JJ.  190,  p.  116,  an.  1460.)  —  «  Le  suppliant  print  ung  cyseau  ou  raiUon,  et  le  mist  sur  son  arbalestre.  »  (JJ.  205,  p.  192, 
an.  1478.)  —  «  Lequel  arbalestrier  lascha  son  trait,  qui  estoit  ung  sizeaul,  et  tellement  qu'il  blessa  le  suppliant.  »  (,tj.  199, 
p.  557,  an.  1464.)  (N.  E.) 

(8)  »  Celtis,  instruraentum  ferrerum  aptura  ad  scalpendum,  cisel  gallice.  »  (Du  Cange,  II.  269,  col.  3.)  (n.  e.) 

(9)  Cette  forme  est  dans  la  Chron,  des  ducs  de  Normandie  et  aussi  dans  Froissart  (XIV,  82)  ;  «  Et  eurent  entre  eulx 
très-grant  espérance  que  le  cisme  de  l'Eglise  se  concluroit  et  fauldroit.  »  (N.  e.) 


CI 


—  32  - 


CI 


signifier  revèdie,  endurci.  Il  s'agitd'une  femme  qui 
dit.  en  se  plaignant  de  la  jalousie  de  son  mari  : 

Compaigne,  je  ne  puis  ; 

Il  ne  siet  toz  jois  à  l'uis. 

Si  je  vois  à  la  fenestre, 

Tant  cisnws,  et  recuis  (1), 

Que  je  ni  ose  mes  (jamais)  être. 

Jehan  Erars,  Poés.  MSS.  av.  1300,  T.  II,  p.  670. 

(Voyez  Escis  et  Reclis  ci-après.) 

Cisneaus,  subsl.  masc.  jilur.  Petits  du  cygne. 
I)iminulif  de  cy2:ne,  qu'on  écrit  cisne,  dans  les 
Ciians.  MSS.  du  C"  de  Tliibaut,  p.  83. 

Cisoire,  subut.  fém.  Gros  ciseau.  On  l'a  dit 
particulièrement  des  ciseaux  dont  se  servent  les 
ouvriers  de  monnoie.  (Ord.  T.  II,  p.  317.)  Ou  disoit 
aussi  cisailles.  (Voyez  ce  mot.) 

variantes  : 
CISOIRE.  Oudin,  Dict. 
CizoïRE.  Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  II,  p.  317. 

Cistals,  subst.  Cristal.  ;Marbodus,  col.  1642.  — 
Lisez  cristals.) 

Cisterne,  subst.  fém.  Réservoir  d'eau,  souter- 
rain. Ce  mot  subsiste,  même  sous  les  deux  ortho- 
graphes. Il  semble  qu'on  l'ait  pris  quelquefois  pour 
simple  souterrain,  caverne. 

N'i  aura  bois  si  fort  ramé, 

Roce,  montagne,  ne  citerne. 

Ne  lieu  qui  conforte  et  ecouverne  Besie... 

Froiss'Jrl,  Pocs.  MSS.  p.  1"8.  col.  1. 

(Voy.  aussi  Ibid.  p.  179.)  «  Garder  puis  ne  cis- 
«  terne  »  semble  signifier  ne  rien  réserver,  dans 
G.  Guiarl,  ms.  fol.  1  '■A. 

On  a  dit  proverbialement  : 

D'estan  sui  devenus  cisterne. 

Eusl.  Desch.  MSS.  fol.  i46,  col.  2. 

Nous  disons  dans  le  même  sens,  d'évêque  devenir 
meunier. 

VARIANTES  : 

CISTERNE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  446,  col.  2  (2). 
Citerne.  Orthographe  subsistante. 

Cisternin,  aclj.  De  citerne.  (Voyez  Cotgrave, 
Dict.)  Ou  a  dit  enu  cisternine,  en  ce  sens.  (Voyez 
Epith.  de  M.  delà  Porte.) 

Cistiaux,  )iom  rie  lieu.  Cisteaux.  >■  L'ordene  de 
«  cistiaus.  »  On  disoit  aussi  :  «  L'ordre  de  Citial.  » 

VARIANTES  : 
CISTI.\US.  Duchesne,  Gén   de  Bélh.  Préf.  p.  109. 
CiTiAL.  Pérard,  Hist.  de  Bourg,  p.  474. 

CJstitîiires.  '  Paix,  et  concorde  fut  faite  entre 


«  l'empereur  Zabulon,  un  roy  des  .Sarrazins,  el 
«  Grimouai  t,  le  duc  de  Bonnivent,  par  telle  condic- 
"  lion ,  que  les  cistitaires  fussent  en  sa  subjec- 
tion  (3).  »  (Chron.  S'  Denis,  T.  I.) 

Cistre.  [Intercalez  Cistre,  cidre  :  «  Ung  gallon, 
"  qui  sont  deux  potz  de  cistre.  »  (JJ.  180,  p.  136, 
an.  I ÎÔO.)]  (n.  e.) 

Citable,  arij.  Probable.  On  disoit  faire  une  chose 
citable,  pour  la  prouver. 

Droiz  dit,  et  je  1'  ferai  citable 
Que.  puis  c'on  est  assis  à  table, 
C'on  ne  doit  mie  trop  parler, 
S'en  dit  chose  qui  n'est  metable. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  T.  1,  fol.  100,  H-  col.  2. 

Citacion,  subst.  fém.  Citation,  assignation. 

Paisibles  soit,  sanz  mouvoir  guerre, 
Citacion  (4),  contempt,  riote. 

Eu3t.  Desch.  Po.'s.  MSS.  fol.  557,  col.  4. 

Citadelle,  subst.  fém.  Ce  mot  subsiste.  Nous 
i-eniarquerons  que  Brantôme  l'a  confondu  avec 
ceux  de  bastille,  de  forteresse  et  de  blocus  (5).  (Cap. 
Fr.  T.  IV,  p.  317.) 

Citadin,  subst.  masc.  Habitant  d'une  cité*. 
Habitant^.  Citain,Cn\ns  S.  Bernard, répond  au  latin 
cives. 

*  Sur  le  premier  sens,  qui  est  le  sens  propre,  et 
celui  dont  on  s'est  servi  d'ordinaire,  voyez  r.\mant 
ressusc.  p.  12  et  p.  31  ;  Percef.  Vol.  IV,  fol.  3  (6),  et 
J.  Cbarl.  Hist.  de  Charles  VII,  p.  273(7).  «  Duc  est  la 
»  p.'cniiere  dignité,  puis  comte,  puis  vicomte,  puis 
»  bnoii,  puis  chastelain ,  puis  vavasseur,  puis 
«  fL'rt^'H(8),elpuis  villain.  «  (Citation  rapportée  par 
l'éditeur  des  Ord.  T.  I,  p.  271.) 

°0n  a  pris  le  mot  de  citadin,  dans  un  sens  plus 
vague,  lorsqu'on  l'a  employé  pour  habitant  en 
général  ;  mais  c'est  seulement  en  langage  poétique 
et  figuré,  comme  en  ce  passage  : 

Aussi  tost  il  revole 

Devers  les  demi  Dieux  citadins  de  son  pôle. 

Giles  Dur.  à  la  suite  de  Bounef.  p.  214. 

VARIANTES  : 
CITADIN.  Mém.  du  Bell.  \\v.  X,  fol.  308,  V». 
CiTAiEN.  Contin.  de  G.  de  Tyr,  .Martène,  T.  V,  col.  004. 
CiTAEN.  Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  I,  p.  271. 
CiTAiN  (9).  S.  Bern.  Serin,  fr.  MSS.  p.  05. 

Citadinage,  subst.  masc.  Droit  de  bourgeoisie. 
<>  De  l'habitanage.  Qui  vouldra  estre  receu  habi- 
»  tant  de  la  ville  d'Arles,  sera  tenu  employer  en 
"  fonds  et  possessions  la  tierce  parte  de  ses 
«  biens  meubles  dans  six  mois,  et  y  demeurer  et 


(Ij  Lisez  ;  «  Tant  cil  en  est  recuis  »  (.fin,  madré),  (n.  e.) 

(2)  Cette  orthographe  est  déjà  dans  les  Rois,  42  :  «  Et  11  alquant   se  musclèrent  en  fosses ,  e  en   rochiers  ,  e  en 
risternes.  »  (n.  e.) 

(3)  M.  Paulin  Paris  (t.  II,  p.  150)  imprime  :  «  Paix  et  concorde  fut  faitte  entre  l'empereur  et  Abulas  roy  des  Sarrasins  ,  et 
entre  lui  et  Grimoart  le  duc  de  Bunivent  ;  par  telle  condition  que  lui  el  au  terre  feussent  en  sa  subjection.  »  (n.  e.) 

(4)  On  lit  aussi  dans  Bercheure  (fol.  54.  verso)  :  «  Un  tribun  a  cité  Ceson  devant  le  peuple  ;  laquelle  citation...  »  (N.  E.) 
(.5)  On  lit  dans  Leroux  de  Lincy  (.II,    163):    «  C'est   par  la  pioche   et   par  la   pelle   qu'on   bastit   et   qu'on   renverse   les 

citudetics.  »  On  cita  ce  proverbe,  lorsqu'en  1578  don  Juan  d'Autriche  fit  saper  les  murailles  de  Philippeville.  (N.  E.) 

(0)  Voici  le  passage  de  Perceforest  :   «  Les  nobles  hommes,   citadin.i,  mechaniques ,   gens   de  labeur  et  de   toute 
condition.  »  (N.  E.) 

(7)  «.  En  ceste  gallée  estoient  entre  autres  des  citadins  vénitiens  de  C.  P.  »  (n.  e.) 

(8)  Citadin  vient  de  l'italien  cUtadino  ;  ci'aen,  comme  citoyen,  a  été  f.iit  sur  cinladantis  et  remonte  au  xii"  siècle  :  «    Des 
cilehains  de  Lundres  fui  nés  en  cel  estage.  »  (Thomas  de  Cantorbéry,  87.)  Il  en  est  de  même  pour  citaitt.  (N.  E.) 

(Ot  On  lit  citaain,  cttecin  dans  la  Chr.  des  ducs  de  Normandie,  (x."  E.) 


CI 


33  — 


CI 


«  faire  séjour  durant  cinquante  ans,  aultremenent 
»  sera  ci'en,  et  réputé  pour  citoyen,  nonobstant  son 
«  act,  et  lettres  de  citadinage.  »  (Citai,  de  Du  Gange, 
au  mot  Cltadanagium  (1).) 

Cité,  subst.  fém  Cileit,  dans  S.  Bernard,  répond 
au  latin  civifas.  Ce  mot,  qui  subsiste,  désigne 
«  une  ville  où  il  aévéché,  à  la  différence  des  autres 
«  villes  qui  étoient  appellées  castra  ,  dans  la 
«  moyenne  latinité.  »  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.  — 
Voy.  Ord.  T.  II,  p.  170.)  Nous  trouvons  les  mots  de 
ville  et  cité,  mis  en  opposition  comme  villa  et 
civitas.  (Voy.  les  Preuv.  de  l'Hisl.  de  Beau  vais,  par 
un  Bénédictin,  p.  279,  tit.  de  \  182.) 

On  distinguoit  cité,  de  bonne  ville.  «  Assaillit  le 
«  roy  d'Angleterre,  tant  en  une  saison,  et  un  jour, 
«  tant  ses  gens,  comme  luy,  trois  cités  en  Brelaigne, 
"  et  une  bonne  ville.  »  (Froissart,  livre  I,  page  113.) 
On  opposoit  aussi  le  mot  cité,  à  platle  ville  et  à 
ville  champêtre,  {\m  semblent  signifier  bourg,  vil- 
lage. L'empereur,  quiétoit  venu  en  France  en  1377, 
reçut  t'i  son  passage,  lorsqu'il  s'en  retourna,  "  des 
«  presens  en  cbascun  lieu,  aussy  bien  es  plates 
«  villes,  comme  es  cite%.  »  (Chron.  Fr.  ms.  de  N'an- 
gis,  sous  l'an  1377.) 

Pou  veulent  estre  en  une  ville 
Champestre,  paslestillp  ; 
Elles  désirent  les  cile~, 
Les  doulz  mos  a  eulx  recitez, 
Festes,  marchiez  et  le  théâtre. 

Eust.  Desch.  Pocs.  IISS.  fol.  528,  col.  4. 

Le  nom  de  cité  s'est  conservé,  dans  plusieurs 
villes,  pour  désigner  l'emplacement  d'une  ville, 
dans  sa  première  origne  (2).  (Voyez  Valois,  Notice, 
préf.  p.  1  i,  et  Valesiana,  p.  57.)  «  Ceulx  de  la  ville 
«  reçoivent  l'aygoutde  la  cité.  »  (Tbaum.  Coût,  de 
Berry,  p.  278.)  Ou  Wi commissaires  de  la  cité,  dans 
le  Coût.  Gén.  T.  Il,  p.  978.  (Vov.  Mém.  deComines, 
T.  I,  p.  394.)  (3) 

On  a  dit  cit  pour  cité. 

De  la  cit  de  Jherusalem  (4). 

Ph.  Mouskes.  MS.  p.  2C3. 

VARIANTES  '. 
CITÉ.  Orth.  subsist. 
Chité.  Borel,  Dict.,  U"  add. 
Cit.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  263. 
CiTEiT.  S.  Bern.  S.  fr.  MSS.  p.  18,  et  passim  (5). 

Citeinent,  Si</)S^  viasc.  Assignation,  ajourne- 
ment. (Voyez  Style  de  procéder,  au  Parlement  de 
Normandie,  fol.  82.) 

Citer,  verbe.  Ce  mot  subsiste,  mais  on  ne  dit 


plus,  au  figuré,  citer  de  la  vie,  pour  faire  quitter 
la  vie,  tuer.  (Voyez  Rom.  de  Brut.)  On  y  lit,  cita  (6) 
de  vie,  au  lieu  de  laissa  de  vie  qu'on  trouve  dans 
ces  vers  : 

Au  temps  cestui  fist  Romulus 
La  cité  de  Rome,  et  Remus  ; 
Frères  furent,  mais  par  envie, 
Laissa  li  uns  l'autre  de  vie. 

Rom.  do  Brut.  MS.  fol.  10,  V"  col.  t. 

Cithare  (7),  sabst.  fem.  Guitare. 

VARIANTES  : 
CITHARE.  Strapar.  Nuits,  T.  I,  p.  228. 
Cytarre.  L'Amant  ressusc.  p.  203. 

Cithariser,  verbe,  .louer  de  la  guitare.  Du  mot 
cithare  ci-dessus. 

Vous  Orpheus,  tant  bien  cilliarizaut, 
Que  les  enfers  endormez  par  vos  sons. 

J.  d'Aulon,  Annal,  de  Louis  XII,  fol.  i31,  V". 

VARIANTES  : 
CITHARISER.  .T.  d'Aut.  Ann.  de  Louis  .\II,  fol.  131,  V». 
Cytharizer.  Fouilloux,  Vénerie,  fol.  87,  R». 
Cythariser.  Cotgrave,  Dict. 

Citoal,  snbst.  masc.  Racine  aromatique. 

Si  i  croissoit  espic.es  chières, 
Petre,  et  gingenbie,  et  garingal, 
Clos  de  girofle,  et  ciloal  (8). 

Blanch.  MS.  de  S.  Genn.  fol.  184,  R"  col.  3. 

On  trouve  «  fleur  de  canelle,  citonal,  garingal, 
«  etc.  »  (Ord.  T.  II,  p.  320.)  Citonal, en  ce 'passage, 
ellittoval,  dans  le  Gloss.  de  l'IIist.  de  Paris,  sem- 
blent deux  fautes.  Je  crois  qu'on  doit  lire  citonal. 

Cette  même  racine  est  aussi  nommée  zédoaire. 
(Voy.  ce  mot  et  ses  orthographes.) 

VARIANTES  : 
CITOAL.  Blanch.  MS.  de  S.  G.  f»  184,  R»  col.  2 
CiTOAX.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  f»  49,  V»  col.  2. 
CiTOUART.  Du  Cange,  Gloss.  lat.  au  mot  Zedoaria. 
KiTou.\L.  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  IV,  p.  1367. 
CiTOAUT.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  foi.  141,  IV>  col.  2. 
Citonal.  Ord.  T.  II,  p.  320. 
LiTTOVAL.  Gloss   de  l'Hist.  de  Paris. 
Citouade,  s.  f.  Estrub.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7996,  p.  05. 

Cito,  Cito,  Clto.  Ce  mol  latin  répété  trois  fois 
étoit  un  cri  usité  pour  demander  du  secours.  Nous 
le  trouvons  dans  les  Mém.  de  Villeroy,  T.  VII,  p.  3i8. 
On  diroit  aujourd'hui  :  vite,  vite,  vite. 

Citole,  subst.  musc.  Joueur  de  harpe.  Joueur 
de  citole  ou  d'orgues,  suivant  le  Gl.  du  P.  Labbe  (9). 

VARIANTES    : 
CITOLE.  Gloss.  du  P.  Labbe. 
CiTOLER.  Rester,  du  Paon. 


(1)  Traduction  abrégée  de  l'art.  89  des  statuts  d'Arles  (1616).  (N.  E.) 

(2)  La  cité  de  Carcassonne  ;  Paris  se  divisait  autrefois  en  cité  (l'île  où  est  Notre-Dame),  ville  et  université,  (n.  e.) 

(3)  (I  Requist  au  dit  ambassadeur  qu'ilz  lui  fissent  faire  ouverture  par  le  dit  de  Cordes  de  la  cité  d'Arras  ;  car  lors  il  y 
avoit  murailles  entre  la  ville  et  la  cité,  et  portes  fermans  contre  la  dite  cité  ;  et  maintenant  on  a  l'opposite,  car  la  cité  ferme 
contre  la  ville.  »  (N.  E.) 

(4)  On  lit  dans  Roncisvals  (p.  165)  :  «  Il  fu  Normant,  de  la  cit  de  Costance.  »  (N.  E.) 

(5)  On  lit  dans  la  Chanson  de  Roland  (v.  5)  :  «  Murs  ne  citez  n'i  est  remés  à  fraindre.  »  (N.  E.) 

(6)  Ce  doit  être  une  faute  de  lecture,  car  citer  ne  se  trouve  pas  avant  Bercheure  (fol.  63,  verso)  :  «  Quand  il  veirent  que 
li  père  citez  ne  venoient  pas  en  sénat.  »  Auparavant  on  aurait  plutôt  employé  clamer,  (n.  e.) 

(7)  Cithare,  dist  Oresme,  ce  est  cythole.  (N.  e.) 

(8)  Voyez  cliitoual.  On  a  le  pluriel  dans  Flore  et  Blanchefleur  (v.  381)  :  «  Et  tant  doucement  li  flalroit  Qu'encens  ne  boins 
cilonaiis  Ne  girofles,  ne  garingaus,  A  celé  odour  rien  ne  prisoit.  »  (N.  e.) 

(9)  On  disait  plutôt  cijtliolour(D\i  Cange,  II,  368,  col.  1)  :  «  Nérons  en  chanz  s'entendoit,  si  que  touz  les  eiit/iolours  et  les 
autres  jugleours  par  chanter  sourmontast.  »  (N.  e.) 

IV.  5 


Cl 


—  3.i 


CI 


Citole,  siibst.  fém-  Instrument  de  musique. 
Borel,  que  le  Dict.  de  Corneille  a  copié,  croit  que 
ce  mol  vient  de  Ciihara. 

Le  poëte  de  Thiace,  o  sa  cistoUe, 

Fisl  ceulx  d'enfer  mouvoir  à  la  caroUe. 

Thcodolus,  MS.  do  la  Bibl.  de  S'  Gerra.  n'  2287,  fol.  1.".3. 

Oui  le  roy  de  France  à  celé  erre 

Envelopa  si  de  paroles, 

Plus  douces  que  sons  de  citoles. 

G.  Guiart,  un.  1214.  cilé  par  Du  Canf^e,  au  mot  Citola. 

Un  hourdeur  faisant  des  reproches  à  un  autre, 
sur  son  ignorance,  lui  dit  : 

Sez  tu  nule  riens  de  cilole, 
Ne  de  viele,  ne  de  gigue  : 
Tu  ne  sez  vaillant  une  figue. 

Fabl.  MSS  de  S.  G.  fol.  70,  P."  col.  1. 

VARIANTES    : 
CITOLE.  Rom.  de  la  Rose. 
CisTOLE.  Du  Cange,  au  mot  Citola. 

Citoler,  verbe.  Jouer  delà  cilole. 

Si  comens  à  citoler. 
Et  lis  l'oiselet  chanter. 

Poës.  MSS.  avant  4300,  T.  IV,  p.  1505. 

Citoyen,  siihst.  masc.  Citoyen,  bourgeois.  Ce 
nom  subsiste  sous  sa  première  orthographe.  Borel 
écrit  //  citiens  (1). 

On  appeloil  autrefois,  proprement  citoyen,  les 
bourgeois  ou  habilans  des  villes,  par  opposition 
aux  gentilshommes  et  aux  paysans.  «  Il  tlst  une 
«  convocation,  par  acoid  des  genlilz,  des  cytoyens, 
•<  el  des  viUains.  »  (Percef.  Vol.  Il,  fol.  148.)  Nous 
disons  encore  bourgeois  en  ce  sens.  On  nomme 
aussi  les  bourgeois  de  Lyon,  ceux  qui  y  ont  droit 
de  bourgeoisie,  citoyens,  par  opposition  à  ceux  qui 
ne  sont  qu'habitans.  (Bout.  Som.  Rur.  note,  p.  797. 
—  Voy.  Citadin  el  ses  orthographes.) 

VARIANTES    : 
CITOYEN.  Orth.  subsist. 
Cytoyen.  Percef.  Vol.  II,  fol.  143,  R»  col.  2. 
CiTicEN.  Borel,  Dict. 

Citoyen,  adj.  Civil.  On  disoit  autrefois,  droit 
citoyen,  citayon,  citeian  (2),  par  opposition  au  droit 
canon,  comme  nous  disons  droit  civil.  (Voyez  les 
cilations  sur  les  orthographes  de  ce  mol.) 

VARIANTES   : 
CITOYEN.  Gloss.  sur  les  Coût,  de  Beauv. 
Citayon.  Chron.  fr.  MS.  deNangis,  an  1301. 
Cyteian.  Ibid.  an  1-297. 

Citre,  sitbst.  masc.  Cidre  (3).  .<  Froment,  vin, 
"  citre,  ou  pommade  (pommé),  etc.  »  (Coût.  Gén. 
T.  II,  p.  703  (4).  — Voy.  Des  Ace.  Escr.  Dijon,  prolog. 
p.  3.)  On  lit,  dans  le  Testament  de  Palhelin,  p.  121  : 

Je  ne  vueil  citre,  ne  peré  : 
Bien  au  vin  je  me  passeray. 


Citrin,  udj.  De  citron.  (Diclionn.  de  Nicot  et  de 
Cotgrave.)  •>  Ceste  couleur  est  de  trois  genres,  la 
"  première  est  jaune,  moyenne  couleur;  la  seconde 
«  est  plusclere,  el  est  covûeur  citrineÇ}),  que  nous 
«  disons  jaune  pale  ;  la  tierce  punicée,  et  Iroict  sur 
«  le  rouge,  est  ce  que  nous  disons  jaune  orangé.  » 
(Sicile,  Blas.  des  couleurs,  p.  2G.) 
variantes  : 

CITRI.N'. 

CiTiuNE.  Epitliète  de  la  pierre  appelée  jacinthe  (Marbodus 
colonne  1650.) 

Citi'inité,  suljst.  fém.  Couleur  de  citron.  «  La 
"  blancheur  de  l'esmeul  (fiente  ou  vomisseiuentj 
.<  qui  tire  à  citrinilé,  et  la  multiplication  d'humidité 
u  signifie  indigestion.  (Artel.  de  Faucon,  fol.  94.; 

Citrulle,  subst.  /"em.  (6)  Citrouille.  (Dict.  de  Cot- 
grave el  de  Nicol.) 

Ciutad,  subst.  fém.  Cité.  Mot  provençal  (7).  (Dict. 
étym.  de  Ménage  ) 

Civade,  subst.  fém  Avoine  (8).  (Voyez  Cellhell. 
de  L.  Trippaull.  —  Du  Cange,  au  mot  Cevata,  et  le 
Dict.  de  Ménage.)  Civada,  Cibado,  Sibado  sont  du 
patois  toulousain. 

VARIANTES  : 
CIVADE.  Cotgrave,  Du  Cange,  au  mot  Cevata. 
Cyvade. 

SiVADE.  Du  Cange,  au  mot  Sivada. 
CiVADA,  Ciu.^DE,  CiBADo,  SiBADO.  Id.  ibid.  au  mot  Cevata. 

Civadiei",  subst.  masc.  Sorte  de  mesure.  On 
dislinguoit  la  charge,  le  cestier,  la  cartiere  et  le 
civadier.  (Tilre  de  15(34,  cité  par  Du  Cange,  au  mot 
Quarteria'2.) 

Ci  va  la  la  dureté.  C'étoit  le  refrain  d'une 
chanson,  dont  les  vers  suivans  nous  fournisseni  un 
exemple  : 

aveuc  sa  musete, 

0  !  se  voit  notant  par  copiaus, 
Ci  va  la  la  duri  douriaus, 
Ci  va  la  la  dureté. 

Poês.  MSS.  Vat.  n-  U90,  fol.  110,  R'. 

Civare.  [Intercalez  Civare  dans  l'expression 
faire  de  civdre,  se  vanter.  «  Faut-il  tant  faire  de 
«  fattras  de  ce  mouton  [monnaie]'^  .J'en  ai  autres... 
«  qui  sont  aussi  bons  comme  le  vostre...  A  que  tu 
«  en  faiz  de  civare  de  ton  or  !  il  n'en  fault  point 
«  tant  parler.  »  (JJ.  171,  p.  224,  an.  1420.)]  (n.  e.) 

Civaiix,  subst.  masc.  plur.  Nous  trouvons  ce 
mot  employé  dans  les  vers  suivans  : 

Grant  joie  font  borjoiz,  et  autre  gent  menue; 
Niez  lez  légieres  famés,  les  vieilles,  les  chanues  : 
0  bastons,  o  ciraïuc,  o  barres,  o  machues 
Toutes  eschevelées  vont  cherchant  par  les  rues. 

Rom.  de  Rou,  MS.  p.  73  et  74. 


(1)  On  lit  au  Livre  de  Justice  et  de  Plait  (65)  :  a  Li  cilien  des  villes  ne  deivent  issir  hors  de  la  cité  par  aUors  que  par  les 
portes.  »  (N.  E.) 

(2)  «  Renonçons...  à  toutes  deffenses  de  fait  et  de  droit  canon  ou  (.'idiiyfifi  ,  qui  porroient  estre  dittes  (p.  de  1301,   Du 
Cange,  II,  309,  col.  3).  On  lit  encore  cisteijaux  au  t.  V  des  Ord.  (p.  381,  a'n.  1324).  (n.  e.) 

(3)  Dans  0.  de  Serres,  c'est  une  espèce  de  citrouille  :  «  Le   citre  est  une  autre  espèce  de   citrouille  qu'on   esleve 
principalement  pour  la  graine  servant  en  médecine,  et  sa  chair  pour  viande  aux  pourceaux...  elle  est  noire  (547.  »  (N.  e.) 

(4)  Dans  la  Coutume  de  Labourd  (tit.  7,  art.  9)  ;  «  Cilrc  vulgairement  dit  pomade.  »  (N.  E.) 

(5)  Un  traité  d'Alchimie,  du  xiv=  siècle  (424),  écrit  :  «  Que  l'or  meurisse  en  couleur  citrine.  »  (N.  e.) 

(6)  On  lit  dans  Alebrant  (.fol.  57)  ;  «  Citroles  sont  froides  plus  que  concombre.  »  (n.  e.) 

(7)  Le  provençal  et  le  catalan  ont  ciutat  (La  Ciotat);  l'Espagnol  a  ciudad.  (n.  e.) 

(8)  L'élymologie  est  le  latin  cibare,  alimenter,  (n.  e.) 


Cl 


35 


CI 


Civé,  subst.  masc.  (1)  C'étoil  une  sorte  de  ragoût 
fait  avec  des  cives  ou  ciboules,  selon  Oudin.  Selon 
Monet,  c'étoit  «  une  sausse  de  pain  rùli  sur  la 
«  braise,  trempé  au  vin  et  à  l'eau,  assaisonné 
«  d'épices,  et  autres  ingrediens.  »  (Dict.  de  Monet.) 
11  est  mention  de  c/t't;  dans  Bat.  de  Guar.  ms.  de  S. 
G.  fol.  Gt  ;  Poës.  mss.  d'Eust.Descli.  fol.  483  (2).  Nous 
disons  encore  un  civé  de  lièvre,  pour  un  ragoût  de 
lièvre. 

On  disoit  :  sans  faire  long  civé,  pour  sans  faire 
de  longs  discours  : 

Or  y  avoit  un  gros  seigneur  notable... 
Faifeu  Talloit  bien  fort  souvent  esbattre, 
Et  pour  certain,  sans  faire  long  civé, 
A  la  maison  il  éloit  fort  privé. 

Légendf  de  maistre  Pierre,  Faifou,  eh.  XXII,  page  58. 

On  désignoit  une  chose  de  peu  de  conséquence 
par  cette  expression  vulgaire  :  voila  un  gros  civé. 
(Oudin,  Curios.  franc..) 

VARIANTES   (3)  1 
CIVÉ.  Orth.  subsistante. 
Cyvê.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  214,  col.  2. 
SivÉ.  Oudin,  Nicot,  Dict. 

Civelle,  subst  féni.  Lescivelles  de  cuir,  suivant 
le  Gloss.  de  l'IIist.  de  Bretagne,  servoieni  «  à  faire  la 
«  contresangie,  ou  surfais  de  la  selle  » .  11  indique  ce 
passage:  «  Sera  ma  dite  selle  garaiedecontrecengle, 
«  de  civelles  de  cuir,  cousus  de  fil,  et  aiguille,  et  de 
«  cuir,  etattacliez  oclouds,garnisde  anneaux,  etc.  » 
(Preuv.  de  rilist.  de  Bretagne,  T.  II,  p.  075.) 

Civerage,  subst.  masc.  Droit  seigneurial.  «  En 
«  Dauphiiié,  c'est  un  droit  d'avenage,  ou  payable 
«  en  avoines,  qui  est  dû  communément  aux  sei- 
«  gneurs,  pour  les  usages  qu'ils  ont  concédez  aux 
'■•  îiabilans  de  leurs  terres.  »  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr. 
—  Voyez  Du  Gange,  au  mol  Civeragiuin.)  Le  Dict. 
univ.  dit  que  quelques  auteurs  écv'weni  cinérage  ; 
c'est  une  faute  :  civerage  vient  de  civade,  avoine. 

Civette,  subst.  fém.  Nom  propre  de  ville.  On  a 
donné  ce  nom  à  la  ville  que  les  Italiens  nomment 
Civita  Vecchia.  ■■  Vinrent  arriver  près  de  P.ome,  à 
"  un  port  de  mer  nommé  Civilta  Vecchia,  autrement 
<■  Civette,  ou  cité  la  vieille.  »  ^Berry,  Ghron.  1402.) 

Civette,  adj.  Parfumé.  Proprement,  qui  a 
l'odeur  de  la  civelle.  C'est  en  ce  sens  que  ce  mot 
est  employé  comme  épithèle  de  gands,  dans  les 
Epith.  de  M.  de  La  Porte. 

Civettien,  adj.  De  civette.  Oui  tient  de  la  civette. 
(Dict.  de  Cotgrave.)  Ce  mol  est  mis  pour  épithèle 
d'odeur,  dans  les  Epith.  de  M.  de  La  Porte. 


Civeiis,  adj.  Ce  mot  est  dérivé  du  substantif 
cive,  oignon.  Brouet  civeus  est  un  bouillon  à  l'oi- 
gnon. (Epith.  de  M.  de  La  Porte.) 

Civière,  subst.  fém.  Brancard  pour  porter  ou 
rouler  des  fardeaux.  Nous  sommes  obligés  de  nous 
servir  de  cette  périphrase  pour  désigner  la  double 
signification  que  nos  pères  donnoient  au  mol 
civière.  Us  entendoienl  par  ce  mot  non-seulement 
l'espèce  de  brancard  que  nous  appelons  encore 
civière  (i),  mais  celui  que  nous  nommons  brouette. 
Ainsi,  dit-on  civière  rouleresse,  ou  à  bras,  dans  le 
Moyen  de  Parvenir,, p.  338.  Labbe,  dans  son  Gloss. 
explique  le  mot  civière  par  brochete,  qu'il  faut  lire 
brouette,  en  latin  traha  (5).  (Voyez  Du  Gange,  aux 
mots  Tragula,  Ccenovclium,  Cehovexia  et  Cenovec- 
torium.) 

Comme  la  civièi'e  étoit  employée  au  plus  bas 
usage  el  par  les  gens  du  plus  bas  état,  on  disoit  : 
Cerit  ans  bannière,  cent  ans  civière,  pour  exprimer 
les  révolutions  que  les  plus  nohles  familles  éprou- 
vent. (Menestr.  Orn.  des  ."Vrm.  p.  420.)  (G) 

C'est  à  ce  proverbe  que  Grelin  fait  allusion  dans 
les  vers  suivans,  oîi  il  parle  des  di'^astres  de  la 
France  el  oppose  la  civière  à  la  bannière  : 

nobles  efCeminez 

Qui  porteront,  par  estranges  manières, 
En  leurs  manoirs,  civières  pour  ba»ieres  (7), 
Dégénérans  des  insignes  vertus 
Dont  leurs  ayeulx  jadis  furent  vestuz. 

Crétin,  page  144. 

On  a  dit  dans  le  même  sens  :  lignaige  à  civière, 
pour  basse  extraction.  On  lit  dans  le  fabliau  du 
Mercier  : 

J'ai  fil  d'argent  à  raazelin. 

Et  d'archal  à  ceux  de  manières, 

Oui  sont  de  lignaige  à  civières. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  43,  R-  col.  1. 

C'est  au  mol  civière,  pris  dans  ce  dernier  sens, 
que  Du  Gange  croit  qu'il  faut  rapporter  le  miles 
civeralis,  que  l'on  trouve  dans  l'IIist.  des  Arche- 
vêques de  Brème  : 

Erat  Dacus  nobilis,  sanguine  regalis 
Ex  niatre  ;  sed  genitor  miles  civeralis. 

C'est-à-dire  chevalier  du  dernier  ordre.  (Du  Gange, 
Dissert,  sur  .loinv.  p.  19i.)  (8) 
11  y  avoit  un  jeu  qu'on  i)ommo\\,jeii  de  la  civière  : 

Dy  moy  comment  s'en  va  le  monde  : 
II' se  tourne  en  figure  ronde, 
Tout  environ  ensi  se  tourne, 
Et  plus  encor  qui  se  beslourne. 
Et  qui  va  ce  devant  derrière  ; 
Comme  le  Jeu  de  la  civière  (9). 

Rom.  de  Fauvel,  MSS.  du  R.  fol.  52. 


(1)  L'étymologie  est  cœpatum,  de  c(rpu,  cive,  mot  à  mot,  plat  h  l'oignon.  (N.  E.) 

(2)  «  Fortes  sausses,  oingnons  ne  aulx,  Civés  aguz,  poivre  ne  graigne  Ne  usez,  Car  trop  font  mal  et  paivre.  »  (n.  e.) 

(3)  On  lit  aux  Fabliaux  du  xiii'  siècle  (Barbazan,  IV,  88)  :  «  Lièvres  et  connins  au  civé.  »  (N.  E.) 

(4)  «  Et  buvons  tant  de  vins,  parmi  no  cherveliere,  Qu'il  nous  convient  porter  dormir  à  la  chiviere.  »  (Baud.   de   Seb., 
I,  897.)  (N.  E.) 

(5)  «  Un  laquais,  qui  roulle  une  civière  et  une  malle  verte  dessus.  »  (D'Aubigné,  Fcencste,  IV,  13.)  (N.  E.) 

(6)  Ce  proverbe  était  fort  usité  en  Bourgogne.  (Glossaire  des  Noëls  Bourguignons,  p.  Lamonnoye,  p.  44.)  (N.  E.) 

(7)  «  Il  y  a  un  vieil  proverbe  françois  qui  dit.  eu  cent  ans  bannière,  en  cent  ans  civière  :  qui  a  esté  inventé  pour  signifier, 
chacune  chose  avoir  son  accroissement  et  sa  déclinaison.  »  (Lanoue,  225.)  (n.  e.) 

(8)  Edition  Henschel,  t.  VII,  partie  II,  p.  40,  col.  2.  (N.  E.) 

(9)  On  Ut  encore  aux  Choses  qui  taillent  en  Ménage  cxiii*  siècle)  :  «  C'est  coin  le  jeu  de  la  civière,  L'un  va  devant,    l'autre 
derrière,  C'en  est  l'usage.  »  (n.  e.) 


Cl 


-  36  — 


CL 


VAFIIA.NTKS  : 
CIVIERE.  Orth.  subsistante. 

Cyviehe.  Hist.  de  b'r.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  fol.  69. 
CiiiviERE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  191,  V»  col.  2. 

Civil,  rt(/j..hisle*.  Direct  ^(1).  Nous  ne  rapportons 
que  les  acceptions  inusitées  de  ce  mot,  qui  est  en 
usage  : 

*0n  lit  au  premier  sens  :  ■<  S'estoit  tiré  à  la 
'■  chancelerie  d'amours,  et  en  avoit  tout  eutiere- 
«  ment  obtenu  lettres  de  remission,  qui  estoyent 
«  bien  (;à'/7cs,  et  raisonnables.  »  (Arr.xVnior.  p.  304.) 

°  On  a  dit  possession  civile,  pour  possession 
directe.  «  J^e  seigneur  qui  voudroit  troubler  la 
«  justice  de  son  vassal,  peut  inlenter  complainte  de 
"  nouvelleté,  et  user  d'iceile,  non  mie  pour  la 
«'  possession  naturelle,  id  est,  profitable,  qu'à  son 
«  dit  vassal  ;  mais  pour  la  possession  civile,  id  est, 
«  directe;  en  laquelle  il  se  void  trouble.  »  (Gr.  Coût, 
de  Fr.  liv.  II,  p.  144.) 

Nous  ne  tenterons  point  d'assigner  un  sens  au 
mot  civil,  employé  dans  le  passage  suivant.  Il 
paroit  qu'il  y  a  faute  ou  transposition  dans  le 
texte  :  «  Toutes  retraites  lignageres  faites  constant 
"  le  mai'iage,  tiendront  nature  de  patrimoine,  cote, 
■«  et  civil  du  chef  qu'elles  seront  faites.  "  (Coût,  de 
Langle,  Nouv.  Coût.  Gén.  T.  1,  p.  306.)  On  disoit 
autrefois  civile  bataille,  pour  guerre  civile  : 

Eurent  lors  civile  bataille. 
C'est,  a  dire  procez  et  plais. 
Es  sièges,  et  es  grands  palais. 

Eust.  Desch.  Poes.  MSS.  fol.  ilH,  col.  3. 

Civilité,  subst.  fém.  Droit  civil  (2). 

En  civilités, 

Et  droit  canon  estoit  habilité. 

Recli.  des  Théâires,  T.  I,  p.  316. 

Civois,  subst.  7nasc.  Oignon,  ciboule.  Qu'il 
nous  suffise  d'avoir  indiqué  les  endroits  oh  se 
trouvent  employées  les  diverses  orthographes  de 
ce  mot.  (Voyez  Chivon  ci-dessus,  diminutif  de  c/(ù'^, 
et  ci-dessous  Siboule,  Sivette  et  leurs  autres  ortho- 
graphes, diminutifs  de  sive  et  sivot.) 

JNous  l'emarquerons  cependant  l'usage  de  ce  mot 
pour  exprimer  le  peu  de  cas  qu'on  faisoit  d'une 
chose  ;  on  disoit  : 

Car  il  ne  dout  une  chive, 

La  pais  du  Pape,  ou  le  courroux. 

Hist.  de  Fr.  à  la  suiie  du  Rom.  de  Fauv.  fol.  73. 

VARIANTES  : 
CIVOIS.  Cotgrave,  Dict. 

CivoT.  Oud.  Nie.  Fabl.  MSS  du  R.  n»  7218,  f»  176,  V»  col.  1. 
Sivot.  Cotgrave,  et  Oudin,  Dict. 
Cyvot.  Vig.  de  Charles  VII,  T.  I,  p.  33. 
CiBOT.  Rabelais,  T.  II,  p.  23. 
SiEU.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS. 
Sive,  suhst.  fém.  Oud.  MS.  du  Vat.  n»  1490,  etc. 
Cive,  subst.  fém.  Orth.  subsistante. 
Chive,  subst.  fém.  Borel,  Dict. 
Ceve,  subst  fém.  Oudin,  Nicot,  Dict. 


Cizc,  sitijsl.  Espèce  d'impôt.  Voyez  le  chapitre 
intitule  :  »  Du  péage,  et  cîTcB  en  la  ville  du  Mont  de 
-  Marsan  %  dans  le  Nouv.  Coût.  Gén.  T.  IV,  p  911. 
Ce  mot  vient,  par  aphérèse,  d'accise  (3),  impôt  dans 
les  Pays-Bas.  ;  Voyez  Dict.  univ.  et  Du  Cange,  au 
mol  Assisia.) 

Clabau,  subst.  niasc.  Chien  courant  à  longues 
oreilles.  Ce  mot  ne  subsiste  plus  guère  aujourtî'hui 
qu'au  figuré. 

Clabaiix  de  village,  dans  Des  Perr.  Contes  T.  II, 
p.  6,  signifie  gros  chiens  élevés  pour  lâchasse,  dans 
les  villages,  par  les  fermiers. 

Clabau.r,  de  coliue  est  un  terme  d'injure,  dans 
les  Leit.  de  Pasquier,  T.  II,  p.  796. 

Il  semble  qu'on  ait  dit  proverbialement  : 

Clubuult  abaye  bien  au.x  fauUes  : 

De  chiens,  d'oiseaulx,  d'armes,  d'amours, 

De  behours,  de  jousleSj  de  vaultes, 

Faut  il  payer  les  raalletaultes  ? 

Pour  ung  plaisir,  mille  douleurs  ; 

Après  des  cbans  viennent  les  plours, 

Et  risée  du  bout  du  dent. 

Moliiiet,  p.  127  et  128. 

VARIANTES  : 
CLAB.\U.  Nicot,  Dict. 
Cl.\iîaud.  Orth.  subsistante. 
Cl.\bault.  Molinet,  p.  127. 
Clab.\ux,  plur.  Contes  de  Desperr.  T.  II,  p.  6. 
Clabots,  phir.  Salnov.  Vénerie,  p.  81  et  217. 
Laubaut.  Dict.  de  Cotgrave. 

Giabaudenient,  sh(>s/.  masc.  Aboiement.  'Dict. 
d'Oudin  (4).) 

Clabauder,  verbe.  Ce  mot  subsiste,  mais  on 
ne  diroil  pas  comme  autrefois  :  clabauder  ses 
rentes,  pour  se  ruiner  à  entretenir  des  chiens  de 
chasse  : 

C'est  un  vertueux  office. 
Avoir  pour  son  exercice 
Force  oiseaux,  et  force  abbois, 
Et  en  meutes  bien  courantes, 
Clabauder  toules  ses  rentes. 
Par  les  champs,  et  par  les  bois. 

Œuv.  de  Joach.  Du  Bellay,  p.  207. 

Clac.  Son  imilatif  de  quelque  bruit.  De  là,  on 
disoit  :  faire  grant  clac,  pour  faire  grand  bruit.  On 
lit,  au  sujet  de  quatre  sièges  faits  à  la  fois  : 

Le  tiers  fut  mis  devant  Fronsac, 
Qui  regiba  de  l'éguillon  ; 
Le  quart,  qui  ne  fist  pas  grand  clac. 
Fut  mis  devant  Sainct  Melyon. 

Vigiles  de  Charles  VU,  T.  Il,  p.  H8  et  HO. 

On  a  dil,  pou;'  exprimer  une  chose  <iui  ne  dure 
qu'un  instant  : 

Aussitost  muert  homs  qu'on  puet  dire  clac. 

Eust.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  26,  col.  2. 

Claceller,  subst.  masc.  Celui  qui  porte  les 
clefs  ou  qui  les  fait.  Du  Cange,  au  mot  Clavicula- 
rius,  rapporte  ce  passage  duii  ancien  Gloss.  lat. 


(1)  Il  pignifiait  aussi  adroit  :  «  Les  supplians  ont  advisé  par  plusieurs  fois  à  trouver  la  manière  de  savoir  où  Julien  Malet, 
qui  estoit  civil  et  subtil  homme,  mettoit...  ladite  finance  ;  et  tant  ont  subtillé  et  mis  garde  sur  ledit  .Julien  Malet,  qu'ilz  ont 
sceu...  »  (JJ.  189,  p.  164,  an.  1457.)  (N.  e.) 

(2)  II  signifie  encore  adresse  :  «  Pour  la  subtilité  et  civilité  dudit  Tulien  Malet.  »  (.1,1.  189,  p.  104,  an.  1457.)  (n.  e.) 

(3)  L'occise,  en  Angleterre,  est  un  impôt  de  consommation,  (n.  e.) 

(4)  On  lit  dans  la  Sat.  Ménippée  (p.  80)  :  «  Aussi  n'oyez-vous  plus  aux  classes  ce  clabandemeiit  latin  des  regens.  »  Dans 
Paré  (Animaux,  12)  on  lit  aussi  :  «  Et  ce  clalaiidement  et  abbayement  est  un  pleur  pour  Pimpatience  de  leur  ire.  »  (N.  E.) 


CL 


CL 


franc.  :  «  Clavicularius,  claeelier,  ou  celui  i\m  les 
«  fait.  »  Dans  une  autre  citation,  ibid.  clavicularius 
est  employé  comme  épilliète  de  S'  Pierre. 

Ce  mol  est  expliqué  aussi  par  geôlier,  et  c'est  en 
particulier  la  sigiiiticalion  que  Boi'el  donne  au  mot 
clercelier.  On  verra  ci-dessous  clerceliere,  pour 
clavier.  L:.bl)e,  dans  son  Gloss.  traduit  en  latin 
clacelier  par  clavicularius,  p.  4'J5. 

Clacclier  paroil  avoir  été  quelquefois  employé 
pour  sommelier,  sans  doute  à  cause  des  clefs  dont 
il  étoit  chargé. 

souffrir 

Le  doivent  les  maistres  d'ostel, 
Les  queux,  et  clacelicrt:  (1)  autel, 
Sans  y  mettre  aucun  contredit. 

Eusl.  Desch.  Pots.  MSS.  fol.  410,  col.  2. 

On  lit,  dans  une  pièce  de  vers  qui  a  pour  titre  : 
"  Des  charges  qui  sont  en  mariage,  pour  le  mes- 
•'  naige  soustenir,  avec  les  pompes,  et  grans 
«  bobans  des  femmes  ••  : 

Et  si  fault,  quant  je  m'en  remembre, 
Maistre  d'ostel,  et  clacelief. 

Eusl.  Desch.  Poi-s.  MSS.  fol.  407,  col.  i. 

VABI.\NTES  : 
CLACELIER.  Du  Cange,  Gloss.  lat.  à  ClaviculaiHus. 
Cl.\sselier.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  .519,  col.  3. 
Clercelier.  Gloss.  du  P.  Labbe,  p.  495. 

Claceriere.  [Intercalez  Claceriere,  portière, 
au  reg.  100,  p.  Gi4,  an.  1370:  «  Toutes  les  gens  de 
«  l'ostel  fuient  coucliiés,  excepté  la  clacheriere, 
«  qui  s'en  esloil  alée  en  sa  chambre.  »]  (n.  e.) 

Claciele,  subst.  féin.  Petite  clef.  On  disoit  cla- 
ciele  de  clavicula,  comme  on  disoit  clacclier  de 
clavicularius.  La  dérivaison  de  clavette  et  clau- 
welle  est  plus  naturelle  : 

Quant  li  Dus  fu  despouilliés, 

Vies  cevaliers,  ki  fu  ses  niés. 
En  son  braioel,  une  chuiwete 

Trouva  d'argent,  moult  petite 

Et  celé  claciele  guardoit 

En  lui  escrignet  (petit  escrin)  k'il  avoit. 

Ph.  Mouskes.  MS.  p.  311. 

vAni.\XTES  : 
CLACIELE.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  371. 
Clavette.  Oudin,  Dict. 
Clauwette.  Ph.  Mouskes,  .MS.  p.  371. 

Claie.  [Intercalez  Claie,  revers  de  la  main  :  ■■  Le 
<■  cop  chei  sur  elle,  tellement  que  il  lui  fist  une 
«  plaie  à  sanc  sur  la  claie  de  la  main.  »  (JJ.  111), 
p.  83,  an.  1381.)  Au  reg.  ir.l,  p.  332,  an.  13<J7,  on  a 
claye:  «  Le  suppliant  lui  donna  de  la  f/rtye  de  la 
•  main  par  le  visage  »  ;  au  reg.  152,  p.  57,  cloye: 
•'  Ledit  D'Auceurre  navra  ledit  Dubourc  de  son  dit 
«  espie  sur  la  cloue  de  la  main,  ainsi  que  icellui 
»  Dubourc  lui  tendoit  la  main.  »  Enfin  dans  Modus 
Ratio  {fol.  78,  v"),  on  a  encore:  «  Que  le  faulcon 
"  siée  droictement  sur  le  poing,  non  pas  sur  la 


«  cloie  de  la  main,  ne  dedens  sur  les  dois.  ■>  On 
trouve  aussi   dans  la  Rose  la  cloie  de  l'eschine 

(V.   10210).]  (N.  E.) 

Claim,  subst.  masc.  Cri*.  Plainte  en  justice^. 

Droit  pour  cette  plainte'^  (2).  Récit,  mention  °. 

*Le  sens  propre  de  ce  mot  est  cri.  du  latin  cla- 
mor.  Nos  anciens  ne  le  prenoient  guère  en  ce 
sens.  C'est  celui  que  nous  lui  donnons  communé- 
ment sous  rorthogra[ihe  clameur  qui  subsiste.  On 
trouve,  dans  Oudin,  claim  interprété  par  cri 
plaintif. 

°  L'acception  la  plus  ordinaire  de  ce  mot,  est 
complainte.!  udiciaire.  réclamation  en  justice  (3).  C'est 
en  particulier  l'interprétation  que  Mcot  donne  à  ce 
même  mot  claim.  (On  peut  voir  sur  les  autres 
orthographes  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.,  le  Gloss.  sur 
les  Coût,  de  Beauv.  et  Du  (.ange,  Gloss.  lat.  aux 
mots  Clama,  Clamare,  Clamu)n,Clameum,Clamor, 
elles  autorités  citées  sur  chaque  orthographe  ci- 
dessous.)  C'est  dans  ce  sens  qu'Eustache  Deschamps 
a  employé  ce  mot  : 

De  Suzanne  as  mal  perçu  le  daim. 
Des  faulx  prestres  l'accusans  par  envie, 

Poi'!-.  MSS.  fol.  435,  col.  2. 

On  trouvera  un  chapitre,  dans  les  Tenur.  de 
Littleton,  intitulé  de  Conthiuall  claim,  fol.  97,  R°. 

Le  mot  de  clameur  est  encore  en  usage  en  Nor- 
mandie, non-seulement  dans  l'expression  particu- 
lière à  cette  province  :  clameur  de  haro,  mais  aussi 
pour  signifier  reirait,  soit  lignager,  soit  féodal. 
Nous  ne  parlerons  point  des  dilférenles  espèces  de 
clameurs  dont  les  détails  appartiennent  aux  juris- 
consultes :  clameur  de  lettres  lues;  clameur  de 
bourse,  etc.  Nous  remaniuerons  seulement  qu'on 
disoit  autrefois /"a»ss<'  clameur,  pour  désigner  une 
plainte  en  justice  portée  à  tort  et  sans  raison.  (Voy. 
Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.  et  du  Cange,  au  mot  Clamor 
falsus.  Clame  est  employé  pour  droit  réclamé  ou  à 
réclamer,  dans  D.  Morice,  Ilist.  de  Biet.  col  1012. 
lit.  de  1208. 

'^11  nous  reste  à  prouver  l'acception  du  mot  f/fl?w, 
clameur,  etc.  pour  un  droit  dû  par  celui  qui  fournit 
une  plainte  en  justice:  "  Se  aucun  faisoil  adjourner 
.-  un  autre  à  lui  respondre  devant  le  juge,  et  cellui 
«  qui  adjourné  soit  venist  chevir  à  sa  partie,  le 
«  prevost  y  auroitunc/rt/mqui  vaultsix  blans.  ■  (La 
Thaum.  Coul.  de  Berri,  p.  33(5.)  Dans  les  Lettres  de 
Charles  V,  de  1372,  on  lit,  à  propos  de  droits  qui  se 
payent  au  roi,  dans  la  ville  de  Toulouse,  pour 
chaque  demande  qui  se  fait  en  justice  :  «  Certi 
«  clamores  per  litigantes  fieri  consueverunt,  ex 
"  (juibus  clamoribus  debentur  nobis  quinque 
«  solidi.  '■■  (Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  V,  p.  5(>2.) 

On  appeloit,  en  quelques  lieux,  ce  droit  forle 


(1)  On  lit  encore  au  reg.  JJ.  96,  p.  109,  an.  l,36i  :  «  Comme  Jehan  Boully  clerc  fust  claccUiec  du  prieur  de  Puisiaux.  »  Il  en 
est  de  même  au  reg.  JJ.  139,  p.  100,  an.  1390  :  «  Le  suppliant  qui  lors  estoit  clachellier  dudit  chastel  de  Basoches.  »   (n.   e.) 

(2)  C/((i)i  signifiait  encore  saisie  :  clain  réel  fait  sur  les  biens,  clain  personnel  fait  sur  la  personne.  Le  claiit  de 
rétablissement  mettait  le  bailleur  de  fonds  d'une  rente  foncière  en  possession  de  l'héritage,  parce  que  le  preneur  n'avait 
pas  payé  la  rente.  (N.  E.) 

(3)  «  Plainte  ou  clameur  est  quant  aucun  monstre  à  la  justice  en  plaignant  soy,  le  tort  qui  luy  a  esté  fait ,  afin  qu'il  en 
puisse  avoir  droit  en  court.     (Coût,  de  Normandie,  ch.  LVII.)  (n.  e.) 


CL 


38 


CL 


clameur.  C'est,  selon  Laurière,  une  amende  de 
2  s.  6  d"  due  au  roi,  pour  un  adjournemenl  en 
action  personnelle,  en  supposant  que  les  parties 
s'accordent,  sans  en  venir  à  raudience;  s'ils  per- 
sistent, l'amende  est  de  7  s.  0  d".  On  lit,  dans  la 
Coût,  de  Meaux,  que  l'amende  de  celui  qui  suc- 
combe, appelée  foiie  clameur,  et  due  au  seigneur, 
est  de  2  s.  (j  d"  tournois  (Coul.  Gén.  T.  I,  p.  89)  ; 
mais  ces  matières  ne  sont  point  de  notre  res.sort. 
C'étoit  en  parlant  des  clameurs  judiciaires  que  l'on 
disoit  maitre  des  clameurs. 

"L'acception  de  ce  mot  pour  récit,  mention,  ne 
me  paroit  avoir  appartenu  qu'à  la  seule  ortho- 
graphe clameur,  comme  dans  ce  passage  : 

Dame,  dist-il,  vous  me  faictes  honneur, 
Au  preux  Margon  en  feray  la  cla)neiir, 
Quant  devers  lui  retourneray  ma  voie. 

l'ercef.  Vol.  V,  fol.  411.  R-  col.  1. 

Nous  verrons  que  le  verbe  clamer  s'est  pris  dans 
le  même  sens. 

VARIANTES  : 
CLAIM.  Oudin,  Dict. 
Clainte.  Voyez  Plainte. 
Cleim.  Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  I,  p.  113. 
Clain.  Ibid.  p.  87. 

Clin.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  467,  col.  4. 
Claime.  ïenur  de  Littl.  fol.  97,  R". 
Clam.  Assis,  de  Jérus.  J.  Molinet,  p.  126  (1). 
Clame.  D.  Morice,  Hist.  de  Bret.  col.  1012. 
Clameur.  Ord.  T.  I,  p.  89  ;  Thaum.  Coût,  de  Berri,  p.  220. 
Clamor.  Poës.  MsS.  avant  1300,  T.  I,  p.  70. 
Clamour  Ord.  de  R.  de  Fr.  T.  1,  p.  590. 
Clamur.  Loix  Norni.  art.  4. 

Claimer,  verbe.  Crier*.  Publier^.  Appeler*^.  Se 
plaindre  °.  Réclamer  ^.  Relraire  ''. 

*  Ce  mot  signifie  crier.  C'est  le  sens  propre.  Merci 
damans,  pourcriant  merci.  (Li  chastelain  de  Concy, 
Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  I,  p.  308.)  11  tire  cette 
acception  du  verbe  clamare,  dont  il  dérive  (2). 

^  De  là,  ce  mol  a  été  employé  pour  publier  à  haute 
voix  : 

Votre  grand  famé 
Partout  se  clame. 

Le  Loyer  des  Folles  Amours,  p.  316. 

'^De  là  encore,  on  a  mis  ce  mot  pour  appeler, 
nommer.  <■  Une  forte  ville  qu'on  c/ftme  Ilarfleu  (3).  » 
(Froissart,  liv.  I,  p.  141.) 

°  Se  plaindre,  c'est  crier  ;  de  là,  pour  exprimer 
qu'une  mère  se  plaint  d'un  llls  ingrat,  on  a  dit  : 

si  se  claime 

De  son  fils,  qui  noient  l'aime. 

Fabl.  MSS.  de  S.  Gerra.  fol.  57,  R"  col.  3. 

^  C'est  encore  crier  que  de  réclamer.  De  là,  on  a 
dit  :  ï  N'y  peuvent  clamer  droit  »,  pour  n'y  peuvent 


réclamer  de  droits,  n'y  peuvent  prétendre.  (Coul. 
Gén.  T.  I,  p.  365.) Dans  Froissart,  liv.  lll,  p.  46  (4),  on 
trouve  :  «  11  v  clamoit  part  »,  pour  il  y  réclamoit 
part. 

■^  Retraire,  exercer  le  droit  de  retrait  est  récla- 
mer; de  là,  ce  mot  de  clamer,  consacré  dans  la 
coutume  de  .Normandie,  et  encore  en  usage  pour 
désigner  l'exercice  de  ce  droit. 

Nous  avons  dit  que  clamer  signifioit  publier  ;  de 
là,  l'expression  clamer  quitte,  pour  publier  quitte, 
ou,  comme  nous  disons,  tenir  quitte  (5),  même  dans 
le  sens  de  pardonner  et  d'abandonner  : 

Elle  cuidera  que  tu, 

Por  s'amor,  l'aies  clamé  quite. 

Ovide  de  Arle,  MS.  de  S  G.  fol.  OC,  V  col.  3. 

S'il  en  mon  martir  se  mire, 
Oui  ne  doit,  de  bon  cuer,  dire, 
,Te  te  daim  quitte. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n*  7615,  T.  II,  fol.  130,  R-  col.  2. 

«  Jla  conté  de  Nevers  vous  donne,  et  clame 
»  quicte.  »  (Ger.  de  Nevers,  1"  partie,  p.  9.)  A  la 
page  47  de  Villehardouin,  on  lit  :  «  Je  vos  clame 
'  tuite  ce  qui  remaint  en  la  nef  (6).  »  Le  traducteur  a 
interprété  je  réclame  tout,  etc.  11  falloitdire  :  je  vous 
abandonne,  je  vous  clame  quite,  comme  on  iit  dans 
l'édition  de  l'Angelier,  Paris.  1585,  et  conformé- 
ment à  la  traduction  de  Vigénère,  p.  40. 

On  donnoit  encore  à  cette  expression  la  signifi- 
cation de  garantir,  dans  les  vers  suivans  : 

Et  Brutus  li  jure,  et  afie, 

A  clamer  quite  membre,  et  vie. 

Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  i.  R'. 

Clamer  merci  signifioit  crier  merci.  De  la  :  faire 
clamer  las,  pour  faire  demander  grâce. 

ainz  un  an  le  fera  si  quoi, 

S'ele  le  tient  entre  ses  bras, 
Qu'ele  le  fera  clamer  las. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7615.  T.  II,  fol.  180,  V  col.  2. 

Se  clamer  las  s'est  dit  aussi  pour  se  plaindre,  se 
dire  malheureux. 

Biaus  niez,  ains  me  puis  clamer  las. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  13,  R*  col.  2. 

CONJUGAISON  : 

Claim.  Indic.  prés.  Je  publie.  (Fabl.  mss.  du  R. 
n»  7G15,  T.  II,  fol.  130,  P.°  col.  2.) 

Claimt.  Indic.  prés.  Il  publie.  (Vie  des  Saints,  ms. 
de  Sorb.  chif  xxvii,  col.  16.) 

Clain.  Indic.  prés.  Je  publie.  ^Fabl.  mss.  du  R. 
n''76l5,  T.I,  fol.  60,  V°  col.  2.) 

Claing.  Ind.  prés.  Je  publie  »  Je  ne  li  claing  mie 
«  quite.  »  (Fabl.  mss.  de  S.  G.  fol.  53,  V»col.  3.) 

Clams.  Indic.  prés.  Je  crie.  «  Malheureuse  peche- 


(1)  Au  ch.  XXVIII  :  «  Qui  se  veaut  clamer  d'ome,  qui  n'est  présent  en  la  court,  celui  qui  veaut  le  clam  faire.  »  (n.  e.) 
(21  On  lit  aussi  dans  la  Clianson  de  Roland  (v.  2239)  :  «  Cleimet  sa  culpe,  si  reguardet  amunt.  »  De  même  dans  Partonopex 
(v.  4066)  :  «  Sospire  et  plore  tenrenient,  Claime  sa  coupe  et  s'en  repent.  »  (N.  E.) 

(3)  On  lit  dans  Gérard  de  Vienne  (v.  4027)  ;  «  Mon  fort  de  Rome  ke  l'on  clame  ma  chambre.  »  On  lit  encore  dans  Froissart 
(II,  132j  :  «  A  l'entrée  d'un  pays  que  on  cinimine  Northorabrelande.  »  (N.  E.) 

(4)  On  lit  encore  au  t.  lll,  p.  59  de  Téd.  Kervyn  :  ce  Casquns  i  clama  part.  »  Par  suite  ,  clamer  seul  signifie  prétendre  : 
«  Ains  dit  que  elle  n'y  clammoU  riens.  »  (III,  461.)  —  «  Pour  la  cause  de  la  duchesse  de  Brabant  et  de  son  pays  où  il 
clamoit  avoir  calenge  et  droit  en  l'eritage.  »  (XllI,  261.)  Il  signifie  par  suite  plaider  :  «  Et  tantost  là  en  droit  fut  clammet  et 
respondut  entre  parties.  »  (II,  473  )  (N.  E.) 

(5)  «  Chils  roys  [Edouard  III]  les  avoit  absols  et  clammés  quittes  [les  Flamands]  d'une  grande  somme  de  florins  dont 
obligiet  s'estoient...  au  roy  de  Franche.  »  L'expression  est  dans  Roland  (v.  2787):  «  Quite  vus  cleimet  d'Espeigne  le 
regnet.  »  (n.  e.) 

(6)  M.  de  WaïUy  édite  (§  122)  :  «  Je  vos  ctai)n  cuite  ce  qui  remaint  en  la  nef  dou  mien.  »  ^N.  E.) 


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"  resse    me  clams.  •»    (Eust.    Descli.    Poës.    mss. 
fol.  130,  col.  4.) 

VARIANTES  : 

CLAMER,  pour  réclamer^  demander.  Loix  Norm.  art.  7 
et  25,  dans  le  latin  postulare. 

Claimer  (Se),  pour  se  plaindre.  Loix  Norm.  art.  t.  Se 
claime.  dans  le  latin  se  clamât. 

Clamer  (domages),  pour  demander  indemnité  ou  dédom- 
magement. Duch.  Gén.  de  Bar-le-Duc,  p.  33,  tit.  vers  1249. 

Clamer,  pour  appeler,  nommer.  Perard,  Hist.  de  Bourg, 
tit.  de  1-24tj. 

Clamer  quitte,  pour  déclarer  quitte,  laisser,  céder, 
quitter.  Duch.  Gén.  de  Béth.  p.  373,  tit.  de  1226. 

Clamons  quite  au  roy  d'Anglerre  si,  etc.  Rymer,  T.  I, 
p.  50,  tit.  de  1259,  dans  le  latin  clamamiis  (iiiittimi  retjem 
.Anglio'  si,  etc. 

Claimer.  Chans.  MSS.  du  0«  Thib.  p.  17. 

Clamer.  Oudin,  Nicot,  Dict. 

Clair,  adj.  Pur,  net.  C'est  dans  ce  sens  qu'on  a 
dit  claire  de  feu,  peut-être  pour  la  flamme,  la  partie 
la  plus  claire  du  feu.  (Marb.  col.  1664)  Le  clair 
d'un  œuf,  pour  le  blanc  d'un  œuf.  (Oudin,  Cur.  fr.) 

On  a  dit  aussi  adverbialement  à  clair,  pour 
ouvertement,  clairement.  (Ibid.  Voyez  Cler.)  (1) 

Clairain ,  subst.  masc.   Clairon  *.  Sonnette  , 
clochette  ^. 
*Au  premier  sens,  c'est  une  sorte  de  trompette  : 

Çà  et  là  sonnent  li  clarain. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  312,  V. 

Loués  ses  clarins,  et  trompettes. 

Vig.  deCh.  VU.  T.  II.  p.  202. 

^C'étoit  aussi  une  sonnette  qu'on  attachoit  ai 
des  besles  qui  vont  pestre  es  bocages.  (Cliro 
Denis,  T.  I,  fol.  65.) 


ni 


J'ay  beax  clareins  à  mettre  à  vaches. 

Fabl.  .MSS.  de  S'  Gerra.  fol.  42,  Y- 


col. 


Elles  servoient  aussi  d'ornement  au.\  chevaux  : 
«  Au  col  de  son  cheval  pendit  un  c/araûi  tel(21,etc.  « 
'Chron.  S'  Denis,  ubi  supra.) 

VARIANTES  : 
CLAIRAIN.  Cotgrave,  Dict. 
Clairin.  Du  Canee  au  mot  Quadrilli. 
Clarin.  Vig.  de  Charles  VII,  T.  Il,  p.  202. 
Clarein.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol,  42,  V"  col.  2. 
Clarain.  Chron.  S.  Denis,  T.  I,  fol.  65,  V». 
Clerix.  \ig,  de  Charles  VII,  T.  I,  p.  31. 
Cléron.  Du  Cange,  Gloss.  latin,  au  mot  Clario  (3). 
Claron,  Borel,  Dict. 

Claire,  subst.  masc.  Sorle  de  liqueur.  Elle  est 
composée  de  vin  et  de  miel.  «  Si  aucun  a  fait  aucune 
«  chose   partie  de  sa  matière,   partie  d'autre,  si 


'■  comme  si  aucun  avoil  fait  claré  de  son  vin,  el 
«  d'autre  miel,  sachez  (|ue  celui  qui  a  fait  la  chose 
«  en  doit  être  sire.  »  (Bout.  Som.  Rur.  p.  253.) 
Suivant  quelques  passages  rapportés  par  Du  Cange, 
au  mot  Claretum,  le  piment  étoit  la  même  chose 
que  le  clare  ou  claire.  On  les  trouve  cependant 
distingués  dans  le  passage  suivant  :  »  Donnoitceste 
«  fontaine  par  ses  conduits  claire  et  piemeiit  très 
»  bon  (4).  ..  (Froissart,  livre  IV,  p.  3.  —  Voyez  Ph. 
Mouskes,  .MS.  p.  145,  et  Parton.  de  Bl.  ms.  de  S.  G. 
fol.  l'iT.) 

Et  au  concilier,  pour  mieul.\  dormir, 

Espices,  clairet,  et  rocelle; 

En  toutes  les  choses  veir, 

Mon  esperit  se  renouvelle. 

Froissarl,  Pocs.  MSS.  p.  315,  col.  2. 

Après  il  print  les  esguieres, 
Le  vin,  le  claire,  l'ypocras  (5). 

VilloD,  Rep.  franches,  p.  20. 

On  a  dit  aussi  clairete,  dans  le  sens  où  nous 
disons  eau  clairette. 

VARIANTES   (6)  : 
CLAIRE.  Froissart,  Uv.  IV,  p.  3. 
CLAIRET.  Froissart,  Poës.  MSS.  p.  315. 
Claret.  Oudin,  Dict,;  Dict  univ.  au  mot  Clairet. 
Claré.  Bout.  Som.  Rur.  p.  253. 
Clarez.  Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7615,  T.  II,  f«  174,  R»  col.  1  (7). 

Clairelette,  adj.  au  fém.  Diminutif  de  claire. 

.le  vous  vens  une  goutette. 
Une  goûte  clairelette. 

Des  Ace.  Big.irr.  fol.  137,  V'. 

Clairer,  verbe.  Eclairer.  (Dict.  de  Monet.)  (8) 

Clairiers,  subst.  masc.  plur.  Clairières.  «  Les 
«  layes  pleines  sortent  peu  à  la  campagne,  ne  vou- 
«  tant  pas  donner  connoissance  d'elles;  se  con- 
«  tentent  de  verouiller  dans  les  clairiers,  et  chemins 
»  de  leur  buissons.  »  (Salnov.  Vénerie,  p.  296.1 

VARIANTES  : 
CLAIRIERS.  Salnov.  Vénerie,  p.  296. 
Clariaux.  Chasse  de  Gast.  Phéb.  MS.  p.  70. 
Clarriaus.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  T.  II,  fol.  168,  R». 

Claironner,  verbe.  Trompeter.  Sonner  du 
clairon.  (.Nicot  et  Cotgrave,  Dict.) 

Clairvoyant,  adj.  Ce  mot,  qui  est  en  usage, 
ne  se  seroit-il  pas  formé  par  la  rencontr(3  fortuite 
des  mots  clercs  voijaus,  employés  dans  l'examen 
des  procédures.  On  lit,  dans  celle  d'un  itrocès  fait 
à  un  financier  :  «  11  fut  questionné,  par  aucuns  du 


(1)  L'orthographe  clair  ne  se  trouve  pas  avant  le  xv«  siècle  ;  Cuvelier  fait  rimer  cler  avec  enserrer  {v.  13405).  Le  wallon 
prononce  encore  cler.  (n.  e.) 

(2)  Voici  la  citation  d'après  D.  Bouquet  (III,  256)  ;  «  Landris  li  connestables...  au  col  de  son  cheval  pendi  nn  clarain  , 
autel  com  l'en  atache  an  coulx  de  ces  bestes,  qui  vont  en  pastures  em  boscages.  »  .Au  reg.  .1,1,  187,  p.  230,  an.  1458,  on  lit  : 
«  Ung  c/a)-n)î(  qu'on  pend  au  col  des  beufz  [en  Périgord].  »  Au  reg.  JJ.  124,  p.  (38,  an.  1383  ;  «  Guillemin  chastellain  a 
acouslumé  mener  un  sien  chien,  au  col  duquel  par  esbattemenl  il  pandi  une  sonnette  ou  clare,  que  ont  acoustumé  de 
porter  vaches,  brebis  ou  moutons.  »  Au  reg.  JJ.  153,  p.  28,  an.  1397  :  «  Dessoubs  un  des  seps  de  la  vingne  ,  ledit  Robin 
trouva  un  clarin  de  vaches.  »  (N.  E.) 

(3)  Du  Cange  cite  là  Joinville,  qui  parle  d'une  trompette,  non  d'une  sonnette.  (N.  E.) 

(4)  M.  Kervyn  imprime  (XIV,  p.  8)  :  «  Et  donnoit  ceste  fontaine  par  ses  conduits  claret  et  pieument  très-bon  et  par  grans 
rieux.  »  (n.  e.) 

(5)  Eust.  Deschamps  (fol.  485»  écrit  aussi  :  «  De  boire  vous  vueillez  garder  ypocras,  claré  et  garnache.  »  (n.  e.) 

(6)  On  lit  déjà  dans  Raoul  de  Cambrai  (xii"  siècle,  16)  :  «  Li  rois  l'acointe  dèl  plus  riche  barné  ;  Puis  le  servi  del  vin  et 
del  claré.  »  (n.  e.) 

(7)  On  a  encore  la  forme  clarei  dans  la  Chr.  de  Flandre  (c.  69)  :  «  Si  fut  une  nuit  avec  ses  dames  en  son  déduit ,  et  leur 
prit  talent  de  boire  clarei  en  un  pot  d'argent,  »  (n.  e.) 

(8)  On  lit  au  reg,  JJ.  138,  an.  138'J  :  i<  Apportèrent  et  clairerent  tous  les  aquets  par  eux  faiz.  «  (n.  e.) 


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.«  î^rand  conseil  et  autres  clercs  voyctna  'l).  et  bien 
«  coanoissans  es  matières  de  finances.  >■  (Monstre!. 
Vol.  m,  fol.  33.) 

Clais,  subst.  masc.  Palissades*.  Espèce  de 
cage^.   Haie'^. 

*  Ce  mot,  (lui  désigne  clôture  en  général,  sest 
IJi'is  pour  palissades,  en  ce  passage  : 

Vers  chevaiiçon  droit  au  pont  enemeiz, 
Si  dépeçons  trestoz  les  fuz,  et  <iei:. 

Parlonopex  de  Blois.  MS.  deS.  G.  fol.  17i,  V  col.  1. 

°  Clais  paroit  avoir  été  employé  dans  une  signifi- 
cation pai  liculière  pour  cette  sorte  de  cage  oii  l'on 
met  encore,  dans  les  villes  de  garnison,  les  filles  de 
mauvaise  vie,  pour  les  punir  de  leurs  débauches. 
«  L'une  des  plus  mauvaises,  et  affetées  garses  qui 
«  fusten  clais.  »  (Contes  d'Rutrap.  p.  288.) 

*=  Quelquefois  ce  mot  désignoit  une  baie,  comme 
en  ce  passage  :  «  Si  cbevauscberent  tout  le  jour 
«  jusques  sur  le  vespre,  car  le  soleil  estoit  entré  en 
"  son  dernier  quartier;  maisadoncilz  s'embalirent 
«  sur  un  (7a':ide  boutonniers,  etde  plantiers,  etc.  « 
(Perceforest,  Vol.  II,  fol.  30.) 

VARIANTES  : 
CLAIS.  Contes  d  Eutrap.  p.  288. 
Claiz.  Percef.  Vol.  II,  fol.  36,  V»  coi.  1. 
Cloiz.  Parton.  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  -174,  V»  col  1. 

Clamacion,  subsl.  fém.  Exclamation.  «  Sur  ce 
«  fit  Viilere  une  grande  clamacion,  disant  qu'on 
<'  ne  peut  dire  plus  noble  cbose.  »  (Hist.  de  la  Tois. 
d'Or,  fol.  20.) 

Clamancer,  verbe.  Réclamer. 

Merci  covient  qui  soit  maire, 
Que  justice  ne  clamunce. 

Thiéb.  de  Navarre,  Poos.  MSS.  avant  1300,  T.  t,  p.  «S. 

Clame,  subst.  masc.  Manteau  de  pèlerin.  Du 
latin  clilanius. 

VARIANTES  : 

CLAME.  Monet,  Corel  et  Dict.  univ. 
Clamme.  Oudin,  Nicot,  Dict. 

Clame  (Sainte).  C'étoit  le  jour  où  »  ceux  de 
«  Bruges  faisoient  leurs  processions  par  cous- 
.■  tunfe  (2).  «  (Froissarl,  liv.  II,  p.  178  )  L'éditeur 
observe  que  la  Chroni(|ue  de  Flandre  dit:  S"  Croix 
du  ni'  maij.  Il  ajoute  :  et  mieux  à  mon  avis. 

On  pourroil  souprouner  que  ce  mol  vient  de 
clamer,  crier,  d'où  l'on  auroil  formé  le  moi  clame, 
S"  Clame,  substitué  ti  celui  de  S"  Croix,  soit  à  cause 
des  rogations  qui  se  font  dans  ce  temps-là,  soit  à 
cause  des  cris  des  chasseurs  qui  recommen(;.oient 
alors.  La  S"  Croix  de  may  étoit  l'époque  du  renou- 


vellement de  la  chasse  du  cerf  qui  duroit  jusqu'à  la 
S"  Croix  (l'hiver. 

Clameu.x,  adj.  Criard.  L'auteur  de  l'IIisl.  de  la 
Toison  d'Or,  1.  1,  fol.  14,  définit  l'homme  vraiment 
magnanime,  en  ces  termes  :  »  Son  mouvement, 
«  son  aller,  et  son  maintien  doit  être  lent,  et 
«  pesant  :  sa  voye  grave  :  sa  parolle  ferme,  non 
«  clame  use.  » 

Clanche,  adj.  au  fém.  On  lit,  au  sujet  des 
moines  : 

Dismes  ont,  et  maladeries, 
Si  sont  pleines  lors  abaies, 
Et  ont  granges,  et  prierez, 
Où  Diex  est  moult  pou  aourez  : 
Si  convient  qne  l'en  les  retranche, 
Pour  ce  qu'il  ont  vers  vous  main  clanclir.  (3). 
Hist.  de  Fr.  en  vers,  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.,  nis.  (i812,  fol.  67. 

Clapet.  [Inteicalez  Clapet,  crécelle,  d'après 
Du  Cange  (II,  377,  col.  1):  «  Clapetum,  a  vulgari 
«  clapet,  crepitaculum,  gall.  cresselle.  »](n.  e.) 

Clapete,  subst.  fém.  Claquet  de  moulin.  Nous 
lisons,  dans  une  pièce  de  vers  d'un  de  nos  anciens 
poètes, où  ilcompare  un  vantard  à  un  moulin  à  vent: 

Or  m'estuet  faire  une  clapete. 
De  celui  qui  tous  tans  papete, 
C'est  Englebers  li  papetere. 

Poês.  MSS.  avant  1300,  T.  IV,  p.  13.'i«. 

.  .  .  Engelbers  a  le  clapete, 
Cou  est  cil  qui  tous  tans  papete. 

Ibid.  p.  1370. 

(Voyez  ci-dessous  Clapeter.) 

Clapeter,  verbe.  Babiller.  Proprement  faire 
un  bruit  semblable  à  celui  de  la  clapete.  «  A  grant 
«  esbanos  (joie,  plaisir)  ot  leur  revel  (divertisse- 
«  ment)  :  Quand  il  hoquelent,  Plustost  clapelent 
«  que  frestel.  »  (Chans.  Kr.  du  xii^'  siècle,  ms.  de 
Bouch.  ch.  448,  fol.  280,  V°  col.  1.) 

Clapoire,  subst.  fém.  Espèce  de  maladie.  Peut- 
être  la  dyssenterie.  Un  charlatan,  vantant  la  bonté 
de  son  onguent,  s'exprime  ainsi  :  «  Si  est  bons  por 
«  fi  (le  fie,  espèce  de  maladiej,  por  clapoire,  por 
«  rudoreille,  porencombrementde  piz(pour  fluxion 
«  ou  oppression  de  poitrine),  por  everlin  (vertige) 
«  de  chiet.  •>  (Erber.  ms.  de  S.  G.  fol.  89,  V°  col.  3.) 
«  Toute  leste  ne  vos  pranra,  toute  migraine  ne  vos 
«  tenra,  ne  fis,  ne  clox,  ne  clopaire,  etc.  »  (Ibid. 
fol.  1»0.)  On  pourra  juger  de  cette  maladie  par  les 
passages  suivans  : 

S'est  plus  merdeus  d'une  clapoivc. 

Poès.  MSS.  avant  1300,  T.  IV,  p.  13-20. 

Ore  est  li  clapoire  (4)  effondrée, 
Dont  Arras  est  en  le  cendrée. 

Ibid.  p.  1375. 


(1)  11  faut  lire  clers  voijans,  comme  dans  la  Rose  (v.  6320):  «  Et  qui  seroit  bien  clers  vians,  Il  verroit  que  maus  est  neans, 
Car  ainsinc  le  dit  l'Escripture.  »  (n.  e.) 

(2)  M.  Kervyn  (X,  24)  imprime  :  «  Car  che  fu  le  jour  Sainte  Elawe  et  le  tierch  jour  dou  mois  de  may,  et  che  propre  jour 
siet  la  feste  et  la  proucession  de  Bruges,  et  à  che  jouravoit  plus  de  peuple  à  Bruges  estragniers  et  autres.  »  Il  donne  en 
variante  ;  «  Et  le  jour  Sainte  Croix,  m»  jour  de  may...  »  On  sait  que  la  vraie  Croix  fut  retrouvée  (inventa)  par  Hélène,  mère 
de  Constantin  ;  S''  Hélène  et  S"  Croix  sont  donc  synonymes,  (n.  e.) 

(3)  Au  fol.  85  du  même  ouvrage,  on  lit  :  «  Ne  sa  mère  Blanche,  Qui  ne  fu  chiche  ne  esclanche.  »  Dans  Renart  (v.  23279), 
on  lit  encore  :  «  Si  fiert  le  hnrdel,  De  la  hache  à  la  mein  esclanche.  »  Enfin  ,  dans  l'Evangile  des  quenouilles  (xv«  siècle, 
p.  I47\  le  bras  gauche  est  dit  esclenc.  C'est  le  wallon  clinche,  le  flamand  slink  ,  de  l'allemand  shicken  ,  devenir  faible  et 
mince,  (n.  e.) 

(4)  Il  a  ici  le  sens  de  lupanar  :  «  Le  dit  Ogier  aiant  pendu  un  bazelaire  à  sa  sainture  et  un  planchon  en  sa  main,...  disant 
qu'il  estoit  temps  que  le  clapoir  feust  effondrée.  »  (JJ.  153,  p.  222,  an.  1398.)  (n.  e.) 


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41 


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Il  paraiIroK,  par  ce  dernier  passage,  que  celle 
maladie  éloit  quelquefois  ppidémique. 

VARIANTES  : 
CLÀPOiRE.  Erberic,  MS.  de  S.  G.  fol.  89,  V»  col.  3. 
Glopaire.  Ibid.  fol.  90,  V»  col.  3. 

Clapon,  subst.  inasc.  Coclion.  C'est  le  sens  de 
ce  mot  dans  le  patois  de  Bombes.  (Voyez  Du  Gange, 
au  mot  Ckipo  (1).) 

Il  semble  aussi  que  ce  mol  se  soil  pris  pour  signi- 
fier une  partie  du  cheval  ou  de  son  équipage,  dans 
Des  Ace.  Bigarr.  (Liv.  IV,  p.  2o.) 

Claponnier,  adj.  On  appeloit  cheval  clapon- 
nier  onclanijmimkr  l'I)  un  cheval  qui  avoil  les  patu- 
rons longs,  effilés  et  trop  pliants.  (Dictionn.  de 
Corneille.) 

Clappe,  subst.  fém.  Latte.  Peut-être  une  autre 
pièce  de  menu  bois.  Voici  le  passage  où  nous  trou- 
vons ce  mot  cité  :  «  S'ils  veulent  avoir  chesnes, 
«  esdites  forests,  pour  faire  paillis,  clappes,  et 
»  eschalats,  sont  tenus  les  achepler  du  gruyer  du 
«  dit  seigneur.  »  (Coût,  de  Sedan,  Coût.  Gén.  T.  II, 
p.  i'02<f.) 

Clappier.  [Intercalez  Clappler:  1°  Monceau  de 
pierres  :  "  Les  supplians  misrent  le  corps  d'icelluy 
"  Briganl  soubz  un  clappier  et  monceau  de 
.  pierres.  »  (.IJ.  180,  p.  110,  an.  1156.)  I"  Mauvais 
lieu:  "  Clappier  e[  bordel  publique.  »  (JJ.  173, 
p.  130,  an.  l.i'24.)  Voyez  ci- dessus  clapoire.  Ce  sens 
a  été  conservé  parSainte-Foix,  Essais  sur  Paris 
(III,  73),  et  par  P.-L.  Courier,  n°  i  de  la  Gazelle 
du  Village.  3°  Refuge  pour  les  lapins  et  autres 
animaux: 

S'une  fois  vous  trouvez  en  mue. 
C'est  assavoir  en  leur  clapier, 
Fussiez-vous  cent  fois  esprevier. 
Us  vous  feront  devenir  grue. 

XII'  Blason  des  Faulces  amours,  p.  2^)2.]  (N.  E.) 

Claquade,  subst.  fém.  Claque.  (Brant.  D"Gall. 
T.  I,  p.  370  (3).) 

Claque.  [Intercalez  Claque,  soufflet:  «  Ledit 
»  Jacque  avoil  mis  à  Audrieu  Poslel...  sus  qu'il  en 
•  lenqjs  p;issé  avoit  donné  une  claque  à  une 
"  certaiiie  personne  à  Monchy.  »  (Cart.  21  de 
Corbie,  an.  1333.)]  (n.  e.) 

Clitiiuedeàit,  subst.  musc.  Un  gueux  *.  Un 
gourmand  ^.   Nom  propre*^. 

*  Ce  mot  subsiste  au  premier  sens  de  gueux, 
mais  dans  le  langage  bas  et  populaire. 

°  r.abelais  a  employé  ce  mot  pour  désigner  un 
goulu,  un  gourmand.  (T.  I,  p.  70.)  Le  claquedent 
des  maroufles  est  un  litre  de  livre  qu'il  imagine. 


'^ C'est  aussi  le  nom  d'undessatellilesdePilate(4), 
dans  le  Mystère  de  la  Passion,  en  vers  fr.  ms.  de 
laBibl.  du  R.  n"  7200,  fol.  173. 

On  disoit,  au  figuré  :  le  pais  de  claquedent,  pour 
l'endroit  oîi  l'on  traite  les  maladies  vénériennes. 
(Dict.  d'Oudin.) 

VARIANTES  : 
CLA.QUEDENT.  Oudin,  Dict. 
Claquedant.  Nicot,  Dict. 
Clacquedent. 

Claqueimir,  subst  masc.  Jeu  d'enfant.  (Dict. 
d'Oudin  (5).) 

Claquer,  verbe.  Faire  claquer.  En  se  prome- 
«  nant  en  l'église  où  elle  est,  il  ne  doit  claquer  son 
«  patin.  »  (Arr.  Amor.  p.  M.)  Selon  Oudin,  claquer 
de  la  langue  étoil  animer  un  cheval.  (Dict.) 

VARIANTES  : 
CLAQUER.  Oudin,  Nicot,  Dict. 
Clacquer.  Oudin,  Dict. 

Claquet,  subst.  masc.  Instrumenl  qui  fait  du 
bruit*.  Bruit ^. 

*  Ce  mot  subsiste  encore  sous  l'orlhographe  de 
claquet  pour  signifier  r.ne  pièce  de  moalfii  qui  fait 
un  bruit  continuel.  Dans  le  sens  général  d'un  ins- 
trument à  faire  du  bruit,  on  l'a'appliqué  à  celui 
que  portoient  les  ladres  pour  empêcher  de  les 
approcher. 

Que  ton  importun  caquet 

Soit  fait  compagnon  du  claquet, 
Du  Imril  et  de  la  besace. 
D'un  ladre  verd. 

Œuv.  de  Rera.  Belleau,  T.  II,  p.  CO  (fi). 

^  De  là,  ce  mot  a  signifié  lu  bruit  de  cet  instru- 
ment et  même  bruit  en  général.  C'est  dans  cette 
dernière  signification  qu'il  a  désigné  celui  qu'on 
fait  avec  un  chaudron,  dans  le  passage  suivant  : 
■'  A  cette  exhortation,  le  peuple  s'avance,  et  se 
«  presse  comme,  quand  les  porcs  courent  au  cla- 
«  quel  du  chaudron,  et  tiennent  leurs  groings 
«  dedans  l'auge,  pnur  humer  le  lavage.  »  (Merlin 
Cocaie,  T.  I,  p.  245.) 

VARIANTES  : 
CLAQUET.  Merlin  Cocaie,  T.  I,  245. 
Clacquet.  Cret.  p.  269. 

Claqueter,  verbe.  Claquer  (7).  Faire  du  bruil, 
dans  un  sens  générique.  Selon  Oudin,  Dict.  fr.  esp. 
claqueter  est  faire  du  bruit  avec  les  dents,  quel- 
quefois avec  la  main,  comme  dans  ce  passage  : 
■'  Les  claquetoit,  et  fouetloit  sur  les  fesses.  »  (Brant. 
D"  Gall.  T.  I,  p.  370.) 

Faire  claqueter  la  fronde  s'est  dit  pour  exciter 


(1)  Ed.  Henschel,  II,  ;î77,  col.  1.  (n.  e.) 

(2)  M.  Littre  relève  la  forme  clamponniev.  (N.  E.) 

(3)  «  La  fouetter  de  cJaquades.  »  (N.  E.) 

(4)  C'est  un  faux  mendiant  qui,  de  concert  avec  Babin,  trompe  la  charitable  épouse  de  .Toachin.  Babin,  comme  Agnelet 
dans  Patelin,  prend  au  piège  le  faux  possédé  :  «  Adieu  ,  Claquedent  ,  dans  la  fosse  ,  t'y  demeurras  jusqu'à  demain.  » 
(V.  0.  Leroy,  Etude  sur  les  .Mystères,  p.  "178.)  (N.  E.) 

(5)  D'Oudin  le  traduit  par  abattinniro.   En  Italien,  ahattimento  est  un  combat  simulé.  (N.  E.) 

(C)  A  la  page  IIW  on  lil  :  «  Elle  claquelte  toute  seule  ,  C'est  un  moulin  ,  c'est  une  meule  D'un  moulin  qui  tourne 
tousjours.  B  (N.  E.  ) 

(7)  On  lit  encore  dans  Ronsard  (852)  :  «  Et  de  coups  redoublez  l'un  sur  l'autre  abondons ,  Font  craquer  leur  maschoire 
et  claqueter  leurs  dents,  s  (N'.  F..) 

IV.  0 


CL 


42  — 


CL 


des  rumeurs  contre  le  cardinal  Mazarin  et  lui  faire 
craindre  de  nouveaux  troubles  semblables  à  ceux 
de  la  Fronde.  (Voyez  Mém.  de  Nemours,  p.  137.) 

VARIANTES  : 
CLAQUETER.  Oudin,  Nicot,  Dict. 
Clacqueter  Brant.  D"  Gall.  T.  I,  p.  370. 

Claquetis,  sitbst.  masc.  Claquement.  On  lit, 
en  ce  sens  :  claquetis  des  dénis.  (Pasq.  Rech.  p.  671.) 

Claqiiette,  subst.  fém.  Instrument  propre  à 
faire  du  bruit*.  Loquet  d'une  porte °. 

*  On  vient  de  voir  ([ue  t'/r(ry!<f/ se  disoit  aussi  dans  le 
premier  sens.  Oudin  et  Nicot  appliquent,  dans  cette 
acception  générale,  cliiiuette  et  claquelte.  On  disoit 
sonnera  la  cliquette,  [lour  publier.  (Bouch.Serées, 
liv.  III,  p.  290.  -  .\Iolinel,  p.  196.—  Crétin,  p.  185.) 
On  disoit  aussi  cliquettes  et  cliquottes  de  ladres  (1). 
«  Faisoit  son  tel  que  font  les  ladies  en  Bretagne, 
«  avec  leurs  cliquettes.  ••  (Rabelais,  T.  II,  p.  185.) 
«  S'il  est  trouvé  entacbé  de  la  dite  maladie,  on 
«  devra  lui  bailler  pour  une  fois,  s'il  n'est  du  lieu, 
»  un  chapeau,  manteau  gris,  cliquottes  etbesasse.  » 
(Coût,  de  Ilainaut,  Nouv.  Coût.  Gén.  T.  II,  p.  150.) 

^  Dans  le  second  sens,  on  disoit  plus  communé- 
ment cliquettes.  (Voyez  ce  mot.)  On  trouve  cepen- 
dant (luelquefois  cliquettes,  avec  celte  signification  : 

Doulx  yeulx,  indes,  esmeriUons... 
Qui  font  marcher  sur  espineltes, 
Et  galans  aller  a  mussettes; 
Soit  à  geler  à  pierre  fendant  ; 
Baiser  les  huis,  et  les  cliqnellcs, 
Pour  les  dames  qui  sont  dedans. 

L'Amant  rendu  cordeiier,  p.  582. 

(Voyez  Œuv.  de  Rog.  de  Collerye,  p.  88,  et  Loisel, 
Instil.  Coût.  T.  II,  p.  U7.) 

variantes  : 
CLAQUETTE,  Oudin,  Nicot,  Rabelais,  T.  II,  p.  185. 
Cliquette.  Id.  ibid. 
Clicquette.  Oudin,  Dict. 
Cliquotte.  Coût.  Gén.  T.  II,  p.  150. 

Claquin.  [Intercalez  Claquin,  monnaie  des 
comtes  de  Flandre  et  des  ducs  de  Bourgogne  : 
-<  Deniers  blans,  appeliez  claquins.  »  (JJ.  111, 
p.  195,  an.  1377.)  Au  reg.  132,  p.  157,  an.  1387,  on  lit 
encore:  «  Hennequin  dist  à  icellui  François  que  se 
«  li  se  vouloit  partir,  qu'il  seroit  quittes  pour  un 
'<  claquin.  »  Enfin  au  reg.  157,  p.  257,  an.  1402: 
«  Icellui  Courbet  reiuist  derecliief  audit  Paille  que 
«  il  voulsist  encores  jouer  pour  un  gros  claquin  de 
«  Flandres.  »  Voyez  plus  bas  Cliquart.]  (n.  e.) 

Clar.  [Intercalez  Clar,  glas  en  Auvergne,  d'après 
Du  Gange  (II,  378,  col.  3.)]  (n.  e.) 

Clarence,  subst.  fém.  Il  semble  que  ce  mot 


désigne  l'épée  de  quelque  ancien  héros  qui  l'avoit 

rendue  célèbre  par  ses  exploits  : 

Vien,  Attropos  et  me  couppe  la  teste, 

iJe  Durandal,  Joyeuse,  ou  Clarence 

Ou  de  Courtain,  ou  llamberge  qu'est  preste: 

Ainsy  aurai  de  mes  maulx  alegeauce. 

Départie  d'Amours,  p.  242,  col.  3. 

Clarer,  verbe.  S'éclaircir.  On  a  dit,  au  figuré  : 

Paien  lor  abat  et  ocit. 
Et  chace,  et  tue  et  desconfit  : 
Li  renc  claroient  en  droit  li, 
Moult  lor  a  lait,  ce  jor,  anui. 

l'aiton.  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  132.  R-  col.  3. 

Clarifier,  Vf rfce.Eclaircir (2).  On  ne  se  sert  plus 
de  ce  mot  qu'en  chimie.  On  disoit  autrefois  clarifier 
droit,  pour  éclaircir  la  vérité  d'un  fait,  ou  la  justice 
d'une  cause.  En  parlant  des  gages  de  bataille,  ou 
lit  :  «  Quand  le  deft'endeur  a  sur  ses  périls  baisé 
«  la  croix  et  le  te  igitur  (canon  de  la  messe),  pour 
«  plus  clarifier  droit  à  celui  qui  l'a,  le  mareschal 
«  les  prend  par  les  mains  droites,  et  les  fait  entie- 
«  tenir  (tenir  l'un  l'autre  par  la  main).  »  (Ord.  T.  I, 
p.  440.) 

Clarine,  subst.  fém.  Terme  de  blason.  La 
rnéme  chose  que  clarin,  suivant  le  Dict.  d'Oudin. 
Ce  mot  subsiste,  au.ssi  bien  que  clarine.  (Palliot, 
Science  des  Arm.  p.  174.) 

Clarisses,  subst.  fém.  plur.  On  appeloit  ainsi 
les  religieuses  de  Sainte  Glaire  (3).  (Voyez  la  Roque, 
Orig.  des  Noms,  p.  253.) 

Claroier.    [Intercalez    Claroier,    s'éclaircir, 

comme  plus  haut  clarer  : 

Quant  Garins  point,  les  rens  fait  claroier. 

Garin  le  Loherain,  t.  I,  p.  242. 

Par  devant  lui  fait  les  rens  claroier. 

Id.,p.  2(j4.1  (n.  e.) 

Claronceau,  subst.  masc.  Diminutif  de  clairon. 
On  écrivoit  quelquefois  claron.  (Voy.  l'art.  Clairain.; 
On  lit,  en  parlant  de  l'armée  des  chrétiens  eu 
Afrique  :  «  Moult  grant  beauté,  et  plaisance  fut 
«  d'ouir  les  trompettes,  elles, claronceaux  (4)  retea- 
«  tir,  et  bondir,  etc.  »  (Froissart,  liv.  IV,  p.  57.) 

Clarté,  subst.  Clarté  (5),  dans  le  sens  de  lumière, 
vue.  Marbodus  (art.  32),  en  parlant  de  l'ema- 
thite,  y  dit  :  «  Des  palpebres  t.olt  l'aspreté  e  as  ui!/. 
«  d'une  clareté.  « 

VARIANTES  : 
CLARTÉ.  Orth.  subsistante. 
Clareté  al.  Clarece. 

Clartée,  subst.  fém.  Clarté  *.  Célébrité  ^. 

*  L'acception  propre  de  ce  mot  et  son  ortho- 


(1)  On  la  nommait  aussi  (ac(ai'ene  ou  ia>-(ei'e»e.  (N.  E.)  ,,...,.       ,.     ..,^ 

(2)  Il  a  le  sens  d'expliquer  au  reg.  JJ.  189,  p.  460,  an.  1460  :  «  Le  suppliant  contendent  de  clanfficr  et  justiffier  son  excuse 
et  descharge.  »  On  lit  déjà  dans  S'  Bernard  (551)  :  «  Geste  apparicions  nostre  Signer  clarifiet  m  cest  jor.  »  (N.  e.) 

(3)  EUe  est  née  à  Assise,  en  IIM.  (N.  E.)  ,       ,  ,.  .  •..     „    „ 

(4)  On  lit  encore  au  t.  II,  p.  436  :  «  Il  i  et  grant  noise  de  trompâtes  et  de  claronchiaus.  »  Au  passage  cite ,  M.  Kervjn 
(XIV,  157)  imprime  ;  «Trompetes  et  ctefons.  »  (N.  E.)  .  •,.,,.        ,t,t   An-,,     r,      ,. 

(5)  Froissart  écrit  ;  «  Et  sachiés  que  très  grans  trésors  v  fu  gaegnies  qui  oncques  ne  vmt  a  clareté.  »  (IV,  107).  On  lit 
encore  dans  Ch.  d'Orléans  {Bal.,  67)  :  «  CeUe  clarté  qu'il  avoit  apportée,  Si  m'esveiUa  du  somme  de  soussy  Ou  j'avoye 
toute  la  nuit  dormy.  »  Marguerite  (18''  Nouvelle)  écrit  aussi  :  «  La  dame  laissa  la  porte  ouverte  ,  et  alluma  de  la  ctarlii 
là  dedans...  »  (N.  e.) 


CL 


-  43 


CL 


graphe  subsistante  se  trouvent  dans  un  de  nos 
anciens  poètes  : 

Clartés,  et  lumières 

Est  de  tous  biens,  nus  n'en  i  puet  falir, 
Fors  que  pités,  dont  ne  m'os  aatir. 

Poês.  MSS.  Valican.  n'  1490.  fol.  101,  R'. 

^  Au  figuré,  ce  mot  signifioit  célébrité,  noblesse 
de  guerre,  en  latin  clarigatio,  suivant  le  Gloss.  du 
P.  Labbe,  p.  495  (1). 

VARIANTES   (2)  : 
CLA.RTÉE,  Clarteit  et  Clarteiz.  S.  Bern.  Serai,  fr.  MSS. 
p.  10.  Dans  le  latin  claritas. 
Clairté.  Apol.  pour  Hérodote,  p.  229. 
Glerté.  Dict.  de  Rob.  Estienne  et  Cotgrave. 

Claruise.  [Intercalez  Claruise,  dans  l'expres- 
sion mettre  à  claruise  un  fossé:  «  Nous  volons... 
«  que  lidil  religieus  soient  tenu  dudit  fossé  nyer  et 
«  mettre  à  claruise,  tele  que  on  ne  puist  venir  à 
«  ledite  forteresche.  »  (JJ.  53.  p.  53, an.  1313.)]  (n.e.) 

Clas,  subst.  masc.  Tintement  de  cloches.  Celui 
(lui  se  fait  pour  les  morts  jusqu'à  ce  qu'ils  soient 
enterrés.  (Voyez  Borel,  Cotgrave,  Corneille,  Ménage, 
Celthell.  de  L.  Tripp.)  Les  orthographes  clar,  cliar, 
clias  sont  du  patois  d'Auvergne.  On  dit  fif/as  (3)  à 
(irléans,  selon  Nicot. 

*     variantes  : 
GLAS.  Orlh.  subsistante.  Dict.  univ.  (4) 
Glachs.  Du  Gange,  Gloss.  au  mot  Classicum 
Clias,  Cliar,  Clar,  Id.  ibid. 
Classes.  Glais  (p),  Glai. 
(iLAS.  Oudin,  Nicot,  Dict. 

Classent.  Il  faut  peut-être  lire  cslecent,  ou 
rsleessent,  du  verbe  eslecer.  (Voyez  ce  mot.) 

Classiaire,  subsL  masc.  Amiral.  Celui  qui 
commande  une  année  navale.  (Dict.  d'Oudin.) 

Glau,  subst.  masc.  Clou.  Nous  rapporterons, 
sous  l'orthographe  clou  qui  subsiste,  diverses 
expressions  hors  d'usage  sur  ce  mot.  Nous  sommes 
obligé  d'en  faire  un  article  particulier,  parce  que 
clou  avoil  autrefois  d'autres  significations  que  clau. 
La  même  raison  nous  a  obligé  de  faire  aussi  un 
article  particulier  de  clos,  amjuel  nous  renvoyons 
pareillement  (6).  Voici  quelques  passages  sur  les 
autres  orthographes  ; 

Sous  covreture,  ou  ait,  ne  clau,  ne  late. 

Kievre  de  Rains,  Poês.  MSS.  avant  1300,  T.  III,  p.  Il('i7. 

Un  ancien  poëte,  en  parlant  de  J.-C,  a  dit  : 

Sa  digne  car  percierent  li  clau  trois. 

Poes.  MSS.  Val.  11°  1490,  fol.  126,  V". 

«  Le  flatteur  est  ennemi  de  toute  vérité.  Il  liche, 


«  ainsi  que  un  cloug&n  l'œil  droit  de  son  Seigneur, 
«  quand  il  fécoute,  etc.  »  (Petit  Jean  de  Saintré, 
p.  95.)  Nous  trouvons  clo,  dans  le  Gloss.  du  P. 
Labbe,  p.  495.  On  disoit  proverbialement  : 

Ne  li  reraaint  vaillant  un  clo. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7615,  T.  I,  fol.  109,  V  col.  2. 

Remarquons  cette  autre  expression  :  mettre  à 
clox,  pour  afficher  : 

.  .  .  Excommeniement  fet. 
Par  les  grans  portes  des  citez. 
Eu  mis  à  clox,  c'est  veritez. 
Que  chascun  le  pouist  savoir. 

Hist.  de  France,  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauvel,  fol.  70. 

VARIANTES  I 
CLAU.  Poës.  MSS.  Vat.  n»  1490,  fol.  126,  V». 
Cleu.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  116,  V»  col.  1. 
Cleus,  plu)-.  Vies  des  SS.  MS.  de  Sorb.  chif.  lvii,  d"  col. 
Clex,  piur.  Ibid.  chap.  LX,  col.  50. 
Clo.  Gloss.  du  P.  Labbe,  p.  495. 
Clox.  Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  fol.  70. 
Gloug.  Petit  Jean  de  Saintré,  p.  95. 
Clou.  Orth.  subsistante. 

Claiidin,  subst.  masc.  plur.  C'étoit  le  nom 
qu'on  donnoit  aux  pèlerins  de  Saint-Claude.  (Voyez 
"Apol.  pour  Hérodote,  p.  594.) 

Claiisatge.  [Intercalez  Clausatge ,  clos  dans 
Stephanot,  tome  III  des  Antiquités  Poitevines, 
p.  69G  du  ms.  (Du  Gange,  II,  385,  col.  3)  :  «  Dat 
"  B.  Juniàno  duas  borderias  terre...  et  medietafem 
«  clausatge  de  vineis.  »]  (n.  e.) 

Clause,  partie,  fém.  Close.  On  lit  clauses  et 
fermées,  dans  les  Mém.  du  Bellay,  T.  VI,  p.  144. 

Clause,  subst.  fém.  Couplet*.  Clôture  ^.  Pois- 
son '^.  Ce  mot,  dont  l'usage  est  encore  fréquent,  a 
perdu  ses  trois  anciennes  significations. 

*  En  termes  de  poésie,  clause  est  un  couplet,  une 
strophe.  «  Nota  que  je  ne  mets  point  de  différence 
«  entre  clause,  couplet,  et  baston,  pour  ce  que 
«  clause,  et  couplet  se  appellent  baston  en  Puy 
(composition  pour  les  prix  desPuysNostre-Dame).  » 
(Fabri.  Art.  de  rhélor.  liv.  II,  fol.  30.)  (7) 

^  Clause  est  pris  pour  clôture,  dans  une  Ord. 
T.  V,  du  Recueil,  p.  704,  puisque  féditeur  avertit 
qu'il  faut  entendre  clos,  enclos;  il  conjecture  même 
qu'il  faadroit  restituer  euclos. 

"^  Clause  éloil  aussi  une  sorte  de  poisson,  qu'en 
gascon  on  nomme  cola,  suivant  Du  Gange,  au  mot 
Colacus.  Alors,  c'est  une  faute  pour  alause,  alose  (8). 

Clausele.  [Intercalez  Clausele ,  réserve,  ex- 
ception :   «   Desqueies  choses  les  loys   du    franc 


(  l)  Il  signifie  encore  résultat  :  «  Oncques  li  rois  de  Cipre  ne  peult  aultre  cose  impétrer  dou  roy  d'Engleterre  ne  plus 
grant  clarté  de  son  voiage,  fors  tant  que  tout  dis  fu  il  liement  festijés.  »  ("Froissart,  VI,  385.)  (N.  E.) 

(2)  Le  mnt  est  dans  la  Chanson  de  Roland  (v.  1432)  :  «  N'i  ad  clartet  se  li  ciels  nen  i  fent.  »  (N.  E.) 

(3)  Cette  forme  se  trouve  dés  le  xii'  siècle  dans  R.  Wace  :  «  N'out  chapelle  en  la  ville  où  il  eust  clochier,  Ou  li  glas  n'en 
sonnast  pour  le  roy  essaucier.  »  (Du  Gange,  II,  379,  col.  3.) 

(4)  Cette  forme  ne  se  trouve  qu'au  xiv  siècle  dans  Bercheure  (fol.  44,  recto)  :  i  Le  consul  a  fet  fere  silence  en  sonnant 
le  clas  à  ce  acoustumé.  »  (n.  e.) 

(5)  On  prononçait  tjlais  au  xvil«  siècle,  que  Richelet  préfère  à  ojas.  (N.  E.) 

(6)  On  lit  au  reg.  138,  p.  115,  an.  1389  :  «  Cultellus  magnus,  gallice  à  clau.  »  (N.  E.) 

(7)  On  lit  dans  Thomas  de  Cantorbery  (166)  ;  «  Li  vers  est  d'une  rime  en  cinc  clauses  cuplez  :  Mis  langages  est  bons  ,  car 
en  France  fui  nez.  »  (n.  e.) 

(3)  Maigret,  dans  son  traité  de  grammaire  (xvi«  sièclet,  appelle  clause  la  proposition ,  comme  renfermant  une  pensée 
parfaitement  terminée  ;  clause  signifiait  déjà  sentence  au  xw  siècle  (Girart  de  Rossillon,  v.  536)  :  «  Tant  chief,  tantes 
sentences  :  chascun  en  dist  sa  clause.  »  (N.  E.) 


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CL 


«  maiiileiioit  tondis  le  contraire  par  unu  clausele 
«  générale,  contenue  oudil  keurbrief,  laquelle  dist 
«  que  de  luule  chose,  dont  mention  n'est  faite 
«  audit  keuibiief,  doit  eslre  droits  eclievinages  : 
«  par  hKiuelle  c/rtHs<'/e...  »  (Ch.  de  1323,  Du  Gange, 
11,388,  col.  1.)](n.e.)- 

Claiisenieiit,  adv.  Expressément.  >'  Estoyent 
«  nommés  eslioictement,  et  clauwment  en  la  dicte 
«  charte  aliii  que  de  nul  cas  préjudiciable  ne  se 
«  peussent  excuser.  »  (Froissart,  liv.  IV,  foi.  58.)  (1) 

Clausiou,  Ruhsl.  féin.  ïeime  de  procédure. 
Appoinlenient  de  cause.  (Laur.  (iloss.  du  Dr.  fr.) 

Clausporte,  snbst.  Jem.  Cloporte.  Sorte  d'in- 
secte, (Dict.  de  Borei.)(2) 

VARIANTES  : 
CLAUSPORTE.  Dict.  de  Borel. 
Clolporte. 

Claustier,  adj.  Claustral. 

VAIUANTES  : 
CLAUSTIER.  Cotgrave,  Dict. 
Claustrieu.  Rabelais,  T.  I,  p.  189. 

Claiistr,  subst.  inasc.  Gage.  Mot  du  patois 
breton  (3). 

VARIANTES  : 
CLAUSTR.  Du  Cange,  au  mot  Claitstrum. 
Claustre.  Id.  ibid. 

Claustreux,  adj.  Claustral. 

Ja  devine  qu'il  fut  clntistrciix, 
Chief  de  martel  d'orfaverie. 

Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  247,  col.  2. 

Clausuler,  verbe.  Comprendre  dans  un  traité. 
Dans  les  clauses  d'un  traité.  C'est  en  ce  sens  qu'on 
lit,  au  sujet  du  libre  exercice  de  religion  demandé 
par  les  catholiques:  «  Au  lait  de  libres,  puisque 
«  vous  scavez  ce  qu'avons  consenty,  vous  ne  serez 
<>  scrupuleux  à  leur  chaitsukr,  à  leur  contente- 
"  ment.  »  (Négotiations  de  ,Ieann.  T.  1,  p.  53.) 

Clausure,  subsl.  fém.  Exclusion,  prohibition. 
En  latin  clansum,  dans  la  Règle  de  S'  Bern.  lai.  fr. 
Ms.  de  Beauvais,  ch.  G  (4). 

Claux,  subst.  masc.  Claude.  Nom  propre. 

David  le  roy  loyal, 

Ne  Salemon,  Alixandre,  ne  Claux  (5), 
JuUes  Cezar,  etc. 

Eust.  Desch.  Tocs.  MSS.  fol.  1-87,  col.  3. 

Clavain.  [Intercalez  Clavain,  haubert  : 

Car  desmaillié  et  desrompu 
Sont  lor  escu  et  lor  clavain. 

Henart  le  Nouvel,  t.  IV,  y.  668. 


Clavains,  broines  fors  e  massices. 

Chr.  dus  Jucs  de  Norm.,  v.  37.*!, 

Veslus  ont  los  clavains  et  les  obiers  coterels. 

Koniaii  de  l'Escouftle.  fol.  83,  V'. 

C'est  un  dérivé  de  clavet,  anse,  anneau.]  (n.  e.) 

Clavaire,  subst.  masc.  Gardien  des  clefs*. 
Officiel'  public  ^.  Concierge,  pjrtier  •=.  Nom  de 
famille  °. 

*  Le  premier  sens  est  la  signification  propre  de 
ce  mot  formé  du  latin  clavis,  clef,  et  celle  que  lui 
donne  Oudin. 

Au  figuré,  on  a  employé  indistinctement  ce  mol, 
pour  tous  officiers,  receveurs  du  domaine  (0),  Iréso- 
riers  de  France  et  autres  qui  sontchargés  de  la  garde 
de  titres,  archives, etc.,  ou  autre  dépôt  ;  même'pour 
gardien  d'une  maison,  le  concierare,  le  portier,  etc. 

^  Clavaire  semble  désigner  un  officier  public  ou 
de  justice,  dans  ce  passage  :  «  Nous  ordonnons,  et 
''  voulons  que  les  prothocoles,  et  extensoires  (pour 
«  ostensoires)  des  notaires  de  nos  terres,  et  juri- 
«  dictions,  soudain  advenue  la  mort,  et  décès 
«  d'iceux,  seront  respectivement  reliiez  par  les 
«  bayles  (baillisl  des  lieux  de  noslre  diele  jurisdic- 
«  lion,  desquels  voulons  que  soit  faict,  par  notre 
«  clavaire,  inventaire  contenant,  elc.  "  (Coût,  de 
Bueil,  Nouv.  Coût.  Gén.  T.  II,  p.  r242.) 

'^  On  a  aussi  nommé  clavier  non-seulement  des 
officiers  chargés  du  dépôt  de  litres  et  d'archives, 
mais  même  de  simples  concierges  ;  «  Entra  en  une 
<•  garderobe  ou  sa  femme  éloit,  le  clavier,  et  deux 
«  varlels,  et  mangeoient,  et  rigoloienl,  etc.  »  (La 
Tour,  Inslruct.  à  ses  filles,  fol.  4.)  Ce  mol  paroit 
employé  dans  un  sens  plus  noble,  en  ce  passage  : 
«  Le  comte  de  Provence  l'avoil  conslilué  clavcre 
«  de  son  chasleau,  ayant  la  garde  des  clefs  de  la 
"  ville.  >'  (J.  de  Notre-Dame  des  Poët.  prov.  p.  l'29.) 

On  a  même  donné  à  saint  Pierre  le  titre  de  très 
glorieuLic  clavier  de  paradijs.  (J.  d'Aulon,  Ann.de 
Louis  XII,  fol.  56.)  Dans  les  Epilhèles  de  M.  de  La 
Porte,  on  nomme  le  mois  de  janvier,  par  une  figure 
hardie,  le  clavier  de  l'an,  parce  qu'il  ouvre  l'année. 

°  Enfin,  clavaire,  ctavel  ou  clavier,  qui,  dans 
leur  origine,  désignoient  une  charge  de  la  chambre 
des  comptes,  devinrent  des  noms  de  famille. 
(Menestr.  Orn.  des  Arm.  p.  476.) 

variantes  ; 
CLAVAIRE.  Nouv.  Coul.  Gén.  T.  II,  p.  1233. 
Clavere.  j.  de  N.  Dames  des  Poëtes  prov.  p.  129. 
Cl.weri.  Id.  ibid. 

Cl.wier.  Le  Chev.  de  la  Tour,  Instr.  à  ses  filles,  fol.  4. 
Clavel.  Ménest.  Ord.  des  Arm.  p.  476. 


(1)  M.  Kervyn  (XIV,  160')  imprime  :  «  Et  par  espéclal  Perrot  le  Bernois,...  estoient  nommés  estroittement  et  closement  en 
la  dilte  chartre.  »  Il  signifie  encore  dans  la  retraite  :  «  Saint  Silvestre  ne  chevaucha  pas  à  deuz  ou  trois  cens  chevaux  , 
mais  setcnoit  moult  simplement  et  closement  à  Rome.  »  (XI,  256.)  (N.  E.) 

(2)  On  lit  dans  Paré  (XIX,  16)  ;  «  Une  beste  semblable  à  un  cloupoi-te,  que  les  Italiens  appellent  porccleti.  v  Dans  0.  de 
Serres  (012)  :  «  Cloopovles,  autrements  pouroelets  de  Saint  Antoine.  »  (N.  e.)  ' 

(3)  Ed.  Honschel,  t.  II,  387,  col.  3  :  «  Armoricanis  claustr  vel  claustre  est  pignus.  »  (N.  E.) 

(4)  Calvin  donne  la  forme  clausule  (56)  ;  «  Par  quoy  l'apostre,  disent-ils,  comprend  tout  ceci  par  une  clatisttle  ,  qu'il  faut 
que  tous  comparoissent  devant  le  siège  judicial  du  fils  de  Dieu.  »  (N.  E.) 

(5)  Pourquoi  mettre  Claude  en  compagnie  de  héros,  quand  il  est  synonyme  de  Jeannot  ?  (N.  E.) 

(6)  Il  était  surtout  employé  au-delà  de  la  Loire.  On  fit  aux  statuts  du  Dauphiné  (Du  Canye,  II,  382,  col.  1)  :  «  Quantes  fois 
que  ung  clucaive  greffier,  fermier  et  autre  créditeur  voudra  faire  compellir  ung  ou  plusieurs  débiteurs.  »  C'est  un  receveur 
au  reg  JJ.  197,  p."41,  an.  1463  ;  «  Item  commettent  et  ordonnent  les  diz  conseillers  ung  receveur  ou  clavaire,  qui  est  tenu 
lever  l'argent  que  les  diz  conseillers  mettent  sus,  tant  pour  nous  que  pour  les  affaires  de  la  dite  ville.  »  (N.  E.) 


CL 


45 


CL 


Clavairie.  rinierc;ilez  Clavairie ,  recette, 
comme  clavaire^esl  un  receveur:  «  Tout  ce  que 
'<  trouvères  par  nous  ou  nos  prédécesseurs  avoir 
.'  été  baillé,  transporté  et  aliéné,  faites-le  réunir  et 
'■  remettre  aux  leceples  et  clavairies  ordinaires, 
"  en  cliargeant  les  clavaires  d'en  l'aire  recepte  et 
•  entrée  doresnavant  comme  par  le  passé  a  esté 
"  accoustumé  de  faire.  »  ^^Charte  d'Aix,  an.  1462, 
Du  Gange  sous  clavaria.)]  [s.  e.) 

Clave.  [Intercalez  Clave,  massue:  «  Item  se 
«  auscuiis  a  esté  férus  de  clave  mortel,  se  il  ne 
«  meurt  du  cop  doit  estre  fait  amende.  >•  (Libertés 
de  Màcon,  JJ.  77,  p.  111,  an.  1346.)]  (n.  e.) 

Clavé,  adj.  On  appeloit  tornois  clave:.  une 
espèce  de  monnoie  : 

Trop  auroie  petit  conquest 
A  jouer  à  vous,  ce  me  semble; 
Qar  andui  n'avez  mie  ensamble 
Qui  vaille  dix  tornois  clavez  (1). 

Fabl.  MSS.  du  R.  n»  1-218,  fol.  235,  R°  col.  2. 

Clavel,  snbst.  nuise.  Clou  (2). 

VARIANTES  : 
CLAVEL.  Borel,  Labbe,  Gloss. 
Clave.\u.  Borel,  Dict. 
Cl.weaulx,  plut:  Rabelais,  T.  II,  p.  160. 

Claveler,  adj.  Cloué  *.  Orné  de  clous  °. 

*  Dans  le  premier  sens,  qui  est  le  sens  propre, 
on  a  dit  des  pieds  de  J.-C.  (|u'ils  étoient  clavelés  en 
la  croix.  (Mandevie.) 

^  Au  figuré,  on  a  dit  d'une  épée  que  «  le  dessus 
«  du  pommeau  étoit  clavclé  d'une  grosse  poiuie  de 
«  diamant.  »  (Alector,  Roman,  fol.  11.) 

Claveler,  verbe.  Clouer*.  Orner  de  clous  ^. 

*  On  trouve  ce  mot  employé,  dans  le  premier 
sens,  par  Rabelais,  T.  Ill,  prol.  p.  ix. 

^  Dans  le  second  sens,  voyez  Oudin,  Dict. 

Clavelle,  siibst.  fém.  Petite  clef. 

Que  XV  ans  n'ay,  je  vous  dis  : 
Moult  est  mes  trésors  jolis; 
S'en  garderai  la  clavelle  : 
Sui-je,  sui-je,  sui-je  belle. 

Eusl.  Desch.  Toës.  MSS.  fol.  174,  col.  1. 

Claver.  [Intercalez  Claver,  faire  une  levée, 
d'aprèsDu  Cange,ll,o8y,  col. 2:  «  C/awr  Dombenses 
«  dicunt  terrain  subigere,  quà  ager  aquis  oppositus 
"  conficitur.  »  Dans  une  charte  de  1335  (Hist.  de 
Leyde,  II,  421),  on  lit:  ■  Item  que  toutefois  que  ly 
«  voir  jurez  d'eauwe  planteront  staiches,  que  on 
'<  dist  clawiers.  >']  (n.  e.) 


Clavereleux.  [Intercalez  Clavereleux,  clavelé, 
dans  une  charte  du  Ilainaut  de  1265  (Du  Cange,  II, 
383,  col.  1):  >■  Le  brebis,  mais  k'ille  ne  soition- 
«  gneuse  ne  clavereleuse,  ne  tourniche.  »]  (n.  e.) 

Claveler.  [Intercalez  Claveler,  frapper  à  une 
porte  (JJ.  158,  p.  133,  an.  1403):  .<  Iceulx  frères 
>'  revindrent  audit  huis  que  ilz  trouvèrent  fermé, 
«  et  commencèrent  à  claveler  fort;...  et  ne  ces- 
«  serenl  point  de  claveler  et  hucher.  ■■]  (.n.  e.) 

Claveuche.  [Intercalez  Claveuche,  clou  d'or- 
nement: "  Un  ayneau  d'or,  quatre  frans  d'or, 
«  environ  trente  ou  quarenle  cluveuches  de  deux 
"  deniers  la  pièce.  ••  (JJ.  129,  p.  25,  an.  1380. )](n.  e.) 

Claveure,  subst.  fém.  Serrure.  Oudin,  dans 
ses  Dict.  ital.  et  esp  donne  mal  le  sens  de  ce  mot. 
11  traduit  inchiodatura  en  italien,  enclavadura  en 
espagnol,  encloueure.  Les  passages  suivans  prou- 
vent que  la  vraie  signification  de  claveure  est 
serrure.  «  Clefs  desquelles  il  ouvroit  à  trente  et 
«  deux  claveures  {^),  et  quatorze  cathenatz,  une 
«  fenestre  de  fer  bien  barrée.  >-  (Rabelais,  T.  IV, 
p.  206.)  On  lit,  ibid.  T.  III,  p.  130  :  «  Plus  rouillé 
que  la  claveure  d'un  vieil  charnier.  »  (Voy.  Faifeu, 
p.  30,  et  le  Dict.  de  Cotgrave.) 

Claveurier.  [Intercalez  Claveurier,  serrurier 
an  leg.  JJ.  142,  p."^13G,  an.  1391  :  «  Ledit  Perrotin 
«  et  un  autre,  par  l'aide  d'un  claveurier  ou  ser- 
«  rurier,  ont  desrobé  ledit  Jacques  de  la  somme  de 
<'  neuf  cents  escuz.  »  Au  reg.  JJ.  188,  p.  91,  an. 
1459  :  «  Et  se  print  icellui  claveurier  à  besongner 
«  ù  la  façon  desdiz  mai  teaulx.  »]  (n.  e.) 

Clavier.  [Intercalez  Clavier,  portier  au  reg. 
92,  p.  225,  an.  1363:  «  Lesquels  boutèrent  hors 
«  ledit  chastel  le  clavier  ou  portier  qui  en  icellui 
»  estoil.  "  Voyez  plus  haut  Clavaire  ]  (n.  e.) 

Claviere,  adj.  au  fém.  Qui  est  à  clef.  (Voyez 
Epitli.  de  M.  de  La  Porte.) 

Clavilliere,  subst.  fém.  Le  claveau.  Maladie 
des  moutons.  Claviliere  est  du  langage  genevois. 
On  trouve  dans  Ronsard,  Hymne  à  S'  Biaise  :  tac 
et  clavelée. 

variantes  : 

CLAVILIERE.  Journ.  des  Sçav.  may  1745,  p.  912. 

Cl.welée.  Oudin,  Dict.;  Pathelin,  p.  73  (4). 

Clavèe.  Nicot,  Dict. 

Clavin  (5),  subst.  masc.  Partie  d'une  armure. 
C'etoit  celle  qui  se  mettoit  sous  le  haubert  et  par 


(1)  Dérivé  de  clavus,  clou  ;  nous  dirions  «  dix  liards  percés.  »  Dans  Robert  le  Diable  (Du  Cange,  I,  795,  col.  1),  il  a  le  sens 
de  ferré  ;  «  Ses  escus  qui  bien  est  clavcs  Ne  fust  il  mie  mieulx  froés.  »  (N.  E.) 

(2)  Ce  sont  aussi  les  anneaux  du  c/ai'tu/i,  du  liaubei-t  ;  «  N'i  a  broine  si  fort  clavel  Qui  vers  sa  lance  ait  garantise.  » 
(Chr.  des  ducs  de  Normandie,  v.  1258.)  On  lit  encore  au  Roman  de  Vespasien,  fol.  83,  recto  :  »  Et  très  qu'il  est  armés  del 
hauberc  à  clavel.  »  On  di^ait  même  hanap  à  c-/cii'e/  ;  «  Li  variés,  qui  tenoit  un  hanap  à  clavel.  »  (.Brun  de  la  Montaigne, 
v.  188().  p.  p.  P.  Meyer  pour  la  Société  des  Anciens  Textes  Français.)  M.  Meyer,  au  vocabulaire,  renvoie  au  vers  3053  et  non 
au  vers  1886,  puis  écrit  :  Hanap  à  anse,  «  a  claspe,  hook,  or  buckle,  »  Cotgrave,  sous  claveau.  Un  hanap  d'or  à  claveau, 
sans  pied,  est  mentionné  dans  le  Gloss.  des  Emaux  de  M.  De  Laborde,  sous  hanap.  »  (n.  e.) 

(3)  «  Avec  ce  rompistes  la  c/auc'îo-e  de  ma  huche  et  emportastes  nostre  argent...  Le  suppliant  avecques  une  doelle  de 
pippe  rompit  le  morillon  de  la  claveure  de  la  huche.  »  (JJ.  163,  p.  36,  an  1408.)  On  lit  encore  au  reg.  167,  p.  179,  an.  1413  ; 
«  Le  suppliant  rompit  le  moraiUes  de  ladite  claveure  e  l'escrousson  d'une  pince  de  fer.  »  (n.  e.) 

(4)  Au  v.  1096;  «  Et  puis  je  lui  fesoie  entendre,  .\ffni  qu'il  ne  m'en  peust  reprendre,  Qu'ils  mouroient  de  clavelée.  »  (n.  e.) 

(5)  Voyez  plus  haut  ctavam.  (n.  e.) 


CL 


—  m 


CL 


dessus  le  pourpoint.  On  lit,  en  parlant  de  Roland, 
;"\  la  bataille  de  Roncevaux  : 

Et  puis  apriès  tant  si  s'efforce, 
Qu'il  le  desmaille  le  haubiere, 
Et  puis  li  fait  un  autre  raiera 
Que  le  clavins,  et  le  pourpoint, 
Li  a  transpercié,  et  despoint,  etc. 

Ph.  Mouskes,  p.  190. 

Dans  Du  Gange,  Gloss.  latin,  au  mot  Coterelli, 
col-  1129,  on  lit  cette  citation  du  Roman  de  la  prise 
de  Jérusalem  par  Titus  : 

Vestu  ont  les  clavains,  et  les  longs  coteriaux. 

VARIANTES   (1)  : 
CLA.VIN.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  i'JO. 
Clavain.  Du  Cange,  au  mot  ColerelU. 

Clavonné,  partie.  Cloué.  Il  semble  que  ce  soit 
le  sens  de  ce  mot,  dans  ce  passage  :  «  Mettes  vostre 
«  huon  sur  une  bute  assés  haultes,  et  doit  estre 
«  sur  ung  baston  fourché,  clavonné,  qu'elle  se 
••  puisse  seoir.  «  (Modus  et  Racio,  fol.  84.) 

Clavure,  suhst.  fihn.  <•  Tout  se  mesure  par 
«  nombre  de  pieds,  à  rapporter  à  la  verge  ;  à 
«  laquelle  verge  on  doit  tant  adjouster  de  pieds, 
»  qu'elle  contienne  vingt  pieds  de  clavure.  «  (Bout. 
Som.  Rur.  p.  367.) 

Clawier.  [Intercalez  Clawier,  pieu  (voir  la 
citation  sous  claver).]  (n.  e.) 

Clayel,  subst.  niasc.  Clôture.  Peut-être  le  gril- 
lage qui  renferme  une  pêcherie.  On  lit  :  «  Closuram 
«  piscarie  vocatam  claijel  »,  dans  le  Très,  des  Chart. 
(Reg.  81,  Pièce  1,  octobre  1351.) 

Glayer,  subst.  masc.  Claye.  «  S'il  y  a  bourbe 
«  qui  nuise  à  passer,  en  ce  cas  il  fauldroit  porter 
«  des  claiers,  ou  des  fagotz.  »  (Le  Jouvenc.  fol.  28.) (2) 

Cledat,  subst.  7nasc.  Enclos  (3).  Ce  mot,  dans  le 
patois  de  Béarn,  signifie  proprement  une  étendue 
de  terrain  entouré  de  fossés  ou  de  pieux,  où  l'on 
fait  paître  des  bestiaux.  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 

Clede,  subst.  Claye.  Mol  gascon  (4)  ou  languedo- 
cien, sur  lequel  il  faut  voir  Du  Cange,  Gloss.  lat. 
aux  mots  Clcdal,  Cleida,  et  Gaseneuve,  Orig.  de  la 
langue  fr. 

VARIANTES  : 
CLEDE,  Cledo. 


Clée,  subst.  féru.  Claye  *.  Le  dessus  de  la 
main  °. 

*  On  a  dit,  au  premier  sens  : 

11  me  faut  couchier  sur  l'estrain, 
Et  faire  couste  d'une  cloie. 

Eust.  Desch.  Poês.  MSS.  fol.  238,  col.  4. 

Traisné  sur  cloijes  noires  (5)  désigne  une  peine 
ignominieuse,  dans  la  Jaille,  du  Champ  de  Bat. 
fol.  G5,  R°.  Le  P.  Labbe,  Gloss.  p.  496,  dit  :  Cloie, 
ou  creil,  crûtes. 

On  lit,  en  parlant  des  boucliers  que  l'on  tenoit 
serrés  les  uns  contre  les  autres,  comme  des  clayes  : 

Devant  euls  les  ourent  levez 
Come  cleez,  joint,  et  serrez. 

Rom.  ie  Rou,  MS.  p.  323. 

^  Comme  le  dessus  de  la  main  ressemble,  en 
quelque  sorte,  à  une  claye,  par  les  nerfs  et  mus- 
cles, on  s'est  servi  du  mot  cloije  (6),  pour  le  dessus  de 
la  main.  «  Elle  vous  donne  à  baiser  la  cloye  de  sa 
«  main.  »  (Percef.  Vol.  V,  fol.  75.)  On  écrivoit  aussi 
cloe,  et  nous  lisons,  en  parlant  de  la  manière  de 
porter  le  faucon  sur  le  poing,  qu'il  ne  faut  pas 
qu'il  soit  sur  la  cloe  de  la  main,  ne  dedens.  (Modus 
et  Racio,  ms.  fol.  111.) 

VARIANTES   (7)    : 
CLÉË.  Nicot,  Borel,  Dict. 
Clés,  plur.  Chasse  de  Gast.  Phéb.  MS.  p.  311. 
Clie.  Cotgr.  Mém.  de  Montluc,  T.  I,  p.  26  (8). 
Cr.YE  (9). 

Cloue.  Modus  et  Racio,  fol.  69.  R». 
Cloe.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  111,  R°. 
Cloie.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  238,  col.  4. 
Cloye.  Nicot  et  Du  Cange,  aux  mots  Cleia  et  Clncn. 

Clei,  subst.  fém.  Clavicule*.  Jeu^.  Instrument 
pour  monter  une  arbalète '^.  Instrument  pour  ouvrir 
une  porte".  Secret,  moyen  ^. 

*  Clef{\0)  a  signifié  autrefois  cetos  que  nous  nom- 
mons clavicule.  «  Un  roy  ayant  eu  un  os  de  l'es- 
»  paule,  nommé  la  clef  rompu,  dit  au  chirurgien 
«  qui  ne  cessait  de  lui  demander  grand  salaire  ; 
<•  prends  en  autant  que  tu  voudras,  puisque  tu  as 
«  la  clef;  le  raillant  par  ce  mot  omonide  (syno- 
«  nyme)  clef.  «  (Div.  Ley.  de  Du  Verd.  p.  506.) 

^  Il  y  avoit  le  jeu  des  clefs,  ou  les  clefs,  jeu 
encore  en  usage  parmi  les  écoliers  (11).  (Voy.  Le 
Duchat,  sur  Rabelais,  T.  I,  p.  141.) 

'^  On  disoit  clef  de  la  détente  d'une  arbalesle, 
pour  désigner  la  clef  qui  servoit  à  la  monter.  (Percef. 


(1)  Dans  Agolant,  on  lit  clauen  ou  claven  (p.  181,  col.  1);  «  Claven  ot  bon  et  hiaume  peint  à  Hors.  »  (.v.  E.) 

(2)  Nous  avons  la  forme  féminine  clayère,  parc  à  huitres.  (N.  E.) 

(3)  Le  mot  subsiste  comme  nom  de  famille.  (N.  K.) 

(4)  C'est  un  nom  de  heu  dan.';  le  département  du  Gard,  commune  de  la  Grand'Combe.  On  lit  aussi  au  reg.  JJ.  194,  p. 
an.  1466  :  «  Le  suppliant  portoit  une  clede  ou  claye  qu'il  avoit  faitte.  »  (n.  e.) 

(5)  On  traînait  sur  la  clcne  les  cadavres  des  duellistes,  des  suicidés  et  des  condamnés  à  mort.  (n.  e.) 

(6)  Voyez  rlaie.  (N.  e.) 


217, 


(7)  On'lit  encore  au  reg.  .1J.  196,  p.  276,  an.  1470  :  «  La  clnije  ou  clide  du  champ  de  myl.  »  (N.  E.) 

le  employée  par  d'Aubigné  (Hist.,  m,  226):  «  Les  commissaires  de  l'artillerie, 


(8)  C'est  aussi  la  forme 
chemins,  eurent  quelquefois  "la  peine  de  faire  cheniiner  demie  lieue  l'artillerie  sur  des  clies.  »  (n.  e.) 

(9)  «  Le  suppliant  s'enfouit  audit  villaige  jusques  au  dedans  d'une  clye  près  et  au  rez  des   maisons, 
an.  1464.)  (n.  e.) 

(10)  Il  vaudrait  mieux  écrire  claie  ou  cloie:  «  El  n'a,  ce  semble,  point  de  ventre  ,  Que  tout  le  pis., 
l'eschine.  »  (La  Rose,  10210.)  (n.  e.) 

(11)  On  lit  aux  Contes  de  Cholières  (fol.  174)  :  «  Ils  passeront  deux  ou  trois  heures  à  jouer  au  flus  , 
condemnade,  au  trou  madame,  à  la  clef,  à  remue  ménage.  »  (N.  E.) 


à  cause  des  mauvais 


»  (JJ.  199,  p.  519, 
.  Pent  à  la  cloie  de 
à  la  séquence ,  à  la 


CL 


-  47  — 


CL 


Vol.  IV,  fol.  2'2.)  (1)  On  en  trouve  la  figure  dans  le 
P.  Daniel.  (Mil.  Fr.  T.  p.  ÂA2.) 

Tendent,  et  encochent  errant  ; 
En  haste  vent  les  clés  serrant. 
Cordes  font  leur  quarriaus  baler. 

G.Guiart,MS.  fol.SOI,  R'. 

°  Clef,  pour  instrument  à  ouvrir  une  serrure,  se 
dit  encore  ;  mais  jadis  il  s"est  quelquefois  écrit 
clerf.  «  Les  clerfs  des  chaisnes  qui  sont  derrière  les 
"  portes,  et  guidiez  de  la  ditte  ville.  »  (Ord.  T.  III, 
p.  664.) 

^  C'est  de  cette  acception  propre  que  dérive  celle 
de  clef,  pour  secret,  moyen.  On  disoit  figurément 
en  termes  de  chasse  :  «  C'est  la  clefûu  mestier  que 
«  d'avoir  pingons  bien  appellans  en  la  ligne,  et  es 
«  caagettes.  »  (Modus  et  liacio,  ms.  fol.  186.)  (2) 

Il  nous  reste  à  citer  les  principales  façons  de 
parler  anciennes  et  hors  d'usage,  oîi  le  mot  clef  est, 
employé  dans  l'acception  subsistante  : 

1°  Clef  des  cloches.  Les  consuls  de  Montpellier, 
qui  s'étoienl  révoltés  en  1.370,  apportèrent  au  duc 
d'Anjou,  pour  marque  de  leur  repentir,  »  les  clefs 
"  (les  cloclies,  et  le  bataict  ibattant)  de  la  cloche, 
"  desquieulx  ils  avoient  sonné  le  triquenehan  (toc- 
sin). »  (Chron.  S'  Denis,  T.  lU,  fol.  46.) 

J'aurois  pu  omettre  celte  expression,  qui  certai- 
nement est  une  faute;  car  on  lit  dans  le  même 
passage  de  la  Chron.  fr.  ms.  de  Nangis  :  «  Les  clefs 
>•  des  portes,  et  le  balel  de  la  cloche  dont  l'en  avoit 
«  fait  le  touquesin.  » 

2°  Clef  mailresse,  autrement  clef  de  confiance. 
Peut-être  la  clef  de  la  cassette  ou  du  trésor  '  ;  roi 
Philippe  II  (3).  Touchant  ;'i  son  dernier  moment,  le 
prince  héréditaire  «  dit  t'i  Christophle  de  Mira,  qui 
"  est-ce  qui  tient  la  clef  mailresse?  C'est  moy, 
'<  monseigneur,  respondit-il  ;  donnez  la  moy,  dist 
>'  le  prince.  Voslie  Altesse  me  pardonnera,  dit 
■  Christophle  de  Mira  ;  c'est  la  clef  de  confiance.  » 
(^Brant.  Cap.  Eslr.  T.  II,  p.  108.) 

3»  Avoir  la  clef  des  cliaiiips.  Façon  de  parler 
encore  usitée  parmi  le  peuple,  pour  signifier  être 
mis  en  liberté,  On  la  trouve  dans  J.  Chart.  Hist  de 
Charles  VII,  p.  266  (4).  (Ess.  de  Mont.  T.  I,  p.  168,  etc.) 

4°  Avoir  la  clef  signilioit  gouverner. 


la  clef  de  France  avoit  ; 

N'estoit,  ne  dus,  ne  conte,  se  l'encontraisse  en  voie, 
Se  je  le  saluaisse,  qui  n'en  eust  grant  joie. 

Fabl.  MSS.  Ju  P..  n-  7218,  fol.  2i5,  R-  col.  », 

5°  Etre  clef  et  serrure,  pouvoir  tout,  être  tout- 
puissant. 

Il  estoit  clef  el  serreurc  : 

De  tout  le  réaume  avoit  la  cure. 

Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauvd,  fol.  82. 

6°  Prester  lesclefs.  C'étoit  prêtera  un  prisonnier, 
relâché  sur  sa  parole,  de  quoi  recouvrer  entière- 
ment sa  liberté,  en  payant  sa  rançon.  Bertrand 
Duguesclin,  ayant  été  fait  prisonnier,  dit,  en  par- 
lant de  lui-même  :  «  J'auray  tost  payé,  si  je  suis 
«  délivré,  et  tel  espargne  le  sien,"  et  fa  bien 
«  enfermé  qui,  pour  moy  aidier,  m'en  prestera  les 
«  clefs.  «  (Hist.  de  B.  Duguescl.  par  Mén.  p.  299.) 

7°  Pimir  avec  la  clef  semble  mis  pour  punir  en 
marquant  d'un  fer  rouge  :  »  Si  quelque  sentence 
"  estoit  reformée,  cl  mise  au  néant,  pour  cause  de 
«  faux  tesmoignage  des  hommes,  des  eschevins, 
«  d'arbitre,  et  d'autres,  les  moins  particuliers,  ils 
«  seroient  punis  avec  la  clef.  »  (Coût,  de  Cassel, 
au  Nouv.  Coût.  Gén.  T.  I,  p.  708.)  On  trouve  un 
exemple  de  cette  punition  dans  la  Coût,  du  Pais  du 
Franc,  p.  605. 

S"  Lesclefs  le  roy{:>).  C'est  le  droit  de  faire  enfoncer 
une  porte  par  la  voie  de  la  justice,  lorsqu'on  refuse 
de  l'ouvrir.  «  Toutes  les  fois  que  l'en  va  penre 
«  (prendre)  pour  dele,  par  jusliche;  etchil,  ou  chele 
«  seur  (sur)  qui  l'en  va  penre,  ne  vient  debonnaire- 
«  ment  monstrer  ses  choses,  ainçois  (mais  au  con- 
«  traire)  tient  ses  huis  clos  contre  la  volenté  de 
«  justiche,  les  clefs  le  ro)/ doivent  estre  fêtes;  ch 'est 
«  îi  dire  li  serjans  puet,  et  doit  biisier  che  que  l'en 
«  ferme.  »  (Beauiminoir,  p.  28.5.) 

9"  Jet  ter  ou  mettre  les  clefs  sur  la  fosse  (6)  se 
disoit  pour  renoncer  à  la  succession  d'une  per- 
sonne morte.  (Oudin,  Cur.  fr.)  Cette  renonciation 
se  faisoit  en  jetant  effectivement  les  clefs  sur  la 
fosse  du  mort  :  ^  En  commun  langage,  quand  nous 
«  voulons  dire  qu'une  femme  a  renoncé  à  la  com- 
«  munauté  de  son  mary  et  elle  nous  disons  qu'elle 
«  a  jnis  les  clefs  sur  la  fosse  :  qui  me  fait  dire 
«  qu'avec  la  renonciation  judiciaire,  il  falloit  encore 


(1)  «  Il  n'y  failloit  ne  corde  ne  clef  pour  la  descocher.  »  Cette  clef  devoit  servir  aux  arbalètes  à  cric  ,  où  la  tension  est 
produite  par  un  petit  cric  fixé  à  larbrier.  (n.  e.) 

(2)  On  a  dit  aussi  au  sens  de  passage  qui  permet  d'envahir  un  pays  :  «  Se  vous  laissiés  caste  bonne  chité  de  Berwich  et 
ce  bel  castel  de  Rosebourch,  qui  sont  sus  marche  et  clef^  de  vostre  pays  à  rencontre  del  royaume  d'Escoche.  »  (Froissart. 
II,  250.)  Ce  sens  est  dans  la  Chronique  de  Rains  (89)  ;  «  tiamiette...  li  clés  de  la  terre.  »  (N.  E.) 

(3)  En  Espagne,  on  nomme  gentilshommes  de  la  clef  d'or,  les  grands  officiers  qui  ont  droit  d'entrer  dans  la  chambre  du 
prince  et  portent  une  clef  d'or  à  la  ceinture,  (n.  e.) 

(4)  'Voici  la  citation  .  «  Quant  aux  autres  qui  ne  se  peurenl  sauver  assez  à  temps  dans  iceUe  ville,  ils  prirent  les  clefs  des 
champs  àl'adventure,  les  uns  par  eaue  et  les  autres  par  terre.  »  Machaut  (p.  113)  avait  déjà  dit  :  «  Se  tu  pues  sentir  ou 
veoir  Que  tes  ennemis  asseoir  En  bourc,  en  chastel  ou  en  ville  Te  veillent,  aie  tant  de  guille,  Qu'adès  aies  la  clef  des 
chans.  «  (n.  E.) 

(5)  On  lit  dans  Joinville,  au  moment  où  il  demande  aux  Templiers  de  l'argent  pour  la  rançon  de  S'  Louis  (§  384)  :  «  Et  je 
regardai  une  coignie  qui  gisoit  illec  ;  si  la  levai  et  dis  que  je  feroie  la  clef  le  roy.  »  (n.  e.) 

(6)  Après  la  mort  de  Philippe-le-Hardi  «  renonça  la  duchesse  Marguerite  sa  femme  de  ses  biens  meubles  pour  la  double 
qu'elle  ne  trouvast  trop  grands  debtes,  niettant  sur  sa  représentation  sa  ceinture,  avec  sa  bourse  et  les  clefs,  comme  il  est 
de  coustume.  »  (Monslrelet,  I,  17.)  On  lit  dans  Du  Cange  ,  II  ,  385 ,  col.  1  :  «  Apud  nostros  soient  viduas  claves  et 
cingulum  supra  mariti  defuncti  corpus  projicere ,  in  signum  quod  bonorum  communioni  nuntium  dant ,  ne  debitis 
exsolvendis  teneantur.  »  (Voyez  Coutumes  de  lleaux  (art.  53  et  54),  de  Lorraine  (t.  II,  art.  3),  MaUnes  (art.  8),  Melun 
(art.  187),  Chaiimont  (art.  7),  Vitry  (art.  9i) ,  Laon  (art.  16) ,  Châlons  (art.  30).  Voyez  aussi  Grimm  ,  Antiq.  du  droit 
germanique,  p.  176.  (n.  e.) 


CL 


48  - 


CL 


«  la  cérômoi  ic  extérieure  fies  clefs.  ■■  (Pasq.  Heoli. 
p.  3/ir.  -  Voyez  Favin,  Th.  d'honn.  T.  II,  p.  1807, 
et  le  Dict  de  Cotgrave.) 

VARIANTES  : 
CLEF.  Orth.  subsistante. 

Cleis.  s.  Bern.  Sprm.  fr.  MS.  p.  4;  en  latin  clavis. 
Clebf.  Ont.  T.  III,  p.  664. 
Clés.  G.  Guiart,  MS.  fol.  297,  R». 

Clementiii,  siilist.  masc.  On  désigiioit  sous  ce 
nom  ceux  (|ui  éloient  de  la  famille  ou  du  parti  du 
pape  Clément  : 

Et  pour  le  pape  Clément, 
De  ses  amis  mi?t  si  très  largement. 
Et  avança  par  devers  court  de  Rome, 
Que  Clementin  y  seront  longuement. 

Eu8l.  Uesch.  Tofs.  MSS.  fol.  153,  col.  t. 

Froissart,  parlant  du  sciiisme  entre  Urbain  \l  et 
Clément  Vil  (I),  sous  l'an  138:2,  ajoute:  ■>  Appelloyent 
«  les  François  les  Urbanistes,  tant  qu'en  "foy, 
■  chiens;  et  aussi  les  Urbanistes,  les  Clemen- 
lins  (t>).  »  (Froissart,  liv.  H,  p.  235.) 

Rabelais  parle  d'un  vin  qu'il  nomme  clementin 
(T.  IV,  p.  •i-28),  soit  que  Cd  fût  le  vin  d'une  vigne 
]irès  de  Bordeaux,  plantée  par  Clément  V,  et  qui, 
selon  Duchesne,  des  Antiq.  des  Villes,  liv.  111,  ch.  2, 
porte  encore  le  nom  de  Vigne  Clémentine,  soit  que 
ce  fût  un  vin  supposé  donné  à  l'Eglise  par  une  clé- 
mentine, comme  le  croit  Le  Duchat.  (Voyez  sa  note 
au  lieu  cité.) 

démentis.  [Intercalez  démentis,  chapelains 
de  l'église  de  Rouen,  londés  par  Clément  VI  (JJ.  111, 
p.  3-26.  an.  1372)  ;  au  testament  de  Charles  V  (1374), 
on  lit  encore:  >■  [les  messes]  doivent  estre...  dites... 
i<  par  douze  chapellains  de  laditte  église,  appelles 
«  les  Ckmentis.  »]  (n.  e.) 

Clenche,  suhst.  fém.  Loquet. 

En  le  cambre,  sans  plus  atendre, 
"Vint  à  s'ostesse  congié  prendre  : 
Le  clenke  sache;  lui  ouvri 
La  bele  dame,  etc. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  1989,  fol.  211.  V  col.  1. 

On  dit  encore  clenche,  en  Normandie,  et  les 
Champenois  disent  clencher  une  porte,  pour  l'ou- 
vrir en  lournanl  le  loquet.  (Falc.)  (3) 

VARIANTES  : 
CLENCHE,  r.orel.  Dict. 

Clenke.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7989,  fol.  211,  V»  col.  1. 
Clinche.  Dict.  Univ. 

Cler,  siibsf.  Espèce  de  fleur  jaune.  Peut-être 
réclaire  ou  chélidoine. 

Au  joly  may  que  clers  ont  figure  jaune. 

Perccf.  Vol.  I,  fol.  "S,  R'col.  5. 

VARIANTES  : 
CLER.  Arr.  Amor.  p.  140. 

Clere.  Chasse  de  Gast.  Phéb.  MS.  p.  103. 


t:!er.  [Intercalez  Cler,  sorte  d'étoffe  :  <■  La  mère 
«  de  laditte  Meline  bailla  une  cote  de  cler  qu'elle 
»  avoit  à  sa  dlle.  »  (JJ.  107,  p.  '217,  an.  1375.)]  (n.  e.) 

ClerCO,  adj.  Illustre*.  Clair  ^.  Certain  "=.  Pur, 
net".  Absous^.  Liquide^. 

*  Ce  mot,  formé  du  latin  clnrus,  en  a  autrefois 
retenu  la  signification,  que  nous  ne  lui  avons  con- 
servée qu'au  superlatif  c/flr?ssim(?.  On  disoii  autre- 
fois, en  ce  sens  :  »  Ellinde  digne  de  venir  avec  les 
«  femmes  très  clcres  en  cognoissance  publicque.  » 
(Hist.  de  Floridan,  p.  691.)  On  a  aussi  écrit  clerc, 
en  ce  sens.  (Petit  J.  de  Saiiitré.  p.  43.) 

^  C/cr,dans  le  sens  de  clair  (5),  brillant,  lumineux, 
s'est  dit  souvent.  (Voyez  Beauman.  p.  1  ;  Ord.  T.  1, 
p.  44,").)  De  là,  l'expression  faire  cler,  pour  éclair- 
cir.  «  Tout  ce  qui  obscur  luy  est,  je  face  cler,  et  le 
«  mette  au  net.  »  (Froissart,  liv.  III,  p.  262.)  Comme 
on  a  souvent  confondu  les  deux  orthographes  eler 
et  clerc,  on  a  écrit  :  aussi  clerc  que  le  Jour  (Arr. 
Amor.  p.  140\  pour  aussi  clair  que  le  jour.  De  même 
on  a  dit  arme  an  clerc,  au  cler,  ou  au  clair,  d'une 
armure  de  fer  poli,  sans  aucun  oi-nement,  ce  que 
l'on  appeloit  aussi  armé  à  blanc.  Froissart,  liv.  IV, 
p.  108,  dit  :  «  S'arma  tout  au  cler  et  à  l'estioit,  de 
"  toutes  pièce,  et  lit  son  pennon  développer  tant 
«  seulement,  dans  le  journal  de  Paris  »  (page  75). 
"  400  hommes  armés  au  clerc  (G).  »  (Voyez  Armés  à 
blanc,  au  mot  Blanc.) 

'^  Voir  clairement,  c'est  être  certain.  Cler  a  signifié 
certain.  «  Tout  autre  tel  est,  l'autre  print.  Si'dient 
«  aucunes  gens  ;  mais  je  ne  suis  mie  si  cler  corne 
»  de  l'.iutre.  »  (Assis,  de  Jérus.  p.  33.) 

°  Cler  s'est  dit  aussi  pour  pur,  net.  Ainsi,  on  lit 
clere  eau,  dans  Percef.  (Vol.  ill,  fol.  74.)  Nous 
disons  encore,  en  ce  sens,  eau  claire;  mais  il  faut 
remarquer  que,  dans  le  passage  indiqué,  traire 
clere  eau  signitle  tirer  des  éclaircissemens,  expres- 
sion figurée  alors  en  usage.  C'est  en  ce  même  sens 
qu'on  à  dit  le  cler  d'un  testament,  pour  le  montant 
net,  le  total  des  charges  et  legs.  (Coût,  de  Meaux, 
Coul.  Gén.T.  I,  p.  77.J 

^  L'idée  de  net  emporte  avec  elle  l'idée  d'absous. 
On  a  dit  cler,  en  ce  sens.  On  lit,  au  sujet  de  Pierre 
Craon  :  «  (Ju'il  couvenoil  qu'a  lusi  cler  eu  France, 
«  et  lui  fussent  pardonnes  tous  ses  méfaits.  »  (Frois- 
sart, liv.  IV,  p.22i,)  (7) 

■^  Enfin  cler  signilioit  liquide.  11  a  même  encore 
cette  signilicnliou  dans  quelques  endroits  de  la 
Normandie.  Alors  on  l'emploie  substantivement, 
comme  en  ce  passage:  «  Pourrez  arroser  les  pieds, 
«  du  cler,  au  bouillon  de  la  dicte  composition.  » 
(Fouilloux,  Fauconnerie,  fol.  43.) 


(I)  On  nomme  Clémentines  les  décrétales  de  Clément  V,  publiées  par  Jean  XXII.  (n.  e.) 
(2;  Comparez  édition  Kervyn,  X,  205.  (n.  e.) 

(3)  En  wallon,  on  a  cliché  et  clichette,  de  l'allemand  klinkc,  loquet,  (n.  e.) 

(4)  Voyez  plus  haut  clair,  (n.  e.)  ,,.,.,. 

(5)  Clair  est  souvent  l'épilhete  de  visage  dans  les  Chansons  de  Geste;  «  Le  front  poli  et  cler,  les   oils  vairs  et  nans.  » 
(Saxons,  V.)  —  «  La  fille  Rlanchellor,  la  royne  au  cler  vis.  »  (Berte,  XXX  )  (N.  e.) 

(6)  On  lit  encore  au  t.  III,  IJS  :  «  Et  là  ordonnèrent  trois  batailles  tout  armé  au  cler.  »  Voyez  ausii  t.  IX,  p.  19.5.  (x.  e.) 

(7)  Comparez  Kervyn,  XV,  235.  (n.  e.) 


CL 


49  - 


CL 


Nous  ne  pouvons  déterminer  son  acception  dans 
les  vers  suivans  : 

Amans  doit  estre  loiaus, 

El  deboneres  comme  aigniaus  ; 

Et  dous,  et  simples,  que  coulons  (pigeon), 

El  hardiz  de  cuer,  que  lyons  : 

Ne  doit  estre,  de  chose  clere  (1), 

Ne  boubencier.  ne  menlere. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218.  fol.  250,  R*  col.  2. 

Fiemarquons  quelques  expressions  hors  d'usage  : 
1°  On  disoit  cltr  du  tems.  pour  la  matière  fluide 

qui  environne  la  terre  ;  ce  que  nous  appelons  le 

ciel.  >'  Tu  le  verras  entre  toy,  et  le  cler  du  temps.  « 

iModus  etRacio,  ms.  fol.  163.) 
2°  Cler  de  leu,  pour  crépuscule,  ou,  comme  nous 

disons,  l'entre  chien  et  loup. 

La  gent  qui  estoit  en  cel  leu, 
Bien  seul  voir  cler  de  leu. 

Kabl.  MSS.  du  R.  n-  "218,  fol.  295,  R'col.  2. 

3°  Cler  nemé,  pour  rare.  Expression  figurée  en 
usage  parmi  le  peuple,  en  quelques  provinces.  On 
la  trouve  dans  ces  vers  : 

Ceus  doi  on  bien  mostrer  au  doi, 
Qu'il  sont  au  siegle  clef  semé. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7M5,  fol.  78.  R-  col.  2. 

4°  Cler  pays  signifioit,  en  termes  de  chasse,  une 
étendue  de  terrain,  une  campagne  sans  bois.  »  S'il 
«  a  aucun  cler  paijs  ou  lu  puisses  tendre  les  rais, 
«  si  les  y  tens.  »  (Modus  et  Racio,  fol.  <)3.)  11  est 
opposé  ù  fort  i/aijs,  bois,  forêt,  dans  la  Chasse  de 
Gasl.  Pheb.  .mss.  p.  326.  (Voyez  pays  couvert  opposé 
à  clerc  fustaye,  comme  le  taillis  opposé  au  bois  de 
fuitaie,  dans  Modus  et  Racio,  ms.  p.  73'2.) 

VARIANTES  : 
CLER.  Modus  el  Racio,  MS.  fol:  82,  R». 
Clerc.  Arr.  Amor.  p.  "140. 

Clerc,  subst.  masc.  Pris  pour  chanoine.  On  lit 
dans  ruist.  de  Tournus,  par.Iuinin,  p.  133  et  134, 
que  Guillaume,  archevêque  de  Vienne,  écrivit  aux 
moines  de  Tournus  ;  il  les  remercia  »  de  ce  qu'ils  se 
«  sont  employés  de  tout  leur  pouvoir,  jusqu'à  s'éta- 
■  blir  cautions  pour  la  délivrance  des  clercs  de 
»  Vienne  «  ;  et  on  lit  en  marge  :  »  c'est  à  dire  des 
«  chanoines  que  Humberl  de  Beaujeu  avoit  faits 
■I  prisonniers.  » 

Clerc,  subst.  masc.  Ecclésiastique  *•  Homme 
lettré  °.  Commis  '^.  Garçon  de  boutique,  valet  °. 
Pédant  ^ 

Nous  avons  déjà  remarqué,  sous  le  mot  cler, 
qu'on  avoit  confondu  les  deux  orthographes  cler  et 
clerc,  qu'il  étoit  essentiel  de  distinguer,  puisqu'elles 
annoncent  des  élvmologies  très-différentes.  11  faut 


donc  rejeter  cette  confusion  sur  l'ignorance  des 
copistes.  Nous  avons  employé,  sous  le  mot  cler,  les 
significations  de  l'orthographe  c/«r,  qui  appartien- 
nent au  mot  cler,  dérivé  du  latin  clarus.  De  même 
nous  placerons  ici  les  significations  de  l'ortho- 
graphe cler,  qui  appartiennent  au  mot  dérivé  du 
latin  clericus.  Cette  attention  nous  a  paru  néces- 
saire pour  tirer,  autant  qu'il  est  possiljle,  la  vraie 
valeur  des  mots  de  l'obscurité  qui  naît  souvent  de 
la  confusion  de  leurs  orthographes.  Cette  méthode 
nous  a  souvent  obligé  de  répéter  la  même  ortho- 
graphe dans  divers  articles,  tantôt  comme  source 
des  autres,  tantôt  comme  corruption.  Cler  est  ici 
corruption  de  la  vraie  orthographe  clerc,  qui,  dans 
l'article  précédent,  étoit  lui-même  corruption  de 
l'orthographe  cler.  Qu'on  nous  passe  cette  petite 
digression.  Nous  avons  cru  pouvoir  saisir  cette 
occasion  d'expliquer  la  méthode  que  nous  suivons 
d'ordinaire  et  de  la  justifier. 

*  Le  mot  clerc,  sous  ses  diverses  orthographes, 
pris  dans  le  sens  propre  et  conformément  à  sa 
dérivation  du  ]al'm  clericus,  a  signifié  ecclésiastique 
constitué  dans  les  ordres  el  dans  les  dignités.  Il  s'est 
dit  aussi  pour  simple  clerc,  dans  le  sens  oii  nous  le 
disons  encore  aujourd'hui  (2). 

Parmi  les  derniers,  il  y  en  avoit  qui  étoient 
mariés  et  d'autres  iiui  ne  l'éloient  pas  (3).  (Voy  Coût, 
de  Gorze,  Nouv.  Coût.  Gén.  T.  11,  p.  107'i,  et  Jnven. 
des  Ursins,  Hist.  de  Charles  VI,  p.  160.)  Ceux  qui 
épousoient  des  femmes  de  condition  serve  lesaffran- 
chissoient  de  la  servitude,  el  elles  jouissoienl  des 
privilèges  de  l'Etat  libre,  même  pendant  leur  veu- 
vage ;  mais  les  clercs  mariés  perdoient  leurs  privi- 
lèges, sitôt  qu'ils  quitloient  la  tonsure  et  l'habit 
clérical,  et  qu'ils  cessoient  de  servir  l'Eglise  ou  les 
hôpitaux. 

Les  passages  suivans  confirment  cette  explication, 
et  l'on  y  verra  encore  qu'il  n'était  pas  permis  aux 
gens  de  condition  (c'est-à-dire  de  condition  serve, 
servile)  de  faire  leurs  enfans  clercs  sans  le  consen- 
tement de  leur  seigneur.  «  Des  franches  personnes, 
«  aucuns  sont  clercs,  les  autres  sont  laiz  :  les  clercs 
"  sont  personnes  ecclésiastiiiues  en  ordre  el  dignité 
«  sei'vans  à  l'Eglise;  et  les  autres  sont  simples 
"  clercs  tonsurez,  dont  les  uns  sont  mariez,  et  les 
«  aulres  non.  »  (Coût,  de  Aleaux,  Coût.  Gén.  T.  I, 
p.  75.)  «  Si  un  clcir  a  épousé  une  femme  de  serve 
"  condition,  tel  clerc  affranchist  sa  femme  de  toute 
«  servitude  qu'elle  peut  devoir  à  son  seigneur; 
»  leur  mariage,  et  son  veufvage  durant.  »  (Coût,  de 
Vitry,  ibid.  p.  456.) 


(1)  Entendez  ;  «  c'est  chose  claire  »  ;  c'est  la  rime  qui  amène  cet  hémistiche,  (n.  e.) 

(2)  La  classe  des  clercs  avait  en  propre  nn  costume  el  des  privilèges  ;  tonsurés  et  même  habillés  d'une  robe  rayée, 
d'après  certains  jurisconsultes  du  xiiF  siècle,  ils  n'étaient  justiciables  que  des  tribunaux  ecclésiastiques  et  ne  payaient 
point  le  droit  de  travers,  lorsqu'ils  transportaient  des  objets  de  consommation  à  leur  usage,  (n.  e.) 

(3)  Le  titre  de  clerc  était  aussi  recherché  que  facile  à  obtenir  ;  il  suffisait  de  prendre  la  tonsure  et  le  premier  des  ordres 
mineurs,  tout  en  gardant  sa  place  dans  la  famille  et  dans  la  société.  De  là  ce  passage  du  reg.  J.T.  199,  p.  403,  an.  1464: 
(f  Après  ce  icellui  Pierre  Marchant  se  porta  et  advoua  clerc,  afin  de  ne  faire  aucunes  réparations  honoiables  au  suppliant.  )i 
On  lit  encore  au  t.  V  des  Ordonnances  (p.  377,  an.  1370)  :  «  Que  clercs  de  bon  nom"  et  de  bonne  renommée,  soient  receus  à 
estre  bourgois  de  Tournay,  et  à  joir  des  franchises  de  bourgoisies  ,  et  estre  en  tous  offices  ,  comme  les  autres  ;  mais 
qu'ils  aident  à  soustenir  les  charges  et  les  fraiz  de  la  ville,  si  comme  les  .lutres  ;  et  en  cas  où  il  se  mefTeroient  ,  dont  les 
laiz  seroient  tenuz  de  perdre  leurs  bourgoisies,  les  ditz  clers  les  perdroient  aussi.  »  Le  Monasticon  Anglic.  (,111,  244)  nomme 
ces  clerici  seculares,  clercs  viscars  (vicarii).  (n.  e.) 

IV.  7 


CL 


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CL 


Les  termes  de  Juvénal  des  l'rsins  (Hisl.  de  Charles 
VI,  p.  '201),  cU'v  marié  cviin  unica  virgine,  que 
Bouleillur  (Soin.  lUir.  p.  717)  appelle  une  non 
l'orroiiipiii',  compreiineiii  les  deux  conditions  sous 
lesquelles  les  ("/«'/rs  jouissoienl  du  privilégie  de  la 
cléhealure,  (luoique  mariés  :  l'une  exiçceoil  qu'ils 
ne  fussent  mariés  qu'une  fois,  et  l'autre  (lu'ils 
n'épousassent  [las  de  veuves,  à  moins  (ju'ils  ne  fût 
prouvé  iiu'elles  étoient  vierges.  Les  privilèges  des 
clers  mariés  étoienl  moins  étendus  ijue  les  privi- 
lèges de  ceux  qui  ne  l'éloienl  pas  (Voyez  (ir.  Coût. 
de  Fr.  p.  18.)  «  Entre  les  clercs,  aucuns  sont 
«  mariez,  aucuns  non;  les  maryez  jouyssenl  de 
"  leurs  privilèges  si  longuement  ([u'ils  portent  la 
«  tonsure  et  l'habit  clérical,  et  servent  à  une  église, 
«  hospital,  ou  séminaire,  et  à  faute  de  ce.  ils  les 
<>  perdent.  »  (Coul.  de  Lorraine,  Coût.  Gén.  T.  Il, 
p.  ior.7.) 

Suivant  la  Coût,  de  Nivernois,  «  les  gens  de 
»  condition  (c'est  à  dire  d'étal  servile)  ne  peuvent 
«  faire  leurs  enfans  clercs,  sans  l'exprès  consente- 
"  ment  de  leur  seigneur  :  et  s'ils  le  font,  les  dits 
«  clercs  demeurent  serfs,  sauf  quant  aux  corvées  ; 
>'  et  à  son  recours  le  seigneur,  pour  son  inléiest,  h 
«  rencontre  des  dites  gens  de  condilions,  clercs,  ou 
«  prestres,  et  autres  qu'il  appartiendra.  »  (Coul. 
Gén.  T.  I,  p.  880.) 

Le  nom  de  clerc  ou  de  moine  s'est  donné  indiffé- 
remment à  ceux  qui  piofessi  ient  la  vie  monastique. 
(Voyez  l'clihien,  Ilist.  de  la  Vie  de  S'  Denis,  p.  14.) 
Cependant  le  c/ereetoitdistingué  du  moine,  suivant 
la  règle  de  S'  Benoit,  dans  l'Apologie  de  l'abbé  de 
Rancé,  p.  80. 

^  Comme  autrefois  les  ecclésiastiques  étoient  les 
seuls  lettrés,  ainsi  qu'il  paroit  par  ce  passage  de  la 
préface  de  MabiUon,  p.  284  :  «  Soli  fere  clerici 
«  litteris  mstrucli  erant  »,  le  nom  de  clerc  (1)  a  été 
donné  à  tout  homme  savant.  (Voyez  Dicl.  deMonet, 
Borel,  Corneille,  Gloss.  de  Marot  et  le  Closs.  des 
Coût  de  Beauv.  où  il  est  dit  que  les  mots  il  clerc, 
li  lai  se  prennent  pour  les  personnes  de  lettres  et 
pour  les  ignorans.) 

Le  roi  de  iNorrois(2)  ayant  envoyé  au  roi  de  France 
un  brief,  c'est-à-dire  un  billet  ou  lettre  : 

Li  rois  a  le  séel  brisié, 

Il  lut  le  brief,  quar  il  ert  cJera. 

Parlon.  de  BUiis,  MS.  de  S.  C.arm.  fol.  134,  R*  col.  3. 

Car  chevaliers  ont  honte  d'estre  cters. 

Eusl.  Descdi.  Pocs.  MSS.  fol.  137,  col.  2. 

Le  même  auteur,  parlant  delà  nécessité  d'étudier 
l'histoire,  pour  devenir  bon  général  ou  chevalier 
parfait,  et  comparant  le  chevalier  non  cler  au  clie- 
valier  cler,  ajoute  : 

L'espée  n'a  que  trois  tranchans, 
Des  non  clers  chevaliers  errans; 


Les  deux  taillans,  et  puis  la  pointe; 
Mais  chevaliers  clers  l'a  plus  cointe, 
Plus  puissant,  plus  fort  et  plus  belle  : 
Quatre  taillans  .t  s'alenielle. 

Eusl.  Deacli.  Poës.  MSS.  fol.  549,  col.  4. 

On  lit  dans  Babelais.  livre  I,  page  252  :  «  Magis 
"  magnos  clericos  non  sunt  magis  magnos  s;ipieTi- 
«  tes.'  «  Le  proverbe  est  répété  dans  les  Essais  de 
Montaigne,  T.  I,  p.  189,  et  on  le  trouve  expliqué  en 
marge  :  les  plus  grands  clercs  ne  sont  pas  les  plus 
sages. 

On  appelle  clercs,  ceux  mêmes  qui  sedestinoient 
aux  lettres,  les  écoliers  : 

mon  niaitre  vous  annonce, 

Par  moi,  qui  suis  un  de  ses  clers  nouveaux,  etc. 
Cléra.  Marol,  p.  2f.8. 

Miraumont,  parlant  des  conseillers  clers  [S]  au  Par- 
lement, croit  qu'à  cause  de  leur  savoir  ils  ont  retenu 
le  nom  de  clerc,  «  qui  disoit  anciennement  homme 
scavanl  elde  lettres  {'t)  ».  (Cours  souver.  p.  20.) 

Ce  litre  de  clerc  étoit  aussi  donné  aux  officiers 
du  conseil.  Le  seigneur  de  Goux,  f.iit  chevalier  en 
1453,  à  l'attaque  des  Gantois,  et  depuis  chancelier 
du  duc  de  Bourgogne,  comme  il  est  dit  p.  399,  est 
appelé  le  principal  du  conseil  pour  les  clercs,  dans 
01.  de  la  Marche.  Liv.  1,  p.  404.) 

On  conserva  aussi  ce  titre  aux  officiers  militaires, 
comme  on  peut  le  voir  dans  un  compte  de  1485  de 
l'Etat  des  Officiers  du  D.  de  Bourg,  p.  31,  où  l'on 
assigne  120  francs  à  messire  Baudoin  de  la  Nieppe, 
amiral  de  Flandres,  qualifié,  dans  ce  même  compte, 
clerc  licentié  en  loi.r,  précepteur  de  M^'  le  comte  de 
Nevers 

Clerc,  pour  secrétaire  d'un  seigneur.  (Voyez 
Duchesne,  Gén.  de  Guines,  p.  283,  til.  de  1241.)  "Uii 
seigneur  dit  :  Mon  clerc  trésorier  de  Vitré,  dans 
Duchesne,  Gén.  de  Montmorency,  p.  386,  titre 
de  12G5. 

Le  mot  de  cZerc  étoit  aussi  commun  à  tous  ceux 
qui  tenoient  la  plume.  11  s'est  dit  des  écrivains  en 
général,  des  commis,  des  secrétaires,  tant  du  roi 
que  des  particuliers,  et  le  Gloss.  de  l'IIist.  de  Paris 
l'emploie  dans  le  sens  de  greffier  :  «  Tout  ainsi  que 
«  les  secrétaires  du  roy  estoient  appeliez  clercs. 
»  aussi  les  seigneurs  appellerent  leurs  clercs,  ceux 
«  qui  avoient  en  leurs  maisons  la  charge  d'escrirc 
>'  sous  eux,  jusques  à  ce  que  ce  mot  est  finalemeni 
"  demeuré  à  ceux  qui  escrivent  sous  les  advocals. 
«  greffiers,  notaires  et  procureurs.  »  (Pasq.  Rech. 
p.  681.) 

Fauehet,  dans  ses  Orig.  des  Dignités  de  Fr.  (liv.  I. 
p.  21),  remarque  que  le  nom  de  clerc  devroit  èlie 
donné  à  tous  ceux  qui  écrivent  sous  des  seigneurs, 
au  lieu  de  celui  de  secrétaire,  qui  ne  convient  qu'à 
ceux  qui  écrivent  sous  le  roi  :   <>  Paix,  ce  dit  M.  de 


(1)  De  là  dans  Froissart  «  clerc  de  droit  »,  pour  légiste.  »  (II,  367.)  (n.  e.) 

(2)  Norwége.  (n.  e.) 

(3)  C'étaient  les  conseillers  ecclésiastiques,  (n.  e.) 

(4)  Au  moyen-àge,  les  clercs  possédaient  seuls  la  science ,  car  seuls  ils  apprenaient  à  écrire  ;  ils  étaient  scribes  tt 
donnèrent  leur  nom  aux  greffiers  de  la  basoche,  c'est-à-dire  des  huissiers  procureurs  et  notaires.  Do  là  cette  phrase  île 
Robert  Bourron  (Du  Cange,  II,  393,  col.  3)  :  «  Li  clerc  sevent  moût  par  force  de  clergie,  Que  autre  gent  ne  sauroient  mie  •■ 
On  lit  encore  dans  Jean  de  Condé(id.,  394,  col.  1)  :  «  A  Nonneguin  le  fil  Martin  Le  singe,  qui  bien  sot  latin  ,  Et  qui  estoit 
clercs  couronnez,  D'escrire  à  court  et  de  conter  Que  li  frait  pooient  monter.  »  (N.  e.) 


CL 


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CL 


«  Lusson,  voilà  qui  a  esté  mon  deir.  ^fes  succes- 
«  senrs  usentde  secrétaires,  d'autant  qu'ils  sont  du 
«  monde,  et  nous  n'en  sommes  pas.  "  (Moyen  de 
Parven.  p.  69.)  «  Adonc  furent  mis  clercs  en  euvre, 
■(  et  lettres  esci'illes  ù  puissance  ^en  quantité]  et 
«  messagers  envoyés.  "  (Kroiss.,  liv.  III.  p.  ISO.) 

*=  La  dégradation  de  l'acception  du  mol  clerc  se  fit 
insensiblement.  Des  ecclésiastiques,  il  avoit  passé 
aux  gens  de  lettres;  de  là,  aux  secrétaires,  puis  aux 
commis,  aux  simples  écrivains.  Bassompierre,  par- 
lant d'un  jeune  garçon  nommé  Ducros,  dit  qu'il 
l'avoit  pris  pour  clerc  de  ses  secrétaires.  (Mém. 
T.  IV,  p.  327.) 

Uns  prince.s  pliiseurs  prelas  fait, 

A  ses  despens  d'u'i  secrétaire. 

Ou  d'un  simple  clerc,  le  fait  faire. 

Eusl.  Descli.  Poês.  MSS.  fol.  523.  col.  l. 

A  la  fin  de  l'Hist.  de  l'Invention  du  corps  de 
S"  Antoine,  ms.  du  président  Bouhier,  on  lit  : 
«  Cirard  Goguye  clerc  demeurant  à  Beaune,  l'a  fait 
<■  escrire  eirsôn  hoslel,  par  l'un  de  ses  clercs.  »  (ms. 
du  P.  Bouhier,  ^N"  col.  G3.) 

Il  s'est  dit  en  parlant  d'un  commis  d'un  receveur 
général  des  finances,  en  HoO.  dans  J.  Charl.  Hist. 
de  Charles  VII,  p.  '220.  On  lit  dans  une  Ord.  de  1320, 
louchant  les  receveurs  :  «  Us  ne  prendront  dons. 
<■  pensions  nulles,  ne  soufîeront  (souffriront,  per- 
«  mellronl)  à  prendre  à  leurs  clercs,  ou  escuiers.  ■> 
(Ord.  T.  I,  p.  713.)  Après  le  nom  de  plusieurs  offi- 
ciers de  l'hôtel  de  ville  de  Paris,  on  trouve  Piobert 
Lamet,  clerc,  dans  .Uivénal  des  Ursins.  (Hist.  de 
Charles  VI,  p.  239.)  L'éditeur  explique  clerc  par 
greffier. 

Il  s'est  dit  encore  des  commis  ou  facteurs  d'un 
mai'chaiul.  «  Jaques  Cceur  avoit  plusieurs  clercs,  el 
0  facteurs  sous  luy,  qui  se  mesloient  des  dites 
«  marchandises.  »  (Math.de  Coucy,  IIisl.de  Ch.  VII, 
p.  691.)  «  Audit  mestier  n'aura  que  dix  vendeurs, 
-<  tant  seulement  lesquels  vendront  les  dits  pois- 
»  sons  en  leurs  personnes,  sans  ce  qu'ils  les 
«  puissent  fait  vendre  par  leurs  femmes ,  par 
»  leurs  c/<?;'t's  mesmes,  ne  par  aucune  autre  per- 
«  sonne.  ■■  (Ord.  T.  II,  p.  358.) 

°  L'acception  du  mol  clerc  passa  encore  à  des  con- 
dili(uis  moins  considérables.  Ce  mol  fut  employé 
pour  garçon  de  cabaret.  L'auteur,  après  avoir 
employé  le  mot  de  valet,  .s'exprime  ainsi  : 

Mais  il  fallut,  ains  que  partir, 
.\voir  ung  morceau  de  fromage  : 
Adonc,  dist  le  clerc,  mon  amy, 
Il  fault  compter,  etc. 

Villon,  page  2S. 

On  verra  ci-après  qu'on  appeloit  les  garçons  de 
cabarel  clercs  de  taverne  (1). 
Clerc  désigne  un  garçon  tapissier,  dans  ces  vers  : 


Mais  une  autre  noise  sailli, 
Tantost,  entre  me.ssire  Oijier 
Et  conlre  .Vrnault  le  tapicier. 
Après  vint  un  autre  debas. 
De  Robinet  le  cler  Arnault. 

Eust.  Descii.  Pues. 


MSS.  fol.   iO*S,  col.  4. 


Il  s'est  dit  aussi  d'un  homme  qui  est  au  service 
d'un  ermite,  dans  Lanc.  du  Lac,  T.  II,  fol.  89. 

^  De  terme  d'éloge,  le  mot  clerc  (2)  devint  terme 
d'injure.  «  PédaiiC  clerc,  magister,  sont  mots  de 
«  reproche  :  faire  sottement  quelque  chose,  c'est  le 
■■  faire  en  clerc.  «  (Sag.  de  Charron,  p.  44.) 

Apiès  avoir  exposé  les  diverses  significations  de 
ce  mol  comme  substantif,  rapportons  les  façons  de 
parler  dans  lesquelles  on  femployoit  : 

1°  On  nommoit  clers  des  comptes  et  maîtres 
clercs  les  maîtres  des  comptes.  "  Quant  aux  audi- 
«  leurs,  ils  sont  d'institution  fort  ancienne,  et 
«  presque  établis  de  même  temps  que  les  maistres 
«  clers,  depuis  appeliez  maistres  des  comptes.  » 
(Miraum.  des  Cours  souver.  p.  441.)  «  Les  conseil- 
«  1ers  de  la  chambre  des  comptes,  les  seigneurs,  et 
<•  les  clercs.  »  (Math,  de  Coucy,  Hisl.  de  Charles  VII, 
an  1461,  p.  734.)  On  lit  :  conseillers,  et  clers  des 
comptes.  (Chron.  Scand.  de  Louis  XI,  an  1461,  p.  21. 
—  Voyez  La  Roque,  Orig.  des  Noms,  p.  274.) 

2"  On  nommoil,au  contraire,  petits  clercs  3  , clers 
d'aval  :4:  ou  d'en  bas  [ô],  compagnons  d'aval  et  d'en 
bas,  les  auditeurs  de  la  chambre  des  comptes.  «  Les 
.■  auditeurs  furent  du  commencement  appeliez 
«  petits  clercs,  à  la  différence  des  maistres  clercs, 
"  ecclésiastiques,  et  fort  souvent  clercs  d'en  bas,  ou 
«  d'aval,  parce  que  les  maistres  faiseoient  leur 
••  séance  au  bureau  d'en  haut,  et  les  autres  en  ceux 
«  d'embas.  >-  (Pasq.  Rech.  p.  67.)  «  Les  auditeurs 
«  éloienl  lors  appelles  clers,  petits  clers  el  compa- 
«  gnons  d'aval,  parce  que  de  la  chambre,  el  burel 
«  des  maistres  c  ercs,  on  descendoit,  par  dégrés, 
«  en  leur  chambre  où  ils  travailloient  aux  écris 
<■'  faire  de  la  chambre.  »  (Miraum.  des  Cours  souv. 
p.  415  —  Voyez  Ord.  T.  II,  p.  98  —  Du  Cange,  au 
mot  Cler  ici.)' 

3"  Il  y  avoit  des  clers  des  arbalestriers.  On  lit 
dans  une  ordonnance  du  27  févr.  1359  (1360): 
«  Portant  règlement  sur  tous  les  officiers  du 
»  royaume,  etc.  En  l'office  de  la  clergie  des  arba- 
«  lestriers,  sera  à  présent,  et  dores  en  avant  un 
«  clerc  tant  seulement.  «  tOrd.  T.  III,  p.  385.) 

C'éloit  une  espèce  de  major,  suivant  l'abbé  Des 
Fontaines  (Observ.  T.  I,  Lett.  460,  fol.  219),  ou 
plutôt  cet  office  répondoit  à  celui  de  commissaire 
des  guerres,  attaché  au  corps  des  arbalétriers.  11 
avoit  peut-être  dans  ce  corps  les  mêmes  fonctions 
que  le  clerc  du  guet  ci-après,  officier  militaire  dans 
une  place  (6). 


(1)  Dans  les  statuts  de  l'Hôtel  de  Philippe-le-Long  (1317),  il  est  parlé  de  clerc  saucier.  Au  reg.  JJ.  15S.  p.  433,  an.  140i  ,  on 
Ut  aussi  :  «  Et  lors  tantost  baillèrent  icellui  argent  au  clerc  de  ladite  taverne.  »  (.\.  E  ) 

(2)  «  Maint  sont  clers  oii  n'a  que  folie,  Car  sans  savoir  sont  hors  du  sens  ;  Si  se  puet  l'en  bien  chevir  sans  Tels  clers  ou 
scien-^e  n'est  mie.  »  (E.  Desch. ,  fol.  282.)  (.v.  E.) 

(3)  Dans  un  édit  de  1359.  (n.  e  ) 

(4)  Dans  une  Ord.  de  1378  (t.  VI,  p.  382.  t.  X,  p.  100).  (N.  E.) 
(5i)  Dans  un  édit  de  1407,  7  janvier,  au  reg.  Pater,  (n.  e.) 

(6)  On  nommait  clerc  des  arrêts,  le  greffier  du  parlement,  i  Edit  pour  le  parlement,  le  lendemain  de  l'Epiphanie,  1277.)  ('^f .  E.) 


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4*  Clerc  de  capitaine  d'une  j'^Z/f  semble  mis  il ms 
le  pass:i£;e  suivant  (joursiginlier  ce  que  nouséiileii- 
dons  aujourd'luii  par  major  d'une  place:  ■'  Nul  ne 
«  doit  mettre  son  prisonnier  sans  congé.  Mais  en  ce 
«  faisant,  il  est  tenus,  (|uand  il  a  mis  le  piisonnier 
«  dedens  la  ville,  d'en  envoyer  les  noms  au  clerc 
«  du  capitaine.  »  (Le  Jouvenc.  ms.  p.  i."i6.) 

n»  Les  clercs  d'armes  étoient  ceux  qui  étoient 
attachés  au  service  des  rois  et  hérauts  d'armes  et 
qui  aspiroicnt  ti  ce  grade.  On  les  appeloit  aussi 
poursuivans  d'armes.  (Voyez  le  P.  .Menestr.  de  la 
Chev.  p.  208.  où  l'on  trouvera  les  cérémonies  qui  se 
pratiquoient  à  leur  création.) 

6°  Clerc  de  l'aumosne.  Du  Gange  traduit  ainsi  les 
mots  clerici  eleemosiiiœ  d'un  statut  de  l'Hôtel  de 
1317. 

7°  Clerc  de  boire.  Dans  la  société  des  buveurs, 
c'éloit  le  dernier  reçu,  celui  qui  servuil  les  autres. 
«  11  fut  décrété  que  la  prochaine  serée  du  lende- 
«  main  se  feroil  en  sa  maison,  et  comme  le  dernier 
«  venu,  on  le  créa  cler  de  boire.  »  (Bouch.  Serées, 
liv.  II,  p.  157.) 

8°  Clerc  des  cas  roijaux  semble  mis  pour  greffier, 
en  ce  passage:  «  Est  à  scavoir  que,  tout  officier 
«  général  du  roy,  si  comme  baillif,  ou  lieutenant, 
«  procureur  du  roy,  ou  substitué,  advocat  du  roy, 
«  sergent  du  roy  à  pied,  ou  fi  cheval,  clers  des  cas 
«  royaux,  garde  de  prison  royalle,  etc.  »  (Bout. 
Som.  Rur.  p.  8U8.) 

9°  Le  clerc  de  la  chambre  aux  deniers  étoit  une 
espèce  d'oflicier  de  la  maison  du  roi.  On  lit  dans 
Petit  J.  de  Saintré,  p.  293  et  294  :  «  Que  le  roy  le 
«  fisl  tout  deffrayer,  en  tant  que  (dans  toute  l'es- 
'■  tendue  de  son  royaume)  son  royaulme  dura,  par 
«  ung  maistre  d'hostel,  et  clerc  de  chambre  aux 
«  deniers.  » 

10°  Clercs  de  la  chapelle  du  roy.  Du  Gange  traduit 
ainsi  les  mots  clerici  capelle  régie,  du  testament 
de  Louis-le-Hutin,  en  1316. 

M°  Clers  du  conseil.  Ges  mots  répondent  à  ceux 
de  clerici  consilii,  d'un  statut  de  1285,  rapporté  par 
Du  Gange,  T.  II,  col.  090.  Ils  furent  institués  au 
nombre  de  douze,  par  Philippe-le-Hardi,  en  1285, 
suivant  Miraumont,  qui  les  regarde  comme  des 
maîtres  des  requêtes.  (Voyez  Traité  de  la  Ghancel- 
lerie,  fol.  49.) 

12°  Clers  de  droit.  C'étoient  des  officiers  du  Par- 
lement, peut-être  les  conseillers.  Les  ducs  de  Bour- 
gogne et  de  Berri  demandent  à  Gharles  VI,  pour  le 
comte  d'Eu,  la  dignité  de  connétable,  dont  Clisson 
avoit  été  dégradé  par  arrêt  du  Parlement,  en  lui 
disant  :  «  Clisson  par  jugement,  et  arrest  des  clercs 
"  de  droit  et  de  vostre  chambre  du  Parlement  l'a 
«  forfait.  "  (Froissart,  liv.  IV,  p.  175,  an  1392.)  (1) 

13»  Clercs  de  V échançonnerie .  Du  Gange  explique 
ainsi  ces  mots  clerici  scantionariœ,  qu'on  trouve 
dans  le  testament  de  Gharles-le-Bel  de  l'an  1321. 
(Voyez  Du  Gange,  T.  II,  col.  690.) 

14'  Clercs  de  l'escurie.  C'est  la  traduction  des 


mots  clerici  scutiferia\  du  testament  deCharles-lc- 
Bel.  de  l'an  1324,  donnée  pur  Du  Gange.  iGloss.  lai. 
T.  11,  col.  690.) 

15"  Clerc  des  euvres  du  palais.  On  lit  dans  une 
ordonnance:  •<  Que  ]ti  clerc  des  euvres  du  dit  palais, 
«  doit  chacun  an  payer,  une  fois  seulement,  au  dit 
0  concierge,  pour  son  valet  qui  nettoyé,  ou  fait 
"  nettoyerla  courtdu  dit  palais,  trente  solz  parisis.  « 
(Ord.  T.  111,  p.  313.) 

16"  Clerc  familier  dn  duc.  C'étoil,  suivant  la 
conjecture  de  l'éditeur,  le  sécrétai;  e  du  cabinet  du 
duc  :  il  avoit  cent  francs  de  gages.  (Voyez  Etat  des 
Officiers  du  D.  de  Bourgogne,  p.  20.) 

17°  Clercs  de  finances.  Ils  sont  employés  comme 
synonymes  à  trésoriers,  dans  les  Ann.  de .).  d'Aulon 
de  1499,  p.  112. 

18°  Clercs  de  la  fourrière  du  roy.  Du  Gange  tra- 
duit ainsi  les  mots  de  clerici  forrariœ,  du  tesiameut 
du  roi  Louis-le-IIutin,  de  fan  1316,  et  du  testament 
de  Gharles-le-Bel,  an  1324.  (Voyez  Du  Gange,  Gloss. 
lat.  T.  II,  p.  690.) 

19°  Clerc  de  la  geolle  du  Chastelet  semble  un 
officier  particulier  du  Ghàtelet.  peut-être  le  greffier, 
qui,  d'après  le  passage  suivant,  étoit  tonsuré. 
Après  avoir  parlé  du  nommé  Perrain  des  Fresnes, 
clerc  de  la  geolle  du  Chatelet  de  Paris,  qui  épousa 
une  veuve,  il  est  dit  qu'il  fit  ajourner  le  procu- 
reur de  Saint-Magloire,  «  en  la  terre  duquel  il 
«  demouroit,  et  le  procureur  du  roy,  par  devant 
«  i'oflicial,  pourouyr  une  certaine  "requeste  qu'il 
<'  entendoit  faire  contre  eux,  et  chascun  d'eux,  pour 
«  le  privilège  de  sa  tonsure,  et  à  la  journée  fist  sa 
"  requeste,  que  comme  sa  femme,  nonobstant 
«  qu'elle  eust  esté  autiefois  mariée,  fust  encore 
«  pucelle,  si  comme  il  offroit  prouver,  tant  par  tes- 
«  moings,  comme  par  l'inspection  de  son  corps, 
«  lequel  il  vouloit  exhiber,  que  le  privilège  de  sa 
o  tonsure  luy  fust  sauvé,  et  réservé.  »  (Gr^Gout.  de 
Fr.  p.  518.) 

19"  bis.  Clerc  du  grenier.  [Intercalez  Clerc  du 
grenier:  «  L'on  commettra  et  ordonnera  un  homme 
«  sage,  loyal  et  diligent  pour  estre  grenetier  illec  ; 
«  et  un  autre  preudhomme  loial  et  expert,  qui 
»  scache  bien  écrire,  lequel  sera  clerc  dudil 
"  grenier,  et  controUeur  dudit  grenetier.  »  (Ord. 
T.  IV,  ann.  1366,  p.  695.)]  (n.  e.) 

20°  Les  clercs  du  guet  étoient  des  officiers  qui 
avoient  le  détail  et  la  police  du  guet.  On  peut  voii 
quelles  étoient  leurs  fonctions,  dans  les  Ord.  T.  lll, 
p.  668  et  669,  an.  1363.  (Voyez  Gr.  Goût,  de  Fr. 
p.  9.)  Clerc  du  guet  est  employé,  dans  la  même 
acception,  comme  officier  militaiie,  dans  le  passage 
suivant,  où  il  est  parlé  d'une  ville  prise  sur  les 
ennemis:  «  Au  regard  de  Gervaise,  il  aura  l'office 
«  de  maistre  portier,  et  Jehan  l'Archer  sera  clerc 
«  du  guet,  vous  mareschal,  etc.  "  (Le  Jouv.  fol.  30.) 

21°  On  appeloit  clers  de  halle  les  greffiers  dé 
l'hôtel  de  ville,  suivant  l'éditeur  des  Ordonn.  T.  V, 
p.  133. 


(i)  Comparez  éd.  Kervyn,  t.  XV,  p.  99.  (n.  e.) 


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22'  Vlers  d'honneur  (1).  Ondonnoit  pouvoir  à  un 
lieutenant  de  faire  des  clercs  d'honneur,  en  Vii'l. 
(Ord.  l.  VIll.  p.  376.) 

23"  Grand  &[  petit  clerc.  On  enlendoit  peut-être 
par  le  grand  clerc  le  chantre,  et  par  le  petit  clerc 
celui  (jui  servoit  la  messe.  «  Au  venir  querre  mon 
«  dit  corps  pour  enterrer,  soit  le  curé,  deux  capel- 
«  laius,  le  grand  clerc  et  \e  petit,  reveslus  de  sur- 
u  plis  onde  chappes,  selon  la  saison,  moy  enterré, 
"  je  veux  et  ordonne  que  mon  obseque  soit  faite 
I'  par  le  dit  curé,  deux  chappelains,  diacre,  et  soubs- 
'<  diacre,  le  grand  clerc  el  le  petit  clerc  Je  donne 
<•  au  curé  vingt  sols  tournois,  je  laisse  au  grand 
«  Cle7'c  dix  sols  tournois,  par  condiction  dicte  du 
«  curé;  au  jjetit  clerc,  trois  sols  tournois.  "  (Bout. 
Som.  Rur.  p.  874  ) 

24"  Clerc  juré  paroît  signifier  greffier,  en  ce  pas- 
sage :  «  Le  corps  de  la  justice  du  dit  marsal  est 
«  composé  d'un  prevost  maistre  eschevin,  six  esche- 
«  vins,  un  cler  juré,  et  un  doyen.  »  (Coût,  de  .Marsal. 
—  Nouv.  Goul.  Gén.  T.  II,  p.  1163.) 

25"  Clercs  libraires.  On  nommoit  ainsi  les  vingt- 
quatre  libraii  es  reçus  anciennement  dans  l'Univer- 
sité de  Paris,  (|ui  étoient  destinés  à  copier  les  livres 
avant  l'invention  de  l'imprimerie.  (Voyez  La  Roque, 
Orig.  des  Noms,  p.  287.) 

25"  bis.  Clerc  de  la  loige.  [Intercalez  Cler  de  la 
loige  :  «  Item  que  li  maires  et  eschevins  ne 
•'  puissent  riens  lever,  recevoir  ne  tourner  devers 
«  euls  des  emolumens  de  la  ville,  ainçois  y  soit 
"  establi  un  preudomme,  qui  seraelerc  de  la  loige, 
»  pour  recevoir  de  par  le  maïeur  et  les  esclievins.  » 
(Statuts  pour  la  ville  de  Provins,  JJ.  56.  n.  599, 
an.  1319.)]  (n.  e.) 

26°  Clerc  de  la  marchandise  de  Paris.  Peut-être 
le  clerc  du  prévôt  des  marchands.  (Chron.  de  Paris, 
T.  H,  fol.  254,  an  1358.) 

26°  bis.  Clercs  des  mareschaux.  [Intercalez  Clercs 
des  mareschaux  :  «  Les,  clercs  des  mareschaux  ne 
'•  recevront  aucune  chose,  se  n'est  des  monstres 
«  des  capitaines,  qui  auront  le  nombre  de  cent 
«  hommes  dessoubz  eulx,  ou  de  plus.  »  (Ord.  V, 
p  660,  an.  1373.1]  (n.  e.) 

27"  Maîtres  clercs  généraux  des  monnaies. 
»  Esloient,  en  l'an  1347  ;  pour  officiers  quatre 
"  généraux  appeliez  maistres  clercs  généraux  des 
«  monnoies.  «  (Miraum.  des  Cours  souver.  p.  629.) 
«  Ces  conseillers  généraux  estoient  anciennement 
"  appelles  maistres  clercs  généraux  des  monnoijes, 
«  parce  qu'ils  dévoient  être  experts  au  faitd'icelles, 
«  et  lors,  le  mot  de  clerc  estoit  entendu  en  cette 
«  signification,  pour  celuy  qui  estoit  fort  expert  en 
»  son  art,  non  qu'il  fust  d'église  ou  de  robbe  lon- 
«  gue.  »  (Ibid.  p.  643.)  L'ordonnance  de  1359  porte 
qu'il  n'y  aura  que  huit  généraux  maîtres  des  mon- 
noies, et  un  seul  clerc,  avec  deux  gardes  dans 
chaque  hôtel  des  monnoies.  (Ord.  T.  III,  p.  387.) 

28°  Cler  de  table  étoit  un  officier  à  la  cour. 
(Gontred.  de  Songecreu.\,  fol.  129.) 


29»  Clerc  de  nappes.  Du  Cange  traduit  ainsi  le 
clericus  mapparum  du  testamenl  de  Charles-le-Bel, 
de  l'an  1324.  (Voyez  du  Gange,  Gloss.  lat.  T.  II, 
col.  690.) 

30"  Clercs  notaires.  Ils  étoient  distingués  des 
secrétaires  du  roi  et  des  secrétaires  des  finances. 
Ces  secrétaires  pouvoient  faire  la  fonction  des 
clercs  notaires;  mais  ceux-ci  ne  pouvoient  faire 
celles  des  secrétaires.  (Voy.  La  Roque,  de  la  Noblesse, 
p.  202.)  Pasquier  qualifie  les  secrétaires  du  roi  de 
clers  et  notaires  (Pasq.  Rech.  p.  349.) 

30°  bis.  Clerc  des  œuvres.  [Intercalez  Clerc  des 
œuvres  au  Mémorial  D,  de  la  Ghr.  des  Comptes, 
fol.  97,  recto.]  (n.  e.) 

31°  Clerc  d'office  semble  ici  pour  clerc  servant  à 
l'église,  et  portant  la  tonsure.  »  Item  encore  s'éman- 
«  cipe  le  fils,  quand  il  devient  preslre,  ou  clerc 
«  d'office,  qui  en  soy  faict,  et  porte  seigne.  »  (Bout. 
Som.  Rur.  p.  572.)  C'étoit  aussi  des  espèces  d'offi- 
ciers de  maison,  chargés  d'écrire  la  dépense.  Ils 
étoient  subordonnés  au  contrôleur.  (Voyez  Etat  des 
Offic.  du  D.  de  Bourg,  p.  46.)  On  trouve  :  «  Michel 
«  Rote  clerc  d'office  de  ti-ès  illustre  princesse  Renée 
»  de  France,  duchesse  de  Ferraie,  etc.  »  (Du  Ver- 
dier,  Bibl.  p.  860.) 

32"  Clerc  du  papier.  Eustache  Deschamps  a  fait 
une  ballade  surîe  Liber  generacionis,  allusion  pro- 
fane de  la  généalogie  de  Jésus-Christ  aux  officiers 
des  finances  et  autres  du  temps  de  Charles  VI.  On 
y  lit  : 

Arphaxat  fut  fouagear  : 

Qui  fut  Ragam  ?  exécuteur. 
Et  Jacob  ?  le  clerc  du  papier. 

Eust.  Desch.  Poès.  MSS.  fol.  310.  col.  i. 

33°  Clerc  parochial  ou  clercq  parrossial  signifie 
clerc  servant  dans  une  paroisse.  On  pourroit 
l'expliquer  par  sacristain,  dans  ce  passage  :  «  Le 
«  dicl  seigneur  doit,  par  trois  dimanches  et  quin- 
«  zaines  continuelles,  faire  faire  cry  à  haute  voix, 
«  en  la  fin  de  la  grande  messe  parochial  de  la 
«  dite  ville,  par  le  clerc parroch'iat A&V ég\\?,&,  etc.  » 
(Goul  d'Etampes,  Goût.  Gén.  T.  I,  p.  701.)  "  .\a  sei- 
«  gneur  justicier,  son  bailly,  de  l'avis  du  curé,  et 
"  pariochiens,  appartient  créer  et  instituer  clerc 
«  parrochial,  ministres,  margliseurs  (marguillers), 
•'  et  charitables  des  pauvres.  »  (Coût,  de  Lille,  ibid. 
T.  II,  p.  900.  —  Voyez  Coût,  de  Douay,  Nouv.  Coût. 
Gén.  T.  II,  p.  972.) 

34»  Clerc  du  partage.  On  disoit  aussi  clerc  an 
partage,  greffiers  du  partage.  Ils  étoient  préposés 
à  faire  les  partages  entre  les  cohéritiers  d'une  suc- 
cession. (Voyez  "Cout.  Gén.  T.  1,  p.  560,  et  Partage 
ci-après.) 

35»  Clerc  de  la  prévôté  de  Paris.  «  Ce  clerc  fai- 
»  soit  tous  les  acles,  escritures,  et  app'dnctemenfs 
«  des  cas  des  prisonniers,  civils  et  criminels.  » 

36"  Clercs  des  requêtes.  Maitre  des  requêtes,  titre 
que  conservent  aujourd'hui  ces  officiers,  «  aupa- 
1  ravant    appelles  gens    du    conseil,    clercs   des 


(i)  9  Donnons  plain  povoir  et  auctorité...  de  créer  et  faire  clers  d'honneur,  et  de  mettre  et  ester  ou  remuer  de  lieu   en 
autre  seneschauLx,  viguiers  et  juges.  »  (n.  e.) 


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«  rcquesfes,  suivans  et  poursnivans  le  roy  ;  et 
«  esloit  lors  le  nom  do  ponrsiiivans  commun  h  Ions 
«  ceux  qui  suivoienl  la  cour,  el  fort  honorable  ^i 
«  ceux  qui  portoient  qualité  de  clerc  de  conseil  et 
»  des  requêtes.  •>  Miraum  des  Cours  souv.  p.  1"2!». 
—  Voyez  Id.  Traité  de  la  Chaneell.  fol.  55.) 

37"  Clerc  de  rhetoriciem.  Peut-être  celui  qui 
lenoit  la  plume  dans  un  société  de  poètes,  (|u'on 
nommoit  autrefois  rliétoriciens.  C'est  ainsi  que  se 
qualifie  Eloy  d'Amernal,  dans  un  ouvrage  intitulé  : 
la  Grande  heablerie,  imprimé  en  l."i08  : 

Eloy  des  enfans  de  Bethune, 

Disciple,  voire  bien  petit, 

Des  chantres,  et  musiciens  ; 

Et  clerc  des  rhetnriciens  : 

Prestre  indigne,  et  pouvres  pescheur. 

Hisl.  du  Th.  Fr.  T.  II,  ii.  ■2lf.. 

38°  Clerc  du  roti,  et  de  la  reine.  On  trouve  <•  Jean 
«  de  Saubigny  clerc  du  roy,  et  de  la  reine,  c'est  a 
«  dire  secrétaire  »,  dans  l'Etat  des  Officiels  du  duc 
de  Bourgogne,  p.  7(>. 

39°  Clerc  snuleier.  Espèce  d'officier  de  la  maison 
du  roi,  suivant  Du  Gange,  au  mot  Salsarius.  C'étoit 
peut-être  celui  qui  écrivoil  l'étal  de  la  dépense  pour 
ce  qu'on  appeloit  la  saulcerie. 

'iO°  Clerc  du  secré  ou  du  secret.  Sous  Philippe-le- 
BeI,on  appeloit  ainsi  les  secrétaires  du  roi  (1).  «  Ils 
n  étoient  les  dépositaires  des  plus  secrètes,  et  des 
a  plus  importantes  délibérations  de  nos  rois.  Ils 
«  signoienl,  et  expédioient  toutes  les  lettres  closes, 
«  et  les  lettres  patentes,  toutes  les  dépêches,  et 
«  expéditions  qui  contenoient  l'état  de  la  maison 
"  royale,  et  toutes  les  autres  dépendantes  de  la 
«  grâce  et  volonté  du  prince  ;  lesquelles  leur 
«  étoient  commandées  par  les  rois  mêmes.  «  (La 
Roque,  sur  la  Nobl.  p.  20'2.)  lis  étoient  au  nombre 
de  trois  (2)  et  étoient  distingués  des  clercs  notaires, 
qui  étoient  au  nombre  de  vingt-sept.  (Voy.  Miraum. 
Traité  de  la  Chaneell.  fol.  89.)  On  voit,  ibid,  fol.  91, 
que  le  notaire  ordinaire,  suivant  la  personne  du 
roi,  étoit  appelé  clerc  du  secré. 

41"  Clerc  solut  signifioit  clerc  libre,  qui  n'éloit 
pas  marié.  "  Ne  peuvent  les  clercs  soluts  estre  pro- 
«  cureurs  en  cour  séculière,  sinon  qu'ils  fussent 
»  procuieurs  par  autres  clercs,  ou  pour  l'église.  » 
(Froc.  verb.  de  la  Coût,  de  Bretagne,  Goût.  Gén. 
T.  II,  p.  809.) 

4-z-  Ou  appeloit  clerc  de  successions  onéreuses 
un  officier  particulier  chargé  d'inventorier  tous  les 
effets  de  ceux  qui  faisoient  banqueroute,  ou  qui 
mouroieiit  surchargés  de  dettes.  Il  vérilioil  aussi  et 
enregistroit  les  droits  de  chacun  des  créanciers,  et 
vendoit  publiquement  les  biens  et  effets  de  la  suc- 
cession, en  présence  de  deux  échevins.  (Voyez  Goût. 
de  Bruges.  -  Nouv.  Goût.  Gén.  T.  l,  p.  579.) 

43°  Cle7-cs  de  taverne.  G'étoient  les  garçons  des 
cabarets.  «  Tous  jongleurs,  basieleurs,  et  joueurs  de 
«  cordes,  et  tous  autres  jeux  dilTamez  :  escorcheurs. 


«  bouchiers,  couratiers,  fauconniers,  clercs  de 
■<  taverne,  et  moult  d'autres  sont  personnes  diffa- 
■'  niées.  »  (Gr.  Coût  de  Fr.  p.  513.) 

'd°  Clercs  du  temple  ou  du  trésor.  Les  clercs  du 
temple,  siiivaut  Du  Gange,  étoient  les  clercs  du  tré- 
sor. (Voyez  Gloss.  lat  au  mol  Clerici  templi,  seu  the- 
sauri  regii  (3) }  Les  clercs  ou  clairs  du  trésor  étoient 
les  contrôleurs,  suivant  Pasquier.  «  Le  receveur 
"  général,  assisté  d'un  contrôleur,  que  l'on  nom- 
«  moil  clair  du  thresor.  »  (Pasq.  Rech.  p.  85.  — 
Voy.  La  Roque,  sur  la  Noblesse,  p.  365.) 

4,5°  Clerc  de  la  ville.  C'étoit  un  officier  municipal. 
«  Que  li  maires,  ou  celuy  qui  sera  en  lieu  de  iuy, 
"  ne  puisse  amener  avec  li  fors  d'eux  de  ses  com- 
«  paignons,  et  le  clerc  de  la  ville,  et  un,  pour 
■>  parler,  se  métier  en  aura.  »  (Ord.  des  R.  de  Fr. 
T.  I,  p.  8-2.) 

46'  Clercs  viseurs.  Vicaires,  chantres,  selon  Du 
Gange,  au  mot  Clerici  secuïares,  d'après  le  Mo- 
nasticon  Angiicaniim. 

47°  Clerc  des  vivres.  Du  Perron,  depuis  maréchal 
de  France,  sous  le  nom  de  maréchal  de  Retz,  avoit 
été  commissaire,  et  clerc  des  vivres,  sous  Henri  II; 
après  quoi  il  prit  l'épée,  et  vint  par  degrés  h  être 
maréchal.  (Voyez  Brant.  Gap.  Fr.  T.  III,  p.  3'i7.) 

48"  Roij  des  clercs.  On  lit  :  «  Henry  filz  .(ehannin 
«  Treillette  roij  des  clercs  à  Nantes.  «  (Hist.  de  Bre- 
tagne, T.  II,  col.  1184.) 

49°  Clercq  cleriquant,  ou  clercq  marlier  (mar- 
guiller).  Clerc  laie,  faisant  l'office  de  clerc.  «  Les 
«  gens  d'église,  et  tous  autres  beneficiers  ne  pour- 
>■  ront  estre  punis,  ne  corrigez  par  les  juges  secu- 
"  liers,  pour  leurs  excès,  et  délicts  par  eux  commis, 
«  et  perpétuez,  ne  condamnez  en  aucune  lois,  ne 
<"  amendes,  si  iceux  n'avoient  auparavant  esté 
"  déclarés  incorrigibles,  et  rendus  eu  la  main  secu- 
«  liere,  en  forme  de  droit;  et  quant  aux  clercqs 
«  cleriquans,  non  constituez  es  saincls  ordres, 
«  seront  sujects  aux  lois,  et  amendés  selon  la 
«  coustume.  >■  (Coût,  de  Hainaut,  Nouv.  Goût.  Gén. 
T.  H.  p.  159.1  Ils  sont  appelés  aussi  c/erc(/s  marliers. 

50°  On  employoït  clers  et  paisan:,  pour  signifier 
tout  le  monde,  tous  en  général.  (G.Guiart,  sis.  f°2l5.) 

51°  Ménestrel,  el  cler,  et  prestre  s'est  dit  dans  le 
même  seus  (jue  ci-dessus.  (G.  Guiart,  ms.  fol.  220.) 

52°  Cleie,  ne  lai  est  mis  pour  personne  dans  ce 
vers  : 

Il  n'i  a  cleie,  ne  lai  enz. 

Fahl.  MSS.  du  R.  n-  7015,  T.  I,  fol.  08,  V  col.  1. 

53°  Parler  comme  un  clerc  d'armes  (4).  C'étoit  une 
expression  adverbiile  pour  signifier  parler  en  igno- 
rant, juger  d'une  cliose  sans  la  connaître.  (Oudin, 
Gur.  fr.)  «  Ne  parlons  plus  de  la  guerre,  de  crainte 
«  qu'on  ne  nous  reproche  en  parler  comme  clercs 
d'armes.  «  (Bouchot,  Serées,  p.  39.)  «  Je  ne  parle 
«  point  en  clerc  d'armes,  je  l'ai  vu.  »  (Gontes  de 
Cholières,  fol.  220.  —  Voyez  ibid.  fol,  105.) 


(t)  Leur  confrérie  ne  fut  créée  qu'en  mars  1350.  En  1370,  ils  eurent  une  chambre  au  palais  du  roi.  (^N.  e.) 

(2)  Sept  en  1343.  {s.  e.) 

(3)  Dans  un  compte  de  1322.  (n.  e.) 

(4)  Henri  IV  appelait  .Tacques  I"  d'Angleterre  «  capitaine  es  arts  et  clerc  et;  armes.  »  (n.  e.) 


CL 


CL 


Proverbes  : 

1.  Famine  (le  povres  clers  (1).  (Prov.  à  la  suite  des 
Poës.  Mss.  ;ivaiil  1300,  T.  IV,  p.  1651.) 

2.  t'ompcKjnte  de  clers.  (Ibid.) 

3.  Li  cler  iiostre  Dame  de  Cliarlres.  (Ibid.) 

i.  Tous  ceux  ne  sont  pas  clercs  qui  en  portent  le 
semblant,  ni  chevaliers  qui  portent  espérons  {'£). 
(Perceforest,  Vol.  IV,  fol.  i'2.) 

5.  Avoir  à  clers,  toison  à  chiens, 

Ne  doivent  pas  venir  à  bien. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  'iGli,  T.  I,  fol.  "-2,  V'  col.  î. 

Voyez  d'aulres  proverbes  dans  le  Dict.  de  Colgr.  (3) 

VABI.iNTES    (4)  : 
CLERC.  Orlli.  subsistante. 
Cler.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  378,  col.  1. 
Clers  Parton.  de  Bl.  iMS.  de  S.  G.  fol.  134,  R»  col.  3. 
Clercq.  Nouv.  Coût.  Gén.  T.  II,  p.  972. 
Clier.  Villehardouin,  p.  120. 
Clés,  plur.  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  III,  p.  1157. 
Cleie   Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  T.  I,  fol.  68,  V»  col.  i. 

Clei'cé,  partie.  Reçu  clerc.  (Voyez  Statu Is  de 
la  Bazoche,  p.  111.) 

Clei'celiere,  subst.  fém.  Clavier.  Espèce  d'an- 
neau qui  sert  à  joindre  des  clefs  ensemble. 

J'ayrae  mieux  voir  sa  clerreliere, 
Ses  cousteaux,  sa  jaune  jartiere. 
L'or  clinquant  de  son  demy  ceinct,  etc. 

Des  Accords.  Bigarrures,  fol.  31,  V°. 

Clerçon,  subst.  masc.  Diminutif  de  clerc.  (Voy. 
Cotgrave  et  Oudin,  Uicl.) 

Tant  k'il  n'i  ot  clerc,  ne  clerçon  (5). 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  70.7 

VARIANTES    (6)  : 
CLERÇON.  Poës.  MSS.  Vat.  n»  1522,  fol.  164,  V"  col.  1. 
Cleriçon.  Du  Cange,  Gloss.  lat.  au  mot  Clericio. 
Clereton.  Gace  de  la  Bigne,  des  Déd.  MS.  fol.  43,  R°. 
Clerion.  Borel,  Dict. 

Clerjon.  Du  Cange,  Gloss.  lat.  au  mol  Clericio  (7). 
Clergeon.  Fauch.  Lang.  et  Poës.  fr.  p.  170. 
Clergeau.  Pasquier,  Rech.  p.  517. 
Clergaut.  Fabl.  MSS.  du  R.  n°  7218,  fol.  164. 

Clerdoiis,  subst.  masc.  Officier  particulier. 
Peut-être  le  grefrier.  «  Nouviaus  bouchiers  qui  tail- 
"  leul  cb;ir,  doit  3'i.  deniers  au  clerdous,  et  une 
"  père  de  cliauces,  à  la  value  de  lt>  deniers  ;  et  au 
■  prevost,  un  muy  d'orge.  »  (Ane.  Coût.  d'Orléans, 
p.  47i.)  «  Quiconque  entre  as  oances,  32.  deniers 
•<  au  clerdous.  »  (Ibid.) 

Clere.    [Intercalez   Clere  :    1°    Blanc   d'œufs: 


.<  Icellui  lîernart  print  des  estouppes  et  de  la  clere 
«  des  oefs,  et  au  mieulx  qu'il  seut  appareilla  les 
"  playes,  qui  fort  seignoyent.  "  Ji.  1G5,  p.  3Î)0, 
an.  14)1.)  2°  Clairière  :'>■  Et  d'illec  [Lamberville]  se 
"  parti  et  s'en  vint  par  costes  et  par  clere.  tant  que 
«  il  vint  à  1^'ontaines  le  Sourf.  »  (JJ.  152,  p.  282, 
an.  1397.)]  (.N.  e.) 

Cleremeut,  ndv.  Clairement,  ouvertement  i8\ 
(Voyez  Ord.  T.  I,  p.  r,62.)  On  a  dit,  au  ligure  : 

....  après  ceste  besoingne 

Emprise  ateneusement. 

Ne  s'entr'amerent  clerement. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  32,  R". 

Cleres,  subst.  fém.  plur.  Barreaux.  (Dict.  de 
Nicol.) 

Cleres  voyes,  subst.  fém.  plur.  Nous  écrivons 
claires  voyes,  ouvertures  des  murs  l'eimées  seule- 
ment de  barreaux,  de  sorte  qu'elles  laissent  la 
liberté  de  jouir  de  la  vue.  »  En  la  quatriesrae  tour 
«  se  tenoit  Avarice,  en  celle  tour  esloient  huit 
«  chambreltes  :  en  la  première  ordinairement  fre- 
«  quentoit  Larrecin  ;  en  la  ii'  Rapine,  en  la  ui'  Usure, 
"  en  la  iv  Sacrilège,  en  la  v  Simonie,  en  la  vi'  Chi- 
«  cheté  ;  en  la  vu  Fraude  ou  Tromperie  ;  en  la 
«  VIII'  Parjurement,  et  par  dessus  ces  chambreltes, 
«  aux  cleres  voyes  (1»),  se  pourmenoit,  desguisé  en 
«  forme  d'homme,  et  rictiement  vestu,  un  diable 
»  que  Jésus  Christ  appelle  en  l'Evangile  Main- 
<■  mone.  »  (Cartheny,  Voyage  du  Chev.  Err.  fol.  47.) 

Clergairenient.  adv.  Cléricalement.  D'une 
manière  convenable  à  un  clerc,  à  un  ecclésiastique. 
(Voy.  Ord.  T.  Ill,  p..  (iOC.  —  Bout.  Som.  Rur.  p.  50«. 
-  Ord.  T.  V,  p.  536.) 

VARIANTES  : 
CLERGAIREMENT. 
Clergement,  Clergeument,  Clergiaument. 

Clergastre,  subst.  musc.  Diminutif  de  clerc.  Ce 
mot  emporte  une  idée  de  mépris  : 

Ce  sont  clergastre  (10)  qui  mesdient  ; 
Qui  les  meschines  contralient. 

Parton,  de  Dlois.  .MS.  de  S'  Gcnii.  fol.  iU,  V"  col.  -2. 

Cleiastre  semble  avoir  la  même  signification  dans 
le  passage  suivant  : 

songieres  fii. 

Et  cleiastre,  et  faux  pecheor. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  1218,  fol.  77,  R"  col.  1 . 


(1)  On  peut  voir  dans  r/4/v/ii/rf/(!i(s  ou  Grande  lamentation  de  Jean  d'Anlville,  les  misères  des  étudiantsauxiF  siècle,  (x.  Y..) 

(2)  Les  nègres  des  colonies  françaises  disent  encore  :  «  Tout  ça  qui  porlè  zèperons,  pas  maquignon.  »  (N.  E.) 

(3)  Voyez  aussi  Leroux  de  Lincy  (II,  121  et  122.)  (N.  E.) 

(4)  On  lit  déjà  dans  Roland  (str.  256)  :  «  Ensemble  od  lui  si  clerc  et  si  chanoine.  »  (N.  E.) 

(5)  On  lit  encore  dans  Renarl  (20029)  ;  «  Sarez  rien  de  celui  afere  Que  li  maistres  fait  as  clerçons,  Quant  il  lor  ajprent  les 
leçons.  »  (N.  E.) 

(6)  On  lit  encore  clergon  au  reg.  JJ.  140,  p.  20,  an.  1390  :  «  Comme  Audry  Michelet  eust  prins  un  des  enfans  de  son  frère, 
et  l'eust  tenu  à  ses  despens  à  l'escole,  et  tant  que  à  son  pourchaz  il  l'avoit  fait  faire  des  clergous  de  l'èglise  de  Lyon.  »  (x.  E.) 

Cl)  Il  cite  le  Roman  de  Rou  :  «  Et  tant  estoient  exploitiés,  Que  ne  sai  laquelle  léchons  Est  alez  lire  un  des  clerjons.  t 
Ailleurs  :  «  Chantent  li  maistre  clerc,  et  chantent  li  clerjon.  »  (n.  e.) 

(8)  Il  signifie  aussi  en  petit  nombre:  «  Des  apelés  1  a  gramment,  Mais  li  eslit  sont  clerement.  »  (Bestiaire,  ms.  Du  Cange, 
II,  370,  col.  1.)  (N.  E.) 

(9)  On  lit  aux  Emaux  de  De  Laborde  (xvi'  siècle,  p.  216)  :  «  Une  couppe  plate,  d'argent  doré,  à  tout  son  couvercle  ,  dont 
le  pyé  est  faict  à  ciervoises  et  à  lettres.  »  (N.  E.) 

(10)  On  lit  au  9-  Miracle  de  Notre-Dame  (t.  II)  :  «  Cil  clergastre  sermonéeur  Sont  tout  si  fort  tribouléeur,  Qu'erbe  fout 
paistre  à  simple  gent  :  As  plusours  tolent  lor  argent...  Li  un  préeche  à  haute  vois  Que  le  dent  porte  Sainte  Crois,  Et  li  autre 
jure  cum  a  Des  sains  jours  que  Dex  jeûna  Enseelé  en  un  cristal  ;  Li  autres  r'a  en  un  cendal  la  jointe  de  lAssention  ;  De  la 
Purification  R'a  li  autres  plaiue  fiole  ;  Li  autres  dist  c'une  canole  Et  une  coste  a  de  Tous  Sains.  »  (D.  C,  V,  691,  col.  3.)  (m.  s.) 


CL 


r.G  - 


CL 


VAHIANTIÎS  : 
CLEUGASTRE.  Vies  des  SS.  MS.  de  Sorb.  chif.  Lx,  col.  H. 
Cleiastbe.  Fabl.  MSS,  du  R  n»  7218,  fol.  77,  R"  col.  1, 

Clergé,  sithst.  masc.  Droit  canon.  «  Le  seigneur 
«  de  Corasse  avoit  un  plaid  en  Avignon  à  rencontre 
«  d'un  clerc  de  Catelongne,  lequel  clerc  estoit  en 
«  clergé  {\)  fondé  1res  grandement,  et  clamoit  avoir 
.1  grand  droit  en  cesdismes  de  Corasse.  »  (Froissart, 
liv.  111,  |).  05.) 

Clergeamnent.  [Intercalez  Clergeaument  : 
1°  Doctement;  en  latin  H  If  crali  ter  {Gloss.  lat -fr. 
769'2);  '•2°  Clcricalemenl  :  «  Tous  clers  non  mariez. 
«  tant  nierclians  comme  vivans  clergiaument.  » 
(Ord.  III,  54,  an.  1356.)  Au  t.  V,  536,  an.  1372:  «  Les 
dittes  gens  d'église  vivant  clergeumens.  »]  (n.  e.) 

Ciergeresse,  subst.  fétu.  Femme  savante*, 
iteligieuse^.  Femme  de  grefder'^. 

*.Sur  la  première  significalion  de  femme  savante, 
gui  est  la  plus  commune  dans  nos  anciens  auteurs, 
voyez  les  Dicl.  de  Corel,  Corneille,  Oudin,  Gloss. 
des  Arr.  d'Amour,  et  Du  Gange,  au  mol  Clerici  (2). 

Escoutés  donc  ce  qu'on  dira, 
Aprenez,  soyez  ciergeresses. 

Coquillart,  p.  3. 

«  Femmes  qui  déclinent  aussi  pour  se  montrer 
«  grandes  clergesscs.  ■■  (Des  Ace.  Bigarr.  p.  16.  — 
Voyez  Chron.  ms.  de  Nangis,  sous  l'aiî  1310.)  On  lit, 
dans  une  satyre  de  Régnier  intilulée  la  Macette: 

Clerijesse,  elle  fait  j,T  la  leçon  aux  prêcheurs, 
Elle  lit  Saint  Dernard,  la  guide  des  pécheurs. 

Satyre  xiii. 

^  On  a  dit  clergesse  pour  religieuse,  selon  le 
Gloss.  de  rilist.  de  Paris. 

•^On  appeloit  aussi  c/f?'r/essc,  une  femme  de  clerc, 
de  greffier. 

Une  simple  huissière,  ou  clergesse 
Aujourd'huy  se  présentera 
Autant,  ou  plus,  qu'une  duchesse. 

Coquillart,  p.  26. 

VARIANTES  : 
CLERGERESSE.  Coquillart,  p.  3. 
Clergesse.  Oudin,  Dict.  et  Des  Ace.  Bigar.  p.  16. 

Clergei'ie,  subst.  fém.  Greffe.  <•  Nous  avons 
«  ordené  et  ordenons  que  nous  prevostez,  lahei- 
«  lionages,  clcrgeries  tant  de  nous  senescliauciées, 
«  balliages,  etc.  »  (Ord  T.  ÎII,  [lage  439.)  On  verra 
ci-après  clergie  dans  le  même  sens. 


Clergez,  subst.  inasc.  plur.  Ofliciers  de  justice. 
(Voy.  rOrdonn  de  Charles  V,  de  l'an  1356,  citée  par 
Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 

C\er(}ie,  subst.  fém.  Science,  savoir*.  Langue 
savante*^.  Clergé "=.  Greffe"  (3). 

*  Sur  la  première  acceplion  de  science,  voy.  Dict. 
de  Borel,  Corneille,  Ménage,  Gloss.  sur  les  Coût,  de 
Beauvoisis,  el  Du  Gange,  au  mot  Clerici.  On  lit,  en 
parlant  des  ecclésiastiques  :  «  Comme  ainsi  fust 
«  qu'il  n'y  eut  qu'eux  qui  fissent  profession  de 
»  bonnes  lettres,  aussi  par  une  métaphore,  nous 
«  appellàmes  grand  clerc  l'homme  scavanl,  mau- 
«  clerc  celui  qu'on  lenoit  pour  beste,  clergie  pour 
«  science.  «  (Pasq.  Hech.  p.  680.)  Le  même  auteur, 
p.  681,  dit,  en  parlant  de  Boëce  :  «  L'art  de  dialec- 
"  tique,  arithmétique,  géométrie,  et  musique  qu'il 
«  translata,  monstrent  bien  la  grande  clergie.  » 

Et  letrez  fut  de  grant  clergie  (4'). 

Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  29.  V  col.  2. 

Or  parlerai  de  le  clergie  ; 
Ele  est  de  vent  trop  aengie. 

Poës.  MSS.  av.  1300, T.  IV,  p.  1313. 

°  De  ce  que  clergie  signifioit  science,  on  a  nommé 
clergie  le  latin  connu  des  seuls  savans.  Cist 
«  (ce)  livres  est  traiz  (traduit)  de  clergie  (5)  en 
«  Romanz  el  est  apelez  li  image  du  monde,  et  con- 
«  tient  por  lot  lv  chapitres  et  .\xxvin  figures,  sans 
«  lesquelx  li  livre  ne  poroit  estre  fegièrement 
«  entendus,  qui  est  divisé  par  3  parties',  livre  de 
"  clergie  ou  image  du  monde.  »  (ms.  de  la  Bibl.  du 
R.  n°  7991,  fol.  I.  —  Voy.  Ci.erkois  ci-après.) 

•^  On  a  dil  aussi  clergie,  pour  clergé  (6;,  le  corps  des 
ecclésiastiques  ;  «  MessireGuillaume  de  Tigouville, 
«  prevosl  de  Paris  feit  exécuter  deux  des  clercs  de 
«  l'Université,  non  obstant  qu'ils  feussenl  clercs, 
«  et  qu'en  les  menant  à  la  justice  criassent  haull  et 
«  clair,  clergie  (7),  affin  d'esire  recoux  (délivrez)  ». 
(Monslrel.  Vol.  1,  fol.  14.) 

°  Enfin,  comme  on  nommoit  clerc  un  greffier,  on 
a  nommé  clergie  un  greffe.  ■  Les  clergies  des  bail- 
«  liages,  et  nos  prevostez  soient  baillées  en  garde, 
»  el\es  clergies  (les  prevostez  âà\ou&[éQS  auy.  pre- 
«  voslez,  el  baillées,  el  laissées  aux  prevotz,  en 
"  diminution  de  leurs  gages.  »  (Rec.  des  Ord. 
T.  II,  p.  262.)  «  Les  sceau'x,  et  clergies  des  baillies, 
«  et prevoste:::,  ?>evon{  bailliées  à  ferme,  dores-eu- 
"  avant,  par  cris,  et  subaslations  accoustumées.  » 


(1)  M.  Kervyn  (XI,  192)  imprime  clergie.  (N.  E.) 

(2)  11  cite  les  Arresia  Ainurum  (II,  393,  col.  3)  :  «  Apres  avoit  les  déesses.  Toutes  légistes  et  clergesses,  Qui  sçavoient  le 
décret  par  cœur.  »  (N.  E.) 

(3)  Il  signifie  encore  1"  dignité  cléricale  (Gart.  23  de  Corbie,  an.  1320)  :  «  Clerc  ou  lay  ,  de  quelconque  condition  qu'il 
soient,...  paient  selon  le  quantité  et  qualité  des  biens  ou  héritages  qu'il  aront  en  nodite  ville...  exceptés  prestres  et  clercs, 
qui  se  vivent  de  leur  clergie,  sans  mestier  ou  marchandise.  )i  2°  Bénéfice  clérical  (id.,  an.  147t))  :  «  Ils  avoient  disposition  et 
collation  de  toutes  les  cures  et  clergies  de  toutes  les  églises  parochiales  d'icelle  [ville  de  Corbie].  »  (N.  E.) 

(4)  «  Corne  l'on  ne  peut  saveir  totes  clergies,  ne  me  seinble  il  pas  que  l'on  puisse  saveir  toz  les  plais.  »  (Assises  de 
Jérusalem,  51.)  Froissart  écrit  aussi  (VI,  264)  :  «  Et  en  fist  pluiseurs  livres  bien  dettes  et  bien  fondés  de  grant  science  de 
clergie.  »  (N.  E.) 

(5)  On  lit  dans  les  analyses  des  ms.  de  M.  P.  Paris  (III,  195)  :  «  Ne  fut  plus  sages  de  clergie  ,  Mais  des  autors  savoit  la 
vie.  Moult  mostre  selon  sa  mémoire.  »  (N.  e.) 

(6)  «  Toutes  gens  de  religion,  tote  clergie,  tout  chevaUer  et  tout  gentilhomme.  »  {[.ivre  des  Métiers,  309.)  (N.  E.) 

(7)  Il  faut  l'entendre  au  sens  de  bénéfice  de  clergie  :  «  Se  clers  est  marceans,  il  ne  pot  pas  affranchir  sa  marceandise  par 
le  privilège  de  sa  r/err/it'.  »  iBeaumanoir,  XI,  3C).  L'usage  subsiste  encore  en  Angleterre;  le  meurtrier,  dans  les  cas 
grâciables,  est  sauvé  du  dernier  supplice,  lorsqu'il  peut  lire  quelques  lignes  de  vieux  caractères  saxons;  un  juge  s'écrie 
alors  :  «  Legit  cleiiois  »  ;  et  le  coupable  obtient  grâce  de  la  vie.  (N.  E.) 


CL 


—  57 


CL 


(Ibid.  p.  302.)  Lnclergie(lesesc1ievins{\)  étoit  l'office 
jle  greffier  de  l'ëcheviiiage.  (Ord.  T.  V,  p.  375.  — 
Voy.  ci-dessus  Clergerie.) 

VARIANTES   (2)  : 
CLERCrIE.  Pasq.  Rech.  p.  680. 
Clergise.  Path.  Farce,  p.  4. 

Clergie,  adj.  au  fém.  Ecclésiastique.  On  disoit 
l;i  gcnt.  elergie,  le  cleroé,  par  opposilion  à  la  geiit 
laie;  laïques  dans  les  Fabl.  mss.  du  R.  ii°  7615,  T.  I, 
fol.  72. 

Clergié,  subst.  masc.  Clergé*.  Docteurs  juifs". 
Ecclésiastique'^. 

*Au  premier  sens  de  clergé,  c'est  le  corps  des 
ccclésiasliques. 

Gens  d'église,  clergié,  noblesse. 

Vigil.  de  Charles  VII,  T.  I,  p.  2. 

(Voyez  Villeliard.  p.  58.  —  Ord.  T.  I,  p.  389.) 
^Ce  mot  a  signifié  aussi  les  corps  des  docteurs 
de  la  loi  des  Juifs.  Alors  il  tire  sa  signification  de 
clerc,  pris  dans  le  sensd'liomme  de  lettres. 
Diex,  quant  Jherusalem  venistes. 
Et  ceux  de  la  loi  deffendistes 
La  pécheresse  à  désir. 
Que  il  voloient  lapider; 
pjt  demonslrates  au  clergié 
Que  cil  qui  estoit  sans  pechié 
Devoit  de  li  prendre  venjance. 

Fabl.  MSS.  lin  R.  n-  7-218,  fol.  211,  V  col.  I. 

•^Dans  le  dernier  sens,  clergié  se  disoit  pour 
ecclésiaslique  en  particulier.  «  Les  gens  d'église, 
"  religieux,  chapelains,  et  autres  personnes,  soient 
..  clergiez,,  ou  lais.  .•  (Ord.  T.  II,  p.  300.) 

Oeriaux,  adj.  Clérical  '3).  En  lalin  clericalis, 
suivant  le  Gloss.  du  P.  Labbe,  p.  .i!>5. 

Clericiis,  subst.  masc.  Savant.  Mot  purement 
latin  employé  comme  franyois,  en  ce  passage  oii 
l'on  parle  du  poêle  Accius  :  «  11  s'esloit,  dès  le 
<•  temps  de  leurescolle,  tousjours  réputé  le  meilleur 
'•  clericits,  et  plusgrand  poette  que  César.  »  (Ilist. 
de  la  Toisou  d'Or,  Vol.  1,  fol.  17.) 

Clerique,  adj.  Clérical.  On  a  dit  vie  cleriguc, 
vie  de  clerc,  elericatiire.  (Voy.  Gouj.  Bibl.  fr.  T.  XIII, 
page  196.) 

Clerkois,  subst.  masc.  Langue  savante.  Langue 
latine.  »  Li  quars  pechié  de  pereche,  c'on  apellc 
•i  en  clcrkois  accide.  ••  (Ane.  m.s.  intitulé  le  Miroir, 
«  cité  parDuCange.auxmots.lrerfirt  &\.Clericus{\). 
—  Voyez  ci-dessus  Clergié,  dans  le  même  sens.) 

Clermont,  subst.  masc-  Nom  de  lieu.  11  étoit 
renommé  pour  la  fabrique  des  épées. 


De  maies  dagues  de  Bourdeaulx, 
Et  d'espées  de  Clermiml  (5), 
Puist  il  avoir  plaine  sa  pance. 

Eusl.  Desch.  i'oés.  MSS.  fol.  3.'j0. 

Clermontins,  subst.  masc.  plur.  Nom  donné 
aux  jésuites,  ainsi  appelés  do  celui  de  leur  nouveau 
collège  de  Clermont  (G)  à  Paris,  «  ce  qui  lit  oublier, 
«  pendant  quelque  temps,  le  nom  de  jésuites,  titre 
«  qui  paroissoit  à  plusieurs  vain  et  orgueilleux.  » 
(Hist.  de  Thou,  T.  V,  liv.  XXXVIl,  p.  230 

Clertés,  subst.  fém.  En  latin  carilas,  selon  le 
Closs.  du  P.  Labbe,  page  521,danslesensde  c/aires 

voyes. 

Cler  voir,  subst.  masc.  Discernement.  On  adit, 
en  ce  sens  :  «  De  ce  point,  le  tout  en  est  à  la  haute 
«  discrétion,  c/cr  voir,  et  bon  vouloir  du  ditseigneur 
«  juge,  etc.  »  (La  Jaille,  du  Champ  de  Bat.  f"  62.) 

Clesclié.  adj.  Percé  à  jour  (7).  Seditd'unecroix, 
en  termes  d'armoiries,  suivant  Le  Laboureur,  Orig. 
desArm.  p.  187,  où  l'on  peut  voir  ses  conjectures 
sur  l'élyniologie  de  ce  mot. 

Clescljes,  subst.  fém.  Clefs.  Il  semble  qu'on  ait 
dit  proverbialement,  en  ce  sens:  clesc::es[S]  de  Cou- 
tances.  (Prov.  à  la  suite  des  Poës.  mss.  avant  1300, 
T.  IV,  p.  1653.) 

Clestre.  Lisez  désire,  subst.  fém.  Ce  mot  sem- 
ble une  faute  pour  désire,  dans  les  vers  suivans  : 

Vous  morrois  o  ceste  glestre, 

Dont  je  ai  maint  bon  cop  donné. 

Rom.  de  Rrut,  MS.  fol.  7.  V  col.  1. 

On  lit  plus  haut  hache,  en  parlant  du  même  fait, 
et  le  .MS.  de  Bombarde  écrit  désire.  On  a  dit  autre- 
fois destral  pour  cognée.  On  remarque  aussi  que 
les  copistes  ont  souvent  écrit  cl  pour  d. 

Cleiificher.  [Intercalez  Cleuficher,  aux  Miracles 
de  Notre-Dame  (t.  I): 

Il  te  cleupchcnt  mains  et  pies. 

Du  Cingc,  II,  383,  col.  1. 

Un  Juif  s'écrie  au  t.  II  : 

Je  ne  crois  mie 

Que  .Tesus  Cris  li  fix  Marie 
Que  clcujicliicrent  en  un  fust 
Nostre  ancliissor,  se  Dex  ne  fust. 

Du  Gange,  id. 

Enfin,  une  vie  ms.  de  Jésus-Christ  donne  une 
variante  : 

Il  en  fièrent  [clous]  parmi  les  pies, 
Or  est  Jhesus  bien  clo/ichiés.]  (n.  e.) 

Clevois,  subst.  masc.  Habitant  de  Clèves.  Qui 
est  de  Clèves.  ■■  Le  capitaine  Marlin  du  Bellay  fail- 
«  lit  à  estre  tué,  deux  ou  trois  fois,  des  Clevois.  » 
(Mém.  Du  Bell.  liv.  VIII,  fol.  255.) 


(1)  «  Que  li^s  jurés  et  eschevins  et  les  eswardeurs  donront  les  offices  de  la  ville  en  la  forme  qu'ils  faisoient  anciennement, 
excepté  la  clergié  des  eschevins.  »  (N.  E.) 

(2)  Clergié  est  dés  le  XU'  siècle  dans  Thomas  de  Cantorbery  («))  ;  «  E  les  leis  qui  vus  dites,  à  quel  li  reis  s'alie,  Ne  sunt 
de  bauté,  ainz  sunt  de  felunie.  Contre  Dea  et  raisun,  pour  destruire  clergié  [les  clercs].  »  (N.  E.) 

(;!)  Or.  trouve  aussi  clergil  dans  Thomas  de  Cantorbery  (75)  :  «  Ne  laie  leis  ne  deit  la  clergil  davancir.  »  (n.  e.) 

(i)  Ed.  (iPiischel,  t.  II,  394,  col.  1.  (N.  E.) 

<ô)  C'est  Clermont-Ferrand,  car  on  disait  de  Clermont-de-1'Oise:  «  Clermont  clair  vin.  Grandes  moisons,  rien  dedin.  »  (N.  E.) 

(0)  C'est  aujourd'hui  le  lycée  Louis-le-Grand  ;  Voltaire  y  fut  élevé,  (n.  e.) 

(7)  On  écrit  aussi  cléché,  en  anneau  de  clé,  de  la  forme  fictive  claviculalus.  (n.  e.) 

(R)  Usez  seichef!  [pieuvres]  de  Constanches,  d'après  le  Dit  de  l'Apostoile.  (N.  E.) 

IV.  8 


CL 


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CL 


Clicart.  [Intercalez  Clicart,  sorte  de  bâton  : 
«  Un  l■;l^loM,  apiiellé  clicarl.  «  (JJ.  120,  p.  IGl, 
an.  l;iS5.)  Ou  lit  encore  aux  Miracles  de  Notre- 
Dame  (t.  li): 

Kt  d'un  baston  et  d'un  clicart 
ïobt  li  ilonroil  de  lés  l'orpillc. 

Du  Cange,  II.  306,  col.  2.|  (N.  E.) 

Clichouere.  [Intercalez  Clichoucre ,  évier: 
«  Ils  pui>seiit...  faire  dicliouercs  ou  (jUchoueres, 
«  une  ou  plusieurs,  se  il  leur  plait,  pour  essyauer 
<■  par  un  fossé  ou  l'yane  s'en  va  derrière"  ledit 
»  lorgoir.  »  (JJ.  7-2,  p.  309,  an.  1308.;]  (>-.  e.) 

Clicorgae,  adv.  De  côté,  de  travers. 

L'un  œil  a  lousque,  et  l'autre  borgne  : 
To7.  dis  regarde  clicon/ne  (1); 
L'un  pié  ot  droit,  et  l'autre  tort. 

Fabl.  JISS.  du  R.  n'  7218,  fol.  U",  R  col.  1. 

Clicqans,  subst.  masc.  Cliquelis.  Bruit  des 
armes.  11  semble  que  ce  soit  le  sens  de  ce  mot, 
dans  ces  vers  : 

Je  laisse  au  bourreau,  s'il  est  près, 
Ung  cent  de  chausses  bigarrées... 
Et  aux  bardeaux  porlans  espées. 
Comme  terribles  applicquans, 
De  nuyct  trois  ou  quatre  creppées, 
S'on  lès  trouve  parles  clic(iur<»i. 

Molinet,  page  19^1. 

Clidel'iijSi/isf.  /'m.  Macliinede  guerre.  La r//rf^, 
selon  Faucliet,  «  est  un  long  bois  lequel  retenu 
«  par  un  contrepoids,  quand  il  desserre,  lasche  un 
«  grand  fais  de  pierre,  dans  les  forteresses  assié- 
«  gées.  »  (Orig.  liv.  II,  p.  118.  —  Voy.  Boullainv. 
Ess.  sur  la  iS'obl.  p.  115.) 

VARIANTES  : 
CLIDE.  borel,  Corneille,  Colgrave,  Dict. 

LlDE. 

Cliers,  subst.  inasc.  plur.  Partie  d'un  moulin. 
"  Est  icelle  veuve,  par  la  dite  coustume,  tenue  de 
«  contribuer  a  rencontre  des  héritiers,  aux  repara- 
'<  lions,  réfections,  et  entreteneinens  des  moulins, 
«  rayeres,  cliers  (3),  pressoirs  et  de  tous  engins,  et 
«  charnals  mouvants,  et  travaillants,  etc.  »"(Cout. 
de  Péronue.  —  Nouv.  Coût.  Gén.  T.  II,  page  618. 
—  Du  Caiige,  au  mot  Raeria.)  (4) 

Cliez.  participe.  Salué.  Clier,  en  ce  sens,  sem- 
ble une  altération  de  l'orthographe  incliner  (5),  qui 
s'est  dit  autrefois  pour  safuer  en  se  courbant; 
de  là,  au  figuré,  pour  remercier. 

Toussains,  fiz  Rou  le  Diane,  ont  non; 
Au  Bec,  aux  ch.^ns  avoit  maison  ; 
Le  goii fanon  li  a  liirez 
Et  cil  l'en  a  sçu  bon  grez  ; 


■Volentiers  l",-i,  et  bel,  et  bien,  portez; 
Parfondement  l'en  a  riiez. 

Rom.  de  Rou,  MS.  p.  315. 

On  trouve  le  verbe  clier,  dans  Borel,  qui  renvoie 
ù  lier.  (Voy.  Lier  ci-après.) 

Clifoire,  subst.  féjn.  Calonière,  ou  canonnière, 
espèce  de  sarbacane  de  sureau  à  l'usage  des  enfans. 
(Dict.  de  Cotgr.  et  Ménage.) 

VARIANTES   : 
CLIFOIRE.  Le  Duchat,  sur  Rab.  T.  IV,  p.  130. 
Glifoirée. 
Glyphuuere.  Rabelais,  T.  IV,  p.  130. 

Cligne  musset,  subst.  Jeu  d'enfans.  Nous 
disons  encore  cliijne  musette.  (Dict.  Univ.  —  Voyez 
aussi  Dict.  de  Colgrave.  Nicot,  Monet,  Oudin,  Cur. 
fr.,  etc.)  Ce  dernier,  dans  son  Dict.  fr.  esp.,  dit 
adverbialement,  à  cligne  musetle,  pour  les  yeux 
fermés. 

variantes  (6)  : 

CLIGNE-MUSSET.  Nicot,  Oudin,  Cur.  Fr.  etc. 
Cline  muche.  Hist.  du  Th.  fr.  T.  III.  p.  78. 
Cline-mucette.  Rabelais,  T.  I,  p.  I'i6,  note. 
Climusette.  Journ.  de  Verdun,  1756,  avril,  p.  344. 
Clignemussette.  Oudin,  Dict. 
Cligne-musette. 

Cligner,  verbe.  Baisser  les  yeux*.  Lorgner^. 
Faire  signe  de  l'œil '^.  faire  signe  de  la  tète". 

Ce  mot,  sous  l"orlhograjiliec//He/',  a  eu  beaucoup 
d'autres  significations  qui  lui  sont  particulières,  et 
qu'on  trouvera  à  son  article  ci-après.  Celles  que 
nous  rapportons  ici  sont  des  extensions  naturelles 
de  l'acception  subsistante  du  verbe  cligner,  qu'on 
écrivoit  cluingner,  au  même  sens  : 

Ici  ne  cluiiignc  (7)  de  l'ueil. 
Que  la  borse  ne  soit  copée. 

Fabl.  MSS.  du  R.  «•  7218,  fol.  G7,  V  col.  2. 

*De  là,  ci^'^ner  signifioit,  au  premier  sens,  baisser 
les  yeux  : 

Devant  l'Ampereor  céans 
Ert  smiples  con  nn  innocenz, 
Et  huuibles,  et  si  souploianz. 
Et  si  aigneax,  et  si  cluptanz,  etc. 

Parîonopex  de  Blois,  MS.  de  S.  G.  fol.  165,  V'  col.  3. 

^  Ce  mot  est  mis  pour  lorgner,  en  ce  passage  : 

Je  iroie,  tout  en  cluignaiit, 
A  ceste  qui  mieuls  à  manière. 

Froissarl,  Pois.  MSS.  p  206,  col.  2. 

'^  Cligner  signifie  faire  signe  de  l'œil,  dans  ces  vers  : 

Lors  regarde  ;  sa  mère  voit 
Qui  lui  cligne,  c'oulre  passast. 
De  nule  riens  ne  l'araisnast. 

Fabl.  MSS.  de  S.  Germ.  fol.  57,  V'  col.  3. 

Moult  li  a  ris,  et  moult  cligmé, 
Et  maint  semblant  fait  d'amitié. 

Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  65,  V. 


(1)  On  lit  au  Pèlerin  de  Guigneville  (Du  Cange,  II,  398,  col.  1)  :  «  Et  de  travers  et  de  clicorgne  Me  regardoit  ;   car  esloit 
borgne.  »  (n.  e.) 
(2j  «  La  claye  ou  clide  du  champ  de  myl.  »  (JJ.  196,  p.  276,  an.  1470.)  (n.  e.) 

(3)  C'est  une  écluse  faite  de  claies  pour  retenir  le  poisscm  ;  «  Pourront  avoir  lidiz  religieus  [du  mont  S.  Martin]  dessouz 
ledit  molin  un  clier  et  unf  keste  pour  retenir  le  poisson,  qui  là  pourroit  kair.  u  (JJ.  72,  p.  309,  an.  -1308.)  (N.  E.) 

(4)  On  trouve  comme  variantes  cliier  (l'.i8n.  chlùer  (1-282),  au  cartulaire  du  mont  S'  Martin.  (N.  E.) 

(5)  Ou  plulôt  de  ctiûef.  qui  est  déjà  dans  Roland  (v.  3727)  :  «  [Aude]  Sur  les  espalles  ad  la  teste  clinéi:.  »  (N.  E.) 

(6)  On  ht  dans  Jlachaut  (p.  115)  :  «  Mais  viez  péchiez  et  vielles  debtes  Font  à  Dieu  compter  à  cligneltcs,  C'est-à-dire  qu'il 
n'i  voit  goutte.  »  A  la  87«  Nonv.  de  I  ouis  XI  :  «  M'avez  vous  fait  jouer  à  cligne-musette  pour  me  faire  ce  desplaistr?  » 
L'étymologie  est  :  cligne,  feime  1  œil.  et  tnut,sclte,  cachette,  de  musser.  (n.  e.) 

(7)  On  lit  encore  dans  Blanche  et  Jehan  (v.  5634)  :  «  Adonc  il  clocha  forment  d'un  pié,  L'un  oel  ouvert,  l'autre  clingnic,  La 
teste  basse  et  les  reins  haut.  »  (n.  e.) 


CL 


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CL 


"  Enfin,  cliner,  comme  orlhosrraphe  de  cligner, 
signifioit  rider  fil,  en  faisant  si?:ne  de  la  tête.  Nicot, 
sur  celle  signification,  cite  ces  paroles  de  Ronsard  : 
a  Dont  le  grand  front  se  clinant  pour  faii-e  signe.  " 
(Voyez  ci-aprt's  Clin.) 

VARIANTES  : 

CLIGNER.  Nicot,  Oudin,  Dict. 

Cleigner. 

Gligmer.  Rom.  de  Brut.  MS.  fol.  lOS,  V». 

Gliner.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  2'25,  col.  4. 

Gligxeter.  Eust.  Desch.  Poës.  ilSS.  fol.  157.  col. 3. 

Gldigner.  Fabl.  .MSS.  de  S.  G.  f'  19,  R«  col.  32. 

Cluingner.  Fabl  .MSS.  du  R.  n°  7218.  fol.  67,  V»  col.  2. 

Cluingnieh.  Fabl.  .MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  217,  R°  col.  2. 

Clignette,  snbst.  fém.  Sorte  de  jeu.  Le  même 
(jue  clirjne  musette. 

Item,  et  si  ne  jouerez 
.\u  siron,  ne  à  rlignetlcs. 

L'Aînanl  rendu  Cordelicr,  p.  501. 

Froissartdil,  en  parlant  des  jeux  de  son  enfance: 

Juiens  nous  au  roy  qui  ne  ment, 
Aux  bares.  et  à  l'agnelet, 
Au  chace  lièvre,  à  la  cliiiijnelle  : 
Aussi  à  la  sotte  buisette, 

Froissarl.  Poos.  MSS.  fol.  8fi,  col.  2,  et  81,  col.  1. 

VARIANTES  : 
CLIGNETTE.  L'Amant  rendu  Cordelier,  p.  591. 
Cluignutte.  Froissart,  Poës.  MSS.  p.  B6,  c.  2,  et  87,  c.  1. 

Clignottement,  f^ubst.  masc.  Clignement  {'2,. 
Monvemeiil  de  la  paupière.  (Dict.  de  Cotgr.  et  d'Oud.) 

Climat,  siihst.  masc.  Terrain,  canton,  terri- 
toire. "  Attendu  ciue  le  dit  climat  est  notoirement, 

•  et  de  toute  ancienneté,  ressort,  et  bailliage  de 
»  Sens.  »  (Coût.  dWuxerre,  Coût.  Gén.  T.  I,  p>2-22.) 
<i  Au  dit  comté,  et  bailliage  d'Au.xerre,  il  y  a  plusieurs 
«  climats,  et  territoire,  noloirement  allodiaux  » 
(Ibid.  p.  2-25.  —  Voy.  Clima,  employé  au  même 
sens,  dans  Du  Cange.; 

Cliniatere,  adj.  Climatérique.  «  Guillaume  du 
»  Bellay  mo  irut  ledixiesme  de  janvier,  l'an  de  son 

•  eagele  climatere,  et  de  nosire  supputation  l'an 
<'  1543,  en  compte  Romanicque.  «  (Rabelais,  T.  III, 
p.  115.) 

VARIANTES   (3)  : 

CLIMATFRE.  Rabelais,  T.  III,  p.  115. 
Clilateric.  Oudin.  Dict. 

Clin,  subst.  masc  Clin  d'u.'il*.  Mouvement  de 
lête^  (4). 

*  Ce  mot,  qui  vient  d'incliner,  baisser,  avoit 
autrefois  celle  double  signification.  Nous  écrivons 
encore  clin;  miis  nous  ne  le  disons  plus  seul,  et  il 
n'est  en  usage  que  dans  l'expression  clin  d'wil  : 

Voz  clim  plus  gratieux,  vos  paupières  doucettes. 
Du  Verdier,  Bibl.  p.  S3  et  »». 


(Voyez  Poës.  de  Loys-le-Caron,  fol.  20,  et  Poës. 
de  Perrin,  p.  129.) 

^  On  disoit  aussi  clin  de  tête,  pour  mouvement, 
signe  de  tête.  «  L'apela  d'un  clin  de  teste,  branle- 
"  "ment  du  doigt.  »   .Xuicts  deSlrapar.  T.  11,  p.  253.) 

VARIANTES  : 
CLIX.  Orth.  subsistante. 
Clein.  Oudin,  Dict. 

Clincas,  subst.  masc.  Espèce  de  monnoie.  «  Le 
»  clincas  de  Guillau.mes,  pour  xxvm  grans  blans, 
«  valent  xxii  s.  nu  d.  tournois.  »  (Urd.  de  1470,  pour 
les  monnoyes;  Coût,  de  Norm.  en  vers,  mss.  fol.  17. 
—  Voyez  CuQiANTs  ci-après  et  Clinquart.) 

Cline  (5),  subst.  Partie  d'une  armure.  Il  faut  peut- 
être  lire  chivin,  partie  de  l'armure  du  corps,  celle 
qui  se  mettoit  par  dessus  le  pourpoint,  sous  le 
haubert,  cuirasse.  «  Elle  a  ordonné  que  tous  che- 
■>  valiers  et  escuyers  qui  seront  à  celle  journée 
«  défaillans  de  baulbertz  et  de  clines  seront  de 
«  celle  feste.  »  fPercef.  Vol.  IV,  fol.  159.) 

Clineis,  subst.  masc.  plur.  Salut.  Proprement, 
inclination  du  corps,  l'action  de  s'incliner  : 

.\  Roem  fu  li  roiz  à  joie  recheuz, 
0  croiz,  o  encensiers,  et  o  clers  revestns  : 
En  la  sale  le  conte,  est  le  jour  descendus, 
Assez  out  de  Normanz  clineis  et  sains. 

Rom.  de  Rou,  .MS.  p.  »6. 

Clinel,  subst.  masc.  Crible.  En  latin  cribrum, 
suivant  le  Gloss.  de  Labbe,  p.  497. 

Cliner,  verbe.  IncVmer,  pencher*.  Tourner  ses 
pas^.  Cribler  "=. 

Nous  avons  déjà  parlé  de  cliner  comme  ortho- 
graphe de  clignier.  Nous  emploierons  ici  ses  signi- 
iicalions  propres.  Ce  mot  paroit  avoir  eu  deux 
étymologies  :  l'une  latine,  inclinare,  d'où  sa  signi- 
lication  commune  incliner;  l'autre françoise,  clinel, 
crible,  d'où  sa  signification  cribler. 

*  Dans  le  premier  sens  d'incliner,  on  a  dit  : 

Cil  mes  cuers  cline,  et  a  eure  (6). 

.M"  Muerise  de  Creon,  Poes.  MSS.  av.  1300,  T.  111,  p.  905. 

Morir  cuit,  tant  3ui  vers  vos  cUnê. 

Poès.  MSS.  av.  1300,  T.  IV,  p.  1«5. 

Quant  li  roiz  out  assez  ouré,  et  conseillié, 
Vers  l'autel  a  clinié,  et  au  saint  prist  congié. 

Rom.  de  Rou,  MS.  p.  109. 

«  Lors  cline  envers  en  l'eaue,  et  fut  noyé  en  peu 
«  d'heure.  ■>  Percef.  Vol.  I,  fol.  56. i  «Haa  royaume 
«  d'Eseoce,  vous  iiinere:i  d'ung  costé,  à  cause  de 
«  celte  irrécupërableperte.  »  {Percef.,  Vol.  IV,  f"  23.) 

Justice  et  loy  signifient  qu'en  brief 
Avec  raison  tiiidi  eut  les  roys  ;  or  clinent  : 
Mains  et  dois  sont  des  juges  le  chief  : 
Toutes  vertus  aujourdhuv  se  déclinent. 

Eu.l.  Descli.  Pocs.  MSS.  fol.  iX,  col.  3. 


(1)  Cliner  est  !à  pour  incliner  :  «  L'appela  d'un  clin  de  teste,  n  (Nuits  de  Slraparole,  II,  253.)  (N.  K.) 

(2)  Clitjiieier,  fréquentatif  de  cligner,  est  au  t.  11  de  l'Histoire  des  Croisades  (p.  582  ,  xiii'  siècle)  :  «  Celui  qui  clingnete 
de  l'eil.  »  (n.  e  ) 

(3)  On  lit  dans  d'Aubiané  (Tlist.  II,  175)  :  «  Les  causes  de  ce  mal  ne  sont  point  celles  que  les  astrologues  et  philosophes 
n'>niarqnent  ou  sur  les  constellations  ou  sur  les  ans  climacleriels.  »  (s.  E.) 

(t)  Faire  clin,  dans  Gérard  de  Vienne  (,p.  174.  col.  I),  signifie  s'inchner  :  «  Si  oom  Girars  descendi  el  chemin  Encontre 
Karle,  et  com  il  li  fiai  clin.  Com  li  tendi  son  chapel  sebelin.  »  (N.  E.) 

{'t)  On  lit  ilans  un  Gloss.  ms.  fonrls  S'  Germain  :  «  Taratantarum,  cline.i  ou  le  batoil  du  moulin.  i>  .Mlleurs  on  lit  :  i  Saî  à 
passer  ou  sasser  la  farine.  »  Voir  cti'ier.  (N.  E.) 

(G)  Ce  sens  est  dans  Roland  :  «  [Aude]  Desur  les  esp.iUes,  ad  la  teste  clinée  (v.  3727).  i>  Voyez  aussi  t.  2008.  (n.  e.) 


CL 


60 


CL 


Cliner  avoit  aussi  une  signification  active,  comme 
dans  CCS  vers  : 

Mon  cliief  que  j'avoie  clinc 
Veis  terre,  contre  mont  levai. 

Fabl.  AISS.  d.i  R.  ii"  "218,  fol.  35S,  K-  col.  1. 

On  disoil  cliner  savant  pour  se  pencher  en  avant  : 

Clbie  s'ai'uiit,  si  a  veu 
De  loing  venir  le  jovencel. 

FaW.  MSS.  (In  R.  n-  lOSll,  fol.  CO,  V-  col.  i. 

Celle  transposilion  ila  pi'onom  peisonne!  après  le 
verbe  esl  Irès-t'réquente  daiis  nos  anciens  auteurs. 

^  Au  figuré,  cliner  a  signifié  tourner  ses  pas  vers 
un  endroit: 

Passa  de  nniz  les  guez  de  Vire, 
Et  au  inoustier  clina  S' Clément, 

Rom.  de  Rou,  p.  233. 

^  Quant  à  cliner,  pour  cribler,  nous  ne  le  trou- 
vons que  dans  le  Gloss.  du  P.  Labbe,  p.  i!»?,  ainsi 
que  clinet,  pour  crible. 

VARIANTES  : 
CLINER.  Poës.  MSS.  avant  1300.  T.  III,  p.  995. 
Clinier.  Hom.  de  Rou,  MS.  p.  109. 

Clines,  subst.  Labbe,  dans  son  Gloss.  p.  528, 
traduit  ce  mol  en  latin  tarateutarum.  ••  Le  batoel 
«  du  moulin,  ou  son  des  trompes.  ■  Eiinius  a  dit 
taratantara,  pour  exprimer  le  son  des  trompettes, 
mot  formé  par  oiiomalopée,  comme  tarrabafx-,  pour 
bruit  de  l'artillerie.  (Verg.  d"Honn.  p.  -239.) 

Clinquaille,  subst.  fém.  Menue  marchandise 
de  ter  ou  de  cuivre  *.  Chose  de  peu  de  valeur  °. 
Terme  obs;  ène*^. 

*  Sur  le  premier  sens,  qui  est  le  sens  propre, 
voyez  les  Dicl.  d'Oudin  et  de  Cotgrave. 

^  Ce  mot,  au  figuré,  s'est  employé  pour  choses 
de  peu  de  valeur  : 

Il  semble  advis  qu'on  ne  vous  veuille  rendre 
Ce  qu'on  vous  doibt  :  beau  sire,  ne  vous  chaille. 
Quand  je  seray  plus  garny  de  cliquuille, 
Vous  en  aurez. 

Clém.  Marot,  p.  268. 

On  trouve,  au  même  sens  :  seigneurs  riches, 
pleins  de  eliquaille,  dans  les  Contred.  de  Songe- 
creux,  fol.  ï'-J.Vi. 

^  Ce  mot  s"e3t  pris  en  un  sens  obscène,  dans  les 
Contes  de  Cliol.,  fol.  12-2,  où  il  est  écrit  eliquaille. 

VARIANTES  : 
CLINQUAILLE.  Apol.  pour  Hérodote,  p.  460. 
CuNc.iiLLE.  Oudin,  Diet. 
Cliquaille.  Contes  de  Cholieres,  fol.  122,  R». 
QuiNQL'AiLLE.  Contes  de  Des  Perriers,  T.  I,  p.  138  (1). 

CRIC.4ILLE. 


(Clinquant,  subst.  masc.  Sorte  de  monnoie. 
(Voyez  Le  Blanc,  sur  les  Monnoyes,  p,  309,  et 
Clincas  ci-dessus.  I  Quant  à  sa  signilic.dion  subsis- 
tante. Du  Hadier  remarque  que  ce  mot  pourroit 
venir  de  elueclmirus  'ï),  dans  Forlunal,  cité  par  Du 
Caiige,  Closs.  lai. 

Clinquanter.  [Inlercalez  Cllnquanter,  charger 
de  clinquant:  «  .\ous  vismes  approcher  quelques 
«  cinquante  cheviiux  des  nostres,  clinquantes  et 
«  empanachés  comme  princes.  »  (D'Aubigné,  I^'œn.. 

IV,  15. j]  (x.  E.) 

Clinquai't.  Monnoie*.  Pierre^. 

*  Au  premier  sens,  c'est  une  sorte  de  monnoie, 
dans  une  Ordonn.  de  L453,  citée  pai'  Du  Cange,  an 
mot  /.^OJU'S.  Guy  lit:  «  ...premier  clinquartûedawd 
»  de  68.  et  demy...  5.  s.  g.  den:  ob:  3-i.gr.  3.  miles 
<i  Clinquart  à  point  dessous  le  D.  68.  et  demy  6  s. 
"  1.  den.33.gr:  Clinquars  à  le  droite  croiselte 68.  et 
"  demy  6  s.  g.  den.  31  gr.  3.  mites.  Clinquars  a 
"  3  agnelets  de  08  et  demy  7  s.  1  d.  30.  grains 
«  6  mite.s.  »  Il  y  a  des  moniioies  appelées  en  Flan- 
dres l'hilippes  clincliart  ou  cUnkarl.  (Ord.  du 
Change  d'Anvers,  1633,  p.  103.)  f:^.) 

^  On  a  nommé  pierre  de  elinqiiarl,  ou,  selon 
Corneille,  pierre  de  cliquart,  une  espèce  de  pierre 
propre  à  bàlir,  qui  se  liroil  des  cari'ières  du  fau- 
bourg Saint-Jacques,  îi  Paris.  Cette  carrière  est 
épuisée.  (Voy.  Gloss.  de  l'IIisl.  de  Paris.)  ••  Parapet 
«  de  pierre  de  clinquart,  de  trois  pieds  de  hault.  '• 
(Hist.de  Paris,  T.  lit,  p.  111.  —  Voyez  ci-dessus 

CUXCAS.) 

VARIANTES   : 
CLINQUART,  Clinchart,  Clinkart. 

Clinsser,  verbe.  Glisser.  «  La  lance  clinssa 
«  entre  la  pièce  et  la  rondelle.  «  (Petit.  Jean  de 
Saintré,  p.  250.)  On  dit  encore  glincher  (4),  pour 
glisser,  parmi  le  peuple,  en  Normandie. 

Clipce,  subst.  fém.  Clisse.  Claie  d'osier. 

.  .  .  fondement  qui  est  fondé  sur  clipce 
Ne  puet  souffrir,  ne  pierre,  ne  mortier. 

Eusl.  Uesch.    Poos.  MSS.  fol.  132,  col.  2. 

Clipée,  subst.  fém.  Coup.  Proprement,  coup 
sur  le  bouclier,  du  latin  clypeus,  d'où  ce  mot 
semble  tirer  son  étymologie. 

Or  sont  li  dui  content  ensamble 
Venu  au  chaple  des  espées  ; 
Si  tendonent  «rans  cUjuJcf:. 

Fai)l.  MSS.  du  K.  n-  71)15,  T.  Il,  fol.  !G4,  R'  col.  2. 


(1)  «  Il  ne  chantoil  plus  ;  il  ne  songeoit  qu'en  ce  pot  de  quincaille.  b  (Conte,  21.)  Au  conte  85  :  «  Et  alloit  toujours  levant 
le  museau,  comme  un  vendeur  de  ci'nquailles.  »  Quinquaille  est  dans  les  Dialogues  de  Tahureau  (p.  12)  :  «  Triolets,  virelais, 
rondeaux,  balades,  et  autres  telles  espèces  de  vieilles  quinquaillcs  rouillées.  »  (n.  e.) 

(2)  On  lit  en  effet  au  liv.  VI,  p.  12:  «  Nunc  cape  parva  cate,  et  pollens  chiectancc  IJynami,  Clare  décore  tuo,  clare  favore 
meo.  »  Le  mot  est  à  deuil-latin,  à  demi  germain  ;  cluere,  Klanq.  (N.  E.) 

(3)  On  Ut  au  reg.  J.I.  174,  p  53,  an.  1427  :  «  Le  suppliant  leur  demanda  combien  iU  lui  donneroient  de  la  ditte  monnoie 
pour  ung  cliquart  de  Flandres  ;  lesquelz  lui  distrent  qu'llz  baillerolent  trente  solz  tournois  pour  cliquart.  »  Au  reg.  JJ.  18j>. 
p.  84,  an.  1459  :  «  Icelle  femme  se  print  à  rongner  et  copper  aucunes  pièces  d'or  comme  cliquart ,  que  on  dist  florins 
guillernies  et  autres  pièces  d'or,  aians  cours  ou  pais  de  BouUenoys  u  .\u  pluriel  ,  on  disait  «  cliquars  Guillermins.  ;> 
(JJ.  176,  p.  (545.  an.  Ii49.)  Enlin,  dans  une  charte  de  Charles-le-Téméraire  (1469;:  «  Icelle  isle,  nommée  Schellnge  [Ter 
Schelling].  fut  baillée  à  ferme  à  ung  des  habitans  dudit  pays  [Ostfrise]  pour  le  pri.x  et  somme  de  seize  clinquars 
par  an.  »  (n.  e  ) 

(4)  On  a  qVuuher  au  reg.  JJ.  162,  p.  359,  an.  1408 :  «  Icellui  Godart  rua  un  estoc  de  son  espée,...  mais  le  cop  glinsa  jusques 
au  visage...  »  .\u  reg.  JJ.  128,  p.  l'76,  an.  1385  :  «  Icellui  Henry  sacha  son  espée  et  fery  ledit  bastart  un  seul  cop  sur  la  leste 
en  esclitiçant  sur  le  côté  désire.  »  (n.  e.) 


CL 


61  — 


CL 


Clipet.  [iiilercalez  CUpet,  ballant  de  cloche, 
d'après  Du  Cuiige,  II,  402,  col.  3.]  (n.  e.) 

Clipon.  [Intei'catez  C/?7jo«,  bâton:  «  Cuillaiinie 
•■  Hobert  tenant  unt;-  bastoii  au  ciipon  de  bois  en  sa 
»  main.  »  (.!,(.  170,  p.  .55(3,  an.  H47.)]  (n.  f,.; 

Cliquant,  adj.  et  partie.  Uni  fait  du  bruit, 
résonnant*.  Briliant,  éclatant  ". 

*Sur  le  premier  sens,  voyez  le  Gloss.  de  Marot  et 
des  Arr.  .\nior. 

Et  de  sa  voix  clinquante,  doulce,  et  claire, 
Va  prononçant,  etc. 

Grelin,  p.  62. 

On  lit  :  voix  cliquanle  et  sonore,  dans  Carlheny, 
(Voy.  du  Chev.  errant,  fol.  45.)  Ce  mot  s'est  même 
employé  pour  épilhôle  de  fouet.  (Epilh.  de  M.  de 
La  Porte.) 

On  appii(|uoit  aussi  ce  mot  au  bruit,  au  cliquetis 
des  armes  : 

.  .  .  Casse,  et  rompt,  de  main  sanguinolente, 
.\rmes  ctiquans  sous  force  violente. 

CIcni.  Marot,  p.  515. 

ne  là ,  sept  vingt  hommes  d'armes  cliquens , 
taisant  du  bruit  avec  leurs  armes.  (G.  Guiart,  ms. 
fol.  58.) 

^  Dans  le  second  sens  de  brillant,  nous  disons 
encore  clinquant,  en  parlant  de  l'or  et  de  l'ai'gent. 
On  disoit  autrefois  or  cliquant.  (Diel.  de  Monet.) 
Dans  les  Mém.  de  la  Marche,  liv.  ï,  p.  Ui'i,  on  lit  : 
'■  Certes  les  pompes  et  parures  de  lors  n'estoyent 
'■  pas  telles  que  celles  du  présent;  car  les  princes 
••  jouxloient  en  parures  de  drap  de  laine,  de 
"  bougran  ,  et  de  toile,  garnis  et  ajolivez  d"or 
■  cliquant,  ou  de  peinture  seulement.  » 

VARIAXTES  : 
CLIQUANT.  Cartheny,  Voy.  du  Chev.  errant,  fol.  45. 
Cr.iCQUANT.  L'Amant  rendu  Cordelier,  p.  503. 
Cl.iQUEN.s,  pltii:  G.  Guiart,  MS.  fol.  58,  R»  (1). 
Clinquant.  Crétin,  p  02. 

Clicquettant.  Poës.  de  Loys  le  Caron,  fol.  6-1,  R". 
Criquetant.  Epith.  de  M.  de  La  Porte. 
Ckinquant.  Id.  ibid. 

Clique,  sul/st.  fchn.  Cliquette*.  IMorceau,  frag- 
ment^. Chose  de  nulle  valeur'^. 

*  Comme  terme  d'horlogerie,  clique  a  signifié  ce 
que  nous  nommons  aujourd'hui  cliquette,  celte 
jietite  languelle  que  l'on  met  sur  le  balancier,  pour 
en  rendre  le  mouvement  plus  régulier. 

Tousjours  est  le  martiaux  tout  prest, 
Qui  fiert  sur  la  cloche,  et  desclique 
Si  fort,  en  mi  la  droitle  clique, 
Que  lors  convient  l'eure  sonner. 

Eusl.  Dcsdi.  Puos.  MSS,  fol.  125,  col.  2. 

^On  a  dit  clique  d'une  tuile,  pour  un  moiceau, 
un  fragment  de  luile. 

D'aler  aussy,  quant  il  venle  par  rue. 
Afin  qu  on  n'ait  sur  sa  teste  une  clique 
D'une  luile  qui  est  tost  descendue. 
Ou  cheminée  ou  pierre  qui  desclique. 

Eusl.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  3M,  col.  2. 


'^De  là,  on  a  employé  le  mol  clique,  qui  a  aussi 
éié  écv'û  crique,  pour  signiiier  une  chose  de  nulle 
valeur. 

Biens,  ne  sens,  n'est  pri.sie'/,  une  crique. 

Eiisl.  Desch.  l'ois.  MSS.  fol.  S."»!,  col.  1. 

C'est  en  ce  même  sens  qu'il  faut  prendre  clique  ('2) 
dans  les  vers  suivans  du  même  poêle  : 

Nul  n'aura  d'culz  mousliers,  baston,  ne  clique.  : 
Car,  s'il  est  clerc  sans  or,  mourra  de  faim. 

Eusl.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  2.i7,  col.  1. 

Mousliers,  basions,  ne  clique,  nous  paroit  évi- 
demment signifier;  abbayes,  dignités  ecclésiastiques, 
la  plus  pelite  chose  du  monde. 

VAIIIANTES  : 
CLIQUE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  425,  col.  2. 
Crique.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  257,  col.  l. 

Cliqué,  adj.  Fermé.  Proprement  fei'mé  au  cli- 
quet, loquet.  "  Vindreiit  au  cliastel,  et  tirèrent  le 
«  pont  qui  n'estoil  (;//V/i/(^  ne  vci'oiiillé.  »  (Monstr. 
Vol.  II,  fol.  10.) 

Cliquenlibus.  iTest  le  mot  cliquant,  (\ui  fait 
du  bruit,  latinisé.  r]ust.  Doschamps  s'est  servi  de 
l'expression  cliquenlibus  cymbalis,  dans  un  sens 
obscène.  (Poës.  mss.  fol.  33'i.) 

Clique  pâte,  subst.  masc.  Nom  factice.  C'est  le 
nom  d'un  pauvre  mendiant  (;>),  dans  le  mystère  de 
S"  Barbe.  (Hisl.  du  Th.  fr.  T.  Il,  p.  3!).) 

Clique  patins,  subst.  rnase.plur.  Nom  factice. 
Proprement,  qui  fait  claquer  ses  palins.  Ce  mot, 
dans  les  vers  suivans,  semble  faire  allusion  aux 
amoureux  qui,  pour  attirer  les  regards  de  leurs 
dames,  faisoientcla(iuerleurs/yfl//HS,  leurs  souliers. 

A  musars,  et  clique  patins, 
Servantes  et  filles  mignottos. 
Portant  surcotz  et  justes  cottes  ; 
A.  cuidereaul.x  d'amours  transis. 
Chaussans,  sans  meshaing,  fauves  bottes. 
Je  crye  à  toutes  gens  nierciz. 

Villon,  page  90. 

Cliquer,  verbe.  Faire  du  bruit  (4).  Proprement, 
ce  mol  signifie  faire  du  liriiil. ,  à  la  manière  d'un 
cliquet  de  moulin.  On  l'a  appliqué  au  son  de  l'or  et 
de  l'argent. 

Gros  usurier  qui  avez  l'or  qui  clique. 

Qiluv  de  Ptoger  lie  Collerye,  pa^e  lOli. 

Et  de  mes  yeulx  veoir  l'or,  et  argent  cliquer, 
Sans  en  avoir,  il  n'y  auroil  raison. 

Ibid.  fol.  162. 

Il  sembleroit  que  cliquer,  en  cet  endroit,  sigiii- 
fieroit  briller  plutôt  quesonncr,  car,  à  parler  exac- 
tement, on  ne  pourroit  dire  voir  le  son  de  l'or; 
mais  nos  anciens  n'étoienl  pas  esclaves  de  cette 
exaclitude  ;  ils  disoieut  voir  sonner  les  cloches, 
voir  cliquer  l'or,  pour  voir  les  cloches  sounanles, 
voir  l'or  cliquant. 


(-1)  T.  I,  V.  2952  (334i)  de  l'édition.  (N.  E.) 

(2)  C'est  le  substantif  verbal  de  t/i'/iter,  dont  G.  Guiart  nous  a  donné  le  part,   présent  cliquent,   au    sens   de   bruyant; 
clijjue  est  dune  synonyme  de  claque.  (N.  E.) 
Ki)  Ce  mendiant  portait  un  bâton,  sa  troisième  pa(/e,  qu'il  cliquait  en  marchant.  (N.  E.) 
(,4)  En  anglais  tu  click.  (n.  e.) 


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De  là,  au  bruit  des  pierres  ou  des  traits  lancés 
avec  force  et  roideur  : 

Li  quarrel  (1),  qui  en  l'air  rliquunt. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  09,  R*. 

On  appliquoil  encercle  mot  cliquer,  foit  commu- 
nément, i>our  exprimer  le  cliquetis  des  armes. 
«  Vous  eussiez  ouy  les  espées  clicqucr  sur  les 
«  heaumes  et  morions.  »  (Merlin  Cocaie,  T.  II, 
p.  110.)  ..  Les  armes  ne  doiveul  cli<iiicter  sans 
«  légitime  occasion  ;  qu'avant  qu'on  les  bouge,  on 
«  envoyé  deffier  l'ennemi.  >>  (Du  Verd.  Bibl.  p.  5i.) 
Cliqueter  s'est  dit  aussi  de  tout  autre  petit  bruit. 
«  Nous  vous  avons  oui  de  bien  loin  elicqnrter. 
"  Escouleurs  ne  doivent  avoir  riens  qui  cliqueté.  » 
(Le  Jouvenc.  fol.  62.) 

CUciiiielii'z  vous  point  du  patin, 
Afin  que  l'œil  voulsist  tourner. 
Pour  entendre  vostre  Intin  (2). 

L'Amant  rendu  Cordelier.  p.  530. 

Cliquer  et  cliqueter  signifloient  aussi  claquer  (3), 
en  parlant  des  dents,  (t'ercef.  Vol.  I,  fol.  130.) 

Clicotter  s'est  plus  particulièrement  appliqué  au 
son  des  cloclies.  On  a  dit  une  messe  clicoltée,  pour 
une  messe  sonnée,  peut  être  tintée  :  «  Cette  messe 
«  sera  clicoltée,  dite  et  chantée  par  un  prêtre,  ne 
«  vicieux,  ne  scandaleux,  ne  concubinaire.  «(Titre 
de  fond,  du  .\iv°  siècle,  dans  les  Epliém.  Troyes, 
page  32,  an  1757.) 

VAni.\NTES  : 

CLIQUER.  Nicot,  Oudin,  Mo.iet,  Dict. 

Clicquer.  Merlin  Cocaie,  T.  II,  p.  410. 

Criquer,  Cliquet  fer. 

Clicotter,  Criqueteu, 

Clicqueter,  Cliqueter.  Le  Jouvenc.  fol.  62,  R». 

Cliquet,  subst.  masc.  Engin  à  pécher*.  Loquet^. 
Détente*^.  Son  de  la  cloche". 

*Sur  le  premier  sens  d'engin  îi  pécher,  voyez 
Oïd.  T.  I,  p.  794  (4),  et  (ir.  Cout.de  Fr.  p. 28  et  31, où 
(in  lit  cliquet  ou  eschiquier.  C'est  peut-être  l'éti- 
quette. (Voyez  Ci.iNiiuKT  ci-dessus.) 

°  Sur  la  seconde  significalion  de  loquet,  voyez 
Gloss.  des  Arr.  Amor.  Dicl.  de  Mcot,  Monet.  Oudin, 
et  Cotgrave.  »  Si  doit  on  toucher  à  l'huys;  et  le  son 
"  rendre  par  le  clicliet,  etc.  »  (Dont.  Som.  Rurale, 
page  207.) 

•=  De  l'acception  de  loquet,  ce  mol  a  passé  à  la 
signification  de  détente.  «  Illec  doit  tendre  sa  dar- 
«  diere,  c'est  une  perche  qui  soit  tendue,  bien 
"  tirant,  et  un  fer  d'epieu  bien  taillant,  et  bien  agu, 


"  une  petite  cordelelte  qui  soit  sur  le  perluis  ou  la 
«  beste  vendra,  et  un  cliquet,  tout  ainsi  que  un 
«  ralier  (souricière)  et  quant  la  beste  cuidera 
«  entier,  la  desteiidra ,  etc.  »  (Chasse  de  Gast. 
Phéb.  MS.  p.  31  i.) 

"Enlin  on  a  dit  cliquet,  pour  le  son  d'une 
cloche  (5),  qu'on  sonnoit  à  minuit. 

Prince,  mon  corps,  par  boire,  se  refet 
Dés  le  matin  ;  et  jusques  au  clKpipt 
De  la  mienuit  me  fait  vins  reconfort. 

Kusl.  Desch.  Pocs.  MSS.  f  iîiO,  col.  4  (fi). 

VARIANTES  : 
CLIQUET.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  240,  col.  4. 
Clicquet,  Cunquet. 
Clighet.  Som.  Rurale,  p.  207. 

Cliqiietage,  siihst.  masc.  Détente  d'une  arque- 
buse. (Dict.  d'Oudin.) 

Cliquetis,  suljsl.  masc.  Ce  mot,  sous  la  pre- 
mière orthographe,  se  dit  encore  du  bruit  des  armes. 
Il  s'est  dit  aussi  autrefois  du  bruit  du  canon  (7). 
A  la  bataille  de  Castillon,  gagnée  par  les  François 
en  1453,  «  avoit  lors,  dedans  le  dit  champ,  tel  cli- 
»  quelis  de  couleuvrines,  et  de  ribaudequins,  que 
«  iceux  Anglois  furent  contraints  d'eux  enfuir.  » 
(Monstr.  Vol.  III,  fol.  57.) 

VARIANTES  : 
CLIQUETIS.  Orth.  subsist. 
Cliqueteiz.  g.  Guiart,  MS.  fol.  269,  V». 

Cliquettement,  subst.  masc.  Bruit.  (Dict.  de 
Colgr.  et  d'Oudin.) 

Clissus,  subst.  masc.  Terme  de  chimie.  Ce  fut 
un  terme  inventé  par  Paracelse,  pour  exprimer  la 
quintessence  des  choses.  (Dict.  Chym.)  »  Que  les 
«  alchimistes  ne  veulent  plus  leurs  secrets,  leur 
"  elixir,  et  leur  clissus.  «  (Mém.  de  Sully,  T.  IV, 
page  314.) 

Clistré.  [Intercalez  Clistré,  couvert  de  haillons, 
de  clustriaus,  dans  le  Pèlerin,  de  Guigneville  ; 

D'un  ort  et  viel  burel  vestue 
Ratasselé  de  clusiriaus... 
Ch'est  celle  qui  ratasselée 
M'a  ainsi,  con  vois,  et  clisirèe. 

Du  Gange,  II,  i04,  col.  3.]  (N.  e.) 

Clitelles,  suhst.  fém.  Paniers.  Du  latin  clilellœ. 
«  Comme  un  baudet  sautille,  et  brave  avec  son 
>'  bast,  panniers,  et  clitelles.  »  (Lett.  de  Pasquier, 
ï.  II,  p.  7!)7.) 


(1)  C'est  un  carreau  lancé  par  un  mangonneau  ;  le  maître  engigneur  se  nommait  parfois  maître  drcHqueur.  (Voyez  V.  Le 
Duc,  Dict.  il'Archit.  sous  E»gi».)(N.  E.) 
(2i  Voyez  ci  dessus  cHijne-pali)/.  (n.  e.) 

(3)  «  Et  n'a  dente  qui  ne  lui  cli(juetli:.  »  (Villon,  Repues  franches.)  (n.  e.) 
t4)  Voyez  aussi  t.  VU,  p.  779  ;  t.  VIII,  p.  535.  (n.  e.) 

(5)  «  Les  portes  d'icellui  collège  seront  fermées  au  coup  du  queuvrefeu...  S'  Benoist,  et  ouvertes  au  matin  au  cliquet  et 
son  de  la  cloche  des  Jacobins.  »  (.\rrêt  du  Pari.,  21  déc.  1481.)  (N.  E.) 

(6)  Ou  lit  dans  Marot  (t.  Il,  ,")3)  :  «  Mais  les  langues  qui  sonnent  Comme  un  cliquet  toujours  le  bruit  me  donnent  De  totis 
escrits,  tant  soient  lourdemr'nt  faits.  »  (n.  e.) 

(7)  Froissart,  dans  un  récit  de  la  bataille  de  Rosebeck,  écrit  avec  plus  de  justesse  et  d'harmonie  imitative  :  «  La  estoit  li 
cliquetis  sus  ces  bacliinés  si  grans  et  si  haus  d'espées  et  de  haces,  de  plommées  et  de  maillés  de  fier  et  de  planchons,  que 
on  n'y  ooit  goutte  pour  la  noi.fe  ;  et  oy  dire,  que  se  tout  li  hyaumier  de  Paris  et  de  Brouxelles  fussent  ensamble  ,  leur 
meslier  fnissant,  il  n'euissent  point  mené,  ne  fait  si  grant  noise,  comme  li  combatant  et  li  férant  sur  ces  bachinés  faissoienl.  » 
(Ed.  Ki^rvyn,  X,  171.)  La  corapiiraison  se  retrouve  dans  Cuvelier  ;  «  Et  quand  dessu.s  François  vont  les  tlesches  cheant, 
Dessus  ces  bacinés  qui  sont  clair  et  luisant,  Firent  tel  cliguetis:  en  noise  démenant,  Que  ce  ssmbloient  fevres  sur  enclumes 
forgeant  (v.  22341).  (n.  e.) 


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Cloaisti*e,s«/>,s<.  ?HflSf.Cloitre.  On  ilisoil  moines 
decloislres,  poiirmoinesclauslraux.  (Percef.  Vol.  VI, 
f'  8.)  Estât  (le  cluistre.  pourelal  monastique.  (Eust. 
Desch.  l'uës.  Mss.  fol.  46.)  Foitrmenl  de  cloislre,  pour 
l'romenl  de  choix,  ou  pareil  à  celui  que  mangent  les 
moines. (Ord.deMelz,dansleCouLGén. T. I,  p.  1150.) 

VARIANTES  : 
CLOAISTHE.  .loinv,  p.  117. 
Cloisthe.  Percel.  Vol.  VI,  fol.  8,  V»  col.  2. 

Cloant,  partie.  Fermant  (1). 

Les  fenestres  devers  miiiy 
Bien  clouiilcs,  pour  veoir  ledy, 
S'en  fui  la  s.iUe  trop  |iliis  chaude. 

Gace  de  la  B.gne,  d^s  UOJuils,  MS.  p.  3i,  R*. 

Cloaque,  subst.  fém.  Egout.  Ce  mot  subsiste  ; 
mais  il  est  aujourd'hui  masculin.  On  disoit  autre- 
fois la  cloaque.  (Sag.  de  Charron,  p.  47.)  (2) 

Cloareguiez,  subst.  maae.  Clergé.  Mot  breton 
rendu  par  cler(jie,&M\i,  le  Catholicon  de  1499.  (Voy. 
Du  Cauge,  au  mot  Cterimonia,  et  le  mot  Clergir.) 

Cloche,  s;//>si.  /'t'?n.  Cloche*.  Grelot^.  Cachot, 
prison  •=.  Sorte  d'habillement  °. 

*  Ce  mot  subsiste  encoie,  dans  le  premier  sens,  et 
selon  l'orthographe  cloche  {3).  Onécrivoil  autrefois 
cloque.  (Voyez  Du  Gange,  au  mot  Vadccloque.)  On 
trouve  cleiike,  dans  les  vers  d'Adan  li  Bocus 
d'Arras,  parmi  les  Poës  .mss.  ii"  1490;  des  mss.  du 
Vat.  fol.  128.  Les  cleukes  sakant,  c'est-à-dire  son- 
nant (tirant)  les  cloches. 

On  prend  les  alouettes  «  au  feu,  à  la  cloche,  et  au 
>•  resol  (reseau).  »  (Voyez  Modus  et  P>acio,  f°  92.) 
Lorsque  celui  qui  porte  la  cloche  ou  cloelielte  aper- 
çoit l'alouette,  il  sonne  plus  fort,  «  afin  que  les 
«  deux  autres  qui  sont  à  ces  deux  costez,  qui  tien- 
"  nent  les  converloirs,  puissent  voir  et  apercevoir 
«  l'oisel.  »  (Ibid.  fol.  92.) 

^Cloche  et  clochette  s'employoienl  autrefois 
indistinctement  l'un  pour  l'autre.  De  là,  cloche  s'est 
employé  pour  grelot. 

On  a  dit,  en  termes  de  fauconnerie  : 

Cloches  de  Milan  lui  mectray, 
Et  gi('ls  de  leu,  si  je  les  ay  ; 
Sur  un  gan  blanc  fait  à  Paris 
Sera  le  gentil  faucon  mis. 

Gace  de  la  Bi|;ne,  des  DéJuits,  ilS.  fol.  93,  Vv 

Cil  qui  le  chaige  à  oultraige 

De  cloches,  ne  fait  pas  que  saige. 

Gace  de  la  Bigne,  des  Déduils,  MS.  fol.  89,  R". 


"^Ce  mot  signifioit  une  espèce  de  cachot,  peut- 
être  ainsi  nommé  à  cause  de  sa  forme.  Quelqu'un 
m'a  dit  avoir  vu,  dans  un  ancien  château,  un  cachot 
composé  de  deux  grandes  pierres  concaves  posées 
l'une  sur  l'autre,  représentantia  figured'un  a'uf(4). 
Celle  de  dessous  étoit  immobile,  et  on  levoit  l'autre 
pai'  le  moyen  de  deux  anneaux,  pour  y  enfermer  le 
prisonnier.  Au  reste,  quelle  que  fût  la  forme  de  ces 
prisons  qu'on  appeloit  cloches,  voici  le  passage  oii 
ce  mot  paroil  avoir  cette  signification  : 

Por  ce  commandé  r'a  esté 
Que  pendu  fu,  et  remonté, 
Et  si  fu  il  en  une  cloche. 

Hisl.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rora.  de  Fauv.  MS.  du  R.  n-  6812,  f'  8S. 

"Enfin  on  a  nommé  cloche  et  cloque,  une  espèce 
d'habillement  arrondi  comme  une  cloche,  à  l'usage 
des  hommes  et  des  femmes  (5).  G'étoit  un  manteau  ou 
une  cape.  On  le  voit  quelquefois  employé  comme 
habillement  de  cérémonie,  quelquefois  pour  dési- 
gner un  habillement  commun,  quelquefois  pour 
îhabil  d'un  ermite.  Dans  les  Ordonn.  des  R.  de  Fr. 
T.  11,  p.  372,  an  titre  descouluriers,  sous  l'an  1350, 
on  lit  :  «  Pour  la  façon  d'une  cloche  double,  trois 
"  sols,  et  la  sangle  à  l'adveuant,  ■  et  au  titre  des 
pelletiers  et  fourreurs  de  lobes:  «  Pour  fourer  une 
«  housse,  ou  cloche,  et  chaperon,  trois  sols.  »  Dans 
les  Annot.  de  Godefr.  sur  1  Histoire  de  Charles  VI, 
p.  779  :  «  A  Monseigneur  l'archevesque  de  Bourges, 
«  nommé  Guillaume  Boisratier,  chancelier  de  feu 
«  mon  dit  sieur,  pour  faire  robbe,  mantel,  cloche, 
«  et  chaperon  vingt  aulnes  au  dit  prix.  ■> 

Le  chien  de  Froissart,  parlant  au  cheval  de  son 
maître,  comme  jaloux  de  la  préférence  que  Frois- 
sart lui  donne,  s'exprime  ainsi  : 

Quant  nous  venrons  jà  à  l'ostel, 
Nos  mestres,  sans  penser  à  el, 
Il  t'aportera  de  Vavainue, 
Et  s'il  voit  qu'aies  eu  painne, 
Sus  ton  dos  jettra  sa  cloijue,  etc. 

Froisôarl,  Poës.  MSS.  p.  SJ,  col.  i 

Ailleurs,  le  même  poète  emploie  ce  mot  pour 
désigner  une  cape  de  berger  (p.  282,  col.  2). 

Cloque  est  un  habillement  pour  monter  à  cheval, 
dans  les  vers  suivans  : 

Et  si  me  fault  bien,  s'il  vous  plest, 
Quant  je  chevoucheray  par  rïie, 
Que  j  aye,  ou  cloque,  ou  sambrue. 

Eusl.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  4!)ii.  col.  3. 

C'est  un  habit  de  cérémonie,  dans  le  passage  qui 


(1')  On  le  prend  substantivement  au  sens  de  fermoir  :  «  Unes  heures  à  deux  petits  cloans  d'argent.  »  (JJ.  153,  p.  %%, 
an.  13y8.)  —  «  Le  suppliant  prinst  unes  heures,  esquelles  avoit  un  cloant  d'argent.  »  (J.I.  109,  p.  'àii,  an.  1416.)  (n.  e.) 

(2)  «  li  est  ici  bas  logé  au  dernier  et  pire  estage  de  ce  monde,  plus  esloigné  de  la  voûte  céleste  en  la  cloai/uc  et  sentine 
de  l'univers.  »  On  lit  déjà  dans  Bercheure  (fol.  20,  recto)  :  «  Il  fist  fere  cloaques,  ce  sont  conduiz  souz  terre  pour  ceUes  yaues 
fere  descendre  ou  Tybre.  n  (n.  e.) 

(3)  Sur  les  cloches  fondues,  voir  VioUet-le-Duc  ,  Diction.  d'.Vrchitecture  .  t.  III  ,  p.  282  et  suiv.  Dans  les  basiliques 
primitives,  comme  dans  l'intérieur  de  nos  cathédrales,  les  exercices  étaient  réglés  par  le  son  des  clochettes  ,  employées 
déjà  dans  les  bains  publics.  (Voyez  Catnpane,  t.  III,  p.  204,  col.  et  note  I.)  Aux  temps  mérovingiens,  ces  cloches  prirent  une 
grande  dimension  et  eurent  prés  de  1  métré  de  hauteur  :  elles  n'étaient  pas  fondues,  mais  battues,  assemblées  et  rivées 
comme  les  chaudières  à  vapeur.  Grégoire  de  Tours  les  nomme  sirjn-iim,  d'où  le  français  se'mt  :  «  Sonnent  les  cloclies  et 
seint  parmi  la  cit,  Procession  ont  fait  au  fil  Garin.  »  (Du  Gange,  VI,  252,  col.  3  )  On  les  nommait  aussi  campanes,  ce  sont  les 
deux  mots  d'origine  latine  ;  cloche,  au  contraire,  est  d'origine  germanique.  (N.  E.) 

(4)  C'est  ce  que  d'Aubigné  nommait  chausses  d'hypocrus.  (T.  III,  p.  429,  note  3.)  (N.  E.) 

(5)  Ce  sens  se  trouve  au  XIII*  siècle  dans  Blanche  et  Jehan  (v.  5i36)  ;  «  De  camelin,  pour  la  pouriére  ,  Avoient  clohcs 
paringaus  Fourées  de  vermens  cendaus.  »  Lin  reg.  de  la  Ch.  des  Comptes,  de  1321,  nous  en  montre  la  forme  :  «  Item  une 
cUike,  ou  fonds  de  cuve  de  deus  dras,  c'est  assavoir  marbré  camelin  et  pers.  »  Elle  ressemblait  aussi  à  la  calobe.  (T.  ÎII, 
p.  194,  note  5.)  (N.  e.) 


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CL 


snil  :  "  Or  vous  prie  que  vous  viieillioz  veslir  mon 
•■■  liahil  lie  révérence,  el  celuy  hubit  esloil  en 
»  mameve  d'une  cloche  fourrée  d'iieraiines  (1).  » 
iPercef.  Vol.  I,  fui.  Jo'J.)  La  Colombit're,  qui  elle 
les  mêmes  aulorités.  dit  que  la  cloche  eloit  un  pclil 
uianleau,  ou  roquet,  appelé  cloche,  parce  qu'il  en 
avoit  la  forme  el  qu'il  éloit  garni  de  sounuUes. 
(Voyez  La  Colomb.  Tb.  d'bonn.  T.  I,  p.  288,  et  Du 
(lange,  au  mol  Clocca  5.) 

C/w/(^  est  l'babit  d'ermite,  dans  Perceforesl.  «  H 
n  regarde  par  devant  luy,  et  voit  ung  bomme,  se 
"  luy  fut  advis,  vestu  d'une  cloche  de  noir  bureau  ; 
«  Si  avoit  deu.x  Iroux  par  devant,  par  où  il  avoit 
«  ses  bras  mis  bors  :  Lors  Estonne  dist.  Dieu  !  quel 
"  bern)ite!  Zepbir  luy  dist,  l'habit  le  monstre.  « 
(Percef.  Vol.  Il,  fol.  3'i.) 

Rapportons  les  diverses  façons  de  parler  ancien- 
nes, où  le  mot  cloche  étoit  employé  dans  le  sens 
que  nous  lui  donnons  encore  (2)  : 

1"  On  disoil  la  cloche  du  vigneron  sonné,  pour 
désigner  une  certaine  heure  du  jour.  »  Par  la  cous- 
«  tume  de  la  dite  ville,  et  eschevinage,  les  bour- 
"  geois  d'icelle  ville  sont  tenus,  chacu'n  an,  le  jour 
■■  des  Rois,  après  la  cloche  du  vuigneron  sonné, 
«  bailler,  et  délivrer,  etc.  »  ^Cout.  d'Evreux,  Coût. 
Cén.  T.  II,  p.  924.) 

2"  Cloche  bouchée  ou  fermée,  pour  cloche  où  l'on 
a  mis  un  tampon  pour  empêcher  qu'elle  ne  fasse 
du  bruit.  Cloche  s'entend  ici  des  clochetles  que  l'on 
attache  au  cou  des  bêtes:  «  Si  esdites  vignes,  ver- 
"  giers,  jardins,  et  prés  clos,  est  trouvé  gros  bestail 
«  mis  à  garde  faite,  ou  avec  cloche  fermée,  ou 
»  bnuschée,  en  temps  de  fruits,  de  nuit,  le  seigneur 
«  (maistre  possesseur;  du  bestail  encourt  l'amende 
"  de  vingt  sols  tournois,  par  chacun  chef.  »  (Coût. 
d'Acs,  Coût.  Cén.  T.  IL  p   G8I.) 

3^  Cacher  à  son  de  cloche,  façon  judiciaire  d'agir 
contre  quelqu'un.  Nous  l'avons  expliqué  au  mot 

CACHER  (3). 

On  disoit  proverbialement  :  Sonner  les  cloches,  et 
ffssisterà  laprocession.  On  trouve  l'application  de  ce 
pioverbedans  le  .lourn.  de  Trev.,  avril  1735, p.  161. 

VARIANTES   (4)  : 
CLOCHE.  Orth.  subsist. 
Ci.oiCHE.  Ilisl.  de  B.  du  Guesol.  p.  202. 
Cloque.  Gloss.  sur  les  Coul.  de  Beauv. 
Cleuke.  Poës.  MSS.  Vatican,  n»  1490,  fol.  128. 

Cloclieman,  subst.  masc.  Ce  mot  désignoit  le 
mouton  qui  conduit  les  autres,  par  le  son  d'une 


clochette  qu'il  a  pendue  au  col.  (Borel,  Nicot,  Monet. 
Cotgrave  et  Oudin,  Dict.)  On  a  dit  cloqueman,  pour 
sonneur  de  cloches  (■'>).  (Voyez  ce  mot  ci-après. i 

Cloclienient,  subst.  masc.  L'action  de  clocher. 
(Cotgrave  et  Oudin,  Dict.) 

Clocher,  suhsl.  musc.  Faiseur  de  cloches. 

VARIANTES  : 
CLOCHER.  Oudin,  Dict. 
Clogheïier.  Oud.  Cotgrave,  Dict. 

Clocherie,  subst.  fém.  Sonnerie.  (Dictionn. 
d'Oudin  et  de  Cotgrave.) 

Clocheter,  verbe.  Sonner.  On  a  dit  cloeheter 
la  cloche,  pour  la  sonner.  (Fabl.  mss.  du  R.  n"  7218, 
«  fol.  311.)  Tient  une  clochete  en  sa  main,  dequoy 
<■  il  va  clochetunt.  »  (.Modusel  Racio,  fol.  1)2.) 

Clochette,  subst.  fém.  Sonnette*.  Grelot °. 

*Nous  disons  encore  c/oc/iPff(?  (G),  dans  le  premier 
sens;  mais  nous  avons  ù  remarquer  sur  ce  mot, 
pris  dans  celte  signification,  qu'on  faisoit  autrefois, 
au  son  de  la  clochette  (7),  les  proclamations  pour  les 
ventes  el  les  curatelles,  dans  la  Coût,  de  Gand  et 
dans  celle  d'Oudenarde.  (Voyez  iNouv.  Coût.  Gén. 
T.  I,  p.  998,  col.  1,  p.  1091.) 

On  se  servoit  du  mot  clochette,  en  un  sens 
obscène,  dans  cette  expression  clochette  de  Callien, 
qui  se  trouve  dans  les  Poës.  mss.  d'Eust.  Desch.  ^440. 

On  prononce  encore  clokete  ou  cloquette,  au  lieu 
de  clochette,  dans  les  provinces  septentrionales  de 
la  France. 

^  On  nommoit  cloquette  et  clokete  ce  que  nous 
nommons  aujourd'hui  grelot.  On  disoit,  en  parlant 
du  fils  d'un  roi  d'Angleterre  : 

.  .  .  Moult  cointeraent  atomes, 
A  clokeles,  et  à  lorains. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p  508. 

Pour  pendre  le  grelot  au  cou  du  chat  : 

Mais  il  convient,  comme  dist  la  souris, 
Voir  qui  paudra  la  i-loqiietle  au  myuon. 

Eust.  Ucsch.  Poi'S.  MSS.  p.  286,  col.  i. 

Les  bergers  porloient  des  grelots  qu'on  nommoit 
cloquettes  de  S.  liemi.  Froissart,  en  parlant  de 
leurs  meubles,  dit  : 

Aloierere,  bourse,  et  coutel 
Escargies,  boites  aussi, 
Et  cloquettes  (S)  de  S.  Remy  ; 
Pipes,  canemeaus.  et  tiagos. 

Poes.  MSS.  p.  282,  col.  1. 

VAniA.NTES  (9)  : 
CLOCHETTE.  Orth.  subsistante. 
Clocheite.  Estrub.  Fabl.  MSS.  du  R.  n=  7996,  p.  90. 


(1)  On  lit  encore  au  fol.  Wï  :  «  Adonc  a  la  dire  Lydore  la  royne  :  venez  à  moi,  Lyriope  ,   belle  fille;   si  vous  osteray  la 
rlochc  que  vous  avez  vestue,  et  si  nous  servirez.  »  (n.  e.) 

(2)  Voyez  aussi  Leroux  de  Lincy  (Proverbes,  t.  I,  p.  6)  ;  Rabelais  (II,  29)  a  écrit  aussi  :  «  Dont  il  feut  plus  estonné  qu'ung 
fondeur  de  ckxlies  ;  et  s'escria  :  «  Ha  !  Panurge,  où  es-tu  ?  »  (N.  E.) 

&)  T.  III,  p.  173,  col.  1.  (N.  E.) 

('!•)  On  trouve  aussi  rtoice  dans  Froissart  (X,  188),  et  les  Bourguignons  prononcent  encore  cloiche.  (n.  e.) 

(5)  «  Al.irs  Remons  clochenumt  de  l'église  de  S.  Quentin  en  Vermandois  et  Gérard  Casse  aussi  clochemant   de  la  dite 
église.  »  (.IJ.  158,  p.  25.  an.  1403.)  (n.  e.) 

(6)  On  lit  dans  la  Bataille  des  Sept  Ars  :  a  Madame  Musique  aus  clochettes.  Et  si  clerc  plein  de  chansonnettes.  »  (N.  E.) 

(7)  On  lit  en  ce  sens  dans  un  rondeau  de  Charles  d'Orléans  :  «  Crié  soit  à  la  clochette  Par  les  rues,  sus  et  jus  :  Fredet,  on 
ne  le  voit  plus  ;  Est-il  mis  en  oublicte?  i>  (n.  e.) 

(8)  C'était  peut-être  une  pièce  héraldique  ;  «  Tabar  semet  de  cloquettes  (Froissart,  II,  87)  »,  ou  un  ornement  :  «  Son  jaque, 
qui  esloit  de  clochettes  garnis.  »  (Du  Guescl.,  v.  19360.)  (N.  E.) 

(9)  On  lit  dans  l'apologie  d'Hérodote  d'H.  Estienne  :  «t  II  est  de  la  petite  t-^oc/ief/i;  »,  c'est-à-dire  il  est  huguenot,  (n.  e.) 


CL 


65 


CL 


Cloquette.  Froissait,  Poës.  MSS  p.  282,  col.  1. 
Clokete.  Ph.  llouskes,  MS.  p.  508. 

Clocliier,  verbe.  Boiter,  clocliei'(l).Ce  mot  sub- 
sioli;  5.oLisla  seciMideorlliùgraplie;  mais  oiinediroit 
plus  que  la  fortune  cloche  pour  signifier  qu'elle  se 
lasse. 

fortune  clochoil; 

Et  river  ausint  aprouchoit. 

Hisl  de  Fr.  à  la  suile  du  I^om.  de  Fauvel,  fol.  iM^. 

Onécrivoit^/Of/(/£'r,  dans  l'acception  sul)sislante  : 

Une  heure  commence  à  clochier. 
Pour  gouttes  qui  le  vont  tenant  : 
Autre  fois  la  teste  Iny  fent, 
De  doleur. 

Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  252.  col.  2. 

On  lit  dans  les  Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  I,  p.  270,  le 
passage  suivant  :  ^  Eu  ces  cas  où  il  auroit  detTen- 
«  dant,  et  demandant,  li  sires  feroit  querre  letres  ; 
«  si  ne  seroit  pas  la  cort  ygax  (cour  égale\  car 
"  jugement,  si  ne  doit  pas  écligier,  selon  l'usage  de 
«  coVt  laie.  »  (Ord.  T.  1,  p.  275.  —  Yoy.  l;i  noté  (E), 
où  on  lit  que,  dans  le  ms.  de  M.  Joubert,  il  y  a 
éligier,  et  clochier  dans  celui  de  M.  le  Chancelier  et 
de  M.  BaUize.)  On  a  mal  lu  guerres  letres,  pour 
queretleres,  qui  signifie  demandeur;  et  il  y  a  tout 
lieu  de  croire  qu'il  ne  faut  pas  lire  clocliier,  mais 
esliyier,  bâtir,  dresser.  M.  Ealconnet.  d'après  les 
Elabl.  de  S'  Louis,  liv.  H,  ch.  ii,  entend,  par  ce  pas- 
sage, que,  dans  le  cas  où  le  seigneur  seroit  deman- 
deur, querelleres,  il  ne  pourroit  élre  juge,  esligier, 
dresser  le  jugement. 

On  a  dit  proverbialement  : 

1°  Se  moque,  quicloque.  (Rabelais, T.  III,  p.  133.) 
Selon  Cotgiave,  ce  proverbe  désigne  ceux  qui,  plus 
imparfaits  que  ceux  dont  ils  critiquent  les  actions, 
n'en  ont  pas  plus  d'indulgence. 

2"  On  voit  bien  de  quel  pied  il  cloche,  c'est-à-dire 
on  devine  aiséracul  ce  qui  le  séné.  (Langlet,  Hist. 
de  la  Pucelie,  T.  Il,  p.  83.) 

VARIANTES   (2)  : 
CLOCHIER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  243,  R"  col.  i. 
Clocher.  Orth.  subsistante. 
Cloquer.  Dict.  de  Cotgrave. 

Clocqtier.  verbe.  Glousser.  On  a  dit.  en  par- 
lant ilii  chaut  de  la  poule  :  «  La  poule  cacquette,  et 
«  clocque,  en  gardant,  et  promenant  ses  poulets.  » 

a     'V      I      r.      Ilil    \ 


(Merl.  i.ocaie,  T.  I.  p.  161  ) 


Ciodis,  subst.  masc.  Enclos.  «  Les  prez,  et 
'<  ciodis  bouchez  d'anciennelé,  ils  sont  de  garde 
«  toute  1  année.  »  (Proc.  verb.  de  la  Coût.  deRour- 
bonnois,  Nouv.  Coul.  C.én.  T.  III,  p.  1217.)  On  disoit 
ciodis  portens  revivres,  pour  prés  portant  regain. 
(Ibid.  p.  1216.  —  Voyez  ci-après  Clotiz.) 

Clodoe,  subst.  masc.  Clovis.  Nom  propre  du 
premier  roi  de  France,  dans  l'Hist.  de  S"  Léocade, 
MS.  de  S.  G.  fol.  32. 


Cloé,  partie.  Cloué*.  Garni  de  clous °. 
*0n  lit,  dans  le  sens  propre  de  cloué,  en  parlant 
de  Jésus-Christ  : 

.  .  .  Vos  tuit  que  li  dit  oez, 
Quant  Diex  se  mostrera  cloe:. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7615,  T.  I,  fol.  67,  V  cqI.  1. 

^  A.\i  figuré,  cloé  signifioit  garni  de  clous,  comme 
dans  ces  vers  : 

.  .  .  Blanche  espée, 
Maçue  doée. 

Rob.  dou  Chaslel.  Po5s.  MSS.  avant  1300, 1. 1,  p.  57. 

On  appliquoit  aussi  ce  mot  aux  choses  qui 
n'éloient  que  de  pur  ornement  : 

Cote  Iraiïiant,  et  corroia 
Cloée  de  soye, 
Ou^Tée  d'argent. 

Li  Dux  de  Brcbanl.  ibil.  T.  II,  p.  717. 

Du  Gange,  au  mot  Armatura  2,  cite  cet  article 
d'un  inventaire  d'armure,  en  1316,  où  on  lit: 
»  Item,  une  couverture  de  mailles  rondes,  demy 
•'  cloées.  Item  une  testière  de  haute  cloueure  de 
"  maille  ronde.  » 

VARIANTES  : 

CLOÉ.  Poës.  MSS.  avant  1300.  T.  II,  p.  717 
Cloez.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  324,  V"  col.  2. 

Cloer,  verbe.  Clouer  (3).  C'est  le  sens  propre  de  ce 
mot;  de  là,  il  semble  s'être  employé,  dans  un  sens 
plus  général,  pour  attacher,  afficher,  comme  dans 
ce  passare  :  «  Vous  mandons  que  ces  présentes 
«  letres  vous  fassiez  faire  copies,  et  mettre,  et  cloer 
«  en  plusieurs  lieux.  ••  (Ord.  T.  I,  p.  773,  notes, 
col.  2.) 

Cloere.  [Intercalez  Cloere ,  pile  à  fouler  les 
draps  :  «  Il  lui  dist  que  ilz  trouveroient  grant 
"  quantité  de  draps  èsc/oe?rsou  poulies  du  pontoir 
«  de  l'Espau,...  que  les  foulons  n'en  diront  ja 
"  riens.  •■  (J.I.  155,  p.  90,  an.  1400.)  Cloiere  est  au 
t.  VI  des  Ord.,  p.  366,  an.  1378;  clonyere  au  t.  IX, 
p.  172,  an.  1403.]  (n.  e.) 

Cloeur.  [Intercalez  Cloeur,  ouvrier  chargé  de 
clore  un  champ:  <■  Encore  doit  cascuns..'.  un 
«  vendengeur  es  vingnes  le  conte  vendengier,  et 
«  un  cloeur  as  vingnes  enclore.  »  (Ch.  des  C.  de 
Lille,  an.  12C5;  Du  Gange,  II,  385,  col.  2.)]  (n.  e.) 

Clofichei',  verbe.  Clouer*.  Percer^.  Ce  mot, 
dans  S' Bernard,  répond  au  latin  af/jgere  et  infirjere. 
(Voyez  Dict.  de  Borel.)  On  écrivoit  autrefois  clo, 
clan,  elc,  pour  clou;  de  là,  cette  variété  d'ortho- 
graphes du  verbe  clo  ficher. 

*0n  lit,  au  premier  sens  déclouer,  qui  est  le  sens 
propre  : 

Douz  Die.x  I  el  cuer  sovent  te  boutent, 
Et  lor  lances,  et  lor  espiez 
Il  le  clojich'^Ht  meins  et  piez. 

Hist.  de  S"  Léoc.  MS.  de  S.  G.  fol.  27,  V-  col.  2. 


tl)  Ce  mot  signifie  encore  sonner  la  cloche  :  «  L'abeasse  qui  cloclw  La  cloiche  dou  cloichier  Fist  devant  li  venir,   qui  la 
veisl  ihchier.  »  (Rutebeuf,  182.)  (N.  e.) 

(2)  On  lit  déjà  au  iib.  psalm.  (xu"  siècle,  p.  21)  :  «  Li  fil  estrange  mentirent  à  mei,  li  fil  eslrange  sutit  env'.egi,  et  clocerent 
de  lur  sentes.  »  (N.  E.) 

(.3)  On  lit  déjà  dans  Berle  (43)  :  «  Ah  !  sire  Dieu,  fait-ele,  qui  te  laissas  clncr.  »  (N.  E.) 

IV.  9 


CL 


-  66 


CL 


Chascune  créature  doit 
Cpste  dolor  plorer,  et  plaindre  : 
En  toi  voi  ctaufir  et  destaindre 
Mon  cher  fils  (lui  lumière  esloit. 

Fal.l.  MSS.  du  R.  n-  1218,  fol.  M,  V  col.  1. 

°  De  là,  ce  mol  signifioil  percer  avec  quelque 
cliose  (|ue  ce  fût,  avec  une  lance,  comme  en  ce 
passage  : 

Et  la  fu  Dieux  crucefiés, 
Et  de  la  lance  clojicics. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  27tl. 

VARIANTES   (1)  : 

CLOFICHER.  s.  Bern.  Serni.  fr.  MSS.  p.  122. 
Clofichier.  s.  Bern   Serm.  fr.  MSS   p.  91. 
Claufichier.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  90,  V°. 
Clauficer.  Fabl.  MSS.  du  R.  n°  7218,  fol.  94,  V»  col.  2. 
Cloficikr.  l'h.  Mouskes,  MS.  p.  279. 
Clofikier.  Vi^!S  des  SS.  MS.  de  Sorb.  ch  lxi,  col.  39. 
Claufir.  Fabl.  MSS.  du  R.  n«  7218,  fol.  94,  V"  col.  \. 

Cloficlieure.  [Intercalez  Cloficheure,  cicatrice 
faite  par  un  clou:  »  Sire,  saint  Thomas  dist,  se  je 
■<  ne  voi  Va  cloficlieure  de  ses  mains  elde  ses  piez,... 
«  je  ne  créerai  ja.  »  (Du  Gange,  11.  383,  col.  1, 
d'après  un  ms.  du  fonds  S'  Victor.)]  (n.  e.) 

Clofis,  partie.  Cloué,  percé.  Parmi  les  reliques 
que  Charlemagne  apporta,  de  la  terre  sainte  à  Aix, 
il  y  avoit  : 

L'un  des  claus  dont  Diez  fut  clo/h. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  205,  ihid.  p.  327. 

Cloiere,  sMfc.sf./'t'm.  Tour,  circonférence  (2).  L'é- 
diteur s'explique  ainsi  dans  ce  passage  :  «  Les  fagots 
«  marchans  qui  devront  estre  espincez  (taillez)  de 
"  trois  pieds,  et  demy  de  long,  et  neuf  paulmes  de 
«  cloiere  au  rond.  »  (Coût,  de  Hainaut,  Nouv.  Coût. 
Gén.  T.  11,  p.  149.)  "  Les  velourdes  (falourdes)  deb- 
»  vi'ont  avoir  sept  paulmes  de  cloijure.  »  (Idem, 
T.  I,  p.  814.) 

VAIUANTES  : 

CLOIERE.  Nouv.  Coût.  Gén.  T.  II,  p.  149,  col.  1. 
Cloyure  (3).  Coût.  Gén.  T.  1,  p.  814. 

Cloire,  verbe.  Clore,  terminer,  enfermer.  Ce 
mot  subsiste  sous  cette  orthographe.  On  disoit 
autrefois  cloii-e  (4). 

S'est  bien  heure  de  ce  temps  cloire. 

Froissart,  Pocs.  MSS.  p.  343,  col.  2. 

L'orthographe  clore  ne  me  paroit  pas  bien 
prouvée,  car,  dans  le  ms.  que  j'ai  cité,  on  lit  : 

Adon  dorera  chérubin. 
Et  SI  tranblera  serafin. 

Sign.  du  Jugera.  MS.  de  S.  Germ.  fol.  25,  R"  col.  3. 

Or,  il  ne  paroit  guère  douteux  que  dorera  signifie 
en  cet  endroit  plorera,  pleurera.  Soit  que  ce  soit 
une  faute  de  copiste,  soit  que  l'on  ait  effective- 
ment (lit  dorer,  pour  pleurer,  ce  que  je  n'oserois 
affirmer,  n'en  pouvant  citer  d'autre  exemple. 
Quant  aux  orthographes  doer  et  clouer,  pour  bou- 


cher, fermer,  elles  paroissenl  suffisamment  prou- 
vées par  les  passages  suivons  : 

Li  oeul  li  cloenl,  si  s'endort, 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  "089,  fol.  60,  V-  col.  1. 

"  Si  lu  ne  le  peux  oiiir,  mets  ton  front  contre 
'<  terre,  en  clouant  une  oreille,  et  après  l'autre,  et 
"  de  quelque  cosléenleudras,  où  doit  eslre  oiseau.  » 
(Fouilloux,  Faucon,  fol.  71.) 

CONJUGAISON  : 

La  conjugaison  ancienne  du  verbe  clorre  fournit 
quelques  mots  que  nous  devons  marquer: 

Clieut,  ind.  prés.  Enferme.  Dans  unGloss.  lat.fr. 
cité  par  Du  Gange,  Gloss.  lat.  au  mot  Inclusor,  on 
trouve  inclusor,  qui  enclost,  ou  clieut. 

Cloex,  part.  Fermer.  fFabl.  mss.  du  R.  n"  7218, 
fol.  243.) 

Cloiens,  ind.  prés.  Fermons.  (S.  Bern.  Serm.  fr. 
MSS.  p.  298.) 

Cloist,  ind.  prés.  Ferme.  (Fabl.  mss.  du  H.  n^TOir), 
T.  I,  fol.  118.) 

Clostrent,  au  prélér.  Fermèrent.  (Fabl.  mss.  duU. 
ir7218,  fol.  211.) 

Clôt,  ind.  prés.  Ferme  et  se  ferme.  (S.  Bern. 
Serm.  fr.  mss.  p.  4.) 

Cloux,  partie.  Fermé.  (Le  Jouvenc.  ms.  p.  198.) 

Clouijt,  prêter.  Ferma. 

Et  là  querant  palme  victorieuse, 
Clomjt  le  pas  de  .<a  mort  glorieuse. 

Grelin,  p.  69. 

Cloyst  OU  cloist,  i^rétér.  Ferma.  On  disoit  :  <•  Il 
«  cloist,  ou  clorjst  la  porte  à  ses  derniers  jours  », 
pour  il  mourut.  (La  Salade,  fol.  32.) 

Clouet,  impart.  Fermoit.  Borel  cite  ce  vers  du 
Roman  de  la  Rose  : 

Ains  clouel  un  cil,  par  dédain. 

C/Oî/«s^  impart,  suhj.  Fermât.  Quoiqu'on  ait  dit 
clouist,  pour  fermât,  Cotgrave  pourroit  bien  n'être 
pas  fondé  à  supposer  qu'il  y  ait  eu  un  verbe  douir. 
Rien  n'empêche  de  croire  que  c'est  un  des  temps  de 
la  conjugaison  irrégulière  du  verbe  cloire.  Cette 
observation  peut  s'aiipliquer  au  mot  t/oî/cf  ci-dessus 
et  généralement  à  toutes  les  anomalies  qui  sem- 
blent justifier  les  infinitifs  douer  et  doer.  On  lit 
clouist,  dans  l'Hist.  de  Floridan,  p.  719.  «  Elle 
«  requist  à  ce  Ribaull  que  il  clouist  les  feneslres.  » 

Ciouoies.  Impart.  Tu  fermois. 

La  porte  ouvroies 

A  ton  vouloir,  et  la  ciouoies. 

Eust.  Deschamps,  Poês.  MSS.  fol.  +63,  col.  1. 

Clous,  partie!  Fermé.  (Rabelais,  T.  III,  p.  49.) 
Clouze,  partie,  fém.  Fermée.  (Borel,  Dict.) 
Cloz,  partie.  Fermé,  clos.  Dans  la  Coût,  de  Boul- 
lenoys.  Le  tems  dos  est  le  temps oîi  les  prés  doivent 
être  fermés,  qui  est  depuis  la  mi-mai  jusqu'au  jour 
S-  Pierre.  (Coût.  Gén.  T.  l,  p,  695.) 


(1)  Voir  cleapcher.  (N.  E) 

(2)  Voyez  plus  haut  cloerc.  (N.  E.) 

(3)  Nous  disons  encore  une  cloyère  d'huîtres,  (n.  e.)  ... 

(4)  C/aiirffîre,  avec  le  premier  e  bref,  a  donné  c/ore  ,- si  cet  e  s'allonge,  011  a  <looir,  puis  cloir.  qui,   par  confusion   avec 

clore,  devient  cloire.  (N.  E.) 


CL 


67  — 


CL 


Cluse,  pa;  tic.  féin.  Close,  fermée (1).  On  disoilPas- 
ques  etuses.  pour  Pâques  closes.  (Du  Gange,  au  mot 
Pascha.)  Cluse  de  pasche  (ibid.),  dans  le  même  sens. 
(Voyez  Carta  magna,  fol.  24.)  (2) 

VARIANTES  : 
GLOIRE.  Froissart,  Poës.  MSS.  p.  343,  col.  2. 
Cloue.  Sign.  du  Jugem.  MS.  de  S.  G.  fol.  25   R°  col.  3. 
Clorre.  Orth.  subsistante. 
Cloure.  Joinville,  p.  34'. 
Clouir.  Korel,  Dict. 
Clouer.  Cotgrave,  Dict.  (3) 
Cloer.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  64,  R". 
Gloser  Hist.  de  la  Sainte-Croix,  MS.  p.  9. 

Cloiser,  verbe.  Ouvrir  et  fermer  alternative- 
meni,  (Brant.  D"  Gall.  T.  I,  p.  345.) 

Cloison,  suhst'.  fém.  Clôture*.  Impôt  °. 

*  Nous  disons  encoi'e  cloison,  dans  le  premier 
sens,  .loinville  écrit  cloaisoii,  p.  89  (i)  ;  mais  nous  ne 
disons  plus  cloison,  pour  clôture  d'acte,  et  on  le 
disoit  autrefois.  «  Avons  procédé  à  la  clôture,  et 
«  cloison  des  dits  articles.  »  (Coût.  deClermont.  — 
.Nouv  Coul.  Gén.  T.  II,  p.  887.) 

°  Les  fortificalions  sont  les  clôtures  des  villes, 
les  cloisons;  de  lu,  l'impôt  octroyé  par  les  anciens 
ducs  d'Anjou  aux  maires  et  eschevins  d'Angers, 
pour  enti  etcnir  les  fortifications  de  leur  ville,  a  été 
nommé  cloison  ou  clonaison[o). 

VARIANTES  : 
CLOISON.  Orlh.  subsistante. 
Clouaison.  Lauriére,  Ménage. 
Cloaison.  .loinville,  p.  89. 

Cloisonneiise,  adj,  au  fém.  On  trouve  paroy 
cloisonnense,  dans  les  Èpitli.  de  M.  de  La  Porte. 

Cloistral,  adj.  Claustral.  ;Dict.  de  Cotgrave.) 

Cloisti'és,  suhst.  masc.  plur.  Moines  cloîtrés. 
On  a  dit,  [tar  opposition  : 

Séculiers,  et  ctoistrés  ensemble. 

Eusl.  Deschanips,  Poés.  MSS  fol.  541. 

Les  cloistrés  sont  distingués  des  religieu.x,  dans  la 
Coût,  de  Luxembourg.  (Nouv.  Coût.  Gén.  T.  II,  p.  340.) 

Cloistrier.  adj.  Qui  habite  le  cloître.  On  enten- 
doit  par  moine  cloistrier  un  religieux  qui  habite  le 
cloitic,  par  opposition  à  celui  qui  est  dans  la  mai- 
son en  qualité  d'hôte,  ou  qui  est  pourvu  d'un  béné- 
l],.f.  .,,.;   re'npêche  d'y  demeurer.  (Voyez  Monet  ;  I 


Epith.  de  M.  de  La  Porte.)  Cloistrier  {6)  est  rendu  par 
le  mot  lalin  monasterialis,  dans  la  Règle  de  S'  Ben. 

On  disoit  chanoine  cloistrier,  pou!-  chanoine 
régulier.  «  Estienne  de  Sainct  Julien  fut  chanoine 
»  régulier  (ils  disent  cloistrier)  de  S"  Antoine  en 
«  Viennois,  commendeur  de  Charni  en  l'Auxois.  » 
(S-  Jul.  Mesl.  Historiq.  p.  435.) 

On  a  dit  aussi,  au  féminin,  cloislrière,  pour 
désigner  une  religieuse  enfermée  dans  un  cloître. 

Nule  riens  tant  religieuse, 

Ne  abesse,  ne  prieuse. 

Ne  cloistncre,  sage,  ne  foie, 

Se  on  la  velt  melre  i  escole,  etc. 

Ovide  de  Arle,  .MSS.  de  S.  G.  fol.  95,  R*  col.  2. 

Dans  une  pièce  intitulée  :  C'est  chartre  des  bons 
cnfans  de  Vertus  en  Cltanipaigne,  on  lit  : 

Et  si  vous  devez  exciter 

.4  poursuir  femmes  cloistrieres  (7), 

Ou  communes,  ou  vilotieres. 

Eust.  Desch.  Pops.  MSS.  fol.  408,  col.  i. 

On  trouve  //  cloistrier  de  Sans  (Sens),  parmi 
les  Proverbes  à  la  suite  des  Poës.  mss.  avant  1300, 
T.  IV,  p.  1651  (8). 

Cloke,  suhst.  fém.  Instrument  de  musique  à 
l'usage  des  bergers. 

De  la  clokc,  et  du  frestel, 

Et  de  sa  muse  au  grans  forrel, 

Fera  la  rebardie. 

Jean  Erars,  Poës.  MSS. avant  1300,  T.  II,  p.  1133. 
A  la  clokete,  et  à  la  muse, 
Aloit  chantant  une  cancon. 

Ern.  Caupains.  Poi  s.  MSS.  avant  1300.  T.  II,  p.  91?. 

VARIANTES  : 
CLOKE.  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  II,  p.  935. 
Clokete.  Ibid.  p.  919. 

Clooners,  suhst.  masc.  Glovis.  Nom  propre  du 
premier  roi  de  France. 

.  .  .  Clooners  fu  pius  rois  (9), 
Riches,  et  saiges,  et  cortois  : 
Celui  converti  saint  Remis. 

Parlon  de  Blois,  MS.  de  S.  G.  fol.  125,  V  col.  8. 

Clop,  adj.  Boiteux. 

Et  li  commanda  que  tout  cil 
Ne  franc,  ne  sierf,  ne  bon,  ne  vil 
Ne  clop,  ne  rous,  ne  blanc,  ne  noir. 
Oui  vourroient  à  Ais  manoir, 
De  tous  usages  fusent  frans. 

Ph.  Mouskcs,  .VIS.  p.  70. 


(1)  Cluse,  dans  le  ,Tura  ;  dus,  dans  les  .\lpes  de  Provence,  se  dit  des  défilés  qui  traversent  la  chaîne  ;  les  rivières  y  sont 
comnio  enfermées  ou  plutôt  il  n'y  a  pas  place  pour  les  sentiers.  On  nomme  encore  clissura  ^clausura)  les  Portes  de  Fer 
d'Orsowa  sur  le  Danube.  Au  Mexique,  ce  serait  des  canons,  (n.  e.) 

(2)  C'est  le  dimanche  de  la  Quasimodo.  Cluse  se  trouve  dans  les  textes  anglais  :  <c  Lendemain  de  la  cluse  de  Pasche.  — 
Le  m-Tijn^dy  après  Pasques  cluses  l'an  de  grâce  1326.  »  (Du  Gange,  V,  115,  col.  2.)  On  lit  encore  dans  Partonopex  (v.  2143  ; 
«  Mîiis  il  atent  l'arriére  ban  Qui  vient  à  feste  Saint  .lohan.  Dont  estoit  close  Pentecou.'îte,  »  (n.  e.) 

(3)  C'est  encore  la  forme  du  Berry  ;  elle  a  a.^lené  la  confusion  avec  clouer  (de  clavus).  (N.  E.) 

(4)  Le  mot  ne  se  trouve  pas  au  vocabulaire  de  l'édition  de  M.  de  Wailly  ;  il  a  été  employé  au  xn«  siècle  par  Benoit  de 
S'  More  ;  «  Les  fossez  virent,  la  cloison  Qu'il  aveient  fait  d'environ.  »  (II,  3i6ô  )  (N.  e.) 

(5>  On  lit  au  reg.  JJ.  :!I5,  p.  1145,  an.  1474:  «  Le  suppliant  pour  aider  à  .lehan  Krmenier  .à  cueillir  et  lever  certaine 
coustiunf  rie  ou  cloi-on,  qui  est  de  la  baronnie  de  Craon,  et  laquelle  icelui  Ermenier  tient  à  ferme.  »  (n.  e.) 

(6)  On  lit  dans  Renart  (v.  20996)  ;  «  Il  ne  ressemble  chevaUer,  Voir  por  le  cuer  beu,  mes  cloistrier.  De  livres  porte  grant 
plenté.  »  E.  Deschainps  (fol.  253)  écrit  aussi  :  «  Plus  vit  en  paix  un  poure  chapelain  Aux  frais  d'autrui  ou  par  sa  pourveànce, 
Ou  un  cloistrier,  ne  fait  son  souverain.  »  (s.  E.) 

(7)  On  lit  encore  au  ms.  fr.  de  la  B.  N.  anc.  8312.  5,  an.  1396:  «  Item  que  toutes  filles  de  vie  cloislrieres  ou  femmes 
communes  diffamées  voisenl  tenir,  tiennent  et  facent  leurs  bouticles  es  lieux  ad  ce  ordonnés  d'ancienneté  en  la  dite  ville 
[de  Troyes],  »  De  même  au  reg.  JJ.  1.55,  p.  178,  an.  1400  :  «  Ledit  Jehan  estoit  en  la  m.iison  d'une  femme  de  vie  cloistricre, 
appelée  .\nielot  Lestarce,  demourant  pour  lors  à  Paris  en  la  rue  Jehan  Gencien.  »  (n.  e.") 

(8)  D'après  Leroux  de  Liiicy  (l,  303),  on  le  trouve  au  Dit  de  l'.Vpostoile.  (N.  E.) 
(9;  Lisez  plutôt  Cloovers.  (N.  E.) 


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G8 


CL 


<i  Jeanne  de  Drelagne,  dicte  !a  dope,  c'est  a  dire 
«  la  boiteuse.  »  (l'avin,  Th.  d'hunn.  T.  I,  p.  806.) 
On  lit,  en  parlant  de  malades  guéris  miraculeuse- 
ment: >.  670/x. y  fuient  drecés(l).  »  (Cliron.  S'Denis, 
T.  1,  fol.  133.) 

VARIANTES  : 

CLOP.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  70. 

Clops.  Somme  des  Vices  el  des  Vertus,  MS.  de  S.  Victor. 

Cloup    [lu  Cange,  GIcss.  lat.  au  mot  Cloppus  (2). 

Clos.  Ph.  Mousk.  IIS.  p.  294  et  CM. 

Cloïz,  plur.  Cliron.  S.  Denis,  T.  1,  fol.  133. 

Glop.  Du  t;ange,  Gloss.  lat.  au  mot  Cloppus  (3). 

Cloper,  verbe.  Boiter*.  Marcher^. 
*  Le  (ireniier  sens  de  boiter  est  le  sens  propre  et 
le  plus  ordinaire. 

La  jambe  tant  ly  eslocha, 

Que  désormais  touz  temps  clocha  : 

Depuis  dosa  toute  sa  vie. 

Hisl.  des  Trois  Maries,  en  vers,  MS.  p.  331. 

^  On  a  dit  aussi  clopper,  pour  cheminer,  marcher 
beaucoup  et  avec  fatigue.  •<  Lancelol  eut  ja  tant 
«  cloppé,  entre  luy  (ensemble)  et  le  roy,  etc.  » 
(Lanc.  du  Lac,  T.  III,  fol.  17.) 

VARIANTES  (4)    : 
CLOPER.  Oudin,  Dict. 

Clopper.  Du  Cange,  Gloss.  au  mot  Cloppus. 
Clopineu.  Oudin,  Dict. 
Gloser.  Hist.  des  Trois  Maries,  en  vers,  MS.  p.  331. 

Clopin,  ailj.  Doiteux.  «  En  vieux  mot  frangois 
clopin  (.")),  c'est-à-dire  boiteux.  »  (Fav.  Th.  d'honn. 
T.  1,  p.  808.)  "  67o/)irtC/,  c'est-à-dire  boiteux,  et  dont 
«  vient esclopé,  celuy  quien  allant  tiainesa jambe.» 
(,Fauch.  Lang.  et  Poës.  fr.  p  200.) 

Ce  mot  est  encore  en  usage,  comme  le  surnom 
de  Jean  de  Meung,  l'un  des  plus  célèbres  de  nos 
anciens  poètes. 

VARIANTES  : 
CLOPIN.  Favin,  Th.  dhonn.  T.  I,  p.  808. 
Clopinel.  Fauch.  Lang.  et  Poës.  fr.  p.  200. 

Clopyei*.  [Intercalez  Clopijer,  clocher,  boiter, 
au  tig.  biaiser,  user  de  finesse:  «  On  ne  poet  à 
»  présent  clopyer  devant  les  signeurs  ne  leurs 
«  consaulx,  ils  y  voient  trop  cler.  "  (Froissart, 
IX,  372.)]  (n.  e.) 

Cloquante,  adj.  au  fém.  Qui  glousse.  C'est  en 
ce  sens  que  ce  mot  est  mis  pour  épilhète  de  poule, 
dans  les  Epithètes  de  51.  de  La  Porte. 

Cloqueman,   subst.  viasc.  Sonneur  de  clo- 


ches (G).  (Voyez  Ménage,  Dict.  Etym.  et  Ou  Cange,  au 
mot  Cloqueiiiatuins.) 

i'Aos,  subst.  masc.  Enceinte*.  Partie  d'armure^. 
Clou,  flou  de  girolle '^.  Clou,  maladie".  Terme  de 
fauconnerie^.  Terme  de  poétique''. 

*  Nous  disons  encore  t'/os,  pour  enceinte  fermée 
de  muis  ou  autrement.  Delà  est  venue  l'e.vpression 
ancienne  de  clos  liru)ieuit  ou  clou  Rruneau  (7j,  qui 
désignoit  un  clos  ou  terrain  leul'ermé,  planté  de 
vignes,  dont  le  proprielau'e  se  nommoil  Bruneau. 
Frère  Odon,  p.  40i  de  l'ilist.  de  Melnn,  prétend  (|ue 
c'est  tout  le  quartier  de  l'Lniversilé  de  Paris.  Feli- 
bien,  Hist.  de  Paris,  p.  iti8,  dit  que  la  rue  S'-Jean- 
de-Beauvais  étoit  autrefois  appelée  la  rue  du  (;/(;.s 
Bruneau;  d'autres  diseiit  que  c'est  aujourd'hui  le 
quartier  de  S'  Hilaire  18).  (Voyez  Le  Ducliat,  sur  liab. 
T.  IV,  p.  215.)  Rabelais,  par  allusion  à  l'usag.;  où 
l'on  étoit  de  faire  ses  ordures  dans  ce  quartier, 
a  dit  clous  Bruneau,  pour  le  derrière.  (Ibid.) 

C'est  le  sens  d'un  certain  teirain  renfermé, 
nommé  dans  Froissart  le  clos  de  Constanlin  (ft). 
(Liv.ll,  p.  116.) 

^  Le  mot  clos  désigne  une  partie  du  casque,  dans 
cet  autre  endroit  de  Froissart  (liv.  I,  p.  A&2\  :  «  Et 
<•  avoient  avalé  (baissé)  le  clos  (10),  et  visières  de 
«  leurs  bacinets.  " 

Clox^  est  une  partie  du  bouclier,  peut-être  l'anse, 
la  boucle,  dans  Percef.  (Vol.  1,  fol.  25.)  «  11  arra- 
«  choit  les  escus  des  cloz  el  ostoit  heaulmes  des 
«  testes,  etc.  » 

Peut-être  ce  qu'on  appeloil  f/os,  dans  l'armure, 
étoit-il  des  espèces  de  clous;  car  ce  même  mot 
clos  signitioit  clou,  comme  nous  l'avons  déjà  dit, 
au  mot  clau.  De  là,  on  lit  dans  S.  Bern.  Serm.  fr. 
Mss.  p.  209,  clos  pour  clous,  dans  le  latin  clavi.  On 
disoit  clos,  doux,  pour  désigner  les  clous  de 
girofle. 

Safran,  canelle,  espicerie, 
Gingembre  blanc,  graine,  et  doux  non 
User  verjus,  jeune  mou.'ons. 

Easl.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  442,  col.  i. 

Et  ailleurs: 

Clos,  saphran,  graine,  etc. 

Ibid.  fol.  20li,  col.  3. 

Dans  les  Tenures  de  Littlelon.  fol.  49  ,  on  parle 
de  llefs  assujettis  à  la  redevance  d'un  clou  d'e 
girofle. 


(1)  Au  t.  V  de  D.  Bouquet,  p.  279,  on  lit  :  «  xiiii  clop  i  furent  redrecié.  »  (n.  e.) 

(2)  Dans  l'Hist.  de  la  princ.  de  Deols,  par  J.  Le  Gogue  :  «  De  son  espée  tellement  le  frappa  au  pié  devers  le  talon,  que  tout 
le  temps  de  sa  vie  en  va  clocher,  et  pour  ce  fust  appelle  le  cloup  de  Chauvigni.  »  (n.  e) 

(3)  «  Li  avugle  ont  recouvré  le  veoir,  li  sort  l'oyr,  11  glop  l'aler.  »  (Ms.  fr.  S.  Victor,  28,  fol.  17.)  (n.  e.) 

(4)  De'  là  le  participe  dopant,  dans  la  Chr.  de  Rains  (p.  107)  :  «  Et  chemina  dusques  al  hospital  tout  dopant,  et  pria  pour 
Dieu  qu'on  le  hebregast.  »  (n.  e.) 

(.5)  «  Mes  gens  s'en  vont  à  trois  pies  Clopin-dopanl  comme  ils  peuvent.  »  (La  Fontaine,  Fables,  V,  2.)  (n.  e.) 

(6)  Voiv  dodiemant.  (n.  e.) 

(7)  a  Les  escoliers  de  Dormans,  fondez  en  Cloz  Bruncl  à  Paris  par  feu  seigneur  de  bonne  mémoire  monsieur  le  cardinal 
de  liefiuvez.  »  (,1J.  106,  p.  308,  an.  1374.)  Comparez  une  pièce  latine  de  l:iG6,  JJ.  97,  p.  54.  (N.  e.) 

(8)  Voyez  en  ce  cas  le  plan  du  collège  S"  Barbe  el  de  ses  environs,  vers  1480,  par  M.  Berty.  (J.  Quicherat ,  Hist.  de 
S'"  Barbe,  t.  l.  (N.  E.) 

(9)  On  lit  encore  au  t.  XVI  de  l'éd.  Kervyn,  p.  191  :  «  Ils  se  trouvoient  bien  du  dos  de  Londres  24O00  hommes  armés  de 
piet  en  cape  de  toutes  pièces.  »  On  lit  souvent  aux  chartes  du  xiv  siècle,  dos  des  rjalées  :  «  Comme  parnos  autres  lettres... 
ayons  oltroyé  à  nostre  très  chier  et  féal  cousm  et  connestable  le  sire  de  Gliçon  une  de  nez  barges  laquelle  vouldra  choisir 
et  prenre  eu  nostre  doux  des  galées  à  Rouen.  »  (B.  N.,  Chartes  royiiles,  t.  IX,  n.  20,  31  décembre  1381.)  (n.  e.) 

(10)  Lisez  «  avalé  et  dos  les  visières  ».  (N.  e.) 


CL 


69  — 


CL 


°  De  là  encore,  on  donuoil  le  nom  de  c!o:i  (1),  îi  ces 
petits  boulons  qui  viennent  à  suppuration,  cl  que 
nous  appelons  clous. 

Bosses,  cloz,  roignes,  et  tranchoisons. 

Eusl.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  206,  col.  :i. 

^Eii  terme  de  fauconnerie,  ce  mot  désignoil  une 
maladie  des  oiseaux,  aulreinenl  appelée  podagre. 
«  Pour  bien  cognoislre  les  signes  de  podagre,  ou 
«  autrenieiiî  nommée  doux,  ou  galles,  que  les 
«  oiseaux  ont  es  pieds,  etc.  »  (Fouilloux,  Faucon.) 

■^  Enfin  clos  étoil  un  terme  de  versilication.  Dans 
le  recueil,  ms.  des  Poës.  d'Eust.  Desch.  fol.  '2!)8,  on 
lit  ce  passage  :  «  Est  à  savoir  que  virelais  se  font 
«  de  plusieurs  manières,  dont  le  refrain  a,  aucunes 
«  fois,  quatre  vers,  aucune  fois,  cinq,  aucune  fois, 
<■  sept;  et  c'est  la  plus  longue  forme  qu'il  doye 
«  avoir,  et  les  deux  vers  après  le  clos,  et  l'ouvert, 
«  doivent  élre  de  trois  vers,  ou  de  deux  et  demi.  » 

Il  est  évident  que  f/os,  opposé  ici  à  ouvert,  est 
plutôt  le  participe  du  mot  clorrc,  qu'un  substantif. 

Les  italiens  et  les  troubadours  disoient  rima 
clatisa,  rima  cara,  d'où  s'est  fDrmée  l'expression 
rimer  en  clos,  ou  en  cliarelle,  jeu  de  mots  d'une 
espèce  froide  et  misérable,  mais  de  laquelle  nos 
anciens  auteurs  faisoient  usage  souvent. 

Pour  rimer  en  clos  uu  en  chnrette, 

N'est  aujouril'huy,  bien  le  puis  soutenir, 
Si  grand  fai.seur,  ne  si  noble  poêle. 

Eusl.  Desch.  Poës.  JISS.  fol.  22.'),  col.  ■%. 

VARIA.NTKS  : 
CLOS.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS  fol.  206,  col.  3. 
Cloz.  Percef.  Vol.  I,  fol.  2,î,  R»  col.  2. 
Clous.  Felibien,  llist.  de  Paris,  p.  1(38. 
Cloux.  Fouilloux,  Fauconnerie,  toi.  84,  V". 

Closage.  [Intercalez  dosage,  sorte  de  tenure: 
«  Uns  espérons  dorez  de  deus  solz  suz  verge  et 
«  demie  de  terre  en  closage,  que  tient  Sevestre 
«  Morel.    »   [V.h.   de  1293,    Du    Cange,   11,    'i02, 

col.  2.)]  (N.  E.) 

Closcu,  subst.  masc.  Le  dernier  poussin  (21.  En 
Anjou,  c'est  le  poulet  qui  est  le  dernier  éclos  de  la 
couvée.  (Dict.  Etyni.  de  Ménage.) 

Closelet.  [Intercalez  Closelet,  petit  clos,  au 
reg.  .M.  lOG,  p^  83,  an  137'i;  «  Comme  .Jehan  de 
•<  Biuxeres...  eust  fait  un  petit  closelet  ou  jardin.  » 
On  trouve  aussi  closet  dans  une  pièce  de  1-308: 
«  La  pièce  de  Carvillealesaparteiiances,...  aveques 


«  un  closet,  prisié  à  vint  soulz  tournois  de  rente.  » 
(Du  Gange,  II,  -502,  col.  2.)]  (n.  e.) 

Closemeiit,  adv.  Complètement  *.  Secrètement, 
élroilement  ^. 

*  Ce  mot  est  pris  dans  le  premier  sens  de  com- 
plètement, en  l'Ordonnance  de  13.^9  (t.  III,  p.  362), 
concernani  les  arbalétriers  de  Paris.  "  Ils  seront 
«  lenuz  de  faire,  comme  à  leur  tour  pourra  escheoir, 
«  et  a  cba.scun  d'eulx,  selon  la  eonslitulion  des 
>'  cinquantaines,  et  autres  subsides,  closemeiit,  et 
«  entièrement  (3).  » 

^ Closement  signifie  .secrètement,  d'une  façon 
retirée,  étroitement,  dans  le  passage  suivant,  où 
frère  Jean  de  llochetaillc  dit,  en  parlant  du  faste 
du  clergé  de  son  temps  ;  »  Saint  Silvestre  ne  che- 
«  vauclioil  point  ii  deux  cens,  n'a  trois  cens  che- 
■>  vaux,  parmy  le  monde:  mais  se  tenoit  simplement 
«  et  closement  h  Homme  ;  et  vivoit  sobrement 
"  avecquesceux  de  l'Eglise.  »  (Froissart,  liv.  Ili, 
page  85.)  ('i) 

Or  voelt  amours,  pour  dames  exaucier. 
Qu'elle  soit  trop  plus  chsemeut  gardée. 

Froissart,  Pocs.  MSS.  p.  299,  col.  2. 

Closerie,  subst.  fém  Enclos.  Ce  mot  se  dit 
encore  en  Anjou  et  en  Touraine,  et  s'entend  parti- 
culièrement des  enclos  plantés  de  vignes  (5).  (Voy. 
Du  Gange,  au  mot  Clausaria.) 

Closiev,  subsl .  masc.  Clos*.  Gardien,  cultiva- 
teur du  clos^. 

On  se  sert  encore  de  ce  mot,  en  ce  sens,  en  Anjou 
et  en  Touraine  (6).  L'on  prononce  closier,  et  le 
paysan  clousier. 

*Dans  le  premier  sens  de  clos,  voyez  Du  Gange, 
Gloss.  lat.  au  mot  Closarius. 

Car  riens  ne  croissoii  au  closier. 
Oui  n'endourast  trop  mieulz  qu'osier, 
Foeille,  et  flourette. 

Froissai-I,  Pots.  SISS.  p.  4.5,  col.  2. 

^  Dans  le  secondsensde  gnrdieii;"),  cultivateurdu 
clos,  voyez  Du  Gange,  Ibid.  et  les  Dict.  de  Borel  et 
de  Colgrave.  On  a  nommé  closier,  le  fermier  du 
clos.  «  Pierre  l'apostrevendist  son  héritage  à  mais- 
"  tre  Hugues  de  Gaignant,  qui  se  mit  en  saisine,  et 
«  en  possession:  le  c/os/O' (S)  quiavoit  encore  quatre 
«  ans  à  tenir  la  terre,  s'en  complaignit,  en  cas  de 
«  saisine  et  de  nouvelleté.  »  (Grand  Coût,  de  Fr. 
livre  II,  p.  152.)  «  Le  portrait  de  ma  cour  est  telle- 


(1)  Mais  alors  cloz  dérive  de  clo.vus,  non  de  claudei-e.  «  Les  vulgaires  appellent  les  charbons  clouds,  parce  que  la  matière 
d'iceux  cause  douleur  semblable  comme  si  un  cloii  estoit  fiché  à  la  partie.  »  (Paré,  XXIV,  3G.)  (n.  e.) 
(2»  On  dit  plutôt  cuint.  (N.  E.) 

(3)  On  lit  dans  une  charte  de  1317,  au  cartulaire  21  de  Corbie  :«  Avons  vendu...  toute  la  terre  que  nous  aviemes  et 
poiesraes  avoir  à  Belle,...  soit  en  cens,  en  rentes,  en  terres  araules,...  etcloséinent  et  entièrement  sans  rien  excepter.  »  (n.  e.) 

(4)  Comparez  édition  Kervyn  (t.  XI,  256).  Il  a  aussi  le  sens  de  expressément:  «  Et  par  espécial  Perrot  le  Bernois... 
estoient  nommé-i  estroitement  et  closcinenl,  en  la  ditte  chartre.  »  (XIV,  260.)  (N.  E.) 

(5)  Il  Ils  n'avoieiil  point  de  terres  ni  de  seigneuries,  methairies,  ciozeriet-,  borderies.  «  (.Carloix,  II,  17.)  (n.  e.) 

(6)  Cet  emploi  remonte  au  moins  au  xiv  siècle  :  «  Lequel  Bertier  avoit  certaines  vignes  et  un  pressoir   en  Vaux  les 
Orliens.  et  comme  il  eust  entendu  que  son  c/osier  ou  mettoier  avoit  vendu  certaine  quantité  de    vin.    »   (.IJ    97.  n    385 
an.  1367.)  (N.  e.^  i  v  .  f  > 

(7)  Ce  n'est  parfois  qu'un  concierge  qui  dot  la  porte  :  «  Hz  se  boutèrent  en  un  hostel  de  l'abbaye  de  S'  Vast  d'.\rras  en 
la  dite  ville  de  BaïUeval  et  fermèrent  la  porte  dudil  hostel,...  et  vint  .laquemart  Picq  closier  dudit  hostel.  »  (JJ.  150,  d  367 
an.  1396.)  (N.  e.)  \  ,  v         • 

(8)  On  lit  dans  la  Rose  (v.  2839)  ;  «  Mes  uns  vilains  qui  giant  honte  ait.  Près  d'ileques  repost  s'estoit  :  Dangiers  ol  nom  ; 
si  fu  closiers  Et  garde  de  tous  les  rosiers.  »  De  même  au  dit  de  Poissy  de  Christine  de  Pisan  ;  «  Du  lieu  où  lavande  Croist 
et  rosiers,  A  grant  foison,  sans  façon  de  ctoisiers.  »  (x.  E.) 


CL 


—  70  - 


CL 


«  ment  baillé  à  mon  clon&icr.  qu'il  m'en  doit  une 
«  bonne  vache.  »  (Moyen  de  Parvenir,  p.  'il'i;Ibid. 
page  173.) 

On  a  aussi  nommé  closier,  le  propriétaire  du  clos, 
et  c'est  en  ce  sens  qu'il  doit  s'entendre,  dans  les 
vers  suivans  : 

Par  tout  ce  temps,  ay  servi  au  closier, 
De  mon  povoir,  tant  que  suis  enviellis, 
Sanz  riens  avoir,  et  sanz  prendre  loier. 

Eusl.  Desch.  Poos.  MSS.  fol.  1'.),  col.  +,  et  fol.  U,  col.  1. 

On  disoil  au  féminin  cKrMre.  Voy.  Crétin,  p.  16, 
où  il  nomme  Adam  et  Eve  clouer  et  clnziere  du 
"  terrestre  vergier»,c'est-à  diredu  paradis  terrestre. 

VABIANTES  : 
CLOSIER.  Froissart,  Poës.  MSS.  p.  45,  col.  2,  71. 
Clozier.  Crétin,  p.  16. 
Clousier.  Faifeu,  p.  41  et  42. 

Closin,  sitbst.  )nnsc.  Clôture.  Suivant  l'éditeur, 
c'est  le  sens  de  ce  mot,  dans  ce  passage  :  «  Qui  est 
«  trouvé  lion  avoir  renclos  les  lieux  qui  doivent 
«  closîn  dedans  le  temps  commandé ,  chet  en 
••  amende  de  soixante  sols  parisis.  »  (Bout.  Som. 
Mur.  page  800.)  L'éditeur  assure  qu'on  ïû  cloison, 
dans  le  ms. 

V.ARIANTES   : 
CLOSIN. 
Ct^csoN.  Jurain,  Hist.  du  comté  d'Aussonne,  p.  25. 

Closser,  verbe.  Ce  mot  subsiste  encore  pour 
exprimer  le  cri  de  la  poule  qui  couve  et  mène  ses 
poussins. 

VARIANTES  : 

CLOSSER,  Clousser  (1).  Oud.  Dict. 

Cluchkr. 

Glocer,  Glosser.  Oudin,  Dict. 

Glousser.  Nicot  et  Oudin,  Dict. 

Clostre,  subst.  masc.  Clos,  enclos. 

Puisqu'il  demeure  en  si  beau  clontre  (2) 
Com  veci,  c'est  un  grant  seignour. 

Froissart,  Poos.  MSS.  page  0,  col.  \. 

(Posture,  s^t/>s^  fém.  Clôture*.  Préciput^. 

*A"ous  disons  encore  clôture,  dans  le  premier 
sens  ;  mais  nous  remarquerons  qu'on  appeloit, 
autrefois,  droit  de  closture[^]  un  droit  que  percevoit 
le  roi  sur  la  vente  des  bestiaux.  «  Recopie  du  droit 
<t  de  closlure  que  lo  Hoy  a  accoustuiné  de  prendre, 
»  cliascun  an,  à  Mous'tiers  ;  néani,  pour  ce  que 
«  durant  l'année  de  ce  présent  compte,  n'a  eu 
«  aucunes  besles  vendues  au  dit  lieu.  ■■  (Compte  de 


lôiO,  cité  par  Du  Cange,  au  mot<;/ai<s/!<m)(4).  Quant 
;i  l'orthographe  closure ,  on  lit,  dans  la  vie  de 
Louis  111,  duc  de  Bourbon,  p.  ^O?  ■  «  I!  me  .semble 
«  qu'il  est  bon  que  nostre  logis  soit  clos  d'aucune 
Il  matière  légère,  car  Sarrazins  ne  combatlenl  fors 
«  (hormis  que)  a  cheval  ;  dont  dirent  les  seigneurs  : 
«  Monseigneur,  vous  dictes  bien,  et  suffira  de  peu  de 
.<  closure,  et  fut  dit,  par  les  Genevois,  qu'il  siiflisoit 
.<  la  closure  de  cordes  que  l'en  saisit  li'une  mer  à 
«  l'autre,  à  enclorre  le  siège {."i).  »  On  a  dit:  «  Après 
«  la  dile  closure  et  ligature  du  dit  sac.  ■>  (Bout. 
Som.  Kur.  p.  671).) 

°  Clôture,  dans  quelques  coutumes  (6;i,  signifioit  le 
préciput.  l'enceinte,  l'enclos  du  principal  manoir, 
préclôture,  en  d'autres  pays  (7).  (Voy.  Du  Cange,  au 
mot  l'rœcipuitas.) 

VARIANTES  1 

CLOSTURE.  Du  Cange,  au  mot  Clostnra. 
Clou-STURe.  Crétin,  p.  27. 
Clôture.  Orth.  subsistante. 
Closure.  GIoss.  de  l'Hist.  de  Paris. 

Clot,  subst.  înasc.  Trou  *.  Fosse  ^. 

*En  Anjou  (8),  ce  mot  signifie  trou  en  général. 
(Mén.  Dict.  Etym.) 

^  En  Languedoc,  c'est  une  fosse  à  enterrer  les 
morts.  (Dict.  Etym.  de  Ménage.) 

Clote.  [Intercalez  Clote ,  chambre  voûtée  : 
"  Jehan  Hardi  commença  fi  quérir  par  ledit  hostel 
«  lailitte  Thomasse,  tenent  en  sa  main  un  baslon, 
■■  el  en  la  querant  par  les  paroiz  et  dotes  dudit 
«  hoslel,  où  il  faisoit  j;i  bien  oscur.  »  (,IJ.  131, 
p.  37,  an.  1387.)]  (x.  e.) 

Clotir,  verbe.  Blottir.  On  disoit  autrefois  se 
clotir,  pour  se  cacher  dans  un  trou.  (Dict.  Etym. 
de  Ménage.) 

C\otiz,  subst.  masc.  C[ôU}re,  enceinte,  barrière. 

Ouaiit  mais  ne  perrons  soffrir  le  fereis 

Qu'aurons  bien  estroez  cez  escuz  et  croissiz 
N'ert  honte  de  fouir  ça,  très  qu'an  cest  clnth 

Part,  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  Hi,  V  col.  1. 

(Voyez  ci-dessus  Clodis.) 

Clou,  subst.  viasc.  Clou  *.  Gouvernail  °. 

*  Ce  mot  subsiste  sous  celle  orthographe.  Nous 
ne  l'employo.iû  ici  que  par  rapport  ..u.v  unoicmes 
expressions  dans  lesquelles  il  entroil. 

^  .Nous  reniarquurous  cependant,  auparavant, 


(1)  «  Ils  cloussenl  comme  les  poulies.  »  (Paré  ,  Animaux  ,  25.)  C'est  encore  la  forme  genevoise  ;  en  Berry,  on  dit 
irousser.  (N.  E.) 

(2)  On  lit  aussi  dans  les  Chroniques  (II,  259)  :  «  Il  alèrent  petyer  le  parvis  et  le  clnstve  tant  qu'il  fuissent  rappelé.  »  De  là 
le  dérivé  closiré  :  «  Il  ardi  un  grant  monastère  de  Frères -Preceours  clostré.  »  (VIII,  20.)  (N.  E.) 

(3)  Cloison  a  le  même  sens.  (N.  E.) 

(■i)  «  In  compiUo  domanii  comitatus  Pontivi.  »  (Du  Cange,  II,  388,  col.  1.)  (N.  E  ) 

(.5)  M.  Chazaud  (p.  233)  édite  :  «  Messeigneurs,  vous  dites  bien  :  il  mi'  semble  qu'il  est  bon  que  nostre  lougeis  soit  clos 
d'aucune  ligiére  cloisui-c,  car  Sarrazins  ne  combatent  fors  à  cheval.  »  Dont  dirent  les  seigneurs  :  «  Monseigneur,  vous  dites 
bien,  et  aussi  le  voulions  nous  dire,  et  souffira  de  pou  de  cloisitre.  »  Et  fut  dit  des  Gennois  qu'il  souffisoit  Vencloisure  faire 
de  cordes  que  l'on  chainsist  (var,  qui  ençaindroyent)  d'une  mer  à  autre,  à  enclourre  le  siège  [d'Auffricque].  »  (N.  E.) 

(6)  Coutume  de  Troyes  (art.  4)  ;  Coutume  de  Vitry  (art.  55).  (n.  e.) 

(7)  On  lit  à  l'art.  95  de  la  Coutume  de  S'  Jean  d'Angely  :  «  Es  préclotures  sont  compris  les  domaines  joints,  contigus  ,  et 
adjacens  à  l'hôtel  ou  manoir  pris  ou  élu  par  le  fils  aîné,  ou  qui  le  représente,  sans  évidente  séparation,  soit  de  murailles, 
fossez,  chemins  ou  cours  d'eau,  sauf  et  réservé  les  moulins  détreignables  et  fours  à  ban,  les  revenus  desquels  ,  supposé 
qu'il  soient  assis  en  et  au  dedans  des  prérloli<ri's.  se  préeomte  comme  l'autre  revenu  des  successions  ;  et  au  r;-gard  des 
fuies  et  garennes,  si  elles  sont  au  dedans  des  préclutures,  le  flis  aine  les  a  par  préciput  et  advantags.  »  (n.  e.) 

(8)  En  Poitou,  on  dit  cliol.  (Favre,  Glossaire,  p.  90.)  'Voyez  aussi  Du  Cange,  II,  402,  col.  3.  (n.  e.) 


CL 


CL 


que  ce  mol  a  élé  pris  pour  le  gouvernail  d'un 
navire,  comme  le  mol  lalin  clavus  dont  il  dérive, 
et  qui  signifie  à  la  fois  un  clou  et  un  gouvernail. 
On  lit  dans  l'ilisl.  de  la  Toison  d'Or,  Vol.  Il,  f°  171  : 
«  Le  gouverneur  de  la  nef  qui  as  perdu  le  clou  (1), 
«  et  le  compas,  el  la  conduite  de  ta  nef.  » 

Passons  aux  anciennes  expressions  remarqua- 
bles (-2)  : 

1°  On  disoit  In  Saint  Clou,  pour  la  fête  d'un  des 
clous  qui  percèrent  les  pieds  de  N.  S.  (Chronique 
S.  Den.  T.  II,  fol.  Û5.) 

2°  Nous  disons  encore,  cela  ne  vaut  pas  un  clou, 
pour  exprimer  que  cela  vaut  peu  de  chose  :  cette 
acception  du  mol  clou  se  trouve  dans  le  Blason  des 
Faulces  amours,  p.  364. 

Dieu  plus  offense. 
Moins  il  y  pense  ; 
N'en  donne  un  clou. 

3°  Ficher  clou  en  soleil.  Il  faut  lire  en  l'œil, 
comme  dans  un  passage  à  peu  près  semblable  de 
P.  J.  de  Saintré,  rap()orlé  sous  le  mot  clau.  Cette 
expression,  prise  au  ligure,  signiTioit  offusquer, 
aveugler.  «  Flatterie  est  ennemye  de  toute  vertu, 
'<  et  tant  est  périlleuse  qu'elle  fiche  le  clou  eu  soleil 
>•  de  celuy  à  qui  elle  parle.  "  (Histoire  de  la  Tois. 
d'Or,  Vol.  I,  fol.  17.) 

4°  On  disoit  d'un  brave  chevalier  :  «  Ce  fut  le 
"  clou  à  qui  tout  honneur,  toute  prouesse,  toute 
«  largesse,  et  toute  gentillesse  pend.  »  (Percefor. 
Vol.  I,  fol.  157.) 

5"  Cloud  alt'ecté  éloit  une  espèce  d'arme  pointue, 
aiguisée,  mise  au  nombre  de  celles  qu'il  étoit 
défendu  de  porter  :  •■  Toutes  armes  appointées, 
«  clouds  allecten  (aiguisez)  arbalesles,  barquebuses 
«  soient  detTendues,  sur  l'amende  de  vingt  sols 
>'  parisis.  »  (Coût.  Géu.  T.  I,  p.  456.) 

6"  A  clou  et  à  cheville,  expression  adverbiale, 
pour  signifier  solidement  (3).  (Voyez  Contredits  de 
Songecreux,  fol.  146.) 

V.\IU.4NTES  : 
CLOU.  Orth.  subsist. 
Cloud.  Oudin,  Dict. 

Clouage,  subst.  masc.  Collectif  de  clous.  (Voy. 
Cotgrave  el  Oudin.)  »  Le  dit  louagier  est  tenu  d'en- 
»  Irctenir  les  bastimens  de  chntage  et  placcage, 
«  etc.  »  (Coul.  de  Langie.  —  Nouveau  Coul.  Gén. 
T.  1,  p.  308.) 

Clouatier,  subst.  inasc.  Cloutier.  (Voyez  Rab. 
T.  II,  p.  '243.) 

Clouchier,  subst.  masc.  Clocher.  On  a  dit 
proverbialement  :  «  Cloucliier  deRhodez  ;  campano 


«  de  Mande,  egleyse  d'Alby  ;  comme  aujourd'hui  en 
"  France  chœur  de  Beau  vais,  nef  d'Amiens,  portail 
«  de  Rheims.  »  (Favin,  Th.  dHonn.  T.  I,  p.  426.) 

VARIANTES  : 
CLOUCHIER.  Favin,  Th.  dhonn.  T.  I,  p.  426. 
Clochier.  Coquillart,  p.  150. 
Clochez,  plw\  Mém.  de  Ou  BeUay,  T.  VI,  p.  391. 

Clouenient,  subst.  masc.  L'action  de  clouer. 
(Cotgrave  et  Oudin,  Dicl.) 

Clouer.  [Intercalez  Clouer,  au  sens  de  fermer: 
"  Environ  l'eure  de  jour  c/Oi/an/.  »  (JJ.  208,  p.  194, 
an.  1481.)  Voyez  aussi  Raynouard,  lexique  Roman, 
11,  409,  col.  2.)]  (N.  E.) 

Clouet,  subst.  masc.  Petit  clou,  (ilonet,  Coigr. 
Dict.  —  Epilh.  de  M.  de  la  Porte.) 

Clouettière.  [Intercalez  Clouettière,  charge  de 
clous  :  •  La  somme  qui  porte  clouettière,  nn.  d'en.  - 
(Cart.  de  Corbie,  Du  Cange,  II,  382,  col.  1.)]  (n.  e.) 

Cloueure,  subst.  fém.  Ornement  de  clous. 

On  disoit  liaute  cloueure,  pour  désigner  les  gros 
clous  dont  on  armoil  quebiiies  armures,  à  la  diffé- 
rence de  celles  qui  n'étoientque  demi-cloées.  On  lit, 
dans  un  inventaire  d'armures,  cité  par  Du  Cange, 
au  mot  Armatura:  »  Uns  pans  et  uns  bras  de 
«  roondes  mailles  de  haute  cloueure...  Item  une 
»  barbiere  de  tiaute  cloueure  de  chambli.  .  Item 
«  une  teslièrede/(rtH/ct'/0i<é'(O'f  de  mailles  rondes.  » 
Et  plus  bas;  «  Item  une  couverture  de  mailles 
«  rondes  demy  cloées  (4).  « 

VARIANTES  : 
CLOUEURE,  Cleure.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  289,  V». 

Cloiiqiie,  subsl.  fém  Poule  qui  couve.  Mol  du 
patois  gascon  (Dict.  de  Borel,  T"  add.  —  Voyez  ci- 
dessus  le  mol  Clossek  et  ses  orthographes.) 

Clousure.  [Intercalez  Clousure,  clos:  «  Je 
«  Jehanné  de  Tiavazay...  advoulie  à  tenir...  mon 
«  lieu,  courtillaige,  vergiers,  clousnres.  »  (Ch.  de 
1405,  Rea.  des  fiefs  du  comté  de  Poictiers;  Du 
Cange,  11,' 385,  col.  2.)]  (n.  e.) 

Clousseuse,  adj.  au  fém.  Qui  glousse.  C'est  le 
sens  pi'opi'e.  De  là  on  a  dit  :  poule  clousseuse,  pour 
une  poule  qui  couve.  (Oudin  et  Cotgrave.  —  Voyez 
ci-dessus  Closser,  Glousser.) 

Cloiizeau,  stibst.  masc.  Diminutif  de  clos.  •<  Il 
«  estdeffendu  mener  pasturer  bœufs,  vaches,  etc. 

«  esvignes,gaignages,c/0i/j«»/.r\5j, vergers,  plan Is 
■<  d'arbres,  etc.  ••  ;Cout.  d'Orléans,  Coût.  Gén.  T.  I, 
p.  957.) 


(1)  «  Dieu  lient  le  doit  du  gouvernail,  pour  tourner  leurs  efforts  à  exécuter  ses  jugemens.  d  (Calvin,  Lislit  ,  160.)  (N.  e.) 

(2)  Coquillart  (Droits  nouveaux)  ;  «  On  le  met  à  un  sac  à  part,  et  le  laisse-t-on  pendre  au  elon.  »  D'Aubigné  (Hist.,  i,  261)  : 
«  Les  kalholiques  se  plaignoient  de  ce  que  Slontauban,  Sancerre,  etc.,  faisoient  compter  les  eloux  de  leurs  pot  les  au.x 
garnisons  qu'on  leur  envoyoit   »  (N.  E.) 

(3)  Pasquier  écrit  en  ce  sens  :  «  Il  sembloit  que  cette  ordonnance,  tant  de  fois  réitérée,  eut  esté,  comme  l'on  dit ,  fichée 
à  clou.T  de  diamans.  »  (Liv.  III,  p.  237.)  G.  Chastelain  écrit  aussi  (Chr.,  II,  ch.  XXXI)  :  «  Le  comte  de  Charolois  qui  estoit 
jeune  et  vert,  et  dur  malement  â  ployer,  les  [villes  de  la  Somme]  eust  pu  tenir  à  fer  et  à  doux,  en  non  lost  les  restituant 
à  la  première  demande.  »  (N.  E.) 

(4)  Edition  Henschel,  II,  398,  col.  3.  (N.  E.) 

(5)  Ce  mot  subsiste  comme  nom  de  lieu  :  Les  Clouzenux  (Vendée).  (N.  E.) 


co 


72 


CO 


Cliid.  [Intercalez  faire  clud,  conclure: 

Il  argue,  saut  et  concliuJ, 
Et  lie  tel  drap  fail  souvent  clud, 
Que  qui  li  diroit  que  pas  n'est 
De  tel  couleur,  lost  seroit  prest 
De  tenchier  et  de  fulminer. 

Guigne\iUc,  Pèlerin  (Du  Cioge,  H,  403,  col.  2). 

Rapprochez  la  deuxième  citaliou  sous  c/i/s.]  (n.  e.) 


Cl  us 

ce  mot 


(1).  Voici  deux  passages  où  nous  trouvons 

Qui  belle  femme  a,  je  conclus 
Qu'il  soit  jaloux,  ou  s'il  n'est  sage 
Car,  comme  on  dit,  les  vis  sont  liiis, 
De  culz  qui  portent  beau  visage. 

Conlretl.  de  Songccroux,  fol.  47,  R*. 

soit  conclus, 

Affin  que  tu  n'en  parles  plus, 
Qu'au  sac  soys  mis  pour  faire  dus. 

Ibid.  fol.  101.  R'. 

Clustriaus.  [Inlercaiez  Clustriaus,  haillons: 

D'un  ort  et  viel  burel  vestue 
Ratasselé  de  clunlriaus... 
Ch'est  celle  qui  ratasselée 
N'a  ainsi,  con  vois,  et  clistrée. 

Guigneville  Du  Cange,  II,  404,  col.  3).]  (N.  E.) 

Clypsedrie,  subst.  fém.  Clepsydre.  C'est  une 
horloge  d'eau.  (Dicl.  de  Colgrave.) 

Coac,  subst.  7nasc.  Coassement.  Cri  des  gre- 
nouilles. (Colgrave  et  Oiidin,  Dict.)  On  a  employé 
ce  mot  comme  terme  burlesiiue,  pour  signifier  c'en 
est  fait,  suivant  le  Gloss.  de  Marot(2).  (Voy.  ci-après 

COAXER.) 

Coacquereui",  subst.  masc.  Terme  de  pra- 
tique. Celui  ou  celle  qui  acquiert  conjointement 
avec  un  autre.  (Voyez  Nouv.  Coul.  Gén.  T.  I,  p  510.) 
<'  La  femme  de  l'acquéreur  est  entendue  coacque- 
"  resse,  ou  fnire  Facquesl  pour  la  moitié,  quoiqu'elle 
"  ne  paroisse  point  au  halm,  ou  transport,  etc.  » 
(Coul.  de  Bergh.  S.  Winox,  au  Nouv.  Coût.  Gén. 
T.  1,  p.  514.) 

Coacqiiisitioii,  subst.  fém.  Ternie  de  cou- 
tumes. Acquisition  faile  conjointement  avec  quel- 
qu'un. (Voyez  Coul.  de  Cassel,  Kouv.  Coût.  Gén. 
T.  I,  p.  71  .-j.) 

Coaction,  subst.  (3)  Contrainte.  (Duchesne,  Gén. 
de  Chatillon,  p.  'iG,  tit.  de  i^.'Al.) 

Coadjuteur,  subst  masc  Ce  mot  subsiste; 
mais  les  applications  suivantes  sont  remarqua- 
bles (4)  : 

1°  Enguerrand  de  Marigny  est  appelé  coadjuteur 
el  gouverneur  du  royaume,  dans  la  Chroniq.  de 


S-  Denis,  T.  II,  fol.  1 54,  V^  Dans  la  Contin.  de  la 
Chron.  fr.  ms.  de  Nangis,  an  131.'J,  on  lit  cogileur,  au 
lieu  de  coadjuteur. 

!2"  Coadjuteur  de  la  cour  étoit  autrefois  un  iiire 
d'une  signification  très-générale,  comme  aujour- 
d'hui celui  de  conseiller  du  roi.  11  étoil  en  usage  à 
la  cour  des  anciens  ducs  de  Bourgogne:  «  Voulons, 
«  constilaons,  ordonnons  que  tous  nos  notaires, 
«  tabellions  et  ^oflf/)(;/nn's  de  noslre  cour,  soient 
«  francs  de  noslre  scel,  et  registre.  »  (Etal  des 
Offic.  des  D.  de  Bourg,  p.  30,"i.) 

o"  Coadjuteur  des  ambassadeurs.  Espèce  d'office 
auprès  des  ambassadeurs.  Bassompieire,  en  1026, 
écrivit  à  M.  le  maïquis  d'Effial,  pour  le  remercier 
de  ce  qu'à  sa  considération,  il  avoit  fail  donner  une 
pension  de  deux  mille  livres  à  monsieur  coadju- 
teur des  ambassadeurs.  (Ambass.  de  Bassompierre, 
T.  1,  p.  148  ) 

4"  Coadjutor  est  employé  comme  terme  féodal, 
dans  ce  passage,  où  ce  mot  est  mis  en  opposition  à 
joinlena.it.  Selon  Lillleton,  on  appelle  ./o/h/^j/ah/s, 
ceux  qui  possèdent  en  commun  un  héritagequi  leur 
a  été  inféodé  à  vie  seulement  :  «  Joinlenaiits  sont, 
«  si  conie  home  seisie  de  certain  lenements,  el 
0  confeosse  deux,  trois,  ou  quater  tenement  à  eux 
«  pur  terme  de  lour  viez.  ou  a  terme  d'ans  vie, 
«  force  de  quer  feossemenl,  ou  ley,  ils  sont  seisies; 
«  tielx  sont  jointes.  "  (Tenur.  fol.  01.)  Ce  mol  dési- 
gnoil  aussi  ceux  qui,  après  avoir  été  à  un  autre  la 
possession  d'un  héritage  dans  lequel  ils  avoienl 
chae  Hi  un  droit  réel,  s'acconloicnt  pour  en  jouir 
par  indivis.  Ceux  qui  étoient  sans  droit  réel  el  qui 
n'avoient  qu'une  action  personnelle  s'appeloient 
coadjutors.  Voici  le  passage  :  »  Item,  si  deux,  ou 
«  trois,  etc.,  desseisonl  un  auler  d'ascnn  terres,  ou 
«  lenements  à  loui'  use  demesne  (usage  propre) 
«  donques  le  disseisors  sont  jointenants;  mais  s'ils 
«  disseisont  un  auler.  à  l'use  d'un  de  eux,  donques 
<i  ils  ne  sont  jointenanis  Mes  celuy  a  que  use  le 
"  diss  :  (dessaisissement)  est  fait,  est  sole  (tenant), 
«  et  les  autres  n'ont  riens  en  le  lenancie;  mais 
"  sont  appelles  coadjutors  (.■>)  ù  le  diss:  etc.  »  (Ibid. 
fol.  02.) 

VARIANTES   (0)  : 

COAD,IUTEUR.  Orth.  subsistante. 
CoGiTEUR.  C.liron.  fr.  MS.  de  Nangis,  an  1313. 

Coadunation,  subst.  fém.  Assemblée.  (Dicl.  de 
Colgrave  el  d'Oudin.) 

Coage,  sul>st.  masc.    Ealretien    des  quais  et 
pavés*.  Droit  pour  cet  entrelien  ^. 
*  Le  premier  sens  de  ce  mot  est  déterminé  par  le 


(1)  De  clattsiif:  :  comparez  iiichts.  On  lit  au  Glossaire  7692  :  «  Frustum,  clul.  »  (n.  e.) 

(2)  Si  c'est  une  imitation  d'.^rislopliane,  coax  serait  mieux.  L'onomatopée  française  est  couac  :  «  Le  renard  d'une  vistesse 
soudaine  empogiie  la  grole,  la  quelle  ne  seut  tenir  aucune  contenance  que  de  faire  cnun.  »  (Palissy,  88.)  (N.  E.) 

(3)  Ou  lit  dans  Oresine  (Ethique,  50)  :  «  Et  est  contraire  à  volenté,  c'est  assavoir  nrccssité  de  conctio/i.  »  (N.  E.) 

(4)  Dans  Froissart,  il  a  le  sens  de  complice  (t.  IX,  p.  182)  :  «  Tel  ribaudail'e  que  il  estoient  n'euissent  jamais  osé 
entreprendre  avoir  occis  si  bault  homme,  se  il  n'euissent  des  coadjoiisleurs  et  soutenteurs  en  leur  emprise.  »  (N.  E.) 

(5)  C'est  le  sens  du  mot  dans  une  charte  de  1292  (Du  Gange,  II,  406,  col.  2)  :  u  .\von3  especiaumentestabli,  oblec  es  toutes 
nas  possessions...  audit  Wiart  ou  à  ces  coadjuteurs,  en  tel  manière  que  se  nous  defailliens  ou  paiement  de  ladite 
rente.  »  i,n.  e.) 

(6)  On  trouve  au  testament  de  J.  de  Meung  (v.  829)  :  «  Puisqu'il  sunt  as  prelaz  per  et  coadjutors,  Des  princes  et  du  pueple 
père  et  executors.  »  n.  e.) 


co 


co 


passage  suivanl  :  «  Pour  cause  que  l'on  remarque 
.<  la  fausseté  des  congés  des  rues,  suivant  l'ancien 
«  usage,  qu'elles  vont  ù  rien,  et  enfin  deviendroient 
<i  inaccessibles,  etc.  »  (Coût,  de  Lant^le,  Nouv.Cout. 
Gén.  T.  I,p.  311.) 

^  Le  second  sens  est  déterminé  par  cet  autre  pas- 
sage :  »  ÎS'ous  avons  octioyé  que  le  pavement  et  les 
«  quais  de  la  dite  ville,  et  les  issues  soient  mises 
0  en  tel  état  par  quoi  euls,  et  leurs  gens  puissent 
•  bonnement  leurs  marchandises  chargier,  et 
«  décharçier,  sans  paver  aucun  caage,  etc.  »  (Ord. 
T.  V,  p.  243.)  On  lit  côage[\\  au  T.  111,  p.  570.  (Voy. 
la  note  sur  ce!  endroit,  et  J'u  Gange,  au  mot  Platà- 
giuni.)  On  lit  cniage  dans  une  citation,  ibid.  au  mot 
Kaagiuin,  et  quaiage,  dans  les  Mém.  de  Sully,  ï.  X, 
p.  228. 

De   ce    mot   se  sont  formés  ceux  d'écouage  et 
escouage,  dont  nous  parlerons  en  leur  lieu. 
vARi.\NTF,s  : 

COAGE.  Nouv.  Coût.  Gén.  T.  I,  p.  311. 
Caage.  Ord.  des  R.  de  Kr.  T.  V,  p.  343. 
Caiage.  Du  Cange,  Gloss.  lat.  au  mot  Kaagiiiiit. 
QuAiAGE.  Mém.  de  Sully,  X.  X,  p.  228. 

QUAYAGE. 

Coagiers,  subst.  masc.  pinr.  Commission- 
naires. «  Ce  sont  les  commissionnaires  au.v  Echelles 
«  du  Levant,  sous  les  consuls  des  nations.  »  (Dicl. 
Elym.  de  Ménage.)  On  lit  coagis,  dans  le  Dicl.  du 
Commerce. 

Coaille,  subst.  fém.  Grosse  laine.  Borel  le  dé- 
rive de  qHouël^J.),  queue,  parce  que  la  plus  mauvaise 
laine  est  celle  de  la  queue  des  moulons.  (Voy.  Dict. 
de  Corneille.)  Léon  Trippault,  dans  son  Gelthell.  dit 
que  c'est  un  mot  du  lîerri. 

VARIANTES   : 
COAILLE,  QuOAiLLE.  Borel,  Dict. 

Coaine,  subst.  fém.  Couenne.  (Oudin,  Gur.  fr. 
et  Dict.  de  Cotgrave.) 

Le  bacon  sent,  si  s'esbahi,... 
La  coaiine  vit  nerçoier. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  38,  R-  col.  2. 

De  là,  couaine,  pris  pour  peau  en  général,  a 
donné  lieu  à  celle  expression  :  être  de  plaine 
couaine,  pour  cire  en  embonpoinl. 

Si  sont  de  plaine  couaine. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7615,  T.  I.  fol.  Oïl,  V  col.  i. 

VARIANTES  : 
CoAiNE.  Cotgrave,  Dict. 
CoANNE.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  38,  R»  col.  2. 
Couaine.  Oudin,  Dict. 

CouANE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  foL  4,  R»  col.  2. 
CouANNE.  Oudin,  Dict. 
QuANE.  Parlon.  de  Hl.  MS.  de  S.  G.  fol.  126. 

Coar,  adj.  Lâche,  poltron,  timide  (3).  Ce  mot  sub- 


siste sous  l'orthographe  couard  ;  mais  il  est  du  bas 
usage.  Le  duc  de  Bretagne,  ennemi  de  Louis  XI, 
l'appeloit/e  roy  conartd).  (Hist.  de  Marie  de  Bourg, 
p.  130.) 

Mauvai.s  couarz,  ce  dit  la  letre, 
Ne  se  doit  d'amors  entremetre. 

Ovide  lie  Arle,  ,MS.  de  S.  G.  fol.  97,  R"  col.  3. 

«  Qu'y  a  t'il  plus  monstrueux  que  d'estre  couard 
«  à  l'endroict  des  hommes,  et  brave  à  l'endroict  de 
«  Dieu.  »  (Sag.  de  Charron,  p.  4!)0.)  «  Le  chevalier 
«  doubtoit  formenl  d'approcher  le  lict,  comme 
«  fait  le  vrai  amy  qui  doit  eslre  hardy  eu  ses  pen- 
'■  sées,  et  couard  en  ses  failz.  »  (Percef.  Vol.  III, 
fol.  -131.)  On  trouve  dans  le  Mercure  de  septembre 
1733,  p.  1978,  ces  deux  vers  léonins,  qu'un  curé 
champenois  du  xiv  siècle  inséra  dans  son  livre 
d'église.  Il  parle  des  Picards  : 

Isti  Picardi  non  sunt  ad  proîlia  tardi  ; 
Primo  sunt  hardi,  sed  sunt  in  fine  coanli. 

On  disoit  connrt,  et  hardi,  pour  signifier  tous, 
tout  le  monde. 

Ces  sage,  hardi,  ou  couart. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  21C,  R°  (5). 

Voici  quelques  proverbes  sur  ce  mol  : 

1.  Auprès  du  feu  couards  tiennent  gros  termes. 

J.  Marol,  p.  38. 

C'est-ù-dire  qu'ils  parlent  haut,  qu'ils  font  les 
braves,  tant  qu'ils  ne  courent  aucun  danger,  et  que 
personne  ne  les  peut  entendre. 

2.  Mieux  vaut  couard  que  trop  hardy. 

Dict.  de  Cotgrave. 

3.  Trop  courageux,  troc  couardi 
Ne  sont  mie  fort,  ne  hardi. 

Geofr.  de  Pans,  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  fol.  iO. 

4.  Amant  doivent  être,  tant  vous  en  di, 
Couart  de  fet,  et  de  penser  hardi. 

Pofs.  MSS.  Vatican,  n-  IITO,  fol.  I;li.,  R-  col.  J. 

5.  Amors  fet  hardis  mains  couars. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7!>18,  fol.  131,  R»  col.  2. 

6.  De  ce  qu'on  dist,  oublié  ne  l'ai  mie 
Que  couars  homs  n'aura  jà  belle  amie. 

Kroissarl,  Pocs.  MSS.  p.  50,  col.  2. 

On  lit  court,  dans  le  Bom.  de  Rou,  ms.  p.  (iO,  et 
nous  avons  employé  ci-dessous  celle  orthographe. 
Nous  pensons  cependant  que  c'est  une  faute  de 
copiste,  et  qu'il  faut  lire  coard.  L'auteur  de  ce 
roman  dit  ailleurs  coarder.  (Voyez  ce  mot;  voyez 
aussi  Ai;oARDi  ci -dessus.) 

VARIANTES   (6)  : 
COAR. 
Coard.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  T.  II,  fol.  177,  V»  col.  1. 

COARZ. 

Coars.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  34i,  V"  col.  2. 
COART.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7015,  T.  I,  {'  102  bis,  V»  col.  1. 
Couard.  Le  .loiivenc.  MSS.  p.  '15i  (7). 
CoHASTRE.  Contred.  de  Songecreux,  fol.  104.  V». 
Choarz,  p/ur.  Poës.  MS.  av.  1300,  ï.  I,  p.  490. 


(1)  «  Leurs  gens  puissent  bonnement  leurs  biens  et  marchandises  charger  et  descharger  de  nuit  et  de  jour  sans  payer 
aucune  cooge,  ne  platnge,  ne  autre  chose  quelle  qu'elle  soit.  »  (N.  E.) 

(2)  Ou  plutôt  de  la  forme  coe.  On  dit  aussi  écouaillcs.  (N.  E.) 

(3)  C'est  un  dérivé  de  cauda  :  le  chien  peureux  marche  la  queue  basse,  (n.  e.) 

(4)  Couart  est  le  nom  du  lièvre  au  Roman  de  Renatt.  (N.  E.) 

(ô)  C'était  encore  une  sorte  de  tenanciers  :  «  Les  hommes,  que  l'en  appelle  les  couarz.  »  (Recogn.  feud.  de  Veleri-ponlo, 
an.  13!'^,  Du  Cange,  II,  252,  col.  1.)  (N.  E.) 
(('))  On  lit  dans  la  Chanson  de  Roland  (.v.  888)  :  «  Pur  tut  Tor  Deu  ne  volt  estre  cuard.  »  (n.  e.) 
(7)  On  lit  duns  Roncisvals  (p.  71)  :  «  Mais  li  cohart  n'i  auront  jà  pardon.  »  (N.  e.) 

IV.  10 


co 


—  74 


CO 


CouwART.  Froissarl,  Poës.  MSS.  fol.  1K8,  col.  2  (1). 

CouAiiT.  Hij^t.  de  Marie  de  Bonig.  p    i;iO. 

Cou.vus.  Chans.  fr.  du  13"  siècle,  MS.  de  Bouh.  fol.  361. 

COUAH. 

CoUAUD.  Orlh.  subsistante. 

CoUAHDi,  plur.  G.  de  Paris,  à  la  suite  du  Rom.  de  Tauvel. 

Court.  Kom.  de  Rou,  .MS.  p.  60  (2). 

Coarcter,  verbe.  Conlrainflfc,  iiêiier.  (Voyez 
Dict.  de  C.rilgrave.)  "  Le  siirviv;inl  est  tellement  lié 
«  e[coarcté,  (]u\\  ni',  peut  vendis,  clinciier  ne  ;ilie- 
«  ner,  elc.  »  (Coiit  dArias,  Coût.  Gén.  T.  II,  p.  871.) 

Coarder,  verbe.  Faire  le  poliron.  Proprement, 
rester  à  la  queue,  du  mot  coe  ou  coue  ci-dessus, 
d'où  dérive  aussi  coar  ou  couard. 

Plusieurs  d'eus  d'aller  là  s'atirent, 
Qui  n'ont  talent  de  cimarder. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  298,  R'. 
Ja  n'en  verrez  un  coarder; 
Nul  n'a  de  mourir  poour. 
Se  mestier  est,  pour  voslre  amour. 

Rom.  de  Hou,  MS.  p.  307. 
Sa  liere  tint  bien,  et  garda, 
Conques  de  rien  n'i  couarda. 

Ph.  Mouskcs,  MS.  p  314. 
La  quarte  prist  H^el  en  garde, 
Avec  Valvin,  qui  ne  couarde. 

Rom  de  Brut.  MSS.  fol.  94,  V  col.  1. 

On  a  dit  :  «  Ne  couardes  de  crainte,  mais  soyez 
«  sourds  aux  dangers.  »  (Letl.  de  Pasquier,  T.  III, 
p.  589.  —  Voyez  Accouardir  ci-dessus.)  (3) 

VARIANTES  : 
CO.^RDER.  Dict.  d'Oudin  et  de  Cotgrave. 
CoAUDEn.  Rom.  de  Rou,  p.  367  ;  lUanch.  fol.  ITO. 

CoaiHlie.  [Intercalez  Coardie,  couardise: 

Que  par  lui  soit  coardie  pensée. 

Roncisvals,  p.  t32. 

On  avait  déjà  dans  la  Chanson  de  Roland 
(v.  K»'!?)  : 

LInkes  n'amai  cuard  ne  cuardie. 

Au  xm'  siècle,  on  a  couardie  (Berte,  HA): 

Et  fu  mère  Rolant,  qui  fu  sans  couardie.]  (N.  E.) 

Coaxante,  adj.  an  fém.  Qui  coasse.  On  a  dit 
grenouille  coaxante.  (Epilh.  de  M.  de  La  Porte.) 

Coaxer,  verbe.  Coasser.  <i  Une  vallée  disie  où 
«  les  t^Tcnouilles  ne  couacquent  point.  »  (Merlin 
Cocaie',  T.  I,  p.  170.) 

variantes  : 

COAXER.  Cotgrave,  Dict. 

CouACQUEK.  Merlin  Cocaie,  T.  I,  p.  170. 

Cobbir,  verbe.  Ecraser,  écacher.  »  Elle  luy 
«  cobbit  toute  la  teste,  si  que  la  cervelle  en  tumba.  » 


(Rabelais,  T.  IV,  p.  58.)  En  Anjou  et  en  Touraine, 
on  dit  d'un  fruit  meuilri  ou  pourri  (|u'il  esleobbi. 
La  Uuiiitinie  dit  cotli.  et  Ménatre  cile  ro/'/i.  (Orig.) 
Borel  el  Corneille,  (|ui  le  co|)ieiU,  tléliiiissenl  mal 
cobir  par  conlire.  Proprement,  cotir  ou  cottir 
signilie  heurter  de  la  léle  comme  les  moutons. 

VARIANTES   : 
COBIilR.  Rabelais.  T.  IV,  p.  58. 
CoiuR.   Dict.  de  Borel  et  de  Corneille. 
CoTTiu.  Tahur.  Poës   p.  88;  Nicot,  Oudin,  Dict. 
CoTin.  Labbo,  Gloss.  p.  487. 
CoFFUi,  Ménage,  Orig. 

Cobe,  subst.  Coup  (4).  (La  Thaumass.  Coût,  de 
Derry,  p.  102.) 

Cobct,  subst.  nuise.  Petit  coup.  Ce  mot  a  été 
appliqué  au  coup  de  cloche,  pour  le  linteraentde 
la  première  messe.  De  l;\  on  dit,  dans  (luclqiies 
lieux,  messe  coupetée  pour  messe  tinlée.  «  Si  le 
"  juge  donne  delïaiill  contre  aucun,  avant  le  cobet 
"  sonné,  le  dict  delTault  sera  révoqué.  »  (LaTliaum. 
Coût,  de  Berry,  p.  330.  —  Voyez  CoiiicTF.K,  Coi-it-teh.) 

VARIANTES  : 
COBET.  La  Tliaum.  Coût,  de  Berry,  p.  336. 
GOBET  (5). 

Cobeter,  verbe.  Heurter,  frapper  à  petits  coups, 
tinter  (.6).  Ce  mot,  qui  vient  du  grec  xotjtw,  frapper, 
s'est  dit  particulièment  des  cloches,  pour  les  sonner 
à  petits  coups,  tinter.  Louis,  duc  d'Oiléans.  frère  (le 
Charles  VI,  ordonna,  par  son  testamenl,  qu'on  diroit 
une  «  messe  copetée,  par  30  coups  »,  en  l'honneur 
des  trente  deniers,  pour  lesquels  fut  vendu  N.-S. 
(GodeL  Annot.  sur  l'Hist.  de  Ch.  VI,  p.  034  (7)),  et 
une  «  messe  coppelée  de  15  coups,  en  riionneur 
<•  des  Quinze  .loyes  de  N.  Dame.  »  (Ibid.  p.  035.; 

VARIANTES  : 

COBETER,  CoBTER,  Coppoter,  Coupeter. 

CoPTER.  Oudin,  Nicot,  Dict. 

COPPETER.  Godefr.  Annot.  sur  Ch.  VI,  p.  634. 

Cobillon.  [Intercalez  Cobillon,  nasse  :  «  Aux 
.1  fosses  aux  poissons  trouvés...  ung  tramaire,  ung 
>.  cobillon,  ungabliere.  »  (Inv.  de  fsn  aux  mmss. 
de  Corbie,  Du  Cange,  il,  407,  col.  '2.)]  (n.  e  ) 

Cobles,  subsl.  viasc.  plur.  Jeu.  A  Bourges,  le 
jeu  des  osselets,  suivant  Le  Duchat,  sur  Rab.  T.  1, 
p.  142,  note  31  (8). 

Cobourgeois,  subU.  masc.  Conbourgeois  (Il . 
(Voyez  Coût,  du  pays  de  Franc.  i\ouv.  Coul.  Gén. 
T.  I,  p.  611.) 


(1)  On  lit  dans  O'iesnes  de  Bethune  (Romancero,  p.  100)  ;  «  En  cbantant  veuil  prier  le  roi  de  France  Que  ne  croie  cuioo.irl 
ne  losengier.  »  (N.  e.) 

(2)  Enfin  on  lit  dans  Thomas  de  Cantorbery  (156)  :  «  Tost  funt  del  buen  malvais  e  del  hardi  citart.  »  (n.  e.) 

(3)  Le  mot  est  dans  la  Chanson  de  Roland  "(V.  1107)  :«  Mal  seit  de  1'  coer  ki  el  piz  se  cuardet.  »  Et  dans  Roncisvals 
(p.  17)  :  «  Tel  sort  li  cuers  puisqu'il  weut  coarder.  »  (n.  e.) 

(4)  C'est  un  bout  de  corde  joint  à  la  ralingue  de  la  voile.  (N.  E.) 

(5)  On  lit  au  t.  111  des  Preuves  de  l'Hist.  de  Bretagne  (col.  426,  an.  1482)  :  «  Au  son  delà  grosse  cloche  par  douze  appeaulx 
el  yiilicis.  »  Au  leslament  de  Erançois,  duc  de  Bretagne  (1449),  on  a  un  dérivé  ;  «  Le  plus  gros  sain  ou  clochj  dudit  nioustier 
estre  sonné  par  douze  coups  et  gobelcix,  l'un  coup  distant  de  l'autre.  »  (N.  E.) 

(6)  Le  battant  ne  frappe  alors  qu'un  côté  de  la  cloche.  (N.  E.) 

(■7)  La  citation  est  de  1403.  Au  testament  de  Louis,  duc  d'Orléans,  on  lit  au  t.  XII  du  Gallia  Chrisiiana  (col.  204,  an.  1472): 
«  Laquelle  messe  se  coppclera,  chascun  jour  trente  coups  par  long  traict  à  la  grosse  cloche.  »  (N.  E.) 

(8)  6'ofi/e  est  une  solive  :  «  Tigna  magna  et  grossa...  ut  indè  fièrent  postes  et  trabes  vocatas  cobles.  »  (JJ.  It38,  p.  324, 
an.  141.'5  )  (N.  E.) 

(9)  C'est  aujourd'hui  un  armateur  associé.  (N.  E.) 


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co 


Cobre,  subst.  tnasc.  Acquisition.  Mot  du  patois 
d'Auvergne.  (Du  Cange  au  mot  Cohrancia.) 

Cocage,  suhst.  masr.  Terme  de  forêts.  «  Her- 
«  bage,  pâturage,  bois  mort,  cocage  (1),  septimage, 
«  faiîage,  droit  du  forestier  de  Bretagne.  »  (Morice, 
llist.  de  Bretagne,  préf.  p.  xn.) 

Cocaingne.  [Intercalez  6'oc«m^ne,  dispute, 
combat  de  ro(/s, d'aprèsDu  Cange:  «  Letraversiers... 
"  jurra  seurs  Saintes  Evangiles...  que  il,  ne  se 
»  commans,  n'arrcstera  ne  ne  fera  arrester  ledit 
«  naviel  ou  naviax  de  l'église  dou  Gart  pour  cause 
>■  ùe  cocaingne .  ne  pour  faire  anui  ou  domage  à 
.  esciant.  »  {.M.  50,  p.  A[,  an.  1313.)]  (n.  e.) 

Cocancheux.  Ce  mot,  employé  dans  les  ordon- 
nances de  police,  est  une  corruption  de  l'expression 
imcieune  coqs  en  jeu,  dont  on  se  servoit  autrefois 
pour  signilier  ceux  qui  fout  métier  de  soutenir  des 
jeux  défendus  et  d'y  primer.  C'est  en  ce  sens  qu'on 
dit  encore  le  co<j  d'une  jinroisse,  pour  le  premier 
d'un  lieu. 

Cocantiii,  subst.  manc.  Volant.  Dans  le  patois 
du  Maine  (Dict.  étym.  de  Ménage.)  Le  Ducliat,  sur 
Mabelais,  T.  I,  p.  150,  le  dérive  de  cocq,  parce  que 
autrefois  on  se  servoit  de  plumes  de  co(i  pour 
faire  des  volans. 

V.\RIANTES  : 
COCANTIN.  Le  Duchal,  sur  Rab.  T.  I,  p.  150. 
CocC!U.\NTiN.  Rabelais,  T.  I,  p.  150. 

Cocard,  suhst.  masc.  et  adj.  Fou*.  Sot,  imbé- 
cile^. Vain,  fiei',  présomptueux,  étourdi*^.  Coquin, 
lâche".  Galand,  coquet^ 

Ce  mot,  dans  le  sens  propre,  signifie  vieux  coq. 
On  l'emplovoil,  au  figuré,  quelquefois  en  bonne 
part,  mais  plus  ordinairement  comme  injure. 

*  Cocard  semble  avoir  signifié  originairement  un 
fou,  parce  (jne  les  fous  porloieut  une  plume  de  coq 
à  leur  b  )unet.  De  là,  sage  coquart,  pour  fou  sage, 
dans  Coquillart,  page  92.  On  disoit  au  féminin 
coquarde,  pour  folle,  comme  il  paroit  par  ce 
passage  : 

Et  se  tu  prens  à  ces  poiiis  gnrde, 

Combien  que  je  soie  cnquai-de. 

Je  sçay  bien  que  mieul.x  t'en  seras. 

Eust.  Descli.  Poi's.  W5S.  fui.  513,  cul.  3. 

^Ce  mot  s'est  pris  aussi  pour  sot,  imbécile,  dans 
les  vers  su  i vans  : 

Mais  s'un  homme  a  trois  cens  livres  de  rente, 
Tant  soit  cocart,  chascun  sera  parez 

En  dissimulacion. 
De  li  faire  grant  inclinalinn. 

Eusl.  De.ich.  Pops.  MSS.  fol.  213.  col.  4. 

*=  Ce  mot  a  été  employé  pour  vain,  fier,  étourdi, 
présomptueux.  On  a  dit,  en  parlant  des  Romains, 


que  «  leur  gloire,  ou  plutost  sottise  a  esté  si 
«  coquarde,  qu'i  leur  a  semblé  que  leur  république 
«  avoit  une  majesté  si  luisante,  etc.  »  (S*  Jul.  Mesl. 
Hist.  p.  1!)1.)  Le  même  auteur,  après  avoir  parlé  de 
l'ambition  démesurée  du  comte  de  Bason,  ajoute 
qu'Ermengarde,  sa  femme,  «  étoit  aussi  coquarde 
«  que  lui  •'.  (Ibid.  p.  48.)  Ou  voit,  par  ces  passages, 
([ue  eoquard,  au  féminin,  avoit  les  mêmes  sens 
qu'au  masculin. 

Coquart  semble  mis  pour  étourdi,  dans  ces  vers, 
où  l'auteur  dit,  en  parlant  des  amoureux  : 

.  .  .  i'ay  veu  qu'il  faut  qu'on  actende, 
Qu'on  supplie,  qu'on  y  despende. 
Qu'on  se  contente  d'un  regard 
Et  puis  après,  quelque  coquart 
Me  vient  oster  ma  prébende. 

Chasse  et  Départie  d'amuiirs.  p.  163,  col.  1 . 

°  On  a  mis  ce  mot  pour  coquin,  lâche,  dans  cet 
autre  passage  : 

El  s'il  en  dit  que  je  soye  loqxmrs, 
Et  que  je  deusse  estre  preux,  et  hardis, 
Je  voy  assez  plus  vivre  les  couars 
Que  ceu.K  qui  vont  contre  les  annemis. 

Eusl.  Dcsch.  Poês.  MSS  fol.  215,  col.  ^. 

^  Enfin,  ce  mot  se  prenoit  en  bonne  part  pour 
galand,  coquet. 

Bénéfices, 

Et  tous  séculiers  offices 

Esloient  donnez  au.\  bons, 

Non  pas  aux  coquars,  et  niées  (2). 

Eusl.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  68,  col.  3. 

1"  Remarquons  celle  expression  veau  coquart  {S), 
pour  signifier  un  jeune  sot,  dans  Rabelais,  T.  IV, 
page  i>7. 

2"  On  a  nommé  bonnets  à  la  coquarde  «  un  ancien 
«  bonnet  fort  lourd,  ou  il  y  avoit  derrière  un  rebras 
«  doublé  de  frise,  dans  lequel  rebras,  il  enlroit  jus- 
«  qu'à  une  demie  aune  de  drap.  Louis  Guyon  qui 
«  donne  cette  description  des  anciens  bonnets  à  la 
«  coquarde  i'i)ajoûlequ'il  vit,  un  jour,  à  Paris,  un  de 
"  ces  bonnets  qui  pesoit  quatre  livres  dix  onces.  » 
(Le  Duchat,  sur  Rabelais,  T.  IV,  p.  129,  note  8.) 
S' Julien,  après  avoir  dit  que  Charles  de  Bourbon, 
«  pour  couvrir  sa  calvitie,  avoit  usé  de  faulses  per- 
«  ruques  ",  ajoute  :  «  Depuis  le  mesmes  sieur,  et 
«  avec  luy  le  capitaine  Bayard  laissèrent  les  faulses 
«  perruques,  et  usèrent  de  coifîes,  avec  des  borre- 
«  letz,  comme  en  usent  les  filles  des  villes  :  chacun 
«  se  meit  à  les  suivre,  au  port  des  coiffes  :  sinon 
<<  ceux  qui  aimoieut  mieux  porter  des  bonnets  à 
•■  l'arbaleste,  ne  différant  quasi  que  du  ruban  de 
"  ceux  à  la  coquarde.  »  (S'  Jul.  Mesl.  Ilist.  p.  -188.) 

3"  Maistre  coquart  semble  s'être  employé  comme 
un  terme  de  l'amiliarilé.  peut-être  d'ironie,  par  le 
duc  de  Nemours,  qui  commandoit  à  la  bataille  de 
Ravennes.  ■■  Le  dit  sieur  de  Nemours  vint  au  bas- 


(1)  Il  vaudrait  mieux  écrire  socage.  (N.  E.) 

(2)  Coquillart  a  écrit  dans  ce  sens  :  «  Plusieurs  coquarls  sont  bien  en  point,  Et  ne  sauroient  hner  de  quoy  Payer  la  façon 
d'un  pourpoint  ;  Ils  n'ont  d'argent  ne  peu  ne  point.  »  (n.  e.) 

(2)  De  là  ce  proverbe  dans  C  itgi'ave:  «  Mieux  vaut  l'ombre  d'un  sage  vieillard  que  les  armes  d'un  jeune  roquard.  »  (N.  E.) 

(4)  On  lit  déjà  dans  le  Spécule  des  pécheurs,  écrit  eu  H68  :  «  L'accouchée  est  dans  son  lit,  plus  parée   qu'une  espousée, 

coiffée  à  11  cnquardc,  tant  que  diriez  que  c'est  la  teste  d'une  marotte  ou  d'une  idole.  »  Au  xvi»  siècle  ,  c'était  un  bonnet 

masculin  dérivé  du  chaperon  et  nommé  cogruoirfe,  de  la  patte  découpée  en  crête  de  C05  qui  le  garnissait  jadis.   Ce  fut   la 

coiffure  des  Sganarelle  au  xvi«  siècle,  (n.  e.) 


co 


7(j  — 


co 


■'  lard  iile  Chimay),  et  lui  dit:  et,  puis  niaistrc 
"  coquart  y  suis-jc  demeuré,  comme  vous  disiez? 
«  me  voici  eiicoies.  »  (Mém.  de  Rob.  de  la  Mark, 
Seig""  de  Fleur,  ms.  p.  134.) 

VARIANTES   (1)  ; 
COCARD. 

CocART.  Eiist.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  211,  col.  4. 
CoCQUART   Fabri.  .\rt.  de  Rhétor.  fol.  152,  R». 
CoQART.  Coiitreil.  lie  Songecr.  fol.  172,  R». 
CocQUAnu.  Oudin,  Dict. 
CoQUAUD.  Coiitied.  de  Songecr.  fol.  170,  V». 
COQUARDE,  fé)n.  s.  .lui.  Mesl.  Hist.  p.  48. 
CoQCARS.  Eust.  Desch.  Poës   MSS.  fol.  21,5. 
KOKAHT    Troissart,  l'oës.  MSS   p.  134,  col.  1. 
OuocART.  Rabelais,  T.  IV,  p.  1)7;  Ror.  1'"  add. 
CouCARD.  Loyer  des  Kolles  iVmours,  fol.  319. 
CoQUU.LARD.'Cotgrave,  Dict.,  et  Villon,  p.  106. 
COQUILLAHT.  Id.  ibid. 

Cocardeau,  subst.  masc.  Diminutif  de  cocard. 
Ce  mol  est  employé  dans  les  mêmes  acceptions  que 
le  mol  coquart,  dont  il  est  formé. 

VAKIANTKS    : 
COCARDEAU. 

CoQUAiiDEAU.  Contred.  de  Songecreux,  fol.  152,  R". 
COQLIARDEAULX,  phtr.  Ibid.  fol.  127,  R». 

Cocardei'ie,  suhst.  fém.  Folie,  sollise.  Ce  mot 
vient  de  cucarcl  ci-dessus. 

Et  pour  ce  est  granl  cnrarderic, 
A  ceuls  qui  teles  !-.opces  font. 

Eusl.  Dtsch.  PuLS.  MSS.  f.jl.  408,  col.  2. 

«  C'est  à  luy  extrême  coquardise  de  juger  de  ce 
»  qui  se  passe  son  scavoir.  »  ;S'  .lui.  Mesl.  Hist. 
p.  2G6.) 

VARIANTES  : 
COCARDERIE  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  498,  col.  2. 

COCAHDIE,   COQU.ARDIE. 

Coquardise.  Path.  Farce,  p.  59. 

Cocasse,  subst.  masc.  Coquille*.  Ustensile  de 
cuisine^  ('i) 

*  On  a  dit,  au  premier  sens,  cocasses  de  limas  (3), 
pour  coquilles  de  lima(,>ons.  ;llem.  Belleau,  fol.  l'i.) 

^  Coquasse  est  un  ustensile  de  cuisine,  dans 
Rabelais.  «  Les  paëlles.,  paëllons,  cbauldrons, 
«  coqiia.'iscs,  liclie  frittes,  elc.  «  (T.  IV,  p.  75.)  Peut- 
être  cet  ustensile  avoitil  la  forme  d'une  coquille. 
C'est  vraisemblablement  le  même  que  la  casse  ou 
quasse  à  longue  queue,  dont  le  nom  est  connu 
dans  quelques  cantons  de  la  Bourgogne. 

variantes  : 
COCASSE.  Remy  Belleau,  fol.  74,  R». 
Cocquasse. 
COQUASSE.  Rabelais,  T.  IV,  p.  75. 


Cocatrix.  [Intercalez  Cocalrix,  crocodile: 

Li  cocalrix  est  beste  fiere. 
Et  maint  ades  en  la  rivière 
De  ce  fleuve  que  Nil  a  non. 

Bestiaire  (Du  Gange,  II.  Wl,  col.  3). 

Voyez  aussi  la  description  singulière  qu'en  donne 
Brunetli  Latini  dans  son  Trésor  de  Sapience. 
Joinville  a  traversé  l'Egypte  sans  voir  les  croco- 
diles ou  sans  penser  à  les  décrire.  Furetière  en  fait 
un  basilique  fantaslique,  habitant  les  puits  et  les 
cavernes.  En  Poitou,  c'est  un  œuf  gâté  à  la  ponte 
(Favre,  Gloss.,  p.  9!).](n.  e.) 

Cocautier,  subst.  masc.  Héritier.  C'est  ainsi 
que  ce  mot  est  expliqué  dans  un  ancien  titre  de 
fondation.  (Voyez  titres  de  Touraine,  Rec.  C.  p.  200.i 

Il  seroit  peut-élre  plus  naturel  de  l'inlerpréter 
dans  le  sens  que  présente  le  mot  cocaulion  ci-des- 
sous, en  ce  que  les  héritiers,  en  acceptant  une 
succession,  deviennent  garants  solidaires  des  dettes 
contractées  par  celui  à  qui  ils  succèdent. 

Cocaiition,  subst.   fém.   Terme  de  pratique. 

Celui  qui  est  caution  avec  un  auli'e.  «  L'une  des 
«  cautions  qui  est  obligée  in  soiidum  avec  un  autre 
«  peutavoirson  recourssur  sesfOt'fl////oH.s,  cliascini 
»  pour  son  contingent.  »  (Nouv,  Coût.  Gén.  T.  1, 
p.  520.) 

Coc  en  pieu.  [Intercalez  Coc  en  pieu,  aux 
Miracles  de  Notre-Dame  (Du  Cange,  III,  4G7,  col.  2)  : 

A  grant  peines  l'avons  eu. 

Moult  faisoit  le  coc  en  pieu, 

Li  papelars,  li  ypocrites.]  (N.  E.) 

Coche,  subst.  fém.  (4)  Entaillure*.  Truie  ^.  Ce 
mot  se  dit  encore,  en  ces  deux  sens,  en  plusieurs 
provinces. 

*  Pris  dans  la  première  signification,  on  l'appli- 
quoil  autrefois  à  l'entaillure  qui  éloit  faite  dans  un 
arc  pour  y  recevoir  la  flèche,  d'où  l'on  a  dit  enco- 
cher,  et  sujette  encoucliée,  pour  une  llèche  mise 
dans  la  coche.  (Laiic.  du  Lac,  T.  II,  fol.  12i.  — Voy. 
Ménage,  Orig.) 

On  lit  figurément,  en  [jarlant  des  flèches  de 
l'Amour  : 

Li  penons  font  les  apparois, 
La  couche  ajosle  le  conseil  (5). 

Piraiiie  et  Tliisbé,  MS.  de  S.  G.  fol.  08,  U"  col.  1. 

Une  coc]>e  en  Touraine  et  en  .\njou,  lioche  en 
Normandie,  îi  I.yon  est  rcntaillure  qu'on  fait  sur 
les  morceaux  de  bois  qu'on  nomme  à  Paris  taille 
de  bouclier. 

Coche,û-àns  les  Essais  de  Montaigne,  T.  I,  p. 422  (6;, 


(1)  On  lit  au  xiiP  siècle,  dans  Girart  de  Rossillon  (v.  3177)  ;  «  Bien  me  tiens  pour  quaquacl ,  quant  à  moi  veulx  partir  ; 
Es-tu  donc  mes  paroilz?  »  (N.  E.) 

(2»  .\ujourd'hui  cocasse  est  adjectif  et  désigne  les  gens  étranges  et  ridicules.  (N.  E.) 

(3)  «  De  louges  limaces  Et  d'autres  dans  les  creux  de  leurs  tendres  cocasses.  »  (N.  E.) 

(4)  Il  vaudrait  mieux  distinguer  pour  coche  quatre  sens  dilTérents  :  1»  Voil  ure  ou  bateau  ;  2»  femelle  du  porc  ;  3"  entaille  ; 
4»  outil  de  chapelier  ou  barre  de  bois.  On  lit  dans  Renart  (v.  14088)  :  «  Un  petit,  vers  terre  ,  s'approche  ,  En  sa  main  tint 
une  grande  coche  ;  Tel  me  donna  delez  l'oreille,  La  leste  en  oi  toute  vermeille.  »  (n.  e.) 

(5)  <i  Mes  moult  orent  ices  cinq  floiches  Les  penons  bien  fais  et  les  coichcs.  »  (La  Rose,  v.  92S.)  —  «  Et  Joit-on  tenir  la 
coclie  de  la  sayette  entre  le  doit  qui  est  emprés  le  paulx  et  l'autre  doit  d'empres,  »  (.Vlodus,  fol.  53.)  Au  figuré,  on  écrivait  : 
«  Lequel  a  mis  maintz  molz  en  toc/ie  et  mainte  parole  glosée,  Et  fait  souidre  mainte  reproche  entre  la  simple  e*  /» 
rusée.  »  (n.  e.) 

(6)  n  Quelle  géhenne  ne  souffrent  elles,  guindées  et  sanglées,  a  tout  de  grosses  coches  sur  les  costez  ?  »  (x.  e.) 


co 


—   /  /   — 


co 


désigne  tes  marques  que  laisse  sur  la  chair  un  corps 
de  jupe  trop  serré. 

Ou  a  dit,  en  prenant  coche  dans  la  signification 
d'entaillure,  mais  en  l'étendant  an  figuré: 

1°  Ferme  en  coche,  pour  invarialjle,  immuable  : 

L'ordonaiice  rie  Dieu  qui  esl  parfaite 
Doit  demourer  estable,  nt  ferme  en  cache. 

Geofr.  do  Paris  à  V.\  suile  du  Rom.  Ai  Faiiv.  fol.  55. 

2°  fJieoir  en  coche,  pour  lomijer  dans  le  piège. 

J'auray  de  luy,  s'il  chel  en  coche, 
Un  escu,  ou  deux  pour  ma  peine. 

Palli.  Farce,  p.  70. 

3°  Retourner  en  coche,  dans  un  sens  à  peu  près 
semblable,  pour  retomber  dans  rentaillure,  retour- 
ner à  ses  liahitudes.  (Eusl.  Desch.  Poës.  .mss.  loi.  '208.: 

4"  Coche  s'est  aussi  pris  dans  un  sens  obscène, 
par  Faifeu,  p.  02,  mais  toujours  relativement  à  sa 
signification  d'entaillure. 

^  En  .'\uveri;ne,  eu  A'onnandio,  ou  appelle  encore 
coche  [\)  la  femelle  du  cochon,  la  truie.  On  peut  voir 
sur  cette  acception  Du  Cange  au  mot  Cocha  3. 

V.\(UANTES  : 
COCHE.  Oudin,  Nicot,  Dict 
CoioiiE.  Uorel,  Cotsrave,  Dict. 

Couche.  Pirarne  et  Thisbé,  jMSS.  de  S.  G.  fui.  98,  R«  col.  1. 
CouscHE.  Mod\is  Racio,  foi.  IS'J,  R". 

Coche,  snbst.  maac.  et  férn.  Voiture  (2).  Ce  mot, 
(lui  est  aujourd'hui  masculin,  ne  signifie  plus  que 
les  grandes  voitures  publiques.  .\ulret'ois,  c'éloit  le 
nom  de  celles  que  nous  aijpeluus  carosses.  Aniyol, 
dans  sa  traduction  des  Morales  de  Plularque,  T.  11, 
p.  Soi),  appelle  fof/k!  le  char  d'IIippolyto.  (Ia  eut 
voir,  sur  l'élymologie  de  ce  niot,  La  Porte,  iI.mis  ses 
Epi  diètes,  et  Ménage,  Orig. 

Coche,  dans  nos  anciens  auteurs,  est  indistincte- 
ment féuiiniu  ou  masculin.  Nicot  le  suppose  mas- 
culin et  Oudin  féminin.  (Voyez  les  Marg.  de  la 
Marg,  fol.  3(j5,  V";  Mém.  de  Monlluc,  T.  1,  p.  512; 
Du  Cange,  au  mot  Coclia) 

Coche  à  lu  ferraroiae  éloit  une  espèce  de  voilui'o 
dont  parle  Rabelais,  T.  V,  p.  109.  »  i.ictieie,  je  ne 
«  sais  comliien,  et  quelques  coches  à  la  ferraroisc, 
••  pour  ceulx  qui  vouldroienl  aller  hors  à  l'eslat.  " 

Cocher,  verbe.  Faire  une  eiUaille*.  Encocher^. 
*  Le  premier  sens  de  faire  une  entaille  est  le  sens 
propre  de  ce  mot  : 


Arbalestiers  vont  qnarriaus  prendre... 
Aucuns  d'eus,  pleins  d'enging  ou  d'art 
Près  des  fers  à  coutiaus  les  cochent. 

G.  Guiai-1,  MS.  fol.  279,  V-  (3). 

^  De  là,  cocher  s'est  dit  pour  encocher,  mettre  la 
llèche  dans  l'entaillnie  d'un  arc. 

Arbalestriers  leurs  quarriaus  cochent. 

G.  Giiiart,  .MS.  fol.  223,  Vv 

Cochet,  sitbst.  masc.  .leune  coq  *.  Coq  d'un 
clocher  ^  (4). 

*  Voyez  sur  la  première  signification  de  jeu  ne  coq, 
les  Dict.  de  Nicot,  Rob.  Eslienne,  .Monet,  Oudin,  etc. 
Nous  disons  encore  coehel  ('->],  dans  ce  sens. 

°  Nous  citerons  quelques  exemples  du  mol  cachet 
et  des  orthographes  dans  le  sens  de  coq  d'un  clo- 
cher :  "  Abbatil  la  croix,  et  le  cochet.  »  (Journ.  de 
Paris  sous  Charles  VI  et  VII,  en  1  443,  p.  195.) 

Oui  son  convent 

Ne  tient,  mais  le  torne  souvent. 
Ainsi  que  le  coichcl  au  vent. 

Al.  Cliarl  Poi'S.,  Le  liv.  des  4  Dames,  p.  fi38. 

Froissart.  parlant  de  la  fortune,  dit: 

Plus  tost  est  tournée 
Ou'nn  koiiuct  au  vont. 

l'û.s.  MSS.  p.  2il.  col.  1  (6|. 

Eust.  Desch.'imps  suml)le  distinguer  coché  et 
cochelet.  Il  emploie  le  premier  pour  jeune  coq 
Poës.  MSS.  fol.  4iO  (7)),  el  le  second  pour  coq  d'un 
clocher.  (Ibid.  fol.  314,  col.  2.) 

■=  Ce  mot,  sous  l'orthographe  cochet,  paroil  diffi- 
cile à  expliquer  dans  ce  passage  (8)  : 

«  En  février,  et  en  mars,  ils  vont  aux  viundis, 
»  aux  chatons  des  saules,  et  courdes,  aux  bleds 
"  vei'ds,  et  dedans  les  prez  au  cochet,  el  aux  bou- 
«  tons  du  mort  bois,  comme  chevrefueil,  bouleau, 
«  et  leurs  semblables.  •'  (Fouilloux,  Vén.,  fol.28.)(9;i 
vAniANTiis  : 

COCHIÎT.  Joiirn.  de  Paris  sous  Cli.  VI  et  VII,  p.  195. 

Coché.  Eust.  Desoh.  Poës.  MSS.  l'ol.  iW,  col.  2. 

CoiCHET.  Du  Cange,  Gloss.  lat.  au  mot  VentUogium. 

Coquet.  Des  Perriers,  Contes,  T.  II.  p.  118. 

KooUET.  Froissart,  Poës.  .VHS.  p.  -tl,  col.  \. 

KûKÈs.  Poës.  MSS.  avant  l3fX),  T.  111,  p.  97,'5. 

CociiELET.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  '314,  col.  2. 

KoKELET.  Poës.  MSS.  du  \at.  n'  1«K),  fol.  175,  R». 

Cochois.  [Intercalez  Cflc/iois.  filet  :  ■•  Certaines 
"  nasses  ou  cochoi:i  posir  prendre  les  poissons.  » 
iJJ.  158,  p.  52,  an.  Ii03.)j  (n.  k.) 


(1)  «  Or  est  en  cest  fossé  chei'i,  Tôt  mort  aussi  comme  vme  coche.  »  (Renart,  v.  300SI.)  -  «  ïousjours  troussé  comme  une 
coche.  »  (Archer  ds  Basinolel.)  (N.  E.) 

(2)  On  lit  dans  ilAvila,  qui  écrivait  en  155;^  :  «  Un  chariot  couvert  qui  se  nomme  en  Ilovigne  coche  ;  le  nom  et  1  mvonlion 
sont  de  ce  pays.  »  L'.irigine  serait  aiors  le  hongrois  kolezy.  Le  mot  nous  vint  par  l'Italie  el.  s'appliqua  aux  bat.eavix  :  «  Tant 
qu'à  rontour  du  monde''Sa  coche  vagabonda  Neptune  conduira.  »  (Du  liellay,  VIII.  Il,  recto.)  Jusque  là  on  avait  en  c;  sens 
dit  coiiiie,  du  latin  coucha  :  «  Quand  on  apperceut  la  manière  des  dits  Anglois,  les  François  vaillamment  allèrent  à  euk,  les 
uns  à  bateaux  et  les  a\itres  à  petits  coijnes.  »  (.1.  des  Ursins,  ch.  VI,  1405.)  (N.  E.) 

(3)  T.  Il,  p.  292,  v.  7572  (16553)  de  l'édition.  (,N.  E.) 

(4)  Au  Lii've  dea  Méliei-s  (244),  c'est  un  coche  d'eau  :  «  Se  il  avoit  sa  navée  ou  son  cochet.  »  (N.  E.) 

(5)  «  N'a  pas  grant  sapieuco  enclose  En  moi,  quand  si  petite  chose  Con  est  un  cochet,  m'a  boulé.  »  (Rena'  t.  v.  5557.)  (n.  k.) 

(6)  Comparez  De  Laborde,  Emaux,  II.  217   (N.  E.) 

(7)  «  Et  la  cresle  de  deus  cochéa.  »  Au  fil.  4,  on  lit  aussi  :  «  Vieille  poule  à  jeune  cochet.  »  (n.  e.) 

(8)  Ed.  Favre,  fol.  21,  verso  (n.  e.) 

(9)  Enfin  le  cochet  était  un  présent  en  argent,  en  viande  ou  en  vin,  f.iit  par  les  nouveaux  mânes  a  leurs  compagnons  le 
soir  de  leurs  noces  :  «  .lehan  Griyois  estant  en  la  ville  de  .\zy  sur  Marne  ou  bailliage  de  Vitry,...  eu  laquelle  avûil  une.? 
noces  ;  et  quant  vint  vers  la  nuit,  ycellui  exposant  et  lesdiz  compaignons  d'un  acort  se  mir..Mit  ensemble  pour  aller  iiuerir 
le  foc/i(?;  de  l'espousée,  si  comme  il  est  accoustiimé  à  faire  en  plusieurs  lieux  ou  pais.  »  (.1.1.  121,  p.  14i,  an.  13S2.)  On  ht 
encore  au  reg.  J,I.  163,  p.  203,  an.  1409:  «  Icelhii  Oudin  demandûit  un  r.)(•/it'^  qui  parla  coustume  du  lieu  est  deu  en  tel 
cas  aux  compf^ignons  d  >  l.i  ville  j-ii  k~i'.i;  à  ni.TriT.  n  (x  r..) 


co 


78 


CO 


(".oc'lion,  subst.  vinsc.  Pourceau*.  Insecte °. 

*  Ce  mol,  qui  subsiste  dans  le  premier  sens  de 
pourceau,  ne  peut  nous  fournir,  par  rapport  à  cette 
acception,  que  quelques  anciennes  façons  de  parler. 
On  disoit  : 

1"  Mnnrjer  le  cocliou  ensemble,  pour  tramer, 
méditer  quel(|iie  ciiose  ensemble.  (Oudin,  Dict.  et 
Curios.  fr.)  Henri  IV,  écrivant  à  M.  de  Rosny  et 
parlant  de  huit  personnes  qui  étoient  dans  les 
finances,  semble  faire  allusion  à  cette  façon  de 
parler.  «  (les  messieurs  là  et  cette  effrénée  quantité 
«  d'iiitendans  qui  se  sont  fourrez  avec  eux,  par 
«  compère  et  par  commère,  ont  bien  augmenté  les 
«  grivelées,  elmauijeans  leeoclionensemble(i),  ont 
«  consommé  plus  de  (juinze  cens  mille  écus.  » 
(.Mém.  de  Sully,  T.  III,  page  8.  —  Voyez  ci-après 
Grivelée.) 

2°  Rapeller  le  cochon,  pour  retourner  à  son  pre- 
mier pro|)Os.  (Oudin,  Cur.  fr.  et  Dict.  de  Cotgrave.) 
«  Puisque  cliascun  a  fait  son  compte,  et  que  je  suis 
•  la  dernière,  par  faute  de  compagnons,  je  vais 
«  rapeller  le  cochon.  •■^  (DesAcc.Escr.dijonn.  fol.  56.) 

3"  Les  cochons  de  Xori/es,  village  auprès  de  Dijon, 
sont  passés  en  proverbe  dans  la  Bourgogne,  comme 
les  ânes  de  Bruges.  (Voyez  Journ.  de  Verd.  février 
nr.6,  p.  120.) 

^  Dans  quelques  éditions  de  Rabelais,  au  ch.  xni 
du  livreV,  on  ïilcochon  {i),  pour  la  calandre,  insecte 
qui  mange  le  froment.  C'est  encore  le  nom  qu'on 
lui  donne  en  Bourgogne.  Dans  les  anciennes  édi- 
tions de  Pantagruel,  on  lit  cosson.  (Voyez  Le  Duchat, 
sur  Rabelais,  T.  V,  p.  57,  note  3.)  On  dit  gusano  en 
espagnol. 

Coclionner,  verbe.  Faire  bonne  chère,  bien 
traiter.  «  L'hosle  nespargna  rien  pour  cochonner 
"  et  ti'aiter  friandement  son  monsieur.  »  (Contes 
d'Eutrap.  p.  234.) 

Cochonnet,  subst.  masc.  Sorte  de  jeu.  Le 
cochonnet  va  devant.  Le  Duchat,  sur  Rabelais,  T.  I, 
p.  1 52,  dit  que  c'est  un  «  jeu  de  boule  (3),  ou  de  palet, 
<  auquel  Tendroit  où  s'arrête  la  boule,  ouïe  palet  de 
"  celui  qui  joue  le  premier,  sert  de  but  pour  lui- 
«  même,  cl  pour  les  autres.  » 

Coclionnière,  subst.  féin  Truie.  fDict.  d'Oudin 
et  de  Cotgrave. y 

Cocilla.  Un  charlatan,  après  avoir  vendu  ses 
drogues,  fait  une  conjuration  en  ces  termes  : 
«  Cocillacn  aussia  quetabeneia  que  natalicia  volus 
«  polus  Laudate  prime  meure  ni  a  tel  con  le  pain 
«  m  sols  m  pez  l'abaie  est  riche  et  plentissimus 
.  haranc.  »  (Erber.  ms.  de  S.  G  fol.  9î).) 

Coeodril,  subst.  inasc.  Crocodile. 

VARIANTES    : 
COCODRIL.  Cotgrave,  Dict. 
COCODRILLE.  Oudin,  Dict. 


Cocontractant,  subst.  vinsc.  Terme  de  cou- 
tume. Celui  avec  qui  on  contracte.  (Nnuv.  Coût. 
Gén.  T.  I,  p.  514.) 

Cocouz.  [Intercalez  Cocoux,,  rendu  par  Sale- 
brosus,  au  Gloss.  lat.-fr.  521.]  (n.  e.) 

Cocq.  [Intercalez  Cocq.  Les  cocqs  servaient  aux 
jeux  des  écoliers  au  xiv  et  au  xy«  siècle,  au  nord 
comme  au  midi  de  la  France:  <■  En  ce  karesme 
"  entrant...  à  une  feste  ou  dance  ([ue  l'en  faisoit 
«  lors  d'enfans  pour  la  jouste  des  cocqs,  ainsi  qu'il 
«  est  acoustumé  [en  Dauphiné].  "  (.1.1.  134,  p.  37, 
an.  1383  )  On  lit  aussi  au  Livre  rouge  d'Abbeville, 
fol.  21  i,  V»,  an.  1458  :  «  Sur  le  descord  et  dilîérend 
«  meu...  entre  le  maire  et  eschevins  d'.Vbbeville  et 
«  les  doyçuet  le  cappitlede  l'églisede  S.  Vulfi'am,... 
«  lesdites  parties  sont  d'accord  en  la  manière  qui 
«  s'enssuit:  c'est  assavoir  que  lesdiz  doyen  et 
"  cajjpitle  accordent  que  doresenavant  ilz  soofîre- 
«  ront  et  consentiront,  que  cellui  qui  demourra 
«  roy  de  l'escolle,  le  nuit  des  Quaresmiaulx , 
"  apporte  ou  faclie  apporter  devers  le  maieur  de 
•'  ladille  ville  ou  camp  S.  George,  le  cocq,  qui 
«  demourra  ledit  jour  ou  autre  victorieux ,  ou 
«  autre  cocq;  et  que  ledit  roy  presenle  au  dit 
"  maieur,  pour  d'icellui  faire  le  cholle  en  la  ma- 
«  niere  accoustumée.  »  Le  reg.  JJ.  81,  p.  278, 
an.  1355,  nous  explique  ces  derniers  mots: 
«  Pelierunt  a  magistro  Erardo  .Maquail  magistro 
«  scolarum  ejusdem  vilkv  de  lîanieru,  quaienus 
«  liberaret  et  Iraderet  eis  unum  tjallum,  quem, 
«  sicut  dicebant,  idem  magisler  scolarum  debebat 
■<  eis  die  ipsa  [carniprivii]  ut  jacerent  baculos  ad 
■<  gallum  ipsum,  more  solito,  pro  eorum  exhilla- 
«  ratione  et  ludo.  »  En  Alsace,  on  conserve  encore 
le  gullertani;  la  danse  du  coq.]  (n.  e.) 

Cocq-linioges.  [Intercalez  Cocq-limoges,  fai- 
sans: «  Le  suppliant  et  Jehan  Baudelot  dirent  qu'ilz 
«  iroient  veoir  dedans  le  bois  des  Sars  du  lieu  de 
«  Sorel,  se  l'on  y  trouveroit  aucuns  ijui  chassaissent 
«  aux  cocq-limoges,  autrement  nommez  faisans.  » 
(JJ.184,  p,  180,  an.l451.)];N.  E.) 

Cocqiie,  subst.  [ém.  Souche.  Ce  mot  est  employé 

plusieurs  l'ois  en  ce  sens,  dans  la  Coût,  de  Landre- 
chies.  «  Pour  avoir  fait  faire  plusieurs  laignes  de 
«  coques  [i],  et  de  Iaignes(piecesde  bois)de  quesne, 
«  devant  la  forest.  Pour  avoir  encore  fait  faire,  par 
»  Jean  Heut  frère  de  Beaurepair,  et  autres  plusieurs 
«  laignes  de  brances  de  eocques  de  quesne,  sur  la 

«  carrière  de  Valeuciennes  entour  du  parcque 

«  condamné  le  dit  Germain  en  amende  arbitraire  de 
«  six  vingt  livres  blancs.  ■■  (Nouv.  Coût.  Gén.  T.  II, 
p.  209.) 

Le  mot  coque  est  encore  en  usage  en  Bourgogne 
pour  désigner  les  souches  qui  sont  restées  dans  un 


(1)  Les  soldats  ont  aujourd'hui  le  parler  moins  crû  ;  ils  disent  «  manger  la  grenouille.  »  (n.  e.) 

(2)  C'est  aussi  un  insecte  qu'on  trouve  dans  les  lentilles,  (n.  e.) 

(3)  C'est  la  petite  boule  qui  sert  de  but.  (n.  e.) 
ii)  Ou  disait  aussi  flioquc.  (Voir  ce  mot.)  (n.  e.) 


co 


79  — 


CO 


bois  mal  coupé.  Le  Picard  prononce  choque,  pour 
souche,  et  le  Normand  chouque. 

VARIANTES  (4)  : 
COCQUE.  Oiulin,  Dict. 
CoQUK.  Nicct,  Dict. 
Choque.  Mot  picard. 
CnouQi'E.  Mol  normand. 

Cocqueciyrucs,  s(;/;sL  féin.  C'est  ainsi  qu'on 
appelle  les  coijnillcs  des  liérissons  de  mer.  Cor- 
neille, l>ict.,  donne  ce  nom  à  un  poisson  nommé 
clyster  qui  n'existe  point.  Il  y  a  une  plante  iippelée 
coccigrya,  en  François  fiistet,  dont  la  graine  est 
fort  |ictite,  relativement  à  l'arbrisseau  (2).  (Falcon.) 

VARr\NTES   : 
COCQUECIGRUES.  Rabelais,  T.  IV,  p.  137. 
CoccYGRUE.  Le  Duchut,  T.  I,  p.  197,  note  4. 

Cocqueron,  subst.  nuise.  Sorte  d'insecte. 


Je  voudrois  bien  qu'il  fut  remplis 
De  coc(jiiefoiif-,  et  de  fourmis. 

Ruer,  des  Dev.  amour. 


p.  9i. 


Cocquet.  [Intercalez  Cocquet,  caque:  «  Ung 
«  tonnelet  ou  cocquet  d'allés,  .vm".  loyens  pour  le 
«  cocquet,  doit  .1111.  den.  »  ^Péage  de  Peronne, 
an.  lt>%.  Du  Cange,  II,  167,  col.  a.)]  (n.  e.) 

Codé,  partie.  On  a  dit  un  livre  «  escript  de 
«  lellres  de  noie  bien  codé  ».  (Invent,  des  livr.  de 
Charles  V,  art.  317.) 

Cocu,  subst.  masc.  Mari  dont  la  femme  est 
infidèle*.  Celui  qui  rend  la  l'enime  inlidèle^.  Che- 
val maigre  '^.  Coucou,  oiseau  ".  La  primevère, 
plante  ^.'  Jeu  "". 

*  Nous  n'avons  plus  conservé  ce  mot  qi  e  sous 
l'orthographe  de  cocu  et  dans  sa  première  signili- 
calion,  qui  n'est  pas  la  signification  propre  cl  que 
nous  ne  plaçons  ici  avant  les  .'ui très  que  pai-ee  qu'elle 
subsisle.  Ou  peut  voir,  sur  l'clymologie  de  ce  mot. 
Ménage,  Speluian,  Du  Cange,  les  Serées  deBouchet, 
liv.  I,"p.  78;  lesDiv.  Leç.delJu  Verd.  p.  4{>8,  etc.;  soit 
qu'il  vienne  de  coucou,  comme  le  veut  Ménage  ;  de 
cucurhit.a,  comme  le  prétend  Spelman;  ou  du  mot 
cous  redoublé,  comme  l'indique  Du  Cange.  11  y  a 
longtemps  qu'il  sert  dans  notre  langue  pour  dési- 
gner les  maris  malheureux  On  en  trouvera  d'an- 
ciens exemples  dans  nos  vieux  dictionnaires,  dans 
des  Ace.  Contes  de  Gaulaid,  fol.  35,  V";  dans  la  Nef 
des  Fols,  fol.  3tl,  R°,  etc.,  etc.  On  lit  dans  une  cita- 
tion de  Du  Cange,  au  mol  Cugus  : 

Ce  fu  li  liuyus  de  pute  aire. 
°  Ce  mot  servoit  aussi  pour  désigner  celui  (|ui 
rendoit  une  femme  inlidèle  à  son  mari;  et  l'accep- 


tion étoit  plus  juste,  en  dérivant  le  mot  cocu  de 
co!/co«;  car  le  coucou  va  pondre  dans  le  nid  des 
autres  oiseaux  (3).  On  prenoitaulrefois  ce  mot  dans 
ce  double  sens.  »  Non  seulement  ceux  qui  abusent 
«  des  femmes  d'autruy,  mais  aussi  les  maris  abu- 
«  sez,  sont  appeliez  cocus,  de  sorle  que  ce  nom 
'•  élant  actif,  et  passif,  et  commun  à  tous  les  deux, 
«  nous  pouvons  dire  roc»  t'Ot'HflJi/,  et  cot-'w  C06'i/c.  » 
(Div.  Leçons  de  Du  Verd.  p.  500.) 

'^  Un  cheval  qui  n'a  point  de  croupe,  s'est  aussi 
appelé C06V/,  par  un  miséiable  jeu  de  mots,  qui  n'a, 
qu'os  au  cû  {■'>). 

°  Le  mol  cocu  et  ses  orthographes  ont  aussi 
désigné  l'oiseau  que  nous  nommons  coucou.  (Voy. 
Nicot,  Oudin.  —  Du  Cange,  au  mot  Cugus,  etc.) 

D'oysel  n'ay  chanson,  ne  glay, 

Seulement  que  le  chant  du  cucu. 

Eusl.  Desdl.  Pors.  MSS.  fol.  157,  col.  1. 

^  Le  nom  de  cocu  a  été  donné  à  la  plante  que 
nous  appelons  primevère,  ou  braijesdecocu.  De  là, 
cette  allusion  qu'Eust.  Deschamps  fait  à  cette 
plante,  lorsqu'il  fait  dire  à  une  femme  résolue  de 
se  venger  des  inlidélilésde  son  mari  : 

.Te  luy  feray,  sans  jardiner, 
Avoir  cucll.^i  en  son  mesnaige, 
Si  j'en  puis  nullement  liner. 

l'u.  s.  MSS.  fol.  334,  col.  '3. 

''Jouer  au  cocu,  est  jouer  au  hère,  selon  Le 
Ducliat,  sur  Rabelais,  T.  I,  p.  137,  note  8  (5). 

VARIANTES  : 
COCU.  Orth.  subsist.  Du  Cange,  au  mot  Cugus. 
COQUU.  Cudé,  des  Oiseau.x,  fol.  tl9,  R». 
Coque  hus.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  515,  col.  3. 
Cucu.  Ebaternent  de  Géomancie,  MS.  du  R.  n»  7651. 
QuQU.  Gloss.  du  P.  Labbe. 
KuQUS.  Du  Cange,  Gloss.  lai.  au  mot  Cuç/us. 

Cocu,  adj.  Cornu.  C'est  en  ce  sens  que  l'.abe- 
lais,  T.  III,  page  78,  donne  à  Diane  l'épithèle  de 
coquuc. 

Longue  teste,  et  cocue, 

Yeulx  de  perdriz,  et  nez  iJe  chahuant 
Groin  de  pourcel,  long  coi'd,  comme  une  grue. 
Eusl.  Dc^jch.  rots.  .MSS.  fol.  221,  col.  i. 

Cocn  signifie  cornu,  dans  le  proverbe  suivant  : 
«  A  l'enfourner  on  l'ait  les  pains  cocus.  »  (Dicl.  do 
Colgrave.) 

VARIANTES  : 

COCU.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  221. 
COQU.  Rabelais,  T.  III,  p.  78. 

Cocualique,  adj.  Qui  tient  du  cocu.  ■>  Se  lient 
«  en  la  niaise,  et  vraymeiil  eocualique  bonlé  de 
«  leurs  maris.  «  (Apol.  pour  Hérodote,  p.  iSfi  ) 


(1)  Dans  Froissart,  cocijiie  a  le  sens  de  coquille  et  vient  de  conclia  :  «  Ils  lui  firent  présens  de  sis  lux  que  l'on  avoit  mis 
en  deu.K  coci/ncs.  »  (X,  -449.)  (n.  e.) 

(2)  En  Normandie  et  en  Herry,  c'est  le  nom  de  la  bugrane  gluante.  Voyez  plus  bas  coqucfarjue  et  corjueluirie ,  que  donne 
E.  Drschamps  ;  inijurficdouilic,  relevé  par  Cotgrave.  (N.  E,) 

(3)  On  lit  dans  Bonihet  (Serées,  I,  7S)  :  «  Il  fut  dit  qu'on  appelloit  un  homme  marié  cocu,  qui  avoit  une  femme  impudique, 
d'un  bel  oiseau  qu'on  appelle  le  cocu,  les  autres  l'appellerit  couquon,  ainsi  nommé  de  son  chant  ;  et  pour  ce  que  ce  bel 
oiseau  va  pondiv  au  nul  îles  autres  oiseaux,  estant  si  sot  qu'il  n'en  sauroit  faire  un  pour  luy,  par  antithèse  et  contrariété 
on  appelle  celui-là  cnc\i.  au  nid  duquel  on  vient  pondre,  c'est-à-dire  faire  des  petits.  »  (n.  e.) 

(4)  Notons  encore  ce  jeu  de  mots  de  Brantôme  (Uam.  Gai.,  I,  135)  :  «  Encore  faut-il  estimer  ces  dames  qui  élèvent  ainsy 
leurs  maris  en  biens,  et  ne  les  rendent  coquins  et  cocus  tout  ensemble.  »  (N.  E.) 

(5)  La  forme  primitive  fst  i-r/Ms  ;  «  Sui-je  mis  en  la  confrérie  Saint-Ernol,  le  seignor  des  cous  Dont  nus  ne  puet  estre 
rescous,  Qui  famé  ait...  »  (La  Rose,  9167.)  Elle  répond  à  cucus,  pour  cuculus,  coucou,  dans  Isidore  de  Séville.  (n.  e.) 


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Cocuce,sî(fts^  Nom  faclice  d'un  pays  imaginaire. 

Tel  conte  ii'Audigier,  qui  t'ii  sel  pou  : 
Mais  je  vos  en  dirai  trusqu'à  Ilarou  : 
Ses  pères  tint  Cocitte,  un  pais  mou 
Ou  les  gens  sont  en  merds  jusques  au  cou. 

Iloin.  il'AMiliï.  MSS.  dc>  S.  G.  fol.  115.  V-  col.  2  et  3. 

Cocue,  suhsi.  fnn.  Femme  dont  le  mari  est 
infidôle*.  Ciguë °. 

*  Ce  mot,  dans  sa  premii'i'e  acception,  paroît 
avoir  Ole  forgé  par  Doiieau,  auteur  de  !a  comédie 
intitulée /a  f(;t'H(!  imaginaire.  \[  dit  à  la  lin  delà 
préface  de  celle  [ùèce  :  »  Je  pourrois  ici  vous  par- 
"  1er  du  mol  cocue,  dont  je  me  suis  servi  :  mais  je 
"  crois  qu'il  n'en  es!  pas  besoin,  d'autant  que  nous 
»  sommes  dans  un  temps  où  chacun  parle  à  sa 
.'  mode.  ..  (llist.  du  Th.  fr.  ï.  VIII,  p.  39 i.) 

^On  disoil  aussi  cocue,  pour  ciguë.  "  Les  prêtres 
"  d'.Mheues  se  servoient  de  la  ciguë,  ou  cocue,  en 
«  tels  affaires,  etc.  ■>  (Malad.  d'amours,  p.  199.) 

Cociil  (l\  snbst.  riiasc.  Coucou.  En  latin  tucus. 
Vn  oiscl,  cocui,  suivant  le  Closs.  lat.  fr.  de  S.  G., 
cité  par  Du  Cange,  au  mot  'fucus. 

Cocusse,  subst.  fém.  Capuce,  capuchon. 

Or  ont  prins  habiz  de  charretons. 
Un  temps  fut,  se  leur  apparusse, 
Que  j'eusse  un  coup  sur  ma  cociis.ie. 

Eust.  Dcsch.  Pops.  HSS.  fol.  23r>,  col.  3. 

"  Item  le  chief  S.  Syméon  en  façon  d'omme 
«  ancien;  et  à  une  coqusse  d'argent  sur  la  tête 
"  fermant  à  une  riz  esmailiiée,  etc.  >■  (Du  Cange, 
au  mot  Verula  (2).) 

VARIANTES  : 
COCUSSE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  235,  col.  3. 
CoQUSSE.  Du  Cange,  Gloss.  lat.  au  mot  Verula. 

Gode.  [Intercalez  Code,  mesure,  au  reg.  JJ.  10.3, 
p.  o!G,  an.  13i2:  »  Deux  costerez  de  vin,  neuf 
»  chandoille  de  cire  codaux...  Trois  codes  de 
«  cliandoille  de  cire  sur  le  seigncurde  Richebourc.  » 
Ce  mot  doit  avoir  le  sens  de  coudée;  aujourd'hui, 
en  Berry,  coude  se  dit  code.]  (n.  e.) 

Codébiteur,  subst.  niasc.  Débiteur  solidaire. 
Celui  qui  s'oblige  conjointement  avec  un  autre. 
(Nouv.  Coût.  Cén.  T.  1,  p.  737.) 

Codiynac.  subst.  masc.  Colignac.  La  confection 
de  codignac,  etc.,  est  une  confiture  de  coins.  Codi- 
onal  de  jour,  c'est  pâtisseries,  en  espagnol  paslche- 
rias.  ;Oudin.) 

VARIANTES  (3)  : 

CODIGNAC.  Estât  et  Relig.  par  la  Place,  fol.  100. 
CODIGNAT.  Nicot,  Ouilin,  Dict. 
CouDiGNAC.  Rabelais,  ï.  I,  p.  -108  (i). 


CoTONiAT.  Rabelais,  T.  I,  p.  -IGO  (i 


'^^ 


Codinecil,  subst.  Semble  une  faute  pour  codi- 
cile.  (Cnrpentier,  llist.  de  Cambray,  p.  18.) 

Codre,  subst.  masc.  Coudre.  (Du  Cange,  au  mot 
Codra.)  Ce  mot  est  tiré  d'un  passage  de  fa  coutume 
de  Bergerac.  Poquet,  add.  mss.  ;\  Laurière,  dit  que 
codre  et  cèdre  est  un  cerceau  de  tonneau.  (Falconn.) 

Codre,  verbe.  Coudre.  D'où  le  prétérit  cosist, 
dans  S.  Bein.  p.  220,  qui  répond  au  latin  consuere. 

Coe,  subst.  fêm.  Queue.  Ce  mot  se  disoit  de  la 
queue  des  animaux. 

De  sa  cnc  bat  ses  costez. 
C'est  la  coustume  du  lion. 

Parlon.  de  Blois.  MS.  de  S.  G.  fol.  U5,  V'  col  3. 

Trestuit  cih  qui  l'escharnirent, 

Et  qui  sor  luy  keims  pendirent, 
Furent  koué,  et  keues  orent. 

r.ora.  de  Brui,  MS.  fol.  104,  V  col.  2. 

(1n  lit  coe:i  et  coes,  dans  le  ms.  de  M.  de  Bombarde. 

Dans  le  chapitre  intitulé  des  Trouveures.  on  lit  : 
«  De  balenes  trovés  eu  nostre  poi'r  (domaine) 
«  volons  (lue  la  teste  soit  nostre,  et  la  couve  à  nos- 
«  tie  compayne,  selon  l'ancien  usage.  >•  (Britton, 
Loix  d'.\nglel.  fol.  27.)  On  lit  cueurs  dliermines, 
faute  pour  cueues  d'hciiuiues,  dans  P.  .1.  de  Saintré, 
p.  239.  «  Luy,  et  son  destrier  housses  d'ung  satin 
»  cramoisy,  !out  semé  à  cueurs  d'hermines.  »  On 
disoit  aussi  la  queue,  ou  coe  d'un  acte,  d'une  charte. 

De  parchemin  prist  un  petit, 
Qu'il  n'y  ont  leitre,  ne  escript  : 
Tout  uni  l'a  sécllé  en  chire, 
Et  en  la  cnc  (Ci)  fit  escrire 
Que  d'Engleterre  tant  auroit. 
Comme  le  brief  dedens  diroit. 

Rom.  de  Rou,  MS.  page  288. 

1"  On  a  dit  cueue  à  cueue,  pour  à  la  queue  les 
uns  des  autres.  (Chasse  de  G ast.  Phéb.  sis.  p.  220.) 

2°  L'expression  familière  :  Il  n'y  en  a  pas  la  queue, 
pour  signifier  qu'il  ne  reste  rien  d'une  chose, 
subsiste  encore.  Ou  lit,  à  peu  près  en  ce  sens  : 

N'en  merront  au  partir  coe  de  lour  aver. 

Rom.  de  Rou,  MS.  page  109. 

3°  Un  ancien  poêle,  parlant  des  hypocrites  qu'il 
compare  aux  chiens,  dit  que  :  «  Lor  eues  (nagent) 
«  en  sain.  »  Dans  le  sens  propre,  que  leurs  queues 
nagent  dans  le  saindoux  ;  au  figuré,  qu'Us  ont  de 
la  Joie,  qu'ils  se  délectent. 

Quant  d'un  home  oenl  mesdire, 
Grant  samblant  font,  con  un  mescire, 
Plus  traistre  sont  que  chain. 
Et  lor  eues  noent  en  sain. 

lli*l.  de  S"  LMcade,  MS.  de  S.  G.  fol.  31,  R-  col.  1. 

Coe  (en)  est  une  faute,  dans  Marhodus,  col.  1644. 
On  lit  dans  le  mss.  de  S.  Victor  en  Eve  il). 


0)  La  forme  provençale  est  coijul.  (N.  E.) 

(•2)  Ed.  Henschel,  sou.^  coqucia  (II,  592,  col.  2).  La  citation  est  répétée  au  t.  VI,  784,  col.  1.  (n.  e.) 

(3)  On  lit  au  Ménagicr  (II,  5)  :  «  Pour  faire  coudoiijnac,  prenez  des  coings.  »  L'étyninlogie  est  coing  ,  par  l'intermédiaire 
colniieahiiH.  (N.  E.) 

(4)  i<  S'il  toussoyt,  c'estoient  boytes  de  coxidirinac.  ji  (n.  e.) 

(5)  «  Le  coiiijiial  pris  devant  le  past  asiraint  le  ventre.  »  (N.  E.) 

(6;  On  appelle  d'ordinaire  queue  d'un  acte  la  bande  de  parchemin  sur  laqtielle  est  appliquée  le  sceau  pendant:  on  la  dit 
•simple,  si  elle  tient  encore  au  parchemin  dont  elle  a  été  séparée  ;  on  la  dit  double,  si  elle  se  replie  sur  une  fente  pratiquée 
dans  racte.  (n.  e.) 

(7)  On  lit  aussi  au  Nouv.  Recueil  de  fabliaux  et  contes  (I,  317)  :  «  De  ma  fable  faz  tel  defin,  Que  chascuns  se  garde  de  la 
soe  [femme]  Qu'elle  ne  li  face  la  coe.  »  (n.  e.) 


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VARIANTES  (1^  : 
COE.  Parton.  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  140,  V«  col.  3  (2). 
COUE.  Oudin,  Dict. 
QuouE 

Cou.  Coût,  de  G.  de  Tyr,  Marteiie,  T.  V,  col.  591. 
Couve.  Britt.  Loix  d'Anglet.  fol.  27.  R". 
OuEHUE.  Lelt.  du  duc  de  Bourg,  au  s'  Dufay,  p.  361. 
CuE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  268,  V»  col.  2. 
Keue.  Rom.  de  Brut,  fol.  104,  V°  col  2. 
CUEUE.  Chasse  de  Gast.  Phéb.  MS  p.  81. 
CuEURS,  lisez  Cueues.  P.  J.  de  Saintré,  p.  239. 

Coé,  arlj.  Qui  a  une  queue*.  Entier,  non  châ- 
tré^. Déchiré,  qui  est  en  lambeaux'^. 

*  Le  premier  sens,  qui  a  une  queue,  est  le  sens 
propre. 

Par  toz  sainz,  se  vos  i  alez, 
Vos  en  revenroiz  toz  coez. 

Parton.  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  IfiS,  R»  col.  3. 

On  appelle  :  "  Commette  une  estoiile  qui  com- 
«  mée  et  quouée  est.  «  ^Cliron.  S.  Denis.  T.  11, 
fol.  \'l.)  On  lit  dans  le  latin  de  Rigord  crinita,  sive 
eau  (la  ta. 

On  croyoit  autrefois  que  les  comètes  annon(,>oieiit 
des  malheurs  :  «  J'ay  cogneii  plusieurs  courages 
«  esbahis,  à  l'occasion  (Tune  étoille  coiiée  ,  ou 
«  (;hevelue.  » 

Nous  trouvons  coiiés.  pour  épithète  d'Anglois, 
dans  les  Epith.  de  M.  de  la  Porte. 

^  Dans  le  sens  d'entier,  Marbodus,  col.  lGi2,  dit 
que  la  pierre  appelée  alecloire,  se  trouve  dans  le 
ventre  du  chapon  qui 

Treis  anz  vit  mes,  pois  est  chiastrez; 
Tan  vit  ke  set  ans  a  passez  ; 
En  son  ventre  trovent  la  piere. 

•^De  Iti  ce  mot  s'est  dit,  au  figuré,  pour  déchiré, 
qui  est  en  lambeaux  : 

Si  vit  lor  chemises  coiiées. 
Oui  tout  entor  erent  nouées  : 
Devant,  et  derrière,  et  en  coste. 
En  maint  leu  lor  paroit  la  coste. 

Fabl.  MSS  du  R.  n-  >21S,  fol.  2:!5.  R-  col.  2. 

VARIANTES  : 
COÉ.  Parton.  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  108,  R»  col.  .i. 
CoES.  Marbodus,  col.  1642. 
CouÉ.  Nicot,  Oudin,  Dict. 
KouÉ.  Rom   de  Brut,  MS.  fol.  104. 
QuouÉ.  Chron.  S.  Den.  T.  Il,  fol.  12,  V». 

Coerateiir.  [^r^\e.m\]f^.7.C,necateur,àe  coliecave, 
pour  eoœquare,  répartir  la  taille,  au  t.  111,  p.  'i,  de 
l'Ilist.  de  Nîmes,  an.  1476.]  (n.  e.) 

Coegaux,  adj.  au  jilur.  Egaux.  (Dict.  de  Borel.) 

Coeillir,  verbe.  Cueillir.  (Voy.  Molinet,  p.  178.) 

Coeins,  subst.masc.  plur.Ç,o\\Q\.?,[Z).  Les  marins 
appellent  ainsi  certains  cordages.  On  lit  coeins, 
dans  le  .ms.  de  Bombarde,  au  lieu  à'escuins.  ([uoii 
trouve  dans  ce  passage  : 


Esciiiiix  (4)  ferment,  et  escotes 
El  font  tendre  les  cordes  toutes; 
Vitages  laschent,  trez  avalent. 

Rom.  de  Brul,  MS.  fol.  85,  V-  col.  I. 

VARIANTES  : 
COEINS.  Rom.  de  Brut,  MS.  de  Bombarde. 
EscuiNS.  Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  85,  V»  col.  1. 

Coèa,  abréviation.  Commun  ou  commune.  On 
la  trouve  fréquemment  employée  dans  le  Caria 
Magnu. 

Coëiie,  subst.  masc.  Ce  nom,  dans  Villehar- 
douiii,  est  pris  par  Vigénère,  pour  Antoine,  ce  que 
Borel  approuve  au  mot  Coëne  (5).  Du  Cange,  dans  son 
commentaire  sur  Villehardnuin,  explique  Coënes, 
par  Canon.  Cornes  de  liethune,  Conon  de  Bethune. 
(Villehard.  p.  55.)  Du  Cange  a  raison.  Coïion  étoitle 
vrai  prénom  de  Bélluine.  (Palconnet.i 

Coepelle,  subst.  fém.  Coupelle.  On  lit  dans  le 
texte  de  Villon  crepelie,  mais  la  marge  corrige 
coepelle.  On  disoit  :  Fin  comme  argent  de  crepelie, 
fin  comme  argent  purifié  à  la  coupelle,  au  creuset. 

Je  croy  qu'homme  n'est  si  rusé, 
Fust  fin  comme  argent  de  crepelie  (61, 
Oui  n'y  laissast  linge,  et  drapelle. 

Villon,  p.  39. 

Coëpeller,  verbe.  Coupeller.  Faire  passer  l'or 
et  l'argent  par  la  coupelle.  (Dict.  de  Cotgrave.) 

Coéquation,  subst.  fém.  Egalité,  parité.  Ce 
mot,  aussi  bien  que  péréquation,  selon  Pocquel, 
add.  MSS.  à  Laurière,  est  le  régalement  de  rente 
entre  des  frères,  c'est-iVdire  partition  qui  règle  ce 
que  chacun  des  contribuables  doit  payer.  (Voyez  le 
passage  cité  à  l'article  suivant.) 

Coéqiiés,  adj.  auplnr.  Associés.  Entre  lesquels 
les  contributions  ont  été  réparties.  «  Si  le  seigneur 
«  censier,  rentier,  ou  leur  receveur  nient  avoir 
«  reçeu  ce  qu'ils  ont  reçeu  des  coequez-,  ou  pere- 
"  quez,et  il  se  trouve,  après  le  contraire,  ils  seront 
«  tenus  en  tous  les  intérests,  pertes  et  dommages 
"  de  celuy  contre  lequel  ils  auront  fait  la  dite 
»  négation  de  réception  de  la  ditte  coéquation,  et 
«  en'amende  envers  justice.  »  (Coût.  Gén.  T.  II, 
p.  399.) 

Coer,  verbe.  Avoir  une  queue. 

Il  avoit  robe  d'estanfort 
Taint  en  graine,  de  vert  partie; 
Si  a  fait  chascune  partie 
A  longues  qiieues  coer. 

Fabl.  MSS.  de  S.  Germ.  fol.  SCI,  V  col.  2. 

C'est-à-dire  il  a  fait  faire  une  longue  queue,  etc. 
(Voyez  ci-dessus  Coe.  qui  a  une  queue.) 

Coer.  [lnter(;alez  Coer,  cuer,  cœur  dans  les 
deux  locutions  suivantes:  1°  Kn  cuer,  cordiale- 
ment :   «  Ossi  li  plus  grant  partie   de  tous  ses 


(N.  E.) 

l'avant,  (n.  e.) 


(1)  On  lit  dans  Roland  (v.  165,5)  :  «  Rlanche  la  cvc  e  la  crignete  jalne.  »  (N.  E.) 

(2)  On  lit  dans  Benoît  de  S"  More  (v.  15239)  :  «  Bien  m'a  le  nu  fait  en  la  coe  ;  Juglé  m'a  et  envilani.  »  (n 

(3)  On  nomme  couette  ou  bers  les  deux  poutres  qui  glissaient  avec  le  navire  quand  on  le  lançiit  parVï 

(4)  Escuins,  comme  e.tcuer,  signifie  auvent,  panneau,  (n.  e.) 

(5)  Cuennes  (%  377)  est  le  cas  sujet  ;  Coenon  (§  496)  est  le  cas  régime,  comme  si  l'on  disait    C/iêne.    Chênon.    En   picard, 
chêne  se  prononce  cjuêne,  caine.  (n.  e.) 

(6)  Au  Dict.  de  Doohez,  on  lit  coupelle.  (N.  E.) 

IV.  11 


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«  clievaliers  estoieHl  en  coer  englès.  »  (Froissart, 
II,  481.)  -2°  Prendre  en  cuer,  prendre  à  cœur:  ■<  Li 
«  Jones  conles  de  Huynau  avoit  si  ;;ns  en  cuer 
«  cesle  guerre.  »  (Id.,  IH,  255.)]  (.n.  e.) 

Coerie,  subst.  fém. 

Quar  li  prélat  Irestuit  ensaiilile 
Ont  bien  juré,  riens  ne  dorront. 
S'a  ceus  non  qui  l'avoir  porront 
Petit  donne,  ne  doutez  mie 
N'i  ait  aucune  coerie  (1). 

Hist.  de  S"  Léoc.  MS.  de  S.  Germ.  fol.  30,  R*  col.  3. 

Coernic,  subst.  fém.  Injure,  honte,  opprobre. 
De  l'italien  scorno. 

Je  vous  ain,  sans  traison, 
A  tort  m'en  portez  coernie. 

Adans  li  Bocns,  Pocs.  .MS.  a-vanl  1300.  T.  IV,  p.  Uli. 

Coers,  subst.  masc.  plur.  Cour.  Espace  enfermé 
de  murs  faisant  partie  d'une  habitation. 

Mes  elle  ne  s'aresta  point 

A  nuls  des  coers,  ne  à  l'entrée  ; 

Ançois  est  par  dedens  entrée. 

Froissarl,  Poës.  MSS.  p.  359. 

Coes.  [Intercalez  Coes,  eues,  choix  :  «  Vous 
«  estes  ;\  à  eues  dou  partir  ou  dou  demorer.  » 
(Froissart,  X,  441.)  C'est  le  substantif  verbal  de 
eoesir,  choisir  ;  il  est  de  formation  romane,  bien 
que  le  verbe  soit  d'origine  germanique.]  (.n.  e.) 

Coesre,  subst.  masc.  Mot  de  l'argot.  Le  roi 
nommé  le  grand  coesre  étoit  le  nom  qu'on  donnoit 
au  chef  des  gueux  ou  mendians,  qui  faisoient  sem- 
blant d'eslre  estropiés  ou  malades  (2).  (Voy.  Sauvai, 
Hist.  de  Paris,  liv.  V,  p.  511.) 

Coestron.  [Intercalez  Coestron,  bâtard,  au  reg. 
JJ.  125,  p.  174,  an.  1384:  «  Que  icelle  ou  son 
«  coestron  ou  bastard  de  filz  le  comparroient.  »]  (n.  e.) 

Coëtes.  Il  faut  lire  crettes.  (Voyez  le  texte  de 
Villon,  p.  50.) 

Coetice,  subst.  fém.  Fourrure.  11  semble  que 
ce  soit  une  faute  pour  létice,  dans  le  passage  sui- 
vant. A  l'entrée  de  Charles  VIII  à  Paris,  en  1434,  le 
Premier  Président  «  avoit  des  lambeaux  sur  son  man- 
«  teau,  à  trois  bandes  d'or,  garnies  de  coetices  (3).  « 
(Godefr.  Observ.  sur  Charles  VIII,  p.  433.  —  Voyez 
Letice,  Laitice.) 

Coetie,  subst.  fém.  Espèce  de  devination. 
«  INegromantie  ,  coetie  ,  ydromantie  ,  aeromen- 
«  tie,  etc.  »  (Pèlerin  d'amour,  T.  II,  p.  458.)  Il 
faudroit  écrire  goëtie,  mot  tiré  du  grec  yoyTeia. 
magie. 

Coetivement,  subst.  masc.  Entretien  de  cha- 
leur. (Voyez  Dict.  de  Rob.  Estienne  et  de  Cotgrave.) 


Ce  mot  paroit  venir  de  couette  (4),  lit  de  plumequi 
entrelien  la  chaleur. 

Coetiver,  verbe.  Echauffer.  Cette  signification 
vient  de  couette  ou  coite,  comme  le  mot  précédent. 

VAHIA.NTES  : 
COETIVER.  Oudin.  Nicot.  Dict. 
CoiTivER.  Monet,  Colgrave,  Ûob.  Est.  Dict. 

Coeiiil,  subst.  masc.  Cens  (5).  Ce  mot  est  formé 
de  cœuillir  ci-après.  Cœuil  est  le  cens;  eeuilloir 
est  le  registre  sur  lequel  on  écrit  les  noms  des  vas- 
saux et  les  cens  qu'ils  doivent.  C'est  selon  cette  signi- 
lication  qu'il  faut  entendre  cet  endroit  de  la  coutume 
de  Pernes,  où,  en  parlant  des  divers  devoirs  des 
vassaux,  on  dit  :  «  Bailler  déclaration,  payer  leur 
«  coeuil,  selon  la  valeur  d'iceux  (iefs,  et  faire  toutes 
<■  autres  services,  droits,  et  devoirs  à  tels  fiels 
«  appartenants.  »  (Coût.  Gén.  T.  I,  p.  383.  —  Voyez 
ci-après  Cueil.) 

Coeuvrechef,  subst.  masc.  Habillement  de 
tète  *.  Pièce  de  soie,  de  drap,  etc.".  Ceinture, voile, 
mouchoir'^. 

*  Nous  disons  encore  couvrechef,  dans  le  sens 
d'habillement  de  tête  des  femmes  de  la  campagne, 
et  c'est  sa  signification  propre.  On  lit  dans  Percef. 
Vol.  m,  fol.  15,  en  parlant  d'un  malade  :  «  Il  alla 
»  prendre  le  cocuvrechief  dont'd  avoit  la  teste  affi;- 
"  blée,  et  le  lire  sus  ses  yeux,  etc.  »  ;  et  dans  les 
Ann.  de  Louis  XII,  pard'Aulon,  fol.  27,  V°:  «J'ayme 
>'  mieulx  mourir  l'espée  au  poing  à  la  delTense  de 
«  la  muraille  pour  le  service  du  roy,  que  languir 
«  en  mon  lict,  le  cuvrechief  en  la  teste  pour  na- 
«  turelle  mort  attendre.  »  (Petit.  J.  de  Saintré, 
p.  577.)  «  Pour  mieux  couvrir  sa  face,  fit  mettre 
«  son  grand  cuvrechief.  »  On  nommoit  aussi 
certaines  coiffures  de  femmes  des  coeuvrecliicrs. 
Elles  servoient  à  se  mettre  à  l'abri  du  soleil. 

Levés  les  cueuvrechiers  plus  haut, 
Qui  trop  coeuvrent  ces  beaux  visaiges. 

Chasse  et  Départie  d'amours,  p.  iij,  col.  1. 

C'étoit  une  partie  de  la  coiffure  des  femmes  en 
deuil.  «  Item,  pour  aultres  frères  et  sœurs,  on  ne 
«  porte  que  la  barbette,  et  le  couvrechef  {&)  dessus.  •• 
(Honn.  de  la  Cour,  ms.  p.  58.) 

^  On  a  étendu  beaucoup  plus  loin  autrefois  ce 
nom  de  couvrechef.  On  l'a  appliqué,  en  général,  à 
des  pièces  entières  de  soie,  de  drap,  de  gaze,  de 
toile,  probablement  de  l'espèce  dont  on  se  servoii 
pour  faire  des  coHV/v'c/u'/s  proprement  dits.  On  lit 
dans  les  Honn.  de  la  Cour,  ms.  p.  34  :  >■  Drap  (pièce 
d'étoffe)  de  fin  couvrechef,  de  crespe  empesé.  »  Ou 
en  mettoii  deux  sur  les  couvertures  du  lit. 

Dans  des  lettres  de  1350,  «  le  roy  défend  de  fabri- 


(1)  Voici  le  sens  des  trois  derniers  vers  ;  Si  vous  ne  donnez  la  moindre  chose  à  ceux  qui  le  peuvent  avoir,  n'en  douiez 
pas,  il  n'y  a  là  nule  honte.  Coerie  est  synonyme  de  coernie.  (n.  e.^ 

(2)  Voyez  chestiz,  t.  III,  p.  4!52.  (N.  E.) 

(3)  Collicé  se  dit  du  champ  ou  de  l'écu  rempli  de  dix  bandes  de  couleurs  alternées.  Cottice  est  une  bande  diminuée  des 
deux  tiers,  (n.  e.) 

(4)  C'est  un  dérivé  du  latin  cortus,  cuit.  (n.  e.) 

(5)  Ou  taille  ;  c'est  la  forme  verbale  de  cueillir,  coUigere  (collecteur).  (N.  E.) 

(6)  Voyez  la  veuve  de  Jean  Jouvenel  des  Ursins  (Quicherat,  Costume,  "289).  S'  Simon  écrit  aussi  :  «  Elle  était  sur  son  lit 
en  robe  de  veuve  bordée  et  doublée  d'hermine ,  pareille  à  celle  des  duchesses  veuves ,  et  comme  elles  ayant  le 
couvre  clief  {W2,  7).  »  (N.  E.) 


co 


83  — 


CO 


«  quer,  dans  la  ville  de  Troyes,  des  toiles  appellées 
0  couvreclief.  »  (Ord.  T.  "il,  p.  3ii.)  Froissart, 
liv.  IV,  p.  7,  parle  d'une  litière  «  couverte  d'un 
■>  délié  couvreclief  de  soye[\)  »  ;  et  dans  la  Table  des 
Métiers  de  Paris,  ms.  de  Meinière,  p.  If),  on  lit  : 
i<  Tixerandiers  de  coeiivrecliefs  de  soye  (2).  » 

•^  Enfin  tout  ce  qui,  sans  doute,  éloit  fait  de  ces 
toiles  ou  élolTes  appelées  coitvrecJiefs,  prenoit  aussi 
le  même  nom  ;  de  là,  nous  voyons  ce  mol  désigner 
le  voile  de  soie  qui  couvroit  les  enfans  des  grands 
seigneurs,  depuis  la  tête  jusqu'aux  pieds,  à  la  céré- 
monie de  leur  baptême.  (Ilonn.  de  la  Cour,  ws. 
p.  58.)  Pour  le  voile  de  gaze  qui  couvroit  le  visage 
de  Jeanne,  femme  de  Charles  V,  lorsqu'elle  fut 
portée,  après  sa  mort,  à  Notre-Dame  :  «  Ùng  queu- 
"  vrechiefs\  délié  que  tout  plainementon  veoitson 
><  visage  parmi.  »  (Chron.  S'  Denis,  T.  111,  fol.  37.) 
Pour  une  espèce  de  mouchoir,  dans  ce  passage  de 
Gérard  de  iNevers,  ï''  part.  p.  83:  «  La  pucelle  d'ung 
i<  délié  coitvrechicf  luy  essuya  le  visage  et  la 
«  bouche  "  ;  et  dans  cette  citation,  qui  se  trouve  au 
T.  I,  p.  lOi,  de  la  Milice  fr.  du  P.  Daniel,  et  dans 
Du  Cange,  au  mot  Miles  :  «  Et  ce  fait,  ung  de  ces 
«  gouverneurs  aura  un  cuervcrchcr  en  sa  main, 
«  qu'il  tendra  par  devant  le  visage,  quant  il  sera 
«  besoin,  pour  le  craisier  (pour  cracher).  ■•  (3)  On 
interprète  à  la  marge  cuervercher,  mouchoir. 

Enfin  le  mot  couvreclief  a  servi  à  désigner  une 
espèce  d'écbarpe  ou  ceinture.  Al.  Chartier,  l'Esper. 
p.  352,  pariant  de  la  Mecque,  dit  :  ^  Se  dépouillent 
«  nudz,  excepté  d'un  petit  queuviechief  aaiour  de 
«  leurs  rains.  - 

On  trouve  encore  ce  mot  pour  linge  à  barbe,  dans 
Oudin  et  Des  Accord,  Contes  de  Gaulard,  fol.  37,  \°. 

VARIAMES  : 

COEUVRECHEF.  Froiss.  L.  IV,  p.  7  ;  Du  Cange,  à  Capitegium. 
CoEUVRECiuEF.  Percef.  Vol.  VI,  fol.  124,  V"  col.  'i. 
CuEVRE  CHIEF.  Fabl.  MSS.  du  R.  n°  7-218,  fol.  261,  R"  col.  2. 
QuEVRE  ciUEF.  Chron.  S'  Denis,  T.  III,  fol.  37,  V. 
CuEVRE  CHEF.  Hist.  du  Tli.  fr.  T.  I,  p.  408. 
QuEVRECHEF.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  427,  col.  2. 
CUVRE  CHIEF.  D'Auton,  Hist.  de  Louis  XII,  iMS.  fol.  27,  V». 
CouvRECHEF.  Ortli.  subsistante;  Ord.  T.  II,  p.  344. 
CouvRECHiEF.  Honn.  de  la  Cour,  MS.  p.  34. 
CUEVRECHIEZ.  Fabi.  MSS.  du  R.  n°  7218,  loi.  59,  V»  col.  1. 
CuEiA'RECHiES.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  456.  col.  4. 
CoEUVRECHiER.  Chasse  et  Départie  d'amour,  p.  225,  col.  \. 
CUERVERCHER.  Du  Cange,  au  mot  Mites. 

Cofel.  [Intercalez  Cofel,  mesure  pour  les  grains: 
<■  Ténor  costumarum  villa^  Marologii  [Mareuil]...  De 
«  chascun  cariai,  un  cofel  ;  et  d'un  dimieg  cartal,  un 
a  dimieg  cofel.  »  (JJ.  82,  p.  loi,  an.  1352.)]  (n.  e.) 

Cofle.  [Intercalez  Coffe,  baquet,  comme  coffin 


et  coffineau,  ses  dérivés  :  «  Lesquelles  femmes  et 
«  filles  traveillans  en  ladite  mare  ou  lavaicbe  pour 
«  la  nettoier,...  survint  sus  eulx  un  chappellain 
"  qui  print  la  coffe,  laquelle  estoit  toute  plaine 
«  d'eaue  et  la  getta  suslesdittes  femmes.  »  (JJ.  197, 
p.  218,  an.  14'72.)]  (n.  e.) 

Coffin,  subst.  masc.  Panier*.  Coffre,  cercueil  ^. 
Hune'^.  Etui".  Carquois^. 

*  Les  dictionnaires  interprètent  ordinairement  ce 
mot  par  panier  d'osier. 

On  nommoit  quelquefois  coiffes  les  paniers  qu'on 
mettoit  sur  le  dos  d'un  cheval.  »  Li  somiers  qui 
«  porte  coiffe  doit  4.  deniers,  cil  qui  chevauche  ti 
«  trousses  deux  deniers,  etc.  »  (Ane.  Coût.  d'Orléans, 
«  à  la  suite  de  Beaunian.  p.  474.) 

Il  y  avoit  aussi  des  coffius  de  paille,  lémoin  ce 
passage  :  »  Autres  faisoient  de  petites  tresses  de 
«  paille,  de  seiale  battu  et  mouillé,  pour  faire  des 
«  coffins.  »  (Berg.  de  Rem.  Belleau,  T.  I,  p.  29.) 

Il  y  en  avoit  aussi  de  cuir  bouilli,  et  ce  n'étoit 
pas  toujours  un  panier  ;  c'étoit  une  espèce  de 
portefeuille,  comme  dans  Froissart  : 

Un  coffin 

De  cuir  bouilli,  et  fin. 
Avec  lettres  belles,  et  sages. 

Froissart,  Poës.  MSS.  p.  190,  col.  2,  et  191,  col.  1. 

Coffin  porter,  et  le  cabas 
Des  supplications. 

Eust.  Dnsch.  Pocs.  MSS.  fol.  35i.  col.  1. 

^Coffin  s'est  employé  figurément  pour  désigner 
un  cercueil.  «  Mettre  un  corps  en  son  coffin.  « 
(Guilleville,  liv.  IV.) 

'=  C'étoit  comme  panier  ou  coffre  que  coffin  dési- 
gnoit  la  hune  du  mât  d'un  vaisseau.  On  lit  :  «  Li 
X  cofins  du  mast  »,  dans  Jacquemar  Cillée,  Rom.  du 
Renart.  (Falconnet.) 

°  Souvent  cofftn  étoit  un  étui.  Cofin,  cophin,  dans 
le  Cambresis,  se  dit  pour  étui  à  aiguilles,  à  cure- 
dents.  (Falconnet.) 

^  Enfin,  dans  un  sens  moins  figuré  que  celui  de 
coffre,  on  disoit  coffïs,  pour  carquois,  l'étui  des  flè- 
ches. «  Fareitres  qui  sont  coffis  h  mettre  les  flèches.  » 
(Hist.  de  la  Tois.  d'or.  Vol.  I,  f"27.)  Je  ne  sais  ce  que 
veut  dire  le  nom  de  mange  coffin  donné  à  S.  J.  B. 
dans  l'add.  au  Poës.  mss.  de  Froissart,  p.  438.  (Voyez 
ci-après  Coffinet.)  (4) 

VARIANTES  : 
COFFIN.  R.  Belleau,  T.  I,  p.  29. 
CoFiN,  CoPHiN.  Oadin,  Nicot,  Dict. 
Coiffe.  .Ane.  Coût.  d'Orl.  à  la  suite  de  Beaum.  p.  474. 
Coffis,  phir.  Hist.  de  la  Tois.  d'or.  Vol.  1,  fol.  27,  V. 

Coffineau,  subst.  masc.  (5)  Petit  coffre.  (Gloss.  de 
l'Hist.  de  Bretagne.) 


(1)  M.  Kervyn  imprime  (t.  XIV,  p.  20)  ;  «  Estoit  la  littière  belle  et  riche  et  couverte  d'un  délié  cocurre-cinef  de  soye.  »  (n.  e.) 
(1)  On  lit  dans  l'édition  (p.  99)  :  «  Quiconques  veut  estre  teisserandes  de  queuvreciners  de  soie  à  Paris.   »   Le  couvrechef 

était  un  voile  de  tête  ;  le  nom  s'étendit  bientôt  à  l'étoffe  ,   dont  il   était  tissé.   Ceux   de   Reims   étaient  fort   renommés  : 

(i  Touailles  de  Reims.  »  (Leroux  de  Lincy,  I,  388.) 

(3)  Ed.  Henschel,  t.  IV,  p.  399,  col.  1. 

(4)  C'était  aussi  \m  terme  injurieux  :  «  Icellui  Hardelet  dist  au  suppliant  ces  parolles  :  «  Coffin  ,  à  pou  que  tu  ne  m'as 
tue.  »  (,1J.  164,  p.  356,  an.  1410  )  (N.  E.) 

(5)  Ce  mot  est  employé  au  sens  de  baquet,  en  Saintonge  et  en  Poitou.  (Favre,  Glossaire,  p.  91.)  On  lit  au  reg.  161,  p.  154, 
an.  1406  :  «  Icelle  femme  mist  laditte  monnoye  en  un  coffineau  à  mettre  chandelle.  »  Au  reg.  183,  p.  41,  an.  1455,  c'est  plutôt 
une  corbeille  :«  Le  suppliant  osta  à  icellui  Grangier  les  pommes  et  le  co/'/(»?ea«  où  elles  estoient.  »  Un  ms.  cité  par  Du 
CsDge  assure  ce  dernier  sens  (II,  417,  col.  1)  :  «  De  caures  ouvra  et  d'osieres,  Coffiniax  ouvra  et  panières.  »  (n.  e.) 


co 


—  84  - 


CO 


Ci»l'fiiiet,  subst.  masc.  Petit  panier*.  Petit 
coffre^.  Poilefeuille'^. 

*  Voyez,  sur  le  premier  sens  de  petit  panier,  les 
Dicl.  d'Oudin,  de  Cutgrave,  et  les  EpilhètesdeM.  de 
La  Porte. 

^  De  là,  ce  mol  désignoil  un  petit  coffre,  dansées 

vers  : 

La  dame  a  pris  un  cajhict, 
A  son  chuvel,  ou  li  joel 
Esloienl,  etc. 

Eslrul).  Fdbl.  MSS.  du  R.  n'  7996,  p.  8. 

■^  Ce  mot  est  mis  pour  portefeuille,  dans  le  pas- 
sage suivant  : 

.Vavoic,  adout,  de  cuil  bouli, 
Un  cvfji»el  bel,  et  poli. 
Qui  esloit  longes,  et  estrois, 
Ou  les  balades  toutes  trois 
Mis  etc. 

Froissart,  Poès.  MSS.  p.  189,  col.  1  et  2. 

(Voyez  ei-dessus  Coffi.n.) 

VARL-iNTES  : 
COFFINET.  Froissart,  Poës.  MSS.  p.  189,  col.  1  et  2. 
CoFiNET.  Estrub.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7996,  p.  8. 

Coffre,  subst.  masc.  Cassette  du  roi,  le  trésor 
royal*.  Terme  de  vénerie'^.  l'orlific;ilion '^.  Bière". 
Ce  mol  subsiste  et  même  on  le  dit  encore  dans  tous 
ces  sens,  mais  avec  quelques  dilTé.ences  dans  la 
construction  des  phrases. 

*  On  dit  encore  les  cofifves  du  roi,  pour  le  trésor 
du  roi;  mais  on  ne  dit  plus,  comme  autrefois,  sim- 
plement les  eolf'res. 

Promis  avez,  sur  le  mois  de  février, 
Que  vous  serez  sa  besongue  ordonnaos, 
Et  le  ferez  sur  les  coffres  payer. 

Eust.  Desch.  Pois.  MSS  fol.  208,  col.  2. 

^  En  lermes  de  vénerie,  ce  mot  désigne  le  corps 
d'une  bêle  fauve  dont  on  fait  la  curée.  •>  C'est  de  la 
«  sorte  qu'il  la  faut  préparer,  pour  leur  en  donner 
»  la  curée,  et  pour  cela  la  couper  par  quartiers, 
«  levant  les  épaules,  et  les  gigots,  et  laissant  le 
«  coflre  entier.  »  (Salnov.  Vénerie,  p.  285.) 

'^  Colfre  signifie  encoie,  en  termes  de  guerre,  un 
logement  blindé  et  garni  d'embrasures,  construit 
dans  un  fossé  sec  (l).Bassompierre  parle  d'un  ('0/J>(^ 
qui  défendoit  le  passage  du  fossé  d'une  place  assié- 
gée. (T.  11  de  ses  Mém.  p.  308.)  Mais  il  paroit 
qu'alors  ces  cojfres  éloient  de  longues  caisses  rem- 
plies de  poudre  et  de  résinesi'i).  (Ibid.  T.  ill,  p.  ."jri.) 

°  L'acception  de  coffye,  pour  bière,  vieillit.  L'au- 
teur du  poëme  des  Trois  Maries  s'en  sert  souvent 
dans  ce  sens.  (Hist.  des  Trois  Maries,  en  vers,  jiss. 
p.  429.) 

Nous  citerons,  outre  cela,  l'expression  suivante  : 
tomber  sur  les  coffres  de  quelqu'un  signifioil  lui 
imputer  une  faute,  la  lui  reprocher.  On  dit  encore 
en  ce  sens  tomber  sur  le  dos  de  quelqu'un,  dans  le 
langage  vulgaire.  «  Je  dis  à  Barbant  (lue  je  ne 
«  pouvois  retourner  arrière  que  je  n'eusse  mande- 


"  ment  de  monsieur  de  Barie,  et  que  si  la  ville  se 
"  perdoil,  tout  cela  tomberoit  sur  mes  coffres.  » 
(Mém.  de  .Montluc,  T.  H,  p.  73.) 

Voici  quelques  proverbes  : 

1°  Kn  coffre  ouvert,  le  juste  peehe.  (Dictionn.  de 
Cotgi'ave.) 

2"  Carde  le  coffre  semble  s'être  dit  proverbiale- 
ment, par  allusion  au  coule  d'une  femme  qui  avoil 
enfermé  son  maii  dans  un  coflre  pour  le  coiriger 
de  sa  jalousie.  «  Aussilost  (lue  l'on  voyoit  un  mary 
"  fascheux  qui  faisoil  semblant  de  se  courroucer, 
«  l'on  ne  faisoit  que  dire,  garde  le  coffre;  qui  ser- 
«  voit  autant  que  le  fouet  entre  les  Suisses.  »  (Des 
Ace.  Escr.  dijon.  fol.  41.) 

Coffrer,  verbe.  Kmprisouner.  (Oudin,  Curios. 
franc.  ;  Apol.  i)Our  Hérodote,  p.  204  ;  Du  Gange,  au 
mot  .4 n'a.) 

Cofiné,  partie.  Courber.  (Dict.  d'Oudin.)  Du 
verbe  cofiner,  se  voùler.  se  courber,  encore  en 
usage  en  termes  de  menuisiers  et  de  fleuristes  (3). 

Cogeiit.  rinlercalez  Cogent ,  nécessaire,  aux 
Ord.  (VI,  403,"  an.  1372):  <.  Icellui  fait  et  mesiier 
"  [de  draperie]  qui  est  cogent  à  tout  l'universel 
"  monde,  et  plus  est  chos3  proffilable.  "j  (.n.  e.) 

Cogié,  partie.  Forcé,  obligé.  Du  latin  cogère. 
(Voyex  ^'ef  des  Daaies,  fol.  83.)  Ou  dit,  en  Anjou, 
coger  pour  contraindre. 

Cogitacion,  subst.  fém.  Pensée. 

Toute  sa  cogitacion 
Atorne  en  sa  vision. 

Fabl.  MSS.  du  K.  u"  lilS,  fol.  -203.  R-  coi,  -2. 

VARIANTES  : 
COGITACION.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  505,  col.  3  (4). 
Cogitation.  Oudin,  Nicot,  Dict. 

Cogiter,  verbe.  Penser.  En  latin  cogilare. 
(Voyez  A'icot,  Cotgrave,  Oudin,  Dict.) 

Cognacion,  subst.  fém..  Parenté.  «  il  esloit  le 
«  plus  proche  masle  de  ceste  race  et  coguation.  » 
(L'Amant  ressusc.  p.  23.) 

Parmi  le  peuple  d'Israël  s'en  ala, 
Parmi  la  mer,  et  leur  coqnacion. 

Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  i-29,  col.  ;i. 

VARIANTES  : 
GOGNATION.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  129,  col,  3. 
COGN'ATION.  Oudin,  Dict. 
CoNissANCE.  S.  Bern.  S.  fr.  MSS.  p.  207.  En  lat.  cogiialio. 

Coguefestu,  subst.  masc.  Cardeur  de  laine. 
"  C'est  comme  si  je  disois,  avec  plus  de  cui'iosilé 
»  que  vous,  que  les  cognefestus  et  cardeurs  de 
H  laine s'appelloienl jadis, 'a««ri/,/)>''rt/H«f//,  main- 
«  tenant  nousles  appelions  cardeurs  à  carduis,  etc.  » 
(Garasse,  Recb.  des  Rech.  p.  239.)  »  Chausseliers, 
«  cordonniers,  lunetiers,  cognefestus,  papetiers.  » 
(Deiïense  d'Est.  Pasquier,  p.  543.) 


(1)  C'est  alors  une  sorte  de  caponnière.  (n.  e.) 

(2)  C'est  la  charpente  qui  soutient  les  terres  dans  une  mine.  (n.  e.) 

(3)  On  a^ipelle  coffiiie  une  ardoise  convexe.  (N.  E.) 

(4)  «  Le  lUix  des  cogiuuions.  »  Le  mot  se  trouve  dans  les  traductions  du  xii«  siècle  :  «  Deus  de  science  est  sire  ,  e  à   lui 
sunt  aprestedes  coyiiaciuiis  (Lib.  psalm.,  p.  235)  ;  i>  mais  la  forme  populaire  est  cuizunçoii,  correspondant  à  cuider.  (n.  e.) 


co 


85  — 


CO 


Coignefestu  se  disoil  nulrefois  proverbialement. 
«  Il  seinbloil  un  coignefestu,  el  qu'il  ne  vouloit 
«  rien  faire  ny  laisser  l'aire  les  autres.  »  (Mém.  de 
Monlluc,  T.  1,  p.  72.  —  Yoy.  Curios.  fr.  d'Oudin.Jil) 

vAniANTF.s  : 
COGNEFESTU.  Défense  pour  Est.  Pasq.  p.  543. 
Coignefestu.  Mém.  de  .Monlluc,  T.  1,  p.  72. 

Cogiiissable,  adj.  On  disoit  faire  cognissable, 
pour  taire  connoitre.  «  Si  iu  mis  ens  et  recueilli 
»  des  sardes,  car  il  s'en  lit  cong aoi&mble .  » 
(Proissart  (-2),  liv.  II,  p.  29.) 

Tirez  vous  un  peu  sus  fenestre. 
Et  je  vous  ferai  coynissable. 
De  lui,  et  de  ceuls  de  la  table. 

Fruissail,  Poos.  MSS.  p.  11,  coi.  2. 

VARIANTES  : 
CÛG.\ISS.\BLE.  Froissart,  Poës.  MSS.  p.  17,  col.  2. 
CONGNOISSABLE.  Froissart,  Hist.  Liv.  II,  p.  29. 

Cogniteui",  SMôsf.  îk«.sc;.  Qui  connoît.  On  disoit 
en  ce  sens  :  «  Dieu  cognilcur  de  toutes  clioses.  •• 
(Tri.  de  la  iNoble  Dame,  fol.  30.) 

Cogiiition,  subst.  fém.  Connoissance.  (I)icl.  de 
Borel  et  de  Corneille.) 

Cognoissamment,  adv.  .-Vvec  connoissance 
de  cause.  (iWoss.  sur  les  Coul.  de  Beauvtiisis.) 

Cognom,  subsl.  mase.  Surnom. 

\ARIANTES  : 
COGNOM.  Oudin,  Nicot,  Dict. 

COGNON. 

Cognomer.  [Intercalez  Cognomer,  surnomn  er, 
au  reg.  JJ.  181,  p.  21  i,  an.  l'(.'')2  :  «  Lequel  com;  li- 
"  gnon,  comme  l'en  dit,  se  nommoit  ou  cognoinoit 
>>  Motin  Famuer.  »]  (n.  e.) 

C.ogoule,  subst.  fém.  C'est  une  faute (3).  H  faut 
Vira  cagoule,  de  cuculla,  poiM  eucullus.  tVoyez  Le 
Ducbal,  sur  liabelais,  T.  I,  p.  2ij5.)  On  irouve 
cuculla  dans  le  Catholicoa  Joun  de  Jaiuia. 

Collection,  subst.  fém.  Coclion,  cuisson.  On  a 
dit,  en  parlant  des  trulfes: 

C'est  racine  d'orrible  vision, 
Que  l'en  puet  bien  à  fondre  contrefaire  : 
Noire  est  dehors,  mais  de  collection 
Eschaufe  trop;  le  goust  eu  put  et  flaire. 

Evisl.  Liuscli.  Pofs.  liSS.  fol.   IC,  col.  2. 

Gohercer,  verbe.  Hetenir,  arrêter.  Du  latin 
coercere.  »  Nature,  pour  cohcrcer\a  pétulance  de  la 
«  langue,  nous  a  donné  les  dents,  et  les  gencives, 
"  couie  pour  remparts,  etc.  »  (L'Amant  ressu.scité, 
p.  IK.) 

Cohercif,  adj.  Coercitif.  nui  relient  dans  le 
devoir.  De  là,  on  disoil  :  discipline  cohercive,  pour 


correction  et  punition.  (Hist.  delaTois.  d'Or,  Vol.  11, 
fol.  154.)  Titre  de  discipline  el  de  correction. 

Gohercion,  subst.  fém.  Coercilion.  En  termes 
de  palais,  c'est  le  pouvoir  de  connoilre  d'une  cause 
el  punir.  (Closs.  de  l'Hist.  de  Paris.  — Du  Cange,  au 
mot  l'oliercio  (i),  et  le  Dict.  de  Cotgrave.) 

Vérité  ne  puet  nullement 
Avoir  de  fait  cohercton. 

Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  Sii,  col.  4. 

Nous  lisons  dans  le  traité  de  Bretigny.  en  13G0, 
entre  les  rois  de  France  et  d'Angleterre  :  «  Soub- 
a  mettront  les  dits  roys,  et  royaumes,  et  leurs 
"  hoirs,  à  la  colierlion  de  nostre  Saint  Père  le  Pape, 
«  alin  qu'il  puisse  contraindre,  par  sentences,  cen- 
«  sures  d'église,  et  aultres  voyes  deues,  celuy  qui 
«  sera  rebelle.  »  (Chron,  S.  Denis,  T.  I,  fol.  26Ô.) 

VAIilANTES  : 
GOHERCION.  Eust.  Desch.  Poés.  MSS.  fol.  322,  col.  4. 
CoHERTiox.  Ord.  des  fi.  de  Fr.  T.  III,  p.  .5.50. 
CoERTioN.  Froissart  (5>. 
CoEUCTioN.  Comines. 

Colierition,  sulist.  fém.  Adhésion.  ■<  Un  heri- 
«  lier  d'aucun  lres[)assé,  en  suivant  la  coustume 
«  générale  du  royaume  de  France,  par  laquelle  le 
«  mort  saisit  le  vif,  son  plus  prochain  héritier 
■'  habile  à  Iny  succéder,  est  saisi  des  héritages  de 
<■  son  prédécesseur,  par  la  eohérition  de  l'hoirie, 
"  et  des  dits  héritaaes.  »  (Coul.  de  Peronne,  Nouv. 
Coul.  Gén.  T.  II,  p.'606.)  ' 

Coliert,  partie.  «  .Ne  serronl  my  cohert  le  suer 
«  bi'iefe  de  formedon,  en  reverler.  »  (Tenur.  de 
Littleton,  fol.  85.) 

Coherté ,  subst.  Héritage.  (Dict.  de  B.;rel. 
!"•  add.) 

Cohorte,  subst.  fém.  Troupe.  C'est  la  signifi- 
cation générale.  (Faifeu,  p.  (H.;  Ce  mot  désignoil 
plus  particulièrement  une  troupe  de  soldais.  (Gloss. 
de  Marot.) 

Cohuage,  s.\-6s/.  niasc.  Sorte  d'impôt.  C'est  un 
droit  qui  se  lève  et  se  prend  sur  tes  cohues,  mar- 
chés. (Voyez  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.  et  Du  Cange,  au 
mot  Cohuagium.)  (6) 

Cohue,  subst.  fém.  Auditoire*.  Halle,  marché^. 

*  Au  premier  sens,  ce  mot  a  sigiùlié  auditoire,  le 
lieu  où  se  tient  la  juridiction.  C'est  ainsi  qu'il  faul 
l'entendre,  dans  les  passages  suivans  :  «  Baillifs  et 
«  vicnutes  soient  diligeiis  d'aller  en  cohue,  dedens 
«  prime,  le  premier  jour  de  leur  auditoire,  cl  aux 
•<  aultres  jours  suhse(iuens,  etc.  »  (Ord.  de  rEchi([. 
h  la  suite  de  l'Ane.  Coul.  deNorm.  fol.  2(j,  an.  1383.: 
Dans  une  autre  Ordonn.  de  l'Echiquier  (ibid.  fo'.  33), 


(1)  «  Il  ressemble  coignefe.'iln,  il  se  tue  et  ne  fait  rien.  »  Voyez  aussi  Leroux  .le  Lincy  (II,  33.)  (x.  E.) 

(2)  Il  parle  là  de  Jacques  Lamb,  assassin  d'Yvain  de  Galles.  Kervyn,  IX,  75,  imprime  conijiiissable.  (N.  E.) 

(3)  On  lit  cependant  cogole  aux  vers  11367,  25855  de  la  Chr.  des  ducs  de  Normandie,  ms.  de  Tours.  (N.  E.) 

(4)  Il  cite  d'Achery,  Sp'icilése.  t.  IX,  p.  300.  (N.  E.) 

(5)  On  lit  dans  l'édition  Kervyn  (l.  VI,  p.  30i)  en  note  :  «  Et  soumettons  nous,  nos  hoirs  et  successeurs  à  la  juridiction  et 
coliertwit  de  Rome.  »  L'anglais  a  la  l'oruie  cuhcccinu.  (n.  e  ) 

(6)  On  Ut  dans  une  pièce  de  1473  (Du  Cange,  II,  422,  col.  1)  :  «  Item  somme  de  beurre  venant  de  Bretagne  doit  deux 
deniers  d'entrée,  maille  (le  coutume,  et  un  denier  de  cohuarje  ;  et  si  elle  n'est  toute  vendue  à  icelul  jour,  et  il  arrive  que  le 
marchand  la  rappoile  à  huitaine,  il  ne  paiera  que  le  cnhuarjc.  »  (N.  E.) 


co 


—  86  - 


CO 


se  trouve  un  arlic'.e  qui  coiitieut  la  même  disposi- 
tion, où  on  lit  auditoire,  au  lieu  rie  cohue.  «  Il  n'y  a 
•  pas  lanidecliiquaneriesauxt^o/if/cs,  eommeonen 
«  trouve  entre  les  courtizans,  pour  destourner  un 
.<  démentir.  «  (Lett.  de  Pasq.  T.  I,  p.  Gl'2.) 

^  Ce  mot  se  prenoit  aussi  pour  halle,  marché, 
comme  dans  les  citations  qui  suivent  : 

Je  n'yrai  plus  à  la  cohue  (1), 

Ou  chascun  jour,  on  brait,  et  hue. 

Path.  Test.  [i.  119. 

Voyez  Contes  d'Eutrapel,  p.  180.  On  écrivoit 
aussi  cltoiies.  On  trouve  les  choueadeDinan  (2)  dans 
les  Preuv.  de  l'Hist.  de  Bretagne,  liv.  VllI,  p.  431. 
Ce  qu'on  explique  à  la  marge  par  halles. 

Remarquons  cette  exiiression  :  clahaud  de  cohue 
étoit  un  terme  d'injure.  <•  Un  grate  papier,  un  cau- 
«  seur,  un  babillard,  une  grenouille  du  palais,  un 
"  clabaud  de  cohue,  qui  ne  mérita  jamais  le  noble 
"  titre  d'advocat.  »  (Lett.  de  Pasq.  T.  II,  p.  790.)  On 
sent  que  cohue  est  pris  ici  dans  sa  première  signi- 
lication.  Nous  ne  disons  plus  cohue  que  pour  dési- 
gner les  assemblées  tumultuaires  et  sans  ordre. 

VARIANTES  : 
COHUE.  Cout.  de  Norra.  fol.  33,  V»  col.  1. 
Choue.  Hist.  de  liret.  Preuv.  liv.  8,  p.  431. 
Coui.  Du  Gange,  Gloss.  lat.  au  mot  Cohuugiurn  (3;. 

Coi,  adj.  Doux*.  Tranquille,  sans  bruit,  sans 
mouvement^.  Triste'^.  Secret". 

On  emploie  encore  ce  mot,  au  singulier  et  au 
masculin  seulement,  sous  l'orthographe  de  coy, 
comme  dans  ces  expressions  :  se  tenir  coij,  demeurer 
coij,  pour  rester  tranquille.  Autiefois,  l'usage  en 
étoit  plus  fréquent  et  plus  étendu. 

*  Ce  mot  est  employé,  dans  le  premier  sens  de 
doux,  pour  désigner  la  douceur  du  caractère  ou  du 
maintien,  dans  les  passages  suivans  : 

La  grant,  et  gente,  et  la  simple,  et  la  coie. 

Gace  de  la  Bigne.  Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  Il,  p.  324. 

Elle  est,  et  simple,  et  coic  ; 

Mais  elle  a  cuer  félon,  ki  trop  m'effroie. 

M"  Gautier  d'Argles.  ibid.  T.  111,  p.  1145. 

Bonne  damp,  sage,  de  maintien  coi. 

Adans  li  Bocus,  Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  IV,  p.  1380. 

On  a  même  dit  inslrumens  coys,  pour  instrumens 
doux. 

Rtibebes,  leuths,  vielles,  syphonie, 
Psaltérions,  trestous  hif!lnii)W7is  ruyx. 

Eusl.  bescli.  Poës.  MSS.  fol.  28,  col.  3. 

^Dans  le  sens  de  tranquille,  qui  ne  remue  point, 
ce  mot  s'appliqiioit,  non-seulement  aux  personnes, 
mais  même  aux  choses  inanimées  :  «  Et  ensi  se 
c<  tindrent  quoi  devant  leurs  lices.  »  (Villebard. 
p.  69.)  »  Si  vous  prie  que  vous  soyez  quoyes,  et 
.  paisibles.  ■■  (Percef.  Vol.  II,  fol.  3.) 

On  disoit.  dans  cette  signification,  attendre  l'en- 
nemi de  pié  coy,  c'est-à-dire  de  pied  ferme,  sans 
remuer.  (Le  .louvenc,  ms.  p.  376.) 

De  là,  on  a  appliqué  ce  mot  aux  fenêtres  dor- 


mantes, qui  n'ouvrent  point.  On  les  nomme  fenê- 
tres coyes,  dans  la  Cout.  de  Bar.  (Cout.  Gén.  T.  Il, 
page  lOil.) 

l'unie  s'est  dit  aussi  d'une  fontaine  dont  on  arrête 
le  cours.  «  Celé  fontaine  ne  cort  mie  le  samedi  ; 
«  ains  est  tote  coie.  «  (Contin.  de  G.  de  Tyr,  Mar- 
tene,  T.  V,  col.  r)87.)  On  lit  :  «  Eaux  coyes,  et  crou- 
«  pies  »,  dans  l'ouilloux.  Fauconnerie,  fol.  21. 

•^De  celte  signification  qui  est  propre,  naissent 
les  deux  autres  qui  suivent  :  au  figuré  coy,  s'est  pris 
pour  triste,  rêveur ,  que  la  tristesse  rend  sans 
action. 

Or  a  le  cuer  coi,  or  l'a  haut. 

Fal.l.  MSS.  du  R.  n»  7615,  T.  I,  fol.  107,  V  col.  1. 

°  De  là,  ce  mot  a  été  employé  pour  secret,  discret. 

Coye  se  taist  de  ce  qu'on  li  conseille. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7B15,  T.  I,  fol.  100,  Rv 

Que  Dieu  pardoint  tous  mautalents 
Entre  lui,  et  fa  douce  amie  : 
Et  quant  li  Dame  est  esclémie. 
Dont  doit  faire  si  coie  noise 
Que  nus  ni  caute,  ne  n'envoise. 

Poès.  MSS.  avant  1300,  T.  IV,  p.  1339. 

On  a  dit  :  Chambre  coye,  fosse  coye,  pour  lieux 
secrets,  latrines.  «  Aucun  ne  peull  faire  chambres 
«  aisées,  nommées  fosses  coyes,  ou  latrines,  etc.  » 
(La  Thaum.  Cout.  de  Berry,  page  458.)  On  lit  fosses 
couées  au  Cout.  Gén.  T.  I,"p.  921. 

Passons  aux  façons  de  parler  suivantes  : 

1"  Faire  coy,  ne  faire  aucun  bruit.  «  Il  faisoit 
«  aussi  coy,  en  celte  place,  comme  s'il  n'y  avoil 
«  personne,  tant  ententifs  esloienl  à  regarder  celle 
..  besongne.  »  (Percef.  Vol.  111,  fol.  66.) 

2°  Se  tenir  coy,  en  parlant  d'argent,  signifioil  ne 
pas  circuler.  «  Maudit  soit  l'argent  qui  se  tient 
»  ainsi  coy.  «  (Vie  de  Duguescl.  par  Mén.  p.  456.) 

3°  Attendre  de  pied  coy,  c'est-à-dire  de  pied 
ferme,  sans  remuer.  (Pasq.  Leltr.  p.  456.) 

4"  En  coy,  en  silence,  sans  bruit.  «  La  parole 
«  finée,  et  le  conseil  déterminé,  alla  le  duc  de 
"  Bourbon  en  son  costé,  le  conétable  au  sien,  et 
«  comme  en  î/w  coy  s'entendissent  (i),  commença 
>'  l'assaut.  »  (Hist.  de  Loys  III,  duc  de  Bourbon, 
page  37  ) 

5°  .4  coy,  paisiblement,  tranquillemenl.  (Lett.  de 
Pasq.  T.  ill,  p.  ii39.) 

On  dit  en  un  proverbe  : 

Et  si  l'accorde  drois, 

Cuiseouse  est  moult  nuiseuse,  et  ce  dit  li  Englois, 
Que  poi  vaut  sans  repus,  ne  avoir  enfouis. 
Donc  qui  set  le  bien,  ne  doit  mie  estre  cois. 

Notice  des  vœux  do  Paon,  fol.  140. 

VARIANTES   (5)  : 
COI.  Du  Gange,  au  mot  Coëtus. 
Coy.  Orth.  subsistante. 
Cois.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218.  fol.  354,  V*. 
Quoi.  Adans  li  Docus,  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  VI,  p.  1380. 
QuoY.  Oudin,  Dict. 
CuOY.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  298,  V». 


(1)  Les  enfants,  dans  l'Ouest,  chantent  :  «  Je  suis  allé  à  la  cohue,  J'ai  acheté  queue  de  morue.  »  (N.  E.) 

(2)  Voir  plus  haut  ce  mot.  (n.  e.) 

(3)  Henschel.  II,  4-22,  col.  1.  (N.  E.) 

(4)  M.  Chazaud  édite  (p.  32)  ;  «  Et  comme  à  ung  cri  s'entendissent...  »  (N.  e.) 
(51  Dans  Roland  (v.  37'J7)  quci.  (N.  E.) 


co 


87  — 


CO 


QoY.  Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  I,  p.  2')0. 

CouAY.  Percef.  Vol.  II,  fol.  67,  V»  col.  1. 

CoiE,  fém.  Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  IV.  p.  1339. 

CoYE,  fcin.  Juvén.  dês  Ursins,  Hist.  de  Charles  VI,  p.  161. 

QuoYE,  frtn.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol,  131,  col.  2. 

CoisE,  fém.  Fabl.  MSS.  du  R.  n«  7989,  fol.  48,  V»  col.  2. 

Coi,  adverbe.  Quoi.  (Voyez  Duchesne,  Hén.  de 
Béthune,  p.  1G4.J  On  lit  de  coi,  pour  de  quoi,  dont, 
dans  les  Poës.  .mss.  av.  1300,  T.  IV,  p.  13C0.  Por  coi, 
signilie  pourquoi,  dans  les  Ord.  T.  1,  p.  7G3. 

Co/,dans  le  passage  suivant,  n'a  rien  de  commun 
avec  coi  adjectif  ou  adverbe.  Ce  sont  deux  mots 
réunis  ce  oi,  cela  entendu,  comme  je  l'ai  entendu. 

Pieres  li  Pisans  coi  retraire. 
Cil  li  apprit  l'art  de  gramaire. 

Ph.  Mouskes.  XIS.  p.  82. 

Coians.  Peut-être  ce  mot  est-il  participe  d'un 
verbe,  comme  coier  qu'on  pourroit  regarder  comme 
une  orthographe  de  coiier,  formé  de  l'adjectif  coi 
ci-dessus"?  Alors  é'/re  co?a«s  signilieroit  rester  coi, 
sans  mouvement,  ou  sans  rien  dire.  Voici  le  pas- 
sage oij  nous  trouvons  ce  mot;  il  s'agit  d'un  mari 
qui,  à  son  retour  de  la  campagne,  trouve  chez  lui  le 
cheval  de  l'amant  de  sa  femme  : 

La  dame  destroint  et  angoisse 
Et  dist  :  daine  qui  est  coians 
Il  a  un  palefroi  céans. 

Fal>l.  MSS.  du  R.  n'  7&15,  T.  II,  fol.  149,  V-  col.  1. 

Coiclies.  [Intercalez  Coiches,  broussailles  au 
Roman  du  Renart,  v.  19788  : 

Firent  un  grant  essart  ensanble, 
Brichemer  as  cornes  agues 
En  a  les  coiclics  esméues. 
Et  Ysengrin  as  forg  eschinem 
En  a  gité  les  coiches  hors.]  (.\.  E.) 

Coiement,  adverbe.  Doucement,  sans  bruit. 
Quoyemenl,  dans  S'  Bernard,  répond  à  ladv.  latin 
clandestine.  (Voy.  (iloss.  du  P.  Martene,  Borel, 
Cotgrave  et  Oudin,  Dict.)  ■  Li  sergent  quierent  les 
'<  malfaiteurs  des  forez,  le  plus  coiement  que  il 
»  pevent.  ••  (Ord.  T.  I,  p.  710.  i  -  Lors  Saintré  se 
"  paît,  et  après  luy,  madame  tout  coyernent  ferma 
"  la  porte.  »  (P. .).  de  Saintré,  p.  133."^ 

Qui  peut,  à  un  trépas, 
Une  fois  seul  a  li  parler, 
Trestout  coiement,  ou  en  bas. 
Ou  gésir  entre  ses  deux  bras,  etc. 

Pois.  MSS.  avant  1300,  T.  IV,  p.  U39. 

V.4R1ANTES  : 
COIEMENT.  Ord.  T.  I,  p.  710.  -   Villehard.  p.  126. 
COYEMENT.  P.  J.  de  Saintré,  p.  !3:!. 
Coi. MENT. 

CoYMENT.  Faifeu,  p.  40  et  51. 
QuoYEMENT.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  3.jI. 
CuoiEMENT.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  84,  V». 

Coife,  subst.  fém.  Couverture  de  tète,  bonnet*., 
Armure^.  Membrane'^.  Coup  sur  la  tète".  La  tète, 
le  visage^  (1). 

Nous  disons  encore  coiffe  et  coejfe,  pour  désigner 


quelques-unes  des  choses  qui  servent  à  couvrir  la 
tête. 

*  Autrefois,  ce  mot  désignoit  souvent  un  bonnet 
de  nuit.  Dans  les  Contes  de  la  Reine  de  Navarre, 
T.  Il,  p.  '286,  en  parlant  d'un  homme  qu'on  soupçon- 
noit  d'être  prêtre,  on  dit  :  «  .\insi  qu'il  sera  dans 
«  le  lit,  vous  lui  arracherez  sa  coé/J'e,  et  nous  ver- 
«  rons  s'il  a  telle  couronne  que  celui  qui  a  dit  la 
«  messe.  "  11  semble  pris  pour  un  ornement  de 
tête,  dans  l'inventaire  des  joyaux  et  meubles  de 
Charles  V,  à  la  suite  de  son  Hist.  par  Choisy,  p.  55'i. 

°Plus  ordinairement  ce  mol  coeffe,  avec  ses 
diverses  orthographes,  est  pris  pour  ai'mure  de 
tête,  calotte  de  fer,  capuchon  de  maille  qui  lenoit 
au  haubert(2j.  (Du  Gange,  au  mot  Coifa  sous, Cuphi a.) 

L'un,  en  allant,  so  coife  lace. 
L'autre  met  son  hyaume  en  teste. 

G.  GuLirl,  MS.  fol.  357,  V. 

-  Cerard  tira  l'espée  hors  du  fourrel,  si  assena 
«  celui  sur  la  coeffe  d'acier  iing  cop  si  grant,  que 
«  une  oreille,  et  la  moitié  du  menton  luy  abbalit 
"  sur  la  poitrine.  »  (Gérard  de  Nevers,  2'  P.  p.  6.) 

Grant  cop  li  done,  en  l'eaume  agu. 
Jusqu'à  la  coife  l'a  fendu. 

Floire  el  ISlancliellnr.  MS.  de  S.  G.  fol.  197,  R-  col.  I  el  2. 

Il  tint  l'espée  tote  nue, 
Vait  le  ferir,  moult  s'esvertue  : 
Amont  et  heaume  qui  llamboie 
.Jusqu'à  la  coive  li  envoie. 

Ibid.  fol.  197.  R-  col.  2. 

.  El  fut  l'atteinte  si  grande  que  la  dicte  coijfe  fut 
«  enfoncée  jusques  a  la  teste,  et  si  le  coup  fut  des- 
>■  cendu  aussi  bien  qu'il  monta  ,  certainement 
"  l'escuycr  eust  eu  la  teste  faussée  (enfoncée)  m;tis 
«  la  pointe  glissa  en  amont.  »  (Mém.  d'Ol.  de  La 
Marche,  liv.  1,  p.  3!2'2.)  «  Et  luy  transporta  son  coup 
«  tellement  qui  le  ferit  sur  le  chappel  :  le  coup 
•<  descendit  dessoubz  sa  coiijfe,  et  luy  faict  maintes 
«  mailles  entrer  au  col,  et  la  teste.  »  (Lancelot  du 
Lac,  T.  I,  fol.  20.) 

Le  heaume  fendi,  et  quassa  : 
La  coiffe  du  haubert  caussa. 

Rom.  de  Brul,  MS.  fol.  9",  F,'  col.  1. 

'^En  généralisant  l'acception  particulière  de  ce 
mot,  pris  pour  couverture  de  têle,  coiffe  a  pu  signi- 
fier couverture  en  général  ;  c'est  de  là  que  l'on  s'en 
est  servi  pour  désigner  une  membrane  fjui  couvre 
les  boyaux  du  cerfrElle  étoit  distinguée  de  Ucoelfe 
de  ijresse,  que  l'on  nomme  en  termes  d'anatoinie 
membrane  graisseuse.  "  Oste  une  coi/fe  de  gressc, 
•  quiestappcllée  fouUie,  et  l'oste  avec  l'autre  gresse 
»  que  tu  troiiverasesljouiaux,si  les  mesle.  »  (Modus 
et  Racio,  ms.  fol.  "-I-l,  \°.) 

°0n  a  dit  quelquefois  eoifj\',  pour  coup  sur  hi 
tête,  dans  le  même  sens  que  le  mot  vulgaire  taloche. 

Test  ont  un  homme  esbahy. 
Et  donné  coiffe,  ou  bulïel  (3). 

Poi-s.  MSS.  d'Eust.  Desch.  fol.  210,  col.  4. 


(1)  Coiffe  devait  aussi  désigner  une  sorte  de  peignoir  :  «  Il  m'ala  maintenant  querre  voifes  blanches,  et  me  pingna   moût 
bien.  »  (joinv.,  §  408.)  L'expression  coiffe  à  picjner  se  retrouve  souvent  aux  Comptes  de  l'Argenterie,  au   XIV  siècle,  (n.   e.) 

(2)  Cette  coiffe  se  relevait  au  moment  du  combat,  et  le  heaume  se  laçait  par-dessus.  On  Ut  déjà  dans   Roland   (v.   3436)  : 
«  Trenchet  la  coife  entres  que  la  char.  »  (N.  E.) 

(3)  On  lit  au  reg.  JJ.  lli,  p.  93,  an.  1378:  «  Les  assistans  dirent  que  ledit  Jehan  gaignoit  bien   à   avoir  deux   bulTes   ou 
coiffes.  »  (N.  E.) 


co 


—  88 


CO 


(Voyez  CoïKFnx  et  Coiffai.  ci-après.1 

^v'o.'/A'-'Ctnble  mis  pour  la  tôle  inème,  le  visno-e, 
dans  le  passng-e  suivant  :  «  i,e  roy  Charles  V.  ayant 
»  été  dans  la  chambre  de  l'empereur,  qui  étoil  venu 
«  luy  rendre  visite  fi  Pai'is,  osta  tout  arrière  jus 
«  (à'basison  chaperon,  et  ditqiiil  le  venoit  veoir,  et 
"  lui  montrer  sa  coiHe  (lique  encores  n'avoil  point 
»  veue.  »  Chi'on.  Fr.  ms.  de  Nangis,  sons  Fan  1377.) 
On  a  dit  coiffe  au  cul,  pour  cuio'lle,  dans  les  Fabl. 
jiss.  du  Roy,  n°  7-218,  fol  C8.  R"col.  I. 

Co/fj'cs  (il'  Compigne  ('2)  est  un  des  pi'overbes  à  la 
suite  des  Poës.  fi-.  mss,  av.  1300,  T.  IV,  p.  1G52. 

VAHIANTES  : 
COIFE.  Floire  et  Blancti.  MS.  de  S.  G.  f»  157,  R«. 
COEFFE.  Froissart,  liv.  III,  p.  3ri3. 
Coiffe.  Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  97,  R"  col.  1. 
CoiVE.  Floire  et  Blanchefl.  Ibid. 
CouEFFE.  Perceforest.  Ibid. 
CoVFFE.  Bertr.  du  Guescl.  par  Ménard,  p.  237. 
Cl'iffe.  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  IV,  p.  1366. 

Coiffer,  verbe.  Ce  mot  subsiste  et  s'écrit  coiffer. 
On  disoit  autref  lis  ; 

1°  Coiffé  de  fil  d'or,  couvert  de  fil  d'or.  «  Pardessus 
"  icelle  bieire.  y  avoil  un  grand  ciel  de  veloux 
"  noir,  enrichi  de  gros  cordons  d"or,  frangé  de  soye 
"  noire,  coiffée  de  fil  d'or.  »  (Mém.  de  Du  Bellay, 
T.  VI,  p.  KVi.) 

-•  Coëff'er  quelqu'un,  pour  le  battre  sur  la  tète  (3). 
(Dict.  de  Borel,  au  mot  Horion.) 

3"  Coiffer  une  table,  la  couvrir,  l,i  servir.  ^  Icy, 
«  messieurs, di-je,  ce  sera  s'il  vous  plaist  le  plandite 
<■  (pour  fin, conclusion):  c'est  assez  pour  unelraitte 
»  d'avoir  fait  une  si  longue  course,  i.a  table  est 
«  deJa  coeff'ée.  »  iContos  de  Cholières,  fol.  CO  ) 

4"  Coelfer  un  marij  de  ses  braies,  pour  le  maîtri- 
ser, le  subjuguer.  «  Les  hommes  sages,  et  bien 
<■  avisez  doivent  tenir  leurs  femmes  eîi  crainte,  et 
«  ne  souffrir  «lu'elles  les  coeffent  de  leurs  brayes.  » 
;  Nuits  de  Strapar.  T.  II,  p.  367.) 

~y  Se  coueffer  devin,  pour  s'enivrer.  (Mém.  de 
Montluc,  T.  I,  p.  (190.)  On  dit  encore,  en  Anjou,  en 
parlant  d'une  femme  qui  s'enivre,  i\u'elle  se  coiffe 
sans  épingle. 

VARIANTES  : 
COIFFER.  Oudin,  Dict. 

Cf"""'FH.  Nicot,  Dict. 

CouEFFER.  Mém.  de  Montluc,  T.  I,  p.  6%. 

Coiffette,  subst.  fém.  Petite  coiffe.  Diminutif 
de  coife  ci-dessus.  La  coiffetle  d'acier  étoil  une 
armure  de  tète.  [Un  Gange,  au  mol  Coplia.)  »  11  avoil 
"  escrit  au  concierge  qu'il  luy  acheplasl  des  armeu- 
■■  res,  colles  de  fer,  gantelets,  coiffettes  d'acier,  et 


'■  telles  choses  pour  armer  quarante  bons  conipai- 
«  gnons.  »  (Froissart,  liv.  IV,  p.  140.) 

Coiifieres.  [lulercalez  Coiffieres,  fabricant  de 
coiffes  de  toile:  «  Des  estaux  de  coiffieres,  uns 
"  cbascuu  paiera  .ni.  deniers.  »  (Péages  de  Dijon, 
Du  Gange,  422,  col.  2.)]  (n.  e.) 

Coigean,  subst.  musc  Tas,  monceau.  Du  latin 
colligere.  ramasser.  «  Les  paysans  laboureurs  de 
"  chacun  lieu  seront  tfnus.  et  chacun  d'eux  faire 
"  leurs  jaibes  égales,  lier,  et  mettre  en  diseaux  (4), 
«  ou  coiseanx  aussy  égaux  ,  et  d'une  même  sorte, 
<■  partout  le  champ."  »  (Goût,  de  Hainaul,  an  Nouv. 
Goût.  Gén.  T.  Il,  p.  ÔO.) 

VARIANTES  : 
COIGEA.U.  Ccut.  de  S.  Paul.;  N.  Coul.  Gén.  T.  II,  p.  362. 
CoitfEAU.  Cout.  de  Hainaut  ;  Ibid.  p.  50  et  51. 

Coigiiée,  subst.  fém.  Ce  mol  subsiste  sous  cette 
orthographe.  Nous  indiquerons  les  autres  (5).  An- 
ciennement la  coingnie  étoil  une  arme  offensive. 

Les  godendarz,  et  les  coii)gnies  (6) 
Metent  a  mort  es  herbsriages, 
Chevaliers,  escuiers,  et  pages. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  251,  R*. 

Hemarquons  cette  ancienne  expression  :  Fait  à 
une  coignée,  comme  nous  disons  fait  à  coup  de  serpe. 

Qui  regarde  bien  vo  phillosomie 
Et  vo  geiit  corps,  fait  a  une  coignée. 
De  tout  amour,  et  damer  s'entroublie. 
Car  plus  l.iide  ne  fut  de  mère  née. 

Po^'S.  MSS.  d'Eiisl   Desch.  fol.  32'.1,  col.  i. 

Nous  observerons  aussi  que  Rabelais  emploie  ce 
mot,  en  un  sens  obscène,  T.  IV,  Nouv.  Prolog, 
p.  44,  et  qu'il  écrit  coingnée. 

VAHIANTE-^   (7)  : 
COIGNÉE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  329,  col.  4. 
Coingnée.  Rabelais,  T.  IV,  prol.  p.  44. 
CoNGNÉE.  Joinville,  p.  76. 
Coingnie.  G.  Guiart,  MS.  fol.  219,  R°. 

Coigner,  verbe.  Sceller*.  Frapper  une  mon- 
noie^.  Rencoigner '^.  Terme  obscène". 

Je  ne  parle  point  des  aulres  acceptions  de  ce  mol, 
telles  ([ue  ballre,  heurter,  que  ce  mot  a  conservées, 
*mais  on  ne  lui  donne  plus  comme  autrefois  la 
signihcation  de  sceller.  On  disoit  en  ce  sens  : 
«  Et  le  privilège  qui  en  sera  fait  doit  eslre  ceigne 
«  des  coins  du  Seigneur.  »  (Assises  de  Jérusalem, 
p.  137.) 

''  C'est  a  peu  près  dans  le  même  sens  qu'on 
disoit  coignicr  les  rnonnoyes  (8),  pour  les  frapper,  y 
appliquer  le  coin.  (Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  I,  p.  389, 
an.  1303.) 


(1)  Il  est  question  en  ce  passage  de  coiffes  semblables  à  des  béguins  d'enfants,  en  toile  pour  les  bonnes  gens,  en  linon  ou 
en  gaze  pour  les  élégants  ;  des  pattes  les  attachaient  sous  le  menton.  Leur  plus  beau  moment  tut  sous  le  règne  de 
Philippe-le-Bel.  (N.  E.) 

(2)  C'est-à-dire  de  Corapiégne.  (Dit.  de  IWpostoile,  xiir  siècle.)  D'après  Crapelet  (Prov.  et  Dictons  populaires,  p.  100), 
elles  étaient  en  dentelle  noire  ;  les  paysans  du  'Vexin  normand  en  font  encore  de  semblables,  (n.  e.) 

(3)  Voir  coiffe  D.  (N.  E.) 

(4)  Dizoau.x  se  dit  d'un  tas  de  dix  gerbes  ;  iiiiseni'  doit  être  aus«i  un  nom  de  nombre.  (N.  E.) 

(5)  La  cofivêe  se  disait  aussi  la  clef  le  i-ni.  Voir  plus  haut  cette  expression  employée  oar  Joinville.  (n.  e.) 

(6)  C'est  "la  forme  dans  Froissart  (XIII,  68-71).  (N.  E.) 

(7)  Le  mot  est  dans  Roland  (v.  SUlî?,)  sous  la  forme  cuign.'-es.  (n.  e.) 

(8)  Et  desores  nous  aions  commandé  à  battre,  potfyiiî'rr  et  faii-e  hastivement  et  conlinueletnent  les  noz  dites  monnoies 
bonnes  et  anciennes.  »  (N.  e.^ 


co 


-  89 


CO 


•^On  disoil,  dans  un  aulre  sens,  coignrr,  pour 
rencoigner.  «  Qui  fut  bien  aise''  Ce  fut  André  Doria 
«  lequel  l'ayant  la  acculié  et  coigiié  qu'il  n'en  pou- 
.<  voit  jamais  sortir,  sans  sa  miséricorde,  veu  qu'il 
u  n'y  avoit  nulle  porte  derrière,  etc.  »  (Brant.  Cap. 
Estrang.  T.  II,  p.  67.) 

°  Le  mol  congner  a  été  employé  en  sens  obscène 
par  Eust.  Descham|is.  Cet  auteur  s'en  est  servi 
substantivement,  selon  le  génie  de  notre  langue 
qui  emploie  quelquefois  substantivement  les  infi- 
nitifs des  verbes  ;  Minsi,  cet  ancien  poêle  a  dit  le 
congner.  (Poës.  us.  fol.  4G0,  col.  2.) 

Remarquons  cette  expression  :  Se  coingner  en 
mer,  pour  se  mettre  en  mer. 

Li  marignier  en  yner  se  cMngnent, 
Voiles  di'Pciees,  terre  esloingnent. 

G.  Guiarl.iMS.  fol.  22;!,  I\-  (1). 

VAlilAMES  : 

COIGNER.  .\ssises  de  .lénis.  p.  137,  ch.  -192. 
CoiGNiER.  Ord.  T.  I,  p.  389. 

CONGNER.  Eust.  Desch.  Poës.  MS.  fol.  460,  col.  3. 
Coingner.  G.  Guiart,  MS.  fol.  223,  R'. 

Coifliieus,  adj.  On  a  dit  maillet  coigneus. 
(Epith  de  M.  de  La  Porte.) 

Coignier,  subst.  masc.  Coignassier.  Espèce 
d'arbre.  (Dict.  de  Cotgrave  et  de  Monet.)  (2) 

Coilart,  adj.  Dissimulé,  taciturne.  Du  verbe 
Con.ER  ci-après. 

Bien  savez  fere  le  coilart. 
Le  béguin,  et  le  papelart. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7218,  fol.  200,  R-  col,  2. 

A  un  cuer  plain  de  veulie, 

Pour  mains  de  mal  q'en  un  coilart  m'a  poi. 

Po.'s.  MSS.  Valicin.  n'  «90.  fol.  179,  V-. 


VARIANTES  : 
COIL.^RT.  Poës.  MSS.  Vat.  n»  1490,  fol.  179, 
CoiLL.\RT.  Rom.  de  Gérard  et  Guy. 


V°. 


Coller,  verbe.  Celer,  cacher,  taire.  On  peut 
dériver  plusieurs  orthographes  de  ce  verbe,  comme 
coller,  etc.,  du  mol  coi,  secret.  Les  autres,  comme 
citeler,  etc.,  semblent  venir  du  latin  celarc.  On  a 
dit,  au  figuré  : 

Se  ge  1'  vos  di,  ne  1'  tenés  à  outrage. 

Se  ge  r  vos  coil  (3),  g'i  cuit  avoir  domage. 

Rob.  .Mauvoisin,  T.  II,  p.  72i. 

On  lit,  au  sujet  de  Hue  de  Bove,  fuyant  à  la 
bataille  de  Bovines  : 

Et  quant  il  a  veut  l'enspgne 

S'  Denis,  as  Flamens  l'ensegnp, 

Sa  grand  paour  point  ne  leur  coile  (4). 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  580. 

«  .Je  ne  le  choile  que  pour  sauver  leur  honneur.  » 
(Monslrel.  Vol.  III,  fol.  î)9.) 

Ne  tout  ne  coil  mon  cuer,  ne  tout  ne  1'  di. 

Ropor  d'AnJelis,  Poos.  MSS.  av  laOO.  T.  III.  p.  12H;. 


Dans  le  sens  propre,  on  disolt  se  coueiller,  pour 
se  tenir  coi,  se  cacher,  se  blottir,  se  tapir. 

En  tiere  rouge  .se  concilie. 
Le  mort  fit,  et  la  sorde  oreille. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  325,  R-  col.  1.  • 

CONJUGAISON  : 

Cnloi,  subj.  prés.  Je  cèle.  (Poës.  mss.  avant  1300, 
T.  II,  p.  893.) 

VARIANTES  : 
COILER.  Rob  Mauvoisin,  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  I,  p.  124. 
CoiLLER.  Merlin  Cocaie. 

Coueiller.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  2a5.  R»  col.  2. 
Choiler.  Monstrelet,  Vol.  III,  fol.  99,  V». 
Choiller.  Trad.  de  Boëce,  par  J.  de  Meung. 
Cheler.  Poës.  MSS.  du  Vat.  n»  1490,  fol.  93,  V». 
Ceiller.  .\nc.  Coût.  d'Orl.  à  la  s.  de  Beauman.  p.  469  (5). 
Seler. 

Coilivei',  verbe.  Cultiver.  «  Nuls  agines  nine 
«  acham  (on  lit  plus  bas  à  Gimeigni,  à  Chaan)  mos- 
<<  tonage  ne  fretinage  ne  vende,  s'il  ne  eoilive  (6) 
«  nostre  terre.  »  (Auc.  Coût,  d'Orléans,  à  la  suite 
de  Beaumanoir,  p.  466.) 

Coillage.  [Intercalez  Coillage,  don  fait  par  le 
nouveau  marié  à  ses  compagnons  pour  passer 
tranquille  la  première  nuit  de  noces:  «  Lesquelzse 
"  partirent  touz  ensemble  du  lieu  de  la  Grève 
«  après  heure  de  cuevrefeu,  pour  venir  au  lieu  de 
«  Monslierender  en  espérance  de  alcr  demander  à 
"  Jehan  Thibaut  vigneron  son  coillage,  pour  ce 
«  que  ce  jour  il  avait  espousé  une  fille  diidit  lieu 
«  de  la  Grève...  Lequel  Jehan  Thibaut  ne  leur  voull 
«  donner  aucune  chose,  fors...  que  son  pain  et  de 
«  son  vin  et  des  biens  de  son  hostel.  »  (JJ.  149, 
p.  245,  an.  1396.)  Au  reg.  JJ.  108,  p.  172,  an.  1375, 
on  lit  :  »  Comme  en  la  ville  de  Jallon  sur  Marne  et 
«  on  pais  d'environ  ,  il  soit  accoustumé  et  de 
«  long  temps,  que  un  chascun  varlet,  mais  qu'il 
«  ne  soit  clerc  ou  nobles,  quant  il  se  marie  soit 
«  tenuz  de  i)aier  aus  autres  compaignons  et  variez 
«  à  marier  son  becjaune ,  appelle  oudit  pais 
«  conllage.  "]  (n.  e.) 

Coillut.  [Intercalez  Co///i(/,  animal  entier  :  <  A 
•'  Marech  si  a  li  cueus...  de  chascun  hostel,  oîi  il 
"  aroit  nourechon  de  brebis,  un  mouton  cornul  u 
«  coillut  de  ceste  meisme  noureynu.  "  (Chambre 
des  Comptes  de  Lille,  1265.)]  (n.  e.) 

Coin,  subsl.  masc.  Sceau*.  Poin(;on  de  mon- 
noie^.  Semence'^.  Race°.  Extrémité^.  Chignon''. 
Coin  à  fendre  du  bois  °.  Ouaitier".  Ce  mot  subsiste 
sous  cette  orthographe;  mais  le  nombre  de  ses 
acceptions  a  considéiablement  diminué. 

*  Ce  mot  signifioit  autrefois  le  sceau  des  sei- 
gneurs. Il  est  souvent  mention,  dans  les  Assis,  de 
Jérusalem,  de  seigneurs  ([ui  ont  ■•  cours  et  coins  et 


(1)  Vers  4161  (13147)  de  l'édition,  (n.  e.) 

(2)  1  Les  supptians  furent  darriere  l'esglise  de  S.  Victeur,  où  il  avoit  des  coignlers,  prindrent  certaine  quantité  de  coings.  » 
(.?J.  16i,  p.  57,  an.  1409.)  En  P.erry,  on  dit  encore  couignier.  (n.  e.) 

(3)  On  lit  aussi  dans  Couci  (VU)  :  «  Ne  tout  ne  coil  mon  cuer,  ne  sont  ne  1'  di.  »  (N.  E.) 

Ci)  Cette  forme  se  retrouve  au  v.  3(115  de  Flore  et  Blanchetleur  :  «  Mais  que  Floires  ne  1'  coile  mie,  Que  tôt  son  engien   ne 
lui  die.  »  (N.  E.) 
(5)  On  Ut  aux  Rois  (170)  :  «  Respundi  li  reis  :  ne  me  celle  pas  ço  que  je  te  demanderai.  »  (n.  e.) 
(fi)  C'est  un  dérivé  de  colère,  (n.  e.) 

IV.  12 


co 


—  90  — 


co 


«•  juslice(l)  »,c'est-;Vdireledroit  d'avoirsceau,oule 
droit  de  battre  iiioiuioie.  La  première  explication, 
qui  pareil  à  La  Tliaumassière  plus  vraisemblable 
([ue  la  seconde,  est  justiliée  parle  passage  suivant: 
«  Le  privilège  qui  en  sera  fait,  doit  être  coigné  des 
«  coi)is  dou  seignor.  »  (Voyez  Noies  el  Observ.  sur 
les  Assis,  de  Jérus.  p.  240.) 

On  a  dit  au  llguré,  pour  exprimer  je  suis  au 
comble  de  mes  maux  : 

Là  sui  où  li  maus  met  li  cohiy. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n- 7615,  T.  II,/ol.  131,  V- col.  1. 

°  Ou  prenoil  coing  el  quinq  pour  le  poinçon 
des  monnoies  ;  nous  nous  servons  encore  de  ce 
mot  en  ce  sens.  Je  ne  le  rapporte  qu'à  cause  de  la 
varialion  de  l'orlliographe  : 

Li  faus  deniers 

Qu'on  ne  puet  ou  trabuchet  verser, 

Ainz  le  giete  on  sanz  coing  et  sanz  balance. 

Thicb.  de  Navarre,  Poês.  MSS.  av.  r.iOO,  T.  I,  p.  U2. 

Dans  cette  même  pièce,  parmi  les  Chans.  mss.  du 
C"  Tliibaul,  p.  lii,  on  lit  quinq  au  lieu  de  coitig. 

*=  On  a  dit  coin  pour  semence,  coin  de  chenille, 
de  poisson,  etc.  (Cellell.  de  L.  Trippault.) 

°  De  là,  sans  doute,  on  a  employé  le  mol  coing 
pour  signifier  race,  lignage  : 

Puisque  baras  règne  entre  ceulx 
Qui  sont  d'un  coing,  et  venus  d'un, 
Soient  clercs,  ou  chevaleureux.  etc. 

Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  Mi,  col.  3. 

^  Coin  signifie  encore  quehiuefois  extrémité  ;  en 
ce  sens,  on  disoit  le  coin  du  heauline,  dans  Lanc. 
du  Lac,  T.  L  fol.  111.  «  Paroissoit  ainsi  parmi  toute 
«  labatailleleco/«g'desonheaulme(-2)  »,  c'est-à-dire 
le  sommet  de  son  heaume.  On  a  dit,  dans  ce  même 
sens,  le  coing  de  taille,  pour  l'encoignure  d'un 
mur.  (Grand.  Coût,  de  Fr.  p.  255.) 

■^  Mais  nous  n'osons  assurer  que  ce  soit  comme 
extrémité  du  col  qu'on  ait  dit  coing,  pour  cfiignon. 
«  Le  prit  aux  cheveux  et  au  coing.  »  (Lanc.  du  Lac, 
T.  III,  fol.  55.)  Peut-être  coing  (3)  n'est-il  ici  qu'une 
corruption  ou  une  contraction  du  mot  chignon. 

°  "  ,1e  ne  rappellerai  les  significations  subsistantes 
de  coin,  à  fendre  du  bois  et  de  coin-  [A),  quartier,  que 
pour  marquer  que  JNicot  et  Oudin  écrivent  cnin, 
dans  la  première  de  ces  deux  acceptions,  et  que 
dans  la  seconde,  on  trouve  cuing,  dans  le  Rec.  des 
Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  IV,  p.  1359. 

VARIANTES  : 
COIN.  Orth.  subsistante. 
CoiNT.  Borel,  Dict. 

Coing.  Thiéb.  de  Nav.  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  1,  p.  142. 
CoiG.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  T.  II,  fol.  130,  V»  col.  1. 
CuiN  .Oudin,  Nicot,  Dict. 
Cuing.  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  IV,  p.  1359. 

QUING. 

Quinq.  Thib.  Chans.  MS.  p.  316  et  317. 


Coincidance.  suhst.  féni.  Agrément,  beauté, 
charme.  On  lit,  en  parlant  du  chant  royal,  propre  à 
célébrer  les  sujets  héroïques  : 

L'on  peut  noter  que  pour  faire  cronique, 
Ou  pour  avoir  autre  forme  héroïque, 
Ou  d'oraison  bonne  convénience. 
Geste  forme  a  très  grant  coincidunce. 

Fabri.  Art.  de  Rhcl.  liv.  Il,  fol.  4U,  R'. 

Coine,  subst.  masc.  Nom  de  ville.  Autrefois 
Iconium,  aujourd'hui  Cogni  (5). 

.  .  .  Li  soudans  de  P.abilone, 
Et  l'amiraus  ki  tint  li  Cune. 

PL.  Mouskes,  MS.  p.  "08. 

VARIANTES  : 
COINE.  Clanch.  MSS.  de  S.  G.  fol.  185,  R»  col.  2. 
CoNE.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  708. 

Coingnet,  subst.  masc.  Diminutif  de  coin.  On 
a  dit:  en  un  certain  coingnet  {iJ),  pour  en  un  certain 
petit  coin.  (Rabelais,  T.  IV,  p.  211  i  Quennigncii  est 
une  faute  pour  quingnet,  dans  le  Journal  de  Paris 
sous  Charles  VI  et  YII,  p.  4i. 

VARIANTRS  : 
COINGNET.  Chron.  S'  Denis,  T.  I,  p.  171. 
QuiGNET.  Roger  de  Collerye,  p,  45. 
QuiNGNET.  Chasse  et  Départie  d'amours,  p.  41,  col.  1. 
QuEMUGNEz.  Journal  de  Paris,  sous  Ch.  VI  et  "VU,  p.  4i. 

Coint,  adj.  Beau,  joli*.  Galant^.  Aleste  "=. 
Entreprenant".  Content  de  soi.^.  Ajusté  "".  Voyez 
la  plupart  des  dictionnaires  que  nous  citons  oïdi- 
nairement  :  Gloss.  lat.  de  Du  Gange,  au  mot  Coin- 
tises,co\.  747(7);  Gloss.  de  Marot  eldel'Hisl.  de  Bret. 
Dans  ce  dernier,  on  dérive  le  mot  coint  du  breton 
coen,  qui  signifie  beau,  mais  coen,  comme  coi]it  et 
ses  orthographes  viennent  du  latin  complus.  (Fal- 
connet.) 

*  On  a  dit,  au  premier  sens  de  beau,  joli  : 

Si  suis  coint,  et  jolis. 

Poes.  MSS.  av.  1300,  T.  IV,  p.  1510. 

Cil  oiselon  coinle,  et  gai. 

Ibld.  page  1481. 

Cointes  semblans,  pour  beaux  semblans.  CThib. 
de  Navarre,  Poës.  mss.  avant  1300,  T.  I,  p.  00.) 

Nous  trouvons  sa  cointe  employé  substantive- 
ment, dans  le  sens  où  nous  dirions  sa  belle,  sa 
maîtresse.  «  Vindrent  à  César  lettres  de  par  la 
"  royne  Cleopatra  sa  cointe.  «  (Tri.  des  IX  Preux, 
p.  381.) 

^  Ce  mot  est  quelquefois  pris  pour  galant,  en 
parlant  soit  des  personnes,  soit  des  choses.  Perce- 
foiesl.  Vol.  IV,  fol.  56,  dit:  «  Pour  se  tenir  coi«/, 
«  joyeulx,  el  gay.  «  Et  en  parlant  d'un  manteau. 
»  d'un  samit  (étoffe  de  soie)  de  fieurs  semencées 
"  (parfumée)  d'oyselets,  etc.  »,  il  dit  «  que  oncques 
«  n'en  eut  de  plus  coint.  »  (Vol.  I,  fol.  148.)  De  là. 


(1)  «  Et  il  et  les  autres  seignors  et  roys  dou  roiaume,  qui  après  lui  furent ,  donnèrent  à   aucuns   haus  homes  el  dit 
roiaume,  baronies,  seignories,  cours  et  coins  et  justise.  »  (Assis,  de  Jérusalem,  I,  24.)  (n.  e.) 

(2)  Au  v.  828  de  Gérard  de  Vienne  :  «  Le  coiiuj  dou  hiaume  en  terre  li  feri.  »  (N.  E.) 

(3)  A.U  xvii"  siècle,  on  appela  coins,  les  faux  cheveux  qu'on  ajoutait  sur  les  côtés  de  la  tête.  (n.  e.") 

(4)  «  Deux  coins  de  chiesne  toz  entiers  Y  avoit  mis  U  forestiers.  »  (Renart,  v.  10288.)  On   a  aussi  le  diminutif  coinr/net 
au  V.  22050.  (N.  e.) 

(5)  Ou  plutôt  Konieh.  fN.  E.) 

(6)  On  lit  dans  Renart  "(22056)  :  «  Ne  coingnet  nul  à  reverchier,  Que  li  gorpiz  ni  fust  cachiez.  »  (n.  e.) 

(7)  Voyez  aussi  consutitii.  (N.  E.) 


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cette  expression  coint  de  parler,  pour  galant  dans 
le  propos,  élégant. 

Langue  tant  soit  de  parler  cointe, 
Ne  vous  diroit  raie  denrée, 
De  la  biauté  que  celés  ont. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol  58,  R'  col.  2. 

•^Ce  mot  est  mis  pour  alerte  dans  ce  passage  :  «  Il 
«  n'y  a  si  coincl  qui  ne  doive  eslre  plus  d'une  fois 
«  démonté.  »  (Percef.  Vol.  II,  fol.  126.)  »  Au  plus 
"  coinct  alloit  le  cueur  faillant  de  chault,  et  de 
«  travail.  »  (Ibid.) 

°  Cointe  signifie  entreprenant,  dans  la  plainte 
que  fait  une  dame  d'un  jeune  écuyer  qui  lui  avoit 
fait  des  propositions  d'amour  : 

Il  est  trop  cointe  devenuz. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  C2,  R"  col.  2. 

^  Il  signifie  content  de  soi,  dans  l'Hist.  de  S"  Léo- 
cade  (ms.  de  S.  G.  fol.  (j'i).  En  parlant  des  gens 
d'église  sortis  de  la  lie  du  peuple,  on  les  peint  : 

Si  fiers,  si  roides,  et  si  comtes. 

C'est-ù-dire  si  contens  d'eux-mêmes.  Ainsi  toutes 
les  significations  différenles  de  ce  mot  ont  entre 
elles  de  l'analogie  et  rappellent  des  idées  toujours 
relatives  à  la  galanterie. 

"^  On  ne  peut  cependant  y  rapporter  l'acception 
suivante  qu'en  supposant  qu'elle  soit  figurée.  On 
dit  d'une  épée  qui  a  quatre  taillans,  qu'elle  est  plus 
cointe  qu'une  autre  qui  n'en  a  que  trois.  (Eust. 
Desch.  Poës.  mss.  fol.  5i9.i  C'est  le  mot  ajusté,  tra- 
duction du  latin  complu»,  i\\\\  se  dit  proprement  de 
la  parure,  et  qui  est  appliqué  au  soin  avec  lequel 
cette  épée  avoit  été  travaillée. 

Des  acceptions  que  nous  avons  exposées,  il  est 
aisé  de  tirer  le  sens  de  cette  expression  :  se  faire 
cointe,  faire  parade,  tirer  vanité. 

Ne  cointe  ne  se  doit  nul  faire 
De  ce  dont  ne  sait  à  chief  traire. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  3,  V-  col.  2. 

Faire  le  cointe,  dans  le  sens  de  galant,  c'est  être 
réservé,  honnête  dans  ses  procédés.  De  là,  ne  pas 
faire  le  cointe  a  signifié  brusquer,  en  parlant  d'un 
homme  à  qui  le  plaisir  f.iit  tout  entreprendre  : 

.  .  .  Trubert  ne  fet  pas  le  cointe. 

Esliub.  MSS.  du  R.  n-  7i19fi,  p,  S5. 

VARIANTES  : 

COINT.  Percef.  Vol.  I.  fol.  148,  A'»  col.  1. 

CoiNCT.  Percef.  Vol.  II,  fol.  120,  V"  col.  2. 

Cointe.  Colin  Muset,  Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  II,  p.  709. 

COANT.  Du  Gange,  Gloss.  lat.  au  mot  Cointises. 

Choint. 

Cointelet,  adj.  Diminutif  de  coint,  signifie  joli, 
galant,  petit  maître. 

La  damoiselle  au  chiet  blondet, 
Me  tient  tout  gay,  et  cointelet i 
En  tel  joie  le  cuer  met, 
Qu'il  ne  me  sovient  de  mon  det. 

Colin  Musel,  Pojs.  MSS.  avant  1300,  T.  I,  p.  202. 


On  a  dit,  en  parlant  des  ménestriers  : 

Qui  bien  sordit,  et  qui  bient  ment, 
C'il  est  sires  des  chevaliers  ; 
Plus  donent  ils  as  menteors. 
As  cointerax,  as  mal  parliers 
Qu'ils  ne  font  as  bons  trouveors. 

Fabl.  MS.  do  S.  G.  fol.  70,  R-  col.  3. 

On  a  dit  en  proverbe:  Li  cointerelde  Traies  (1). 
(Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  IV,  p.  1651.) 

VARIANTES    : 

COINTELET.  Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  I,  p.  202. 
CoiNTEREL.  Poës.  MSS.  Vatican,  n»  1490,  fol.  ill,  R». 
CoiNTERAX,  plur.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  70,  R»  col.  3. 

Coiutemant,  adv.  Proprement,  galamment. 
(Cotgrave  et  Oudin,  Dict.) 

Moût  mi  sot  bien  espanre,  et  alumer. 
Au  beau  semblant,  au  cointemnnt  rire. 

Chans.  MSS.  du  comte  Thib.  p.  IW  et  150. 

Amors  se  veut  détenir,  par  chascun  bien  cointement  ; 
lîiau  chaucier,  et  biau  vestir,  et  aller  mignotement. 

Monios  de  Paris,  Poês.  MSS.  av.  1300,  T.  II.  p.  6*5. 

VARIANTES  : 

COINTEMANT.  Chans.  MSS.  du  C'«  Thibaut,  p.  149. 
Cointement.  Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  II,  p.  645. 

Cointer,  verbe.  Parer,  ajuster  *.  Briller  ^. 
S'égayer"^.  Faire  parade,  s'applaudir °.  Voy  Borel 
et  Gloss.  sur  les  Coût,  de  Beauvoisis.  On  trouve 
l'orthographe  cointrier  (2)  dans  une  citation  du 
Roman  du  dit  du  Chevalier,  ms.  cité  par  Du  Gange, 
au  mot  Baccalarii.  C'est  peut-être  une  faute  pour 
contoier.  (Voyez  ibid.  au  mot  Cointises.)  (3) 

*  La  signification  propre  de  ce  mot  est  parer, 
ajuster.  «  Fist  cointir,  et  parer  ces  folles  filles.  » 
(Le  Chev"  de  La  Tour,  Instr.  à  ses  filles,  fol.  31.) 

Moult  par  set  bien  son  cors  cointir, 
Et  moult  li  siet  bien  ses  mantiaus. 

Pofs.  MSS.  du  Vatican,  n"  1490,  fol.  30,  V. 

Dans  une  Ordonnance  de  1270,  qui  a  pour  titre  : 
«  De  gentilshons  qui  perd  ses  meubles  par  son 
«  meffet  »,  nous  lisons  :  «  Se  il  est  bons  qui  porte 
«  armes,  si  li  remaindra  (restera)  sommier  que  il 
«  mené  par  la  terre,  et  son  lit,  et  sa  robe  à  coin- 
"  toier,  et  un  fermait  (boucle  ou  agrafe)  et  un 
«  anel,  etc.  »  (Ord.  des  R.  de  Fr.  T  I,  p.  148  (-1).) 

On  employoit  même  le  mot  fo/H//r  lorsqu'il  étoit 
question  des  ornemens  royaux,  dans  les  grandes 
cérémonies;  pour  dire  que  Ilarold  fut  couronné 
roi  d'Angleterre,  on  a  dit  : 

Herars  qui  fut  mananz,  et  fors, 
Dez  que  li  rois  Ewart  fu  mors, 
Se  fist  oindre  et  cointer. 

Rora.  deRou,  MS.  p.  282. 

On  lit,  au  sujet  de  B.Duguesclin,  qu'il  entra  dans 
Paris  »  vestu  d'un  gros  bureau,  à  guise  de  louvier 
«  (louvetier),  car  onques  ne  lui  priust  voulenté  de 


(i)  Voyez  Leroux  de  Lincy,  I,  401.  (n.  e.) 

(,2)  Ed.  Henschel,  t.  II,  525,  col.  2  :  «  Li  dit  :  Dame,  fêtes  me  sage.  Pourquoi  c'est  que  li  escuier.?  Ne  s'ossent  pas  cointrier 
De  droit  que  li  chevaliers  font,  f  (N.  E.) 

(3)  Il  cite  Guigneville  (II,  423,  col.  1)  ;  «  Au  lignolet  le  veus  cauchier,  Et  neuve  robe  U  ballier,  Li  cointoier  de  joieUes  ,  De 
tableles,  de  coutelles.  »  (N.  E.) 

(4)  Voir  Du  Cange,  II,  422,  col.  3.  (N.  E.) 


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«  soy  cointoyer  {\).  »   (Hist.  de  B.  Duguescliii,  \y.\r 
Menai  d,  p.  45G.) 

Mais  faiis  est  qui  se  contoie 
De  biau  joiel  emprunté. 

Poès.  iMSS.  du  Vatican,  n-  1490,  fol.  8T.  V-. 

^Daiis  un  sens  figuré,  on  a  prèle  à  cointer  l'ac- 
ceplion  de  s'égayer,  se  réjouir,  et  on  l'a  même 
appliqué  avec  celte  signilication  ix  la  voix  du  ros- 
signol : 

Plus  sui  dolens,  plus  oi  cointnier 

La  douce  vois  dous  rossignol  sauvage. 

.lacq.  Hédiii,  Poès.  MSS.  avaiil  d3UO,  T.  II,  p.  713. 

Ces  vers  sont  répétés  dans  une  pièce  attribuée  à 
(iiles  de  Vies  Maisons.  (T.  111,  ibid.  p.  1070.) 

La  douce  voiz  dou  rossignol  sauvage 
Q'oï  nuit,  et  jor,  ronloicr  (2),  et  tentir. 

LiCha3lclainsdeCouci,Pocs.  MSS.  avant  1300,  T.  I,  p.  281. 

'^  Coiitoyer  est  pris,  dans  ce  passage,  pour  s'é- 
gayer : 

Or  va  sa  femme  oîi  elle  veult, 
Or  se  contoye,  et  or  se  deult. 

Eust.  Dcsch.  l'oés.  MSS.  fol.  513,  col.  4. 

°  Ce  mot  est  mis  pour  s'applaudir,  faire  parade, 
dans  cet  autre  passage  : 

Li  musart  se  coinlie  (3), 
Sovent,  de  sa  sotie, 

Poès.  MSS  av.  1300,  T.  IV,  p.  1305. 

On  écrivoil  aussi  comployer,  mais  beaucoup  plus 
rarement.  On  y  retrouve  l'étymologie  de  coint,  que 
nous  avons  dérivée  du  lalin  complus.  On  ne  peut 
douter  que  comptoyer  ne  signifie  1;(  même  chose 
que  contoyer,  cointoyer,  etc.'.)e  trouve  cette  ortho- 
graphe dans  le  passage  suivant  d'Alain  Chartier, 
p.  626. 11  est  question  des  amans  dont  les  maîtresses 
partagent  les  peines  et  les  plaisirs,  quand  elles  les 
voyent : 

'  se  comptoyer. 

Par  infortune,  ou  guerroyer,  etc. 

C'est-à-dire  quand  elles  les  voyenl  se  parer, 
s'égayer,  ou  qu'elles  les  voyent  par  infortune  dans 
l'infortune,  ou  qu'elles  les  voyent  dans  les  hasards, 
à  la  guerre,  etc. 

VARIANTES  : 
COINTER.  Roman  de  Rou,  MS.  p.  282. 
CoiNTiER.  Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  IV,  p.  1305. 
CoiNTRiER.  Du  Cange,  Gloss.  lai.  au  mot  Baccaiarii. 
CoiNTiR.  Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  I,  p.  73. 
CoiNTOiER.  Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  III,  p.  1070. 
Cointoyer.  Vie  de  B.  Duguescl.  par  Ménard,  p.  456. 
CoNTOiER.  Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  II,  p.  646. 
Contoyer.  Percef.  Vol.  V,  fol.  88,  R»  col.  2. 
C0.MT0IER.  Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  II,  p.  642. 
Comptoyer.  Alain  Chartier,  p.  626. 

Cointeste,  adj.  au  fém.  Rusée,  subtile,  ingé- 
nieuse. 

Moult  ert  la  vieillotte  cointeste; 
Norri  avoit  une  licette  : 


Trois  jors  la  Tist  si  geuener 
Que  rien  ne  li  lessa  gouster. 

Fabl.  MSS.  de  s.  G.  fol.  6,  R-  col.  3. 

Cointise,  siibat.  fém.  Contenance*.  Parure, 
ornement^.  Ajuslemeiil,  apprêt '^. 

*  Ce  mot  est  employé  pour  contenance,  dans  les 
deux  passages  qui  suivent  : 

Vers  la  touse  (prov.  to:d)  m'avance, 
Por  voir  sa  cointance; 
Je  la  vi  belle,  et  blanche, 
De  simple  contenance. 

Pois.  MSS.  av.  (300,  T.  IV,  p.  U33. 
.  .  .  Elle,  qui  m'estoit  raoïilt  près, 
Me  dist,  afuble  ton  mantel  : 
Et  si  le  me  met,  en  cUantel, 
Par  manière  de  cointerie. 

Froissart.  Pots.  MSS.  p.  355,  col.  1 . 

^  Ce  mot  est  mis  pour  parure,  ornement,  dans 
les  citations  suivantes  :  Lors  de  la  captivité  du  roi 
Jean,  les  Etats  du  Languedoc,  assemblés  en  135G, 
ordonnèrent  que  «  d'un  an,  homme,  ny  femme  ne 
«  porteroit  or,  argent,  ne  perles,  ne  vert  (vair, 
«  espèce  de  fourrure),  ne  gris,  robes,  ne  chaperons 
»  découpez,  ne  autres  coiniises  quelconques.  » 
(Chron.  S'Denis,T.ll,fol.  233.)  «  Nulle  saige  femme 
"  ne  doit  pas  estre  hastive  de  prandre  les'esiats,  et 
«  habits  nouveaulx,  ne  les  premières  coiniises.  » 
(Le  Chev"  de  La  Tour,  Inslr.  à  ses  filles,  fol.  2.j.)  On 
lit  cointerie.  dans  le  même  sons.  (Ibid.  fol.  13.) 

On  appliquuit  cette  acception  générique  aux 
ornemens  d'archileclure. 

.  .  .  fait  en  l'eure  devenue 
Le  feu  mettre  en  chascune  rue, 
Sanz  esgarder  moustier  n'y  glise, 
liiauté  de  maison,  ne  cohilise. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  40,  If  (4). 

Quelquefois  on  l'appliquoit  aux  ornemens  des 
armoiries  : 

Cil  escuier  ot,  le  jour,  mise 
Sus  ses  armes,  une  rinnlise 
De  gueules  sans  euvres  tremées 
Fors  moleltes  d'argent  semées. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  200,  V",  an.  1304. 

Garniz  d'armes,  et  de  cointises. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  266,  V*. 

'^Cointise  s'est  pris  aussi  pour  ajustement, 
apprêt;  mais  dans  un  sens  figuré,  en  ce  passage, 
où  il  est  appliqué  au  discours  : 

.  .  .  Bien  se  doit  contregarder, 
Se  parler  doit  devant  justice. 
Qu'an  sa  parole  ait  tel  cointise  (5), 
Parmi  tote  sa  mesproison, 
Que  soit  semblance  de  raison. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  17,  V  ccl.  3. 

V.\RIANTES  : 
COINTISE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  255. 

COINTIE. 

CoiNTEBiE.  Froissant,  Poës.  MSS.  p.  355,  col.  1. 
Cointance.  Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  IV,  p.  1433. 


(1)  Froissart  emploie  cette  forme  (XI,  367)  :  «  Tous  s'efforçoient  à  jolyer  et  cointoier  leurs  nefs.  »  On  lit  encore  au  sens 
de  la  citation  (XV,  225)  ;  «  Tous  s'efîorchoient  de  eulx  jolier  et  cointier.  »  (n.  e.) 

(2)  Dans  Laborde,  p.  294,  on  lit  coinloiec.  (n.  e.) 

(3;  On  lit  aux  Miracles  de  Notre-Dame  (Du  Cange,  II,  423,  col.  1):  «  Tex  chante  bas  et  rudement  Que  Dex  escoute 
doucement,  Plus  que  celui  qui  se  cointoic,  Qui  haut  organe  et  haut  pointoie.  »  (n.  e.) 

(4)  Voyez  les  nombreuses  citations  extraites  par  Du  Cange,  de  Guillaume  Guiart  (II,  422,  423).  (n.  e.) 

(5)  Cointise,  au  Livre  des  Moralitez,  est  une  vertu  :  «  Honesté  est  départie  en  .iv.  choses ,  en  cointise  ,  en  forche  ,  en 
droiture,  en  atempranche.  Cointise  est  une  vertu  qui  fait  connoistre  les  bonnes  choses  des  mauvaises,  et  enseigne  à 
depairtir  les  unes  des  autres.  »  (Du  Cange,  II,  422,  col.  3.) 


co 


93  - 


CO 


Cointricice,  partie,  au  fém.  Ornée.  Peul-étre 
faul-il  lire  contrlciéc,  en  ce  passage  : 

L'escu  au  miroir  de  houle, 
A  une  bande  de  faiiitie. 
Coiiilricire  d'ennernistie, 
A  un  lambel  de  fausseté. 

Fabl.  Mf-S.  du  K.  n-  71U5.  T.  II,  fol.  Kl.  R'  col.  ). 

Cointure,  siihsl.    fém.  Je  crois  que  ce  mol 
sit;iiifie  ceinture. 
Voici  le  passage  où  nous  le  trouvons  employé  : 

Drois  te  condamne,  par  droiture, 
Et  je  te  conlerme  la  sentence  ; 
Mes  sachiez  que  ce  n'est  coititure 
De  terriene  penitanoe  ; 
Mes  la  mort  vient  diverse,  et  dure. 
Là  où  Diex  vendra  sans  doutanoe. 

fabl.  MSS.  du  R.  n»  TJIS.  fol.  139,  U'  cul.  2. 

Coïons,  siibsl.  iiiasc.  plur.  Nom  factice.  "  Le 
«  maréchal  d'Ancre  avoil  une  garde  de  cent  geu- 
«  lilshomraes  ù  mille  francs  de  gages,  chascun,  d"où 
«  le  duc  d'Epernoii  les  appella  coïoiis  de  mille 
"  livres.  »  (Longueruana,  T.  1,  p.  34.) 

Coipeaux,  sithst.  vinsc.  plur.  Coupeaux.  'Dict. 
d'Oudin  et  de  Colgrave.)  On  dit  encore,  en  Nor- 
mandie, coipeaux  (1),  pour  coupeau.\. 

Dieu  d'amours  !  je  vous  remercy  : 
De  quoi  ?  des  corpiaux  de  vos  trouée. 

Eust.  Desch.  Po.s.  5ISS.  fol.  270,  col.  4. 

(Voyez  ci-après  CourEAU.) 

VARIANTES  : 
COIPEAUX.  Oudin,  Cotgrave,  Dict. 
Corpiaux. 

Coïraux,  .vibst.  mase.plur.  Boeufs  en;  .1; -ses. 
(Borel,  Corneille,  Cotgrave,  Dict.) 

VARIANTES  : 
COIRAUX.  Rabelais,  T.  I,  p.  18. 

COIREAOX. 

Coirs,  subst.  masc.  Course,  voyage. 

Amis  veraiz  ne  se  puet  resortir, 
Car  ne  font  pas  bonne  amor  amenrir 
Ne  coirs  loignlains,  ne  de  longue  durée. 

Simon  d'Autié,  Pocs.  MSS.  a^anl  1300,  T.  Il,  p.  686. 

Cois.  [Intercalez  Cois ,  dans  l'expression  aler  à 
cois,  avoir  la  faculté  de  choisir  : 

Cevels  ot  si  beaus  et  si  Mois 
Com  il  en  Tust  aies  à  cois. 

Partouopex,  v.  553. 

Voyez  encore  les  vers  4829,  G5-22.]  (n.  e.) 

Coiser,  verbe.  Se  tenir  coi*.  S'adoucir,  s'apai- 
ser^. Se  taire '^.  Ce  mot,  dans  S.  Bern.  (Serm.  fr. 
MSS.),  répond  au  latin  silere  et  tacere.  On  y  lit 
encore,  p.  375  :  «  Ne  se  volost  quoisicr,  »  dans  le 
latin  non  dabat  silentium. 

*Le  premier  sens,  se  tenir  coi,  est  le  sens  propre. 

Molt  ma  semont  amors  ke  j'en  m'envoise, 
Quant  je  plus  doi  de  chanter  estre  cois  ; 
Mais  j'ai  plus  praut  talent  ke  je  me  cnise, 
Por  çou  j'ai  mis  mon  chanter  en  defois. 

M"  Quenes,  Po.  s.  MSS.  avant  1300,  T.  lll,  p.  Vi80. 


^  De  là,  se  coisier  s'est  pris  ligurément  pour 
s'adoucir,  s'apaiser.  On  lit,  en  parlant  des  devoirs 
d'un  confesseur  : 

Por  si'ignor  ne  se  doit,  ne  por  ami  coisier; 
Dire  lor  doit  ;  ce  faites,  ce  devés  vous  laissier  : 
Puis  kirs  doit  penitance,  si  com  drois  est,  encaruer. 

Vies  des  SS.  MS.  de  Sorb.  chif.  xxvii,  col.  22. 

'^Coiser,  dans  le  sens  de  se  taire,  se  trouve  dans 
S.  Bernard  cité  ci-dessus. 

CUN.IUGAISON  : 

Se  coiset,  pour  se  tait.  Ind.  prés.  (S.  Bern.  Serm. 
fr.  MSS.  p.  144  et  249.  Dans  le  latin  siLet.) 

Coisiet  (fas),  pour  tu  t'es  tu.  Passé  indéfini. 
(S.  Bern.  Serm.  fr.  .mss.  p.  203.  Dans  le  latin  tacuisti.) 

Coijsievet .  pour  se  taisoit.  Imparf.  de  l'ind. 
(S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  203.) 

VARIANTES  : 
COISER.  s.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  44. 
Cdisikr.  S.  IJern.  Serm.  fr  MSS.  p.  203,  etc. 
CovsER.  S.  Item.  Serra,  fr.  MSS.  p.  6,  et  passim. 
CoYsiER.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS   p.  20.^. 
Coiser  (Se).  Poës.  .MSS.  avant  1300,  T.  111,  p.  980. 

Coisier.  [Intercalez  Cvisier,  coinsier,  presser, 
pousser:  «  Li  suppliant.  .  en  getlani  ledit  b.iston  en 
"  frappa  de  cas  daventur,.'  ledit  Guillaume,  qui 
»  dislau  suppliant:  Casin,  tu  m'as  t'o/sù'f.  »  (JJ.145, 
p.  521,  an.  1393.)  Au  reg.  125,  p.  23G.  an.  1384,  on 
lit  encore:  ■<  Le  suppliant  mis  sa  main  sur  l'espaule 
«  de  la  meschine  dudit  hostel,  latiuelle  lui  dist  : 
«  Vous  me  colssie:.,,  osiez  vostre  main.  >■  Le  mot 
est  aussi  au  Homan  de  Robert  le  Diable  (Du  Gange, 
II,  423,  col.  3)  : 

Che  fait,  li  plaie  qui  l'angoisse 
Qui  l'apétice  et  qui  le  caisse. 

U.  Guiart,  à  l'an.  1209,  écrit  encore  : 

Menestreus  leurs  tons  debroissent, 

Trompes  bondonnent,  labours  coissent.]  (N.  E.) 

Coisonner.  rintercalez  Coisonner,  reprocher 
dans  Villehardouîn  (éd.  de  M.  de  Wailly,  §  285)  : 
"  Joffrois  li  mareschaus,  qui  mult  ère  bien  de  lui, 
"  li  coisona  mult  durement  ;  comment  ne  eu  quel 
■'  guise,  il  avoil  prise  la  terre  l'empereor.  «]  (n.  e.) 

Coispel,  subst.  mase.  Gobelet*.  Partie  (pour  le 
bout  de  l'épée  qui  a  la  forme  d'un  petit  godet)  d'une 
épée°.  Ajustement  de  femme '^. 

*Ce  mot  signifie  gobelet,  comme  diminutif  de 
coupe,  du  mot  latin  cupa  ;  les  Bretons  disent  coji. 
(Palconnet.) 

Toupioit  o  le  coispel. 

Poês.  MSS.  du  Val.  n- 1490,  fol.  111,  R-. 

^  La  partie  de  la  poignée  de  l'épée  qui  est  faite 
en  forme  de  petite  coupe  (la  coquille  ou  la  garde)  a 
aussi  été  nommée  coispel.  «  Pour  faire  et  forger 
«  le  coispel  d'une  espée,  rebrunir  la  croix,  le 
«  pomeau,  etc.  •,  dans  une  citation  du  Gloss.  laliii 
de  Du  Cange,  au  mot  Ringu,  sous  Hincn  (2). 


(1)  Au  singulier  on  avait  copc!  .■  «  Le  suppliant  prinst  une  atele  ou  coipel  à  terre  devant  lui  et  le  geta  vers   sa  dite 


femme.  «  (J.I.  97,  p.  161,  an.  13(J6.)  (n.  e.) 

(2)  Ed.  Henschel,  V,  77:3,  col.  2.  Dans  la  Ghron.  des  ducs  de  Normandie,  v.  7736  : 
tôt  à  neel.  »  (n.  e.) 


'(  De  la  gaine  ert  li  cnijipel  Et  li  membre 


co 


94 


CO 


"^  Ce  mot,  nu  pluriel,  semble  mis  po'ir  un  ajuste- 
ment de  femme,  dans  ce  passage  : 

I,a  çainture,  dont  ele  est  cainte, 
Est  d'une  fausse  note  painte  : 
Ferrptée  de  faus  seaus  ; 
Et  la  boucle  est,  et  li  coispinus, 
De  propres  mençonges  polies. 

Fabl.  MSS.  (lu  R.  n-  T2i8,  fol.  224,  V-  col.  2. 

Nous  observerons  que  les  paysans  disent,  en 
Normandie,  coipel,  pour  coupeau,  éclat  de  bois,  au 
pluriel  coipias. 

VARIANTES  : 

COISPEL.  Poës.  MSS.  Vat.  n»  liai,  fol.  111,  R». 
CoiSPiAUS,  i>iur.  Fabl.  MSS.  du  U.  n»  7'ilS,  fol.  224. 

Coisse, Sî/T^sL  Droit  seigneurial.  En  Provence  (I\ 
c'est  le  droit  de  mesurage.  (Du  Gange,  Gloss.  au 
mot  Cossa  1 .) 

Coisse,  subst.  Cuisse.  Ce  mot  répond  au  latin 
fémur. 

Coissonner,  verbe.  Réprimanderai).  On  lit,  en 
ce  sens:  «  Li  coissonnai  muU  durement  »,  dans  Vil- 
leliard.  p.  117.  Au  lieu  de  eoissonna,  on  lit  ailleurs 
roisonna,  pour  reprit,  suivant  le  commentaire  de 
Du  Cahge. 

VARIANTES  : 

COISSE.  s.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p  54  et  passim. 
CoiXE.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  111. 

Coissonnois,  subst.  mase.  plur.  Saxons.  (Voy. 
Cliron.  S'  Denis,  T.  I,  fol.  108.)  On  a  dit  autrefois 
Soissongne,  pour  la  Saxe.  (Falconnet.) 

VARIANTES  : 
COISSONNOIS,  SoissoNGNOis,  Sesnes. 

Coistre,  Sî(/)S/.  7)iasc.  Champ.  Peut-être  le  même 
que  coulure,  champ  cultivé.  Coistre  signille  champ 
de  bataille  de  Roncevaux. 

Si  ot  de  mors  si  grand  plenté, 
Des  paiens  qui  furent  en  coistre 
C'en  n'i  pot  crestiien  connoistre. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  224. 

Coit,  adj.  ou  partie.  Tranquille.  Ce  mot,  dans 
S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  120,  répond  au  latin 
quieUts. 

Coite,  suhst.  fém.  Lit  de  plume,  matelas,  lit, 
couverture.  Ce  mot  vient  évidemment  du  latin 
culcitra.  (Voyez,  sur  ses  signidcations,  tous  les 
dictionnaires  que  nous  citons  .ordinairement,  les 
glossaires,  et  surtout  le  Closs.  lat.  de  Du  Gange  aux 
mots  Coilta,  Cottum,  Coûta.  Culcit.a.\On  peut  aussi 
recourir  aux  endroits  indiqués  sur  les  diverses 
orthographes.  Nous  remarquerons  seulement  que 
l'orthographe  cou,  dont  la  terminaison  paroît  mas- 
culine, se  trouve  employée  au  féminin  dans  le  pas- 
sage suivant  : 


si  li  a  dit 

Que  li  reface  tout  son  lit, 
Oste  la  cou,  etc. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  79S0,  fol.  5P,  V  col.  2. 

(Voyez  ci-après  Coulte.) 

VARIANTES   (3)  : 
COITE  (4). 

GoiTTE.  Oudin,  Nicot,  Dict. 
CoESTE.  Froissarl.  livre  I,  p.  3:?0. 
Couette.  Xicot,  Dict.  au  mot  Coutil. 
CoYLTE.  La  Salade,  fol.  36,  V"  col.  1. 
CoiTRE.  Oudin,  Dict. 

CosTE.  Fabl.  MSS.  deS.  G.  f'  81,  R«  col.  i. 
CouLTE.  Chron.  S.  Denis,  T.  II,  fol.  137,  V". 
CousTE  Gace  de  la  Bigne,  des  Déd.  MS.  fol.  146,  V*. 
CouLTRE.  Oudin,  Dict. 
CoUTRE.  Du  Verdier,  Div.  Leçons,  p.  283. 
Coûte.  Du  Cange  sur  .toinville,  p.  255  (5). 
Goutte.  Chron.  S.  Denis,  T.  I,  fol.  257. 
Couyte.  L'Amant  rendu  Cordelier,  p.  544. 
KIOUTE.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  571.  et  SS. 
Cou.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7989,  fol.  59,  V»  col.  2. 
CoiTl,  suhst  )nasc.  Nicot,  Dict. 
CoiTiL,  CoiTis,  CouTis,  subst.  masc.  Oudin,  Dict. 
Coutil,  subst.  masc.  Oudin,  Nicot,  Dict. 
COUSTIL,  subsl.  masc. 

Coite,  subst.  fém.  Hâte*.  Fuite ^. 

Les  quatre  orthographes  de  ce  mot  font  partie  de 
celles  que  nous  avons  rapportées  à  l'article  précé- 
dent. Nous  les  répétons  ici  séparément  pour  mar- 
quer leurs  significations  particulières. 

*  Ce  mot  est  pris  ordinairement  pour  hâte, 
empressement  : 

Les  lettres  lisi  en  grant  qtioite  ; 
Car  à  scavoir  forment  convoite, 
De  ma  dame,  l'intention. 

Froissarl,  Poos.  MSS.  p.  90fi.  col.  2. 

On  disoit  aussi  à  coite,  pour  à  la  hâte  ;  à  grant 
coite  est  employé  en  ce  sens,  dans  une  citation 
rapportée  par  Du  Cange,  au  mot  Pastorelli.  «  S'en 
»  alla  à  Nyort  à  grant  eoijte.  «  (Ilist.  de  Loys  duc 
de  Bourbon,  p.  iOii  (6).) 

A  coifte  rf't'/^erojfssignifioit  en  hâtant  de  l'éperon. 

Hernol  lait  corre  aval,  à  coite  d'csperoris. 

Paiton   deBl.MS.deS.G.fol.  171,R'col.l. 

«  Le  suivoit  à  coitte  cref^peronsl  »  (Chron.  fr.  ms. 
de  Nangis,  an  1346.)  >•  Il  broicha  à  coite  d'esperons.  « 
(Hist.  de  B.  Duguescl.  par  Mén.  p.  202.) 

°  Quelquefois  quoite  s'est  dit  pour  fuite,  déroute, 
où  l'on  a  hâte  de  se  sauver.  C'est  en  cesensqu'uulit  : 

.\  cele  quùite,  sans  esploit, 
Fu  mors  Gariiiers  li  alemans. 

l'h.  Mouskes,  MS.  p.  80t. 

Peut-être  faut-il  aussi  expliquer  coite,  dans  le 
sens  de  fuite,  en  ce  passage  : 

A  Dieu  commant  le  monnoier. 
Celui  qui  Diex  puist  envoler 
Pooir  de  porsuir  la  coite; 
Quar,  s'il  ne  pert  pas  desvoyer. 
Bien  se  commence  à  desploier. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  721S.  fol.  r.2,  V  col.  1. 


(1)  D'après  l'Hist.  du  Monastère  de  S"  Barbe  de  Lyon,  eh.  XL,  n»  4.  (n.  e.) 

(2)  'Voir  coisonner.  (N.  E.) 

(3)  On  trouve  ceule  dans  Froissarl  pC,  35)  :  «  Une  povre  ceute  de  viele  toille  enfumée.  »  (n.  e.) 

(4)  «  Et  quant  par  nuit  dormir  voloient.  En  leu  de  coites  aportoient,  En  lor  casiaus  monceaus  de  gerbes.   »  (La  Rose, 
T.  8438.)  (N.  E.) 

(j)  On  lit  aussi  dans  la  Charrette  (1198)  :«  N'estoit  pas  de  fuerre  esmié  La  couche  ne  de  couli's  aspres.  n  C'est  aussi  la 
forme  employée  par  Froissarl  ;  «  Li  contes  de  Flandre  se  boute  entre  la coufe  et  l'estrain  de  ce  povre  literon.  »  (X,  37.)(n.  e.) 
(fi)  M.  Chazaud  imprime  coite  (p.  88).  (N.  e.) 


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CO 


Sol- 


VARIANTES  : 
COITE.  Poës.  MSS.  Vatican,  sv  1490,  loi.  159,  R». 
CoYTE.  Hist.  de  Loys,  duc  de  Bourbon,  p.  106. 
CoiTTE.  Chron.  fr.  MS.  de  Nangis,  an  1346. 
QuoiTE.  Froissarl,  Poës.   MSS.  p.  206,  col.  2. 

Coiter,  verbe.  Courir*.  Hâter,  presser °. 
liciter'^  (1). 

*  Au  premier  sens,  ce  verbe  ii  une  signification 
neutre. 

Si  ne  finerent  d'esploitier, 
Parmi  les  Pors,  et  de  quoitier, 
Jusqiies  là  u  h  Estours  fu. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  218. 

^  Sa  signification  est  active  dans  le  sens  de  hâter, 
presser  : 

Le  ceval  esperonne,  et  coite  (2). 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  1(1  i. 

On  disoit  se  coiter,  pour  se  liàler,  s'empresser. 

Qui  plus  a,  plus  d'avoir  se  mile  (3). 

Hist.  de  France,  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauvel,  fol.  75. 

*=  De  là,  coiter  s'est  pris  figurément  pour  solliciter. 

Prie  ton  fils,  et  coite,  m'ame  ne  soit  perdue. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7i!18,  fol.  ilG,  V-  col.  2. 

VARIANTES  : 
COITER.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  194. 
CoiTiER.  Fabl.  MS.  de  S.  G.  fol.  51,  V"  col.  3. 
QoiTiER.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  391. 
Quoitier.  Poës.  MSS.  Vatican,  n»  1522,  fol.  164,  V°  col.  2. 

Coiteus,  flf//.  Impatient.  Vient  de  coiter  (4)  ci- 
dessus. 

Piétons  meuvent,  cil  d'armes  montent, 
Coiteus  (5)  que  leur  vueil  acomplissent. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  lOi;.  r,-. 

Coitié,  partie.  Hâté,  empressé. 

Merciers,  tu  es  moult  tôt  coitié, 
Dist  li  sires,  de  gages  prendre. 

FabL  MSS.  du  R.  n-  lljlô,  fol.  152,  T.  II,  R'  col.  2. 

Coitiver.  [Intercalez  Coiliver,  cultiver,  au 
Gloss.  7G8'i  du  fonds  latin.  Dans  Benoit  de  S"  More 
(Chr.,  V.  7ÔU9).  on  lit: 

Sunt  lur  ententes  totes  mises 
A  la  terre  de  lung  gaslie, 
Povre  déserte  et  enermie, 
Cum  coiltivée  funt  à  dreit. 

De  là  coitiveur,  pour  cultivateur,  au  même  glos- 
saire, et  coitiveitre  pour  culture  (Du  Gange,  II,  694, 
col.  1,  an.  1270).]  (n.  e.) 

Coitrart.  [Intercalez  Coitrart,  au  sens  de 
coestron  : 


Pour  Dieu  veuilles  nous  dire  si  nous  sommes  batart 
Car  Aymes  de  Dordonne  nous  a  clamé  cniirurl. 

Bufaiis  Haymou,  v.  538.]  (N.  E.) 

Coitte  pointe,  subst.  fcm.  Courte-pointe.  Cou- 
verture piquée.  (Voyez  Gloss.  de  l'Hist.  de  Paris, 
Cotgrave  et  Ondin,  Dict.)  ■>  Lancelot  appareille  au 
'■  chevalier  sa  licliere,  et  liiy  fait  ung  iict  de  herbe 
«  verte,  et  de  roses  moult  soiief  fleurant,  àecoustea 
"  pointes,  et  de  oreillier;  et  quant  ilz  l'eurent 
>'  couché  si  mirent  par  dessus  luy  une  moult  riche 
«  couverture.  »  (Lanc.  du  Lac,  T.  I,  fol.  42,  R°.) 
Dans  le  passage  suivant,  on  trouve  les  cottstes  sim- 
ples, distinguée  des  couste  pointes  :  «  Lits,  couver- 
«  tures,  loudiers,  coiisle  pointes  (6),  draps  de  laine, 
«  sarges,  austades,  cousles  simples.  »  (Urd.  des  l\. 
de  Fr.  T.  II,  p.  383.  —  Voyez  Coite  ci-dessus.) 

VARIANTES  : 
COITTE  POINTE. 

CuEUTE  POINTE.  Fal)l.  MSS,  du  R.  n"  7989,  fol.  80,  V»  col.  1. 
CousTE  POINTE.  Du  Gange,  au  mot  Stella  1  (7). 
CoucTE  POINTE.  Lanc.  du  Lac,  T.  I,  fol.  49,  R»  col.  2. 
Coûte  pointe.  Du  Gange,  au  mot  Culcitra. 
Conte  poincte.  Lanc.  du  Lac.  T.  III,  fol.  106,  R»  col.  2. 
Contre  poincte.  Contes  de  la  roine  de  Nav.  T.  II,  p.  87. 
QuiLT  point,  subxt.  musc.  Du  Cange  au  mot  Testnim. 

Coivre,  subst.  mase.  Cuivre  *.  Armes  °. 

*  Le  sens  de  ce  mot  n'est  pas  douteux  dans  cette 
première  signification.  On  trouve  Candelabra 
cuprea,  galliee  de  coivre,  dans  un  nécrologe 
d'Auxerre,  de  l'an  1387,  cité  par  l'abbé  Le  Beuf, 
Hist.  d'Auxerre,  p.  821.  «  Que  nul  ne  mesure  ses 
«  breuvages,  et  autres  liqueurs,  fors  à  telle  mesure 
«  qu'il  y  a  à  Mons,  et  quelles  soient  d'estain  ou  de 
«  queures,  llaistries  (marquées)  et  justifiées  contre 
«  les  principales,  eslans  vers  les  eschevins  du  dit 
Mons.  "  (Coût,  de  Mons,  Coût.  Gén.  T.  I,  p.  832.) 

^  Il  semble  qu'il  y  ait  eu  des  armes  nommées 
Cuivres,  et  que  ce  soit  en  ce  sens  que  ce  mot  est 
employé  dans  les  vers  suivans  : 

Chascune  porte  est  bataiUiée, 
El  à  delfendre  apareilliée  : 
Moult  i  portent  coivres,  et  darz, 
Et  pex  agus  de  totes  parz. 

Blanch.  MS.  de  S.  Germ.  fol.  178,  R°  col.  t. 

Peut-être  est-ce  en  ce  même  sens  qu'il  faut  enten- 
dre ce  mot,  dans  ce  passage  : 

Plusours  ourent  vestus  hambeis 
Coivres  (8)  ont  chaint  carquaiz. 

Rom.  de  Rou,  MS.  p.  317. 


(1)  Coilier  signifie  encore  serrer,  mettre  à  l'abri  :  «  Chascuns  qui  ara  autres  bestes  à  charrue  porra  mettre  ses  chevaus 
à  la  charrue  un  tor  au  gayn  pour  coilier  ses  sourbées.  »  (JJ.  60,  p.  220,  an.  1312.)  (N.  E.) 

(2)  On  lit  dans  Gérard  de  Vienne  (v.  2354)  ;  «  Et  les  destriers  as  espérons  coilier.  »  (N.  E.) 

(3)  On  lit  dans  la  Chronique  des  ducs  de  Normandie  (v.  22182)  :  «  Totes  veies  tant  s'est  coilier,  Qu'a  le  duc  Richart  est 
repairiez.  »  Le  sens  de  la  citation  se  retrouve  au  Roman  de  Cléomadès  (Chr.  des  ducs  de  Normandie  (II,  388,  col.  2)  :  «  Car 
sa  nature  à  ce  le  coiie,  Que  plus  a  et  il  plus  convoite.  »  (n.  e.) 

(4)  Il  signifie  alors  rapide  :  «  Isnele,  e  hastive.  e  coiluse.  «  (Chr.  des  ducs  de  Normandie,  v.  4-816.)  (n.  e.) 

(5)  Ce  sens  est  aussi  dans  Guiot  de  Provins  (Wackern.,  p.  25)  ;  «  C'onkes  de  riens  ne  fu  si  désirons  Com  d'onoreir  ceu 
dont  plus  seux  ciiitous.  »  On  lit  enfin  dans  G.  Guiart  (an.  1233);  «  La  terre  saint  Lois  destruient,  Qui  coiteus  de  soireplegier 
Va  tantost  Belesme  assegier.  »  (n.  e.) 

(6)  On  lit  encore  dans  Ta  Rose  (v.  8642):  «  De  floretes  lor  estendoient  Les  couste  pointes,  qui  rendoient  Tel  resplendor  par 
ces  herbaiges.  »  Une  prononciation  meilleure  est  coulepoinle  (culcilu  puiicta)  donnée  par  Froissart  :  «  Ceutes  autrement 
dittes  coutepointes  pour  dormir  sus.  »  (XI,  360.)  (N.  E.) 

(71  La  cfj!(57epû«î(e  servait  aussi  dans  les  tortures  :«  Jehanne  Dupont,...  après  ce  qu'elle  ot  une  fois  esté  mise  en  la 
gehyne  en  la  coi'.'i((.'po(»(e  seulement...  confessa  ledit  larrecin...  Après  ledit  Guillaume  la  fist  mettre  en  la  cousiepointe  ,  et 
pour  lui  faire  ptiour,  fist  apporter  du  feu,  et  fist  semblant  de  lui  mettre  soubz  les  pies,  mais  point  n'y  fust  mis.  »  (.1,1.  111'. 
p.  124,  an.  1381.)  (N.  E.) 

(8)  Dans  Du  Gange,  111,  470,  col.  3,  on  lit  ;  «  Cojures  ont  chaint  et  carquais.  »  Ce  serait  une  sorte  de  ceinture,  (n.  e.) 


co 


—  96 


CO 


A  moins  iiifon  ti';iinie  mieux  supposer  ici  coivre 
adjectif  et  le  rripporlci'  i^i  carquiiix;  carriuois  de 
cuivre;  mais,  pour  la  mesure  dn  vers,  je  préfé- 
rerois  de  liie  cnires  ont  cliaint  et  ('(irqHaiz,el  alors 
coivvc  sera  une  sorte  d'armes  dans  ce  passage 
comme  dans  le  précédent. 

On  lit:  coivre  de  fHiimil  [l],  comme  proverbe, 
parmi  ceux(|u'on  trouve  ii  la  suite  des  Poës.  mss. 
avant  l.'UJO,  T.  IV,  p.  1652, 

VARIANTES  : 
COIVRE.  Ane.  Covit.  dOrléans,  p.  474. 
yuEUHE.  Coût.  Gén.  T.  I,  p.  832. 

Coiz,  sitbsl.  masc.  plur.  Testicule.  (Voyez  Fabl. 
MSS.  du  R.  n"  7()l.j,  T.  11.  loi.  147.) 

Coket,  siibst.  7nasc.  Espèce  de  bateau. 

Dai^s  le  patois  breton,  c'est  une  espèce  de  navire 
ou  l)ateau.  (Du  Cange,  au  mot  Cocka.)  On  a|ipeloit 
jiuiii  de  cokel  une  sorte  de  pain  en  forme  de  bateau 
l'ait  avec  la  Heur  de  la  farine.  (Du  Cange,  au  mot 
Pauls  de  coket,  et  Bntt.  Loix  d'Anglet.  fol.  74.) 

Col,  subst.  masc.  Co!  *.  Espèce  de  hausse-col  ^. 
Collier  '^.  Souche  généalogique  °. 

*  Ce  mot,  au  premier  sens,  subsiste  sous  l'ortho- 
graphe de  col  ;  mais  les  expressions  figurées  dans 
iesi|uelles  on  l'employoil  sont  absolument  hors 
d"usage.  On  ne  dit  plus  : 

1°  Avoir  le  col  las,  pour  se  rebuter,  être  fatigué. 

ot  le  col  las, 

De  fere  oeuvre  de  charité. 

FaW.  MSS.  du  R.  n-  7-21S,  fol.  294,  R-  col.  2. 

2°  Col  estendu  s'employoit  adverbialement  pour 
hautement,  sans  rien  craindre. 

.  .  .  fu  partout,  col  entendu. 

Le  droit  Dieu,  par  lui,  deffendu. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  13,  R». 

3°  Venir  snrleeol{'î)s'eslpris  danslesensoù  nous 
disons  tomber  sur  le  corps  ou  sur  les  bras,  atta- 
quer. •'  Qu'il  nous  vienne  secourir,  avec  toute  sa 
"  bataille,  car  le  roy  Claudas  nous  est  venu  sur  le 
..  col.  '■  (Lanc.  du  Lac,  T.  111,  fol.  45.) 

^  Ce  mot  s'est  pris,  dans  le  passage  suivant,  pour 
la  partie  de  l'armure  qui  couvroit  \e  cou  : 

Hueses  tirées,  et  espérons  chaiiciez, 
Et  à  son  col  le  col  {'à)  d'ivoire  chier  : 
De  cinq  vir^iles  de  fin  or  fu  liez, 
La  guige  en  est  d'un  vert  paille  enlaillié. 

RoDi.  de  Garin,  cité  par  Du  Gange,  au  mol  Virola. 

(Voyez  Collier  ci-ap;  es.) 

'^  Côm.me  nous  appelons  encore  aujourd'hui  col 
ce  que  les  hommes  mettent  autour  de  leur  cou,  de 
même  cul  s'appliquoit  autrefois  au  collier  des 
femmes.  Il  semble  avoir  celte  signification  dans  les 
passages  suivans  : 


...  si  ont  fet  cols  toz  noviaus  : 
Sor  lor  cols  tnetent  lor  joiaus, 
Et  lor  crespines. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  237,  R'  col.  2. 

Et  sont  barbées  comme  cnis  ; 
Qu'à  ces  saintes  gens  vont  entor. 

Ibid.fol.32.'i,  V'col.  2. 

°  Col  désigne  la  souche  généalogique,  dans  cet 
autre  passage  :  «  Il  n'eschet  point  de  partage  du 
«  costé,  ny  du  chef,  ou  du  col  du  père,  ou  de  la 
«  mère  encore  vivant,  soit  en  ligne  directe  ou  col- 
<■  latérale.  »  (Coût,  de  Bailleul,  Nouv.  Coût.  Gén. 
T.  I,  p.  %î.)  (.'() 

VARIANTES  : 
COL.  Orth.  subsistante. 
Cos.  G.  Guiart,  MS.  fol.  317,  R». 
Cox.  Fabl.  MSS  du  R.  n«  71315.  T.  I,  fol.  107,  V»  col.  1. 
Couz.  Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Roman  de  Fauvel,  fol.  74. 
CoLPS.  Hict.  de  Borel. 

Cola,  sul^st.  Alose  (.")).  Il  faut  lire  f^oZac,  mot 
gascon.  (Du  Cange,  au  mol  Colacus.) 

Colacion.  [Intercalez  Colacion.  harangue  :  «  Et 
«  la  colacion  notablement  flst  maistre  Jehan  de  la 
"  Chaleur,  maisire  en  théologie  et  chancellier  de 
«  N.  Dame,  et  en  ycelle  colacion  recommanda 
«  moult  la  personne  de  l'empereur,  ses  nobles 
"  fais,  ses  vertus  et  sa  dignité.  »  (Ch.  de  Pisan, 
Charles  V,  pari.  III,  fol.  310.)  Au  Spicilége  de 
d'Achery  citant  Guil.  .louvenel  (IX,  30."j),  on  lit 
aussi  :  ■■  Faisoit  chascun  chief  de  maison  une  petite 
«  collatioii,  soy  adreçant  à  mons.  de  Tours,  comme 
«  principal.  »  Dans  Froissart,  c'est  plutôt  une 
conférence,  un  entretien  :  «  Li  rois  l'avoit  mandé 
«  pour  avoir  colation  devant  lui,  présent  ses 
>.  frères,  sus  Testât  des  Englès  (VII,  300).  >.  —  «  Si 
«  veuil  avoir  conseil  elco//fl??o«avecques  vous  (XI, 
iôO).  »  Dans  les  couvents,  la  collation  était  une 
lecture  des  livre  saints  avec  discussion  et  contro- 
verse ;  elle  était  suivie  d'un  léger  repas  et  de 
rafraichissements,  comme  nous  l'apprend  la  règle 
de  Cluni  (c.  13,  Du  Cange,  II,  429,  col.  3)  :  «  De 
«  collaiione  surgunt  acî  charitalem,  et  de  vino 
«  quod  tune  propinalur,  nullus  omiiino  pra'sumit 
«  abslinere,  ut  non  aliiiuanlulum  gustet.  »  Les 
deux  sens  du  latin  se  retrouvent  au  w  siècle 
(voyez  Ciii,L.\Tiox) ;  pour  les  éiudits  modernes  seuls, 
collation  est  la  comparaison  d'une  copie  à  l'ori- 
ginal.] (n.  e.) 

Colaffe,  subst.  masc.  Soufllet.  Du  latin  cola- 
pbus.  (Voyez  Xef  des  Dames,  fol.  71.) 

Colaice.  [Intercalez  Colaice,  coulisse,  herse 
(V.  le  Duc,  VI,  81),  dans  l'expression  porte  colaice  : 

De  ciment  mult  durable  furent  fait  li  crinel, 
Les  portes  colaices,  fort  et  roi  li  llael. 

Rom.  de  la  prise  de  .lérusalem.  Du  Cange,  II,  437,  col.  2. 


(1)  En  Belgique,  près  Liège,  et  non  dans  les  Côtes-du-Nord,  comme  le  dit  Leroux  de  Lincy  (I,  343).  La  chaudronnerie 
liégeoise  était  fort  en  honneur  au.K  xiv  et  xv»  siècle,  (N.  E.) 

(•2)  Froissart  a  dil  ci^/t;  s»/- /f  c-o/ au  sans  de  stimuler  :  «Quoique  Robers  d'Artois  li  conseillast  et  fusl  sus  le  col  qu'il 
reiivoiast  son  hommaige  au  roy  Phelippe.  »  (II,  3f>4.)  (N.  E.) 

(3)  Ueuschel  (VI,  851,  col.  i)  imprime  cor  ;  il  s'agit  là  dun  olifant  comme  celui  de  Roland.  (N.  E.) 

(4)  C()(  a  aussi  le  sens  de  colèe  :  «  Les  devant  diz  escuiers  au  devant  diz  .lehan  Bomiefemme...  avoient  donné  cols  et 
culées,  pour  lesquelx  et  lesquelles  il  avoit  receu  mort.  »  (Cart.  de  Chartres,  an.  1270,  Du  Cange,  II,  425,  col.  1.)  (n.  e.) 

(.5)  Ilenschel  (II,  4'2'p,  col.  3)  imprime  t/an.se.  (n.  e  ) 


co 


97 


CO 


On  lit  porte  colaise  aux  preuves  de  l'Histoire  de 
INiines,  II,  ICi),  col.  1,  an.  1355.  Au  Roman  du 
lieuard  (Du  Gange,  id),  on  trouve  encore: 

Et  niangoniaus  de  plusieurs  guises 
Et  bonnes  portes  couletces. 

Fcnrstre  couleisse  est  au  reg.  JJ.  161,  p.  "iOl», 

an.  1400  ]{N.  E.) 

Colas,  subst.  masc.  Nom  propre.  Abrégé  de 
iX'icolas ,  comme  colart ,  colet,  coleau,  colin, 
colinel,  elc.  (Falconnel.)  Colas  m'faillon  est  un 
terme  de  caresse  ou  de  raillerie  usité  en  Lorraine, 
pour  dire  Nicolas  mon  liUot,  mon  petit-tils.  (Le 
Ducliat,  sur  Rabelais,  T.  IV,  p.  2-2,  note  4,  etleDict. 
de  Cotgrave.) 

Colationner.  [Intercalez  Colalionner, conférer, 
faire  une  colaeion:  «  Il  leur  fut  dit  que  ils  le 
<■  feïssent  esciiiire  sur  une  foelle  de  papier  [il 
>■  s'agit  des  clauses  d'un  duel],  car  le  roy  et  son 
<■  conseil  le  [papier]  vouloieut  veoir  et  collalion- 
«  ner.  »  (Froissart,  XIV,  55.)]  (n.  e.) 

Colaye.  [Intercalez  Colaijcce  qu'on  peut  porter 
à  dos,  en  lalin  colerium  :  «  Le  suppliant  emporta 
«  ung  lit,  ung  couvertaii,  les  draps  du  lit,  ung 
«  plancbon,  et  une  colaye  de  blé.  «  (.JJ.  173,  p.  '2'27, 

an.  1425.)]  (n.  e.) 

Colbert,  suhst.  masc.  Tei'me  de  droit.  «  C'est 
«  un  compagncn  d'alVrancbissement,  de  coliber- 
«  tus.  »  (Dicl.  de  Boi-el,  2'  add.) 

Colbin,  suhst.  masc.  Partie  du  cerf. 

N'oublie  pas  à  enciser 
Les  jointes,  devant,  et  deixier  ; 
Les  cnibin  mie  n'obliés, 
Haut  sur  un  autre  le  metez. 

Fabl.  MSS.  du  K.  n-  7015,  T.  Il,  fol.  167,  V  col.  -2. 

Colcotar,  subst.  masc.  Vitriol.  On  en  distingue 
de  deux  sortes  :  le  naturel  et  l'artificiel.  «  Le  col- 
«  cotar  est  matière  minérale.  «  (Fouilloux,  Faucon- 
nerie, fol.  81)  fl) 

Col  Dieu.  C'est  une  espèce  de  jurement;  il 
éloit  fort  ordinaire  au  maréchal  de  Matignon. 

1.  Cole,  subst.  fém.  Sorte  de  poisson.  Ce  mot 
paroit  être  le  même  que  colac,  alose.  (Voy.  Cola.) 

Princes  qu'or  fust  devenu  cnle, 
Esturgeon,  chien  de  mer,  ou  sole. 

Eust.  Desch.  PoC-s.  MSS.  fol.  W3.  col.  i. 

La  signification  de  ce  mot  paroit  plus  incertaine 
dans  le  passage  suivant  :  ••  Se  mistrent  en  barges, 
«  et  alerent  aux  salandres,  et  eu  pristrent  les  xvii; 
«  et  l'une  eschapa,  qui  esloit  à  la  cole.  >>  (Contin. 
de  G.  de  Tyr,  Marlène,  T.  V,  col.  711.) 

2.  Cole.  [Intercalez  Cole  (x°^,  bile),  dans 
l'expression  de  chaude  cole:  «  lîuillaume  Champeaul 


"  fust  féru  dudit  coustel  par  cop  de  meschief  et  de 
«  ctiaude  cole.  •<  (.!.t.  137,  p.  43,  an.  1389.)  L'expres- 
sion se  retrouve  dans  la  Coutume  de  Senlis  (art.  96 

et  MO)]  (n.  e.) 

3.  Cole.  [Intercalez  Cote,  coule  de  religieux: 

Du  chef  de  son  braier  une  clef  deffermerent 
Et  cote  et  estamine,  et  un  froc  en  estèrent. 

Roman  de  Vace  (Du  Cangc,  II.  092,  col.  1). 

Au  Gloss.  7684  du  fonds  latin,  on  lit:  «  Culla, 
»  coule  à  moigue.  »]  (n.  e.) 

Colée,  subst.  fém.  Coup*.  Accolade^.  Trouée •=. 

*  Cotée  étoit  proprement  le  coup  donné  sur  le  cou 
ou  sur  la  joue;  ce  mot  vienldes  mots  latins  coltum 
ou  colaphus.  >■  Chacun  attend  le  chef  enclin,  la  colée, 
«  et  la  persécution.  »  (Al.  Cliartier,  l'Esper.  p.  270.) 
Le  P.  Labbe,  dans  son  Gloss.  rend  le  mot  collée  par 
colaphisare,  col.  496. 

Buffe  colée, 
Joée,  adentée, 
Tel  sunt  lor  avel. 

Rob.  dou  Chaste],  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  I,  p.  57. 

Ce  mot  s'est  dit  aussi  de  toutes  sortes  de  coups,  soit 
sur  la  tète,  soit  coup  d'épée,  de  lance  an  de  hache. 
Voici  quel(|uesexemples  de  celte  acception  générale  : 

On  a  dit  donner  coups  et  collées.  (Lett'du  mois 
de  février  1384;  Très.  desChart.  Reg.  126,  pièce  82.) 

Ni  ont  puiz  qui  osast  donner  coup  ne  colée. 

Rom.  de  Rou,  MS.  p.  02. 
Me  donastes  cop  ne  colée. 

Fabl.  MSS.  de  S.  Germ.  fol.  123,  R'  col.  3. 
Colée  m'a  donné  trop  maie, 
J'ay  la  teste  toute  estonnée. 

Eusl.  Desch.  Poès.  MSS.  fol.  380,  col.  2. 

Colée  sigmi\e  aussi  coup  de  flèche,  dans  le  Rom. 
de  la  Rose.  De  Ih,  ces  expressions  cotées  asseoir, 
cotées  geler,  pour  porter  des  coups,  soit  d'épées 
ou  autres  armes.  ^Voyez  G.  Guiart.  ms.  fol.  255.) 

^L'embrassade,  le  soufflet,  ou  le  coup  donné  du 
plat  de  l'épée  sur  le  cou  des  nouveaux  chevaliers, 
ont  été  confondus  sous  les  dénominationsgéuérales 
de  colée  elû'accohnle.  (\ oyez  Annot.  deDuchesne(2), 
sur  Al.  Chart.  p.  8.52.)  Ou  lit,  en  parlant  d'un  che- 
valier fait  au  moment  d'une  bataille  : 

En  près  li  done  la  colée  ; 
Guarde  que  ja  soit  esprouvée 
Ta  proece  et  ta  valor, 
Droit  devant  moi  en  cel  estor. 

Blanchardin,  MS.  de  S.  G.  fol.  192.  F,'  col.  1. 

'^Du  mot  col,  en  usage  encore  aujourd'hui  pour 
signifier  un  passage  étroit  et  serré,  s'est  formé 
colée  (3),  pour  trouée  de  haie.  Nous  croyons  pouvoir 
l'interpréter  en  ce  sens,  dans  le  passage  suivant  : 

.  .  .  aussi  le  prennent  ilz  bien 
A  la  cropie,  avec  le  chien  : 
Et  quant  viennent  par  ces  colées  (4), 
Aux  courlils,  manger  leurs  porées. 

Gace  de  la  Bi^ne,  des  Déduits,  MS.  fol.  H4,  V*. 


(1)  Ce  mot,  inventé  peut-être  par  Paracelse,  désigne  le  peroxyde  de  fer  rouge,  obtenu  en  traitant  du  protosulfate  de  fer 
par  le  feu.  (n.  e.) 

(2)  Voyez  aussi  Du  Gange  sous  alapa  (I,  161,  col.  1  et  2)  ;  on  lit  dans  lîeaumanoir  (XXXV,  26)  :  a  Et  li  dona  li  uns   une 
colée  et  dit  :  «  Chevaliers  soyés.  »  (N.  E.) 

(3)  C'est  un  dérivé  de  couler  :  on  se  glisse,  on  se  coule  dans  ces  chemins  creux  que  les  Normands  appellent  cavée  et  les 
Saintongeais  couline.  (N.  E.)  ' 

(4)  On  disait  colée  pour  coulée,  comme  coler  pour  couler  :  «  Li  brans  cole  devers  l'esclence,  Od  le  carnail  trence  l'oreille 
Aval  s'en  cole  à  grant  merveille.  »  (Partonopex,  v.  9872.)  (n.  e.)  ' 

'T-  13 


GO 


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GO 


(Voyez  ci-npi'i^s  Coilee.) 
On  disoil  en  proverbe  : 

Qui  nu  niiitiii  prant  la  colée, 
Tote  jor  la  conporte. 

Piov.  du  Vil.  MS.  de  S.  Gei-m.  fol.  7i,  V-  col.  1. 

VARIANTES  : 
COLÉE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  r^Ti,  col.  1. 
Collée.  Lanc.  du  Lac,  T.  1,  fol.  170,  V»  col.  1. 
COULLE.  Fabl.  .MSS.  du  R.  n»  7615,  T.  Il,  fol.  151,  V"  col.  1. 

Coler,  subst.  viasc.  Collier.  (Voyez  Collier.) 

On  parle  de  larrons  lier, 
Et  d'eslraindre,  de  fors  liens, 
De  grésillons,  corde  à  cnler, 
Laisses  de  poil,  pour  tenir  chiens. 

Eust.  Desch.  Pois.  MSS.  fol.  i.'ii,  col.  -2. 

On  disoil  proverbialement  large  coler,  pour 
liberté.  C'est  en  ce  sens  que  celle  expression  doit 
s'entendre  dans  le  proverbe  suivant  : 

L'en  dit  que  fol,  et  poure  ont  moult  large  coler. 

Chastie  Musarl,  MS.  de  S.  G.  fol.  105,  R-  col.  2. 

Nous  ne  savons  si  c'est  en  ce  même  sens  que  le 
mot  coler  est  employé  dans  les  passages  suivans: 

Pourement  vivent  escoler; 

Ils  ont  plus  peine  que  coler  (1); 

Mesaises  ont  à  granz  braciées. 

IIM.  de  S"  Lcoc.  MS.  de  S.  Gemi   fol.  3(1.  R"  col,  '2. 

Tout  plenement  droit  escoler 
Ont  plus  de  peine  que  roler, 
Quant  il  sont  en  estrange  terre  (2K 
Por  pris,  et  por  honor  conquerre. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7015,  T.  I,  fol.  7i,  V*  col.  2. 

.Nous  croirions  plus  volontiers  que  ce  seroit  le 
verbe  coler  ci-après,  pris  au  ligure,  dans  la  signi- 
lication  d'avoir  du  plaisir. 

Coler,  verbe.  Accoler,  embrasser. 

Au  conte  meisme  fu  tart 
Que  colé  l'ail,  et  embracié  : 
Ens  en  la  bouche  l'a  baisié. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  59.  R-  col.  3. 

Colés  mie  une  fiés. 

PoL's.  MSS.  av.  1300,  T.  IV,  p.  Vm. 

Colère,  subst  fém.  Bile*.  Passion,  ardeur^.  Ce 
mol,  qui  subsiste  (3),  ne  s'emploie  plus  dans  aucun 
de  ces  deux  sens. 

*La  première  signification  se  justifie  par  le  pas- 
sage suivant  :  «  Le  cors  humain  a  en  soi  quatre 
<•  humeurs,  selon  les  quatre  élémens,  desquels  il 
«  est  composé  :  sçavoir  est  le  sang,  la  colère,  la 
«  melencolie  et  le  flegme.  »  (Les  Tri.  de  la  Noble 
Dame,  fol.  92.) 

^  Colère  désignoit  aussi  une  passion  vive,  un 
amour  violent.  «  Rien  n'est  à  l'amant  impossible 
«  pour  parvenir  à  son  intention  ;  mais  sa  grande 
«  colère  refroidie,  il  treuve,  en  fin  de  compte,  avoir 
«  servyd'unegrande  fable,  et  risée,  à  tout  le  peuple.  » 
(Pasq.  Monopbile,  p.  53.)  «  Souve.ntes  fois  appelent 
"  ceste  opération  de  nature  en  plusieurs  femmes. 


«  sans  les  aimer,  menez  par  une  brutalité,  et  sans 
■'  autre  considération  que  de  passer  nostie  colère.  " 
(Ibid.  p.  10-2.) 

Colèrenient,  adv.  Avec  colère,  furieusement. 
On  disoil  :  irriter  quelquitn  colereinenl,  puur  le 
pousser  ù  bout,  le  mettre  en  fureur.  iPontus  de 
Tliyard,  Disc,  du  temps,  fol.  20.)  Tahureau  dit  llgii- 
rément,  en  parlant  de  la  mer  : 

.  .  .  s'enllant  toute  ireuse. 
Toute  ireuse  regorgeant. 
Et  coleremcnt  hideuse,  etc. 

Poci;.  p.  202. 

Colerer  (Se),  verbe.  Se  mettre  en  colère. 
(Monet  et  Hob.  Estienne,  Dict.) 

Ne  te  colère  pas  contre  mon  insolence. 

Mélile,  Coniédie  de  P.  Corneille,  acte  IV,  scène  VI. 

"  C'est  lascheté,  et  foiblesse  que  se  colerer  (4).  » 
(Sag.  de  Charron,  p.  J37.) 

VARIANTES  : 
COLERER  (SE).  Contes  de  la  rovne  de  Navarre,  p.  50S. 
CuoLERER.  Apol.  pour  llérodotë,  p.  165  et  170. 

Colérique,  adj.  Bilieux.  Du  mol  colère  ci- 
dessus,  pris  dans  le  sens  de  bile. 

L'homme  est  sanguin,  ou  colérique  (5), 
Fleumatique,  ou  mélancolique. 

0.  Guiarl,  MS.  fol  352.  V. 

Coleris,  subst.  inase.  Terme  d'architecture. 
Colarin,  le  haut  du  fût  d'une  colonne,  l'endroit  le 
plus  étroit,  proche  du  chapiteau.  ■■  La  tierce  bande 
«  se  trouvera  respondanl  à  plomb  à  la  gorge,  ou 
"  coleris  de  la  colonne.  »  (Vray  et  pirf.  amour, 
fol.  215.) 


Irriter.    Mettre  en  colère , 


Colérlser,   verbe. 
donner  de  l'humeur. 

Madame^  ce  faquin  m'a  tout  colérisé. 

Le  Gcà).  de  soi-même,  Com.  de  Th.  Corn.  ad.  iv,  se.  iv, 

Colet,  subst.  masc.  Collerette  *.  Genouillère  ^. 

*  Au  premier  sens,  c'est  le  linge  que  les  femmes 
portoienl  autour  du  cou.  «  Leur  honneur  est  au 
«  cinquième  étage  de  leur  colet;  il  ne  s'y  faut 
«  jamais  prendre.  »  (Caquets  de  l'Ace,  p.  158.) 

Lors  ma  gentille  Cyprine, 
Tu  ouvriras  ton  colet  (6), 
Soubs  qui  ce  mont  jumelet 
Nage  à  petites  ondées. 

Giies  Durant,  ;i  la  suite  de  Roniiefons,  p.  131. 

'^  Colet  s'est  aussi  pris  pour  la  genouillère  d'une 
botte  ;  c'est  un  morceau  de  cuir  cousu  à  la  tige,  pii'- 
cisément  au-dessous  du  genouil,  en  forme  de  ciW- 
let.  «  Les  uns  menans  leurs  chevaux  par  la  bride, 
«  se  inettoyent  à  l'eau  jusques  à  la  ceinture,  autres 
«  passèrent  à  cheval,  dont  quelques  uns  tombèrent 
'<  dedans,  et  meirent  de  l'eau  dedans  leurs  bottes, 
«  par  le  colet.  »  (Mém.  Du  Bellay,  liv.  XII,  f»  S/jW.) 


(1)  Ou  coller,  collarii,  porte-faix.  (N.  E.)  ■  ' 

(2)  Cette  citation  est  extraite  de  Rutebeuf.  (N.  e.) 

(3)  Le  sens  actuel  n'apparaît  pas  avant  01.  Èasselin  (XV)  :  «  Je  ne  vai  point  en   cholere  Tempester  à  la  maison.   »   On 
employait  auparavant  ire  ou  cote  {choie),  (n.  e.) 

(4)  Amyot  écrit  aussi  (Démosthène,  42)  :  «  Archias  adonc  commencea  à  .se  citolerer  et  à  le  menacer  en  courroux.  »  (N.  E.) 

(5)  «  Le  colerujue  a  l'assault  le  plus  fort  de  ire  et  de  discorde.  »  (Ménarjier,  I,  3.)  (N.  E.) 

(G)  «  Avant  que  vous  partiez  de  vostre  chambre,  aiez  paravant  avisé  que  le  colet  de  vostre  chemise,  de  vostre  blanchet 
ou  de  vostre  cote  ne  saillent  l'un  sur  l'autre.  »  {Ménagier,  ï,  1.)  (n.  e.) 


co 


99  — 


CO 


Ce  mot,  que  nous  écrivons  collet,  conserve  encore 
plusieurs  acceptons.  On  le  dit  encore  figurément 
pour  le  cou,  mais  les  expressions  suivantes  sont 
liors  d'usage. 

1°  Armé^ jusqu'au  collet,  dans  le  sens  où  nous 
disons  armé  jusqu'aux  dents.  (Négoc.  de  Jeannin, 
T.  I,  p.  345.) 

2°  Sauter  au  colet,  qui  ne  se  dit  plus  qu'en  style 
populaire,  se  trouve  employé  dans  les  coutumes 
pour  écheoir.  «  Lorsqu'il  escliel  quelques  biens  pai- 
»  succession,  ou  qu'autrement,  comme  on  dit,  ils 
«  leur  sautent  au  colet,  etc.  »  (Coût.  d'Ouden. 
.\ouv.  Coul.  Gén.  T.  I,  p.  1089.) 

Coletier.  [Inlercalez  Coletier,  courtier  ;  •<  La 
«  buschette  estoit  jetée  sus  les  quatre  mestiers  de 
«  Bruges  :  colletiers  ,  vieswariers ,  bouchiers  et 
«  poisonniers.  ■•  (Froissart,  X,  42.)  Buchon  le  traduit 
dans  sou  glossaire  par  culottier.  On  lit  aussi  au 
reg.  J.J.  81,  p.  39i,  an.  1351  :  «  Comme  donné  nous 
«  fust  à  entendre  que  Locas  del  Longliecourt  fust 
«  souspeçonnez  de  y  estre  couletiers  et  marchans 
<•  de  fausse  monnoie.  »]  (n.  e.) 

Coleurer,  verbe.  Briller.  Du  latin  collucere.  Il 
paroît  que  c'est  le  sens  de  ce  mot  dans  ce  passage  : 

Li  barbiers  connoist  bone  gent, 
Et  si  les  sert,  et  les  honeure, 

Set  son  mestier  bel  et  gent, 

Se  besoins  li  recoroit  seure  ; 
Et  s'a  en  lui  moult  biau  sergent  ; 
Que  con  plus  vit.  et  plus  colcure. 

Fal)l.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  323,  V  col.  1. 

Colicaille,  subsl.  [cm.  Mot  factice.  11  est 
employé  comme  diminutif  de  colique,  dans  les  Lett. 
chois,  impr.  en  1751,  p.  375. 

Colicqueux,  adj.  Qui  a  la  colique,  sujet  à  la 
colique.  «  Est  l'eau  ainsi  caillée  remède  présent 
«  aux  chevaulx  colicqueux,  et  qui  tirent  des  flans.  » 
(Rabelais,  T.  III,  p.  2G4.) 

VARIANTES  : 
COLICQUEUX.  Rabelais,  T.  III,  p.  264. 
CoLiQLiEUX.  Oudin,  Nicot,  Dict. 
COLLIQUEU.X.  Oudin,  Dict. 

Colier,  verbe.  Tourner  le  cou*.  Regarder  en 
tournant  le  cou  °.  Rêver,  réfléchir*^. 

*  Le  premier  sens  de  tourner  le  cou  (1),  est  le  sens 
propre. 

Quant  li  dame  s'en  vait  offrir. 
De  le  teste  vait  coliant. 
Après  reswarde  en  beliant. 

Poi'S.  MSS.  avant  1300,  T.  IV,  p.  1321. 

^De  là,  colier  a  signifié  regarder  en  tournant  le 
cou.  Dcins  les  passages  suivans,  ce  mot  exprime 
l'action  de  quelqu'un  qui  se  regarde  avec  complai- 
sance, qui  se  mire  dans  sa  parure  : 


Par  fol  regart  enter  lui  colie. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7218,  fol.  UO.  V  col.  l. 

Or  ce  mire,  or  ce  coloie, 
Or  fait  le  mignot,  or  le  coie. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7015,  T.  I,  fol.  107,  V*  col.  2. 

■^Ce  mot,  dans  le  sens  figuré  de  rêver,  réfléchir, 
semble  faire  allusion  à  l'attitude  ordinaire  d'un 
homme  qui  médite  profondément  : 

Ensl  en  melancoliant, 

Et  à  mon  songe  coliant,  etc. 

Froissart,  Poés.  MSS.  p.  210,  col.  2. 
A  ceste  mélancolie^ 
Colie  mon  cuer  tout  dis. 

Ibid.  p.  307,  col.  1. 
.  .  .  Respont,  sans  plus  coliier, 
Qui  te  fait  melancoliier. 

Ibid.  p.  3W,  col.  2. 
Advise  bien,  pense,  et  colie, 
Aux  responces  qui  sont  données. 

Eust.  Desch.    Poes.  MSS.  fol.  5fi6,  col.  ) . 

VARIANTES  : 
COLIER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  186,  R»  col.  1. 
Coliier.  Froissart,  Poës.  MSS.  p.  33i,  col.  2. 
COLYER.  Percef  Vol.  V,  fol.  Hl,  V°  col.  1. 
CoLLOiER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  T.  I,  f»  107,  V»  col.  2. 

Collere.  [Intercalez  Coliere ,  poitrail  de  fer 
pour  le  cheval  : 

Covers  fu  devant  et  deriere, 
De  fer  ot  coliere  et  crupiere. 

Parlonopex,  v.  9642. 

M.  de  Wailly  le  traduit  par  croupière,  au  §  267 
de  .Joinville:  «  Et  se  feri  entre  les  Turs  si  avant 
«  que  il  li  empristrent  la  coliere  de  son  cheval  de 
«  feu  grejois.  »]  (n.  e.) 

Coliers,  si(/^sf.  masc.  plur.  Chevaux  de  trait. 
Chevaux  ayant  un  collier  (2). 

Roncins,  et  jumens,  et  colievs. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p  571  et  .572. 

Colieux.  [Intercalez  Colieux,  fâché,  irrité: 
«  Car  il  s'estoient  parti  dou  rov  [vès-colieux.  » 
(Froissart,  VI,  422.)]  (n.  e.) 

Colignagiers,  subst.  masc.  plur.  Terme  de 
coutumes.  Parens  de  la  même  tige  ou  branche , 
descendans  d'une  même  ligne.  «  S'il  y  a  du  vendeur 
"  plusieurs  lignagiers,  en  pareil  degré,  ou  droit 
«  présumplif  de  luy  pouvoir  succéder,  ils  y  sont 
«  tous  également  recevables  si  aucun  d'iceux  ayant 
«  devancé  les  autres,  avoit  jà  receu  le  créant  (pour 
«  le  prix  ou  le  gage  du  dit  retrait)  de  la  dite 
«  retraite,  est  tenu  en  repartir  ses  colignagiers, 
«  chacun  pour  sa  cotte.  »  (Coût,  de  Lorraine  , 
Coût.  Gén.  T.  II,  p.  1069.) 

Colimaçon,  subst.  masc.  Limaçon.  (Dictionn. 
d'Oudin.)  On  trouve  Ibid.  colimaçon  borgne,  pour 
chanson  d'enfant. 


(1)  Ou  plutôt  pencher  la  tète  ;  c'est  la  pose  fréquente  des  dames  dans  les  miniatures  (Quicherat ,  Cosinme  ,  p.  190)  ; 
souvent  même  le  long  cou  penche  à  droite,  le  buste  penche  à  gauche  et  toutes  les  lignes  du  corps  ondulent.  (Statuette  en 
bois  dans  l'HisL  du  Mobilier  de  Jacquemart,  Hachette,  1876.  p.  327.)  On  lit  dans  une  piraphrase  du  Miserere  ■  «  Orgeus  va 
du  col  coloiant.  »  (Du  Cange,  II,  425,  col.  I.)  Dans  GuigneviUe  (Du Cange,  II,  426,  col.  2)  on  lit  encore:  «  Tant  com  l'oysel 
va  coliant  El  châ  et  là  le  col  tournant.  »  (N.  e  ) 

(2)  Co/iers  se  dit  aussi  d'une  gorgeretle  ou  cravate  en  cuir,  en  mailles  ou  en  plaquettes  de  fer  cousues  sur  un  carcan 
d'étoffe  (Quicherat,  208)  ;  «  Deux  cent  dix  hommes...  biens  armez  de  plates,  de  baciiiez,  de  coIicrs,  autrement  gorgieres  de 
fer.  ji  (Pièce  de  1337,  Du  Cange,  II,  426,  col.  2.)  Le  mot  a  enfin  le  sens  de  colaye.  (Du  Cange,  II,  426,  col.  3.)  (n.  e.) 


co 


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CO 


Colin,  subsl.  masc.  l'espèce  de  corneille  *.  Pain 
aux  chiens^.  Terme  d'injure'^. 

*  Au  premier  sens,  espèce  de  corneille,  c'éloit  une 
espèce  de  l'urneille  au  bec  et  aux  pieds  rouges  (1). 
(Uicl  de.Monel.) 

^  Nous  n'avons,  sur  la  seconde  signification  de  ce 
mot  pain  aux  chiens,  que  cette  même  autorité  de 
Monet. 

^Volin  est  donné,  pour  terme  d'injure,  par  Bou- 
cliet,  Serées,  liv.  Ui,  p.  160.  "  Eslre  appelle  par  ces 
«  noms,  maraull, coquin,  belistre,  grand  coLini^I).  « 

Nous  uiarqueroas  d'ailleurs  les  expressions  sui- 
vantes, où  le  mot  cûliii  est  employé  : 

l'  Culin  fanglois  est  le  nom  d'un  vaisseau  dont 
parle  Monstrelel.  »  Le  dit  messire  Jaques  aura  du 
«  navire  pour  le  port  estant  ù  Croloy,  c'est  à  sya- 
»  voir,  la  grande  liulque,  et  la  barge,  6'oZ/«/'rtH6'^o«s, 
u  Plumeterre,  etc.  »  (Monstr.  Vol.  11,  fol.  9.) 

2°  Colin  breiiot  se  trouve  dans  les  Contes  de 
Cholières,  T.  1,  p.  271.  «  Il  maugréoit  colin  hrenot, 
"  et  ses  quittances.  » 

3°  Colin  bridé.  Jeu  d'enfanL(3j.  (Voy.  Dicl.  d'Oudin.) 
11  est  compris  dans  les  jeux  de  Gargantua.  (Voyez 
Rabelais,  T.  1,  p.  ITiO.) 

4"  Colin  tampon  désignoit  autrefois  la  marche 
des  Suisses,  d'où  l'on  a  dit  un  gros  colin  tampon, 
selon  Oudin,  Cur.  Fr.  (4) 

Colinet,  suhsl.  masc.  Diminutif  de  colin.  11  y 
avoit  un  jeu  d'enfant,  peut-être  le  même  que  colin 
bridé,  qui  se  nommoit  ostcs  moi  de  colinet.  Frois- 
sart,  parlant  des  jeux  de  son  enfance,  dit  : 

Juiens  nous  au  Hoy  qui  ne  ment, 
Aux  bares,  et  à  l'agnelet, 
A  ostés  moi  de  colinet. 

Pots.  MSS.  p.  86,  col.  2. 

Colique,  siibst.  fém.  Nous  ne  rapporterons,  sur 
ce  mol  subsistant,  que  quelques  façons  de  parler 
hors  d'usage,  dans  lesquelles  ilentroit. 

1°  On  nommoit  colique  passion,  une  espèce  de 
colique  particulière  dont  les  douleurs  sont  très 
aiguës.  »  La  colique,  dont  avez  esté  tourmentée, 
«  ainsi  que  m'escrivez  est  appellée,  par  le  commun 
«  peuple,  colique  passion,  pour  estre  l'une  des  plus 
«  aiguës  de  toutes  les  autres.  ■■  (Pasq.  Œuv.  Mesl. 
page' 307.)  C'est  peut-être  la  même  que  la  colique 
bifieuse,  ou  de  Poitou  (5),  maladie  nouvelle  en  1572, 
et  qui  continua  par  intervalle  jusqu'en  IGOG.  (Hist. 
de  Thou,  liv.  LIlll,  p.  .'j36.)  «  Le  lièvre  a  un  petit 
«  os,  dedans  la  joincture  des  jambes,  lequel  est 
«  souverainement  bon  pour  la  colique  passion{(Jt).  » 
(Fouilloux,  Vénerie,  fol.  62.) 

2°  Colique  S'  Matliurin  se  disoit  pour  folie,  sot- 
tise, bêtise,  selon  les  Dict.  d'Oudin  et  ses  Cur.  fr. 


3"  Vertu  colique  se  prenoil  pour  la  violence 
d'une  colique.  '  Le  ciel  de  lict  tout  enllé  d'or,  et 
«  de  perles,  n'a  aucune  vertu  ti  rappaiser  les  Iran- 
«  chées  d'une  vertu  colique.  >>  (Ess.  de  Montaigne, 
T.  I,  p.  447.)  Peut-être  faut-il  lire  verte  colique, 
violente  colique. 

4°  Ou  disoit  :  ■>  Gens  ([ui  ont  la  colique  h  l'esto- 
«  mac,  »  c'est-à-dire,  selon  Uudin,  «  des  sergens  ; 
«  pour  la  ressemblance  de  leurs  armes,  ou'mar- 
»  ques,  à  une  pierre  appellée  colique.  »  (Cur.  Fr. 

v.\ni.\NTEs  : 
COLIQUE.  Orth.  subsistante. 
CoLLiQUE.  Oudin,  Dict. 

Colis.  [Intercalez  Colis,  coulisse,  herse,  comme 
porte  colaice  :  «  Quant  le  suppliant  fut  hors  de  la 
«  bassecourt,  apercent  Jehan  Boulengier...  à  la 
«  barrière  du  colis  [du  chastel  de  Fontenayj.  » 
(A.  N.  JJ.  161,  p.  209,  an.  H06.)]  (n.  e.) 

Colis  cupidique.  E.xpression  obscène  tirée  du 
mot  latin  colis.  «  Par  expérience,  nous  trouvons 
«  que,  lorstiu'on  s'est  delelé  du  colis  cupidique. 
«  vous  avez  un  esbiouyssement  d'yeux.  «  (Contes 
de  Cholières,  fol.  116.) 

Colissé,  adj.  Ajusté  en  coulisse.  «  Fenestre, 
«  ou  parement  de  fenestre  de  bois,  à  batomenl,  ou 
"  entrelats,  ou  colissc:^  sur  un  pan  de  fust.  ■■  (Conl. 
de  Reims,  Gout.Gén.  T.  1,  p.  583.) 

Collace.  [Tnlercalez  ro//rta',  terre  en  mélayage, 
comme  le  castillan  colluTiU  :  «  Item  de  vint  et  sis 
«  sols  de  cenz  et  de  deus  solz  et  oict  deniers 
«  d'autre  part  sus  le  hébergement,  qui  fu  Pierre 
«  Menier,  et  de  douze  deniers  sus  la  collace,  que  il 
«  acquislrent  de  mons.  Hugues  de  Boisse.  ■■  (Hei;. 
JJ.  '(8,  p.  222,  an.  1312.)]  (n.  e.) 

Collage  ,  subst.  masc.  Terme  de  coutumes. 
C'est  un  droit  que  le  seigneur  lève  sur  les  luibitans 
qui  ont  des  bœufs  doi:t  ils  se  servent  pour  labourer 
la  terre.  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  Fr.)  «  Tous  ceux  de  la 
»  dicte  liberté  et  franchise,  allans,  ou  venans,  sont 
«  franchs  de  péage,  collage,  ou  cornage,  ou  autres 
«  coustumes  quelcoiu|ues  ,  et  toute  la  ville  ,  et 
"  chastellenie  de  Ciiasteauneuf.  «  (LaThaum.  Coul. 
de  Berry,  p.  1G8.) 

VARIANTES  : 

COLAGE.  Laur.  Gloss.  du  Dr.  Fr. 

Collage,  Cornage.  La  Tliaum.  Coût,  do  Berry,  p.  168. 

Collatéral,  adj.  Egal,  collègue  *.  DépendauL 
accessoire^.  Parent  par  frères  ou  sœurs '^.  Ces 
significations  viennent  du  sens  propre  du  mot 
latin,  dont  notre  mol  dérive  :  latus,  côté. 

*  Collatéral  ne  se  dit  plus  dans  le  premier  sens. 


(1)  La  poule  d'eau  se  nomme  colin  noir.  (n.  e.) 

(2)  Ne  faudrait-il  pas  lire  câlin,  paresseux,  comme  en  Saintonge  et  en  Poitou?  (Favre,  p.  69.)  (N.  E.) 

(3)  C'est  le  colin-maillard,  (n.  E.) 

(4)  u  Ainsi  le  palalalalan  a  emprunté  ce  nom  du  tambour  des  François  ;  ainsi  le  colin  tampon  de  celuy  des  Souisses.  » 
(Pasquier,  Recherches,  VIII,  6.)  Voyez  aussi  les  Mémoires  de  TEtat  de  France  sous  Charles  IX,  II,  p.  208.  (n.  e.) 

(5)  Cette  maladie  date  de  1572,  et  d'après  de  Thou  (liv.  I,  IX)  reparut  tous  les  dix  ans  et  toujours  avec  plus  de  violence 
jusqu'en  1606.  Les  descriptions  détaillées  de  cette  maladie  permettent  de  la  confondre  avec  la  colique  de  plomb  ;  elle  était 
probablement  due  à  l'usage  d'ustensiles  en  plomb,  (n.  e.) 

(6)  Voyez  édition  Favre,  fol.  48,  recto,  (n.  e.) 


co 


-  101  — 


CO 


On  s'en  servoit autrefois;  par  exemple:  «  Caracalla, 
«  non  uontent  d'estre  collatéral  à  son  père,  le  vou- 
•>  lut,  pour  son  premier  coup  d'essay,  supplanter 
«  de  sa  dignité  impériale.  »  (t^etl.  de  Pasq.  T.  II, 
p.  51!).)  «  Ces  deux  grands  evesques,  picquez  d'une 
«  belle  et  sainte  ambition,  jouoient,  chacun  à  qui 
«  mieux  mieux,  l'un  pour  eiive  collatéral,  et  l'autre 
<•  pour  n'avoir  point  de  compagnon  et  pareil.  » 
(Pas(|.  Recb.  p.  140.) 

Le  litre  d'assesseur  de  l'Inquisiteur,  employé  par 
M.  de  Tliou,  Hist.  ï.  IV,  liv.  XXXIV,  page  GTi  est 
rendu  par  le  mot  collatéral  dans  la  Popeliniére. 

René,  roi  de  Sicile,  duc  d'Anjou,  appelle  l'arche- 
vêque de  Tours,  «  de  son  cœur  collatéral  anuj.  » 
(.Ms.  du  R.  n"  7293,  fol.  1.) 

C'est  en  ce  sens  d'égal  ou  de  collègue,  qu'il  faut 
entendre  le  passage  dé  Monstrelet  que  nous  allons 
citer,  et  dans  lequel  les  iionis  propres  sont  miséra- 
blement défigurés.  Il  rapporte  la  lettre  du  Grand 
Turc  écrite  au  pape  en  1453;  elle  commence  ainsi  : 
«  Morbesan,  seigneur  es  parties  d'Achaye,  fils  de 
«  Horestes,  avec  ses  frères,  dont  l'un  est  coUabu- 
»  labre,  collatéraux,  vellateurs,  de  urbaneus  impe- 
"  râleur  :  au  grand  preslre  rommain  noslre,  jouxtes 
"  ses  mérites,  salut.  »  (Monslr.  Vol.  III,  fol.  61.) 

^De  là  ce  mot,  dans  une  signification  encore 
plus  figurée,  signifioil  dépendant,  accessoire  : 
«  J'ay  promisd'escripre,  de  ung chacun  conlendant, 
«  leurs  fais  particuliers,  et  non  de  leurs  colîate- 
«  raulx.  «  iTri.  des  IX  Preux,  p.  73.) 

'^  Collatéral,  comme  terme  de  généalogie,  subsiste 
encore  pour  désigner  les  degrés  de  parenté  par 
frères  et  sœurs,  en  ligne  transversale,  mais  nous 
ne  devons  pas  oublier  de  remarquer  que  les  mots 
collatéral  et  latéral,  suivant l'éditeurdeBouteiller, 
se  confondoient,  de  son  temps,  comme  ayant  la 
même  signification,  et  avoienl  élé  distingues  autre- 
fois. Collatéral  signifioil,  comme  aujourd'hui,  ceux 
qui  sont  à  côté  de  la  ligne  ou  souche,  comme  les 
oncles,  tantes,  neveux,  cousins,  latéral  ceux  qui 
descendoient  de  frère  ou  de  sœur.  «  Action  pro- 
«  priétaire  si  est  telle  que,  la  propriété  vient,  et 
«  descend  par  .succession  naturelle,  si  comme,  par 
«  succession  de  droicte  ligne,  ou  par  ligne  latéral, 
»  on  collatéral.  C'est  à  entendre  droicte  de  père,  ou 
«  de  mère  :  latéral,  si  comme  de  frère,  ou  sœur; 
«  collatéral  comme  par  oncles,  ou  par  cousins.  » 
(Bout.  Som.  Rur.  p.  ICO.  —  Voyez  Beauman.  p.  84, 
et  Du  Gange,  aux  mots  Conlalera7nus  et  Collatores.) 

Collaterallenient,  adv.  En  ligne  collatérale. 
«  Retraict  se  fera  de  l'immeuble  qui  aura  escheu  au 
"  vendeur  par  droicl  de  succession  de  ses  père,  ou 
"  mère,  collatérallemenl  d'autres  siens  parens.  » 
(Coût,  de  Bouill.,  au  Nouv.  Coût.  Gén.  T.  H,  p.  855.) 


Collation,  subst.  fént.  Conférence,  entretien*. 
Sermon,  harangue  ^.  Compaiaison'^  (1). 

*l>ans  le  premier  sens  de  conférence,  entrelien, 
on  lit:  "  Si  eurent  [dusieurs  collations  (2)  de  parle- 
«  mens  ensemble.  .■  (Froiss.  liv.  111,  p.  301.) 

•l^ay  en  donnant,  ce  m'a  .semblé, 
Veu  merveiUeuse  vision  : 
D'un  collège  noir,  et  troublé, 
Qui  estoit  à  colhwioti, 
Requerans  à  l'ugnicion. 
Qu'elle  fist  des  mauvais  justice. 

Euit.  Desch.  Pocs.  MSS.  p.  3j1,  ool.  ".!. 

^  Collation  se  prenoit  aussi  pour  harangue,  dis- 
cours oratoire  (3).  On  a  dit,  en  parlant  d'un  carême 
qui  avoil  élé  prêché  devant  !e  roi  :  ■<  Finée  la  col- 
>  lution,  et  prédication  ...  (Monstr.  Vol.  1,  fol.  160.) 
Le  duc  d'Anjou  ayant  prononcé  un  arrêt  liès-rigou- 
reux  contre  la  ville  de  Montpellier  qui  s'étoil 
révoltée,  .■  fut  faite  une  collation,  pai'  un  frère 
«  Jacobin,  tout  tendant  affin  de  miséricorde.  « 
(Cliron.  S'  Denis,  T.  III,  fol.  40.)  On  lit  <■  collation 
«  à  la  luenge  du  Irespassé  »,  pour  oraison  funèbre, 
dans  Monstrelet,  Vol.  III,  fol.  30.  Après  l'offerte  de 
la  messe  des  morts  célébrée  pour  les  chevaliers  de 
Croissant,  «  y  aura  une  petite  collation  des  bien- 
«  faits,  honneurs;  et  vaillances  de  celuy,  ou  de 
«  ceux  qui  seront  trespassez  ■>.  (La  Colomb.  Th. 
d'honn.  T.  I,  p.  P21.)  On  lit  à  la  marge  collation, 
prise  ici  pour  oraison  funèbre;  mais  la  remarque 
n'est  pas  exacte.  Collation,  dans  cette  phrase, 
signifie  en  général  discours,  dont  le  reste  de  la 
phrase  indique  le  sujet. 

•^  Le  mot  collation,  pris  dans  le  sens  de  compa- 
raison, vérification  de  conformité,  rend  la  foice  du 
mot  latin  eollatio  dont  il  descend.  On  se  sert 
encore  du  mol  collalion  dans  ce  sens;  de  là  est  née 
l'expression  anciennement  d'usage,  en  langage  de 
chancellerie,  lettres  par  collation  ou  vidimu's  (4). 
(Miraumont,  de  la  Chancellerie,  fol.  25.) 

VARIANTES  : 
COLLATION.  Froissart,  liv.  III,  p.  50. 
CoLATioN.  Froissart,  liv.  IIÎ,  p.  301. 
C0LL.\ci0N.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  f»351,  col.  3. 

Collature,  subst.  fém.  Ce  qui  est  coulé.  Du 
latin  collare,  passer  au  sas  ou  à  l'étamine.  «  Quand 
«  le  tout  aura  bouilly,  passer  les  herbes,  et  dans  la 
»  collature  vous  y  dissoudrez  deux  onces  de  savon 
"  ordinaire.  »  (Salnove,  Vénerie,  p.  332.) 

Collaudation,  suhsl.  fém.  Louange.  (Dicl.  de 
Colgrave,  Oudin,  et  Rob.  Estienne.) 

Collauder,  verbe.  Louer,  préconiseï-,  vanter. 
(Cl.  Marot,  p.  168,  et  les  Marg.  de  la  Marg.  fol.  5.) 

Indes  cessés,  Arabes,  Sabiens 

Tant  rnllaiider  vos  mvrrhe,  encens,  ébène. 

Rabtlais.  T.  Ul.  [..  i'i. 


cl)  Le  sens  de  repas  se  trouve  en  1453  au  reg.  li.  182,  p.  77  ;  «  Après  qu'ils  eurent  tous  soupe  et  ioué  et  raudé  les  uns.s 
ayecques  les  autres,...  ledit  Beauchamp  fist  hucher  pour  faire  collativn  d'après  soupper,  les  serviteurs  estans  audit  cha<:tel 
et  les  damoiselies  avecques  leurs  chamberieres.  »  (n.  e.) 

(2)  Voir  ci  dessus  colacion.  (n.  e.) 

(3)  Voyez  ci-dessus  culacUm.  (k.  e.) 

(4)  On  lit  aux  Ordonn.  (VII,  p.  706,  an.  13(37)  :  «  Que  advocas  ne  plaideront  causes,  se  ilz  n'en  ont  fait  paravant  collacU,,,  ■ 
et  n  en  feiont  collacwn  en  jugement  ;  mais  se  ilz  la  veuillent  faire,  yslront  de  l'auditoire.  »  (N.  E  ) 


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10-2  — 


co 


VARIANTES  : 
COLU.\UDER   Oudin,  Nicot,  Dicl. 

COLAUDEH. 

Collé,  (tflj.  Accolé.  Terme  de  blason.  «  Le  sei- 
»  gneui'  t-le  lîcarn,  ((ui  portoil  d'or  à  deux  vaches 
a  (le  gueules,  couronnées  d'azur,  et  collés,  etcou- 
«  pennées  d'aigenl.  »  (Petit  J.  de  Sainlré,  p.  423.) 
Tous  ces  mots  sont  estropiés,  et  les  armoiries 
mêmes  mal  hlasonnées.ll  falloit  dire:  «  d'or  à  deux 
»  vaches  de  gueules  accornées,  accolées  et  clari- 
«  nées  d'azur.  >■ 

Collectaire.  ^intercalez  Collectaire,  livre  de 
pliures  renfermant  toutes  les  collectes  de  l'année  : 
«  Un  hreviaire,  un  petit  collectaire.  «  (JJ.  154, 
p.  (39."»,  an.  I3t»!».)  On  lit  encore  au  reg.  J.I.  147, 
p.  233,  an.  1395:  »  Icelle  religieuse  emporta  avec 
"  elle  un  bréviaire  ou  colletere,  et  unes  petites 
"  heures.  ■■]  (n.  e.) 

Collecter.  [Intercalez  Collecte)',  recueillir: 
"  Lesquelles  paines  et  amendes  devant  dictes  sont 
<■  collectées-  au  commendeuient  de  noz  dis  esche- 
..  vins.  »  (Ord.  V.  400,  an.  1361.)]  (n.  e.) 

Collecteui",  subst.  masc.  Ce  mot  n'est  plus  en 
usage  que  pour  signifier  celui  qui  est  chargé  de 
lever  les  droits  du  roi;  mais  autrefois,  il  y  avoit  : 

1°  Des  collecteurs  nommés  par  les  seigneurs 
particuliers  pour  lever  leurs  droits.  (Bout.  Som. 
Hur.  p.  m.) 

•2"  Des  baillis,  collecteurs  héréditaires.  Cette 
(lualilication  se  trouve  plusieurs  fois  dans  les  signa- 
tures des  procès-verbaux  des  coutumes.  (Kouv. 
Coût.  Gén.  T.  I,  p.  377.) 

3"  Des  collecteurs  de  morte  main.  11  en  est  fait 
mention  dans  l'ordonnance  de  1302,  «  portant 
"  règlement  pour  les  officiers  du  Chastelet  ».  (Oi'd. 
des  R.  de  Fr.  T.  I,  p.  353.) 

Collectiers ,  subst.  masc.  plur.  Corps  de 
métier.  «  L'enqnesle  estoit  sçeue,  et  gettée  des 
«  Gandois  sur  les  quatre  mestiers  de  Bruges,  col- 
"  lectiers,  verriers,  bouchers,  et  poissonniers,  à 
«  tous  les  occire,  sans  déport,  pour  tant  qu'ils 
"  avoyent  toujours  esté  de  la  faveur  du  comte  de 
o  Flandres  »  (Froissari,  liv.  Il,  p.  183.)  L'éditeur 
remarque  sur  collectiers  (1)  que  si  l'auteur  ne  prend 
ce  mot  pour  corroyeurs  ou  cordonniers.,  il  ne  l'en- 
lend  point. 


Collection,  subst.  fém.  Table,  récapitulation. 

Ce  mot  subsiste;  mais  on  ne  dit  plus  collection  des 
matières,  pour  récapitulation,  table  des  matières. 
(Voyez  Contred.  de  Songecr.  fol.  189.) 

CoUectui'e,  subst.  fém.  Collection,  recueil. 
Composer  un  livre,  c'est  arranger  les  idées  que 
l'on  a  recueillies  sur  un  même  sujet;  de  là,  faire 
colleclure  d'un  livre,  pour  le  composer. 

Ne  vous  faschez  de  mon  petit  sçavoir, 
Qu'ay  applicqué,  en  faisant  colleclure. 
De  ce  libvret,  dont  vous  orrez  lecture. 

Faifeu,  p.  H. 

Collefjat,  subst.  masc.  Collègue  du  légal. 
«  IL  d'Armagnac  archevêque  d'Aix,  collegat  d'Àvi- 
»  gnon,  commandoit  pour  le  roy  en  Provence.  » 
(Voyez  Mém.  de  Villeroy,  T.  V,  p.  227.) 

(iollége,  subst.  masc.  Collège*.  Corps,  société, 
ordre  ^.  Ce  mot  subsiste  dans  ces  deux  sens  ;  mais 
nous  remarquerons  des  dilTérences,  pour  le  pre- 
mier sens,  dans  l'orthographe  seulement;  pour  le 
second,  dans  l'étendue  de  l'acceplion. 

'■Collège,  pris  pour  un  lieu  public  où  l'on  ensei- 
gne, s'écrivoit  autrefois  colliége  (Rabelais,  T.  I, 
p.  236;  eicolliaige  (Vig.  de  Charles  VII,  T.  II,  p.  27.) 

^  Co//e^e(2),  pris  pour  ordre,  corps,  etc.,  s'est  écrit 
aussi  colliége;  mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  important, 
c'est  que,  non-seulement  on  l'appliquoit  comme 
aujourd'hui  à  certains  corps,  mais  à  tout  corps  en 
général,  aux  ordres  ecclésiastiques  ou  religieux, 
aux  compagnies  des  magistrats,  aux  corps  de  villes, 
même  aux  corps  de  méliers  ou  simplement  aux 
assemblées  en  général,  comme  l'interprète  leGloss. 
de  Marot,  p.  45. 

^'ous  allons  justifier  tout  cela  par  des  exemples. 
Dans  la  Chron.  de  S'  Denis,  on  lit  que  Charles  V  fit 
donner,  pour  la  naissance  de  son  fds,  en  1368, 
«  20  mille  florins,  ou  nlus  aux  collèges  de  Paris  ». 
(Chron.  S'  Denis,  T.  III,  fol.  8.)  On  trouve  aux 
ordres  de  Paris,  dans  le  même  endroit  de  la  Chron. 
de  Nangis  :  «  .\ux  funérailles  de  la  reyne  Jeanne 
«  femme  de  Charles  V,  esloient  tous  les  collèges,  et 
'■  ordres  mendians  de  Paris.  >•  (Chron.  .S"  Denis, 
T.  III,  fol.  37.)  On  a  dit  un  collège  de  religieux  de 
l'observance  de  S'  Dominique.  (J.  d'Auton,  Ann.  de 
Louis  XII,  p.  107,  an  1502.)  On  voit  (ibid.  p.  83) 
«  près  de  Pavie,  est  la  Chartreuse,  qui  est  un  des 


(t)  Voir  plus  haut  ei^Ieliers.  (N.  E.) 

ri)  «  Les  collèges  n'étaient  à  l'origine  que  des  pensions  exclusivement  habitées  par  des  boursiers.  On  fondait  huit 
bourses,  dix  bourses,  avec  un  très-petit  revenu  pour  chacune,  quelquefois  deux  sous ,  trois  sous  parisis  par  semaine. 
C'était  une  œuvre  pie.  comme  la  fondation  d'un  hôpital.  Le  colléijç  de  Saint  Thomas  du  Louvre  ,  dont  la  création  remonte 
au  XII'  siècle,  était  à  la  l'ois  hôpital  et  collccje  ;  il  finit  par  n'être  qu'un  couvent.  Les  boursiers  demeuraient  ensemble  dans 
les  bâtiments  du  ro/te/e  et  y  prenaient  leur  pension,  sous  le  gouvernement  d'un  principal,  assisté  le  plus  souvent  d'un 
sous-maître.  Quand  le  collège  était  plus  important,  le  fondateur  y  ajoutait  un  ou  plusieurs  chapelains  ;  il  n'y  avait  d'ailleurs 
nul  enseignement  ;  les  étudiants  fréquentaient  les  écoles  de  la  rue  de  Fouarre...  l'eu  à  peu  l'usage  se  répandit  d'ouvrir  des 
classes  dans  les  collèges,  qu'on  appelait  les  collèges  célèbres.  Il  v  eut  alors  les  petits  collèges,  qui  n'étaient  que  des  pensions 
de  boursiers  ;  des  collèges,  d'une  importance  intermédiaire,  oii  l'on  faisait  à  l'intérieur  quelques  classes  d'humanités  ,  sauf 
à  aller  chercher  au  dehors  l'enseignement  des  classes  supérieures  et  enfin  les  collèges  célèbres  ,  qui  prirent  le  nom  de 
collèges  de  plein  exercice,  et  où  l'enseignement  était  complet,  comprenant  les  arts  ou  humanités,  c'est-à-dire  la  grammaire, 
la  logique  et  la  théologie.  »  (.T.  Simon,  Réforme  de  renseignement  secondaire,  p.  20l)-'2l)2,)  —  Dans  les  derniers  temps,  le 
nombre  des  f()//«f/cs  de  plein  exercice  se  trouva  réduit  à  dix  :  les  (■.(/'t'jc.'j  d'Harcourt .  du  Cardinal  Leraoine  ,  de  Navarre, 
de  Montaigu,  du  Plessis,  de  Lisieux,  de  la  Marche,  des  Grassins,  de  Mazarin  (ou  des  Quatre  Nations;  et  de  Louis-le -Grand 
(OU  de  Clermont).  (n.  e.) 


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103  - 


co 


«  plus  excellens,  el  soaiplueux  collèges  de  loute  la 
«  chielleiilé.  » 

On  dislintiuoit  collèges  calliedvuux,  el  collégiaux. 
(Froiss.  liv.  IV,  p.  13.)  «  A  l'enti-ée  de  la  reyne  Isabelle 
«  dans  pMris,  en  -138!),  ilevanl  l'église  Nostre-Dame, 
«  en  la  place,  révesqne  de  Paris  esloil  revéln  des 
«  armes  noslre  Seigneur,  el  loul  le  collège  aussi, 
«  où  moult  avoit  grand  clergé,  et  la  descendit  la 
<■  royne.  »  (Ibid.  p.  4  (!).)  «  Louis  douze  démembra  la 
■'  Guyenne,  et  érigea  un  autre  parlement  à  Rour- 
<.  deaux,  en  fan  140î>,  à  Grenoble  en  Daupbino  un 
"  autre  par  Louis  XL  Tan  L-ir)3,  qui  s"ap|i(;lloit  le 
«  collège  (]es  juges,  auparavant  conseil  érigé  par 
«  Humbert,  ou  Hubet  daupbin  de  Viennois.  " 
(Miraum.  des  Cours  souver.  p.  03.)Eiist.Descbamps, 
déclamant  contre  le  mauvais  gouvernement  du 
royaume,  qu"il  désigne  sous  le  nom  du  Lion,  s'ex- 
prime ainsi  : 

...  Le  parlement  des  bestes, 

Ou  il  ot  Ix,  el  X  testes 

Fut  divisez,  et  en  trois  corps. . . 

.  .  .  L'un  des  corps,  qui  fut  premiers, 

Conservoit,  des  officiers 

D'entour  le  roy,  les  privilèges  : 

Li  second  des  autres  collèges  (2). 

Eust.  Dcsch.  Pues.  MSS.  fol.  465,  col.  2. 

"  Pour  avoir  collège,  ne  faut  avoir  que  assemblée 
'  de  trois,  el  non  de  moins.  »  (Bout.  Som.  Rur. 
p.  790.)  «  En  privilège,  est  communément  contenu 
'•  plusieurs  cboses,  touclians  les  estais  des  villes,  ou 
«  collèges  qui  les  privilèges  ont,  qui  n'est  pas  de 
«  nécessité  de  monstier.  »  fibid.  p.  637.)  «  Dans  la 
«  susdite  vide,  il  y  a  un  collège  d'hommes,  que  l'on 
«  nomme  arpenteurs,  diviseurs,  ou  experts,  qui. 
"  par  chacun  an,  sont  renouveliez  par  la  loy.  » 
(Coul.  de  iNieuport,  Nouv.  Coût.  Gén.  T.  I,  p.  737.) 

On  disoil  droit  de  collège,  pour  commune  ou 
communauté.  (Voyez  La  Thaumass.  Coul.  de  Berrv, 
p.  240.) 

VARIAXTES  : 

COLLÈGE.  Orth.  subsistante. 

CoLLiEGE.  J.  d'Auton,  Ann.  de  Louis  XH,  fol.  75. 

CoLL£AGE.  Vig.  de  Charles  VII,  T.  II,  p.  27. 

Collégial,  adj.  Nous  disons  église  collégiale, 
mais  nous  ne  disons  plus  collégial.  On  employoil 
autrefois  ce  mol  comme  épithète  de  chanoine,  pour 
distinguer  le  chanoine  d'une  collégiale,  du  cathe- 
dral,  ou  du  chanoine  d'unr  cathédrale.  (Eust. 
Desch.  Poës.  .mss.  fol.  40.".  (3).j 

On  disoit  aussi,  au  pluriel,  collégiaux,  et  l'on 
donnoit  ti  Toulouse  ce  nom  à  ceux  qu'on  appeloil 
boursiers.  Pasquier,  parlant  de  la  fondation  faite 
dans  les  collèges  pour  les  écoliers  pauvres.  »  Ces 
«  escoliers  furent  en  la  ville  de  Tholose  appeliez 
«  collégiaux  (i),  comme  enfans  des  collèges,  et,  en 
"  l'université  de  Paris  boursiers,  comme  eslans 


«  nourris,  et  aliuienlez  de  la  bourse  commune  de 
«  leurs  fondateurs.  >■  (Pasq.  liech.  p.  701.) 

Collégiallenient,  adv.  Conjointement.  En 
commun.  ■•  Les  curtz,  cbappellains,  et  autres  bene- 
«  ficiei's  gouvernaus  en  particulier,  el  non  collé- 
"  gialemenl,  etc.  (Coul.  de  Hainaull,  Nouv.  Coul. 
Gén.  T.  Il,  p.  134.) 

Collegiate,  adj.  nu  fém.  Collégiale.  On  trouve 
église  collegiate,  dans  le  Coût.  Gén.  T.  Il,  p.  1053. 

Colléfiié,  adj.  Associé.  Du  mot  collège  ci-des- 
sus, pour  .société.  François  Chevalier,  qui  vivoit 
vers  quinze  cenl  cinquante,  prend,  dans  le  litre 
d'un  rondeau,  la  qualité  de  collégié  du  collège  de 
Foix  à  Tholose.  (Gonj.  Bibl.  fr.  T.  XI,  p.  102.) 

Collégien,  subsl.  masc.  Chanoine  d'un  collé- 
giale. Le  nom  générique  de  collégien  étoit  autre- 
fois particulièrement  affecté  aux  chanoines  d'une 
cathédrale. 

En  cel  temps,  les  processions, 
Chanoinnes,  et  collégiens 
Alerent,  de  toute  partie, 
.V  grant  doulor,  etc. 

Hisl.  de  Fr.  à  la  suilc  du  Rom.  de  Fauve),  fol.  88. 

Colleniant,  subsl.  masc.  L'action  de  coller.  En 
latin  coagmentalio.  (Dict.  de  Monet.  —  Voy.  Nicot, 
Rob.  Eslienne,  Oudin,  el  Cotgrave.) 

Coller,  verbe.  On  a  dit,  en  termes  de  marine, 
coller  les  voiles,  pour  tendre,  déployer  les  voiles. 
«  S'en  partirent  del  port  :  si  collèrent  lor  (5)  voilles, 
"  et  s'en  allèrent.  »  (ViUehard.  p.  155.) 

Collei'age,  sul)St.  masc.  Droit  sur  le  vin.  On 
lit,  en  ce  sens,  droit  de  tirage,  et  de  collerage, 
dans  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.  (Voyez  Colgrave  et 
Oudin.) 

Collerette,  sî;?;s/.  fém.  Faux  camail  de  mailles. 
(Voyez  Gloss.  de  l'IIisl.  de  Bretagne.)  C'est  dans  ce 
sens  qu'il  faut  entendre  le  passage  suivant:  «  Item 
«  3.  coleretles  Pizaines  (0) dejazeran  (ponrgorgerin, 
"  ou  hausse  col)  d'acier»,  dans  un  In  vent.' d'ar- 
mures, cité  par  Du  Cange,  au  mot  Armalura  (7).  Le 
mol  collerette  subsiste;  mais  ce  n'est  que  pour 
désigner  un  ajustement  de  femmes. 

VARIANTES    : 
COLLERETTE.  Orth.  subsistante. 
CoLERETTE.  Oudin,  Dict. 

Collereus,  adj.  Sujet  à  la  colique.  Tourmenlé 
de  colique. 

j'estoie  plus  dolereus, 

Que  ne  soit  vos  corps  collereus. 

Froissarl.  Po.'s.  MSS.  y.  104.  col.  2. 

Collerie,    sul>sl.    fém.    Bourde,    mensonge. 


(i)  Comparez  éd.  Kervyn,  XIV,  12.  (N.  E.) 

(2)  Au  fol.  .524,  il  écrit  :  «  Plus  n'ont  nulles  élections  Les  abbayes,  les  collèges,  Abatu  sont  les  privilèges.  »  (N.  E.) 

(3)  «  Chantres,  doyens,  princes  chanoines.  Cathedraulx  et  coUegiaulx,  Registreurs  et  officiaulx.  »  (N.  E.) 

(4)  On  les  nommait  aussi  eoliegeals.  (Voir  Du  Cange  sous  collegiali.)  (N.  E.) 

(5)  Voir  éd.  de  Wailly  (§  377,  §379)  ;  entendez  roulèrent,  que  donnent  d'autres  mmss.  (n.  e.) 

(6)  De  Pise.  (n.  e.) 

(7)  Du  Cange,  II,  308,  col.  3.  (x.  k  ; 


co 


—  104  - 


co 


Pierre  nrosnot,  faisant  allusion  au  nom  du  poëte 
Roger  de  Collerye,  a  dit  : 

Maistre  Uoger  de  Collerye 
C'est  un  docteur  de  rollerie, 
A  faire  épistres,  et  rondeaux  : 
Il  les  compose  très  fort  beaux. 

Couj,  liiljl.  T.  X,  \i.  38;î. 

Dans  le  langage  bas  et  trivial,  ou  dit  encore  une 
coHe  (I),  pour  un  mensonge. 

«jlollcrs,  subst.  masc.  plur.  Ce  mot,  dans  le 
passage  suivant,  paroit  signifier  un  oiseau  bon  à 
manger  : 

Jambons  et  oz,  corz,  piez  rostiz 
Plouviers,  et  collers  en  hastiz. 

Bal.  de  Quar.  MS.  de  S.  Germ.  fol.  fll,  V  col.  2. 

Colles,  subst.  fétu.  plur.  Flegmes,  crachats  *. 
.leunes  tailles^  ("2). 

*0n  a  dit.  au  premier  sens,  en  style  burlesque 
ou  bus  :  ■  il  soupire,  et  en  soupirant  jette  des 
«  colles  plus  grandes  ([ue  liuilres,  ou  médailles 
..  antiques.  »  'ilerl.  Cocaie,  T.  I,  p.  177.) 

^  On  appeloit  les  bois  taillis  nouvellement  coupés 

jeunes  colles  de  bois  -.  Nous  disons  jeunes  tailles. 

Que  nul  ne  laisse  ses  chevaux,  jumens,  beste  à 
'  corne,  boucq,  chèvre,  ne  autre,  aller  brouster  es 
"  jardins,  bayes  nouvelles,  taillées,  el  jeunes  colles 
"  de  bois,  etc.  ■■  (Coût,  de  Mous,  Coût.  Cén.  T.  I, 
11.  833.) 

Collet,  subst.  masc.  (3)  ^ous  ne  rapporterons, 
sur  ce  mot  subsistant,  que  deux  passages  qui  rappel- 
lent quelques-uns  de  nos  anciens  usages  : 

Le  [iremier  est  de  Rabelais  :  «  Les  damoiselles 
"  de  ceste  ville  avoient  trouvé,  par  instigation  du 
«  diable  d'enfer,  une  manière  de  collets,  ov  cache 
«  coulx  à  la  haulte  façon,  qui  leur  cacboient  si  bien 
»  les  seins,  que  l'on  n'y  pouvoit  plus  mettre  la 
"  main  par  dessoubs;  car  la  fente  d'iceulx  elles 
"  avoient  mise  par  derrière,  et  estoient  tous  clos 
«  par  devant,  dont  les  paovres  amans,  dolens,  con- 
«  templalifs,  n"estoienl  bien  contens.  »  (Rabelais, 
T.  II,  p.  !7i.) 

Le  si^cond  passage  est  de  Montaigne.  Il  nous 
apprend  l'usage  oîi  l'on  étoil  autrefois  de  porter 
des  collets  remplis  de  tleurs  odorilV'rantes,  comme 
sont  nos  sachets.  L'babitude  d'une  chose  nous  la 
rend  insensible.  «  Mon  collet  de  fleurs  sert  à  mon 
«  nez,  mais,  après  ijue  je  m'en  suis  vestu  trois 
«  jours  de  suitle,  il  ne  sert  qu'aux  nez  des  assis- 
«  tants.  "  (Essais  de  Montaigne,  T.  1,  p.  Hl.) 

On  disoit  se  Joindre  collet  à  collet,  pour  corps  à 
corps.  (Voyez  .Mém.  de  Monlluc,  T.  1,  p.  450.)  ">'ous 
disons  aujourd'hui  se  colleter. 

CoUetage,  subst.  masc.  Tailles,  aides,  sub- 
sides. Droits  qu'on  lève  sur  le  peuple.  (Cotgrave, 
Dict.  ;   Laur.  Gloss.  du  Dr.fr.;  Monstrelet,  Vol.  I, 


fol.  131  ;  Du  Catige  au  mot  Collectio, sous oollecfai, 
II,  430,  col  t>.) 

v.\RiANTi:s  : 
COLLETAGE,  Collf.ctage,  Colletaige. 

Colletin,  subst.  masc.  Pourpoint  sans  man- 
ches. Ce  mot  se  trouve  encore  employé  dans  nos 
dictionnaires  modernes.  «  C'est  un  simple  pour- 
"  point,  ou  saie  sans  manche,  de  peau,  cuir,  ou 
"  autre  élotfe  ",  selon  Moiiet,  Dict.  (Voyez  Oudin  et 
Cotgrave,  Dicl., 

1.  Collette,  subst.  fém.  Nom  propre.  Faire  la 
sœur  Collette,  ancienne  façon  de  parler  qui  répond 
à  ces  expressions  populaires  :  faire  la  sucrée, 
la  sainte  ÏNitouche. 

Qu'on  luy  parle  d'amoiirette. 
Elle  l'ait  la  sœur  CoUettr, 
I,a  mignonne,  el  la  doucette, 
Gomme  une  simple  nonette. 

Pois  de  Pcrriii,  p.  îto. 

2  Collette,  SH/^sL/'e'm.  Collecte.  Peut-être  faut-il 
entendre  parce  mol,  qu'on  trouve  dans  des  lettres 
écrites  par  des  écoliers  d'Orléans  à  leurs  pères, 
une  espèce  d'imposition  qu'ils  étoient  obligés  de 
payer. 

Et  pour  mes  coUeUea  paier. 
Et  la  burette,  et  an  barbier. 

Eusl.  Desch.  Poès.  MSS.  fol.  45:!.  col.  t. 

Colleus,  subst.  masc.  Trompeur.  Ce  mot  est 
forme  de  colle,  qui,  en  langage  lias  et  populaire, 
signifie  encore  aujourd'hui  bourde,  tromperie. 
(Falconnet.) 

Donc  envoia,  en  pUisors  lews, 
Ses  espies,  et  ses  colleiis. 

Rom.  de  Ruu,  MS.  p.  1G5. 

CoUeiix,  adj.  Qui  colle.  (Dicl.  de  Cotgrave.) 
On  a  dit  glue  colleuse.  (Epith.  de  M.  de  La  Porte.' 

Collier,  subst.  masc.  Ornement  propre  aux 
hommes  *.  Partie  d'une  armure  ^.  Colet,  lacet  '^. 
Partie  du  cerf.  Ce  mot,  qui  subsiste  sous  cette 
orthographe,  conserve  plusieurs  acceptions.  Nous 
ne  parlerons  que  de  celles  qui  sont  hors  d'usage. 

*  Au  premier  sens,  le  collier  désignoit  un  orne- 
ment que  les  hommes  portoient  au  cou.  La  dame 
qui  aimoit  le  jeune  Sainlré  lui  dit  :  »  Vous  aurez 
«  collier,  et  chaîne,  ceintures  de  Bahaigne  (Bohême) 
«  robbe  de  damas,  et  autres  biens  assez  ;  mais  que 
"  soyez  loyal,  secret,  et  homme  de  bien.  »  (Petit  J. 
de  sàintré,  p.  110.) 

^  C'éloit  aussi  la  partie  de  l'armure  qui  couvroit 
le  cou.  «  Harnois  d'acier  de  double  trempe,  bain, 
'■  blanc,  et  bruni,  tous  accomplitz  de  toutes  pièces 
«  de  heaumes,  avec  les  pennaches,  visières,  men- 
«  tonniercs,  et  barbutes,  gorgerains,  jaserans,  col- 
«  tiers,  haules  pièces,  avant-bras,  ganteletz,  etc.  » 
(Alect.  Rom.  fol.  79.  —  Voyez  ci-dessus  Coi..) 

^  On  s'en  servoit  encore,  pour  signifier  un  petit 


(I)  Voyez  ce  mot.  (n.  e.) 

(2^  Colle  a  le  sens  de  menterie  depui-s  le  xv  siècle  :  «  Dames  ne  sont  mie  si  lourdes...  Pour  leur  faire  acroire  merveilles. 
Elles  changent  si  souvent  leurs  colins.  »  (Al.  (Hiartier,  la  Belle  Dame  sans  mercy.)  Oudin  (Curies,  fr.)  relève  l'exiiression 
suivante  :  «  Donner  on  ficher  la  colle.  »  (n.  e.) 

(.3)  Voyez  colcl.  (y.  e.) 


co 


105  — 


co 


filet  de  corde  ou  de  crin,  avec  un  nœud  coulant, 
tendu  dans  un  passage  étroit,  avec  lequel  les  lapins, 
les  chats,  etc.,  se  prennent  par  le  col  quand  ils  y 
passent.  Ce  mot  est  employé  figurément  dans  ces 
vers  : 

.  .  .  fortune  le  retorne,  et  le  ratrape, 

Se  li  brise  le  col  en  coiier  (1),  ou  en  trape. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  1218,  fol.  21S,  R'  col.  2  (2). 

VARIANTES   (3)  : 
COLLIER.  Orlh.  subsistante. 
COLIER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  248. 
CouLLiER.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  50,  R". 

Colliere,  subst.  féiii.  Collier.  Partie  du  Iiarnois 
d'un  cheval  de  trait  :  «  Pour  6  pièces  de  camocas 
«  blans  à  faire  '2  harnois  de  cheval  ;  c'est  assavier 
«  (à  sçavoir)  colliere,  crupiere,  bannière,  panon- 
«  ceaux  et  tanicle.  »  (Compte  de  131C,  cité  par 
Du  Cange,  au  mot  Tunica.)  Dans  un  inventaire 
d'armures  et  équipages,  ou  trouve  :  <■  deux  paires 
«  de  couvertures  batues,  et  une  coliere  des  armes 
«  le  roy.  »  (Id.  au  mot  Armatura.) 

VARIANTES  : 
COLLIERE.  Du  Gange,  Glcss.  lat.  au  mot  Tunica. 
CoLiERK.  Id  ibid.  au  mot  Ar7naliifa. 

CoUigance,  subst.  fém.  Liaison,  collection  (4;. 
(Dict.  de'Cotgrave.) 

VARIA.NTES  : 
COLLIGANCE,  Colligence. 
COLLIGUANCE.  Rabelais,  T.  III,  p.  20. 

Collision,  subst.  fém.  Terme  de  grammaire. 
Ce  mot,  qui  subsiste  avec  la  signincalion  de  choc, 
frottement,  désigne,  selon  Fabri,  le  défaut  d'une 
phrase  dont  tous  les  mots  qui  s'y  trouvent  com- 
mencent par  un  S.  (Voyez  Fabri,  Art.  de  P.hélor. 
fol.  62,  V°,  à  l'article  cblision,  où  il  renvoie  aux 
ballades  de  Mtisnier  faictes  de  Paris  à  Rotien,  avVicle 
j'renum.) 

Nous  remarquerons  (|ue  tout  ceci  prouve  l'igno- 
rance de  Fabri,  qui  a  appliqué  ce  mot  mal  à  propos 
pour  désigner  ce  que  Marlianus  Capella  exprime 
mieux  par  le  nom  Polijsigina.  Dolel  emploie  ce  mot 
pour  élision,  synalèphe,  \i2.ure  ([ui  mange  la  voyelle 
dans  la  prononciation  seufemenl,  à  la  différence  de 
l'apostrLqihe  ([ui  la  supprime  dans  l'écriture.  (Dolet, 
des  Accents  françois,  p.  2S'2  etss.  —  Voyez  ci-après 

SVNAI.EPIIE.) 

VARIANTES  : 

COLLISION.  Orth.  subsistante. 
CoLisiON.  Fabri,  Art.  de  Rhét.  fol.  62,  V». 

COLLISSION. 

Colli-torti.  On  disoit  aussi  tortl-colli,  pour  col 
de  travers,  vulgairement  torticolis.  (Voyez  Bouchel, 
Serées,  liv.  I,  p.  37,  et  Torticolis  ci-après.) 


Collocution,  subst.  fém.  Colloque,  entretien. 
Conférence.  -  Si  j'avoye  eu  autant  de  collocution  à 
«  une  personne,  j'en  soroye  plus  fier,  et  plus  che- 
«  valereux  en  la  journée.  »  (Percef.  Vol.  3,  fol.  135.) 

Collogne,  subst.  fém.  Nom  de  lieu.  Nous  ne 
le  citons  que  pour  remarquer  ces  proverbes.  On  a 
dit  : 

1"  Espée  de  Collogne.  (Prov.  à  la  suite  des  Poës. 
MSS.  avant  1300,  T.  IV,  p.  1652.)  (5) 

2°  Broignes  de  Queneloigne,  pour  cuirasses  de 
Cologne. 

3°  On  disoit  aussi  : 

Se  il  fust  fins  amans,  ne  l'feist  por  Couloingne. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  260,  V  col.  2. 

C'est-à-dire  ne  l'eut  pas  fait  pour  un  empire. 

VARIANTES  : 
COLLOGNE.  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  IV,  p.  1652. 
COULOIGXE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  269,  V»  col.  3. 
Kalogne.  l'h.  Mouskes,  MS.  p.  294. 
Queneloigne.  Blanch.  MS.  de  S.  G.  fol.  190,  V»  col.  3. 

QUENELEX. 

Gollogiii.  [Intercalez  Collogui,  louage,  conven- 
tion, dans  un  texte  semi- provençal  du  i-eg.  ,I.J.  187, 
p.  4!),  an.  14.")7:  ■■  Item  es  ordenat  que  nul  maisire 
<>  de  la  présent  civital  ne  aie  à  bailler  par  maniera 
«  de  collogui  ny  arenda,  ny  bailler  pour  gouverner 
«  à  aucun  varlet  ou  maistre  dudit  mèstier  son 
«  abrador.  »]  (n.  e.) 

CoUonnette,  subst.  fém.  Diminutif  de  co- 
lonne. 

La  base  d'une  coUonnetic. 

Pops,  de  Rem.  Bellcau,  T.  I,  p.  .55. 

Colloque,  subst.  mase.  Ce  mot  paroi;  avoir  été 
nouvellement  introduit  du  temps  de  Montluc,  qui 
dit,  en  parlant  des  troubles  de  la  religion  :  <•  Voyois 
"  aussi  des  noms  estranges  de  surveillons,  diacres, 
«  consistoires,  synodes,  colloques,  n'ayant  jamais 
>'  esté  déjeusné  de  telles  viandes.  »  (Mém.  de  Mont- 
luc,  T.  Il,  p.  3,  an  1500.) 

CoUoquer,  verbe.  Etablir,  marier.  (Gloss.  de 
Marot.)  Brantôme,  parlant  de  l'alfachement  qu'Isa- 
belle d'Autriche,  femme  de  Charles  IX,  avoit  eu 
pour  la  France,  ajoute:  •■  Voilà  la  bonté  de  celte 
"  bonne  princesse,  à  l'endroit  du  pays  où  elle  avoit 
"  eslccolloquéeîG).  «  (Branl.  Dames  uail.  T.  ii,  p.  90.) 

Colliiche,  subst.  fém.  Nom  factice.  Voici  le 
passage  où  nous  le  trouvons  :  »  Estoit  au  front 
«  devant  dame  Ameline,  pinchevcel  et  colluche 
«  perée,  dame  Ameline  la  rechignée,  et  plusieurs 
«  autres  vaillans  femmes,  et  sages  es  ars  de  Sor- 
«  chérie,  de  quaraux,  de  maquelerie.  »  (Modus  et 
Bacio,  MS.  fol.  297.) 


(1)  Ce  sens  est  aussi  dans  Montaigne  (II,  170)  :  «  Une  chasse  qui  se  conduict  plus  par  subtilité  que  par  force  ,  comme 
celle  des  coHers.  »  (n.  e.) 

(2)  Voyez  colcr  et  la  note  1,  p.  98;  colins  et  la  note  2,  p.  99.  .Au  xiii«  siècle,  on  appela  collier  une  courte  pèlerine  couvrant 
les  épaules.  (Quicherat,  Costume,  196,  197.)  (N.  E.) 

(3)  La  forme  coler  est  dans  Partonopex  (v.  18 19).  (N.  E.) 

(4)  On  lit  dans  Christine  de  Pisan  (ch.  V,  II,  63)  :  «  Toutes  choses  sont  jà  mises  en  ordre,  et  en  cel  ordre  a  telle  colliguence 
que  les  unes  sont  subgiectes  aux  antres.  »  (N.  E.) 

(5)  Voyez  le  Dit  de  1  .Apostoile  (xiw  siècle)  et  Leroux  de  Lincy  (I,  284).  (N.  E.) 

(6)  C'est  déjà  le  sens  dans  Oresme  (v.  Thèse  de  Meunier)  :    «   Tous   ceulx  qui  sont  colloquez  et   demeurans  environ 
la  mer.  »  (n.  e.) 

IV-  14 


co 


106 


GO 


Collucté,  adj.  Luté,  joint.  (Wct.  de  Borel, 
l"'arid.) 

Collusion,  subst.  fém.  Complot.  Ce  mot  sub- 
siste comme  terme  de  pratique.  11  étoit  d'un  usage 
plus  étendu.  »  Après  laquelle  composition,  ou  pour 
"  mieux  dire  collusion,  les  deux  caporaux  en  aver- 
«  tirent  du  Bellay  i^ouverneur  de  Turin.  »  (Mém. 
du  Bellay,  liv.  IX,  fol.  299.) 

Colo,  subsl.  fém.  Société  d'artisan.  Mot  langue- 
docien, selon  Borel,  au  mot  Cole.  »  C'est  une  ti'oupe 
•'  d'artisans  liguez  ensemble,  pour  entreprendre 
"  quelque  ouvrage  de  leur  meslier.  « 

Colobe,  subst.  Espèce  de  pourpoint.  Sorte  de 
camisole  sans  manches,  ou  avec  des  manches  fort 
courtes,  selon  la  description  qu'en  donneDuCange, 
au  mot  Colobium;  tunica,  sine  manicis,vel  saltem 
brevioribus. 

Cologuon.  (Voyez  Coloigne.) 

Coloié,  partie.  Frappé.  Du  mol  col,  pris  dans 
le  sens  de  coup.  (Voyez  ci-après  Colt.) 

Diex  qui  fustes  pris  à  la  Çaine  (Cœna), 
A  grant  dolor,  et  à  grant  paine, 
Fuies  batus,  et  coloiez, 
Et  escopiz,  et  iedengiers. 

Fabl.  MSS.  du  R.  »•  7218,  fol col.  1. 

1.  Coloier,  verbe.  Cultiver  (l).  Du  latin  cotor.  Ce 
mot  paroit  employé  en  ce  sens,  dans  ce  passage  : 

Qui  moult  sovent  a  foloié, 
Desor  à  bien  fere  colie. 
Et  si  a  tant  coloié 
Que  la  virge  nete,  et  polie 
L'a  si  enoint  et  oloié 
Qu'il  a  trové  rime  jolie. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  1-218,  fol.  180,  R-  col.  I. 

2.  Coloier.  [Intercalez  Coloier,  donner  des 
colées  (Du  Gange,  II.  425,  col.  I): 

Je  r  vi  liui  main  si  coloier 
Et  escoupir  et  laidengier. 

Cette  citation  doit  être  extraite  du  même  ouvrage 
que  la  précédente.]  (n.  e.) 

Coloigne,  subst.  [cm.  Quenouille. 

Et  besche,  et  coloigne  (2),  et  fusel. 
Leur  apporta  pour  labourer. 

Rom.  de  la  Violelte,  cité  par  Du  Gange  au  mot  Conitcula. 

Femme  trouvay,  enmy  ma  voye, 
Dont  l'une  filloit  sa  coulongne. 

Eusl.  Deschamps,  Poës.  MSS.  fol.  110,  col.  4. 

De  ce  mot,  sans  doute,  on  a  formé  cologuon,  qui 
signifie  filasse  en  lyonnois. 

VARIANTES  : 
COLOIGNE.  Du  Gange,  au  mot  Coiiucula. 
Coulongne.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  HO,  col.i. 


CoNOiLLE.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  297,  R». 
Kenoille.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7989,  fol.  212,  V"  col.  1. 

Colomb,  sulist.  viase.  Pigeon.  (Voyez  Borel,  au 
mot  Colombeaux .)  "  Le  roy  Jean,  l'an  1390,  institua 
«  l'ordre  des  chevaliers  du  S'  Esprit  :  et  fit  faire 
"  des  colliers  d'or,  en  forme  de  rais  du  soleil,  dont 
«  pendoit  un  colomb  blanc,  etc.  ■>  (Belay,  Orig.  de 
la  Cheval,  p.  3.31.) 

Les  longs  baisers  des  colombs  amoureux, 
Par  leur  plaisir,  firent  croistre  ma  peine. 

Œuv.  de  Joach.  Du  Bellay,  p.  17. 

Un  poëte,  s'adressant  à  la  S"  Vierge,  dit  : 

Tu  es  le  coulon  sans  amer, 

Qui  porte  aux  chetis  lor  message. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  179,  V  col.  1. 

Il  paroit  difficile  de  donner  la  raison  pour 
laquelle  S"  Geneviève  et  S'  .lean  sont  si  singuliè- 
rement désignés  dans  ces  vers  : 

S"^  Geneviève  aus  coulons  (3), 
Et  vous  S'  Jehans  U  roons,  etc. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol,  232,  V  col.  2. 

VARIANTES    (A)  : 
COLOMB.  Du  Dellay.  p,  71. 
Colon.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  202. 
CoLUMB.  Nicot,  Oudin,  Dicl. 
CoLOMP.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  VSi,  V°. 
Coulomb.  Clém.  Marot,  p.  236. 
CouLOMP.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  172,  R*. 
Coulon.  Coquillart,  p.  75  (5). 
CouLLON.  Cotgrave,  Dict. 
Colons.  Estrub.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  799(5,  p.  88. 

Colomba,  subst.  nuise.  On  appelle  ainsi,  dans 
quelques  cantons  d'Auvergne,  une  espèce  de  pains 
ou  gâteaux  que  les  parrains  ou  marraines  donnent 
tous  les  ans,  la  veille  de  Noël,  aux  enfans  qu'ils 
ont  tenus  sur  les  fonts  baptismaux.  Du  Gange,  au 
mot  Pompa  2,  conjecture  que  ces  gâteaux  étoient 
ainsi  nommés  de  ce  qu'ils  étoient  faits  en  forme  de 
pigeon. 

Colombage,  subst.  musc.  Cloison  de  mortier 
ou  de  terre.  (Dict.  d'Oudin.)  Il  auroit  mieux  dit 
cloison  de  charpente,  vrai  sens  de  ce  mot  encore 
en  usage,  comme  terme  de  charpenlerie  (6). 

Colombain,  adj.  Qui  tient  du  pigeon.  Qui  est 
de  la  nature  du  eolomb,  aujourd'hui  pigeon  de  cou- 
leur; gorge  de  pigeon.  (Cotgrave,  Oudin,  Dict.; 
Epith.  de  M.  de  La  Porte.) 

VARIANTES  : 
COLOMBAIN. 
CoLOMBiN.  Oudin,  Dict. 
CouLOMBiN.  Id.  ibid. 

Colombe,  subst.  fém.  Colonne.  C'est  la  vraie 
signification  de  ce  mot,  selon  son  étymologie,  du 
latin  eolumna  ;  mais  il  ne  subsiste  plus  que  pour 


(1)  Voyez  plus  haut  Collier,  (n.  e.) 

(2)  Au  reg.  JJ.  86,  p.  77,  an.  1358,  on  lit:  «  Et  lors  quant  ladite  .Tehanne  oy  ces  paroles  ,  prist  sa  coloiyve  et  en  feri  le 
suppliant  trois  coups  sur  la  teste.  »  Au  reg.  JJ.  108,  p.  371,  an.  1370,  on  lit  encore  :  «  Ledit  Guiot  print  une  quelongne  de 
cane,  de  laquelle  il  la  fery  plusieurs  cops,  tant  que  ladite  quelonrjne  brisa  sur  elle.  »  (n.  e.) 

(3)  Il  y  avait  sur  la  montagne  S'"  Geneviève  un  hôtel  dit  des  Coulons.  (Voir  Quicherat,  Hist.  de  S"=  Barbe.)  —  S'  Jean  le 
Rond  étail  une  chapelle  située  à  gauche  du  portail  de  Notre-Dame.  (n.  e.) 

(4)  On  lit  déjà  dans  Eulalie  :  «  In  figure  de  colotnb  volât  à  ciel.  »  (N.  e.) 

(5)  Cette  forme  est  dans  la  Rose,  v.  120i,  et  dans  Joinville  (S  163),  et  dans  Froissart,  éd.  Kervyn  (.K,  169).  (N.  E.) 

(6)  On  lit  au  reg.  JJ.  207,  p.  54,  an.  1480  :  k  Guillaume  le  Royer  avoit  marchandé  faire  de  son  mestier  de  sayeur  de  bois 
cent  toises  de  repartaige,  partie  chevrons  à  maison,  et  partie  à  coulombage.  »  (n.  e.) 


GO 


107  — 


GO 


(U^signer  les  solives  posées  perpendiculairement  et 
en  forme  de  colonnes,  pour  faire  des  murs  ou  cloi- 
sons. Autrefois,  on  disoil  colombe,  pour  colonne. 
«  Le  lièrent  h  une  co/omfce.  >>  (Chron.  de  S' Denis, 
T.  I,  fol.  30.) 

S'a  une  église,  j»  1'  vos  di, 
Sor  bieles  colombes  de  marbre. 

Ph.  Mouskcs,  MS.  p.  271. 

"  Colomneque  aucuns  appellent  le  Perjurrere.  » 
Nom  de  lieu,  peut-être  à  cause  d'une  colonne  élevée 
en  mémoire  de  quelque  parjure.  (Perard,  Hist.  de 
Bourg-,  p.  503,  til  de  l'iGl.) 

On  le  disoil  même,  au  figuré,  pour  désigner  ce 
que,  dans  un  livre,  nous  appelons  colonnes.  On  lit: 
Un  écrit  à  deux  colombes,  dans  l'Inventaire  des 
livres  de  Charles  V,  art.  78. 

On  pourroil  l'expliquer  par  appui,  soutien,  dans 
ces  vers,  où  il  est  employé  figurément  : 

Hé  bons  roi  Loeys,  mireor  de  justice, 
Soustenans  et  colombe  de  toute  sainte  yglise. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218.  fol.  3i0,  V  col.  2. 

Dans  les  Contes  d'Eutrapel.  on  lit  coulonne,  et  il 
semble  marqué  comme  un  mot  peu  usité  alors. 

VARIANTKS  : 
COLOMBE.  Ph.  Mouskes.  MS.  p.  274. 
Cor.OMNE.  Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  503. 
CouLOMBE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  50G,  col.  4. 
Colombes.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  26  (1). 
C.OLUMPNE.  Villehardouin,  p.  127  (2). 
CouLUMNE.  Crétin,  p.  58. 
CouLO.MNE.  Oudin,  Nicot,  Dict. 
Coulonne.  Contes  d'Eutrapel. 

Colombeau,  subst.  masc.  Jeune  pigeon.  (Cot- 
grave  et  Borel.  Dict.) 

Or  suis  devenus  coulombiaiix  (3), 
Je  ne  puis  mais  fors  que  baisier. 

Eust.  Doscli.  Poi's.  MSS.  fol.  333.  col.  2. 

On  nommoit,  selon  Borel,  étoffe  à  colombean.r, 
une  étoffe  où  il  yavoitdes  figures  de  pigeon  ;  licite 
Perceval,  dans  son  Dict. 

VATUANTES  : 
COLOMBEAU.  Dict.  d'Oudin. 
(looLOMBiAU.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  .33.3,  col.  2. 

Colombel.  [Intercalez  Colombel,  jambage  de 
porte:  •>  Icellui  Huguenin  d'une  coigne  qu'il  tenoit, 
■■  se  print  h  fcrir  h  un  colombel,  à  quoi  l'huis  de 
<•  l'entrée  d'icelle  maison  se  fermoit,  et  y  frapa 
"  plusieurs  coups,  tant  oudit  colombel  comme  au 
"  sueil  de  dessoubz.  ■•  (.IJ.  145,  p.  33,  an.  13S)3.)  On 
Irouve  aussi  colomheys:  «  Icellui  prisonnier  des- 
"  sevra  un  colombcys  de  bois  piastre,  qui  faisoit 
'  closlure  en  partie  desdittes  prisons  »  (JJ.  148, 
p.  195,  an.  1305.)  Coulumbe  se  rencontré  aussi: 
■•  Lesdiz  variés  prirent  une  eschielle  pour  vouloir 
•■  entrer  dedens  ledit  eslage,  et  emporter  la  cou- 
'■  tombe  ou  le  maislre  huis.  >•  (JJ.  Hi,  p.  185, 
an.  139'>.)](.N.  e.) 


Colombelle,  subst.  fém.  Diminutif  de  colombe. 
(Cotgrave,  Dict.  ;  Epith.  de  M.  de  La  Porte.) 

Toute  belle,  colombelle, 
Passerelle,  tourterelle, 

Pot's.  de  ^acq.  Tahoreau,  p.  270. 

Il  semble  qu'on  n'ait  dit  coulombel  au  féminin 
que  pour  la  rime  (4)  : 

Simple  comme  est  une  coulombel, 
Et  debonere  comme  a'ingnel. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  721S,  fol,  20i,  V  col.  1. 

VARIANTES  : 
COLOMBELLE.  Giles  Dur.  à  la  suite  de  Bonnef.  p.  270. 
CoLUMBELLE.  Crétin,  p.  12. 
Coulombel.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  204,  'V»  col.  1. 

Colombellement,  adv.   Comme  la  colombe. 

(En  latin  columbatim.) 

Baise  moy  tost  roignardement, 
Baise  moy  colombellement. 

Poes.  de  Jacq.  Tahur.  p.  271. 

Colomier.  [Intercalez  Colomier,  colombier  au 
reg.  JJ.  108,  p.  135,  an.  1375  :  «  Item  eu  ce  mesmes 
«  lieu  [de  Glon]  un  colomier  assiz  ou  pourpris  de 
»  ladite  maison.  »]  (n.  e.) 

Colomneux.  adj.  Plein  de  colonnes.  (Dict.  de 
Cotgrave  et  d'Oudin.) 

variantes  : 
COLOMNEUX.  Oudin,  Diot. 
COLO.MXEUS.  Epith.  de  La  Porte. 
COULONNEUS.  Ibid. 

Colon,  subst.  masc.  Cultivateur,  métayer  (3). 
o  Les  colons,  ou  conducteurs  d'aucun  héritage,  ne 
«  peuvent  intervertir  la  possession  du  proprié- 
«  taire.  >■  (Coût,  de  Meleun,  Coût.  Gén.  T.  I,  p.  109.) 
On  écrit  colonne,  dans  la  Coût,  de  Bueil,  au  Nouv. 
Coût.  Gén.  T.  II,  p.  l'235,  où  l'on  appelle  di'oit  de 
colonne  ce  que  quelques  autres  coutumes  nomment 
mieux  droit  de  colon,  la  portion  qui  appartient  au 
colon,  à  celui  qui  a  cultivé  et  ensemencé  la  terre. 
(Voyez  la  Coût,  de  Touraine.) 

Colonel,  subst.  inasc.  Le  mol  colonel,  suivant 
Brantôme,  n'étoit  pas  encore  en  usage,  du  temps 
du  chevalier  Bayard.  On  peut  voir  dans  cet  auteur 
les  reproches  qu'il  fait  aux  écrivains  qui,  remon- 
tant jusqu'à  celle  époque  et  parlant  des  anciens 
temps  de  notre  milice,  appliquoient  le  mot  de 
colonel  à  des  commandans  de  corps,  qui  n'avoient 
jamais  eu  que  le  titre  de  capitaines;  cependant  il 
cite  Du  Bellay,  qui  qualifie  de  colonel  M  de  Guise, 
qui,  h  la  bataille  de  Marignan.commandoit  six  mille 
lansquenets;  mais  il  ajoute:  «Certes  il  pouvoit 
«  porter  ce  nom,  car  ou  fut  que  les  .allemands  qui 
>'  en  a  voient  l'usaiie,  le  lui  pou  voient  avoir  donné, 
"  ou  qu'estant  grand  prince,  il  niéritoit  bien  d'avoir 
«  un  nom  plus  que  le  commun.  »  Il  dit  que  le  mot 
de  colonel  fut  en  règne  au  siège  de  Perpignan  ;  M.  de 


(!)  On  lit  encore  au  reg.  JJ.  lOO,  p.  284,  an.  1369  :  «  Ledit  Jehan  frapa  tant  à  ladite  porte  que  il  rompi  la  coliimbe  d'icelle 
et  par  force  se  ouvri.  »  (N.  E.) 

(2)  §  308  de  l'édition  de  Wailly  ;  M.  de  Wailly  édite  coluijne  d'après  le  ms.  4972  ;  les  autres  portent  au  §  307  colombe  ou 
cmilotnbe.  (N.  E.) 

(o>  On  lit  aussi  dans  la  Rose._v.  1283  :  «  Ains  les  veissiez  entre  aus  deus  Baisier  comme  deu.\  columbiaus.  i)  (N.  E.) 


(4VH  valait  mieux  dire- avec  Ronsard  (742)  :  «  Icy  le  colombeau  baise  sa  colombelle.  »  (N.  E.) 
(!>)  Dans  Bercheure  (fol.  93,  v»)  on  lit  ;  «  Et  les  coulons,  c'est  les  habitants  de  la  ville.  »  (N 


•) 


co 


—  108  - 


co 


Brissac  éloit  alors  colonel  de  toute  l'infanterie  fran- 
çoise  ;  M.  de  Strozze,  dit-il  ailleurs,  ne  prit  jamais 
le  titre  de  colonel,  mais  celui  de  maître  de  camp  de 
la  garde  du  roi.  On  voit,  dans  les  Contes  d'Eiitrapel, 
que  les  mots  colonel  ou  eolumel  furent  substitués  à 
celui  de  conmal,  qui  étoit  en  usage  auparavant. 
Brantôme  propose  différentes  étymologies  de  ce 
mot. 

Le  nom  de  colonel  a  été  donné  aux  commandans 
des  coi'ps  qui  n'avoient  point  de  colonel  yénéral,  et 
le  nom  de  mestre  de  ca)np  à  ceux  qui  en  avoient. 
Gomme  la  cavalerie,  dont  la  plupart  étoit  étrangère 
à  la  réserve  des  compagnies  de  ctievau-légers, 
n'avoit  point  de  colonel  général,  les  commandans 
des  régi  mens  de  cavalerie  furent  nommés  colonels, 
tandis  que  ceux  de  l'infanterie,  qui  avoient  un 
colonel  général,  étoient  nommés  mestres  de  camp. 
Les  choses  ont  changé  depuis.  L'infanterie  a  cessé 
d'avoir  un  co/oMf/ô'(;«eVa/(l),  et  la  cavalerie,  qui  n'en 
avoit  point,  a  commencé  d'en  avoir  un  :  alors  (;.'a 
été  rinfaiiterie  dont  les  commandans  ont  été  appelés 
colonels,  et  c'est  alors  que  ceux  de  la  cavalerie  ont 
pris  le  nom  de  mestres  de  camp  ;  de  là,  vient  la 
variation  de  nos  écrivains  qui  se  servent  du  mot  de 
mestre  de  camp,  quelquefois  pour  le  commandant 
d'un  régiment  de  cavalerie,  et  d'autres  fois  pour  le 
commandant  d'un  régiment  d'infanterie.  Brantôme 
reproche  à  l'historien  Baradin  (lisez  Paradin)  d'avoir 
confondu  \Qmoicoloneli3iwe<iCQ\m^emestredeeamp. 
(Voy.  Brant.  T.  IV,  p.  3t)  et  suiv.)(2)  Le  même  T.  III, 
p.  183,  en  parlant  de  l'état  de  colonel,  dit  :  «  Qu'en 
«  tel  estât  ne  faut  point  qu'un  poltron  y  entre,  et 
«  qui  y  enti'e,  et  le  fait  bien  sans  reproche,  croyez 
"  hardiment  qu'il  est  brave  et  vaillant.  »  On  lit  (id. 
T.  4,  p.  329)  que  M.  de  Bonnivet  «  tenoit  ordinaire- 
«  ment  très-bonne,  et  longue  table,  bien  garnie  à 
«  tous  venans,  car  c'est  ce  que  le  soldat  demande  ; 
«  et  puis  ordinairement  tables  et  dez  de  colonnels 
«  aucuns  disoient,  tables  de  capitaines.  »  (Voyez 
sur  les  colonels,  Qi  sur  les  divers  co/o/u'/s  rjénéraux, 
le  P.  Daniel,  Mil.  fr.  T.  I,  livre  III,  p.  ï()4,  el  Du 
Gange,  Gloss.  latin,  au  mot  Coronellus  (3j.) 

VAKIANTES  : 

COLONEL.  Orth.  subsistante. 
CouoNNEL.  Brantôme,  T.  IV,  p.  320. 
CORONEL.  Rab.  T.  IV,  p.  157. 
CoBRONEL.  Mém.  de  Du  liellay,  T.  V,  p.  327. 
CouRONEL.  Du  Tillot,  des  R.  de  Fr.  p.  282. 
CoRON.\L.  Oudin,  Dict.  Pasq.  Rech.  p.  723. 
CoLUMEL.  Contes  d'EutrapeL 

Colongner,  verbe.  »  Quant  le  Irait  vint  parmy 
«  les  chevaulx  commencèrent  ù  tourner  les  testes, 
«  ou  ils  avoient  les  croppes,  les  lances  commence- 


«  rent  à  colongner  [i]  les  unes  parmi  les  autres,  ek  a 
«  se  mesloier.  »  (Le  Jouvenc.  ms.  p.  492.) 

Colongnois,  SHbs^  masc.  Monnoiede  Cologne. 
«  Mes  maisires  qui  cest  meslier  m'aprist,  m'en- 
"  charja  que,  en  quelque  terre  ou  gevenroie,quege 
«  ne  preisse  c'un  denier  de  la  monnoie  de  la  terre  ; 
«  à  Londres  en  Angleterre,  un  esterlin;  ù  Paris,  un 
«  parisi  :  au  Mans,  un  mansois  :  à  Colloigne,  un 
«  collonguols  :  à  Dijon,  un  dijonnois.  ■>  (Erber.  ms. 
de  S.  G.  fol.  90.) 

VARIANTES  : 

COLONGNOIS.  Erber.  MS.  de  S.  G.  foL  90,  R»  coL  1. 
CoLoiNGNOis.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  291,  V»  col.  1. 

Colonia,  subst.  Terme  de  procédure.  Dans  le 
Béarn,  ce  sont  des  dommages  et  intérêts.  (Voyez 
Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.  qui  renvoie  au  mol  Caleiige.) 

Coloniere.  [Intercalez  Coloniere,  lenure  d'un 
colon  au  ms.  fr.,  anc.9484,2,  fol.  132,  r",  an.  1364: 
»  Eslienne  de  Vaillant  chevalier...  a  donné...  à  l'é- 
«  glisede  Quincy...la  maison dessoubs  lavigneetle 
«  pressoir  et  tous  les  vaisseaux  elVà  coloniere  eiùous 
«  hommes  qu'il  avait  eu  la  ville  de  Bellenol.  »]  (n.  e.) 

Colonnelle,  adj.  an  fém.  On  trouve:  «  Messiré 
«  Loysd'Arbou ville  chevalier,  lieutenant  des  bandes 
«  coronalles  de  France  »,  dans  la  Coût.  d'Estampes, 
Coût.  Gén.  T.  I,  p.  247.  On  substitua,  dans  la  suite, 
au  mol  coronale,  celui  de  colonnelle,  et  c'est  à  ce 
sujet  qu'on  lit  dans  Pasquier  :  «  A  mou  granl  regret 
«  dii'ay  cavaleiie,  infanterie,  enseigne  colonnelle, 
»  esiiuadrons,  au  lieu  de  chevalerie,  piétons,  ensei- 
«  gne  coronale,  bataillons  :  mais  pourtant  en  use- 
"  ray-je,  puisque  l'usage  commun  la  gaigne.  »  (Lett. 
T.  I,  p.  105.) 

VARIANTES    : 
COLONNELLE  Pasq.  Lett.  T.  I,  p.  105. 
Coronale.  Coût.  Gén.  ï.  I,  p.  247. 

Color,  subst.  fém.  {ï>)Lele\n[.  Un  amant  se  plaint 

des  rigueurs  de  sa  maîtresse  en  ces  termes  : 

Hé  Diex  !  et  qu'en  fera  lùl  las? 
Moult  doi  haïr  son  mireor, 
Qui  voir  li  dit  de  sa  cnlor  ; 
Quar  s'il  li  mentoit  un  petit, 
Mains  s'en  feroit  proier,  ce  quit. 

Parlon,  de  Blois,  .MS.  de  S.  G.  fol.  158,  P.*  col.  3. 

Colorie,  adj.  au  fém.  Vermeille. 

Tant  le  vit  graille,  et  escarnie 
Elance,  et  gente  et  colorie  (6) 
Les  ex  rians,  et  bel  le  front  : 
Il  n'a  si  bêle  en  tôt  le  mont. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7989,  fol.  CG,  V  col.  i. 

Colol'ir,  verbe.  Colorer.  On  lit  dans  le  sens 
propre  : 

De  sang,  et  de  cervel  la  place  colorlr. 

Rora.  de  Dooii.  cité  par  Faiich.  Long,  et  Poès.  fr.  p.  III. 


(1)  Depuis  1661.  (N.  E.) 

(2)  Brantôme  consacre  un  de  ses  discours  aux  colonels  de  l'infanterie  française.  (N.  E.) 

(3)  D'après  un  texte  Espagnol  du  xvF  siècle.  La  forme  colonellus  est  dans  Rymer  (t.  XVI,  p.  14,  col.  1.)  (N.  e.) 

(4)  Voyez  plus  haut  coloigne,  au  sens  de  quenouille,  (n.  e.) 

(5)  La  forme  color  a  au  xiF  siècle  le  sens  de  couleur  (Romancero,  p.  49)  ;  «  Bêle  Erembors  à  la  fenestre,  au  jor,  sur   ses 
genous  tient  paile  de  color.  »  Dans  Roland,  on  trouve  cutur  (v.  441)  et  color  (v.  3763).  (n.  e.) 

(6)  On  ht  encore  dans  Raoul  de  Cambrai  (143):   «  lilanche   char  ot   comme  tlors  espanie  ;   Face  verraelle   com   rose 
coiilor\c.  »  (N.  E.) 


co 


—  J09  — 


co 


Ce'  mot  est  employé  au  figuré,  dans  les  vers 
suivans  : 

Colourenl  (1)  les  faus, 

Et  leur  donent  painture. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7615,  T.  II,  fol.  Un,  V"  col.  I . 

VARIANTES  : 
COLORIR.  Fauch.  Lan<;.  et  Poës.  fr.  p.  Ht. 
COLOURER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  T.  II,  f"  143,  V»  col.  1. 

Colot,  subst.  masc.  Nom  propre.  Je  cite  ce  mot, 
pour  rapporter  le  proverbe  suivant  :  ■'  l^es  cou- 
•■  teaux  Jean  Colot,  l'un  vaut  l'autre.  »  (Diclionn. 
de  Colgrave.)  Ce  Colot  étoit  un  artisan  de  la  ville 
de  Troyes,  connu  pour  une  espèce  de  fol  ;  il  portoit 
ordinairement  sur  lui  trois  mauvais  couteaux  dans 
la  même  gaine  ("2).  De  lu  vient  ce  proverbe.  (Vovez 
Id.  Ibid.) 

Colotes,  subst.  Sorte  de  lézard.  Du  grec  xio).ioTiç, 
comme  la  plupart  des  noms  des  animaux  dont 
parle  Rabelais.  On  trouve  colotes,  T.  IV.  p.  '274. 

Colper  ou  Copei*,  verbe.  Couper.  »  Li  Grieu 
<i  avoient  le  pont  colpé.  «  (Villehardouin,  p.  62.) 
.  A  tels  i  ol  les  lestes  colpe%.  »  (Ibid.  page  166.) 
"  Boniface  de  Montferrat  ot  la  teste  colpée.  «  iUnd. 
page  208.  —  Loix  Xorm.  art.  13  (3).) 

Alez  au  bacon,  s'en  colpez 
Une  charbonnée  à  Martin. 

Fabl.  MSS.  de  S.  Gerra.  fol.  38.  V-  col.  3. 

Colporteresse,  subst.  fém.  C'est  le  féminin 
de  colporteur,  mot  subsistant.  (Gloss.  de  l'Histoire 
de  Bretagne.) 

Goltée,  subst.  féin.  Coudée. 

Roiz  fu  Nabugodono.sor  ; 
Une  image  fist  faire  d'or, 
Soisante  collées,  de  haut  tour, 
Et  si.\  collées  out,  de  laour. 

Rom.  de  Rou,  MS,  p.  lir». 

Coluervre,  subst.  fém.  Couleuvre.  (Monet  et 
Cotgrave,  Dicl.)  «  Ce  di  prémièremenl  que  boz 
»  (crapeau)  ne  le  mordera,  coluervre  (4)  ne  le  poin- 
"  dra.  »  (Erber.  ms.  de  S.  Germ.  fol.  00. i 

VARIANTES  : 
COLUERVRE.  Erber.  MS.  de  S.  G.  fol.  90,  R>  col.  3. 

COLEUVRE. 

CULUEVKE.  Fabl.  MSS.  duR.  n»  7218,  fol.  241,  R»  col.  I. 

Colume.  [Intercalez  Coltime,  colombier  au  reg. 
.IJ.  195,  p.  439,  an.  1470:  »  Le  suppliant  ala  ouvrir 
«  la  feneslre  d'une  co/Hî/ie,...  afin  que  les  pigons 
■■  s'en  pussent  voler.  »]  (x.  e.) 

Coluinelle,  subst  fé)n.  Herbe*.  Luette °. 

*  Ce  mol,  usité  parmi  les  lleunstes  pour  la  tulipe 
rouge  blaiicbe,  semble  avoir  signifié,  au  premier 
sens,  une  espèce  d'herbe  potagère.  «  Un  des  secre- 
«  laires  de  M.  de  Rosni,  lui  dit,  dans  une  lettre  qu'il 


«  lui  écrit,  vous  passiés  le  tems  à  cueillir  vos 
"  salades,  les  herbes  de  vos  potages,  et  des  cham- 
«  pignons,  colurnelles,  et  diablettes  que  vous 
■'  accomodiez  vous  même,  etc.  »  (Mém.  de  Sullv, 
T.  I,  p   257.) 

^Columelle,  en  italien  columella,  signifioit  la 
luette,  selon  Oudin,  Dict.  ital.-lr. 

Colunge.  [Intercalez  Cotungc,  peut-être  tenure 
de  colon,  comme  co/oM/erc  ;  «  Exceptées  aucunes 
«  ranles  de  bief  que  l'an  dit  de  colunges,  lesquiex 
«  je  tien  en  lié  de  Oudol  le  Verdet  escuier.  >•  (Cart. 
de  Langres,  an.  1300,  Du  Gange,  II.  446,  col.  2.) 
Colonge  vient  de  colonia,  et  se  retrouve  comme 
nom  de  lieu  dans  le  Rhône  et  l'Isère.]  (n.  e.) 

Colymbade,  adj.  au  fem.  On  trouve  olives 
coliimbades  pour  olives  marinées,  dans  Rabelais, 
T.  iV,  p.  294. 

Com,  adv.  Comme*.  Comment".  Combien  ■=. 
Quoique". 

*Au  premier  sens  de  comme,  on  disoit  :  «  Com 
«  vos  avez  oï.  »  iVilleliard.  page  6.)  «  Ha  las!  com 
«  malvais  conseil  orent.  »  ^ld.  p.  114.) 

On  a  dil  com  de  li,  pour  à  sa  place,  comme  lui. 

Se  j'estoie  com  de  li, 

Ceens  n'auriez,  etc. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7218.  fol.  IHÎ,  V  col.  1. 

On  a  dit  taudis  com,  pour  tandis  que,  dans  le 
sens  où  nous  employons  encore  le  mot  comme. 

Aquilons  nos,  landis  coin  somes  au  desores, 
Ainz  que  la  mort  nos  mort,  qui  lot  mort  et  dévore. 
Fabl.  MSS.  .lu  R.  n-  7I'.15,  T.  Il,  fol.  lii.  V=  col.  ». 

On  a  dit  tant  cum  cite  vivra,  pour  tant  qu'elle 
vivra.  (Gloss.  de  Bret.) 

^  Au  second  sens,  com  ou  con  signifioil  comment. 
»  Encore  vous  feray  entendre  con  on  deslourne  du 
«  liammier.  »  (Font.  Guer.  Très,  de  Vénerie,  ms. 
p.  26.)  Celte  acception  rentre  dans  la  première. 

^  Mais  ce  mot  s'en  éloigne  davanlage,  lorsqu'il 
signifie  combien.  On  disoit  :  >  De  com  ïrant  merile 
«  'fut.  »  ;Chron.  Fr.  ms.  de  Nangis,  an  1398.;  On  lit 
dans  le  latin  :  quanti  meriti  extitit. 

En  com  grant  péril  se  mettent, 

Oui  dedenz  leurs  biens  se  gettent. 

Eusl.  Desch.  Poes.  MSS.  fol.  307,  col.  4. 
Ccyn  très  grief  sont  li  mal  d'amer. 

Pocs.  MSS. avant  1300,  T.  IV,  p.  lilS. 

.\hi  dame  !  con  dure  destinée. 

IbiJ.  T.  I,  p.  90  el  157S. 

C'est-à-dire,  combien  dure,  quelle  dure  destinée. 

Con  plus  avés  fuison 

De  biauté.  sans  mesprison, 

Plus  fort  cuer  s'i  enracine. 

Adans  li  Bocus,  Poûs.  MSS.  avani  1300.  T.  IV,  p.  141  i. 

«  Or  voyons  con  peu  de  fiance  partout,  ■>  c'est-à- 
dire  combien  peu  de  bonne  foi,  etc.  (Journ.  de 


(1)  Ce  sens  se.  retrouve  dans  Froissart  (lII,  334)  ;  «  Et  ce  coxdoaroit  grandement  son  fait.  »  Voyez  encore  l'éd.  Kervyn  , 
t.  XIII,  p    19.  (N.  E.) 

{i)  Cette  e.xplication  est  plus  étendue  dans  Leroux  de  Lincy  (II,  33),  qui  l'emprunte  au  dictionnaire  de  Nicod.  Ce  proverbe, 
dit-il,  s'applique  aux  choses  et  aux  personnes  qui  ne  valent  guère,  et  où  il  n'y  a  pas  de  choix  à  faire  pour  trouver  le 
meilleur,  (n.  e.) 

(3)  «  Si  co  avent  que  alquen  colpc  le  poin  à  altre  u  le  pied.  »  Poul'  ViUehnrdouin,  voir  éd.  de  Wailly,  §  163,  §  394.  (n.  e.) 

(4)  Ou  plutôt  coluecres,  comme  au  v.  19219  de  la  Rose.  (N.  E.) 


co 


—  HO  — 


co 


Paris,  sous  Charles  VI  et  VII,  pacte  17.)  On  lit  dans 
Villehard.  p.  ti^  :  «  Ha  cum  graiit  domages  fu.  » 
On  disoil  rom  poi  que  soi,  pour  tant  soit  peu. 

En  poiTons  ann  poi  q'ic  soi  parler. 

Vies  tics  SS.  MS.  do  Sorli.  cliif.  xxvii,  col.  2. 

"On  employoil  aussi  ce  mot  pour  quoique.  «  Con 
«  pelis  que  je  soie,  amours  est  grant.  »  (Rom.  de 
P.ou.)  Con  comment  que  snit  signifie,  quoi  qu'il  en 
soit,  dans  ces  vers  : 

Ci>n  comment  que  xoit  du  tiers  jor, 
D'ui  auront  il,  ce  cuit,  l'essor. 

Tari,  do  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  154,  R'  col.  3. 

Autrefois  on  a  employé  pour  com  ou  comme,  le 
cliiffre  î).  (Voyez  Pasquier.  p.  755.) 
En  mon  livre  y  a  une  lettre 
Qui  2  par  soy  est  appellée  ; 
Mais  chascun  s'en  veult  entremectre 
Qu'elle  ne  soit  dessemblée  ; 
.\ins  soit  a  b  i  t  couplée  ; 
Et  partout  en  mon  abc. 
N'a  bonne  leclre  si  non  9. 

Chasse  et  Dcparlie  d'Amours,  p.  406,  col.  1. 

.le  ne  sais  quel  rapport  on  trouve  dans  les  vers 
cités  avec  le  caractère  qu'on  dit  avoir  été  employé 
pour  signifier  com  ou  comme  (1).  Le  jeu  de  mots  sur 
lequel  roulent  ces  vers,  que  Falconnet  dit  n'avoir 
pas  entendus,  consiste  dans  la  ressemblance  du 
nom  de  la  lettre  G  avec  le  mot  j'ai,  du  verbe  avoir.  La 
lettre  G  est  bonne  lettre  parce  qu'il  est  avantageux 
d'avoir  lieu  de  prononcer  son  nom,  de  dire/«/. 

V.\RIANTKS  : 

COiM.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  T.  II,  fol.  125,  R°  col.  2. 
Con.  Kont.  Guer.  Très,  de  Vénerie,  MS.  p.  26. 
CuN,  Cum. 

Coma.  Il  faut  lire  c'on  m'a  dans  ces  vers,  pour 
qu'on  m'a  : 

Et  non  porquant,  ne  tien  je  mie  à  voir, 
Che  coma  dit,  assés  nouvelement. 

Jeh.  de  Rcnli,  Poês.  MSS.  avant  tSOO,  T.  111,  p.  IIM. 

Comain,  subst.  masc.  Nom  de  peuple.  Nation 
de  l'Orient  :  «  N'orent  gaires  esté  devant  Andrino- 
«  pie,  quantlesBIaquers,  etli  Comain{'-2)  furent  près 
"  d'illuec,  et  si  firent  lices  par  derrière  que  li  Blac, 
«  et  li  Comainne  sefei'issent  en  l'ost.  »  (Contin.  de 
G.  de  Tyr,  Martene,  T.  V,  col.  669.) 

Cornai,  subst.  masc.  Drogue  médicinale.  «  Si 
«  ine  prenez  ua  poi  de  cellande  du  diatoii  et  panele, 
«  et  manjue  !e,  et  eomal,  ei  tonnai,  et  de  l'erbe 
«  ilobert.  »  (Erber.  .ms.  de  S.  G.  fol.  89.) 

Coimar.  Estrubert,  déguisé  eu  fille,  ,se  voyant 
enlevé  par  un  cbevalier,  s'écrie  : 

Las  !  se  dit  cntuar.  onques  fui. 
Ou  m'emporte  on  '.'  que  devenrai  ? 

Esirub.  Fabl.  MS.  du  R.  n"  7996,  p.  80. 

Comai'que,  subsl.  fém.  Frontière.  Confins, 
limites.  (Voyez  Iiii  Gange,  Gloss  lai.  au  mot  Com- 
9Hrtjr/i;'«.)  Le  Ouien  de  la  Neuville  dit  que  c'est  le 


nom  que  l'on  donne  aux  justices  subalternes  de 
Portugal  Comarca,  en  espagnol,  signifie  la  marche, 
la  frontière,  les  confins  d'un  pays. 

Coinbant,  subst.  masc.  Vallée.  Mot  breton, 
pour  désigner  un  lieu  fait  en  pente,  et  qui  finit  en 
vallon.  (Du  Gange,  au  mot  Cumba,  2.  —  Voyez 
ci-après  Combe.) 

Combat.  s(//;.s/.  masc.  Ce  mot  subsiste,  mais  il 
nous  fournit  les  remarques  suivantes  : 

1"  On  l'employoit  autrefois  comme  synonyme  de 
duel,  ou  gage  de  bataille.  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 

2"  Combat  se  preuoit  proprement  pour  combat  à 
l'épée.  Le  combat  à  la  lance  se  nommoit  joute.  Cette 
distinction  est  justifiée  par  le  passage  suivant  : 
"  Qu'il  ne  laisse  de  venir  à  ma  court,  l'asseurant, 
"  s'il  demande  la  jouste,  qu'elle  ne  luy  sera  refusée; 
«  si  le  combat,  encores  moins.  »  (D.  Florès  de 
Grèce,  Vol.  I.  fol.  151.) 

3"  Le  combat  à  la  barrière,  selon  ce  que  dit 
Brantôme,  étoit  le  même  que  celui  qu'on  avoit 
appelé  le  pas  d'armes,  dans  les  temps  antérieurs. 

4"  On  nommoit  combats  de  plaisance,  les  joutes 
et  tournois,  autrement  appelés  assemblées  d'hon- 
neur ei  pardon  d'armes.  [La  Colomb.  Th.  d'honn. 
T.  I,  p.  4.) 

5»  On  disoit  aujoindresera  lecombat.  Expression 
empruntée  des  anciennes  joules,  «  ou  après  le  bris 
«  des  lances,  les  combattans  se  renconlroient 
«  d'ecus,  de  corps,  et  de  têtes.  »  (Le  Duchat,  sur 
Rabelais,  T.  IV,  p.  190. 

Combatable,  subst.  masc.  Combattant.  (Borel 
et  Corneille,  Dict.) 

Son  grant  renom  par  tout  le  ciel  habunde, 
S'estoit  claquin,  le  puissant  combatable  (3). 

Eusl.  Doschanips,  Focs.  MSS.  fol.  183,  col.  i. 

Le  mareschàl,  et  bon  combatable 
De  Clermont,  etc. 

Ibid.  fol.  572,  col.  2. 

Combatement.  [Intercalez  Combatement , 
attaque,  au  reg.  .U.  74,  p.  676,  an.  1342  :  «  Comba- 
»  tement  de  chastiaux.  «]  (n  e.) 

Combateur,  subst.  masc.  Combattant.  (Cotgr. 
Dictionnaire.) 

VARIANTES  : 
COMBATEUR. 
CoMBATTEOR.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  49. 

Combateux.  [Intercalez  Combateux,  aggres- 
seur,  au  reg  JJ.  161,  p.  81,  an.  1406:  «  Lui  [de 
«  Canimonîj  qui  estoit  renommé  d'estre  divers  et 
«  combateux  et  en  avoir  batu  plusieurs.  »]  (n  e.) 

Combatro,  verbe.  Ce  mot  subsiste  ;  mais  on  ne 
dit  plus  se  combatre,  pour  se  battre. 

Li  bons  Rois  sor  aus  ala; 

Combat!  soi,  moût  en  tua  (4). 

l'ii.  Mouskes,  MS.  p.  113. 


(1)  Com  s'abrège  dans  les  mniss.  par  le  signe  9.  Voyez  le  Dict.  des  .abréviations  de  Chassant  (p.  141).  (n.  e.) 

(2)  Ce  nom  se  retrouve  dans  ViUeh.irdouin  (§  357,  §  363,  etc.;  ce  peuple  barbare  habitait  la  Roumanie  actuelle.  On  trouve 
aussi  la  forme  Coma»  dans  Marténe.  t.  V,  cnl.  702.  (N.  E.) 

(3)  On  lit  aussi  dans  la  Rose  (v.  19092^  :  «  Et  Gauvain  le  bien  comhnluhlc.  »  (n.  E.) 

(4)  On  trouve  aussi  dans  ï'artonopex,  v.  2838  :  «  .S'e  combatre  à  quelqu'un.  »  Froissart  écrit  aussi  (II,  139)  :  «  Ils   ne  se 
poroient  combatre  à  yauls  entre  ces  montaingnes.  »  (n.  e.) 


co 


—  m  — 


CO 


On  disoit  proverbiiilement  :  "  Oui  se  combat, 
«  n'est  pas  mort.  »  (Dict.  de  Cotgrave.) 


Combe,  subst.  fém.  Vallée,  terrain  creux, 
grotte.  (Du  Gange,  au  mot  Comba.)  «  Provinciales, 
«  Dalpliinates,  ac  Sabaudi,  ptctercœteros,  convalles, 
«  cumbas  appellitanl  Combes.  »  (Valois,  notice  des 
Gaules,  p.  415.)  Ménage  veut  que  combe  ait  signifié 
grotte,  et  vienne  du  latin  giimba;  alors  il  ne  seroit 
pas  étonnant  que  l'on  eût  quelquefois  parlé  des 
combes,  comme  de  lieux  élevés.  (Du  Gange,  au  mot 
Tumba,  2.)  «  Combe,  et  molhe,  lieu  élevé  ont  formé 
«  beaucoup  de  noms.  »  (Menestr.  Orn.  des  Arm. 
p.  451.)  11  semble  évident  que  combe  soit  mis  pour 
hauteur,  dans  le  passage  suivant  :  ■<  Mais  il  n'eut 
«  pas  fait  mille  pas,  qu'il  découvril,  sur  le  haut 
«  d'une  combe,  quelques  soixante  chevaux,  etc.  » 
(Mém.  de  Sully,  T.  II,  p.  413.)  Cependant  on  peut 
expliquer  sur  le  haut  d'une  combe,  au-dessus  d'une 
vallée. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'acception  de  combe,  au  moins 
la  plus  ordinaire,  est  vallée  (I).  «  La  veue  belle,  et 
»  limitée  de  douze  coupeaux  de  montagaeltes,ruis- 
«  selets,  rivières,  fontaines,  prez,  combes,  etc.  >• 
(Berger,  de  Rem.  Belleau,  ï.  I,  fol.  1.) 

A  tant  chevauchent  par  les  plaignes, 
Par  les  coithes,  par  les  montaignes. 

Blanchardiii,  MS.  de  S.  G.  fol.  183,  V-  col.  3. 

Rabelais  cite  le  jeu  des  combes,  parmi  ceux  de 
Gargantua. 

VARIANTES   (2)  : 
COMBE.  Oudin,  Nicot,  Dict. 

CONBE. 

Combelete,  subst.  fém.  Terme  de  vénerie. 
G'esl  le  diminutif  de  combe  ci-dessus,  employé 
figurément,  pour  signifier  la  petite  cavilé  qui  se 
remarque  aux  dents  du  sanglier,  et  que  nos  anciens 
auteurs  de  vénerie  appeloient  aussi  goutiéres. 
«  Les  denx,  du  sangler  sont  longues,  ainsi  comme 
«  demi  coude,  et  il  y  a  goutiéres,  et  combeletes  au 
.'  long,  et  dessus,  et  dessoubz.  "  (Chasse  de  Gast. 
Phéb.  MS.  p.  164.) 

On  appliquoit  aussi  ce  mot  aux  espèces  de  cane- 
lures  que  l'on  voit  au  bois  des  cerfs  :  •■  Y  aura  au 
i<  long  des  perches  unes  petites  combeletes,  que  on 
<•  appelle  goutiéres.  »  (Ibid.  p.  ItiO.) 

Combiberon,  subst.  musc.  Compagnon  de 
bouteille.  (Dicl.  de  Cotgrave  et  d'Oudin.) 

Combien,  adv.  Toutefois,  cependant.  iXous 
avons  plusieurs  observations  à  faire  sur  les 
anciennes  acceptions   de  cet  adverbe,   selon  ses 


diverses  constructions.  Lorsqu'on  l'employoit  sans 
être  suivi  de  que,  ce  mot  signifioit  toutefois, 
cependant  : 

.Te  luy  envoyé  ces  sornettes, 
Pour  soy  désennuyer  ;  combien, 
S'il  veut,  face  en  des  alumettes  : 
De  bien  chanter  s'ennuye  on  bien. 

Villon,  p.  84  el  85  (3). 

1°  On  disoit  combien  peu  que  ce  soit,  pour  quel- 
que peu  que  ce  soit.  (Percef.  Vol.  VI,  fol.  01.) 

2°  Combien  que  se  disoit  pour  encore  que,  quoi- 
que (4).  (Rob.  Est.  Gramm.  fr.  fol.  51.) 

Et  combieii  que  rigueur  t'oppresse. 
Je  veux  que,  etc. 

Cléni.  Mai-ol,  p.  226. 

.  .  .  Combien  c'on  doie  doloir, 
11  fet  bon  les  maus  d'amer 
Endurer,  por  joie  avoir. 

Fahl.  MSS.  du  R.  n"  7-218,  fol.  255,  R°  col.  1. 

3°  Combien  que  semble  s'être  dit  aussi  pour  d'au- 
tant que,  parce  que.  «  Elle  estoit  jà  fort  pesante, 
«  combien  qu  il  convcnoit  que  le  jour  naturel 
"  venist  de  enfanter.  »  (Peicef.  Vol.  IV,  fol.  21.) 

4°  Combien  que  signilioit  encore  autant  que. 
«  Le  roy  donna  à  Olofer  le  duclië  de  Cornouaille, 
«  combien  que  roy  y  avoit,  ou  temps  du  rov  Gal- 
..  lafar.  »  (Percef.  Vol.  VI,  fol.  116.)  G'est-à-dire 
autant  que  roi  y  possédoit,  etc. 

Combination,  subst.  fém.  Combinaison.  «  Il 
«  ne  faut  pas  qu'il  y  ail  une  combination  {ô),  s'il  est 
■i  possible,  c'est-à-dire  que  trois  lignes  se  rencon- 
«  Irent  l'une  sur  l'antre.  »  (Des  Accords,  Bigarr. 
fol.  157.)  Pasquier  remarque  ce  mot  comme  nou- 
veau. (Lett.  T.  111,  p.  915.) 

1.  Comble,  s^(^)S^  ?Hasc.  Hauteur*. Partie  supé- 
rieure ". 

*  Ce  mot,  en  général,  signifie  sommet,  du  lalin 
culmen.  On  l'a  employé  autrefois  pour  signifier  les 
hauteurs  d'un  pays.  «  Si  passèrent  le  comble  (6)  de 
"  Pampelune,  et  les  montagnes  de  Koncevaux.  « 
(Froissart,  livre  III,  p.  306.)  "^ 

Comble  s'employoit  aussi  dans  le  même  sens  où 
nous  disons  hauteur,  en  parlant  de  la  profondeur 
de  la  mer  : 

.  .  .  fist  parmi  passer, 
Parmi  le  comble  de  la  mer, 
La  gent  Moyses,  et  Aaron. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  104,  V  col.  1. 

°  On  a  dit  le  comble  d'une  nef,  pour  la  partie 
supérieure  d'un  vaisseau.  «■  Si  tost  que  la  nef  fut 
»  approchée  des  deux  basieaux,  ung  chevalier  se 
"  mist  au  comble  de  la  nef.  »  (Percef.  Vol.  VI, 
fol.  45.) 
1      On  a  dit  de  même  le  comble  de  l'écn,   et  du 


(1)  On  lit  au  reg.  JJ.  173,  p.  199,  an.  1V25  :  «  Le  suppliant  et  icellui  Rebours  estans  ou  chemin  royal  en  une  combe  ou 
valée,  appellée  la  combe  Savate.  »  Le  mot  subsiste  comme  nom  de  lieu,  sui'tout  dans  le  Midi  de  la  France  :  «  Mines  de 
Bességes  et  la  Grand  Combe.  »  (N.  E.) 

(2)  On  lit  déjà  dans  Garin  (I,  96)  :  «  Li  os  chevaitche  par  tertres  et  par  combes.  »  (n.  e.) 

(3)  Collection  Jannet,  p.  92.  (n.  e.) 

(4)  On  bien  que  :  «  Combien  ([ue  le  duc  ne  luy  portast  point  de  domraaige.  »  (Froissart,  XI,  67.)  (N.  E.) 

(5)  On  lit  aussi  dans  l'Ethique  d'Oresrae  (150)  :  «  Et  une  conjugacion  ou  combination  qui  est  faite  selon  dynamctre  t'ait  la 
retribucion  estre  selon  proporcionalité.  »  (n.  e.) 

(6)  On  Ut  encore  au  t.  VII,  p.  155  de  l'édition  Kervyn  :  «  Si  selogièrent  ces  gens  en  le  comble  de  Pampelune.  )  (n.  e.) 


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heaume,  pour  la  partie  la  plus  élevée,  la  partie 
convexe  et  supérieure  de  l'un  et  de  l'autre. 
«  Lyonnel  haulse  son  espée,  et  (iert  le  clicva- 
«  lier  nu  comble  de,  l'escn  (1),  etc.  »  (Perceforest, 
Vol.  II,  fol.  23.)  «  Une  jeune  pucelle,  à  qui  il  estoit 
"  amy,  luy  avoil  envoyé  ung  heaulme  paré  sur 
"  le  comble  d'nns;'  paon,  faisant  la  roe  par  arti- 
"  lice.  «  (Ibid.  Vol.  I,  fol.  144.)  «  La  jeune  Lyriope 
•I  vous  envoyé  une  manche  de  samit,  pour  parer  le 
»  comble  devostre  tieaulme.  >■  (Ibid.  Vol.  I,  fol.  136.) 
On  disoit  aussi,  dans  le  même  sens  :  le  dur  du 
heaume.  (Voyez  Din  ci-après.)  On  trouve  le  comble 
de  l'escu,  dans  Percef.  Vol.  I,  fol.  25,  et  ailleurs 
très-fréquemment. 

Remarquons  quelques  expressions  : 

1»  Decomble  en  fonds,  dansle  sens  oîi  nous  disons 
de  fond  en  comble.  (Ess.  de  Montaigne,  T.  II,  p.  3G5.) 

2°  Le  comble  du  pis  signilie  le  comble  du  mal. 
«'  F^eur  faisoient  le  comble  du  /ns  qu'ils  pouvoient.  » 
(.1.  d'Auton,  Ann.  de  Louis  .\1I,  p.  37,  an  1499.) 

3°  Donner  à  comble  (2),  pour  donner  à  mesure 
comble.  (S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  342.)  Dansle 
latin  dure  ad  cumulum,  d'où  l'on  a  dit  combler  de 
biens.  «  On  ne  trouveioit  nul  homme  terrien  à  qui 
«  nostre  Seigneur  donnast  tant  de  grâces  comme  il 
••  te  appreste  :  il  le  donna  beaultéVt  comble,  etc.  » 

2.  Comble,  adj.  Comblé*.  Comblé  de  biens  ^. 

*  Le  premier  sens  de  comblé  est  le  sens  propre. 
Ce  mot  se  dit  encore  en  parlant  de  mesures  On  a 
quelquefois  employé  cet  adjectif  substantivement. 

.  .  .  Li  baris  fu  si  emplis,... 
Que  li  combles,  de  toutes  pars, 
En  est  espandus,  et  espars. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  "il8,  fol, .".,  R"  col.  2. 

On  a  dit  de  même  un  comble,  pour  un  boisseau 
comblé.  Dans  un  titre  de  1578,  on  lit:  ■•  La  semence 
«  d'environ  uno'<"f))Hb/c,à  lalnesuredeBeaulne(3).>• 
(Voyez  Loysel,  înslil.  Coût.  Liv.  II,  p.  316.) 

^  Comble,  au  féminin,  s'employoit  figurément, 
comme  adjectif,  pour  comblée  de  biens. 

Por  plus  d'amis  à  li  atrere, 

Se  fesoit  riche,  et  romhlK,  et  plaine. 

Fabl.  MSS.  du  W.  n-  7-218,  fol.  317,  P,'  col.  ). 

(Voyez  CoMULE  ci-après  ) 

3.  Comble.  [Intercalez  Comble,  mesure,  au 
reg.  .T.I.  170,  p.  1,  an.  1415:  «Hem  auront  les 
•>  mesureurs  pour  mesurer  noisettes  et  chasleignes, 
t'  qui  se  mesurent  à  une  petite  mesure,  appellée 
«  le  comble ,  dont  les  trois  font  le  boisseau  , 
«  pour  chascun  comble  un  denier...  et  une  noi- 
"  sette  ou  chasteigne.  »  On  le  nomme  aujourd'hui 
litron.]  (n.  e.) 

Comblé,  adj.  Comblé  de  biens.  On  disoit  figu- 
rément : 


...  Cil  estoit  fils  d'un  vilein. 
D'un  usurier  riche,  et  comblé. 

Fabl.  MSS.  do  S.  G.  fol.  5i.  R'col.  2. 
Princes,  ceulx  des  citez  sont  gians, 
Bien  aisiez,  riches,  comblés,  frans 
Et  de  jour  en  jour  s'enrichissent. 

Eust.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  418,  col.  4. 

Comblelle.  [Intercalez  Comblelle,  diminutif  de 
combe,  vallée  : 

Vers  les  Turcs  esperonnent  parmi  unes  comblellcs 
As  espées  lor  trenchent  les  fris  et  les  forcelles. 

Poème  d'Alexandre  (Du  Cange,  II,  698,  col.  l).j  (N.  E.) 

Comblement,  subst.  masc.  L'action  de  com- 
bler, de  remplir.  (Cotgraveel  Oudin,  Dict.) 

Comblement,  adv.  Confusément,  pêle-mêle, 
en  foule.  «  Estant  entrez  eomblémenl  tous  ensem- 
«  ble.  "  (Affections  de  divers  amans,  trad.  par  J. 
Fournier,  Edit  de  Coutelier,  1743,  p.  21.) 

Combler,  verbe.  Puiser  *.  S'embarrasser  les 
pieds,  en  parlant  d'un  cheval  ^. 

*  Proprement,  com/>/cr  un  vase,  signifie  le  rem- 
plir. De  h'i,  ce  mot  s'est  pris  pour  puiser,  remplir 
un  vase  en  puisant.  «  Vins  lomboyent  en  deux 
»  grans  bacs  de  pierre  ou  tout  le  monde  en  pouvoit 
«  combler,  et  prendre  à  son  plaisir.  «  (Olivier  de  la 
Marche,  Méni.  liv.  II,  p.  526.) 

^  Se  combler,  en  \yM-\SL\\{  du  cheval,  signifioitse 
fendre. 

En  expliquant  ainsi  se  mot,  combler  semble 
venir  de  comblelle,  encore  en  usage,  pour  signifier 
la  fenle  du  pied  du  cerf  (4).  Malgré  cela,  je  crois  que 
le  cheval  qui  se  comble  des  pieds  de  devant  et 
tombe,  est  un  cheval  qui  s'embarrasse  les  deux 
pieds  l'un  avec  l'autre.  Nous  disons  se  couper,  en 
parlant  des  chevaux  qui  se  heurtent  les  deux  pieds 
de  devant  l'un  contre  l'autre  et  se  blessent.  An 
reste,  M.  de  Brequigny  ne  décide  rien  sur  cet  article 
qui  peut  subsister  comme  il  est.  S'il  l'eût  changé, 
il  l'auroit  employé  comme  expression  figurée,  de 
la  manière  qui  suit  :  On  disoit  figurémeiU  se  coin- 
bler  des  pieds,  en  parlant  du  cheval,  pour  s'embar- 
rasser les  pieds  l'un  avec  l'autre,  les  mettre  en  un 
comble,  en  un  monceau  :  «  Le  cheval  n'estoit  mye 
«  frais;  car  il  avoit  erré  grant  journée,  et  il  se 
'•  comi)la  des  pieds  de  dcvaiit,  e!  cheut  en  une 
<•  crevace.  «  (Lanc.  du  Lac,  T.  I,  fol.  43.) 

Combonneur,  sul>st.  masc.  Receleur.  «  Selon 
•■  la  loy,  les  comhonneurs  sont  reputez  comme  les 
«  propres  larrons.  »  (Bout.  Soin.  Rur.  p.  244.) 
L'éditeur  ajoute  en  marge  :  «  Mon  vieil  practicien 
«  appelle  combonneurs,  receleurs.  « 

Combourgeois,  subst.  masc.  Concitoyen. 
(Cotgrave  et  Oudin,  Dict.)  «  Ceste  science,  ou  autre- 
«  ment  ceste  foy  vous  enseigne,  et  certifie  que  vous 


(1)  On  lit  aussi  dans  Froissart  (III,  464)  :  a  Guillaume  Douglas,  qui  s'arme  d'asur  à  comble  d'argent,  et  dedans  le  comble, 
de  trois  estoilles  de  génies.  »  (n.  e.) 

(2)  «  Quiconque  amènera  poissons  en  panier  à  Paris,  il  convient  que  ses  paniers  soient  emplis  loyaument,  ou  à  comble 
ou  sans  comble.  »  (Ord.,  II,  359  )  (N.  E.) 

(3)  «  Droit  de  moulure  est  que  les  meuniers  doivent  rendre  du  rès,  le  comble.  »  (Loysel,  262.)  (n.  e.) 

(4)  Les  vétérinaires  nomment  pied  comble,  le  sabot  dont  la  sole  porte  seule  à  l'appui  :  «  Et  regardez  si  le  cheval  a  pies 
gras  et  combles.  »  {Ménagiec,  II,  3.)  Mais  ici  l'origine  peut  être  le  bas-lutin  cohnus  (cumxilus),  embarras  dans  un  chemin,  (n.  e.) 


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<'  éles  comboiirgeois  dus  cieux  et  que  par  Jésus 
«  Christ  vous  avez  esté  arraché  despatles  du  grand 
«  Pharao  qui  est  le  diable.  -  ;Disc.  polit,  et 
milit.  de  La  Noue,  p.  183.  —  Vuyez  Méiu.  de  Sully, 
T.  IX,  p.  190(1).) 

Comboiirgeoisle,  subsl.  fém.  Association  de 
bourgeoisie.  i,Cotgrave  et  Oudin,  Dicl.)  ■•  Pour  la 
'<  religion  que  les  dits  de  Berne  ont  mise,  au  plus, 
«  dans  un  bailliage,  qu'ils  ont  en  commun  avec 
«  ceux  de  Fribourg,  ce  qu'ils  prétendent  leur  estre 
«  parims  par  \eiiv  combourgeoisie,  etc.»  (Mém.  de 
Villeroy,  T.  VI,  p.  37.) 

Combre,  subst.  masc.  Bastardeau.  (2)  C'est  ainsi 
qu'on  nommoit  toutes  sortes  d'ouvrages  construits 
dans  les  rivières,  pour  la  facilité  de  la  pèche,  et 
qui  nuisoient  ù  son  cours.  (Voy.  ci-après Enco.mbre.) 
]jQ  roi  étant  l\  I.,yon,  en  1503,  "lit  défense  d'ùter  des 
rivières  du  Rhône  et  de  la  Saône  «  les  escluses, 
«  pescheries,  nassiors,  molins,  bennes,  t'om/^?'f,s  (3), 
"  et  autres  choses  empescbans  le  cours  des  dictes 
"  rivières,  et  passages  de  barques,  ou  de  hasteaux.  » 
(P.  Desrey,  à  la  suite  de  Monslr.  fol.  lOi.)  »  Comhre  (4) 
«  ramée,  ou  fagots  de  bois  sont  défendus  faire  en  tout 
«  temps,  en  rivières.  »  (Gr.  Coût,  de  Fr.  liv.  I,  p.  31 .) 

Conibi'er,  verbe.  Saisir.  Proprement  prendre 
par  le  comble,  par  le  sommet  de  la  lèle.  Abraham, 
prêt  à  sacrifier  son  fils  : 

S'espée  prent,  à  son  fils  vient, 

Par  les  cheveux  le  prent,  et  cnnibre  (5). 

Hisl.  des  Trois  Maries,  en  vers,  WS.  p.  13. 

Seure  li  est  coniz,  qu'il  le  volt  affoler, 
0  bien  .m.  cenz  des  siens,  mais  ne  1'  pueent  lotibvf.r. 
Parlon.  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  109,  H-  col.  2. 

V.\RIANTES  : 

COMBRER.  Hist.  des  Trois  Maries,  MS.  p.  13. 
CONBRER.  Parton.  de  Bl.  fol.  169,  V"  col.  -2. 

Combreselle,  subst.  fém.  Culbute.  Faire  la 
combrcselle  signifioit  tomber  à  la  renverse.  (Dict. 
de  Cotgiave.)  «  Cingar  le  poussant  rudement  à  l'es- 
"  tomac  le  jette  par  terre  à  la  reaverse,  et  li  pauvre 
«  vieillard /'('(i' /rt  combreselle.  «  (.Merlin  Coccaie, 
T.  11,  p.  86.)  Dans  les  Avantures  de  Floride,  de 
Beroalde  de  Verville,  p.  i,  fol.  '2'28,  un  berger  dit  à 
une  bergère  :  «  .le  suis  adroit  à  bien  faire  la  com- 
«  breceUe.  «  C'étoit,  selon  Le  Duchat,  une  espèce 
d'exercice  ou  de  jeu.  "  Les  peliis  garçons,  dans 
<'  quelques  provinces  de  Fiance,  appelleni  faire  la 
«  conlreselle,   lorsqu'un  d'entre  eux  s'accroupit. 


«  pour  tendre  le  dos  à  son  compagnon  trop  petit, 
«  pour  atleindi-e  ou  il  voudroit  monter.  »  (Le  Ducliat, 
sur  Rabelais,  T.  II,  p.  201.) 

VARIAN'TKS    : 
COMBRESELLE.  Merlin  Cocaie,  T.  II,  p.  86. 
Co.MBRECKLLE.  Rabelais  T.  II,  p.  201. 
CoNTRESELLE.  Le  Duchat,  sur  Rabelais,  T.  II,  p.  201. 

Combi'isement ,  subst.  masc.  L'action  de 
briser.  (Du  Gange,  au  mot  Tritlo.) 

Coinbriser,  wr&f.  (6) Tourmenter.  Proprement, 
briser,  employé  figurément  en  ce  passage  : 

Li  penssers,  et  plus  me  comhrise, 
D'estendre,  plaindre,  et  souspLrer. 

Falil.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  l:!3.  R-  col.  I. 

Coinbrissable,  adj.  Fragile.  Qui  peut  être 
brisé.  (Du  Gange,  au  mot  Triliîe.) 

Comburé,  adj.  Ce  mol  semble  corrompu,  dans 
ce  passage  :  -  Laquelle  response  sembloit  à  plu- 
.<  sieurs  gens  mal  comburée,  et  digérée.  »  (Juvénal 
des  Ursins,  Hist.  de  Charles  VI,  p.  221.) 

Comédial ,  adj.  De  comédie.  M.  de  La  Porte 
s'en  est  servi  pour  épithète  de  prologue. 

Couiédiant,  subst.  masc.  Comédien.  (Dictionn. 
d'Oudin.) 

Comédie,  subst  fem.  (7)  Nous  ne  remarquerons 
autre  chose  sur  ce  mot,  sinon  qu'autrefois  il  éloit 
générique  et  signifioil  toute  sorte  de  pièces  de 
théâtre,  soit  tragiriues,  soit  comiques,  comme  on  le 
voit  par  ces  titres:  Comédie  de  la  i\ativité;  de 
r  Adoration  des  trois  Rois;  des  Innocens,  etc.  (Hist. 
du  Théàt.  fr.  T.  II,  p.  273.) 

On  n'avoit  point  encore  restreint  la  signification 
de  ce  mol  du  temps  de  i\I'"'  de  Sévigné."  Dans  ses 
lettres  de  1(J89,  on  lit  :  «  On  a  déjà  représenté  à 
"  S"  Cyr  la  comédie,  ou  tragédie  d'Estlier.  »  (Lett. 
T.  VI, "p.  31.)  »  Les  belles  comédies  de  Corneille,  et 
«  Polyeucte  et  Cinna  et  les  autres.  »  (Ibid.  p.  103.) 

Coinensable,  adj.  Qu'on  peut  commencer. 
«  Ceux  piées  sont  comensables  et  provables,  si 
"  comeen  le  graund  brefe  de  droit  overl.  »  (Britl. 
Loix  d'Angle! .  fol  262.) 

Comète,  adj.  et  subst.  masc.  et  fém.  Ce  mot 
subsiste,  mais  seulement  comme  substantif  fémi- 
nin Il  est  du  nombre  de  ceux  qui,  ayant  été  origi- 
nairement adjectifs  (8),  sont  devenus  substantifs.  Nos 


(1)  Voyez  aussi  d'.\ubigné,  Hist.,  II,  276.  (,.\.  E.) 

(2)  L'espagnol  a  combre  et  le  portugais  comhro.  (x.  E.) 

(3)  On  lit  dans  une  pièce  df  l'283  (Du  Gange,  II,  698)  :  «  Saichent  tous  que  ge  mestre  Henri  da  Charlons  proculierres  et 
receiverres  des  rentes  nostre  scgnor  le  roy  de  .leru.salem....  ei  eu  et  receu....  sexante  solz  de  monnoye  courant  doupreour 
de  Goiz,  por  la  finance  d'un  combre,  assis  ou  leir  à  Goiz.  »  {N.  E.)     ' 

(4)  C(i)ubre  n'est  qu'une  variante  de  comble  dans  Froissart  (XI,  367)  :  «  L'on  paingnoit  les  mats  des  nefs  dès  le  fons 
jusques  au  cootbiv.  »  (N.  E.) 

(5)  On  lit  dans  les  Chr.  de  S'  Denis  (D.  Bouquet,  III,  188)  :  i<  Childebert  bouta  l'enfant ,  qui  à  lui  s'estoit  ahers  :  cil 
[Clotaire]  le  combra  tanlost,  et  l'ocist  en  autel  manière,  comme  il  avoit  l'autre  ocis.  »  On  Ut  aussi  dans  Agolant,  v.  557  : 
«  A  ses  deus  mains  l'a  errament  combre.  »  (N.  E.) 

(6)  On  lit  dans  un  Glossaire  latin-français  (Du  Gange,  IV,  168,  col.  1)  :  «  Macerare,  combrisier,  delanier,  despecier,  débiliter, 
îBOllifier.  »  (X.  E.) 

(7)  Le  mot  se  rencontre  au  xiv«  siècle  dans  l'Ethique  d'Oresme  (139)  :  «  Et  ce  peut  assez  apparoir  par  les  comédies  des 
anciens  et  par  celles  que  l'on  fait  à  présent.  »  (N.  E.) 

(8)  Cependant  il  est  substantif  au  Roman  de  la  Rose  (v.  18745)  :  «  Mes  les  comètes  plus  n'aguetent,  Ne  plus  expressément 
ne  gietent  Lor  intluances  ne  lor  rois  [rayons],  No  sor  rois  que  sor  povres  hommes.  )i  Voyez  encore  v.  18738.  (x.  e.) 

IV.  15 


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auteurs  latins  du  moyen-âge  ont  dit  Stella  comètes, 
dans  le  même  sens.  On  lit  dans  les  Chron.  de 
S"  Denis,  T.  I,  p.  C66:  Estoille  commete  (1),  pour 
comète. 

On  employoit  indifféremment  ce  mot  comme 
masculin  et  lémiiiin.  Nous  le  trouvons  sous  les 
deux  genres,  dans  Rabehiis,  T.  IV,  p.  112  et  tlfi,  et 
T.  V.  'Pronoslic,  p.  8.  (Voyez  ibid.  la  note  de  Le 
Ducliat.)  On  lit  dans  Gilles  Durand,  à  la  suite  de 
Bonnefons,  p.  89: 

Comme  un  comète  naissant  (2). 
VAR1A>TES  : 
COMETE.  Orth.  subsistante. 
Co.viMETE.  Chron.  S.  Denis,  T.  I,  fol.  666. 

Conieteiix,  adj.  On  trouve  ce  mot  au  féminin, 
dans  les  Epitli.  de  M.  de  la  Porte  :  Estoille  comé- 
teuse. 

Comfaitement,  adv.  Ce  mot  est  composé  de 
comme  etdefaitement  (3).  (Voy.  Faitement ci-après.) 

Demain,  mes  parens  manderai, 
Et  belnment  lor  monstrerai 
Comfaitement  m'avez  honnie. 
Et  avez  mené  pute  vie. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  7,  R"  col.  2. 

Comin,  stibst.  masc.  Plante  ombellifère.  On 
rappelle  encore  cumin.  Sa  graine  facilite  la  diges- 
tion. Le  cumin  est  d'une  odeur  Irès-forte,  sans 
étredésagréable  : 

Vous  qui  mauvese  odor  avez,... 
D'anis,  de  fenoil,  de  cummin, 
Vous  desieunez  sovent  matin. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  foi.  131,  V»  col.  3. 

11  paroît  qu'il  y  en  avoit  de  deux  espèces.  On  lit  : 
graine  de  cumin  doux,  dans  Fouilloux,  Fauconne- 
rie, fol.  65. 

Et  au  poivre,  et  au  comin 
Ele  meismes  fist  la  savor. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  37,  R-  col.  i. 

Joinville  dit,  en  parlant  de  l'Egypte  :  «  Sèment  là 
«  froment,  ris,  orge,  commins.  >>  (Page  SU.)  On  lit 
coninin,  dans  le  passage  suivant,  oi^i  Ton  fait  men- 
tion des  marchandises  qui  se  vendoient  à  Orléans. 
C'est  une  faute,  il  faut  lire  comin.  «  fiis  alemandes, 
«  figues  aclietées  en  la  ville,  et  portées  hors,  ne 
«  doivent  néant,  ne  coton,  ne  toie,  ne  coninin.  » 
(Ane.  Coût.  d'Orléans,  à  la  suite  de  Beauman.  p.  474.) 
Le  cumin  étoit  en  usage  dans  la  médecine.  On  le 
tiroit  du  Levant.  On  'lit,  dans  l'énumération  des 
marchandises  qui  nous  viennent  de  ce  pays  : 

Et  li  poivres,  et  li  coumins. 

Tarton.  de  Blois,  MS.  de  S.  G.  fol.  130,  R"  col.  2. 

VARIANTES  : 
COMIN.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol,  37,  R»  col.  1. 
CoMMiN.  llist.  des  Trois  Maries,  MS.  p.  20. 


GoNiNiN.  Ane.  Coût.  d'Orl.  à  la  suite  de  Bauman.  p.  474. 
Cou-MIN.  Parton.  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  130,  R"  col.  2. 
COUMIN.  Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  IV,  p.  1311  (4). 
CuMMiN.  Tenur  de  Littl.  fol.  28,  V». 
Cumin.  Fouilloux,  Fauconnerie,  fol.  65,  V". 

Cominges,  subst.  fém.  Espèce  de  bombes  (5).  Ou 
trouve  l'étymologie  de  ce  mot  dans  les  .Jugemens 
sur  les  ouvrages  nouveaux,  par  l'abbé  Desfontaines, 
T.  IV,  p.  216. 

Comisseure,  sîibst.  fém.  Jointure.  (Dictionii. 
d'Oudin  et  de  Cotgrave.) 

VARIANTES    : 
COMISSEURE.  Oudin,  Dict. 
CoMMissEURE.  Id.  ibid. 

Comités,  subst.  masc.  pliir.  Comtes.  C'est  le 
mot  latin  comités.  Il  semble  mis  pour  électeurs, 
dans  les  Conlred.  de  Songecreux,  fol.  6. 

Comitial,  adj.  On  a  dit  mal  comitial  (6),  pour  mal 
caduc,  du  latin  morbus  comitialis.  (Dict.  de  Borel.) 

Comitter,  verbe.  «  Si  tost  comme  celuy  serra 
«  seisi  de  l'un  droit,  et  de  l'autre,  si  commence  à 
"  faire  droite  Une,  quant  as  heires  (hoirs)  de  luy 
«  engendré,  et  commencera  de  estre  comun  cap,  a 
"  regard  de  ses  heires;  et  qui  vodra  nequedent 
0  (néanmoins)co?M/Wf'rparmyceluy  ousesenfaunts, 
«  que  unques  ne  attendrent  que  ascun  eslate(bien) 
«  lour  descendy  par  la  mort  lour  commun  ancestre. 
«  ne  grève  nent  (ne  préjudicie  point).  »  (Brill.  Loix 
d'Angîet.  fol.  272.) 

Comittour,  subst.  masc.  Commis  ou  commis- 
saire. (Voyez  Caria  magna,  fol.  34.) 

Commanczant.  [Intercalez  Commanc%ant 
le  lettrin,  maître  chantre  dans  le  passage  suivant: 
«  Une  messe  cotidienne  à  dyacre  et  soubsdiacre  en 
«  tunique  et  dalmatique,  et  le  commanczant  le 
«  lettrin  en  chappe.  »  (P.  de  1449,  Du  Cange,  111, 
794,  co1.3.)](n.  E.) 

Commaiid(7),SH&sf.  masc.  Qui  estcommandé*. 
Qui  commande^.  Commandement,  disposition, 
volonté"^. 

*  Au  premier  sens,  c'est  un  terme  fréquent,  dans 
les  coutumes,  pour  désigner  celui  qui  a  reçu  une 
commission.  On  lit,  dans  le  règlement  pour  les 
boulangers  d'Arras,  en  1372  :  «  Quiconque  est  pris 
«  en  dètl'aute  (défaut,  action  de  s'absenter)  qui  ne 
><  voient  (aillent)  au  corps  (enterrement)  du  con- 
«  frère,  quatre  deniers  doit  chascuns;  et  se  li 
«  eschevins  du  mestier  sont  pris  en  delTaut,  huit 
«  deniers  doit  chascuns;  et  qui  li  maires  com- 
«  mande  qu'il  voist  au  corps,  ou  ses  communs,  et 


(1)  On  lit  dans  Machault  (p.  68)  :  «  Aussi  fu  Vestoile  cornée,  En  semblance  de  feu  couée  ,  Qui  de  feu  et  d'occision  fait 
pronoslication.  »  (n.  e.) 

(2)  On  écrivait  naissant  au  féminin,  comme  nons  écrivons  encore  grandmère.  (N.  e.) 

(3)  Il  vaudrait  mieux  séparer  les  deux  mots  dans  la  citation,  (n.  e.) 

(4)  La  forme  coumin  est  au  Livre  des  Métiers  (p.  32)  ;  k  II  puet  vendre  poivre,  coumin,  canele,  reguUsse  et  cire  qui  ne  soit 
pas  ouvrée.  »  (n.  e.) 

(5)  Louis  XIV,  au  siège  de  Mons  (1691) ,  compara  en  badinant  ces  bombes   à  la  taille  du  comte  de  Cominges,  son 
aide-de-camp.  (n.  e.) 

(6)  Les  comices  {cotnitia)  devaient  se  séparer  si  quelqu'un  y  tombait  du  haut  mal.  (N.  e.) 

(7)  C'est  le  substantif  verbal  de  commander,  (x.  E.) 


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0  proteche  (pour  porteche,  pour  porte  au  subjonct.) 
B  le  corps,  s'il  n'y  va,  quatre  deniers  doit.  -  (Ord. 
des  B.  de  Fr.  T.  V,  p.  510.)  L'article  suivant  con- 
eeriie  les  enlerremens  :  «  Aller  au  corps,  c'est 
«  aller  à  l'enterrement.  Et  se  aucuns  estoient 
«  arrestés  par  mi  (moi)  ou  par  men  kemant,  etc.  » 
(Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  III,  p.  295.)  On  lit  (ibid. 
note  L)  :  «  Kemant  signifie,  en  picard,  commande- 
«  ment;  mais  il  peut  signifier  ici  le  juge  du  vicomte 
«  de  Mautrot,  dans  le  même  sens  que  mandatum 
«  signifie  quelquefois  baUivus.  »  C'est  ainsi  qu'il 
faut  encore  expliquer  ce  mot  en  ce  passage  :  «  Se 
-  messires  li  vidâmes,  ou  ses  kemans  me  détenoit, 
»  je  demourroie  à  son  coust,  et  seroit  tenus  de  mi 
«  payer  mes  wages  (gages).  ••  (Charte  de  1280,  citée 
par  Du  Cange,  au  mot  Estagium.  —  Voyez  ci-après 

COUMENT.) 

°  Command  est  employé  presque  dans  un  sens 
contraire,  lorsqu'il  désigne  celui  de  qui  on  a  charge 
d'enchérir.  Command,  dans  ce  sens,  est  encore  terme 
de  coutume.  Nous  disons  aujourd'hui  commettant. 
(Voyez  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.)  «  L'acheteur  et  der- 
«  nier  enchérisseur  d'héritage  vendu  par  décret 
«  peut  retenir,  pour  luy  le  dit  héritage,  ou  nommer 
«  son  command,  etceluydont  il  est  chargé.  »  (Coût. 
d'Amiens,  Coût.  Gén.  T.  1,  p  606.) 

'^  Entin,  command  ou  coînmcnt  dés>\gnoil  autre- 
fois, dans  l'usage  ordinaire,  commandement,  dis- 
position, volonté.  (Nicot,  Monet,  Borel  et  Corneille, 
Dict.)  "  Il  estoit  tout  prest,  et  à  son  command  (1),  à 
«  lui  aidier  à  conquérir  le  terre  sainte.  »  (Joinville, 
p.  25.) 

Mon  cuer  aves  en  vosire  manoie, 
Faire  en  poez  du  tout  vosire  cornant. 

Li  Cliaslel  de  Coucy,  Pocs.  MSS. 

Amours  qui  fait  de  moy  tout  son  cornant. 

Sauvales,  choses  d'Arras,  Poes.  MSS. 

(Voyez  ci-après  Commandement.) 

VARIANTES  1 
COMiMAND.  Nicot,  Dict. 
CoMANT,  Duchesne,  Gén.  de  Béthune,  p.  373. 
Gommant.  Fabl.  MSS.  du  R.  u»  7218,  fol.  344,  V»  col.  1. 
Comment.  Fauch.  Lang.  et  Poës  fr.  p.  199. 
CoNMANS,  plur.  Fabl.  MSS.  du  H.  n»  721»,  fol.  257,  R"  col.  2. 
CoMANT.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  T.  II,  f'  174,   R»  col.  1. 
KE.MANT.  Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  III,  p.  295. 

Commandacion.  [[ntercalez  Commandacion , 
droit  du  seigneur  sur  l'homme  qui  s'est  recom- 
mande à  lui  :  «  Constitua  encor  ledit  conte,  que 
«  chevaliers  ne  nulz  autres,  aucun  homme  de 
«  iaditte  ville,  pour  aucune  convenance  ou  pour 
>'  autre  cause,  ne  pourroit  rcvoquier  de  Iaditte 
«  ville,  se  il  n'estoit  son  homme  de  corps,  ou  qu'il 


«  eusten  icellui  aucune  ancienne  commandacion.  » 
(Ord.  VI,  p.  318,  an.  4377.)]  (n,  e.) 

Commandant,  adj.  Dominant.  Molière,  dans 
le  Bourgeois  gentilhomme,  acte  IV,  scène  i",  faisant 
allusion  à  l'affectation  de  quelques  expressions 
nouvelles,  s'est  servi  de  celle  qui  suit:  <■  Vin  à  aeve 
«  veloutée,  armé  d'un  verd  qui  n'est  point  trop 
«  commandant.  >• 

Commande,  siibst.  fém.  Dépôt*.  Commande- 
ment, ordre  ^.  Garde,  protection  "=.  Droit  de  fief. 
Société  de  commerce^.  Administration  d'un  béné- 
fice ^  Huche '=(2). 

*  Ce  mot  vient  du  latin  commendarc,  recom- 
mander, confier.  De  là,  il  a  signifié  dépôt,  car 
mettre  en  dépôt  est  confier.  On  a'  dit,  en  ce  sens  : 
«  Chil  qui  preste,  ou  met  en  commande,  demnnde 
«  que  l'en  li  rende,  etc.  »  (Beauman.  p.  177.)  On 
disoit  aussi  quémande,  dans  ce  même  sens  de 
dépôt.  (Voyez  ibid.  p.  lOi.l  Comandise  est  employé 
pour  dépôt,  dans  S.  Bern.  Serm.fr.  mss.  p.  29,  en  lat. 
depositiim. 

^  Commander  une  chose,  c'est  en  confier  l'exé- 
cution à  quelqu'un,  d'où  vient  l'acception  figurée 
de  commande,  pour  ordre,  commandement. 

Mais  quant  le  roy  soudoiers  mande, 
Ou  par  prière,  ou  par  commande. 

Hisl.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  deFauvel,  fol.  79. 

■^  Par  une  extension  de  ces  deux  premières  signi- 
fications, ce  mot  a  désigné  garde,  protection.  (Du 
Cange,  Gloss.au  mol CommendaS;  Gloss. de Marot.) 

Autre  guerdon  de  vous  je  ne  demande, 
Sinon  que  soys,  par  vous,  tins  en  commande. 

Faifeu,  p.  11. 

De  là,  l'expression  :  meltreen  fié,  en  commande[2i), 
pour  mettre  ses  biens  sous  la  garde  et  protection 
de  son  seigneur.  (Assis,  de  Jérus.  p.  120.) 

°  De  cette  protection  du  seigneur  naissoient  des 
droits.  On  les  appeloit  aussi  commande  (4);  il  perce- 
voit  une  taille,  sur  les  gens  de  condition  servile, 
en  particulier  sur  les  veuves  durant  leur  viduité,  ou 
sur  celles  qui  se  remarioient  à  des  gens  hors  la 
servitude  du  seigneur.  Il  percevoit  aussi  un  droit 
sur  les  serfs  qu'il  affranchissoit,  et  ce  droit  s'appe- 
loit  pareillement  commende.  (Gloss.  sur  les  Coul. 
de  Beauvoisis  ;  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 

^  On  nommoit  commande  une  société  de  com- 
merce, dans  laquelle  un  des  intéressés  n'a  d'autre 
fonction  que  de  faire  les  fonds  ;  nous  l'appelons 
ordinairement  commandite.  (Voyez  Ord.  des  H.  de 
Fr.  T.  I,  p.  585.) 

On  appeloit com??îanrfc de  bestiaux'^)Mne  société 


(1)  On  lit  déjà  en  ce  sens  dans  Roland  (v.  C16)  :  «  Ben  seit  vostre  cornant.  »  (n.  e.) 

(2)  Pour  les  tisserands  et  les  pèclieurs  c'est  une  corde,  un  nœud,  qui  retient  et  commande  un  tissu  ou  un  filet  :  «  L'un 
desdiz  variez,  qui  besongnoit  avec  le  suppliant  [tisserant]  dist  à  la  ditte  femme  :  Maistresss,  commandez  ceste  commande, 
en  lui  monstranl  un  fil  de  laine  qui  estoit  rompu,  et  lui  voulant  dire  qu'eUe  nouast  le  fil.  »  (.U.  170,  p.  233,  an.  1418.) 
Ronsard  (6U4)  écrit  aussi  au  sens  d'amarre  ;  «  Permets  que  je  coupe  Sous  heureux  sort  la  commande  qui  tient  Ma  nef 
au  bord.  »  (n.  e.) 

(3)  «  Qui  se  véaut  partir  dou  païs,  ou  en  aucune  autre  manière  laisser  son  fié,  il  le  doit  commander  au  seignor  :  car  la 
Cffmmande  est  plus  seure  chose.  »  (Assises  de  Jérusalem,  ch.  CLXXXII;  Du  Cange,  II,  471,  col.  2.)  (N.  E.) 

(4^  €  Après  qu'ilz  auront  demouré  quatre  ans  [à  Boussac]  ilz  seront  tenuz  de  nous  paier  commande,  comme  les  autres  de 
nos  hommes  et  femmes.  »  (.IJ.  178,  p.  43,  an  142'?.)  (N.  e.) 
(5)  Dans  la  Bresse  et  le  Bugey  (Du  Cange,  VI,  276,  col.  1.)  (n.  e.) 


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dans  ]aiiielle  un  des  associés  fouriiissoil  le  bétail, 
l'autre  le  gardoil  et  le  nourrissoil,  el  le  profil  se 
partageoil.  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.)  C"esl  propre- 
inenfle  bail  à  cheptel.  Dans  cette  acception,  on  dis- 
tingue encore  une  extension  du  sens  propre  et  pri- 
mitif du  mot  commande,  chose  confiée,  mise  en 
garde. 

■^  Nous  disons  encore  commende,  en  parlant  des 
matières  bénéficiales,  et  ce  mot  désigne  le  dépôt  et 
l'administration  d'un  bénéfice.  On  écrivoit  aussi 
cmiwiande,  en  ce  &ens>.  Un  commandeur  des  Tem- 
pliers répondoit  î»  Joinville,  qui  lui  conseilloit  de 
prendre  de  l'argent  dans  la  caisse  de  l'Ordre  pour 
le  rachat  du  comte  de  Poitiers  (1  )  :  «  Nous  recevons  les 
«  commandes  à  serement,  et  sans  que  nous  en 
«  puissions  bailler  les  deniers,  etc.  "  (Joinv.  p.  70.) 

°  Le  mot  de  commande,  pris  dans  le  sens  de 
huche,  désigne  que  cette  huche  étoit  destinée  à 
recevoir  le  dépôt  de  la  pâte  des  vassaux  obligés  de 
faire  cuire  leur  pain  au  four  banal.  «  Les  fermiers 
«  d'iceluy  [four],  sont  tenus...  faire  deux  com- 
"  mandes  ('i),  l'une  pour  mettre  le  levain,  et  l'autre 
"  pour  pestrir,  porter  leur  pains  au  dit  four 
"  bannier.  »  (La  Thaumass.  Coul  de  Berry,  p.  19-2.) 

VARIANTES  : 
COMMANDE.  Coût.  Gcn.  T.  II,  p.  701  ;  Gr.  Couf.  p.  138. 
CoMANDisE.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  29. 
CoM.viENDE.  Orth.  subsist.  et  Du  Cange,  à  Commemia. 

COMANDE. 

Quémande.  Beaumanoir,  p.  194. 

Commandé,  adj.  Qui  a  reçu  l'ordre.  On  lit 
commandé  de  ce  faire,  dans  Godefroy,  Annot.  sur 
Charles  VI,  p.  565.  Pelisson  emploie  cet  adjectif 
substantivement,  les  commandez,  pour  ceux  qui 
étoient  commandés.  (Lett.  hisl.  T.  I,  p.  95.)  II  dit 
ailleurs  de  même  les  détachez-. 

Commandeeur.  [Intercalez  Commandeeur, 
receveur  dans  un  couvent  (Cart,  de  Corbie,  an. 
1285,  Du  Cange,  II,  475,  col.  1):  «  Dant  Besson, 
«  moine  de  Corbye,  commandeeur  et  recheveur 
"  des  biens  de  ledite...  »]  (n.  e.) 

Commandement,  subsl  masc.  Mandement*. 
Convenant,  société^.  Commis,  préposé*^.  Volonté, 
disposition  ".  Recommandation  au  prône  ^.  Nous  ne 
parlons  point  des  acceptions  subsistantes  ^3). 

*  Commandement,  en  termes  de  droit,  s'appelle 
autrement  mandement.  'Voyez  le  tit.  3,  intitulé  de 
commandement,  où  l'on  trouve  actions  de  comman- 
dement, de  recouvrée,  d'emprunt  et  de  la  pleigerie. 
iBout.  Som.  Rur.  p.  837.)  Les  mots  mandement  et 
commendcment  semblent  aussi  quelquefois  avoir 
emporté  une  distinction.  On  lit  dans  un  mandement 
du  duc  de  Bourgogne  à  ses  vassaux,  pour  leur  faire 


rendre  hommage  à  son  fils,  ces  mots  :  «  Nos  vos 
>'  mandons  et  commendons.  »  Et  le  mandement  esi 
terminé  par  cette  phrase  :  >»  C'est  nostre  mande- 
«'  mant  el  commandement,  se  aucun  de  vos  ne 
«  voilloit  faire,  ou  eslre  rebelles.  »  (Perard,  Hist. 
de  Bourg,  p.  503,  tit.  de  l'iG'i.) 

^  On  disoil  commandement,  dans  le  même  sens 
que  commande,  pour  un  accord,  une  société,  une 
convention.  «  Dame  je  suis  icy  venu  pour  le  cotn- 
i>  mandement  qui  est  entre  vous  et  moy;  or  vous 
«  en  acquitez  ainsi  comme  vous  devez  faire.  » 
(Lanc,  du  Lac.  T.  II,  fol.  GO.) 

^  Nous  avons  vu  command,  pour  celui  a  commis- 
sion d'un  autre.  On  disoil  aussi  commandement, 
dans  ce  sens,  pour  préposé,  commis.  »  Que  ceux 
»  qui  de  leur  bonne  volonté  se  tourneront  devers 
«  les  baillifs,  ou  les  vicomtes,  ou  les  prevosts,  ou 
«  leurs  commandemens,  pour  aucuns  juifs,  etc.  •> 
(Ord.  des  H.  de  Fr.  T.  I,  p.  647.)  •>  Si  ne  estoil 
«  devant  nostre  personne,  ou  devant  nostre  cer- 
«  tain  commandement.  »  (Lett.  de  1350,  pour  la 
ville  de  Cognac;  Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  II,  p.  343.) 
On  a  dit  :  rentier  ou  son  commandement.  (Ord.  des 
R.  de  Fr.  T.  III,  p.  060,  an.  1358.) 

°Volonté,disposition(4),  sont  encore  des  significa- 
tions du  mot  command,  et  elles  sont  communes  an 
mot  commandement.  On  disoil  :  à  votre  comman- 
dement, pour  comme  il  vous  plaira.  Charles  V,  roi 
de  France,  parlant  à  l'ambassadeur  qu'il  envoyoit 
en  Ecosse,  lui  dit  :  ■■  Tenez  Estai  comme  à  mes- 
«  sager,  el  commissaire  du  roy  appartient  (car 
«  nous  le  voulons)  et  tout  sera  payé.  Le  chevalier 
«  respondit:  et  dit,  a'we,  à  voslve commandement.  ■> 
(Froissart,  liv.  II,  p.  46.) 

...  Me  conforta  doulcement. 

Et  de  sa  voix  mélodieuse 

Me  dist,  à  mon  commandement. 

AI.  Cliartier,  Poi's.  p.  740. 

De  là,  cette  expression  :  Dieu  en  fit  son  comman- 
dement, pour  il  mourut,  Dieu  en  disposa.  «  Ainsi 
«  les  choses  demourerent  en  cet  estât,  et  tant  que 
«  Dieu  fit  son  commandement  du  duc  de  Wince- 
«  tant,  au  dernier  de  ses  jours,  et  mourut  duc  de 
«  Boëme,  duc  de  Luxembourg,  et  de  Brabant.  » 
(Froissart,  liv.  III,  p.  371  (5).)  «  Dieti  fit  son  comaridi'- 
«  ment  don  roy  Père,  quinziesme  roy  latin  de 
«  Jérusalem.  »  (Assis,  de  Jerus.  préf.  p.  I.) 

^  Enfin,  commandement  a  signifié  recommanda- 
lions  el  prières  que  l'on  faisoil  au  prône  :  «  Je 
«  donne  au  curé  de  S'  Brice  vingt  sols  tournois, 
«  et  partant,  sera  tenu  de  faire  mémoire  par  mon 
«  nom,  quand  il  fera  ses  commandemens  à  la  grand 
«  messe,  avec  les  commendasses  des  morts.  »  (Bout. 
Som.  Rur.  p.  875.) 


(1)  M.  de  Wailly  (§  381)  édite  ;  a  Nous  recevons  les  commandes  en  tel  manière,  que  par  nos  sairemens  nous  ne  les  poons 
délivrer,  mais  que  à  ceux  qui  les  nous  baillent,  i  L'Ordre  du  Temple  avait  établi  une  sorte  de  banque  de  dépôt.  On  lit  aussi 
dans  Beaumanoir  (XXXJV,  20)  ;  «  Et  quand  cil  qui  preste  ou  met  en  commande,  demande  que  on  h  rende...  »  (n.  e.) 

(2)  On  lit  au  reg.  JJ.  W,  p.  420,  an.  1326  :  «  Cura  mandatagia  majora  solito  a  mandatariis  et  funeriis  exiganlur...  n  (n.  e.) 

(3)  Le  mot  a  déjà  le  sens  d'ordre  dans  Roland,  v.  309.  (n.  e.) 

(4)  C'est  en  ce  sens  qu'on  lit  dans  la  XIII*  Nouvelle  de  Louis  XI  :  «  Plusieurs  femmes  ont  larmes  à  commandement.  »  (n.  b.  i 

(5)  M.  Kervyn  (XIII,  31)  imprime  :  «  Ainsi  les  cboses  demourerent  en  cel  estât,  et  tant  que  Dieu  clowj  ses  jours  au  gentil 
duc  WinceUant  de  Boesme...  »  (n.  e.) 


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Remarquons  celte  expression  :  avoir  le  comman- 
dement beau  (1).  (Voy.  Lett.  choisies,  impr.  en  1751, 
p.  90.J 

VARIANTES  : 

COMMANDEMENT.  Orth.  subsistante. 
CoMANDEMENT.  Assis.  de  Jérus.  p.  112. 

Commander,  verbe.  Mettre  en  dépôt,  con- 
lier*.  Commander,  ordonner^.  Recommander"^.  Ce 
mot,  dans  S'  Bernard,  répond  au  latin  credere, 
comniiltere  et  imperare  ou  prœcipere. 

*  Voyez,  sur  le  premier  sens  de  metlre  en  dépôt, 
le  Gloss.  sur  les  Coût,  de  Beauvoisis.  «  Lolhaire, 
»  l'ung  des  fils  à  l'empereur,  à  qui  le  père  avoit 
"  commandé  (2)  le  royaulme  de  Lombardie,  pour 
«  gouverner.  »  (Chron.  S'  Denis,  T.  I,  fol.  \M.) 

^  Ce  mot  s'est  employé  pour  commander  (3),  or- 
donner. (S.  Bern.  Serm.  fr.  >iss.  p.  16.) 

•^  Ce  mot  signifie  aussi  recommander  (4).  «  Le  com- 
"  mandèrent  à  Dieu  (5).  »  ^Joinville,  p.  105  )  De  là, 
cette  expression  à  Dieu  commant  et  à  Dieu  com- 
ment, pour  adieu,  je  vous  recommande  à  Dieu. 
iGloss.  de  Marot.)  «  Pour  ce  à  Dieu  guerre  com- 
"  ment  »,  je  dis  adieu  à  la  guerre.  (Èust.  Desch. 
Poës.  Mss.  fol.  81.)  .Montluc,"dans  ses  Mém.  T.  I, 
p.  SnO,  dit:  «  Depuis  qu'une  femme  parlemente,  et 
■<  vous  écoute,  à  Dieu  vous  comment,  vous  avez 
«  desjà  le  pied  en  l'eslrier.  » 

CONJUGAISO.N  : 

Comandeie,  part,  passé.  Confié.  (S.  Bern.  Serm. 
fr.  wss.  p.  314.) 

Comanst,  imparf.  du  subj.  Commandât.  (S.  Bern. 
Serm.  fr.  mss.) 

Cornant,  ind.  prés.  Recommande.  (Fabl.  mss.  du 
R.  n-7615,  T.  II,  fol.  151.) 

Commaiidit,  prêter.  Commanda.  (.Journ.  de  Paris 
sous  Charles  VI  et  VII,  p.  15.) 

Commandoi::,  imparf.  de  Tindic.  Commandiez. 
Villebard.  p.  41.) 

Communs  (Je),  ind.  prés.  Je  recommande.  (Moli- 
net,  p.  142.) 

Commant  (Je),  indic.  prés.  Je  commande,  j'or- 
donne. (Duchesne.  Gén.  de  Montmorency,  p.  386.) 

Nous  avons  remarqué  une  espèce  de  distinction 
entre  mandement  et  comniendement  ;  elle  paroît 
s'élre  étendue  aussi  sur  les  mots  mander  et  com- 
mander. (Voyez  l'article  Cojlma.nde.ment.) 

Comment  [Je],  ind.  prés.  Je  commande.  (Fr.  Arch. 
de  Bagnolet,  p.  50.) 

variantes  : 

COMMANDER.  Orth.  subsistante. 

CoMANDEiR.  s.  Bern.  Serm.  MSS.  fr.  p.  218.  En  lat.  c,-ederc. 


CoMANDER.  s.  Dern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  49. 
CoMANDEn.  Fabl.  MSS.  rtu  R.  n»  7615,  T.  Il,  fol.  151. 
COMENDEK.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS,  p.  191.  En  \a.l.inipe,at\\ 
CoNM,\NGER.  Rég.  de  S.  Ben.  lat.  fr.  MSS.  de  Beav.  ch.  XLii. 
CoMM.\NGER.  Id.  ibid.  ch.  LXVII. 

Commanderesse,  adj.  au  fém.  Impérieuse. 
On  lit  en  ce  sens  :  »  Hautes  fortunes,  et  comman- 
«  deresses  »,  dans  les  Essais  de  Monlaiene,  T.  IIl, 
p.  235. 

variantes  : 

COMMANDERESSE.  Oudin,  Dict. 

CoMMENDERESSE.  Cotgrave,  Dict. 

Commandeur,  subst.  masc.  (6)  Titre  de  di- 
gnité *.  Commandant  ^. 

*  Ce  mot,  comme  tilre  de  dignité,  est  encore  en 
usage.  Le  Dictionn.  univ.  écr'd  commendenr.  Nous 
observerons  que  ce  titre  a  été  donné  aux  chefs  des 
maisons  de  l'Ordre  de  S'  Antoine.  (Voyez  le  P. 
Menestrier,  de  la  Chevalerie,  p.  359.) 

On  appeloit  aussi  eommendeor  du  Temple  (7)  le 
chef  de  l'Ordre  des  Templiers.  (Conlin.  de  G.  de 
Tyr,  Martène.  T.  V,  col.  737.) 

^  On  a  dit  autrefois  commandeur,  pour  comman- 
dant. "  Joinct  qu'il  semble  requis  que  celuy  qui 
«  commande  soit  meilleur  que  ceux  à  qui  il  com- 
«  mande  ;  ce  disoit  un  grand  commandeur,  Cyrus.  >' 
(Sag.  de  Charron,  p.  l'J7.;  »  Cyrus,  Alexandre,  Ca?sar, 
«  trois  grands  commandeurs  des  hommes.  »  (Ibid. 
p.  72.) 

On  qualifioil  de  commandeur,  à  Valenciennes, 
«  le  second  officier  de  la  place  d'où  le  gouverneur 
«  estoit  le  premier.  »  fPeli.sson,  Lelt.  iiisl.  T.  IIl. 
p.  184.) 

variantes  : 

COMMANDEUR.  Lanc.  du  Lac,  T.  II,  fol.  82,  V»  col.  1. 
CoM.viENDEUR.  Dict.  Univ. 

CoMMENDEOR.  Contin.  de  G.  de  lyr,  Martène,  T.  V,  col.  737. 
Co.MMENDiEBES.  Id.  ibid.  T.  V,  col.  749. 

Commandie,SM&sL/'(?'w.  Disposition,  volonté*. 
Commandement^.  Droit  de  fief^.  Dépôt°.  Prière 
pour  les  morts  ^.  Ce  mot  participe  aux  significa- 
tions de  command,  ccmmandement,  commande  et 
commendaces. 

*  Au  premier  sens,  il  signifie  disposition,  volonté, 
comme  commande  et  commandement. 

Et  très  tout  fon  bon  feroie, 
Et  sa  cûiiiinatidie. 

Poês.  MSS.  avant  1300,  T.  IV.  p.  1500. 
Ne  savez  pas  cornent  amors  justise 
Cou  que  suen  est  et  en  sa  coinundise. 

Cliaiis.  MSS.  Ju  C"  Thibaut,  p.  51. 

"  Commandise  se  disoit  pour  commandement,  le 
droit  de  commander;  car  on  trouve  verge  de  com- 


(1)  Se  dit  d'un  officier  qui  commande  de  bonne  sràce ,  et  ironiquement,  de  ceux  qui  font  les  nécessaires  et  tes 
importuns,  (n.  e.) 

(2)  On  dit  aussi  au  sens  de  mettre  en  commande  :  «  Il  le  [fié]  doit  commander  au  seignor.  »  (.Assises  de  Jérusalem ,  Du 
Gange,  II,  471,  col.  2.)  (n.  e.) 

(3)  Ce  sens  est  dans  Roland  (v.  273,  2253,  2673).  (n.  e.) 

(4)  «  Se  commander  en  la  garde  de  Dieu.  »  (Froissait,  II,  63.)  (N.  E.) 

(5)  Voyez  encore  le  §  651  de  Tédit.  de  Wailly  :  «  Il  se  cotnmenda  à  Nostre  Dame  de  Vauvert.  »  (n.  e.) 

(6)  Voyez  plus  haut  commandeeur.  (n.  e.) 

(7)  «  Il  envoiast  querre  le  commandeour  et  le  maréchal  dou  Temple.  »  (Joinville,  1 381.)  C'est  le  cas  régime,  on  trouve  le 
cas  sujet  dans  Merlin  (B.  X.  fr.  7170,  fol.  52,  verso,  xiii' siècle)  :  î  Et  lors  refu  Uters  commenderes  de  la  terre  ainz  que 
il  ftist  rois.  B  (N  E.) 


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-  us  — 


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mandise,  pour  biUon  ou  baguette  de  commande- 
ment. •  Il  veitau  meillien  ung  homme  qui  lenoit  en 
«  sa  main  une  verge  ûe  coinmandise.  «  (Percefor. 
Vol.  IV,  fc!.  îiO.) 

"^Le  droit  de  commandise  (I)  éloit  un  droit  de  fief, 
à  peu  près  semblable  à  celui  qu'on  nommoit  droit  de 
commande;  c'étoit  un  droit  qu'un  seigneur  avoit 
sur  lesgens  d'un  autre  seigneur  (2).  (Voy.  les  Archives 
de  Villeneuve  et  de  Viliiers  sur  terre,  an  1212, 
cotte  V,  communiquées  par  feu  M.  l'abbé  Fenel.) 
C'étoit  aussi  un  droit  qu'un  seigneur  avoit  sur  les 
églises  de  son  territoire,  selon  Du  Cange,  au  mot 
commendisia. 

°  Coinandise,  comme  commande,  signifioit  dépôt. 
(Du  Cange,  au  mot  Commenda  1.) 

Deux  mille  baisans  li  bailla, 
En  son  voyage  s'en  ala  : 
Si  tost  com  il  pot,  repaira, 
Sa  comandise  îleinan  ja 
A  celui  à  qui  il  les  bailla. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  7,  V  col.  1. 

De  là,  on  employoit  le  mot  commandise  pour 
désigner  ce  que  l'on  nommoit  commande  de  bes- 
tiaux, ou  cheptel.  Dans  un  titre  de  Bourgogne,  en 
1601,  j'ai  lu:  «  Les  commandites  qui  sont  de  présent 
«  au  dit  lieu,  estans  de  bœufs,  et  de  vaches,  etc.  » 
^  Ënlin,  commandise  signifioit,  comme  commen- 
dasses,  les  prières  qu'on  faisoitaux  prônes  pour  les 
morts  : 

Chanter  messe  de  Requiem, 
Faire  vigiles,  commandises. 

Eusl.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  50i,  col.  3. 

VAIIIANTES    : 
COMM.\NDIE. 

CoMANDiE.  Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  IV,  p.  1500. 
CoMMANDiZE.  Titre  MS.  deltiOl. 
Comandise.  Fabl.  MS.  de  S.  G.  fol.  7,  V»  col.  1. 
CoN.MANDiSE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n°  7615,  T.  II,  fol.  175. 
Commandise.  Eust.  Descli.  Poës.  MSS.  fol.  564,  col.  3. 
CoMMENDiSE.  Du  Cange,  au  mot  Counnendisia. 

1.  Gommant  (3),  subst.  inasc.  Manant,  habitant. 
On  a  dit  :  «  Habilans,  et  communs  de  nostre  comté  de 
«  Soissons.  »  (Ord.  des  R.  de  France,  T.  V,  p.  156.) 
■■  Défendons  à  nossergens,  et  à  nosprevosts,  qu'ils 
«  ne  teignent  commant,  ne  bourgeois,  se  il  n'est 
«  couchant  et  levant  au  lieu  où  il  se  advouera  pour 
«  bourgeois.  »  (Sermens  des  officiers  des  ducs  de 
Bourgogne,  p.  308.) 

2.  Commant.  [Intercalez  Commant,  ordre: 

Et  dusqu'en  Ardene  le  grant 
Faisoit  l'on  trestot  son  commant. 

Parlonopox,  v.  407. 

En  douce  France  votre  commant  ferois. 

Gérard  de  Vienne,  v.  3J70.]  (N.  E.) 

Commarchannes,  adj.  fém,  plur.  Contiguës, 
limitrophes.  Ce  mot  vient  de  Comarquk  ci-dessus, 
marche,  pris  pour  frontière,  confins,  limites.  De  là, 
on  a  appelé  terres  commarchannes  les  terres  qui 


marchisent  et  se  touchent.  (Faucliel,  Orig.  des  Dign. 
de  Fr.  liv.  Il,  p.  50.) 

Commaundable,  adj.  Digne  d'être  recom- 
mandé. Ou  trouve  dans  Britton,  Loix  d'Angleterre, 
fol.  280,  cette  expression  :  commaundable  à  la  pri- 
son, qui  mérite  la  prison. 

Comme,  adv.  Nous  remarquerons  sur  l'ancien 
usage  de  cet  adverbe  : 

l'>  Que  Malherbe  s'en  servoil  toujours,  au  lieu  de 
comment.  Ménage  lui  en  fait  un  reproche,  dans 
son  Commentaire  sur  cet  auteur.  (Liv.  IV,  p.  407.) 

2°  Comme  s'employoit  quelquefois  pour  que. 
Ménage,  dans  ses  notes  sur  Malherbe,  reproche  à 
cet  auteur  d'avoir  fait  souvent  ce  mauvais  usage  du 
mot  comme.  Par  exemple  :  «  Aussi  pure,  et  belle, 
«  comme  le  sujet  en  est  beau.  »  Il  qualifie  cet  usage 
de  normanisme.  (Liv.  V,  p.  457  de  l'Edit.  de  166.) 

Gerson,  faisant  l'oraison  funèbre  du  duc  d'Or- 
léans, disoit  que  «  la  gouverne  du  royaume  par  luy 
«  administrée  en  son  vivant,  esloil  meilleur  comme 
«  celuy  qui  depuis  y  avoit  esté.  »  (J.  Le  Fèvre  de 
S"  Remy,  Hist.  de  Cliarles  VI,  p.  72.  —  Voyez  Ger.  de 
Nev.  i"  part.  p.  110.) 

Tandis  comme  on  defîail  le  cerf. 

Fontaines  Guerin,  Très,  de  Vénerie,  MS.  p.  50. 

.  .  .  Tant  <ommc  nous  vivrons. 

Cl.  Marot,  p.  53. 

3°  Comme  il  soit  ainsi  que.  Sorte  de  pléonasme 
qui  s'unifie  simplement  comme.  Exemple:  "Comme 
«  il  :ioit  ainsi  qu'û  y  a  en  la  forest  Damant  plu- 
«  sieurs  chevaliers  qui  sont  de  vostre  partie.  » 
(Percef.  Vol.  Il,  fol.  I'i6.  —  Voyez  Dict.  de  Cotgrave 
et  d'Oudin  ;  Grain,  fr.  de  Rob.  Est.  p.  51.) 

4°  Comme  ainsi  soit  que,  expression  peu  diffé- 
rente de  celle  ci-dessus,  quant  à  la  construction,  et 
la  même  par  rapport  au  sens,  étoit  une  formule 
très-usitée  au  commencement  des  actes,  en  1532. 
(Voyez  Méra.  du  Bellay,  liv.  11,  p.  436.) 

5°  Comme  que  ce  soit,  pour  quoi  qu'il  en  soit. 
(Voyez  Ambassade  de  Bassomp.  T.  II,  p.  194.) 

6°  Comme  qu'il  soit  et  comme  qui  soit,  pour  de 
façon  ou  d'autre,  de  quelque  façon  que  ce  soit. 

Cueur,  corps,  et  biens,  alors,  comme  qu'il  soit, 
Donner  luy  doit  et  bailler  en  hostaige. 

J.  Marol,  p.  224. 

On  trouve  comme  gui  soit,  dans  le  même  sens. 
(Voyez  Ord.  des  R  de  Fr.  T.  111,  p.  330.) 

7*  Autrement  comme  soit  avoit  à  peu  près  la 
même  signification  de  quelqu'autre  façon  que  ce 
soit.  (Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  III,  p.  352.) 

8"  C'est  tout  comme,  pour  c'est  la  même  chose. 

A  la  voir  ne  souffrir  blondin,  ny  galant  homme. 
C'est  la  même  vertu  ;  cependant  c'est  tout  comme. 

Baron  d'.Mbikrac,  de  Th.  Corneille,  acte  v,  se.  III. 

9°  Comme  tel%  trois  tiens-je,  façon  de  parler  pour 


(1}  «  Si  ravoit  en  commandie  La  duchée  de  Normandie.  »  (Guil.  Guiart,  Ph.  Auguste.)  (n.  e.) 

(2)  Chron.  citée  par  Duchesne  dans  l'Hist.  de  la  Maison  de  Vergy  (1625)  :  «  Et  avec  se  donna  aus  dits  abbé  et   couvent  la 
com()i(?)irf(se  qu'il  avoit  des  hommes  de  Givry  et   de   Veanne  ,  sans  vouloir  en  aucune  chose   venir  contre  la   charte   de 
Hugues  duc  de  Bourgogne  son  père,  par  laquelle  il  ne  devoit  prendre  en   Lommendation  les  hommes  de   l'église  de 
Cluny.  »  (N.  E.) 
(3)'Comm(int,  ainsi  que  commandement,  signifie  mandataire.  (N.  e.) 


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dire  :  lels  que  les  trois  que  je  liens.  «  Se  les  bons 
«  roys  Philippe,  et  Jelian  son  filz  denninement 
«  trespassé  eussent  eu  planté  de  chevaliers,  en 
«  leurs  temps,  comme  tel%  trois  tiens-je  enfermez 
"  céans  en  prison,  jà  le  roy  Edouart  mon  père 
«  n'eust  passée  la  mer  pour  venir  en  France.  » 
(Hist.  de  B.  Duguescliii,  par  Ménard,  p.  '293.) 

10»  Comme  vous  tenez.  Traduction  de  la  formule 
titi  possidetis.  C'est  la  formule  de  l'action  qu'on 
nomme  en  droit  coulumier,  action  de  nouvelleté. 
(Bout.  Som.  Rur.  p.  IGl.) 

11°  Comme  de  raison.  Façon  de  parler  usitée 
chez  les  juristes  :  «  A  venir  procéder,  ne  peut 
«  l'on  débattre  l'adjournement,  et  décliner  à  venir 
«  défendre,  s'il  n'y  a,  comme  de  raison;  et  ne 
»  peut  on  debatre  l'adjoui'nement,  ne  décliner; 
«  mais  convient  proposer  dilatoires,  ou  peremp- 
«  toires,  et  là  ou  il  y  auroil  comme  de  raison,  il 
«  pourroit  décliner.  »  (Gr.  Coût,  de  Fr.  p.  302.) 

12"  Comme  miles  semble  signifier  presqu'aucunes, 
dans  ces  vers  : 

Banieres  levées  les  siuent 
Et  cil  co)nme  nules.  n'en  urent. 
Deseirées  à  terres  lurent 
Jaunes,  Indes,  rouges  et  blanches. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  230,  R". 

13°  Comme  point,  c'est-à-dire  nullement,  en 
aucune  façon.  «  Grandes  dissentions,  et  divisions  y 
«  avoit  pour  le  fait  des  aides,  et  finances  qu'on 
«  exigeoit  sur  le  peuple,  sans  ce  que  comme  point 
«  rien  en  fut  mis  au  bien  de  la  chose  publique.  » 

VARIANTES   (1)  : 
COMME. 
KoM.  Carpentier,  Hist.  de  Cambray,  p.  28. 

Gommée,  ad.  au  (cm.  Chevelue.  «  Commette, 
«  c'est  une  estoillequi  conimée[2),  et  quouée  est.  » 
(Chron.  S*  Denis,  T.  Il,  fol.  12.)  Un  lit  dans  Rigord  : 
«  Comeles  slella  scilicet  crinita,  sivecaudata.  « 

Commelure,  sitbst.  fém.  Mélange. 

Tel  front,  tel  chicf,  tel  chevelure 
Sans  avoir  aultre  commelure. 

Froisaart,  Pops.  MSS.  p.  181,  col.  1. 

Commemorable.  [Intercalez  Commemorahie, 
mémorable  dans  un  acte  de  1445,  Du  Gange,  II,  470, 
col.  1)  :  "  Savoir  faisons  que  nous  voulons  à  noslre 
«  pouvoir  ensuivir  les  commémorables  fais  de  nos 
«  prédécesseurs.  »]  (n.  e.) 

Commençail  (3),  siibst.  masc.  Commencement. 
La  terminaison  de  commençail  est  assez  ordinaire 
chez  nos  anciens  poètes,  lorsque  la  rime  la  demande  ; 


et,  si  la  mesure  l'e.xige,  ils  allongent  le  mot,  en 
l'employant  au  féminin,  conunençail,  comvien- 
caille. 

Bien  leur  estoit  au  commençail. 

Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  101,  V  col.  î. 

Ki  d'amers  veut  bone  definaille. 

Bien  doit  soulîrir  la  dure  commençaxlle. 

Salvaje  de  Belhuue.  Poès.  MSS.  avant  1300,  T.  111,  p.  1Î72. 

Voyez  la  même  pièce  attribuée  à  Gaces  Brullés, 
ibid.  T.  1,  p.  460. 

On  disoit  aussi,  dans  le  même  sens,  commen- 
çance  et  commencence  : 

Dame,  à  la  conimeiiçaiice, 

Quant  je  vos  esgardai. 

Me  vint  tout  à  plaisance 

Quanques  en  vos  trovai. 

Sjmon  d'Autié,  Pois.  MSS.  avant  1300,  T.  III,  p.  1233. 
Moult  m'est  bêle  la  douce  commencence 
Du  nouvel  temps,  à  l'entrant  de  pastour. 

Li  Chasielains  de  Coucy.  ibid.  T.  I,  p.  310. 

VARIANTES  : 
CoMMENCAiL.Rom.de  Brut.MS.  fol.  101, V»  c.  2. 
Commençaxlle,  s.  f.  Bat.  de  Quar.  MS.  de  S.  G.  fol.  91,  R'. 
CoMMENÇANCE,s. /'.S.  d'Aut.  P.  MSS.  av  1300,  T.  111,  p.  123:1 
Commencence,  s.  f.  Li  Chast.  de  Coucy,  ibid.  T.  I,  p.  310. 

Commencement,  subsl.  masc.  Ce  mot  sub- 
siste sous  la  première  orthographe  (4).  11  nous  fournit 
cet  ancien  proverbe  :  Commencement  n'est  pas 
fusée,  pour  dire  qui  commence  n'est  pas  au  bout. 
(Dict.  de  Cotgrave  (5).) 

VARIANTES  : 
COMMENCEMENT.  Orih.  subsistante. 
CoMiMANCEMENT.  Le  Jouvencel,  JIS.  p.  74. 
Commenciiement.  Le  Fev.  de  S.  Remy,Hist.  deCh.  VI,p.6. 

Commenceur,  subst.  masc.  Oui  commence. 
On  a  dit,  dans  le  sens  général  :  ><  Se  loue  de  beau- 
..  coup  de  ceul.x  qui  ont  esté  commanceiirs  de  son 
«  bien.  »  (Le  .louvenc.  .ms.  p.  602.)  De  là,  ce  mot 
signifioit  particulièrement  assaillant.  (Petit.  .1.  de 
Sainlré,  p.  236  (6).) 

VARIANTES  : 

COMMENCEUR.  P.  .1.  de  Sainlré,  p.  236. 
Com.manceur.  Le  Jouvencel,  MS.  p.  602. 

Commencher,  verbe.  Commencer.  (Voyez 
Fauchet,  Langue  et  Poès.  fr.  p.  197.)  On  a  employé 
ce  verbe  substantivement,  dans  le  proverbe  sui- 
vant : 

Bon  conmancier  à  bone  fin. 

Fal)l.  MSS.  du  R.  n"  7015,  T.  H,  fol.  l;:t,  V  col.  1. 

Xous  rapporterons  ici  quelques  termes  de  l'an- 
cienne conjugaison  de  ce  verbe,  soit  qu'on  l'écrivit 
selon  les  orthographes  que  nous  venons  de  citer  ou 
selon  celle  qui  subsiste  (7). 


(1)  On  lit  déjà  aux  Serments  de  Strasbourg  :  «  Si  cum  on,  per  dreit...  »  (n.  e.) 

(2)  Voyez  une  citation  de  Machault  sous  comète.  (N.  E.) 

(3)  Dans  un  bestiaire  cité  par  Du  Cange  (II,  777 ,  col.  2)  on  lit  :  «  L'oevre  de  boine  commcnchaille  Qui  ara  boine 
definaille.  »  n.  (e.) 

(4)  Dans  Froissart,  commencement  a  le  sens  d'occasion  :  «  Si  avés  très-grand  commencement  de  requérir  et  calengier  ce 
qui  est  vostre.  »  (II,  324.)  —  ft  co)ii(»e(ice»)eii/,  comme  rfeprej/iifi's,  signifie  d'abord  :  «  Et  quidierent  de  coinmcncernenl 
que  ce  fuissent  ceu  de  Camperlé  qui  les  venissent  combatre.  »  (Id.,  IV,  78.)  (n.  e.) 

(5)  D'après  J.  Chartier,  Hist.  de  Charles  VII,  p.  lil  :  «  La  fin  en  sera  mauvaise  ;  Ains  que  vostre  œuvre  soit  usée  ; 
Commencement  n'est  pas  fusée.  »  De  même  dans  Perceforest  (t.  VI,  p.  84)  :  «  L'on  dit  :  commencement  n'est  pas  fusée  mais 
advantaige  grant.  »  (n.  e.) 

(6)  «  Saintré,  qui  jà  estoit  en  point  comme  De  commenceur  et  entrepreneur  de  l'emprinte,  monta  à  cheval.  »  (s.  E.) 

(7)  Dans  Froissart,  il  est  adverbe,  et  de  commcncliier  signifie  spontanément  :  «  Car  rfe  commenchier,  tel  ribaudaille  que 
il  estoient  n'euissent  jamais  osé  d'entreprendre  d'avoir  occis  un  si  haut  homme.  »  (IX,  182.)  (N.  e.) 


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CONJUGAISON  : 

Coinent,  iiidic.  prés.  Commence. 

Dolerousement  cnmcnl, 
Ki  cliaiitei  voul  de  doulour. 

Gontiers,  Poi-s.  MSS.  avanl  1300,  T.  III,  p.  102.-). 

Cummans.  indic.  prés.  Je  commence,  (ms.  de 
l'Eglise  S'  Martin  de  Tours.) 

Conwiencens,  part.  prés.  Commençans.  On  disoit 
Pasques  commencens. 

Conimene-iaines ,  prélér.  indic.  Commençâmes, 
(.loinv.  p.  77.)  11  paroit  que  le  copiste,  embarrassé 
du  son  du  c  devant  Va,  qu'il  vouloit  adoucir,  a 
employé  le  x-  pour  tenir  lieu  de  la  cédille.  (Falc.) 

Commcns,  indic.  prés,  .le  commence. 

Comme  je  veuil  que  le  Romans 
Soit  appelé,  que  je  conunots  ; 
Ce  est  le  Romans  de  la  Rose. 

G.  de  Lorris,  cité  par  Fauch.  Lang.  et  Po^-s.  fr.  p.  19;i. 

Comment,  au  subj.  prés.  .le  commence. 

...  Va  près  que  .je  ne  comment. 

Fabl.'lISS.  du  K.  a'  721S,  fol.  49,  V-  col.  2. 

VAB1.4NTES   (1)  : 
COMMEXGHEli.  IJeauiaanoir,  p.  1  et  2. 
roMMAXCHiER.  Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  I,  p.  522  et  761. 
CoM,MENCHiEU.  Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  I,  p.  437,  not.  col.  1. 
CoNMANCiER.  Fab).  MSS.  du  R.  n»  7613,  T.  II,  f"  131,  V»  c.  1. 
COMENCER.  Poës.  MSS.  av.  -1300,  T.  III,  p.  1025. 

Commendaces ,  subst.  fém.  plur.  (2)  Prières 
pour  les  morls.  (Voyez  Colgrave,  ^■icot,  Oudin  et  le 
Gloss.  de  l'Hist.  de  Paris.)  Les  croisés  françois 
ayant  été  inassa.rés  en  Hongrie  par  les  Sarra- 
zins,  en  1396,  on  ordonna  des  services  dans  les 
églises.  •■  Dans  la  ville  de  Paris,  furent  en  toutes 
«  les  églises  faites  de  très  belles  vigiles,  commen- 
«  dusses  et  messes.  »  (Juvén.  des  Ui'sins,  Hist.  de 
Charles  YI,  p.  127.)  «  Fist  dire  vigiles,  el  les  coin- 
«  mciidassions.  "  (.lourn.  de  Paris  sous  Charles  VI 
et  VIT,  p.  200.)  On  disoit  aussi  comme lUlatlon  (3)  au 
singulier.  (Voyez  Vies  des  SS.  .ms.  de  Sorb.  ch.  lm, 
col.  3G.)  «  Qu.ànd  il  fera  ses  commendemens  à  la 
'■  grand  messe,  avec  lescommendasses  des  morts.  » 
(Bout.  Som.  Rur.  p.  87.5.) 

Les  paysans,  en  Normandie,  disent  faire  ses 
commendasses,  pour  faire  ses  complimens. 

VARIANTES  : 
COiMMENDACES.  Juv.  des  Urs.  Hist.  de  Ch.  YI,  p.  127. 
Commendasses.  Bout.  Som.  Rur.  p.  875. 
Co  .AMENDASSIONS,  .lourn.  de  Paris  sous  Ch.  VI  el  VU,  p.  206. 
Co.MMENDATiON,  si»'/.  Vies  desSS.  MS.  de  Sorb.  ch.  LXi. 

Commenioi*.  verbe.  Communier.  Dans  le  sens 
actif,  c'est  administrer  la  communion. 

Comment  il  la  commcnia. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7218,  fol.  S22,  V*  col.  2. 

De  là,  on  a  dit  :  ■<  Soit  chascuns  coiifés  et  com- 
«  men/c.  "  (Villehard.  p.  178.) 


Commensalité,  subst.  fém  Etal  de  commen- 
sal. (Colgrave  et  Oudin,  Dict.)  «  Item  pour  ce  que, 
«  es  temps  passez,  plusieurs  juges,  el  advocatsfont 
«  doubles,  en  rappellalion  de  tesmoings,  quant 
«  partie  qu'il  sont  du  conseil  de  son  adverse  partie, 
■'  et  partie  les  veult  rapeler,  est  avisé  que  partie 
•>  n'y  sera  point  reçue,  s'elle  ne  dit  qu'il  est  son 
«  conseiller,  advocat,  procureur,  ou  solliciteur  el 
"  de  sa  commensalité.  «  (Ord.  des  ducs  de  Bret. 
fol.  194.) 

« 

Comment,  subst.  jnasc.  et  adj.  Commentaire 
el  commenté.  Comme  adjectif,  ce  mol  nous  fournil 
l'expression  livre  comment,  pour  commentaire, 
dans  ce  passage  :  «  S'  Thomas,  le  S'  Docteur,  en 
«  son  livre  comment  sur  les  Ethiques.  «  (Hist.  de 
la  Toison  d'Or,  Vol.  H,  fol.  191.) 

On  employoit  ce  mot  plus  souvent  comme  sub- 
stantif. "  Translatez  de  carmes  latins,  en  ryme 
«  françoise,  avec  le  comment  (4)  en  prose.  »  (Du  Verd. 
Bibl.  p.  17.) 

Sans  faulse  glose,  et  erroné  comment. 

Crétin,  p.  8. 

Comment,  adv.  Sur  le  mol  cornent,  voyez  le 
livre  d'Albei  lau  :  Don  parler  et  dou  taire,  etc.  Nous 
ferons  d'ailleurs  quelques  remarques  : 

1°  Le  mol  comment,  qui  subsiste  comme  adverbe, 
a  été  employé  comme  substantif,  pour  de  quelle 
façon,  de  quelle  manière.  «  Rente  non  nantie  est 
«  SI .:  jUd  à  partage,  sans  avoir  égard  à  comment, 
«  el  lie  quel  côtéelle  est  venue.  »"(Cout.  de  Bouch. 
Nous.  Coul.  Gén.  T.  I,  p.  791.) 

2°  On  a  dit  comment,  pour  comme.  •<  Embeso- 
<■  gnées  11  elles  parer,  el  orner  comment  le  cas  le 
«  requeroit.  »  (Percef.  Vol.  111,  fol.  75.) 

3°  Comment  que  el  cornent  que,  pour  quoique,  de 
quelque  manière  (]ue  (5).  (S.  Bern  Serai,  fr.  mss. 
p.  3Ô9.)  Dans  le  latin  utcumque.  »  De  la  victoire. 
«  non  seulement  en  advenoil  la  ruine  de  l'armée, 
«  mais  le  danger,  el  trouble  de  tout  le  royaume, 
-  comment  que  soil.  »  (Mém.  Du  Bellay,  livre  VII, 
fol.  201.)  On  lit,  au  sujet  de  l'Oriflamme  : 

.  .  .  Comment  que  l'en  l'ait  portée, 
Par  nations  blanches  et  mores 
Ele  est  à  S.  Denis  encores. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  ;'.0,  V'. 

Une  amitié  longue,  et  de  telle  sorte, 
A  soudain  rompre  est  difficile  et  forte  : 
Bien  forte  elle  est  ;  mais  coiiDiicnl  que  tu  face 
Si  faut  il  bien  que  du  tout  t'en  deface. 

Meîin  de  S.  Gelais,  p.  iS5. 

VARI.\NTES  : 
CO.MMENT.  Orth.  subsistante. 
CoMENT.  Albertan,  MS.  du  R.  n"  7377,  p.  1. 


(-1)  Il  est  dans  Roland  sous  la  forme  cumencer  (2413),  cnmencel  (-138),  etc.  (N.  E.) 

(2)  Dans  un  teslaraenl  de  1448  au  Cart.  21  de  Corbie,  fol.  277,  on  lit  :  «  Item  je  laisse  ..  au.x  trois  ordres  mendians  ,  est 
assavoir  frères  prescheurs,  augustins  et  frères  meneurs  de  ladite  ville  [d'Amiens]  à  chacun  vingt  solz,  par  sy  qu'ils  seront 
tenus  de  dire  vigilles  commendaces  le  jour  de  mon  obseque.  »  (N.  E.) 

(3)  Voyez  le  Glossaire  sur  la  chron.  des  ducs  de  Normandie.  (N.  E.) 

(4)  On  lit  aussi  dans  Christine  de  Pisan  (Charles  V,  III,  13)  :  «  Et  fi.st  un  command  là-dessus  [les  œuvres  de  Denis 
l'aréopfigite].  »  Cun\mentinrc  n'apparaît  qu'au  XVF  siècle,  (n.  e.) 

(5)  On  lit  atissi  dans  Froissart  (V,  461)  :      "'     ' 
cimiment  i/ue  la  besoingne  ne  soit  tourné 
encore  delîyés.  »  Ce  sens  est  déjà  dans  Roland  (v.  302:;)  :  «  Uiimeiit  qu  i 


,u  qu  au  \\i'  siècle,  (n.  e.) 

51)  :  «  Et  si  m'est  avis  que  vous  avés  grant  cose  et  bien  raison  de  vous  esléechier. 
rnée  à  votre  çret.  »  (V,  4GI).  Que  peut  faire  défaut  (II,  4.12^  :  «  Cornent  il  n'en  fust  point 
is  Roland  (v.  3525)  :  «  Cumcnl  qu'il  seit,  ne  s'i  voelt  celer  mie.  »  (N.  E.) 


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Commentaires,  subst.  rnasc.  plitr.  Mémoires. 
Pasquier  dit.  en  parlant  des  Mémoires  de  Montluc: 
«  A  il  intitulé  son  œuvre  commentaires,  ce  tju'en 
«  nostre  langue  un  Coiniiiines,  et  après  luy  un 
•'  Martin  DuBellay  voulurent  appeller  mémoires, 
«  cai',  pour  bien  dire,  sans  nous  eslongner  de 
«  nostre  vulgaire  françois,  après  avoir  recité 
«  chaque  mémorable  exploit  parluy  faist,  il  apporte 
«  tout  d"une  suile  un  beau  commentaire.  «  (Lett. 
T.  11,  p.  387.)  Il  paroit,  par  le  passage  suivant,  que 
Du  Bellay  se  servoit  aussi  quelquefois  de  ce  mot,  au 
lieu  de  mémoires.  «  Nous  avons  couché  au  précé- 
"  dent  commentaire,  comment  le  roy,  etc.  «  (Mém. 
Du  Bellay,  livre  VII,  fol.  'il8.  —  Voyez  ci-après 
Gommes.) 

Commention,  subst.  fém.  Mention.  Mais  plus 
probablement  c'est  une  faute,  et  on  doit  lire  con- 
vention, i'  Les  enfans  estant  en  puissance  pater- 
«  nelle,  parens  et  autres  personnes,  norries,  et 
"  entretenues  par  gratuite  affection,  ou  pitié,  ne 
"  peuvent  acquérir  droit  de  communauté  avec  père 
"  et  mère,  et  autres  persounes  qui  les  norisse,  par 
«  quelque  laps  de  temps  qu'ils  y  demoreni,  s'il  n'y 
«  a  expresse  commention  sur  ce  faite.  »  (Ane.  Coût, 
de  Troyes,  Nouv.  Goût.  Gén.  T.  III,  p.  273.) 

Gommerailles,  subst.  fém.  plur.  Fêtes  pour  la 
naisance  des  enfans. 

Après  avoir  fini  leurs  tristes  commérailles, 
Qui  passoient  en  tristeurles  tristes  funérailles; 
Ne  laissent  aucun  point  du  mystère  sacré 
Au  naistre  d'un  enfant  en  la  sorte  exécré. 

(Euv.  de  Baif,  fol.  681,  V". 

Commère,  subst.  fém.  Femme  en  couche* 
Homme  efféminé'^. 

*  Nous  trouvons  ce  mot,  au  piemier  sens  de 
femme  en  couche,  dans  des  vers  sin'  la  Nativité  : 

Si  nous  allons  cest  enfant  voir, 
De  le  servir  feray  devoir. 
De  bon  cœur  servirons  la  raere. 
Je  croy  qu'elle  est  belle  commère. 

Les  M,irg.  do  la  Marg   fol.  81.  R-  el  V-. 

Dans  plusieurs  provinces,  cette  acception  du  mot 
commère  subsiste  encore. 

^  Oudin,  dans  son  Dictionnaire,  donne  pour  une 
des  significations  du  mot  commère  celle  d'un 
homme  efféminé. 

Quant  aux  aulres  significations  de  ce  mot  qui 
subsistent  encore,  nous  ferons  les  remarques  sui- 
vantes : 

l"  On  donne  aujourd'hui  le  nom  de  commère  soit 
à  la  femme  dont  on  tient  lenfant  sur  les  fonts,  ou 
à  celle  avec  qui  on  le  tient  (1).  G'étoit  autrefois  la 
même  chose.  (Voyez  Du  Gange,  aux  mots  Commara 
et  Commuter.) 

2°  Il  est  bon  de  faire  observer  que  le  roi  d'Angle- 


terre, en  1513,  parlant  de  l'archiduchesse,  l'appelle 
«  nostre  cousine  et  bonne  commère.  » 

3"  Ce  rnot  paroît  s'être  dit  pour  sag:e-femme.  «  La 
«  royiie  ayant  fait  appeller  la  sage  femme  qui  avoit 
«  reçeu  les  enfans,  luy  ditsecrettement.  que  diriez- 
«  vous  ma  coinmere.  m'amie,  etc.';'  »  (Nuicls  de 
Srapar.  p.  301.)  Mais  ce  nom  n'est  pas  ici  plus 
appliqué  à  la  sage-femme  que  celui  de  m'amie 
qu'on  lui  donne  dans  la  même  phrase.  Commère 
étoit  alors  comme  aujourd'hui  un  mnt  vague  qu'on 
appliquoit  aux  femmes  de  basse  condition,  et  qui 
se  prenoit  souvent  en  mauvaise  pari.  G'est  dans  ce 
sens  qu'on  a  dit,  en  parlant  d'une  tourière:  «  Quant 
"  la  diablesse  veit  le  chevalier  en  tel  poincl,  elle  lui 
«  escria  d'une  voix  forsennée  :  Meschant  malheu- 
«  reux  chevalier  que  faictz  tu  icy'?  Va-t-en,  ([ue  ne 
«  soyes  desmembrés,  et  desrompu  aux  ungles  :  Es 
«  tu  une  commère,  ou  ung  portier  de  religion  ?  va 
"  ton  chemin  en  auUre  lieu  quérir  ton  adventure.  » 
(Perceforest,  Vol.  VI,  fol,  48.) 

On  trouve  (ib.  Vol.  IV,  fol.  109)  le  mot  commère  (2) 
employé  comme  terme  d'injuie,  dans  le  sens  où 
nous  le  disons  aujourd'hui. 

Gommes,  subst.  masc.  plur.  Gominenlaires, 
mémoires. 

.Fay  veu,  et  leu,  chroniques,  textes,  commes 
Tant  des  Césars,  comme  tous  aultres  preux. 

J.  Marot.  p.  16-2. 

Nous  avons  vu  ci-dessus  qu'on  disoit  aussi  dans 
le  même  sens  comment. 

Commessateur,  sut)st.  masc.  Qui  aime  la 
bonne  chère.  On  lit  :  «  Gourmand,  yvrogne,  et 
«  commessateur  ,  •>  dans  Gartheny ,  voyage  du 
Gliev"  errant,  fol.  89. 

Commestion,  subst.  fém.  L'action  de  manger. 
Ondisoit:  quiestde  bonne  commestion,  pourquiesl 
bon  à  manger.  «  Priant,  el  de  bonne  commestion.  ■• 
(Apol.  pour  Hérodote,  p.  559.) 

Commettre,  verbe.  Prononcer,  ordonner*. 
Encourir,  risquer^. 

*  Ge  mot  subsiste,  sous  la  première  orthographe, 
avec  d'autres  significations.  On  disoit  autrefois 
cometre  une  peine,  pour  l'ordonner.  «  Selon  les 
«  cas  que  vous  orrés,  comètes  telle  peine  au  monde, 
«  à  la  char,  et  au  deable.  comme  bon  vous  sem- 
>•  blera.  »  (Modus  et  Kacio,  ms   fol.  310.) 

° Commettre  a  signifié  aussi  l'action  même  d'en- 
courir la  peine  prononcée  pai'  le  juge,  et  c'est  dans 
ce  sens  qu'on  disoit  commettre  prison,  pour  encou- 
rir prison. 

En  cohtmellant  prison  nrivée. 

Eusl.  Descli.  Poés.  MSS.  fol.  40lj.  col.  2. 

Nous  disons  encore,  en   termes  de  coutume  ; 


(1)  La  commèi'e  on  marraine  de  l'enfant  était  considérée  comme  sa  mère  spirituelle  ;  elle  devait  le  garder  et  le  secourir, 
s'il  devenait  orphelin  ;  enfin  elle  ne  pouvait  épouser  le  parrain  de  Tenfant.  (Loi  des  Lombards,  II,  tit.  8,  §  5.)  Beaumanoir 
écrit  encore  (XVIII,  8)  ;  «  Ce  doit  cascuns  savoir  que  nus  ne  doit  espouser  celé  qui  li  apartient  de  lignage,  ne  se  commère, 
de  quel  enfant  que  ce  soit.  »  (N.  E.) 

(2)  «  .le  ne  scay,  dit  la  voix,  se  tu  empireras  Vhuys  ;  car  tu  n'y  entreras  point  par  force  ne  autrement  ;  car  je  huclierai. 
snssv  fol  pt  oultrageux  que  tu  es,  qui  bien  gardera  l'huys  contre  toi.  Mes  huy  seroient  ruses  de  commères ,  dit  Passelyon, 
trou  ai  entendu.  »  (N.  E.) 

IV.  16 


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coDivu'tlrc  loi  //c/,  pour  le  confisiiuer,  en  encourir, 
en  l'isijuer  la  conliseation.  (Voyez  Laur.  Gloss.  du 
Dr.  l'r.  el  IJu  Cun^e.  aux  mots  CommUlere  et  Feu- 
dum  Commiltevc]  Le  Fèvre,  Orig.  des  liefs,  p.  80, 
met  una  distinction  entre  commettre  son  fief,  et  le 
mejfuive. 

VARIANTES  : 

COMMETTRE.  Orth.  subsistante. 
CoMETRE.  Modus  et  Racio,  .MS.  fol.  310,  R». 

Coinineus,  wlj.  Emu,  agité. 

La  mer  après  n'est  pas  conmue, 
Li  taiis  est  scef,  et  seriz. 

Parton.  de  131ois,  MS.  de  S.  G.  fol.  Ite,  V°  col.  3. 

Quar  tout  en  iert  le  peuple  coiujneuf:,  et  troublez. 

Rom.  de  Rou,  MS.  p.  122. 
Li  peuple  est  trestout  cnnimeus; 
De  Bernart  s'esmerveillent,  qui  ^i  est  esperdus 
Et  Dex  !  dieiit  au  quant,  qu'est  son  senz  devenuz? 

Hom.  de  Rou,  MS.  p.  87. 

VARIANTES  : 
COMMEU.S.  Rom.  de  Rou,  MS.  p.  87. 
CONMU.  Part,  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  145,  V°  col.  3. 
CoNGNEUs.  Rom.  de  Rou,  MS.  p.  422. 

Coniiiiiinaus  (1). 

Covint  cens  de  France  partir 
De  la  place,  tout  maugré  aus  ; 
La  place  si  fu  ccomiiimaus 
De  ceus  de  Cbampaigne  la  fine. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  1218,  fol.  16,  V  col.  2. 

Conimination,    sitbst.    fém.   Menace.    "  Les 

«  envoya  tons  sommer,  avecques  commination  de 
«  les  faire  tous  pendre,  s"iisattendoient  le  canon.  » 
(Mém.  Du  Bellay,  liv.  VIII,  fol.  245.) 

Coinminau,  subst.  masc.  Communauté  d'une 
ville.  (Voyez  Gloss.  sur  les  Coût,  de  Beauvoisis,  et 
la  Tliaum.  Coût,  de  Berri,  p.  102.) 

Comminer,  verbe.  Menacer.  (Oudin  el  Cotgrave, 
Diction  n.) 

Coinminuer,  verbe.  Broyer,  fracasser  (2).  Pro- 
prement mettre  en  petites  pièces.  (Nicot,  Cotgrave, 
Dict.)  On  lit,  en  parlant  de  gens  frappés  et  tués  du 
tonnerre  :  «  Et  en  aucunes  des  personnes  qui 
»  feurent  tuées,  feut  trouvé  que  leurs  os  estoient 
«  tous  comminués ,  et  desrompus,  sans  que  la 
«  peau,  et  la  chair  fussent  aucunement  entamées.  » 
(Juven.  des  Urs.  Hist.  de  Charles  VI,  p.  338, 
an.  1417.) 

Coiiiniiracion,  siibsl.  fém.  Ce  mot,  dont  il 
n'est  pas  aisé  de  démêler  la  signilication,  semble 
désigner  quelque  opération  magique. 


Li  premiers  fut  qui  fontaine  en  usaige 
Fist  par  conduiz,  et  encîoit  dedenz 
Pierres  de  maulx  espeiis  respondens 
Aux  demandes,  par  commirarion  (3). 

Eusl.  Desch.  F'iios.  MSS.  fol.  42,  col.  1. 

Commis,  subst.  musc.  Confiscation.  On  a  dit 
droit  (le  commis,  pour  droit  de  confiscation.  (Lau- 
rière,  (Jloss.  du  Dr.  fr.  —  Voy.  ci-après  Commise.) 

Commis,  subst.  masc.  Chargé  d'une  commis- 
sion. Nous  disons  encore  ce  mot,  en  ce  sens;  mais 
nous  devons  marquer  ici  les  diverses  personnes 
auxquelles  on  donnoit  autrefois  ce  nom  (4). 

1°  On  le  donnoit  à  celui  qui  avoit  commission  du 
Pape.  «  Ne  fait  à  absoudre  que  par  le  S'  Père,  ou 
'•  son  commis.  >•  (Bout.  Som.  Rur.  p.  758.) 

2»  A  celui  qui  avoit  commission  du  roi,  pour 
présider  aux  joutes.  «  Devant  le  roy  de  France,  son 
"  seigneur  souverain,  ou  son  commis.  »  (P.  J.  de 
Saintré,  p.  397.) 

3°  On  disoit  quelquefois  commîs,  pour  lieutenant, 
ou  officier.  «  Avoient  mandé  le  duc  de  Zassés,  et 
«  pris,  et  receu  ses  commis,  et  gens  d'armes.  » 
(Mém.  d'OI.  de  la  Marche,  liv.  I,  p.'l7G.) 

4°  Dans  le  passage  suivant,  on  nomme  commis 
un  roi  que  l'on  met  à  la  place  de  l'héritier  naturel. 
Un  roi  voulant  au  lit  de  la  mort,  en  présence  des 
princes  de  la  cour,  exclure  de  la  couronne  un 
neveu  qui  lui  devoit  succéder,  «  le  plus  sage  parla, 
«  et  dist,  sire,  il  n'est  point  de  tel  meschief,  comme 
«  d'ung  royaulme  escheoir  en  mains  de  commis.  ■> 
(Percef  Vol.  VI,  fol.  90.) 

5°  On  désigne,  sous  le  nom  de  commis,  ceux  qui 
avoient  été  nommés  par  le  maréchal  de  Clermont 
en  1355,  pour  établir  les  collecteurs  qui  dévoient 
lever  l'aide.  (Ord.  desR.deFr.  T.  III,  préf.  p.  32(5).) 

0"  Commis  à  ta  vingtaine  semble  pris  pour  chef, 
ou  officier  de  quelque  corps  de  métier.  «  Toutes 
«  sentences  rendues  par  les  reuwart  (inspecteur) 
»  paiseurs,  maieur  de  la  perse  (pour  percbe)  trip- 
»  piers  de  velours,  commis  à  lavingtaine,  et  autres 
«  collieges,  subalternes  à  eschevins,  sortissent,  par 
«  appel,  par  devant  les  dits  eschevins.  «  (Coût,  de 
Lille,  Coût.  Gén.  T.  I,  p.  777.) 

7°  Commis  au  registre  des  étrangers.  C'étoient 
les  officiers  chargés  de  tenir  une  liste  des  étrangers. 
«  Sont  faites  defïenses  à  tous  hostelieis,  taver- 
«  niers,  et  généralement  à  tous  bourgeois,  de  rece- 
«  voir  aucuns  estrangers,  pour  y  loger  une  nuict, 
«  sans  billet  du  commis  au  registre  des  estran- 
'<  gers.  »  (Ord.  de  Metz,  Coul.  Gén.  T.  I,  p.  1154.) 

i"  Commis  des  finances.  Ils  furent  créés  en  1413(0), 


(1)  Lisez  coinmunaus.  (n.  e.) 

(2)  Depuis  Paré,  c'est  un  mot  ctiirurgical  :  «  Un  coup  de  pistole  luy  fractura  les  os  du  bras,  dont  en  avoit  qui  estoient 
conimiiiuéfs,  comme  si  on  les  eust  rompus  sur  une  enclume.  »  (Paré,  IX,  14.)  (n.  e.) 

(3)  Ne  faut-il  pas  lire  conjuration  ?  (n.  e.) 

(4)  Dans  Froissart,  il  a  le  sens  de  délégué  :  «  Il  tenroient...  le  tretlié  que  Chil  de  Gand  avoient  jurât  à  tenir  et  proumis 
par  lettres...  à  l'evesque  de  Durera  et  à  ses  commis.  »  (II,  441.)  (n.  e.) 

(5)  On  les  nomme  plus  souvent  élus  :  «  Et  ne  seront  lesdites  aydes,  et  ce  qui  en  ystra,  levées  ne  distribuées  par  nez  gens, 
par  noz  trésoriers,  ne  par  noz  officiers,  mais  par  autres  bonnes  gens  saiges,  loyauls  et  solvables,  ordonnez  ,  commis  et 
depputez  par  les  trois  Estats.  »  (.\rt.  V  de  l'Ordonnance.)  (N.  e.) 

(tî)  L'Ordonnance  de  1413  fit  de  la  Chambre  des  Comptes  la  base  de  l'organisation  financière,  et  rnit  à  sa  tète  et  à  la  place 
des  généraux  de  finances  «  deux  commis  ordonnés  au  gouvernement  des  finances  du  royaume  et  investis  de  la  direction 
supérieure.  »  (Art.  I  et  IL)  —  Elle  appelle  aussi  la  Cour  des  Aides  «  l'auditoire  des  généraux  ou  commis  au  gouvernement 
de  la  justice  des  aides.  »  (n.  e.) 


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—  123  — 


CO 


à  l'assemblée  des  Etats  de  Paris  qui  se  tint  pour  la 
réformalion  des  ab'is  dans  Tadministrafion  publi- 
que. «  Par  le  premier  article  de  la  reformation,  le 
«  Roy  déclara  qu'il  supprimoit  tous  autres  threso- 
«  riers,  et  généraux,  et  qu'il  n'y  en  aurait  plus  que 
«  deux,  par  devers  lesquels  résideroit  toule  la 
«  charge  des  finances,  de  quelque  nature  qu'elles 
«  fussent;  qui  seroient  appeliez  commis  des  f'niaii- 
«  ces,  lesquels  seroient  éleus  en  la  Chambre  des 
«  Comptes  par  le  chancelier.  »  (Pasq.  Rech.  liv.  II, 
p.  84.) 

9°  Le  commis  du  marguilher  designoit  celui 
qu'il  chargeoit  d'en  faire  la  fonction.  (Coût.  Gén. 
T.  I,  p.  lus.) 

Commi?,,  participe.  Imposé,  infligé*.  Qui  a 
encouru  confiscation^.  Chargé  d'une  commission'^. 
Entrepris,  commencé".  Fait,  achevé,  passé  ^. 

Ce  mot,  dans  ces  différentes  significatioiis,  est  le 
participe  passif  du  verbe  commettre. 

*J\'ous  avons  remarqué,  îi  l'article  de  ce  verbe, 
que  l'on  avoit  dit  commettre  une  peine,  pour  l'or- 
donner, l'imposer  ;  de  même,  on  a  dit  commis, 
pour  imposé,  infligé.  «  Ont  griement  pecbié  contre 
«  le  père,  et  le  lilz,  et  contre  moy,  pourquoy  paine 
«  leur  sera  commise.  «  (Moduset  Racio,  ms.  f°311.j 

^Commettre  signifioit  aussi  encourir  confisca- 
tion, en  parlant  des  fiefs  ;  de  là,  commis  s'est  pris, 
en  général,  pour  confisqué.  «  Voulons  que  le  pois- 
«  son  viengne  sans  entrer  en  bostel,  sous  peine 
-  d'estre  commis  envers  nous.  »  (Ord.  des  R.  de 
Fr.  T.  Il,  p.  587.) 

■^  On  dit  encore  commettre,  pour  donner  commis- 
sion, et  au  passif  être  cûmviis.  Mais  ou  dit  élre 
commis  à  une  chose,  et  on  disoit  autrefois  être 
commis  d'une  chose. 

Lequel  chargé  de  ce  dont  est  commis,  etc. 

J.  Marot,  [jage  70. 

Juridiction  commise  étoit  une  juridiction  établie 
par  commission  ;  «  autrement  dite  déléguée,  bail- 
«  lée,  soit  par  le  prince,  soit  par  autre  qui  ait  pou- 
«  voir  de  le  faire,  »  comme  l'a  définie  Bout.  Som. 
Rur.  page  9. 

°  Commis  signifioit  aussi  entrepris,  commencé, 
du  latin  commissus,  comme  dans  cette  expression 
guerre  commise. 

Ces  deus  cors  saints  diz  desus 

Furent  estez  de  leur  yglises, 
Par  paour  de  guerres  commises. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  147,  R". 

^  On  dit  un  ciime  commis,  pour  un  crime  fait; 
commis  est  même  le  mot  propre.  On  disoit  un  con- 
trat comtnis,  pour  un  contrat  fait,  un  contrat 
passé.  (Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  III,  p.  45.) 

Nous  trouverions  une  acception  nouvelle  du  mot 
coimnis,  dans  la  Coutume  d'Artois,  si  ce  mot  n'étoit 
une  faute  eu  cet  endroit  ;  «  L'on  ne  peut  mettre  en 
«  posture  aucunes  bestes  à  laines  es  marets  com- 
«  mis.  "  (Coût.  Gén.  T.  I,  page  756.)  Lisez  marctx- 


communs,  comme  dans  l'édit.  de  cette  Coût.  Arras. 
lG-2'i,  in-12,  p.  20,  art.  55. 

VARIANTES  : 
COMMIS. 
Komis.  Carpentier,  Hist.  de  Cambray,  p.  28. 

Commise,  subst.  fém.  Confiscation  *.  Déten- 
tion ^.  Piévaricalion  '^. 

*  Nous  avons  vu  commis,  pour  confisqué  ;  de  là, 
le  substantif  coJHJw/.st',  employé  dans  les  Coutumes 
pour  exprimer  la  confiscation,  non-seulement  des 
fiefs,  mais  des  tenes  tenues  en  censive,  même  à 
ferme.  (Coût,  de  Courir.  Nouv.  Coût.  Gén.  T.  I, 
p.  1091  (11)  Onaditaussi, en  ce  mêmeseiis, commis- 
sion. (Voy.  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.)  «  Quant  aucuns 
«  héritaiges,  et  biens  estoienl  acquis  par  commis- 
«  sion  de  fief,  le  seigneur  féodal  n'estoit  tenu  de 
«  payer  les  debtes,  sinon  quelles  fussent  ensaisi- 
«  nées.  »  (Proc.  de  J.  Cœur,  i»is.  p.  122.)  (2) 

^On  a  employé  ce  mot  pour  détention,  mais 
alors  nous  le  trouvons  écrit  commisse.  (Gloss.  de 
l'Hisl.  de  Paris.)  «  Avoir  commisse  à  la  Baslille,  » 
y  être  détenu  pour  avoir  commis  son  lief  par 
félonie. 

•^  Enfin  commise  est  mis  pour  prévarication  com- 
mise par  quelqu'un,  dans  des  lettres  patentes  don- 
nées à  Anvers,  le  21  septembre  1457.  «  Mon  dil 
«  seigneur  le  duc  donne  commission  de  cognoistre 
«  de  toutes  commises  par  ses  officiers,  et  de  les 
"  pugnir  des  exactions,  et  extorsions  des  dits  offi- 
«  ciers,  quels  qu'ils  fussent.  »  (Estât  des  Offic.  des 
ducs  de  Bourg,  p.  223.) 

VARIANTES  : 
COMMISE.  Nouv.  Coût.  Gén.  T.  I,  p.  1091,  col.  2. 
Commisse.  Gloss.  de  l'Hist.  de  Paris. 
Commission.  Du  Gange,  au  mot  Commissio,  2. 

Commissaire  ,  suhst.  masc.  Commandant, 
officier  principal*.  Ambassadeur^. 

Ce  mot  subsiste;  il  nous  convient  de  remarquer, 
avant  de  passer  aux  acceptions  bors  d'usage,  qu'il 
est  employé  dans  les  anciennes  ordonnances,  au 
même  sens  que  celui  de  commissaire  des  guerres, 
ou  à  la  suite,  qui  est  aujourd'hui  en  usage.  (Voyez 
Le  P.  Daniel,  Mil.  Fr.  T.  I,  p  219.)  Les  capitaines 
de  chaque  compagnie  étoient  autrefois  chargés  des 
fonctions  des  commissaires.  «  Mais,  depuis,  a  cause 
.>  des  malversations  qui  se  commetloient  par  les 
«  capitaines  qui  retenoient  les  gages  des  gendar- 
<■  mes,  ou  qui  mettoient  des  passeVolans,  la  paye 
«  des  gendarmes  se  fit  par  les  commissaires.  » 
(Ibid.  p.  225.) 

'^  Commissaire,  &ini  le  sens  propre  et  général, 
désigne  celui  qui  a  reyu  une  commission.  On  appli- 
quoit  cette  idée  à  la  signification  particulière  de 
principal  officier  d'une  armée,  de  commandant. 
Alain  Chartier  ,  parlant  des  généraux  et  autres 
principaux  officiers  qui  commandèrent  à  la  conquête 
de  la  Guienne  en  14.53,  se  sert  de  l'expression  de 


(■1)  «  Quand  le  fermier  a  donné  lieu  à  la  commise  de  son  bail.  »  (Nouv.  Cout.,  I,  p.  492.)  (N.  E.) 

(2)  La  commise  s'appUquait  aux  fiefs  en  cas  de  désaveu  ou  de  félonie.  A  l'origine,  la  minorité  même  du  vassal  entraînait 
la  commise.  (N.  E.) 


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messcigneurs  les  commissaires,  (llist.  de  Charles 
\1  tl  \II,  p.  '238.)  Saiiilié,  commis  par  le  ruy  pour 
élre  le  chef  d'une  croisade  iiomhreuse  qui  ailoit  eu 
Prusse,  esl  qualifié  de  conimissuire.  ^Pelil  J.  de 
Saintré,  p.  457.) 

^  De  là,  aussi,  on  nommoil  commissaires  les 
ambassadeurs.  Le  chevalier  que  Charles  V  envoya 
en  ambassade  au  roi  d'Ecosse,  en  1379,  esl  appelé 
"  messasicr  au  roy  de  France,  et  commissaire  », 
dans  Froissart,  liv.  111,  p.  47. 

Ce  mol  avoil  encore  plusieurs  autres  significa- 
tions (1).  'Voyez  d'abord  Du  Cange,  Gloss.  lat.  au  mot 
Commissariits,  cl  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 

1°  On  appeloil  commissaire  de  la  cité,  un  officier 
préposé  pour  la  police.  ■•  Nul  ne  pourra  eslre 
"  admis  à  l'office,  et  estât  de  commissaire  de  la 
«  cité,  s'il  ne  soit  à^é  de  quaranle  ans  completz.  » 
(Ord.  du  Pais  de  Liège,  Coût.  Gén.  T.  II,  p.  978.) 

-l' Commissaire  référendaire  se  disoit  pour  rap- 
porteur. «  Nota  que  les  commissaires  de  Parlement 
«  jaçoil  (quoique)  ce  qu'ils  soyent  commissaires 
«  jugeans,  ou  commissaires  référendaires,  Us  onl 
«  accoustumé  de  contraindre  les  tesmoings  à 
«  venir,  par  devant  eux,  par  piinse  de  leurs  biens, 
«  etc.  »  (Gr.  Coût,  de  Fr.  p.  379.) 

3°  11  y  avoil  des  commissaires  de  Vartlllerie,  dès 
le  temps  de  Louis  XII,  au  siège  de  Gènes  (Voyez  J. 
d'Auton,  ."Vun.  de  Louis  Xll,  an  inoO-lôO?,  pages 
18'iet  183.) 

4°  Nous  trouvons  le  lil:e  Aq  commissaire  ordi- 
naire des  guerres,  atlribuc  à  .loachim  de  Chastenay, 
chevalier  de  l'ordre  du  roi,  dans  les  Mesl.  lli.st.  de 
S' Julien,  p.  454. 

5°  Un  a  dit  viande  de  commissaire,  pour  chaii-  et 
poisson.  ^Uudiii,  Cur.  fr.)  Cette  expression  vientdes 
commissions  qui  se  donnoient  dans  les  chambres 
mi-parties,  composées  de  huguenots  et  de  catho- 
liques, ce  qui  faisoit  qu'on  étoit  obligé,  dans  les 
repas  qu'on  leur  donnoit,  à  certains  jours,  de  les 
traiter  en  chair  et  en  poisson,  en  gras  et  en  maigre, 
atin  que  ch.icun  pût  vivre  selon  sa  religion. 

G°  De  là,  traiter  en  commissaire,  façon  de  parler 
encore  usitée.  "  11  est  certain  que  ce  qu'on  dit 
«  traité  en  commissaire  de  chair,  et  de  poisson. 
«  mérileroil  bien  mieux  d'estre  dict  traité  à  l'eccle- 
«  siastique.  »  (Apol.  pour  Hérodote,  p.  354.) 

Commissairie,  subst.fém.  Commission.  Cause 
en  commissairie  se  disoit  pour  cause  mise  en 
commission.  »  Depuis  lue  contestation,  et  que  la 
«  cause  doit  eslre  en  commissairie,  etc.  »  (Bout. 
Som.  Rur.  p.  89.) 

Commisseur,  subst.  masc.  Coupable.  Celui 
qui  a  commis  le  crime.  «  Declaiez  commisseurs  de 
«  leze  majesté,  etc.  ■>  (J.  d'Auton,  Ann.  de  Louis  XII, 
p.  2-25.) 

Commission,  subst.  fém.  Nous  ne  parlons  de 


ce  mot  subsitant  que  pour  marquer  qu'on  nommoit 
autrefois  commission  ini]uisitoire,  ou  réquisitoire, 
appelée  vulgairement  ad  parles,  celle  que  nous 
disons  aujourd'hui  commission  rogaloire.  (Voyez 
Bout.  Som.  Hur.  p.  617  ;  et  sur  la  commission 
rogaloire.  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 

Commistre,  siiès^.  masc.  Comité  (2).  Officier  de 
galère. 

...  y  a  voilles  pour  gouverner 
Les  anteynes,  mainte  rime  apprestée 
Pour  navigier  ;  et  si  est,  à  l'entrée, 
Proe  qui  fent  les  undes,  c'est  ses  droiz  : 
Committre  y  sont  qui  font  mainte  siftlée. 

Eust.  Desch.  Poos.  IISS.  fol.  SI."),  col.  1. 

Il  me  convient  porter  honneur  aux  lares, 
Aux  co)ii>nuticri  qui  ne  font  que  siffler. 

Ibid.  fol.  '210,  col.  2. 

VARIANTES  : 
COMMISTRE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  215.  col.  1. 
CoMiSTRE.  Inv.  des  jov.  et  raeub.  de  Ch.  V. 
CoMMUTiERS,  plw.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  210,  col.  2. 

Committimus,  subst.  masc.  Ternie  de  palais. 
Nom  que  l'on  donne  encore  à  la  commission  ou 
mandement  du  roi  ou  du  prince,  à  des  juges  (3),  pour 
connoitre  d'une  affaire.  (Voyez  Bout.'  Som.  Rur. 
p.  637.)  Dans  un  ordre  du  roi,  en  134!,  pour  juger 
nu  procès  du  chambellan  du  roi  et  d'un  maitre 
d'hôtel  de  la  reine,  à  cause  de  la  néces.sité  de  rési- 
der à  leur  service,  le  roi  use  de  ces  mots  :  »  Vous 
»  mandons  et  commettons  len  latin  cowhh'Wùhîis).  » 
C'est  de  ce  veibe  lalin  que  s'est  formé  le  nom  sub- 
stantif françois  committimus,  dont  on  se  sert 
aujourd'hui.  (Du  Gange,  aux  mots  Committimus  et 
Debitis,  pris  dans  le  même  sens.  —  Voyez  Laur. 
Gloss.  du  Dr.  fr.  elPasquier,  Rech.  p.  52.) 

Le  co)nmittimus  s'est  dit  autrefois  pour  désigner 
la  commission  donnée  par  le  roi  à  un  sergent. 
■'  Ne  peut,  eu  doit  un  sergent  d'autre  bailliage 
"  faire,  ne  exercer  office,  en  autre  bailliage,  s'il 
«  n'a  fiuv  ce  committimus  du  roy,  de  ce  faire,  qui 
«  contienne  le  cas.  «  (Bout.  Som.  Rur.  p.  668.) 

Commixtion,  subst.  fém.  .Mélange.  Du  lalin 
commixtio.  (Voyez  Conlred.  deSongecr.  fol.  16.) 

Commocion,  subst.  fém.  Trouble,  émeute, 
sédition.  On  dit  encore  commotion,  en  termes  de 
médecine.  .Vu  figuré,  ce  mol  signifioil  autrefois 
émeute,  etc.  <•  Au  maindreesclande  que  vous  pour- 
«  rez,  et  commocion  de  menu  peuple.  »  (Ord.  des 
R.  deFr.  T.  I.  p.  371.) 

Meschans,  mallotruz,  et  oyseulx. 
Gens  de  basse  condiction, 
Si  s'allièrent  avec  eulx. 
Pour  faire  une  cominoction. 

Vigiles  de  Charles  VII,  p.  16. 

.  .  .  Sourdre  faict  grandes  coinmotioiis 
Des  Turcz  maulditz,  et  gens  plains  d'insolence. 

Crétin,  p.  14. 

Commocion  esl  une  faute  pour  conjonction,  con- 


1)  Il  a  le  sens  d'exécuteur  testamentaire  au  testament  de  Guillaume  de  Ghamborant  (Du  Gange,  II,  478,  col.  2,  an.  1399)  : 
ordonna  ses  vrays,  bons  el  loyaulx  amis  exécuteurs  et  de  foy  coininissaircs.  »  (N.  E.) 

(2)  On  lit  au  t.  Il,  p.  207  de  l'Hist.  oocid.  des  Groisades  (xm"  siècle)  :  «  Raimont  qui  estoit  comislre  des  galles.  »  (n.  e.) 

(3)  La  cause  était  d'ordinaire  commise  aux  requêtes  de  l'hôtel  ou  au  grand  Conseil,  (n.  e.) 


'é 


co 


—  i2n 


CO 


jonction  au  figuré,  liaison  dans  la  Cliron.  S'  Denis, 
T.  1,  fol.  191)."  ■■  La  l'eraielé  de  nostre  amour,  et 
"  commocion.  »  On  lit  dans  le  latin  firmita^  ami- 
ciiiœ  et  conjunctionis. 

VARIANTES   (1)  : 
COMMOCION.  Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  I,  p.  371. 
Commotion.  Crptin,  p.  14. 
CoM.MOCTiON.  Vigiles  de  Charles  VII,  p.  16. 

Commode,  subst.  fém.  Espèce  de  coiffure  (2). 
Ornement  de  tête  à  l'usage  des  femmes,  du  temps 
de  Palaprat,  qui  fait  lemuméralion  suivante  des 
pièces  dont  elle  étoit  composée  :  "  la  duchesse,  le 
••  solitaire,  la  fonlange,  le  chou,  le  tête  à  tête,  la 
«  culbute,  le  mous([uetaire ,  le  croissant,  le  lir- 
..  niamcut,  le  di.xième  ciel,  la  palissade,  et  la 
"  souris.  » 

Commodei*  (Se),  verbe.  S'accommoder,  se 
prêter.  «  Une  République  est  de  plus  longue  vie,  et 
«  entretient  plus  longuement  sa  bonne  fortune  que 
«  ne  fait  un  royaume,  d'autant  iiu'elle  se  peut 
«  mieux  commider  à  la  diversité  de  ses  citoyens, 
•  que  ne  peut  faire  un  prince.  »  (Machiavel,  Disc, 
sur  Tile-Live,  p.  471.) 

Commodieux,  adj.  Commode.  «  .Je  suis  venu 
«  en  cesle  cité  de  Manlua,  pour  estre  eu  lieu  plus 
«  commodieux  à  povoir  entendre  sur  les  alTaii-es 
«  de  l'empereur.  »  (Lelt.  de  Louis  XII,  T.  III,  p. '281.) 
On  lit  cominodosa,  au  même  sens,  dans  un  titre 
latin  rapporté  par  Liodefrov  ;,Hist.  de  (Iharles  VII, 
page  898.) 

Common,  subst.  niasc.  Pacage  commun.  Champ 
oîi  plusieuis  ont  droit  de  pàtuiage.  «  Common  est 
«  le  droitquehommeade  mitter  mettre  ou  envoyer 
"  ses  besles)  ses  beasts  à  pasture,  ou  de  user  et 
"  occuper  la  terre  qui  n'est  son  propre  soile  isol).  ■> 
(Citation  de  Du  Gange,  au  inol€o)nmiinla  2.  —  Voy. 
une  autre  citation  fr.  ibid.  au  mot  Àl/ncerd'i),  et  le 
chap.  IV  des  Tenures  de  Lilll.  fol.  05,  qui  a  pour 
titre  Tenant  en  common.) 

Commouvoir,  verbe.  Mouvoir,  émouvoir  (4). 
(Dict.  de  Cotgrave  et  de  Monet.) 

CONJIGAISON  : 

Commcu  [serat\  futur  prés.  Sera  ému.  (S.  Bern. 
Serm.  fr.  .mss.  p.  117.)  Képond  au  latin  commove- 
litur. 

Commuet  (se),  indic.  prés.  S'émeut.  (S.  Dern. 
Serm.  fr.  mss.  p.  273.)  Dans  le  latin  comtnovctuf. 

Commovement   et  Comovemeut,  subst. 


Emotion,  trouble.  On  lit  dans  S'  Bern.  Serm.  fr.  mss. 
p.  213:  Commovement  (dans  le  latin  turhatlo]  et 
comovemeut  de  sa  lierlé.  (ibid,  p.  376.)  Dans  le 
latin  zelo  indignationis. 

Commugnes,  subst.  fém.  plur.  Ce  mot,  dans 
les  vers  suivans,  désigne  les  troupes  fournies  par 
les  communes  : 

Manda  siergans,  etcevaliers, 
Et  commugnes  (h),  et  socloiers. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p  367. 

Commun,  subst.  masc.  La  commune,  le  peu- 
ple*. Corps,  communauté^.  Communication,  intel- 
ligence'^. Droit  en  Houergue  °. 

'*  Ce  mot  désigna  longtemps  ce  qu'on  appeloit 
aussi  la  Commune,  le  peuple,  les  non  nobles  (0).  «  Li 
^  maires,  et  li  eskevin  devant  dit,  pour  aux,  et 
«  pour  leur  commun.  »  'Ordonn.  T.  Ill,  p.  293.) 
•■  Comme  les  non  nobles  du  dit  lieu  aient  acous- 
«  lumé  de  contribuer,  de  tout  temps,  et  contribuent 
>«  par  les  biens  taillablesavecquesie  commun  de  la 
«  dicte  ville,  etc.  »  !ll)id.  T.  V.  p.  391J.)  «  Tons  les 
"  Estais  du  pais,  lant  messeigneurs  de  l'Eglise, 
<'  messeigneurs  les  nobles,  que  le  commun,  et  la 
<'  chose  publique  en  général.  ■•  (Le  Jouvenc.  fol.  78.) 
On  lit,  au  sujet  du  convoi  de  Charles  VI,  en  1422, 
et  de  ceux  qui  y  assistèrent  :  ■'  Tous  les  mandians, 
«  l'université  en  son  eslat,  tous  les  collèges,  tout  le 
«  parlement,  le  chastellet.  le  commun,  etc.  "  (.Journ. 
de  Paris  sous  Charles  VI  et  Vil,  p.  89.) 

On  disoit  les  gens  du  commun,  pour 
des  communes.  (Voyez  le  P.  Daniel,  Mil 
p,  407.) 

^  Commun  se  prenoil  quelquefois  poui'  une  com- 
munauté, un  corps  en  général.  Ainsi  fe  commun 
des  pucelles  se  disoit  pour  les  pucelles  en  commun. 
«  La  seconde  lance  envoyée  par  le  commun  des 
>.  pucelles.  "  (Percef.  Vol." VI,  fol.  03.) 

Le  corps  des  magistrats  municipaux,  dans  la 
Franchise  de  Verdun,  se  nommoil  li  communs  de 
la  ville.  La  Thaumass.  Coût,  de  Berri,  p.  22.)  On 
nommoit  aussi  li  communs  le  corps  entier  des 
habilans. 

Parfois  ce  pet  tout  li  communs. 

Purs.  ,\iS.  availl  r.>UO.  T. 


la  milice 
Fr.  T.  1, 


'^  Commun  signifie 
amans  qui  sont  d'inte 


IV,  p.  1374. 

communication  entre  deux 
igeuce,  dans  le  passage  sui- 
vant, où  l'auteur,  après'avoir  ditdedeux  personnes 
qui  s'aimoieul,  (lue,  lorsi]u'eiles  étoient  ensemble, 
«  Soûlas  et  déduits  y  estoienl  de  commun  »,  ajoute 
plus  bas,  en  parlant  de  ce  qui  donnoit  matière  aux 


(1)  On  ut  au  xiF  siècle  dans  Wace  (Vierge  Marie,  p.  54)  :  «  Icil  qui  par  ceste  mer  vaut,  Ce  sunt  li  liome  de  oest  munt,  Qui 
sunt  en  grant  comocion.  »  (n.  e.) 

(2)  La  commode  était  une  carcasse  de  fil  de  fer  entouré  de  gaze  pour  servir  de  soutien  à  l'ensemble  d'une  coiffure 
compliquée  dont  l'origine  est  le  fontange  :  '<  On  portait  dans  ce  temps  là  des  coiffures  qu'on  appelait  des  commodes,  qui  ne 
s'attacliaient  point.  »  (S'  Simon,  p.  525,  ch.  CCXLVI.)  (N.  E.) 

(3)  Ce  mot  ne  se  trouve  pas  dans  l'édition  Henschel.  (N.  E.) 

(4)  On  lit  au  lib.  psalmor.  (xa«  siècle,  p.  34)  ;  «  Et  commuverat  li  sire  le  désert  Cades.  »  On  lit  aussi  dans  Chastelain,  cité 
par  Dochez  :  «  Et  qu'est  venu  f^iire  ce  duc  Charles...  qui  vient  commouvoir  tout  le  royaume  ?  »  (N.  E.) 

(5)  On  le  trouve  aussi  dans  Froissart  (éd.  Kervyn,  VI,  KIU)  :  «  Il  acquist  tant  d'accord  en  la  bonne  chité  d'Ammiens  des 
grans  bourgois  et  d  aucuns  des  commuijnts  que...  »  (,N.  E.) 

(6)  «  Signeur,  vous  allés  en  grant  péril,  car  il  y  a  mauvais  commun  en  cesle  ville,  k  (Froissart,  I.X^,  2b9.)  Il  dit  même  au 
pluriel  (VI,  37)  :  «  Li  dus  assembla  grant  fuison  des  communs  de  Paris  qui  estoient  de  sa  secte.  »  (N.  E.) 


co 


126  — 


CO 


soupçons  :  «  Telle  chose  ne  peult  estre  sans  aucun 
«  commun  qui  cher  te  pourroil  couster.  »  ;Percef. 
Vol.  V,  fol  it-i.) 

°  Enfin,  il  y  a  un  droit  ([ue  Tou  nomme  commun 
de  /)aix  ou  de  la  paix.  Ce  droit  appartient  au  roi 
comme  comte  de  Rhodes,  et  se  lève,  dans  le  Rouer- 
gue,  sur  les  hommes,  sur  les  bêles  et  sur  les  mou- 
lins. (Voyez  Laur.  Gloss.  du  Dr.  franc.)  Il  est  fait 
mention  de  ce  droit  dans  une  Ord.  de  Charles  V,  en 
1371.  (Ord.  ï.  V,  p.  703,  art.  '20,  p  700. j  (1) 

VARI.^NTES  : 
COMMUN.  Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  III,  p.  'i'M.  etc. 
Communs,  plur.  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  IV,  p.  1374. 
Kemun.  Carpentier,  Hist.  de  Cambray  18,  tit.  de  1133. 
QuEMON.  Gloss.  de  l'IIist.  de  tiret. 

Commun,  adj.  Qui  concerne  le  peuple  *. 
Public  °.  Réuni  '^. 

*0n  disoit,  au  itvem\er  sens,  commu7is  jiigemens, 
pour  jugemens  qui  concernoient  le  peuple,  et  qu'il 
avoit  intérêt  de  maintenir.  «  Il  est  appelle  commun 
•>  jugement,  por  ce  (lu'il  est  oltroyé  à  chacun  dou 
«  peuple  que  ils  les  mainleigiient.  »  (Ane.  Coût. 
d'Orléans,  h.  la  suite  de  Beauman.  p.  470,  chapitre 
des  communs  jugemens.) 

^  De  là  ce  mot  signifioit  public.  «  Les  choses  vou- 
«  Ions  estre  criées  par  tous  les  lieux  communs  », 
c'est-à-dire  dans  les  places  publiques.  (Ord.  T.  1, 
p.  426.) 

'^  L'idée  de  communauté  renferme  celle  de  réu- 
nion ou  de  généralité,  universalité;  aussi  trouvons- 
nous  cojhh»/»,  pour  réuni,  mis  ensemble,  dans  ces 
vers  : 

Au  tiers  jour  ensemble  s'esmurent, 
Leur  connestablies  cijmmunes, 
A.  un  lieu  c'on  nommoit  les  Dunes. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  327,  V. 

Remarquons  les  expressions  suivantes.  On 
disoit  (2)  : 

1°  Lettres  communes,  pour  lettres  patentes.  (Fabl. 
MSS.  du  R.  7218,  fol.  302.) 

Commun  (serement),  pour  serment  général. 
(Rymer,  T.  I,  p.  82,  tit.  de  1263.)  Dans  un  traité 
d'accord  fait  enire  Edouard,  tils  aine  du  roi,  et 
quelques  grands  du  royaume,  on  lit,  au  sujet  de 
l'engagement  pris  à  vie  par  tous  les  contraclans, 
cette  clause  :  »  Sauve  le  commun  scrcmcnt  k'est  al 
"  honour  de  Deu,  e  a  la  fay  le  roi  e  a  profit  de 
«  reaume.  « 

Commun  instrument,  pour  loi  générale.  On  lit 
vers  la  fin  d'une  charte  :  «  Avons  volu  et  otroié 
<•  que  ceste  présente  charla  ait  valor  et  force  de 
«  commun  instrument  en  totes  cors  et  eu  tôt  juge- 
o  ment.  «  (Du  Bouchet,  Gén.  de  Coligny,  p.  58,  lit. 
de  1268.) 

Commune  vie,  pour  l'état  de  vivre  en  société  ou 


en  communauté.  S'  Bernard,  ayant  recommandé 
les  vertus  du  christianisme,  ajoute:  •■  Por  ceu  ke  li 
«  saintifiemenz  soit  parfaiz,  si  covienl  ke  nos  assi 
»  apregnioiis  del  saint  des  sainz  maiisuelude,  et  la 
»  grâce  de  comune  vie,  si  cum  il  mismes  dist:  apre- 
«  neiz  dist-il  a  mi  ke  je  suis  sueyr  et  humiles  de 
«  cuer.  »  (.S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  101.) 

2"  Paroles  communes,  ou  paroles  de  commun, 
pour  conversation  générale.  «  Tant  estoit  la  joye 
«  grande,  à  la  table,  qu'il  convenoil  les  plus  amou- 
«  reux  dire  parolles  de  commun.  «  (Percef.  Vol.  V, 
fol.  yi.)  »  Alors  commencèrent  à  entre  festoyer  l'un 
l'autre  par  paroles  quasi  communes.  »  (Ibid.  Vol.  VI, 
fol.  55  ) 

3»  La  cité  en  fut  toute  commune,  pour  exprimer 
que  le  bruit  s'en  répandit  par  toute  la  ville.  (Rom. 
de  Baudoin,  fol.  17.) 

4°  Tournoi  commun  ou  de  commun.  C'étoit  un 
tournoi  oi!i  les  combattans  n'éloient  point  divisés 
par  bandes,  mais  où  chacun  combaltoit  pour  son 
compte.  »  Lors  se  voulurent  par  bandes  partir; 
«  mais  Pauslonnet  les  détourna,  disant  que  le 
«  tournoi  étoil  commun,  et  que  chascun  fit  du 
«  mieux  qu'il  pourroil.  ■>  (Percef.  Vol.  IV,  fol.  158.) 
On  trouve  l'expression  tournoi  de  commun,  dans 
le  même  sens.  (Ibid.  Vol.  II,  fol.  123.) 

On  disoit  aussi  fête  commune,  avec  la  même 
signification.  «  La  fête  est  commune,  il  en  prend 
qui  veult.  »  (Ibid.  Vol.  V,  fol.  57.) 

5"  Avoir  cliamp  commun  signifioit  avoir  le  champ 
égal,  sans  aucun  avantage  : 

Et  moult  estoient  andui  prouz  ; 
S'ils  eussent  le  champ  ciuninun, 
Tost  fut  faite  la  fin  de  l'un. 

Rom  de  Brut.  MSS.  fol.  98.  R"  col.  2. 

6"  Canon  commun,  pierre  commune,  étoient  un 
canon,  une  pierre  de  grosseur  ordinaire.  «  Item 
"  vingt  autres  canons  communs,  gettans  pierres. 
«  Item  autres  pelis  canons,  gettans  plombée,  et 
•'  pierres  communes,  de  cent  à  six  vings  livres.  » 
(Le  Jouvenc.  fol.  85  ) 

On  a  dit,  au  même  sens,  en  parlant  d'une  tour, 

qu'elle  étoil 

Maçonnée  d'euvre  conimuiie. 

G.  Guiart,  MS.  fol.S5,  R-. 

l"Crime  commun  signifioit  peut  être  cri  me  commis 
contre  les  lois  de  la  commuante.  «  Que  nul  habi- 
"  tant  du  dit  lieu,  pour  cause  de  c\\'\\\e,  crime  com- 
"  mun,  ou  conlranx  fais  ou  dit  lieu,  ne  pourront 
«  estre  trais,  ne  comis,  ne  emprisonncis  hors  du  dit 
"  lieu.  "  (Ord.  T.  V,  page  706.)  L'éditeur  (note  E, 
ibid.),  conjecture  que  crime  commun  désigne  «■  les 
«  crimes  les  moins  considérables,  comme  l'on  dit 
«  encore  dans  un  sens  à  peu  près  semblable,  les 
«  délicls  communs,   et   les  cas  privilégiez.   «   Me 


(1)  On  lit  encore  au  reg.  JJ.  179,  p.  33,  an.  IMô  :  «  k  roccasion  de  ce  que  les  habitans  desdiz  lieux  estoient  refusans  de 
paier  le  comimm  de  la  paix  à  nostre  cousin  d'.^rniagnac.  >>  Ce  droit  fut  levé  à  l'origine  pour  solder  les  paissiecs  chargés  de 
maintenir  la  paix  de  Dieu.  —  Le  commun  {commune  vini)  était  perçu,  comme  l'octroi,  pour  les  besoins  communaux  :  «  Item 
voulons  et  octroions  que  lesdiz  consoulzet  conseillers...  puissent...  imposer...  taille,  queste,  gepte,  commun  et  imposition.  » 
(Lib.  d'Aigueperse,  JJ.  198,  p.  360,  an.  1374.)  (,n  e.) 

(2)  Coifi  1)1 14)1  jîays  signifie  plaine,  campagne,  dans  Froissart  (III,  339)  :«  Il  avoit  si  constraint  tous  chiaus  del  co)nmuii 
pays.  »  (N.  E.) 


co 


127  - 


CO 


seroit-ce  pas  plutôt  des  crimes  publics,  c'est-à-dire 
de  noloriélé  publique? 

8'  Droit  commun,  celui  qui  se  trouve  d"accord 
avec  le  droit  coutumier  et  le  droit  écrit.  «  Quand  la 
«  cuustuuie  s'accorde  au  droit  escript,  l'on  le  dit 
«  droictcommun.  ••  (Gr.  Coul.  de  P'r.  p.  12.)Cepen- 
dant  l'éditeur  de  Bouteiller  (Som.  Rur.  p.  141)  dit 
simplement  :  •>  droict  romain  qu'on  appelle  vul- 
«  gairernent  commun.  » 

9°  Estre  covinnui  s'est  dit  pour  état  naturel  ou 
ordinaire  en  parlant  du  sanglier.  «  Il  est  plus 
«  impétueux,  et  de  plus  granl  couraige,  quand  il 
«  est  eschauffé,  que  quand  il  est  en  son  commun 
..  esirc.  ..  (Percer.  Vol.  VI,  fol.  80.) 

10"  Femmes  communes,  ribaudes  co7n7mmes, 
poui'  femmes  publiques. 

Vous  avez  nostre  chambrière 

Requis  d'amours,  deux  fois,  ou  trois  : 

Vous  estes  alez  piusuers  fois 

Veoir  Helot,  et  Eudeiine, 

Isabel,  Margot,  Kateline, 

Et  couché  aux  l'eiiiines  communes. 

Eusl.  Desch.  Pois.  MSS.  fol.  ôlC,  col.  4. 

«  Item  soient  boutées  bors  ribaudes  communes, 
«  tant  de  champs,  comme  de  villes.  »  (Ord.  T.  I, 
p.  74.)  On  lit,  dans  le  latin,  expellanUn  autem 
pubiicc  merelrices,  etc. 

11"  Jours  communs,  pour  jours  ouvrables,  jours 
ouvriers. 

L'en  voit  le.s  cers  natureleraent  muer, 

L'an  une  fois,  le  merrien  de  leurs  testes  ; 

Et  leur  suffis!  un  an  celuy  porter. 

Sans  changement  ;  mais  les  dames  sont  prestes 

D'entrechangier,  Biixjourscoininiiiis,  aux  festes 

L'habit  de  chief,  en  estrange  manière. 

Eusl.  Desch.  Pops.  MSS.  fol.  328. 

12°  Etre  commun  de  bien  avec  un  autre  signifie 
le  valoir  pour  la  fortune,  lui  être  égal.  (Fabl.  jiss. 
du  R.  n"  7218,  fol.  70.)  C'est  dans  ce  sens  d'égal 
que  l'on  a  employé  le  mot  commune,  en  parlant  de 
deux  forteresses  bâties  ou  plutôt  situées  de 
manière 

.  .  .  Que  se  l'en  preist  l'ime, 
L'autre  à  deil'endre  fust  commune. 

G  Guiarl,  MS.  fol.  G3,  V". 

C'est-à-dire  également  propre  à  défendre. 

13°  On  nommoit  commune  observance  >■  un 
«  establissement  que  le  seigneur  a  estably  en  la 
"  cour,  outre  les  us,  stille,  ou  rit  qui  y  est.  »  (Bout. 
Som.  Rur.  p.  7.) 

14°  On  disoit  de  main  commune,  pour  conjointe- 
ment, de  concert.  (Voyez  Traité  de  Ms' frère  de 
Louis  XIII,  avec  l'Espagne,  en  1042.)  ■•  Il  est  convenu 
«  que  les  avméesagt  vont  de  commune  main,  h  même 
"  fin,  avec  bonne  correspondance.  »  (Mém.  de 
Montresor,  T.  Il,  p.  145.) 

15°  .1  la  commune  se  disoit  pour  à  l'ordinaire, 
à  l'entrée  de  Charles  Quint  à  Boulogne  :  «  Venoient 
«  les  pages   de  l'Empereur  montez    sur  de  très 


»  beaux  chevaux,  les  uns  à  la  genefle,  les  autres  à 
«  la  commune,  que  les  Espagnols  appelloiênt,  pour 
«  lors,  à  la  bastarde.  ■•  (Brant.  Cap.  Estr.  T.  I,  p.  26.) 
Nous  expli(|uerons  au  mot  genette  ce  que  c'étoil 
que  monter  un  cheval  à  lagenetle. 

Coiniminages.  [Intercalez  Conimunages,  gens 
du  commun  :  «  Pensés  vous  que  ces  conimunages 
"  sachent  combattre.  >>  (Froissart,  XIII,  174.)]  (n.  e.) 

Comniiinaison,  subst.  fém.  La  communion, 
la  cène.  (Dict.  de  Borel  et  de  Corneille.) 

Comiminal,  adj.  Commun,  public  *.  Lié  d'in- 
térêt ou  d'amitié  °.  Indiscret*^.  Banal  °.  Le  commun, 
le  peuple^. 

*  Le  premier  sens  de  ce  mot  signifioit  commun, 
public.  On  disoit  : 

Il  ne  chaut  du  bien  communal. 

Eust.  Desch.  Poés.  MSS.  fol.  Stîfl,  col.  2. 

«  Decommunau  grant  -,  pour  de  grandeur  com- 
mune, ordinaire.  (Assis.  deJerus.  p.  81.) 

Par  tôt  le  cors  l'a  coninunal. 

Pailon.  do  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  152,  R*  col.  1. 

On  a  dit  aussi  communaux  au  singulier.  (Balade 
du  Bien  communaux;  Eust.  Ueschamps,  Poës.  mss. 
fol.  343.)  Selon  Borel,  Dict.  au  moi  €ommunaii,v, 
on  prend  en  Languedoc  comuual  et  coumunal  sub- 
tantivement,  et  l'on  appelle  lou  comunal  (le  com- 
mun) un  pré  ou  autre  lieu  appartenant  à  la  ville. 

^  On  a  aussi  employé  communal  pour  signifier 
lié  d'intérêt,  de  commerce  ou  d'amitié.  «  Ensi'furent 
«  mult  comniunel  li  Grieu,  et  li  François  de  totes 
«  choses  et  de  marchandises,  et  d'autres  biens.  >> 
(Villehard.  p  76.)  Les  variantes  écri\eni  comunel 
elcomnuel  (1). 

'^  On  a  dit  communal,  pour  indiscret,  babillaid, 
qui  communique  son  secret  à  tout  le  monde. 

Bien  mi  devroit  Dieus  haïr 
Se  g'iere  si  com)inniaHs, 
Que  j'eusse  dit  entr'aus, 
Dont  maus  li  deust  venir. 

Poés.  MSS.  Vatican,  n- 1  WO,  fol.  30,  V". 

Nous  trouvons  cette  pièce  répétée  sous  le  nom  de 
Thiébaut  de  Blazon.  (Pocs.  mss.  avant  1300,  T.  I 
p.  27.) 

°  Ce  mot  a  signifié  banal,  qui  se  communique  à 
tous,  en  parlant  des  femmes  qui  accordent  trop 
facilement  leurs  faveurs  : 

Si  Diex  plut  que  je  feusse 
De  ma  dame  le  plus  haus, 
Certes  liîon  gré  l'en  seusse; 
Mes  trop  parest  coiDinumtnx,  etc. 

Gaces  Bi'ulez,  cilé  par  Fancli.  Lan;;^.  et  Poès.  fr.  p.  124. 

^  Enfin,  communaux  s'est  employé  pour  dési- 
gner, en  général,  le  public,  tout  le  monde. 

Assés  le  set  li  coinmuitaus  (2), 
Ke  mesire  li  cardonaus, 
Ki  est  nos  castelains  d'Arras, 
Il  fait  sovent  joie  do  bras. 

Poês.  MSS.  avant  1300,  T.  IV,  p.  1336. 


(1)  Dans  Roland,  il  se  dit  de  guerriers  agissant  de  concert  :  «  Tenent  l'enchaU,  tuit  en  sunt  cnumnel.  »  (V.  2446.)  Dans 
Partonopex,  il  se  dit  de  personnes  à  l'abord  facile  (v.  2298)  :  «  De  bel  parler  est  comixanals  :  Nus  n'est  si  povres,  s'il  le  voit, 
Ne  U  est  vis  que  ses  pers  soit.  »  Il  en  est  de  même  dans  Christine  de  Pisan  (Charles  V,  III,  10)  :  «  A  ce  ne  failloit  mie  nostre 
prince,  douls  et  humain,  commutial  entre  ses  amis,  fier  et  hardy  contre  ses  adversaires.  »  (n.  e.) 

(2)  «  Paradis  est  celestiaus  ;  Mes  n'est  mie  à  toz  communaus.  o  (Renard,  v.  G77i.)  (n.  e.) 


co 


128  — 


GO 


VAIUANTES  : 
COMMUNAL.  Oiidin,  Dict. 
CoMUN'AL.  Borel,  Diet.  au  mot  Cntmnunanx. 
CoNML'NAL.   l'ailûii.  lio  RI.  MS.  de  S.  G.  fol.  im,  R»  col.  1. 
CoM.MUNAU.  Assis,  (ie  Jerus.  p.  81. 
CoMMUX.AUX.  Eust.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  343,  col.  4. 
CoMML'NEL.  Villeharii.  u.  76. 
CoMUXEL,  Co.MNUEi..  Ibill.  Variantes  marginales. 
CouMUDAL.  Du  Gange,  au  mol  Communale. 

Coniniunalité.  subst.  fém.  Communauté  de 
villenu  autres*.  Hépublique^.  Peuple,  populace'^ (1). 

*  On  a  dil,  an  premier  sens  :  «  L'université,  ou 
«  fo?H?Hi/H«//(/ (les  .luifs,  ou  Juifves.  ■■  (Ord.  T.  III, 
p.  467  —  Voyez  Gloss.  de  l'IIisl.  de  Bret.)  De  là, 
l'expression  'en  coinmitnité .  pour  ensemble,  en 
commun.  "  En  une  partie  de  Tlirace  les  habilans, 
«  et  les  oyseaux  de  proye  chassant  les  oyseaux 
«  ensemble,  et  comme  en  communité.  »  (Bucïé,  des 
Oiseaux,  fol.  \-îi.) 

^  En  étendant  celle  acception,  ce  mot  semble 
s'être  pris  pour  République,  en  ce  passade:  «  L'un. 
«  ny  l'autre  prince  ne  pourroit  faire  tiaictté,  ny 
«  alliance  avec(|ues  aucun  autre  prince,  potentat, 
"  ou  commiiunulé,  sans  le  sceu,  et  associemenl 
"  l'un  de  l'autre.  ■■  (Mém.  Du  Bellay,  liv.  IV,  p.  90.) 

'^  Cunimnnaiité  signilioit  aussi  peuple,  populace, 
comme  dans  ce  passatce  :  »  Ceux  de  la  cité,  ou  il  y  a 
"  grand  co/H?«i(Hfl?i/e(2),  s'émeurentde  tous  lez  :  et 
'■  se  meirent  moult  tierement  en  deffense  ;  et  bien 
«  leur  en  esloit  hesoing.  »  (Froissart,  liv.  I,  p.  '■22\.) 

De  là,  on  a  dit  en  communité,  pour  en  public. 
«  Partout  ou  on  le  voit  en  communité.  »  (Percefor. 
Vol.  VI,  foH»7.) 

On  disoit  aussi  terres  de  communauté,  pour 
terres  hermes  et  vag':es,  dans  quelques  pays  ;  sau- 
vages, dans  d'autres,  qu'on  appelle  à  présent 
savarts,  dans  quelques  endroits  :  "  Terres  hermes 
«  et  vagues,  en  quelques  endroits  dites  de  commu- 
«  nauté,  en  autres  sauvages.  »  (Coût,  de  Lorraine, 
au  Cont.  Gcn.  T.  Il,  p.  1063.) 

VARIANTES  : 
COMMUNALITÉ.  Gloss.  de  l'Hist.  de  Bretagne. 
CoiiMUNALTÈ.  Ord.  T.  III,  p.  467. 

COiMMUNAUTÉ.  Perard.  Hist.  de  Bourg,  p.  430,  tit.  de  1234. 
COMMCNETÉ.  Ibid.  T.  I,  p.  426. 

CoMMU.N'iTEiT.  S.  B.  S.  fr.  MSS.  p.  221.  En  \at.com  muni  tas. 
Communité.  Perard.  Hist.  de  Bourg,  p.  430,  tit.  de  1234. 
CoMMUSTÉ.  Perard,  Hist  de  Bourg,  p.  430,  tit.  de  1234. 
OUEMUNETÉ.  Bpaumailoir,  p.  119. 
Communai;té.  Orih.  subsistante. 
COMUNE.  Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  430,  tit.  de  1234. 
Commun,  .s.  m.  Duch.  Gén.  de  Bethune,  p.  137,  tit.  de  1248. 
CoMMUN.\T.  (i.E),  .5.  m.  Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  486. 

Comiminalment,  adv.  Publiquement,  géné- 
ralement*. En  commun,  mutuellement^.  Ce  mot 
.'^uhsisfe  sous  l'orthographe  communément. 


*  On  lit,  au  premier  sens  de  publiquement,  dans 
les  passages  suivans  :  «  .Si  la  raison  est  bonne,  et 
«  loyaux,  et  communuument  sauvée  (lis.  sceue).  » 
(Ord.  T.  1,  p.  112.)  "  Et  cotnmunelment  [3)  fait  crier, 
«  et  défendre.  >■  (Ibid.  p.  420.) 

Et  se  dist  on  partout  rjuemunenient. 

PoC-s.  MSS.  Valican,  n'  liflO,  fol.  180.  R». 

°  Communément  signifie  mutuellement,  dans 
cette  plirase,  où  il  s'agit  du  rendez-vous  de  deux 
amans  :  -  Et  furent  seul  à  seul,  si  le  jouèrent 
"  communément,  et  lit  l'uiig  la  volonté  de  l'autre.  » 
(Lanc  de  Lac,  T.  II,  fol.  r.6.)  (4) 

VARIANTES  : 
COMMUNALMENT.  Villehardouin,  p.  63. 
CoMMUNALMANT.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  T.  II,  fol.  152. 
CoMUNALMENT.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  58.  R»,  col.  2. 
CoMUNALEMENT.  Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  II,  p.  810. 
CouMUNALMENT.  Ph.  .Mouskes,  MS.  p.  94. 
CoMMUNAUMENT.  Duch.  Gén.  de  Montmorency,  p.  386. 

COMMUNELEMENT.  Ord.  ï.  III,  p.  ,578. 
COMMCNELMENT.  Ord.  T.  I,  p.  420. 

QuE.MUNEMENT.  Poës.  MSS.  Vat.  n»  1490,  fol.  180,  R». 
Communément.  Fabl.  MSS.  du  B.  n»  7218,  loi.  59,  V»  col.  2. 
CoM.MUNÈMENT.  Orth.  Subsistante. 

Coniniunaux,  snbj.  Peut-être  droit  ou  héri- 
tages appartenant  à  une  commune.  Dans  les  lettres 
d'affranchissement  des  habilans  de  Ponlarlier  et 
leurs  coutumes,  on  lit:  »  El  lor  octroy  et  quitteroy 
«  franchement  les  communaux  en  tel  fi'anchise 
»  comme  les  autres  choses  sauves  mes  amendes.  » 
(Perai'd,  Hist.  de  Bourg,  p.  i86,  titre  de  12.")7.) 

(.ommune (.")),  snbst.  fém.  Liaison,  union  intel- 
ligence. 

Mez  n'out  entr'euls  paiz,  ne  commune. 

Rom.  de  Rou,  MS.  f.  194. 

Voici  d'ailleurs  quelques  expressions  remarqua- 
bles que  ce  mot  fournit  : 

l'  La  commune  d'armes  étoil  la  foule  des  eom- 
Lattans.  >•  Ainsi  crioienl  heraulx,  et  menestriers,  et 
«  chevaliers  et  dames,  et  damoiselles  le  disoient 
«  les  ungs  aux  autres  par  les  hours  (échatlaux, 
'  balcons,  loges),  et  le  monstroient  au  doid,  en  la 
»  commune  d'armes  ouilestoit.  »  (Percef.  Vol.  II, 
fol.  126.) 

2°  Commune  de  feu  et  eve  signifioil  communi- 
cation, usage  commun  du  feu  et  de  l'eau.  «  Nous 
«  appelions  cens  (Jugements)  capital  qui  tormentenl 
»  de  trop  grief  lormant,  si  comme  l'en  détient  à 
•■  aucuns  la  commune  de  feus  et  de  eve,  ou  se  il 
«  est  envolez  en  assit  (exil),  on  condampné  à  peine 
«  demelail.  »  (Ane.  Coût.  d'Orléans,  à  la  suite  de 
Beaum.  p.  470.) 

3"  Paque  de  commune.  Paiement  assigné  sur  des 
immeubles.   >■  Ne  estre  receuz  à  assigner  le  paie- 


(1)  Dans  Beaumanoir,  le  mot  s'applique  aux  villes  ayant  charte  de  commune  (XXI,  26)  :  «  Et  ceste  compaignie  se  divise 
en  deus  manières,  car  l'une  est  des  cummunaulés  si  est  par  reson  de  amimune  otroiée  de  seigneur  et  par  chartre.  »  (N.  E.) 

(2)  Ce  sont  les  gens  du  commun;  on  lit  encore  au  t.  VU,  p.  184  :  «  J'ay  bien  soissante  mil  hommes  de  communautés  à 
lauces,  à  archigaies,  à  dars  et  à  pavais.  »  (M.  E.) 

(3)  De  même  dans  Froissart  (II,  14)  :  «  Li  opinions  commuiielment  des  Englès  est  telle...  »  (N.  E.) 

(4)  Communément  signifie  encore  tous  ensemble  (Froissart,  XIV,  238):  «  Se  le  voyage  y  estoit  accoursé,  les  chrestiens  y 
vendroient  c  mmnnemeut,  toujours  conquérant  avant.  »  (n.  e.) 

(5)  Comiiuiiie  s'applique  nux  viUes  pourvues  du  chartes  depuis  Beaumanoir  (80')  :  «  Cil  qui  sont  procureur  par  le  commun 
d'aucune  vile  en  laquele  il  n'a  point  de  commune.  »  Voyez  sur  ces  communes  l'article  de  M.  Félix  Bourquelot  au  dictionnaire 
historique  de  Lalanne.  (n.  e.) 


co 


—  129  — 


CO 


«  ment  de  telle  somme,  sur  leurs  biens  immeubles, 
«  i|ue  l'on  appelle  vulgairement  pnque  de  com- 
«  nnoie.  »  (Coul.  de  Bayonne,  Coût.  Cén.  T.  Il, 
p.  708.) 

Coininiiner,  verbe.  Partager  en  commun, 
partager  également.  (S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  358. 
En  latin  cdminnnicare.] 

...  Je  ferai  encore  le  gaaing  commiiuei' ; 

Si  que  tuit  en  serons,  et  compaingnon,  et  per. 

Rom.  de  Rou,  MS.  p.  124  et  125. 

Coinmuner,  snbst.  masc.  Terme  de  coutume. 
Il  signilie  ceux  qui  ont  droit  à  une  même  commune, 
qui  sont  de  la  même  commune. 

Doivent  Eglises  présenter 
Prevotz,  majeurs,  commioujers. 

Eusl.  Desoh.  Poes.  MSS   fol.  416,  col.  3. 

VARIANTES  : 
COMMUNER.  Britt.  Loix  fl'Anglet.  fol.  144. 
Communier.  La  Thaum.  Coût,  de  Berry,  p.  240. 
CoMMliNYER.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  416,  col.  3. 

Communiant.  C'est  le  participe  du  verbe  com- 
munier. Nous  ne  le  citons  qu'en  faveur  de  cette 
expression:  «  Pasqiws  communiant  (1),  puur  le 
«  dimanche  de  la  résurreclion.  »  (Du  Gange,  au 
mol  Pascha  communicans.) 

Communication,  snbst.  féni.  Conférence.  On 
lit,  dans  un  Concordat  de  1541  :  •  Le  second  jour 
«  de  mars,  l'an  15'i1,  avant  Pasques,  après  plu- 
«  sieurs  communications  tenues  sur  les  articles 
«  que  dessus  entre  les  députez,  etc.  »  11  est  rapporté 
dans  le  Nouv.  Coût.  Gén.  T.  11,  p.  160. 

Communicion,  svbsit.  fém.  Communication, 
commerce.  «  Le  magnanime  aussi  hait,  et  fuit  adu- 
«  lation,  et  ambition,  pour  ce  ne  quiert  la  commu- 
«  nicion  des  hommes,  pour  ouyr  leurs  flateries.  >' 
(Hist.  de  la  Toison  d'Or,  Vol.  I,  fol.  11. 

Suyvant  le  peuple,  et  son  opinion, 
Ou  vous  n'avez  part,  ne  communion. 

Melin  de  S.  Gelais,  p.  32. 

VAIilANTES  : 
COMMUNICION.  Hist,  de  la  Tois.  d'Or,  Vol.  I,  fol.  11,  Y». 
Communion.  Melin  de  S.  Gelais,  p.  32. 

Communiquer.  [Intercalez  Communiquer  , 
approcher  au   reg.  JJ.   195,   p.   604,    an.    1471: 

-  Giraull  de  Monmiral  s'estoit  vanté  qu'il  manieroit 
"  bien  le  suppliant  et  autres  en  despil  de  lui,  s'ilz 
«  ne  se  gardoient  de  le  communiquer.  »]  (n.  e.) 

Communiquïn,  sub&t.  musc.  Petite  hostie. 
Del'ilalien  communicbino.  (Dicl.  d'Oudin.) 

Communite,  adj.  au  [cm.  Commune.  On  a  dit, 
en  ce  sens  :  ■>  Contre  la  communite  opinion  de 
«  tous.  »  (Chron.  S.  Denis,  T.  11,  fol  26.) 

Commutation,  subst.  fém.  Echange.  «  Rame- 
«  neray  aucune  noble  dame,  par  la  commutation 

-  de  laquelle  vous  pourrez  ravoir  Exione  votre 
«  sœur.  »  i^Tri.  des  IX  Preux,  p.  235.) 


Compacient,  adj.  Compatissant.  i<  Sans  leur 
«  pouvoir  donner  autre  secours,  que  prier  Dieu 
<•  pour  eulx,  et  estre  compaciens  en  leur  perte.  » 
(J.  d'Aut.  Ann.  de  Louis  Xll,  de  1499.) 

VARIANTES  : 
COMPACIENT.  .T.  d'Aut.  Ann.  do  Louis  XII,  p.  315. 
CoMP.\TiENT.  Al.  Chart.  l'Esper.  p.  348. 

Compaction,  s!/&s^  fém.  Pacte*.  Assemblage 
de  parties^. 

*  On  lit,  au  premier  sens  de  pacte  :  «  Je  n'ay,  ne 
«  enlens  porter  sur  moy ,  ne  sur  mon  cheval, 
«  paroles,  pierres,  herbes,  charmes,  cha:  ois,  conju- 
«  rations  de  compactions,  invocations  d'ennemis.  •> 
(Banage,  sur  les  Duels,  p.  19.) 

"On  a  dit  aussi  compaction,  pour  assemblage  de 
parties  qui  constituent  un  tout.  Le  passage  suivant 
développera  mieux  celte  acception  : 

Beauté,  qui  si  tost  se  delTait, 
Est  simple  en  soy;  mais  s.a  compaction, 
Qui  emplit  l'oeil  de  satisfaction, 
Gist  en  plusieurs  qui  n'ont  semblance  aucune. 
McliiideS.  Gelais,  p.  91. 

Compagnalile,  a'//.  Sociable.  «  lis  commen- 
"  cerent,  ;îu  lieu  d'une  vie  brutalle,  en  prendre 
«  une  plus  compagnahic  el  honneste.  »  (Dial.  de 
Tahur.  p.  56.) 

Ha  il  n'est  pas  compa'pmhle  à  demy. 
Qui  ne  veut  pas  que  sa  femme  ayt  ami. 

Melin  de  S.  Gelais  p.  178. 

VARIANTES  : 
COMPAGNABLE.  Oudin,  Dict. 

COMPAIGNABLE.  Nicot,  Dict. 

CoMPAiGNAULE.  S.  Bem.  Serm.  fr.  MSS.  p.  254. 

Compagne,  SHbs/.  fJm.  Compagne*.  Femme, 
épouse  °  [•!) 

*  Ce  mot  subsiste  sous  cette  orthographe,  et  dans 
la  première  acception  de  compagne.  On  trouve 
compnigne,  en  ce  sens,  dans  S.  Gelais,  compaignie 
dans  Perceforest,  compengne  dans  le  Testament  du 
comte  d'.'UençoM,  etc.  ;  compaignesse  dans  un 
recueil  de  Poës  tr.  mjs.  av.  1300. 

Sachiez  qu'ele  a  des  compairjnesses, 
Qui  bien  sont  autre  tels  barnesses. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7-218,  fol.  223.  V  col.  1. 

^  On  employait  autrefois  ce  même  mot,  pour 
épouse.  Ainsi  on  lit,  dans  l'IIisl.  d'Artus  III,  connest. 
de  France,  duc  de  Bret.  p.  789:  «  Le  connétable  s'en 
«  retourna  à  Vire,  oîi  se  l'cndit  madame  sa  compa- 
»  gne.  » 

Ce  mot  est  pris  au  même  sens  sons  l'orthographe 
Jiompagnc,  dans  Carpenlier  Histoire  de  Cambray, 
p.  18,  lit.  de  1133,  el  dans  Brilt.  Loix  d'Angl.  f°  27.) 
Le  roi  se  réserve,  dans  la  pêche  de  la  baleine,  la 
tête  •■  et  la  couve  (queue)  à  nosire  compaijne  », 
c'est-à-dire  à  la  reine.  ■■  La  femme  est  ditle  compa- 
"  gnonne  d\i  mary.  »  (Sag.  de  Charr.  p.  182.) 

On  disoit  boniies  compagnes,  pour  femmes  galan- 
tes, dans  le  sens  où  nous  disons  bon  compagnon. 
«  Charlemagne  fut  forl adonne  aux  femmes;  mêmes 


(1)  «  Le  mardi  après  la  quinzaine  de  Pasques  commnniiDia.  »  (.1.1.  13S,  p.  27,  an.  138?  ) 

(2)  On  lit  aussi  au  Glossaire  latin-français  7684  :  «  Paranympha ,  coinpaigne ,  qui  lient  compaignie  à  nouvelle   fiancée  , 
paranymphe.  »  (n.  e.) 

IV.  17 


co 


130  - 


co 


"  ses  iWes  hiri'nl  bonnes  compagnes  H).  »  (Brant., 
Dames  111.  p.  90.) 

V.'VRIANTES  : 
eOMP.\GNE  Orth.  subsist. 

CoMPAiGNE,  Co.MPAYNGE.  Rvnjpr,  T.  I,  p.  109,  tit.  de  1-268. 
CoNPAiGNE.  Fiibl.  .\1SS.  du  R.  n   7615,  T.  II,  fol   17.5. 
Co.MPENGNE.   Teslam.  du  comte   d'Alençon,  à  la  suite  de 
Joinville,  pngp  -IKi. 
COMPAYNE.  Brin.  Loix  d'.\ngl.  toi.  27,  R°. 
COMPAIGNIE.  PfTcef.  Vol.  IIl,  fol.  10,  V"  col.  1. 
CoMPAiGNEssE.  Poe-.  MSS  av.  1300,  T.  IV,  p.  1329,  etc. 
CoMPAGNONNE   Ch.ir.  Sagpsse,  p.  182. 
KompaGNE.  Carpentier,  Hist.  de  Cambray,  p.  18. 

Coiiipagiiée,  siihst.  fém.  Compagnie,  société 
d'amis  ou  d'amnsemenl  *.  Qualités  sociales^. 
Accompagnement^.  Train,  suite".  Société  de  ban- 
que ou  de  commerce^.  Communauté  d'héritage''. 
Totalité  de  troupe:iUx°.  Troupes  de  gens  de  guerre  ". 

^Co)npagn'u\  sous  cette  orthographe  ,  se  dit 
encore,  dans  presque  tous  les  sens  que  nous  venons 
d'appliquer  à  ce  mol,  et  en  particulier  des  sociétés 
d'amitié  ou  d'amusement.  Nous  disons,  en  ce  sens, 
homme  de  bonne  compagnie.  Ce  n'est  pas  une 
expression  nouvelle;  non  seulement  on  la  trouve 
dans  Chapellain  (voy.  Mem.  de  Litt.  et  d'hist.  T.  YI, 
part.  2,  page  389),  mais  même  dans  un  recueil  de 
Poës.  .MSS.  av.  1300,  T.  I,  p.  377.  On  y  lit  au  même 
sens  qu'aujourd'hui  : 

Lors  seroie  joiauz,  et  lenvoisiez 
El  à  plusors  de  bonc  compaignie. 

Mais  on  prenoit  aussi  autrefois  cette  façon  de 
parler,  dans  un  sens  dilférent  :  Faire  bonne  com- 
pagnie, c'éloit  bien  traiter,  faire  du  bien.  (Voyez 
Froiss.,  liv.  111,  p.  338  (2).)  Dans  l'histoirede  Boucic. 
liv.  I,  p  142,  nous  lisons  :  «  ÎS'eust  pas  fait  meil- 
«  leure  conipaignée  celui  Tamburlan  aux  chrétiens, 
«  que  iivoit  t'ait' Bajazet,  etc.  »  Être  de  bonne  com- 
paignie, se  trouve  au  même  sens,  dans  la  Contin. 
de  G.  de  Tyr,  Marteue,  T.  V,  col.  750. 

On  disoi't  au  contraire  faire  maie,  ou  dure  com- 
paignie pour  maltr;àter,  faire  un  mauvais  parti. 
(Vig.  de  Charles  Vil,  T.  II,  p.  83.  —  Le  Jouvencel, 
Ms.  p.  591 .)  Compagnie  françoise  (3)  étoit  encore  une 
expression  ancienne,  où  le  mot  compagnie  s'enten- 
doit  dans  le  sens  de  société  d'amusement,  de  plai- 
sir. Avoir  compagnie  françoise,  se  disoit  d'un 
homme  qui  couchoit  avec  une  llUe,  ou  d'une  femme 
qui  couchoit  avec  un  homme.  Dans  l'Histoire  du 
chevalier  Bayard,  p.  3:-;0,  en  racontant  son  aven- 
ture si  connue  avec  une  fille  qu'il  avoil  envoyé 
chercher  pour  coucher  avec  lui,  on  dit  qu'il  lui 
avoit  pris  volonté  à'avoir  compagnie  françoise,  et 
Bouchet,  Serées,  liv.  II,  page  V2i,  parlant  d'une 
femme  couchée  avec  son  galant,  dit  qu'elle  aiwit 
compagnie  françoise,  façon  de  parler  née  de  l'idée 
de  galanterie  attachée  à  notre  nation. 


On  disoit  encore  dans  le  sens  de  société,  compai- 
gne  de  daines,  compagnie  de  dames.  (Poës.  mss. 
d'Eusl.  Desch.  fol.  215.)  Dans  Modus  et  Racio,  ms. 
fol.  176,  on  trouve  aimer  la  compagnie,  d'être  avec 
quelqu'un,  dans  le  sens  où  nous  dirions  aimer  sa 
compagnie.  Cette  construction  tout  à  fait  hors 
d'usage  est  une  espèce  de  pléonasme. 

^  De  l'acception  de  société  d'amusement,  ce  mot 
a  passé  à  celle  des  qualités  qui  contribuent  à  ce 
même  plaisir  De  là,  compaignie  pris  pour  esprit, 
gentillesse,  dans  ces  vers  : 

En  mamie  a  cortoisie, 

Coinpaiijnie,  et  valor. 

Chans.  Fr.  du  XIII'  siècle.  MS.  de  Bouhier,  fol.  262,  V». 

Ce  mot  est  pris  pour  complaisance,  en  cet  autre 
passage  : 

En  rien  que  béguine  dit,  n'entendez 
Se  bien  non,  tôt  est  religion 
Canques  l'en  trues-e  en  sa  vie  : 
Sa  p  rôle  est  prophétie  ; 
S'elle  rit,  c'est  compaignie, 
S'elle  plore  devocion. 

Fahl.  MSS.  du  R.  u'  "615,  T.  I,  fol.  70,  R»  toi.  2. 

'^Compaignie  signifioit  aussi  accompagnement, 
l'action  d'accompagner.  C'est  en  ce  sens  qu'on 
disoit  je  vous  dcffends  ma  compaignie. 

.Te  ne  vous  larrazi  pas  ainsi, 

Je  vous  defîens  ma  compaignie  ; 
Vous  ne  passerés  plus  avant. 

Eust.  Desch.  Focs.  MSS.  fol.  271,  col.  4. 

°  En  étendant  cette  acception,  ce  mot  s'est  pris 
pour  train,  suite.  «  Un  esclave  chastré  de  la  com- 

«  paignie  (4)  de  la  femme  du  roy  Daire  (Darius),  etc.  » 
(Tri.  des  IX  Preux,  p.  143,  col.  2.) 

^  Nous  disons  encore  compagnie,  pour  société  de 
banque  ou  de  commerce.  On  appeloil  autrefois  les 
grans  compaignies,  une  société  de  banquiers  ou  de 
marchands,  dont  il  est  parlé  dans  une  lettre  de 
1308  sur  les  monnoies,  qui  ordonne  que  les  mail- 
les d'argent  seront  prises,  et  mises  par  trois  deniers, 
et  mailles  parisis.  »  N'ous  avons  entendu  les  chan- 
«  geurs,  et  les  grans  compaignies  qui  plus  pensent 
«  à  leur  singulier  profit  que  à  celuy  du  peuple,  les 
«  font  mettre  ,  et  prendre  [lour  quatre  deniers 
"  parisis,  en  giant  domage,  et  déception  doudit 
"  peuple.  »  (Ord.  T.  1,  p.  455.) 

C'est  dans  le  sens  de  société  de  banque  ou  de 
commerce  qu'on  lit  dans  Du  Bellay,  f°  409  : 

La  justice  y  a  lieu,  la  foy  n'en  est  bannie, 

Là  ne  sçait  on  que  c'est,  de  prendre  à  compagnie, 

A  change,  à  censé,  à  stoc,  et  a  trente  pour  cent. 

(Euv.  de  Joach  du  Bellay,  fol.  i09,  V. 

Vignes,  maisons,  argent  ù  compaignie, 
En  moins  d'un  an,  tout  cela  fut  vendu. 

Ibid.  fol.  493.  V. 

C'est  encore  dans  le  sens  de  société  de  commerce 
qu'on  a  dit  jouer  à  la  faulce  compagnie,  pour 


(1)  «  Nonobstant  que  laditte  fille  ou  temps  passé  eust  esté  bonne  compaigne,  et  de  son  corps  sa  voulenté  eust  faite.  » 
(JJ.  129,  p.  207,  an.  1386.)  (n.  e.) 

(2)  Ce  sont  des  procédés  de  bonne  compagnie  (XV,  237) .  «  Et  leur  fut  faite  toute  la  meilleure  chière  et  compaigiùe  que 
on  peult.  »  On  disait  même  pour  guerre  courtoise  :  «  Et  nous  faites  compagnie  d'armes  ,  Si  vous  en  sarons  gré.  » 
(IV,  300.)  (N.  E.) 

(3)  «  Pierre  de  Hergeville  après  la  mort  de  sa  femme  s'acointa  de  GuiUemete  son  hostesse  et  ot  foie  compaignie  avecques 
elle  de  son  bon  gré,  en  laquelle  foie  compaignie  il  persévéra  par  long  temps.  »  (JJ.  109,  p.  186,  an.  1376.)  (n.  e.) 

(4)  Ce  sens  est  déjà  dans  Roland  (str.  XLlII.)  (N.  e.) 


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131  - 


co 


tromper,  donner  le  chancre.  (Voyez  Monslrelet, 
Vol.  II,  fol.  S '22.) 

Homme  à  compagnie,  se  disoit  pour  compagnon. 
«  Que  nulz  variez,  soit  lormier  (sellier  ou  bourre- 
«  lier)  soit  couturier  (tailleur)  ne  puisse  prendie 
«  homme  à  compagnie,  s"il  n'est  ouvrier  du  dit 
«  mesUei-.  •'  (Ord.  T.  III,  p.  185.) 

Il  faut  peut-être  entendre  de  même  cette  phrase 
du  ï  I  des  Ord.  p.  10  :  «  Nul  home  qui  ait  compa- 
"  gnie  à  home  des  oances,  qui  ait  .société  d'intérêt, 
«  etc.  "  (>n  lit  dans  le  latin  :  «  Socielatem  hahens 
"  cuni  homin(^,  de  audientiis.  »  Avoir  compngnée 
s'est  dit  anciennement  pour  être  associé.  (La  Thau m. 
Coul.  d'Orl.  p.  465,  lit.  de  1168.) 

•"On  disoit  compagnie,  pour  communauté,  en 
parlant  d'héritage.  Compaignie  d'yvetage,  com-mu- 
nauté  d'héritage,  selon  le  Gloss.  de  la  Coutume  de 
Beauvoisis. 

°0n  nommoit  compagnie  de  bêtes,  les  troupeaux. 
La  Coutume  de  Saintonge  définit  compagnie  de 
bêtes,  la  totalité  des  troupeaux  qui  appartiennent 
au  même  maître.  (Voyez  Nouv.  Coût.  Cén.  T.  IV, 
page  884.) 

En  termes  de  chasse,  compagnie  se  dit  encore 
d'une  troupe  de  bêtes  noires.  Ce  mot  est  distingué 
de  barde,  troupe  de  bêtes  fauves.  (Fouil'oux,  Véne- 
rie, loi.  37.) 

"  On  disoit  aussi  compagnie,  pour  exprimer  ea 
généial  une  multitude. 

s.  Severins  fu  pape  apriès, 

Dont  furent  li  Juis  confiés, 
Et  balirné  par  toute  Espagne  : 
Moult  en  fu  grande  la  compmjiw. 

Ph.  Mouskcs.MS.  p.  43. 

Mais  l'acception  la  plus  étendue,  et  en  même 
temps  la  plus  importante  du  mot  compagnie,  étoit 
pour  troupes  de  gens  de  guerre.  On  le  disoit  dans 
un  sens  vague  pour  multitude  de  gens  armés  : 

Theobers,  et  li  rois  Clotaires, 
Pour  faire  guerres,  et  contraires, 
S'en  allèrent  droit  en  Espagne, 
Si  menèrent  tel  compagne. 
Qu'il  venquirent  tote  lor  gent. 

Ph.  Mouskus,  MS.  p.  18. 

Ce  mot  s'appli((i!oit  aussi  ù  divers  corps  de  trou- 
pes irrégulières  ou  régulières  dont  nous  allons  dire 
quelque  chose. 

Les  graus  compagnies,  les  gens  de  compagnie, 
les.  compagnies  blanches  (I),  furent  des  noms  donnés 
indibtinclemenl  à  des  troupes  iri'égulières  de  toutes 
nations  et  de  toutes  provinces  qui  se  formèrent, 
sous  le  règne  de  Jean,  pendant  la  régence  de 


Chailes  V,  son  fils,  et  qui,  comme  des  brigands, 
pillèrent  les  difïérentes  provinces  du  royaume. 
Nous  trouvons  même  l'expression  gens  de  compa- 
gnie prise  au  même  sens  que  celui  qu'elle  avoit 
sous  Charles  V,  appliquée  aux  biigands  dont  César 
composa  une  armée.  «  Ne  cessa  pas  pourtant  d'as- 
«  sembler  ung  grant  osl  de  larrons,  de  meurdi'iers, 
"  de  fugilil'z,  et  (/c'HS  r/e  compaignies,  i[m  lui  vin- 
'<  drent  en  ayde.  •>  (Tri.  des  IX  Preux,  p.  346.) 

On  nomma  aussi  ces  troupes  indisciplinées  les 
compagnons  et  les  tard  venus,  comme  nous  le 
marquerons  à  ces  articles.  Elles  passèrent  en 
Espagne,  sous  les  ordres  de  B.  Duguesclin  (2),  pour 
faireïa  guerre  au  roi  de  Casiille,  Pierre,  surnommé 
le  Cruel.  On  les  appela  alors  compagnies  blanches  (3), 
à  cause  des  croix  blanches  que  les  compagnons 
portoient,  sous  le  prétexte  d'aller  à  celle  guerre 
comme  ti  une  croisade.  Le  mol  compagnon  s'est  dit 
depuis  généralement  de  toute  e.^pèce  de  troupes, 
particulièrement  de  celle  du  plus  bas  état.  On  le 
trouve  employé  sous  le  règne  de  Charles  Vil,  en 
1440,  et  alors  ils  éloient  armés  d'arcs  e(  de  flèches. 
(Voy.  Du  Cange,  au  moiCompagnia,  et  le  P.  Daniel, 
Mil.  fr.  T.  I,  p.  1  il.)  «  Au  temps  que  les  îi'ois  Estais 
«  regnoyent,  se  commencèrent  à  lever  telles  ma- 
«  niei'es  de  gens  qui  portoyenl  maleltes.  »  (Frois- 
sar!,  liv.  I,  p.  '206,  an  1357.)  «  Ceux  de  Lyon,  sur  le 
«  Rosne,  furent  moultébahis,  quaml  ilsénlendirent 
"  que  la  journée  estoit  pour  les  compaignies.  « 
(Ibid.  p.  257.)  On  lit  plus  haut  :  «  Les  tard  venus.  » 
(Ibid.)  u  En  ce  contemple  (sur  ces  entrefaites)  cou- 
«  roit  parmi  le  royaume  de  France  une  très  grant, 
><  et  innumérable  multitude  do  peuple  qui  grant 
»  compengne  se  faisoient  appeller.  »  (Hisl  de  B. 
Duguescl.par  Ménard,  p.  169.)  (4)  Ces  mêmes  troupes 
sont  désignées  sous  le  nom  de  la  Grande  Compai- 
gnie, dans  le  Tri.  des  IX  Preux,  p.  517.  «  Quant  le 
«  Pape  entendi,  que  ceste  grant  compengne  aloit 
"  devers  luy,  qui  le  pays  de  Provence  pourroient 
«  bien  gaster  et  destruire,  si  envoya,  etc.  »  (Ibid. 
p.  174.)  »  Delà,  se  parly,  un  espie  lequel  esploila 
«  tant,  qu'il  trouva  le  roy  Piètre,  et  luy  dist  :  la 
«  blance  compengne  est  venue  par  deçà,  lesquelz 
«  viennent  des  parties  de  France,  et  ont  chacun 
»  une  cioix  blanche  sur  l'espaule.  »  (Ibid.  p.  181) 
«  Au  partir  d'Arragon,  priudre  chacun  la  croix 
«  blance,  et  pourtant  les  appelloit  ou  la  blnnce 
"  compengne.  »  (Ibid.  p.  183.—  Voyez  le  P.  Daniel, 
Ilist.  de  Fr.  Paris,  1729,  T.  V,  p.  136.)  On  lil,,  en 
parlant  de  B.  Duguesclin  : 


(1)  Voyez  dansVHistoire  de  Du  Gupsclin  de  M.  Siméon  Lnce,  le  chapitre  X,  consacré  aux  compar/n'es.  —  Voyez  aussi  la 
dissertation  de  M.  de  Fréville,  au  t.  III,  1"  série  de  la  Bibl.  de  l'Ecole  des  Chartes.  —  Les  derniers  Cap.  tiens  ayant  aboli 
les  guerres  privées,  nombre  de  gentilhommes  furent  réduits  à  l'inaction  et  à  l'indigence;  sous  Pbilippe-de-Valois,  ils 
se  choisirent  des  chefs  et  s'organisèrent  en  corps  fras'os  avec  le  concours  de  toutes  les  bandes  de  sergents  qui  voulurent 
partager  leur  fortune.  A  cause  de  leur  composition,  on  les  nomma  «  compagnies  de  gens  d'armes  et  de  trait.  »  Ces  troupes 
sans  maître  guerroyaient  sans  cause  et  s'inquiétaient  peu  des  traités.  tN.  E.) 

Ci)  Il  les  emmena  se  faire  battre  et  tuer  à  Navarette  (1367).  (N.  E.) 

(3)  Ce  nom  ne  s'appliqu.ait  qu'à  la  compagnie  commandée  par  Arnaud  de  Cervole  dit  TArchiprêtre.  (N.  E.) 

(4)  On  lit  dans  Froissart,  éd.  Kervyn  (VII,  80)  :  «  En  ce  temps  estoient  les  compaignies  si  grandes  en  Franche  que  on  ne 
savoit  que  faire  ;  car  les  guerres  dou  roy  de  Navarre  et  de  Bretaingne  estoient  faillies.  Si  avoient  apris  chil  compaignon  qui 
poursienwoient  les  armes,  à  pillier  et  à  vivre  d'avantaige  sus  le  plat  pays;  et  ne  s'en  pooient  ne  volloient  détenir,  ne 
astenir,  et  tous  leurs  retours  estoient  en  Franche...  Ces  compaignies  estoient  si  fort  et  si  esragie  de  mal  faire  ,  que  on  ne 
savoit  auquel  entendre  pour  yaux  bouter  hors  dou  royaume  de  Franche.  »  (n.  e.) 


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-  132  — 


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....  Puis  en  Espaigne 
MpTia  Gascons,  et  Anglois, 
Du  royaume,  à  celle  fois, 
Gelta  les  yens  de  compiiingne. 

Eust.  Descli.  l'ocs.  MSS.  fol.  95,  col  3. 

Dnns  l'Histoire  de  Loys  111,  duc  de  Bourbon,  sous 
l'an  13(14,  p.  "21,  ces  Iroupes  sont  nommées  «  les 
"  gens  de  compagnie,  et  sans  advp.u  ■■.  Ce  nom  de 
compagnie  d^sisiioit  d'ailleurs  des  coips  de  ti'oupes 
régulières.  .Nous  trouvons,  dans  la  Clu'on.  Fr  de 
Nantis,  sous  Tan  130'2:  «  Les  autres  com/*fl/^H<'s  de 
«  Flamans.  ■■  Dans  le  latin  ceterœ  Flandrensium 
phalanges. 

Compagnie  (l'ordonnance  étoit  une  espèce  de  mi- 
lice, dont  l'institution  est  allribuée  à  Charles  VII  (l), 
et  dont  la  dénomination  se  trouve  cependant 
employée,  dès  le  temps  de  Charles  V,  pour  quel- 
ques compaarnies  de  gendarmes.  [Voyez  le  P.  Dan. 
Mil.  Fr.  T.  1,  p.  144  et  l'J8.) 

Ou  disoit  aussi  compagnie  de  gens  d'armes,  et 
elle  porloil  le  nom  de  celui  iiui  la  commandoil.  La 
compagnie  de  gendarmes  de  Montpeusier  donna 
lieu  à  une  expression  que  nous  devons  expliquer  : 
faire  la  compagnie  de  Monipensier  signlfioit  faire 
la  sotte.  Brantôme  nous  apprend  l'origine  de  cette 
façon  de  parler.  «  La  compagnie  de  Montpeusier 
"  étoit  belle,  el  tous  jours  en  besoigne,  à  laquelle 
«  il  sçavoil  tousjonrs  bien  commander;  que  si  elle 
»  faisoil  une  petite  faute,  il  disoit  (|u'elle  avoit  fait 
«  de  la  sotte.  Si  bien  qu'un  temps  cela  couroit  à  la 
«  cour,  qu'on  disoit,  vous  uve%  fait  la  compagnie 
»  de  31.  de  Montpensier,  ce  qui  estoit  autant  à  dire, 
"  vous  avez  fait  de  la  sotte.  »  (Brantôme,  Cap.  Fr. 
T.  III,  p.  27!).) 

Il  nous  reste  à  citer  un  ancien  proverbe  :  compa- 
gnie de  clercs.  On  le  trouve  parmi  les  Prov.  h  la 
suite  des  Poës.  fr.  mss.  av.  1300,  T.  IV,  p.  1651. 

VARIANTES  : 

COMPAGXÉE.  La  Thaum.  Coût.  d'Orléans,  p.  4G5. 
COMPAIGNÉE.  Gloss.  de  l'Hist.  de  Paris. 
CoMPAti.ME.  Orlh.  subsist. 

CoMPAiGNiE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  271,  col.  4. 
CoMPAiGNii'îE  et  CûMPAiGNiEiE.  S   Bern.  S.  fr.  MSS.  p.  527. 
CoNPAiG.NiE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n«  7615,  T.  I,  f»  70,  R»  col.  2. 
COMPENGNE.  Hist.  de  B.  du  Guescl.  par  Ménard,  p.  109. 
COMPAIGNE.  Hymer,  T.  I,  p.  115,  lit.  de  1270. 
CoMPAiNGNE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  105,   R»  col.  2. 
Compagne,  l'h.  Mouskes,  MS.  p.  43,  86,  etc. 
CuMPAGNiE.  Rymer,  T.  I,  p.  116  et  117,  tit.  de  1270. 

Compagner,  verbe.  Accompagner.  «  Compa- 
«  gnèrentlesditsduc('2  .elroyl'un  l'autre.  «  (Chron. 
fr.  MS.  de  Naiigis,  an  I3ô7  )  On  disoit  leur  compai- 
gner,  pour  les  accompagner.  (Villehard.  p.  10.) 


Compa'igncr  marchié  étoit  faire  un  marché,  une 
société. 

Or  soi  n.s  compaignon  tui  trois. 
Rien  porons  coinpnigiicr  man-hié. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  17,  V  col.  2. 

Compagner  charnellement  signifloit  avoir  un 
commercecbarnel.  «  E\iiCompagne  (3) charnellement 
■■  avec  autres  que  avec  son  baron  (mari).  »  (Beau- 
manoir,  p.  100.)  (i) 

VARIANTES  : 
COMPAGXEH.  Chron.  St.  Denis   T.  III,  fol.  88. 
CoMPAiGNEii.  Villehard.  p.  10;  Ord.  T.  III,  p.  526. 
CCMPAiGNiER.  Vig.  de  Charles  VII,  T.  I,  p.  184. 
CoMPAiNGNiEB.  Eust.  Descli.  Pëos.  MSS.  fol.  407,  col.  1. 

Compagnon,  su})st.  mate.  Camarade,  ami*. 
Associé  dans  le  commerce  °  Galant  ^.  Adversaire  °. 
Champion^.  Pareil''.  Convassal°.  Confrèie".  Coad- 
juteur'.  Troupes".  Terme  d'injure"-.  Moiinoie". 

Ce  mot  subsiste  sous  cette  orthographe.  Nous  ne 
marquerons  que  ses  acceptions  les  moins  usitées. 
On  peut  voir,  sur  son  ëtymologie,  Pasquier,  Bech. 
p.  698  ;  Petit.  .1.  de  Saintré,  p.  J7ô,  note.  L'étymo- 
logiede  Pasquici',  adoptée  par  .\icot  et  Ménage,  est 
tirée  do  pain,  ((ui  mange  le  mr^me  pain.  Elle  peut 
être  confirmée  par  ces  deux  vers,  oiipagnon  signifie 
pain  : 

Las  ,i'ai  perdu  main  corppaignons, 
Quant  ne  mangiemes  no  pniguon. 

Po,s.  MSS.  av   1300,  T.  IV,  p.  133.1. 

*0n  disoit,  au  premier  sens,  comme  aujourd'hui, 
compagnon  pour  cam.arade  ;  mais  ce  que  nous 
devons  remarquer,  c'est  qu'on  le  disoit  au  lieu  de 
compagne,  dans  Percef.  Vol.  IV,  fol.  149.  «  Elle 
<>  s'en  revint  ù  ses  compagnons.  »  Par  la  suite  du 
discours,  on  voit  que  ces  compagnons  étoient  des 
pucelles.  On  disoit  aussi  compaig,  compaing,  etc. 
pour  compagnon,  camarade.  C'étoit  uneconiraction 
du  même  mot  (5).  (Voyez  les  Dict.  et  les  Gloss.  parti- 
culièrement celui  de  Du  Gange,  Gloss.  lat.  au  mot 
Compagus.)  On  lit  compaig  Jehan,  dans  une  pièce 
de  sire  Adans  de  Gicvenci.  (Poës.  mss.  avant  1300, 
T.  III,  p.  1181.)  ■•  Dieu  le  gard,  compains.  »  (Path. 
Farce,  p.  71.) 

.  .  .  pour  jettei'  des  fruits  jà  murs,  et  beaux, 
A  mes  coiupaimis  qui  tendoyent  leurs  chapeaux. 
Clém.  Alai-ol,  p.  27. 

^  On  se  servoit  du  mot  compagnon  pour  désigner 
des  associés  de  commerce,  et  on  écrivoit  indiflfé- 
rcmment  compagne,  compaigne,  comme  on  le  voit 
dans  ce  passage  :  «  Deux  compaignons  avoient 
«  ensemble  compaignie,  en  la  marchandise  de  bois; 
«  li  un  des  compagnons  fit  créanter  (pour  gaiantir) 
»  les  dettes,  quant  ses  compagnes  sot  que  les  deles 


(1)  L'ordonnance  est  restée  inédite  jusqu'à  nos  jours  et  ne  fait  pas  partie  du  grand  recueil  des  Ordonnances  du  Louvre  ; 
elle  est  datée  de  Lonppy,  26  mai  1445,  et  publiée  dans  la  Bibl.  de  l'Ecole  des  Chartes,  II'  série,  t.  III,  p.  122  et  seq.  (n.  e.) 

(2)  «  Et  aussi  la  josne  fille  li  cotnpaignoil  plus  que  nulle  de  ses  seurs.  n  (Froissart,  II,  55.) 

(3)  «  Icelui  Jebannot  promis  et  jura  moult  estroitement  que  jamais  d'ilec  en  avant  avec  sa  dite  lamme  ne  compagneroit 
oucouverseroit.  »  (.1.1.  76,  p.  218,  an.  1347  )  Au  reg.  ,T,T.  112,  p.  34,  an.  1377,  on  lit  comme  dans  Eeauraanoir,  coinpamgnef 
chamcleineiit.  »  (n.  e.) 

(4)  C'était  encore  soutenir  un  parti  :  «  Faites  commandement  de  par  nous  à  ceulx  de  la  forteresse  et  qui  lesdiz 
malfaiteurs  souslendront  et  cnmpaig)ieront,  que  il  les  vous  baillent  et  rendent  sans  delay.  »  (Ord.,  III,  526,  an.  1361.)(N.  E.) 

(5':  C'était  le  cas  sujet,  le  mot  companio  déplaçant  l'accent  au  cas  régime  coinpanionein  :  «  A  vous  ,  niessire  Douglas 
com;)«)((.s  et  très  grans  amis,  je  vous  pri.  »  (Froissart,  II,  202.)  On  trouve  aussi  compaiyigne ,  forme  plus  régulière  que 
compaingnie,  au  t.  VII,  p.  85.  (n.  e.) 


co 


—  133 


CO 


«  esloient  créantées,  il  se  trait  avant  à  nous,  et 
«  nous  montrn  la  décevance  que  ses  compaigncs  11 
->  avoit  fête.  »  (Beauman.  p.  115.)  Il  est  rem;tr(niahle 
que  le  même  mot  est  (^crit  de  trois  façons  différentes 
dans  celte  même  phrase. 

•^  Compagnon  sig'nifloit  quelquefois  galant.  On 
trouve  ■■  femme  punie  dans  l'autre  monde  pour  les 
«  anneaulx,  et  petits  joyaulx  qu'elle  avoit  receus 
«  des  compagnons  [\)  par  amourettes.  »  (l.e  Chev.  de 
La  Tour,  Instr.  à  ses  tilles,  fol.  27.) 

De  l;V  l'expression  :  {aire  du  gentil  compagnon. 
pour  faire  le  salant.  ■■  Le  roy  avoit  voulu  faire  du 
•>  gentil  compagnon,  avec  sa  femme,  mais  il  s'abu- 
«  soit,  car  il  nesloit  pas  homme  puni-  ce  faire.  « 
(Méni.  de  Roi),  de  la  Marck.  Seig'  de  Kltur.  ms. 
p.  2-23:. 

°  Quelquefois  ce  mot  signifioit  l'adversaire  contre 
qui  l'on  joùtoit  "  Le?  deux  chevaliers  lousjours 
«  considéroient  que  celiuy  (|ui  submcLloit  son 
«  eomjtagnon  auroit  l'honneur  de  la  journée.  » 
(Percef.  Vol.  III,  fol.  9.)  •■  S'en  vient  vers  son  com- 
«  palgnon,  qui  venoit  sur  luy  roidement,  et  fort,  et 
«  se  vont  enlreferir  l'ung  l'autre,  etc.  »  (Ibid.  Vol.  I, 
fol.  108.) 

^  Compaigno)i  se  prenoit  aussi  pour  champion, 
le  chevalier  qui  doit  couibaltre  pour  la  cause  d'une 
dame,  en  ce  passage  :  «  Je  vous  requiers  que  vous 
•'  commandez  à  Falise,  qui  se  veuli  faire  dame  de 
"  cest  chastel  qui  mien  est,  qu'elle  face  venir  son 
«  compaignon  ;  sachez  qu'il  ne  se  ose  apparoir, 
«  pour  la  mauvaise  cause  qu'il  a  entrepris.  »  fPer- 
ceforesl,  Vol.  I,  fol.  115.) 

■^  Ce  mot  s'est  dit  pour  pareil.  En  parlant  d'un 
gant,  on  disoit  :  «  J'ay  perdu  son  compaignon  », 
c'est-à-dire  son  pareil    (Percef.  Vol.  V,  fol.  32.) 

°  De  lu,  on  a  nommé  compaignons  les  convassaux, 
les  gens  qui  relèvent  du  même  seigneur.  .>  Compa- 
"  gnons,  ou  convassaux,  tenans  fiefs  du  dit  sei- 
«  gneur.  »  (Coût,  de  Chauny,  Coût.  Gén.  T  I, 
p.  659.) 

"  De  là  aussi,  on  a  dit  compagnons,  pour  con- 
frères. >'  Les  chappelains,  et  6'0??;/Jflff )iO»s  de  Sai net 
Sauveur,  en  la  ditte  ville.  »  (Coût.  Gén.  T.  Il, 
p.  6i3.)  «  Les  compagnons  et  chappelains,  Sainct 
«  Barthélémy  de  la  Rochelle.  "  (Ihid.  p.  G13.)  Com- 
pagnon  se  dit  aussi  d'un  moine  qui  en  accompagne 
un  autre.  (Vuy.Duchesne,  Gén.deMontmor.,  p.  380.) 

'  L'acception  de  compagnon,  pour  coadjuteur, 
n'étoit  pas  moins  naturelle.  On  a  dit  :  Évcsque 
compain,  pour  coadjuteur  d'un  évêque.  (Du  Gange, 
au  mol  Episcopus.) 

"  On  appelle  compagnons  les  troupes  irrégulières 
dont  j'ai  parlé  à  l'article  des  compagnies,  brigands 
qui  désolèrent  la  France  sous  le  règne  du  roi  .Jean. 
C'est  d'eux  qu'il  s'agit  dans  le  passage  suivant  :  «  Le 


«  susdit  comte  de  Salisbery  envoya  devant  Jargeau, 
«  et  fit  forlbalre  la  ville  dedans  laquelle  s'étoient 
«  retirés  les  comjiagnons  qui  avoient  été  en  garni- 
«  son  en  plusieurs  forteresses  de  la  Beausse,  et  du 
«  Gastinois.  »  (F'roissart.  liv.  1,  p.  500.) 

*-  On  s'est  servi  du  molcom/jagnon,  comme  terme 
d'injure,  pour  homme  vil.  Nous  disons  petit  com- 
pagnon. On  disoit  :  tenir  à  compagnon. 

Tex  en  a  pris  le  baston, 
Ke  je  lieg  à  cnrupniffnoii. 

Gonlliier,  Po'ês.  .MSS.  avanl  i;îOU,  T.  UI,  p.  1036. 

"  Enfin,  on  nomma  compagnons  une  espèce  de 
monnoie  de  mauvaise  valeur.  «  Que  à  toutes  mon- 
"  noyés  d'or,  et  d'argent,  qnelles  qu'elles  .soient. 
«  Taries,  vaillans,  el  coni/iagnons  [2),  monnoyes 
«  blanches  et  noires,  et  |.ar  espeeial  aux  vielz  gros 
«  tournois,  desque^z  tous,  ou  la  plus  grani  partie 
«  ont  este  et  sont  contrefaiz.  soient  ostez  le  cours 
«  du  tout    ..  (Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  III,  p.  -HO.) 

Passons  à  l'explication  de  queli|ues  expressions 
oh  le  mot  compagnon  (3)  étoit  employé  : 

1"  '<  Les  compagnons,  et  frères  d  armes  étoient 
«  des  chevaliers,  ou  escuyers  qui  t'aisoient  entre 
»  eux  une  association,  tant  pour  l'attaque  de  l'en- 
«  nemi  que  pour  la  deffense  de  leurs  personnes.  » 
(Gloss.  des  Arr.  Amor,  au  mot  Frères.)  On  a  dit  de 
Patrocle  el  d'AchiDe  qu'ils  esloient  compaignons 
d'armes.  (Tri.  des  IX  Preux,  p.  -248.) 

Du  Cange,  dans  ses  observations  sur  Joinville, 
distingue  les  compagnons  et  les  frères  d'armes.  II 
dit  d'abord,  sur  le  mol  de  compagnon,  qu'il  ne 
signifioit  qu'une  égalité  de  condition,  sans  marquer 
aucune  dépendance  ni  supériorité  ;  en  sorte  que 
les  chevaliers,  bacheliers  qui  servoienl  sous  le 
même  banneret,  s'appeloient  compagnons.  (Du 
Cange,  sur  Joinville,  p.  51,  et  Froissart,  livre  III, 
p.  41.)  A  l'égard  de  ce  qu'on  appeloit  en  France 
frères  d'armes,  »  c'étoit  projirement  ceux  qui  con- 
"  tractoient  entre  eux  nue  amitié  fraternelle,  con- 
«  firmée  par  sermens,  el  par  la  divine  Eucharistie 
»  qu'ils  recevoient  des  mains  du  prêtre,  se  pro- 
<■  mettant  une  protection,  et  un  secours  mutuel,  au 
«  cas  qu'ils  fussent  attaquez.  ..  (Ilist.  de  B.  Duguesc. 
par  Ménard,  p.  204.)  C'est  vraisemblablement  en 
ce  sens  qu'il  faut  entendre  compaignon  de  foy. 
(Ibid.  p.  431) 

2"  On  disoit  :  bons,  etgentih  compagnons,  pour 
braves  gens.  (Voyez  Froissart,  liv.  I,  p.  233.)  Gentil% 
compaignons  est  pris  en  un  sens  ironique,  dans 
Froissart,  livre  IV,  p.  334. 

3"  Faire  du  compagnon  signifioit  se  comparer, 
s'égaler.  «  Le  petit,  et  inférieur  fait  du  compagnon 
«  avec  le  grand.  »  (Sagesse  de  Cliaron,  p.  404.) 

4°  Disner  de  co)npagnon,  diner  sans  façon.  (Petit 
J.  de  Saintré,  p.  644  ) 


(t)  «  Jehan  Guillebault  reproucha  au  suppliant  qu'il  avoit  chevauché  sa  femme  et  estoit  son  compaignon  de  cuisse.  i> 
(JJ.  109,  p.  18G,  an.  1376.)  (n.  e) 

(2)  Il  pst  question  de  cette  monnaie  dans  Froissart  (II,  417,  447)  :  «  Et  saciés  que  cascuns  de  ces  saudoyers  avoit  cascua 
jour  quatre  compagnons  ou  gros  de  Flandres  pour  ses  frès  et  pour  ses  gages.  »  Voyez  encore  le  reg.  JJ.  111  ,  p.  49  , 
an.  1377.  (n.  e.) 

(3)  Voyez  aussi  les  Assises  de  Jérusalem,  ch.  CCLXXX,  où  il  est  parlé  du  service  de  compayiioii  ,  lorsque  le  vassal  doit 
servir  avec  un  ou  plusieurs  hommes  en  sa  compagnie.  (N.  E.) 


co 


—  134 


CO 


5°  On  appeloit.  compagnons  d'aval  les  auditeurs 
des  comptes.  ■■  Nul  des  corapncjnons  d'aval  (d'en 
«  bas)  ne  vienne  amon!  len  haut)  se  il  n'y  est 
«  appelle,  on  il  n'y  a  allaire  de  nécessité.  Item  que 
«  les  dits  clercs  d'à'  al  seront,  visitez  par  les  mais- 
u  très  clei'cs,  et  se  ils  trouvent  aucun  défaut  nota- 
«  ble,  en  aucun  d'eux,  ils  le  rapporteront  au 
«  burel.  ■■  (Miranmont,  des  (^ours  souver.  p.  ;4ô.) 

Terminons  cet  article  par  quelques  proverbes  : 

1 Un  proverbe  se  dit, 

Que  bon  rompuhis  a  trop  sur  lui  à  dire. 

Eust.  Desch.  Po.'s.  MSS.  fol.  3M,  col.  2. 

Nous  disons  :  qui  a  compagnon  a  maître.  Le 
proverbe  ancien  semble  signifier  qu'un  homme 
trop  complaisant  est  la  victime  des  autres. 

2.  Compninri  par  voie  bien  parlant, 
Vaut  bien  un  chariot  branlant. 

Alector.  Rom.  fol.  18,  V 

C'est  le  proverbe  latin  ou  la  sentence  de  P. 
Syrus  :  facundus  cornes  in   via  pro  véhicula  est. 

3.  N'est  pas  droit  compaiin, 
Oui  tout  veit  avoir  ; 

Ce  dit  li  vilains. 

Prov.  du  C"  de  Brel.  MS.  du  S.  G.  fol.  Hi,  V-  col.  Ù. 

V.\RI.\INTES  : 
COMPAGNON.  Ort'i.  subsistante. 
CoMPAiGNON.  Percef.  Vol.  I,  fol.  140,  R»  col.  2,  etc. 
CoMPAiGNiox.  Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  III,  p.  138. 
CoMPAiGNER.  Ch.  Fr.  du  xine  siècle,  MS.  de  Bouh.  fol.  383. 
Compagne,  Gompaigne.  Beaumanoir,  p.  1113. 

COMPEING,  CoNPAIN. 

COMPAING.  Faifeu,  p.  77;  Crétin,  p.  90. 
CoMPAixs.  Hist.  de  B.  Duguesci.  par  Ménard,  p.  408. 
COMPAINZ.  Prov.  du  C'8  de  Bret.  MS.  de  S.  G.  fol.  114. 
COMPAIN.  Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  I,  p.  133,  note  A. 
CoMPENON.  Duch.  Gen.  de  Montmorency,  p.  386. 
CoMPAiG.  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  Ill,  p.'llSl. 
CoMPANS  et  CoNPANZ.  S.  Bern.  Serai,  fr.  MSS.  p.  81. 

Compagnonner,  verbe.  Assortir,  accompa- 
gner *.  Traiter  de  pair  à  compagnon  ^. 

*  Sur  le  premier  sens  d'assortir,  accompagner, 
voyez  les  Dict.  d'Oudin  et  de  Cotgrave. 

°  Ce  mot  est  employé,  dans  le  second  sens,  au 
passage  suivant  :  «  Je  ne  suis  pas  d'avis  que  les 
«  Poètes,  n'y  autres  se  présentent  témérairement 
«  devant  la  face  de  sa  majesté,  pour  penser  compa- 
«  gnonner  avec  \aY,  etc.  »  (S'Jul.Mesl.  Hist.  p.  103.) 

Coinpaigiic(]),s?(î^s/.  fém.  Nom  de  lieu.  Peut- 
être  (lompiègne.  (Voyez  Poës.  .mss.  avant  1300, 
T.  111,  p.  1153.) 

Compaignement,  subst  masc.  Le  sens  de  ce 
mol  se  trouve  développé  dans  le  passage  suivant  : 

A  sa  très  douce  chiere  amie, 
Que  il  aime  sans  tricherie, 
Mande  ses  dous  amis  salus, 
Com  cil  qui  de  li  est  rendus, 
Et  cuer,  et  cors  entirement. 
Sans  nul  autre  C'impai'jneutent. 

Fabl.  MSS.  du  K.  ii-  7ilS,  fol  2i0,  R»  col.  2. 

C'est-à-dire  sans  aucun  partage. 


Compaignette,  subst.  fém.  Diminutif  de  com- 
pagne. Nous  avons  vu  compaigne,  pour  compagne 
et  compagnon  Di^  lii,  conpaignet  pour  petit  compa- 
gnon, d.uis  les  Fabl.  mss.  du  H.  n"  7-218,  foi.  115. 

Coiupaigiiette  signifie  petite  compagne ,  dans 
Gille  li  Viniers,  Poës.  mss.  av.  1300,  T.  III,  p.  388. 

Nus  ne  doit  lez  bois  aler, 
Sanz  sa  coiupaifjiwte. 

rabl.  MSS.  du  R.  n'  72iS,  fol.  H5,  R-  col.  2. 

VARIANTES  : 

COMPAIGNETTE.  Poës.  MSS.  avant  13i10,  T.  III.  p.  388. 
COMPAINGNETE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f»  11.5,  R»  col.  2. 
Conpaignet;  subst.  masc.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7989,  fol.  78. 

Compairei»,  verbe.  Payer,  acbeter*.  Mériter^. 
Comparoitre  '^.  Regarder,  découvrir,  reconnoitre  ". 
(Voyez  les  Dictionn.  de  Nicot,  Borel,  Rob.  Estienne, 
Cotgrave,  Monet,  Corneille,  et  le  Gloss.  de  fHist. 
de  Bretagne.) 

*  Dans  le  premier  sens  de  payer,  acheter,  ce  mot 
vient  du  latin  comparare  ('2).  On  a  dit  :  «  Souvienne 
«  vous  des  injures  qu'avez  dictes  des  chevaliers,  et 
"  escuyers  qui  vont  par  le  monde  faire  armes,  pour 
«  leur  honneur  acroislre:  car  vous  ]e  conipairez-.  » 
(P.  Jeh.  de  Saintré,  page  661.)  «  Ainçois  que  je  me 
«  rende,  je  leur  ferai  ^comparer.  >>  (Hist.  de  B.  Du 
Guescl.  par  Mén.  p.  267.) 

Hat  !  fait  il,  com  est  vilains  ! 
Li  sougretains  qui  ci  se  dort  ; 
S'il  le  cotnpefe,  n'est  pas  tort. 
Demain  quant  serons  en  chapitre. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  37,  V  col.  2. 

On  a  dit,  en  parlant  des  Orléanois  révoltés  contre 
le  roi.  «  Y  en  eut  qui  chèrement  le  comparurent  (3).  » 
(Chron.  S.  Den.  T.  I,  page  259.)  On  lit  dans  Suger  : 
ultioni  condignœ  trailidit  puniendos. 

Ge  creing  que  molt  chier  le  compère. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  57,  V°  col.  1. 

De  ]h,  les  expressions  comparer  ses  péchés,  les 
expier,  payer  la  peine  due  à  ses  péchés.  (Vies  des 
SS.  MS.  de  Sorb.  chif.  xxvi.) 

Comperer  la  mort,  la  souffrir,  payer  tribut  à  la 
mort.  La  S"  Vierge,  parlant  à  Jésus-Christ,  s'exprime 
ainsi  : 

Biaus  fils,  et  biaus  père, 

La  mort  que  vostre  cors  compei-e, 
Me  fait  plaindre  angoisseusement. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  93,  V  col.  2. 

°En  étendant  l'acception  de  comparer,  acheter, 
ce  mot  s'est  pris  flguréinent,  pour  mériter. 

De  maint  en  sont  plus  hais, 

Qui  riens,  en  ce,  n'ont  compara. 

Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  fol.  81. 

La  ville  en  fu  brûlée, 

Qui  pas  ne  Vaitoit  comparée. 

Ibid.  fol.  83,  V-  col.  2. 

'^  Dans  le  sens  de  comparoitre,  comparer  et  com- 
paroir viennent  du  latin  comparere.  On  dit  encore 


(V)  On  trouve  Compif/ne,  d'après  le  Dit  de  l'Apostoile.  (Leroux  de  Lincy,  II,  .3.38.)  (N.  E.) 

(2)  Ce  sens  est  dans  la  Chanson  de  Roland  (v.  449  et  1592).  On  le  retrouve  dans  Partonopex,   Renard,  etc.;   le   sens  de 
rapprocher  n'apparaît  qu'au  xiiF  siècle.  (N.  E.) 

(3)  On  lit  en  ce  sens  au  reg.  JJ.  89,  p.  121,  an.  \dol  :  <c  Lors  respondi  A.iibriet  :  Tu  le  compxrras  ;  et  sur  ce  sacha  une  espée 
sur  ledit  Guillemet.  »  (n.  e.) 


co 


—  135  - 


CO 


souvent  comparoir,  en  termes  de  palais.  On  trouve 
comparer,  clans  le  même  sens,  au  passage  suivant  : 
.<  lis  le  citèrent  comme  por  à  comparer  devant  le 
.  Roy.  »  (Hisl.  de  la  Tois.  d'Or,  Vol.  I,  fol.  93.) 

Oudisoit  qu'avait  à  comparoir,  pour  qu'avoit  à 
faire  :  >•  Qu'avoit  à  cotnparoir  la  reine  d'Angle- 
«  terre,  laquelle  par  vostre  rigueur  est  venue  en 
"  ce  pais,  etc.  ■<  (Monslr.  Vol.  1,  fol.  10  ) 

"  Nous  ne  trouvons  ce  mot  employé  pour  regar- 
der, reconnoitre,  découvrir,  que  sous  l'orlliographe 
comperer,  qu'on  pourroit  en  ce  sens  dériver  du 
latin  comperire. 

En  monsire  Dubois  son  frère. 
Et  de  cille  tjue  je  compère. 

Font.  Guér.  Très,  de  Vén.  MS.  p.  Hi. 

On  disoit  proverbialement  : 

1.  Tel  n'en  peut  mais,  qui  trop  compère. 

Rom.  de  la  Rose. 

Borel,  qui  cite  ce  vers,  au  mol comperre,  lexpli- 
que  mal  par  actiuérir.  11  signifie  payer. 

2.  Cil  qui  plus  le  compère, 

C'est  cil  qui  meins  s'en  emaye. 

Fauch.  Lang.  et  Pots.  fr.  p.  Hl. 

3.  Tel  ne  dessert,  qui  le  compère. 

Hist.  des  Trois  Maries,  en  vers,  MS.  p.  3G. 

Voyez,  A  rarticle  Compareh  ci-après,  une  autre 
signification  «lui  lui  est  particulière. 

CONJUGAISON  : 

Comparoir,  au  futur.  Vous  payerez.  (Fabl.  mss. 
du  R.  ir  701. -j,  T.  Il,  fol.  175.) 

Comparres,  au  futur.  Vous  payerez.  Ibid. 
noT'ilS,  fol.  335.) 

Comper,  indic.  prés,  .l'achète.  (Poës.  >iss.  av.  1300, 
T.  111,  p.  1133.) 

Compraisses,  imp.  subj.  Payasses.  (Fabl.  mss.  du 
R.  ir  7218,  fol.  49.) 

Conpurroi:i,  au  futur.  Vous  payerez.  (G.  Guiart, 
MS.  fol.  134.) 

VARIANTES  : 

COMPAIÏIER.  P.  ,1.  de  Saintré,  p  661. 
Comparer.  Hist.  de  B.  Du  Guescl.  par  Ménard,  p.  267. 
CoMPARRER.  Kabl.  MSS.  de  S.  G.  f"  4i,  et  passim. 
CoMPEi\ER.  Poës.  MSS.  avant  13U0,  T.  111,  p.  1006. 
Conférer.  Biuniax  de  Tours,  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  II. 
COMPRER.  Robers  de  Memberolles,  Poës.  MSS.  avant  1300. 
Comperre.  Pierre  de  Corbie,  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  III. 
Comparoir.  Chron.  S.  Denis,  T.  1,  fol.  250. 

Compaires,  stibst.  7nasc.  Compagnon,  associé. 

«  Chil  qui   ferme  pés  (paix)  a  aferniée  (affermie, 

«  assurée)  en  son  cuer  est  droitement  sires  dou 

«  siècle,  et  compaignons  de  Dieu  ;  car  il  est  sires 

«  dou  siècle,  en  tant  coume  il  est  en  bonne  pensée, 

"  et  le  cuer  en  pés,  que  il  ne  convoite  à  outrage 

«  (excessivement)  nule  chose  terriene  ;  elcompaires 

«  de  Dieu,  pour  che  que  il  est  en  estai  de  grâce,  et 

'<  sans  péchié.  "  (Beauman.  p.  355.) 


Companage,  subst.  masc.  Ce  qu'on  mange 
avec  du  painil).  OniVûcompanatgcelcoiimpanatge, 
en  Languedoc.  (Voyez  sur  ce  mot,  les  Dictionn.  de 
Cotgrave,  Oudin,  Ménage,  et  Du  Gange,  au  mot 
Companagium.)  Jésus-<  hrisl  dit  aux  apôtres  qui 
pêchoient  dans  la  mer  de  ïibériade  : 

Avez  vous  point  de  compegnage  (2) 
Qu'on  puis  manger'? 

Hist.  des  Tr  ùs  Maries,  en  vers,  MS.  p.  190. 

VARIANTES  : 
COMPANAGE.  Oudin,  Dict. 
CoMPANATGE.  Prononc.  lanÊjued. 
COMPANAIGE.  Rabelais,  T.  III,  p.  26. 
CoMPEGNAGE.  Hist.  des  Trois  Maries,  MS.  p.  190. 
COMPENAGE.  Ibid.  p.  114  et  394. 
CouMPENATGE.  Pronoiic.  langued. 

Comparadoui",  subst.  masc.  Qui  compare. 
Celui  qui  fait  la  comparaison. 

Dont  je  comparadour  me  plains 
Les  clercs,  et  ceulx  de  la  cuisine. 

Eiist.  Pesch.  Poès.  MSS.  fol.  346,  col.  4. 

Comparage,  subst.  masc.  Compérage.  ■■  Nus 
«  ne  doit  espouser  les  enlans  de  son  compère,  ny 
•'  de  sa  commère,  puis  le  comparage  nez.  »  (Beau- 
manoir,  p.  99.) 

Gomparager,  verbe.  Comparer.  (Voyez  Borel, 
Corneille,  Cotgrave,  Oudin,  R.  Estienne,  Monet,  et 
Gloss.  de  Marot.) 

On  lit  compagier,  dans  les  vers  suivans,  abrévia- 
tions du  moi  com/iarugie)\  employée  par  la  même 
licence  fréquente  dans  nos  anciens  poètes  : 

Tant  que  de  vous  soit  partout  renommée, 
Si  c'om  vous  puist  à  droit  compagier  (3), 
A  Josué,  Charle,  Hector  et  Pompée. 

Eust.  Desch.  Pacs.  MSS.  fol.  51,  col.  4. 

(Voy.  AccoMPARAGEn  ci-devant.) 

VAIUANTKS    : 
GOMPARAGER.  Arr.  Amor.  p.  123;  Clém.  Marot,  p.  283. 
Comparaiger.  Gace  de  la  Bigne,  des  Déd.  MS.  fol.  69,  R*. 
CoMPAP^AGiER.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  309,  R». 
Compagier.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  51,  col,  4. 

Comparaison,  subst.  fém.  Ce  mol  subsiste 
sous  celle  orlhographe.  Nous  ne  le  citons  que  par 
rapport  aux  expressions  suivantes.  On  disoit  : 

r  Qui  n'a  comparaison  (riio)ineurs  (le  biens, 
pour  qui  n'a  son  pareil  en  honneurs  et  en  biens. 

Voyant  celuy  qui  n'a  comparaison 
D'honneurs,  de  hwus,  saillir  de  la  maison 
Pour  guerroyer  les  plus  fiers  de  ce  monde. 

<lean  Marot,  p.  77. 

2°  A  comparaison  pour  en  comparaison,  (Voyez 
Apol,  pour  Hérouole,  préf.  p,  8.)  On  a  dit  en  latin 
comparatione,  dans  le  même  sens.  (Voyez  Chron. 
d'Anselme  de  Gemblours,  3'  contin.  sous  l'an  119G, 
fol.  75  ;  Extr,  de  Foncemagne,  3'  race.) 

30  On  éerivùit  aussi  comparison  (4)  ;  on  trouve 
sans  comparison,  dans  Beaumanoir,  p.  16. 


(1)  Comparez  apanage,  (n.  e.) 

(2)  C'est  ici  une  sorte  de  gâteau  ;  «  Laquelle  servante  avoit  fait  cuire  audit  four  pour  son  maistre  certain  compenaye, 
nomme  darioles  ;  leque'  compenage  cuit  elle  le  prist  et  l'emporta  sur  sa  teste.  »  (.11,  128,  p.  36,  an.  1385.)  On  lit  aussi  dans 
Renard  (v.  56);  «  Geste  brebis  si  la  gardez  ;  Tant  nous  donra  lel  et  fromage,  Assez  i  aurons  compenage.  »  (n,  e.) 

(3)  «  Lequel  Jaquemart  dist  audit  Pierre  qu'il  estoit  aussi  bon  gentilhomme  comme  ledit  Pierre  ;...  et  ledit  Regnault  dist 


àicellui  Jaquemart  qu'il  ne  se  comparugusl  point  audit  Pierre.  )>  (JJ.  105,  p.  185,  an.  1373.)  (N.  E.) 
(4)  On  lit  aussi  dans  Froissart  (IV,  71)  ;  «  Et  estoient  sans  comparison  plus  fort  qu'il  ne  fust,  »  ( 


(N.  E.) 


co 


136  — 


CO 


Nous  remarquerons  encore  celte  espèce  de 
proverbe  : 

Cohtprirahnvs  siint  envieuses, 
Et  de  paroles  venimeuses. 

Geofr.  de  Pans,  à  !a  suite  du  Rom.  de  Fauv.  fol.  48. 

VARIANTES  (1)  : 
COMPAK.\ISON.  Ortli.  subsistante. 
Co.MPARESON.  Hist.  de  Fr.  à  la  suite  de  Fauv.  fol.  80. 
CoMPARisoN.  lieaumanoir,  p.  16. 
Co.MPARACioN.  Gace  de  la  Bigne,  des  Ded. 

Comparauce.  [Intercalez  Coinparance,  com- 
parution: »  Ledit  le  Boucher,  qui  ignoroit  ledit 
«  adjournement  ne  comparut  point  ;  parquoy  et 
«  mesment,  pour  la  non  comparance.  »  (JJ.  158, 
p.  327,  an.  1403.)]  (n.  e.) 

Compare,  adj.  Egal,  pareil.  Du  latin  compar. 

La  viele,  et  amours,  par  exemplaire, 
Doivent  estre  d'un  semblant  compare. 

Villeaumc  li  Vijiiers,  PoEs,  MSS.  av.  1300,  T.  11,  p.  821. 

Comparé,  partie.  Acheté.  On  a  dit,  au  figuré  : 

Amors  qui  vient  légiérement 

N'est  si  plesans,  ne  tant  n'agrée 
Com  celé  qui  est  comparée. 

Falil.  MSS.  du  R.  n-  1218,  fol.  132,  V  col.  2. 

VARIANTES  ! 
COMPARÉ.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  132,  V»  col.  2. 
CoNPARÉ.  Fabl.  MSS  du  R.  n»  7615,  T.  I,  fol.  104,  V»  col.  2. 

Comparer  (se),  verbe.  Se  préparer,  se  dispo- 
ser*. S'égaler^. 

*Ce  mol,  qui  dérive  ses  deux  acceptions  du  latin 
comparare,  se  trouve  employé  au  premier  sens, 
dans  ce  passage  :  «  Le  roy  Charles  à  tout  (avec)  sa 
«  puissance  se  comparoit,  et  apprestoit  pour  venir 
«  conquérir  pais  sur  eux.  »  (Monstr.  Vol.  II,  f  46.) 

^Oii  dit,  comme  autrefois,  se  comparer,  pour 
s'égaler  (2).  On  disoit  aussi  comperer.  Ce  mot  avoil 
encore  d'autres  acceptions  qu'on  peut  voir  plus 
haut  à  l'article  Compairer.  C'est  le  même  mot, 
différemment  éciit,  souvent  en  faveur  de  la  rime. 
D'ailleurs  il  y  avoit  peu  de  différence  dans  la  pro- 
noncialion  des  mots  comparer,  compaïrer,  compe- 
rer. On  disoit  de  même  se  perer,  pour  se  parer. 

Des  vertus  qu'il  avoit  te  père. 

Et  à  restraindre  te  compère 

A  ceu.K  qui  turent  esparennbles. 

Eust.  Desch.  Po5s.  MSS.  fol.  321,  col.  1. 

Un  poêle  dit  de  la  S"  Vierge  : 

Ki  compère 

Vers  vo  créature. 

Pocs.  MSS.  av.  laOO,  T.  Il,  p.  OOG. 

Remarquons  cette  expression  :  se  comparer  d'hon- 
neur, pour  se  compiler  en  fait  d'honneur.  «  On 
«  disoit  partout  qu'il  n'y  avoit  chevalier  qui  se 
«  compariist  h  vous,  d'honneur,  de  proesse.  » 
(Percef.  Vol.  Il,  fol.  51.) 

variantes  : 
COMPARER  (SE).  Orth  subsistante. 
Comperer.  Eust  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  321,  col.  1. 
Conférer.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»7615,  T.  II,  f»  164,  R»  col.  2. 

Compares,  subst.  Espèces  de  droits.  «  Ce  sont 


«  usages,  et  redsvances,  prétendues  par  les  vicom- 
«  tes  de  Narbonne,  contre  l'evéque.  «  (Laur.  Gloss. 
du  rtr.  Ir.  —  Du  Gange,  au  mot  Compares.) 

Comparimini.  On  appelle  ainsi  ,  en  droit 
canon,  un  certillcat  envoyé  par  le  juge  ecclésiasti- 
que au  juge  laïque,  contre  un  excommunié  qui  s'est 
laissé  juger  par  contumace.  Du  Cange,  au  mot 
Cumparimini,  cite  Rouleiller:  «  Le  juge  spirituel 
«  doit  envoyer  un  libelle,  qu'on  appelle  en  court 
«  comparimini ,  qui  doit  contenir  comment  l'exco- 
"  munie,  luy  incité,  el  condamné,  en  ce  s'est  laissé 
«  excommunier  et  endormir,  comme  chien,  sans 
«  crainte  de  Dieu,  etc.  »  (Bout.  Som.  Rur.  liv.  II, 
tit.  12,  p,  758.) 

Comparoissance,  subst.  fém.  Comparution. 
(Cotgrave  et  Oudin,  Dict.)  «  La  comparition  qu'ils 
«  faisoient,  estoit  pour  ce  que  le  Roy  l'avoit  ainsy 
«  voulu,  et  ordonné,  protestans  que  la  dilte  com- 
«  paroissance  ne  préjudiciast  à  leurs  droits,  et 
«  prérogatives.  »  (Coût,  de  Paris,  Goût.  Gén.  T.  I, 
p.  15.)  On  lit  ailleurs  :  "  Protestant  que  les  dittes 
«  présentations,  et  co»i/;fl)'02Sse  ne  peust  préjudi- 
«  cier  audit  révérend.  »  (Coût,  de  Vallois,  Ibid. 
page  404.) 

variantes  : 

COMPAROISSANCE.  Coût.  Gén.  T.  I,  p.  15. 
CoMPAROissE.  Ibid.  p.  404. 
Comparance.  Oudin,  Dict. 
Comparence.  Coût.  Gén.  T.  I,  p.  326. 

Comparoistre,  verbe.  Ce  mot  ne  subsiste  plus 
qu'en  termes  de  palais.  Autrefois  on  disoit  se  com- 
paroistre. pour  paroitre,  se  montrer  :  «  Gontrai- 
<■  gnirent  l'ennemy  de  repasser  le  bois,  dont  depuis 
«  il  ne  fut  assez  haidy  de  se  comparoistre.  »  (Mém. 
Du  Bellay,  liv.  X,  fol.  315.) 

Comparse,  subst.  fém.  Entrée.  Terme  de  car- 
rousel :  "  Entrée  que  fait  une  (juadrille  dans  la 
«  carrière,  dont  elle  fait  le  tour  pour  se  faire  voir 
«  aux  spectateurs,  mesurer  la  lice,  et  se  rendre 
.1  ensuite  au  poste  qui  luy  est  marqué.  »  (Dict.  de 
Corneille.)  Cette  même  définition  se  trouve  dans  le 
P.  Meneslrier  des  Tournois,  p.  204.  (Voy.  Beauch. 
Rech.  des  Th.  T.  III,  p.  186.) 

Comparsonnier,  subst.  masc.  Associé,  cohé- 
lilier.  «  Le  seigneur  du  cens  n'est  tenu  de  diviser 
'<  iceluy,  tellement  que,  s'il  y  a  plusieurs  deten- 
«  leurs  de  Therilage  affecté,  il  se  peut  addresser 
«  auquel  d'iceux  que  bon  luy  semblera,  parce  que 
«  hypothequairement  est  individue,  sauf  audit 
«  détenteur,  son  recours  contre  ses  comparson- 
«  niers.  »  (Coût,  de  Bar,  Coût.  Gén.  T.  II,  p.  1034.) 
«  Partages  des  successions,  héritages,  ou  meubles 
«  communs  entre  plusieurs  cohéritiers,  ou  com- 
«  personniers,  seront  différez  pour  l'absence  lon- 
«  gue.  ..  (Coût,  de  Metz,  Coût.  Gén.  T.  I,  p.  1153.) 
Coparsonnier  s'est  dit  aussi  de  celui  avec  qui  on 


(1)  Dans  Thomas  de  Cantorbery  (xii«  siècle,  32)  on  lit  :  «  Pur  ço  ai  fait,  ço  m'est  vis,  dreite  comparaisun.  »  (N.  e.) 

(2)  Ce  sens  se  retrouve  dans  Froissart  (XVI,  111)  ;  «  Vous  estes  de  si  noble  estration  et  de  si  gentil  sanc  que  dessus  vous 
nuls  ne  sont  qui  se  coiiiparent  à  vous.  »  (N.  E.) 


co 


—  437 


CO 


parlai;e  uu  mur  mitoyen.  (Nouv.  Coût.  Gén.  T.  I, 
page  58 1.) 

VAÎUANTES  : 

COMPARSONNIER.  Coût.  Gén.  T.  II,  p.  1034. 
COMI'EUSONNIEK.  Ibid.  T.  I,  p.  890. 

Coinpartiinent,  subst.  masc.  Ancienne  forme 
des  écuscii  armoiries*.  Ouvrages  de  forlilicatioii  °. 

*Cemol,  i|ui  subsiste  avec  diverses  acceptions, 
a  élé  autrefois  employé  pour  désigner  la  forme 
Ijizarre  et  ridicule  nouvellement  introduite  pour 
les  écus  en  armoiries.  S'  Julien,  dansses  Mesl.  hist. 
j).  578,  se  plaint  de  cette  innovation. 

^rom/wri/wcn/désignoit  aussi  les  ouvrages  faits 
au  deliors  d'une  place  assiégée.  »  Ce  que  je  m'offre 
«  d'exécuter,  si  vous  voulez  me  faire  l'honneur  de 
«  le  commi'llre,  est  de  gagner  cette  nuit  m.'me  ces 
»  petits  comparu  mens,  pour  ne  pas  dire  dehors, 
«'  que  les  ennemis  ont  faits  depuis  la  rive  jusques  à 
«  un  des  deux  ruvelins.  »  (Mém.  de  Bassomp.  ï.  III, 
page  85.)  Ce  mot  compartiment  n'est  pas  ici  le  nom 
propre  d'un  ouvrage,  mais  un  nom  que  l'auteur 
donne  par  mépris  à  de  mauv;iis  ouvrages,  qu'il 
appelle  plus  bas  cfictives  dcfeiices  ;  comme  s'il 
vouloit  les  comparer  aux  compartimens  d'un  par- 
terre. Ainsi  proprement  compartiment,  en  cet 
endroit,  est  pris  dans  le  sens  qui  subsiste  encore. 

Conipai'lir,  verbe.  Partager,  diviser  *.  Partir  ^. 

*Sur  le  premier  sens  de  partager,  diviser,  voyez 
les  Dict.  de  Nicot,  Monet  et  Cotgrave. 

°  Compartir  a  signifié  aussi  partir,  proprement 
partir  de  compagnie.  »  Y.x\i,\  corn  par  tirent  Aq  Cows,- 
"  lantinople,  et  chevauchèrent  par  lor  joniées,  et 
"  vinrent  à  Andrinople  ou  li  sièges  ère  (estoit).  » 
(Villehard.  p.  117.) 

Coniparuit,  subst.  rnasc.  Terme  de  palais. 
C'est  l'acte  délivré  par  un  juge  à  une  des  parties, 
pour  certifiei  sa  comparution.  iLaur.  Gloss.  du  Dr. 
fr.  —  Dict.  de  Cotgrave  et  d'Oudin.)  »  îiy  comparuit 
«  est  prins  en  cause,  celui  qui  veut  procéder  avant, 
'■  est  tenu,  e:i  dedans  l'an  du  dit  comparuit  prins, 
«  faire  udjourner  ceux,  etc.  »  (Coût,  de  la  Salle,  et 
Baill.  de  Liste,  au  Coût.  Gén.  T.  II,  p.  921.) 

Compas,  subst.  masc.  Règle,  mesure  *.  Symé- 
trie, COU! jjarti ment ^.  Contour'^. 

*  Ce  mot  s  est  employé  fréquemment,  dans  le  pre- 
mier sens  de  règle,  mesure.  Mallierbe  aimoit  fort 
ce  mot,  selon  la  remarque  de  Ménage,  p.  458. 

Bornez  vous,  croyez  moy  dans  un  juste  compas. 
Malh.  Poés.  page  H8. 

Si  le  chef  n'est  pas  bien  d'accord  avec  la  teste, 
Et  que  tout  ne  soit  pas  réglé  par  ses  compas. 

Depil  amour,  de  Molière,  acl.  4,  se.  2. 

Faifeu,  dans  un  envoi  à  ses  lecteurs,  dit,  en  par- 
lant de  ses  compilations  : 

Si  faulle  y  a  de  raison,  ou  compas, 

.le  vous  supply,  n'en  soyez  coUeriques, 

Mais  corrigez,  car  je  ne  l'enlonds  pas. 

Faifeu,  page  114. 


Marot,  parlant  des  chevaux  de  Pha-^ton,  dit  qu'ils 

Vont  galopant  régions  incongneues, 
Là  où  leurs  cour-  impétueux  les  porte  ; 
Là,  sans  compas,  cliacun  dL'U.\  se  traiispûrle. 
Cléni.  Marot,  p.  557. 

^Delà,  compas  s'est  pris  pour  symétrie,  com- 
partiment. On  a  dit  en  ce  sens  :  «  Couette  ouvrée  à 
«  certains  compas,  de  grosses  perles,  et  autres 
«  merveilleuses  braveries.  »  (Nuicts  de  Straparole, 
T.  I,  p.  (J7.) 

Ont  aussi  leurs  reins  saintes 

De  riches  bandrez  à  compas. 

Eusl.  Desch.  Pops.  MSS.  fo!.  545,  col.  1. 

•^  Il  signifie  ^o«/oj(?',  dans  cette  expression.  .<  En 
«  tout  le  compas  del  monde.  »  On  la  trouve  dans  une 
pièce  attribuée  à  Crestyens,  Poës.  .vss.  av.  1300  (1), 
T.  III,  p.  X'Hjrl,  et  répétée  sous  le  nom  de  Gaces 
BruUés.   Ibid.  T.  H,  p.  522.) 

Compas,  dans  le  sens  de  règle,  mesure,  nous 
fournit  plusieurs  expressions  que  nous  allons  citer. 
On  disoit  : 

1°  Aller  à  tirait  compas,  en  pnrlant  des  chevaux. 

Les  chevaulx  fais  vont  mieulx,  à  droit  compas  ; 
Pour  ce  ne  devroit  nulz  homs  amer  poulains. 

Eusi.  Desih.  Poes.  MSS.  lul.  234,  col.  t. 

2°  .4  (Iroil  compas  signitie  avec  justice. 

Tu  rendras,  à  droit  compas, 

De  toutes  œuvres  guerredon. 

Fabl.  .MSS.  du  R.  ii-  7-218,  fol.  203.  V'  col.  l. 

3°  Faire  une  chose  par  compas,  c'étoit  la  faire 
parfaite. 

La  gentil  damoiselle  que  Diex  ot  fet  sans  gas  : 
Entre  Dieu  et  nature  le  fu-ent  par  compas. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  345,  R-  col.  2. 

4°  Fait  à  compas,  dans  le  sens  où  nous  disons 
fait  au  tour. 

Rondet  menton,  fait  à  conipas. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  218,  R-  col.  t. 

5»  Passer  par  compas,  chacun  selon  son  rang. 

Chascun  passera  par  compas. 

Par  dessus  toy,  comme  sus  Pierre, 

L'on  ne  pense  point  de  requerre. 

Conlred.  de  Songecreux,  fol.  141,  V*. 

G"  Vin  de  bon  compas,  semble  mis  pour  vin  droit, 
en  ce  passage  : 

Ces  trois  vins  n'en  chaca  il  pas, 
Qu'il  les  senti  de  bon  compas. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  2S1,  V-  col  2. 

VARIANTES  : 
COMPAS.  Orth.  subsist. 
CoNPAS.  Fabl.  MSS.  du  R.  n°  7615,  T.  II,  fol.  109,  V»  col.  1. 

Compsi9,sé,  partie.  Proportionné*.  Compensé, 
compté  ^. 

Ce  mot  signifie  proprement  dessiné  avec  le  com- 
pas. De  là,  les  deux  acceptions  figurées  que  nous 
venons  de  inarquer. 

*  On  trouve  la  première  signification  dans  ce  vers  : 

Elle  avoit  front  bien  compassé. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  251,  R'  col.  1. 

De  là,  compassée  à  nature,  pour  bien  faite,  faite 
au  pinceau. 

Compassée  à  nature,  blanche  gorge  corn  guimple,  etc. 
FaLl.  MSS.  du  R.  n-  7218.  fol.  274.  V-  col.  2. 


(1)  «  Merci  troTasse,  au  mien  cuidier,  S'ele  fust  en  tout  le  compas  De!  monde,  là  où  je  la  quier.  »  (n.  e.) 


18 


co 


-  13î(  ^ 


co 


On  disoit  aussi  : 

Un  arbre  trop  bel  coittpasse:, 
A  la  fontaine,  onilire  rendoit. 

Fabl.  »1SS.  du  R.  n-  7â1S,  fol.  351,  R-  col.  2. 

Compassé  à  taille,  pour  fini,  aclievé.  (G.  Guiart, 
>is.  fol.  33,  R°.) 

^Aii  second  sens,  ce  mot  signifioit  compté,  com- 
pensé. 

Les  Iresors  Cresus  amassez, 
Si  ne  sont  en  rien  compas-.ez. 

Ountred.  de  Songecreux,  fol.  102.  K". 

V.^RIANTES  : 

COMPASSÉ.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7-218,  fol.  251,  R°  col.  \. 
CoNP.\ssÈ.  Kabl.  MSS.  du  U.  n°  7G15,  T.  I,  f«  116,  V»  col.  1. 

Coinpasseinenl,  subst.  masc.  Alignement*. 
Arraiigeineiit,  complot^. 
*  Le' premier  sens  est  le  sens  propre. 

Dens  drus,  et  petits. 

Elans,  et  par  conijxcssfmeiil  mis. 

Chans.  fr.  Ju  xin'  siècle,  .MS.  de  lîouliier,  rli.  l",  fol.  08,  V*. 

^De  là  ce  mol,  au  figuré,  signifioit  arrangement, 
complot.  On  disoit  eiî  ce  sens,  compassemenl,  de 
nostre  mort,  pour  conspiration  contre  notre  vie. 
(Britt.  Loix  d'Anglel.  fol.  73.) 

Conipusser,  verbe.  Dessiner  avec  le  compas*. 
Arranger,  conspirer^. 

*Au  propre,  ce  mot  signifie  dessiner  à  l'aide  du 
compas,  l'aire  le  plan  d'im  bâtiment  (1).  (Voy  Rom. 
du  Brut,  .MS.  fol.  1)9.) 

^Au  figuré,  arranger,  conspirer,  concerter  un 
complot  :  «  Ne  contpassay,  ne  purparlay,  ne  à  celé 
«  félonie  ne  assenti  (consenti).  <>  (Britton ,  Loix 
d'Anglet.  fol.  ■i±) 

On  poiirroit  assigner  à  ce  mot  une  troisième 
acception  ;  se  tompasser,  dans  le  passage  suivant, 
n'étoit  une  faiiie  pour  compisser.  On  lit,  dans 
Modus  et  Racio,  fol.  10,  Y°  :  «  Le  beau  relif  (espèce 
«  de  cliien  courant)  est  tel  qu'il  ne  chasse  point 
«  autre  beste  que  cerf,  et  quant  il  fuit  avec  le 
«  change,  il  demeure  tout  quoy,  sans  chasser  ;  et 
.<  va  après  les  clievaulx,  et  ne  compassé  les  che- 
«  mins,  et  les  carrefours  des  voyes.  >>  (Modus  et 
Racio,  fol.  19.)  Cette  faute  est  corrigée,  par  cet  autre 
passage  où  nous  lisons,  en  parlant  des  chiens  appe- 
lés «cerfs  baus  rcstifs  :  pour  ce  que,  se  un  cerf 
«  vient  enmy  le  change,  ilz  s'arresleront,  et  aten- 
«  dront  leur  maistre,  et  quant  ilz  le  verront,  ilz  le 
"  festieronl  de  la  cueue  et  yront  compissant  les 
«  voyes,  et  les  buissons  ».  (Chasse  de  Gast.  Phéb. 
MS.  p.  127.) 

VARIANTES  : 
COMPASSER.  G.  Guiart,  MS.  fol.  147,  R». 
CONPASSER.  G.  Guiart,  MS.  fol.  254,  R». 

Conipasseres.  [Intercalez  Compasseres,  or- 
donnateur: 

Qui  del  munde  fut  ordeneres 
Faitte,  e  autor  e  coiHpaiseres. 

Chron.  des  ducs  de  Normandie,  v.  211-t.]  (N.  E.) 

Compassibilité,  subst.  fém.  Compatibilité. 
(Voyez  Uicl.  d'Oudin.) 


Compassible,  acij.  Compatible.  (Oudin.  Dicl.) 

Cloinpassionnaire,  adj.  Compatissant.  (Voyez 
Dict.  d'Oudin  et  de  Cotgrave.) 

Coinpassioimé,  adj.  Touché  de  compassion*. 
Qui  excite  la  compassion  °. 

*0n  lit,  au  premier  sens:  «  Quanthmoy,  n'estant 
"  moins  compatisionné  de  ceste  mort.  »  (L'Amant 
ressusc.  p.  WM.)  Delà,  compassionnée  pourépilhète 
de  miséricorde,  dans  les  Epilh.  de  M.  de  la  Porte. 

°  On  disoit  aussi  compasaionné,  pour  touchant, 
attendrissant,  qui  excite  la  compassion.  A  l'entrée 
de  Charles  VIII,  dans  Paris,  en  1437,  a  devant  la 
"  Trinité  estoit  la  Passion  ;  c'estàscavoir,  comment 
«  nostre  Seigneur  fut  prins,  battu,  mis  en  croix,  et 
«  .ludiis  qui  s'estoit  pendu  :  et  ne  parloient  riens 
»  ceux  qui  ce  faisoient;  mais  le  monstrerent  par 
'<  jeu  de  mystère,  et  firent  les  manières  bonnes  et 
«  bien  jouées,  et  vivement  contpassionnées,  et 
«  moult  piteuses.  »  (Monslrelet,  Vol.  II,  fol.  1 57.; 

Compassionner,  verbe.  Attendrir,  toucher. 
On  disoit  se  conijjassiouner  l'.our  s'attendrir,  com- 
patir. (Dict.  de  Cotgrave  )  »  .le  me  compassionne 
«  fort  tendrement  des  atîeclions  d'autruy.  »  (Essais 
de  Montaigne,  T.  Il,  p.  173.) 

Compassis,  adj.  Compatissant,  sensible.  Eu 
latin  pieticus,  piteux,  coDipassis.  On  trouve  com- 
passive,  au  féminin,  dans  Th.  Corneille.  C'est  une 
coquette  qui  parle  : 

C'est  mon  plus  grand  défaut,  je  suis  trop  compassive, 
Et  parmymes  galans  d'amour,  et  d'amitié. 
J'en  scay,  sur  mon  papier,  plus  de  cent  de  pitié. 
Th.  Corneille,  le  Galanl  doublé,  coméd.  act.  3,  se.  3. 

VARIANTES  : 
COMPASSIS.  Du  Gange,  au  mot  Pieticus  (2). 
Co.MPASSlVE,  fém.  Th.  Corn,  le  Galant  doublé,  act.  3,  se.  '.i. 

Conipatriaiix,  subst.  masc.  plur.  Compa- 
triotes. «  Or  est  mort ,  n'a  pas  longtemps  ,  le 
»  preud'homme  Arelin  à  qui  les  Florentins  ses  cow- 
«  patriaux,  etc.  >•  (Contes  de  Des  Perriers,  T.  Il, 
page  Vt-l.) 

Compecter,  verbe.  Appartenir.  (Nouv.  Coût. 
Gén.  T.  1,  p.  344  ) 

Compeditcr,  verbe.  Lier,  attacher.  De  là,  figu- 
rément,  pour  empêcher,  faire  obstacle.  «  Ce  que 
«  aucun  seigneur,  ou  justicier  en  celuy  pcust  com- 
«  pe'rfi/er,  n'empescher  en  aucune  manière.  «(Coût, 
de  Ponthieu,  Coût.  Gén.  T.  I,  p.  078.) 

Compediteur,  subst.  masc.  Qui  enchaîne.  On 
disoit,  en  ce  sens  :  «  Cupido  d'amanlz  compédi- 
«  teiir.  »  (Les  Tri.  de  Petrarq.  trad.  du  B.  d'Oppede, 
fol.  5.)  De  là,  ce  mot  se  prenoit  figurément  pour 
qui  fait  obstacle. 

Mais  si  faut  il  qu'à  mon  honneur  s'en  saille, 
Et  eschapper  de  tels  cnmpeditews. 

Œ.uv.  lie  R.  de  Collcrye,  p.  ^'l^. 

Compeller,   verbe.   Contraindre,  obliger.  Du 


(1)  Cil  qui  primes  l'edefia  Et  qui  le  chastel  roiiipussi(,  Moult  fu  sages  et  cortois.  »  (n.  e.) 

(2)  Ed.  Henschel,  V,  248,  col.  3.  (n.  e.) 


co 


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latin  compellere.  On  a  dit,  en  parlant  de  la  théo- 
logie : 

La  faculté  commoct  à  ce  qu'on  expelle 
Erreur  au  loing,  et  disciples  rompelle, 
De  leurs  cscnptz,  gecter  austérité. 

Crétin,  page  11. 

CONJUGAISON  : 

Compel,  participe  passé.  Pour  obligé,  contraint, 
(ïenuresde  Litll.  fol.  34.) 

Compcllis,  partie,  passé.  Pour  oblia:é,  contraint. 
(Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  V,  p.  700,  an.  1368.) 

Conipcllissoient,  imparf.  indic.  Coiitraisnoient. 
(Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  V,  p.  706,  an.  1368.) 

Compeuelles.  [Intercalez  CompeneUes ,  ou 
peut-être  campenellés,  clochettes  dans  le  harna- 
chement du  cheval  : 

Diex  con  li  destrier  enselé, 

Que  li  g.ïrçon  en  destre  niainent, 

Orgueilleusement  se  demainent, 

Et  cou  li  escucel  des  selles, 

Frains  seurorez  et  compenellcs, 

Et  eschellettes  et  lorains, 

Sur  ceus  dont  je  parlai  or  ains... 

G.  Guiarl,  an.  130i,  v.  102G8.]  (N.  E.) 

Compeiisable,  adj.  Qui  peut  se  compenser. 
(Colgrave  el  Oudin,  Dict.i  11  est  pris  pour  épithète 
de  peine  dans  M.  de  la  Porte. 

Compense,  subst.  féni.  Compensation.  (Dict. 
de  Cotgrave.) 

Compenser,  verbe.  Récompenser.  Selon  le 
(;ioss.  des  Ait.  Amor.,  la  signification  de  ce  mot, 
dans  le  passage  suivant,  parbit  peu  facile  îi  déter- 
miner :  «  Après,  se  je  fais  nul  bien,  seiiz  double,  en 
«  nulle  guise,  celuy  je  ne  compense,  et  elemens  du 
«  corps,  desiiuiulxj'ay  usé  mauvaisement.  »  (Chasse 
de  Gast.  Phéb.  ms.  p.  391.) 

Compenseur,  subst.  masc.  Terme  de  procé- 
dure. Il  désigne  celui  qui  fait  un  traité  ou  compen- 
sation avec  son  avocat  ou  son  procureur,  pour 
Tassocier  au  gain  de  son  procès.  «  Si  advocal,  ou 
«  procureur  marchande,  avec  la  partie  pour  qui 
«  il  est,  d'a\oir  part  à  la  querelle  qu'il  meine  : 
«  scachez  qu'il  enchat  eu_  amende  arbitraiie,  et 
"  avec  ce  d  liteslre  privé  d'ofllce,  et  le  co7njieiii^eiii\ 
"  en  ce,  le  doit  amender,  i\  la  discrétion  du  juge.  » 
(Bouf^iller,  "^om.  F.ur.  p.  86i.) 

Comperage,SM^sf.  musc.  (1)  On  a  âil  gardej'S07i 
comjn'iuiie,  pour  être  fidèle  îi  la  promesse  faite  à  un 
compère.  J<'abl.  mss.  de  S.  G.  fol.  62.) 

Comperaument.  [Intercalez  Comperunment, 
à  la  inaiiière  des  compères,  en  latin  compaleriiiter, 
au  Gloss.  lat  -fr.  7684.]  (n.  k.) 

Compère ,  subst.  7nasc.  Baudouin  ,  comte 
deGuines,  termine  son  testament  en  ces  termes  : 
«  Je  mercli  monseigneur  l'euveske  de  tereuvane 
«  com  mon  seigneur  e  mon  compeire  testamenleur 
>•  sovrain,  e  l'ai  pri  kil  ait  che  testament  à  parfur- 


«  nir.  Et  si  aucuns  vousist  dire  encontre,  je  lui  prie 
"  ki  le  destraigne  par  justice  de  sainte  Eglise  en 
»  i-eiile  manière  qu'il  soit  leuii  fr'rmeme!!'.  » 
(Duchesne,  Géu.  de  Guines,  p.  tJSl,  litre  de  1241.) 
Cemotsubsiste.il  nous  fournit  quelques  expres- 
sions et  plusieurs  proverbes  que  nous  allons 
remarquer  : 

1»  Être  compère,  et  mère  Deu.  Eust.  Deschamps, 
faisant  allusion  aux  désordres  du  Gouvernement 
oîi  les  vieillards  sont  méprisés,  tandis  que  les  jeu- 
nes gens,  qu'il  désigne  par  des  noms  d'oiseaux  de 
proie,  ont  toute  l'autorité,  se  sert  de  cette  expres- 
sion : 

Et  sont  rnmpcre,  et  merc  Dcu  : 
Le  conseil  donnent  de  jeunesce, 
Et  luy  baillent  foie  largesce. 

Eust.  Uèsdi.  Pocs.  MSS.  fol.  318,  col.  4. 

2°  Rabelais,  T.  I,  p.  143,  parle  d'une  espèce  de 
ceux  que  l'on  appeloit  :  compère  prêtes  moy 
votre  sac. 

3°  Foy  de  compère,  se  disoit  ironiquement  pour 
mauvaise  foi.  (Nuictsde  Slrap.  T.  I,  p.  155.) 

4»  «  Il  n'y  a  point  de  plus  meschante  foy  que 
«  celle  de  compère.  >■  (Ibid.) 

5.  Plus  sont  de  comi'eres. 

Que  ne  sont  d'amis. 

Prov.  du  Villain,  MS.  de  S.  G.  fol.  71,  V  col.  2. 

(Voyez  d'autres  proverbes  dans  Cotgrave ,  et 
Oudin,  Cur.  fr.) 

V.\RI.\XTES  : 
COMPERE. 
Compeire.  Duchesne,  Gén.  de  Guines,  p.  '284,  tit.  de  1241. 

Compère,  adj.  Participant.  Qui  partage. 

J'eusse  plus  chier  que  anciennement 

Nostre  ancesseur  eussent  été  roMjierc 

De  ces  doulours,  qui  sont  présentement,  etc. 

Eust.  llescli.  Po.'s.  MSS.  fol.  126.  col.  4. 

Compermutant,  subst.  mase.  Permutant.  Qui 
change  une  chose  pour  une  autre.  (Cotgrave,  Oudin, 
Dict.  —  Voyez  Coût.  Gén.  T.  I,  p.  155.) 

Compermutation  ,  subst.  fém.  Echange. 
(Cotgr.  et  Oudin,  Dict.) 

Compermuter  ,  verbe.  Echanger.  (Oudin  , 
i'.olgrave,  Dict.) 

Compert,  verbe  impers.  Il  convient.  On  disoit 
s  il  cotnpiert,  si  le  cas  le  comporte.  -  Lettres  et 
«  titres  seront  communiqués,  tant  au  propriétaire, 
<■  s'il  compiert,  poursuivant,  qu'autres  opposants.  » 
(Coût.  Gén.  T.  II,  p.  224.) 

Au  Roy  cdiiipcri  qu'il  secourust 
Contre  Trahern,  se  il  peust. 

Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  45,  R'  col.  1. 

VARIANTES  : 
COMPERT.  Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  45,  R»  coL  1. 
Compiert.  Coût,  Gén.  T.  II,  p.  210. 

Compesié,  partie.  On  lit,  dans  une  déclara- 
tion du  roi  du  9  octobre  1684,  rendue  pour  la  nobi- 
lité  des  biens  du  Languedoc  :  ■•  Les  biens  qui  se 


(1)  C'est  aussi  l'affinité  spirituelle  entre  parrain  et  marraine,  entre  chacun  d'eux  et  les  parents  de  l'enfant  :  «  Note  que  ce 
n'est  establi  geueraument,  si  cum  rompcragc,  n'eaipeeche  pas  mariage  à  fere  solement,  mes  il  depiece  le  fet.  »  (Livre  de 


Justice,  l'JO.)  (N.  E.) 


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140  — 


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et  trouveront  campesiez  sous  le  nom  d'un,  ou  plu- 
<■  sieurs  ;i;iitioiiliei's,  etc.  »  (Art.  13,  17  et  l'J.) 

Compcsienient,  nubst.  )nasc.  Ce  niotse  trouve 
dans  I  arl.  Il)  ,  de  la  déclaration  du  roi  citée 
ci-dessus  à  l'article  Compesié. 

Conipester,  verbe.  Faire  pâturer,  pailre.  «  Si 
«  couic  jeo  (je)  baile  a  un  houie  mes  barbiles 
«  (brebis)  à  compesler  san  ti'eu,  ou  mes  boefes 
«  (bœi'tsi  a  are  (labourer)  la  terre,  etc.  »  (Tenures 
deLitll.  fol.  15.) 

Coinpelant,  arij.  Juge  compétent  signifie 
aujourd  luii  le  juge  ordinaire,  celui  îi  qui  il  appar- 
tient de  juger.  Aulrel'ois  c'éloit  un  juge  commis  par 
le  souverain,  pour  juger  à  sa  place  dans  les  gages 
de  bataille.  (Voy.  la  Jaille,  du  Champ  de  Bal.  f°  63.) 

On  disoil  jnitr  compctanl,  pour  jour  marqué, 
jour  prélix.  «  liequisl  à  avoir  jour  competant  Q\  il 
«  vendroit,  viendroit  comme  ajourné,  presl  à  res- 
«  pondre.  »  (Modus  et  Racio,  ms.  fol.  220.) 

Competate,  dans  lesOrdonn.  des  R.  de  Fr.  T.  111, 
p.  570,  est  une  faute  nianifesle  ;  il  faut  lire  compe- 
tante,  compétente,  convenable  (1).  11  s"agit  d'une 
satisfaction. 

Conipeteniinent,  adverbe.  Convenablement. 
«  Esloit  assez  6W«/jr?/t'mme?(i  profond.  »  (Mém.  Du 
Bellay,  liv.  VIll,  fol.  254.) 

Conipetiter,  verbe.  Mol  factice.  Molière  le  met 
dans  la  bouche  d'un  valet  embarrassé  pour  rendre 
sa  pensée  : 

On  voit  une  tempeste,  en  forme  de  bourrasque. 
Qui  veut  competiter,  par  de  certains  propos. 

liépil  amour,  coméd.  act.  4,  se.  ^. 

Compiegne,  subst.  Nom  de  ville.  On  a  dit,  en 
proverhe  : 

1.  Coiffes  de  Compigne.  (Prov.  à  la  suite  des  Puc^. 
Hss.  av.  1300,  T.  IV,  p.  IC.Vi.) 

2.  Dormeurs  de  Compiegne.  (Voyez  Merc.  de  Fr. 
fév.  1735,  p.  262.) 

vAniA.sTEs  : 

COMPIEGNE.  Merc.  de  Fr.  fév.  1735,  p.  262. 
Compigne.  Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  IV,  p.  165. 

Conipieng.  [Intercalez  Compieng,  bourbier, 
dans  la  Ch.ale  de  Tournay  (an.  1187,  Du  Cange,  11, 
497,  col.  1):  «  Se  aucuns  hom  waile  u  espie  un 
«  autre  bomme  et  le  louelle  ou  compiemj  u  en  le 
«  boë.  »]  (n.  e.) 

Compierre,  3'  pers.  de  Vindic.  Peut-être  du 
verbe  eompierrer  ,  le  même  que  compairer  ci- 
dessus,  qui  signifie  payer  la  faute,  porter  la  peine  : 

Tu  destruiz  sainte  Eglise,  à  tort,  et  à  besloi  ; 
La  povre  gent  essiUes  ;  et  si  ne  soiz  porquoi 
Cil  qui  ne  t'a  forfai,  qw}l  compierre,  et  à  quoi  : 
Aies  merchi  des  povres,  et  donne  trieves  au  Roy. 
Rom.  de  Rou.  MS.  jiage  131. 


Compilation.  [Intercalez  Compilation,  cabale 
au  reg.  JJ.  53,  p.  41''(,  an.  1310:  «  Et  en  ladite 
«  plache,  quant  il  y  assemblaient  pour  eus  alouer. 
"  il  firent  eoiitpilittions,  l;iquebans.  >•  De  même 
dans  un  acte  dAl)IJuville,  an.  1358  (Du  Cange,  II, 
407,  col.  1);  '■  Jehan  de  la  Mare  pour  plusieurs 
"  belles,  eompilcilioiis,  ou  paroles  sentans  com- 
«  motion  de  peuple...  fu  jugié  à  avoir  coppé  le 
«  teste.  »]  (n.  E.) 

Compiler,  verbe.  Arranger,  disposer*,  fabri- 
quer ^. 
*0n  lit,  au  premier  sens  d'arranger,  disposer  (2,.: 

En  la  saison  de  ceste  affaire, 
lert  encore,  si  ge  voir  coiipile, 
Messire  Challes  en  Sezile. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  i'o9.  V. 

.\  l'enlrée  de  Louis  XI  dans  Paris,  un  héraut  lui 
présenta  cinq  dames  ■■  richement  aornées,  lesquel- 
"  les,  et  chacune  par  ordre  avoient  tous  personna- 
«  ges,  tout  eompilez  ù  la  signification  des  cinq 
«  lettres  faisant  Paris.  »  (Chioii.  scand.  de  Louis  XI, 
page  17.) 

^  Ce  mot  signilioit  aussi  fabriquer.  «  Oui  compilé 
"  une  fausse  lettre  close.  »  (Arr.  Amor.  page  353.; 
C'est-à-dire  l'ont  forgée,  fabriquée. 

VARIANTES  : 
COMPILER.  Orth.  subsist. 
CONPILER.  G.  Guiart,  MS.  fol.  259,  V». 

Compille,  subsl.  [cm.  Monceau.  On  disoit  ; 
"  Compilles  de  liullos,  pour  tas  de  buissons.  Bois  à 
«  taille  de  sept  ans,  comme  aiinois,  haies  de  cinq 
«  ans,  compilles  de  Imllos  de  trois  ans,  chesne  de 
>'  gland,  sont  héritage.  »   Bout.  Som.  Rur.  p.  430.) 

Coinpilogue,  sulist.  masc.  Compilation.  Il 
semble  (|ue  ce  soil  le  sens  de  ce  mot,  dans  un  livre 
qui  a  pour  titre  :  «  Le  Compilogue  des  guerres  de 
>>  Gaule,  et  pais  de  France,  et  des  lieux  plus  faciles 
«  à  assaillir.   ■  iDu  Verd.  Bibl.  fr.  p.  244.) 

Compisser,  verbe.  Pisser  dessus.  (Diclionn.  de 
Cotgrave  et  d'Oudin.)  On  a  dit,  en  parlant  de  chiens 
qui  ne  chassent  que  le  cerf  :  «  Restifz  s'appellent, 
«  pour  ce  que  se  un  cerf  vient  en  my  le  change,  ils 
«  s'arresteront,  et  ateudrout  leur  maistre,  et  quant 
..  ilz  le  verionl,  ilz  le  feslieroiil  de  la  cueue,  et 
<■  yront  compissaul  les  voyes,  et  les  buissons.  « 
(Chasse  de  Gast.  Phéb.  ms.  p.  127.) 

De  toutes  pars  bien  le  conipisse. 

Fabl.  .MSS.  du  R.  n-  7-218,  fol.  lit,  V  col.  2. 

VARIANTES  : 

C.OMPISSEH.  Kabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  Wt,  V°  col.  2. 
CoMPlssiER.  Ibid.  fol.  14i,  V"  col.  2. 

Complaigncment,  subst.  maso.  Plainte. 

A  tort  fes  tel  compluignement  (8) 

Li  Chancelier  de  Paris,  Poi-s.  MSS.  av.  1300,  T.  II.  p.  783. 


(1)  Ce  sens  est  dans  l'roissart  (XV,  156)  ;  «  Tant  que  la  dame  soit  en  eage  comyjctenl.  »  (N.  E.) 

(2)  CVst  aussi  réunir  les  matériaux  d'un  livre  ;  «  Et  pour  ce  que  on  sace  qui  ce  livre  mist  sus,  on   m'appelle   sire  JehiUi 
Froissart,  qui  moult  de  painne  et  de  travail  en  e\ich  ainchois  que  je  l'eusse  coinpiUé  ne  acompli.  »  (II,  2.)  (n.  e.) 

(3)  On  le  trouve  aussi  dans  la  Chr.  des  ducs  de  Normandie,  (n.  h.) 


co 


141  — 


co 


Complaindre,  verbe  Plaindre,  faire  sa  plainte. 
(Du  Caniie,  au  mot  latui  Complangere.) 

Plusieurs  au  monde  se  complaignent  (1) 
De  lorUine  et  maleurelé. 

Vi-i!os  de  Charles  VII,  p.  HO. 

Coniplaine,  dans  Lillleton,  signilie  se  plaindre, 
injustice,  sans  y  adjouler  le  pronom  réciproque. 
C'est  le  mol  angiois  covipluiii,  avec  un  e  à  la  lin. 
pour  lui  donner  une  terminaison  t'rançoise  (2). 

On  a  dit  proverljialement:  Asse::-  demande  qui  se 
complaint.  (Percef.  vol.  V,  fol.  27. ) 
Conjugaison. 

Complain,  ind.  prés.  Je  me  plains  (Gloss.  deMarot.) 

Complains.  (.1.  Marot,  p.  80.) 

VARIANTES  : 
COMPLAINDRE.  Percef.  vol.  IV.  fol.  55,  V"  col.  1. 
CoMPLAiNE.  Tenur.  de  Litn.  fol.  39,  V°. 

Complainte,  subst.  fém.  Ternie  de  droit  *. 
Sorte  de  poésie  ". 

*  Comme  terme  de  droit ,  ce  mot  avoit  plusieurs 
signilications(3).  (Voy.  Laur.  Gloss.  du  Droit  fr.;  le 
Gr.  Coût,  de  l'rance,  livre  II,  p.  145.  ;  ibid.  liv.  111, 
p.  431  ;  et  Bouteiller,  Som.  rur.  p  188  ) 

^  Il  y  avoit  aussi  une  sorte  de  poésie  qu'on  nom- 
mait eoniplainte  (i).  (Voy  Sibilet,  Art.  poët.  p.  134.) 

VARIANTES  : 
COMPLAINTE. 
COMPLANTS.  La  Thaum,  Coût.  d'Orléans,  p.  465. 

Complaisance,  subst.  fém.  Droit  seigneurial. 
Nous  ne  parlerons  de  ce  mot  que  comme  terme 
de  palais,  et  de  peu  d'usage  en  ce  sens.  C'est  le 
payement  des  loyaux  aides  aux  quatre  cas.  (L.'iur. 
Gloss.  du  Droit  fr.)  Borel,  dans  ses  premières  add. 
le  restreint  au  cas  du  mariage  de  la  fille  du  seigneur. 
Il  est  parlé  de  ce  droit  dans  Mezerai,  T.  1,  p. 190. 

Complaît,  part.  Complu.  C'est  le  participe  du 
verbe  complaire  dans  ce  passage  :  «  Elle  ait  tou- 
»  jours  complait  à  son  amy.  »  (Ârr.  Amor.  p.  228.) 

Complanei",  verbe.  Applanir.  On  disoit,  en  ce 
sens,  complaner  le  chemin.  (Lett.  de  Rabelais,  p.  41 .) 

VARIANTES  : 
COMPLANER.  Lett.  de  Rabelais,  p.  41. 
CoMPLANissER.  Rabelais,  T.  III,  p.  13. 

Comptant,  subst.  masc.  Plant  d'arbres.  Rémi 
Belleau  dit,  en  parlant  de  son  verger  : 

J'ay  de  mes  propres  mains 

Planté  un  beau  verger  de  si  bonne  aventure 
Que  le  ciel  tout  bénin  et  la  douce  nature 
Ont  tant  favorisé  qu'on  ne  voit  rien  de  beau. 
Qu'aisément  on  ne  trouve,  en  ce  complant  nouveau. 
Bergeries,  T.  I.  fol.  32  ;  ibid  fol.  lu  V*. 

De  là,  on  disoit  :  terre  baillée  à  complant,  pour 


terre  donnée  pour  planter  en  vigne.  (Laur.  Gloss. 
du  Droit  fr.  — Voyez  Coût.  Cen.  f.  II,  p.  74.) 

Complanterie,  subst.  fém.  Champart.  Pi'opre- 
ment  :  •■  le  droit  et  portion  que  le  seigneur  prend 
sur  les  fi-uils  des  vignes  qu'il  a  baillé  h'eomptcDiter, 
cultiver,  et  exploiter.  »  (Laur.  Closs.  du  Droit  fr. — 
^oyez  Cotgr.  Dict.  ;  Du  Cange  au  mot  Complan- 
tttfjinm.) 

Complanteuse,  adj.  fém.  Nous  venons  de  voir 
complanterie  pour  cliampart  sur  les  vignes  données 
à  complanter.  De  là,  peut-être,  vigne  complanleuse, 
pour  vigne  sujette  à  ce  droit.  (Epith.  de  M.  de  La 
Porte.) 

Complants,  sulist.  masc.  Plainte.  On  lit  en  ce 
sens  :  <■  Des  hommes  de  Meun,  pour  rançon  de  leur 
«  baillie,  nul  complants  ne  soit  faiz.  »  En  latin, 
questum  nullus  faciat.  (Ord.  T.  1,  p.  17.) 

Helas.  seigneur,  recufillez  mes  roniplaitu;. 
Crétin,  p.  48. 

Gomplectionné,  adj.  Conformé,  constitué.  Ce 
mot  se  prend,  au  sens  propre,  pour  habitude  du 
corps  ;  ce  que  nous  nommons  complexion,  dans  le 
passagesuivant:  '^Unàileôiuveesloileomplectionnée 
»  à  n'avoir  jamais  d'enlans.  •>  (  Duclos,  Preuveside 
Louis  XI,  p.  GO.) 

Dans  le  sens  ligure,  complexionné  s'entendoiten 
général  de  tonte  qualité  ;  on  le  disoit  même  des 
qualités  d'un  pays.  «  Le  pais  (d'Espagne)  n'est  pas 
«complexionné  ii  celui  de  France.  »  (Froissart,  Liv. 
III,  p.  2.'j4  [ô].)  C"est-ti-dire  n'est  pas  constitué  comme 
celui  de  France,  n'est  pas  de  même  nature.  Observez 
la  consiruction  complexionné  à  pour  complexionné 
pareillement  à.  C'est  une  ellipse  du  mot  pareille- 
ment ou  de  quelque  équivalent. 

VARIANTES  : 
COMPLECTIONNÉ.  Duclos,  Preuv.  de  Louis  XI,  p.  60. 
Co.MPLExiONNÉ.  Froissart,  Liv.  III,  p.  254. 

Complément  ,  suljst.  masc.  Suffisance  *. 
Perfection  ^. 

*  Dans  le  premier  sens  de  sufrisance,'oii  a  dit  : 
«  Pour  ce  que  nostre  peuple  ayeiit  complément  de 
<'  petites  monnoyes,  pour  leur  nécessitez.  »  (Ord.  T 
II,  p.  180.) 

^  Dans  le  second  sensde  perfection,  nous  trouvons: 
«  Ce  n'estpasassés  de  faire,  et  accomplir  toutes  ces 
«  choses  bonnes,  et  généralement  les  autres  qui 
«  regardent  le  com/>/em«(/ de  vos  actions.  «  fPasq. 
LetL  T.  III,  p.  26.) 

Ces  deux  sens  emportent  toujours  l'idée  d'achè- 
vement, qui  est  l'idée  propre  du  mot. 

Delà,  on  a  dit  complément  de  droi  turc  powr 


(1)  On  lit  déjà  dans  Couci  (XXII)  :  «  A  vous  amans ,  plus  qu'a  nule  autre  gent ,  Est  bien  raison  que  ma  dolor 
complaigne.  »  (N.  E.) 

(2)  Dans  Froissart,  il  est  neutre  :  «  Et  ruiiiplaindoit  grandement  de  l'antipape  de  Rome  qui  luy  empesrhoit  son  droit.  ,< 
(XIV,  38.)  Il  est  aussi  réfléchi  (III,  88)  :«  Li  contes  se  coinptmiuli  à  DarteveUe  don  despit  que  li  Franchoi.';  li  avoieni 
fait.  »  N.  (E.  E.) 

(3)  Action  par  laquelle  le  possesseur  d'un  immeuble  demande  à  être  maintenu  contre  l'auteur  du  trouble  :  «  En  comptai  air 
de  novelleté  y  a  amende  envers  le  roy  et  la  partie.  »  (Loysel,  753.)  (n.  e.) 

(4)  (I  Li  chastelains  de  Couci  aima  tant  Qu'onc  pour  arnors  nul  n'en  cl  dolor  gr.3indre:  Pour  ce  ferai  usa  comphiinle  eu 
son  chant.  »  (Anon.  dans  Couci.)  (N.  E.) 

(5)  D'après  Du  Cange,  II,  500,  col.  1.  (N.  E.) 


i:o 


142 


CD 


réparation  d'un  lorl  commis.  «■  L'aignel  (espèce  de 
»  moiinoiej  anra  cours  pour  trente  sols  lonrnois,  et 
-  soil  maiid6[)ar  toutes  les  l)oiines  villes,  cufoiies,' 
.<  et  marchiez  se  tiennent,  que  l'en  ne  le  nielle,  ne 
■■  preii;iH'  pour  plus  :  et  qui  sera  trouvé  f.iisaut  le 
«  contraire,  qu'il  soit  pris,  li  i^lui)  et  sa  monuoye, 
..  pour  en  faire  complément  de.  droiture  ;  car 
»  autrement  la  dite  monnoye  ne  se  pourroit  bien 
.  soustenir.  ■■  (Ord.  T.  111,  p. 100.)  On  aditde  même  : 
eompliinent  de  justice  ,  (loui'  justice  complète, 
jugemeul  di'llnilil'.  «  lnliibous;i  nos  dicls  juges  de 
^recevoir,  de  nos  subjects,  aucuns  deniers,  pour 
«  recevoir  d'iceux  compliment  de  justice,  tant  pour 
»  causes  civiles,  que  criminelles.  ■>  (Coût,  de  Cueil. 
.\.  Coût.  Gén.  T.  Il,  p.  Iii42.) 

VARIANTES  : 
COMPLEME.XT.  Ord.  T.  II,  p.  285. 
Compliment.  Pasq.  Lett.  III,  p.  262. 

Conipleiision, s;(/^s^  frm.  Complément.  Terme 
d'astronomie. 

Ki  bien  sait  raisnier 

De  coDiploisioii  d'astrenomiger. 

Pot's.  MSS.  av.  1300,  T.  IV,  p.  1297. 

Complet,  snhst.  masc.  «  Que  tonneaux  trouvez 
«  trop  petits,  selon  le  gage  de  Mous,  soient  con- 
«  demnez  estro  brûlez,  en  jours  solemnels  publi- 
»  quement  :  le  boire  y  étant  confisqué  au  profit  de 
«  la  seigneurie,  et  celuy,  ou  ceux  dont  le  boire 
«  procédera  ès-loix  de  soixantesols  blancs,  de  chacun 
<■  lonneau,  ou  complet  ;  s'il  n'y  a  usance  du  lieu  à 
■  ce  contraire.  »  (Coul.  de  Mons,  Coût.  Gén.  T.  1. 
p.  832.) 

Complexion,  subst.  /"cm.  Constitution  *  (1). 
Complément  °.  Figure  de  rhétorique  ^. 

*  Ce  mot  subsiste  pour  habitude  du  corps.  On 
écrivoit  aussi  complesslou  dans  ce  sens  : 

L'omme  est  sanguin,  ou  colérique, 
Flematiqne,  ou  mélancolique. 
Gestes  quatre  complcssions 
Queurent  par  toutes  régions. 

G.  Guiart,  MSS.  fol.  352,  V-. 

^  Complexion  signifioit  complément  ,  ce  qui 
renferme  un  tout.  «  Toull'univers,  et  la  complexion 
o  de  ce  grand  cors.  »  (Mel.  de  S'  Gelais,  p.  1)2.) 

*^  La  ligure  de  rhétorique  nommée  complexion 
«■  est  quant  l'on  ayme  (lisez  amayne^  de  loing  son 
"  adversaire  ù  consentir,  et  cognoistre  celle  chose 
'■  ({ue  le  parleur  veut  monslrer.  »  (Fabri,  Art.  de 
Mhétor.  Liv.  1,  fol.  58.) 

VAKIANTES  : 
COMPLEXION.  Orth.  subsistante. 
CoMPLEasioN.  G.  Guiirt,  MSS.  fol.  352,  V" 

Coxai^li,  partie.  Accompli  (2).  Voyez  Ord.T.  I,  p. 
537,  et  Chans  jiss.  du  comte  Thib.  p.  1.  «  Celui  jor, 
«  ot  (eut)  conijili  le  roi  Henri  de  Cliipre  son  âge  de 
XV  ans.  »  (Coiilin.  de  G.  de  Tyr,  Martène,  T.  VI, 
col.  712.) 


Complice,  suhsl.  masc.  et  fém  Associé.  Parti- 
cipant. Nous  remarquerons  ,  sur  ce  mot  qui 
subsiste,  qu'il  étnit  réputé  .gaulois  par  Pasquier, 
«  pour  n'estre  françois,  grec,  ny  latin.  »  (Rech.  p. 
657.)  Voyez  aussi  Du  Gange  au  mol  Complices.  On 
écrivoit  quelquefois  complis ,  selon  le  Gloss.  de 
rHist.de  Brel.  Ces  mots  se  prenoient  ordinairement 
en  mauvaise  part,  pour  associé  ù  un  crime  ;  mais 
nous  trouvons  complisse,  dans  les  Chron.  S'-Denis, 
T.  111,  fol.  12,  sans  application  à  aucun  crime  ou 
mauvaise  action. 

VARIANTKS  : 
COMPLIClî.  Orth.  subsistante. 
CûMPLis.  Gloss.  de  l'Histoire  île  Bret. 
CoMPi.istiE.  Chron.  Saint-Denis,  T.  III,  fol.  13. 

Complida,  adj.  Accompli.  Mot  du  patois  de 
Riom.  (Gloss.  sur  les  Coût,  de  Beauvoisis.) 

Complir,  verbe.  Accomplir.  (Voyez  Gloss.  sur 
les  Coul.  de  Beauvoisis.) 

Si  li  a  compli  son  vouloir. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  5,  U-  col.  2. 


pour  accomplissez,  dans  les 


On  lit  complices 
Ord.  T.  11,  p.  57. 

Complot,  subst.  7Jiasc.  Dessein,  projet  (3).  Nous 
le  prenons  toujours  en  mauvaise  part,  pour  dessein 
formédans  la  vuede  nuire.  Autrefois,  sasignilication 
n'étoit  déterminée  que  par  le  sens  de  la  phrase.  On 
disoit,  en  général,  prendre  complot  pour  l'aire  la 
partie.  «  La  ditedame,  etplusieursautres7J?7Hr/>'^?U 
complot  (^e  leur  baigner.  »  (Arr.  Amor.  p.  127.) 

On  employoil  quelquefois  ce  mot,  dans  un  sens 
obscène. 

liras  à  bras  jurent  en  la  couche  ; 
La  borgoise  ama  li  complot. 
Si  fit  du  clers  ce  qui  li  plot. 

Fabl.  MSS.  de  s.  G.  fol.  123,  U"  col.  2. 

Complote,  subst.  fém.  Complot  *.  Mêlée  ^. 

*  On  lit  au  premier  sens  de  complot,  «  cale 
complote  »  pour  ce  complot,  dans  Ph.  Mouskes,  MS. 
p.  785. 

^  Dans  le  second  sens  de  mêlée,  on  disoit: 

Moult  estera  honi  qui  verra  tel  complolte. 
Et  partira  du  champ,  se  ainçois  n'y  exotte. 

Notice  duKom.  d'Alexandre,  fol.  22. 

VARIANTES  : 

COMPLOTE.  Ph.  Mou3l;P3,  MSS.  p.  7Sô. 

CoMPLOTTE.  Not.  du  Rom.  d'Alex,  fol.  22. 

CoNPLOTE.  Fabl.  MSS.  du  R»  n-  7615,  T.  II,  fol.  191,  V»  col  2. 

Comploteïs.  [Intercalez  Complateis,  dérivé  de 
complot,  dans  Benoit  de  S'  More  (II,  10491)  : 

Ariere  turne  al  bruiseïs 

Et  au  très  lier  comploteis.]  (x.  e.) 

Comploteur ,  subst.  masc.  Qui  complote. 
(Oudin,  Dicl.) 

Comploteuse,  adj.  fém.  On  a  dit  :  menée 
comploteuse,  (tîpilh.  de  M.  de  La  Porte.) 


(\)  Ce  sens  est  dans  Froissart  :  «  Les  vins  estoient  secs  et  chauls  et  hors  de  la  complcclion  traachoise.  »  (XIV,  236.)  (n.  k.) 

(2)  (I  Trois  ans  tous  cniiiplia.  »  (Froissart,  II,  33.)  (N.  E.) 

(3)  On  lit  déjà  dans  la  bataille  d'Aleschans  (xii«  siècle,  v.  6053)  :  «  Chascuns  portoit  ou  lance  ou  javelot  ;  Enlor  Guillauuie 
veissiez  grand  complot  »,  c'est-à-dire  grande  foule.  (N.  E.) 


co 


i3 


co 


Compluine  ,  subsl.  Peut-être  le  même  que 
complant,  pkintation,  lieu  planté  de  bois.  «  Le 
«  doivent  piendie  par  assignai ,  selon  le  règlement 
«  qui  leur  sera  fait,  et  donné  par  le  seigneur,  ou  son 
"  grand  gruyer,  non  tout  en  un  lieu,  ou  comjilunw  de 
«  bois  ;  niaiscomme  il  leursera  marqué  du  marteau 
'<  de  gruerye  ou  le  bois  sera  trouvé  plus  espaiset 
«  couvert.  »  (Coût,  de  Corze,  Nouv.  Coul.  Gén.  T.  II, 
p.  lotu;  ) 

Coiiipoint,  aâj.  Toucbé,  pénétré.  Pénétré  de 
componction,  du  latin  compunctus. 

.  .  .  L'ame  est  par  paour  compointe 
De  l'amour  de  Dieu  et  empointe. 

Eust.  Desch.  Poés.  MSS.  fol.  536,  col.  4. 

VARIA>TES  : 
COMPOINT. 

COMPOUZ  (est).  St  Bern.  p.  3C8.  En  latin  cumpwujUur. 

Compoix  ,  subst.  mnsc.  Cadastre.  C'est,  en 
Languedoc,  ce  qu'on  appelle  ailleurs  le  cadastre,  le 
registre  des  fonds  de  chaque  communauté.  (Dict. 
Etym.  de  Ménage.  )  Ce  mot  se  trouve  dans  la 
déclaration  de  lOGO  ,  et  dans  le  Régi,  de  1G72,  pour 
la  Génér.  de  Monlauban,  §  2  et  3. 

Componcion,  subst.  fém.  Componction. 

Les  lèvres  muevre,  ne  les  dens, 
Ne  font  pas  la  religion  ; 
Mais  la  bone  coDtponcion 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  1218,  fol.  293.  R"  col.  2. 

VARtiï^TES   : 
COMPONCION.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  293,  II"  col.  2. 
CoMPUNCTiON.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  533,  col.  3. 

Coinpoué,  adj.  Composé,  du  latin  coviponere. 
Termede  blason  qui  signilie  de  deuxémaux(i)dilîé- 
rens.  (Indice  armoriai  de  Palliol.  Voyez  aussi  le  Dict. 
univ.  et  le  Laboureur,  Orig.  des  Arm.  p.  'iri'i.)  On 
disoit  cependant  aussi  componez  de  soye,  pour 
composés,  travaillés  en  soie.  (Petit  J.  de  Saintré, 
p.  289.)  On  lit  capponcs  (2)  dans  le  même  sens.(lbid. 
p.  240.  —  Voyez  note  (a),  ibid). 

Comport,  subst.  7nasc. Support,  faveur*.  Port, 
démarche  ^  (3). 

*  On  disoit,  au  premier  sens  :  «  Les  auditeurs  de 
«  Baune  feront  droit  à  ung  chacun,  sans  nul  com- 
«  port.  »  (Etat  des  Oflic.  d"u  duc  de  Bourg,  p.  295. 
—  Voyez  Emport  ci-après.) 

■  Au  second  sens  de  port,  démarche,  on  lit  : 

Beau  corps,  beau  maintien, 
Beau  compoft. 

Comredîl  de  Soogecr.  fol.  172,  R". 

Comporte,  subst.  fém.  Sabord.  Embrasure  de 
canon,  dans  un  vaisseau  (4).  (Dict.  d'Oudin.) 

Comportemeut,  subst.  masc.  Conduite.  L'ac- 


Voyez  Du  Cange,  au  mot 


lion  de  se  conduire. 
l'ortnmentum.) 

Comporter,  verbe.  Porter,  colporter.  On  disoil, 
en  général  : 

Tant  {.'avérai  hui  cmnporté. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  239,  V  col.  2. 

Dans  un  sens  moins  étendu,  il  sigiiilioit  porter 
des  marchandises  par  les  rues,  pour  les  vendre. 
C'est  notre  mot  colporter.  «  Comporte  peaulx  taintes 
"  parla  ville  de  Paris  responnemenl  (secrètement.)  > 
(Ord.  T.  III,  p.  373.) 

VARIANTES  : 
COMPORTER.  Ord.  T.  III,  p.  184,  an.  1357  (5). 
CoNTKEPORTER.  Contes  de  Des  Perr.  T.  I,  p.  295. 

Comporteur,  subst.  masc.  Colporteur.  «  Menuz 
»  fenestriers  et  petiz  comvorteurs  aval  la  ville  de 
"  Paris,  ne  seront  tenuz  de  riens  payer  de  laditte 
«  imposition,  se  il  ne  vendent  en  un  jour  dix  solz 
«  de  denrée.  »  (Ord.  T.  Il,  p.  320,  an.  1349.) 

VARIANTES  : 
COMPORTEUR.  Ord.  T.  11,  p.  420  (G). 
CONTREPORTEUR.  Monnet,  Nicot,  Oudin,  Dict. 

Compos,  subst.  masc.  Posture  *.  Figure  ^. 

*  On  lit,  au  premier  sens  de  posture  : 

Trop  raieulz  vaudroit  celi,  par  m'ame, 
Estre  pèlerins  à  Saint  Jame, 
Qu'en  tel  compos. 

Froissart,  Poi's.  WSS.  page  Hl,  col.  1. 

°  Au  second  sens  de  figure  : 

De  tous  regars,  et  de  divers  ompos. 

Froissart,  Poés  MSS.  p.  414,  col.  2. 

Composé(le),  sufcsi.  masc.  Termede  coutume. 
Celui  qui  a  composé,  qui  a  fait  un  accommodement 
pour  quelque  délit.  »  Compositions  en  delicls,  méri- 
i<  tant  peine  corporelle  faicle  par  le  fisciue,  sera 
«  déclarée  injuste,  et  illicite,  et  pourra  le  composé 
«  estre  recherché,  et  cliastié,  etc.»  (Coût,  de 
Bouillon,  N.  Coul.  Gén.  T.  Il,  p.  8(51.) 

Composé  ,  part.  Imposé  par  composition  *. 
Disposé  ^.  Compassé  '^. 

*  On  lit,  au  premier  sens  :  «  Fut  composé  le  dit 
'<  village  à  huict  corbellieis  de  jiain.  »  (.1  .Le  Fevre 
de  St-Remy,  Hist.  de  Charles  VI,  p.  86.)  "  Les  autres 
"  furent  rachetez,  et  composez  à  grans  sommes  de 
«  deniers.  »  (Moiistrelet,  vol.  I,  fol.  199.) 

°  La  seconde  acception,  disposé,  se  remarque  dans 
le  passage  suivant  :  »  Misrent  le  joyal  (joyau)  en 
»  ung  lieu  propice  assez  covi/iosé  ou  ciiascun  le 
«  peust  voir.  »  (Percef.  vol.  IV,  fol.  4.) 

^  Coinposé  signilie  compassé  dans  cet  autre 
passage  :  <■  Il  faut  dire  que  l'eure  estoit  bien  com- 
«  posée,  car ,  s'ilz  fussent  entrez  demye  heure  plus 


(i)  Chacune  de  ces  pièces  carrées  et  alternées  comme  dans  un  échiquier,  est  appelé  conipon.  (n.  e.) 

(2)  Lisez  plutôt  copponés  comme  aux  Emaux  de  de  Laborde  (p.  222)  :  «  Une  escriptoire  de  cuir  coppu,u'('  d'or  à  flfur  do 
lys  entaillée.  »  (xiv  siècle.)  (n.  e.) 

(3)  11  a  encore  le  sens  de  rapport  :  «  Et  mettront  à  juste  pris  [les  vivresl  au  proffit  commun  et  selon  le  comport  du  pais.  ) 
(Ord.,  IV,  p.  298,  an.  1354.)  (N.  E.) 

(4)  Il  a  aussi  le  sens  de  basse,  cuve  de  bois  pour  transporter  la  vendange  (JJ.  197,  p.  88,  an.  l-4l)9)  :  «  Le  suppliant  print 
incontinent  son  cheval  et  le  basta,  et  mist  dessus  les  semales,  dittes  comportes  ou  portouoires,  et  se  transporta  en  la  ditte 
vigne.  »  (N.  E.) 

(5)  On  y  lit  :  «  Que  nulz  ne  puisse  comporte  ne  faire  comporter  euvre  de  lormerie  hors  de  son  hostel.  »  (n.  e.) 

(6)  On  lit  encore  au  t.  IV,  p.  82,  an.  1295  ;  «  Comporteurs  de  ferperie.  »  (N.  E.) 


co 


14  i  - 


CO 


«  tost,  011  plus  t;ii1,  ilz  esloient  perduz.  »  (Le  ,Iouv. 
Mss.  p.  380. j 

Coiiiposeï",  verbe.  Comparer  *.  Traiter,  capi- 
tuler, se  racheter  ^  (1). 

Ces  deux  sens  apparliennent  aa  mol  latin  compn- 
)u've,  d'où  le  mol  composer  dérive. 

*  On  trouve  comjioser  pour  comparer,  dans  le 
passage  suivant:  «  Cydnns  en  Cilicie,  lequel  voyant 
•  -Mexandrc  Macedon  tant  beau,  tant  clair,  et  tant 
■  IVoi't,  en  cueur  d'esté,  co))i/ios(i  la  volupté  dr  soy 
.  ded  nis  baigner  au  mal  qu'il  prevoyoil  luy  advenir 
«  de  ce  transitoire  plaisir.  »  (Rabelais,  T.  V,  p.^OI.) 

To»(y;os(,'restniis,  dans  cet  autreendroit,  pour  ca- 
pituler, accorder  une  capitulation  ('i):  «  Le  seigneur 
'•  de  Gonzague,  sans  le  sceu  du  dit  comte,  composa 
"  ceux  qui  esloient  pour  la  part  impérialededaus  le 
«  château  du  dit  Carignan.  ■■  (Méni.  du  Bellay,  Ijv. 
VHL  loi.  'iôS.)  Ile  là  se  composer  signilioit  venir  à 
composition,  se  racheter.  «  L'exhortoient  soy  com- 
«  poser,  et  de  l'ait  icehiy  de  Beaufort  composa  de 
«  payer  quatre  mille  escus  d'or,  afin  d'eslre  délivré 
■•  de'ia  prison  ou  il  estoit.  «  (Mathieu  de  Coucy,  Hist. 
de  Charles  Vil,  p.  731.)  «  N'avons  nul  blasme  desor- 
«  mais  de  nous  composer.  »  (Froiss.  Liv.  I,  p.  12!>.) 

Compositeur,  subst.  masc.  .\rbitre.  >  Amiable 
«  compositeur,  ou  appaiseur,  si  est  celuy  qui,  du 
"  consentement  des  parties,  les  met  en  accord.  » 
(Bout.  Sora.  Rur.  p.  Oyi.) 

Composition,  subst.  fém.  Ce  mot  subsiste. 
iNous  remarquerons  seulement  les  deux  expressions 
suivantes  : 

1»  La  grande  composition  étoit  le  nom  que  l'on 
donna  «  au  traité,  et  accord  (3)  fait  entre Tévesque de 
«  Beauvais,  et  la  dite  ville,  en  l'an  mil  deux  cens 
"  soixante  et  seize  au  mois  d'aoust.  »  (Coût.  Gén.T. 
1,  p.  347.) 

2"  Prendre  compositions  élo\[  recevoir  de  l'argent 
des  gens  qui  sont  en  faute,  pour  ne  pas  les  pour- 
suivre en  justice.  (Ord.  T.  III,  p.  256.)  (4) 

La  c  imposition  étoit  un  traité  par  lequel  un 
criminel  évitoillapeiuedueà  son  crime,  moyennant 
unesoiiimed'argenl.I'ar  l'ancien  droit  des  Gei'mnins, 
tous  les  crimes,  excepté  celui  de  lèse-majesté,  étoient 
aboiis  |)yi'  ie  paiement  d'une  somme  d'argent,  dont 
les  parties  convenoient  entre  elles,  et  qui  étoit 
quelquefois  lixée  d'olTice  par  le  juge,  lorsque  les 
parties  ne  pouvoienl  pas  s'accorder.  (Ord.  T.  III, 
p.  130.)  L'éditeur,  dans  sa  note,  ibid.  renvoyé  au 
Gloss.  latin  de  Du  Cange,  au  mot  Componere. 


Coiupositoire,  suhst.  masc.  Comiif^siieur,  ou 
compesleur.  peut-être  petile  règle  servant  a  iracer 
des  lignes  sur  le  pa[)ier  : 

Je  compare  vos  doigts  à  des  composiloiivs, 
Les  palmes  de  vos  mains  semblent  decrotoires. 

Des  Ace.  Bigarr.  fol.  139,  V  el  140  R'. 

Compossesseiii',  subst.  masc.  Terme  de  droit, 
nui  possède  conjointement  avec  un  autre.  (Cotgrave 
et  Oudin  Dict.^ 

Compost,  subst.  masc.  tîecueil,  composition  *. 

Calcul,  almauach  °.  Engrais'^. 

*  Du  verbe  com|)Oser  s'est  formé  le  substantif 
compost,  composition,  recueil.  (Borel,  Dicl  ) 

^  Du  mol  comput,  calcul  chronologique,  s'est 
formé  le  même  mot  compost ,  employé  autrefois 
pouralmanach. (Oudin, Dicl. )Sur  la  fin  duxv  siècle, 
il  y  avoit  un  almanach  intitulé  le  drand  Compost 
des  Bergers.  Dans  Merlin  Cocaie,  T.  I,  p.dO.comiiost 
est  mis  pour  calcul.  «  Il  quille  incontinent  les  règles 
«  du  compost  (5)  ;  il  ne  se  soucia  plus  des  espècesde 
"  nombres,  elc.  » 

•^  Engraisser  les  terres,  c'est  les  composer  ;  de  là 
compost  s'est  employé  pour  engrais,  tels  que  les 
marnes,  les  fumiers,  etc.  Compostum,  ddni\e  Gloss. 
lai.  deDu  C  inge,est  expliqué  par  un  mol  anglois  (6; 
qui  signitie  fumier.  Dans  la  Coût,  de  Norm.  en  vers, 
Mss.  fol.  ô3,  en  parlant  des  gens  occupés  de  fonc- 
tions viles,  on  cite  ceux  qui  sont  chargés 

De  compost  mettre  hors,  et  traire, 
ComjMiter  terres. 

C'est-à-dire  curer  les  mares,  marner  et  fumeries 
terres.  Car  c'est  à  ces  expressions  de  l'ancienne 
coutume  que  répondent  celles  du  poète  :  Composter 
les  terres  étoit  les  engraisser  ;  compost  étoit  tout 
engrais  en  général,  marnes,  fumiers,  etc. 

On  trouve  compos  dans  le  même  sens  : 

De  mettre  hors  des  estables 
Les  compos. 

Coiit.  de  Norm.  en  vers,  MS. 

Il  est  écrit  compos,  il  est  évident  que  c'est  le 
pluriel  de  compost. 

Composte,  subst.  fém.  Ce  mot,  qui  se  dit  à 

présent  des  fruits  cuits  au  sucre,  signifioit  autrefois 

les  légumes  et  fruits  assaisonnés,  pendant  l'été,  au 

sel  et  au  vinaigre,  qu'on  servoit  pour  salade  pendant 

l'hiver  suivant.  (Des  .\cc.  Escr.  Dijonn.  fol.  54.)  On 

écrivoil  aussi  conposte  (7). 

Lai  bouli,  marons  et  conposte. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7989,  T.  II,  fol.  240,  V  col.  9. 


(1)  Il  signifie  encore  taxer  ;  «  Le  suppliant  et  .lehan  Lolier  dirent  qu'ilz  avoient  compose  ceUui,  sur  qui  se  devait  faire  ledit 
chaiivari.  à  .xii  solz  pour  le  boire  des  compaignons,  à  .un.  solz  par.  pour  la  chandelle  ,  que  les  femmes  mettent  ardent 
limage  de  N.  D.  dudit  lieu.  »  J.I.  164,  p.  54,  an.  1409.  (N.  E.) 

(2)  Il  peut  être  alors  réfléchi  :  «  Se  tretierent  et  se  coinposerevt  au  conte  Derbi ,  que  il  se  renderoient.  »  (Froissart, 
IV.  275.)  (N.  E.) 

(3)  Ce  sens  est  dans  Froissart,  t.  IV,  p.  95,  p.  243.  (n.  e.) 

(i)  Composition  était  synonyme  d'impôt  (Ord.,  t.  VI,  p.  480,  an.  1380)  :  «  Et  que  durant  le  temps  dessus  dit,  ilz  soient 
exemps,  francs  et  quittes  de  toutes  compositions,  subsides,  maletoutes,  aides.  »  (N.  E.) 

(5)  On  trouve  aussi  compotisl  :  «  Ung  frère  du  suppliant,  qui  va  à  l'escolle  et  alloit  estudiant  le  compoust.  »  (JJ.  '197  , 
p.  278,  an.  1472. Un.  e.) 

((5)  C'est  le  mot  compost.  (N.  E.) 

(,7)  On  lit  au  reg.  ,1,1. 171,  p.  282,  an.  1420  :  «Jehan  Caillel  requis  au  suppliant  que  il  vousist  e&lti  à  un  esbatement.... 
pour  gaingnier  un  craquelin  et  un  tonnelet  plain  de  composte  lombarde.  »  (x.  E.) 


co 


—  145  — 


CO 


VARIANTES  : 
COMPOSTE.  Orth.  subsistante. 
CoNPOSTE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7089,  fol.  240,  V»  col.  2. 

Composter ,  verbe.  Engraisser  les  terres  *. 
Mettre  en  compote  ". 

*  Sur  le  premier  sens,  voyez  le  mot  Compost  ci- 
dessus. 

°  Sur  le  second,  voyez  Oudin,  Dict.  Fr.  Esp. 

Composteur,  suhs.  ??!flsc.  Compositeur. (Oudin 
Dict.) 

Composture,  snbst.  masc.  Procédure  (1).  Il 
semble  que  ce  soit  le  sens  de  ce  mot  dans  les 
vers  suivans  ; 

dient  que  la  cause  est  dure. 

Et  que,  par  longue  compostxire, 
La  fault  mener  bien  sagement. 

Modus  el  Racio,  MS.  fol.  215,  V'. 

Compounst,  fulj.  Composé.  Il  est  mis  en  oppo- 
sition au  mol  simple,  dans  ce  passage  :  ••  En  plusurs 
«  maneres  purraun  homme enserver  (asservir)  son 
«  tenement  (sa  terre)  ,  si  come  aucun  à  graunter 
«  (accorder)  a  autre  que  rien  n'ad  (n"a,  ne  possède), 
«  que  il  eyl  lyens  (ail  ly  dedans)  droit  de  pesctier, 
>■  ou  de  laver  (2),  ou  de  carier,  et  par  autres  servages 
«  que  purront  estre  sauns  nombre,  solonc  ceo  (ce 
«  que)  que  ilz  sount  simples ,  ou  compount%  de 
«'  autres  appartenances.  (Brill.  Loix  d'Angleterre, 
fol.  139.) 

Compréhention,  siibst.  (cm.  L'action  de  com- 
prendre. Sa  signification  est  mieux  expliquée  par 
le  passage  suivant  :  «  Ne  peullla  compréhension  du 
«  dit  seigneur  de  Savoye,  en  titre  d'allié,  faicte  au 
«  trailté  de  Cambray,  l'exempter,  el  faire  tenir 
«  quille  de  ce  qu'il  "me  doit.  »  (Mém.  du  Bellay. 
Liv.  V,  fol.  163) 

Comprenant,  adj.  Etendu. 

Iceste  fontaine  est  de  trestout  bien  eschive, 
Malicieux  est,  trop  comprenant,  et  soutive  ; 
Et  se  gart  bien  chascuns  n'aprocher  pas  sa  rive. 
Que  l'omecide  en  soi  ne  s'esprengne,  et  avive. 
Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  2r.2,  V  col.  2. 

Comprenanle  (niant),  adj.  Incompréhensible. 
(S'  Bernard,  Sermons  fr.  mss.  p.  79,  dans  le  latin 

mcumj/rehensibiiis). 

Conlpl'an(il•es,s^(/)S^  ??irt,sf.  Etendue.  Un  idio- 
tisme assez  ordinaire  dans  notre  ancienne  langue 
étoit  d'employer  substantivement  les  infinitifs  des 
verbes.  On  en  trouve  un  exemple  dans  le  passage 
suivant  : 

Tout  Artois  conquist  celui  Hue, 
Tant  comme  endure  li  conprandres, 
Maugré  les  communes  de  Flandres. 

G.  Guiarl.  MS.  fol.  U",  Vv 

VARIANTES  : 
COMPRANDRES.  G.  Guiart,  MSS.  fol.  218  R°. 
Conprandres.  Ibid.  fol.  -147,  V°. 

Coniprendement,  subst.  masc.  Etendue. 
«  Pourront  ils  créer  les  majeurs,  du  comprende- 


«  7nent  de  leurs  limites.  »    (Goût,   du  Ilaynault, 
Coût.  Gén.  T.  I,  p.  797.) 

Comprendre,  verbe.  Comparer  *.  Attraper, 
amorcer  °.  Les  autres  significations  subsistent. 

*  Ce  mot  est  employé  pour  comparer,  dans  les 
vers  suivans  : 

Madame  set  tout  bien  faire,  et  aprendre  : 
Toute  bonté  puet  on  à  li  comprendre. 

Jeh.  de  Neuville,  Poès.  MSS.  av.  IMO,  T.  i,  p.  315. 

^  Comprendre  signifioit  aussi  attraper,  amorcer  : 

Fortune  ainsy  des  compaignons  s'esbat. 
Qui  au  délit  de  la  char  les  comprent, 
Puis  les  destruit,  con  la  souris  le  chat. 

Eust.  Desch.  Poês.  MSS.  fol.  208,  col.  î. 

Conjugaison. 
Comprains,  part.  Compris.  (Ord.  T.  III,  p.  428.) 
Comprehendés,  part.  Compris.  (Ten.  de  Lilll.  f°  13.) 
Conipreist,  imp.  subj.  Comprit. 
Coviprins,  pari. Compris.  (Gloss.  de  Marot). 
Comprisent,  pour  comprirent.  (S*  Bern.  Ser.  fr.) 

Compresser,  verbe.  Opprimer,  fatiguer.  Vovez 
compressare,  dans  Du  Cange.  »  Le  duc  compressait 
«  les  abbayes,  el  les  églises  de  sa  terre,  de  griefves 
«  tailles  ,  contre  les  royaulx  muiumens  (  pour 
chasses  ou  pour  défenses).  »  (Ghron.  S'  Denis,  T. 
Il,  fol.  8.) 

Qui  a  sente  en  largesse, 
Contre  droit  ne  la  compresse. 

Eust.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  174.  col.  3. 

Comprimer,  verbe.  Proclamer  *.  Opprimer  ^. 

*  Dans  le  premier  sens  de  proclamer,  on  a  dit  de 
J.  Christ  :  f  Lors  le  commanda  Pilate  amener  devant 
«  luy  en  rendant  sentence  encontre  iuy,  le  pour- 
«  suyvil  en  telle  manière  ...  ta  lignée  l'a  corn- 
»  ;j?"/mee  comme roy;pourcejetecondamne,etc.  » 

^  Comprimer  est  employé  pour  opprimer  dans 
ces  vers  : 

Lors  fit,  pour  imprimer  ses  malignes  practiques 
Sénateurs  comprimer,  et  magistralz  anticques. 

Crétin,  p.  128. 

Comprins  et  Compris.  [Intercalez  Comprins 
et  Compris,  enceinte  ;  «  Lequel  cheval  esloit  ou 
»  compris  et  circuite  d'icelle  foire,  afin  que  celui  à 
«  qui  esloil  le  dit  cheval,  le  peusl  sûrement  et 
«  aisément  recouvrer.  »  (JJ.  168,  p.  ],-),  an.  1114.) 
Comprins  est  au  Gartulaîre  de  Lagnv,  fol.  232, 
an.  1470.]  (n.e.)  ' 

Compris,  adj.  Pris.  «  Le  congé  compris  à  la 
«  demoiselle,  et  aux  chevaliers.  »  C'est-à-dire  le 
congé  pris  de  la  demoiselle,  etc.  »  (Ger.  de  Nev. 
1"  partie,  p.  87,  note  de  l'éditeur.) 

Comprobation,  subst.  fém.  Preuve,  certificat. 
«  Si  sont  tenus  de  rendre  compte  de  tous  leurs 
«  ouvrages,  recopie,  mises  (dépenses),  distributions, 
«  escrits,  ou  comprobations  de  commandement  de 
«  leur  seigneur.  » 


(1)  Ce  mot  signifie  encore  engrais  :  «  Avons  baillé  à  Rikart  Heket  de  Vaucheles  à  moitai  quarente  deux  journeux  de 
terre;...  le  devant  dite  terre  menée  par  droite  composture.  »  (Du  Cange,  II,  502,  col.  2,  an.  13173  (N-  e.) 

(2)  Il  s'agit  là  d'un  étang  ou  d'une  rivière.  (N.  E.) 

IV.  19 


co 


—  146  — 


CO 


Conipromettenr,s»V^s<.  niasc.  Coobligé.  L'édi- 
teur (le  lioiiteillei'  dil  qu'au  viul  iiraticieu  qu'il  a 
souvent  i.ilé,  use  de  ee  mol  comproiiielleitr,  au  lieu 
de  celui  de  coohligé.  IBoul,  Soui.  Kur.  p.  58-2.) 

Compromettre  ,  verbe.  Confiriner,  ratifier. 
«  Le  r'y  cmiiiiroinctlra  le  traitté  dessus  déclaré,  es 
«  mains  des  (lits  cardinaux  ambassadeurs,  pour  le 
«  tenir  l'ernie  et  stable.  «  (.(.  Chartier,  Hist.  de 
Charles  VII,  p.  80.) 

Compromis,  adj.  Qui  a  fait  un  compromis.  On 
voit  paiiu's  cduijn'uinises,  pour  les  parties  qui  ont 
passé  un  compromis,  dans  l'IIist.  de  Meaux,  par  D. 
Touss.  Duplessis,  p.  113,  lit.  de  l'224. 

Compromis,  subst.  musc.  Confirmation,  ralifi- 
calion  *.  Accord  ,  promesse  '.  Façon  ancienne 
d'élire'^.  Fiancé  ". 

*  Rabelais  employé  ce  mol  au  premier  sens  de 
confirmation,  ratification  : 

Tout  bon  vouloir  aura  son  compromis. 

Rabelais,  T.  d,  p.  H. 

Voyez  sur  cette  signification  le  mot  Compromettre 
ci-dessus. 

^Compromis  signifie  accord,  promesse,  dans  le 
passage  suivant  : 

Leur  tenoit  foy,  promesse,  et  compromis. 

Vig.  de  Charles  VII,  T.  1,  p.  72. 

'^  Le  compromis  éloit  une  ancienne  façon  d'éiire. 
Voyez  ce  que  c'éloit  que  l'élection  d'un  maire  faite 
par  la  voix  du  coniproniis  (1),  dans  des  lettres  de 
Charles  V,  de  1373,  accordées  à  la  ville  d'Angou- 
léme.  [Ord.  T.  V,  p.  G80.) 

°  Enfin  on  a  dit  compromis,  pour  fiancé.  En 
parlant  du  mariage  d'Anne  de  Bretagne  avec  l'ar- 
chiduc Maximilien,  qui  avoit  été  fait  par  procureur, 
Brantôme  dit  :  «  Le  roi  Charles  VIII  rompit  le 
«  mariage  qui  s'estoit  fait  entre  luy  et  Marguerite 
«  de  Flandres,  et  osta  la  dile  Anne  à  Maximilien 
«  son  compromis,  et  l'espousa.  »  (Brant.  Dames 
lllustr.  p.  2.) 

Compromissaire,  subsl.  masc.  Arbitre.  Juge 
d'un  différend,  en  vertu  d'un  compromis.  (Oudin, 
Dicl.) 

Comps,  subst.  masc.  plur.  Contes. 

....  Qu'il  ait  tousjours  grant  alaine 
Pour  parler,  en  multipliant  ; 
Et  qu'il  voist  ses  comps  employant 
De  loing,  et  sanz  escliaufeture. 

Eust.  Desch.  Poès.  MSS.  fol.  4U.  col.  1. 

Comptaljle,  subst.  masc.  Le  comptable  de 
/?o?Y^'rtH.ï;(2)  éloit  un  officier  particulier  de  celle  ville, 
peut  élre  le  receveur  des  deniers  ou  du  domaine  de 
la  ville.  Voyez  le  démêlé  qu'il  eut,  au  sujet  de  sa 
ferme,  avec  le  maître  de  la  monnoye,  an  1567,  dans 


les  Mém.  de  Monlluc,  T.  Il,  p.  245.  «  Le  convoy, 

"  com/jtanlie  (3),  et  courtage  de  Bourdeaux  compre- 
■■  noient  différens  droits  ijui  n'avoient  esté  origi- 
«  naiiemenl  establis  ,  par  la  ville  ,  que  puur 
"  subvenir  aux  dépenses  publiques.  »  (Mém.  sur  les 
finances  donné  par  le  M.  de  N.  pendant  la  Régence.) 

Comptaige.  [Intercalez  Comptaige ,  somme 
perçue  par  celui  (lui  a  compté  les  bûches  ou  estimé 
les  arbres  :  »  Ilem  les  molleurs  et  compteurs  auront 
«  droit  de  comptaige  el  mollage  de  toute  manière 
«  de  busche  vendue  et  livrée  à  Paris  h  compte  et  à 
'<  molle.  ..  (.).!.  170,  p.  1,  an.  1415.)]  (n.  e.) 

Comptant,  adj.  Content.  (Voyez  P.  J.  deSaintré. 
p.  281.) 

Comptant,  pari.  Dans  cette  expression,  messe 
en  comptant,  opposée  ;\  messe  en  note,  il  paroit  que 
comptant  est  participe  de  compter,  pris  ici  pour 
conter,  narrer.  Messe  en  comptant  éloit  une  messe 
dite  sans  chanter,  de  la  même  voix  dont  on  conte, 
dont  on  parle,  ce  que  nous  nommons  une  basse 
messe.  (Gloss.  de  l'Hist.  de  Bret.)  On  lit,  dans  les 
Preuves,  p.  1310,  col.  2,  :  «  Deux  messes  o  note, 
«  chacune  sepmaine,  et  une  messe  en  comptant, 
»  par  chacun  jour  de  la  sepmaine.  ■>  Nous  verrons 
ci-après  qu'on  écrivoil  compter  pour  6'OH/t'r. 

Comptant,  sul)St.  masc.  Argent  non  monnoié. 
L'éditeur  l"expli<|ue  ainsi  dans  ce  passage  :  »  Que 
«  les  changeurs  et  marchans  puissent,  ou  doyent 
«  porter  leur  comptant  plus  aisément.  ■■  (Ord".  T. 
III,  p.  344.) 

Comptantor,  subst.  masc.  On  trouve  ce  mol 
dans  du  Tillof.  (Ilisl.  de  la  fête  des  foux,  p.  125.) 

Compte,  subst.  masc.  et  fém.  Conte,  fable  *. 
Conversation  ^.  Calcul  ^. 

*  On  disoit,  dans  le  premier  sens  :  comptes  de  la 
quenouille,  comptes  de  la  cicoigne.  (Bourg.  Orig. 
Voc.  Vulg.  fol.  27  )  Ce  mol,  pris  en  ce  sens,  s'écrit 
aujourd'hui,  selon  la  seconde  oithographe;  Contes 
de  la  Cicoigne  (4),  fables,  niaiseries.  (Oudin,  Cur.  fr. 
et  Du  Verdier,  Div.  Leçons,  p.  358.  )  On  disoit 
compter  des  comjites,  faiie  des  contes. 

....  Que  ceuls,  ou  loquence  habonde, 

Et  qui  ont  belle  théorique. 

Et  (le  parler  bonne  pratique, 

En  faiz  de  beaus  comptes  compter. 

Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  413,  col   I. 

Il  faut  entendre  quelquefois  en  ce  sens,  l'expres- 
sion tenir  compte,  faire  des  contes,  des  railleries  ; 
en  tenir  leur  conte  partout  a  celte  signification 
dans  Strapar.  Nuicls,  T.  II,  p.  218. 

Compte,  selon  celte  même  acception,  entroitdaiis 
diverses  expressions  triviales  et  oiseuses,  selon  le 
compte.   (Froissarl,  Poës,  mss.   p.  29.)  Or  dist  le 


(1)  Les  élections  de  prélat  étaient  faites  par  compromis,  lorsque  des  électeurs,  ne  pouvant  s'accorder,  donnaient  pouvoir 
à  quelques-uns  d'entre  eux  de  faire  l'élection,  (n.  e.) 

(2)  «  Fut  ordonné  le  dit  trésorier  maire  de  la  cité  de  Bordeaux  ;  et  pareillement  fut  aussi  ordonné  Joachin  Rohault 
co>Uafc/e  diulit  lieu,  et  en  feit  le  serment  en  la  main  du  dit  chancelier,  et  le  dit  maire  es  mains  d'iceux  chancellier  et 
conlable.  »  (Monstrelet,  t.  III,  p.  36.)  (N.  E.) 

(3)  La  comptabtie  était  un  droit  d'octroi  perçu  à  rentrée  des  villes  de  Guienne.  (N,  e.) 

(4)  Voyez  ce  mot.  (n.  e.) 


co 


—  147  - 


CO 


compte  ^Id.  ilist.  Liv.  III,  p.  {Zio.)Etdistle  compte. 
(Lanc.  Du  Lac,  T.  ii,  fol.  13.) 

°  De  là,  ce  mot  semble  s'être  employé  pour  con- 
versation, entretien. 

le  conte 

D'entre  les  deus  bien  escoutai. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7-21S,  fol.  352,  R-  col.  1. 

'^  Compte  signilie  encore  ;ui.jourcrtiui  calcul  et 
s'écrit  selon  la  première  orthographe,  dans  celte 
acception  ;  autrefois  on  écrivoit  aussi  conte.  (Voyez 
Duchéne,  Vjéù.  de  Chastillon,  p.  CO,  tif.  de  1-208,  et 
Du  Gange,  au  mot  Co»(/j«///s.)  Ce  qu'il  y  a  de  plus 
remarquable,  c'est  qu'on  l'employoit  au  féminin  : 
Les  dernières  comptes  ^Cout.  deBruss.  r^ouv.  Coût. 
Gén.  T  I,  p.  \m-î.) 

On  disoit  ca  ce  sens  : 

j°  5a.us  conte,  pour  à  l'exès  : 

Lonc  sa?ir  conte,  et  lé  sanz  mesure. 

G.  Guiart,  MSS.  fol,  505,  Rv 

1"  bis.  [Au  lieu  de  tenir  compte,  on  disait  faire 
compte  de:  "  Li  dus  de  Brabant  ne  ftst  compte  de 
«  ces  menaces.  »  (Froissart,  II,  301.)]  (n.  e.) 

'2*. 4  compte  de  testes,  pour  en  comptant  les  têtes. 
«  Par  la  ditte  coustume,  si  nepveux,  ou  nièpces, 
«  enfans  de  frères,  ou  sœurs,  venoient  à  la  hoirie 
«  de  leurs  grand  père,  ou  mère,  ils  succéderont  îi 
1  compte  de  testes,  que  l'on  dit  in  capita,  et  non 
«  par  branches,  que  l'on  dit  in  stirpes.  »  (Coût,  de 
Lille,  Coût  Cén.  T.  I,  p  766.) 

2°  bis.  [A  compte  Cvoir  sous  complaige)  ou  à 
conte,  vendre  en  comptant,  sans  peser,  ni  mesurer: 
<■  Tout  le  maquerel  et  tout  le  harenc  qui  vient  à 
«  Paris  doit  estre  venduz  à  conte.  "  (Liv.  des 
Métiers,  '270.)]  (n.  e.) 

3°  Lettres  flecom])te,  pour  écriture  telle  que  celle 
qu'on  employoit  pour  écrire  les  comptes.  On  la 
distingue  des  lettres  de  forme,  des  lettres  bolon- 
noises  et  autres.  Ces  termes  sont  employés  dans 
l'Inventaire  des  Livres  de  .Jean,  duc  de  Berri,  sous 
Charles  VI  :  «  Un  romant  escrit  de  lettres  de 
«  compte{\).  »  (Voy.Le  Laboureur,Hist.deJean,  duc 
de  Berry,  avant  l'Hist.  de  Charles  VI,  du  Moine  S' 
Denis,  p.  78.) 

4°  Les  grosses  perles  de  compte  étoient  vraisem- 
blablement celles  que  l'on  comptoit,  et  qui  ne  se 
pesoient  point.  (Voyez  une  citation  françoise  dans 
le  Gloss.  lat.  de  Du  Cange,  au  mot  capellus  (2).) 

5°  On  a  dit  aussi  : 

Il  ne  fait  conte,  ne  teneur. 

Blason  des  Faulces  Amours,  p.  283. 


C'est- îi- dire  il  ne  sait  oii  il  en  est.  (Voyez 
Tenecr.) 

6"  Avoir  conte  sa  personne ,  être  en  danger  de  la 
vie.  «  Je  serois  moult  dolent  si  le  chevalier  avoit 
conte  sa  personne.  »  (Percefor.  Vol.  VI,  fol.  81.) 

7"  iYe;  faire  nombre  ne  conte  d'une  chose,  signi- 
fioit  ne  pass'en  soucier,  dans  le  sens  où  nous  disons 
ne  faire  aucun  compte.  (Ilist.  de  Fr.  ;\  la  suite  du 
Rom.  de  Fauvel,  fol.  87.) 

8°  Faire  son  compte  s'est  dit  dans  le  passage 
suivant  : 

La  dame  Jist,  Diou  garde  le  conte  ; 
Je  ne  scay  s'il  a  fait  son  compte 
Contre  moy,  tantost  la  saroie  : 
Mais  vrayement  je  n'oseroie 
Oster  son  signet  en  l'acense 
De  ma  partie,  sans  offense. 

Modus  et  Racio,  MSS.  fol.  IJS,  V'. 

A  tout  bon  compte  revenir.  Ce  proverbe  est 
originairement  un  axiome  de  droit.  (Institut.  CouL 
de  Loysel,  T.  I,  p.  274.)  (3) 

VARIANTES  : 

COMPTE.  Orth.  subsistante  dans  le  sens  de  calcnl. 
Conte.  Orth.  subsistante  dans  le  sens  de  "onte,  fable. 

Comptéeur ,  subst.  masc.  Celui  qui  est  au 
comptoir.  (Ord.  T.  III,  p.  524.)  C'est  ainsi  que 
rexpli([ue  l'éditeur  dans  sa  note. 

Compteinent,  s«/)s;.  masc.  L'actiondecompter. 
De  là,  ce  mot  signifioit  dénombrement  (Cotgr.  et 
Bob.  Estienne)  ;  compte,  reddition  de  compte.'  dans 
ce  passage  : 

Là  fu  li  roy,  li  duc,  li  conte. 
Pour  escouter  lor  ronlement. 

Hisl.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  Je  Fauvel,  fol.  88. 

VARIA.NTES  : 
COMPTEMENT.  Cotgr.  et  R.  Estienne. 
CoNTEMENT.  Hist.  de  Fr.  à  la  suite  de  Fauvel,  fol.  86. 

Compter,  verbe.  Conter,  raconter  *.  Estimer, 
évaluer  °.  Calculer  '^  (A). 

*  Ce  mot  est  employé  dans  la  première  signifi- 
cation, en  ce  proverbe  :  Compter  des  vicnlx  jusque 
es  nouveaulx,  c'est-à-dire  en  coi'ter  de  tontes  les 
sortes.  (Bah.  T.  I,  p.  155.)  Dans  La  Planche,  Estât  de 
la  Fr.  sous  Fran(;ois  !<=',  cette  expression  prover- 
biale signifie  dire  tout  ce  qu'on  sait. 

^Dans  la  seconde  acception  l'on  disoil  ne 
compter  ''i)  pour  faire  peu  de  cas,  compter  pour  peu 
de  chose.  (Percef.  Vol.  Il,  fol.  137.)  Se  compter 
gaires  est  au  même  sens,  en  ce  passage:  ■■  11  n'en 
«  compte  gaires  ;  mais  qu'il  ayl  le  ventre  plain.  » 
(Chasse  de  Gast.  Phéb.  mss.  p.  68.) 

*=  Nous  ne  rapportons  la  troisième  acception,  qui 


(1)  Ne  faut-il  pas  corriger  lettre  de  court,  cursive,  comme  dans  un  autre  passage  de  cet  inventaire  (fol.  .'i2,  v».  an.  1416)  : 
«  Item  un  livre  des  trois  Maries  et  de  leur  sainte  lignée,  escript  en  françois,  de  teUrc  de  court.  »  On  lit  encore  au  reg.  JJ. 
87,  p.  274,  an.  1457  :  «  Ung  petit  livre  escript  en  lettre  de  court,  ouquel  sont  contenu  vigilles,  les  sept  psalmes  et  plusieurs 
croisons.  »  (n.  e.) 

(2)  D'après  un  compte  de  1351  :  «  Un  chappel...  ouvré  par  dessus  d'or  de  Cbippre,  de  grosses  perles  de  compte...  et  les 
roses  faites  et  ouvréi^s  de  grosses  perles,  toutes  de  compte.  »  (N.  E.) 

(3)  Voyez  aussi  Leroux  de  Lincy  (II,  230).  On  ne  doit  pas  craindre  de  compter  une  seconde  fois  ,  quand  on  n'a  point 
trompé  la  première,  (n.  e.) 

(4)  Ce  verbe  signifie  encore  régler  ses  comptes  (Froissart,  II,  46)  :  '(  Si  ordonna  la  dame  ses  besongnes  et  fist  ses  gens 
sages  de  son  dep;irtement,  et  comptèrent  et  réglèrent  partout.  »  (n.  e.) 

(5)  «  Si  veit  que  sa  philozomte  donnoit  à  congnoistre  qu'e//e  comptast  pou  à  une  telle  adventure  dont  elle  se 
complaignoit.  »  (n.  e.) 


GO 


148 


co 


subsiste,  que  pour  citer  ce  proverbe  :  »  Qui  compte 
«  sans  hoo  liosteco??ij:><c  doux  fois  (1.  «  C'est  un  an- 
cien axiome  de  droit.  (Voyez  Oiidin,  Cur.  Fr.i 

Deniers  eoiuple-::,  se  disoil  pour  en  argf^nt  comp- 
tant. (Du  Bûuehet,  Gén.  de  Coligny,  p.  58,  Tit. 
de  12G8.)  (2) 

Conjugaison. 

Cûiic  fjouj,  ind.  prés.  Je  compte.  (Pb.  Mouskes.) 
Conteit  (sunl),  pour  sont  comptés,  sont  compris. 

(S'  Bernard,  Serm.  fr.  ms.  p.  57.) 
ContoiiiDies,  ind.  prés.  Nous  contons.  (G.  Guiart, 

MS.  loi.  2i±) 

VARIANTES  : 

COMPTER.  Orth.  subsistante. 

CoMTER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n«  7615,  T.  I,  fol.  119,  R"  col.  2. 

Conter.  Du  Bouchet,  Gén.  de  Coligny,  p.  58. 

Comptereau,  siibst.  ma&c.  Bordereau.  (Cotgr. 
Oudin,  Dict.) 

Comptes,  suhst.  masc.  plitr.  «  Conseil  d'Al- 
«  plionse  comte  de  Poitou,  frère  de  S'  Louis,  et  pair 
«  de  France,  est  appelle  parlement,  et  autrefois 
«  comptes.  »  (Du  Tillot,  fiecueil  des  rois  de  France, 
p.  269.) 

Compteur,  suhst.  masc.  Espèce  d'officier  *. 
Fin-tncier  °. 

*  Au  premier  sens,  ce  mot  désigne  un  oflicier, 
celui  à  la  cbarge  duquel  nos  anciennes  ordonnances 
attribuent  des  droits  surle  poisson:  ■'  Lescompteurs 
«  ne  pourront  avoir,  de  chacun  millier  de  harans  à 
«  compter  (3),  qu'un  denier,  c'est  ;\  scavoir,  du  ven- 
«  deur  maille,  et  de  l'acbeteurmaille.  »  (Ord.  T.  Il, 
p.  359.) 

^  Au  figuré ,  ce  mot  s'est  dit  pour  financier,  en 
général . 

Par  tels  compteurs  trop  eslever 
Subgiez  tiennent  tous  les  offices. 

Eusl.  Deschamps,  Poës.  MSS.  M.  2i3  (i),  col.  -k 

Comptez,  arfj.  plur.  Etîectifs.  «  Les  compagnies 
«  ne  sont  du  tout  complettes...  mais  j'estime  que 
«  nous  serons  cinq  mil  cinq  cens,  ou  six  cens 
«  Gascons  comptez.  «  (Mém.  de  Monlluc,  T.  I, 
p.  194.) 

Comptoir,  subst.  masc.  Cabinet  *.  Boite,  petit 
coffre  ^  (5). 

Ce  mot  subsiste,  sous  la  première  orthographe. 
On  écrivoit  autrefois  comptoiier  dans  le  sens  qu'il 


conserve  encore  aujourd'hui.  (Palhelin ,  Testam. 
p.  112) 

*  On  disoit  comptoir,  pour  cabinet  d'elude.  Cette 
acception,  hors  d  usage,  se  remarque  dans  la  préf. 
du  Tri.  des  9  Preux,  p.  'A. 

°  Au  second  sens,  comptoir  de  chemin  est  traduit 
en  espagnol  porta  curtas  ,  qu'Oudin  interprète 
ailleurs  une  buëte,  ou  coffret  à  porterdes  lettres  (6). 

VARIANTES  : 
COMPTOIR.  Orth.  subsistante. 
CoMPTOUER.  Pathelin,  Testam.  p.  112. 

Compulsion,  si//vsf.  fJm.  Contrainte,  violence. 
On  a  dit,  en  ce  sen;  :  «  Sans  compulsion,  et  de  leur 
.  bon  gré.  »  (Ord.  T.  III,  p.  G86.)  On  lit  (Ibid)  : 
«  Contraintes,  et  compulsions  de  payer  là  dilte 
»  ayde.  >< 

Computation,  subst.  fém.  Terme  de  coutume. 
«  Si  iceulx  paroissiens  acheptent  des  aignaux,  dans 
«  ledict  temps  de  l'an  nouveau,  et  susdictecompu- 
<•  talion,  il  seront  tenus  payer,  pour  chacun  aigneau 
«■  achepté  entie  les  dicts  terme,  et  computation, 
«  chascun  an,  un  denier  parisis.  »  (La  Thaum. 
Coût,  de  Berry,  p.  247.) 

Computer,  verbe.  Calculer,  combiner.  Bran- 
tôme, parlant  du  cardinal  de  Trente,  dit  :  «  Estoil 
"  pour  loi's  gouverneur  de  Testât  de  Milan,  pour 
«<  l'empereur,  ou  Ferdinand  de  Gonzagues  ayant 
«  mesme  charge,  cela  se  peut  computer  aisément, 
»  voulut,  avec  la  justice,  connoislre  do  ce  fait,  et 
«  pour  ce  les  lit  condamner  à  sentencier.  »  (Brant. 
Cap.  Fr.  T.  II,  p.  331.) 

Comte,  subst.  masc.  Comte.  Quens  [1],  dans  les 
Loix  iNorm.  répond  au  latin  Cornes.  Nom  de  dignité. 
(Voyez  sur  la  signilication  et  l'origine  de  ce  mot  le 
P.  Honoré  de  S"  Marie,  sur  la  Chevalerie,  p.  10.  — 
Fauchet,  Orig.  des  Dignités  de  France,  Liv.  II,  p. 
(;2.  —  BouUainv.  Ess.  sur  la  Nobl.  p.  24.  —  D'Ar- 
gentré,  Coût,  de  Bret.  p.  2189.)  Sous  la  première  et 
seconde  race,  le  mol  de  comte  ne  signifioit  que 
juge.  C'étoil  un  officier  délégué  par  le  roi  dans  une 
ville  pour  y  rendre  la  justice  en  son  nom  (8).  (Voy. 
Brussel,  sur  les  Fiefs,  p.  370  ) 

Les  comtes  étoient  au  dessus  des  barons,  suivant 
le  passage  qui  suit  :  ><  J'ay  autrefois  veu  un  vieil 
«  cahier  qui  disoit  qu'un  roy  avoit  deux  patrices,  un 
«  patrice  quatre  ducs,  le  duc  qualrefowi/cs,  un  autre 


(1)  Voici  comme  il  est  rapporté  dans  Loysel  ^206)  :  «  Qui  compte  seul,  coiiiptc  deux  fois ,  comme  celui  qui  compte  sans 
son  hoste.  »  (N.  E.) 

(2)  Compicr  avec  quelqu'un  est  avoir  affaire  à  lui  (Louis  XI,  73=  Nouv.)  ;  «  Affermant  que  s'il  l'y  trouvoit ,  il  compterait 
avec  lui,  et  le  feroit  retourner  outre  son  plaisir.  »  (n.  e.) 

(3)  Ceux  qui  comptaient  les  bûches  se  nommaient  aussi  compteurs.  (Voir  Complaige.)  Voyez  aussi  une  charte  de  Corbie 
de  1431  (Du  Gange,  II,  505,  col.  1).  (n.  e.) 

(4)  On  lit  encore  au  fol.  267  :  «  Qui  a  le  monde  ainsi  destruit,  Et  par  qui  sueffre  il  tant  de  maulx  ?  ,Te  le  diray,  entendez 
tuit:  Puisqu'il  vint  tant  de  cardinaux,  De  compteurs,  de  divers  papaux...  »  (x.  E.) 

(5)  C'est  aussi  la  chambre  des  monnaies  (Ord.,  IX,  p.  66,  an.  1405):  «  Et  pour  accomplir  l'ordonnance  des  nionnoyes  , 
contenues  es  lettres  dessus  transcriptes,  il  a  esté  délibéré  par  le  comptouer.  »  (N.  E.) 

(6)  C'est  aussi  un  coffre-fort  :  «  Aucuns  sipns  serviteurs  [du  chevalier]  lui  avoient  rapporté  cfue  ilz  l'avolent  veu  [.lehannete] 
furiller  et  aler  outour  ledit  comjnouoir.  »  (JJ.  154,  p.  126,  an.  1398.)  (n.  e.) 

(7)  Cuens  correspond  à  comes,  et  comte  à  comitem.  (N.  E.) 

(8)  Le  cotiilc  ou  (/j-uf  (grafio)  mérovingien  est  le  délégué  immédiat  de  la  souveraineté  royale  et  exerce  à  la  fois  les  trois 
pouvoirs  militaire  ,  civil  et  judiciaire.  Sous  les  faibles  successeurs  de  Charlemagne ,  il  se  rendit  indépendant  et 
inamovible,  et  le  capitulaire  de  Kiersy  sur  Oise  (877)  consacra  son  usurpation,  (n.  e.) 


co 


149  — 


CO 


»  adjousioit  :  un  comte  qiialre  barons.  »  (Faucb. 
Orig'.  des  Dig.  de Fr.  Liv.  il,  p.47il).)  On  lilplusbas, 
ibid.  :  ■<  Le  "coHi^c  devoit  :ivoir  soubs  soy  dix  mar- 
«  quis  :  le  marquis  dix  barons  :  le  baron  dix 
«  vassaux.  » 

Dans  les  vers  suivans,  les  douze  pairs  de  France 
sont  désignés  sous  le  nom  de  comtes,  comme  si  ce 
mot  de  comte  avoit  été  synonyme  de  duc  : 

Douze  coule,  d'autre  puissance, 

Que  l'en  clamoit  les  pairs  Je  France,  etc. 

Rom.  de  Hrut.  MS.  fol.  5,  R'  col.  1. 

Dans  les  Cbron.  S"  Denis,  T.  I,  p.  174,  on  lit  ce 
passage  curieux  :  »  Ce  n'estoient  pas  contes  qui 
«  fussent  princes,  ne  bauix  barons  qui  tenissent 
<■  contés  comme  héritaiges,  mais  esloient  aussi 
■1  comme  baiUifs,  qu"on  osloil,  et  meltoit  ;i  certain 
«  temps,  et  punissoit  on  de  leurs  melïaits,  quand 
«  ils  le  desservoient  (méi  itoient).  » 

On  distinguoit  pai'mi  les  comtes  : 

1°  Lecijin}ediipalais{'2)  G'étoil  le  grand  maître  du 
pahiisdu  roi,  et  il  rendoil  la  juslice  en  son  nom.  Il 
connuissoit  des  affaires  qui  regardoient  le  roi,  ou 
la  dignité  royale,  ou  le  bien  public.  Cet  office  fut 
éteint  sous  le  règne  de  Hugues  Capet.  (Voyez  Brussel, 
sur  les  Fiefs,  p.  370 ,  et  Laur  Gloss.  du  Dr.  fr.)  On 
les  a  quelquefois  appelés  cnens  paies  ou  quens 
palais.  Voyez,  sur  ces  deux  expressions,  les  citations 
deDuCange,au  mol  Consjialatius.  Le  roi  de  Navarre, 
comte  de  Cbampagne  et  de  Brie,  est  qualifié  cuens 
palatin,  dans  l'erard,  Ilist.  de  Courg.  p.  492,  lit. 
de  1258. 

2°  Le  comte  de  la  chambre  du  rotj  étoil  le  même 
que  le  chambrier  de  France (3),  suivant  Du  Tiiiot, 
dans  son  Recueil  des  rois  de  Fr.  p.  410.  Cetolliceétoit 
un  fief  à  vie,  tenu  à  foi  et  bommage  de  Sa  Majesté. 
François  1",  en  1527,  donnacetle  cbarge  à  Monsieur 
Charles  de  fi'rance,  duc  d"Orleaiis,  son  fils  puiné.  A 
son  décès,  arrivé  en  1545,  elle  fut  supprimée.  (Ord. 
T.  l,  p.  2%,  note  (b),  sur  l'ordon.  du  31  août  1872.) 

3"  On  nominoit  comte  pela  ou  comte  sauvage  du 
i?/(/«- le  comte  palatin  du  l!hin(4).  (Voyez  Du  Gange, 
au  mot  Cornes.) 

4"  Comte  de  Bourgogne.  Le  pouvoir  des  officiers 
du  parlement  de  Franclie-Comlé  et  leur  bauleur 
leur  firent  donner  ce  litre  dans  un  sens  ironique. 
(Voyez  Pelisson,  Hist.  de  Louis  XIV,  T.  II,  Liv.  0, 
p.  2G3  ) 

Avant  de  finir  cet  article,  nous  remarquerons 
que,  dans  le  Rom.  de  Rou,  jiss.  p.  17,  Richard, 
premier  duc  de  iNormandie,  est  appelé  quens  ou 
comte,  et  à  la  page  204,  Geoffroi  Martel,  comte 
d'Anjou,  est  appelé  duc.  Ces  deux  qualités  de  comte 


et  de  duc  sont  pareillement  confondues  en  parlant 
du  duc  de  Bretagne.  (Vovez  D.  Moiice,  Hist.  de  Bref. 
pr.  col.  I02I,  til.  de  1270.)  Dans  l'arlon.  de  Blois, 
fol.  1G4,  il  est  dit  que  Séjan  fut  quens  de  Rome,  et 
que  sa  comté  dura  un  an. 

VARIANTES  : 
COMTE.  Orth.  subsistante,  l'enird,  Ilist.  de  Bourg,  p.  482. 
Conte.  Perard.  Hist.  de  Boiirt.;.  p.  .510. 
CoNS.  .lurain,  Hist.  du  comté  d'Aussonne,  p.  23. 
CouNT.  Rymer,  T.  I,  p.  13,  col.  2,  Titre  de  1256. 
QuoNS.  Courtois  d'Artois,  MS.  de  S.  G.  fol.  83,  R»  col.  3. 
Cuens.  La  Thauraass.  Coût.  d'Orl.  p.  465. 
Quens  et  Quenz.  Loix  Norm,  art.  2  et  17. 
QuiENS.  Poës.  MSS.  av.  1:300,  T.  4,  p.  1002. 
Quins.  Loi.x  Norm.  art.  17,  de  l'éd.  de  Wilkins. 

CUEUX. 

CuNTE.  Loix  Norm.  art.  22  et  41,  dans  le  latin  cornes. 
Keux.  Lanc.  du  Lac,  T.  111,  fol.  137  R«. 
QuEUX.  S'  Jul.  Mesl.  Hist.  p.  412,  etc. 
K.M.  Poës.  MSS.  av.  I30(J,  T.  IV,  y.  1363. 

Comté,  subst.  fém.  Ce  mot  subsiste.  C'est  un 
titre  d'honneur  accordé  à  quelques  seigneuries, 
pour  les  distinguer  des  autres.  «  Le  commun  bruit 
«  porle  que  toute  conté  doibt  avoir  du  moins 
«  (|ualre  baionnies  soubs  soy.  »  (S'  Jul.  Mesl.  hist. 
page  391.) 

Cela  s'accorde  mal  avec  ce  que  dit  Faucbet,  sur 
le  nombre  de  ceux  qui  sont  sous  le  comte.  Nous 
avons  rapporté  le  passage  à  l'article  précédent. 

On  lit  encore,  dans  les  Mesl.  bistor.  de  S.  Julien, 
p.  373  :  »  La  seigneurie  de  Gharny  tombée  en  que- 
«  noille,  estoit  descheule  du  liltre  de  conté  ;  mes- 
«  sire  Pierre  de  Beauffremont.  sieur  du  dict  lieu, 
«  de  par  sa  mère,  desiroit  recouvrer  la  dignité 
"  ancienne  de  conte  :  il  obtint  le  9  juillet  145G,  que 
«  Philippe,  duc  de  Bourgogne  la  luy  érigea  de  nou- 
«  veau  en  conté  perpétuelle.  Le  prince  qui  veut 
«  faire  ériger  ses  Estais  en  royaume  doit  avoir 
»  quatre  duuliez  qui  se  tiennent,  bu  quatre  comte::-, 
«  pour  chaque  duché.  ■>  (La  Salade,  fol.  53.)  On  lit 
au  même  auteur,  f"  54  :  «  Quiilrû  corniez,  ou  quatre 
«  baronnies,  pour  chaque  duché.  » 

VARl.VNÏES  : 
COMTÉ.  Orth.  subsistante. 

CoMPTET.  Carpentier,  Hist.  de  Cambray,  T.  2,  p.  28. 
Contée.  Ducliesne,  Gén.  de  Chastilloii,  p.  56.  l'it.  de  1246. 
CoNTEi.  Duchesne,  Gén.  de  Dnr-le-Duc.  p.  32,  Til.  vers  12i!i. 
Co.NTEY.  Baluze,  Gén.  d'Auvergne,  p.  02,  Tit.  de  1258. 
CoNTOY.  Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  440,  Tit.  de  1241. 
CouNTÉ.  Loix  Xorm.  art.  3,  dans  le  Uitiii  curniUiius. 
CuNTÉ  (La).  IJ.  Morice,  Hist.  de  Bret.  Pr.  col.  1002. 
KuNTÉ.  D.  Morice,  Hist.  de  Bret.  col.  1002. 
Conté.  Loix  Nor.  art.  41,  en  latin  rounlalus. 
Contée.  Beaumanoir,  p.  1. 

Con\lesse,  snbst.  fém.  La  coinlesso  de  Neveis 
est  qualifiée  noble  eontesse,  dans  le  Garlulaire  do 


(1)  Cette  symétrie,  imaginée  par  les  feudistes,  est  démentie  par  Ihistoire  ;  le  conile  de  Toulouse  n'était  pas  subordonné 
au  duc  de  Normandie  ;  la  seigneurie  de  Turenne  était  \\\\  coudé  au  ix=  siècle  que  nous  ne  retrouvons  plus  au  X'.  (N.  E.) 

(2)  Sur  les  cotntes  palatins  de  France,  voyez  la  X1V°  dissertation  de  Du  Cange  sur  Joinville.  (Ed.  Henschel,  VII,  part.,  II, 
p.  59  à  65.)  Les  cohiles  ^lalalins  avaient,  sous  les  deux  premières  races,  une  haute  jux'idiction  sur  les  officiers  de  la  cour  et 
en  toute  affaire  qui  inter  ssait  directement  la  dignité  royale  ou  l'utililè  publique.  Les  Capétiens  les  trouvèrent  dangereux 
et  donnèrent  une  partie  de  leurs  attributions  au  sénéchal  puis  au  concierge  du  palais.  (N.  E.) 

(3)  Voyez  ce  mot.  (N.  E.) 

(4)  La  chron.  de  Flandre  (ch.  XV)  traduit  ici  Guillaume  le  Breton,  v.  407  du  liv.  X:  «  Et  coni'Uon,  qiiem  Theutonici  dixeie 
pi7os;')/i.  »  Il  faut  entendre  ii(ii(f/>'o/J't;i!  et  non  ii<n(f/(3ra/f'e»,  i;o((i(f  des  broussailles,  et  non  à  la  baib"  en  broussailles'. 
Voyez  encore  la  chronique  de  Flandre  (p.  34  et  52).  (N.  E.) 


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Nevers,  Vol.  î,  fol.  50,  lit.  de  ItiW.  On  nommoit 
M""  de  Fiesijue,  madame  la  comtesse  loul  court. 
(Lelf.  de  M«"  de  Sévigné,  T.  I,  p.  149,  nii  1671.) 

V.\RIANTES  : 
COMTESSE.  Orlh.  subsistante. 

CoNTEssE.  Cartul.  MS.  de  la  Ch.  des  Comptes  de  Nevers. 
CouNTESSE.  Uymer,  T.  I,  p.  45,  lit.  de  1259. 

Comtinue,  subst.  fém.  Diminutif  de  comtesse. 
«  Les  mar(iuises,  les  manjuisotes,  les  comtesses, 
«  les  comtiiines.  ••  (Biaul.  Dam.  Gall.  T.  II,  p.  '28'2,) 

Comtois,  sitbst.  virisc.  Favin  appelle  ainsi  les 
peuples  du  eomtat  d'Avignon.  (Tti  d'IIonn.  T.  I, 
page  i55.) 

Coniunc.  Ce  mot  et  ie  mot  commune  sont  une 
corruption  de  l'orlhograptie  convine,  état,  condi- 
tion, disposition,  en  parlant  d'une  armée.  «  Il  scent 
•'  la  commune  des  ennemis,  et  le  lieu  ou  Ambiorix 
"  sesloit  retrait.  »  (Tri.  des IX  Preux,  p.  350.;  C'est 
au  même  sens  qu'on  lit  :  «  Mon  dit  seigneur 
«  y  envoya  messire  Pierre  de  Gyac,  pour  savoir  la 
«  comune.  »  (Voyez  Convine  ci-après.) 

VAIUANTIÎS  : 
COMUNE.  Preuv.  sur  \p.  meurtre  du  duc  de  CoiU'g.  p.  288. 
COM.MUNE.  Tri  des  IX  Preux,  p.  350,  col.  1. 

Comune  (en),  adv.  En  commun.  «  Seient 
«  départis  en  comune  snkin  les  chatels.  »  (Loix 
Norm.  art.  38,  dans  le  lalia  :  dividanlur  in  com- 
muni  secundum  catalla.) 

Comveaux.  1!  faut  peut-être  lire  com  veaux, 
comme  veaux,  dans  ce  passage. 

Onques  ne  vi  plus  grant  ordure 
Que  de  mangier  en  ces  plateaux, 
De  fustaille,  ou  chascuns  comveaux 
A  sa  barbe,  et  sa  main  brouillie. 

Eusl.  Desch,  Pocs.  MSS.  fol   3i'i0,  col.  1. 

Comviaux,  subst.  masc.  plur.  Convoi,  chemin, 
route. 

En  Aleraaigne  yert  leur  comviaxtx. 

Eust.  Deschairips,  Po6s.  MSS.  fol.  265,  col.  3. 

Con,;j/'o».  Son.  Les  exemples  du  c  mis  pour  s 
sont  fréquens,  dans  nos  anciens  auteurs.  Si  l'on 
ometloiL  d'y  mettre  une  cédille,  pour  en  adoucir  le 
son,  peut-être  faut-il  attribuer  celte  faute  à  la  négli- 
gence des  copisles. 

Cnn  vis  loerent,  et  son  cors. 

Fabl.  MSS.  ia  R.  n'  7089,  fol,  Ofl,  R"  col.  i. 

Con.  Qu'on  *.  Si  on  ^. 

*Au  premier  sens  ce  mot  est  composé  de  ce  pour 
que,  et  de  la  particule  on.  Il  faut  lire  c'on.  Les 
anciens  copisles  négligeoient  souvent  de  mettre 
l'apostrophe. 

Or  nous  doinsl  Diex  luy  servir,  et  amer 
Et  la  dHHie  c'on  n'i  doit  oublier. 

Clians.  MSS.  Ju  comte  Thib.  p.  4  ;  Ibid.  p.  95- 

(Voyez  Dict.  de  Borel.) 

°Ci,  qu'on  é.;rivoit  autrefois  pour  s/ conjonction, 


faisoil  élision  devant  cette  même  particule.  De  là, 
con  pouv  c'on,  ci,  on,  dans  ce  passage  : 

Droiz  dit  qu'il  affiert  <'i  baron, 
Cùii  prent  en  sa  terre  un  larron. 
Qu'il  en  face  tanlost  justice. 

Fabl.  MSS.  du  K.  n-  7015,  T.  1,  fol.  110,  V  col.  l. 

Con.  subst.  masc.  Champ.  Mot  du  patois  langue- 
docien, d'où  s'est  fo  mé  le  motcondamine(l).  (Voy. 
Du  Gange,  au  mot  Condamina.) 

C d'Angleterre.  Proverbe  obscène.  On  le 

trouve  à  la  suite  des  Poës.  mss.  avant  1300,  T.  IV, 
page  16Î3. 

Conadnats,  subst.  niasc.plur.  On  disoit  o/*/a/s, 
ou  condnals,  en  Bretagne,  pour  signifier  les  restes 
des  fruits  des  bénéfices  rapportés,  par  les  moines 
bénéliciers,  à  leur  monastèie.  (Morice,  Hist.  de 
Bret.  préf.  p.  23.) 

Conancie.  Il  semble  que  ce  soit  une  faute,  pour 
co)H«Hcie,  je  commence,  dans  les  Fabl.  siss.  de  S. 
G.  fol.  61. 

Conards.  [Intercalez  Couards,  société  joyeuse 
établie  à  Evreux  et  à  Rouen;  le  parlement  avait 
donné  à  ses  membres  le  privilège  renouvelé  chaque 
année  de  se  masquer  seuls  en  carnaval,  et  de 
vendre  aux  antres  pareille  autorisation.  Leur  chef 
prenait  le  tilre  d'abbé.  (Voir  l'Histoire  des  Conards 
de  Rouen,  par  A  Floquet,  t.  I  de  la  Bibl.  de  l'Ec. 
des  Charles,  et  Du  Gange,  I,  p.  12,  col.  2)]  (n.  e.) 

Conare,  sul)St.  masc  Terme  d'anatomie.  Partie 
du  corps  humain  (2).  Dans  l'anatomie  de  Carême 
Prenant,  on  lit  :  ••  Le  conare  come  une  veze.  » 
(Rab.  T.  IV,  p.  128.) 

Conax,  subst.  masc.  Poisson  fabuleux.  On  lit 
dans  le  passage  suivant,  que  «  c'est  ung  poisson 
«  qui  n'est  pas  trop  grand,  et  converse  (habile)  au 
«  iieuve  de  Eufrate,  et  non  pas  en  autre  ;  et  celluy 
'  est  appelle  conax  ;  si  sont  ses  cosles  de  telle 
«  nature,  que,  si  ung  homme  en  tient  une,  jh, 
«  comme  il  la  tiendra," ne  luy  souviendra  de  duéil, 
"  ne  de  joye,  fors  seulement  à  la  chose  qu'il  tient; 
«  mais  inconlinenl  qu'il  l'aura  mise  jus  (a  bas)  il 
«  repensera  comme  devant.  ■•  (Lancelot  du  Lac, 
T.  III,  fol.  102.) 

Conbateresse,  adjectif  au  fém.  Courageuse, 
aguerrie. 

De  Namur  aussi  revint 

0  gent  fiere,  et  conbateresse. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  ^53,  V. 

(Voyez  ci-avant  Gomdateur.) 

Conbatnre,  subst.  fém.  Courbature.  «  Un  ven- 
"  deur  de  chevaux  n'est  tenu  des  vices  d'iceux, 
«  excepté  de  morve,  poulse,  et  conbature  (3).  »  (Coût. 
Gén.  T.  I,  p.  157.) 


(1)  Ou  plutôt  de  campus  domini.  (n.  e.)  , 

(2)  C'est  la  Irlande  pineale  :  «  Le  conarion  est  une  petite  glandule  de  la  mesme  substance  du  cerveau,  ronde  et  oblongue 
en  forme  d'une  pomme  de  pin.  »  (Paré,  III,  7.)  (n.  e.) 

(3)  Dans  Loysel,  I,  418,  on  lit  courbature.  (N.  e.) 


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Concaténation,  stihst.  fém.  Encliainement. 
(Voy.  Hist  de  la  Tois.  dOr,  Vol.  II,  fol.  101,  el  le 
Dicî.  de  Colgrave.) 

VARIANTES  : 

CONXATENATION,  Concathenation. 

Concatené,  adjectif.  Encliainé.  Dans  les  Epi- 
tlièles  de  la  Porte,  on  fait,  de  ce  mot,  une  épillièle 
d'amilié;  nuiis  son  principal  usage  étoit  dans 
Texpiession  rime  calenée.,  pour  rime  encliainée. 
«  Coucatence  est  quand  par  le  premier  vers  du 
«  second  couplet  est  reprins  le  dernier  vers  du 
«  premier.  »  iPoëtiq.  de  Boissière,  p.  '258.  —  Vov. 
Art,  l'oël.  deSibilet,  liv.  II,  p.  14G.) 

VARIANTES  : 
CONCATENÉ.  Poëliq.  de  Boissière,  p.  258. 
CONCATHENÉ.  Epith.  de  la  Porte. 

Concave,  subsL  )iuisc.  Concavité. 

....  Glaucus,  li  Dieux  de  la  raer, 
Dist  que,  pour  tout  faire  périr, 
Feroit  des  concai'ns  issir 
Ses  mers,  et  par  les  champs  espandre. 

Eust.  Desch.  Pues.  MSS.  fol.  460,  col.  2  (1). 

Concave,  acij.  Creux.  On  disoit  :  ■•  Les  yeux 
»  clairs,  concave%,  et  enfoncez.  »  (Budé,  des  Ois.) 

Concéder,  verbe.  Accorder.  (Voy.  Glossaire  de 
Marot.) 

Conceiller,  vei'be.  Conseiller. 

Et  se  l'omme  est  ancien 
Voist  cnnceiller. 

Eust.  Desch.  Pois.  JlifS.  fol.  217,  col.  2. 

C"est-à-dii  e  qu'il  se  réduise  à  conseiller.  On  disoit 
aussi  se  contioi lier,  pour  se  résoudre,  prendre  ua 
parti. 

Nus  ne  s'en  set  consoiller. 

Robins  du  Cbaslel,  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  I,  p.  55. 

(Voyez  ci-après  Conseiller.) 

VARIANTES  : 
CONCEILLER.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  foL  217,  col.  1  et  2. 
Consoiller.  Robins  dou  Chastel,  Poës.  MSS.  avant  1300, 
T.  I,  page  5.5. 

Concel  (a),  express,  udv.  En  secret. 

Ne  parlez  devant  la  gent. 
Mais  à  concel  privéenient. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7615,  T.  11,  fol.  135,  V-  col.  1. 

(Voyez  ci-dessus  Concelément.) 
Concélébrable,  adj.  Digne  cl"être  célébré. 

Le  jour  de  sa  nativité 

Te  doit  estre  covcéicbrahle. 

Eust.  Desch.  PoSs.  MSS.  fol.  500,  cul.  3. 

Concelément,  s«/>s/.  musc.  L'action  de  celer, 
de  caclier.  Voyez  Du  Gange,  ;:u  mo\,Concelatio[;2„  où 
nous  lisons  conceleinenl  d'espavea,  en  ce  sens  : 
«  Si  le  coroner  de  la  première  enquête  eyt  suspe- 
«  cion  (ait  soupçon,  pour  soit  suspect,  soupçonné) 


»  de  concelément  de  la  vérité,  etc.  »  ;Britton,  Loix 
d'Anglet.fol.  4.) 

Concelément,  adv.  En  secret,  en  cichette. 
Furlivemeiil.  "  Par  cliete  voie,  ont  pliiriex  sers 
»  acquis  IVaucbises  qui  concelément  (S)  s'en  aloient 
"  de  desous  leurs  seigneurs,  manoir  en  tiex  liex.  » 
(Beaumanoir,  p.  258.) 

Con.celei%verbe [i).  Celer, receler, cacher, sous- 
traire. (Voyez  Du  Gange,  au  mot  Concclatio.)  »  S'il 
«  n'est  trouvé  (|ii'il  ayt  concelé  aucune  chose  de  la 
«  ditte  succession.  »  (CoiU.  Je  Norm.  Coût.  Gén.  T. 
I,  p.  1008.) 

VAHIANIES  : 

CONGELER.  Coût.  Gén.  T.  I,  p.  1008. 
(;oNCHELER.  Beaumanoir,  p.  17. 

Concepcion,  subst.  fém.  Intention,  dessein. 
«  Gonvienl  arester  leur  maie  concepcion,  et  vou- 
«  lente.  »  (Ord.  T.  III,  p.  3'i7.) 

Concept ,  subst.  masc.  Conception  *.  Idée, 
dessein  ^.  Collection  '^.  Contenu  °. 

*  Ce  mot  offre  le  premier  sens,  dans  un  chant 
royal  sur  la  conception  Noslre  Dame  : 

....  Dès  l'instant  de  sa  prime  facture, 
Elle  a  esté  sans  quelque  tache  infâme. 
Pure  en  concept,  oultre  loy  de  nature. 

J,  Marol.  p.  219. 

^  Concept  signifie  plus  communément  idée,  des- 
sein, projet,  enireprise. 

....  Pense  qu'autant  de  testes, 

Et  de  bras,  et  de  mains,  viennent  pour  tes  conquestes. 

En  nombre  redoublez,  de  dessin,  en  dessin, 

Pour  mettre  tes  cnncepis  fiilelement  à  fin. 

Poes.  d'Amad.  Jamin,  fol.  27  V". 

^  Ce  même  mot  est  pris,  beaucoup  plus  rarement, 
pour  collection,  dans  le  passage  suivant,  où  l'on 
dit  des  chartes  et  coulumes  de  Ilainault  :  «  A  esté 
«  trouvé  bon  d'amplierles  dites  chartes,  et  d'ieelles 
«estrefail  un  recueil, etco/ic^'p/.  >■  'Coût,  dellainault, 
Nouv.  Coût.  Gén.  T.  Il,  p.  41.) 

°  Voici  une  acception  du  mo\.  concept,  aussi  peu 
fréquente  que  la  précédenle  :  concept  de  la  concorde, 
signifie  les  articles,  le  contenu  d'un  traité  de  paix, 
dans  Brant  Cap.  Estr.  T.  I,  p.  215. 

Concepvoir,  verbe[7>).  Concevoir*.  Voir,  aper- 
cevoir ^. 

*  Le  premier  sens  est  proprement  celui  qui 
subsiste  ;  car  il  est  aisé  de  reconiioilre  noire  mot 
concevoir  dans  l'orlhograpbe  concepvoir,  où  l'on  a 
conservé  le /;  du  mot  latin  cohcZ/jc/'c,  .1.  Marot,  p. 
134,  emploie  concepvoir  en  ce  sens. 

^  La  seconde  acception  est  celle  de  notre  mot 
apercevoir.  On  la  trouve  dans  le  passage  suivant  : 
<'  Merveilles  fut  à  veoir  les  prouesses  du  chevalier, 
«  qui  toutes  les  eust  peu  concepvoir  ;  mais  la  fumée 


(1)  On  lit  aussi  dans  son  Art  de  ditlier,  p.  263  :  «  La  profondeur  des  puis  et  des  concaves  de  la  terre.  »  (n   e.) 

(2)  Sous  Conceilum.  (N.  E.) 

(3)  Ailleurs  Beaumanoir  écrit  (ch.  XX)  :«  Mes  se  je  tieng  l'iretage  par  mauvaize  cause,  si  comme  par  forche,  ou   par 
nouvele  dessaizine,  ou  par  toute,  ou  concheléement.  »  (n.  e.) 

(4)  «  Les  diz  gardes  seront  tenuz  apporter  par  escript...  toutes  les  amendes,...  sanz  en  concheler  aucun.  »  (Ord.,  VlII. 
p.  343,  an.  1399.)  (n.  e.) 

(5)  Concepvoir  n'est  qu'une  variante  orthographique  de  concevoir  et  ne  devait  pas  former  un  article  séparé,  (n.  e.) 


GO 


452 


CO 


«  en  esloit  tant  grande,  et  la  poulsiere  que  l'en  ne 
"  povoil,  etc.  »  (fcrcef.  vol.  VI,  fol.  40.)  Voyez  ci- 
dessous  les  acceptions  particulières  de  concevoir 
et  rorlhograplie  conchever. 

Conjugaison. 
Conseil,  part.  Conçu,  coiupiisen  parlant  de  lettres 
vidimées;  nous  les  avons  «  diligaument  regardées, 
a  et  couscues.  »  (Ord.  T.  I,  p.  379.) 

Concerner,  verbe.  Convenir.  Terme  relatifqni 
subsise  pour  exprimer  des  rapports  d'intérêts  et 
d'utilité.  Autrefois  il  signilioit  aussi  ceux  de  décence. 
«  Moult  luy  blasma  ses  grandes  folies,  disant  que 
■'  jonesses  ne  concernoienlen  (]uelconque  manière 
«  le  noble  lieu  dont  il  estoitvenu.  •>  (Tri.  des  IX 
Preux,  fol.  498.) 

Concert ,  siibst.  masc.  Conférence.  «  Nous 
«  avons,  depuis  trente,  ou  quarante  ans,  emprunté 
«  plusieurs  mots  d'Italie,  comme  contraste,  pour 
«  contention ,  concert  pour  conférence.  »  (Pasq. 
Rech.  p.  062.) 

Concevement ,  subst.  masc.  Conception  *. 
Dessein,  projet  ^. 

*  On  remarque  le  premier  sens,  dans  les  passages 
qui  suivent.  On  a  dit  en  parlant  de  la  S"  Vierge: 

Vierge  fu  en  l'enfantement, 
Sy  fu  elle  au  cnncevemeitt  (1). 

Hist.  des  Trois  Maries,  en  vers,  MS.  p.  88. 

Du  merveilleux  conçûement 
Sentis  le  doulx  ongrossenient. 

Les  1.5  Alle^.de  la  Vierge,  MS. 

^  Ce  mot  signifie  dessein ,  projet,  dans  ces  vers  : 

....  Par  son  fait  apartemînt, 
Moustre  son  niau  concevement . 

Geoffr.  de  Paris,  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauvel,  fol.  53. 

VARIANTES  : 
CONCEVEMENT.  Geof.  de  Paris,  à  la  s.  duR.  de  Fauv.  fol. 53. 

CoNGiVEMENT.  S'  Bem.  Serm.  MSS.  p.  86.  en  \aXconceplus. 
Conçûement.  Les  "15  AUegr.  de  la  Vierge,  MS. 

Concenlx,  subst.  masc.  Conjurés.  Il  semble  que 
ce  soit  le  sens  de  ce  mot,  dans  un  livre  qui  a  pour 
titre  :  «  Conjuration  de  Catilina,  et  aucuns  des 
«  conceulx  (2)  de  .Iules  César,  en  prose.  »  (Inveut,  de 
Ch.  V,  art.  175.) 

Concevoir,  verbe.  Exprimer  *.  Projeter,  avoir 
des  desseins  °.  Concevoir  '^  (3). 

*  Dans  la  première  acception,  on  disoit  :  concevoir 
les  contrats  à  escus  sols,  exprimer,  évaluer  en 
écus  sols,  la  somme  mentionnée  dans  le  contrat. 
(Voyez  Remontr.  de  la  cour  des  monnoyes  à  Henry 
III,  rapportées  par  Le  Blanc,  sur  les  monnoyes,  p. 
348.)  Il  ne  nous  reste  de  ce  verbe,  pris  en  ce  sens, 
que  le  participe  conçu.  Ainsi,  on  dit  encore  clause 
conçue  en  tels  termes.  (Voyez  ci-dessus  concepvoir 
et  conchever  ci-après.) 

^  L'expression  concevoir  un  dessein  est  encore 


usitée  ;  mais  on  ne  diroit  plus  concevoir  dans  un 
sens  absolu,  pour  projeter,  avoir  des  desseins.  Pris 
en  mauvaise  part  ,  ce  mot  signifioi!  conspirer. 
•'  Quant  Lucifer  connit  contre  Adam,  il  envoya  un 
«  deable  en  l'air,  pour  tempter  Eve.  »  (Modus  et 
Racio,  MS.  fol.  804  )  Eu  bonne  part,  on  disoit  choses 
bien  conceutes.  (Tri.  des  IX  Preux,  p.  390.) 

'^  Nous  ne  citons  la  troisième  acception,  qui 
suiïsiste  avec  la  même  orthographe  ,  que  pour 
remarquer  (juelques  motsde  l'ancienne  conjugaison 
de  ce  verbe,  tous  employés,  à  la  réserve  d'un  seul, 
selon  celte  signification. 

CONJUGAISON  : 

Conceiite,  pari.  fém.  Conçue,  projetée.  (Tri.  des 

IX  Preux,  p.  390.) 
Conceit,  pour  produit.  (Marbodus,  col.  1GC8.) 
Conciverat,  concevra.  (S.  Bern.  Ser.  fr.  p.  14.) 
Conçue,  pour  conceue.  (Marb.  col.  1674.) 
Cunçuvent,  pour  conçoivent,  engendrent.  (Marb. 

col.  1074.) 
Con%oivet.  (S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  178,  dans  le 

lytin  concipiet.) 
ConZ'Uit,  pour  conceut.  (S.  Bern.  Serm.  fr.  mss. 

p.  237,  dans  le  latin  concejnt.) 
Conciute,  part.  fém.  Conçue. 

En  Egypte,  assés  priés  de  là, 
Fu  la  maison,  et  moult  dura, 
U  la  douce  sainte  Marie 
Fu  conciute,  née,  et  norie. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  272. 

Conciéx,  part,  conçu.  (M*  Guillaume,  Poës.  mss. 
du  Vat.  n°  1490,  fol.  12.) 
Conclu,  prêter.  Je  conçus. 

....  Tant  m'ala  souvent  baisant, 
0  moy  se  couclia,  si  concui  ; 
Oncques  homme  plus  ne  connui. 

Rora.  de  Brut,  MS.  fol.  57,  V-  col  1. 

Concupt,  partie.  Conçu.  (Eust.  Desch.  Poës.  mss. 
fol.  317,  col.  1.) 

Concevoir,  subst.  masc.  Pensée,  conception. 
(Voyez  Gloss.  de  Marot.) 

Conceuz,  sm&s^  masc.  plitr.  Paroles,  expres- 
sions. Cette  acceplion  est  analogue  à  celle  du  verbe 
concevoir  que  nous  venons  d'exposer.  «  Volentiers 
»  eut  parlé  ;  mais  amours  est  de  telle  nature  qu'elle 
«  ouvre  les  pensées  des  amans,  et  enclosl,  et 
enserre  les  conceuz.  »  (Percef.  vol.  V,  fol.  52.) 

Conchambrier,  subst.  masc.  camarade  de 
chambrée.  (Dict.  d'Oudin  et  de  Cotgr.) 

Concile ,  subst.  fém.  Coquille  ,  poisson  à 
coquille*.  Ajustement,  habillement  °. 

*  Le  premier  sens  est  celui  du  latin  concha,  dont 
le  mot  couche  dérive,  lorsqu'il  a  cette  signification. 
(Voyez  Oudin,  Nicot  et  Strapar.  T.  1,  p.  176.)  Les 


(1)  On  lit  de  même  dans  la  Chr.  des  ducs  de  Normandie  (v.  24061)  :  «  Plus  virge  après  l'enfantement  Que  d'avant 
concevement.  »  (n.  e.) 

(2)  Ne  faut-il  pas  lire  comments  pour  cotmnetitaires  ?  (n.  e.) 

(3)  Il  signifie  encore  1»  gagner  une  maladie  ;«  Par  les  fièvres  qu'ils  coucepuoie»! «  tous  les  jours.  »  (Froissart ,  XI,  306.) 
2°  Froissart  en  fait  aussi  un  synonyme  d'apprendre,  de  connaître:  «  Quant  ot  bien  concei'i  et  entendu  les  paroles  de 
l'arcevesque.  »  (II,  97.)  (n.  e.) 


co 


153  — 


CO 


l.yonnois  appeUent  un  bassin  couche  (1).  Us  disent 
conche  d'évier,  pour  bassin  d'évier.  Les  bassins 
repre'sentent,  par  leur  forme,  des  espèces  de 
coquilles.  Ronsard,  cité  par  Nicot,  a  appelé  les 
trompettes  ou  clairon,  des  couches  fortes.  Il  y  a  un 
coquillage  que  nous  nommons  encore  trompette. 
L'ancien  mot  conche,  pris  en  ce  sens,  se  reconnoit 
encore  dans  notre  mot  conque.  (Voyez  ce  mot 
ci-dessous.) 

°  Lorsqu'il  signifie  ajustement,  il  vient  de  l'italien 
acconcio,  suivant  Pasq.  Rech.  p.  6G2  ,  et  en  remon- 
tant plus  haut,  du  latin  concinnus.  Voyez  aussi  le 
Dicl.  Etyni.  de  Ménage.  Ce  mot,  nouveau  du  temps 
de  Pasquier,  a  déjà  vieilli.  Il  ne  servoil  guères  que 
dans  ces  expressions ,  en  bonne  conche,  mal  en 
conche,  et  semblables.  «  L'hôtesse  le  voyant  (Philo- 
'>  pemene)  si  laid,  et  mal  en  conche  \2),  présuma  que 
>>  ce  fut  quelqu'un  des  gens  du  capitaine  qui  eut 
«  été  là  envoyé  devant,  si  lui  fit  fendre  bragarde- 
"  ment  du  bois.  »  (Contes  de  Cliol.  fol.  44G.)  «  Male- 
»  chair  qui  voyoit  ce  prince  en  bonne  conche,  ayant 
<•  une  grosse  chaîne  d'or  pendue  au  col,  conclud, 
»  en  son  ame  homicide,  le  tuer.  »  (Xuicts  de  Strap. 
T.  II,  p.  210.  —  Contes  de  Chol.  fol.  51.  —Voyez 
AccoNcnÉ  ci-dessus.) 

Conchette,  subst.  fém.  Diminutif  de  conche. 
Petit  poisson  ù  coquille.  «  Conches  et  conclieites; 
"  sèches  et  sechettes  ;  masielles  et  mastellettes  ; 
'«  car  pierre  est  chargée  de  poisson.»  (Xuictsde  Strap. 
T.  I,  p.  176.) 

Concheus,  adj.  En  forme  de  co(iuille.  Mot  forgé 
par  La  Porte,  et  qu'il  a  tiré  du  mot  conche,  pris 
pour  coquille. 

Conchever,  verbe.  Concevoir.  (Dicl.  de  Corel, 
1'"  add.  —  Voyez  Concevoir  et  Co.ncepvoir.) 

Concliiement,  subst.  masc.  Ordure  *.  Avilis- 
sement ^.  Trahison,  injustice  ^. 

*  Le  premier  sens  est  le  sens  propre.  «  Il  doivent 
«  faire  biaus  deniers  et  nez  (nels),  sans  nul  charge, 
»  et  sans  nul  C0H('/iieme;U(3),etnemettrontsuif,ne 
"  ointure  es  deniers,  ne  nulle  poudre,  ne  autre 
«  ccr.jhiement  fors  ce  que  le  mestre  leur  baudra, 
•<  pieur,  ne  meilleur.  »  (Ord.  T.  I,  p.  805,  art.  19, 
an.  1327.) 

^  Au  ligure,  on  employoit  conchiement  pour 
déshonneur,  avilissement.  On  lit,  en  parlant  des 
femmes  légères  : 

A  tel  feme  doit  baer 
Uns  cunchieres  de  gent, 
Ki,  por  son  ciinchiement. 
Le  saice  a  son  droit  mener. 

Simon  d'Aulie,  Fous.  MSS.  av.  1300,  T.  l\.  p.  1179. 


•^  La  trahison  déshonore  son  auteur;  de  là  on  a 
A\\,  conchiement  pour  injustice,  trahison. 

Tricherie,  et  cunchiemenz, 
Portent  en  haute  cort  bannière. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218.  fol.  127,  R-  col.  2. 

On  lit,  en  parlant  des  gens  de  justice  : 

Les  bones  gens  qu'ils  ont  traï  vilainement, 
Li  barat  qu'il  ont  fet,  et  li  conchiement 
Tesmoigneront  contr'aus. 

Fabl   MSS.  du  R.  n-  761.'.,  T.  II,  fol.  141,  V  col.  1. 

(Voyez  ci-après  Cunchiure.) 

VARIANTES  : 
CONCHIEMENT.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  T.  II,  fol.  141. 
CUNCHIEMENT.  Poës.  MSS.  Ev.  1300,  T.  III,  p.  1179. 

Concilier,  verhe.  Salir,  souiller*.  Déshonorer, 
diffamer^.  Trahir*^.  (Voyez  Du  Cange,  aux  mots 
Concagatus  et  Incopriare,  du  grec  xingoç,  stercns. 
Dictionn.  de  Cotgrave  etBoiel,  1'"  add.) Ce  mol,  qui 
subsiste  encore  sous  cette  orthographe,  dans  le 
style  très  bas,  signifie  proprement  chier,  faire  ses 
ordures.  On  dit  du  Renard,  que  :  «  le  desrenier 
«  remède  qu'il  a,  se  il  est  en  plain  pays,  il  conchie 
«  voulentiers  ses  lévriers,  afin  qu'ils  le  laissent 
«  pour  la  pueur.  «  (Chasse  de  Gast.  Ph.  ms.  p.  77.) 

*  De  là,  ce  mot  s'employoit  dans  le  premier  sens 
pour  salir,  souiller,  dans  une  signification  très 
étendue.  Guillaume-!e-Bàtard  maltraite  la  fille  du 
comte  de  Flandres  parce  qu'elle  a  refusé  de 
l'épouser. 

Et  de  ses  hueses  (bottes)  emboées  (crottées) 
Qui  grandes  esloient  et  lées, 
Et  del  tai  (tache,  boue)  d'ivier  (hiver)  cunchiées, 
Le  défoula  plus  de  .vu.  liés  (fois). 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  «1. 

Conchiées  est  ici  pour  sales,  pleines  de  boues. 
C'est  le  participe  du  verbe  conchier.  «  Les  saints 
'<  lieux  de  Jérusalem  estoient  conchiés  et  dégastés 
«  de  Sarrazins.  »  (Chron.  Fr.  ms.  de  Nangis,  sous 
l'an  1090.)  Conchiés  signifie  souillés. 

^  Conchier,  au  figuré  ,  signifioit  déshonorer  , 
diffamer. 

Cil  a  periUeux  esquot 

Vait,  qui  croit  famé  qui  le  cunchie. 

Poës.  MSS.  Vatican,  n-  1522,  fol.  170,  R'  col.  1. 

De  là,  on  a  dit  :  ne  fumie  concilié,  pour  fut  traité 
honorablement.  En  parlant  des  braves  gens  tués  à 
Roncevaux,  Ph.  Mouskes  dit  : 

Rollant  et  si  compagnon... 

Ne  turent  mie  chuncluié ; 
Ains  furent  mis,  et  couçié 
En  paradis,  avec  les  sains. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  212. 

^  L'idée  de  déshonneur  attachée  à  la  trahison, 
avoit  fait  employer  coHC/(/'er  pour  trahir,  tromper 
vilainement.  »  Comme  malicieux,  etlraitre  s'entre- 
«  mettoit  aucune  chose  procurer  par  quoy,  il  les 


(1)  C'est  aussi  le  second  réservoir  d'un  marais  salant  :  «  Et  ayant  fait  une  écluse  au  dit  jard,  ils  ont  fait  au  bout  d'iceluy 
d'autres  grands  réceptacles,  qu'ils  ont  nommé  conches.  »  (Bern.  Palissy,  252.)  Le  mot  a  même  le  sens  plus  étendu  de  golfe  : 
«  Le  tout  mit  pied  à  terre  près  Zerbi  en  une  couche  nommée  Rochelle,  où  les  galères  ont  accoustumé  de  faire  aigade.  » 
(D'Aubigné,  Hist.,  1, 116.)  Le  mot  subsiste  comme  nom  de  lieu  dans  les  Basses-Alpes,  l'Eure,  la  Vendée,  Seine-et-Marne  ; 
rorigine  en  peut  être  un  repli  du  sol  ou  un  terrain  coquiUier.  (N.  E.) 

(2)  Ne  faut-il  pas  lire  enrjunché  au  sens  de  engoncé  :  «  Philopœmen  ressemble  à  une  porte  mal  posée  sur  ses  gonds.  »  (N.  E.) 

(3)  C'est  plutôt  l'altération  par  le  mélange  :  «  Se  il  avoient  aucune  presumplion  de  fraude  ne  conchiemenz  contre  lesdiz 
muniers,  que  il  pourroient  iceus  arrester  en  leur  terre.  »  (Cart.  de  S«  Magloire,  p.  195,  an.  1320.)  (n.  e.) 

IV.  20 


co 


—  154  — 


CO 


«  pusl  décevoir,  el  concilier.  »  (Chron.  fr.  >is.  de 
Nangis,  an  li>38,  p.  2.)  On  a  dil,  dans  le  même  sens, 
en  pai  lanl  des  tninenrs  :  «  Où  ils  esloient  conciliés 
«  el  deceus,  se  le  pourroil-il  rapeler,  (luant  il  est 
«  en  aage-  "  (lîeaumanoir,  p.  92.)Un  de  nos  anciens 
poêles  dil  en  ce  sens  : 

On  doit  sienner  (cliastrer) 

Li  traitour  qui  sa  dame  cutichie  ; 
Trop  est  amours  en  lui  mal  emploie. 

l'ocs,  MSS.  Val.  Il-  U90,  fol.  159,  Rv 

Nous  lisons,  dans  la  même  significalion  : 

Tels  flisl  par  devant,  je  vous  aim. 
Qui  point  (pique\  et  cunchie  derrière. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  138,  V  col.  2. 

On  disoit  : 

1°  Concilier  de  peur,  ûans  un  sens  (iguré,  pour 
répandre  l'ahirine.  «  D'une  démesurée  paour  con- 
«  cliiassenf  Normandie  leur  naturel  pais.  «  (Chron. 
S.  Denis,  T.  1,  fol.  'iâO.) 

Celle  même  expression,  dans  le  sens  propre, 
signilioit  cliier  de  peur.  Branlôme,  après  avoir 
parlé  du  chevalier  d'Ymbercourl,  homme  valeu- 
reux, qui  cependanl  n'alloil  jamais  au  combal  qu'il 
n'eut  satisfait  à  des  besoins  naturels,  ajoute:  «  qu'il 
«  seroil  faux  de  dii'e  que  le  proverbe  eut  lieu  à 
«  l'endroit  de  M.  d'Ymbercourl  en  ce  fait,  qui  dit,  il 
<■  se  co«c/uc  de  peur.  »  (Brant.  Cap.  Fr.  T.  I,  p.  108.) 

2"  Le  concilié,  ou  le  cnchiel  du  bâton.  Expression 
employée  pour  un  amant  rebuté  de  sa  dame. 

Helas  j'ay  à  bonne  estreinne 
te  concilié  chi  basion, 
Quant  je  vous  di  abandon 
De  mon  cuer,  etc. 

AJans  li  Bocus,  Poès.  MSS.  av   1^00.  T.  IV,  p.  1414. 

On  lil  le  cuchiet  du  bâton  (1),  dans  la  même  pièce 
répétée.  (Poës.  mss.  du  Val.  n"  1490,  fol.  50.) 

3"  On  trouve  ordoier,  concilier  de  obseque,  eu 
explication  du  mot  latin  funestare,  à  l'article 
funere  inquinare  dans  le  Gloss.  lat.  fr.  de  S.  G. 
cité  par  Du  Cange,  au  mot  Funestare  (2). 

On  disoit  en  proverbe  : 

Teus  cuide  cmicliier  autrui, 
Qui  tout  avant  cuncltii^  lui. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  118,  R-  col.  2. 

Voyez  un  autre  proverbe  ci-après  au  mot  congié 
qu'il  faut  lire  conclue. 

VARIANTES  : 
CONCHIER.  Villon,  p.  74.  Cortois  d'Artois,  MS.  de  S.  G.  p.  84. 
CoNCHiiER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  117,  V  col.  2. 
CoucHiER.  Bi'aumanoir,  p.  92. 

CuNcniiEB.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  119,  U»  col.  2. 
CUNCHIER.  Poës.  MSS.  Vat.  n»  1,522,  fol.  152,  R"  col.  2. 
CuNCLER.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  501. 
CUNKIER.  Poës.  MSS.  Vat.  n»  1490,  fol.  154  V°. 
CuNQiER.  Poës.  MSS.  Vat.  n»  1490,  fol.  178  V». 

COINCHIER,  ChUNCIIIER,  CUCHIKR. 

QuENCHiER.  Villehardouhin,  p.  21. 
Chunchiier.  Ph.  Mouskes,  MSS.  p.  242. 


Conchierre,  subst.  masc.  Poltron.  Il  semble 
que  ce  mot  soil  plulôl  mis  pour  infâme,  dans  le 
passage  donl  Boiel  et  Corneille  se  servent  pour 
apîiiiyer  leur  explication.  D'ailleurs,  nous  trou- 
vons, en  parlant  des  femmes  légères,  l'expression 
cuncliierrcs  de  yent,  c'est-à-dire  qui  diffame,  qui 
déshonore,  dans  un  passage  déjà  cité  sous  le  mot 
concliiement. 

.\  tel  feme  doit  béer  (prétendre) 

Uns  conchicres  de  ga^it, 

Ki,  par  son  cuiichieraent  (déshonneur), 

La  saice  (sache)  à  son  droit  mener. 

Simon  d'Alliies,  Poos.  MSS.  avant  1300,  T.  III,  p.  1179  il);. 

VARIANTES  : 
CONCHIERRE.  Borel  et  Corneille,  Dict. 
Cunchierres.    SInion   d'Autié,    Poës.   MSS.    avant  130O, 
T.  m,  page  1179. 

Conchieus,  adj.  Sale,  couvert  d'ordures.  En 
latin  fedostis,  selon  le  Gloss.  du  P.  Labbe,  p.  501. 

Concierfje,  subst.  mmc.  Garde,  gardien*. 
Garde-forêls^  Titre  d'office  =. 

*  Borel  dérive  ce  mol  du  latin  conservare.  Du 
Gange,  de  conservus  (4).  Ce  mot  désigne  encore  au- 
jourd'hui, dans  le  sens  propre,  le  gardien  d'un 
château  ou  d'une  maison  de  grand  seigneur;  mais 
on  ne  diroil  plus  au  figuré  : 

Adieu  péché,  plus  ne  seras  concienje 
Dedens  rnon  cœur. 

Les  Mar^.  de  la  Marg.  fol.  123,  V". 

Financiers  notables, 
Sont  fermes,  estables. 
Gracieux,  traictables, 
D'honneur  les  concierges. 

Grelin,  p.  171. 

^  On  a  étendu  la  signification  propre  de  con- 
cierge, gardien  d'un  château,  à  celle  de  garde-forêts. 
C'est  en  ce  sens  qu'on  lit  :  «  Au  concierge,  et  garde 
«  de  la  dite  forest  de  Poucourt,  concierge  de  forest 
«  de  Poucourt.  »  (La  Thaum.,  Coût.  deBerri,  p.410.) 

'^  Le  palais  de  nos  rois  avoit  un  concierge;  c'éloit 
un  litre  d'office.  Quand  le  palais  fut  abandonné  au 
Parlement  pour  y  administrer  la  justice,  il  y  resta 
toujours  un  concierge  ;  mais  sans  aucune  juridic- 
tion, non  plus  qu'il  n'en  avoit  eu  auparavant.  Il 
s'en  forma  une  par  la  suite,  et  fut  appelé,  depuis 
Charles  VI,  bailli  du  palais.  «  Messire  Arnaut  de 
«  Corbie,  premier  président  au  Parlement  de  Paris, 
«  estoit  garde  et  concierge  de  ce  grand  palais  (5),  l'an 
«  d385.  Madame  Isabeau  de  "Bavière ,  reine  de 
«  France,  femme  du  roy  Charles  VI,  en  l'an  1412. 
«  Domina  Isabellis  regina  Francia?  ordinata  con- 
«  ciergeriu  seu  cuslos  Paiatii  Regalis,  25  février 
«  1412.  "  (Miraulinont.  desCourssouv.  p.  295.) 

VARIANTES  : 
CONCIERGE.  Orth.  subsistante. 
Consierge.  Oudin,  Dict. 


(1)  La  barre  d'abréviation  n'aura  point  été  vue  sur  le  u.  (N.  e.) 

(2j  Je  crois  qu'il  faut  lire  ordoncr  couchiev  (coucher)  de  obseque.  (N.  E.) 

(3)  P.  1.Î8,  dans  Laborde.  (N.  E.) 

(4)  Ou  plutôt  conserviiis  ;  cnnsen/ius  est  au  cartulaire  de  S'  Cloud,  an.  ItOO.  (N.  E.> 

(5)  Ce  concierge  avait  la  moyenne  et  basse  juridiction  dans  l'enclos  du  palais  et  le  faubourg  S'  .lacques,  qui  comprenait  le 
fief  de  S'  André.  Il  reçut  le  titre  de  bailli  en  1348  ;  en  1358,  le  régent  Ch.irles  de  Noimandie  lui  donna  la  connaissance  de 
tous  les  délits  commis  au  palais,  des  procès  nés  des  contrats  qui  y  étaient  passés.  Cette  fonction  fut  supprimée  en  141(! 
après  avoir  été  moditiée,  puisqu'elle  fut  remphe  par  Isabeau  de  liavière,  qui  gardait  ainsi  le  corps  et  la  personne  du  roi.  (n.  e.) 


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Conciergerie,  siibst.fchn.  Office  de  concierge. 
La  charge  et  la  demeure  d'un  concierge  dans  un 
cliàleau.  On  lit,  en  ce  sens:  «  Es  cliastelleries,  et 
«  conciergeries  que  nous  avons  bailliées  à  vie,  et  à 
«  voienté,  nous  avons  domages,  en  ce  que  li  clias- 
«  telain,  et  concierge  establis  en  plusieurs  lieux, 
«  où  il  n'est  pas  grand  meslier  d'avoir  chastelain, 
«  ne  conciera:e,  prennent  grans  gages  de  nous.  » 
(Ord.  T.  I,  p.  470.) 

Concile,  subst.  masc.  Assemblée  ecclésiastique, 
ses  députés*.  Assemblée  générale  de  la  nation  ^. 
Assemblée  en  général'^.  Avis,  conseil  °. 

*  Ce  mot  subsiste ,  sous  cette  orlliographe,  et 
désigne  une  assemblée  de  prélats  et  de  docteurs 
pour  régler  les  atïaires  de  la  religion.  On  a  employé 
quelquefois  ce  mot,  pour  dé.signer  les  députés  de 
ces  assemblées.  En  parlant  des  députés  du  concile 
de  Pise,  qui  accompagnèrent  à  Acre  le  prince 
Hugues,  on  se  sert  de  cette  expression,  dans  les 
Assis,  de  Jérus.  page  205.  «  Le  légat,  le  maislre  dou 
«1  temple,  le  concile  de  Pise,  et  le  baill  de  Venise.  » 

^  Fauchet  dit,  en  parlant  des  plaids  généraux 
(Etats  généraux  de  la  nation),  qu'ils  furent"  appelés 
«  conciles,  parce  que  les  évoques,  et  abbez  s'y  trou- 
«  voient,  et  que  les  faicts  des  ecclésiastiques,  et  les 
«  faicts  de  religion  s'y  traicloient  premièrement.  » 
(Orig.  des  Dign.  de  Er.  liv.  H,  p.  43.;  On  lit  dans  le 
Journ.  de  Paris  sous  Charles  VI  et  VII,  page  152  : 
«  Fut  faille  à  Auxerre  ung  concilie  pour  traiter  de 
«  la  paix,  et  plusieurs  seigneurs  y  furent,  etc.  »  (1) 

'^De  lii,  ce  mot  s'est  employé  pour  assemblée  en 
général  : 

Ceux  de  la  ville 

Qui,  sur  ce,  ont  tenu  leur  consille. 

Eust.  Desch.  Poi-s.  MSS.  fol.  410,  col.  1. 

C'est-à-dire  leur  conseil.  Nous  disons  encore 
tenir  conseil,  et  c'est  dans  ce  sens  qu'on  lit,  en 
parlant  du  roi  : 

Ainsi  a  tenu  son  concilie, 

Et  commandé  à  elz  (eux)  deffendre, 

Et  qu'à  nului  ne  se  veillent  rendre. 

Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauvel,  fol.  72. 

Mais  dans  l'acception  générique  d'assemblée,  ce 
mot  s'appliquoit  à  toutes  sortes  de  personnes 
réunies  ensemble  ou  pour  raisonner  sur  quelque 
affaire,  stir  une  nouvelle,  comme  en  ce  passage  : 

Tost  sont  les  nouveles  seues  (sceues), 
A  S'  Orner,  par  les  charieres  (charrois) 
De  l'ost  (armée)  qui  vient,  et  des  banieres  : 
Partout  en  tiennent  grant  concile 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  261,  R". 

OU  simplement  pour  converser.  C'est  en  ce  sens 
qu'on  trouve  ce  mot,  pour  assemblée  de  demoisel- 
les, dans  Percefor.  Vol.  II,  fol.  45.  De  là,  l'expres- 
sion tenir  concilie  à  quelqu'un,  pour  converser 
avec  lui,  l'entretenir. 

Si  tient  à  son  ami  concilie 
Toute  la  nuit,  dusques  (jusqu'au  jour)  au  jor. 
Fabl.  MSS.  du  R.  a'  7218,  fol.  16-t,  R«  col.  1. 


On  disoit  même  concile,  pour  assemblée  d'oi- 
seaux, d'animaux.  ^Percef.  Vol.  III,  fol.  80.) 

°  Enfin  concile,  mis  pour  avis,  conseil,  paroît 
venir  du  latin  consilium,  pris  en  ce  même  sens. 

Comment  il  se  furent  portez, 
Par  leur  très  venimeus  concile. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  2lfl.  V*. 

Remarquons  cette  expression.  Guiart  dit,  en  par- 
lant d'une  affaire  dont  le  succès  devoit  coûter  peu 
de  peines  : 

N'est  pas  merveille  s'il  l'otroient, 
Sanz  tenir  en  trop  lonc  concile. 

G.  Guiarl.  MS.  fol.  258,  R*. 

On  a  dit  proverbialement  :  Concilie  d'apostoille 
parmi  les  Prov.  à  la  suite  des  Poës.  mss.  av.  1300, 
T.  IV,  p.  1051. 

VARIANTES    : 

CONCILE.  Ortli.  subsistante. 

Coxcii.LE.  .lourn.  de  Paris,  sous  Charles  VI  et  VII,  p.  152. 

CoNsiLE.  Eust.  Desch.  Poës.  MS'^.  fol.  405,  col.  3. 

Consille.  Id.  Ibid.  fol.  410,  col.  1. 

CONCIRE.  Rom.  de  Rou,  MS.  p.  123  (2). 

Conciliateur,  siibsf.  masc.  On  a  donné  ce  sur- 
nom à  Pierre  de  Abano,  ou  Pierre  d'Apone,  l'un 
des  plus  célèbres  philosophes  et  médecins  du  xni' 
siècle,  et  à  Nicolas-Florentin,  médecin.  {Nef  des 
Dames,  fol.  48.  —  Voyez  sur  Pierre  d'Apone,  le 
Dict.  de  Baile.)  Le  nom  de  conciUatenr  lui  fut  attri- 
bué, à  cause  de  son  grand  ouvrage  intitulé  conci- 
liator.  Quant  à  Nicolas-Florentin,  nous  ne  trouvons, 
nulle  part  ailleurs,  que  dans  l'endroit  cité,  qu'il  ait 
porté  un  nom  semblable.  (Falconnei.) 

Concion,  siibst.  fém.  Assemblée  *.  Discours, 
harangue^. 

*  C'est  le  mot  latin  coneio,  pris  dans  l'une  et  l'au- 
tre signification.  Le  premier  sens  est  le  sens  propre. 
Appeîler  en  concion,  signifie  convoquer,  assembler 
en  ce  passage  :  «  Fut  conclu,  entre  tous  les  chefs, 
«  que  le  marquis  de  Pisquaire  appelleroit  en  con- 
«  cion  les  Espagnols,  desquels  il  esloit  général, 
«  pour  trouver  moyen  de  leur  persuader  do  mar- 
«  cher  au  combat.  »  (Mém.  Du  Bellay,  liv.  II.) 

^  L'usage  de  haranguer  les  assemblées  a  fait 
employer  le  mot  concion,  pour  sermon,  harangue. 
(Voyez  Borel,  Cotgrave.  Rob.  Estienne,  Oudin  et 
Monet.)  «  Thucydide  scail  bien  écrire  des  co»ciO)is, 
«  et  puis  c'est  tout.  »  (Apol.  pour  Hérodote,  préf. 
p.  Hl.)Pasquier  auroit  voulu  que  «  les  sermons 
»  s'appellassenl  le  presche,  car  ce  mot  luy  revenoit 
«  mieux  que  celuy  de  sermon,  ou  de  concion.  » 
(Garasse,  Rech.  des  Rech.  p.  T2-2.  — Voy.  Rabelais, 
T.  1,  p.  171.) 

Concional,  adjectif-  Du  mot  concion,  pris  pour 
assemblée.  De  là,  on  a  dit  genre  concional,  pour 
genre  délibératif.  «  Il  est  dIct  concional,  pour  ce 
«  que  plusieurs  gens  sont  assemblés  à  conseiller.  » 
(Fabri,  Art.  de  Rhétor.  liv.  I,  fol.  10.) 


(1)  Et  même  pour  tribunal  ;  «  Larruns,  murdreiseiirs  en  la  rei  prisun  mis  ;  Qu'areté  mult  suvent  erent  par  le  païs  ,  As 
cunciles  mené  là  vt  lur  ert  asis.  »  (Thomas  de  Cantorbéry,  26.)  (N.  E.) 

(2)  «  Par  le  conseil  Tyébaut  a  fait  li  rois  escrire,  Les  letres  et  les  Chartres  fist  seeller  en  cire,   Les  barons  fist  venir  de 
trestoul  son  empire  ;  A  Meleun  en  France  tint  li  rois  son  concire.  »  (N.  E.) 


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CO 


Concision,  subst.  féni.  Coupure.  Ce  mot  est 
employé  comme  synonyme  de  syncope,  mot  forme 
de  avy,  cum,  avec,  et  de  ximui^,  secare,  couper  (1). 
(Voyez  Itolet,  des  Accens  Fr.  p.  289.) 

Concistoire  [Iniercalez  Concistoire,  assemblée 
d'éclievins:  «■  Que  lesdis  prevoz,  jurez,  eswardeurs 
"  et  esclievins,  ou  les  trois  conctstoires  serunl 
«  d'accori,  puissent  faire  toutes  maniei'es  de  or- 
»  dounaiices.  «  (Ord.  V,  878,  an.  1370.)  Dans 
Froissai!,  l'orthographe  esl  cnncitoire  (VIII,  55; 
XIII,  301»)  ou  consitoive  (Vil,  87).]  (n.  e.) 

Conc-ila'in,  subst.  masc.  Concitoyen.  «  L'homme 
«  a  moull  communications  entre  les  choses  hu- 
«  maines  autres  que  entre  ses  parens,  ou  entre  ses 
•<  concilaiits  (2),  et  sur  chascune  de  ces  communi- 
"  cations  se  fonde  certaine  amitié,  laquelle  semble 
«  eslre  la  vertu  de  pitié.  »  (Hist.  de  la  Toison  d'or, 
Vol.  II,  fol.  30) 

Concitateur,  subst.  masc.  Qui  excite,  factieux. 
(Dict.  de  Gotgrave  et  Oudin.) 

Concitation,  subst.  [ém.  Mouvement,  agita- 
tion, émeute.  (Cotgr.  et  Oudin,  Dict.) 

Conciter.wj'béî.  Exciter,  provoquer,  émouvoir. 
(Rob.  Esl.  Gotgrave  et  Oudin,  Dict.) 

ConclamiUition,sî(^si./'Jm.  Clameur,  rumeur. 
On  a  dit  :  «  Cranl  turbacion,  tumulte,  conclaniita- 
»  tion  et  alteication  des  baillis.  »  (Ord.  T.  V,  p.  11) 
L'éditeur  explique  ce  mot  par  plaintes  réciproques. 

Conclave,  subst.  inasc.  Chamhi-e  intérieure, 
salle  *.  Assemblée  ^.  Diette  ^. 

*  Ce  mot,  au  premier  sens  ,  signifioit  chambre 
intérieure,  salle,  suivant  l'acception  propre  du  mot 
latin  dont  il  descend.  >■  En  celle  tour  estoient  neuf 
>'  conclaves;  au  premiei'  se  tenoit  avidité,  etc.  » 
(Carlbeny,  Voyage  du  Chevalier  errant,  fol.  48.) 

Ce  mot  subsiste  encore  pour  désigner  la  salle  oîi 
les  cardinaux  s'assemblent  au  Vatican,  pour  l'élec- 
tion des  papes ,  et  c'est  de  là  que  nous  disons 
conclave  pour  l'assemblée  même  des  cardinaux. 

^  Mais  cette  signification  éloit  autrefois  plus 
étendue,  conclave  (3)  se  [irenoit  pour  assemblée  en 
général.  «  Ledisnerfaict,  se  retirèrent  les  chevaliers 
«  dans  la  chambre  de  leur  conclave,  et  là  n'entra 
"  nul ,  s'il  n'esloit  chevalier  portant  l'ordre  et 
"  les  quatre  officiers  dessus  nommés.  »  {Mém. 
d'Olivier  de  la  Marche,  Liv.  I,  p.  263.) 

'^  Cette  acception,  en  la  restreignant,  s'appli(|uoit 
à  l'assemblée  des  étals  ou  cercles  de  l'Empire,  dans 
le  sens  où  nous  disons  diette  de  l'Empire.  «  Les 
«  Electeurs  estans  en  conclave,  furent  de  diverses 
«  opinions  »  (Mém  de  Rob.  de  la  Marche,  seigneur 
de  Fleur.  Ms.  p.  308.) 


On  a  dit  paroles  de  conclave,  pour  fatisses 
promesses.  Le  conclave  qui  suivit  la  mort  d'Urbain 
VII,  en  1590,  donna  lieu  à  ce  proverbe.  (Voyez 
Hist.  dcThou,  trad.  Liv.  100,  T.  II,  p.  -281.) 

Conclave.  [Intercalez  Conclave,  enclavé:  "  Li 
«  roys  d'Escoche  faisoit  hommage  au  roy  d'Engle- 
«  teri'e,  car  jà  n'onl-il  en  leur  pays  nulle  province, 
"  mes  sont  enexé  et  conclave  en  le  province  de 
-<  Evruich.  ■■  (Froissart,  II,  256.)]  (n.  e  ) 

Condense,  subst.  fém.  Conclusion.  De  là,  on 
diso'ûpour  à  concleuse,  au  lieu  de  pour  conclusion. 

Princes,  je  tien  que  la  mort  recitée 

De  ces  seigneurs  fu  vie  mal  usée,... 

Et  que  non  sens  (démence)  negligense  causée 

En  destruit  moult,  et  pour  à  concleuse, 

Deffault  d'avis  est  chose  périlleuse. 

Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  130,  col.  1. 

Conclos,  subst.  masc.  Enceinte.  On  lit  en  ce 
sens  :  »  La  esloienl  leur  pucelle,  atout  (avec)  son 
■I  estendart,  sur  les  conclos  des  fossez  etc.  »  (.lourn. 
de  Paris,  sous  Charles  VI  et  VII,  p.  126.) 

Coneluement,  subst.  masc.  Résolution.  L'ac- 
tion de  se  déterminer.  Après  un  conseil  tenu  pour 
la  guerre,  «  lors  prinrent  coneluement  de  chevau- 
'<  cher  devant  saint  Severe.  »  (Hist.  de  Loys  III,  duc 
de  Bourbon,  p.  36.)  (i) 

Conclnre  ,  verbe.  Résoudre  ,  déterminer  *. 
Comprendre  °. 

*Oaoiaoil,aupremiersens:  «  SeconclurentouMre 
«  de  faire  la  guerre.  ■>  (.1.  Le  Fevre  de  S.  Remy,  Hist. 
de  Charles  VÎ,  p.  14.)  (5)  C'est-à-dire  se  résolurent,  se 
déterminèrent  à  faire  la  guerre. 

^  Conclure,  pour  comprendre,  renfermer,  selon 
la  significalion  du  mot  latin  concludere ,  dont  il 
dérive,  setrouvedanslesTenur.  de  Littl.  fol.  149  V°. 
"  Ceo  ne  concludera  la  feme,  cela  ne  comprendia 
«  la  femme.  » 

Conjugaison  : 

Concludra,  futur.  Renfermera.  (Tenur.  de  Littl. 
fol.  149.) 

Conclusoit,  imparf.  Concluoit.  (Hist.  delà  Tois. 
d'or.  Vol.  II,  fol.  20.) 

Conclus,  partie.  Enfermé  *.  .Soumis,  asservi  ^. 
Convaincu  '^.  Résolu  ,  déterminé  °.  Exclus  , 
débouté  ^. 

*  Le  premier  sens  esl  le  sens  propre  du  lalin 
conclusus,  enfermé. 

Or  est  vaincus,  or  est  conclus 
Nostre  relegieus  reclus. 

Falil.  MSS.  du  R.  n"  T218,  fol.  295,  V  col.  1. 

^  De  là  ce  mot  s'est  pris,  au  figuré,  pour  asservi, 
soumis,  selon  le  Gloss.  de  Marot. 
^  En  étendant  cette  acception,  il  signifioit  con- 


(1)  Nous  remontons  par  cmcisus  à  concidere  (cum,  cœderé).  (N.  E.) 

(2)  «  Jaqueme  de  Langle,  né  concitains  de  cette  vills  [de  Cambrai]  »,  au  reg.  ,TJ.  138,  p.  100,  au.  1389.  (S.  E.) 

(3)  Ce  sens  est  dans  froissart  ;  «  Si  furent  cil  seigneur,  les  trois  jours  durant,  le  grignour  partie  dou  jour,  en  conclave 
ensemble.  «  (Ed.  Kervyn,  V,  196.)  (n.  e.) 

(4)  Ed.  Chazaud,  p.  32.  (n.  e.) 

(5)  Consulter  de  préférence  à  l'édition  de  le  Laboureur,  celle  de  M.  Morand,  p.  p.  la  Soc.  de  l'IIist.  de  France  (1876).  (N.  E.) 


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vaincu,  soumis,  asservi  par  la  force  des  preuves  ou 
du  raisonnement. 

Si  n'est  pas  tens  de  tencier  (disputer)  plus  : 

Brebis,  je  ne  suis  pas  conclus  (t); 

Mes  tu,  qui  ne  ses  (sçais)  que  respondre. 

FaW.  MSS.du  R.  n-  7218,  fol.  ill'.O,  R"  col.  2. 

On  disoil ,  en  ce  sens  ,  faire  conclus  ,  pour 
convaincre  : 

Au  miex  que  pot  de  s'excuse  ; 
Mes  la  dame  la  fist  conchise, 
Par  les  resons,  etc. 

Fabl-  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  330.  V'  col.  2. 

°  De  là,  conclus  a  signifié  résolu,  déterminé.  C'est 
le  rapport  de  l'effet  à  fa  cause.  «  Quand  riiommeest 
«  disposé,  et  conclud,  à  vouloir  acquérir  amy,  etc.  » 
(Hisl.  de  la  Tois.  d'or,  vol.  II,  fol.  21.)  »  Ceux  de 
«  Liège  estoienl  prêts,  et  conclus  de  tenir,  etc.  » 
(Moustrelet,  vol.  111,  fol.  128.)  On  lit,  à  la  marge, 
conclus  pour  résolus. 

^  Enfin,  ce  mot,  dans  un  sens  presque  entièrement 
opposé  à  celui  d'enfermé,  s'est  dit  pour  exclus, 
débouté  : 

Que  par  vous  soit  soustenus 
Ses  urois  ;  qu'il  n'en  soit  conclus. 

Poes.  MSS.  du  Vat.  n'  1490.  fol.  164,  U". 

VARI.iXTES  : 
CONCLUS.  Ortli.  subsistante. 
Conclud.  Hisl   de  la  Tois.  d'or.  Vol.  II,  fol.  21  V». 
CONCLUTE,  f'jin.  Percef.  Vol.  IV,  fol.  46,  R"  col.  2. 
CONCLUTTE,  fém.  Mém.  du  Bellay,  Liv.  VHI,  fol.  270  R''(2). 

Concluseiir,  subst.  masc.  Qui  conclut.  «  Sont 
" lesavocatst'(;Ht;/«sf'Hrsdedommages,  etinteresls.  » 
(Bout.  Som.  Hur.  p.  7C8.) 

Conclusion, s»tet  fém.  Coërcion,  contrainte*. 
Recoui'S,  ressource  ^.  Résolution  '^. 

*  On  trouve  la  première  signification  dans  le 
traité  d'Arras,  en  1435,  cité  par  Monstrelet,  où  on 
lit  :  «  Et  pour  les  choses  susdittes  accomplir,  nous 
'■  submettonsàlacoertion,  co«c'/i<s/OHetcontrnincte 
«  de  nostre  dit  S.  Père  le  Pape,  etc.  »  (Monstrelet, 
Vol.  II,  fol.  118.] 

^  Quant  au  second  sens  que  nous  assignons  au 
mot  conclusion,  Jaqueline,  duchesse  de  Bavièie, 
écrivant  au  duc  de  Cloceslre,  à  qui  elle  demande  du 
secours ,  s'exprime  ainsi  :  "  Hélas  ,  mon  très 
■>  redoublé  seigneur  père,  toulema  vraye  espérance, 
"  et  toute  ma  conclusion  est  en  vostre  domination, 
«  veu,  mon  très  redoublé  seigneur,  est  ma  seulle 
«  et  souveraine  liesse,  que  tout  ce  quejeseuffre  est 
«  pour  l'amour  de  vous.  »  (Monstrelet,  Vol.  II, 
fol.  24.) 

*=  On  disoit  prendre  conclusion,  pour  prendre 
résolution,  former  le  dessein.  »  Après  y  avoir 
«  séjourné  quelques  jours  ',  prendre  conclusion 
«  d'aller  voir  Dolle.  »  (Des  Ace.  Escr.  Dijon,  p.  32.) 

Conclusivemeut,  adv.  Finalement.  En  con- 


cluant. «  Sans  plus  longue  argumentation,  je  vous 
«  puis  bien  conclus/ cernent  dire,  etc.  »  (Mém.  Du 
Bellay,  Liv.  IX,  fol.  283.) 

Concoloré,  adj.  De  môme  couleur.  Pareil  en 
couleur.  <■  Je  levay  la  couronne  hault,  et  puis  dou- 
«  cément  la  posay  sur  le  chef  orcome  [h  la  chevelure 
«  d'or)  de  la  belle  Priscaraxe,  de  laquelle  les  cheveux 
»  estoient  à  for  de  la  coronne  concoloré::,,  etc.  » 
(Alector,  fol.  64.) 

Concord,  subst.  inasc.  Droit  de  fief.  Ce  droit 
étoit  équivalent  au  droit  de  ra  bat.  Le  chapitre  90 
de  la  coutume  de  Berry  est  intitulé  :  «  De  frères 
«  commungs  qui  acquièrent  héritniges  tenus  en  fief, 
»  ou  en  cens,  et  payent  le  rachapt,  ou  concord.  « 
(La  Thaum.  Coût,  de  Berry,  p.  296.) 

Concord.  adj.  Qui  est  d'accord.  Uni,  allié.  On 
lit  en  sens  :  «  Le  roy  d'Engleterre,  et  le  cuens  de 
«  Flandres  estoient  concordes  ensemble  ,  et  assem- 
«  bloienl  gens,  por  guerroier  le  roi  de  France.  » 
(Contin.  de  G.  de  Tyr',  Martène,  T.  V,  col.  678.) 

VARIANTES  : 
CONCORD.  Rabelais,  T.  III,  Prolog,  p.  1. 
CoN'coHDE.  Contin.  de  G.  de  Tyr,  Martene,  T.  Y,  col.  678. 

Concordablement  ,  adv.  Unanimement  , 
conjointement.  •■  Doyen  de  Beauvais  eslu  canoni- 
«  quement,  et  concordablement.  »  (Godefr.  Obser. 
sur  Charles  VIII,  p  620.  —  Voyez  Coût.  Gén.  T.  1, 
p.  16.)  <•  Avons  estécmpesché  de  concourdamment 
«  vaquer,  et  entendre  aux  faiz  et  besoingnes.  » 
(Preuv.  sur  le  meurtre  du  duc  de  Bourg,  p.  255.) 

VAIUANTES  : 
CONCORD  .VELEMENT.  Cliron.  S.  Denis,  T.  III,  fol.  42. 
Concourdamment.  Preuves  sur  le   meurtre  du  duc  de 
Bourgogne,  p.  255. 

Concordance,  suhsl.  fém  Paix  accord*. 
Correspondance,  conférence  ^. 

*  Ce  mol  est  pris  au  premier  sens  (3),  dans  ces 
vers  : 

Barons,  chevaliers,  damoyselles, 
Menestriers,  tabourins,  trompettes 
De  boyre  si  faisoient  merveilles. 
Pour  les  concordances  lors  faites. 

Vig.  de  Charles  VU,  T.  1,  p.  9. 

^  Ce  mot  signifie  correspondance  ,  conférence  , 
conciliation,  lors'iu'ils'agil  de  textes.  Ainsi  l'on  dit  : 
Concordances  des  écritures,  des  ordonnances,  des 
coutumes,  etc.,  pour  le  rapport,  la  correspon- 
dance, la  conciliation  des  divers  textes,  des  diverses 
lois,  etc.  «  Furent  faits  ces  eslablissemens  (4),  par 
<■  grand  conseil  de  sages  hommes,  et  de  bons  clers, 
«  "par  les  concordances  des  lois  et  des  canons,  et  des 
..  décretalles.  .■  (Ord.  T.  1,  p.  107.) 

Concordante,  «r//.  au  fém.  Convenable,  propre. 
(Voyez  Gloss.  de  Marot.) 


(1)  On  lit  aussi  dans  Renart  (III,  v.  21127):  «  De  sofflme  et  de  question  Ne  me  sot  respondre  un  boton  :  Quant  je  l'oi  fait 
don  tôt  conclus,  Ge  m'en  parti.  »  (n.  e.) 
(,2)  Cette  variante  orthographique  est  aussi  dans  Froissart  (XII,  320;  XIV,  92.)  (N.  E.) 

(3)  Ce  sens  est  dans  Beaumanoir  fXXXII,  17).  Cn.  e.) 

(4)  On  sait  que  ces  établissements  de  S'  Louis  ont  été  faits  avec  une  coutume  d'.^.njou  et  des  ordonnances  du  prévôt  de 
Paris.  (N.  e.) 


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Concordat,  sttbst.  masc.  Traité,  convention, 
accord.  Ce  mot  ne  se  dit  plus  qu"en  matière  bénëfi- 
ciale;  autrefois  il  s'employoit  pour  traité  en  général. 
»  Huit  à  dix  mille  Angiois,  que  le  roy  d'Angleterre 
«  lui  avoit  envoyé  de  secours  ,  suivant  leur 
«  concordat.  »  (Mém.Du  Bellay,  Liv.  X,  fol.  312.)  (1) 

Concordaules ,  adj.  Concordant ,  qui  est 
d'accoi-d.  (Voyez  S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  305,  dans 
le  latin,  concors.} 

Concorde,  snbst  fém.  Ce  mol  subsiste  ;  mais 
on  ne  dit  plus  faire  concorde,  pour  s'accorder. 
«  Fut  fait  concorde  (2)  du  roy  de  Chipre,  et  de  ses 
«  barons.  ••  (Conlin.  de  G.  deTyr,Mart.  T.  V,co].7'»7.) 

Concordée,  adj.  au  fém.  Accordée.  (Gloss.  de 
Marol.) 

Concorder  el  Concorder  (se),  verbe. 
S'accorder,  convenir  ensemble.  'S.  Bern.  Serm.  fr. 
Mss.  p.  195,  dans  le  latin  convenlre.)  (3)  Accorder, 
mettre  d'accord  *.  Conférer  ^. 

'  On  a  dit,  au  iiremier  sens  :  «  Alerent  li  maistre 
«  du  Temple,  et  le  marescbaUle  l'Ospilal  en  Chipre, 
«  pour  concorder  le  roy,  et  ses  barons.  »  (Contin. 
de  G.  de  Tyr,  Marlene,  t.  V,  col.  746.) 

°  Le  père  Labbe  explique  concorder,  dans  le  sens 
de  concordance,  conférence  des  textes,  dont  nous 
avons  parlé  ci-dessus  ;  faire  la  concordance,  pour 
conférer,  en  latin  alludere.  (Gloss.  p.  488.)  (4) 

Concordieux  ,  adj.  Convenable.  Propre  à 
concilier. 

Querez  moyen  doulx,  et  mttcordieux. 

Al.  Charlier,  Poi-s.  p,  549. 

Concouchier,  verbe.  Ebranler.  Du  latin  con- 
cutere.  Ce  mol  est  mis  figurément  en  ce  passage  : 
c<  Le  quarte  vertu  qui  doit  estre  en  baillies,  si  est 
«  qu'il  soit  soufïrans,  escoulans,  sans  soi  concou- 
«  chier,  ne  mouvoir  de  riens.  »  (Beaumanoir,  p.  8.) 

Concours  [Intercalez  Concours,  au  sens  de 
recours,  moyen  de  fuir,  dans  Froissart  (X,  '2G2)  : 
«  Quant  .febans  en  oy  la  voix,  il  n'ot  plus  de 
»  concours  que  par  une  fausse  voye  que  il 
«  s^.'avoit.  »]  (n.  e.) 

Concréance.  [Intercalez  Concréance ,  nais- 
sance, parenté  : 

Qui  de  lui  orent  nation 
Descendement  ne  cmicreance. 

Chron.  de?  ducs  de  Korm.,  I,  v  1153.]  (N.  E.) 


Concréé,  partie.  Créé,  formé. 

Nus  hom  n'est  concriez  sans  semence  d'autre  home. 

Disp.  du  Juif  et  du  Cljr.  M.S.  de  S.  G.  M.  108 ,  V  eol.  2. 

VARIANTES  : 
CONCRÉÉ.  Fouilloux,  Vénerie,  fol.  123  R». 
Concriez.  Disp.  du  .luif  et  du  Chrétien,  fol.  108. 

Concreidre.  [Intercalez  Concreidre ,  croire 
dans  la  CaïUilône  de  S"  Eulalie  (v.  ^i)  : 

Aczo  nos  voldret  concreidre  U  rex  pagiens. 

La  Chr.  des  ducs  de  Norm.  (v.  1353)  donne 
concreit  : 

Sa  traïsunt  e  sa  merveille, 

Lor  dit  e  concreit  e  conseille.]  (N.  E.) 

Concremer,  verbe.  Craindre.  On  a  dit  de 
Clodion,  nis  de  Pharamond,  auquel  il  succéda  : 

Cil  n'avoit  pas  des  elz  (yeux)  plantés  (beaucoup) 
Ne  gaires  nul  autre  bonté  ; 
Force  cremoit,  et  doutoit, 
Et  en  ses  chambres  se  muçoit 
Ses  granz  richomes  (grands  seigneurs)  concremoit. 
Parton.  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  123,  V  col.  1. 

Conci*eu(le),  su(/.si.  masc.  Terme  de  coutume. 
Dans  celte  expression,  le  creu,  el  le  concreu,  il 
désigne  les  fruits  croissans  sur  un  fonds  de  terre. 

Concubin,  suhst.  ninsc  Concubinaire.  (Colgr. 
Oudin,  Dicl.)  «  Donation  faite  de  concubin  à  concu- 
«  bine,  et  de  concubine  à  concubin,  ne  vaut.  » 
(Coul.  d'Anjou,  au  Coul.  Gén.  T.  H,  p.  91.)  Cette 
disposition  se  Irouve  répétée  dans  la  Coût,  du  Maine. 
(Ibid.  p.  1-^8.)  (5) 

Corneille  emploie  ce  mot  d'une  manière  assez 
plaisanle.  r/est  un  marquis  précieux  qui  parle  : 

Vous    oavez  que  nature  est  un  peu  larronesse, 
Qul  partout  elle  pille,  et  qu'on  voit,  de  nos  ans. 
Plus  d'amours  concubins,  qu'il  n'en  est  d'épousans. 
La  Comtesse  d'Ori;ueil,  de  Th.  Corn.  acl.  4,  se.  6  (6;. 

Concubiualement  ,  adv.  Illicitement.  Un 
marquis  dit  à  une  jeune  fille  : 

Vous  en  voudroit  il  point  concuhinalement  9 

La  Comtesse  d'Orgueil,  Coni.  de  Th.  Corn.  act.  i.  se.  6. 

Concueillir,  verbe.  Recueillir,  rassembler, 
ramasser.  (Borel,  Corneille,  Dict.  —  Voyez  Gloss. 
sur  les  Coutde  Beauvoisis.)  Le  père  Labbe,  Gloss. 
p.  49(j,  traduit  colligere.  «  Se  concueillirent  (7),  et 
"  assemblèrent  en  la  ville  de  la  Rochelle,  environ 
«  deux  cens  lances,  de  compaignons  bien  estoffés.  » 
(Froissart,  Liv.  II,  p.  44.)  (8) 


(1)  On  lit  aussi  dans  Brantôme  (Pescayre)  :  «  N'oubliant  le  eojîcorrfaf  qui  jadis  fut  faict  contre  les  empereurs,  que  nul 
empereur  ne  seroit  jamais  roy  des  Deux  Siciles.  »  (n.  e.) 

(2)  On  lit  déjà  daiis  Benoît  de  S'  More  fil,  6317)  :  «  E  si  cuncorde  et  pals  li  tiens,  E  que  te  faces  crestiens,  Qu'amor  ferme 
seit  establie  Entre  vous  dous  sans  tricherie.  »  (n.  e.) 

(3)  On  lit  dans  Leroux  de  Lincy  (570)  :  «  Or  eswarde  cum  proprement  se  concordent  altres  paroles  encor  de  l'apostle  à 
cez  trois  choses,  n  (n.  e.) 

(4)  Dans  Froissart,  il  signifie  consentir  à  un  mariage  :  «  Et  le  concordoil  assés  li  contes  de  Flandres  (IV,  321)  ;    —  les 
mariages  concordes  et  alliés  XIV,  367.)  »  (N.  E.) 

(5)  Voyez  encore  p.  177.  On  lit  au  reg.  195,  p.  139,  an.  1468:  «  Le  suppliant  respondit  :  ort.  vil,  villain,  concubin  ,  je  ne  te 
crains.  »  (n.  e.) 

(6)  On  lit  aux  Mémoires  de  Scepeaux  (VI,  5)  :  «  C'estoit  à  cause  des   femmes   que  l'on  detenoit   concuhinairement  par 
force.  »  (n.  e.) 

(7)  «  Chevalliers  et  escuiers  des  basses  marches  se  concueillirent  et  parlèrent  ensemble.  »  (Ed.  Kervyn,  XI,  328.)  (N.   E.J 

(8)  Il  signifie  aussi  :  1»  cueillir  :<(  Disant  qu'elle  li  avoit  emblé  ses  plutnes  et  cnnrueilliaz.  »   (JJ.    105,   p.   3,    an.   1378.) 
2»  Rassembler  au  hasard  :  «  Feble  gent  sunt,  mauvais  et  concueillis.  »  (Garin,  1, 100.)  (n.  e.) 


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VARIANTKS  : 
CONCUEILLIR.  Froissart,  Liv.  II,  p.  44. 

CONCUILLIR,  CONQUEUILLIR,  CONQUEILLER. 

Conculcation,  subst.  fém.  L'action  de  fouler. 
(Oudiii,  iSicot,  IMct.) 

Conculquer,  verbe.  Fouler.  (Cotgrave,  Nicot, 
Dict.) 

Concurateur,  subst.  masc.  Terme,  coutume. 
Curateur  associé  au  curateur  principal.  »  Un  tuteur, 
•>  ou  curateur  peut  seul  agir,  ou  deffendre,  et  ester 
•  en  jugement  au  nom  de  son  pupille,  combien 
»  qu'il  ayt  coututeurs,  ou  concurateurs.  »  (Coût,  de 
Lille,  Goul.  Gén.  T.  1,  p.  767.) 

Concurre,  verbe.  Concourir.  On  lit  dans  les 
Lett.  dePasquier,  T.  Il,  p.  70:  «  Quant  aux  seigneurs 
«  d'O,  et  d'Iispernon,  ils  avoient  concurre  (1)  en 
«  faveurs  avec  le  feu  seigneur  de  Joyeuse.  » 

VARI.4NTES  : 
CONCURRE.  Corn.  Disc,  sur  le  Poëme  epiq.  T.  I,  p.  29. 
CONCURER.  Pasquier,  Lettres,  T. II,  p.  70. 

Concurrens,  sulist.  masc.  Ce  mot  semble 
employé  comme  terme  d'astronomie  dans  ces  vers  : 

Aucunes  fois  ont  regarl  digue, 

En  faisant  leur  conjunctions, 

Selon  les  disposicions 

Des  signes,  et  les  concurrens  (2) 

Qui  par  les  cercles  fièrent  ans  (s'enfoncent). 

Et  ont  ailonc  bonne  influence. 

Aucune  fois  la  concurrence 

Des  signes,  et  les  niocions,  etc. 

Eusl.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  i"0,  col.  2. 

Concusseur,  subst.  masc.  Concussionnaire. 

Concussionner,  verbe.  Vexer,  exercer  des 
concussions.  (Dict.  de  Monet.) 

Coiicution  ,  subst.  fém.  Ebranlement.  Au 
figuré,  oppression. 

Debvons  douter,  souffrir  concntions 
Des  Tarez  mauldits,  et  gens  plains  d'insolence. 

Crétin,  p.  14. 

Condaniine  ,  suhst.  fém.  Mot  languedocien, 
pour  signilier  une  grande  pièce  de  terre  qui  a  quel- 
ques droits  seigneuriaux.  (Du  Cange ,  au  mot 
Condamina.)  (o) 

VARIAISTES  : 
CONDAMINE.  Dict.  Etym.  de  Ménage. 

CONDOMINE. 

Condamnats,  subst.  masc.  plur.  Nom  de 
religieux.  Ces  religieux  sont  soumis  à  l'abbesse  de 
S.  Sulpice.  (Voyez "GIoss.  de  l'Hist.  de  Bret  ) 


Condampuer,  verbe.  Condamner  (4).  (Voyez 
Joinville,  page  13,  et  les  autorités  rapportées  aux 
variantes.) 

VARIANTES  : 
CONDAMPNER.  Faifeu,  p.  "100. 
CoNDEMPNER.  Ord.  T.  I,  p.  57  et  687. 
CoNDEMNER.  Colgr.  Clém.  Marot,  p.  366. 

Condat,  siibst.  masc.  Ce  mot  anciennement 
signifioit  confluent.  De  là,  plusieurs  lieux  ont 
emprunté  ce  nom.  (Colgrave,  Corneille,  Dict.,  et 
Du  Cange,  au  mot  Condate.) 

VARIANTES  : 
CONDAT,  CONDAC,  CONDE  (.5). 

Condelit,  subst.  masc.  Volupté. 

Ne  vi-ge  mais  si  riche  lit. 

Plus  as  assez  de  condelit 

Conques  n'ot  l'autre,  ce  me  semble. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  81,  R-  col.  1. 

Condemenrance,  subst.  fém.  Communauté 
d'habitation.  (Voyez  Coût,  de  Xaintonge  ,  Coût. 
Gén.  T.  11,  p.  tiôâ.j 

Condemeurans,  adj.  plur.  Qui  demeurent 
ensemble.  (Coût,  de  Xaintonge,  Coût.  Gén.  T.  II, 
p.  655.) 

Condemnade,  subst.  fém.  Sorte  de  jeu  (6).  Le 
Ducbat,  sur  liabelais.  T.  1,  page -136,  le  délinil: 
■■  ,Jeu  de  caries  à  trois  personnes.  Celle  ù  qui  il 
"  n'apparlienl,  ni  de  donner,  ni  de  couper,  nomme 
'1  une  carte,  et  celui-la  gagne  à  qui  celte  carte 
«  arrive,  et  Ton  donne  des  ca'rtes  jusqu'à  ce  qu'elle 
>.  soit  tirée.  »  (Voyez  Dict.  de  Cotgrave  ;  J.  Marot, 
p.  41  ;  Clém  Marot,  p.  138.) 

VARIANTES  : 
CONDEMNADE.  Rabelais,  T.  I,  p.  130. 
CoNDAMNADE.  Des  Acc.  iligar.  fol.  GO  V». 

CONDAMPNADE. 

Condempnatrice,  adj.  au  fém.  Qui  condamne. 
On  distingue  :  »  Senlence  deflinitive,  absolulrice, 
«  ou  condempnatrice.  >'  (Procès  de  .Jacques  Cuer,. 
Ms.  p.  17.) 

Condenipnement,  subst.  masc.  Condamna- 
tion. On  disoit  fuh'e  condeinpnement,  pour  con- 
danner.  (Ord.  T.  V,  p.  130.) 

Condensité,  subst.  fém.  Condensation,  (Cotgr. 
Oudin.  Dict.) 

Condeputé,  subst.  masc.  Collègue  de  dépu- 
lation.  (Mém.  de  Villeroy,  T.  VI,  p.  362.) 

Condere,  subst.  masc.  Champ.  On  lit,  dans 


(1)  Montaigne  donne  concurroient  (III,  51),  concurre  (III,  57).  (N.  E.) 

(2)  On  lit  dans  un  comput  du  xiii'^  siècle  (R.  N.  fr.  7929,  fol.  4)  :  «  Li  autres  nombres  a  nom  concvrrens  ,'  parce  qu'il  cort 
avoec  les  réguliers  por  njonstier  par  quel  jor  cascuns  mois  entre.  »  Il  y  a  sept  concurrents,  autant  que  de  lettres 
dominicales,  et  il  cuncourenl  avec  le  cycle  solaire  ou  en  suivent  le  cours.  (N.  E) 

(3)  Voyez  page  150,  col.  2,  et  la  note  1.  (N.  E.) 

(4)  Relevons  dans  Froissart  Texpression  coiidempner  en  son  tort,  pour  le  mettre  dans  son  tort  ;  «  II  contournèrent  dou 
tout  la  roïne  Issabiel  et  comleinpnere^it  en  son  tort,  et  mirent  le  roy  d'Engleterre  et  son  conseil  en  son  droit.  »  (II,  40.)  On 
disait  aussi  condamner  un  pont,  comme  nous  disons  condamner  un  navire,  ordonner  sa  démolition  ;  «  Mais  encore  ne  vaut 
il  mies  le  pont  comleinpncr  de  tous  poins.  »  (Froissart,  X,  110.)  (N.  E.) 

(5)  On  trouve  encore  Condal  (Saône-et-Loire),  Condate  (id),  Condexj  (.T.  Quicherat ,  noms  de  lieux ,  page  42)  ;  Candi 
(Maine-et-Loire)  ;  en  Picai-die,  aux  xiu"  et  xiv«  siècles,  on  disait  Condel,  qui  est  la  transition  entre  Condal  et  Condé.  (N.  E.) 

(6)  On  lit  aux  Contes  de  Cliolière  (fol.  174)  :  «  Ils  passeront  deux  ou  trois  heures  à  jouer  au  llus  ,  à  la  séquence,  à  la 
condemnade,  au  trou  madame,  à  la  clef,  à  remue  ménage  et  autres  tels  jeux  qui  ne  sont  pas  défendus.  »  (N.  E.) 


co 


-  160  — 


co 


Gérard  de  Roiisillon  :  «  Il  resta  tant  d'hommes  sur 
«  le  i'cndej'c.  après  la  bataille.  "  \oyez  c())idn':iellas, 
mot  languedocien,  d'où  vient  condcre.  {Falconnei.) 

Condescence ,  subst.  fém.  Décence,  dignité. 
»  Sépulture  honneste,  selon  la  condescence  de  son 
■•  estât.  .1  (Mém.  de  Comines  ,  T.  111  ,  Preuves, 
p.  -235.) 

Condescendre,  verbe.  Faire  condescendre. 
Nous  n'employons  plus  ce  mot  que  comme  verbe 
neutre.  Autrefois  on  disoit  :  «  Ne  les  pouvoient 
«  condescendre  à  paix.  «  (Froissart,  Liv.  I,  p.  115.) 

De  là,  se  condescendre,  pour  consentir.  <>  Elle 
«  s'estoit  condcscendue  (1)  à  l'aimer.  »  (Arr.  Amor. 
p.  72.) 

Condescention,  subst.  fém.  Condescendance. 
On  lit,  dans  une  bulle  du  pape  Benoit  à  l'Uni- 
versité, en  1406  :  »  A  schisme,  vous  avez  tondes- 
..  cention  pileuse  donnée.  »  (Monstrelet,  Vol.  I, 
fol.  '28.)  Nous  trouvons coHdcsccH^fo,  au  même  sens, 
dans  la  '233'  des  Epitres  d'Yves  de  Chartres. 

Condetempteur  ,  subst.  masc.  Terme  de 
coutume.  Conjoint,  associé  dans  la  possession  d'un 
même  héritage.  (Coût.  d'Etampes,  Coût.  Gén.  T.  I, 
p.  240.) 

Condictement  ,  adv.  Selon  le  convenu. 
Condictemcnt,  et  acrordonent,  suivant  ce  qu'on 
avoil  dit,  ce  dont  on  étoit  convenu,  du  latin  juxta 
condictum.  (Cliron.  fr.  >is.  de  Nangis,  an  1302.) 

Condigne,  adj.  Digne,  décent,  convenable.  Ce 
mot  subsisie  dans  le  langage  Ihéologique.  On  dit 
mérite  condigne,  satisfaction  condigne  ('2),  etc. 
L'usageen  étoit  autrefois  plus  étendu.  (Cotgr.,  Nicot, 
Monet,  Oudin,  Gloss.  de  Marot  ;  Crétin,  p.  66.)  On 
trouve  co/!d/«c,  dans  les  Marg.  de  la  Marg.  fol.  399. 
Condigne,  que  j'ai  marqué  au  nombre  des  ortho- 
graphes, est  une  faule  pour  condigne,  dans  .1. 
Marot,  p.  48. 

VARIANTES    : 

CONDIGNE.  Orth.  subsùst. 

CONDINE.  Marg.  de  la  Marg.  fol.  399  V». 

CouDiGNE.  .T.  Marot,  p.  48. 

Condignenient,  adv.  Dignement.  (Cotgraveel 
Oudin,  Dict.) 

Condille,  Ce  mot  est  interprété ,  dans  le  Gloss. 
du  P.  Labbe,  p.  496,  par  le  mot  latin  consntilis.  Le 
mol  condille  est  probablement  corrompu  ,  comme 


un  grand  nombre  de  ceux  qui  sont  dans  ce  Glos- 
saire. Le  mot  latin  fait  conjecturer  qu'on  pourroit 
lire  coudible,  mot  forgé  d'après  le  verbe  coudre. 

Condiment,  subst.  masc.  Assaisonnement.  Du 
latin  cnndimenlum.  (Ess.  de  Montaigne,  T.  I,  p.  91 .)  (3) 

Condir.  [Intercalez  Condir,  au  sens  de  presser 
conire  la  poitrine:  «  Le  suppliant  veanl  que  ledit 
«  Clerel  estoit  souillé  de  sang  le  leva,  le  condy  et 
«  lui  mist  un  peu  de  tente  dedens  un  treu  ou  plaie 
«  qu'il  avoit  en  la  teste.  »  (JJ,  161,  p.  08,  an.  1406.) 
Le  Froissartde  M.  Kervyn  donne  condirent  (11,291), 
que  M.  Luce  lit  coindirent:  «  Ains  abaissierent  les 
«  glaives  et  condirent  les  larges  à  leurs  poilrinnes 
«  et  ferirenl  chevaus  des  espérons.  "]  (n.  e.) 

Condire  ou  Condier,  verbe.  Assaisonner. 
Condienl,  dans  S.  Bern.  Sermon  fr.  mss.  page  130, 
répond  au  latin  condient,  et  soient  condies  au  latin 

condiantur.  (Id.  Ibid.) 

Condit,  subst.  masc.  Confection.  Terme  de 
pharmacie  (4). 

Ce  souverain  médecin  qui  convye, 

Une  substance  ordonna  mieuLx  pluvye  (garantie) 

Que  restaurant,  ou  cordial  cnudit. 

Crétin,  p.  2. 

Conditeur,  subst.  masc.  Auteur,  inventeur.  On 
a  dit,  en  ce  sens  :  «  Le  Roy  est  conditeur  de  la 
«  loy.  »  (Bout.  Som.  Rur.  p.  194.) 

Condition,  s!/&s^  /"m.  Naturel,  caractère*. 
Espèc(;^.  .Nous  ne  marquerons  que  ces  deux  signi- 
ficaticins  itiusitées  du  mol  conditionqm  subsiste,  et 
qui  a  C'jiiservé  quantité  d'autres  acceptions  (5). 

*  Froissart  l'a  employé,  au  premier  sens  :  «  Il  ne 
«  connoissoient  pas  encore  bien  la  condition  de 
«  leur  Seigneur,  car  quelque  semblant  qu'il  mons- 
«  trast  forainement  (extérieurement)  il  avoit  le 
«  courage  tout  franoois  au  dedans.  »  (Froissart, 
liv.  I,  p.  163,  an  1346.)  «  Je  vous  dirai  une  grande 
«  partie  de  la  condition  des  Espaignols  ;  vray  est 
o  que,  de  première  venue,  à  cheval,  ils  sont  de 
i>  grant  voulonté,  de  grant  bobant  (fierté)  et  de 
«  grand  courage,  et  b.autain  à  leur  avantage,  et  se 
«  comballent  assez  bien  a  cheval.  »  (Ibid.  p.  60.)  (6) 

^  Comme  les  ditl'érens  caractères,  les  inclinations, 
en  parlant  des  animaux,  constituent  leurs  différen- 
tes espèces,  condition,  qui  signifioit  caractère,  s'est 
pris  pour  espèce,  dans  ce  passage  :  «  On  ne  doit 
«  faire  chascier  nul  chien,  de  (juelque  condicion 


(1>  «  [Jehan  Malingres]  voulut  par  devant  le  bailli  de  Rouen  ou  son  lieutenant  se  condescendre  et  mettre  à  l'enqueste  du 
pays.  »  (JJ.  138,  p.  189,  an.  1390.)  (n.  e.) 

(2)  •<  Ils  seront  prest  et  appareilliés  et  offeront  à  faire  amende  condigne.  »  (Cart.  23  de  Corbie,  an.  1360 ,  Du  Canse ,  II, 
519,  col.3)(N.  E.) 

(3)  On  lit  dans  des  Accords  (Escraignes  dijonnoises)  :  «  Condimens  au  sel  et  au  vinaigre  dont  on  se  sert  l'hyver  pour 
salade  à  l'entrée  et  commencement  des  repas,  comme  de  pourpier,  petits  concombres,  violettes  doubles,  pommes  verdes 
ou  abricots.  »  (N.  E.) 

(4)  C'est  une  substance  végétale  pénétrée  et  recouverte  de  sucre  cristallisé.  (N.  E.) 

(5)  Dans  Froissart  (II,  3),  il  signifie  aussi  manière  :  «  Or  voeil  je  remonstrer  par  quelle  manière  et  condition  les  guerres 
premièrement  s'esraeurent.  »  (N.  E.) 

(6)  On  lit  encore  au  t.  II  de  l'éd.  Kervyn,  p.  17  :  «  Et  trop  fort  se  différent  en  Engleterre  les  natures  et  conditions  des 
nobles  aux  hommes  mestis  et  vilains.  »  On  lit  aussi  dans  Christine  de  Pisan  (Charles  V,  part.  II,  col.  12)  :  «  [Le  duc  de 
Berry]  jolis  estoit,  amoureu.x  et  gi'acieux  et  de  moult  joyeuse  condition  en  France.  »  Au  reg.  204,  p.  91,  an.  1474  :  «  Jehan 
Boubaiou  sa  partie  adverse  estoit  homme  de  terrible  condition.  »  (n.  e.) 


GO 


ICI  — 


CO 


«  que  il  soit,  qui  n'aye  passé  un  an.  »  (Chasse  de 
Gasl.  Phéb.  ms.  p.  94.) 

Nous  remarquerons,  outre  cela,  les  expressions 
suivantes  ; 

1°  Bonnes  coruUtious  pour  lionnes  qualités.  «  Ne 
«  se  souciant  d"elle,  jayoit  qu'elle  eût  beaucoup  de 
«  bonnes  conditions  en  soy,  pour  estre  estimée.  » 
(Nuicts  de  Slrapar.  T.  I.  p.  iiVl.)  <.  Por  ses  proues- 
»  ses,  el  bonnes  conditions,  la  prinl  en  mariage.  " 
(Ibid.  p.  -2G3.) 

2°  Estate  sur  condition  en  fait,  sur  condition  en 
ley.  C'est  l'état  des  personnes  (jui  tiennent  des  ter- 
res sous  ces  deux  conditions.  (Voyez  chap.  V  des 
Tenur.  de  Liltl.  fol.  74.) 

3°  Action  de  condition  incertaine.  On  dislingue 
plusieurs  sortesd'aclions  personnelles,  dontcelle-ci 
fait  partie.  On  l'appelle  incertaine,  parce  que 
■1  celui  qui  n  accomplist  la  condition,  il  ne  doit 
«  avoir  le  don  par  ceste  action.  >>  (Bout.  Som.  Hur. 
pagel.'JS.) 

4°  Action  de  condition  indene.  Autre  division  de 
l'action  per.'^onnelle.  On  la  nomme  indue,  du  lalin 
indebitd.  «  (.es  clercs  l'apellenl  conditionem  inde- 
«  bitl  :  si  comme  quand  aucun  ,  sur  aucune  condi- 
«  tion,  paye,  par  ignorance,  plus  qu'il  ne  doit, 
«  sçachez  que,  par  ceste  action,  le  doit  ravoir,  c'est 
«  à  sçavoir  le  surplus  que  le  trop  payé  a.  »  (Bout. 
Som.  Rur.  p.  159.) 

L'éditeur,  dans  ses  notes,  page  1C8,  dit  qu'il  faut 
lire  :  «  Condiclion  de  l'indu,  comme  il  est  écrit 
»  (ajoute-t-il)  en  mon  ancien  practicien,  pour  ren- 
«  dre  en  françois  ce  qu'on  dict  eu  droicl,  condictio 
«  indebiti  ;  laquelle  compele  à  celuy  qui,  par 
«  erreur,  a  payé  ce  qu'il  ne  devoit.  »  (Voyez  Bout. 
Som.  P,ur.  p.  377),  où  ou  lit  :  «  Condiction  de  chose 
»  non  due  »,  dans  le  même  sens. 

Tu' Gens  de  condition  sedisoit  autrefois  dans  un 
sens  bien  contraire  à  celui  que  nous  donnons 
aujourd'hui  à  celte  expression.  Elle  signitioit  gens 
de  condition  servile.  »  Gens  de  condition,  peuvent 
■'  marier  leurs  filles  franchement,  père,  et  mère 
"  vivans,  ou  l'un  d'eux,  meubles  portans  h:u's  la 
«  communauté,  sans  retour,  en  telle  manière  que 
«  la  dite  fille  ainsi  mariée ,  et  conjoincle  par 
"  mariage,  avec  un  homme  franc,  elle  demeare 
«  toujours  fr.iuclie;  el  si  elle  est  mariée  à  un 
«  Iwnime  de  condition,  elle  demeure  serve  au  sei- 
"  gneur  de  son  mary,  perpétuellement,  avec  sa 
»  postérité,  el  ligne.  »  (Coût,  de  Nivernois,  Coût. 
Gén.  T.  1,  p.  880.) 

G°  Dans  ce  même  sens,  on  disoit  homme  île  corps, 
et  condition,  pour  domeslique.  En  13GI,  nos  rois 
accordèrent  une  sauvegarde  aux  frères  de  l'hôpital 


de  S'  .lean  de  Jérusalem.  Voici  comme  cette  charte 
s'exprime  :  «  Les  diz  maistre,  prieurs,  et  commuii- 
«  deurs.  et  frères,  leurs  driunez,  familles,  l)omme 
«  de  corjis,  et  condition,  avec  leurs  maisons,  et  tous 
»  leurs  autres  biens  assis  dedens  noslre  royaume, 
«  prenons,  et  recevons  en  la  main,  protection,  et 
«  gaide  espécial  de  nous,  et  de  noz  successeurs 
.'  roysdeFrance.  »  (Ord.  T.  111,  p.  55G(I)  )  On  trouve 
Condilionnrii,  au  même  sens,  dans  Yves  de  Char- 
tres, Ep.  147,  fol.  til7.  —  Voy.  Du  Cange,  aux  mots 
Conditio,  Conditionales,  Conditionus.) 

VARIANTES    : 
CONDITION.  Orlh.  subsistante. 
CoNDiciON.  Chasse  de  Gast.  Phéb.  MS  p.  94. 
Condiction.  Bout.  Som.  Rur.  p.  377. 

Conditionné,  «rfy.  Revêtu  de  qualités*.  Réglée 

*  Nous  employons  encore  ce  mot.  dans  le  premier 
sens  et  avec  celte  orthographe;  mais  nous  l'appli- 
quons parliculièremenl  aux  choses  corporelles. 
Autrefois  on  l'appliqnoil  également  aux  qualités  de 
l'esnril,  et  on  le  preuoit,  comme  aujourd'hui,  en 
bonne  et  en  mauvaise  pni't.  «  Un  des  beaux,  et  bien 
'•  conditionnés che\n\icrs.  >  (Joinv.  p;-;  0  67(2).)  «Le 
«  lîls  de  la  chambrière  bien  moriginé  vaull  mieux 
>'  que  le  fils  d'ung  grand  roy,  qui  est  mal  condi- 
»  donné.  "  (Chron.'  Fr.  de  Nangis,  an  1302.)  La 
passion  de  la  chasse  poussée  à  un  certain  point 
donne  l'exclusion  à  pres(|ue  toutes  celles  qui  nais- 
sent de  l'oisiveté  et  de  la  mollesse;  de  là,  ce  com- 
mun proverbe  «  que  jamais  fauconnier  ne  fut  mal 
•'  conditionné.  «  (Fouilloux,  Faucon,  préf.)  (-3) 

^  On  disoit  aussi  conditionné,  pour  réglé. 
■■  Furent  les  armes  conditionnées  :  c'est  assavoir 
«  que  le  seigneur  de  Montagu  debvoil  estre  dedens 
«  les  mines  armez.  ■>  (.T.  Le  Fèvre  de  S.  Remv,  Hist. 
de  Charles  VL  page  65.)  »  Ils  n'avoienl  bien  tenu 
"  les  conditions  conditionnées  sur  les  articles  de 
■•  paix.  >■  (Froissarl,  liv.  IV,  p.  tSl  (4).)  C'est-à-dire 
réglées  sur  les  articles  de  paix. 

De  là,  on  appeloit  serf  conditionné  ou  abonné 
celui  qui  s'étoit  abonné  avec  son  seigneur  iioiir  la 
taille.  Dans  les  Ord.  T.  III,  page  228.  l'éditeur  dit 
note  (i)  que  ■  les  serfs  payoient  tous  la  taille  :  mais, 
"  ou  le  seigneur  pouvoit  la  leur  imposer  à  sa 
«  vuloulé  ;  el  alors  on  les  nommoit  tauiablcs  de 
«  haut  et  bas  à  vo'onté;  ou  il  avoit  fait  avec  eux 
«  une  convention,  par  laquelle  la  taille  éloit  fixée 
"  à  une  certaine  somme  par  an,  et  on  les  appelloil 
>'  i\\ov%  serfs  conditionne'^  (5î,  ou  abonnez.  »  (Voy. 
Du  Cange,  au  mol  Conditionales.) 

VA.RIANTES  : 
CONDITIONNÉ.  Joinville,  p.  67. 
Go.NDiciONNÉ.  Chron.  Fr.  de  Nangis,  an  1302. 


(1)  On  lit  encore  au  t.  VI,  p.  64,  an.  13.52  ;  «  Ne  se  accroistront  nulles  personnes  de  condicion  en  ladicte  pooste  ,   excepté 


les  hommes  et  femmes  serfs  desdiz  seigneurs  et  dames.  »  (n.  e.) 
(2)  .loinyille  n'a  pu  employer  ce  mot,  qui  n'apparaît  qu'a 


.     ,  ,  .  ,  ,  ,  l'au  XIV  siècle,  (n.  e.) 

(3)  On  lit  encore  au  reg.  .1.1.  147,  p.  5,  an.  1394  :  «  Comme  le  suppliant  eust  pris  par  mariage  Thomine  la  Quesnelle,  ycelle 
cuidaut  estre  femme  bien  cond'Utonnée  et  paisible.  »  (.n.  e.) 

^4)  Voyez  éd.  Kervyn  (XV,  114).  Le  sens  est  parfois  un  peu  différent  (III,  316>  :  «  Ensi  furent   les  trieuwes   causées   et 
coiidilionnées.  i>  (N.  E.) 

(5)  Voyez  Coutume  d'Auvergne,  ch.  XXVII,  art.  3.  Ou  lit  aussi  aux  Ordon.,  I,  413,  an.  130i  :  «  De  tous   ceux  qui   sont    en 
autre  deinaine  et  justice,  qui  ne  sont  condilionez  ou  abonnez,  levez  ladite  aide.  »  (n.  e.) 

IV.  21 


co 


IG2  - 


CO 


Conditionner,  verbe.  Imposer  des  conditions. 
En  cliiuger  un  fief,  un  bien,  ou  tout  autre  effet. 
(Voy.  Coût.  Gén.  T.  I,  p.  80G.) 

Condol,  sulist.  masc.  Amas  de  terre  *.  Relevé 
d'un  fossé  ^.  Terre  relevée  entre  deux  sillons  ^. 

*  Condol,  au  premier  sens,  signifioil  en  général, 
amas  de  terre,  élévation,  suivant  le  Dictionnaire  de 
Cotgrave. 

^  Dans  un  sens  plus  particulier,  Monet  explique 
le  mot  conilot  (1;  par  «  chevalier,  amas  de  terre  tirée 
«  de  In  fosse  dune  plante,  etc.,  et  relevée  sur  les 
«  bords  de  la  fosse.  ■• 

"^  On  trouve  condol  ou  condot  rendu  en  latin  par 
le  mol  porcd,  iiui  signifie  terre  relevée  entre  deux 
sillons,  dans  Du  Gange,  au  motCoH(//s. 

VARIANTES  : 
CONDOL.  Cotgrave,  Dict. 
Condot.  Monet,  Dict. 

Condoloir,  verbe.  Partager  la  douleur  d'autrui. 
Le  Gloss.  du  P.  Labbe,  p.  ROT,  traduit  illacnjmari. 
On  disoit  aussi  se  condouloir,  pour  s'aftliger,  se 
plaindre. 

VARIANTES  : 

CONDOLOIR.  Gloss.  du  P.  Labbe,  p.  507. 
Condouloir.  Oudin,  Nicot,  Dict. 

Condonné,  adjectif.  Les  frères  condonnez  de 
l'Hôtel-Dieu  de  Chàteaudun  sont  des  religieux  pos- 
sédant bénéfices.  (Voy.  Le  Pouillé  du  diocèse  de 
Chartres,  in-8°,Paris,  1739,  p.  17.) 

Condonner  ,  verbe.  Pardonner  ,  excuser  *. 
Sacrilier,  faire  céder  °. 

*  On  lit,  au  premier  sens,  en  parlant  des  défauts 
d'Alexandre  :  «  Quant  à  ce  qu'il  estoit  un  peu  trop 
«  impatient  d'ouir  médire  de  soy,  et  quant  à  ces 
«  mangeoires,  armes,  et  mors,  qu'il  fit  semer  aux 
«  Indes,  toutes  ces  choses  me  semblent  pouvoir 
«  estre  condonées  h  son  âge,  et  à  l'eslrange  pro- 
«  priété  de  sa  fortune.  »  (Essais  de  Montaigne, 
T.  II,  p.  7GG.)  «  Il  faut  condoner  quelque  chose  au 
«  monde,  et  tant  que  faire  se  peut,  au  dehors,  se 
«  conformer  à  ce  qui  se  praclique.  »  (Sagesse  de 
Charr.  p.  Ml.]Condoner,  en  ce  dernier  passage,  si- 
gnifie proprement  accorder  une  chose,  la  passer 
par  condescendance. 

°  Condonner,  dans  cet  autre  passage,  est  mis  pour 
sacrilier,  faire  céder.  «  Pour  à  ce  remédier,  et 
«  obvier,  il  n'estoit  possible  de  choisir  autre  meil- 
«  leur  chemin  que  condonner  chacun  au  bien 
><  public  ses  querelles,  et  inimitiés  particulières.  » 
(Mém.  Du  Bellay,  liv.  VU,  fol.  223.)  Cette  acception 
dérive  de  la  première,  puisque  pardonner   c'est 


S'icrifier  son  ressentiment  aux  prières  ou  à  quelque 
autre  considération. 

VARIANTES  : 
CO.VDOXNER.  Oudin,  Dict. 
Condoner.  Clianon,  Sagesse,  p.  34. 

Condoré,  subst.  masc.  Espèce  d'oiseau  des 
Indes,  selon  le  Dict.  fr.-esp.  d'Oudin;  probablement 
le  condor  (2). 

Condosnier,  verbe.  Détruii'C,  exterminer.  Il 
semble  ((ue  ce  soit  le  sens  de  ce  mot,  dans  ces  vers  : 

De  son  fort  poig  tôt  roiido.tma 
Li  vrais  martirs,  li  fax  devin. 

Hi>t.  de  S"  Léoc.  MS.  de  S.  Germ.  fol.  3-2,  R*  col.  2. 

Condrezelias,  subst.  masc  Mots  languedo- 
ciens. Condriclias  (3)  signifie  terres,  champ  en  géné- 
ral ;  condrex-ellus,  terres  cultivées,  par  opposition  à 
eremas,  terres  désertes  ou  eu  friche.  Condirigerc, 
condergere,  conderz-ere,  entretenir  en  bon  état. 
Voyez  une  citation  au  Gloss.  de  Du  Cange,  au  mot 
Condirectum,  sous  Condirigere  (4).  (Falconnel.) 

VARIANTES  : 
CONDREZELLAS,  Condrighas. 

Condron,  subst.  masc.  Pain  ou  pâte  d'orge. 
(Dict.  d'Oudin.) 

Condnchers,  subst.  masc.  plur.  Prebendiers. 
jChanoines  du  second  ordre  (5).  (Du  Cange,  aux  mots 
Conduchcru  et  Duclieril.) 

Couduct.  [Intercalez  Conduct,  maison  louée: 
«  Item  chacun  couduct  deizdiles  dousvilles  doit 
"  aussi  payer  à  ladite  esglise  de  Belleval  et  payerait 
«  chacun  an  une  journée  à  la  crowée  de  la  seille 
«  az  waien.  >■  (Du  Cange,  II,  525,  an.  1106.)  Dans 
une  charte  de  133G.  on  a  eonduict.]  (n.  e.) 

Condiicteresse,  subst.  fém.  Conductrice.  On 
a  dit,  en  parlant  de  la  pucelle  d'Orléans  qui  défen- 
dit si  courageusement  cette  ville:  »  Et  nonobstant 
«  qu'à  ces  trois  assauts,  la  dessus  dite  pucelle ,  la 
«  commune  renommée  dit  eu  avoir  esté  la  con- 
ductercsse  à  trois  assaulx.  (Monstrelet,  Vol.  II.) 

VARIANTES  : 

CONDUCTERESSE.  Monstrelet,  Vol.  Il,  foL  44,  R». 
CoNDUCTiicRE.  Tri.  des  IX  Preux,  p.  497,  col.  1. 

Conducteur,  subst.  masc.  Qui  conduit,  qui 
commande*.  Locataire,  fermier^. 

*0n  a  dit,  dans  le  premier  sens  (G):  «  Le  comte  de 
«  Bouquingan  estoit  conducteur,  et  principal  capi- 
«  taine  de  celle  gent.  »  (Hist.  de  Loys  III,  duc  de 
Bourbon,  p.  153.)  C'est  le  sens  du  mot  latin  ductor. 

^  Conducteur,  pour  locataire,  fermier,  rend  le 
mot  latin  conductor.  (Voyez  Gloss.  de  l'Histoire  de 
Paris,  et  le  Coût.  Gén.  T.  I,  p.  9,402.)  «  Les  conduc- 


(1)  On  lit  au  reg.  IJ.  170,  p.  29,  an.  1417  ;  «  Lequel  vigneron  estoit   sur  un  condol  d'une  ourdiere   de  chaiTette  sur   le 
chemin.  »  (n.  e.) 
(2")  Les  Incas  disent  cuntur.  (n.  E.) 

(3)  An.  1246  (n.  e.) 

(4)  «  Terras  hf  renias  et  condrezelias,  et  albres  domestgues  »,  an.  1244.  (N.  E.) 

(5)  C'est  au.?si  un  clerc  ou  prêtre  nourri  et  pensionné  dans  quelques  prieurés  dépendant  de  S'  Victor  de  Marseille.  On  les 
nommait  encore  panel lers.  (n.  e.) 

(6)  Commines  écrit  aussi  (VU,  prol.)  :  «   Ainsi  faut  conclure  que  ce  voyage  fut  conduit  de   Dieu...;  car  le  sens  des 
conUuclews...  n'y  servit  de  gueres.  »  (n.  e.) 


co 


163  — 


CO 


«  teurs  d'aucun  héritage  ne  peuvent  intervertir  la 
«  possession  du  propriétaire.  «  (Coût,  de  Melun, 
Coût.  Gén.  T.  I,  p.  109.) 

Conductiei*.  [Intercalez  Conductier,  sorte 
d"ofnce  militaire  dans  une  ordonnance  de  Charles 
le  Téméraire  (1  i"3)  :  «  Les  condiictiers  après  leur 
«  institution  et  qu'ils  seront  arrivez  en  leurs 
«  conipaignies,  les  départiront  en  quatre  escadres 
«  égales,"  et  sur  les  trois  d'icelles  commettront 
«  trois  chiefz  d'escadre,  lesquels  ils  pourront 
«  esliro,...  icellui  seigneur  leur  baillera  le  qua- 
«  trieme.  »]  (n.  e.) 

Condiieuvre,  siibst.  féni.  Le  dedans  d'une 
tarte.  Comme  confiture,  ou  autre  chose. 

Grasse,  où  point  n'a  d'ueuvre, 

Vaut  mains  (moins)  que  tarte  sans  condneure. 

PoSs.  MSS.  avant  1300,  T.  IV.  p.  1322. 

Seigneur,  Sotingheliens  est  uns  moult  bons  castiaus, 
La  croist  li  frés  fromages,  avec  les  ean  wastiaus, 
Et  li  quartier  de  tarte  qui  plain  sont  de  condueure. 
Ibi.i.  p.  1350. 

Condiiils,  subst.  masc.  plur.  Conducteurs, 
guides.  «  Icelles  g:irdes  prendront  le  serment  des 
«  coniluils  d'icelles  besles,  et  charrettes.  »  (Ordonn. 
T.  V,  p.  .'lOr»,  an.  1371.)  On  lit,  à  la  marge,  conducteurs. 
On  lit  conduis,  au  même  sens,  dans  l'Ane.  Coût. 
d'Orléans  :  «  La  charretée  dehors  le  diocèse  menant 
"  vin,  doit  8  deniers,  dont  !i  rois  a  6  deniers,  et 
«  oboi,  et  l'evesque  obol.  et  li  conduis  un  denier.  » 
(Beaumanoir,  p.  471.) 

Droit  à  Conlogne  chevauça 
La  damoiselle,  et  ses  conduis. 

Pli.  Mouskes,  MS.  p  77fl. 

vVoy.  ci-après  Conduit  et  Con'duictk.) 

VARIANTES  : 
CONDUILS.  Ord.  T.  V,  p.  405. 
Conduis.  Coût.  d'Orléans  à  la  suite  de  Bauraan.  p.  471. 

Conduire,  verbe.  Poursuivre  en  justice  *.  Nan- 
tir ^   Induire  *^. 

*  On  lit  au  premier  sens  :  «  Ne  faisoient  à  rece- 
«  voir  pour  conduire  le  cas  de  nouvellelé.  »  (Ord. 
T.  V,  p.  5t>0.) 

^  Ce  mot  signifie  nantir,  se  mettre  en  possession, 
dans  ce  passage  :  «  Pourra  le  rentier,  si  bon  luy 
«  semble,  se  faire  conduire  sur  les  dits  immeubles, 
«  en  vertu  du  dit  exploit,  comme  il  est  cy  devant 
«  ordonné.  >■  (Coût.  Gén.  T.  l,  p.  1102.)  C'est-à-dire 
se  faire  nantir,  se  faire  mettre  en  possession  des 
dits  immeubles.  Nous  verrons,  ci-après,  conduit, 
pour  saisie. 

^  On  disoit  aussi  conduire,  pour  induire.  Un 
ancien  poète,  parlant  des  femmes  laides  qui  tâchent 
d'obtenir  la  préférence  sur  les  belles,  dit  : 

Les  noires,  pour  soy  déduire, 

Si  comme  elles  veulent  conduire, 
■Valent  plus  que  blanches  ne  font. 

Eusl.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  518,  col.  1. 


Conjugaison. 

Conduirent,  prêter.  Conduisirent.  (Berger,  de 
Rem.  Bell.  T.  I,  p.  1.) 

Conduisf,  pour  conduisit,  gouverna.  (S.  Bern. 
Ser.  fr.  mss.  p.  337,  dans  le  latin  rexit.) 

Conduit,  prêter.  Conduisit.  (Vig.  de  Ch.  Vil,  T.  H, 
p.  H.-).l 

Condure,  indic.  prés.  Conduit,  mène.  (Fabl.  mss. 
du  R.  n°  7989,  fol.  61.) 

Condmje,  subi.  prés.  Conduise.  (Rabelais,  T.  V, 
p.  '223.) 

Condwjrenl  ,  prêter.  Conduisirent.  (P.  J.  de 
Sainti'é,  p.  359.) 

Condiiz,  pour  gardé,  partie.  Maintenu  en  sauve- 
garde, (.lurainv.  Hist.  du  comté  d'Aussonne,  p.  '26.) 

Conduisable,  adj.  Praticable,  faisable  *.  Utile, 
avantageux  ^. 

*  Au  premier  sens,  ce  mot  exprime  la  possibilité 
de  faire  une  chose.  Au  siège  de  Neutz,  en  l'il'i,  où 
commandoil  le  duc  de  Bonrgogne,  -  le  duc  fut 
1  malcontent  contre  les  Lombards,  et  entreprinl  de 
«  leur  faire  regaigner  ce  qu'ilz  avoyent  perdu  ; 
«  mais  il  n'estoit  pas  conduisable.  »  (Mém.  d'OI.  de 
la  Marche,  Liv.  II,  p.  512.) 

^  Conduisible,  au  second  sens,  indique  l'utilité, 
l'avantage  qui  doit  résulter  d'une  action,  d'une 
entreprise.  «  Me  semblant  plus  honnorablement,  et 
>'  conduisible,  de  partir  en  silence,  que  nous  offrir 
«  à  aucune deffense.  »  (Le  Peregr.  d'Amour,  fol.  48.) 
«  Commandoil  toujours  quelque  chose  couducUile, 
«  et  utile  à  ceste  un.  »  (Mém.  Du  Bellay,  Liv.  VII, 
fol.  215.) 

VARIANTES  : 

CONDUISABLE.  Mém.  de  la  Marche,  Liv.  II,  p.  512. 
CoNDUisim.E.  Le  Peregr.  d'amours,  fol.  48  R». 
CoNDUc.iBLE.  Mém.  du  Bellay,  Liv.  VII,  fol.  215  V». 

Coiidiiisement.  [Intercalez  Conduisement  : 
1°  Conduit:  «  Icellui  Guillaume  se  prist  à  foir  ledit 
«  pré  pour  y  faire  une  raize  ou  besal  pour  conduire 
«  l'eaue  au  pré  dudit  Guillaume...  En  faisant 
-  laquelle  raise  ou  conduisement.  »  (.1.1.  19i,  p.  186, 
an.  1 'iC6.)  2»  Direction:  «  Avint  d'aventure  que 
"  ledit  Girarl  par  le  conduisement  de  sa  main,  fu 
"  féru  dessoubz  son  œil  du  tilleul  dudit  Jehan.  » 
(.T,r.  107,  p.  50,  an.  1375.)]  (n.  e.) 

Coiiduiseur,  sut)st.  masc.  Qui  conduit,  qui 
commande.  CoHrf«/ser  est  peut  être  une  fautedansce 
passage:  «  Nulle  chose  n'avient  si  m^\  conduiser  {\) 
'<  de  gens  d'armes,  que  haste,  et  fol  hardement.  » 
(Le  Jouv.  MS.  p.  557.)  On  lit  plus  haut  conduiseur  (2). 
(Ibid.  Voyez  ci-dessus  Conducteur.)  (3) 

VARIANTES  : 
CONDUISKUR.  Oudin,  Monet,  Cotgrave,  Dict.  etc. 
CoNDUiSEEQR.  G.  Guiart,  MS.  fol.  ;»2  R». 
CoNDUYSEUR.  Percef.  Vol.  I,  loi.  135,  R»  col.  1. 
CoNDUisER.  Le  Jouv.  MS.  p.  557. 


(1)  C'est  le  cas  sujet  du  mot  ;  Froissart  donne  co)iduisieres  (IV,  63.)  (n.  e.) 

(2)  Voyez  Froissart  (II,  133,  482),  au  sens  de  coiuluctiers.  (N.  E.) 

(3)  C'est  encore  1»  le  curateur  d'un  pupille  :  «  Jehanne  dame  du  Bois  Arnaut  et  Rogiers  du  Bois  Arnaut  tuteurs,  curateurs 
meneurs  et  coiiduiseeur  de  Phihppot...  »  (Ch.  des  Comptes,  an.  1308,  Du  Gange,  II,  524,  col.  2.)  2»  Un  charretier  ■  «  Les 
condmseurs  des  dites  bestes  et  charrov  seront  tenus  de  l'amender.  »  Ord.,  V,  406,  an.  1371.)  (n.  e.) 


co 


—  164  — 


CO 


CONDUISIERES.  S.  Bem.  S.  f.  p.  255,  en  lalin  Duclor  et  iJitx. 
CoNDUiTEUR.  G.  Guiart,  MS.  fol  278  R». 
CoNDUisoR.  S.  Bern.  Serm.  Ir.  MS.  p.  258. 

Conduit,  siil'St.  masc.  Cominaiidement,  coii- 
duile  *.  SauvcL^arde  ,  escorte  ^.  Droil  sur  les 
marchandises  '^.  Saisie  °.  Sorte  de  poésie  ^.  Tci-ine 
de  iiiusi(|ue  ''.  Canal  °.  Guide,  conducteur  ". 

*  On  employoil  ce  mol,  dans  le  pieinier  sens,  en 
pai'lanl,  soit  du  couiniandeiuenl  des  truupes,  soit 
du  guuvei'nemeiit d'une  maison.  OuadildeBerlrand 
duliuesclin  :  «  ÎSous  aurons  la  bataille,  aius  le  tiers 
«  jour  passé,  puisque  nous  sommes  ou  conduit  de 
«  Bertran.  »  (Ilist.  de  Dertr.  du  Guesclia,  par  Mén. 
p.  9G.)  «  Si  s'arrouterent  ses  gens  d'armes,  sous  le 
«  comiuit  de  deux  maresctiau.\.  ■■  (Froissart,  Liv.  1, 
p.  Iîr>(l).)  »  Messire  Boniface  venu,  se  priurent  à 
«  deviser  le  seigneur  de  Bueil,  et  les  autres  ayans 
"  conduit  comment  ils  pourroient  faire  dommage 
<>  au  logis  de  comte  de  Bouquignan.  »  (ilist.  de 
Loyslil,  duc  de  Bourbon,  p.  153.) 

Ou  distiil  aussi  :  «  Se  une  maison  a  plusieurs  chefs 
«  d'hostels,  cliascun  chef  a  son  conduit,  ou  a  sou 
«  ménage,  etc.  »  (La  Tbauni.  Coût,  de  Beri'y  , 
p.  431.)  Conduit  est  encore  pris  pour  la  puissance 
paternelle  et  maternelle,  dans  Perard,  Hist.de  Bourg, 
p.  28-2,  Tit.  de  V^^. 

^Conduit,  pour  sauvegarde,  sauf-conduit.  (Jurain. 
Hist.  du  comlc  d'Aussonne,  p.  26,  Tit.  de  12-29.) 
Escorte  s'écrivoit  aussi  conduicl  ,  etc.  (Voyez  Du 
Gange,  au  mol  Conduclus.)  «  Les  marchands  qu'il 
«  a  voit  pi-insou(au)  coiiduitdu  roy  ■■  (Chron.  S.  Denis, 
T.  I,  fol.  2ôi.)  On  lit,  dans  le  latin  de  Suger  ;  Con- 
duclu  régis.  ■■  Je  vous  conseille,  ou  cas  que  vous 
«  n'ayez  bon  conduit,  que  tantost  vous  départez 
«  d'ici.  »  (Ger.deNevers,  2'' P.  p.  5.").)Cemot  signilie 
escorte  dans  le  passage  suivant.  Le  duc  de  Beth- 
fort  propose  à  Charles  VU  un  rendez-vous  conçu 
en  ces  tei'mes  :  «  Auiiuel  jour  et  place,  sy  compa- 
«  roir  voulez,  vous  en  personne,  avec  le  conduict 
«  de  la  dilTormëe  femme,  et  tous  les  parjures, 
«  et  autre  puissance,  telle  que  vous  voudrez.  » 
(Monstr.  vol.  II,  fol.  49.)  (2) 

Liai  conduit  se  disoit  pour  loyal  sauvegarde, 
libre  passage,  et  seiir  conduit  dans  le  même  sens. 
(Rymer,  T.'  I,  p.  116,  tit.  de  1270.)  On  lit  dans  le 
même  titie,  en  latin,  sccuro  conducta. 

'^  On  nommoit  conduit  un  droit  payé  sur  les 
marchandises,  à  raison  du  transport  :  «  Se  la 
»  charrelée  a  amené  liaranc,  ele  ne  doit  point  de 
conduit.  «   (Ane.   Coût.   d'Orléans,  à  la  suile  de 


Beaumanoir,  p.  471.  —  Voyez  Du  Gange,  au  mol 
Co)uluctus  2,  et  la  Table  des  mesliers,  ms.  de  Mai- 
niùre,  p.  50.)  (3) 

°  On  trouve  conduit  mis  quelquefois  pour  saisie 
judiciaire  :  '■  Au  cas  ^ue  les  dits  compeisonniers 
>■  (associez),  et  garants  seront  deloyaus  ourefusans 
'<  juste  occasion,  se  joindre  avec  celuy  qui  est 
«  poursuivi  par  raison  de  la  dite  renie,  ou  censé, 
"  est  permis,  à  celuy  qui  sera  exécuté,  de  se  pour- 
«  voir,  par  conduits  sur  les  abouts,  ou  héritages 
«  hypothéqués  à  la  dite  rente.  "(Co;it.  de  Metz,  Coût. 
Géu.  T.  I,  p.  1160  )  ■  Pour  le  regard  de  ceux  qui 
'<  sont  absens,  et  demeurans  hors  de  cesle  ville,  et 
'<  pays,  redevables  des  dites  censés,  ou  rentes. 
«  assignez  sur  héritages,  assis,  et  situez  en  ceste 
■•  dilte  ville,  et  pays,  Usera  procédé  contre  eux, 
«  par  priiclamatioii  et  huchemenl,  ainsi  qu'il  est 
«  de  coustume  ;  et  en  vertu  desquels  se  feront  les 
»  conduits,  et  Irelïondemens,  ainsi  que  dessus  a 
"  esté  urdonné.  "  (Ibid.  p.  1163.)  On  dit  encore,  en 
^'ormandie  :  conduire  une  saisie  sur  un  fonds,  pour 
le  saisir  judiciairement. 

^  On  appeloit  conduit,  que  nous  trouvons  écrit 
conduit;  une  sorte  de  composition  en  vers,  qui  se 
mettoit  en  chant  : 

Amoit  et  servoit  Noslre  Dame, 

Il  ama,  monit  bien  le  prova  ; 

Mais  sollil  ilit,  Ue  li,  trova, 

Maint  bel  conduit  ;  mainte  sequance. 

Hisl.  Je  S"  Léoc.  MS.  de  S.  G.  fol.  -20,  v-  col.  3. 

Por  lui,  se  font  les  clames  ceintes  (belles  ou  parées), 
Por  lui  ohanu:  ou  son.s,  i-t  conduitz. 

Fahl.  JISS.  de  S.  G.  fol.  fa,  V  col.  2. 

Mainte  bêle  chancon, 

i\Iain  biau  dit,  maint  conduit, 
l'or  son  déduit,  en  mis  en  son. 

Chaiis  fr.  du  xiii"  siècle,  MS.  de  Bouli   fol.  -29  ,V'  col.  2. 

Dans  l'inventaire  des  livres  de  Charles  V,  il  y 
avoit  des  livres  qui  avoient  pour  titre  motez  et 
conduis.  (Art.  178,  id.  Iiivent.)  (4) 

""  Ce  mot  semble  employé  comme  terme  de 
musique,  peut-être  dans  le  sens  où  l'on  dit  passage, 
en  ces  vers  : 

....  En  vin  a  trop  de  déduis. 
Vins  fet  les  sons,  et  les  conduis. 

Fabl.  MSS.  du  U.  n'  "SIS.  fol.  177,  IV  col.  2. 

°  i\ons  appelons  encore  conduit,  les  canaux  et 
tuyaux  par  où  les  eaux  coulent  ;  en  latin  nicalus, 
suivant  le  GIcss.  du  P.  Labbe.  Nous  trouvons  con- 
duis, en  ce  sens,  dans  les  Chans  mss.  du  comte 
Thib.  p.  36  ;  et  répété  dans  les  Poës.  mss.  av.  1300, 
T.  1,  p.  86  (5).  Ce  mot  étoit  autrefois  consacré  pour 


(1)  Comparez  édition  Korvyn,  II,  56  ;  XIII,  259  ;  II,  83.  (N.  E.) 

(2)  «  Messires  Joffrois  eut  grasce  et  co)('Ji((7  d'aler  deviers  la  contesse.  «(Froissait,  IV,  69.)  Ce  sens  est  aussi  dans  le 
poème  de  Cuvelier.  .\u  xni»  siècle,  il  est  dans  les  récits  d'un  Ménestrel  de  Reims  (éd.  de  WaiUy,  Glossaire)  ;  dans 
Beaumanoir  (ch.  LXVll):  «  Toutes  les  fois  qu'aucuns  n'ose  venir  à  droit,  de  peur  de  ses  anemis  ,  le  signor  li  doit  bailler 
conduit.  Mais  li  conduit  et  li  envoi  qu'il  fet  en  autrui  cort,  est  aus  coust  de  cix  qui  les  requieront.  »  Voyez  aussi  Garin  et 
Renan  (v.  17611.)  (N.  E.) 

(3)  On  lit  aux  Ordonnances,  t.  VIII,  p.  378,  an.  1400  ;  «  Or  voulons  en  cesle  seconde  partie  traictier  des  chaucées  ,  des 
coulins,  des  travers,  des  co»duî7s,  des  rivages,  des  halages.  »  Le  co/î'/iii; ,  dit  un  texte  de  1333,  est  membre  du  grant 
tonlieu.  (N.  E.) 

(4)  OnlitdansRenart(v.  20589):  «  Ainsirés  par  joliveté.  Chantant  en  pardurableté  Motez,  conduis  et  ohançonnettes.  »  (n.  e.) 

(5)  Dans  Froissart^  c'est  1»  un  tuyau  de  fontaine  :  «  Et  donnoit  ceste  fontaine  par  ses  conduits  claret  et  pieument.  » 
(XIV,  8.)  i»  Une  galerie  souterraine  :  «  De  nuit  nous  nous  mettrons  en  ce  conduit  par  dedens  terre,  qui  est  bel  et  grant.  » 
(XI,  213.)  (N.  e.) 


co 


—  103 


co 


désigner,  en  parlant  des  moulins,  des  canaux  de 
trois  piedset  demi,  distingués  des  grands  ruisseaux, 
qui  étoient  de  quatorze  pieds,  el  des  ruisseaux 
communs,  qui  en  avoienl  sept.  «  Un  général,  et 
«  grand  ruisseau  à  moulin  doit  estrc  large  de 
«  quatorze  pieds,  à  mesurci'  du  côté  de  l'eau,  et  à 
«  mesurer  pour  chacun  cosié  de  sept  pieds  du 
«  bord  ;  les  autres  communs  ruisseaux  doivent  estre 
«  larges,  a  mesurer  comme  cy-devaul,  et  les  autres 
«  petits  ruisseaux,  que  l'on  nomme  fo(K7«/7s  d'eau, 
«  trois  piedset  demy.  »  (Coul.  d'Alost,  ^'ouv.  Coût. 
Gea   T.  I,  p.  lllU.j  " 

"  Enfin,  on  a  dit  conduicl,  pour  guide,  conduc- 
teur(l).  (Voyez  conduis,  au  pluriel,  en  ce  sens,  sous 
1  article  Co.nduils.)  Les  Fran(;ois,  inquiets  de  savoir 
où  ils  trouveroient  les  Anglois,  y  furent  conduits. 
peu  de  tems  après,  par  un  cerf,  qui  partit  devant 
eux.  C'est  ii  ce  sujet  que  la  Pucelle  leur  dit  : 
«  Clievaiicliés  hardiment,  on  auiw  bon  conduicl-.  » 
(Monst  vol.  II,  fol.  4o,  an  ii-i9  )  (2) 

vAr.i.\NTEs  : 
CONDUIT.  G.  Guiart,  ilS.  fol.  66  V". 
CoNDurrTE.  Perairt.  Hisl.  de  Bourg,  p.  430,  TU.  de  i23t. 

CONDCY^. 

CoNDCiCT.  Monstrfl.  Vol.  II,  fol.  45  V». 

Conduis,  piur.  Falil.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  357,  R"  col.  2. 

CoNDUiz./j/ur.  l'oos.  ilSS.  av.  13UÙ,  T.  I,  p.  86. 

Conduile,  subst.  fém.  Escorte  *.  Guide,  con- 
ducteur ^. 

*  Ce  mol,  sous  la  prcimièrooribograplie,  conserve 
plusieurs  accepiions.  On  ne  ledit  plus  poures:'!;"te. 
"  Le  roy  lit  bailler  bonne  conduite,  et  le  cai:p^!:i!,ie 
••  chiiere,  etc.  se  retirèrent  a  Veronue,  les  ;:■■(■  s  le 
a  roy  fit  pareillement  conduire.  »  (Mém.  de  Kn'i.de 
la  Mark.  ms.  p.  2'J4.) 

^  On  disoit  aussi  condnicte,  pOur  guide,  conduc- 
teur. «  Messire  Guy  de  Fromenlieres  estoit  leur 
«  conduiclc  principale,  pour  ce  tiu'il  avoit  plusveu 
qu'eulx.  >•  (Le  Jouvêuc.  ms.  p.  &li.) 

VARl.iNTES  (3)  : 

CONDUITE.  Orth.  svibsist. 

CoNDUiCTE.  Mém.  de  Rob.  de  la  Marck,  MS.  p.  371. 

Conduniua,  RubsL  fém.  On  disoii,  dans  le 
patois  de  Riom,  en  .\u  vergue,  condamna  aprovada, 
pour  coutume  approuvée,  selon  le  Gloss.  sur  les 
Coût,  de  Bcauvoisis. 

Coiidutier,  .sh/;.s/.  masc.  On  nommoil  ainsi  les 
capitaines  des  compagnies  des  .gendarmes,  selon  le 
P.  Dainel.  (Milice  fr.'^T.  I,  p.  .'r/'S.)  Voyez  Etat  des 
offic.  des  ducs  de  Bourgogne,  où  l'on  trouve  une 
ordonnance  de  !î7i  (i),  très  inslriictive  pour  le 
service  des  hommes  d'armes. 


VARIANTES  : 
CONDUriER,    CONDUCTXER. 

Condiiy,  sabsl.  maix.  Conduite.  '  Moult  avoit 
«  de  son  sens  perdu,  mais  ce  fut  par  courroucer 
«  trop  mallemenl  de  ce  qu'elle  estoit  octroyée 
«  à  mènera  u  conduiide  Keux.  »  \Lanc.dnLac,  T.  II, 
fol.  'i.j  Ou  n'écrivoii  plus  communément  conduit. 
(Voyez  ce  mot  pris  en  ce  sens.) 

Couec,  Mot  corrompu,  qu'il  faut  lire  conu.  pour 
connu;,  dans  ces  veis  où  le  [)cëte  ,  après  avoir  fait 
allusion  à  notre  proverbe  :  •■  Il  n'y  a  de  plus  mal 
«  chaussés  que  les  cordonniers  »  ,  dit  (|ue  les 
amans  loyaux  ,  sincères  triiuvenl  rarement  de 
loialps  aDiies. 

Cordouaijiers  n'eut  bon  soûler, 
Ne  drapiers  ne  fu  bien  velus, 
Ne  9ec  uime  Iniam  drus. 

Poés.  iMSS.  du  Vatican,  n-  1«0,  fol.  33,  V». 

Nous  avons  vu  ci-dessus  le  caractère  1)  pour 
abréviation  de  la  syllabe  cou. 

Coneucis,  adj.  Brisé,  broyé.  Selon  io  Gloss.  de 
Labbe,  qui  traduit  ce  mot  fresus.  11  semble  formé 
du  coincisus,  incisé. 

Coiiesses.  jNous  trouvons  ce  n.ot  (5)  dans  les 
vers  suivans  : 

Ne,  se  ja  Dj.x  n.e  garl  d'essoigne, 
Ce  tu  eusses  grant  besoigne, 
D'argent  \yir  que  bien  conesses 
Et  de  cri  deniers  me  lessases. 

Fabl.  .MSS.  du  1!.  n-  7C15.  T.U,  fui.  151,  R-  col.  -2. 

Coiiestablesse.  [Intercalez  Concs/ablesne  . 
femme  du  connétable  de  France,  au  Cartulaire  de 
S'  Etienne  d'.Vuxerre  (128î)  et  dans  Froissart  (XV, 

235).]  (N.  E.) 

Coiievez,  adj.  fém.plur.  Connues  ou  conçues. 
«  Teles  résous  pneent  avoir  lieu,  aprez  ce  que  l'en 
«  a  repondu  droilpment  à  !a  ';uerele,  et  aucunes 
«  autres  qui  pueent  nestre,  le  plel  pendant,  qui 
«  pueent  estLeco)t(''i)t£(G)  parl'apar,  ncedouplet.  " 
(Beau  m  an.  p.  45.) 

Coofabuhitioii,  subst.  fém.  Discours,  conver- 
sation familière ("i.  (Mém.  du  card.  de  Retz,  T.  ÎV. 
p.  14.1 

Coiifaire.  [Intercalez  Confaire ,  exécuter  : 
«  Ordonner  voies  convigiiab'es  pour  confaire  ce 
«  que  dessus  est  dit.  »]  (n.  e.) 

Confait.  Ce  mot  vient  de  core  ,  pris  pour 
comment.  (Voyez Co.m  jConfuil  signifie  littéralement 
comment  fait,  quel,  quelle  espèce,  quelle  sorte. 

Pères,  fait  il,  ge  m'en  irai 
Toz  esgarez,  quar  je  ne  sai 
En  auel  leu,  n'en  coiifail  pais. 

Floire  et  Blanclwf,  MS.ile  S.  Gerni   fol.  19U,  V"  col.  -2. 


(1)  «  .V  pié  et  à  cheval  tant  errent  Li  cortt/ui(  et  ceus  qui  les  siveut  Qu'à  l'o-st  au   roy  de  France  arrivent.  »   (G.   Guiart, 
V.  3453,  aS46.)  (N.  E.) 

(2)  Enfin  conduit,  comme  conduisetir,  signifie  curateur;  «  Lucasse,  jadiz  famé  de  Richart,  et  Ricardet  le  Prévost  son  tilz 
souzaagé,  avec  son  cnndui/.  »  (J.l.  6i,  p.  380,  an.  1321.)  (N.  E.) 

(3)  M.  Litlré  cite  ViUehardouin  coniLne  ayant  employé  cette  forme,  que  M.  de 'Wailly  n'admet  pas  dans  son  Glossaire,  (n.  e.) 

(4)  Elli;  est  de  li73.  d'après  Du  Gange.  (Voir  la  citatioii  sous  Coiuhicl'.ar.)  (y.  E.) 

(5)  Ce  doit  être  une  faute  de  lecture.  ^^■.  E.) 

(6)  Lisez  u  voyelle  et  non  ii  consonne.  (N.  E.  ) 

(7)  «  Pour  ce  qui  était  de  M.  de  Bouillon  et  de  M.  de  Turen.ie,  la  conj'abalo.lon  fut  bien  plus  longue.  ;)  ^N.  E.) 


co 


166  — 


CO 


Or  palist,  or  rougist,  or  sue,  et  va  tremblant 
Ne  set  par  ((uel  manière,  ne  par  cniifet  semblant 
Ele  piiist  déguerpir  (perdre)  le  mal  qu'ele  a  si  grant. 
Mil.  MSS.  du  H.  Il"  12IS,  fol.  3,n,  P."  col.  1. 

On  disoit,  au  féminin,  confailte,  pour  quelle. 
(Rom.  de  Brul,  ms.  fol.  55.) 

V.\RIANTES  : 
GONFAIT.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7089,  fol.  213,  R°  col.  2. 
CoNFET.  Fabl.  MSS.  du  H.  n»  7218,  fol.  345.  R°  col.  1. 
Confit,  l'arton.  de  Bl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  169,  V°  col.  2. 

Coiifîiiteincnt ,    nriv.    Comment,    de    quelle 
façon.  (Voyez  ci-dessus  Confait.) 
Mais  Getan  fu  haslivement 
Occis,  ne  say  coiifailfinrut. 

Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  M,  V"  col.  2. 

Or  chanterai,  ne  sai  cn^ifaitement. 

Poês.  MSS.  Valican,  n"  IWO,  fol.  79,  R». 

On  trouve  souvent  cet  adverbe,  dans  Benoît  de 
S"  More. 

Lors  commençay  à  panser 

Vonfaileii>enl 
Elle  me  porroit  amer. 

Chajis.  MSS.  .lu  C"  Thibaut,  p.  17. 

VARI.iNTES  : 
r.ONFAlTEMENT.  Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  22,  V»  col.  1. 
GoNFETEMENT.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  130,  V»  col.  1. 

Confalons.  [Intercalez  Confalons,  confrérie  de 
pénitents  auxquels  S'  Bonaventure  prescrivit,  en 
426'(,  une  forme  particulière  de  prières.  Leur  nom 
leur  vient  de  la  bannière  {gonfalon)  qu'ils  por- 
taient.] (n.  e.) 

Coufect,  adj.  Rempli.  (Gloss.  de  Marot.)  On  a 
dit  :  «  Letires  confectes  de  clameurs.  »  (Chron.  ms. 
de  Nangis,  an  1303.) 

Confecter,  verbe.  Achever.  Donner  toutes  les 
formes.  Ce  terme  du  droit  coutumier  est  ainsi 
interprété  par  le  passage  suivant  :  «  Celuy  qui  vou- 
"  dra  se  porter  héritier  par  bénéfice  d'inventaire, 
«  devra,  dans  un  mois  après  la  mort  du  défunt, 
«  impétrer,  du  souverain,  le  dit  bénéfice,  et  confec- 
«  ter  iceluy  pertinenment,  dans  un  mois  de  l'im- 
>■  petration  ;  h  laquelle  confection  sera  employée  la 
«  justice,  ou  pour  le  moins  un  membre  d'icelle, 
«  avec  le  greffier  député  par  la  justice.  »  (Coût,  de 
Bouillon,  Nouv.  Coût.  Gén.  T.  II,  p.  856.) 

Confection,  subst.  fém.  Composition  (1).  Un  de 
nos  anciens  poètes  dit,  en  parlant  du  premier 
homme  et  du  serpent  : 

Geste  poison,  comme  descript  atteste, 
Gausa  mouvoir  universelle  peste, 
Qui  dure  encore,  dont  la  confeclioii 
Maint  honune  occist,  par  putréfaction. 

Grelin,  pa^e  1. 

Conïédérable,  adj.  Qui  est  d'un  bon  confédéré. 
C'est  en  ce  sens  qu'on  a  dit,  en  parlant  des  Suisses  : 
"  Vostrc  confêdérable  affection.  »  (Ambass.  de 
Bassomp.  T.  11,  p.  143.) 


Confédéi'ablement,  adv.  En  bon  confédéré. 
(Bassomp.  Ambass.  T.  Il,  p.  'ilO.) 

Confédération  du  Roy  (2),  Nous  trouvons 
l'explicalioa  de  celle  expression,  dans  les  Mém.  de 
Montluc.  La  reine  le  consulta  sur  la  ligue  qui  se 
faisoit  vers  1576.  «  Je  luy  conseillay  (dit-il)  qu'elle 
«  devoit  faire  en  sorte  que  le  roy  disl  luy-mcsme, 
"  (lu'il  avoit  entendu  qu'une  ligue  se  dressoit  en 
'<  son  royaume,  et  que  cela  ne  pouvoit  estre  sans 
■^  luy  donner  de  la  crainte,  et  du  soupçon  ;  qu'il 
"  devoit  prier  tous  généralement  de  rompre  cette 
«  ligue,  et  qu'il  vouloit  faire  une  association  en  son 
«  royaume  de  laquelle  il  seroit  le  chef.  Elle  fut 
«  ainsi  appellée  quelque  temps;  mais  après  elle 
«  changea  de  nom,  et  l'appella-t-on  la  confédéra- 
«  tion  du  Roy.  »  (Mém.  de  Montluc,  T.  II,  p.  172.) 

Confédéré,  (idj.  Allié.  Ce  mot  s'est  dit  des  vil- 
les et  de  leurs  babitaiis  qui  avoient  ensemble  une 
espèce  de  société  de  commune  pour  jouir  des 
mêmes  privilèges.  (Coût,  de  Langle,  Nouv.  Coût. 
Gén.  T.  I,  p.  303.) 

Confondre,  verbe.  Feindre.  Con  augmentatif 
a  été  souvent  .ijouté  aux  verbes,  sans  rien  changer 
ù  leur  signification  (Falconnet),  surtout  par  nos  an- 
ciens poètes,  quand  ils  ont  eu  besoin  d'une  syllabe 
de  plus.  Ce  Gloss.  en  fournit  beaucoup  d'exemples. 

J'alng  (j'aime)  leaument,  sans  trïchier. 

Sans  cniifeiidre. 
Ce  dient  cil  qui  en  vuelent  trïchier. 

Lamlierl  Fcrris,  Poës.  MSS.  av.-uu  1300,  T.  I,  p.  2M. 

Conférance,  subst.  fém.  Comparaison.  On  a 
dit,  en  parlant  de  François  I"  : 

Certainement  la  grande  conférance 
De  ta  hauteur,  avec  sa  préférence 
Me  monstre,  etc. 

Clém.  Marot,  p.  60D. 

VARIANTES  : 
CONFÉRANCE.  Clém.  Marot,  p.  609. 
Conférence, 

Conférer,  verbe.  Comparer.  On  lit  :  «  conférer 
«  Lysander  à  Sylla  »,  dans  Montaigne,  Essais,  T.  II, 
page  l\'i. 

Confernienient,  subst.  mase.  Confirmation, 
ratification. 

Nous,  nostre  arcevesque  avon 

Qui  a  son  fié  à  caution. 

Par  le  confennemenl  (3)  de  Romme. 

Rom.  de  Brul.  MS.  fol.  105,  R"  col.  1. 

Confermer,  oer^^e.  Confirmer*.  Conformer^. 
Confiner,  approcher'^. 

*  Ce  mot,  qui  dans  S.  Bernard,  Serm.  fr.  mss. 
page  53,  répond  au  latin  adstruerc,  confirmare  et 
soîidare,  se  trouve,  avec  le  premier  sens  de  con- 
firmer, dans  les  Dictionnaires  d'Oudin,  de  Monet, 
de  Cotgrave,  etc.    «  Histoire  coiifermée  par  une 


(1)  On  lit  déjà  dans  un  ms.  du  xiii'  siècle  :  «  En  un  bacin  sur  le  charbun  Seit  faite  la  confeccion.  »  (n.  e.) 

(2)  Cnnfecicration  date  du  xiv  siècle  :  «  Comme  Estienne  Marcel...  et  autres...  eussent  fait...  plusieurs...  confcderacions 
armées.  >  (llibl.  de  l'Ec.  des  Chartes,  5'  série,  I,  81.)  (N.  e.) 

(3)  On  trouve  au  même  sens  con/rei/idnee  (1283)  et  (•cui/erma)u'/te  (1293)  dans  un  cartulaire  de  Corbie.   C'était  même  un 
droit  payé  pour  la  confirmation  d'un  privilège.  (Du  Gange,  II,  532,  col.  3.)  (N.  e.) 


co 


—  167  — 


CO 


«  infinilé  de  tesrnoignages.  »  (Apol.  pour  lléiodole, 
préf.  p.  3-2,) 

^  Il  est  plus  l'.ire  de  trouver  confcriner.  pour 
conformer.  H  est  employé,  en  ce  sens,  dans  Percef. 
où  on  lit  :  «  Se  lu  viens  a  autruy  servir,  tu  dois 
«  regai'der  les  meurs  d'icelluy  que  tu  veulx  servir; 
«  car  SI  lu  ne  te  peulx  confi'vnwr  h  sa  manière,  à 
<'  peine  pourras-tu  jouyr  de  luy,  nede  son  service,  » 
(Percef.  Vol.  Il,  fol.  l'.8.) 

"^  Ce  mot  semble  signifier  confiner,  approcher, 
dans  le  passage  suivant  :  «  Si  fist  tanlost  aporter 
«  pierres,  et  gros  marïen  (pièces  de  bois)  qu'il 
«  fist  gelter  au  fond  d'icelluy  bras  de  mer.  pour  se 
«  \'enir  confermer  h  la  cité.  «  (Tri.  des  IX  Preux, 
page  137.) 

VARIANTKS: 

CONFERJiER.  Loisel,  Hist.  de  lîeauvais,  p.  266. 
CONFAKMER.  S.  B.  Serni.fr.  MSS.  p.  117,  en  lai.  confinnarc. 
CoNFORMEiR  et  CONFORMER.  S.  B.  Ssrm.  fr.  MSS.  p.  111. 
CoNFREWER.  Ducli.  Gên.  de  Béthune,  p.  140. 
KoNFREMER.  Carptntier,  Hist.  de  Cambray,  p.  29. 

Confei'on,  siibst.  jnasc  Ce  mot  semble  le  même 
que  gonfanon.  (Borel,  'i"  add.)  11  y  a  apparence 
qu'il  aura  mal  lu. 

Confés,  adj.  Confessé*.  Qui  a  mis  ordre  à  ses 
affaires^. 

*  Le  premier  sens  confessé  est  le  sens  propre. 
C'est  celui  qui  est  indi(iué  dans  le  Gloss.  de  l'Hist. 
de  Bretagne,  dans  celui  sur  les  Coul.  de  Beauvoisis, 
et  dans  les  Dict.  de  Borel,  de  Corneille,  d'Oudin  et 
de  Cotgrave.  «  Seroient  quittes  de  toz  les  péchiez, 
«  que  il  avtiiens  faiz,  dont  il  seroient  conjcs.  » 
(Villehard.  p.2(l).)0nlil:  «  fOJi/'eicde leurs  pL^'liiez», 
dans  le  Jouvenc.  ms.  p.  322. 

s.  Severins  fu  pape  apriés, 

Dont  lurfnl  li  .Tuis  ciDifics, 

Et  balissié,  par  toute  Espagne. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  i;!. 

De  là,  se  faire  confiés  pour  se  confesser.  Richard, 
duc  de  Normandie  : 

Prist  >in  jor  en  apiert  (ouvertement), 

Son  frère  arcevesque  Robierl  ; 
A  Fescans,  devant  le  couvent, 
L'emmena,  tout  apertement  (pubUqT.iement), 
Et  devant  tout  sf  j'ist  cou/iés. 

l'h.  Mouskes,  MS.  p  410  et  411. 

On  disoil  confesse  (2)  au  féminin,  dans  un  ancien 
fabliau,  ms.  du  Boy,  intitulé  :  «  Du  chevalier  qui  list 
«  sa  femme  confesse  (3),  ■■>  c'est-à-dire  qui  confessa  sa 
femme.  (N°  7218,  fol.  199.) 

^  Comme  on  mettoit  ordre  à  ses  affaires,  en  se 
confessant,  et  qu'on  déclaroil,  surtout,  les  aumô- 
nes et  legs  pieux  qu'on  vouloil  faire,  on  a  quelque- 
fois employé  le  mot  cunfés,  pour  exprimer  celui  qui 
avoit  déclaré  ses  dernières  volontés,  et  même,  non- 
seulement  au  sujet  de  ses  aumônes  ou  legs  pieux  , 
mais  aussi  par  rapport  au  payement  de  ses  dettes. 


On  disoil  desconfés,  dans  un  sens  contraire,  pour 
celui  qui  étoit  mort  intestat,  et  sans  avoir  mis 
ordre  à  ses  alTaires.  (Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  I,  p.  210.) 

VARIANTES  : 
CONFÉS.  Rabelais,  T.  I,  p.  197. 
CoNFEX.  Le  Jouvenc.  MS.  p.  322. 

CONFEZ,  CONFEIZ. 

Confiés.  Ph.  Mouskes,  j\IS.  p.  43,  410  et  4M. 

Confesse,  fém.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  f»  199,  V»  col.  1. 

Confés,  snhst.  masc.  Confesseur.  Ce  même  mot 
qui,  comme  adjectif,  signifioit  celui  qui  s'étoit  con- 
fessé, signifioit  aussi,  comme  subslautir,  confes- 
seur ;  non  cependant  dans  le  sens  du  ministre  du 
sacrement  de  confession,  mais  dans  le  sens  d'un 
chrétien  qui  a  professé,  confessé  publiquement  la 
foi  chrétienne,  et  qui  a  mérité,  à  ce  titre,  les  récom- 
penses éternelles.  «  C'est  sainz  confis  nostre 
«  signer,  »  dans  S.  Bern.  Serm.  fr.  iiss.  répond  au 
latin  confessor  domini,  p.  317. 

Sainz,  et  saintes,  co)ifcs,  martyr. 

Gilleberl  de  ISenieville.  l'ocs.  MSS.  avant  1300,  T.  I,  p.  -255. 
S.  Beneois  a  dont  feni, 
Et  sains  Remis  mou  ru  apriés  ; 
Et  puis  sains  Mars  ki  fu  confii's. 

Pli.  Mouskes,  MS.  p.  U;  Ibid.  p.  -24  et  i:9. 

VARIAMES  : 
CONFÉS.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  317,  en  lat.  cnnfessor. 
Confiés.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  14. 

Confesser,  verbe.  Ce  mot  subsiste  sous  la  pre- 
mière orthographe.  Comme  on  a  dit  confés,  pour 
désigner  celui  qui  a  liiis  ordre  à  ses  alTaires,  qui 
les  a  arrangées,  il  sembleroit  que  c'est  de  là  que 
vient  l'expression  confessier  malement,  employée 
dans  le  sens  où  nous  disons  arranger  uuil,  maltrai- 
ter. Voici  le  passage;  il  s'agit  d'un  mari  et  d'une 
femme  qui  se  battent  : 

Vers  sa  famé  se  radreya, 

Qui  en  la  corbeille  est  versée  ; 

Malement  Veut  confessiée, 

Ne  fust  Simons  qui  li  escrie 

Fui  toi,  Musart.  n'en  (ne  la)  tuë  mie. 

Faljl.  MSS.  du  R.  n-  1218,  fol.  50,  V'  col.  2. 

CO.NJIIGAISO.N. 

Confessasse,  imparf.  subj.  Confessât.  '■  Il  a  voulu 
«  que  l'homme  se  co)t fessasse  à  Dieu.  »  (Tri.  de  la 
Noble  Dame,  fol.  180.) 

VARIA.NTES  : 
CONFESSER.  Orth.  subsist. 
Confessier.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  50,  V»  col.  2. 

Confesseresse,  subst.  fém.  On  a  dit  :  sainles 
confesseresses,  comme  nous  disons  saints  confes- 
seurs. (Apol.  pour  Hérodote,  p.  (il9.) 

Confession,  subst.  fém.  Confession  (4),  On  lit 
dans  la  Salade,  fol.  2-4  :  «  Compte,  par  vraye  coit- 
«  fesse,  la  somme  de  ses  péchés.  » 

L'ennemi  (le  démon),  qui  nos  caupresse 
Ne  hel  tant  riens  corne  confesse. 

Pofâ.  MSS.  avant  1300.  T.  IV,  p.  1318. 


(1)  Edition  de  WaiDy  (§  429,  523.)  (N.  E.) 

(2)  On  lit  dans  Roncisvals  (p.  175)  :  «  Aude  est  confesse,  sa  raison  a  finée.  »  (N.  E.) 

(3)  Ce  féminin  s'est  aussi  pris   pour   confession   (Lai  d'Ignaurès)  :    «  Vous  meismes  prestres  sorés  ,   Les   coii/iesses 
escouterés.  »  (n.  e.) 

(4)  Au  passage  suivant,  ton/'ession  est  mis  pour  confirmation  (Roncisvals,  p.  140):  «   De  ceste  espéê  qui  me  pent  au 
giron,  Lui  ai  donné  si  grant  confessio7i.  »  (N.  .e) 


co 


IG8 


CO 


Caux  qui  lor  pénnnce  (pénilence)  ont  prise, 

Par  sainte  con/icsse  de  glise  (église). 

Hh.  Mouskes,  MS.  p.  50. 

On  disoit  ■  ■'  sniis  fai.e  C():ifc';sr,\\e  confessi m  -, 
pour  sans  se  confesser.  (Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du 
Rom.  de  Fauv.  fol.  7'o  ) 

Nous  l'cmaniiicions  sur  le  mol  confession,  qui 
subsiste,  les  expressions  siiivanles,  .lui  ne  sont 
plus  en  usage  : 

1"  Confession  ilivis-Ji',  c"c-t-à-dire  faite  à  Aeiw 
confesseui's  différ-ns,  dans  la]uel!e  le  pi^nitent 
cache  ;"!  l'un  ce  qu'il  confie  à  l'autre.  (Doctrin.  de 
Sapience,  fol.  'ûi.) 

'l"  Homme  et  femme  de  confession  désigne  les 
personnes  qui  sont  en  âge  d'aller  fi  confesse.  (Ord. 
des  R.  de  Fr.  T.  lll,  p.  ino.) 

;i°  Dire  en  co)ifession  une  eliose,  c'est  la  confier 
sous  la  loi  du  secrcl.  proprement  sons  le  sceau  de 
la  confession.  ■•  Sire,  je  vous  le  dy  en  confession, 
«  et  par  manière  que  r.nlz  ne  le  sache.  »  (Hist.  de 
Berlr.  du  Guescl.  par  Mén.  p  273.) 

Confession  semble  une  faute,  pour  confusion, 
dans  ce  passage  :  Les  .4ngiois  ayant  levé  le  sié.ge 
devant  Orléans,  en  14-i9,  «  se  feiVeiit  lors  par  toute 
"  la  ville  i:ranl  joye,  el  nioull  grands  csbaudisse- 
■'  ments,  quand  ils  se  veirent,  el  cog'i;eurenl  ainsi 
H  estre  délivrez  de  leurs  faux  :  dvcrsaires,  et  enne- 
"  mis,  et  le  remanant  (le  resle'j  en  aller  à  leur  con- 
'•  fession{l).  «  (ilonslr.  Vol.  11. fol.  44.1  On  trouve  la 
même  faute  daiîs  C.  (iuiart,  fol.  [-21. 

On  disoit  proverbialement  : 

i.  Confesse  de  Renarl,  pour  confession  peu  sin- 
cère et  artificieuse. 

C'est  le  i-ihifesse  du  Renctrt, 

Dont  vous  me  faites  ci  muser  ; 

Ne  volez  vous  d'el  (d'autre  chose)  confesser. 

Vies  des  SS,  MS.  de  Sorb.  di.  Lvm.  col.  1. 

2  ....  De  faussse  confession, 

Fait-on  fausse  absolution. 

Froissarl,  Por  s.  MSS.  p.  H  ,  col.  2. 

VARIANTES  : 
CONFESSION.  Orih.  subsist. 
Confesse.  La  Salade,  fol.  24,  V"  col.  2. 
CoNFiESSE.  Ph.  Mouskes,  iiS.  p.  50. 
Comf1  KssE. 

Confession.  [Intercalez  Confession,  déposi- 
tion :  »  D'un  mémorial,  deux  deniers,  excepté  des 
■•  mémoriaux...  esquelz  il  aura  dedens  aucune 
«  confession  o\i  oïdennance  de  justice,  »  (Ord.  VI, 
;i04,  an.  1377.)]  (n.  k.) 

Confessionntïires.  subst.  mase.  plitr.  On  se 
servoil  autrefois  de  co  mol  pour  signilior  ceux  à 
qui  le  pape  avoil  accordé  la  rémission  de  (|uelque 
crime.  On  lil,  au  sujet  de  l'absolution  sollicitée  par 
fleuri  111,  pour  la  mort  des  Guises,  que  ce  n'éioil  : 
•<  chose  nouvelle  de  donner  de  tels  brefs  à  des 
■<  princes,  et  qu'il  y  a  même  de  petits  compagnons, 
"  el  seigneurs  privez  ausquels  les  papes  en  ont 
«  donné,  avec  limitation  néanmoins,  el  les  appelle- 
«  t-ou  confessio)inaux  ou  confessionnaives.  (Mém. 
de  Villeroy,  T.  111,  p.  188.) 


VARIANTES  : 
CONFESSIOX.V.MRES.  Mém.  de  Villoroy.  T.  III,  p.  188. 

CO.NFKSSIONNAUX.   Ibid. 

Conîessoire,  «(/J.  Terme  de  droit.  On  appelle 
action  eonfessoire  :  »  l'action  réelle  par  laquelle 
«  nous  poursnyvons  celuy  qui  nous  empêche  de 
"  joiiir  dudroict,  ou  servitude  i|ui  nous  appartient, 
«  s  lit  à  nosire  personne,  ou  à  in^s  héritages,  etc.  ■> 
(fir.  Coul.  de  Fr.  p.  395.) 

Confessor,  subst.  mnsc.  Confesseur  *.  Confi- 
dent °. 

*  Sur  le  premier  sens  de  coiifesseur,  voyez  le 
Testament  du  comte  d'.\lençon,  à  la  suite  de.îoinv. 
p.  18C. 

^  Ce  mol  semble  mis  pour  confident,  ami  de 
confiance,  dans  ces  vers  : 

Il  estoit  curé  de  ma  vie 

Mes  co)if'esso)-s  (2),  et  tote  ma  vie. 

Vies  des  SS.  MS.  de  Sorb.  clùf.  LX.  cil.  00. 

Confiance,  subst.  fém.  On  trouve  ••  homme  de 
mauvaise  canfiance  »  c'est-à-dire  à  qui  il  serait 
dangereux  de  se  fier,  dans  :\Iodiis  et  Racio,  mss.  fol. 
301.  Peut-éire  est-ce  une  faute  pour  cnnsianee.  Ce 
qui  ine  le  feroil  croire,  c'est  qu'on  lit  ailleurs 
conscience  et  consiauce. 

Conîiiint,  adj.  Qui  a  confiance.  •>  Confiant  de 
«  vostre  dicle  clémence  ,  et  doulceur  ,  me  suis 
«  avancé  de  vous  en  faire  ung  présent.  «  (Crétin, 
Epiire,  p.  7.) 

Conflchié.  [Intercalez  Conpchié .  confisqué 
dans  un  acte  de  1350  (Du  Cange,  II,  533,  col.  1): 
«  Le(juele  maison  et  jardin  furent  confîcliié  ii 
«  lediîe  église  par  le  forfaiture  de  feu  Helyot.  » 
Froissait  donne  fOH/'?(/;(/e(éd.Kervyn.  ll,39G).]  (n.  e.) 

Confidence,  subst.  féni.  Confiance  *.  Faction  °. 

*  Dans  le  premier  sens,  on  disoit  :  «  avec  plus  de 
"  confidence,  et  de  hardiesse.  "  (Sag.  de  Charr. 
p.  45.)  .1  Ayantconfideiice,  es  diltes lettres.  »  (Godef. 
Observ.  sur  Charles  VIll,  p.  318) 

^  En  termes  de  jurisprudence,  confidence  signifie 
paction,  et  s'emploie  encore  iiuelquefois  en  ce  sens  ; 
on  disoit  aulrclois  cnfeojfer  sur  confidence.  C'étoit 
inféoder  avec  promesses  de  remplir  certaines 
coiiditions.  (Tenur.  de  LiîU.  p.  108.) 

Confident,  subst.  masc.  Terme  de  chevalerie. 
On  donna  cinq  confidens  à  la  Cbasleneraie,  et  quatre 
à  Jarnac,  lors  de  leur  combat,  en  1547.  (La  Colomb. 
Th.  d'honn.  p.  429.)  Ces  co»//rf('»s  sont  vraissembla- 
blemenl  les  mêmes  qui,  dans  d'autres  combats,  sont 
appelés  cunseillers.  Ils  accompagnoient  les  cheva- 
liers jusque  dans  le  champ  clos.  ■■  En  cest  équipage 
<>  entrèrent  en  camp,  conduits  parleurs  parrins, 
"  et  accompagnez  de  leurs  confidens.  »  (Mém.  du 
Bellay,  Liv.  8,' fol.  269.) 

Conîienient  ,  subst.  masc.  Confiance.  Va 
seigneur  qui  re(;oit  l'hommage  d'un  vassal,  dit  : 


(1)  Le  sens  peut  être  :  se  trouver  à  l'article  de  la  mort.  (n.  e.) 

i'2)  Coiiftjssors  est  dans  Renart  (v.  4779),  au  sens  de  confesseur  de  la  foi.  (s.  E.) 


co 


—  169  — 


CO 


«  Je  vous  reçoy  comme  mon  homme  de  fief,  sauf 
«  mon  droict,  et  l'autniy,  à  tels  usages,  et  coustumes 
«  de  ma  cour,  et  du  pays;  et  en  ce  conlienient,  en 
<■  nom  de  foy.  et  de  vray  seigneur,  doit  le  seigneur 
«  baiser  l'homme  en  la  bouche.  »  (Bout.  Som.  Rur. 
p.  478.) 

Confierrer,  ^>erbe.  Attendre,  espérer.  Peut-être 
faut-il  lire  consieurrer,  dans  les  vers  suivans  : 

Par  iJeu,  amors  !  fort  (difficilp)  m'est  à  confierrer 
De  vos  voer  un  jor  en  la  sentaine  (centaine)  ; 
Sor  tûtes  riens  me  fêtes  ilesirrer, 
Vostre  gent  cors  qui  tant  m'a  livré  paine. 

Oede  de  la  courroierie,  Poês.  MSS.  avant  1300,  T.  II,  p.  655. 

Confiés,  aubst.  macs.  plur.  Pairs  de  fief.  On 
disoit  confiés,  comme  on  disoit  convassaiix,  pareils 
en  fié  ou  fief,  et  pareils  en  vassalité.  Confiés  de 
cour  étoient  les  seigneurs  inférieurs  qui  assistoient 
leur  suiierain  dans  les  jugemens,;jrt;'e,s<'H)'2rt'.  «  Les 
«  seigneurs  rendoient  la  justice  en  personne,  ils 
«  étoient  assistés  de  leurs  vassaux,  c'est  pour  cela 
«  que lesvassauxétoientapellésparescuriœ,fOH/;t^s 
«  de  cour.  >•  (Observ.  sur  les  Assis,  de  Jérus.  p.  260.) 
«  Par  l'avis  du  bailly,  et  des  pairs,  apellés  confiés 
•<  de  cour,  pares  curia?,  ou  curtis.  »  (La  Thaum. 
Coût,  de  Berry,  p.  102.)  «  I^es  vassaux,  et  houimes 
«  de  fief  étoient  juges  les  uns  des  autres  ;  ils  sont 
«  appelez  pares  curiic,  chez  les  auteurs  latins,  et 
«  dans  les  anciennes  chroniques,  confiés  de  cour, 
«  et  de  feauté.  ■  (Ibid.  p.  22.)  «  Les  seigneurs 
"  affranchissant  leurs  hommes  serfs,  et  établissant 
«  leurs  bourgeoisies,  ont  donné  pouvoir  à  leurs 
«  nouveaux  bourgeois,  d'eslre  les  juges  de  leurs 
«  causes ,  de  mesme  que  les  nobles,  et  vassaux 
«  appelles  confiés  de  cour  et  de  feauté;  ho.mmes  de 
«  fief,  et  de  cour,  étoient  les  juges  naturels  des 
"  causes  féodales,  et  des  différents  meus  entre  les 
•'  nobles,  et  vassaux.  ^  (Ibid.  p.  223.) 

Configer,  iierbe.  Percer.  En  latin  configere, 
selon  le  (iloss.  du  P.  Labbe,  p.  AW). 

Configureit,  partie.  Semblable,  conforme.  (S. 
Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  35,  où  le  mot  répond  au 
latin  confignratus.) 

Conl'inage,  snbst.  musc.  Bornes,  limites.  (Pasq. 
Rech.  p.  11.)  Nous  trouvonsce  mot  employécomme 
synonyme  de  limites,  dans  la  Goul.  de  Gorze,  Nouv. 
Coût.  Gén.  T.  Il,  p.  1091. 

Confinement,  subst.  masc.  Exil,  prison.  «  Fut 
«  condamné  à  mort,  qui  luy  fut  néanlmoins 
"  eschangée,  par  la  douceur  de  l'empereur,  en  un 
"  confinement  Aq  religion,  et  de  monastère.  »  [Pasq. 
Rech.  liv.  Il,  p.  41.) 

Confiner,  verbe.  Finir.  Proprement  mettre  des 
bornes.  «  La  mort  sachant  bien  qu'elle  seule  me  peut 
«  terminer,  et  confiner  (1)  cestedouleur.  »  (L'Amant 
ressuscité,  p.  424.) 


Confinité,  subst.  fém.  Bords,  limites.  »  Villes 

«  situées  environ  la  confinité  de  la  mer.  »  (Chron. 

fr.  Ms.  de  Nangis,  an  1303.)  On  lit  dans  le  latin 
confinia. 

Confire,  vei-be.  Apprêter,  composer.  Ce  mot 
subsiste,  mais  le  sens  en  est  restreint  à  certaines 
prépirations.  Il  étoit  autrefois  plus  général.  On 
disoit,  par  exemple,  de  la  viande  (2)  :  " 

Je  la  fais  bien  cuire  et  confire, 
Et  digérer  bien  doit  souftlre. 

Eust.  Desch.  Po.-s.  MSS.  fol.  279,  col.  3. 

Voyez  le  Blason  des  faulces  amours,  p.  231.  On 
appliquoit  même  ce  mot  à  la  composition  des 
onguens : 

N'a  mestre  el  mont  qui  tant  seust  confire 

D'oingnement,  ne  d'emplastre  qui  m'en  donnast  remire. 
Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol  346,  R-  col.  1. 

Confirmation,  subst.  fém.  Acie  judiciaire.  On 
trouve  la  formule  de  celte  espèce  d'acte,  dans  les 
Tenur.  de  Liltleton,  chap.  ix,  du  .3'  Livre,  fol.  119. 

Confisquer,  ver/'r'.  Perdre  par  forfaiture  (3).  Ce 
mol  subsiste,  maison  l'employecommunémenldans 
la  signification  active.  Autrefois  il  ne  -^e  prenoit  que 
passivement.  »  Les  Génois,  sous  Louis  XÎI,  furent 
<'  déclarez  d'avoir  tous  commis  crime  de  leze 
'<  majesté,  par  quoy.  a  bon,  et  juste  droicl,  ils 
«  avoient  confisqué  !e  corps,  el  les  biens.  »  (.1.  de 
S.  Gelais,  Hist.  de  Louis  XII,  p.  199.)  «  Confisquer 
«  son  fief,  c'est  ce  que  les  autres  coutumes  disent 
«  commettre,  ou  forfaire  son  fief  ;  quand,  parla  faute 
"  du  vassal,  il  est  acquis  au  seigneur  feudal.  » 
(Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 

1.  Confit.  [Intercalez  Confit,  eau  sure  dans 
laquelle  le  chamoiseur  plonge  les  peaux  minces: 
«  Pelletiers,  megissiers,  teinturiers  de  toille,  bar- 
«  baudicrs  et  autres  de  semblable  estât,  de  faire 
«  leurs  confis,  megis  et  baihaudes  au  dedans  de 
»  leurs  maisons.  «  (Ord.  II,  315.)]  (n.  e  ) 

2.  Confit,  adj.  Cuit  *.  Pénétré,  rempli  °. 

*  On  a  vu  au  mot  Confire  que  ce  verbe  avoit 
autrefois  un  sens  bien  plus  général  qu'aujourd'hui  ; 
il  en  est  de  même  de  confit,  qui  est  pioprenientson 
participe.  On  le  disoit  pour  cuit,  mais  particulière- 
ment de  ce  qui  étoit  extrêmement  cuit.  •■  Ung  dres- 
»  souer  (bulfet)  plain  de  chair  confite  par  force  de 
"  feu.  »  (Percef  Vol.  V,  fol  89.) 

"  Cette  acception  donna  lieu  d'employer,  au  figuré, 
le  mot  confit  pour  pénétré,  de  même  que  confit 
dans  le  passage  que  nous  venons  de  citer  signifioit 
pénétré  de  feu  ;  on  disoit  confit  en  misère,  pour 
pénétré  de  misère.  (Sagesse  de  Charron,  p.  35.) 

Nous  disons  encore  confit  en  dévotion,  pénétré, 
rempli  de  dévotion.  De  là,  les  autres  expressions 
confit  ensentences,  pour  rempli  de  senlences;  confit 
en  toute  sorte  de  scélératesse,  pour  consommé  en 
toute  sorte  de  scélératesse.  Garasse  (Rech.  des  Rech. 


(1)  Ce  verbe  est  dans  Commines  (II,  5).  (n.  e.) 

(2)  .loinville  pnrle  «  de  lait  de  jument  con/it  en  herbes  (§  487).  »  (n.  e.) 

(3)  On  lit  dans  le  .Touvencel  (fol.  72)  :  o  Se  en  ung  péage  il  passe  un  marchant  qui  ne  acquitte  ce  qu'il  porte  ,  il  confisque 
toute  sa  marchandise,  en  beaucoup  de  heux  est  il.  »  (N.  E.) 

IV.  22 


co 


no  - 


CO 


p.  556.),    les  reproche  à  Pasquier  ,  comaie  des 
expressions  ridicules. 

Confit  en  doclrine,  pour  rempli  de  science^  se 
trouve  dans  Oudin,  Cur.  fr.  J.  Marot,  p.  13,  a  dit  : 
Tant  opwlents,  en  richesses  confits. 

VARIANTES    : 
CONFIT.  J.  Marot,  p.  10. 

CONFICT. 

3.  Confit,  suhst.  masc.  On  a  dit:  avoirmauvais 
confit,  pour  mal  réussir,  avoir  un  mauvais  succès. 

Anglois  ont  là  mauvais  confit, 
Vaincu  s'en  vont,  et  desconfit. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  70  R-  (1). 

Confiture,  subst.  féni.  Apprêt  *.  Douceur, 
aménité  ^. 

*  Au  premier  sens,  ce  motétoit  générique,  comme 
celui  de  conllre  :  «  Ce  seigneur  vint  à  son  queux 
«  (cuisinier),  et  lui  dit  qu'il  mille  coeur  en  si  bonne 
«  manière,  et  l'apareiliasse  en  telle  confiture,  que 
«  on  en  peut  bien  manger.  »  (Fauch.  Lang.  et  Poës. 
fr.  p.  426.)  «  M'a  apporté  iierbes  à  faire  la  confiture 
«  de  l'onguement  dont  le  bon  roi  mehaingné, 
«  duquel  sang  vous  estes  issu,  sera  gary.  »  (Percef. 
Vol.  VI,  fol.  117.)  Nous  avons  restreint  le  sens  de 
ce  mot  à  certaines  préparations  avec  le  sucre  ou 
le  miel  (2). 

^  Il  paroitroit  qu'il  avoit  aussi  cette  signification, 
du  temps  de  Crétin  qui  l'emploie  figurément,  pour 
douceur,  aménité,  dans  ce  vers  : 

Du  tien  parler  la  doulce  confiture. 

Crétin,  p.  242. 

Conflagration,  subst.  fém.  Embrasement  (3). 
(Monet,  Cotgrave,  Oudin,  Dict.) 

Confiant,  subsl.  masc.  Confluent.  C'est  le  lieu 
où  plusieurs  rivières  s'assemblent.  Ce  mot  n'est  pas 
absolument  hors  d'usage.  Personne  n'ignore  que 
c'est  de  là  que  plusieurs  lieux  situés  au  confluent 
de  deux  rivières  ont  été  nommés  Confiant,  Con/lans, 
Con/laiits,  Confoulens  (i). 

VARIAiNTES  : 
GONFLANT.  Nicot,  Dict. 

CONFLANS. 

Confié,  adj.  Enflé,  gonflé.  (Dict.  d'Oudin.)  »  Doit 
«  le  forment  tremper,  tant  qu'il  soit  bien  confié  » 
(Modus  et  Racio,  fol  69.) 

Conflict,  s!<7^s^  ?ttflsc.  Combat.  (Gloss.  de  Marot.) 
«  En  ce  conflict,  nous  feismes  perte  de  quelques 
•<  forsats.  »  (Mém.  Du  Bellay,  Liv.  10,  fol.  340.)  On 
écrit  aujourd'hui  conjlit  et  ce  mot  ne  s'emploie  que 
dans  cette  expression,  conflit  de  jurisdiction. 


Conflou,  subst.  masc.  Presse,  foule,  affluence. 
<•  Monta  haslivement  à  cheval,  et  vint  à  la  porte  de 
>'  Marlainville  en  bataille  :  en  ce  con/lou,  et  impé- 
«  tueux  parlement,  fui  frappé  le  dit  bailly  d'Evreux, 
«  etc.  »  (Al.  Chart.  Hist.  de  Charles  V  et  VIII,  p.  185.) 

Confluer,  verbe.  Couler  ensemble.  (Dict.  de 
Monet.) 

Confoler.  [Intercalez  Confokr,  fouler  aux 
pieds:  "  Us  menèrent  par  nuit  plusieurs  beufs  en 
«  une  cheneviere  dudit  Quillart,  et  la  confolerent 
«  et  gasterent  pour  la  plus  grant  partie.  »  (JJ.  437, 
p.  21,  an.  1389.)]  (n.  e.) 

Confolens,  subst.  masc.  yj^^/r. (Voyez  Foncema- 
gne,  extr.  pour  la  3=  race,  p.  309.) 

Confondement,  subst.  masc.  Confusion. 

En  sospirant  de  parfont, 
Trop  atendrai  le  confondement 
Ke  les  grans  detreces  me  font. 

Erii.  li  Vielle  de  Gaslin,  Poés.  MSS.  av.  1300,  T.  II,  p.  889. 

Confondre,  verbe.  Consumer*.  Détruire^. 

*  On  disoil  au  propre  :  «  Confondent  des  biens,  et 
«  du  vin  plus  qu'il  ne  pourroit  (pourioit  tenir)  en 
«  une  botte.  »  (Les  Quinze  Joyesdu  Mariage,  p.  49.) 
Au  figuré,  dans  le  même  sens  de  consumer  : 

Mourir  quit  (je  crois),  si  je  n'ai 

Celé  qui  mon  cuer  confont. 

Chans.  Fr.  du  Xlir  siècle,  MS.  de  Bouliier,  fol.  2G6,  R*. 

^  Confondre  signifioil  aussi  détruire,  renverser. 

Mal  fait  qui  destruit,  et  confont 
Ce  dont  on  puet  estre  au  desur  (estre  maistre). 
Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  88,  R-col.  3. 

Il  signifie  encore  brouiller,  mêler  confusément, 
confondre.  (Voyez  S'  Athanase,  symb.  fr.  ["  et  2' 
traduction.) 

Confondu,  partie.  Détruit,  renversé.  «  Fina- 
«  blement,  la  plus  grande  partie  de  la  dite  porte 
«  fut  confondue,  et  cheut  tout  à  plat.  »  (Monstr. 
Vol.  I,  fol.  138.) 

Conformé,  partie.  Confirmé.  (Closs.  de  Marot.) 
«  Après  lequel  traicté  fait,  et  conformé  {vt),  etc.  » 
(Monstrelet,  Vol.  I,  fol.  287.)  «  JNostre  amytié  estant 
«  conformée,  et  plus  que  conformée.  «  (L'Amant 
ressusc.  p.  401.  —  Voy.  Ord.  T.  III,  p.  663.) 

Conformément,  subst.  masc.  Confirmation. 
On  disoil  :  conformément  de  marehié.  (Beauman. 
page  185.) 

Coniormer,  verbe.  Etre  conforme*.  Confirmer, 
rendre  conforme  ^. 

*  On  lit,  au  premier  sens  :  »  Certes  je  desirerois 


(1)  Vers  3665  (4067)  de  l'édition,  (n.  e.) 

(2)  Ce  sens  est  dans  une  chanson  à  la  Vierge  du  xni«  siècle  (Màtzner,  p.  67)  :  «  Siros  confis  de  douce  confiture  De  quatre 
herbes  pleines  de  santé.  »  (n.  e.) 

(3)  Ce  mot ,  employé  par  Rabelais  et  Montaigne ,  ne  se  trouve  pas  aux  premières  éditions  du  Dictionnaire  de 
l'Académie,  (n.  e.) 

(4)  C'est  la  forme  latine,  tandis  que  Condat  était  la  forme  gauloise.  On  lit  dans  Carloix  (VIII,  29)  :  «  Nous  partismes  de 
Mayence,  pour  venir  à  Coublants,  aultrement  Confinants,  que  nous  disons  en  françois  corrompu  Confians  ;  qui  est  quand 
une  rivière  entre  en  une  aultre  plus  grande  en  laquelle  elle  perd  son  nom  ,  conune  Confians  entre  Paris  et  le  pont 
Charenton.  »  (n.  e.) 

(5)  On  lit  au  Recueil  de  Tailliar  (p.  34)  :  «  Nous  à  la  requeste  de  cascune  partie,  cheste  pais,  si  comme  il  est  contenu  en 
leurs  Chartres,  sauf  nostre  droit,  conformasmes  et  volons  qu'elle  soit  tenue  ferme.  »  (N.  E.) 


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«  beaucoup  en  veoir  l'expérience  et  congnoistre  à 
«  veue  d'œil  si  Veiïeiconforyne  au  bruit  qui  en  est.  « 
(D.  Flor.  de  Grèce,  fol.  151.) 

Vieille  d'honneur,  dont  la  grâce,  et  la  forme, 

A  la  beaulté  des  jeunes,  se  conforme. 

Rabelais,  é|iit.  p.  40. 

^  On  a  confondu  les  significations  de  conformer 
et  de  confirmer.  Nous  avons  déjà  vu  qu'on  a  dit 
confirmer  pour  conformer.  On  trouve  conformer 
pour  confirmer  dans  Rabelais,  T.  I,  p.  111. 

Dans  le  sens  de  rendre  conforme.  (Voy.  S.  Bern. 
Serm.  fr.  mss.  p.  213,  répond  au  latin  coMformare.') 

Confort,  subst.  masc.  Aide,  consolation  (1),  en- 
couragement. (Voy.  Nicot,  Monet,  Cotgr.  et  Gloss. 
de  Marot.)  «  J'endure  grand  maux,  sans  espoir  de 
«  confort.  »  (Des  Ace.  Bigarr.  fol.  24.) 

De  cest  espoir  prendrions  tant  de  confort, 
Que  de  pleurer  n'aurions  plus  la  puissance. 

MelindeS.  Gelais  p.  113. 

Poi  de  confort  apaise  cuer  marri 

Poês.  MSS.  Vatican,  n"  15-2-2,  fol.  153,  R'  col.  2. 

On  a  dit  commun  confort,  pour  soulagement, 
ressource  commune  ,  en  parlant  des  pâturages 
d'une  communauté.  «  Les  lais  (lieux  laissés  par  la 
"  rivière)  de  la  rivière  sonlcommun  confort, quant 
"  aux  pasturases.  »  (Proc.  verb.  de  la  Coût,  de 
Bourb.  Nouv.  Coût.  Gen.  T.  III,  p.  1227.)  (2) 

VARIANTES  : 
CONFORT,  CoNFORZ.  Marbodus,  col.  1G44.   On  lit  conforz, 
dans  le  MSS.  de  S.  Victor. 

Confortable,  adj.  Consolant. 

Tel  confort  nos  as  doné. 

Par  les  tiens  confortables  (3)  dis. 

Vies  des  SS.  MS.  de  Sorb.  cbif.  LX,  col.  12. 

Conlortance ,  subst.  fém.  Soutien ,  conso- 
lation. 

La  Royne  au  bois  estoit, 
Qui  forment  se  déconfortoit  ; 
Sies  raonseingnor  Loys  de  France 
Li  estoit  de  grant  confortance. 

Hist.  de  France,  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauvel,  fol.  89. 

VARIANTES  : 
CONFORTANCE.  Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv. 
CONFORTENCE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  T.  II,  fol.  208. 

Confortans,  subst.  masc.  plur.  Alliés.  On  a  dit 
en  ce  sens  :  «  Procurèrent  une  trêve  entre  les  deux 
"  rois,  et  leurs  confortans.  »  (Froissart,  livre  I, 
page  203.)  (4) 

Conforté  ,  adj.  Déterminé  ,  résolu.  «  Nous 
«  sommes  tous  confortés  de  nous  deffendre.  » 
(Froissart,  liv.  I,  p.  203.)  (5) 

Conforteniain,  subst.  fém.  Soutien*.  Terme 
de  pratique^. 
*  On  trouve  ce  mot  pour  soutien,  dans  du  Tillet, 


et  à  peu  près  dans  le  sens  oii  nous  disons  main 
forte.  «  La  confortemain  de  la  justice  a  été  quel- 
«  quefois  commandée  aux  gouverneurs ,  etc.  » 
C'est-à-dire  qu'il  leur  a  été  commandé  de  prêter 
main  forte  à  la  justice.  (Du  Tillet,  Rec.  des  R.  de  Fr. 
page  353.) 

^  Gomme  terme  de  pratique, corfor^emam  (6)  dési- 
gne »  le  secours  des  lettres  du  prince  donné  au 
«  seigneur  féodal,  pour  le  maintenir  en  la  main 
«  mise  du  fief  dont  il  s'est  saisi.  »  (Monet,  Nicot, 
Cotgrave,  Oudin,  et  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 

Confortement ,  subst.  masc.  Soulagement , 
satisfaction. 

Fabliaux  sont  or  moult  en  corse  (cours,  vogue) 
Maint  deniers  en  ont  en  borse. 
Cil  qui  les  content,  et  les  portent  : 
Car  grant  confortement  enportent 
As  envoisiez,  et  as  oiseux  (gens  gaillards). 
Fauch.  Lang.  et  Poès.  fr.  p.  178. 

Conforter,  verbe.  Consoler,  soutenir,  fortifier. 
(Gloss.  de  Marot.)  On  trouve  confortare,  au  même 
sens,  dans  le  Gloss.  lat.  de  Du  Gange.  "  Il  n'y  avoit 
«  personne  qui  luy  put  donner  secours,  ny  la  con- 
«  forter  de  paroles.  »  (Nuits  de  Str  .parole,  T.  I, 
p.  203.)  »  Lebaillyconnoistlesloiauxdeslricheeurs, 
«  il  pourra,  et  devra  les  loiaux  atraire  près  de  soi 
«  et  conforter;  et  déporter  ceux  qui  ont  mestier  de 
«  confort,  et  de  déport.  »  (Beauman.  p.  10.  —Voy. 
Ord.  desR.  de  Fr.  T.  I,  p.  619.) 

CONJl.GAISON  : 

Confortirent,  prêter.  Réconfortèrent.  (Hist.  de  la 
S"  Croix,  MS.  p.  16.) 

VARIANTES  : 
CONFORTER.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  113. 
CuNFORTER.  Marbodus,  col.  1600. 

Conforteresse,  subst.  fém.  Protectrice,  bien- 
faitrice. On  appeloit  Vénus  «  la  conforteresse  de 
»  tous  amans.  »  (Percef.  Vol.  II,  fol.  73.) 

Conforteur,  subst.  masc.  Consolateur,  protec- 
teur. On  lit  en  ce  sens  :  «  Dieu  des  desirers  souve- 
«  rain  conforteur  aux  pucelles.  »  (Perceforest, 
Vol.  IV,  fol.  125.) 

Confrairie,  subst.  fém.  Association.  Ce  mot, 
dont  nous  avons  presque  restreint  la  signification 
aux  associations  de  piété,  étoit  autrefois  d'un  usage 
bien  plus  étendu.  Froissart  se  sert  du  mot  confrai- 
rie, en  parlant  des  chevaliers  de  l'ordre  de  la  .larre- 
tière.Il  s'en  sert  aussi  pour  les  chevaliers  de  l'Etoile 
qu'il  appelle  «  confrairie  de  la  noble  maison  de 
«  S'  Ouen.  »  (Froissart,  liv.  I,  p.  175,  an  1350.) 

Il  senibleroit  qu'on  ait  dit  :  confrairie  des  dra- 
piers, pour  communauté,  corps  des  drapiers,  dans 
les  Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  IV,  p.  535  et  536  ;  mais 


(1)  «  Ses  confors  fu  regrês  et  plors.  »  (Floire  et  Blancheflor,  v.  1734.)  Dans  Roland,  il  a  le   sens  de  reconfort  :  «  Entr'els 
en  unt  e  orgoil  et  cunfort.  »  (Vers  1941.)  (N.  E.) 

(2)  Dans  Froissart,  s»s  le  confort  signifie  sous  la  garantie  de.  (V,  99  ;  XVI,  159.)  (N.  E.) 

(3)  Le  mot  est  aujourd'hui  plus  anglais  que  français,  (n.  e.) 

(4)  Comparez  éd.  Kervyn,  VI,  18  ;  III,  346.  (n.  e.) 

(5)  On  lit  encore  au  t.  VII,  p.  447  de  l'éd.  Kervyn  :  «  Et  estoit  grans  chevaliers,  fors  et  hardis  durement  et  confortés  e» 
toutes  ses  besoingnes.  »  Il  signifie  encore  assuré  ;  «  Conforté  que  il  aroient  la  guerre.  »  (X,  191.)  (n.  e.) 

(G)  Voir  Coutumier  général,  II,  452.  (n.  e.) 


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c'étoit  peiil-êlre  une  association  de  dévotion,  comme 
celles  des  procureurs,  des  notaires  et  secrétaires 
du  roi  ^Ibid.  p.  553',  ou  bien  encore  comme  celle 
des  marchands  de  vin.  (Ibid.  p.  591.) 

Brantôme  parle  d'une  certaine  confrérie,  inven- 
tée et  obser'  ée  par  plusieurs  seigneurs,  que  Cathe- 
rine de  Médicis  avoit  fort  à  cœur  d'abolir.  (Dames 
Illustr.  p.  8G.)  C'étoit  sans  doute  quelqu'une  de  ces 
co«/'/ï/n'/<'Si,1)  de  factions,  dont  il  est  souvent  mention 
dans  les  conciles,  et  notamment  dans  celui  de  Bor- 
deaux, en  r248. 

On  trouve,  dans  Oudin,  Dict.  et  Cur.  fr.,  différen- 
tes façons  de  parler  proverbiales  auxquelles  ce  mot 
a  donné  lieu. 

VARIANTES  (2)  : 

CONFRAIRIE.  Orth.  subsistanle. 
CoNFRAERiE.  Ord.  des  R.  de  Fr.  T.  III,  p.  360. 
CoNFRÉRiK.  Brantôme,  Dames  Gall.  p.  86. 

Confraternité,  snbst.  fém.  Confrairie.  On 
trouve  dans  le  Rec.  des  Ord.  T.  V,  p.  271,  des  lettres 
de  13(19,  accordées  à  la  confraternité  (3)  de  l'église 
de  Laon.  Ces  lettres  permettent  aux  chapelains  de 
la  dite  confrairie  de  faire  corps  et  collège,  etc. 
Froissait  se  sert  aussi  de  ce  mol  comme  de  celui 
de  confrairie,  en  parlant  de  l'ordre  delà  Jarretière. 
(Liv.  1,  p.  414.) 

Confrère,  subst.  masc.  Ce  mot  subsiste.  Frois- 
sart  l'appliquoit  aux  chevaliers  de  l'ordre  de  la 
Jarretière.  (Liv.  I,  p.  144.) 

Confroisser,  partie.  Accabler.  On  disoit,  en  ce 
sens,  eiivironné  et  confroissé  (4)  de  toutes  parts. 
(Tri.  des  IX  Preux,  p.  343.) 

VARIANTES  : 
CONFROISSER. 

CoNFROissiER.  S.  Bem.  Serra,  fr.  MSS.  page  49,  en  latin 
Confrinyera. 

Confrontation,  .S!/&s^  fém.  Frontière.  Ce  mot 
subsiste,  mais  dans  un  sens  très  différent.  On  a  dit 
confronta tions{ô),mettes,  et  bonnes,  cour  {voniïeres, 
limites  et  bornes,  dans  un  article  du  traité  de  Bre- 
tigny,  en  13G0.  (Voy.  Chron.  Fr.  ms.  de  Nangis.) 

Confroutement,  subst.  masc.  Comparaison. 
«  Par  le  confrontement,  et  rapport  des  mœurs  des 
«  Vénitiens,  Italiens,  avec  les  citoyens  de  Vannes.  « 
(Pasq.  Rech.  p.  11.) 

Confronter,  verbe.  Confiner.  «  Les  isles  de 
«  Jarsée  et  de  Grenesie  qui  confrontent  entre  l'An- 
«  gleterre  et  Bretagne.  «  (Hist.  de  Loys  III,  duc  de 
Bourbon,  p.  52.)  Nous  ne  dirions  plus,  en  ce  sens, 
ce  mot  qui  subsiste  avec  d'autres  significations. 


Confuir,  verbe.  Défier,  provoquer.  Il  semble 
que  ce  soit  le  sens  de  ce  mot,  en  ce  passage.  Les 
Normands,  voyant  assassiner  Guillaume  Longue- 
Epée  ,  sans  pouvoir  le  secourir  ,  menacent  les 
assassins  : 

et  de  mort  les  deffient, 

Traitors  les  apelent,  et  de  Dieu  les  maudienl  : 
N'osent  entrer  en  l'eue,  ne  en  batel  ne  se  (lent, 
Mez  d'assembler  bataille,  d^^  manoir  les  confuient. 
Rom.  de  Kou,  MS.  p.  71. 

Confunt,  ndj.  Confondu,  accablé. 

De  duel  (douleur,  affliction)  confunt,  et  d'ire. 

Audefrois  li  Bastars,  Poès.  ilSS.  avant  13u0,  T.  Il,  p.  854. 

Confus,  adj.  Honteux.  Mot  subsistant.  (Voyez 
S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  331.)  (6) 

Confusible,  flf/J.  Confus,  en  désordre*.  Horri- 
ble, infâme  ^. 

*  On  diâoit  dans  le  sens  propre  :  »  Les  mist  en 
<•  fuite  confusible,  en  latiuelle  il  y  eut  grant  nom- 
»  bre  d'occis.  ■>  (Tri.  des  IX  Preux,  p.  33G.) 

^  De  là,  ce  mol  exprimoit,  au  figuré,  le  désordre 
de  l'àme  excité  par  l'horreur  ou  la  honte. 

Monstre  nourry  en  l'obscure  sentine. 
Au  bas  bourbier  et  puante  lattrine, 
Yssu  du  fond?,  au  confusible  gouffre, 
Noir,  ténébreux,  plus  puant  que  n'est  soulphre. 
Les  Marg.  de  la  Marg.  fol.  188,  R'. 

«  Puissants,  et  haultains  princes,  de  tant  que 
«  plus  puissans  avez  esté,  plus  puissament  serez 
«  pugnis,  et  souffrerés  plus  eonfusibles ,  et  plus 
«  puissans  tormens.  «  (Histoire  de  la  Toison  d'Or, 
Vol.  II,  fol.  127.  —  Voy.  ci-apiès  Confusse.) 

Çonfusiblement,  adv.  En  désordre*.  Honteu- 
sement ^. 

*  Dans  le  premier  sens,  on  lit  :  «  Au  siège  de 
«  Calais,  en  143G,  les  Anglois  emportoient  aucunes 
«  fois  la  renommée  pour  la  journée,  et  d'aulrepart 
«  les  Picards  les  rebouttoient  trop  souvent  jusques 
«  dedans  leurs  barrières  assez  çonfusiblement.  » 
(Monstrel.  vol  II,  fol.  133.) 

^  Çonfusiblement  est  mis  pour  honteusement, 
dans  ce  passage  :  »  Il  chassa  t'ou/'«s//>/e»ifHi  hors  de 
«  sa  court  ceulxqui,  en  prévarication  de  leur  loy, 
»  avoyent  sacrifié  aux  ydoles.  »  (Hist.  de  la  Toison 
d'or.  Vol.  II,  fol.  96.) 

Confusion,  subst.  fém.  Ce  mot,  qui  subsiste  et 
qui  se  trouve  dans  le  sens  de  honte,  est  employé  de 
même  par  S  Bernard  (Serm.  fr.  p.  325.)  Il  est 
employé  par  le  même  dans  la  signification  de  chaos, 
p.  380,  et  semble  une  faute  d'orlhographe  pour  con- 
clusion, dans  ces  vers  : 


(1)  CoH/'i-aiWe  est  encore  pris  en  mauvaise  part  dans  un  acte  de  1317  (Martène  ,  Anec,  I,  col.  1351):  k  Sur  ce  qu'ils 
disoient  que  nous  avions  fait  les  alliances  et  cotifrairies  jurées  au  préjudice  d'eux,  de  leur  honneur  et  noblesse,  jurisdiction  ; 
et  pour  ce  eussent  mis  mains  en  nos  terres.  »  (n.  e.) 

(2)  On  trouve  encore  conf ravie  au  t.  III  des  Ordon.,  p.  583,  an.  1362.  (n.  e.) 

(3)  «  Comme  plusieurs  personnes  meues  de  devocion  et  autrement,  pour  le  remède  de  leurs  âmes,  aient  donné  et  laissé 
ça  en  arriéres  plusieurs  choses  es  biens  aus  chappellains  de  la  compagnie  et  confraternité  de  l'église  de  Laon.  y  (N.  E.^ 

(4)  On  lit  dans  Froissart  ;  «  Et  le  confroissa  et  le  bleça  tellement  que  U  chevaliers  n'eut  oncques  puis  bonne  santé.  » 
(V.  89.)  Au  t.  IV,  p.  282,  il  signifie  démolir  :  «  Des  enghiens  qui  brisoient  et  confroissoient  murs  et  tours.  »  (n.  e.) 

(5)  Il  a  encore  ce  sens  dans  Palissy  (80.  (n.  e.) 

(6)  Dans  Froissart,  il  a  le  sens  épuisé  :  «  .Avant  que  nous  feussions  là,  nous  serions  tous  confus  d'haleine  et  de  force.  » 
(XIII,  245.)  (N.  E.) 


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....  Si  répliquent  les  raisons, 
Et  mêlent  les  coiifimioiis, 
L'une  en  ce  que  l'autre  a  dit. 

Modus  el  R.icio,  IIS.  fol.  15!)  R". 

On  lit  nilleurs  conclusions. 
Confusse,  adj.  au  fém.  Honteuse. 

Or  est  ma  vie  si  coiifusse. 

Que  chascun  me  liet  et  Jesprise  (haït  et  méprise). 
Fabl.  MSS.  du  K.  ii°  1218,  fol.  139,  R-  col.  1. 

Confiitateur,  subst.  masc.  Qui  réfute.  On  a 
dit  :  '■  Confutateur  d'erreur  problématique.  » 
(Goujat,  Bibl.  fr.  T.  XIII,  p.  135.) 

Confutation,  subst.  fém.  Réfutation.  (Dict. 
d'Oudiii.) 

Conluter,  verbe.  Réfuter  (1).  (Monet,  Rob.  Est., 
Nicol,  Oudin.) 

Congé ,  subst.  masc.  Permission ,  consente- 
ment*. Permission  de  partir,  adieu  °.  Exclusion  *^. 
Révérence  °. 

Ce  mot  semble  à  quelques-uns  venir,  comme 
l'italien  congedo,  du  mot  latin  concedo.  On  trouve 
les  mots  congédia  et  congerius  pour  congé,  dans  le 
Gloss.  lat.  de  Du  Gange.  Selon  Ménage,  congé  vient 
de  commcatus  ('2],  et  celle  étymologie  peut  se  confir- 
mer par  l'expression  de  Pline  le  Jeune,  accepta 
comnieatu.  (Liv.  III,  Epit.  4,  Falc.) 

*  Congé,  dans  son  origine ,  sigiiifioit  permission, 
consentement.  Nous  le  disons  encore  quelquefois 
en  ce  sens,  el  nous  écrivons  congé.  «  Par  quel  c::<igé 
«  entras- tu  céans  ?  Je  y  entray,  disl  Sagremois,  pur 
«  son  commandement,  et  par  son  congé.  «  (Laiic. 
du  Lac,  Vol.  II,  fol.  42.) 

Mon  coeur,  qu'avec  raison  votre  discours  étonne, 
N'entend  pas  que  mes  yeux  fassent  mal  à  personne, 
Et  si  dans  quelque  chose  ils  vous  ont  outragé, 
Je  puis  vous  assurer  que  c'est  sans  mon  congé. 

L'Etourdi,  comëd.  de  Molière,  acte  1",  se.  '.'i. 

C'étoit  un  pléonasme  de  dire  :  »  Sans  le  congié 
«  de  la  licence  du  roy.  »  (Chron.  fr.  ms.  de  Nangis, 
an  l'I'll.)  On  lit  dans  le  latin  sine  régis  licenliâ. 

On  disoit,  en  parlant  d'un  domestique  :  "  Je  te 
«  donne  congé  de  l'en  aller.  »  (Contes  de  la  R.  de 
Nav.  T.  II,  p.  (38.)  Nous  dirions  aujourd'hui  simple- 
ment :  je  te  donne  congé. 

"  En  effet,  par  la  suite,  le  mot  congé,  du  sens 
générique  permission,  passa  à  l'acception  particu- 
lière permission  de  partir,  et  il  est  en  usage  dans 
ce  sens.  Nous  disons,  comme  autrefois,  /n-èndre  et 
donner  congé  pour  faire  ou  recevoir  des  adieux. 
Nous  ne  dirions  cependant  pas  congé  pour  adieu, 
comme  en  celte  phrase:  «  Luy  disant,  pour  ce 
«  congé,  queje  me  recommandois  à  sa  bonne  grâce  ; 
«  elle  me  respondit,  et  moy  à  la  vostre.  »  (L'Amant 
ressuscité,  p.  408.) 

'^  Donner  congé  se  prenant  pour  renvoyer,  se  prit 
bientôt  pour  éconduire,  exclure.  Ainsi  congé  signifia 
exclusion,  refus.  «  Tous  les  recevoit  ;  n'a  nuls  n'en 


«  donnoil  congé,  el  faisoit  à  tous  bonne  chère  » 
(Froissc.rt,  Liv.  111,  p.  ;i()8.) 

Dans  ce  sens,  donner  congié  sigiiifioit  mettre 
dehors  : 

Congié  vos  doing  de  cete  yglise. 

Fabl.  MS^.  de  S.  G.  fol.  -11.  V"  col.  3. 

"Comme  congé  signifioit  adieu,  il  paroit  qu'en 
parlant  de  danse  ,  congié  signilioit  la  révérence  par 
laquelle  la  danse  se  finissoit  : 

Branle  et  congié  je  fays  en  toute  humblesse  ; 
Touchant  pas  simple,  ung  tout  seul  je  n'en  lesse  ; 
Jlais  je  ne  puys  ung  double  apparier. 

J.Marol,  p.  247. 

11  nous  reste  ii  remarquer  quelques  expressions 
dans  lesquelles  entre  le  mol  congé  : 

1°  On  disoit  congié  penre,  pour  prendre  congé, 
se  retirer.  (Beaum.  p.  10.) 

Si  a  prins  congié  de  s'en  aler. 

Gace  de  la  Bii;ne.  des  Doduils,  MS.  fol.  53,  V'. 

2°  De  droit  congé.  Un  magistrat  doit  réunir  à 
beaucoup  d'autres  qualités  :  «  un  corps  de  belle 
«  représentation,  et  de  grave  majesté,  fort,  et  puis- 
»  sant,  de  droit  congé  pour  soubstenir  la  vérité,  et 
»  pour  surmarcher  (dompter)  les  rebelles  qui  contre 
«  vérité  se  vouldroyent  eslever.  »  (llist.  de  la  Tois. 
d'or.  Vol.  II,  fol.  120.)  Celle  expression  de  droit 
congé  ne  présente  pas  ici  de  sens  bien  ;'éterminé. 

3°  Congé  de  personnes  et  menée.  Expression 
autrefois  usitée  au  barreau,  pour  signifier  :  «  jour 
«  marqué  à  un  seigneur  pour  le  délivrer  aux  plaids 
"  de  quelque  barre  voisine,  et  y  mener  les  sujets.  » 
(Gloss.  de  l'Hist.  de  Bretagne.) 

4  Congé  simple,  congé  dejfaut,  congé  de  cour  sont 
des  termes  de  palais.  «  Le  congé  simple  s'obtient  par 
«  un  défendeur,  contre  un  demandeur  non  compa- 
"  ranl,ou  àfaulederépliquer;etp;irrintimé, contre 
«  l'apellant  défaillant,  qui  avoil  relevé,  et  assigné.  « 

»  Le  congé  de  cour  n'emporte  pas  gain,  si  ce  n'est 
»  ù  faute  de  répliquer,  el  soutenir  en  action  de 
«  retrait  lignager  qui  est  odieux  en  quelques  pro- 
«  vinces,  et  en  quelques  autres  cas  :  autrement  il 
«  ne  délivre  que  de  l'instance  ;  et  peut  bien  encore, 
"  en  après  ,  le  même  demandeur  intenter  nouvelle 
"  instance,  pour  même  chose,  contre  la  même 
«  personne,  à  la  charge  des  despens  de  la  première 
«  instance,  et  du  congé.  >>  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.  — 
Voyez  Coût.  Gén.  T.  1,  p.  452.) 

Le  congé  deffaut,  selon  Cotgrave,  «  se  donne  à 
«  l'appellant  qui  a  esté  anticipé,  contre  l'anticipant 
«  défaillant  »  On  dit  encore,  en  ce  sens,  défaut- 
congé,  mais  avec  celle  différence  qu'il  s'accorde  au 
deffendeur  contre  le  demandeur,  soit  que  ce  soit 
par  appel  ou  en  première  instance. 

VARIANTES  : 
CONGÉ.  Orth.  subsist.  Loix  Norm.  art.  5,  en  latin  Ucentia. 
CoNJÉ.  Du  Cange,  Gloss.  lat.  au  mot  Comiatus. 
Congié.  L'Oisel,  Hist  de  Beauvais,  p.  266. 
CoNGiET.  S.  Bern.  Serm.  fr.  .MSS.  p.  27,  en  latin  Ucentia. 


(1)  On  lit  dans  Marot  (IV,  15)  :  «  Mais  j'ai  honte  pourtant.  Dont  tel  opprobre  on  m'a  peu  imputer,  Et  que  sur  champ  ne 
l'ay  scfu  confiitcr.  »  Voir  aussi  du  Bellay  (490).  (n.  e.) 


(.2)  Cette  origine  nous  est  indiquée   par  le  provençal  comjat;  de  même  somniare  a  donné   songer, 
sergent,  (n.  e.) 


et  sen'ientem  , 


co 


—  174  — 


CO 


Congeable,  adj.  Qu'on  doit  exclure  *.  Ce  dont 
on  peut"  exclure  ^. 

*  Dans  le  premier  sens,  congeable  se  disoit  des 
personnes.  «  Enfant  congeable.  >•  (Tenur.  de 
Littl.  fol.  45.) 

^  Dans  le  second  sens,  congeable  se  disoit  des 
clioses.  «  Un  domaine  congeable  (I)  est  celui  duquel 
«  le  possesseur  se  doit  dessaisir,  à  la  volonté  du 
«  seigneur  bailleur  duquel  il  est  tenu,  en  luy  payant 
«  ses"  améliorations.  «  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.  ; 
Morice,Ilist.deBret.  prêt,  de  Preuv.T.lll,  p.  XVII.) 
Congréables  est  une  faute  pour  congeables,  dans  la 
Coût,  de  Bret.  ihid.  p.  780.  On  a  dit  convenant,  au 
même  sens  ;  voyez  ce  mot,  et  Convenanciers  ci-après. 

Congéé,  participe.  Congédié,  renvoyé. 

Je  tieng  mal  apaié  (mal  content) 

Le  congéé  ;  mes  cil  est  plus  mal  mis 
Qui  là  s'atent  ou  l'en  l'a  fausnoié  (refusé). 

Poes.  MSS.  du  Vatican,  n-  1522,  fol.  1G2,  R'  col.  1. 

VARIANTES  : 
CONGÉÉ.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  364. 
CoNGiÉ.  Contin.  de  G.  de  Tyr,  iMartene,  T.  V,  col.  705. 

Congéement,  subst.  maso.  Terme  de  coutume. 
Congé  donné  au  tenancier  d'un  domaine  congeable. 
(Cout.  de  Bret.  Nouv.  Coût.  Cén.  T.  IV,  p.  413.  — 
Voyez  ci-dessus  Congeadle.) 

Congéer,î»er&e.  Congédier,  bannir(2;.  Chasser*. 
Renvoyer  avec  honneur  ^.  (Voyez,  sur  ce  mot,  le 
Gloss.  sur  les  Cout.  de  Beauvoisis  ;  le  Gloss.  du  P. 
Martene,  et  Du  Gange,  au  mot  Congeare.)  Il  paroît 
qu'il  s'est  pris  en  bonne  et  en  mauvaise  part. 

*  En  mauvaise  part,  qui  étoit  la  signification  la 
plus  ordinaire.  On  a  dit  de  Thierry,  chassé  par  ses 
sujets  : 

K'il  orent  congéé  de  France, 

Et  descouronné  par  viltance  (mépris). 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  46. 

Après  la  mort  «  de  la  royne  d'Espaigne,  sœur  à 
«  Henry  roi  d'Angleterre,  les  Espaignols  congierenl 
"  tous  les  Anglois,  hommes,  et  femmes,  serviteurs 
«  de  la  dicte  royne.  »  (Monstrel.  Vol.  I,  fol.  83.) 

°  Conijéer  se  prenoit  rarement  en  bonne  part  ; 
alors  il  paroît  qu'il  signifioit  renvoyer  avec  hon- 
neur, et  c'est  en  ce  sens  que  nous  croyons  devoir 
l'entendre,  dans  le  passage  suivant,  où  il  s'agit  de 
la  demande  en  mariage  de  la  fille  du  comte  de 
Provence,  par  Louis  IX  : 

On  li  a  sans  demorée  (retard,  délai) , 

Envoiié  trop  liement, 

Del  tout  à  son  commandement.... 

A  grant  fieste  l'a  rongée 

Li  rois,  et  si  fu  couronnée. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  "81. 


VARIANTES  : 
CONGÉEU.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  48. 
CoNGiER.  Monstr.  Vol.  I,  fol.  83  V°  (3). 

Congénère!' ,  verbe.  Engendrer  ensemble. 
(Oudin,  Cotgrave,  Dict  ) 

Congie,  subst.  fém.  Sorte  de  mesure.  Du  latin 
congius,  mesure- ancienne  dont  on  se  servoit  pour 
mesurer  les  liqueurs.  (Cotgrave,  Oud.  Dict.) 

Congie,  S»  pers.  de  l'ind.  prés.  C'est  une  faute 
dans  le  proverbe  suivant  pour  concilie,  du  verbe 
concilier,  salir,  ci-dessus. 

Qui  fait  son  preu  (qui  travaille  à  son  ouvrage), 
Ne  congie  sa  main, 
Ce  dist  li  vilains. 

Prov.  du  Vil.  MS.  de  S.  G.  fol.  74,  V'  co!.  3  (4). 

Congie.  [Intercalez  Congie:  1°  Joug  pour  les 
bœufs  :  «  Et  si  a  li  cuens  sor  deux  quartiers  de 
«  tiere  trois  sols  de  cens  au  Noël  pour  les  congles, 
«  dont  on  joint  les  buves  ki  mainent  le  laigne  el 
«  castiel  de  Namur.  »  (Ch.  de  1265,  Du  Cange,  II, 
540,  col.  2.) 2" Congre,  poisson:  «  Morues  et  congles 
"  salés,  le  cent  .xvii.  den.  »  (Reg.  Pater  de  la  Ch. 
des  Comptes,  fol.  247,  r.)]  (n.  e.) 

Congmectre,  verbe.  Commettre.  «  Chascun 
«  pour  son  party  y  congmectra  ung  de  ses  rois 
«  d'armes.  »  (P. .).  de  Saintré,  p.  371.) 

Congnace,  subst.  fém.  Le  fruit  du  coignassier. 

Au  matin,  la  congnace  franche 
Rousoye,  en  son  coton  nouveau, 
Par  dessus  sa  jaunastre  peau. 

Bergeries  de  Rem.  Bell.  fol.  50  R-. 

variantes  : 
CONGNACE.  R.  Belleau,  Berger,  fol.  50  R°. 
CoiNGNASSE.  Dict.  de  R.  Estienne. 

Congneii,  suhst.  masc.  Celui  qu'on  connoît. 
M.  deCÔuci  ayant  appelé  un  médecin  de  Laon,  pour 
la  maladie  de  Charles  VI.  "  Lorsqu'il  fut  venu,  le 
>■  sire  de  Coucy,  devers  qui  il  se  trait  (alla)  prémiè- 
«  rement,  car  il  estoit  grandement  son  congneu{5), 
«  le  mena  devers  les  oncles  du  roy.  »  (Froissart, 
Liv.  IV,  p.  157.) 

Congneiie,  subst.  fém.  Connoissance.Lalégende 
de  P.  Faifeu,chap.  17,  porte  pour  titre:  «  Comment 
«  il  s'en  retourna  de  Paris  à  Angers,  avecques 
«  aucuns  de  sa  congnuë.  » 

Congneussement,s!/&sL  masc.  Connoissance. 
C'est  ainsi  que  l'éditeur  explique  ce  mot  dans  Ger. 
de  Nev.  l"  P.  p.  131.  Il  faudroit  peut-être  lire 
soingneusement,  soigneusement  (6),  au  lieu  de  son 
congneussement. 


(1)  Nous  avons  déjà  parlé,  au  t.  III,  p.  301,  n.  3,  du  domaine  congeable  en  Bretagne,  (n.  e.) 

(2)  Ce  congé  était  donné  par  sentence  judiciaire  (Assises  de  Jérusalem,  ch.  CCVIII)  :  «  Se  il  avient  que  un  seignor  de  sa 
Tolenté  congée  un  de  ses  homes  de  sa  seignorie,  sans  ce  que  il  attaint  de  chose  de  quoi  il  le  face  congéer  par  esgard  ou  par 
conoissance  de  court...  »  (N.  e.) 

(3)  On  lit  au  ch.  CLXXXl  du  livre  I"  :  «  Que  vous  laissiez  le  voyage  qu'avez  commencé,  en  congiant  vostre  ost.  »  (N.   e.) 

(4)  Voici  comme  ce  proverbe  est  rapporté  dans  Leroux  de  Lincy  (11,  463):  «  Ne  vei  ne  fouis  ne  sage  Qui  coveite  soun 
damage,  Ainz  veut  checun  soun  ben.  Li  josnes  ne  li  vieux  Mes  nus  frères  nul  meuz  Al  soun  oes  que  al  mien.  Qui  fest  soun 
prou  e  vist  sa  tnain.  »  (n.  e.) 

(5)  Mettez  une  cédille  sous  le  c.  (n.  e.) 

(6)  Le  sens  est  plutôt  ami.  Comparez  éd.  Kervyn,  XV,  49.  (N.  E.) 


co 


175  — 


CO 


Congnin,  siibst.  masc.  Nous  n'entendons  pas 
ce  mot  ;  voici  le  passage  où  il  se  trouve  : 

Par  miracle  hault,  et  divin, 

Le  soleil  fait  changer  en  vin 

Le  vert  jus,  qui  suis  grant  devin  ; 

Mais  nins  que  je  soye  alïulé  (paré) 

De  gloire,  ung  très  mauvais  congnin  (1) 

Me  tiendra  soubz  le  pied  foulé. 

Monnet,  p.  18*. 

Congnissable.  [Intercalez  Congnissable,  dans 
l'expression  se  faire  congnissable,  se  faire  con- 
naître (Froissart,  IX,  75).]  (n.  e.) 

Congnoissance,  stibst.  fém.  Idée,  souvenir  *. 
Savoir  *.  Discernement,  raison '=.  Reconnoissance, 
indice  ".  Reconnoissance,  aveu  ^.  Reconnoissance, 
billet ''.  Reconnoissance,  gratitude  °.  Armoiries, 
devises,  etc.  ".  Etendart'.  Juridiction  "  (2;.  Ce  mot, 
qui  subsiste  sous  l'orthographe  connoissance,  se 
prend  encore  dans  divers  sens  qu'il  seroit  superflu 
de  rapporter.  Nous  nous  bornons  à  ceux  qui  ne 
sont  plus  d'usage,  ou  qui  entrent  dans  des  expres- 
sions qu'on  n'admet  plus. 

*  Nous  disons  encore  connoissance,  pour  l'idée 
d'une  chose  ou  d'une  personne  qu'on  s'est  em- 
preinte autrefois  dans  l'esprit,  et  qu'on  se  rappelle. 
Nous  ne  dirions  cependant  plus,  en  parlant  d'une 
personne  dont  on  ignore  le  domicile  : 

Son  domicile  est  hors  de  cognoyssance. 
Molinet,  p.  132. 

^  Nous  disons  encore  avoir  des  connoissances, 
pour  être  instruit.  On  a  dit  autrefois  un  roi  dr  "on- 
jrHoissa«cf,  pour  un  roi  instruit.  (Falc.)  Un  astroluiiue 
avoit  prédit  à  René,  roi  de  Sicile,  que  Philippe  de 
Valois  seroit  défait.  Froissart  (liv.  I,  p.  52),  dit  que  le 
roi  de  Sicile,  »  comme  roi  de  congnoissance  (3),  moult 
«  doutoit  le  péril,  et  le  danger  du  roy  de  France,  » 
c'est-à-dire  comme  prince  fort  habile  dans  l'astrolo- 
gie judiciaire.  Tel  étoit  en  effet  le  roi  de  Sicile.  René. 
"^  On  a  pris  dans  le  même  sens  à  peu  près  le  mot 
connoissance  [i),  lorsqu'on  l'a  employé  pour  discer- 
nement, raison,  jugement,  non  pas  le  naturel,  mais 
celui  qui  s'acquiert  : 

Hélas,  sire,  montrés  moy  le  chemin 

Ou  je  puisse  congnoissance  trouver  ; 

Va  à  la  court 

mais  n'y  puet  séjourner. 

Congnoissance  se  tient  trop  peu  à  court. 

Eusl.  Desch.  Poes.  MSS.fol.  268,  col.  1. 

Et  ailleurs  : 

D'où  viens  tu  ?  de  la  cour  du  Roy, 
Ce  dit  justice  àcungiioissance... 
Donc  y  a  tu  pou  de  puissance? 
On  n'y  congnoist  droit  ne  raison. 

Ibid.  fol.  288,  col.  4. 


°  On  a  dit  connoissance  pour  reconnoissance, 
presque  dans  toutes  les  acceptions  de  ce  mot,  pour 
reconnoissance,  indice,  action  de  reconnoitre  quel- 
qu'un aux  senlimens.  "  Et  l;i  eut  grandes  congnois- 
«  saiices,  et  approchemens  d'amour.  »  (Froissart, 
liv.  I,  p.  '29  )  Proprement  connoissance  est  ici  pour 
caresse  entre  amis  qui  se  retrouvent  (.5),  et  l'on  a  dit 
congnoissement  en  ce  même  sens. 

^  Ce  mol  a  été  employé  pour  reconnoissance, 
aveu.  «  Après  qu'ils  eurent  oui  la  connoissance  du 
'<  duc,  »  c'est-à-dire  l'aveu  que  fit  le  duc  de  Bour- 
gogne de  l'assassinat  du  duc  d'Orléans.  (Monslrelet, 
Vol.  I,  fol.  31.)  Connoissance  est  opposé  à  néance, 
comme  aveu  à  désaveu,dansBeaumanoir,p.l56(6). 
Il  a  été  pris  aussi  pour  reconnoissance,  déclaration. 
(Voyez  Duchesne,  Gén.  de  Béthune,  page  164,  titre 
de  1247.) 

■"  On  s'est  servi  de  ce  mot  pour  reconnoissance, 
billet.  «  Un  cler  non  marié  ne  tiendra  pas  prison 
«  pour  dépens  faits  en  prison,  et  pour  le  geolage  ; 
«  mais  le  geôlier  en  aura  une  congnoissance.  » 
(Gr.  Coût,  de  Fr.  liv.  IV,  p.  513.) 

°  Il  s'est  dit  pour  reconnoissance ,  gratitude , 
opposé  à  incongnoissance  : 

Congnoissance  (7)  face  devoir. 
C'est  ce  qui  le  tion  cuer  attrait  (attire). 
Pour  faire  tous  biens  apparoir, 
Maugré  c^\x incongnoissance  (ingratitude)  en  ait. 
Eust.  Desch.  Poès.  MSS.  fol.  441,  col.  4. 

"  C'est  proprement  comme  reconnoissance,  in- 
dice, que  connoissance  a  signifié  armoiries,  devi- 
ses, etc.  En  effet,  on  les  appeloit  aussi  enseignes, 
marques  ,  reconnoissances ,  ces  sortes  d'indices 
destinés  à  se  faire  reconnoitre,  et  qu'on  mettoit  sur 
les  cottes  d'armes,  les  écus,  les  lances  mêmes,  etc. 
De  là,  le  nom  (iecon)ioissance  (8)  appliqué  au  blason 
du  champ  de  l'écu,  et  aussi  aux  marques  données 
par  les  dames  aux  chevaliers  qu'elles  vouloient 
reconnoitre  dans  les  tournois.  «  Recongneut  Lan- 
f  celot,  au  pannonceau  qu'il  avoit  sur  son  heaulme, 
«  et  ce  fust  la  première  congnoissance  qui  oncques 
«  eust  esté  portée  au  temps  du  roy  Artus  sur 
«  heaulme.  »  (Lanc.  du  Lac,  T.  I,  fol.  107.)  «  Lan- 
«  celot  qui  commenta  à  regarder  les  escus  des  deux 
«  chevaliers  veist  qu'ils  estoient  tous  vermeilz, 
«  sans  nulle  congnoissance,  et  il  esloit  de  cous- 
»  tume,  en  ce  temps,  que  nul  nouveau  chevalier  ne 
«  portast,  le  premier  an  qu'il  recevoil  l'ordre  de 
«  chevalerie,  escu  qu'il  ne  fust  tout  d'une  couleur.  » 
(Ibid.  T.  m,  fol.  110.)  «  Le  chevalier  veit  ung  escu 
«  pendant  à  un  crocq  là  où  il  avoit  fiché  les  deux 


(1)  Lisez  coquin.  (N.  E.) 

(2)  Ce  mot  signifie  encore  :  1»  réputation  :  «  Car  toujours  viennent  li  bon  à  mettreté  et  à  congnissancc.  (Froissart,  II,   12.) 
2»  Estime  :  «  Pour  mieulx  avoir  la  hantise  et  la  congnoissance  de  leurs  marchandi.ses.  »  (Froissart,  XVI,  33.)  (N'.  E.) 

(3)  M.  Kervyn  édite  ;  «  Com  rois  plains  de  grant  congnissance,  et  qui  doubtoit  ce   péril  [la  victoire   d'Edouard  III]  et  le 
domage  dou  roy  de  France  son  cousin.  »  (III,  56.)  (N.  E.) 

(4)  On  disait  aussi  au  sens  passif  de  sans  être  reconnu  :  «  Sans  cognissance  de  ses  ennemis.  »  (Froiss.,  V,  243.)  (N.  E.) 

(5)  Le  sens  peut  être  salutations  :  «  Si  eult  là  entre  yauls  frères  grant  congnissanche.  »  (XVII,  439.)  (N.  E.) 

(6)  «  Quant  connissance  est  fête  en  cort,  on  ne  pot  pas  fere  niance  de  ce  qu'on  a  reconnut.  »  (VII,  12).  On  lit  encore  dans 
Froissart  (XVII,  294)  :  «  Il  fist  mettre  à  mort  che  Hue  de  Bielcoroy  seloncq  la  congnoissance  qu'il  fist.  »  (N.  E.) 

(7)  On  lit  à  la  37«  .\ouvelle  de  Louis  XI  :  «  S'il  est  en  moi  de  vous  faire  autant  de  service,  pensez  que  j'aurai  connoissance 
de  la  courtoisie.  »  (N.  e.) 

(8)  Ce  sens  est  déjà  dans  Roland,  v.  3090  :  «  Escuz  unt  genz  de  mult  cunoisances.  »  (N.  e.) 


co 


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CO 


«  piedz  d'une;  lyon,  et  les  deux  piedz  d'unpt  serpent, 
"  mais  la  cliainpaigne  (le  champ  de  l'esou)  n'avoit 
«  congnoitisance .  >•  (Perceforest,  Vol.  H,  fol.  8'J.) 
"  Pucelle,  je  vous  prye  que  j'aye  aucune  congiwis- 
"  scDice  de  vous  pour  la  lance  parer.  Si  seray  plus 
«  preux  en  vostre  besongne.  »  (Ibid.  Vol.  I,  f"  143; 
Voyez  lîoni.  de  Brut,  ms.  fol.  'ii;  Lancelol  du  Lac, 
T.  J,  fol.  108.) 

Alant  i  montent  les  vassax, 

Si  metent  armes  et  chevax 

Sor  les  pomeax  des  mas  en  ont 

Fait  chascun  porter  un  dragon  (1)  : 

Fait  sont,  par  granz  sénéfiances, 

De  .II.  princes  les  cun>ioissa»ce.i  : 

L'une  est  blanche  conme  cristal, 

Et  l'autre  d'un  vermeil  cendal. 

Blanch.irdLii,  MS.  de  S.  G.  fol.  185.  R'  col.  1. 

'  C'est  en  ce  même  sens  d'indice  (jue  le  mol  con- 
noissance  a  signifié  élendarl,  drapeau  : 

A  entr'eus  mainte  comiuinianee 
De  soie  tissue,  et  légière, 
Maint  penoncel,  mainte  banière. 

G   Guiarl,  MS.  fol.  fiO.  R°. 

"Enfin  connaissance  sig'nifioit  juridiction,  le  droit 
de  connoîlre  d'une  affaire.  Unie  liouve  fréquem- 
ment, en  ce  sens,  dans  les  coulumes  et  les  ordon- 
nances, et  celte  acceplion  peut  même  passer  pour 
subsistante  ;  mais  nous  ne  dirions  plus  avoir  eon- 
noissancc  sur  quelqu'un,  comme  en  ce  passage  : 
«  Ceux  de  Bruges  n'auront  plus  de  cogno/ssance 
<■  sur  ceux  de  l'Ecluse.  »  ^Monstr.  Vol.  H,  fol.  !'24.) 
On  trouve  dans  les  Assis,  de  Jérns.  \).  10  et  suivan- 
tes :  ronnoissance  de  court,  pour  juridiction,  et 
jugement  rendu  par  la  cour  de  justice.  (Voyez  Du 
Gange,  au  moi  Cognitio  placiti.]i^2) 

11  nous  reste  à  marquer  quelques  expressions 
particulières  : 

\°  On  disoit  lettres  de  connaissance,  pour  sauve- 
garde, protection,  lettres  par  lesquelles  un  seigneur 
reconnoissoit  quelqu'un  comme  bourgeois  de  sa 
seigneurie  :  »  Un  bourgeois  ayant  lettres  appellées 
«  deco?t)(0JssftHce(3^,  nefourfait(perd  par  confisca- 
«  tion)  rien  de  ses  biens  ,  soient  meubles  ,  ou 
>'  immeubles,  pour  quelque  cas  de  meschef  qu'à 
•<  luv,  ou  a  sa  famille  sernit  advenu.  >>  (Coût,  de 
iXivelle,  iNouv.  Coût.  Gén.  T.  I,  p.  Tit»').) 

'2°  l'rendre  sa  congnoissance,  pour  se  reconnoitre 
les  uns  et  les  autres.  >  11  y  avoit  si  grant  nombre 
«  de  torches  venues  de  riches  hommes,  que  la  plus 
«  grant  partie  du  tournoy  y  prenoit  sa  congnois- 
'  sance.  «  (Percef.  Vol.  I,  fol.  155.) 

VARIANTES  : 
CONGNOISSANCE.  Chron.  S   Denis,  T.  II,  p.  145  V» 
CooNissANCE.  Voy.  Cognoissance  ci-après. 
CONGNOYSSANCE.  Molinet,  p.  132. 
Cognoissance.  Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  300,  tit.  de  1213. 


CoNGNOisT.ANCE.  Falfeu,  p.  iOS. 

CoNNissANCE.  Ord.  T.  III,  p.  294. 

CoNOisSANCE.  Chans.  du  comte  Thib.  p.  103. 

CoNNOissAiN'CE.  Orth.  subsistante. 

CONESSANCK.  S.  Burn.  Serm.  fr.  MSS.  p.  35. 

CONIBSANCE.  s.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  25. 

CoNiSEANCE.  s.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  25. 

CoNisxANCE  et  CoNiXANCE.  S.  liern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  11. 

Cui.NisANGE.  Marbodus,  col.  1642. 

CuNuiSANCE.  Ibid.  dans  le  MS.  de  S.  Victor. 

Congnoissaiiment.  [Intercalez  Congnoissau- 
menl,  en  connaissance  de  cause,  au  reg.  JJ.  138, 
p.  m,  an.  1389.]  {s.  e.) 

Congnoisseinent,  subst.  masc.  Reconnois- 
sance.  Caresses  entre  amis  qui  se  retrouvent. 
«  Adonc  se  retirèrent  à  part  les  deux  compaignons 
»  par  devers  leurs  amyes,  ou  la  feste,  et  le  con- 
"  gnoisseuient  fui  gianf.  »  (Percef.  Vol.  VI,  fol.  93. 
—  Voyez  CoN.NoissE.vENT  dans  un  autre  sens.) 

Congnoistre,  verbe.  Connoitre*.  Apercevoir, 
senlir^.  Avouer*^.  Prendre  connoissance,  juger". 

Le  mol  congnoistre,  employé  par  S.  Bernard  sous 
les  orthographes  ci-dessous,  répond  au  latin  agnos- 
cere,  cognoscere,  noscere,  prœnoscere  et  scire. 

*  Dans  le  sens  où  nous  disons  connoitre,  on  a 
écrit  : 

Si  faut  il  cognoistra  avant  qu'aimer. 

Coiiles  de  Chol.  fol.  22;i,  R-. 

Ou  comme  ou  lil  dans  un  autre  de  nos  anciens 
poêles  : 

Il  faut  covfjiioislre  (4)  avant  que  aimer. 

L'Amant  rendu  Cordelier,  p.  514. 

^  On  a  dit  aussi  C0(/?!02Sfr(?  pour  s'apercevoir,  sen- 
tir. Le  poêle  parlant  de  sa  dame  qui  enfiloit  des 
fleurs  dans  les  épines  de  groseiller,  et  qui  ensuite 
les  lui  donnoil  à  baiser,  dit  : 

Dont  en  baisant,  ra'avint  deus  fois 

Que  li  espinçon  (épines)  de  ce  bois 

Me  poindirent  (picquèrent)  moult  aigrement  : 

Et  madame,  qui  liement 

S'esbatoit  adonc  avoec  moi. 

Me  dist,  en  riant;  assés  je  croi 

Plus  tost  ncé.s  ce  cogneii, 

C'ui  matin  le  jour  perceu. 

Froissart,  Poos.  MSS.  p.  138,  col.  1  et  2. 

^  Ces  acceptions  s'éloignent  peu  de  celles  de 
notre  verbe  connoitre.  Viwe,  signification  ancienne, 
plus  éloignée  de  celles  qui  subsistent,  est  avouer  (5), 
confesser.  «  Gallehaut  luy  pria  tant,  elenquistque 
i>  il  luy  congneut  que  il  aymoit  la  royne,  qu'il  lui 
»  avouât  qu'il  aimoitla  reine.  »  (Lancelol  du  Lac, 
T.  III,  fol.  l'2(j.)  «  Ainçois  me  congnoistrés-vous 
"  toute  votre  malice.  »  (Percefor.  Vol.  H,  fol.  138.) 

Son  péchié  connnsi,  si  fut  pris. 

Fabl.  MSS.  do  S.  G.  fol.  3,  R"  col.  1. 

Il  est  encore  employé  sous  cette  acceplion  dans 
Perard,  Ilisl.  de  Bourgogne,  p.  486,  lit.  de  1257. 


(1)  Ces  dragons  servaient  de  supports,  comme  dans  ce  passage  de  G.  Guiart  :  «  Cils  dragons   soutint  la  bannière  Des 
co>riwtsm>ices  l'eraperiere.  »  Voyez  d'autres  exemples  dans  Du  Gange,  sous  Cngiiitioiies  (II,  418,  col.  3).  (N.  E.) 

(2)  C'est  le  privilège  d'une  commune  de  juger  dans  l'étendue  de  sa  juridiction  les  procès  de  contrats  et  d'héritage.  Les 
Anglais  disaient  cunusaiice  île  plée,  et  les  Assises  de  Jérusalem  (ch.  XLV)  connoissanre  de  court,  (n.  e.) 

(3)  Voir  la  note  précédente.  (N.  e.) 

(4)  «  Et  ossl  la  ione  fille  le  coiignoissoil  plus  et  lui  tenoit  plus  grant  co«paignie  que  nule  de  ses   sereurs.    «   (Froissart, 
II,  54.)  (N.  E.) 

(5)  «  Il  fu  questionnés  et  si  bien  examinés  ffue  il  coîwMciU  toute  la  trahison,  b  (Froissart,  IV,  H8.)  Voyez  aussi   Berte 
as,  115.)(N.  E.) 


co 


177  - 


CO 


Connoistre  dans  cette  signification  est  propre- 
ment faire  connoilre  (1). 

°  Nous  avons  vu  connoissunce,  pour  juridiction, 
pouvoir  de  juger.  On  a  dit,  dans  le  même  sens, 
conoistre.  Nous  employons  encore  connoître  avec 
celte  acception,  pour  désigner  le  ressort.  Le  Parle- 
ment connoît  des  duels,  le  grand  conseil  connoît 
des  réglemens  de  juges,  etc., "mais  nous  ne  dirions 
pas,  comme  dans  les  Assis,  de  Jérusalem,  page  159  : 
"  Il  le  doivent  faire  si  com  la  court  l'a  coneu  », 
pour  dire  comme  la  cour  l'a  jugé.  C'est  aussi  le  sens 
auquel  il  se  trouve  dans  Rymer,  T.  I,  page  HC, 
titre  de  1270  (-2). 

CONJUGAISON    : 

Congneu,  partie.  Connu.  (Fabl.  mss.  de  S.  G.  f»  3.) 

Congueusse,  subj.  prés.  Connoisse.  (Froissart, 
liv.  III,  p.  338.; 

Congneut,  prêter.  Connut.  (Chron.  8.  Den.  T.  II.) 

Connissoit,  imparf.  Connoissoit.  (Fabl.  mss.  du  R. 
n'  7218,  fol.  150.) 

Connistroie,  imparf.  subj.  Connoitrois.  (Ordonn. 
T.  III,  p.  205.) 

Connougut,  partie.  Connu.  (Patois  de  Cahors.  — 
Borel,  au  mot  Glouper.) 

Connui,  prêter.  Je  connus.  (Poës.  mss.  Vatican, 
n"  1490.  fol.  6.) 

Connuit,  indic.  prés.  Connoit.  (Estrub.  Fabl.  mss. 
du  R.  n»  7996,  p.  85.) 

Conui,  prêter.  Je  connus.  (Gontiers,  Poës.  mss. 
avant  1300,  T.  III,  p.  102/i.) 

Conustras,  fut.  Connoitras.  (Hist.  de  la  S"  Croix, 
Ms.  page  20.) 

Couuisçons,  ind.  prés.  Connoissons.  (Fabl.  ms.  du 
R.  n"  7989,  fol.  213.) 

Coiinissans,  partie,  prés.  Connoissoit.  (Poës.  mss. 
avant  1300.  T.  IV,  p.  1320.) 

Counisteroie,  imp.  subj.  Connoitrois.  (Fabl.  mss. 
du  R.  n»  7989,  fol.  213.) 

Counu,  partie.  Connu.  (Fabl.  mss.  du  R.  n"  7989.) 

Counute,  partie,  fém.  Connue.  (Règle  de  S.  Ben. 
lat.  fr.  ms.  de  Beauv.  ch.  Cl.) 

Cunuissent,  indic.  prés.  Connoissent.  (Marbodus, 
prol.  suivant  le  ms.  de  S.  Victor.) 

Kenissant  et  Kennissant,  participe.  Connoissant. 
(Carpentier,  Hist.  de  Cambrai,  p.  28.) 

Coneu,  part.  Cogneu,  reconneu.  Confessé,  avoué. 
(Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  480,  tit.  de  1257.) 

Cogneu  (ayez:.  Connoissez,  sachez.  (Perard,  Hist. 
de  Bourg,  p.  300,  tit.  de  1213.) 

Cognut,  part.  Connu.  (Duch.  Gén.  de  Chat.  p.  46.) 

Conessiens,  imparf.  ind.  Cogaoissions.  (S.  Bern. 
Serm.  fr.  mss.  p.  260.) 

Conessiue,  imparf.  ind.  Je  connoissais.  (S.  Bern. 
Serm.  fr.  mss.  p.  147,  dans  le  latin  sciebam.) 

Conessoit,  imparf.  indic.  Connoissoit.  (S.  Bern. 
Serm.  fr.  mss.  p.  6.) 


Coneue,  partie.  Connue.  (Du  Bouchet,  Gén.  de 
Coligny,  page  63.) 

Côniieu  et  Recogneu,  part.  Déclaré,  confessé. 
(Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  482,  tit.  de  1255.) 

Conneut,  passé  défini.  Reconnut,  déclara,  certifia. 
(Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  498,  tit.  de  1260.) 

Connesserat,  fut.  prés.  Connoistra.  (S.  Bern.  Serm. 
fr.  mss.  p.  34.) 

Conesseriez,  fut.  prés.  Connoistrez.  (S.  Bern. 
Serm.  fr.  .mss.  p.  2.) 

Conissant  (faire),  pour  notam  facere.  (S.  Bern. 
Serm.  fr.  mss.  p.  31.) 

Connisseiz,  ind.  prés.  Connoissez.  (S.  Bern.  Serm. 
fr.  MSS.  p.  25  ) 

Conogu,  partie.  Conneu  et  reconnu.  (Duchesne, 
Preuves  de  la  Gén.  des  Chastaigniers,  p.  28,  tit.  de 
1246.  ) 

Connoissereil,  imp.  ind.  Connoitroit.  (S.  Bern. 
Serm.  fr.  mss.  p.  358.) 

Connoix,  ind.  prés.  Je  connois,  je  reconnois. 
(S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  142.) 

Conos  (ne),  ind.  prés.  Tu  ne  reconnois.  (S.  Bern. 
Serm.  fr.  mss.  p.  258.) 

Conost,  passé  défini.  Connui.  ^.5.  Bern.  Serm.  fr. 
MSS.  p.  358.) 

Conoxeut,  imp.  du  subj.  Connussent.  (S.  Bern. 
Serm.  fr.  mss.  p.  105.) 

Connexes,  ind.  prés.  Tu  connois.  (S.  Bern.  Serm. 
fr.  MSS.  p.  108.) 

Conuiset  Conuiz,  pour  connus.  (S.  Bern.  Serm. 
fr.  MSS.  p.  1  et  22.) 

Conuissiez.  imp.  du  subj.  Connussiez.  (S.  Bern. 
Serm.  fi-.  mss.  p.  25.) 

Conuit,  passé  défini.  Connui.  (S.  Bern.  Serm. 
fr.  MSS.  p.  382.) 

Conussent ,  imp.  du  subj.  Conneussent.  (Loix 
Norm.  art.  44.) 

Conustes,  imp.  du  subj.  Conneutes.  (S.  Bern. 
Serm.  fr.  mss.  p.  25.) 

Conut,  partie.  Reconnu,  déclaré.  (Duchesne,  Gén. 
de  Beth.  p.  164,  tit.  de  1247.) 

Connut,  part.  Connu,  reconnu,  déclaré,  confessé. 
(Duchesne,  Gén.  de  Bethune,  p.  107,  tit.  de  1234.) 

Cuneu,  pari.  Connu.  (Marb.   col.  1644  et  1678.' 

Cuneistra,  fut.  prés.  Connoitra.  (Marb.  col.  1678. 
('unuistra  dans  le  ms.  de  S.  Victor. 

Cunnus,  part.  Connu.  (Marb.  col.  1638.) 

Cunnissent,  ind.  prés.  Connoissent. 

Queneu,  part  Connu.  (Perard,  Hist.  de  Bourg, 
p.  450,  Tit.  de  1241.) 

VARIANTES  : 

CONGNOISTRE.  L'Amant  rendu  Cordel.  p.  514. 
COGNOISTRE.  Rymer,  T.  I,  p.  116,  tit.  de  1-270. 
CoiNiSTRE.  Loix  Norm.  art.  28,  en  latin  cognoscere. 
■  Connoistre.  S.  Gelais,  p.  128;  Rab.  T.  I,  p.  1. 
Conoistre.  Assis,  de  Jérus.  p.  163  et  171. 

CONNOYTRE. 

CONOSSERE.  S.  Bern.  Serra,  fr.  MSS.  p.  384. 


(1)  Ce  sens  est  aussi  dans  Froissart  (II,  376)  :  ((  Lesquelles  coses  il  ne  voloient  pas   congnoistrp.  à  ceuls  qui  leur  en 
demandoient.  »  Voyez  encore  Roncisvals,  p.  84.  (N.  E  ) 

(2)  Froissart  emploie  aussi  notre  locution  se  connaître  en...:  a.  Je  ne  me  congnois  mie  en  si  grans  afaires  qu'en  fais  et  ea 
maniemens  d'armes.  »  (111,  318.) 

lY.  23 


co 


178 


CO 


se,  p. 

CoNNUSTiiE.  lirilt.  Loix  d'Angl.  iol.  2,  V". 
CoNOSTiiE.  s.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  30,  et  pussim. 

CONUSTKE. 

CoNUSTER.  Tenur.  de  Littl.  fol.  59,  R". 
CuNEisTRE.  Marb.  col.  1678. 
QuENdisTKE.  Beaumanoir,  p.  209. 
QeiNesthe.  La  Colomb.  Th.  d'honn.  T.  II,  p.  119. 

Congoïr,  wrftp.  Se  réjouir  avec  quelqu'un,  le 
compliiueiiler,  le  caresser.  (Voyez  Nicol,  Monet, 
Cotgrave,  et  Oudin,  Dicl.) 

Les  oisiaux  voy  deux  à  deux  conjoir. 

Eust.  Desch.  l'ots.  MSS.  fol.  1C4,  col.  3. 

Bauduins  s'en  part,  et  si  orne 

A  Paris  vint,  s'el  conr/oï 

Li  rois,  qui  sa  complainte  oï,  etc. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  797. 

Le  ducde  Touraine  fui  au  devant  desducsde  sang 
envoyésd'Anglelerreù  Amiens,  en  1301,  pour  traiter 
de  la'paix  avec  Charles  YI.  «  Quand  ils  eurent  un 
«  petit  esté  ensemble,  elconjoili  l'un  l'autre,  etc.  » 
(Froiss.  Liv.  IV_  p.  13i  (I).)  «  Se  conjouireHl,  et  as- 
«  semblèrentdeparollestrailal}les,  et  amoureuses.  » 
(Plus  bas,  ibid.)  «  Les  jeunes  garçons  sont  aimés, 
et  conjouis  des  dames.  »  (Faucliet,  Lang.  et  Poës. 
fr.  p.  1S8  ) 

Tuit  li  courent  saluer, 

Qui  molt  le  volent  (veulent)  conjoir. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  59,  R-  col.  3. 

CONJUGAISON  : 

Congot,  ind.  prés.  Caresse.  »  Celle  qui  m'aime,  et 
«  congot.  "  (Poës.  mss.  Vatican,  n°  1522,  fol.  170.) 

Conjoi,  prêter.  Caressa.  «  Si  le  baisa,  et  conjoi.  » 
(Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7G15,  T.  II,  fol.  182.) 

Conjoie,  subj,  prés.  Caresse.  (Fabl.  mss.  du  R. 
n°  7C15,  ï.  II,  fol.  209.) 

Conjot,  ind.  prés.  Félicite.  (Fabl.  mss.  du  R. 
n»  7218,  fol.  60.) 

variantes  : 

CONGOIR.  Adams  li  Bocus,  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  IV. 
CONjoïR.  .lacqupmes  li  Viniers,  ibid.  T.  II,  p.  863. 
CoNJOUlR.  Monslrelet,  Vol.  II,  fol.  37  V"  col.  3. 

Congointure,  subst.  fém.  Conjonction.  Cbarle- 
magne  lit  peindre  dans  son  palais,  i^i  Aix,  les  sept 
arts  avec  leurs  allribuls  : 

Gramaire  i  fu  painte  première. 
Oui  nous  ensegne  en  quel  maniera 
On  doit  escrire  les  figures, 
Et  asambler  les  comjointures. 

Ph.  Mouskes,  WSS.  p.  252. 

Congre,  suhsl.  masc.  Poisson.  II  est  encore 
connu  sous  ce  nom  ;  nous  ne  le  citons  que  pour 


rapporter  ce  proverbe  ancien  :  «  Congre  (2)  de  la 
«  Rochelle.  »  (Prov.  à  la  suite  des  Poës.  mss.  avant 
1300,  T.  IV,  p.  1652.) 

Congréer  (se),  verbe.  S'épaissir,  se  cailler,  se 
congeler  x'i).  (Voyez  Jlonet,  Rob.  Estienne,  Oudin  et 
Cotgr.  Dict.)  Du  lalin  concrescere  (4).  Lait  congréé, 
pour  lait  caillé.  (Nicol,  Dict.) 

Congregable,  u/lj.  Qui  est  du  troupeau,  ou 
dans  le  troupeau.  (Dict.  de  Monet.) 

Congrégation,  subst.  fém.  Assemblée,  confé- 
rence *.  Accord ,  société ,  et  communauté  reli- 
gieuse °. 

*  Ce  mol  est,  dans  le  premier  sens,  au  passage 
suivant  :  «  Plaist  ausdils  seigneurs  que,  en  toute 
"  seurelé  expédiante,  et  nécessaire,  soient  voyes  , 
«  et  manières  advisées,  et  mises  avant,  à  obvier  à 
«  toutes  souppechons,  et  inconveniens  ù  la  dite 
«  congrégation.  "  (i.  Le  Fevre  de  S.  Rémi,  p.  38, 
Hist.  de  Charles  VI.) 

°  Congrégation  s'est  dit  aussi  pour  accord,  société. 
Les  Lisbounois  furent  les  premiers  ;^  prendre  le 
parti  de  D.  J.  Denis,  élu  roi  de  Portugal.  «  Ils 
«  estoientbien  XV  ceiils,  lou&ù' une  congrégation.  » 
(Froissarl,  Liv.  III,  p.  94,  an  1385.) 

Nous  n'employons  plus  ce  mot  que  pour  assem- 
bléeou  société  de  religion  ou  de  piété.  Dansée  dernier 
sens,  on  Mi  congréacion  d&as  S.  Bern.  Serm.  fr. 
Mis.  p.  177,  où  il  répond  aux  mots  congregaiio 
fratrum,  au  T.  III  du  Rec.  des  Ord.  p.  300  ;  mais 
c'est  vraisemblablement  une  faute,  et  il  faut  lire 
congrégacion. 

VARIANTES   (5)  : 

CONGRÉGATION.  Orth.  subsist. 

CoNGRAGATiON.  Fabl.  MSS.  (lu  R.  n»  7615,  T.  I,  fol.  69. 

CoNGRÉACiON.  Ord.  T.  III,  p.  360. 

Congreger  ,  verbe.  Assembler.  On  disoit 
cbngregcr  les  cardinaux,  pour  les  assembler.  (Mém. 
Du  Dellay,  Liv.  V,  fol.  146.)  Ce  mot  éloil  vieux  dès 
le  tems  de  Nicot.  On  lit  dans  son  dictionnaire 
«  Congreger,  dites,  assembler.  »  (Voyez  J.  Marol, 
p.  10  ;  Coût.  Gén.  T.  I,  p.  622.) 

VARIANTES  : 

CONGR'EGER.  Oudin,  Nicot,  Rob.  Est.,  Cotgrave,  Dict. 
CoNGRÉGUER.  Lett.  de  Louis  XII,  T.  II,  p.  ^. 

Congrier ,  subst.  masc.  Garenne  à  poisson. 
Terme  de  coutume.  C'est  un  espace  dans  une 
rivière  enfermé  par  des  pieux.  (Laur.  Gloss.  du  Dr. 
fr.)  Ce  mot  semble  formé  de  congre  (G),  poisson. 


(1)  Le  sens  est  faire  bon  accueil  ;  comparez  l'édition  Kervyn,  t.  IV,  p.  167  ;  t.  V,  p.  336.  (n.  e.) 

(2)  On  lit  dans  E.  Deschnmps  (fol.  485)  :  «  Chiens  de  mer,  marsouins,  saumons,  coiiyres,  turboz  et  leurs  semblables  ,  Qui 
sans  escaiUes  sont  nuisables.  »  (N.  E.) 

(3)  Au  reg.  173,  p.  250,  an.  1425,  il  signifie  convenir  :  «  Lesquelz  se  congreercnt  ensemble  d'eulx  deux  de  retourner  au  lieu 
de  HanjGl.  »  (n.  e.) 

(4)  Il  vient  de  conijrcgaye  :  «  [Les  vers]  se  congrienl  es  cors  par  chaleur  et  par  humeurs.  »  Dans  Chastelain  (Exposition...)  : 
«  Par  guerres  et  divisions  ont  peu  estre  congreées  haines  et  mautalens.  »  (N.  E.) 

g)  Voyez  aussi  Récits  d'un  ménestrel  de  Fteims  au  xiir  siècle,  p.  369  (éd.  de  Wailly).  (n.  e.) 

(B')  On  lit  iians  un  nis.  de  Corbie  (an.  1511)  :  «  Icelluy  prendeur  ne  porra  vendre  iiy  estranger  nulz  des  poissons  ,  qui 
seront  pnns  esdites  eojxcyes  et  pescheries...  Et  porra  ledit  prendeur  tendre  nasse  en  la  com-rye  d'iceulx  molins.  »  Cette 
forme  conn-ije  écarte  congn;.  qui  d'ailleurs  désigne  un  poisson  marin.  Congle  (conjuyla),  que  nous  avons  vu  plus  haut,  a 
pu  donner  coyujra,  puis  congrier.  (N.  E.) 


co 


—  179  — 


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Congroient,  3'  pers.  del'imparf. 

Se  les  mauvais  ne  conrjmient, 

Ja  li  bon  durer  ne  porroient. 

Se  che  n'est  fors  des  Sarrasins,  etc. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7itS,  fol.  154.  K-  col.  2. 

Congruité,  subsf.  fém.  Convenance.  Ce  mot 
lie  subsiste  plus  que  comme  terme  dogmatique.  On 
disoit  autrefois  : 

Ce  que  tu  dis,  est  de  congruité  (1). 

Geofr.  de  Paris,  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauvel,  fol.  35. 

Conliet.  [Intercalez  Conhet,  sorte  de  couteau 
(JJ,16,"),  p.  72,  an.  1410):  «  Lequel  prist  un  petit 
<'  coustel  ou  conhet,  dont  l'en  cerne  les  noiz  qui 
»  avoit  environ  deux  doys  d'alumelle.  »]  (n.  e.) 

Coniers,  subst.  jnasc.  plur.  Clapiers,  garennes. 
On  trouve  vun'chcs,  garennes,  coniers,  dans  Britt. 
Loix  d'Angl.  fol.  185  R°. 

Conil,  subst.  masc.  plur.  Lapin  *.  Embarras, 
manigance  ^.  Terme  obscène  '^. 

*  Ce  mot  est  employé  communément  au  sens 
propre.  Voyez  le  Gloss.  de  l'Hisl.  de  Bret.  et  Du 
Cange,-au  moi Conillos.)'  Soilenquisdewast(degast) 
«  fait  par  eux  en  parkes,  et  en  vivers,  pesson,  et  de 
"  conics,  et  de  autie  destruccion  par  eux  faites  en 
«  garennes,  et  en  boys,  et  en  toutes  choses  et  de  la 
"  verey  (véritable)  value.  "  (Brilt.  Loix  d'Angleterre, 
fol.  33.)  On  lit  pâté  de  conhi  dans  Gobin  de  Rains, 
l'oës.  MSS.  av.  1300,  T.  II ,  p.  723.  ..  Nous  prendrons 
«  uns;  gris  connin  qui  demande  le  masle.  etc.  » 
(Percef.'Vol.  l,fol.  77.) 

°  Dans  un  sens  figuré,  on  disoit  broyer  tel  conin, 
pour  susciter  tel  embarras,  faire  telle  manigance  : 

Sotiefait  son  devoir 

De  les  mener  jusqu'à  fin  ; 

La  leur  broya  tel  conin 

Que,  depuis  le  temps  de  Martin, 

Ne  pot  nul  tel  temps  veoir. 

Eusl.  Desch.  Poè's.  MSS.  fol.  '8.  col.  2. 

^  On  l'a  dit  aussi  dans  un  sens  obscène.  (Eust. 
Desch.  fol.  206.)  Conn'nie.  dans  le  même  sens.  (Ibid. 
fol.  440.)  Cliasser  aux  connins  (2),~  interprété  aussi 
en  ce  sens,  dans  le  Dict,  fr.  esp.  dOudin, 

VARIANTES  : 
CONIL. 

CoNNiL.  Joinv.  p.  -15  ;  Oudin,  Dict. 
Conin.  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  II,  p.  723. 
Connin.  Nicot,  Oudin,  Dict. 
CouNiN.  Nicot,  Dict. 

CoNVNGE.  Du  Cange,  au  mot  ilarescalliis  forinsccits. 
Conics,  plur.  Britt.  Loix  d'.\nglet.  fol.  33  V». 
CoNNis,  plur.  Ord.  T.  I,  p.  335. 
CoNNiLLE,  subst.  fém.  Oudin,  Dict. 
CONNINE,  subst.  fém.  Percef.  Vol.  I,  fol.  77,  V"  col.  2. 

Coniller,  verbe.  Se  cacher,  faire  le  poltron  *. 
Terme  de  marine  ^. 

*  Dans  le  premier  sens,  ce  mot  vient  de  connil, 
lapin,  et  signifie  proprement  se  tapir  comme  un 
lapin,  trouver  des  échappatoires,  soit  par  fuite  ou 
par  chicane.  On  ledit  souvent  en  Anjou.  De  là, 


coniller  a  signifie  faire  le  poltron.  (Voyez  les  Dict. 
d'Oudin,  Cotgrave  et  Ménage.)  «  Negligens  en  la 
■<  reformation  de  leurs  vies,  chacun  d'eux  y  dissi- 
«  mule,  elconille.  »  (Est.  de  laFr.  sous  François II, 
par  La  Planche,  p.  662.)  >■  Comment  la  philosophie 
«  vient-elle  à  cette  molesse  de  me  faire  conniller 
»  par  ces  détours  couars,  et  ridicules.  «  (Montaigne, 
Ess.  T.  II,  p.  292.)  Il  dit  aussi,  en  parlant  de  la 
mort:  «  Je  cherche  à  conniller,  et  à  me  dérober  de 
«  ce  passage.  «  (Ibid.  T.  III,  p.  349.) 

^  Comme  terme  de  marine,  ce  mot  vient  de  conille, 
certain  endroit  de  la  galère  où  se  posent  les  rames, 
lorsqu'on  ne  vogue  point.  Coniller  alors  se  dit 
lorsqu'on  retire  les  rames  dans  la  galère.  (Voyez 
Oudin,  Dict.) 

VARIANTES  : 

CONILLER.  La  Planche,  Estât  de  la  France,  p.  662. 
Conniller.  Oudin,  Dict. 

Conillière,  subst.  (cm.  Clapiers,  Garennes  *. 
Subterfuges  °. 

*  Sur  le  premier  sens,  qui  est  le  sens  propre, 
voyez  Oudin  et  Cotgrave  :  «  Ceux  qui  sont  trouvez 
«  chassans  en  garennes,  ou  conninieres  sont  punis- 
«  sables  comme  larrons.  »  (Coût,  de  Nivernois,  Coût. 
Gén.  T.  I,  p.  887.) 

^  Au  figuré,  ce  mot  signifie  subterfuges,  ressour- 
ces. «  C'est  aux  despcns  de  nostre  franchise,  et  de 
«  l'honneur  de  nostre  courage,  que  nous  desad- 
«  vouons  nostre  pensée,  et  cherchons  des  conillie- 
«  res  en  la  fausseté,  pour  nous  accorder.  «  (Essais 
de  Montaigne,  T.  III,  p.  424.) 

VARIANTES  : 
CONILLIÈRE.  Montaigne,  Ess.  T.  III,  p.  424. 
CONNiNiisKE.  Cout.  Gen.  T.  I,  p.  887. 

Conistere,  subst.  masc.  Mot  purement  grec, 
qui  signifie  :  «  Poudroir,  lieu  particulier  dans  les 
«  bains,  ou  eluves,  pour  couvrir  de  poudre  les 
«  combatans  huilés,  »  selon  Monet,  Dict. 

Conistre,  subst.  fém.  Pasquier,  Bech.  p.  723, 
cite  une  ordonnance  de  1317,  concernant  les  offi- 
ciers préposés  h  la  garde  des  portes  de  la  maison 
du  roi.  On  les  appeloit  huissiers  de  salle;  ilsétoient 
cinq,  suivant  celte  ordonnance  :  «  Il  devoit  y  en 
«  avoir  tousjours  3  en  cour,  et  s'aideront  pour  ser- 
«  vir  par  temps,  et  aura  une  provendo  (provision, 
«  ration)  d'avoine,  et  19  deniers  de  gages,  pour 
•<  toutes  choses  et  livraison  de  chandelles,  9  quayer 
«  et  6  conistres.  ■•  On  lit  plus  bas  :  «  Eux  trois 
«  ensemble  auront  9  quayer  pour  esveiller,  et  cha- 
«  cun  une  conistre,  et  une  botte  de  feurre.  « 

Conjecteur,  subst.  masc.  Qui  conjecture. 

Or  un  jour  qu'il  doutoit  quel  père  estoit  autheur 
De  son  estre,  ils'enquit  du  poëte  conjecteur. 
Pûos.  d'Am.  Jamin,  p.  55  V'. 

Conjectif,  adj.  Conjeclural.  <>  Pour  confirmation 
«  de  laquelle  chose  j'ay  argument  conjectif,  et  très 


(1)  Voyez  aussi  Charles  d'Orléans  (lll«  ballade)  :  «  Congruité,  de  incongruité  plaine,  y  (n.  E.) 

(2),  «  Le  suppliant  trouva  une  jeune  fille  de  l'âge  de  douze  ans  ou  environ  sur  le   chemin,...   laquelle  lui   demanda  s'il 

chaçoit  aux  connins,  à  quoy  il  luy  respondv  que  ouy  aux  conni-ns  privez   et  qu'il   chaceroit  au   sien,   d    (3i.    183,   p.    127, 

an.  1456.)  (N.  E.) 


co 


—  180 


co 


«  appaianl.  «  (Histoire  de  la  Toison  d"or,  Vol.  I, 
fol.  85.) 

Conjectiirable,  adj.  M.  de  la  Porte  s'est 
servi  de  ce  mot,  pour  épiihète  de  présomption. 

Conjoindro,  verbe.  Joindre  ensemble.  (Cotsjr. 
et  Rob.  Kstienne,  Dict.  ;  Voy.  Essais  de  Monlai2:ne, 
T.  II,  p.  GG'2.)  De  là  se  conjoindre,  au  ligure,  pour 
s'unir,  s"allier.  »  Le  Roy  entendoit  ùt  se  co)i joindre 
«  aveciiues  luy  par  toutes  les  plus  estroittes 
.  façons,  etc.  »  (Mém.  Du  Bellay,  liv.  V,  fol.  159.) 

Conjoint,  partie.  (1)  Ce  mot  subsiste  ;  mais  on  ne 
dit  plus  conjoints  de  nature  pour  parens.  (Voyez 
Goujet,  Bibl.  fr.  T.  XIV,  p.  84.) 

Conjoïr.  [Intercalez  Conjoïr,  faire  bon  accueil 
(voir  congoïr)  : 

Il  le  baisa  et  cil  le  cûhJoïL 

Garin,  t.  I,  p.  250. 

Les  rebaise  andeus  et  comjot. 

Hûi  Guillauroe,  p.  155. 

Froissart  écrit  aussi  :  «  Et  s'en  vint  devant 
«  Vennes  conjoïr  et  festyer  le  roi  d'En^leterre.  » 

(IV,   1C7.)]  (N.  E.) 

Conjonction.  [Intercalez  Conjonction ,  liens 
d'amitié,  puis  témoignage  de  sympaliiie  :  «  Et  par 
«  plus  grant  conjonction  de  pais  et  d'amour,  li 
«  contes  de  Flandres  esloit  venus  avoecques  euls 
«  à  Calais.  »  (Froissart,  VII,  76.)  «  Ou  cas  que  je 
«  traitte  amoureusement  à  luy,  toute  conjonction 
«  d'amour  doit  y  estre.  »  (XV,  211.)]  (n.  e.) 

Conjoncture,  siibst.  fém.  Mot  formé  de  l'italien 
congiuntiira,  et  nouvellement  introduit  dans  la 
langue.  (Voy.  préface  de  Borel,  p.  48.) 

Conjouissable.  [Intercalez  Conjouissahle , 
affable  :  «  Il  esloit  conjouissable  et  accointable  à 
toutes  gens.  ••  (Froissart,  XI,  87.)]  (jn.  e.) 

Conjouissance(2),swbsf. /m.  Ce  mol  subsiste, 
nous  le  trouvons  employé  dans  une  lettre  de 
Louis  XIV,  T.  I,  p.  20. 

Conjouissement,  subst.  masc.  Congratula- 
tion. Témoignage  de  joie  qu'on  donne  à  quelqu'un 
sur  quelque  beureux  événement.  (Oud.  et  Cotgrave, 
Dictionnaire.) 

VARIANTES  : 
CONJOUISSEMENT.  Oudin,  Nicot,  Dict. 

CON.IOYSSEMENT. 

Conjoy,  subst.  masc.  Caresses,  faveurs,  plaisir. 
Ce  substantif  est  formé  du  verbe  congoir  ci-dessus, 
et  s'emploie  dans  les  mêmes  sens.  On  lit  dans  ces 
vers  : 


Jehans  n'ert  (n'estoit)  pas  en  la  vile, 

Si  s'en  refisl  chascuns  plus  jois  (joyeux)  ; 
Mes  celé  nuit  à  grans  conjois 
Furent,  etc. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  211.  V*  col.  i. 

VARIANTES  : 

CONJOY.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  278,  col.  2. 
CoNJOi.  Fabl.  MSS.  du  R.  n°  7218,  fol.  211,  V"  col.  2. 

Conjoye,  adj.  au  fém.  Favorable.  On  a  dit,  en 
parlant  h  l'espérance.  «  Bieneureuse,  et  conjoye 
•"  soit  ta  désirée  venue,  dame  secourable,  source 
«  de  confort,  et  refuge  des  adoulez  (aflligez).  »  (Al. 
Chart.  l'Espcr.  p.  330.) 

Conjugata.  On  trouve  rime  conjugata,  dans 
Sibilet  (Art.  Poët.  liv.  H,  p.  146.) 

Conjungo.  Verbe  latin  employé  comme  subs- 
tantif, pour  mariage,  dans  ce  vers  : 

Il  veut  le  cniijitnrjn. 

La  comtesse  d'Orgueil  de  Tli.  Corneille,  acte  II.  se.  1)1. 

Conjur.  [Intercalez  Conjur,  encbantement  : 

Au  planter  tel  conjitr  i  firent 
Que  tous  tans  cil  arbre  florirent. 

Flore  et  Blancellor,  v.  629. |  |N.  ï.) 

Conjuraison,  subst.  fém.  Conjuration. 

Que  les  cn)ijuravsons 

D'iniquité  soient,  par  vos  oraisons, 
Tournez  en  cendre  à  grande  confusion 
De  l'ennemy,  etc. 

,  Les  Marg.  de  la  Marg.  fol.  273,  Rv 

VARIANTES  : 
CONJURAISON.  Les  Marg.  de  la  Marg.  fol.  273,  R». 
CoNJUROisoN.  Eust.  Descli.  Poës.  MSS.  fol.  139,  col.  4. 

Conjurateur,  s(i&s^  masc.  Conjuré*.  Témoin 
qui  jure  en  justice  ^  (3). 

*Sur  le  premier  sens  de  conjuré,  voyez  Nuictsde 
Strapar.  T.  II,p.  207. 

°  Le  second  sens  se  trouve  dans  Britton.  Loix 
d'Anglet.  fol.  CO,  R°. 

Conjuration,  sul)sl.  fém.  Déclaration  affirmée 
par  serment*  Conlrairie^. 

*  Ce  mot,  dont  nous  ne  rapporterons  point  les 
acceptions  subsistantes  ,  s'est  employé  autrefois 
pour  certificat  affirmé  par  serment  :  »  Les  cbirur- 
«  giens  ayant  veu  les  playes,  ou  blessures  de  tel 
«  navré,  "afferment,  et  déclairent  le  péril  oij  il  est 
«  constitué,  lesquels  serment,  et  déclaration  sont 
«  rédigez  par  escrit,  et  en  vulgaire  est  appelle  con- 
«  jurdtion.  »  (Coût,  de  Tournay,  Coût.  Gén.  T.  II, 
page  944.) 

°  On  a  aussi  donné  autrefois  le  nom  de  conjura- 
tion aux  coufrairies.  Elles  emprunloient  celte  déno- 
mination "  du  jurement  (|ue  se  faisoient  les 
<'  confrères,  les  uns  aux  autres,  de  s'assister  envers 
«  tous,  et  contre  tous,  ;"!  la  reserve  de  leurs  sei- 
»  gneurs  dominans.  »  ^Le  P.  Meneslr.  de  la  Chev. 
page  207.) 


(1)  Ce  participe  est  dans  Benoit  de  S"  More  (II,  10665).  (n.  e.) 

(2)  Le  mot  est  dans  Ghastellain  :  «  Tous  deux  joyeusement  le  receurent  et  lui  firent  fiste  siconjouissance.  »  (Dictionnair* 
ae  Dochez.)  (n.  e.) 

(3)  Il  ne  faut  pas  confondre  les  conjurateurs  ou  cojurateurs  avec  les  témoins  ;  ils  ne  déposaient  pas  de  visu  et  audilK, 
mais  donnaient  à  leur  partie  comme  un  certificat  de  moralité.  Ainsi  ce  fut  par  le  serment  de  72  cujurateurs  que  Frédegond» 
se  juslitîa  devant  le  roi  Contran  du  meurtre  de  Chilpéric.  (n.  e.) 


co 


181  — 


co 


Conjure,  Sîtisf.  fém.  Conjuration*.  Semonce, 
injonction  ^  (1). 

*  Ce  mot  est  interprété,  au  premier  sens,  par 
Oudin  et  Cotgrave.  Le  passage  suivant  justifie  leur 
explication  :  >■  Plusieurs,  qui  n'avoienl  point  cesle 
«  Iraïson  agréable,  se  vindrent  rendre  à  César,  par 
«  lesqtielz  il  sceut  tout  leur  conjure.  »  (Tri.  des 
IXPreux,  p.  IGl.) 

^  Il  signifioit  aussi  semonce,  injonction,  invita- 
tion au\  juges.  (Voyez  Laurière,  Gloss.  du  Dr.  fr.) 
«  Conjure  est  un  terme  ancien  qui  se  trouve  es 
«  vieilles  coustumes,  chroniques,  et  romans,  et  si- 
«  gnifie  que  ceux  qui  sont  appeliez  pour  juger, 
«  sont  semonds  par  serment  de  faire  ensemble  bon 
«  jugement,  et  se  prend  aussi  pour  la  conjure  en 
«  autres  acte,  comme  en  la  chronique  de  Flandres,  et 
•  autres.  >'  (Bout.Som.Rur.  p.  19.)  Voy.  Ibid.  p.  160, 
où  l'éditeur,  qui  écrivoit  vers  l'an  1600,  fait  cette 
observation  :  «  La  forme  de  procéder  par  conjure 
«  d'hommes  de  fief  ne  s'observe  plus  en  France.  » 
(Voyez  Du  Gange,  au  mot  Conjuramentum.) 

On  appeloit  cour  de  conjure,  celle  ou  l'on  jugeoit 
en  verlu  de  la  semonce  faite  par  le  Seigneur. 
«  Cour  jougeant  par  conjure  du  Seigneur  ••  est  dis- 
tinguée de  la  cour  du  souverain.  Dans  Bout.  Som. 
Rur.  p.  33  on  lit,  en  parlant  de  trêves  :  «  11  con- 
«  vient,  qui  avoir  le  veut,  faire  adjourner  la  partie 
«  de  qui  on  la  veut  avoir,  à  certain  jour,  par 
«  devant  juge  qui  donner  la  puisse  ;  c'est  à  sçavoir, 
"  si  c'est  en  cour  où  on  use  par  commission,  il 
«  convient  que  ce  soit  par  commission  contenant 
«  le  cas,  et  si  c'est  en  cour  où  un  use  par  conjure, 
«  ou  semonce  d'hommes,  sans  commission.  Il  cnu- 
«  vientquecesoitpar  plainte faiteàhommes.  »  (Bout. 
Som.  Rur.  p.  2G7.  —  Voy.  Laur.  Gloss.  du  Droit  fr.) 

Conjurement ,  sul)st.  mase.  Conspiration  *. 
Conjuration  magique  ^  (2).  Semonce,  injonction, 
invitation  aux  juges '^. 

*  Marot  a  employé  ce  mot,  dans  le  premier  sens 
de  conspiration  : 

Conjuremens,  et  civiles  bataillps. 

Jean  Marot,  p.  53. 

°  Ce  mot  est  pour  conjuration  magi(]ue,  dans  le 


passage  suivant,  où  l'on  parle  du  serment  fait  par 
ceux  qui  soutenoient  le  gage  de  bataille  :  «  Je  n"ay, 
«  ne  entens  porter  sur  moy,  ne  sur  mon  cheval, 
"  paroles,  pierres,  herbes,  charmes,  charrois,  eon- 
«  JHîrH/fHS,  neinvocationsd'ennemis'dedémonsV  ■> 
(Ord.  T.  I,  p.  -UO.) 

"^  Enfin  ce  mot  signifioit  la  même  chose  que  le  mot 
conjure  (3),  pris  dans  le  sens  de  semonce  faite  aux 
juges.  (Bout.  Som.  Rur.  page  29. j  C'étoit  aussi  une 
semonce,  ou  demande  faite  pour  obtenir  d'eux  un 
jugement.  (.4ssis.  de  Jérus.  p.  146.) 

Conjurer,  verbe.  Semondre,  sommer  les  juges*. 
Affirmer  par  serment^.  Conspirer*^  (4). 

*  Le  premier  sens  est  une  des  acceptions  des 
mots  conjure  et  conjurement.  De  là,  conjurer,  pour 
semondre,  sommer  les  juges  de  rendre  bon  juge- 
ment. ;Gioss.  sur  les  Coût,  de  Beauvoisis,  et  Du 
Gange,  au  mot  Conjurare,  2.)  (5)  Conjurer  de  lOij,et 
conjurer,  et  faire  dire  loij  expriment  l'injonction 
faite  aux  juges,  ou  vassaux  d'un  seigneur  de  rendre 
la  justice  :  «  A  l'acheteur  compote  à  payer  le  droict 
«  des  juges,  par  devant  qui  le  vendage  se  passe, 
"  selon  ia  coustume  du  lieu,  avec  le  droict  du  bail- 
«  lif,  ou  majeur  qui  les  juges  conjurent  deloij.  » 
(Bout.  Som.  Rur.  p.  3(55.)  (G) 

^  On  disoit  aussi  se  conjurer,  pour  se  lier  par 
serment.  .Vous  avons  vu  conjuration,  pour  affirma- 
tion avec  serment,  et  c'est  évidemment  en  ce  sens 
qu'il  faut  renlendre,  dans  le  passage  suivant  : 
«  Sire,  dist  elle,  je  m'en  prise  mieulx,  se  pour 
«  l'amour  de  vous,  je  garde  mon  pucellage,  que  se 
«  je  esloye  dame  de  la  plus  riche  terre  du  monde  : 
«  car  je  ne  m'en  pourroye  mie  conjurer  pour  nul 
•<  plus  vaillant  homme  que  vous  esles.  »  (Lanc.  du 
Lac,  T.  II,  fol.  78.)  C'est-à-dire  je  ne  me  pourrois 
obliger  par  serment  à  le  garder,  etc. 

'^Conjurer  une  querelle  signifioit  conspirer. 

Oui  dédaigne  l'amour,  il  méprise  Dieu  même, 
Et  beauté  qui  est  jointe  à  leur  grandeur  suprême  : 
Car  amour,  Dieu,  beauté,  ne  sont  ensemble  qu'un. 
Qui  contre  l'un  des  trois  conjure  une  querelle, 
Celuy  là  des  giants  (géants)  l'audace  renouvelle, 
Digne  que  son  destin  avec  eux  soit  commun. 
Pocs  d'Aniad.  Jamin,  fol.  89,  V. 


(1)  Conjure  a  eu  aussi  les  deux  significations  suivantes  :  1"  Avertissement  :  <;  [Les  informations]  furent  recordées  par  loy 
et  par  jugement  par  les  eschevains  de  la  Levé  à  le  semonse  et  fO)î_/i(re  des  baillis  dudit  lieu.  »  (.1.1.  138,  p.  252,  an.  1390.) 
2'  Asseinblée  des  échevins  et  des  jurés  dans  une  commune  ;  «  Quiconques  destourbera  eschevins  ne  coremanz  ,  quant  il 
siéent  en  banc  et  font  conjure,  il  doit  amender  au  seigneur  de  .in.  soulz.  »  (JJ.  69,  p.  3C5,  an.  1304.)  (N.  E.) 

^2)  Avec  le  sens  de  sortilège,  on  a  dit  :  «  Icellui  Jeban  s'en  ala  sans  faire  aucune  diligence  d'envoyer  quérir  mire  ne 
phisicien,  fors  seulement  qu'il  se  feist  conjurer  la  playe  par  un  homme  dudit  lieu...  et  quant  il  s'apperceut  que  ledit 
conjurement  ne  lui  pourfîtoit  aucunement,  il  envoya  quérir  un  barbier.  »  (.IJ.  152,  p.  92,  an.  1397.)  On  employait  encore  ce 
sortilège  pour  retrouver  les  objets  perdus  :  «  L'exposant  et  Pierre  Ricart,  prestre  et  curé  de  la  ville  et  paroisse  de  Fricourt, 
qui  est  renommé  ds  faire  conjuremens  et  enseigner  choses  perdues ,  et  que  par  famé  et  commune  renommée  aucunes 
personnes  dudit  pais  estoient  soupeçonnez  d'avoir  mis  et  bouté  le  feu  depuis  un  an  en  ça  es  maisons  de  Baudin...  ont  pris 
un  saulier  ou  aulre  livre,  et  icellui  lié  par  dessus  dune  petite  lanière  de  cuir  de  serf,  et  entre  deux  feulles  mis  un  fusel,  et 
sur  ledit  livre  fait  plusieurs  conjurations,  et  tant  que  ledit  livre  ilz  firent  tourner  contre  ceulx  que  l'en  soupeçonnoit  avoir 
mis  et  bouté  ledit  feu  es  dites  maisons.  »  (J.l.  1.55,  p.  222,  an.  1400.)  (N.  E.) 

(3)  «  Le  dit  Andrieu,  au  co/ijiifemejif  des  jurez  de  nostre  ville  de  Tournay...,  encoulpa  et  empescha  ledit  exposant.  » 
(JJ.  121,  p.  43,  an.  1381.)  (N.  E.) 

(4)  Co?y «rec  a  été  employé  au  sens  de  bannir;  «  Bietris  de  Prouvius  et  Agnes  d'.Abbeville  ,  toutes  famés  de  chans 
furent  cotijurécs,  sus  poine  d'estre  hrullées,  de  la  terre.  »  (Du  Cange,  II,  541,  col.  3,  p.  de  1282.)  (n.  e.) 

(5)  Ce  mot  a  signifié  appeler  en  justice  son  seigneur  :  «  Ce  sont  ceaus  qui  peuvent  gager  ou  semondre  ,  ou  conjurer  le 
seignor  de  sa  foi.  Celui  à  qui  le  seignor  doit  aucune  chose  de  son  fié,  le  peut  semondre^  ou  gager  dou  service  ,  que  il  li 
doit  de  celui  fié,  ou  conjurer  de  sa  foi.  »  (Assises  de  Jérusalem,  c.  242  )  Voyez  encore  ch.  CCXLIV  et  CCXLVII.)  (N.  E.) 

(6)  Conjurer  a  eu  aussi  le  sens  de  mander  ses  pairs  pour  le  service  de  court  et  plaid  :  «  Doit  requerre  et  conjurer  ses 
pars,  si  comme  il  doit,  que  il  destraignent  le  seignor.  »  (Id.,  c.  206  )  Voir  encore  ch.  CCVII.  (n.  e.> 


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Conjuroison.  [Intercalez  Conjuroison,  cons- 
piration: "  Pour  aucunes  conspirations,  monopoles 
»  et  ciiiijiiroisons  longlenips  apensées  et  conlre- 
«  pensi'os.  "  (.1.1.  IC)'.),  p.  'in,  au.  lilG.)]  (n.  e.) 

Conlice,  adj.  Licite,  permis,  du  lat.  concililus. 

N'onquRS  ii'avoient  successeurs, 
Que  par  mort,  point  ne  {i\t  contiœ 
De  remuer,  sans  grant  malice, 
Ses  servens. 

Kust.  Drach.  Poès.  MSS.  fol.  317,  col.  2. 

Conincntle,  subst.  fém. 

Mau  vit,  dit  on  qui  n'amende. 
Et  en  raeffait  ne  gist  coiimciide. 

Geofr.  de  Pans,  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  M.  i(j. 

Connietre,  verbe.  Terme  de  chasse. 

Adonc  verres  vostre  cerf  rendre 

Aux  abais  ;  lors  sens  plus  attendre 

Y  devés  vos  josnes  chiens  mestre, 

Avec  les  vieux,  pour  les  coumetre 

Et  les  ensaingner,  et  aprendre, 

.\ux  quieux  cerfs  ils  se  doivent  prendre. 

Font.  Giiér.  Très,  de  Vén.  MS.  |..  IR. 

Coiinebers,  suhst.  mctsc.  Outil  de  tisserand  *. 
Terme  obscène  ^. 

*  Connebers,  au  premier  sens,  est  probablement 
le  même  que  coniebers  (1),  outil  à  l'usage  des  tisse- 
rands, peut  être  la  navette. 

^  Ce  mot  s'est  pris,  au  figuré,  dans  une  significa- 
tion obscène.  On  en  trouve  plusieurs  exemples 
dans  les  Fabl.  mss.  du  R.  n»  7218,  l'ol.  '248,  V»  col.  1 
et  passim. 

VARIANTES  : 

CONNEBERS.  Stilus  curiœ   Parlamenti,  Paris  4531,  p.  401. 
CONNEBERT.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  '2il,  V-  col.  1. 
CoNEiiEivr.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  277,  R"  col.  2. 

Connesqiie,  adjectif.  Mol  formé  d'un  terme 
obscène.  (,Voyez  Des  Ace.  Bigarr.  fol.  32.) 

Connestable  ,  subst.  mmc.  Chef ,  maître  *. 
Officier  de  la  couronne^.  Officier  d'année^.  Gou- 
verneur °.  Officier  de  justice^.  Chef  d'un  corps  de 
ville  ou  de  commune''.  Inspecteur  de  corps  de 
métier  °.  Chef  de  confrairie  "  Maître  d'hôlel  ' .  Troupe 
de  gens  de  guerre". 

.Nous  allons  expliquer  successivement  les  accep- 
tions si  variées  d'un  mot  qui  n'a  plus  d'objet  subsis- 
tant. On  a  donné  à  ce  mot  diverses  étymologies.  On 
l'a  plus  généralement  fait  venir  de  comefi  stabidi  (2), 
mais  il  nous  paroit  plutôt  tirer  sa  source  du  mot 
établir,  ordonner,  d'où  établissement,  ordonnance, 
tels  que  les  eslablissemens  de  S.  Louis. 

*  Sa  signilication  propre  et  primordiale  est  donc 
en  général  celle  de  chef,  maître,  qui  ordonne,  qui 
établit.  On  le  trouve,  en  ce  sens,  dans  les  leçons 
dictées  à  un  amant  pour  régler  sa  conduite  : 


Amours  ne  le  dist  pas  ensi; 
Ordenance  y  met,  et  aussi 
Souvent  le  tait,  pour  esprouver 
L'amant;  et  s'il  le  poet  trouver 
Ferme,  et  loyal,  et  bien  estable. 
Il  eu  fait  sen  droit  cunntistablc, 
Et  le  met  en  possession 
De  toute  sa  subjection,  etc. 

Froissart,  Poiis.  MSS.  p.  7,  col.  1  et  2. 

^  La  signification  la  plus  connue  du  mot  connes- 
table est  celle  d'officierde  la  couronne,  autrefois  le 
premier  officier  des  armées  (3).  On  la  employé  pour 
désigner  un  pouvoir  semblable  ;  ainsi  on  a  nommé: 
«  Oloferne,  connestable  de  Nabugodonozor.  »  (Le 
Jouvenc.  f"  37.)  «  Moyses  connestables  desJuys  f4).  » 
(Fabl.  M.'^S.  du  l(.  n"  7218,  fol.  2'(2.)  «  Lucius  Papi- 
«  rius  dictateur,  et  Quinliis  Fabius,  maistre  de  la 
»  chevalerie,  qui  est  l'office  que  j'estime  comme 
"  nous  disons  en  France  le  (:0HH('sV«/)/c,  ou  qu'on 
«  nomme  en  diverses  places,  et  escriplures,  prince 
«  des  chevaliers  »  (Ilist.  de  la  Toison  d'or,  Vol.  II, 
fol.  76.)  «  Parmenion  connestable,  ou  prince  de  la 
»  chevalerie  d'Alexandre.  «  (Ibid.  Vol.  I,  fol.  21.) 
«  Donc  fait-on,  en  ung  ost  ung  connestable,  sinon 
»  afin  que  touz  ceulx  qui  y  sont,  soient  membres, 
«  et  luy  cheIT  pour  gouverner.  «  (L'Arbre  des  Bat. 
Ms.  fol.  48.)  «  Deux  choses  y  sont  nécessaires  à 
«  l'encommencement  ;  c'est  assavoir  le  duc  de  la 
«  bataille,  lequel  aujourdhuy  on  appelle  fOJin^s/ff/j/f', 
«  ou  le  mnrécbal  de  l'ost,  et  l'autre  si  est  deue 
»  ordonnance  de  a:ens  lesquelz  doivent  faire  balail- 
«  les.  ..  (Ibid.  fol. '71.)  Perceforest  (Vol.  II,  fol.  23) 
appelle  «  Maréchal  du  royaume  d'Ecosse  »  le  même 
officier  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  connestable. 
(Ibid.  fol.  36.) 

'^  On  a  employé  aussi  le  mot  connestable  {^),  non 
pas  seulement  pour  le  commandant  général  des 
armées,  mais  simplement  pour  général  d'une  armée 
et  même  quelquefois  pour  officier  particulier  d'un 
corps,  comme  dans  ces  vers  : 

Troiz  coimestahles-  establiront  , 
Et  trois  conrois  d'armez  feront. 

Rom.  de  Rou,  MS.  page  179. 

Et  dans  le  Rom.  de  Brut  : 

Un  chevalier  moult  secourable, 
De  deux  légions  connestable. 

MS.  fol.  47,  V"  col.  t. 

Froissart  dit  de  B.  Du  Guesclin  ,  qui  n'avoit  été 
que  proposé  pour  être  connétable  de  France  : 
«  Estoyentdeux  mille  lances,  chevaliers,  etescuyers, 
»  et  six  mille  lances  chevaliers,  et  escuyers,  et  six 
«  mille  brigans  à  pie  ,  à  lances  et  à  pavois 
«  (boucliers)  ;  et  de  tous  ces  gens  estoit  connestable, 
«  et  gouverneur  messire  Bertrand  Du  Guesclin.  » 


(1)  «  Item  les  tisserands  disoient  que  li  tainluriers  no  dévoient  avoir  en  leur  maisons  oustius,  que  l'en  appelle  cornebers, 
tonres,  lates,  conoingnole.  »  (Olim.,  fol.  48,  v»,  an.  1279.)  (n.  e.) 

(2)  Le  connétable  fut  d'abord  le  chet  des  écuries  ;  puis  il  abandonna  ces  fonctions  domestiques,  et  à  la  mort  du  sénéchal 
(1191),  il  devint  le  chef  de  l'armée.  (N.  E.) 

(3)  Voir  sur  le  connétable.  Du  Gange,  II,  459,  col.  2  et  3.  (n.  e  ) 

(4)  On  lit  au  Livre  des  Rois  (185)  :  «  David  survit  sa  ost;  si  list  cunestables  sur  mil  chevaliers,  et  altres  sur  cent.  »  (N.  E.) 

(5)  Au  xiv«  siècle,  on  donnait  ce  titre  aux  commandants  des  arbalétriers  génois  et  des  bandes  écossaises.  On  lit  dans 
une  ordonnance  du  Roi  Jean  (Du  Gange,  II,  4lil,  col.  1)  :  «  Tous  piétons  soient  mis  par  connestablies  ou  compagnies  de  25 
f)U  30  hommes,  et  que  chaque  connestable  prenne  doubles  gages,  et  que  les  maresci^aux.pour  les  gendarmes,  elles  maistres 
des  arbaleslriers,  pour  les  piétons,  assisteront  aux  monstres  deux  fois  par  mois.  »  (n.  e.) 


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(Froissart,  Liv.  I,  p.  393.)  «  Or,  tout  ainsi  que  l'on 
«  prenoit  anciennement  le  nom  de connestable  pour 
«  un  clief  général  d'une  armée,  aussi  ceux  qui 
.  commandèrent  quelquefois  sur  quelques  bandes 
«  voulurent  aussi  sa[)pe\\ev  connestabics ,  h  l'imi- 
«  talion  de  leur  chef.  Louys  le  Gros  ordonna  ses 
«  batailles,  et  mit  en  chacune  conuestables ,  et 
«  cbevetains  (capitaines^  »  (Pasq.  Kech.  p.  99.)  On 
trouve  des  conncstables  de  220  sergents,  dans  les 
Ord.  T.  V,  p.  421  ■,connest(ibles  d'airhers,  dans  Merlin 
Cocaie,  T.  I,  p.  '291  ;  connestables  d'arbulestriers, 
dans  les  Ord.  T.  V,  p.  67  ;  connestable  de  guet,  dans 
Froissart,  Liv.  II,  p.  2ô4  (1). 

On  entendoit,  par  connestable  des  sergents,  celui 
qui  commandoit  les  écuyers.  «  Lors  prist  le  roy  le 
«  trésor  du  lemple,  et  si  le  douna  as  chevaliers,  et 
«  as  serjans  ,  et  commanda  à  connestables  des 
<-  serjans  que  chascun  feist  une  barrière  des  armes 
«  le  roy  d'Ani^ielerre.  »  (Contin.  de  G.  de  Tyr,  Mar- 
tene,  T.  V,  col.  601.) 

Le  connestable  de  l' ost  éloil  ce  que  nous  nom- 
mons maréchal-général-des-logis,  et  avoit  sous  lui 
un  maréchal.  Dans  l'armée  corn  mandée  par  le  comte 
de  Buckingham  ,  fils  d'Edouard  ,  roi  d'Angleterre, 
en  1380,  <•  le  sire  d'Espensier  estoit  comiestable  de 
•  l'ost.  Le  sire  Fil  ■\Vasthiermaresclial,  etc.  »  (Froiss. 
Liv.  II,  p.  85.) 

"  Connestable  s'est  dit  aussi  pour  gouverneur  (2). 
«  Fit  pareillement  Joachin  liaoult,  le  seiment, 
«  comme  connestable  de  la  dite  ville,  et  cité  de 
«  Bourdeaux  ,  ([ui  est  à  dire  qu'il  vint  faire  le 
«  serment  comme  capitaine.  »  (Pasq.  Rech.  p.  99.) 
»  Fut  ordonné  le  dit  trésorier  ,  pour  les  gi  ans 
«  diligences  qu'il  avoit  faictes  ù  la  poursuite  de  la 
«  dicle  duché  de  Guyenne,  maire  de  la  cité  de 
«  Bo\irdeaux  ,  et  pareillement  fut  aussi  ordonné 
«  Joachin  Rohault  contable  du  dit  lieu,  et  en  feit 
«  le  serment  en  la  main  du  dit  chancellier,  et  le  dit 
"  maire  ès-mains  d'iceux  chancellier,  eieontable.  » 
(Monstiel.  Vol.  lit,  fol.  36.  —  Voyez  Du  Gange,  au 
mot  Constabiilarius  castri ,  fol.  818 ,  où  on  lit 
connestable  de  Bourdeaux,  et  connestable  de  S. 
Malo,  dans  le  même  sens.) 

^Connestable  s'est  pris  aussi  pour  officier  de  jus- 
tice (3).  L'éditeur  des  Ordonnancées,  qui  cite  l'Hist. 
des  comtes  de  Carcassonne,  par  Besse ,  dit  que 
»  S.  Louis,  étant  devenu  maître  de  Carcassonne,  en 
«  1247  ;  y  establit,  pour  la  défense  de  cette  ville, 
«  une  confrairie  de  220  hommes,  nommez sergens, 
«  choisis  entre  les  plus  considérables  bourgeois  de 
«  celte  ville,  et  il  leur  donna,  pour  chef,  un  prevost 
"  nommé  aussi  connestable  qui,  outre  le  comman- 


'<  dément  des  sergents,  avoit  aussi  la  justice  civile 
«  el  criminelle  dans  la  ville.  »  (Ord.  T.  V,  p.  421.) 
"^  Connestable  s'est  dit  pour  officier  principal  d'un 
corps  de  ville,  d'une  paroisse,  d'u  ne  commu  ne,  impo- 
siteur  et  coUecleur  des  deniers  d'une  commune. 
«  Au  regard  des  six  hommes  du  conseil,  déclarons 
«  qu'iceux  serontchoisiscomme  les  jurez,  prins  tou- 
«  tesfois  sur  cel'advis  des  dix  connestables  de  ladite 
«  ville.  >■  (Coût,  de  Bincli.  Nouv.  Coût  Gén.  T.  II, 
p,  202.)  On  lit,  en  parlant  de  l'armée  du  duc  de 
Bourgogne,  en  1411  :  «  Quand  ils  furent  retournez 
«  en  la  lente  de  Gand,  où  se  lenoienl  leurs  conseils, 
«  feirent  assembler  1res  grand  nombre  de  eonne&- 
«  tables,  et  dizeniers  d'ieelle  commune  «  (Monslrel. 
Vol.  I,  fol.  130.)  Ph.  d'Artevelle  dit  aux  Gantois 
résolus  de  se  bien  défendre  contre  le  comte  de 
Flandres  :  »  J'envoyerai  es  connestables  des  pa- 
«  roisses,  de  maison  en  maison,  pour  prendre,  et 
«  élire  les  plus  aidables,  et  mieux  armés.  »  (Froiss. 
Liv.  II,  p.  178,  an  1382)  «  Quiconque  dit  quelque 
X  injure  à  aucun  officier,  ou  aux  sergensdu  seigneur, 
»  aux  chefs  manans,  ammaux  (sic),  asséeurs,  im- 
><  positeurs,  connestables ,  ou  autres  personnes 
«  semblables, etc.  «  (Coût.  deBergh.  S.  Winox,  Nouv. 
Coût  Gén.  T.  I,  p.  507.)  c  Chascun  connétable,  ou 
"  receveur  est  tenu  de  prêter  serment  es  mains  du 
«  bailly,  et  de  laloy.  «(îNouv.  Coût.  Gén.T.I,  p.  551,) 

Ondislinguoit  :  ■-  Les  i'o«yicsfflfc/fs  des  communes, 
«  des  portes  des  villes,  des  serjeants.  »  (Cilaliondu 
Gloss.  lat.  de  Du  Cange,  au  mot  Constabulariiis 
castri  (4).)  »  Les  dits  imposileurs,  connestables,  el 
«  asseurs  sont  tenus  d'imposer  tous  les  residans, 
"  etc.  "  (Coût,  de  Bergh.  S.  Winox,  Nouv.  Coût. 
Gén.  T.  I,  p.  537.) 

Il  semble  qu'on  ail  entendu  par  le  comptable  de 
Bordeaux,  le  receveur  des  deniers  de  la  ville.  Il  eut 
un  démêlé  avec  le  niaitre  delà  monnoye.  (Voyez  les 
Mém.  de  Montluc,  T.  11,  p.  2'<5,  an  1567,  et  conta- 
blerie  de  Boitleaux,  ci-après.) 

'^Connestable  s'est  mis  pour  inspecteur  descorps  de 
métier:  ■<  Seront  par  les  dits  prevost  jurez,  et  conseil 
«  renouveliez  les  connestables,  el  esvars  (inspec- 
«  leurs)  des  mestiers,  et  il  ce  choisis  les  plus  idoines.» 
(Coût,  de  Binch,  Nouv.  Coût.  Gén.  T.  Il,  p.  202.) 

"  Connestable  s'est  pris  pour  chef  de  confrairie  : 
»  Les  mayeur,  eschevins  de  quelque  lieu,  connes- 
»  tailles  (b)  de  confréries,  meslier,  ou  autre  chef  de 
>•  collège.  »  (Coût,  de  llainaut,  Nouv.  Coul.  Gén. 
T.  II,  p.  109.) 

'  Connestable  a  été  le  nom  des  simples  maîtres 
d'hôtel.  Voyez  Dict.  de  Corneille ,  qui  cite  ces  vers  : 

Amis  allez  as  cuiinentables, 

Et  dites  qu'ils  mettent  les  tables. 


(1)  M.  Kervyjn  (X,  259)  imprime  :  «  Coaneslahle  clou  gait.  »  (n.  e.) 

(2)  «  Loyset  de  Fontaines,  escuier,  t'(»ii!£sfafc/e  de  la  ville  de  Louviers...,  feust  alez  sur  les  murs  de  la  dite  ville   pour 
visiter  le  guet.  »  (,1J.  117,  p.  149,  an.  1380  )  (n.  e.) 

(3)  C'est  un  baiili  ou  un  prévôt  ;  «  Haut  homme,  noble  et  poisant  monsieur  de  Colesbert ,  connestabte  de  Boulenois  el 
terroir  d'Ostrewit.  »  (J.(.  120,  p.  59,  an.  1368.)  (N.  E.) 

(4)  On  lit  même  au  reg.  J.I.  96,  p.  408.  an.  1364  ;   «   Ledit  Lotard  ala  querre  deux   sergenz   et   les  mena  ,   ensemble   ?e 
connestable  de  la  nie  où  il  demeuroit  pour  le  temps  [à  Tournay]  en  la  maison  de  la  dite  Jehanne.  »  (N.  E.) 

(5)  «  Le  fO/(Hfs^i6fe  desdis  confrères  de  l'arbaleste  avoit  intention  de  faire  traire  par  esbatement  à   un  pié  de  buef,  qui 
devoit  eslre  mis  en  hault  à  un  pel.  »  (JJ.  153,  p.  220,  an.  139S.)  (N.  E.) 


co 


-  184  — 


CO 


Fauchet  rapporte  les  vers  suivans  : 

Et  veissiez  couvrir  ces  tables, 
As  chamberlans,  et  conncslahles, 
De  pots,  et  de  hanaps  d'argeni. 

Il  ajoute  :  «  Mais  lors  il  faut  penser  que  tels 
«  chamberlans,  et  connestabloi  estoyent  ce  qu'au- 
«  jourdhuy  sont  les  varlcts  de  chambre,  escuyers 
«  tranchans,  et  gentilshommes  servans.  »  (Fauchet, 
Orig.  des  Dignités  de  Fr.  p.  33.) 

"  Enfin  le  mot  de  conuestahle  servoit  ù  désigner 
certaines  compagnies  degens  de  guerre  qui,  du  nom 
de  leurs  chefs,  furent  appelées  connestahles.  En 
parhint  des  troupes  qui  ctoient  au  service  du  duc 
de  Bourgogne,  en  1451,  on  dit  qu'on  les  départit 
par  connestahles  el  par  dizaines.  (Mém.  d'Ol.  de  la 
Marche,  Liv.  I,  p.  "243.)  «  Adonc  ils  répondirent  par 
«  connestahles,  qu'ils  ne  se  doutassent  aucunement 
«  de  riens,  et  que  mort  d'homme  ne  fut  oncques 
«  chèrement  vendue  comme  la  leur  seroil.  »  (Percef. 
Vol.  IV,  fol.  81.)  De  là,  le  même  auteur  emploie  le 
nom  de  connestahles  pour  désigner  les  soldats  de 
Pilate;enparlântducenlurion,celauteurdit:  «  Adonc 
«  esloient  tous  ses  connestahles  au  loing.  "  (Percef. 
Vol.  VI,  fol.  123.) 

Ainsi  nous  avons  vu  le  mot  de  connestable 
dégradé  en  quelque  façon  de  proche  en  proche, 
passer  du  commandant  général  des  armées  jusqu'au 
simple  soldat. 

Remarquons  cette  expression  figurée  :  se  faire 
connestable. 

Droiz  dit  c'on  doit  trois  fois  penser 
La  chose  c'on  vuet  recorder, 
Ainz  qu'on  s'en  fasce  connestable. 

Fabl  MSS.  du  R  n-  7(M5,  T.  I,  fol.  109,  V  col.  1. 

Nous  finirons  cet  article  par  le  proverbe  suivant, 
auquel  le  connétable  de  Montmorency  donna  lieu  : 
Les  patenôtres  de  M.  le  connestable.  Brantôme, 
parlant  de  l'attention  de  ceconétable  à  dire  tous  les 
matins  ses  patenôtres,  ajoute  qu'on  disoit  dans 
l'armée  :  "  Qu'il  se  faloit  garder  des  patenostres  de 
«  M.  le  connestable,  car  en  les  disant,  ou  marmo- 
«  tant,  lorsque  les  occasions  se  presentoient,  il 
»  disoit,  allez  nioy  prendre  un  tel,  attachez  celuy-là 
<'  à  un  arbre,  etc.  »  (Brant.  Cap.  Fr.  T.  II,  p.  66  (I).) 

\Ani.\NTF.s  : 
CONNESTABLE.  Orth.  subsistante. 
Connétable.  Fabl.  MSS  du  R.  n»  7218,  fol.  33S,  R»  col.  2. 
CoNETABLE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  232,  R»  col.  1. 

CONESTABLE. 

CoNNOiSTABLE.  Prov.  du  Vil.  MS.  de  S.  G.  f»  715,  V»  col.  3. 
CoNNESTYABLE.  Trés.  des  Cliart.  reg.  llS,  pièce  270. 
CoNSTABLE.  Carta  magna,  fol.  84,  R»;  Régnier,  satyre  X. 
CONTABLE.  Monstrelet,  Vol.  III,  fol.  36,  V». 
Comptable.  Mém.  de  MonUuc,  T.  H,  p.  245. 

Connestable,  suhsl.  fihn.  La  femme  du  con- 
nétable. <)n  disoit  la  connestable ,  en  parlant  de  la 
femme  du  grand  officier  de  la  couronne  qui  portoit 
ce  nom.  Madame  la  duchesse  connestable  de  France 
.se  trouvesur  la  couverture  d'un  jis.  du  Roy,  n°  7678, 


dans  l'inétrieur;  ce  m.s.  est  ïAdvocat  des  dames  en 
vers,  par  .1.  Marot. 

Connestablerie,  subst.  fém.  Titre  de  conné- 
table *.  Corps  de  troupes  °.  Troupe  quelconque  '^. 
Corps  de  magistrats  °.  Corps  de  marchands  ^. 
Confrairie  ''.  Commandement  °.  Juridiction  ".  Dépôt, 
archives  '. 

*  Voyez,  sur  le  premier  sens  de  ce  mot  (2),  les  Dict. 
de  Monet,  d'Oudin,  etc.  ;  le  Gloss.  de  Du  Gange,  au 
mot  Constabularius.  Ce  mot  a  successivement  pris, 
comme  celui  de  connétable,  diverses  acceptions. 

^  On  a  nommé  connestablie  un  corps  de  troupes 
plus  ou  moins  considérable  ;  quelquefois  un  corps 
d'armée,  quehiuefoisun  seul  bataillon,  un  escadron, 
et  quelquefois  une  troupe  plus  petite  encore, 
une  compagnie  (3).  (Voyez  Dict.  de  Borel,  et  Laur. 
Gloss.  du  Dr.  fr  )  On  appeloit  connestablie  une 
compagnie  d'arbaleslriers,  et  leur  chef  se  nommoit 
con^nestable.  {\ oyez  OvA.  T .  V,  p.  145.)  »  Voire  prin- 
<'  drent  nos  ancestres  le  mot  deconnestablies,  pour 
«  escadron,  on  bataillon.  •■  (Rech.  de  Pasquier, 
p.  99.)  »  Lelendemainvinrent,  en  trois  co?iHé'sto6/?es, 
«  leurs  bannières  devant,  etc.  »  (Froissart,  Liv.  I, 
p.  57.)  «  Si  approchèrent  les  Poictevins,  el  les 
«  Anglois,  et  se  meirent  en  ordonnance  par  connes- 
«  tablies,  chacun  seigneur  entre  ses  gens,  dessous 
■>  sa  bannière.  »  (Ibid.  p.  361.)  «  Chevauchèrent 
«  moult ordonnéement,  eipar connestablies, chacun 
«  seigneur  entre  ses  gens.  »  (Ibid.  p.  47.)  Nous 
avons  vu .  dans  l'article  précédent ,  qu'on  a  dit 
connestahles  dans  le  même  sens. 

•=  On  s'est  même  servi  du  nom  de  connestablie 
pour  désigner  une  troupe  quelconque. 

Se  gros  tournois  leur  cours  avoient. 
Et  les  changeours  y  sçavoient 
Gaagnier,  quoique  peu  de  cours 
Aient  ores,  dedens  briefs  jours, 
Vous  en  verriez  sus  establies 
Aux  changes,  par  connestablies. 

Froissart,  Poos.  MSS.  page  42i,  col.  1. 

°  Connestablie-  a  désigné  un  corps  de  magistrats 
municipaux,  de  même  que  nous  avons  vu  connes- 
table désigner  un  officier  municipal.  «  Pour  ce  jour 
«  y  esloient  tons  les  seigneurs  de  Parlement  ; 
«  1  archevesque  de  Cantorbie,  le  comte  d'Arondel, 
«  etc.  ,  et  moult  d'autres  barons,  qui  se  tenoyent 
«  de  leur  costé,  et  toute  la  connestablie  de  Londres.  » 
(Froissart,  Liv.  III,  p.  234.) 

^  Le  nom  de  connestablie  a  passé  au  commerce 
et  désigné  un  corps  de  marchands  ou  corps  de 
métier.  Lorsque  le  roi  Jean,  prisonnier,  entra  dans 
Londres,  en  1356  :  »  Ceux  de  Londres  se  vestirent 
»  par  connestablies,  et  très-richement,  et  tous  les 
«  maistres  de  draps  différens  des  autres.  »  (Froiss. 
Liv.  I,  p.  202.) 

■"C'ojtHCStoW/'einsensiblementdésignoit  tout  corps 
en  général.  Il  devint  à  peu  près  synonyme  de  con- 
frairie. «  Lesgensde serment  d'aucunescompagnies 


(1)  Ce  proverbe  a  été  déjà  expliqué  plus  haut,  t.  III,  p.  370,  note  3.  (n.  e.) 

(2)  Voyez  aussi  Froissart  (éd.  Kervyn,  IX,  237).  (n.  e.) 

(3)  «  Et  estoient  par  conne^lahlien  tout  jour  et  toute  nuit  en  lor  anneiires.  »  (Froissart,  II,  124.)  (n.  e.) 


co 


185  — 


CO 


«  de  harquebusiers  ,  arbaleslriers  ,  arcliiers  , 
»  aussi  des  connestablies,  coiifrairies,  ou  autres 
c  semblables  pourront,  etc.  «  (Cou(.  de  Hainaul. 
Nouv.  Coût.  Céii.  T.  II,  p.  118.) 

°  La  signilication  propre  de  coniicslablie  étoit 
commandemenl,  comme  nous  avons  dit  que  celle 
du  mot  connestable  étoit  commandant.  On  l'appliqua 
en  ce  sens  à  toute  espèce  de  commandement. 

Dix  raille  armez  ot  (eut)  en  baillie  (commandement); 
Tant  en  ot  en  sa  conneslahlie. 

Rom.  de  Bi'ul,  MS.  fol.  91,  R-  col  1. 

Fine  amors  qui  hait  vilenie, 
Je  suis  de  sa  conneslablie. 

Ern.  Caupains,  Pocs.  MSS.  av.  1300,  T.  II.  p.  918. 

Connestablie  est  pour  gouvernement  d'une  ville, 
dans  la  Coût,  de  BouUenoys.  (Coût.  Gén.  T.  I, 
p.  685.) 

On  a  même  dit  la  connestablie  d'une  nef,  pour  le 
commandement  d'un  vaisseau.  On  lit,  dans  des 
Lettres  Royaux  :  ••  S'il  eust  esié  connest\jable  d'une 
«  nef,  dont  iceluy  suppliant  eust  esté  maistre  pour 
"  luy,  il  n'euslpointlaissiéàvendresa  connestablie, 
B  néant  plus  qu'il  eust  fuit  pour  un  festus.  »  (Très, 
des  Cliart.  Reg.  113,  Pièce  iiTO.) 

"  Connestablie  a  signifié  juridiclion,  et  c'est  la 
seule  acception  que  ce  mot  conserve  aujourd'bui. 
On  trouve  dans  les  Œuvres  de  Théophile,  3°  partie, 
p.  209  :  "  Un  lieutenant  de  prevost  de  la  connesta- 
«  blerie.  ■■  El  dans  les  Mém.  Un  Bellay  :  «  Un  grand, 
«  et  général  de  la  connestablerie,  etmareschaussée 
»  de  l'rance.  ■■ 

'  Enlin  on  nommoit  contablerie  de  Bordeaux,  le 
lieu  où  étoient  déposés  les  titres  de  la  couronne 
concernant  le  domaine  du  Béarn.  (Voyez  Mém.  de 
Montluc,  T.  11,  p.  343.) 

VARIANTES  : 
CONNESTABLERIE.  Théoph.  3=  P.  p.  209. 

CONESTABLIE. 

Connestablie.  Orth.  subsist. 
CoNTAULEHiE.  Mém.  de  Moutluc,  T.  II,  p.  3i3. 

Conneus,  adj.  Célèbre,  illustre,  fameux.  On  dit 
encore  connu,  dans  cette  acception  figurée  : 

Lin  chevalier  granz,  et  corsuz, 

\  cheveus  blois  (blonds),  entrechenus, 

A  b  'Tbe  rouxe,  à  vis  Iraitiz  (visage  régulier), 

Beax,  et  coiiueiis,  et  bien  forniz 

Le  chemin  vient  vers  lui  errant. 

Parlnn.  de  Blois,  MS.  de  S.  G.  fol.  152,  V-  col.  2. 

Par  sa  proece  sui  joiz  (festée),  et  conneuz, 
Et,  por  sa  mort,  sera  mes  noblois  (noblesse)  abatuz. 
l'arlon.  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  173,  V  col.  1. 

VARIA.NTES  : 
CONNEUS.  Part,  de  lit.  MS.  de  S.  G.  fol.  152,  V»  col.  2. 
CoNNEUz.  Ibid.  fol.  173,  V»  col.  1. 
CONNEHU.  Font.  Guer.  Très,  de  Vénerie,  MS.  p.  60. 
CouNEU.  Ph.  Moiiskes,  MS.  p.  778. 

Connillau,  subst.  ??iflS(".  Lapereau.  Himinutif  de 
conil  ci-dessus.  (Voyez  Cotgrave  et  Oudin.)  «  Le 
«  connil  porte  trente  jours,  et  non  plus,  et  faut 
«  qu'il  aille  au  masie,  car  autrement  mangeroitses 
«  connillaux.  »  (Fouilloux,  Vénerie,  fol.  100.)  On  a 


dit  connetiax,  dans  un  sens  obscène.  (Eslrub.  Fabl. 
MSS.  du  R.  ir  7!)9G,  p.  85.) 

VARIANTES  : 
CONNILLAU.  Fouilloux,  Vénerie,  fol.  100,  R». 
CoNNiLLiAU.  Cha-se  de  Gast.  Phéb.  MS.  p.  49. 
CouMLLEAU.  Dict.  de  Cotgr.  et  Oudin. 
Connetiax.  E.struh.  Fabl.  MS.  du  R.  n°  7996,  p.  85. 

ConniJleiir,  subst.  masc.  Qui  tergiverse.  Qui 
cherche  des  subterfuges.  (Voyez  Conillef.  ci-dessus, 
au  même  sens,  et  les  Dict.  d'Oudin  et  de  Cotgr.) 
»  Or  ne  peult  nostre  connilleur,  par  ses  apertes, 
«  ny  dissimulées  contredictes  à  la  vérité,  etc.  » 
(S-  Julien,  Mesl.  Historiq.  p.  283.) 

Coniiillier,  subst.  masc.  Chenil.  On  a  dit,  en 
parlant  des  chiens  :  «  Soient  mis  en  leur  connil- 
«  lier.  C'est  la  maison  ordonnée  pour  eulx,  et  doi- 
«  vent  estre  tenus  nettement,  et  leur  egue  (eau) 
«  renouvellée  souvent,  et  ne  doivent  menger  de 
«  chair,  silz  ne  la  prennent,  quant  ils  chasseront.  » 
(Modus  et  Racio,  fol.  32.) 

Connin,  subst.  masc.  Sorte  de  plante  ou  plutôt 
espèce  de  graine,  comme  l'indique  le  massage  sui- 
vant, où  connin  pourroil  bien  n'être  iia'uiie'altéra- 
tion  de  l'orthographe  comin  ci-dessus;  il  semble 
avoir  la  même  signification:  «  Prenez  une  graine 
«  qui  est  appellée  graine  d'oultremer,  qui  re'ssem- 
"  ble  a  connin,  fors  qu'elle  est  plus  menue.  » 
(Modus  et  Racio,  ms.  fol.  131.) 

Conninier,  subst.  masc.  Qui  chasse  le  lapin  (1). 

Du  mot  connin  ci-dessus,  sous  l'article  conil.  «  Les 
'  conniniers,  qui  tirent  des  lacs,  furent  condamnez 
«  doublement  ;  c'est  à  sçavoir  en  peine,  et  h  resti- 
«  tulion  ,  nota  que  deux  d'iceux  conniniers 
»  n'avoient  esté  que  deux  fois  chasser  avec  les 
»  autres.  .-  (Gr.  Coût,  de  Fr.  p.  552.) 

Connivé,   adj.  A  quoi  l'on  a  contribué.   "  La 

«  femme,  pour  son  mefaict  non  connivé,  consenty, 
«  ny  approuvé  par  le  mary,  ne  commet  aucune 
«  confiscation.  >  (Coût.  d'Espinal,  Nonv.  Coût.  Gén. 
T.  II,  p.  1127.) 

Conniver,  verbe.  Condescendre,  consentir  *. 
Faire  semblant  de  consentir,  de  condescendre  °. 

Nous  n'employons  plus  le  mot  conniver,  dans 
aucun  de  ces  deiix  sens. 

*  P.  Corneille  en  a  encore  fait  usage  dans  la  pre- 
mière de  ces  deux  acceptions  :  c'est  dans  Héraclius, 
lorsque  Eudoxe  veut  persuader  à  Héraclius  de  lais- 
ser Phocas  dans  l'erreur  où  il  est  sur  le  compte  de 
Marlian,  que  le  tyran  prend  pour  le  fils  de  Maurice  ; 
Héraclius  dit  à  Eudoxe  : 

Je  pourrois  luy  laisser  mon  nom,  et  son  erreur  : 
Mais  conniver  en  lâche  â  ce  nom  qu'on  me  vole, 
Quand  un  père  à  mes  yeux  au  heu  de  nioy  l'immole, 

Souffrir 

Héraclius,  se.  !•*,  act.  4*. 

°  Conniver  a  signifié  souvent  feindre  de  consen- 
tir ou  de  condescendre.  «  L'empereur  luy  manda 


(1)  On  trouve  aussi  connineur  :  «  Goffroy  Chauboneau  connineur  prist  jà  plaça  en  la  garenne  de  l'evesque  de   Chartres 
.XX.  ou  .XXII.  conins.  »  (JJ.  78.  p.  272,  an.  1350.)  (N.  e.) 

IT.  24 


co 


—  186  — 


CO 


«  qu'il  se  gouvcniast  ii  raccoustnmée,  en  cunid- 
«  vaut,  sans  tiulreuient  se  déclarer,  ny  pour  Tun, 
«  ny  pour  Taulre.  «  (Brant.  Cap.  Eslr.  T.  II,  p.  152.) 
La  reine,  làciianl  de  gat^uer  le  maréchal  de  Belle- 
garde  qui  Iciioil  le  marquisat  de  Saluées  pour  le 
duc  de  Savoye  contre  le  roi,  «  luy  fit  tout  plein  de 
<■  remontrances  ;  luy  ores  planant,  ores  continuant, 
«  ores  connivanl  et  ores  connillanl,  et  amusant  la 
«  reyne  de  belles  paroles,  se  trouva  atteint  de 
«  maladie  par  belle  poison,  delaquelle  il  mourut.  » 
(Id.  Cap.  Fr.  T.  III,  p.  440.) 

Coniioille.  [Intercalez  Connoilte,  quenouille: 
•<  Et  estoit  le  descort  pour  ce  que  Hicharl  Goubin 
«  avoit  donné  à  Thomas  Picot  d'une  connoille  à 
«  femme  sur  la  leste.   »   (JJ.    KIO,   p.  257,  an. 

1412.)]    (N.  E.) 

Connoissans,  subst.  masc.  plur.  Amis,  con- 
noissances.  On  lit  en  ce  sens  :  «  Fait  une  grande 
«  assemblée  de  ses  connoissans.  »  (Ess.  de  Mont. 
T.  I,  p.  328.) 

Connoissant,  adj.  viasc.  et  fém  Reconnois- 
sant,  sensible*.  Avouant^. 

*  Ce  mot,  avec  sa  terminaison  masculine,  est  au 
féminin  dans  le  passage  suivani,  où  il  est  mis  pour 
reconnoissante,  sensible  : 

Madame  est  tant  connoissant  : 

S'avoit  enquis 
Com  jou  la  sers  loianraent, 
Jà  ne  m'en  seroit  pis. 

ïhiebaiil  de  Blason,  Pofs.  MSS.  av.  1^00,  T.  III,  p.  lOOïl. 

^  Nous  avons  vu  connoîlre,  pour  reconnoitre, 
avouer.  On  a  dit  connoissant  avec  la  même  signill- 
cation  :  «  Jayoit  ce  que  il  ne  soient  pris  en  présent 
«  metfait,  ne  ne  soient  connoissans  le  fait.  »  (Ord. 
des  R.  de  Fr.  T.  I,  p.  576.) 

Connoissaument,  adverbe.  Sans  déguise- 
ment, franchement.  En  reconnoissant,  en  avouant 
sa  faute.  «  Chil  qui  garda  le  foresl  de  Hez,  pour  le 
«  comte,  et  un  bons  de  poolé  si  contentierent 
«  (querellcrent)  ensamle,  et  tant  montèrent  les 
«  paroles  que  li  bons  de  pooté  donna  au  forestier 
«  une  buOe  (soufflet),  et  puis  le  nous  amenda  con- 
«  noissaunient,  et  l'amande  fête,  il  n'en  osa  atten- 
«  dre  jugement.  »  (Beaumanoir,  p.  159.) 

Connoissement,  subst.  masc.  Connoissance. 
On  a  dit  fere  connoissement,  pour  prendre  connois- 
sance. (Gloss.  sur  les  Coût,  de  Beauvoisis.  —  Voyez 
CoNGNoissEMEM  daus  un  autre  sens.) 

VARIANTES    : 
CONNOISSEMENT.  Gloss.  sur  les  Coul.  de  Beauvoisis. 
CoNOistiEMENT.  Assis.  de  Jériis.  p.  150. 

Connoisseur,  subst.  masc.  Terme  de  chasse. 
11  y  avoit  autrefois  deux  espèces  de  veneurs  :  les 
piqueurs  et  les  connoisseurs.  Les  piqueurs  éloient 


destinés  h  suivre  les  chiens,  et  les  connoisseurs  à 
relever  les  défauts.  ■■  Les  veneurs  ont  appris  à  faire 
«  l'un  et  l'autre,  de  mode  ([u'il  faut  eslre  piqueur, 
«  ensemble  cognoisseur  pour  eslre  bon  veneur; 
«'  c'est-à-dire  ne  perdre  jamais  ses  chiens  de  veue, 
«  quand  ils  chassent,  et  bien  cognoitre  d'un  cerf 
«  par  les  signes, et  jugemens.  »  (Charles IX (1),  delà 
Chasse,  p.  87.) 

VARIANTES  : 

CONNOISSEUR.  Orth.  subsist. 
CoGNOissEUR.  Charles  I.\,  de  la  Chasse,  p.  87. 

Connotaire,  subst.  masc.  Confrère,  notaire, 
adjoint.  On  lit,  à  la  lin  d'un  acte  passé  par  un  no- 
taire en  Lorraine  :  «  Je  suis  esté  présent,  avec  mon 
«  connotaire  ou  toulles  les  choses  susdiltes  ont 
»  esté  failles.  »  (La  Colomb.  Th.  d'honn.  T.  H, 
page  470.) 

Conoillant,  part.  prés. 

Li  mehairigniez  (estropiez)  sont  ahontez, 
Cil  qui  resont  es  tours  montez 
Les  revont  forment  conoiUanl  (2); 
Car  il  leur  gietent  plom  boillant, 
Pierres,  et  piex  (pieux)  aguiseiz. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  69,  V. 

Conoingnole.  [Intercalez  Conoingnole,  outil 
de  tisserand:  «  11cm  les  tisserands  disoienl  que  li 
«  lainturiers  ne  dévoient  avoir  en  leur  maison 
«  ouslius,  que  l'en  appelle  cornebers,  tonres,  laies, 
»  conoingnole.  »  {Olim,  f°  48,  v°,  an.  1279.)]  (n.  e.) 

Cononiance,  subst.  fém.  Nous  trouvons  art  de 
conomance  ;  vraisemblablement  c'est  une  faute 
pour  art  d'economance.  (Voy.  EceNojiANCE  ci-après.) 

Conopée,  subst.  fém.  Cousinière.  C'est  le  vrai 
sens  de  ce  mot  tiré  du  grec  (3).  Les  Anglois  disent 
canopn,  pour  dais.  (Voyez  le  Nouv.  Du  Cange,  au 
mot  Canapeuiu  umbraeulum.)  11  est  fort  douteux 
que  notre  mot  canapé,  appelé  (Ibid.)  bisellum , 
vienne  de  là  ;  il  est  plus  vraisemblable  qu'il  vient 
de  galnabis.  (Du  Cange.) 

Conpaignon,  subst.  masc.  Il  semble  qu'il  fau- 
droit  lire  caaignon,  chien  dans  ces  vers  : 

Et  si  ait  son  coiipaiynon 
Si  afetié,  et  duit, 
Qu'il  n'abait  par  nuit, 
Se  il  ne  set  pourquoi  : 
Ainz  se  teigne  tout  coi. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n- 1615,  T.  II,  fol.  212,  V  col.  2. 

Conpassion,  s!/&s/.  S.  Bernard,  recommandant 
à  ses  auditeurs  le  trencliement  de  cœur  (dans  le 
latin  scissionem  cordis],  ajoute:  «  S'il  malvaix  est, 
«  trenchier  le  doit  om  par  confession,  et  s'il  durs 
«  est ,  trenchier  le  doit  om  par  conpassion.  " 
(S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  297.)  Conpassion  semble 
être  une  faute  pour  conpunclion. 


(1)  On  lit  dans  Ronsard  (056)  :  «  Et  pour  tromper  l'ennui  des  civiles  fureurs  [Charles  IX]  Aima  chiens  et  chevaux  , 
cognoisseurs  et  coureurs.  »  (N  E.) 

(2)  Participe  présent  de  conoHIer,  pour  conilter.  (n.  e.) 

(3)  Lo  grec  esl y.cûyomaof,  de  xiiymip,  cousin:  «  Entre  les  précieux  conopées,  entre  les  courtines  dorées.  (Rabelais, 
Pantagruel,  III,  15.)  C'était  donc  un  rideau;  d'où  le  passage  suivant  d'un  ms.  de  S<  "Victor  (28,  fol.  409  ,  v°  col.  2)  ;  «  Celé 
columbe  [colonne]  estoit  couverte  d'un  conopeu,  c'est  d'un  couvercle...  »  (n.  e.) 


co 


187  — 


CO 


Conpenele, sw&s^.  fém.  Sonnette, £;relol(l).  On 
peut  dériver  ce  mot,  en  ce  sens,  de  l'italien  cain- 
panella. 

Frains  seurorez  (surdorez)  et  conpeneles 
Et  eschelettes  et  lorains 
Sur  ceus  dont  je  parlai  orairis  (ci  devant), 
Qui  s'en  vont  si  joieusement, 
Sonnent  mélodieusement. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  330,  V'. 

Conplie,  suhst.  /f'm.  Soir.  C'estune  altération  du 
mol  compiles,  consacré  pour  signifier  la  partie  de 
l'office  divin,  laiiuelle  se  fait  le  soir  après  vêpres. 
De  là,  conplie  s'est  pris  figurémenl  pour  la  partie 
même  du  jour  où  l'on  cliantoil  cet  office  : 

La  où  leur  conpaignie  arrive 

N'est  pas  la  criée  assouplie  (apaisée)  ; 

L'estuf  qui  commence  à  conplie, 

Et  tant  ne  quant  ne  s'asseure  (se  calme), 

Toute  la  nuit  entière  dure. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  220,  V». 

Conpunccion,  siibsl.  fém.  Composition.  De  là, 
conpunccion  d'argent  semble  mis  pour  amende 
pécuniaire  ,  en  ce  passage  :  «  Qui  ayent  jugé  ascun 
«  lay  home  en  court  chrisliene  à  ascune  conpunc- 
«  cion  d'argent.  »  (Britt.  Loix  d'Anglet.  fol.  33.) 

Conpiiser,  verbe. 

Quant  li  cers  as  bises  (biches)  aront  (seront  allés) 

Aie,  bien  ce  apercevront, 

Ainz  coiipuseront  la  menée  (route)  ; 

Sachiez  que  c'est  chose  provée 

Jusqu'atant  que  achaiffe  sera  (achevé  sera), 

Et  lors  chaucuns  le  chacera  : 

Mais  les  joncs  le  chaceront, 

Et  plus  voluntiers  i  courront. 

Fabl.  MSS.  du  R.  a-  7015,  T.  U,  fol.  168,  R"  col.  2. 

CoiMjue,  subst.  fém.  Sorte  de  mesure*.  Coquille 
ou  poisson  à  coquille^.  Vaisseau  de  transport"^. 

*  Conque  a  été  pris  pour  mesure.  «  Le  poix  du 
«  bled,  et  farine  doit  estre  de  cinquante  quatre 
«  livres  pour  conque.  »  (Coût,  de  Bayonne,  Coût. 
Gén.  T.  H,  p.  710.)  i.aur.  au  mo[  pugnere,  poignée, 
dit  qu'il  en  faut  18  pour  faire  la  conque. 

°  Conque  se  dit  encore  pour  grande  coquille.  On 
écrivoil  quelquefois  conche.  Voyez  ce  mot  ;  selon 
la  Porte,  conque  signifioit  :  "  Tout  poisson  qui  a 
«  l'écaillé  fort  dure,  et  toute  sorte  de  coquille.  » 
(Epith.  de  la  Porte.) 

'^  Il  semble  qu'on  ait  dit  conques  pour  vaisseaux 
de  transport  ;  peut-être  à  cause  de  leur  forme  qui 
pouvoit  avoir  quelque  chose  de  relatif  avec  la 
lig-^re  d'une  conque.  «  L'an  mc.clxx  vindrent  en 
«  Acre  XXXII  conques  ("2),  avec  cinq  cens  Frisons  qui 
«  vindrent  de  Thunes,  du  grant  ost  du  roy  de 
«  France.  »  (Contin.  de  G.  de  Tyr,  Martene,  t.  V, 
col.  744.) 


Conquérable,    adj.  Qui  se  peut  conquérir. 

(Oudin,  Nicol,  Cotgrave,  Dict.) 

Conquérant,  adj.  Entreprenant.  «  Par  ma  foy 
«  l'homme  est  trop  conquérant,  et  n'est  mye  vray 
«  amant  que  telz  elïortz  ne  suffisent.  >■  (Percef.  vol. 
VI,  fol.  8G.) 

Conqueremen,  subst.  viasc.  Espèce  de  pot  de 
vin.  Ce  sont  les  deniers  d'entrée  payés  au  bailleur, 
par  «  celuy  auquel  a  été  fait  un  bail  à  rente,  cens, 
"  ou  autres  charges.  »  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr. -^ 
Voyez  ci-dessous  Conquiser.) 

Gonquerement.  subst.  musc.  Conquête. 

Par  bien  aimer,  est  dame  a  droit  conquise, 
Mieux  aimeroie  un  tel  couqucvcmeitl  (3),  etc. 

Oudart  de  Lacenis,  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  I,  p.  IGC. 

Conquereur,  s!/bs^  musc.  Conquérant. (Monet, 

Nicot,  Cotgrave,  Dict.) 

Où  vont  les  plus  grands  rois,  et  plus  grands  empereurs  ? 
Mais  que  sont  aujourdhuy  les  plus  grands  concjuereurs  ? 

Œuv.  de  Baif,  fol.  133,  R°. 

Ph.  Mouskes  a  ditdeCharlemagne  : 

Si  estoit  il  par  tant  doutés 
Coume  rois,  et  coume  eraperere, 
Buens  justiciers,  bon  cûiii/uei-eyv. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  302. 

Le  conquerans  de  tous  les  conquerours. 

Eust.  Desch.  Poes.  MSS.  fol.  192,  col.  3. 

VARIANTES  : 
CONQUEREUR.  Rons.  cité  par  Nicot,  Dict.  ;  J.  Marot.  p.  28. 
CoNQUEROUR.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  192,  col.  3. 
CoNQUERERE.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  302. 
CoNQUESTEUR.  J.  Marot,  p.  133. 

Conquérir,  verbe.  Acquérir,  gagner,  obtenir*. 
Subjuguer^.  Enquérir,  s'informer*^.  Chercher"  (4). 

*  Ce  mot  subsiste,  mais  il  avoit  quelques  accep- 
tions ditîérentes  de  celle  qui  lui  reste.  On  disoit 
conquérir,  pour  acquérir,  acheter.  «  Si  aucuns 
"  homscoustumierco?!7î/cro//(.->),ou  achetoit  chose 
«  qui  feist  (pour  exigeast)  a  mètre  homage,  etc.  » 
(Ord.  T.  I,  p.  2'26.)  On  à'iso'ximème conquérir  haijne, 
pour  acquérir,  concevoir  de  la  haine.  (.Joinville, 
p.  120.)  «  Conquérir  un  comment  »  un  ordre,  pour 
le  saisir,  le  retenir  dans  sa  mémoire,  le  concevoir. 
(Chans.  fr.  du  xiii'  siècle,  ms.  de  Bouh.  fol.  313.) 

Conquérir  terre  n'étoit  pas  toujours,  comme  on 
l'entendoit  aujourd'hui,  se  rendre  maître  d'un  pays, 
mais  seulement  gagner  du  terrain  (G).  «  Lyepart  se 
«  deffendit,  en  conquérant  tousjours  terre  sur  le 
«  serpent.  »  (Lanc.  du  Lac,  t.  III,  fol.  22.)  On  trouve 
aussi  conquerre  seeors  pour  obtenir  du  secours, 
dans  Villehardouin,  p.  159.  (Voyez  Molinet,  p.  152.) 

^  Conquérir  signifioit  quelquefois  subjuguer,  mais 
il  différoit  de  la  signification  actuelle,  en  ce  qu'il 
pouvoit    s'appliquer    aux  personnes.    «  Je  veuil 


(1)  Voyez  plus  haut  compencHe.  (n.  e.) 

(2)  Nous  disons  encore  la  c  que  d'un  vaisseau  ;  au  xiv  siècle,  certains  navires  se  nommaient  coghes  dans  les  Flandres. 
(Inv.  des  Chartes  des  comtes  de  Flandres,  27  novembre  .315.)  (N.  E.) 

(3)  Voypz  aussi  la  Chron.  des  ducs  de  Normandie,  t.  III,  v.  41153.  (n.  e.) 

(4)  Il  signifie  aussi  enlever  :  «  Ledit  Robin  qui  n'avoit  de  quoy  soy  delTendre,  conguist  l'espée  dudit  Philippot,  et  l'en  ferv 
parmi  la  teste.  »  (JJ.  105,  p.  22,  an.  1373.)  i,N.  E.) 

(5)  «  S'il  avient  que  li  detere  qui  à  l'un  donna  toutes  ses  cozes  por  paier,  conquiert  de  novel,  il  n'est  pas  quites   envers 
les  créanciers,  i  (Beaum.,  liv.  IV,  C.)  (N.  E.) 

(6)  «  Y  fist  li  roys  pluiseurs  assaubc  grans  et  fiers  et  mervilleux,  mes  peu  y  conquist.  »  (Froissart,  II,  297.)  (n.  e.) 


co 


-  188 


CO 


«  éprouver  ma  clievalcrie  contre  la  vostre  ;  et  aie 
"  cvnquL'vrcsil},  si  vouspouvés.  "  (Froissarl,  liv.  1, 
p.  iV.H>.)  »  Bien  savoilqne  si  lesouldointle  Baijiloine 
«  regnoit  longuement,  qu'il  le  conqucrroit ,  et 
»  co'nfondroit.  »  (Joinv.  p.  27.)  On  l'employolt  aussi 
cependant  dans  le  sens  aotuel  :  «  Jérusalem 
conquerre.  »  (Villeh.  p.  7.) 

■^  Une  acceplion  ancienne  plus  éloignée  de  celle 
qui  subsiste,  est  en(iuérir,  s'informer  : 

Mais,  à  ce  que  j'ay  appris, 

De  chief  eu  cliief,  com  l'ai  conquis. 

l"abl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  5i,  R'  col.  2. 

°  Celte  acception  figurée  nait  de  la  significallon 
propre  chercher,  que  nous  offre  le  passage  suivant  : 

Lance  ot  d'une  verge  pelée, 
Pierres  ciiiK/Ufisl  agironnées, 
En  plus  de  C  liex  renoées 
Erenl  ses  arnieures  totes,  etc. 

FM.  MSS.  du  R.  n-  li\l5,  T.  II.  fol.  lOi,  V  col.  2. 

La  plupart  de  ces  anciennes  significations  rappel- 
lent beaucoup  mieux  que  la  signification  actuelle 
l'étyraologie  de  conquérir,  le  mot  latin  conquirere. 
Conjugaison. 

Conquérions,  imparr.subj.conquérerions.(Villeli. 
p.  134.) 

Conquerroil,  imp.  subj.  Conquéreroit.  (Joinville, 
p.  27.) 

Conquersist,  imp.  subj.  Conquisl.  (Rom.  de  Rou, 
Ms.  p.  'im.) 

Conquert,  ind.  prés.  Acquiert.  (Marb.  col.  1042.) 

Conqueru,  partie.  Conquis.  (E.  Desch.  fol.  73.) 

Conqueiiie,  part.  fém.  Conquise.  (Eust.  Desch. 
Poës.  MSS.  fol.  3.) 

Conquesist,  imp.  sub.  Conquist  (2).  (Poës.  mss. 
Vatican,  n"  1522,  fol.  154.;! 

Conquis,  pour  acquis.  (Mén.  Hist.  de  Sablé,  p.  220.) 

Conqueu ,  indic.  prés.  Conquiert.  «  Cil  qui 
«  malentie  coHfy^ft'!;.  "  (Fabl.  Mss.du  R.  n"7G15,  t.  I, 
fol.  110.) 

VARIANTES  : 

CONQUERIR.  Orlh.  subsist. 

CONQUARRE.  Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  480,  tit.  de  1257. 

CoNQUERE.  Villehardouin,  p.  7. 

Conquerre.  Ibid.  p.  159. 

COiNQUESTER .  Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  486,  tit.  de  1257. 

Conquest,  subst.  masc.  Conquête,  butin  *.  Gain, 

profit  ^.  Découverte  '^.  (Préface  des  Loix  Norm.)  (3) 

*  Conquest,  au  premier  sens,  est  le  même  que 


noire  mol  con(|uète.  »  Quand  les  noslres  en  furent 
"  au  dessus,  si  se  logiei'enl  aux  champs  où  le 
»  conquest  fut  paisiblement  départis  (';),  excepté 
«  que,  pour  aucun  prisonnier,  commença  estrif.  ■> 
(Hist.  de  B.  Du  Guesclin,  par  Mén.  p.  440.) 

De  Charlemaines  le  cniu/ucst  (5), 
Qui  fut  graus  rovs  et  einpereres. 

Éusl.  Desch.  Tocs.  MSS.  fol.  518,  col.  1 . 

^  L'acception  générique  de  ce  mot  est  profit  (6), 
gain,  de  même  que  Conquérir  ci  dessus  s'est  pris 
pour  gagner,  acquérir  : 

....  To>ite  chose  bêle,  et  gente 

A  regarder  moult  alalente  (fait  envie)  ; 

Et  cil  fet  contjuest  assez  grant. 

Qui  fet  au  cuer  tout  son  talent. 

Fabl.  MSS.  n"  --ilS,  fol.  133,  V  col.  S. 

'^  Ce  mot,  en  se  rapprochant  de  son  étymologie, 
la  même  que  celle  de  conquérir,  chercher,  signifioit 
découverte. 

En  regarder  fet  il  conquest  ; 
S'ele  n'i  est  lui  est  avis 
Que  ce  soient  roses  et  lis. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n»  "218,  fol.  333,  V  col.  2  '7'. 

Conffueste,  subst.  Acquisition.  On  dit  encore 
en  termes  de  palais,  conquest.  (Voy.  Perard,  Hist.  de 
Bourg,  p.  519,  tit.  de  1270.) 

Conqueste,  subst.  fém.  Victoire.  Nous  n'em- 
ployons plus  ce  mol  en  ce  sens  ;  il  ne  signifie  plus 
que  le  fruit  même  de  la  victoire.  On  disoil  autre- 
fois : 


Dont  pour  ce  coup  francoys  eurent  conqueste. 
Car  à  l'assault  plusieurs  misrent  à  taille. 

1.  Marot,  p. 


86. 


Conquester  ,  verbe.  Conquérir  ,  acquérir  , 
gagner,  obtenir.  (Voyez  Robert  Estienne,  Diut.  ;  Du 
Gange,  au  mot  Conquestare  ;  Ménage,  sur  Malb. 
liv.  ÎII,  p.  401.) 

L'Euvangile  des  femmes  vous  vueil  ci  recorder  : 
Moult  grant  prouffit  s'y  a  qui  le  veult  escouter. 
Cent  jours  dehors  pardon  si  pourroit  conquester  : 
Marie  de  Compieane  le  conquist  outre  mer. 

Fabl.  MSS.  duR.  n-  7015,  T.  I,  fol.  911,  R"  col.  2. 

Conqueutice.  [Intercalez  Conqueutice,  dans 
l'expression  gent  conqueutice,  nation  conquérante 
(Chr.  des  ducs  de  Norm.,  t.  Il,  v.  15920).]  (n.  e.) 

Conquietiz.  adjectif  au  plur.  Amollis  par  le 
repos  (8).  C'est  la  leçon  du.Ms.de  M.  de  Bombarde.  On 
lit  encourtis  ûans,  le  mien,  comme  qui  disoit  amollis 


(1)  Ed.  Kervyn,  t.  II,  p.  291.  Le  sens  est  plutôt  vaincre  ou  l'emporter  sur,  comme  au  t.  IV,  p.  172:  «  Et  entendoient  à 
conquei-if  par  armes  l'un  sus  l'aultre.  »  (N.  E.) 

(2)  On  lit  dans  Ph.  Mouskes  (ms.  p.  6S8)  :  «  Si  ont  tuit  de  leur  volonté  Au  roy  Loeys  créante  ,  Que  d'Aubugois  la  crois 
presist  Et  sien  fust  quan  qu'il  conquesist  'Tout  quitement  lui  et  son  oir.  »  (N.  E.) 

(3)  Enfin  conques  a  le  sens  de  conquêt  dans  Beauinanoir  (VII,  19)  et  au  Coutumier  général  (II,  211).  (n.  e.) 

(4)  On  lit  dans  Cuvelier,  v.  18658  :  «  Adont  se  sont  logiez  aux  champs  et  es  courtilz,  Et  là  fut  le  conquest  paisiblement 
partis.  »  (N.  E.) 

(.5)  On  lit  dans  Froissart  (t.  V,  p.  285)  :  «  Sans  le  grant  conquest  des  chevaus  et  des  armeiires  que  il  avoient  eu  sus  le 
place.  »  (N.  E.) 

(6)  «  Le  conquest  et  pourflt  qu'il  i  a  eu  ou  faire  le  monnoie.  »  (Charte  de  1313,  Du  Cange,  II,  544,  col.  2.)  (n.  e.) 

(7)  On  trouve  au  régime  singulier  conques  pour  conquest,  comme  mas  pour  nmsl  :  «  Cil  messires  .loffrois  estoit  en  coer 
trop  durement  courouciés  de  le  prise  et  dou  conques  de  Calais.  »  (Froiss.,  V,  230.)  Il  est  assez  curieu.K  de  voir  ce  mot  rimer 
avec  des  terminaisons  en  ues  pour  eus  :  «  Tantost  aront  plains  les  crues  (creu.-v)  De  le  Mote-Marciot  D'autre  avoir  que  de 
vies  oes  (œufs)  ;  Et  puis  menront  à  bon  port  Lor  pillage  et  leur  conques.  »  (Chanson  Bretonne  sur  le  Nouveau  Fort  ,  près 
Quimperlé  ;  Froissart,  VIII,  353.)  (N.  E.) 

(8)  C'est  une  forme  extensive  de  conquis,  qu'on  trouve  au  Roman  d'Athis  :  «  Lors  est  doulans,  mas  et  comiuis,  Et  dist 
qu'il  est  tout  seul  chetis.  »  (Du  Cange,  II,  5i5,  col.  1.)  (n.  e.) 


co 


—  189 


CO 


par  les  délices  de  la  cour.  On  pourroil  peut-être  le 
rendre  aussi  par  engourdis. 

Mordret  ot  hommes  encotirtis, 
En  paix,  et  en  repos  nourris. 

Rom.  de  Brul.  MS.  fol.  100,  R'. 

Conquise,  subst.  fém.  Conquête  *.  Droit  de 
fiel"  ^ 

*  On  a  vu  conquesie  pour  victoire  ;  conquise  en 
désigiioit  les  fruits.  «  Le  roy  estoit  à  Paris  inipor- 
«  tuné  sous  main  de  faire  paix  avec  l'empereur, 
«  la(|uell(;  il  consentit,  neantmoins  qu'il  luycoutast 
«  de  ses  nouvelles  conquises.  »  (Mém.  du  Bellay, 
liv.  10,  fol.  33.) 

^  Ce  mol  signifioit  aussi  un  droit  de  fief,  une  aide 
due  au  seigneur,  pour  l'acquisition  ou  le  retrait 
d'une  terre.  (Voyez  ci-dessus  Aide  et  AidkChevel,  etc.) 
Il  faut  lire  conquises,  au  lieu  de  conguiaes,  en  ce 
passage  :  «  Les  ciloiens,  et  liabitans  de  Mascon  ne 
«  doivent  tailles,  ne  complaintes,  ne  loultes,  ne 
«  chevalerie,  ne  aides  de  mariage,  ne  de  prisons, 
«  nedeconguises,  ne  autres  exactions.  »  (Ord.  t.  II, 
p.  3il),  an.  13'(G.) 

Conraer,  verbe.  Soigner  *.  Disposer  °.  Battre, 
Pétrir'^.  Maltraiter".  Voyez,  sur  ce  mot,  lesDict.  de 
Borel  et  de  Colgrave.  Il  vient  du  mot  latin  conregere, 
corrigere  [i],  d'où  il  est  aisé  de  déduire  les  signilica- 
tions  propres  ou  figurées  (|ue  nous  allons  exposer  : 

*  La  significaùoii  la  plus  ordinaire  est  soigner. 
prendre  soin,  acception  qui  rapelle  l'idée  de  régime 
qu'emporle  le  mot  latin  conregere.  On  disoit  en 
parlant  de  bles.sés  : 

Tant  qu'ils  furent  guaris,  les  a  tous  conréés. 

r.onl.  de  Rou,  MS.  p.  120. 

On  disoit  aussi  conraer  un  cheval,  pour  le  soigner, 
le  panser.  (Colin  Musct,  Poës.  mss.  avant  1300,  T.  II, 
p.  709.) 

Conreer  le  corps  d'une  personne  morte,  pour  en 
avoir  soin,  lui  rendre  les  derniers  devoirs,  peut-être 
l'embaumer. 

Li  rois  fit  le  corps  conréer, 
El  sepelir,  et  enterrer. 

Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  60,  V-  col.  2. 

Et  pour  festiner,  régaler. 

Moult  l'a  bien  hebergié,  et  bien  l'a  conréé. 

Rom.  de  Rou,  MS.  p.  130. 

^  La  signification  disposée,  surtout  appliquée  à 
des  troupes  que  l'on  met  en  bataille,  est  tout  à  fait 
analogue  à  l'étymologie  conregere. 

Pour  assaillir  la  ville,  fait  sa  gent  conraer. 

Notice  du  Rom.  d'Alexandre,  fol.  Ifi. 

Quant  Artus  ot  sa  gent  armée, 
Et  sa  bataille  conraée  (i). 

Rom.  de  Brut.  MS.  fol.  7i ,  R-  col.  l. 

'^  Conréer,  couroijer,  se  disoit  aussi  de  la  prépa- 
ration de  diverses  choses,  particulièrement  de  celles 


qui  exigcoientd'être  pétries,  battues.  Ainsi  on  disoit 
du  pain  mal  conréé,  pour  mal  apprêté,  mal  pétri. 
Cette  acception  pouvoil  bien  venir  de  la  préparation 
qu'on  donnoit  aux  cuirs  (3),  qui  consistoit  surtout  à 
les  battre,  à  les  pétrir.  On  nommoitcette  préparation 
courroK  du  mol  latin  coriuni,  cuir.  De  \h,courroijer, 
mot  qui,  par  l'altération  de  son  orthographe,  se 
confondit  aisément  avec  conréer  (4).  On  trouve  pain 
mal  conréé  dans  les  Ord.  t.  V,  p.  118. 

Ce  mot,  qui  servoil  à  exprimer  la  préparation  des 
cuirs,  fut  de  même  appliijué  à  la  préparation  des 
draps,  qu'on  fouloit  et  pétrissoit  ;  de  h^i  on  disoit 
couroicr  on  courrocr  <\es  draps.  (!!rd.  t.  III,  p.  515.) 

Nous  disions  encore  courrmjer,  en  parlant  de  la 
préparation  des  cuirs.  On  se  servoil  aussi,  en  ce 
sens,  des  autres  oi  thograplies.  On  trouve  dans 
Eust.  Desch.  : 

Pour  leur  mégis,  et  peaubc  rourrer. 

Pocs.  MSS.  p.  474,  col.  2. 

On  dit  de  même  courroyer  de  la  terre,  pour  la 
battre,  la  pétrir  ;  courroijer  le  mortier,  dans  le 
même  sens  ;  courroijer  du  fer,  etc. 

°  De  cette  préparation,  qui  consistoit  à  tourmenter 
les  choses,  à  les  battre,  s'est  formée  l'acception  de 
courroyer  pour  battre,  maltrailer.  Nous  Irouvonsce 
mot  assez  souvent  employé  en  ce  sens,  par  nos 
anciens  écrivains.  »  Le  corroyé  tellement  qu'en 
»  trente  lieux  lui  fait  saillir  le  sang  du  corps.  » 
(Lanc.  du  Lac,  t.  II,  fol.  19.)  «  Si  le  convoyé  tel 
«  qu'il  n'y  a  celluyeii  la  place  qu'il  ne  voye  bien 
•■  qu'il  est  mort.  »  (Ibid.  p.  37.) 

VARIANTES  : 
CONR.\ER.  Rom.  de  Crut,  MS.  fol.  94,  V». 
CoNRAYER.  Lanc.  du  Lac,  T.  l,  fol.  109. 
CoNuÉER.  Ph.  Monskes,  MS.  p.  88. 
CouHÉER.  Borel,  Dict.  1"  add. 
CouHAER.  Estrub.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7996,  p.  4. 
CoNROiER.  Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  112,  R»  col.  l. 
CoNROYER.  Lanc.  du  Lac,  T.  I,  fol.  37,  V»  col.  2. 
Convoyer.  Faute  dans  Percef.  Vol.  111,  fol.  129. 
CûUROiER.  Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  14,  V"  col.  1 
CouHROiER.  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  II,  p.  711. 
Courroyer.  Orth.  subsist. 
Corroyer.  Lanc.  du  Lac,  T.  II,  fol.  19,  col.  1. 
COURROER.  Ord.  T.  III,  p.  .517. 
CooRRER.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  474,  col.  2. 

Conrasei'ie,  subst.  fém.  Office  claustral.  Le  soin 
de  la  dépense  (."5).  (Du  Gange,  au  mot  Conresariiis .) 

Conrasier,  subst.  masc.  Célérier.  L'économe, 
celui  qui  a  le  soin  de  la  dépense  dans  un  monas- 
tère. 

Conratiei",  subst.  masc.  Corroyeur.  Ce  mot  n'a 
rien  de  remarquable  que  la  diiférence  de  ses 
orthographes.  On  trouve  corroier  au  pluriel,  pour 
corroyeurs,  dans  ce  fiassage  olj  il  s'agit  de  réjouis - 


(1)  Il  faut  remonter  par  l'intermédiaire  conredum  (texte  espagnol  de  878)  au  gothique  raidjan,  préparer,  (n.  e.) 

(2)  «  De  la  bataille  conréer  Et  des  eschieles  ordener.  »  (Partonopex,  v.  2373.)  (N.  E.) 

(3)  On  lit  dans  Froissart  (II,  169)  :«  Si  n'eurent  pain  ne  vin  ne  sel,  ne  quir  tanet  ne   conréé  pour  faire  estiviaux.    »    — 
«  Piaus  de  moutons,  que  l'on  appelle  piaus  de  Damas,  conrées  en  alun.  »  (.loinville,  §  250.)  (N.  E.) 

(4)  Conréer,  comme  conroi,  était  un  mot  très  usité  ;  il  avait  toutes  les  significations  qui  peuvent  dériver  du  sens  primitif, 
préparation,  (n.  e.) 

(5)  D'après  des  chartes  françaises  de  15i3  et  1571.  (Du  Cange,  II,  546,  col.  1.) 


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sances  faites  par  les  différeiis  corps  de  métier  de  la 
ville  de  Paiis  : 

Tout  ce  firent  les  tisserans, 
Corroier  aussi  contrefirent. 

llist.  de  Fr.  13U0-13IG,  à  la  suile  du  Rom.  dà  Fauv.  f"  81. 

Voyez,  sur  les  autres  orthographes,  les  autorités 
citées  pi  le  Uict.  deCotgrave.  On  a  dit  aussi  conroieur 
de  Cordouen,  pour  courroyeur,  dans  du  Gange,  au 
mot  Conrcatoves. 

VADIANTES  : 

CONRATIER.  Du  Cange,  au  mot  Conreatnres  (1). 

Corroier.  Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  fol.  81. 

CoNRiiEUR.  Du  Cange,  nln  suprà. 

Conroieur.  Du  Cange,  ibid. 

CoNROYEUR.  Oudin  et  Nicot,  Dict. 

CouRREUR.  Eu3t.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  474,  col.  2. 

Conreiz  ,  suhst.  niasc.  Soin  *.  Disposition , 
ordre,  contenance  ^.  Etat,  sort  *^.  Ordre  de  bataille, 
lignes".  Armes,  équipages,  meubles,  habillemens, 
ofnemens.  ^.  Fêtes,  festins  ''.  Préparation,  qualité 
d'une  chose°.  Caractère".  Séparation'  ('>).  (Voy.  sur 
cemotBorel,  Dict.  ;  DaCinge,  au  moiConredimn,  et 
Gloss.  sur  Villehard.  au  mot  Corroy.  —  Voyez  aussi, 
sur  rétymologie  de  ce  mot,  ce  que  nous  avons  dit 
ci-dessus,  au  mot  Conr.^er.)  Le  mot  conreiz,  sons  ce& 
diverses  orthographes,  comme  dérivé  du  verbe  latin 
conregere,  a  désigné  le  régime,  l'ordonnance,  le 
soin  d'une  chose  ;  et,  par  métonymie,  les  choses 
ordonnées,  disposées,  de  quelque  espèce  qu'elles 
aient  été  ;  de  là,  ce  mot  a  signifié  repas,  équipages, 
armes,  ornemens,  etc. ,  comme  nous  allons  l'exposer 
en  détail. 

*  Le  sens  propre,  et  tiré  immédiatement  de  l'ély- 
mologie  que  nous  assignons  à  ce  mot,  est  régime, 
soin. 

»  Se  de  moi 

Ne  prenez  covroi. 

Raoul,  do  Soiss.  Poès.  MSS.  avant  1300,  t.  U,  p.  270. 

De  ce  prendés  conroi, 
Ke  n'i  soie  trahi. 

Jehans  Erars,  ibid.  t.  Ul,  p    1090. 

^C'estuneexIensiondeFacception  précédente  que 
cellede  disposition,  ordre  de  bataille  (3)  ;  on  trouve 
souvent  en  ce  sens  le  motdonlil  s'agit  ici.  Sejnettre 
en  courroi,  se  mettre  en  bataille,  en  disposition  de 
se  battre,  de  jouter,  etc.  (Percef.  vol.  I,  fol.  \\1.) 

Tenir  en  convois,  tenir  en  bataille.  (Ph  Mouskes, 
Ms.  p.  lOG.)  Tenir  conroij,  tenir  ferme,  faire  bonne 
contenance.  De  là  l'exiircssion,  au  sujet  de  gens 
mal  menés  dans  un  combat,  "  ils  ne  savoient(^OH7'o? 
«  d'eulx-mêmes,  »  ils  nesavoient  quelle  contenance 


tenir.  (Percef.  vol.  I,  fol.  146.)  C'est  dans  ce  même 
sens  de  contenance  qu'on  a  dit  : 

Deux  puceles  de  grant  coiiroi. 

Fabl.  MSS.  du  R.  ii'  7989,  fol.  57,  V'  col.  1. 

C'est  à  dire  qui  se  présentoient  bien,  qui  avoient 
une  contenance  aisée. 

"^  Ce  mot  exprimoit,  non  seulement  la  manière  de 
se  tenir,  mais  aussi  celle  d'exister.  Il  signifioit  état, 
condition,  sort,  comme  dans  ces  vers  : 

....  Oui  n'a,  ne  prestres,  ne  autray, 
S'il  rauert  desconfessés,  quex  conrois  iert  de  lui  ? 
Vies  des  SS.  MSS.  de  Sorb.  ch.  27,  col.  10. 

"Comme  on  disoitt'OHro/ pour  exprimer  la  disposi- 
tion des  troupes  rangées  en  bataille  (i), on  employoit 
ce  même  mot  pour  désigner  les  troupes  mêmes  ainsi 
rangées,  les  corps  différens,  les  lignes,  les  divi- 
sions, etc.  : 

Par  conroy,  les  fist  establir, 
Et  à  combatre  hors  yssir. 

Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  100,  Y-  col.  1. 

Froissart,  parlant  de  la  bataille  de  Crécy,  en  1346, 
ditque.Iean  deFusselles  "  tresperça  tous  les co/irois 
«  des  Auglois.  »  C'est-à-dire  toutes  les  lignes. 
(Liv.I  (5),^.  153.) 

Convoi  signifie  corps  de  troupes  (6),  dans  les  pas- 
sages suivans  : 

Il  n'en  mena  autre  conroi  (escorte). 
Que  son  esquier  (escuier)  Ludemard. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  3Gi. 
Troiz  connestables  establiront, 
Et  troiz  conroiz  d'armez  feront. 

Rom.  de  Rou,  MS.  p.  179. 

C'est-à-dire  trois  corps  d'armée. 

D'une  valée,  et  d'un  pendant  (coteau) 
Sourt  un  ciiiveiz  qui  vint  avant. 

Rom.  de  Wace,  cité  par  Du  Cange,  au  mol  Pendens  2. 

^  Dans  un  sens  fort  différent,  mais  en  appliquant 
de  même,  par  métonymie,  le  mot  qui  signifioit 
disposition,  à  la  chose  disposée,  on  nommo'il  con7'oy 
les  armes,  les  équipages,  les  meubles  mêmes,  les 
habillemens,  les  ornemens,  etc.  ;  ainsi  on  a  dit  : 

Conrai,  et  armes  porchacha. 

Rom.  de  Rou,  MS.  p.  228. 

Lui  donnèrent  dras,  et  conrois. 

Pli.  Mouskes,  .  p.  27. 

En  parlant  des  funérailles  de  Charlemagne  : 

Coume  eraperes,  et  coume  rois, 
Fu  atonie  de  tous  convois. 

Id.  p.  307. 

■"  Comme  ce  mot  désignoil  soin,  on  l'employoit 
pour  désigner    particulièrement    les   choses   qui 


(1)  Dans  une  Iraduclion  d'une  charte  de  1160  •  «  Lettres  des  cinq  raestiers,  c'est  assavoir  conraticrs,  baudroieurs,  sueurs, 
mesgissiers  et  boursiez  donnez  par  le  roy.  »  (N.  E.) 

(2)  Conroi  signifie  encore  ;  1»  droit  de  gîte  :  «  Les  conrois,  qui  sont  appelés  repas,  lesquiex  ,  cil  qui  ladite  ferme  tient , 
prend  par  an  de  redevance  en  l'abbaye  de  lîernay.  »  (J,I.  47,  p.  98,  an.  1310.)  2°  Droit  dii  au  conducteur  d'un  charroi:  «  Les 
voicturiers,  maronniers  et  prudes  bacheliers,  qui  icelle-;  marchandises  conduiront  et  amenront,  auront  droit  de  prendre  et 
avoir...  dix  nuefs  deniers  par.  pour  chacune  navée  ou  batelée  ;  lequel  droit  est  appelé  d'ancienneté  les  conrois.  »  (.TJ.  170, 
p.  1,  an.  1415.)  (N.  E.) 

(3)  On  lit  dans  Froissart  «  mettre  en  conroy  de  bataille  (V,  405)  »   ou   seulement   «   si  se  départirent  en  grant  conroi 

(IV.  20).  (N.  E.) 

(4)  Ce  sens  est  fréquent  dans  Partonopex  de  Blois  (v.  2205)  :  «  Us  fuient  dusc'à  lor  conroi.  Col  estendu,  tôt  à  desroi,  Et  li 
conroi.^  bien  les  atent.  »  (N.  E.) 

(5)  Comparez  éd.  Kervyn  (II,  9).  (N.  E.) 

(6)  C'est  aussi  un  cortège  :«  Apriès  le  conrai/ de  la  royne.  »  (Froissart ,  11,85.)  Buchon  a  lu  convoy  ,  malgré  l'accord 
des  mmss.  (n.  e.) 


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exigeoientdes  préparalifs.  De  là,  on  nomma  conrois 
les  fêtes,  les  feslins.  On  disoil  en  ce  sens  : 

Que  nos  aions  un  bon  conroi. 
Et  que  li  bains  soit  eschauffez. 

Fabl.  MSS.  de  S-  Gcrni.  fol.  48,  V"  col.  3. 

Tant  li  faites  avoir  courni, 
Que  ele  n'ait,  ne  fain,  ne  soi. 

Ibid.  fol.  (i,  y  col.  3. 

....  Si  ot  rois,  et  dus,  et  contes  .... 
Qui  mangeoient  avoec  le  roi  ; 
iMoult  ricement,  à  biel  conroi. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  lii. 

°  I!  nous  reste  une  autre  acception  qui  pourroit 
être  tirée  de  la  préparation  qu'on  donnoitaux  cuirs, 
en  les  balt^ml,  pétrissant,  ratissant,  etc.  Ainsi  l'on 
disoit  pour  exprimer  l'action  d'un  burin  dediamant, 
un  couroi  diumanlin.  (Poës.  de  lî.  Belleau,  t.  I, 
fol.  21.)  Et  en  parlant  d'un  pain  mal  pétri,  qu'il 
n'étoil  de  bon  conroi.  (Ord.  t.  lit,  p.  5'Jl.) 

"De  lîi,  sans  doute,  on  avoil  dit  conroi,  pour 
exprimer  la  qualité  d'une  chose,  le  caractère  de 
quelqu'un  ; 

Li  empereour,  et  li  roy 

Sont  devenu  de  tel  conroi, 

Que  par  aus  (eux)  empirent  l'empire. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  1. 

'  Enfin  nous  lisons,  dans  l'IIist.  de  Louis  XIV,  par 
Pelisson,  que  les  séparations  épaisses  que  l'on  fait 
entre  les  eaux  salées  et  les  eaux  douces  ,  se  nom- 
ment convois.  iT.  Il,  liv.  6,  p.  339.)  Elles  sont 
vraisemblablement  appelées  ainsi,  parce  qu'elles 
sont  faites  d'un  mortier  convoie,  c'est-àdire  bien 
battu.  (Voyez  ci-àei^sus  convroyev  le  mortiev,  sous 
l'article  Cjnraer.) 

VARIANTES  : 

CONREIZ  (1).  Rom.  de  Rou,  MS.  p.  125  et  239. 

CouNREis.  lirilt.  Loix  d  Angl.  fol.  110  R". 

CouNREY.  Ibid.  fol.  117  V». 

CoNRAY.  Gace  de  la  Bigne,  Des  Déduits,  MS.  fol.  61  V». 

CoNRAi.  Rom.  de  Rou,  MS.  p.  228. 

Conroi.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  III,  p.  1026. 

Convoi  (Lisez  conroi).  G.  de  Tyr,  Martène,  t.  V,  col.  733. 

CoNRôY.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  I.  p.  373. 

COMROI.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  loi.  58,  R»  col.  2. 

CONTROY.  Eust.  Descb.  Poës.  MSS.  fol.  194,  col.  3. 

Couroi.  Villehardouin,  p.  59. 

CouRROi.  Hist.  de  Louis  III,  D.  de  Bourb.  p.  2(Î4. 

CouRROY.  Percef.  vol.  III,  fol.  143. 

CORROY. 

CoRROiz,  plur.  Villehard.  p.  59. 

CORNOI  (Lisez  conroi).  Rom.  de  Brut,  p.  118. 

Conrrye.  [Intercalez  Conrrye,  réservoir  à 
poisson.  Voyez  même  volume,  p.  178,  note  6.]  (n.  e.) 

Consachable,  adj.  Complice,  participant.  On 
lit  dans  S.  Bern.  cité  ci-dessus  :  «  Ju  ne  me  sai  ne 
»  nul  chose  conaachaiile.  »  Dans  le  latin  :  nihil 
mihi  conscius  sitrn. 

A  toy  folie  consachable. 
Qui  en  tous  tourments  pardurables 
Les  embas  ;  se  sens,  et  prudence 
Ne  les  oste  de  ta  balance  (perplexité). 

Eust.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  571,  col.  1. 


VARIANTES  : 
CONSACHABLE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  247,  col.  1. 
CoNSACHANT.  Oudin,  Dict. 
CONSACHAULE.  S.  Bern.  fr.  MSS.  p.  345. 
CoNSÇACHANT.  Colgrave,  Dict. 

Consacranz.  Voyez  S.  Bern.  Serm.  fr.  mss. 
p.  09.  On  lit  consacrant-  qui  répond  au  latin  conser- 
vans,  qui  paroit  une  faute. 

Consalme  de  mer.  C'est  une  sorte  de  grande 
coquille,  suivant  le  Dict.  d'Oudin. 

Consaii('2),  SHfts^Hiflsc.  Conseil,  avis*.  Secret^. 
Conseil,  assemblée  '^.  Conseil,  conseiller  °.  Voyez  le 
mot  Conseil  ci-après,  dont  nous  ferons  un  article 
particulier,  et  dont  nous  ne  donnons  pour  ainsi 
dire,  ici,  que  les  diverses  orthographes. 

*  Au  premier  sens,  on  disoit/>m/rfre  consau,  pour 
prendre  conseil.  (Poës.  mss.  du  Vat.  irl49,  fol.  118.) 
«  Se  gouverner  par  les  consaulx  de  la  déesse 
«  Venus.  »  C'est-à-dire  par  ses  avis.  (Percef.  vol.  III, 
fol.  431.)  «  Sur  ce  délibération,  et  consueil axec  nos 
«  prelaz  et  barons,  etc.  »  (Ord.  t.  I,  p.  383.) 

Sire,  dit-il,  s'il  te  plaisoit. 

Mon  los,  et  mon  conseulx  seroit. 

Rom.  de  Brul,  MS.  fol.  51,  R»  col.  2. 

^  Consens  signifie  secret  dans  les  vers  suivans  : 

Ainsi  vesqui  Gautier,  toz  jors  de  mal  en  pis. 
Tant  qu'à  un  vieleur  qui  estoit  du  pais 
A  trestout  son  afere,  et  ses  consens  gehis  (déclare)  ; 
A  grant  doute  le  list,  etc. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  3i5,  V"  col.  1. 

*^  Conseilx  a  été  employé  pour  assemblée.  On  lit 
dans  Villehardouin,  p.  10  :  «  Li  conseilx  estoit  de 
«  40  hommes.  »  Dans  l'IIist.  de  B.  du  Cuescl.  par 
Mén.  page  'i99,  on  trouve  :  «  Firent  les  consaulx 
«  secrètement.  ■> 

°  Consaulx  a  signifié  conseillers  :  «  Adonc  s'en 
«  vindrenl  les  chevaliers  de  tous  les  consaulx  du 
«  pais.  "  (Percef.  vol.  I,  fol.  77.)  <•  N'esloie  garnis 
«  de  conseil,  et  mes  consaux  s'en  est  partis.  » 
(Beauman.  p.  334.) 

VARIANTES  : 

CONSAU.  Math,  de  Coucy,  Hist.  de  Ch.  VII,  p.  729. 

CoxSAUL.  Ord.  t.  I,  p,  675  et  passim. 

CoNSEL.  Villehard.  p.  53. 

CoNSELL.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  III.  p.  1038. 

CoNSAiL.  Rymer,  t.  I,  p.  109,  lit.  de  1268. 

Conseil.  Orth.  subsist  Loix  Norm.  art.  12. 

CONSEYL.  Rymer,  t.  I   p.  60,  tit.  de  1260. 

CoNSOiL.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  3.  En  latin,  consiliuin. 

CONSOLZ.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  162. 

CoNsouz.  Duchesne,  Gén.  de  ChàtiUon,  p.  61,  tit.  de  1268. 

Consul.  Rymer,  t.  I,  p.  13,  col.  2,  tit.  do  1256. 

CuNSEiL.  Marbodus,  col.  1642. 

CoNCEL.  Fabl.  MSS.  du  R  n»  7615,  t.  II,  fol.  135. 

CoNSEiLL.  Assises  de  Jérusalem,  p.  18. 

CoNSOiL.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7615,  t.  II,  fol.  134.  V^col.  1. 

Co.NiSUEiL.  Ord.  t.  I,  p.  383. 

CoNSElLG.  Beaumanoir,  p.  1. 

Conseilx,  plur.  Villehardouin.  p.  10. 

CoNSEUX,  plur.  Rom.  de  Brut.  MS.  fol.  51. 

CoNSEULS,  plur.  Estrub.  Fabl.  MSS.  du  R.  n°  7996,  p.  157. 

CONSEUS,  plur.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  298. 

CoNSAUX,  plur.  Beaumanoir,  p.  334. 


(1)  On  a  aussi  conrei.  (Voyez  le  Glossaire  de  la  chronique  des  ducs  de  Normandie,  (n.  e.) 

(2)  Consauls,  dans  Froissart,  est  le  nominatif  singulier  et  le  régime  pluriel  de  conseil  (V,  318)  ; 
maistre  conseux  (VI,  3).  »  (n.  e.) 


on  trouve  aussi  «  chil 


co 


192 


CO 


CONSAN'S,  pliir.  (Lisez  conxaux)  Beauman.  p.  10. 
CoNSAULX,  ptur.  Hist.  de  B.  Du  Guesclin,  parMén.  p.  290. 
CousAULS,  plur.  (Lisez  coDsmds)  Le  Fevrerte  S.  Rem.  p.  23. 
CoNSAX,  plw.  FabL  MSS.  de  S.  G.  foL  43,  R"  col.  3. 

Consaiide,  subst.  fom.  Consolide.  IManle.  11  y 
en  a  de  plusieurs  sorles:  le  pas  d'alouette,  la  mar- 
gueriti-  ou  pài|uei'elle,  etc.  (Voy.  le  Dict.  Univ.) 

Ou  la  rose,  ou  la  violette, 
Ou  la  consaiule  joUette. 

Froissarl,  Pots.  MSS.  p.  385,  col.  \. 

11  s'agit  de  la  marguerite,  sous  le  nom  de  con- 
sauile,  dans  les  vers  suivans  : 

Je  ne  me  doi  retraire  (cesser)  de  loer, 
La  tlour  des  llours,  prisier,  et  honnourer. 
Car  elle  fait  moult  à  recommender. 
C'est  la  comaurle,  etisi  la  voeil  nommer  ; 
Et  qui  li  voelt  (veut)  son  propre  nom  donner 
On  ne  li  poet,  ni  tollir,  ni  embler  ; 
Car  en  françois  a  nom,  c'est  tout  cler, 
La  margherite. 

Froisàart,  I*oes.  MSS.  p.  70,  col.  2 
VAHIANTES  : 
CONSAUDE.  Froissart,  Poës.  MSS.  p.  385,  col.  1. 
CONSOLDE.  Rabelais,  t.  I,  p.  78. 
CoNSOULDE.  Oudin,  Dict. 
CONSOURDE.  Cotgrave,  Dict. 

Conscience,    subst.    fcin.    Pensée  secrète  *. 

Témoignage  intérieur  °.  Connoissance'^  (i). 

*  Ce'niol  ne  se  dit  plus,  dans  le  premier  sens  : 
«  Lors  se  tyra  le  preux  Gallafar  par  devers  le  lict, 
«  puis  se  seyt  sur  le  boi'd  du  clialil,  et  dist,  au  plus 
"  eouitoiseinenl  qu'il  peusl,  en  telle  manière  : 
«  Belle,  bonne,  et  ma  très  doulce  amye,  plaise  vous 
«  de  en  tendre  il  moy;  dire  vousveulxmacoHSCiencc.» 
(Percef.  vol.  Y,  fol.  r.'i.) 

°  La  seconde  acception,  témoignage  intérieur,  est 
encore  en  usage;  mais  on  ne  dit  plus  comme  autre- 
fois, en  ce  sens  :  conscience  étroite,  pour  conscience 
scrupuleuse.  On  trouve  cette  expression  dans  Perc. 
vol.  V,  f»  44.  Prendre  une  chose  sur  sa  conscience, 
se  disoit  pour  l'assurer  ,  en  garantir  la  vérité. 
"  Prinsdrent  sur  leurs  consciences  que  ainsi 
«'  estoit.  »  (Le  Jouvenc.  ms.  p.  467.) 

•^  On  a  dit  aussi  conscience,  pour  connoissance. 

En  la  sainte  vile  où  je  fu, 
Moustiee  m'est  li  conscieiice 
De  Dieu,  de  se  mère  créance. 

Vies  des  SS.  MS.  de  Sorh.  chif.  LX.  col.  45. 

Conscinomantie,  subst.  j'ém.  Itiviualion  par 
le  moyen  du  sas.  (Voyez  Beucerus  de  divina'tione. 
—  Falconnet.) 

Conse,  subst.  masc.  Magistrat  municipal.  On  lit 
dans  S'  Julien  :  «  Qu'encores  que  en  quelques 
>■  lieux  de  France  il  y  ait  des  co)ises,  desquels  le 
"  mol  à  certaine  consonance  avec  celui  du  consul, 
«  si  sont  leurs  fiinctions  trop  diverses.  »  (Mesl. 
Hist.  p.  G04.] 

Consécration,  subst.  j'ém.  Sacre.  On  a  dit,  en 
parlant  du  sacre  du  roi  Cliarles  VU  :  «  L'archeves- 
«  que  procéda  à  la  consécration,  gardant  les  cére- 


»  moules,  et  solernnilez  contenues  dans  le  livre 
«  pontilical.  »  (Histoire  de  la  Pucelle  d'Orléans, 
page  5'24.) 

Consécution  ,  subst.  fém.  Conséquence  *. 
Obtention  °. 

*  La  première  signification  ,  conséquence  ,  se 
trouve  dans  le  Dict.  d'Oudin. 

^  On  remari|ue  le  sens  d'obtention,  dans  le 
passage  suivant  :  »  (^'espérance  de  béatitude  doit 
«  estre  telle,  c'est  à  sçavoir  qu'on  aie  foi  qu'il  y  a 
«  une  future  béatitude  ,  et  qu'à  la  consécution 
»  d'icelle  (Dieu)  a  ordonné  aucuns  moiens  conve- 
«  nables,  etc.  »  (Les  Tri.  de  la  Noble  Dame,  f°  337.) 

Consecutipvement,  adv.  Consécutivement. 
(Voyez  Rabelais,  t.  V,  p.  198.) 

Conseel,  subst.  masc.  Espèce  de  grain  (2). 

Du  froument  nest  (naît)  li  chardon. 

Et  li  pavot  croist  du  conseel. 

Eust.  Dcscli.  Pops.  MSS.  fol.  Hl,  col.  4. 

(Voy.  le  Nouv.  Du  Cange.)  Cou'^éet,  consegallum, 
consicilium  sont  différens  noms  d'un  mélange  de 
froment  et  de  seigle;  à  Lyon  blondée,  en  Norman- 
die méteil.  Conseel  vient  de  seigle  siligo,  avec 
l'augmentatif  COH  qui  désigne  l'addifion,  le  mélange. 
(Falconnet.) 

Conseerent. 

El  demain,  par  matin,  levèrent. 
Par  les  hostex  se  conséei-ent  ; 
De  la  ville  issent  à  grant  bruit. 

Falil.  MSS.  du  R.  n*  79S9,  fol,  ni,  R-  col.  1. 

Coîîscigneur,  subst.  masc.  Coseigneur.  (Dict. 
de  Cotgrave.) 

Conseil,  subst.  masc.  Conseiller*.  Concile^. 
Aide,  assistance*^.  Dessein,  secret".  Intention, 
volonté^.  Cour,  juridiction  ''. 

Nous  ne  marquons,  sur  ce  mot  qui  subsiste,  que 
les  acceptions  inusitées  et  les  anciennes  expres- 
sions dans  lesquelles  il  entroit. 

*  On  disoit  autrefois  conseil,  pour  conseiller. 
»  Entre  les  conseils  du  roy,  et  du  souldan,  fut  fait 
«aucun  parlement  de  accord,  et  de  paix  faire.  » 
(Joinv.  p.  59.) 

^  Conseil  a  désigné  autrefois  une  assemblée 
ecclésiastique,  un  concile,  comme  nous  avons  vu 
concile  désigner  autrefois  toute  assemblée  en  géné- 
ral. »  En  celluy  temps  n'estoit  nulle  nouvelle  du 
«  conseil  de  Ba'sle.  »  (.loiirn.  de  Paris  sous  Charles 
VI  et  Vil,  p.  159;  voyez  Chron.  S'  Denis,  t.  Lf"  122.) 
"  L'archevesque  de  Rheims  fit  sçavoir  à  tous  les 
«  prélats,  etc.,  dans  l'estenduede  son  arcbevesché, 
•>  qu'ils  fussent  tous  rendus  à  un  certain  jour 
»  dans  la  ville  de  Soissons,et  que  là  il  vouloit  faire 
'  un  conseil  touchant  le  faicl  des  gens  d'église.  » 
(Math,  de  Coucy,  Hist.  de  Charles  Vil,  p.  700.) 

*^  Conseil  se  prenoil  pour  aide,  assistance.  »  Je  y 
»  meltray  tout  le  conseil  que  je  pourray.  «  (Lanc. 


(1)  C'est  aussi  une  résolution:  «  N'eurent  bien  conscienche,  quel  temps  ne  quel  tempes  qu'il  fesist,  de  prendre  ces  quatre 
vaissiaux.  »  (Froissart,  IV,  141.)  (n.  e.) 

(2)  C'est  le  conseille,  mélange  de  seigle  et  de  froment,  ou  de  seigle  et  d'avoine,  (n.  e.) 


co 


—  193 


CO 


du  Lac,  t.  II,  fol.  60.)  «  Se  Diex  n'i  eustmis  conseil, 
«  destriiite  fui  la  clireslienté.  «  (Villehard.  p.  119.) 

°  Ce  mot  a  signifié  dessein  secret  :  «  Luy  prie 
«  qu'elle  luy  die  ung  peu  son  penser,  et  elle  luy 
«  respond  qu'elle  n'en  dira  à  nul  iiomme  ce  (|u'elle 
«  pense,  ne  ,jà  cestuy  conseil  ne  sera  descouvert.  » 
(Lanc.  du  Lac,  t.  I,  fol.  149  )  «  Sur  ces  paroles  sur- 
«  vint  la  royne  qui  feit  départir  ce  conseil  du  Roy, 
«  et  de  Margon.  »  (Peroef.  vol.  IV,  fol.  45.) 

^  Conseil  s'est  employé  pour  intention,  volonté. 
«  Le  roy  d'Escoce  n'avoit  point  de  conseil  de  don- 
»  ner  trêves,  ne  de  faire  nul  accord,  sans  le  gré  du 
«  roy  de  France.  »  (Froissart,  liv.  I,  p.  108.)  (1) 

^  Le  nom  de  conseil  (2)  a  servi  à  désigner  divers  tri- 
bunaux, diverses  cours  souveraines.  On  a  nommé 
ainsi  :  l"  La  Chambre  des  Comptes  <•  par  le  conseil 
«  assemblé  en  la  Chambre  des  Comptes.  ■>  (Ord.  de 
1327.)  2'  Le  Chaslelet  :  ><  noslre  conseil  du  ChasLe- 
«  let.  »  (Ibid.  Ord.  p.  10;  Ibid.  p.  4.) 3°  Les  maîtres 
des  requêtes  :  «  Voila  comme  dès  lors  les  maislres 
«  des  requestes  sont,  en  qualité  de  maistres,  aupa- 
«  ravant  appelles  gens  du  conseil.  «  (Miraum.  des 
Cours  souver.  p.  129.)  4°  Le  Parlement  a  été  désigné 
sous  le  nom  de  grant  conseil,  ou  conseil  commun, 
dans  des  Lettres  de  Charles  V,  de  1372,  qui  ordon- 
nent que  les  procès  de  l'évéque  et  de  1  église  du 
Mans,  et  ceux  de  leurs  officiers  seront  portés,  sans 
moyen,  au  Parlement,  etc.,  ou  comme  on  liUlans 
ces"  mêmes  lettres  :  «  Par  devant  nos  amés,  et 
«  feaulx  gens  de  nostre  grant  conseil,  ou  de  nostre 
«  Parlement  à  Paris,  comme  par  traitleurs  en  ceste 
«  partie.  ■■  (Ord.  t.  V,  p.  523.)  On  lit  conseil  com- 
mun, avec  la  même  signification,  dans  une  Ordonn. 
de  Philippe-le-Bel,  rapportée  par  Du  Tillet.  (Rec. 
des  R.  de  Fr.  p.  308.)  Les  officiers  du  Parlement  en 
1342  sont  qualifiés  par  le  roi,  <■  de  personnes,  tant 
«  clers,  comme  lays  de  nostre  co?iS(^;7.  »  (Miraum. 
des  Cours  souver.  p.  59.)  5°  Large  conseil  étoit  un 
tribunal  de  Bruxelles.  »  Le  second  membre  de  la 
«  ville  estant  nommé,  le  large  conseil,  se  compose 
«  de  tous  ceux  qui,  années  précédentes,  ont  servy, 
«  tant  hors  des  lignées,  que  des  nations,  comnïç 
»  bourguemaistres,  eschevins,  receveur  de  la  ville, 
«  ou  comme  doyens  de  la  draperie,  et  aussi  les 
«  conseillants  descendants,  qui  n'ont  voix  qu'un  an 
«  seul  après  qu'ils  ont  quitté  le  service.  »  (Coût,  de 
Brusselle,  Nouv.  Coût.  Gén.  T.  I,  p.  1237.)  iV  Le 
plus  grand  conseil  s'est  dit,  non  d'un  corps  parti- 
culier, mais  de  l'assemblée  de  tous  ceux  qui  étoient 
les  plus  capables  de  donner  conseil  :  «  Ainsi  fust  il 
«  dict,  et  conseillé,  par  tout  \e  plus  grand  conseil 


«  qui  fust,  et  que  on  peut  avoir,  ne  trouver,  en  la 
i<  ville  de  Paris,  à  Laon,  à  Amiens,  et  ailleurs.  » 
(Bout.  Som.  Rur.  p.  749.) 

On  se  servoit  du  mot  conseil,  en  divers  sens, 
dans  les  expressions  suivantes  : 

1°  Homme  de  conseil  (3),  pour  avocat.  «  Lemary.et 
«  la  femme  ayant  droit  de  douaire  sur  quelques 
«  fiefs  peut  y  renoncer,  en  le  faisant  en  la  Cour 
»  estant  assemblée  ;  la  femme  autorisée  de  son 
«  mary,  ù  cet  effet,  et  assistée  d'un  lionimc  de  con- 
"  seil.  ■'  (Coût,  du  Bourg  de  Furne,  Nouv.  Coût. 
Gén.  t.  I,  page  09(1.)  On  dit  encore,  dans  quelques 
provinces  :  assiste  de  son  conseil,  pour  accompagné 
de  son  avocat. 

2°  Jour  de  conseil  s'entendoit,  dans  des  sens  diffé- 
rens.  1"  Pour  délai  accordé  à  un  homme  attaqué  en 
justice,  afin  qu'il  eut  le  temps  de  pourvoir  à  la  dé- 
fense de  sa  cause.  (T)u  Cange,  Gloss.  lat.  au  mot 
Consilium  (4).)  2''Bouteillerexplique  aulrement  l'ex- 
pression jour  de  conseil,  ou  absence  de  conseil. 
«  Autre  chose  n'est  sur  \ejour  de  conseil,  que  pour 
«  respondre  peremploirenient  en  la  demande  faicle 
«  encognoissant(avouanl,confessanl,ou eiiniant.  » 
(Bout.  Som.  Rur.  p.  39.)  Au  titre  «  de  jour  d'advis, 
«  de  jour  d'appensement,  de  jour  de  conseil,  ou 
«  jour  pour  abscence  de  conseil.  »  A"  Jour  de  con- 
seil se  disoit  aussi,  par  opposition  h  jour  de  idaide- 
ries,  pour  jour  auquel  on  fait  les  rapports,  distingué 
de  celui  auquel  on  tenoit  les  audiences  ;  dans  une 
Ordonn.  de  l'échiquier  de  Rouen  de  1507,  on  lit 
que  «  ceste  ordonnance  soit  gardée  ,  tant  aux 
«  jours  de  plaideries,  que  aux  jours  de  conseil.  » 
(A  la  suite  de  l'Ane.  Coût,  de  Norm.  fol.  3G.) 

3°  Conseil  de  Court  semble  mis  pour  jurisconsulte 
ou  avocat  que  l'on  étoit  en  droit  de  demander  au 
seigneur  pour  consulter  ou  plaider  sa  cause  : 
«  Qui  demande  conseil  de  court  au  Seignor,  il  peut 
«  demander  îi  son  choix,  lequel  que  il  vodra  de 
«  tous  ceaus  que  lors  sont  en  court,  soit  home  dou 
«  Seignor,  ou  autre.  »  (Assis.  de.Jérus.  p.  18.) 

4°  Èstroit  conseil  signifioit  secret  :  »  Ne  dys  jà 
«  ton  cstroit  conseil  à  homme,  s'il  ne  te  sert,  ou 
»  peult,  ou  veult  ayder.  »  (Percef.  vol.  II,  fol.  147.) 
De  là,  e».  conseil  estroit,  secrètement,  «  deviser 
«  avec  les  damoyseiles  secrètement ,  en  conseil 
«  estroit,  tout  bas,  et  à  part.  »  (Arr.  Amor.  p.  407.) 

5°  Avoir  conseil,  avoir  le  temps  de  délibérer  : 
»  Ces  menaces  ébahirent  moult  ceux  de  Bergerac  : 
«  si  demandèrent  à  avoir  conseil,  et  on  le  leur 
"  donna,  adonc  se  mirent  les  bourgeois  de  la  ville 
«  tous  ensemble.  »  (Froissart,  liv.  il,  p.  G.) 


^1)  Comparez  édition  Kervyn,  II,  249.  Prendre  conseil  (IV,  6),  c'est  se  décider.  (N.  E.) 

(2)  Le  Conseil  du  Roi  était  féodal  au  xiiF  siècle  ;  il  comprenait  les  feudataires,  les  vassaux  directs  et,  dès  1210,  les  grands 
officiers  du  palais.  Il  s'occupait  de  l'administration  générale  et  de  l'administration  du  domaine  avec  une  triple  compétence, 
politique,  financière  et  judiciaire.  C'est  l'origine  de  trois  sections  détinitivement  sépar.-es  sous  Pliilippe-le-Bel  :  Parlement, 
Chambre  des  Comptes,  ('o»S(?!/.  Il  n'est  plus  alors  que  le  Co))Sp((  (,V/Y)(7,  le  Cons/;»^  pivtJiJ.- «  Cil  du  privé  Conseil  connurent 
Qu'il  n'ierl  pas  tans  de  l'estriver.  »  (G.  Guiart,  1276.)  On  y  appela  les  grands  officiers,  des  seigneurs  et  même  des  roturiers  ; 
organisé  sons  Pliilippe-le-Long  (1316  à  1319),  il  eut  une  triple  compétence  pour  les  privilèges  et  évocations,  la  cassation  et 
le  contentieux  administratif.  Ses  fonctions  furent  allégées  par  la  création  du  Grand  Co>iseU  (1497)  devenu  bientôt  inutile, 
et  par  la  division  du  Conseil  en  trois  sections  sous  Henri  III,  en  cinq  sections  sous  Richelieu,  (n.  e.) 

(3)  En  Angleterre,  on  aurait  dit  conseil  erndil.  (Stanford,  Plaids  de  la  Couronne,  II,  63.)  (w.  E.) 

(4)  D'après  la  Coutume  de  Sens,  art.  143,  et  les  Etablissements  de  S'  Louis,  II,  c.  13,  tj  1.  C'est  pour  Du  Cange  l'équivalent 
de  jour  d'advis.  (n.  e.)  * 

IV.  25 


co 


-  194 


CO 


G' Avoir  par  conseil,  résoudre.  •■  Le  conile  eut 
«  par  conseil  qu'il  viendroit  en  Flandres.  »  (Frolss. 
liv.  1,  p.  Wl.) 

7"  l'^irc  en  conseil,  èlre  aux  opinions.  «  Nous 
a  voulons  que  les  huissiei's  de  Parlement  laissent 
«  passer  les  séneschauls,  bailliz,  et  nos  procureurs 
<■  par  devers  les  mestres,  foi'z  tant  seulement, 
"  ([uant  il  seront  en  conseil  sur  les  arrez.  >•  (Ord. 
t.  I,  p.  73(t.)  Il  senihle  (|u'on  ait  dit,  en  ce  sens,  au 
conseil  poui'  aux  opinions.  «  Au  conseil,  quand 
«  aucun  dit  son  opinion,  il  ne  doit  loucliier,  nidire 
«  noniniément  ce  qui  ait  été  toucliié,  ne  dit  en  sa 
«  présence.  »  lOrd.  t.  Il,  p.  'i'iS.)  «  Le  président  se 
«  levoit  pour  aller  au  conseil.  »  (Contes  de  Des 
Perr.  t.  1,  p. '13L) 

8"  Etre  du  conseil,  èlre  du  parti  ou  dans  les  in- 
térêts de  quchiu'un  :  "  Les  Bavieres  anciennement 
«  \ou']ourà  ont  esté  du  conseil  àeFvunce.  »  (Froiss. 
liv.  Il,  p.  280.) 

9"  En  conseil,  ou  à  conseil,  en  secret,  tout  bas,  à 
l'oreille.  «  Celuy  qui  avoit  esté  dessus  l'arbre  , 
«  demanda  à  son  compagnon  par  serment,  ce  que 
0  l'ours  Iny  avoit  dit  en  conseil,  qui  si  longtemps 
«  luy  avoit  tenu  le  museau  contre  l'oreille.  »  (Mém. 
de  Cômines,  p.  '16-2.)  «  Se  tira  ù  part  en  ung  petit 
«  cbamp,  loing-  de  tontes  gens,  voiant  que  nul  ne 
«  povoit  aprocliier  de  lui,  fors  seulement  ceulx  à 
«  qui  il  parloit  à  conseil.  »  (Le  Jouvencel,  fol.  50.) 
On  disoil  aussi  :  «  Parlions  conseil  l'un  ù  l'autre; 
«  quoy  voyant  le  bon  Boy,  nousreprint,  en  disant  : 
«  vous  faites  mal  de  conseiller  cy  ;  parlez  haut, 
«  etc.  »  (Joinv.  p.  0.) 

De  là,  traire  à  conseil,  tirer  à  l'écart,  parler  en 
secret.  (Rom.  du  Brut,  ms.  fol.  46.)  «  Il  raconta  à 
«  conseil,  à  sa  femme.  «  (Chron.  ms.  de  Nangis, 
an  1302.) 

10"  Mettre  conseil  et  remède,  signifie  pourvoir 
et  remédier,  dans  ce  passage  :  «  Que  nous  sur  ces 
«  choses  ne  nteissions  conseil,  et  remède.  »  (Ord. 
1. 1,  p.  512  )  De  là,  on  a  dit  mettre  conseil  en  soy, 
dans  le  sens  de  rétléchir,  pourvoir  à  sa  sûreté.  •<  Li 
<"  chrestiens,  sans  mettre  nul  conseil  en  eus,  se 
«  mislrent  à  desconOtures.  »  (Contin.  deG.  detyr, 
Marlène,  t.  V,  col.  721.) 

11"  Rendre  conseil,  consentir,  déférer.  On  lit,  au 
sujet  du  schisme  des  papes  de  Rome  et  d'Avignon, 
sous  l'an  1393  :  «  Fut  avisé,  ou  conseil  du  Roy,  qui 
«  ne  fut  pas  sitost  déterminé  ;  mais  à  celuy  avis  y 
«  rendit  conseil  l'université  à  grand  peine.  » 
(Froissarl,  liv.  IV,  p.  187.) 

12°  Retenir  de  conseil,  retenir  quelqu'un,  comme 
une  peisonne  de  confiance,  confident,  pour  lui  de- 
mander ses  avis.  «  Dame,  dist  la  royne,  vostre 
<i  repos  me  plaist,  mais  vostre  départie  de  moy  ne 
«  veulx  je  pas,  car  nous  sommes  comme  d'ung 
«  aage  ;  si  vous  retiens  de  mon  conseil  et  procliaineté 
«  de  moy.  >■  (Percef.  vol.  V,  fol.  107.) 

18°  Par  conseil,  s'est  dit  pour  sagement,  prudem- 


ment. "  J'ay  iulenlion  de  le  celer  jusques  au  vou- 
"  loir  d'une  pucelle,  en  laquelle  j'ay  esté  jà  pieça, 
"  et  si  j'estois  absoulz  d'elle,  et  que  elle  voulslst 
«  dire  que  j'eusse  mis  la  chose  à  fin  son  vouloir, 
«  je  feroye  par  conseil.  »  ;Percef.  vol.  VI,  fol.  57.) 

14°  Crund  et  estroit  conseil  du  Itoij  se  trouve 
dans  rilist.  de  Berlr.  du  Guescl.  par  Mén.  p.  169. 
»  Etoit  des  premiers  du  conseil  estroit  du  Roy.  » 
(L'Am.  ressusc.  p.  .53.) 

15°  On  disoit,  en  parlant  de  quelqu'un  qui  se 
décide  à  faire  une  chose  après  y  avoir  réfléchi  : 
Conseil  lui  amené,  co)iseilluiaporte,  pour  signifier 
il  est  d'avis.  Celte  expression  est  empruntée  des 
Latins.  «  Conseil  lor  amena  qu'ils  envolassent  en 
Il  Venice,  etc.  »  (Contin.  de  G.  de  Tyr.  Martène, 
t.  V,  col.  6.54.) 

Conseil,  dans  le  sens  où  nous  le  disons  aujour- 
d'hui, a  donné  lieu  aux  proverbes  suivans  : 

1.         ...  Qui  par  soi  vclt  ouvrer 
Saiiz  conseil  demander, 
Soveiit  foloiera  (fera  des  folies). 

Prov.  du  C"  de  Brct.  MS.  de  S.  G.  fol.  155,  R"  col.  2. 

2°  «  Faull  le  bon  conseil,  quant  le  grant  besoing 
«  est.  »  (Le  Cil"  de  la  Tour,  instr.  à  ses  filles.) 

3°  >>  Tout  aussi  comme  le  cueur  se  delecle  en 
«  odeur,  aussi  fait  conseil  de  bon  amy  à  l'ame 
"  doulceur.  «  (Le  Cbev"  de  la  Tour,  inslr.  à  ses 
filles,  fol.  75.) 

4°  «  Il  n'est  besoin  de  conseil  ou  la  résolution  est 
>'  prinse.  »  (Nuicts  de  Strapar.  t.  II,  p.  106.) 

5.         ...  Si  fol  un  conseil  te  donne, 

N'en  fais  refus  pour  sa  personne. 

Alem.  de  Monlluc,  l.  II,  p.  517. 

6°  «  Tel  fut  mon  conseil,  comme  estoit  mon  con- 
«  seillier.  »  Ce  proverbe  est  expliqué  par  ce  qui 
suit  :  «  Mon  conseillier  estoit  fol,  et  mauvais;  mon 
«  conseil  fut  semblablement  damnable,  et  perni- 
«  cieux.  »  (Cartheny,  voy.  du  Ch"  errant,  fol.  5.) 

On  trouvera  d'autres  proverbes  dans  Oudin,  Cur. 
fr.  et  dans  le  Dict.  de  Cotgrave  (1). 

Conseillable,  adj.  Convenable.  Que  l'on  doit 
conseiller.  «  Ils  reconnoissenl  devant  tout  le  monde 
"  pour  bon,  nécessaire,  et  conseillahle,  que  l'en  ne 
«  doit  nullement,  etc.  »  (Mém.  de  Villeroy,  t.  VI, 
page  11.1 

Conseillans,  suhst.  masc.  plur.  Conseillers. 
Espèce  d'officiers  de  la  ville  de  Bruxelles.  Us 
étoient  au  nombre  de  six.  (Nouv.  Coût.  Gén.  t.  T, 
page  1236.) 

Conseillant,  partie,  prés.  Qui  parle  bas.  (Voy. 
ci-après  Conseiller,  pris  en  ce  même  sens.) 

Cil  en  fu  liez,  et  celé  lie, 
De  ce  qu'ainsi  est  avenu, 
Ensamble  s'en  sont  revenu, 
Tout  conseillant  de  lor  déduit. 

Fabl.  MSS.du  R.  n'  liVi.  fol.  243,  R-  col.  1. 

De  là,  cette  expression  adverbiale  en  conseillant 
pour  en  secret,  tout  bas (2).  (Estrub.  Fabl.  ms.  du  R. 
n»  7996,  p.  23.)  On  écrivoit  aussi  conseillent  : 


(1)  Voyez  aussi  Leroux  de  Lincy,  t.  II,  passim.  (N.  E.) 

(2)  On  trouve  aussi  en  conseil  ou  «  conseil  dans  le  roi  Guillaume  (p.  82,  p.  83,  p.  118).  (N.  e.) 


co 


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CO 


Et  conseillent,  en  conseillent, 
Conseil  périlleux  essillent, 
Selon  la  voulante  qu'il  ont, 
Et  faingnent,  etc. 

Eusl.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  iS7,  col.  1 . 

VARl.-VNTES    : 
CONSEILLANT.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f»34.3,  R°  col.  1. 
Conseillent.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  487,  col.  1. 

Conseillement,  subst.  masc.  Conseil,  avis. 
L'action  de  conseiller. 

En  armes  fault  preste  provision 

De  gens  expers,  paine,  force,  et  malice; 

Non  pas  si  grande  consultacion, 

Et  que  telz  gens  n'aient  point  de  perice  (paresse), 

Mais  voisent  (aillent)  hastivement, 

Faire  leurs  faiz,  sanz  tel  co>iseillement. 

Dont  trestout  va  ce  que  devant  derrière. 

Eusl.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  5i.  col.  4. 

Conseiller.  Pour  ceux  qui,  au  nombre  de 
quatre,  éloient  élus  tous  les  ans  et  donnoient  leur 
avis  touchant  l'amende  à  payer  pour  les  délits  des 
enfants.  Leur, jugement  faisoit  la  règle  des  prudliom- 
mes  de  la  ville  qui  prononçoient  les  sentences. 
(Jurain,  Hisl.  du  comté  d'Aussonne,  p.  25.) 

VARIANTES  : 
CONSEILLER,  Conseils,  CoNSEs,CoNsoiLLiERS, Consuls, 
s.  Ȕ.  p.  Preudhommes,  prodomes  et  pers. 

Conseiller,  subst.  masc.  Avocat*.  Magistrat 
laïque  ou  d'église^.  Officier  de  la  Chambre  des 
Comptes'^.  Officier  de  la  cour  des  aides  °.  Officier 
de  la  maison  du  duc  de  Bourbon^.  Officier  munici- 
pal ''.  L'orafour  de  la  ville  de  Gand  °.  Terme  de  che- 
valerie". Consul'.  Confident".  Conseil"-. 

*  Ce  litre  de  dignité,  connu  aujourd'hui  et  donné 
aux  officiers  des  cours  souveraines  et  de  plusieurs 
autres,  se  trouve  joint  avec  celui  d'avocat,  peut-être 
pour  établir  la  dislinclion  entre  les  avocats  plai- 
dons et  les  avocats  consultans.  «  Procurrieres,  ne 
«  avocas,  ne  conseillers,  ne  pueenl  porter  tesmoi- 
«  gnage  ez  causes  dont  ils  sont  procureeurs  ou 
«  avocats,  ou  conseilliers.  »  (Beauman.  page  214.) 
Cette  explication  du  mot  conseiller,  pour  avocat, 
est  confoinie  à  celle  que  donne  La  Roche  Favin,  sui- 
vant lequel,  dans  les  anciens  praticiens,  les  avocats 
sont  appelés  conseillers  en  cour  laye.  (Voyez  son 
Traiclé  des  Parlemens  de  Franco,  p.  2G8.)  Dans  les 
articles  de  l'ordonnance  de  1344,  p.  218,  du  2'  vol. 
des  Ordonn.  concernant  les  avocats,  ils  sont  dési- 
gnés par  les  mots  advocati  et  consiliarii  que  l'édi- 
teur, dans  son  sommaire,  traduit,  mal  à  propos,  par 
les  mois  de  conseillers  (i\.à:  avocats.  Les  officiers  du 
Parlement,  que  nous  désignons  aujourd'hui  sous  le 
nom  de  conseillers,  y  sont  appelés  maîtres  et  sei- 
gneurs du  Parlement;  cependant,  on  voit,  dès  l'an 
1340,  une  Ordonnance  du  22  avril  qui  donne  aux 
officiers  du  Parlement  le  titre  de  conseillers  au  Par- 
lement, mais  il  ne  leur  étoit  pas  particulièrement 
affecté;  il  se  donnoit  encore  aux  avocats  en  13G0. 
Bouteiller,  qui  écrivoit  vers  ce  temps-là  et  qui  rap- 
porte les  décisions  des  plus  célèbres  avocats, 
s'exprime  ainsi  à  la  page  321  :  »  Faict,  etconseillé  par 
»  les  plus  notables  advocats,  ei  conseillers  de  Parle- 


«  ment,  tels  comme  maistre  Jean  Canart,  monsei- 
«  gneur  de  mères  (peut-être  .!.  Desmarès),  maistre 
"  .lean  Ancier,  maistre  Jean  de  Hambancourt,  et 
«  maistre  Eustace  de  la  Pierre  »,  noms  connus  et 
célèbres  en  ce  temps.  Cet  auteur  lui-même,  qui  au  titre 
de  son  livre  est  qualifié  conseiller  au  Parlement,  ne 
prend  point  cette  qualité  dans  aucun  des  articles 
de  son  testament  fait  en  1402;  son  nom  ne  se 
trouve  dans  aucune  des  listes  des  officiers  du  Parle- 
ment. Ainsi  il  est  probable  qu'il  étoit  simplement 
avocat  :  d'autant  plus  que,  dans  le  chapitre  39,  où 
il  traite  du  Parlement,  il  ne  se  sert  jamais  que  des 
mots  «  seigneurs  du  Parlement  et  des  enquestes  », 
en  parlant  des  officiers  de  ce  corps.  (Voyez  Som. 
Rur.  p.  853.)  Cependant  on  pourroit  être  trompé  par 
le  préambule  de  rOrdoni;ance  de  13.59,  concernant 
les  marchands  de  marée  qui  est  adressée  «  à  noz 
«  amez,  et  feaulx  conseillers,  les  présidens  de  la 
«  chambre  de  Parlement.  »  Mais  ces  mots  sont 
expliqués  quelques  lignes  plus  bas  où  on  lit  :  »  A 
»  maistre  Guillaume  de  Dormanz,  Jehan  Fourcy,  et 
«  Regnault  de  Traynel  advocats  en  parlement,  et 
«  aus  autres  conseillers  des  marchans  t'o'irains  de 
«  poissons  de  mer,  et  harenz.  freque:itans  la  ville 
«  de  Paris,  salut.  »  (Ord.  t.  111,  p.  447.)  Outre  cela, 
dans  l'Ordonn.  de  1367,  concernant  les  mêmes  mar- 
chands, on  trouve  encore  le  mot  de  conseiller  que 
l'éditeur  explique  par  avocats  du  conseil.  (Voy.  Ord. 
t.  y,  p.  12,  et  la  note  b.)  Le  mot  de  conseiller,  pour 
avocat,  étoit  encore  employé  en  1533,  dans  la  Coût, 
de  Mons,  comme  on  peut  le  voir  au  Coût.  Gén.  t.  I, 
page  825  (1). 

^  Conseiller  étoit  aussi  le  titre  des  magistrats 
la'iques  ou  ecclésiastiques.  On  nommoil  ces  der- 
niers conseillers  d'église.  (Arrest.  Amor.  page  13.) 
On  les  nommoit  quelquefois  conseillers.  (Ord.  t.  III, 
page  348.) 

•^  On  appeloit  conseillers  les  officiers  de  la  Cham- 
bre des  Comptes,  en  1461,  dans  Mathieu  de  Coucy 
(Hist.  de  Charles  Vil,  p.  734.)  Voyez  Chron.  scand. 
de  Louis  XI,  sous  la  même  époque,  p.  13,  où  ou  lit  : 
conseiller  en  la  Chambre  des  Comptes.  (Ibid.  p.  21.) 
Conseillers  clers  des  comptes. 

°  Conseiller  général  étoit  le  litre  des  officiers  de 
la  Cour  des  aides,  dans  les  Ord.t.  V,  p.  351.  Nicolas 
de  Fonteney,  écuyer,  se  qualifie  «  Conseiller  géné- 
«  rai  du  Roy  noslre  siie,  sur  le  fait  des  aydes 
«  ordonnées  pour  la  guerre,  visiteur,  réformateur, 
«  par  tout  le  rovaume  ez  parties  de  Languedoyl  sur 
«  le  dit  fait.  »  (Ibid.  p.  404.) 

^  CoHse///er  désignoit  aussi  un  officier  particulier 
de  la  maison  de  Louis  III,  duc  de  Bourbon.  Ce 
prince,  au  retour  de  sa  prison  d'Angleterre,  en 
1364,  forma  sa  maison,  et  créa  doubles  plusieurs 
offices  ;  entre  autres  on  voit  «  messire  Goussotde 
«  Thory  pour  son  conseiller.  »  (Hist.  de  Louis  III, 
duc  de  Bourbon,  p.  18.)  Dans  la  maison  de  Bourgo- 
gne, c'étoii  le  maître  d'hôtel  ordinaire  du  duc.  ^Etat 
des  Offic.  du  duc  de  Bourg,  p.  47.) 


(1)  II  suffisait  pour  prendre  à  vie  le  titre  de  conseiller,  d'avoir  été  mandé  une  fois  par  le  roi  en  son  conseil,  (n.  e.) 


co 


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CO 


■^  On  appeloit  aussi  conseillers,  ou  consulteitrs, 
e\  pacificateurs,  àes  on\c\e\s  municipaux  de  quel- 
ques villes,  ("éloit  des  ofliciers  du  second  ordre, 
subordonnés  aux  éctievins.  (Voy.  Ord.  t.  III,  p.  451.) 

"Conseiller  semble  un  titre  particulier  et  unique, 
comme  ([ui  diroit  orateur.  La  ville  de  Gand,  après 
sa  révolte,  s'élant  soumise  au  duc  de  Bourgogne  en 
1453,  «  s'advença  de  parler  au  prince  :  le  conseil- 
"  lier  de  la  ville,  pour  tous  les  autres,  luy  suppliant 
«  que  de  sa  pitié,  et  bénigne  grâce,  il  voulsisl  par- 
«  donner  à  son  peuple  de  Gand  \h  présent.  (Monstr. 
vol.  111,  fol.  54.) 

"  En  termes  de  clievalerie,  le  titre  de  conseiller 
ou  conseilleur,  se  donnoit  aux  assistans  dans  les 
gages  de  bataille,  les  tournois,  la  guerre  et  autres 
exploits  de  cbevalerie.  Lile  Adan,  gage  de  Bataille, 
fol.  '23,  et  La  Colomb.  Théàt.  d'iionn.  t.  II,  p.  429, 
les  appellent  eonfidens,  les  mêmes  que  les  conseil- 
lers d' lionne  ur,  dans  La  Salade,  fol.  50.  Celui  qui 
présidoit  aux  cérémonies  observées  dans  les  gages 
de  bataille  est  qualifié  mareschal  ou  conseiller. 
(Ibid.  fol.  49.;  On  voit  dans  Floire  et  Blancbetlor, 
jis.  de  S.  G.  fol.  197,  qu'un  roi  acharné  de  la  bra- 
voure d'un  chevalier  qui  s'étoit  signalé  dans  un 
combat,  veut  le  retenir  pour  être  conseiller  de  son 
fils,  lorsqu'il  aura  acquis  la  chevalerie.  On  ht  con- 
seilleur, au  même  sens,  dans  les  Mém.  d'Ol.  de  la 
Marche  (livre  1,  p.  317.) 

'  Ce  mot  signifie  consul  dans  ce  passage  :  «  J'ay 
«  oy  raconter  aux  clers  queanciennement  le  service 
«  des  Romains  esloil  renouvelle  par  chescun  an,  et 
«  baillé  à  deux  conseillers.  «  (Le  Jouvenc.  fol.  15.) 

"Nous  avons  vu  co)tscil,  pour  dessein  secret;  delà, 
conseiller  pour  confident.  «  Le  sage  dit  plusieurs 
«  amis  facent,  mais  nng conseiller  nyes  qui  soit  bon, 
«  loyal,  et  preud'homme.  »  (Percef.  vol.  11,  fol.  147.) 

"-  Comme  on  a  dit  conseil  pour  conseiller,  de 
même  conseiller  s'est  pris  pour  conseil  dans  les 
passages  suivans  :  «  Vu  par  le  conseil  le  procès  cri- 
«  minel,  le  dit  conseiller  l'a  condamné  ;  le  dit  con- 
«  sei//(?r  l'a  condamné,  le  conseil  a  déclaré.  ■•  (Mém. 
de  Villeroy,  t.  VII,  p.  115.)  On  a  dit,  dans  un  sens 
figuré  et  précieux  :  le  conseiller  des  grâces,  pour 
miroir.  Cette  façon  de  parler,  employée  comme  ridi- 
cule dans  les  Précieuses  de  Molière  (1),  scène  VII, 
n'étoit  pas  nouvelle  alors.  On  lit  dans  un  auteur 
plus  ancien,  en  parlant  des  femmes  : 

Elles  passent  le  jour  à  se  peindre  et  farder; 
Elles  ne  font  sinon  leur  face  regarder 
Au  crystal  d'un  miroir  conseiller  de  leur  grâce. 
Despiles  si  quelque  autre  en  beauté  lès  surpasse. 

Poès.  d'Aniadis  Jarain,  f*  2-24,  V'. 

On  a  fait  plusieurs  allusions  à  cette  expression 
dans  les  Amours  de  Tristan,  page  81,  et  dans  le  P. 
Menestrier,  Art  des  Emblèmes,  p.  2. 


Conseillers  est  une  faute  pour  coustillers,  dans 
les  lettres  de  Charles  ,  duc  de  Bourgogne,  au 
S'  Dufey,  p.  3G1.  (Voy.  ci-après  Coistiller.) 

VARIANTES  (2)  : 
CONSEILLER.  Orth.  subsistante. 
CoNSEiLLiER.  Monstrel.  vol.  III,  fol.  54.  V». 
CONCILLIER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n°  7615,  t.  I,  fol.  110. 
Conseilleur.  Mém.  d'Ûl.  de  la  March.  liv.  I,  p.  317. 
Co.N&iLLiER.  S.  Bern.  Serra.  Ir.  MSS.  p.  3. 

Conseillev,  verbe.  Arrêter,  juger*.  Rapporter 
les  procès  °.  Examiner,  délibérer*^.  Persuader". 
Aider  ^.  Parler  bas,  confier  en  secret ''. 

(Voyez  ci-dessus  Conceiller,  dans  le  sens  oîi  nous 
prenons  aujourd'hui  Conseiller.) 

*  Autrefois,  conseiller  se  disoit  pour  former, 
rendre  un  arrêt.  «  Après  que  l'arrest  aura  été 
«  conseillé  en  la  chambre.  »  Ord.  t.  II,  p.  224.) 
«  Nulle  baillie,  ne  seneschaucie  ne  sera  comman- 
«  ciée  à  délivrer,  devant  ce  que  tuit  li  arrest  de 
«  l'autre  seront  tuit  conseillez  et  prononciez.  » 
(Ibid.  p.  227.)  »  Un  homme  est  prisonnier  à  cause 
«  d'un  crime,  et  le  confesse,  incontinent  il  meurt  ; 
«  on  demande  si  le  corps  sera  exécuté,  et  ses  biens 
«  confisquez  ?  ....  Si  le  piocez  n'est  conseillé,  et 
«  arresté  devant  sa  mort,  il  n'y  aura  exécution,  ne 
«  confiscation,  et  sera  le  corps  enterré  aux  champs, 
«  nonobstant  l'horreur  du  crime  qu'il  a  confessé, 
'•  et  si  le  procès  est  conseillé,  le  seigneur  aura  la 
«  confiscation.  ■>  i^Gr.  Coût,  de  Fr.  p.  543). 

^  On  appeloit  aussi  conseiller,  rapporter  les 
procès  ;  c'est  en  ce  sens  qu'on  lit  ■<  que  tous  les 
«  jours,  ou  au  moins  une  foiz  la  sepmaine,  arrests 
«  soient  tous  délivrés  :  et  facent  deux  chambres, 
«  l'une  pour  conseillier,  et  l'autre  pour  plaidier.  » 
(Ord.  t.  III,  p.  129.)  On  lit  à  la  marge  juger  les  procès 
de  rapport. 

'^  Dans  le  sens  propre,  conseiller  signifioit  con- 
sulter, examiner,  mettre  en  délibération  (3)  ;  ainsi 
l'on  disoit  :  se  conseiller,  pour  se  consulter.  »  S'en 
«  conseille  à  un  nomme  Pilhacus,  etc.  »  (L'Amant 
ressusc.  p.  125.)  »  Se  conseilla  (i)  à  son  ami  qui  fut 
«  d'avis,  etc.  »  (Nuicts  deStrapar.  t.  Il,  p.  152.)  On 
disoit  en  basse  latinité  reconciliare  pour  consulere. 
(Voyez  Du  Cange.)  De  même,  on  lit  :  «  11  issisthors 
«  de  la  chambre  du  conseil,  et  vint  au  dehors  :  et 
«  là  attendit  tant  (lue  ces  lettres  furent  conseillées, 
»  et  (lue  la  response  en  fut  faite  et  rendue  (.5).  » 
(Froissarl,  liv.  IV,  p.  06.)  "  Quant  ilz  ont  d'aucune 
«  chose  à  faire,  et  co«s('///c'?' ensemble  des  besongnes 
«  touchant  nous,  etc.  »  (Ord.  t.  III,  p.  451.) 

Tondis  seult  conseil  conseillier  ; 

Jlais  tout  se  pert  en  consillent  : 

Car  je  voi  le  peuple  essiUer  (détruire)  , 

Par  le  conseil  qui  est  si  lonc, 

Qu'à  peine  voit  on  consillent. 

Eusl.  Desch.  Pois.  MSS.  fol.  259,  col.  2. 


(1)  i(  Vite  venez  nous  tendre  ici  le  conseiller  des  grâces.  »  (n.  e.) 

(2)  Consalliers  est  déjà  dans  S'i-  Eulalie  :  «  Elle  n'ont  eskoltet  les  mais  conseiltiers.  »  (n.  e.) 

(3)  Dont  fu  dit  as  Escoçois  que  il  se  traissent  arriére  ;  on  conselleroit  lor  parole  et  puis  averoient  response.   »   (Froissart, 
II,  278.)  (N.  E.) 

(4)  C'est  plutôt  prendre  conseil,  comme  dans  Froissart  (II,  227)  :  «  Entrées  se  conseilla  il  pour  savoir  quelle  cose  il  en 
devoit  faire.  »  (N.  E.) 

(5)  Comparez  édition  Kervyn,  XIV,  183.  Conseillié  signifiait  aussi  résolu  (id„  V,  307)  :   n  Jehan   de   Biaucamp   fu  tantost 
consillics  dou  respondre.  »  (N.  E.) 


co 


197  — 


CO 


°  Conseiller  s.'esi  dit  quelquefois  pour  persuader. 
«  Castor  qui  plus  qu'homme  du  monde,  désiroit 
«  eslre  gras,  se  laissa  conseiller  (de  se  faire  cliàtrer.) 
(Nuictsde  Slrapar.  t.  Il,  p.  27.) 

^  Nous  avons  vu  Conseil,  pour  aide;  conseiller 
a  aussi  sis^nitié  aider,  assister,  défendre.  (Voyez 
Perard,  llist.  de  Bourg,  p.  502,  til.  del2Gl.) 

^  Eniin,  comme  on  disoit  en  conseil ,  pour  en 
secret,  ù  l'oreille,  on  a  dit  de  mèm&  conseiller  pour 
parler  en  secret,  à  l'oreille,  confier  une  chose  en 
secret.  On  lit ,  en  parlant  de  l'indiscrétion  des 
femmes  : 

.  .  .  Aussi  coye  (discrète)  se  taist  de  ce  qu'on  lui  conseille, 

Cora  cil  qui  va  treçant  le  ven  (van)  et  la  corbeille  (1). 
Fabl.  MSS.  du  R.  n"-6ir.,  l.  I,  fol.  100,  R- col.  1. 

Puis  a  Galesirot  appellée, 
En  bas  li  prist  à  conseiller  ; 
Va  me  querre  le  forestier. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  79,  R"  col.  2. 

N'el  dirai  pas  en  conseillant, 
Ainz  vueil  moult  bien  que  cliacun  l'oie. 
IbiJ  fol.  70,  R"  col.  3,  etc. 

De  là,  se  conseiller  toiil  bas,  pour  se  parler  tout 
bas  à  l'oreille.  C'est  un  pléonasme  dans  Oudin,  Dict. 
et  Cur.  fi'. 

VARIANTES  : 

CONSEILLER.  Ortti.  subsistante. 
CoN^EiLLiER.  Ord.  t.  m,  p.  129. 
CONSIELLIER.  Ord.  t.  I,  p.  755. 

C0NSU.L1EB.  Eust.  Descli.  Poes.  MSS.  fol.  207,  col.  3. 
CONCILLIER.  Fabl.  MSS.  du  R.  iv  7015,  t.  I,  f»  110. 
CONSELHER.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  II,  p.  966. 
CONSELLER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  t.  I.  fol.  107. 
CONSILLER.  Eust.  Desch.  Poës.  JISS.  fol.  259,  col.  2. 
CoNsoiLLER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7015,  t.  I,  fol.  107. 
CoNSOiLLiER.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  I,  p.  270. 

Conseillei'ie,  SH&s^  féni-  Chargede  conseiller. 

«  Les  cours  souveraines  des  parlemens, si 

«  un  personnage  lay  est  pourveu  à' une  conseillerie 
"  cléricalle,  ne  sont  coustuinieres  exclure  telpour- 
«  ven  du  bienfait  du  prince  ;  ny  (^quoiqu'il  ne  soit 
«  ecclésiastique)  le  retient  leur  société,  ains  permet- 
«  lent  que  ce  qu'il  a  plu  au  prince  ayt  vigueur,  et 
«  force  de  loy.  »  (S'  Jul.  Mesl.  Ilist.  p.  3iG.) 

.  Conseiz,  sH/ys/^.  inase.  plur.  lièglements,  arrêts. 
«  Toutes  voyes  que  pour  ce  que  les  nouveles  causes 
«  survenans,  il  convient  aucunes  fois  muer  les 
»  conseiZ;  et  les  ordenances.  »  (Ord.  t.  IV,  p.  4'20.) 
Ce  mot  semble  une  altération  de  l'orthograiihe 
Conseil  (2).  11  tire  sa  signification  de  conseiller, 
former,  rendre  un  arrêt. 

Conseil,  subst.  musc  Haison.  C'est  encore  une 
variation  de  forthograplie  Conseil  dans  ce  vers  ; 

A  mon  cuer  de  mon  conseil  jette. 

M'*  Gautiers  d'Argits,  Pocs.  MSS.  avant  1300,  T.  111,  p.  1209. 

C'est-à-dire  a  égaré  mon  cœur. 
Consemblable,  subst.  musc.  Le  semblable,  le 
pareil.  (Oudin,  et  Cotgrave,  Dict.) 


Consenc,  subst.  viasc.  Cousin. 

Qui  feme  fu  le  Camberlenc 
De  Tansqotvile,  si  consenc, 
De  qui  il  ot  son  fd  Rabiel. 

Ph.  Mouskes,  VIS.  p  387. 

Consence,  subst.  fém.  Accord,  intelligence  ". 
Aide,  concours  °.  Condescendance,  complaisance  ^. 
Conséquence  °.  Dans  les  trois  premières  acceptions, 
ce  mot  vient  du  latin  consentire,  consensus. 

*  Ainsi  l'on  a  dit  dans  le  sens  d'accord,  d'intelli- 
gence : 

Par  pais,  et  par  bonne  consence. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  57. 

Dans  le  sens  de  bonne  volonté,  de  bon  accord, 
on  disoit  être  de  consente,  pour  être  d'accord  (3). 
(Brant.  sur  les  duels,  t.  H,  p.  144.)  On  lit,  en  parlant 
de  la  prise  de  Troyes  par  les  Grecs  : 

Le  chité  à  force  prisent  (prirent)  , 
Mais  ce  fut  aukes  (uu  peu)  par  consence. 

l'h.  Mouskes,  MS.  p.  3. 

Ce  fut  aassi  par  intelligence. 
^  C'est  par  une  extension  de  cette  acception  qu'on 
a  dit  conscence,  pour  concours,  aide. 

Par  consence  de  leurs  amis. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p  477. 

'^  On  a  dit  encore  conscence  pour  complaisance, 
condescendance.  Ph.  Mouskes,  parlant  des  trois  rois 
à  qui  Dieu  avoit  révélé  sa  naissance,  s'exprime 
ainsi  : 

Ki  lor  dénonça  sa  naissance. 
Et  son  plaisir,  et  sa  consence. 

MS.  p.  275. 

Douce  est  d'amours  la  consence 
Des  dames  aux  chevaliers. 

Gonliers,  Poës.  MSS.  avant  1300,  T.  III,  p.  1048. 

°  Mais  l'étymologie  est  dilîérenle,  lorsque  ce  mot 
signifie  conséquence  ;  conscence  n'en  est  propre- 
ment que  la  contraction,  et  vient  par  conséquent  de 
conseijui  ;  dans  ce  sens  on  a  dit  : 

-Adonques  seoit,  sans  consence  (i), 
L'ernpereres  devant  Plaisance. 

Ph.  Mouskes,  p.  818. 

VARIANTES  : 
CONSENCE.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  58  ;  ibid.  p.  477. 
CoNSENSSE.  Fabl.  MSS.  du  R,  n»  7218,  fol.  203,  V»  col.  2. 
Conscence.  Roufms  de  Corbie,  Poës.  MSS.  av.  13(XI,  t.  III. 
Consente.  Raudoin  des  Autieu.x,  ibid.  t.  II,  p.  734. 
CONSANTE.  Parton.  de  Bl,  MS.  de  S.  G.  fol.  158  ,  R°  col.  2. 

Cousent,  subst.  masc.  Consentement* (5).  Cons- 
piration, complot  °. 

*  Au  premier  sens,  ce  mot  exprime  l'action  de 
consentir  : 

Pour  ce  firent  tous  d'un  commun  consent. 

Al.  i:hjrtier,  p.  580. 

Les  mots  chaux  en  consentement,  dans  S.  Bern. 
semblent  nommer  le  péché  de  celui  qui  est  tombé 
dans  le  cas  de  consentir  à  la  tentation  de  la  chair. 

Brantôme  a  dit,  en  parlant  dune  révolte  :  «  Il  y 


(1)  Est-ce  encor.-  une  allusion  à  Virgile  mis  dans  ime  corbeille  par  une  femme,  d'après  le  conte  du  raoyen-âge  '. 
Eust.  Deschamps,  Bail,  de  l'Empire  des  femmes.)  (N.  E.) 

(2)  Il  faut  écrire  consclz.  (N.  E.) 

(3)  On  lit  dans  Partonopex  (v.  302)  :  «  Si  n'avoit  pas  consence  as  Gris.  »  (N.  E.) 

(4)  Consence  est  ici  pour  bon  sens  ;  la  signification  dérive  des  précédentes  et  l'étymologie  reste  la  même.  (N.  e.) 

(5)  «  Sans  le  gret  et  consent  dou  roi  Phelippe  de  France.  »  (Froissart,  IV,  136.)  (n.  e.) 


(Voir 


co 


—  198 


CO 


"  en  avoitqui  n'estoienl  nullement  de  consent  :  qui 
'<  n'y  consentoient  pas.  »  (Branl.  Cap.  Fr.  T.  II, 
p.  2-i8.) 

°  Dans  le  sens  de  conspiralion,  complot,  outre  la 
signillcalion  de  consentir,  ce  mot  désigne  la  chose 
même  complotée.  «  Silost  corn  il  furent  prés  des 
«  murs,  cil  qui  esloieul  de  lor  consent  furent  luit 
"  armés  à  la  poslerne  de  la  boucherie.  »  (Contin.de 
G.  de  Tyr,  Martene,  l.  V,  col.  725.) 

VARIANTES  : 
CONSENT. 
Consentement.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  319. 

Consent,  adj.  Consentant,  participant.  C'est  en 
ce  sens  ([u'on  lit  :  «  Il  n'avoit  jamais  esté  consent  h 
«  la  tiahison.  »  (Mém.  de  Montluc,  t.  I,  p.  151.) 
Montaigne  raconte  qu'une  femme,  devenue  grosse 
sans  le  savoir  ,  <•  fit  déclarer  au  prône  de 
«  son  église,  que  qui  seroit  consent  de  ce  fait,  en 
«  l'avouant,  elle  promettoil  de  lui  pardonner,  et 
«  s'il  le  trouvoit  bon,  de  l'épouser.  »  (Essais,  t.  II, 
p.  17.) 

Consent,  3'  pers.  du  plur.  indic.  prés.  Le 
passage  suivant  semble  indiquer  qu'il  faut  lire 
cousent,  au  lieu  de  consent.  L'auteur  dit,  en  parlant 
des  malheurs  du  gouvernement  et  de  ceux  qui  les 
causent  ; 

Nous  sommes  versez,  el  revers  (renversez)  , 

Et  par  vilains,  et  par  convers  (espèce  de  moines)  , 

Chetive  gent  qui  sont  venuz 

Cum  à  court  mestres  devenus  : 

Qui  consent,  rooignent,  et  taillent  ; 

Toutes  bones  coustumes  faillent. 

Hisl.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauvel,  fol.  285. 

On  dit  encore  familièrement  en  ce  sens  couper 
et  tailler,  pour  abuser  de  son  autorité. 

Consenteonr,  suhst.  masc.  Consentant,  parti- 
cipant *.  Complaisant,  flatteur  ^. 

*  On  lit,  au  premier  sens  :  «  Li  consenteonr  si 
«  sont  aussi  bien  pugnis,  comme  li  maufeteur  (1).  » 
(Ord.  t.  I,  p.  133.) 

^  Ce  mot  s'est  aussi  employé  pour  complaisant, 
flatteur  : 

Cil  cniiscntcnx  ont  honni  maint  enfant, 
Desquelz  ils  ont  plumé  le  pelisson  (la  pelisse)  , 
Pour  gré  avoir  du  foui  consentement. 

Eusl.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  IG,  col.  3. 
VARIANTES  : 
COXSENTEOUR.  Ord.  t.  I,  p.  133. 
CoNSENTEUR.  Ord.  t.  I,  p.  3.36. 
CoNSENTEUx.  Eust.  Desc.  Poës.  MSS.  fol.  16,  col.  3. 

Consentei",  verbe.  Terme  de  coutumes.  Brilt. 
distingue  consenter  de  assenter  ;  suivant  lui, 
«  Assenter  est  come  ascun  (quelqu'un  qui)  que 
«  n'ad  nul  droit  de  présenter,  dit,  après  (après  que) 
«  ceo  que  il  aura  mys  desturbaunce,  jeo  me  assente 


«  à  ce  présentement,  sauve  mes  droits  après  .... 
<>  Consenter  est,  come  ascun  que  est  en  seisine  de 
"  avoison,  consent  al  présentement  celuy  que  ad 
"  plus  de  droit  «  (Britt.  Loix  d'Anglett.  fol.  225.) 

Consentir,  verbe.  Donner,  accorder  *.  Etre 
consentant  ou  conforme  ^. 

*  Dans  le  premier  sens,  on  a  dit  :  «■  huy  consentit 
«  la  lieutenance  générale  en  France  (2).  »  (Brant. 
Cap.  fr.  t.  III.  p.  21C.) 

^,Le  second  sens  subsiste  encore,  mais  la  construc- 
tion est  différente  (3).  Nous  ne  disons  plus  consentir 
quelqu'un,  et  nous  disons  consentir  à  quelque  chose, 
pour  consentir  ù  quelque  choseet  être  d'accoid  avec 
quelqu'un.  «  Les  consentirent,  et  louèrent,  et 
«  approuvèrent  du  tout  en  tout.  »  (Chron.  S.  Denis, 
t.  III,  fol.  41.)  «  Famés  qui  sont  avec  murtriers  , 
«  et  avec  larrons,  et  les  consentent,  si  sont  à 
«  ardoir.  (Ord.  t.  I,  p.  132.) 

Junon  consenlcra  nostre  bonne  fortune. 

Andromède.  Trdg.  de  P.  Corn,  acte  5,  scène  3. 

Bien  sont  vos  fais  à  vos  douz  viz  (visage)  contraire, 
Cuer  sans  merci,  et  semblant  débonnaire, 
Et  Dex  porquoy  ensemb'e  les  consent. 

E'slace  de  Rains,  Focs.  MSS.  av.  1300,  t.  II,  p  596. 

On  disoit  même  s'y  consentir,  pour  s'y  résoudre. 

Plustost  mourrois  que  de  m'y  consentir. 

Les  Mars,  de  la  Marg.  fol.  370,  R°  ;  Ibid.  fol.  13  V'. 

Dans  le  sens  de  conforme,  on  lit  :  Consentent  a 
raeson.  (Rymer,  t.  I,  p.  316.)  On  lit  dans  le  même 
titre,  en  latin  :  Consentaneum  rationi. 
Conjugaison. 

Consentie,  prêter.  Consentit. 

Onques  Dex  ne  cria  (créa)  péchié 

Et  ne  porquant  (neantmoins)  le  consentie. 

Vies  des  SS.  MS.  de  Sorb.  cli.  LX.  col.  GS. 

Consentu,  partie.  Consenti.  (Villon,  p.  146  (4); 
Ord.  t.  m,  p.  678.) 

Consentue,  partie,  au  fém.  Consentie  (Modus  et 
Bacio,  MS.  fol.  211.) 

Counsaunt  (soit),  passé  subj.  Ait  consenti.  (Loix 
Norm.  art.  8.) 

VARIANTES  : 

CONSENTIR  ;  Consantir  (se).  Perard,  Hist.  de  Bourg, 
p.  513.  ;  Consentir  (se). 

Consequeniinent,  rtf/y.  Ensuite,  tout  de  suite. 
«  Mist  en  premier  lieu  le  marquis,  et  consequem- 
«  ment  les  uns  les  autres  en  leur  rang.  »  (Contes  de 
DesPerr.  t.  II,  p.  203.)  (5)  Cette  acception  n'est  plus 
en  usage. 

Conséquence,  subst.  fém.  Suite,  effet.  Ce  mot, 
qui  subsiste  en  ce  sens,  ne  s'employeroit  plus  cepen- 
dant aujourd'hui  de  la  manière  qui  suit  : 

Pour  recevoir  la  cmisequencc 
De  ses  maulx,  et  de  ses  mérites. 

Eust.  Desch.  Pofs.  MSS.  fol.  433,  col.    1. 


(1)  On  lit  dans  la  Thaumassière,  d'après  les  Assises  de  Jérusalem  (p.  469)  :  «  Li  receleur  et  l'aydeur  et  li  consenteur  sont 
punis  comme  li  seigneur.  »  (n.  e.) 

(2)  «  Je  consentiray  bien  ce  volaige  et  leur  feray  faire  délivranche  d'or  et  d'argent.  »  (Froissart,  II,  35.)  (N.  E.) 

(3)  On  trouve  même  la  forme  rétléchie  ;  «  Li  chevaliers  s'i  consentirent  volontiers.  »  (Froissart,  IV,  337.) 

(4)  Ce  participe  est  dans  Froissart  (XVI,  194).  (n.  e.) 

(5)  On  lit  déjà  dans  Chastelain,  d'après  Dochez  :  «  Consequemment  au  mois  de  mars  mourut  dame  de  Bar,  comtesse  de 
Saint  Pol.  »  (n.  e.) 


co 


199  — 


CO 


On  diso'û  par  conséquence,  au  lieu  de  par  consé- 
quent. (Voyez  Contes  d'Eutrap.  p.  103  ) 

Conséquent,  subst.  masc.  Ce  qui  suit.  Ce  mol 
subsiste  en  ce  sens  ;  mais  on  ne  l'employé  plus  de 
la  même  façon.  On  disoit  Je  conséquent,  pour  la 
conséquence.  "  Considéré  mesmement  l'énormité 
«  du  dit  cas,  et  le  conséquent  qui  en  peull  advenir.  » 
(Arr.  Amor.  p.  395.) 

De  conséquent  signifie  par  conséquent  dans  ce 
passage  :  «  La  loy  qui  regardoit  la  conservation  de 
.1  la  religion  catholique,  apostolique,  et  romaine  en 
«  ce  roiaume,  estoit  la  souveraine,  qui  avoit  jellé 
«  les  fondemens  de  sa  grandeur  et  r.;voit  fait 
«  reluire  par  dessus  tous auti'es empires;  de  conse- 
«  quent,  les  autres  loix  lui  doivent  céder.  »  (Mém. 
de  Villeroy,  t.  VI,  p.  380.) 

Conserte,  subst.  fém.  Conférence,  dispute.  Du 
latin  conserere,  conserLum,  entremêler,  pris  figuré- 
ment.  «  Les  consertes  des  catliolics ,  et  héré- 
«  tiques.  »  (Lett.  de  Pasq.  t.  II,  p.  624. ) 

Conservance  ,  subst.  fém.  Privilège.    «  S'il 

«  advenoitqu'aucuujuirnavrast(blessast)oufrappast 
«  aucun  chrestieu  cierc,  il  doit  estre  puny  par  son 
»  temporel  ,  .  .  .  .  et  si  autre  que  clerc  féroit  , 
«  (frappoit)  si  l'amandcroit  il  por  leur  conservance.  » 
(Bout.  Som.  Rur.  p.  700.) 

Conservateur,  subst.  masc.  Titre  d'office  *. 
Commissaire  pour  la  conservation  d'un  traité  ^. 

*  Dans  le  premier  sens,  conservateur  désignoil 
celui  qui  éloit  établi  pour  conserver  les  privilèges 
decerlainscorpset  pour  être  juges  de  leursdifférens. 
(Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.)  Il  y  avoit  un  conservateur 
des  privilèges  de  l'Université  auquel  Coquillart  fait 
allusion  dans  ces  vers  : 

Faulte  de  sens,  c'est  le  recteur  ; 
Trahison  en  est  ung  docteur, 
Faulcoté  en  est  le  notaire. 
Avarice  est  le  conservateur. 

Coquillart,  p.  1t). 

Le  grand  conservateur  de  l'ordre  de  Maltlie  étoit 
une  dignité  attachée  à  la  Langue  d'Aragon.  (Voyez 
le  P.  Menest.  de  la  chev.  p.  4'25.) 

^  Conservateur,  pris  dans  le  second  sens,  signifioit 
un  commissaire  ou  officier  préposé  pour  maintenir 
et  faireexécuter  les  articles  d'un  traité  ou  d'une  trêve, 
donner  des  sauf-conduits  et  juger  les  contestations 
qui  pouvoient  nailre.  Par  la  capitulation  de  Guise, 
sous  l'an  14'2'(,  il  fut  arrêté  que:  «  les  dits  de  Guise,  et 
"  chacun  d'eux,  en  ayantbulletle,  ou  saufconduitdes 
«  conservateurs  ordonnez  sur  l'entretenement  de 
«  ce  présent  traiclé,  etc.  »  (Monslr.  vol.  Il,  fol.  17.) 
On  lit  (ibid.)  «  Item  nous,  et  lesdils  de  Guise  avons 
«  esleu,  et  ordonné  ensemble,  d'un  commun  accord, 
'<  ....  et  par  ces  présentes  eslisons,  et  ordonnons 
«  conservateurs  de  ce  présent  traité  ;  c'est  àscavoir 
«  de  nostre  costé  messire  Daviod  de  Poix  chevalier  : 


«  et  du  costé  de  ceux  de  Guise,  Collard  de  Poisy 
«  escuyer.  auquel  messire  Daviod,  ou  à  son  commis, 
«  avons  donné  ,  et  donnons  plain  pouvoir  ,  et 
«  auctorité  de  huilier  ausdits  de  Guise  sauf  conduits 
»  ou  bulettes  nécessaires,  de  connoistre ,  et  de 
«  terminer  de  tous  cas  qui  esloient  approchez,  qui 
«  tant  d'une  part  comme  d'autre  se  pourront 
"  mouvoir  pendant  la  dicte  composition.  «  Nous 
lisons  dans  Al.  Charlier,  Hist.  de  Charles  VI  et  VIT , 
p.  14,  qu'à  la  conclusion  de  la  paix  entre  les  partis 
des  Bourguignons  el  des  Orléanois,  sous  l'an  1408, 
«  fut  le  duc  Guillaume  coHSCrrrt^^'f/rdes  deux  parties, 
«  pour  celle  journée,  tenant  en  sa  main  sa 
«  bannière.  » 

Conservation,  sutist.  fém.  C'est  une  faute  dans 
le  Coût.  Gèn.  t.  II,  p.  285.  H  faut  lire  conversation . 
(Vovcz  ce  mot.) 

Conserve,  subst.  fém  Ce  mot  subsiste,  mais  on 
ne  dit  plus  conserve  de  four,  pour  pâtisserie.  (Oud. 
Dict.  et  Cur.  fi'.)  (I) 

Conseulx.  [Intercalez  Conseulx,  dans  l'expres- 
sion ntettre  à  conseulx,  renvoyer  à  plus  ample 
informé,  au  Cartulaire  du  chap.  de  Chartres  (Du 
Cange,  II,  552,  col.  1)  ]  (n.  e.) 

Considérable,  adj.  Qui  est  à  considérer.  Le 
mot  et  le  sens  subsistent.  La  construction  suivante 
n'est  plus  d'usage  :  «  Il  est  considérable  si,  etc.  » 
(Négoc.  de  Jeann.  t.  I,  p.  431.) 

Considératif  ,  adj.  Attentif  *.  Circonspect  , 
prudent  ^. 

*Dansle  premier  sens,ce  moïse  prenoit  quelquefois 
en  mauvaise  part:  «  Il  vaudroi!  mieux,  disoil  M.  le 
«  connestahle,  aller  avec  une haniuebuse,  ou  une 
»  pique  à  la  main,  que  manquer  à  son  devoir,  ny 
«  que  d'estre  aussi  considératif,  et  appréheusif  de 
«  ses  commoditez.  »  (Brant.  Cap.  fr.  t.  II,  p.  125.)  (2) 

^  On  disoit,  au  second  sens  :  «  C'estoit  un  acte 
«  d'un  très  vaillant  et  généreux  simple  capitaine,  et 
«  soldat,  mais  non  d'un  général,  uy  d'un  guerrier 
«  considératif,  et  politique.  "  (Brarit.  Cap.  fr.  t.  II, 
p.  262.) 

Considération,  subst.  fém.  Considération, 
signification  subsistante*.  Jugement,  sentence  ^. 

Ce  mol  subsiste  encore  avec  plusieurs  acceptions 
qui  dérivent  de  sa  signification  propre,  l'action  de 
considérer,  d'examiner.  Mais  on  ne  dit  plus  d'une 
consideracion,  pour  à  dessein,  dans  le  motif,  comme 
en  ces  vers  : 

Adoncq  nature  les  assemble 
D'une  consideracion. 
Pour  faire  géneracion. 

Gacode  la  Bigrie,  des  Déduits,  JIS.  fol.  83,  R". 

Le  passage  suivant  nous  offre  une  construction 
grammaticale  irrégulière,  à  cause  de  l'ellipse  qui 
s'y  trouve,  et  contraire  à  la  règle  subsistante  en  ce 


(1)  On  lit  au  Ménayier  (\l,  5)  :  «  Mettez  les  noix  boulir  en  miel,  et  illec  les  laissiez  en  conserve.  »  (N.  E.) 

(2)  C'est  un  mot,  du  seizième  siècle  :  «  L'autre,  lent  et  considecad/ comme  un  Fabius,  opina  hazardeusement.  »  (Lanoue, 
651.)  D'Aubigné  (Hist.,  HI,  526)  le  prend  en  mauvaise  part  :  «  Le  prince  ennuie  de  voir  les  eaux  entre  son  chemin  et  lui,  et 
le  volant  trop  considératif  pour  passer.  »  (n.  e.) 


co 


—  200 


co 


que  ce  mot  y  régit  le  datif.  Au  lieu  de  la  considé- 
ration aux  vertus,  e\c,  r\o\i?>  dirions  atijourd'liui 
considération  faite  des  vertus,  etc. 

Pour  ce,  fay  ma  conclusion 

Que,  la  i-oiisiilcrntin}i 

Au.x  vertuz  et  propiiétez 

Que  je  tieuve  des  deux  costez, 

Que  les  chiens  sont  trop  plus  loyaulx, 

Et  plus  nobles  que  les  oyseaulx. 

Gace  de  la  Bigiie,  des  Déduits.  IIS.  fol.  76,  V'. 

°  Ce  mot  a  été  pris  dans  le  sens  de  jugement.  On 
lit  dans  la  franchise  des  privilèges  accordés  aux 
hommes  du  duc  de  Bourgogne  ù  Chàtillon-sur- 
Seine  :  "  Ce  sara  fait  à  la  considération  des  quatre 
«  proudomes  esleus.  ■>  (Perard,  Hist.  de  Bourg. 
p.  300,  tit.  de  1218.)  Le  même  titre  tst  rapporté  en 
latin  comme  étant  vidimé  au  IV' vol.  desOrd.  p.  403. 
On  y  lit  :  «  Hoc  fiet  ad  considerationem  quatuor 
«  eleclorum  »  L'éditeur  explique  coHS«f/«'fl<zo  par 
jugement  et  renvoyé  au  mot  Considerare  dans  du 
Cange. 

VARIANTES  : 

CONSIDERATION.  Ortli.  snbsist. 

CoNSiDERACioN.  Gace  de  la  Bigne,  desDéd.  MS.  fol.  83,  R». 

Considéré.  [Intercalez  Considère  ;  joint  à  un 
substantif,  il  est  comme  un  ablatif  absolu  au  sens 
de  «  en  considération  »  :  «  Consillierent  li  prince 
»  au  roy,  consideret  les  grosses  besongnes  qu'il 
«  avoit  à  faire,  qu'il  envoyast  l'evesque  de  Lincolle 
«  à  son  serourge.  »  (Froissart,  IV,  136.)]  (n.  e.) 

Considérer.  [Intercalez  Considérer,  montrer, 
faire  voir  avec  le  datif  de  la  personne  et  ïablatif 
de  la  chose:  <■  Ce  fut  une  playe  envolée  de  Dieu, 
>•  pour  adviser  et  considérer  au  clergié  du  grand 
"  estât  qu'ils  tenoient  et  faisoient.  »  (Froissart, 
XI,  251.)]  (N.  E.) 

Consievir.  [Intercalez  Consievir,  foi'me  exten- 
sive  du  consequi,  au  sens  d'atteindre,  frapper, 
heurter:  «  Si  voUoient  saiettes  à  tous  lés  et  il 
'<  meïsmes  en  fut  consiewis  et  navrés.  >■  (Froiss. 
II,  17.)  »  Li  chastiaus  de  la  nef  dou  roy  d'Engleterre 
«  consievi  le  chasliel  de  la  nef  espagnole  par  tele 
"  manière  (iue  li  force  dou  mas  se  rompi  (V,  251).  » 
>■  Begon  consievi  che  Simon  tellement  que  il  li 
«  fendi  toute  le  teste  (II,  -10(1).  »]  (n.  e.) 

Consievrance  ,  subst.  fém.  Conservation  , 
réserve,  réticence.  Le  sens  propre  est  conservation, 
d'où,  au  figuré,  réticence,  réserve  en  soi-même.  C'est 
en  ce  sens  iiu'il  est  employé  au  passsage  suivant  : 

Moult  a  (j'ai)  longuement 

Fet  graiit  consievrance 

De  mauâ  que  je  sent  dire 

Et  regehir  (déclarer)  ; 

Mais  jes  fas  por  ce  que  c'est  grant  vistance 

De  complaindre  soi,  etc. 

OeJe  de  la  Courroieric.  Poos.  MSS.  avant  1300.  t.  II,  p.  652. 

(Voyez ci-après  le  mot  Consievreb,  d'oii  vient  celui 

de  C0.N.>IEVItAM;E.) 


Consievrer,  verbe.  Conserver  *.  Dispenser  ^. 
Priver,  sevrer  '^.  [Ce  mot  a  aussi  le  sens  de  conso- 
ler.] (n.  e.) 

"^  Consievrer  esi  interprété  conserver  dans  le  Gloss. 
sur  les  Coût,  de  Beauvoisis,  qui  renvoyé  au  chap. 
20  de  Beaumanoir. 

^  De  là  se  consievrer,  pour  se  dispenser,  dans 
Beauman.  p.  207.  •■  Ils  ne  se  puent  consievrer  àes 
«  aezemens  communs.  »  En  parlant  des  nobles  qui 
ne  peuvent  se  dispenser  de  contribuer  aux  dépenses 
faites  pour  l'utilité  publique,  proprement  se  conser- 
ver franc,  se  préserver. 

On  lit  dans  le  même  sens,  en  parlant  des  faveurs 
des  femmes  : 

Fox  est  qui  y  met  s"entente  (désir), 
Puisqu'il  s'en  puet  consieurrei: 

Gobains  deRains,  Pora.  MSS.  av.  1300,  T.  II.  p.  722. 

^  Par  uneextension  de  cette  dernière  signification, 
on  a  employé  consieurrer,  pour  priver,  sevrer  : 

Se  moi  convient  consieurrer 
Des  biens  que  seul  savourrer. 

Poos.  MSS.  du  Vat.  n-  U90,  fol.  37,  R". 

A  quel  dolor  je  m'en  consir  (console). 

Gontiers,  Po?5.  MSS.  avanl  1300,  T.  III,  p.  1016. 

Parlant  de  Charlemagne,  qui  ne  peut  se  séparer 
de  ses  lilles.  Pli.  Mouskès  dit  : 

N'onques  plus  n'en  vot  marier, 
Car  ne  s'en  pooit  consirer  (1). 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  79. 

Par  dieu,  amours,  grief  m'est  à  coi'sidvrier 

J.r'  grand  soûlas,  et  la  grant  compaignie, 

Et  le  déduit  que  me  souloit  monstrer 

Celle  qui  m'iert  (estoit),  et  ma  dame  et  m'amie. 

Le  Cliastel.  de  Coucy,  dans  Borel  et  Fauch.  p.  130,  Lancf.  et  Poés.  fr. 

xNi  Fauchet,  ni  Borel  n'ont  expliqué  ce  passage. 
Il  est  évident  que  consuivrier  est  ici  le  même  mot 
que  consievrer,  puisqu'il  en  diffère  si  peu  et  qu'il 
offre  absolument  le  même  sens  :  celui  de  se  priver, 
de  se  sevrer  :  «  Il  est  dur  de  nie  sevrer  du  plaisir 
«  qu'avoit  coutume  de  me  donner  ma  maîtresse.  » 

Il  est  aisé  de  voir  que  toutes  les  orthographes  de 
ce  mot  sortent  du  mot  conserver  (2)  ou  y  rentrent, 
de  même  toutes  les  significationsdu  mot  Consieuvrer 
et  de  ses  orthographes  subsistantes,  rappellent  le 
sens  propre  du  mot  conserver ,  plus  ou  moins 
étendu  ou  détourné  ;  ainsi  conserver  amène  l'idée 
de  préserver  ;  celle-ci,  celle  de  dispenser,  de  sevrer, 
priver,  etc. 

VARIANTES  : 

CONSIEVRER.  Gl.  sur  les  G.  de  Reauv.  Reauman.  p.  237. 
CoNSiEUVREU.  Poës.  MSS.  av.  ISUO,  p.  722,  t.  II. 
CoNSUivniEH.  Borel  et  Fauchet,  p.  130. 
CONSIURER.  Le  Ch.  de  Coucy,  P.  .\IS.  av.  1300,  t  II,  p.  539. 
CoNSiURRER.  Adans  li  Bocus,  ibid.  t.  IV,  p.  1398. 

CONFIERRER. 

CoNSiRRiER.  Parton.  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  124,  R»  col.  2. 

CONSIRRER.  Alex,  et  .^rist.  MS.  de  S.  G.  fol.  72,  V°  col.  2. 

Consirer.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  I,  p.  180. 

CoNSiRE.  Mouskes,  MS.  p.  146. 

CoNCiRE.  Blond,  de  Nesle,  Poes.  MS.av.  1300,  t.  II,  p.  545. 

Consir,  subst.  masc  Reflexion,  pensée  *.  Pensers 
amoureux,  désirs  ^. 


(1)  Consirer  vient  de  considerare,  comme  dnsirer  de  desiderare ;  le  sens  est  se  consoler.  (Voir  plus  bas).  (N.  E.) 

(2)  L'étymologie  est  cum  plus  separure  et  non  conservare  .•«  Ne  savez  beste  pour  penser  Miex  ne  s'en  puisse  consievrer. 
(Ren.,  I,  87.)  (n.  e.) 


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*  Ce  mot,  formé  de  consirer,  contraction  du  verbe 
considérer  (I),  si?;nifie  proprement  pensée,  ré- 
flexion; delà,  on  l'a  employé  pour  méditation,  dans 
ces  vers  où  le  poète  fait  la  description  du  séjour  de 
l'abstinence  : 

Ne  fu,  puis  le  tens  Abel, 

Mesons  si  bêle,  ne  si  nete, 
Meson  fu  ;  or  est  mesonete, 
Comsires  en  fu  charpentiers  ; 
Bien  fu  ses  cuers  fins  et  entiers 
A  la  meson  fonder,  et  fere. 

Fabl.  MSS.  du  P..  n-  7-218,  fol.  3rj,  V"  col.  1. 

Consirier  est  mis  pour  pensée  daiis  cet  autre 
passage  :  >■  Ordonne  moy  piteusement,  et  tous  mes 
"  consiriers,  et  euvres,  "et  paroles,  en  ton  plaisir.  " 
(Chasse  de  Gaston  Phéb.  ms.  p.  370.) 

^  Consirre  a  été  particulièrement  consacré  aux 
pensers  amoureux,  accompagnés  de  désir,  et  c'est 
le  sens  que  lui  confirment  tous  les  passages 
suivans  : 

Lons  consirs  doble  la  desevrance. 

M"  Hughes  de  Bregi,  Pots.  MSS.  av.  1300.  T.  lU,  p.  9'.IS. 

C'est-à-dire  la  séparation,  la  privation  redouble 
les  désirs  ou  les  regrets;  de  longs  pensers,  de  longs 
désirs  doublent  la  privation  : 

Li  lons  consirs  (2),  et  la  grans  volentés 
D'avoir  l'amors  ke  j'ai  tant  désirée, 
Me  destraint  (m'oppresse)  .  etc. 

Jehan  de  Trie,  Pois.  MSS.  av.  1300,  T.  II.  p.  909. 
Û'un  doue  courir  plain  d'envie, 
Me  convient  languir. 

Monios,  ibid.  T.  III,  p.  1291. 

C'est-à-dire  d'un  doux  penser  plein  de  désir,  etc. 

....  Aim  niiex  morir  en  doe  (doux)  consir, 
Ke  vivre  iriés,  et  ma  vie  liair. 

Li  ChasKclaiiis.  Po^s.  MSS.  avant  1300,  T.  III,  p.  1172. 

Biens  doi  dire  mon  couslre. 
Dont  sui  pansaire, 
Car  servira,  et  jausire 
Sui,  et  amaire. 

Po.  s.  MSS.  avant  1300.  T.  II,  p.  901. 
De  li  sont  mi  co»sirre, 
Ne  pans  riens  al  (autre  chose) 
Qu'à  la  belle. 

Gaces  Brûlez,  Ibid.  t.  I,  p.  25. 

On  trouve  cette  même  pièce  attribuée  à  M"  Mue- 
risse  de  Creon   (Ihid.  t.  III,  p.  994.) 

Bien  doit  dire  son  consire 

Nus,  nus  ne  s'en  doit  taire 

A  son  mire  (médecin)  nui  désire. 

Pocs,  MSS.  av  1300.  l.  II,  p.  905. 
Miex  aim  soffrir  ma  doulour, 
■Vivre,  et  atendre,  et  languir. 
Qu'aie  me  puet  bien  merir  (récompenser), 
Mes  maus,  et  ma  consirée. 

Chans.  MSS.  du  C  Tliib.  p.  119. 

VARIANTES  : 
CONSIR.  Poës.  MSS.  av.  13(X),  t.  II,  p.  860. 
CONSIRE.  Ibid.  p.  901. 
Consirre.  Ibid.  t.  I,  p.  477. 

CoMsiRRE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  313,  Y»  col.  I. 
Consirier.  Chasse  de  Gast.  Pheb.  MS.  p.  379. 
CoDSiRiER.  Chasse  de  Gast.  Pheb.  MS.  p.  408. 
Consirée  (3),  subsl.  fém.  Chans  MSS.  du  C"  Thib.  p.  119. 
CONSIRRÉE,  suh.  fém.  Fable  MS.  du  R.  n»  7218,  f»  77   R" 


Consirer,  verôe. Considérer, examiner*.  Regret- 
ter, désirer^.  Ce  mot  n'est  proprement  qu'une  con- 
traction de  notre  mol  considérer.  Ces  contractions 
sont  fréquentes  dans  nos  anciens  auteurs;  ainsi 
disent-ils  dcs/z^'cr  pour  désespérer,  goiirner  pour 
gouverner,  déhillcr  pour  déshabiller,  ovine  pour 
origine,  mccine  pour  médecine,  hircté  pour  héré- 
dité, forment  pour  fortement,  etc.  (Falconnet.) 

*  Le  premier  sens  considérer,  examiner,  est  le 
sens  propre. 

Celle  qui  pas  ne  consire 

Mon  regart, 
Com  humbl  -ment  le  regart. 

Froissarl,  Pors.  MSS.  p.  207. 

^  La  considération  du  mérite,  de  la  valeur  d'une 
chose,  excite  le  désir  d'en  jouir,  ou  le  regret  d'en 
être  privé  ;  de  là,  consirer,  qui  p;  oprement  signi- 
fioit  considérer,  s'est  pris  pour  regretter,  dans  ces 
vers  : 

Si  se  maintienent  il  com  sire, 

Moult  légiérement  le  rcmsire 

Toz  le  pais,  après  sa  mort  ; 

Et  s'il  est  preudom,  on  remort  (regrette) 

La  grant  bonté  de  sa  vaillance  ; 

Si  plaint  on  moult  sa  défaillance. 

Fahl.  MSS.   du  R.  n-  721S,  fol,  128,  R»  col.  1. 

Ce  mot  exprime  le  désir,  dans  les  vers  suivans  : 

Ains  m'estuet  de  dolant  cuer  consirrer. 

Chaos,  fr.  du  xin*  siècle,  MS.  de  Bouhier,  fol.  235,  R'. 
Je  ne  sai  clerc,  ne  lai,  ne  prestre, 
Qui  de  famé  puist  consirrer 
Se  il  ne  veult  trop  meserrer  (pécher) 
Envers  Dieu,  en  maint  manière,  etc. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  193,  V  col.  1. 

VARIAMES  : 

CONSIRER.  Froissart,  Poës.  MSS.  p.  267. 

Consirrer.  Part,  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  154,  V  col.  2. 

Consirros,  subst.  masc.  Pensif.  Proprement 
considéreux  ,  par  contraction  consirreux  .  d'où 
consirros.  selon  l'usage  fréquent  dans  plusieurs  de 
nos  anciens  poètes  de  cette  terminaison  en  os. 
-Vinsi,  dans  le  pa,ssage  suivant,  on  trouve,  non- 
seulement  consirros.  mais  amouros,  joios.  au  lieu 
d'amoureux,  joyeux.  On  a  dit  de  même  hainos, 
prox,,  pour  haineux,  preux;  même  sos  pour  seul. 
(Falconnet.) 

Li  roussignoles  aurillons, 

Cointes,  et  jolis  (gai  et  joyaux) 

Fait  cuers  anientis, 

Amouros  et  joios, 

En  cascun  pais. 
Mais  les  fins  amans  consirros, 

Fcrm,  et  estroit  pris 
N'esjoit  beaus  mais,  ne  chant  dous. 

Vill.  li  Viiiiers,  Po6s.  MSS.  av.  1300.  t.  II,  p.  819. 

Consisant,  Ce  mot  est  employé  dans  ces  vers  : 

Dieu  pourvoye  toy  de  roule  (voile)  suflsant 
Ou  ta  beaulté  se  voit  atapissant  (cachant). 
Se  toy  voyons,  ne  nous  pourrons  mouvoir  : 
Regarde,  ça  jus  et  si  l'u  co>isisanl. 
Nous  te  attendons,  vas  appétissant. 

Percef.  vol.  I,  loi.  61,  R"  col.  2,  et  V-  col.  1. 


(1)  De  même  désir  est  la  forme  verbale  de  désirer,  fait  sur  desiderare.  (n.  e.) 

(2)  «  Mes  giendres  et  mes  lons  consirs.  Mes  plors,  mes  larmies,  mes  sospirs.  »  (Partounp    v    47.39  )  (n  e  ) 

(3)  La  forme  consirfie  est  aussi  dans  Partonopex,  v.  7414  :  «  Qui  voit  dame  tant  d  's;ré  ■  Do  '     "  '     ' 

IV. 


Dont  a  fait  si  grant  consirée.  »  (n.  K.) 
26 


co 


-  202  — 


CO 


Consiste  (il),  ^'pers.  indic.  prés.  11  s'agit,  il  y 
va.  On  a  dil,  en  parlant  des  gages  de  bataille  : 
"  Sup|)Osons  iiiie  un  homme  noble  ayt  plusieurs 
«  enfans,  et  ayt  été  fortuné  (infortuné)  que  d'estre 
..  déconlit  eu  champ  clos,  par  gage  de  bataille; 
«  auquel  cas  il  consiste  la  vie,  les  biens,  l'honneur, 
..  les  armes,  le  nom,  etc.  »  (01.  de  la  Marche,  Gag. 
de  Bat.  fol.  29.) 

Consistoire,  siibsl.  masc.  Assemblée.  Ce  mot, 
qui  subsiste  sous  cette  orthographe,  avoit  autrefois 
une  signification  beaucoup  plus  étendue  que  celle 
qu'il  conserve.  Il  se  disoit,  en  général,  de  toutes 
sortes  d'assemblées,  soit  de  ville,  soit  du  conseil, 
etc.,  même  de  jeunes  gens  réunis  pour  se  divertir. 
On  lit,  dans  une  ordonnance  concernant  les  privi- 
lèges de  la  ville  de  Tournay  :  «  Seront  les  eswar- 
«  deurs  (inspecteurs)  tenuz"  de  venir,  et  assembler 
.  en  la  halle,  avecques  les  prevotz  jurez,  et  esche- 
«  vins,  tous  les  mardis,  au  son  de  la  cloche,  pour 
«  avoir  ensemble  avis,  et  conseil  des  choses,  et 
«  besoignes  touchans  le  corps  de  la  ville,  et  ce  qui, 
»  par  ràccort  des  trois  coiicistoires,  sera  ordonné 
>.  pour  le,  proufit  et  utilité  de  la  ville,  vaudra,  et 
u  tendra.  »  (Ord.  t.  V,  p.  ;'.7a.)  »  Louis  XU  mectoit, 
«  de  jour  en  autre,  provision  de  conseil  en  ses 
«  affaires,  jusques  à  soy  trouver  en  personne  sou- 
«  vi\n[ix\icunsistuire,  etouyrl'oppinion  dessages.  » 
(J.  d'Auton,  Ann.  de  Louis  XII,  fol.  118.) 

Ce  mot  paroit  désigner  une  assemblée  de  jeunes 
gens,  une  société  de  plaisir,  dans  ce  passage  : 
a  Pour  autant  que  caresme  prenant  s'approcboit, 
«  qui  sont  jours  dédiez  à  resjouissance,  et  passe 
«  temps,  madame  commanda  à  tous,  que  chacun 
«  retournast  le  soir  en  suivant  au  consistoire.  >■ 
(Nuicts  de  Strapar.  t.  I,  préf.  p.  G.)  On  a  dit  haut 
concitoire,  pour  l'assemblée  des  saints,  le  paradis, 
la  cour  céleste,  dans  ces  vers,  ou  nous  lisons,  en 
parlant  de  la  sainte  Vierge  : 

Seule  sans  père,  à  cui  s'acline  (s'incline) 

Li  noblois  de  houl  concitoive  : 

Bien  se  tient  à  ferme  racine, 

Jaraès  ne  charra  (périra)  ta  mémoire  : 

Tu  es  fm  de  nostre  ruine 

Qui  mors  estions,  c'est  la  voir  (vérité). 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  I"i9,  V°  col.  1. 

Ce  mot,  qui,  comme  aujourd'hui,  a  été  employé 
pour  les  ;issemblées  du  Pape  dans  l'Hist  de  Bertr. 
du  Guescl.  par  Mén.  p.  291,  a  été  aussi  affecté  aux 
assemblées  de  religionnaires.  Montluc  nous  en 
donne  l'époque,  lorsqu'en  parlant  des  troubles  de 
religion,  vers  l'an  lôtiO,  il  dit  :  «  Voyois  aussi  des 
«  noms  étranges,  de  surveillans,  diacres,  synodes, 
»  consistoires  ,  colloques  ,  n'ayant  jamais  esté 
«  dejeusné  (nourri)  de  telles  viandes.  »  (Mém.  t.  II, 
p.  3.)  C'est,  sans  doute,  par  allusion  à  cet  usage  où 
les  prolestans  éloient  de  qualifier  de  consistoires 
leurs  assemblées,  que  le  parti  catholique  appela 
concistoire  le  gibet  auquel  plusieurs  piotestans 
furent  pendus  en  1562.  (Voyez  Hisl.  de  Thou,  t.  IV, 
liv.  33,  p.  447.) 

Le  mot  consistoire  signifioit  aussi  le  lieu  où  l'on 
s'assembloit,  et  nous  le  disons  encore,  en  ce  sens. 


de  celui  où  le  Pape  convoque  les  cardinaux.  On  lit 
dans  l'acte  de  confirinalion  de  la  foire  de  S'  Ger- 
main :  >  Voulons,  et  nous  plaisl  que,  pour  tenir  la 
«  dite  foire,  les  religieux,  abbé  et  couvent  de  la 
>'  dite  abbaye,  puissent  faire  mettre  sus,  et  dresser 
<■  co)isistoire,  édifier  halles,  estaux,  el  loges,  etc.  » 
(Godefr.  Observ.  sur  Charles  VIll,  p.  512.) 

VARIANTES  : 
CONSISTOIRE.  Orth.  subsist. 
Concistoire.  De  Thou,  trad.  t.  IV,  Uv.  33,  p.  447. 
Concitoire.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f°  173,  V»  col.  1. 

Consistoriaiix,  subst.  masc.  plur.  Il  y  avoit 
en  Hollande,  en  1592,  une  faction  connue  sous  le 
nom  de  jacobites  et  consistoriaiix.  On  peut  voir 
son  origine  dans  l'Hist.  de  Thou,  t.  XI,  livre  104, 
page  562. 

Consistoi'ier,  verbe.  Décider  par  la  voie  du 
consistoire.  (Voyez  Oudin,  Dict.) 

Consobrine,  subst.  fém.  Cousine.  (Voyez  Car- 
tlieny,  voyage  du  Ch"  err.  fol.  47.) 

Consolation,  subst.  [cm.  Joie,  plaisir,  réjouis- 
sance. On  a  dit  en  ce  sens  :  "  En  grant  feste,  et 
«  consolation.  »  (Traité  delà  Faucon,  ms.  du  R. 
n"  7921,  fol.  1.)  >'  Plusieurs  des  mariez  désiroientle 
«  départir,  eu  intencion  de  recevoir  plus  grande 
«  consolacion,  la  dance  cessa,  et  s'en  retourna 
«  chascun  en  son  logis.  »  (Percef.  vol.  IV,  fol.  9.) 
Le  mot  de  consolation,  au  jeu  de  l'ombre,  s'est 
conservé  dans  le  sens  de  celui  de  réjouissance  au 
lansquenet. 

VARIANTES  : 

CONSOLACION.  Percef.  vol.  IV,  fol.  9,  V»  col.  2. 
CoNSOL.'VTioN.  Orth.  subsistante. 

Consolatoire,  adj.  Qui  console.  (Clém.  Marot, 
page  707.) 

Consoler,  verbe.  Réjouir.  On  disoit,  en  ce  sens, 
se  consoler  pour  se  réjouir.  «  Quant  assez  se 
»  furent  consolez  de  ceste  bonne  adventure,  chas- 
«  cun  se  partit  d'illec,  et  s'en  retourna  en  son 
«  lieu.  ..  (Percef.  vol.  VI,  fol.  52.) 

Remarquons  sur  la  conjugaison  de  ce  mot  qu'on 
a  dit  de  six  façons  différentes,  il  console,  à  l'indica- 
tif présent  : 
CoHsaull.  11  console.  (Eust.  Desch.  Poës.  fol.  78.) 
Cousant.  Il  console.  (Poës.  mss.  av.  1300,  t.  IV, 
page  1541.) 
Conseul.  Il  console.  (Fabl.  mss.  du  R.  n»  7218.) 
Consenlt.  11  console.  (Lanc.  du  Lac,  t.  I,  fol.  14.) 
Consent.  11  console.  (Poës.  mss.  Val.  n'  1490.) 
Consult.  Il  console.  (Lanc.  du  Lac,  t.  I,  fol.  134.) 

Consoleur,  subst.  masc.  Consolateur.  (Gloss. 
de  Marot.) 

Consolide,  subst.  fém.  Sorte  de  plante.  "  Prê- 
te nez  de  la  racine  d'une  herbe  appetlée  symphiton, 
«  vulgairement  consolide,  etc.  »  (Fouilloux,  Véne- 
rie, fol.  84.) 

Consommer,   verbe.  Terminer  ,  décider.  Ce 
I  mot  subsiste  ;  mais  on  ne  diroit  plus  :   «  la  tierce 


co 


—  203  - 


CO 


«  raison  qui  lont  consomme,  est  que,  etc.  »  (Modus 
et  Racio,  Ms.  fol.  235.)  Nous  disons  encore  consom- 
mer un  mariage,  dans  un  sens  différent  de  celui 
que  présente  ce  passage  :  «  Le  dit  mariage  fut  con- 
«  sommé  en  grande  magnificence.  »  (Mém.  de  du 
Bellay,  livre  IV,  fol.  118.r 

Consomption  ,  suhst.  fém.  Consommation. 
<>  Sous  liosteliers,  cabaretiers,  et  semblables  per- 
"  sonnes  pourront  arrester,  el  retenir  leurs  bostes, 
«  ou  leurs  effets,  pour  la  despense,  la  consomption 
"  faite  par  eux,  par  leurs  chevaux,  ou  bestiaux.  » 
(Coul.  d'Yypre,  Nouv.  Coût.  Gén.  t.  I,  p.  898.) 

Consonance,  subst.  fém.  Fanfare  *.  Terme  de 
poétique^.  Accord '=.  Parité". 

*  Nous  disons  encore  consonnance,  pour  l'accord 
de  deux  sons  dont  l'union  plait  à  l'oreille;  mais 
dans  un  sens  moins  précis,  ce  mot  signifloil  fan- 
fare. 11  semble  qu'il  faille  l'entendre  ainsi  dans  ce 
passage  :  «  Iluetde  Nantes,  et  le  sire  de  Monmo- 
«  rency  orent  trop  bonnes  consonances,  et  bonnes 
«  voix,  et  bonnes  manières  et  belles  de  parler  à 
«  leurs  chiens.  »  (Chasse  de  Gaston  Phébus,  iis. 
page  223.) 

^  Comme  terme  de  poétique  ,  consonnance 
exprime  la  ressemblance  de  son,  dans  la  terminai- 
son des  mots  qui  riment  ensemble.  Elle  a  lieu,  sui- 
vant Boissière,  «  quant  eschet  mesme  termination 
<'  d'une  ou  plusieurs  syllabes,  en  divers  carmes.  » 
Cet  auteur  en  distingué  de  cinq  sortes.  «  la  conson- 
«  îiftHfc  équivoque,  riche,  syllabe,  etdem.ie  syllabe 
«  seule  (qu'il  appelle  rime  povre,  p.  236),  et  syllabe 
«  demie  équivoque  à  deux,  ou  plusieurs  syllabes 
«■  terminées  en  même  son,  à  la  fin  desquelles  la 
«  diction  est  par  conjugation  reprinse  aux  vers 
0  symbolisans.  >'  (Poëtiq.  page  253.)  Il  donne  des 
exemples  de  ces  différentes  consonances.  (Ibid. 
p.  236.  —  Voy.  ci-après  Consonancie.) 

•^  De  là,  consonance,  au  figuré,  s'est  pris  pour 
accord,  proportion,  rapport  :  «  Est  entre  prédesti- 
«  nacion,  prescience  de  Dieu,  et  libérale  humaine 
»  opération,  telle  consonance,  que  entre  eulx  n'est 
«  trouvée  discordance.  »  (Modus  et  Racio,  ms.) 

°  L'acception  de  parité  est  une  extension  des 
acceptions  précédentes  :  «  .Souffrir  ,  et  vouloir 
«  n'est  pas  consonance  ;  car  Dieu  dissimule,  et 
•'  souffre  moult  de  choses  qui  ne  sont  mie  faites  de 
"  droit.  »  (Modus  et  Racio,  ms.  fol.  243.) 

Consonancie,  subst.  fém.  Terme  de  poétique. 
On  trouve  consonantie  dans  Fauchet,  nhi  SH/)rà,  où 
cet  auteur  traite  de  la  consonance,  el  de  la  lime 
consonante,  opposée  à  la  rime  léonine.  Il  dit  que  la 
rime  consonante  est  la  même  que  la  rime  pauvre, 


et  qu'on  appeloit  léonine  la  rime  riche.  Consonan- 
cie semble  mise  pour  consonnance  désagréable, 
peut-être  ce  qu'on  entendoit  par  la  rime  pauvre, 
dans  ces  vers  : 

S'il  i  a  conso7tanr!e. 

Il  ne  m'en  chaut  qui  mal  en  die, 
Car  ne  puet  pas  plaisir  à  tous, 
Consonanne.  sanz  bons  moz. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7615,  T.  H,  fol.  1«,  V»  col.  2. 

VARI.\1NTES    : 
CONSONANCIE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  t.  II,  fol.  146. 
C0NS0N.\NTiE.  Fauch.  Lang.  et  Poës.  fr.  p.  77,  etc. 

Consonant,  adj.  et  subst.  masc.  Qui  a  le  même 
son*.  Consonne^. 

*  On  s'en  servoit  comme  adjectif,  au  premier 
sens,  et  l'on  disoit  rime  consonant,  au  lieu  de  rime 
consonante,  par  opposition,  comme  nous  venons 
de  le  dire,  dans  l'article  précédent,  à  la  rime 
léonine.  Léolime  est  une  faute  pour  léonime,  dans 
ces  vers  : 


l^ue  Li  vers  soit  mis  en  rime, 
Ou  consonant  (1),  ou  leolime. 

Boece,  de  la  consolation,  MS.  du  R. 


•  7350. 


Sur  les  rimes  consonans,  et  sur  les  léonimes, 
voy.  les  Poës.  mss.  d'Eust.  Desch.  fol.  39(1,  col.  1  (2). 

^  On  emplovoit  aussi  ce  mot  comme  substantif; 
alors  il  signifibit  consonne,  comme  dans  ce  passage 
où  l'on  dit  en  parlant  de  la  lettre  I  : 

N'est  petiz  et  cors, 

Il  se  met  pour  g,  quant  li  sief , 
Ou  leu  de  connoncinl  (3)  s'assiet  ; 
J  signifie  joie  vaine,  etc. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7218,  fol.  126,  V-  col.  2. 

Consonnei*,  verbe.  Être  d'accord.  (Nicot  et 
Monet.  Dict.)  C'est  le  sens  propre,  en  parlant  de 
l'accord  des  sons.  De  là,  se  consonner  s'employoit 
figurément  pour  s'accorder,  se  conformer  :  «  Si 
«  l'adjournement  ne  se  consonne,  ou  conforme  à 
«  la  demande,  le  deffendeur  doit  demander  compa- 
«  riut  et  congé.  »  (Gr.  Coût,  de  Fr.  page  297.)  «  Ne 
«  vouloit  pas  se  consonner  à  ceux  qui  adminis- 
«  troient  mal.  »  (Godefr.  Ann.  sur  l'Histoire  de 
Charles  VI,  p.  665.) 

Consor,  subst.  fém.  Associé  *.  Partisan  ^.  Mari 

el  femme '^.  .luges,  pairs °.  (Voyez  leGloss.  de  Marot 
qui  inlerpièle  concitoyen  ;  les  Dict.  de  Monet  el  de 
Nicol.)  Ce  mol  doit  s'entendre,  dans  le  sens  le  plus 
générique,  de  celui  qui  participe  avec  un  autre,  en 
quoi  que  ce  soit  ;  de  là  ses  acceptions  particulières 
que  nous  avons  marquées. 
*  Au  premier  sens,  pour  associé  au  sort  : 

Et  ainsi  se  mirent  ensemble 

En  consors  (4)  de  leur  vray  seigneur. 

Eust.  Desch.  Poés.  MSS.  fol.  573,  col.  3. 

^  Pour  partisan.  «  Retourne  à  parler  de  Percefo- 


(1)  Nous  dirions  plutôt  assonance.  (N.  E.) 

(2)  Daus  rart  de  dilter  et  faire  chansons  :  «  Geste  balade  est  moitié  leonime  et  moitié  sonant ,  si  comme  il  appert  par 
monde,  par  onde  ;  par  homme,  par  Romme,  qui  sont  plaines  syllabes  et  entières  ;  et  les  autres  sonans  tant  seulement  où 
il  n'a  point  entière  sillabe,  si  comme  clamer  et  ester,  où  il  n'a  que  demie  sillabe ,  ou  si  comme  seroit  présentement  et 
innocent  ;  st  ainsi  es  cas  semblables  puet  estre  congneu  qui  est  leonime  ou  sonnant.  »  (N.  E.) 

(S)  «  Quelz  lettres  senties  voieulx,  et  queles  les  liquides  et  les  consonans.  >  (E.  Deschamps,  ms.,  fol.  396.)  (N.  E.) 
(4)  On  lit  encore  au  Songe  du  Vergier,  d'après  Dochez  :  «  Vous  n'estes  pas  consors  des  tribulations  et  persécutions   des 
apostres.  i>  (n.  e.) 


co 


-  204  - 


CO 


«  rest,  de  Bruyant,  etdesesconsors.  «  JPerceforest, 
vol.  1,  fol.  02,  R".) 

<=  Four  mari  et  femme,  on  lit  dans  les  Ambass. 
de  Bassomp.  t.  l,  page  72  :  sa  cher'.'  consorle,  pour 
son  épouse.  Consorbe,  pris  en  ce  même  sens,  semble 
une  faute  pour  cnnsurle,  dans  Naudé  (Coups  d'Etat, 
ch.  I,  p.  215.) 

On  a  nommé  consort,  le  raûle  d'une  tourterelle, 
dans  les  vei^s  suivans  : 

La  tourterelle  au  bois  en  ceste  sorte 
Veufve  gemist  dessus  la  branche  morte 
S'adoulourant  (se  désolant)  de  son  povre  consorl. 
Poes.  de  Jacq.  Tahureau,  p.  221 . 

"  Certains  juges  populaires,  qu'on  nommoit  au- 
trement ;jaj«î'os  ou  pairs,  s'appeloient  aussi,  rela- 
tivement à  cette  parité,  consors  ou  cossors,  dans 
quelques  anciennes  coutumes.  (La Thaum.  Coût,  de 
Berri,  p.  223.) 

VARIANTES  : 
CONSOR.  Poës.  deJaq.  Tahur.  p.  221. 
Consors,  plur.  Percef.  vol.  I,  fol.  (j2,  R»  col.  1. 
Cossors,  plm:  Gloss.  sur  les  Goût,  de  Beauvoisis. 
CoNSORTE,  .S-.  /".  .\mbass.  de  Rassomp,  t.  I,  p.  72. 
CONSORBE,  s.  f.  Naudé,  coups  d'Etat,  p.  215. 

Consorce  ,  subst.  féin.  Société.  Proprement 
parité,  égalité  de  sort,  du  hlmconsorlitim.  Montai- 
gne, parlant  de  la  philosophie  dont  les  arg-umens 
«  vont  à  tous  coups  costoyans,  et  gauchissans  la 
•■  matière  ■ ,  ajoute,  au  sujet  de  Zenon,  «  j'aime  à 
«  voir  ces  âmes  principales  ne  se  pouvoir  dépendre 
«  de  noslre  cortsojre;  tant  parfaits  hommes  qu'ils 
«  soient,  ce  sont  tousjours  bien  lourdement  des 
«  hommes.  »  (Ess.  t.  III.  p.  85.) 

Consorterie,  subst.  fém.  Terme  de  coutumes. 
La  communauté  du  mari  et  de  la  femme.  «  Si  aucun 
«  constitué  en  nécessité,  est  contraint  vendre  tous 
«  ses  biens  immeubles  en  bloc,  pour  ce  que,  sans 
«  ainsi  le  faire,  ne  trouve  acheteur,  ou  bien  s'il  les 
«  vendoit  par  parcelles,  n'en  trouveroit  la  raison 
«  (juste  prix)  et  desquels  biens  les  aucuns  sont  de 
«  lignée,  les  autres  de  conqueste,  et  les  autres  en 
«  communauté,  ou  consorterie,  eu  ce  cas,  la  pre- 
»  sentation  de  tous  les  dits  biens  en  bloc,  doit  estre 
«  faite  premièrement  au  consorl,  et  en  son  refuz, 
«  au  plus  prochain  lignager.  »  (Coût,  de  Bayonne, 
Coût.  Gén.  t.  II,  p.  704.) 

Consouls,  subst.  inasc.  plur.  Consuls.  Voyez 
Ordonn.  des  l\.  de  Fr.  ubi  suprà.  Conssous  est  un 
mol  du  patois  de  Rouergue.  (Voyez  ci-dessous  Con- 
soles et  Consul.) 


VARIANTES    : 

CONSOULS.  Ord.  t.  UI,  p.  679. 
CoNSEULs.  Ord.  t.  m,  p.  Cfiô. 
Conssous.  Ord.  t.  V,  p.  703  (1). 

Conspiration,  subst.  fém.  Emeute  populaire. 
Il  s'en  falloil  beaucoup  (lu'on  donnât,  autrefois,  à 
ce  mot  une  signilication  aussi  étendue  qu'aujour- 
d'iiui.  On  peut  en  juger  par  le  passage  suivant,  où 
l'on  distingue  monopole,  sédition  et  conjuration  : 
«  Monopole  est  entre  le  peuple,  et  chose  qui  singu- 
»  lierement  le  regarde,  eiconspiration  (2)  estassem- 
«  bler  la  gent  pour  chose  qui  a  regard  au  prince, 
»  et  toutes  fois  il  ne  touche  pas  au  corps,  n'a  la  vie 
«  du  prince,  comme  faict  sédition.  ..  (Bout.  Som. 
Rur.  p.  172.  —  Voy.  ci-après  Conspirement.) 

Conspii'ators,  subst.  masc.  Conspirateur.  On 
trouve  ce  mot,  dans  une  citation  française  rappor- 
tée par  Du  Cange,  Gl.  lat.  au  mot  Co;:spiratores[3). 

Conspirement,  subst.  maso.  Conspiration. 

Quant  voit  leur  fol  conspirement, 
Et  leur  malice  desnuée. 

GeolTr,  de  Paris,  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauvel,  fol.  ^t'A. 

Conspirer,  verbe.  Inspirer,  suggérer. 

Desespoir  malle  mort  me  conspire  : 

Mais  raison  veult  que  lamente,  et  souspire. 

.1.  Maiol,  page  247. 

Constance,  subst.  fém.  Certitude  constante. 

La  constance  (4) 

De  non  morir,  mais  vivre  en  habondance. 

Eusl.  Desch.  Poès.  MSS.  foL  172,001.  1. 

Constancialité,  subst.  fém.  Consubstantialion. 
(Chron.  S.  Denis,  t.  I,  fol.  18.) 

Constans.  On  lit,  au  sujet  d'une  conteslatiou 
élevée  entre  les  François  et  les  Anglois,  pour  la 
restitution  de  Calais  : 

Guichars  li  Bruns,  qui  fut  nez  à  Seclin, 
Dist  que  cilz  faiz,  et  (est)  doubteux,  et  pesans. 
Voire,  et  qu'Engles  y  pensent  mal  engin. 
De  retenir  ce  port,  qui  est  co>istans... 
Paix  n'arez  jà,  s'ilz  ne  rendent  Calays. 

Eust.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  113,  col.  4. 

Constant,  adj.  et  subst.  masc.  Ferme,  assuré*. 
Fort^ 

*  Xous  disons  encore  constant,  pour  ferme  dans 
le  malheur  ;  mais  on  ne  s'en  sert  plus  pour  expri- 
mer cette  fermeté  qui  rend  maître  de  l'émotion  de 
l'âme  agitée  par  un  amour  violent.  •>  Adonc  furent 
"  les  deux  amans  si  prins  qu'il  n'y  eust  si  constant 
"  i\\n  ne  perdist  toute  contenance.  "  (Perceforest, 
vol.  VI,  fol.  55.) 

^  Ce  mot,   précédé  de  l'article  le,   s'employoit 


(1)  «  Nous  Jaques  de  Pereuse  et  Pierre  Bourgois  conssous  de  la  ville  et  appartenances  de  Pereuse.  »  (.4n.  1368.)  Voyez 
aussi  t.  V,  p.  706,  au.  1368.  (n.  e.) 

(2;  On  lit  au  Recueil  de  Tailliar  CxiiF  siècle,  p.  ;3-l7)  :  «  Pour  les  outrages  ,  les  conspiralions  et  les  aliances  qu'il  firent 
encontre  nostre  chier  fil  Robert.  »  Dans  une  complainte  sur  la  bataille  de  Poitiers  (Bibl.  de  l'Ec.  des  Chartes ,  3'  série  ,  II, 
262.  on  lit  aussi  :  «  Il  ont  contre  le  roy  fait  conspiracion  De  li  et  ses  enfans  mettre  à  destruction.  »  (N.  e.) 

(3)  C'est  aux  statuts  d'Edouard  I"  d'Angleterre,  35«  année  du  règne  :  «  Conspiralors  sont  ceux  queux  se  enlrelient  par 
serement,  convenant,  ou  auter  aLiance,  que  chescun  aidra  et  sustiendra  auters  entreprise,  de  falceraent  et  maliciousement 
enditer,  ou  falcement  mover  plees.  »  (Stanford,  liv.  III,  ch.  XII.)  Conspirateur  se  trouve  au  xv  siècle  (Bibl.  de  l'Ëc.  des 
Chartes,  4"  série,  I,  4îi).  (n.  e.) 

(4)  Dans  la  ballade  citée  plus  haut,  on  lit  :  (•  Quand  le  roi  se  vit  pris,  si  dit  par  grant  constance  :  C'est  Jehan  de  Valois, 
non  pas  le  roi  de  France.  »  (n.  e.) 


GO 


205  — 


co 


substantivemenldans  le  sens  où  l'on  dit  îiujour- 
d'hui  le  fort  pour  l'endroit  le  plus  fort  d'une  chose. 
-<  Launay  RafiUy  mit  aussi  une  estacade  de  mais 
«  de  navires  i\\i  constant  de  la  digue.  ■•  (Mém.  de 
Bassomp.  t.  III,  p.  454.) 

Remarquons  cette  expression  :  Paonr  cnustani, 
pour  exprimer  ce  que  les  jurisconsultes  appellent 
mctus  cailcns  in  constantem  viriwu  peur  fondée. 
«  Stipulation  faile  par  paour  de  mort,  ou  de  tour- 
«  ment  constant,  ne  fait  à  tenir.  »  (Bout.  Som. 
Rur.  p.  31J.) 

Constantinoble,  suljst.  masc.  Constantin. 
"  Constantinoble  l'emperers  envoya  seinte  Hfleyne 
«  en  Jérusalem  pur  quere  (pour  clierclier)  la  seinte 
»  croix.  »  (Ilisl.  de  la  S'«  Croix,  ms.  p.  10.) 

Constiper,  verbe.  Condenser.  En  latin  globare, 
solider,  selon  le  Gloss.  du  P.  Labbe  qui  interprète 
aussi  eniuisseler.  de  luisseau,  pelofon.  Labbe  sem- 
ble n'avoir  eu  en  vue  que  le  sens  propre  du  mol 
latin  conslip  tre. 

Je  ne  sais  si  nos  anciens  auteurs  s'en  sont  ser\  is 
en  ce  sens  (1).  Il  ne  subsiste  au  moins  qu'au  figuré. 

Constitu,  subst.  masc.  Arrêt,  détermination. 
Résoluliou  prise  sur  une  chose  qui  a  été  débattue. 
De  là,  ce  mot  signilioil  aussi  le  point  principal  ou 
article  essentiel  d'un  acle  public.  (Dict.  de  Rob. 
Estienne  et  de  Moiiet.) 

VAlilANTEà  : 
CONSTITU.  Nicot,  Dict. 
CONSTITUT.  Oudin,  Dict. 

Constitué, /Jrt)7îC.  Ce  mot  subsiste  sous  diffé- 
rentes acceptions  ;  maison  ne  dit  plus  :  »  Constitué 
«  en  diverses  opinions,  conslitué  en  grmdes  solli- 
«  tudes.  »  (Voy.  Tri.  des  IX  Preux,  p.  147. j 

Constituteur,  subst.  masc.  Constituant.  Celui 
qui  constitue.  (Dict.  d'Oudin.) 

Constitution,  subst.  /(■/«.  Terme  de  rhétorique. 
Nous  passons  sous  silence  les  significations  ordinai- 
res sur  ce  mot.  comme  lerme  de  rhétorique.  (Voyez 
Fabri,  Art.  de  Rhetoriq.  liv.  I,fol.  44.) 

Coustraiguance,  subst.  féni.  On  lit  dans  la 
règle  de  s.  Benoit  «  petite  rieule  (règle)  devisée  de 
"  constraignance  •■,  traduit  du  latin  iianc  niinimam 
inclioationis  regutam.  (Règle  de  S.  Ben.  lat.  fr.  .ms. 
de  Beauv.  ch.  73.) 

Constraignement.  [Intercalez  Constraigne- 
ment,  contrainte  :  «  Je  le  voleil  et  otroy  de  me 
«  pure  volunté  et  sans  ('OHS^'Y//.(/;iÉ'H(('«^  »  (Ch.  de 
1247  au  Cart.  'il  de  Corbie.)  11  en  est  de  même  au 
Cart.  de  S'  Jean  de  Loudun  (1205),  l\.  Chartres  en 
1300,  enfin  aux  Ordonnances  (III,  29i):  «  Constrai- 
«  gnement  de  faire  paier.  »  Voyez  aussi  à  la  Chron. 
des  ducs  de  Normandie.]  (n.  e.) 

Constraindable,  adj.  Contraignable.  (Coût. 
Gén.  t.  I,  p.  825.) 


Constraindre.  [Intercalez  Constraindre ,  au 
sens  de  gêner,  tourmenter,  comme  astraindre  : 
«  Li  rois  englès  avoit  assegiet  le  bonne  cité  de 
«  Tournay  et  moult  le  constraindoit.  «  (ÎM-oissart, 
II,  2'(8.)  On  lit  aussi  à  la  page  173:  »  !,i  enghien 
«  cessèrent,  qui  trop  les  avoienl  constrains  et 
«  adaramaigiés.  »]  (n.  e.) 

Consti'aint,  participe.  Forcé*,  Retenu,  em- 
barrassé^. 

*  On  lit  au  premier  sens  :  "  Chemin;5t'0Hs//Y/;*t/ 
«  pour  venir  audit  Bresse,  »  c'est-à-dire  qu'on  ne 
peut  éviter,  par  leiiuel  on  est  forcé  de  passer.  » 
iLett.  de  Louis  XIl,  t.  III,  p.  173.)  ,?        '  ' 

^De  là,  ce  mot  semble  s'être  dit  pour  embarrassé, 
retenu,  empêché,  dans  ce  passage  :  «  Sire  du  tout 
«  puissant  ne  t'abrive  (fond,  se  précipile  )  sur 
«  moy  constraint  ;  où  me  muceray-je?  qui  me  deli- 
»  vrera  de  tes  mains.  >■  (Chasse  de  Gast.  Phéb.  ms. 
p.  393.) 

Constrinction.  subst.  fém.  L'action  de  serrer. 
Du  latin  constringere,  conslrictum.  Nous  lisons, 
dans  Ailcloque,  î'auconneiie,  fol.  93,  V°,  «  que  la 
«  constrinction  du  bec,  et  l'appuyer  sur  la  poi- 
■'  trine,  et  l'abominalion  de  la  viande  augmente  la 
«  podagre.  » 

Constupration,  subst.  fém.  Fornication  (2). 
(Oud.  Cotgrave,  Dict.) 

Gonstuprer ,  verbe.   Commettre  fornication. 

(Oudin,  Colgrave,  Dicl.) 

Consue,  part,  au  fém.  Remplie.  ■■  L'eau  noire, 
«  et  pourrie,  toute  cousue  et  semée  de  crapaux , 
"  sourds  (espèce  de  bêle  venimeuse)  et  couleuvres.  » 
(Contes  d'Eutrap.  p.  197.) 

Consuers,  subst.  fém.  plur.  Ce  mot,  formé  de 
suer,  sceur,  s'esl  dit  pour  filles  et  femmes  associées 
à  la  même  confrairie,  dans  le  sens  où  nous  disons 
confrère.  (Voyez  Gloss.  de  l'Hist.  de  Paris.) 

Consuetude,si/ôs<.  fém.  Habitude,  commerce, 
fré(iiieutation.  (Voyez  Moyen  de  parvenir,  p.  156, 
du  latin  Consueludo.) 

Consuir,  verbe.  Atteindre  *.  Obtenir,  suivre  °. 
Ce  mol,  sous  les  orthographes  employées  par  S. 
Bern.  répond  au  Minadipisci,  consequi,  impetrare 
et  olitinere.  Ce  sont  les  mêmes  significations  du 
mot  lalin  Consequi. 

*  Ce  mot  signifie  atteindre  dans  les  trois  passages 
suivans  ; 

Celle  mort  donc,  qui  fait  ainsi  revivre, 
Après  mourir,  pour  resolution  (conclusion) 
N'est  qu'un  dormir,  que  chacun  doit  con.'<ùivre. 
Clém.  Marol,  p.  731. 

OÙ  chacun  doit  atteindi'e,  doit  parvenir. 

Si  je  puis  coKsieviy 

Le  cherf  qui  se  fait  fuir. 

Chans.  MSS.  du  C"  Thibaud,  p.  9. 


(1)  Au  XIV»  siècle,  d'après  Modus  et  Racio  (fol.  45),  on  avait  la  forme  non  savante  costeve:  :  «  Une  autre  maladie  que  les 
chiens  ont,  qui  sont  costevez,  et  ne  puent  aler  dehors.  »  (N.  E.) 

(2)  Ce  mot  est  employé  par  Scarron  au  chapitre  II  du  Virgile  travesti,  (n.  e.) 


co 


—  206 


CO 


Gérard  de  Nevers,  l"  P.  p.  99,  cite  ce  passade  où 
ou  lit  consuh'ir,  au  lieu  de  cousicvir  :  ■•  Si  l'espée 
«  n'eut  coiisiiivii  le  comble  de  l'escu.  »  C'est-à-dire 
n'eût  atteint  le  liaut  de  l'écu.  (Perceforest,  vol.  I, 
fol.  08  U".) 

^  Dans  le  sens  d'obtenir,  les  mots  latins  de  S. 
Bernard  suffisent  pour  prouver  notre  explication. 

'^  Consuivre  signifie  suivre  dans  cet  autre 
passage  : 

Pitié  fait  roys  et  princes  vivre, 
En  obéissance,  et  seureté  ; 
Et  miséricorde  consuivre 
Loz,  victoire,  prospérité. 

Vigiles  de  Charles  VU,  p.  25. 

(Voy.  AccoNsuivRF.  ci-dessus.) 

CONJUGAISON  (1)  : 

Gonseu,  partie.  Atteint.  (Fabl 
Consevant,  part.  prés. 


Mss.  de  S.  G.  f°  53.) 
Poursuivant.  (G.  de  Paris, 


fol. 


oz. 


à  la  suite  du  R.  de  Fauv 

Conseue,  part.au  féni.  Atteinte.  (Parton.  deBlois, 
fol.  l/i5.) 

Consavet,  Obtienne.  (S.  Ber.  S.  fr.  ms.  p.  21.) 

Consevit,  prêter.  Obtint(2).  (S.  Bern.  Serm.fr.  mss. 
p.  379.) 

Conseut,  partie.  Obtenu.  (S.  Bern.  Serm.  fr.  mss. 
p.  165. ) 

Conseut,  obtient  et  obtienne.  (S.  Bern.  Serm.  fr. 
MSS.  p.  38.) 

Conseuz,  part,  au  plur.  Atteints.  (Parton.  de  Bl. 
fol.  163.) 

Consieus,  part.  Atteint,  frappé,  blessé.  (Poës.  .ms. 
av.  1300,  t.  Il,  p.  806.) 

Consieut,  ind.  prés.  Atteint,  parvient.  (Gontiers, 
Poës.  MSS.  av.  1300,  p.  1036.) 

Consul,  prêter.  Atteignit,  frappa.  (Floire  et  Blan. 
fol.  197.) 

Consiut.  subj.  prés.  Atteigne.  (Fabl.  mss.  du  R. 
u»  7218,  fol.  239.) 

Consuirent,  prêter.  Atteignirent.  (Geofr.  de  Paris, 
fol.  48.) 

Cousist,  prêter.  Lisez  peut-être  Consist,  atteignit. 
(Percef.  vol.  1,  fol.  82  R°.) 

VARIANTES  : 

CONSUIR.  Fabl.  MSS.  du  R.  n«  7989,  fol.  66,  V»  col.  ± 

CONSEVRE.  s.  Bern.  Serm.  Ir.  MSS.  p.  170  et  298. 

GONSUYR.  Gace  de  la  Bigne,  Des  Déduits,  MS.  fol.  13'2  R». 

CoNsuiRE.  Coiitiu.  de  G.  de  Tyr,  Martene,  t.  V,  col.  623. 

CoNSiEVin.  Chans.  MSS.  du  G"  Thib.  p.  9. 

CoNsuiviR.  Nicot,  Dict. 

CoNsuYvin.  Gace  de  la  Bigne,  Des  Déduits,  MS.  fol.  76  V°. 

CONSUYVRE. 

Consuivre.  Dict.  d'Oudin. 

CoNZEVRE.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  62. 

Consul,  suhst.  masc.  (3)  Conseiller  *.  Écbevin  ^. 
Administrateur  '^. 
*  Bore!  entend  ce  mot  dans  le  sens  générique  de 


conseiller,  et  Froissart  l'employé  avec  celte  signifi- 
cation. (Liv.  I,  p.  13.) 

^  C'êtoit  aussi  le  nom  donné  aux  échevins  dans 
quelques  villes.  (Voyez  La  Thaum.  Coût,  de  Berry, 
p.  22.)  «  Les  consuls,  c'est-à-dire  les  capitouls  de 
«'  Toulouse  vcstus  de  leurs  babils  royaux  portoient 
«  le  dais  sous  lequel  étoit  Charles  VI ,  à  son  entrée 
'<  dans  celte  ville  en  1398.  »  (Hist.  de  Louis  111,  duc 
de  Bourbon,  p.  270.)  (4)  Voy.  ci-après  les  mots CoNsuLAZ 
et  CoNscLEs,  qui  paroissent  avoir  eu  la  même  signi- 
fication. 

•^  On  nommoit  consul-^  d'une  terre,  ceux  qui 
administrèrent  les  affaires  d'un  pays,  d'une  terre. 
Les  seigneurs  de  la  cour  du  roi  Artus,  le  croyant 
perdu,  conviennent  avec  Couvain,  à  qui  ils  défèrent 
la  royauté  :  «  S'il  advient  entre  cy  et  la  que  nous 
«  n'en  oyons  aucunes  bonnes  nouvelles,  nous  nous 
«  tiendrons  à  vos  co)isitl%  de  la  terre,  et  de  seigneur, 
»  si  comme  le  vouldrez  attourner  (régler).  »  (Lanc. 
du  Lac,  t.  I,  fol.  129.) 

Consulat.  [Intercalez  Consulat.,  maison  de 
ville,  au  t.  V  des  Ord.,  p.  706,  an.  1368:  «  Pour  ce 

«  que  lesdis  conssous  ont  à  assembler  souvent  les 
«  conseilliers  dudit  consulat,...  il  aura  un  saint 
«  (sigunni)  ou  campane  commune,  qui  sera  au 
«  dedens  de  leur  consulat.  »]  (n.  e.) 

Consulaz  ,  suhst.  masc.  plur.  Conseillers. 
Officiers  municipaux.  Les  consuls  et  conseillers  de 
Villeneuve  dont  il  est  parlé  dans  une  ordonnance 
au  Recueil  des  Ord.  t.  V,  p.  39 i,  sont  appelés coHS/fis 
et  consulaz,  ibid.  et  plus  bas  consuls  el  conseillers. 

Consules,  subst.  masc.  plur.  Officiers  munici- 
paux. Titre  affecté  aux  magistrats  de  la  ville  de 
Montpellier.  (EustDesch.  Poës.  mss.  fol.  114.) 

Consultable,  adj.  Qu'on  peut  consulter.  (Dict. 
d'Oudin.) 

Consulte,  subst.  fém.  Consultation.  (Du  Gange, 
au  mot  Consulta.)  Ménage  remarque  que,  de  son 
temps,  il  n'y  avoil  pas  «  plus  de  trente,  ou  quarente 
<>  ans  qu'on  disoit  à  Paris  consulte  de  médecins,  et 
«  consultation  d'avocats:  aujourdhuy on  neditplus 
«  que  consultation.  »  (Mén.  Observ.  sur  la  langue 
fr.  p.  385.)  Lemotco?is!i/fe  subsiste  cependant  encore 
dans  quelques  provinces. 

Consultement,  adv.  Prudemment,  sagemenL 
"  Il  s'humilie  envers  Dieu,  et  lui  demande  son  aide, 
«  voire  plus  sûrement,  et  consultement  que  s'il  se 
«  confioit  en  sa  propre  force,  prudence,  et  bonnes 
"  œuvres.  »  (Les  Tri.  de  la  Koble  Dame,  fol.  336.) 

Consulteur,  subst.  masc.  Que  l'on  consulte. 
(Dict.  de  Cotgrave.)  Oudin  traduit  en  espagnol  Con- 
sultor,  avocat  consultant. 


(1)  Le  participe  passé  est  dans  la  Chanson  de  Roland  (v.  2372)  :  «  Dés  lure  que  nez  fui  Tresqu'à   cest  jur  que   ci  sui 
consunt.  »  La  Cliron,  des  ducs  de  Normandie  donne  cou.'^vil  et  conseuz.  (n,  e.) 

(2)  Partonope.TC  (v.  9863)  donne  consivi  :  «  Deus  par  se  pité  le  gari  Que  il  en  carnel  consivi.  »  (N.  E.) 

(3)  On  Ut  ilèjà  daus  l'Hist.   occid.   des  Croisades  (II,   413,   \iw   siècle)  :    «  Et  morut   lluguelin  consules  des   Pisans 
d'Acre.  »  (m.  e  ) 

(i)  Comparez  édition  Chazaud,  p.  217  :  «  Les  consuls  de  la  ville  vestus  d'habits  royaulx,  portoient  le  paille  au  roy.  »  (N.  E.) 


co 


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CO 


Consumer,  verbe.  Anéantir*.  Inciter,  exci- 
ter «  (I). 

*  La  première  signification  subsiste,  nous  ne  la 
citons  que  pour  en  fixer  l'époque.  "  M.  de  Vaugelas 
«  a  décidé  qu'il  falloil  dire  consiinier,  en  la  signifi- 
«  cation  d'anéantir,  e[  consommer  e\^  la  signification 
«  d'achever,  et  de  perfectionner  ;  et  il  a  remarqué 
»  que  Malherbe  en  avoit  toujours  usé  de  la  sorte.  Je 
«  ne  voudrois  pourtant  pas  blâmer  (dit  Ménage) 
"  ceux  qui  se  servent  deconsommer  pour  consumer, 
«  comme  .s'en  est  servi  Gombaud.  «  (Mén.  Observ. 
sur  Malh.  p.  '2'iO.) 

°  On  disoit  autrefois  consumer,  pour  inciler. 
exciter,  animer  ;  à  en  juger  par  ce  passage  :  «  Elle, 
"  comme  sage  et  vertueuse  femme,  les  enhorloit, 
«  \esconsnmoit  à  fort  vertueusement  soustenir  leurs 
..  martires.  -  (Hist.  delà  Tois.  d'Or,  vol.  Il,  fol.  iCi.) 

Consumir,  verbe.  Consumer*.  Consommer, 
employer  ^. 

*  Fesisl  consumlr  par  feu.  {^.  Bern.  Serm.  fr. 
Mss.  p.  IS.  )  On  lit  dans  le  lalin  jirœciperet  Igné 
consumi. 

^  «  Lai  les  moenrat  li  sole  grâce,  ensi  k'il  consu- 
«  meil  en  brief  tems  par  aemplissement  mainz 
«  tens.  «  On  lit  dans  le  latin:  «  Perducenteeos  solà 
"  gralicà,  uiconsummali  m  brevi  expleant  lemjjora 
«  multa.  " 

Consuniis,  i)art.  et  ailj.  Epuisé.  Le  P.  Labbe, 
Gloss.  p.  500,  interprèle  évacuez,  e.vhaustus.  Ce  Gl. 
que  nous  citons  souvent,  parce  qu'il  contient  bi-au- 
coup  de  vieux  mots,  contient  aussi  une  prodigieuse 
quantité  de  fautes  d'impression  qui  les  défigurent. 
On  a  dit  figurément,  en  parlant  du  cerf  :  <  S'il  n'est 
«  parfaitement  du  tout  desconfit,  et  ("ohs(oh//,  quant 
«  le  veneur  l'aura  failly,  il  demourra  illec  jusques 
"  à  environ  mienuyt.  «'(Chasse  de  Gast.  Phéb.  MS. 
p.  253.) 

VARIANTES  : 

CONSUMIS.  Gloss.  du  P.  Labbe,  p.  500. 
CoNSUMiT.  Chasse  de  Gast.  Phebns,  MS.  p.  253. 

Contadin,  subst.  masc.  Ilabitans  du  comtat 
d'Avignon  *.  Paysan  ^. 

*  Ce  mot  est  interprété  dans  le  premier  sens,  par 
Oudin,  Dict. 

^  On  trouve  contadin  pour  paysan  italien,  dans 
Bouchet  (Serées,  Liv.  II,  p.  30),  et  pour  paysan  dans 
Cotgrave,  et  les  Ess.  de  Montaigne,  t.  I,  p.  350.  C'est 
le  double  sens  du  mot  italien  cuntaduio,  formé  de 
contado,  campagne  ou  comté.  On  lit  eomtadin  dans 
la  Coût,  de  Bret.  Ce  mot  y  est  pris  pour  paysan. 

VARIANTES  : 
CONTADIN.  Dict.  d'Oudin  et  de  Cotgrave. 
GOMTADIN.  Cout.  de  Bret.  Nouv.  Coût.  Gén.  r  IV,  p.  4<J9. 

Contage,  subst.  masc.  Contagion,  mal  conta- 
gieux. «  t'u  entaint  du  contage  de  maselerce 
«  (lèpre.)  »  (Chron.  ms.  de  Nangis,  p.  3,  an  1153. 


Contagieux.  [Intercalez  Contagieux,  infirme, 
maladif;  «  .(ehannete  femme  Jehan  Ferry,  maladive 
■>  et  contagieuse  de  pluseurs,  diverses  et  grans 
«  maladies.  »  (.(J.  135,  p.  20,  an.  1388.)  On  lit'aussi 
dans  Eust.  Deschamps  (fol.  334)  : 

....  Vieille  conlagieuse, 
Voulez-vous  donc  gouverner  la  contrée 
En  beguinant  faire  la  précieuse 
Pour  einpescher  toute  vie  amoureuse  '?]  (N.  E.) 

Contak,  subst.  masc.  Contestation.  On  lit  en  ce 
sens  :  «  Appeser  eo)iteks,  et  accorder  ceux  qui  sount 
.'  à  descord.  »  (Britt.  Loix  d'Angl.  foi.  134. j  Britton 
fait  souvent  us:ige  de  cette  orthographe. 

VARIANTES  : 
CONTAK.  Carta  magna,  fol.  34  R°. 
CONTEK.  Uritt.  Loix  dWngl.  passim. 
CoNTEST.  Du  Gange,  Gloss.  lat.  au  mot  Contestus. 

Contaniinateur ,   subst.   masc.   Qui   souille. 

(Dict.  d'Oudin.) 

Coutaïuinalion,  subst.  fém.  Souillure.  (Monet, 
Oudin,  Dict.) 

Contaminer,  verbe.  Souiller  (2).  (Nicot,  Robert 
Estienne,  Oudin,  .Monet  et  Cotgrave,  Dict.) 

Contaninens,  subst.  masc.plm'.  Irrévérences. 
Ce  mot  semble  une  abréviation  de  contamnement, 
mépris,  en  général  ;  en  particulier,  irrévérence 
commise  dans  l'église,  comme  il  paroît  par  le 
passage  suivant  :  «  Y  devroient  estre  dévotement, 
«  etilzy  fonttantdedissolucionsenco?i?a»;MC?îs, en 
"  rire,  en  parler,  que  c'est  pitié.  »  (Doct.  de  Sapience, 
fol.  33.) 

Contaniperament,  adv.  Modérément,  dune 
fayon  modérée.  ^Dict.  de  Monet.) 

Contant.  «  Le  Jouvencel  chevaucboit  en  la 
«  compagnie  du  roy  Amidas,  qui  passoitpar  devant 
«  une  grosse  ville  ou  estoit  le  lieutenant  général 
«  du  duc  Dac,  et  de  toute  sa  ligue  contant.  »  (Le 
Jouvenc.  ms.  p.  508.) 

Contantion,  subst.  fém.  Discord,  dispute,  con- 
testation. «  Vint  entreulx  contantion,  discord.  » 
(Chron.  S.  Denis,  l.  Il,  fol.  33.) 

De  là,  on  disoit  à  eontençon  (3),  pour  à  l'envi,  se 
disputant  à  qui  feroit  mieux.  Ainsi,  en  parlant  de 
la  famine  qui  régnoit  à  Acre,  durant  un  siège,  on  a 
dit: 

Car  (cliair)  de  ceval,  et  car  d'asnon 
I  mangoit  on  à  eontençon  (à  l'envi.) 

Ph.  llouskes,  MS.  p.  519. 

VARIANTES  : 
CONTANTION.  Chron.  de  S.  Den.  t.  II,  fol.  33,  V». 
Contention.  Contred.  de  Songecr.  fol.  89,  R». 
CoNTENÇON.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  49. 

Contanz,  subst.  masc.  plur.  On  trouve  les 
trois  façons  diflérentes  d'un  même  mot,  dans  une 
Ordonn.  Rec.  t.  I,  p.  279.  L'éditeur  semble  avoir 


(1)  Dans  Froissart  (XVI,  59),  il  signifie  mener  un  paiement  à  terme  ;  «  Ce  ne  sont  pas  choses  légères  à  consumer.  »  (n. 

(2)  «  Afin  que  dorénavant  elle  ne  contaminast  les  autres  membres  de  J.  G.  »  (Monstrel.,  II,  ch.  CV.)  (n.  e.) 

(3)  Voyez  plus  loin  ce  mot.  (n.  e.) 


E.) 


co 


208  — 


CO 


raison  de  lire  cateulx.  (Ibid.  noie  fd).  —  Voy.  le  mol 
Catklx,  article  Catel.) 

VARIANTES    : 
COXTANZ,  CoNTENS,  CoxTEUz.  Ord.  t.  I,  p.  279,  note  (d.) 

Contation,  suh$t.  fém.  L'aclion  de  lemporiser. 
C'esl  le  mol  Cunc.tation,  altéré  dans  le  passage 
suivant  :  «  Fabius  Maximus  par  sa  contactioii,  et  son 
«  temporisenient.  »  (Brant.  Cap.  Estr.  t.  1,  p.  lA.) 

Conteckours,  subsl.  mnsc.  Querelleur,  chica- 
neur. Homme  processif,  qui  l'orme  des  procès  injus- 
tes. De  CoNTEK  ci-dessus  sous  l'article  Contak.  (Brill. 
Loix  d"Anglet.  fol.  72.) 

Contediez,  participe  au  plur.  Contestés.  Peut- 
être  est-ce  une  faute  pour  contredits,  en  ce  passage  : 
<■  Ce  qui  est  escripl  en  tous  les  autres  articles  con- 
0  leclip~,,  et  contrariez,  est  suffisamenl  repondu 
•■  par  les  articles  couchez  pour  coutume.  >•  iCout. 
de  Troyes,  Xouv.  Coût.  Cén.  t.  III,  p.  285.) 

Conteiii,  siilist.  masc.  Le  contenu.  C'est  Texpli- 
calion  de  l'éditeur  des  Ordonnances.  «  Nous  uy,  et 
>■  entendu  le  rapport  qui  nous  a  esté  fait  en  uoslre 
«  conseil,  par  nos  diz  conseillers,  du  coutein  en  la 
«  dicte  informacion.  »  (Ord.  t.  V,  p.  721.; 

Conteker,  verhe.  Disputer,  contester,  plaider. 
Ce  mot,  formé  deCoNTEK  ci-dessus,  se  trouve  dans  le 
passage  suivant  :  ■  Si  deux,  oupluseurs  contechcnt 
"  por  un  lenement  (terre)  à  quel  nul  n"ad  droit, 
«  etc.  ..  (Brilt.  Loix  d'Anglet.  fol.  H.) 

variantes  : 
CONTEKER.  Britt.  Loi.x  d'Angl.  fol.  M,  R"  et  V°. 
CONTECKER.  Id.  Ibid. 

Contement,  subst.  masc.  On  a  dit  est7'e  d'un 
conlement,  pour  cire  au  même  niveau,  en  parlant 
de  l'amour  qui  égale  les  conditions  ; 

Je  sai  de  voir  (au  vrai)  que  raisons  me  deffent 

Si  baute  amor,  se  vos  ne  l'outroiez  ; 

Mais  haut  et  bas  sont  d'un  cou  louent, 

Puis  c'en  les  a  à  son  talant  jugiez  : 

Suens  est  li  bas,  qui  [jar  li  est  hauciez 

El  suons  li  haus,  qui  s'en  est  abaissiez  ;      . 

A  son  voloir  la  monte,  et  la  descenl. 

Gaces  Brullés.  Poës.  MSS.  av.  1300,  T.  l,  p.  160. 

Contemnement,  subst.  masc.  Mépris,  dégoût. 
Rabelais,  eu  parlant  du  dégoilt  du  monde,  dit  : 
»  Contemnemenl  assuré  de  toutes  choses  fortuites, 
«  etc.  (T.  ÎV,  p.  214.) 

VARIANTES    : 
CONTEMNEMENT.  Nicot,  Dict.  -  Rab.  t.  I,  p.  21't. 

CONTAMNKMENT. 

CoNTENNEMENT.  Vigil.  de  Charles  VII,  t.  I,  p.  229. 

Contemner,  verbe.  Mépriser.  (Voyez  nos 
anciens  Dictionnaires.  —  Gloss.  des  Arr.  d'Amour 
et  de  M:!rot,  etc.) 


VARIAMES  : 
CONTEMNER.  Oiidin,  Nicot,  Dict. 

CONTAMNEB. 

CONTEMPNER.  Ord.  t.  II,  p.  564. 

Contcmneur,  subst.  masc.  Contempteur.  Qui 
méprise.  ^Dict.  de  Colgrave.)  »  Contcmneur,  et 
»  mespriseur.  «  (Nicot,  Dict.) 

VARIANTES  : 
CONTEM,\EUR.  Dict.  de  Nicot. 
CoNTEMPNEUR.  .1.  Marot,  p.  197. 

Contenipcieuse,  adj.  au  fém.  Contentieuse. 

Le  débat,  et  la  nouvelle  euvre, 
Et  la  chose  contenipcieuse, 
Prinse  comme  largieuse 
En  nostre  souveraine  main. 

Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  410,  col.  4. 

Conteniperation,  subst.  fém.  Chaleur  tempé- 
rée. Nous  n'avons  point  de  mot  pour  rendre 
celui-là.  11  signifie  un  degré  tempéré  de  chaleur, 
en  parlant  des  vins;  et  nos  mots  tempérance,  tem- 
pérament, température,  n'ont  point  ces  acceptions. 
On  disoit  :  >>  les  vins  que  les  chresliens  avoyent 
»  et  qui  de  Fouille  et  de  Calabre  leur  venoient, 
«  esloyenl  secs,  et  chauds,  et  hors  de  la  contempé- 
«  ration  (1;  françoise,  dont  plusieurs  les  compa- 
«  rerent,  car  en  Ùevre  et  en  chaleur  cheurent.  « 
(Froissart,  liv.  IV,  p.  8'i.) 

Contempérer ,  verbe.  Tempérer  ,  modérer. 
(Monet,  Oudin  et  Cotgr.  Dict.) 

VARI.ANTES   : 
CONTEMPÉRER,  Contampérer. 

Contemplation,  subst.  fém.  Considération. 
«  A  leurs  pi  ières,  et  contemplations.  Wi,  faisoient 
•^  celle  grâce,  etc.  »  (Froissart,  liv.  Il,  p.  159.)  (2) 

Contemple,  sxibst.  masc.  On  disoit  adverbiale- 
ment, eî?Ci'('o?i/c?H;)/c  (3).  pour  alors,  en  ce  temps-là. 
«  En  ce  contemple,  couroit  parmi  le  royaume  de 
«  France,  une  très  granl.  etinnumérable  multitude 
«  de  peuple  qui  granl  compengne  (compagnie)  se 
«  faisoieul  appeller.  »  (Hist.  àeB.  du  C.uescl.  par 
Mén.  p.  109.) 

On  trouve  el  contenij'le,  au  même  sens,  dans  ces 
vers  : 

El  couleiiiple  de  cesle  chose. 
Si  comme  en  l'istoire  lison, 
Fu  el  pais,  en  traison, 
Li  roys  de  France  empoisonnez. 

G.  Guiarl,  MS.  toi.  36,  R*. 

Contemplement ,  subst.  masc.  Contempla- 
tion. (Colgrave  et  Rob.  Est.  Dict.) 

Contempler.  [Intercalez  Contempler ,  faire 
au  gré  de:  »  Vaillance  et  franchise  list  parler  le 
«  conneslable,  en  contemplant  aux  Francbois  qui 
«  moult  desiroient  la  bataille.  »  (Froissart,  XI,  170.) 
Une  variante  donne  pour  complaire.']  (x.  e.) 


(1)  M.  Kervyn  (XIV,  236)  imprime  complexion.  »  (n.  e.) 

(2)  Comparez  éd.  Kervyn,  IX,  461.  On  lit  encore  au  t.  XI,  p.  2  :  a  .\  la  requeste,  contemplation  et  plaisance  de  messire 
Guy  de  Chastillon.  »  (n.  e.) 

(3)  Voy.-.:  les  Chroniques  de  S'  Denis.  (D.  Bouquet,  III.  p.  202,  VI,  p.  1291.  On  lit  encore  au  reg.  J,I.  20i.  p.  120,  an  1474  : 
«  Lesquelx  conipaignonscommancerenl  à  railler  et  jouer  avec  iceile  iionnette  liUe  amoureuse,  et  en  ce  conlcinplc.  arriva 
ung  nommé  Pierre  le  Noir.  »  (N.  E.) 


co 


—  209  - 


CO 


Contempleur,  subst.  masc.  Contemplateur. 
(Cotgrave  et  Oudin,  Dicl.) 

Contemporané,  adj.  Contemporain.  (Voyez 
Malad.  d'amour,  p.  15.) 

Contenips,  mbst.  masc.  Mépris,  indignation. 
(Gloss.  de  IHist.  de  Paris,  et  Dict.  de  Cotgrave.)  On 
a  dit,  en  proverbe  : 

Trop  grant  familiarité 
Nourrist,  et  engendre  contemps, 

Eust.  Desch.  Poès.  MSS.  fol.  33G,  col.  2. 

Ce  proverbe  subsiste  encore,  avec  peu  de  diffé- 
rence dans  les  termes.  11  est  rendu  avec  moins  de 
concision  dans  cet  autre  passage  : 

L'en  dit,  qui  trop  veult  souffrir, 

Quant  on  se  repute  trop  mendre  (moindre)  : 
Car  familierité  gendre  (engendre) 
En  ce  cas  à  humble  contant. 

Eust.  Desch.  l'ocs.  MSS.  fol.  556,  col.  3. 

V.\RI.4NTES  : 
CONTEMPS.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  336,  col.  2. 
CONTEMS.  Chron.  S.  Den.  t.  II,  fol.  226,  V». 
CoN'iEMPT.  Froissart,  livre  III,  p.  269. 
Content.  Monstrelet,  vol.  I,  fol.  134,  R". 
Contant.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  556,  col.  3. 

Contemplé,  participe.  Contenté.  On  a  dit  con- 
templé (le  raison,  pour  payé  de  raison.  Rabelais, 
parlant  des  vainqueurs  qui  abusent  de  leurs  victoi- 
res, ajoute  que  souvent  ils  en  ont  perdu  le  fruit 
«  quand  ils  ne  se  sont  contonptez  de  raison  ;  mais 
«  ont  altempté  de  tout  mettre  à  internecion.  »(Rab. 
t.  I,  p.  -272.) 

On  disoit  aussi  le  pis  contemplé,  pour  le  plus 
mal  satisfait,  le  plus  mnl  payé.  (Histoire  de  B.  du 
Guescl.  par  Mén.  p.  452.) 

Contemptible,  adj.  Méprisable.  (Cotgr.  Oudin, 
Dict. —  Voyez  Rab.  t.  1,  p.  211.) 

Contenance,  subst.  fém.  Attitude,  posture*. 
Maintien^.  Continence*^  (1). 

*  Dans  le  premier  sens,  on  a  dit  :  «  Le  mantel 
«  estoit  dung  samit  (espèce  d'étoffe)  de  lleurs 
«  semencées  d'oyseletz  de  plusieurs  co?ifenawces.  » 
(Percef.  vol.  I,  fol.  148.) 

°Nous  employons  encore  conlenance  (2)  pour 
maintien;  maison  ne  dit  plus  à  peu  sçavoye  ma 
conlenance,  c'est-à-dire  je  ne  savois  qu'elle  conte- 
nance faire.  (Percef.  vol.  1,  fol.  23.) 

Nous  disons  aussi  faire  bonne  contenance  pour 
monti'er  de  la  fermeté  ;  mais  l'expression  mettre  en 
contenanche,  pour  alïermir,  assurer,  en  parlantdes 
choses,  est  tout-à-fait  bors  d'usage. 

Chevauchiez  parmi  ma  terre 

Tout  simplement,  et  sans  desrois  (désordre), 

Sour  le  col  de  vo  palefroi 

Metés  vo  hiaume,  en  contenanche, 

C'en  ne  vous  faiche  destourbance. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  1218,  fol.  153.  V-  col.  I. 


'^  C'est  de  la  confusion  des  mots  contenance  et 
continence  que  naît  l'acception  attribuée  au  pre- 
mier ,  dans  le  passage  suivant ,  où  contenance 
signifie  cette  vertu  qui  consiste  à  contenir  ses  pas- 
sions et  à  les  réprimer  : 

N'avez  vous  toz  voulu  voer  (faire  vœu) 

Povreté,  et  obédiance, 

A  Jehuscrist,  et  contenance  ? 

Vous  vous  voulez  mal  atorner  (arranger), 

Quant  au  siècle  (monde)  voulez  torner. 

Hist.  de  France,  à  ia  suite  du  Rom.  de  Fauvçl,  fol.  67. 

VARIANTES  : 
CONTENANCE.  Orth.  subsistante. 
Contenanche.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f«  153,  V"  col.  1. 

Contenance,  adj.  Etudié,  affecté.  C'est  en  ce 
sens  qu'il  est  employé  pour  épithète  de  maintien, 
par  de  la  Porte.  (Voyez  Contena.ncer  ci-après.) 

Contenance!*,  verbe.  Minauder.  Prendre  des 
attitudes,  faire  des  gestes,  des  mines.  (Dictionn.  de 
Cotgrave  etd'Oudin.)  De  là,  se  contenancer,  en  ce 
sens,  dans  le  passage  suivant,  en  parlant  de  Vénus  : 

Puis  s'estant  habillée,  en  beau  lieu  se  plaça 
Sus  un  placet  faitis,  et  se  contenance. 
Tenant  la  teste  droite,  etc. 

Œuv.  de  Baïf,  fol.  1(10,  R'  et  V'. 

Contenante,  adj.  au  fém.  Modeste,  décente. 
«  Comment,  sire,  dit  la  conteniinte  pucelle  Clere- 
<>  monde ,  allez  vous  au  siège  devant  Falmar.  » 
/Percef.  vol.  II,  fol.  33.) 

Contencer,  verbe.  Combattre,  résister.  Nous 
trouvons  souvent  ce  mot  employé,  en  ce  sens,  dans 
G.  Guiart.  Nous  ne  citerons  que  deux  passages  pour 
justifier  son  acception  : 

Devant  Boves  fu  l'ost  de  France, 
Qui  contre  les  Flamanz  contance. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  21,  R". 
La  galle  est  si  assaillie. 
De  Flamens  qui  a  li  contancent 
Qu'aucuns  d'entr'eus  dedans  se  lancent. 

Ibid.  MS.  fol.  325,  R'. 
VARIANTES  : 
CONTENCER.  G.  Guiart,  MS.  fol.  288,  V». 
CONTANCER.  G.  Guiart,  MS.  fol.  21,  R". 
CONTANCIER.  G.  Guiart,  MS.  fol.  350,  R». 

CONTENCIER. 

CoNTENTiER.  Beaumanoir,  C.  B.  p.  159. 

Contençon.  [Intercalez  Contençon,  dispute, 
contestation  ;  le  mol  est  fréquemment  employé: 

Et  prist  Danfront  et  Alençon 
Et  les  garni  par  contençon. 

Ph.  Mouskes  (Du  Canje,  III,  8G0,  col.  2).]  (n.  e.) 

Contendre,  verbe.  Tendre,  aboutir  *.  Obtenir  °. 
Disputer,  contester  '^.  Prétendre  °  (3). 

*  Dans  le  premier  sens  :  »  pour  luy  dire  la  cause 
"  de  sa  venue,  laquelle  estoit  contendant  à  toute 


(1)  Froissart  l'emploie  encore  au  sens  de  séjour  :«  Quant  il  eurent  fait  ung  petit  de  contenance,  il  s'en  retournèrent 
arrière.  »  (XV,  26(3.)  Au  xvi'  siècle,  il  signifie  manchon  (d'Aub.,  II,  376;  :  «  L'entreprirent  avec  le  conseil  de  la  dame  de 
Retz  de  percer  un  cabinet,  et  de  faire  couler  par  la  ruelle  du  lit,  entre  les  contenances  et  le  rideau,  une  sarbatane 
d'aerin.  »  (n.  e.) 

(2)  (I  II  li  lisent  révérence,  tant  qu'en  contenanche,  comme  chil  qui  doubtoient  perdre  leurs  amis.  »  (Froissart,  III ,  305.) 
Ce  sens  est  déjà  dans  la  Chanson  de  Roland,  (n.  e.) 

(3)  11  signifie  encore  1"  complaire  ;  «  Pour  h  mieuLx  enfourmer  de  vérité  et  contendre  à  ses  gens.  »  (Froissart,  VII,  281.) 
2°  Viser:  «  Et  contendoil  à  ce  que  il  en  fust  aidiés.  »  (IX,  464.)  (n.  e.) 

IV.  27 


co 


—  210 


co 


«  bonne  fin.  »  (J.  Le  Fevre  de  S.  Remy,  Ilist.  de 
Charles  VI,  p.  54.) 

°  Conlcndre  sigiiifioit  atteindre,  obtenir,  selon  le 
Gloss.  des  Arr.  d'Amour. 

Telles  douleurs  ne  sont  que  joyes, 
A  gens  qui  les  sçavent  contendre. 

L'Amant  rendu  Cordelier,  page  513. 

....  L'on  taschast  à  paix  coïilendre  (1). 

Vigiles  de  Charles  VII,  p.  167,  t.  I. 

"^  La  signification  la  plus  ordinaire  étoit  disputer, 
contester,  aller  au  contraire.  (Voyez  Dict.  de  Borel, 
Gloss.  de  Marot,  et  Gloss.  sur  les  Coul.  de  Beau- 
voisis.) 

Ces  estrangers  a  icy  transportez, 

Non  pour  vouloir,  contre  vos  preux,  contendre. 

Melin  de  S.  Gelais,  p.  10. 

....  Beaux  jardins,  dont  l'œuvre,  et  l'artifice 
Semble  contendre  avecques  la  nature. 

Ibid.  p.  liy  ;  ibid.  p.  25. 

Je  ne  sui  pas  con  celé  autre  gent 

Qui  ont  amé,  puis  i  veulent  contendre 

Et  dient  mal,  par  vilain  mautalent  (inimitié). 

Chans.  MSS.  du  C"  Thibaut,  p.  Tl. 

°  On  employoit  aussi  ce  mot  pour  prétendre  (2), 
qui  n'étoit  qu'une  extension  du  sens  précédent. 

JuvenauLx  (.luvenal)  les  mariez  tance  (3), 
Et  content  qu'il  n'est  femme  chaste, 
S'on  la  poursuit,  et  s'on  la  haste. 

Eust.  Deschamps,  Poes.  MSS.  fol.  50!t,  col.  2. 

Il  est  difficile  de  déterminer  la  signification  de  ce 
mot,  dans  ce  passage  :  «  Sourdit  une  rumeur  que  le 
«  roy  conlcmloU  des  choses  qu'il  avoil  faictes,  estant 
"  conclud  prestement  de  retourner  en  Macedone.  » 
(Tri.  des  IX  Preux,  p.  164.) 

On  disoit  en  proverbe  :  «  Contendre  à  plus  fort 
«  que  soy,  est  fait  d'enraigé.  Contendre  h  égal  îi  soy, 
«  est  péril,  et  contendre  à  mendre  de  soy,  est 
«  honte.  »  (Le  Chev.  de  la  Tour,  Instr.  à  ses  filles, 
fol.  80.) 

CONJUGAISON  : 

Contempt ,  ind.  prés.    Prétend Chacun 

contempt  d'estre  seulz,  et  d'avoir  le  loz.  (E.  Desch. 
Poës.  MSS.  fol.  367.) 

Conlendy,  prêter.  Prélendit.  (J.  Le  Fev.  de  S.  Rem. 
Hist.  de  Charles  VI,  p   136.) 

Content,  ind.  prés.  Prétend.  (E.  Desch.  f°  509.) 

VARIANTES  : 
CONTENDRE.  Petit  J.  de  Saintré,  p.  42. 

CONTANDRE. 

Coiiteiieinent ,  subst.  masc.  Contenance  , 
maintien  *.  Position  ^.  Capacité  "^  (A). 

*  Ce  mot  s'employoit  souvent  dans  le  premier 
sens  :  <•  Quant  le  cruel  tirant  vit  leur  hardiesse,  et 


«  leur  lier  contenement  (5),  etc.  »  (Chron.  de  S. 
Denis,  t.  II,  fol.  29.) 

Par  rire,  et  par  biaus  dis  oir, 

Et  par  joli  conlenetnent, 

Vient  amours  au  coumencement. 

Adans  li  Bocus,  Poès.  MSS.  avant  1300,  t.  IV,  p.  1394. 

^  Cette  première  acception  s'appliquoit  aussi  à  la 
position  d'une  armée  : 

A  lamiraus  sa  voie  prise 

Vers  Zelande  premièrement  ; 

Tant  fist  que  le  contenement 

S'ot  (sceut)  des  Flamens,  puis  retourna. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  304,  V. 

'^.lene  trouve  contenement,  pour  contenance, 
capacité  d'un  vaisseau  ,  que  dans  les  Dict.  d'Oudin. 
(Voyez  CoNTiEN  ci-après.) 

VARIANTES  : 
CONTENEMENT.  Fabl.  MSS.  du  R.  n°  7615,  t.  !,  fol.  116. 
CoNTENNEiMENT.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  244  V». 
CoNTiENNEMENT.  Froissart,  liv.  III,  p.  53  (G). 

Conteneure,  subst.  fém.  Contenu.  On  disoit 
la  conteneure  de  la  lettre  (7),  pour  le  contenu,  etc. 
(Beauman.  p.  188.) 

Contenir  (se),  verbe.  (8)  Faire  contenance,  se 
comporter,  agir.  Ce  mot,  dans  S.  Bernard,  répond  au 
latin  agere.  On  a  dit  se  contenir,  en  ce  sens,  pour 
se  comporter.  «  Pristrent  conseel  comment  ils  se 
«  contcndroient.  »  (Villehard.  p.  91.)  Mot  à  mot, 
quelle  contenance  ils  feroient  (dans  les  Chron.  S. 
Denis,  t.  II,  fol.  17.)  «  Comment  ils,  se contindrenl,  » 
pour  comment  ils  se  comportèrent  :  qualiter  se 
habueriint,  dans  le  latin  de  Rigord. 

Sans  nous  arrêter  aux  acceptions  subsistantes  de 
ce  mot,  nous  remarquerons,  en  passant,  que  quoi- 
qu'il signifie  encore  aujourd'hui  renfermer,  nous 
ne  pourrions  cependant  pas  dire  comme  autrefois  : 

Comme J'aiy  contenu 

En  ce  chapitre,  et  maintenu. 

Fontaines  Guerin,  Très,  de  Vénerie,  MS.  p.  50. 

Conjugaison. 

Contendra,  futur.  Contiendra.  (Fabl.  mss.  du  R. 
ir  7615,  t.  II,  fol.  178.) 

Contendroient ,  imp.  subj.  Contiendroient ,  se 
compoiteroient.  (Villehard.  p.  94.) 

Contendront  (se),  pour  se  comporteront.  (D.  Mor. 
Hist.  de  Bret.  col.  972,  tit.  de  1259.) 

Contigne,  subj.  prés.  Contienne.  (Fabl.  mss.  duR. 
n»  7615,  t.  I,  fol.  145.) 

Contignet  (se).  11  agisse ,  il  se  conduise.  (S.  Bern. 
Serm.  fr.  mss.  p.  134,  en  lat.  agat.) 

Cuntandra,  pour  agira,  se  comportera.  (Marbod. 
col.  1656.) 


(1)  «  Jehan  de  Ilanappes...  pour  l'affection  désordonnée  qu'il  avoit  ou  contcndoil  à  avoir  à  ladite  Marie.  »  (JJ.  121,  p.  229, 
an.  1382.)  (N.  E.) 

(2)  «  Plusieurs  contes  de  Hollande  et  de  Haynnau  du  temps  passé  avoient   contenait  et  clamé  droit   en   l'éritage.   » 
(Froissart,  XV,  270.)  (n.  e.) 

(3)  Juvénal  (satire  VI,  v.  55  à  v.  60).  (N.  E.) 

(4)  Il  signifie  encore  revenu  :  «  Guillemin  Alexandre  jeune  homme  non  marié  et  de  bien  simple  contenement  ou  affaire.  » 
(JJ.  164,  p.  357,  an.  1410.)  (N.  E.) 


(5)  '<  C'estoit  grant  beaulté  de  veoir  leur  contenement.  »  (Froissart,  XI,  176.)  (n.  e.) 

(6)  D'après  l'édition  Sauvage  :  «  Pour  aviser  justement  et  clerement  l'ordonnance  et  < 


.  ___   tconJiennemeiii  des  Espaignols.  »  (N.  E.) 

(7)  Froissart  écrit  même  :  «  Laquelle  lettre  contoioit  ensi.  »  (VII,  291.)  (N.  E.) 

(8)  Conlcnir  signifie  encore  insérer  dans  une  lettre  :  «  Il  y  avoit  escript  et  conlenut  véritablement  l'arsin  et  le  dommaigc 
que  ses  pays  avoit  recheiit.  »  (Froissart,  III,  173.)  (n.  e.) 


co 


—  211  — 


co 


Continclrent,  prêter.  Continrent,  se  comportèrent. 
(Chron.  S.Denis,  t.  il,  fol.  17.) 

VARIANTES  ', 
CONTENIR  (se),  S.  Bern.  Serm.  fr'.  MSS.  p.  134  61140. 
CUNTENIR  (se).  D'où  le  futur  cunlendra,  dans  Marbod. 

Contenir,  subst.  Continence.  C'est  proprement 
le  verbe  contenir  employé  substantivement. 

Absolument  la  loy  argue  (prétend), 
Et  commande  qu'om  se  marie, 
Pour  contenir,  et  pour  lignie 
Avoir,  sanz  autre  entencion. 

Eust.  Desch.  Poès.  MSS.  fol.  567,  col.  3. 

Content,  subst.  masc.  (1)  Contention,  dispute, 
querelle*.  Procès^.  Combat,  dispute"^.  Combat- 
tans  ". 

*  Ce  mot  est  employé  souvent  dans  le  premier 
sens:  «  FutdecolléM"PierreMarrette,  [)Ouv]e contans 
«  qu'il  avoit  mis  entre  le  dalphin,  et  le  duc  de  Bour- 
«  gogne.  »  (Journ.  de  Paris,  sous  Charles  VI  et  VII, 
p.  201,  an  1447.)  «  Entre  ces  juifs  avoit  eu  grant 
«  contempt  (2).  «  (Hist.  de  B.  duGuesclin,  par'Mén. 
p.  214.) 

Riottes  mueuvent,  et  coiyitentps. 

Eusl.  Desch.  Poes.  MSS.  fol.  iO-t,  col.  4. 

Guerres,  dissencions,  haines. 
Trahisons,  conlens,  ataines  (débats). 

Eust.  Desch.  PwJs.  MSS.  fol.  433,  col.  2. 

°Delà,  pour  procès.  Nous  lisons,  en  parlant  de  la 
Normandie  : 

Bien  croi  que  terre  i  est  plus  vuide 

De  grant  contetis  que  ne  soloit  (avoit  coutume). 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  721«,  fol.  lOT,  R-  col.  2. 

C'est  dans  ce  sens  de  procès,  contestation,  que 
contens  se  trouve  fréquemment  employé  dans  les 
titres  des  xir  et  .xni'  siècles  (3). 

^  On  trouve  aussi  quelquefois  content ,  pour 
combat  opiniâtre,  dispute.  «  D'autre  part  commença 
«  grant  content  à  lez  (du  costé)  où  les  Bretons  assai- 
«  loient.  »  (Hist.  de  B.  du  Guescl.  parMén.  p.  501.) 

Et  là  firent  si  grant  content, 
Qu'on  doit  de  leur  valeur  parler. 

La  Bataille  de  Liège,  p.  376. 

°  Enfin  ce  mot  a  signifié  combattant,  adversaire, 
champion. 

Or  sont  li  dui  content  ensamble 
Venu  au  chaple  des  espées. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n°  7615,  fol.  164,  R-  col.  2. 

VARIANTES  : 
CONTENT.  Froissart,  liv.  III,  p.  33. 
CoNTENDs.  plar.  Faifeu,  p.  18  ;  Clém.  Marot,  p.  37. 
Contens,  plur.  Villehard.  p.  24  ;  Crétin,  p.  198. 
CONTANZ,  plur.  G.  Guiart,  MS.  fol.  324  V". 
Contans,  plur.  G.  Guiart,  MS.  fol.  126  V". 
CONTEas,  plur.  La  Thaum.  Cout.  de  Berri,  p.  102. 


CoNTEMPs,  pfef.  Jour,  de  Paris,  sous  Ch.  VI  et  VII,  p.  204. 

CoMTEMPS,  plur.  Geofr.  de  Par.  à  la  s.  du  R.  de  F.  f»  47. 

CoNTEMPT.  Hist.  de  B.  du  Guescl.  par  Mén.  p.  214. 

CoNTEUz,  plur.   G.  Guiart,  MS.  fol.  58  V". 

CoNTENCE.  D.  Morice,  Hist.  de  Bret.  col.  940. 

Contens.  Hist.  de  Beauvais  par  un  Bénédictin  Pr.  p.  273. 

Content.  Duchesne  ,  Gén.  des  Chasteigniers,  p.  27. 

Contenz,  au  xing.  Duchesne,  Gén.  des  Chasteign.  p.  28. 

CONTEUX,  CoNTEus.  Rymer,  t.  I,  p.  45. 

Cuntent,  Cuntenz.  Duchesne,  Gén.  des  Chast.  p.  27. 

Content,  Argent  comptant*  (4).  Ordonnances  de 
comptant  °.  Le  contenu  •=.  Dans  les  deux  premiers 
sens,  ce  mot  venoit  de  compter.  Dans  le  troisième, 
c'étoit  le  mot  latin  contentiim. 

*  La  première  acception  se  remarque  dans  Rabe- 
lais, t.  I ,  p.  213.  «  Le  villaiu  a  du  content,  »  c'est- 
à-dire  de  l'argent  comptant.  De  là,  l'expression  : 
x  Faire  le  content  d'un  créancier,  >>  pour  le  payer 
comptant.  (Cout.  de  Neufville,  Cout.  Gén.  t.  II, 
p.  926.) 

^  C'est  aussi  de  là  qu'on  a  dit  le  content,  pour  ce 
que  nous  appelons  le  comptant  :  «  les  ordonnances 
«  de  comptant  (.5).  »  L'usage  du  mot  et  de  la  chose 
semble  s'être  introduit  du  femps  de  Pasquier  qui  en 
parle,  en  ces  termes,  dans  ses  lettres,  f.  I,  p.  800  : 
«  Sur  ce  pied  a  été  bastie  la  ruine  de  notre  France, 
«  premièrement  par  je  ne  sçay  quelle  malheureuse 
"  invention  de  contents,  qui  ont  rendu  les  gens  de 
«  bien  mal  contents  ;  «  et  p.  803.  «  Il  a  promis,  par 
«  aucunes  lettres  patentes,  de  n'user  plus  de  con- 
«  tents.  " 

'^Co7ifent,du\a{\ncontentum,sis,mr]o\t\e  contenu. 
«  Quand  il  l'eut  ouverte  (la  lettre),  il  veit  que  le 
«  content  des  motz  dedans  escriptz  disoient  ainsi.  » 
(Percef.  vol.  V,  fol.  15.) 

Content,  subst.  Contentement.  On  a  dit  adver- 
bialement son  content,  pour  à  son  plaisir,  à  son 
aise,  etc.  Cette  expression  subsiste  encore  dans  quel- 
ques provinces. 

....  Il  est  entre  deus  rens  mis, 
Ains  que  tornois  soit  aramis  (engagé), 
Et  il  voit  d'armes  son  content  (6). 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7615,  t.  Il,  fol.  164,  R-  col.  2. 

Content,  adj.  Satisfait.  Ce  mot  subsiste  en  ce 
sens.  Autrefois  il  fournissoit  l'expression  je  suis 
content,  pour  je  veux,  j'ai  intention.  «  Autres  innu- 
«  merables  maux  pourrois-je  descouvrir,  procedans 
«  de  la  crainte,  desquels  je  suis  contente  me  taire, 
«  quant  à  présent  pour  retourner  à  mes  vrays 
«  amans.  »  (L'Am.  ressusc.  p.  157.)  «  A  ce  propos, 
«  je  suis  icy  contente  de  vous  faire  un  petit  conte.  » 
(Ibid.  p.  124  ) 


(1)  C'est  la  forme  verbale  de  contendere.  Il  n'est  pas  besoin  de  remontera  contemptus,  quand  il  signifie  irritation  :  «  Ces 
paroles  doulces  amolièrent  grandement  l'empainte  de  l'yre  et  coîîïonp?  que  l'empereur  avoit  avant  sa  venue.  »  (Froissart, 
XIII,  27.)  (N.  E.) 

(2)  «  En  che  tamps  s'esmut  uns  contens  et  uns  mautalens  entre  les  gros  et  les  menus  de  Bruges.  »  (Froissart, 
IX,  341.)  (N.  E.) 

(3)  On  lit  dans  .loinville  (éd.  de  Wailly,  §  672)  :  «  Et  tandis  que  li  contens  en  dura,  li  evesques  me  fist  escommenier.  »  (n.  e.) 

(4)  C'est  là  une  mauvaise  forme  pour  contant,  (n.  e.) 

(5)  Ou  acquits  de  comptant.  C'était  des  lettres  patentes  signées  du  roi  et  donnant  l'ordre  au  garde  du  trésor  royal  de 
payer  à  vue  et  au  porteur  la  somme  mentionnée  dans  ces  lettres  ;  l'emploi  n'en  était  pas  indiqué  et  la  Chambre  des  Comptes 
ne  devait  pas  le  rechercher.  Sous  Louis  XIV,  ils  se  montaient  à  10  millions  ;  sous  Louis  XV,  en  1759 ,  à  17  millions  ;  sous 
Louis  XVI,  en  1783,  ils  s'élevèrent  jusqu'à  145  millions,  (n.  e.) 

(6)  On  lit  dans  BasseUn  (XXXIX)  :  <  Nous  avons  pourtant  Tout  nostre  content  De  mets  pour  nostre  repas.  »  (n.  e.) 


1 


co 


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CO 


Je  suis  content  semble  signifier  je  pardonne, 
j'excuse,  dans  cet  autre  passage  :  «  Je  suis  content 
«  pour  cesie  fois  de  voz  mesus  ,  moyennant  la 
«  dedicion  de  voz  armes,  etliostages.  »  (Tri.  des IX 
Preux,  p.  306.) 

VARIANTES  : 

CONTENT.  Orth.  subsist. 
CoNT.\NT.  Le  Jouvenc.  MS.  p.  597. 

Contenta.  Mot  latin ,  employé  comme  terme 
d'arrêt,  et  qui  semble  se  rapporter  au  motCoNTExNTOR 
ci-après. 

Dieu  le  pare,  au  bas  du  plye  souscript, 
Registi-ala  :  le  scel  du  sainct  Esperit 
Y  fut  posé,  visa  :  le  Filz  imprime 
Et  coiiloita,  approuvons  tel  rescript  ; 
Grâce  planiére,  abolissant  tout  crime. 

CrelÎD,  p.  6. 

Contenté,  adj.  Ce  mot  semble  une  faute.  Resti- 
tuez conte  ,  compté.  «  La  somme  de  mille 
«  écus  dor,  que  nos  dits  hommes,  et  femmes 
«  nous  ont  payé,  et  contenté  reniement,  et  de  fait.  ■> 
{La  Thaum.  Coût.  deBerri,  p.  125.) 

Contenter,  verbe.  Satisfaire,  faire  excuse*. 
Consoler  °. 

*  On  dit  encore  contenter,  pour  satisfaire.  Cette 
acception  étoit  autrefois  plus  étendue.  «  Le  duc  de 
«  Bourgogne  envoya  une  notable  emba^sade  devers 
«  le  roy  de  P'rance,  et  pour  le  contenter  àe  ce  que 
«  son  l'ils  éloil  ainsi  venu  à  lui.  »  (Duclos,  Preuves 
de  Louis  XI,  p.  '228  ) 

De  là,  se  ro/(/('«tfr  pour  être  satisfait  (1):  "  Gode- 
«  froy  envoya  ses  messages  au  roy  de  Hongrie,  pour 
«  apprendre  la  droitle  vérité,  laquelle  sceue,  ilz  se 
«  en  contentèrent  du  roy,  et  allèrent  vers  lui.  »  (Tri. 
des  IX  Preux,  p.  459.) 

^  On  disoit  aussi  se  contenter,  pour  se  consoler  : 
«  11  fut  si  dotant,  et  si  courroucé,  qu'il  ne  s"en 
«  povoit  nullement  contenter.  »  (Tri.  des  IX  Preux, 
p.  180.) 

Contenteurs,s»/>s/.  masc.jjlur.  Qui  se  conten- 
tent. C'est  une  femme  qui  parle  dans  les  vers 
suivans  : 

Les  hommes  ne  sont  que  menteurs. 
Promettant  prou,  mais  rien  ne  tiennent  : 
De  parolle  nous  entretiennent, 
Et  puis  d'un  rien  sont  contenteurs. 

Recr.  des  Dev.  amour,  page  48. 

Contentor,  suhst.  masc.  Terme  de  pratique. 
On  l'emploie,  à  la  lin  des  lettres  de  cliancellerie, 
pour  dire  je  suis  content,  je  suis  payé.  On  le  trouve 
aussi  dans  les  chartes  anciennes  et  dans  les  Ordon- 
nances. (Voy.  Ord.  t.  V,  p.  2'2  et  99.)  (2) 

Contenu,  suhst.  masc.  Qui  n'est  point  divisé. 
C'est  proprement  notre  adjectif  continu,  employé 
comme  substantif.  On  disoit  :  »  sont  tout  en  un 
«  contenu  »  pour  exprimer  qu'ils  se  touchent , 
qu'ils  ne  sont  pas  divisés,  qu'ils  sont  d'un  même 
tenant.  Voyez  dénombrement  de  la  terre  de  Mont- 


mort  en  I39(i.  Ce  terme  s'emploie  encore  dans  la 
confection  des  terriers. 

Contenz,  subst.  masc.  Soin,  attention.  Il  sem- 
ble que  ce  soit  le  sens  de  ce  mot,  dans  les  vers  sui- 
vans, où  on  lit  qu'un  fou  court  tout  nu  dans  la 
prairie,  sans  avoir  soin,  sans  s'embarrasser  de  se 
couvrir  : 

Folie  est  ades  forcenée  : 

Foux  qui  a  la  rage  desvee 

Et  qeur  (court)  troui  nuf  aval  la  prée. 

Que  lui  vestir  ne  met  contenz. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  leiô,  1. 1,  fol.  i09,  V°  col.  2. 

Croui  nuf  semblent  deux  mots  corrompus  pour 
tout  nu. 

Conteor,  subst.  masc.  Avocat  ou  procureur  *. 
Faiseur  de  contes  °.  Ces  deux  acceptions  si  diffé- 
rentes sortent  de  la  même  étymologie,  conter. 

*Un  conteur  étoit  un  avocat  ou  procureur,  établi 
en  cour  pour  conter  le  fait  aux  juges.  (Gloss.  surles 
Coût,  de  Beauvoisis  et  Laurière,  Gloss.  du  Dr.  fr.) 
«  Cil  est  appelle  conteur  que  aucun  establit  à  par- 
«'  1er,  et  conter  pour  soy  en  court.  »  (Ane.  Coût,  de 
Norm.  ch.  Ci,  fol.  85  )  On  trouve  souvent  conteurs,  et 
emparliers  pour  avocats  dans  les  Mém.  de  Mézeray, 
t.  1,  p.  33. 

^  On  donnoit  aussi  ce  mot  de  t'OfUco/*  aux  anciens 
faiseurs  de  contes  et  de  romans.  (Borel,  Corn.  Dict.) 
Fauchet,  lang.  et  poës.  fr.  p.  12,  ch.  vni,  tiaite  cet 
objet.  On  lit  Ibid.  p.  32  :  <•  Ce  fut  lors  (ainsi  que  je 
pense)  qu'escrire  en  roman  commença  d'avoir 
lieu,  et  que  les  conteor,  et  jugleor,  ou  jongleurs, 
trouverres,  et  chanterres,  coururent  par  les 
couis  de  ces  princes  pour  reciter,  ou  chanter 
leurs  contes  sans  ryme,  chansons,  et  autres 
inventions  poétiques.  •■ 

VARIAXTES    : 
CONTEOR.  Fauch.  Lang.  et  Poës.  fr.  p.  32. 

CONTEOURS,  pllir. 

Conteur.  A.nc.  Coût,  de  Norm.  fol.  85,  V». 
CONTERE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  345,  V»  col.  2. 

CONTIERES,  CONTIERS. 

Contequieroit,  3'  pers.  de  l'imp.  suhj.  Con- 
viendroit,  plairoit.A'ous  ne  trouvons  ce  verbe  qu'en 
ce  seul  passage  : 

Liquelz  vous  conlei/uieroil  miex. 

Poés.  MSS.  Vatican,  n-  15-22,  fol.  152,  V  col.  2. 

Ce  mot  peut  également  être  une  corruption  du 
mot  complaire  ou  du  mot  conquérir. 

Conter,  verbe.  Ce  mot  subsiste  ;  mais  on  ne  dit 
plus  conter  des  oraisons,  pour  réciter  des  prières. 

Les  orisons  qu'il  sieut  (a  coutume)  conter 
Commenche  elmalage  à  canter. 

Vies  des  SS.  MS.  de  Sorb.  chif.  LVIII,  col.  ti. 

Sans  conter  nouvcles  signitioitsans  s'amuser. 

Cil  de  pié  qui  s'avancierent, 

Sanz  conter  nouveles,  s'y  fièrent. 

(i.Gui.irl,MS.  fol.  20G.  V». 

Conter  des  vieux  jusqu'aux  nouveaux,  conter 


I 


(1)  Voyez  Froissart  (II,  57)  :  «  De  tout  se  contenta  li  contes  et  dist  que  il  avoit  moult  bien  fait.  »  (N.  E.) 
2)  Voyez  aussi  le  t.  VII,  p.  274 ,  an.   1389  :    «   De  cartis   priedictis,   ut  in   audiencia  expediantur   et   prosequentibus 
deliberentur,  tradetur  le  contentor  per  dictes  commissarios  vel  deputatos.  »  (n.  e.) 


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-  213 


CO 


d'un  bout  à  l'autre,  dire  tout  ce  qu'on  sait.  (Estai 
de  la  Fr.  sons  François  11,  par  La  Planche,  p.  579.) 
Le  sens  de  ce  mot  nous  paroit  difficile  à  déterminer 
dans  ce  passage  :  «  Parquoy  contemij  \ouies  choses 
«  à  celle  composition  du  corps,  à  la  santé,  au  pro- 
«  fit,  ou  délit  duquel  auques  (pour  aussi  ou  pour 
«  un  peu)  toute  nostre  cure  veille  et  s'atenl  en 
«  pourreture  et  en  vers.  »  (Chasse  de  Gaston  Ph. 
Ms.  p.  390.) 

Conjugaison  : 
Cont,  (je),  indic.  prés.  Je  conte.  «  Jou  su!  chil  ki 
mot  n'en  cont.  (Gonliers,  Poës.  mss.  av,  1300,  t.  III, 
page  10-i.) 

Contei'iaux,  mbst.  masc.  plur.  Voici  le  pas- 
sage où  nous  tioavons  ce  mot,  peut-èlre  le  même 
que  cuteraux  ci-après.  (Voy.  l'article  Coter.m-x.) 

L'estri  (combat)  en  tel  manière  va, 

Au  départir  les  griés  meriaus  (graves  coups) 

Que  (iesconfiz  sont  couleriaus  (1). 

G.  Guiart,  MS.  fol.  18,  V°. 

Contesse,  subst.  fém.  Comtesse.  On  écrit  con- 
fesse dans  le  Rec.  des  Poës.  mss.  avant  1300,  t.  III, 
page  1239. 

Conteste,  SM&s^  fém.  Contestation.  (Du  Cange, 
au  mot  Contcstus.)  Conteste  est  un  ancien  terme  de 
palais.  Un  huissier,  dans  Molière,  dit  : 

La  maison  à  présent,  comme  scavez  de  reste, 

X\i  bon  monsieur  Tartuffe  appartient,  sans  conteste. 

L'Imposleur,  coniéd.  de  Molière,  acte  5,  se.  4  (2). 

On  écrit  contreste  dans  le  Rec.  des  Poës.  mss. 
av.  1300,  t.  III,  p.  1039. 

VARIANTES  : 
CONTESTE.  Molière,  Tartuffe,  ac.t.  5,  se.  i. 
CoNTREbTE.  Gontiers,  Poës.  MSS.  av.  1300,  p.  -1039. 

Contester,  verbe.  Attester.  C'est  le  sens  propi'e 
du  mol  latin  co«f(?s/flr«.  «  Nous  contestons  ]e  sou- 
»  verainjugeen  conscience  que,  à  nostre  povoir, 
«  par  pure  amour,  avons  procuré  les  moyens  de 
"  paix.  »  (.1.  Le  Fevre  de  S.  Hemy,  Ilist.  de  Charles 
VI,  page  81.) 

Contexte,  subst.  masc.  Contexture.  (Diel.  de 
Cotgrave  et  de  Rob.  Estienne.) 

Conthoral.  [Intercalez  Conthoral,  épouse  :  «  Il 
«  a  pieu  à  monsieur  le  roy  de  France  Charles  à 
«  présent  régnant  et  à  madame  la  royne  sa  loyal 
«  conthoral.  »  (Contrat  de  mariage  de  1400;  Du 
Cange,  II,  568,  col.  3.)]  (n.  e.) 

Conticine,  adj.  au  fém.  De  silence.  On  a  dit 
l'heure  conticine,  \)0\}v  l'heure  de  la  nuit,  où  tout 
est  eu  silence,  du  latin  conticinium.  (Voyez  J. 
d'Auton,  Ann.  de  Louis  XII,  ms.  15031505.) 

Contien,  subst.  masc.  Maintien,  contenance  *. 
Soutien,  appui  ^.  Bien,  possession  '^. 
*  On  lit  au  premier  sens  : 


Noble  cuer  don  d'autre,  n'est  pas  le  tien  ; 
De  tes  parens,  ne  leur  noble  cmitien 
Ne  doubte  point  ;  jà  ne  t'annobliront. 

Conlred.  de  Songecreu.\,  fol.  302,  R" . 

^  Au  second  sens,  pour  appui,  soutien  ;  peut-être 
aussi  pour  exemple,  modèle; 

....  De  Darro  l'en  peult  appercevoir 
Qu'il  fut  boucher,  puis  du  conseil  miroir, 
Et  ccnitien  de  valleur. 

ConlreJ.  de  Songecreux,  fol.  0,  V'. 

"^  Il  semble  que  ce  mot  se  soit  aussi  employé 
comme  terme  collectif  de  biens,  du  verbe  contenir 
pris  dans  l'acception  subsistante  : 

Autres  povres  comme  je  tiens 

Bien  lassez 
De  contens  sont  de  leurs  contiens 
Dont  plus  riches  que  les  gros  chiens 

Gabassez. 

Coniredil  de  Songecr.  fol.  161,  R*. 

Contierre.  Peut-être  faut-il  lire  en  deux  mois 
con  tierre  \^om'  que  terre  ?  On  a  vu  ci-dessus  cou 
en  ce  sens  pour  que. 

Li  autre  tout  gete  fors 

Le  preu  de  l'ame,  pour  le  cors  ; 
Que  plus  rien  ne  veltent  contierre  (3) 
Fors  le  cors  honorer  sur  terre. 

Fabl.  MSS.  du  R  n-  7015,  T.  I.  fol.  5S,  R»  col.  1. 

Continemnient,  adv.  Avec  continence.  (Dict. 
de  Cotgruve  et  d'Oudiu.)  «  Doué  d'une  singulière 
i<  beauté,  et  si  excessive,  que  les  yeux  plus  conti- 
«  neus  ne  pouvoienl  en  soulïiir  l'éclat  continem- 
«  ment.  »  (Ess.  de  Moulaigne,  t.  II,  p.  727.) 

Continence,  subst.  fém.  Continence,  modéra- 
tion, retenue  Ce  mot  subsiste  dans  un  sens  moral  ; 
mais  on  ne  dit  plus  eonlinenee  de  chasteit,  comme 
on  lit  dans  S.  Bern.  Serin,  fr  mss.  page  240,  qui 
répond  au  latin  eonlinentia  caslitatis.  On  ne  le 
diroit  pas  aussi  dans  la  signification  générique  de 
modération.  «  En  adversité  patience,  et  en  prospé- 
«  rite,  continence,  etc.  »  (Chasse  de  Gaston  Phéb. 
MS.  page  371.) 

Continent,  adj.  Célibataire.  (Voyez  S.  Bern. 
Serra,  fr.  mss.  p.  132,  dans  le  h\l.  continentes.) 

Continent,  adj.  Continu.  «  On  pourroil  dé- 
«  duire  l'ancieuneté  d  icelles  deux  nalions  ;  en 
«  forme  d'histoire  prosécutive ,  et  continente.  ■> 
(Mém.  Du  Bellay,  prol.  du  5'  livre,  fol  8.) 

Contingentement ,  adverbe.  Fortuitement. 
On  a  dit,  en  parlant  de  la  prescience  de  Dieu  sur 
toutes  choses  :  ■■  La  science  qu'il  a  d'elles  est  en 
.<  luy,  et  parluy  eslahlemenl  nécessaire;  il  les  scet 
«  nécessairement,  par  soy  mesmes  qui  est  néces- 
«  saire,  telles  qu'elles  seront,  et  adviengnent  con- 
«  tinyentement,  par  leur  nature,  qui  de  soy  est 
«  variable,  telles  qu'elles  sont.  "(AI.  Chart.  l'Esp. 
page  379.)  C'est-ù-dire  qu'elles  peuvent  arriver,  et 
n'arriver  pas,  .selon  la  définition  que  donne  l'école 
du  futur  contingent. 


(1)  Lisez  plutôt  couteriaus.  (n.  e.) 

(2)  Voyez  aussi  le  Dépit  Amoureux,  II,  7  :  c<  Homme  ou  démon,  veux-tu  mentenJre  sdiis  conteste.  »  (n.  e.) 
(3;  Lisez  conquierre.  (N.  E.; 


co 


-  214 


CO 


Continual)leinent,a(/i'C)'if.  Conlinuellement. 
«  Ayde,  je  te  prie,  sire,  et  de  tout  mal  contiuitable- 
«  ment  me  délivre.  »  (Chasse  de  Gaston  Phéb.  ms. 
page  358.) 

Coiitinuance,  subst.  fém.  Continuation  (1).  «  Le 
«  duc  Philippe  de  Bouigongne  fut  Philippe  l'as- 
«  seuré;  et  en  longue  continuance  d'e.\périment  de 
"  ses  mœurs,  et  vertus,  il  fut  nommé  le  bon  duc 
<•  Philippe,  en  nom,  et  en  titre.  »  (Mém.d'Ol.  de  la 
Marche,  p.  49.) 

Continue,  subst.  fém.  Continuité  (2).  «  Que  de 

(I  leur  force  ,  et  continue  ,  vostre  estomach  en 
"  devienne  pantois.  »  (Lettres  de  Pasquicr,  t.  111, 
pag-e  220.) 

De  là,  on  a  dit  proverbialement  : 

1°  0  La  conllniie  emporte  l'homme.  «  On  se  perd, 
on  se  ruine  en  continuant,  etc.  (Oud.  Cur.  fr.) 

2°  «  A  la  continue  l'eau  cave  la  pierre.  »  (Dict. 
de  Cotgrave.)  Cette  expression  est  encore  d'us;ige. 

3"  «  Bailler  de  la  continue,  «  pour  se  comporter 
de  la  même  façon,  continuer  sur  le  même  ton.  ■>  Du 
«  cousté  des  Suizes,  je  suis  adverty  qu'ils  baillent 
«  de  la  continue  aux  Trançois.  •■  (Lettres  de  Louis 
XII,  t.  IV,  p.  91.) 

Continué,  partie.  Suivi.  Ce  mot,  qui  subsiste, 
n'est  plus  d'usage  dans  cette  façon  ancienne  de 
l'employer:  «  Le  samedi  co?ji/}t(/(3  (3)  du  mardi,  du 
«  mercredi,  et  du  vendredi  «  pour  le  samedi  et 
le  mardi,  merci-edi  et  vendredi  suivans.  (Ord.  t.  V, 
page  316.) 

On  a  dit  aussi  :  «  Au  dixiesme  jour  de  ce  présent 
«  mois  d'octobre,  et  depuis,  c'est  assavoir  le  mer- 
«  credy  vingt  deuxiesme  jour  du  dit  mois,  continué 
«  et  dépendant  du  dit  dixiesme  jour.  »  (Procès  de 
.lacq.  Cuer,  ms.  p.  215.) 

Continuellement,  subst.  maso.  C'est  une  faute 
pour  contenement,  contenance,  état,  situation  dans 
ce  passage  :  «  Lors  demanda  l'estre,  e\.\econtinuel- 
«  lement  du  roy  Artus.  «  (Lanc.  du  Lac.  t.  III, 
fol.  33.) 

Continuellement,  adv.  Conlinuement,  sans 
interruption,  de  suite.  «  Octroyé  au  diz  Juys,  et 
«  Juives,  leurs  enfanz,  geuz,  et  mesnie  (domestique) 


»  le  retour,  demorer,  et  habitation  audit  royaume, 
«  jusques  à  vint  ans  continuellement  entresivans, 
«  à  compter  de  la  date  de  ces  présentes.  »  (Ord. 
t.  III,  p.  473.) 

VARIANTES  : 

CONTINUELLEMENT.  Ord.  des  R.  de  Fr.  t.  III,  p.  473. 
CONTINELLEMENT.  Beauman.  p.  16  (4). 

Continuenté.  [Intercalez  Continuentê,  conti- 
nuité dans  Pierre  de  Fontaines  (ch.  21,  art.  51): 
"  Nus  ne  soit,  fait  le  lois,  escusés  ni  escoutés,  ki 
«  devise  le  continuenté  de  se  querelle,  et  ki  veut 
«  par  l'avantage  de  bénéfise  mener  se  querelle  par 
'<  devant  divers  juges.  »]  (n.  e.) 

Contire,  verbe.  Etre  contrit,  se  repentir. 

Sanz  contire,  et  sanz  salifier  (satisfaire). 

Eust.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  -482,  col.  1. 

VARIANTES  : 
CONTIRE.  Eust.  Desch,  Poës.  MSS.  foL  482,  coL  1. 
CoNTRiRE.  Guilleville  ,  Peller.  de  la  vie  hum.  (Falconnet.) 

Contor  ,  suJ>st.  masc.  Comtes.  La  finale  or 
semble,  dans  le  passage  suivant,  exprimer  le  pluriel. 
On  l'employoit  aussi  au  singulier  : 


Roi  et  contor 


et  aumacor  (amiraux). 
Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  14,  V 


col.  3. 


N'apostole  (pape),  n'empereour. 
Duc,  roy,  ne  prince,  ne  contour. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  719. 

VARIANTES   (5)  : 
CONTOR.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  14,  V»  col.  3. 
Contour.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  719. 

Contour,  subst.  masc.  Enceinte  *.  Compagnie, 
cercle  ^ . 

*Ce  mot  subsiste  au  premier  sens,  qui  est  le  sens 
propre;  maison  ne  diroit  plus  :  «  11  s'en  revint  aux 
«  contours  de  Paris,  »  c'est-à-dire  aux  environs  de 
Paris  (6).  (Mém.  de  Bassomp.  t.  IV,  p.  15G.) 

^  On  employoit  aussi  contor  au  figuré,  dans  le 
sens  oii  nous  disons  cercle,  pour  société,  com- 
pagnie : 

Quar  qui  m'eust  dcné  d'argent  plaine  une  ter, 

Ne  lusse-je  remés  (resté)  quatre  jors  en  lor  contor. 
FabL  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  3«,  V  col.  1. 

VARIANTES  : 
CONTOUR.  Orth.  subsistante. 
Contor.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  343,  V°  col.  1. 

Contournable,  adj.  Flexible,  qui  se  tourne 


(1)  Dans  Froissart,  il  signifie  continuité  :  «  La  poissance  et  la  continuance  des  enghiens  avoient  abatii  les  tois  des 
tous.  »  (III,  177.)  (N.  E.) 

(2)  Il  signifie  encore  fièvre  continue:  «  Or  avint  ainsi  que  une  contenue  me  prist,  par  quoy  j'alai  au  lit.  »  (Toinville,  §  416.) 
On  lit  encore  au  reg.  97,  p.  38,  an.  1366:  «  Il  saigna  tant  qu'il  entra  en  une  continue,  et  acoucha  au  lit  malade.  »  De  même 
au  reg.  191,  p.  128,  an.  1455  :  «  Au  villaige  de  Maignielz  le  mal  de  contimte  et  de  corson  [ou  coursson  d'après  le  reg.  209, 
p.  2'23,  an.  1482]  avoit  esté  et  estoit.  »  (N.  E.) 

(3)  On  peut  lire  continue  :  «  L'an  de  grâce  mil  .CCC.  vint  et  sept  le  samedi  continue  du  vendredi  après  la  Trinité.  » 
(.1.1.  69,  p.  133.)  (N.  E.) 

(4)  Dans  Beaumanoir,  il  faut  lire  conlinuelment  :  «  Et  s'il  n'i  pot  estre  par  aucune  resnable  cause  continuelment ,  jors  li 
doit  estre  donnés.  »  (N.  e.) 

(5)  Dans  Roland,  on  trouve  rioîfur  (v.  850)  ;  dans  Partonopex,  V.  9469,  V.  9912,  la  foi'me  est  contor.  Dans  Drun  de  la 
Montagne  (v.  3604  et  non  360(3,  comme  l'indique  le  Glossaire),  on  lit  encore  :  «  Car  tout  noble  contour,  Y  seront  en  brief 
temps,  de  quoi  .Ihesu  aour.  »  D'après  les  Usages  de  Darcelone  (Du  Cange,  sous  Comitorcs),  le  whergeld  du  conitor  était  deux 
fois  plus  fort  que  celui  du  vavasseur  et  deux  fois  plus  faible  que  celui  du  vicomte.  En  Gévaudan  ,  en  Auvergne  et  en 
Rouergue,  ils  étaient,  vers  le  xr'  siècle,  inférieurs  au  vicomte,  mais  supérieurs  aux  autres  seigneurs.  Au  reg.  JJ.  152, 
p.  68,  an.  1397,  contour  est  synonyme  de  marguillier:  «  A  Pasques  eust  un  an,  le  suppliant  fust  fait  et  ordonné  contour  ou 
marreglier  de  l'egUse  et  paroisse  de  Cuercey.  »  (n.  e.) 

(6)  Ce  sens  est  déjà  dans  Froissart  (III,  225)  :  «  Si  fu  prise  et  arse  [Orcies],  car  elle  n'estoit  point  fermée,  et  Landas  et  Le 
Celle  et  pluiseur  bon  village  qui  sont  là  en  ce  contour.  »  Voyez  encore  t.  VI,  p.  354.  (n.  e.) 


co 


215  — 


CO 


aisément.  (Dict.  de  Cotgrave.)  «  Nous  avons  une 
«  ame  contournahle  en  soy  mesme;  elle  se  peut 
«  faire  compaignie.  »  (Ess.  de  Montaigne ,  t.  1 , 
p.  379.)  On  lit,  ibid.  t.  II,  p.  376  :  «  Souple,  con- 
«  tournable,  et  accommodable  à  toute  ligure.  " 

Contournemant ,  siibst.  masc.  L'action  de 
tourner  *.  Contour,  circuit  ^  (1). 

*  Au  premier  sens,  ce  mot  signifie  proprement 
l'action  de  tourner.  (Dict.  de  Monet.)  De  là,  au 
figuré,  l'action  de  tourner  à  droite,  à  gauche,  de 
s'agiter.  (Dict.  de  Cotgrave).  C'est  dans  celte  signi- 
fication figurée  qu'on  a  dit,  en  parlant  d'un  sanglier 
pressé  par  des  chiens  : 

Finablement,  non  obstant  ses  secousses, 
Contournemeniz,  et  cruelles  secousses. 
Il  l'ont  à  force,  acculé  contre  ung  chesne. 

De  la  chasse  royale  du  saoplier  discord,  par  Frani;ois  1",  p.  25. 

^  On  employoit  aussi  ce  mot  pour  contour, 
circuit,  selon  Monet,  Dict. 

VARIANTES  : 
CONTOURNEMANT.  Monet,  Dict. 
CoNTOURNEMENT.  Dict.  de  Colgrave. 

Contourner  ,  verbe.  Détourner  *.  Boule  - 
verser  °  (2). 

*  Dans  le  premier  sens,  on  a  dit  contourner  à  son 
profit,  pour  détourner  à  son  profit.  (Bout.  Som. 
Rur.  p.  588.)  Les  Parisiens  révoltés,  ayant  fait  au 
roi  une  offre  d'argent  qui  fut  acceptée,  «  ordonne- 
«  rent  un  receveur  qui  recevoitla  somme  de  llorins, 
«  toutes  les  semaines,  mais  l'argent  ne  devoit  point 
»  estre  coM^oi/j'jic  (3)  ailleurs,  ne  bougé  de  Paris, 
«  fors  pour  en  payer  gens  d'armes,  s'on  les  metloit 
«  en  besongne.  »  (Froiss.  liv.  Il,  p.  15-i,  an  1381.) 

°  Contourner  est  aussi  employé  par  Froissarl,  dans 
le  sens  de  bouleverser:  «  Fut  le  \)a^\s, contourné  (4) 
«  en  telle  violence  qu'on  disoit  lors  qu'en  cent  ans 
«  advenir,  il  ne  seroit  pas  retourné  au  point  que 
<<  les  guerres  l'avoient  pris.  ■>  (Froissarl,  liv.  II, 
p.  57,  an  1379.) 

Contrabout,  subst  masc.  Appui.  Proprement 
contreboulanl.  Le  molcontrabout  ne  s'est  dit  qu'au 
figuré,  et  désigne  »  un  héritage  qui  appartient  à 
«  un  preneur,  à  cens,  ou  renie,  et  qu'il  affecte,  et 
«  hypothèque,  outre  la  chose  qui  lui  est  accensée, 
«  pour  la  sûreté  du  payemenl  de  la  rente,  ou  du 
«  cens.  »  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  l'r.)  <<  Héritage  laissé 
«  à  litre  d'accensemenl,  peul  estre  renoncé  pour  le 
«  cens,  en  payant  les  arriérages  escheus,  si  le  rete- 
«  neur  ne  s'est  obligé  que  de  la  pièce  accensée  ; 


«  mais  s'il  y  a  adjoulé  contrabout  (5),  ou  s'esl  obligé, 
«  et  ses  biens,  à  payer  le  dit  cens,  et  entretenir'la 
"  chose  accencée,  n'y  sera  receu,  si  bon  semble 
«  au  laisseur,  ou  accenceur.  »  (Coût.  d'Espiiial, 
Nouv.  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  1134.) 

Contraccorder  ,  verbe.  Accorder  ,  mettre 
d'accord. 

Cûiitraccordanl  au  gentil  son 

D'un  lut  (luth),  d'un  cistre,  ou  de  guitterre. 

POL'S.  de  Jacq.  Tahureau,  p.  ili. 

Contractante,  subst.  masc.  Contrat.  Le  con- 
tractante nuptial  est  mis  pour  contrat  de  mariage, 
dans  le  passage  suivant  :  »  Après  le  décès  du  mary, 
«  ou  de  la  femme,  celuy  qui  reste,  ou  le  survivant 
»  d'eux,  prend  la  juste  moitié  des  biens  délaissez, 
«  comme  des  dettes,  et  charges  ;  et  les  héritiers  du 
«  défuncl,  soit  en  ligne  directe ,  ou  collatérale, 
«  l'autre  moite,  sans  avoir  esgard  à  la  coustume  du 
«  lieu  où  la  personne  est  décédée,  ny  ou  les  biens 
.'  sont  assis  et  silii.ez,  s'il  n'estoit  autrement  con- 
«  venu  par  le  contractante  nuptial.  »  (Coût,  de 
Meupoit,  iS'ouv.  Coût.  Gén.  t.  I.  p.  747.) 

Contracte,  adj.  au  fém.  Retirée,  rétrécie.  «  El 
«  de  la  langue  contracte  dedans  la  bouche  fredon- 
»  noit  joyeusement,  tousjours regardant  l'Anglois.  » 
(Rabelais,  t.  Il,  p.  185.  —  Voyez'ci-après  Coktret.) 

Contracter,  verbe.  Acquérir.  Nous  le  disons 
encore  au  figuré  :  contracter  amitié,  contracter 
habitude.  On  disoit  de  même  aulrelois  contracter 
seigneurie  ou  domicile,  pour  acquérir  domicile, 
s'établir.  (Cout.  de  Clermont,  au  Nouv.  Coût  Gén. 
t.  II,  p.  871.) 

Contracteur,  subst.  masc.  Contractant.  (Voyez 
Bout.  Som.  Rur.  p.  640.) 

Contraction,  suhst.  fém.  Contrainte,  force, 
violence  *.  Traité,  paction  ^  (G). 

*  Dans  la  première  acception,  ce  substantif  est 
formé  du  verbe  contraindre.  C'est  dans  ce  sens 
qu'on  dit  :  «  taillers  et  subventions,  impositions, 
«  contractions,  ou  exactions  quelconques,  etc.  » 
(Ord.  t.  I,  p.  593,  art.  22.) 

^  Dans  la  seconde  acception,  contraction  vient  de 
contracter,  et  signifie,  par  conséquent,  paction, 
traité  ,  comme  en  ce  passage  :  «  Par  telle  contrac- 
«  lion  que  vous  avez  ouy,'rut  la  paix  faicte  entre 
«  Lyonnel  et  Troylus.  »  (Percef.  vol.  Il,  fol.  109.) 

Contratluction,  sw&sf. fer». Investiture.  Il  sem- 
ble que  ce  soit  le  sens  de  ce  mot  en  ce  passage  (7)  : 


(4)  Co)itoi())(e«ieH«  est  un  geste,  un  mouvement  dans  Palissy  (64)  et  dans  Du  Bellay  (II,  6,  recto):  «  .\vec  une  petite 
maniera  d'irrision  et  contoxtrnement  de  nez,  je  les  adverty  qu'ils  n'attendent  aucune  response  de  moy.  »  (N.  E.) 

(2)  On  disait  aussi  «  contourner  en  son  tort  »,  pour  déclarer  coupable,  «  et  mena  tellement  le  pape  quel  il  coniou nièrent 
la  royne  Ysabiel  et  la  condempnerent  en  son  tort.  »  (Froissart,  II,  40.)  (n.  e.) 

(3)  Coîiîoio'oé  n'a  pas  le  sens  défavorable  de  détourner:  «  Et  estoient  là  contournées  et  enbutes  toutes  les  rentes 
d'Èngleterre.  »  (Froissart,  III,  311.)  Le  sens  est  plutôt  affecter  à.  (N.  e.) 

(4)  Ici  contourné  s'oppose  à  retourné,  employé  plus  bas  ;  mais  le  sens  est  mettre  en  mauvais  état  :  «  Si  commanda  que  il 
entrassent  en  le  terre  de  Chimay  et  le  contournassent  tout  en  feu  et  en  flamme.  »  (Froissart,  III,  75.)  Sous  la  forme  réfléchie, 
il  signifie  se  diriger  :  «  Se  contourna  tous  U  plus  durs  assaus  à  cel  endroit.  »  (Id.,  III,  337.)  (n.  e.) 

(5)  «  Par  manière  de  about  ou  contrabout  li  dessusdit  preneur  ont  obligié ,  aloyé  et  abouté  as  dis  religieus...  une 
maison.  »  (Ch.  de  13.^  au  cart.  de  Royaulieu.)  (n.  e.) 

(6)  Au  XIV"  siècle,  il  a  le  sens  d'impôt  :  «  Impositions,  contractions  ou  exactions.  »  (Ord.,  I,  593.)  (n.  e.) 

(7)  II  faut  lire  contradiction,  comme  dans  Loysel  (757):  «  Cessation,  contradiction  et  opposition  valent  trouble  de 
fait.  »  (N.  E.) 


co 


-  216 


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«  Droicls  de  pure  faculté,  foy,  et  hommage  du 
o  vassal  envers  son  seigneur,  et  choses  tenues  entre 
«  parsonniers  (participants  copartageant)  par  indi- 
«  vis,  et  droicts  seigneuriaux  sur  les  subjects,  sont 
«  de  soy  imprescriptibles  ;  si  ce  n'est  du  temps  de 
«  la  contraduction  es  droicts  de  la  dite  faculté.  » 
(Coût,  de  Lorraine,  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  1078.) 

Contradveu,  subst.  masc.  Déclaration.  »  En 
«  chose  mohiliaire  écliet  adveu,  et  contradveu  ;  et 
«  qui  en  déchet,  aprèsce  qu'il  est  deuement  appleigé, 
«  paye  d'amende  soixante  sols.  »  (Coût,  de  Tours, 
Coût.  Gén.  t.  II,  p.  '25.) 

Contragage ,  suhst.  masc.  Obligation,  dette 
contractée.  (Du  Cange,  au  mot  Contragagiamen- 
tian.) 

Contrahaut,  adj.  Contractant  *.  Confédéré  °. 

*  Le  premier  sens  est  le  sens  générique.  (Dict.  de 
Cotgrave  et  dOudin.)  "  Est  présumée  la  ditte  fraude 
«  quand,  dedans  l'an,  il  y  a  rachat  fait  par  l'un  des 
«  coiUruhans  du  dit  eschange.  »  (Cout.de  Meleun, 
Coût.  Gén.  1. 1,  p.  107.)  On  disoit,  au  p\\n'ie\,  parties 
contraliaiites  (ibid.  p.  108)  et  iiuelquetois  parties 
conlraiens.  (Ord.  t.  III,  p.  45.) 

^  Dans  une  signification  plus  particulière,  contra- 
hant  se  disoit  pour  allié,  confédéré,  proprement 
obligé  par  contrat  d'alliance.  «  Y  entrèrent  les 
«  Genevois  ;  mais  comme  contralians ,  et  non 
»  comme  subjects  de  l'empereur.  »  (Mém.  Du  Bellay, 
liv.  I,  fol.  105.) 

VARIANTES  : 
CONTRAHANT.  Coût.  Gén.  t.  I,  p.  107. 
CoNTRAifENT.  Mém.  du  Bellay,  liv.  IV,  fol.  102  V». 
CONTRAIENS,  plur.  Ord.  des  R.  de  Fr,  t.  III,  p.  45. 

Contraheus,  flf/y.  Ce  mot  semble  une  faute  pour 
CoNTRAMEus,  contraire,  opposé,  dans  ce  passage.  La 
rime  en  seroit  aussi  plus  régulière: 

Quar  n'afiert  (convient)  pas  à  roi  d'empire 
S'uns  fols  se  mesle  de  mesdire, 
Que  por  ce  soit  contraheus  (1), 
Ainz  doit  estre  forment  joieus 
Perdonner,  et  per  apaier. 

Pabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  233,  V"  col.  \. 

(Voyez  CoNTRALiox  ci-après.) 

Coutraicdicion,  subst.  fém.  Contradiction. 
(Ord.  t.  V,  page  Cil). )  On  lit  contradiction  dans  une 
autre  copie. 

Coiitraict,  sut/St.  masc.  Contrat.  «  Disoit  ceste 
«  defîenderesse  qu'il  n'y  avoit  point  eu  de  décep- 
«  tion  au  dict  contraict.  »  (Arr.  Amor.  p.  48.) 

Contraignement,  subst.  masc.  Contrainte. 
On  lit:  «  Sans  torche,  et  sans  contraignement  [2).  » 
(Beauman.  p.  287.) 

Contraigueur,  subst.  masc.  Qui  contraint. 
(Dict.  d'Oud.n.) 


Contraille,  subst.  fem.  Querelle.  Delà,  faire 
contraille,  pour  chercher  querelle. 

Quar  mainte  fois  me  lait  contraille. 

Blanchardin,  MS.  de  S.  G.  fol.  189,  V  col.  1  et  2. 

Contraiiné,  participe.  Aimé,  payé  de  retour. 

Du  malheureux  amant  qui  n'est  point  contraimé. 

Poe?.  d'Aïuad.  Jamin,  p.  75. 

VARIANTES  : 
CONTRAIMÉ.  Poës.  Jam.  p.  75. 
Contr'aimé.  Gouj.  Bibl.  fr.  t.  XIII,  p.  187. 

Contrainct, arfj.  Lié*.  Roide,  ferme ^.  Fléchi'^. 
Apprivoisé  °. 

*  La  première  acception  vient  du  latin  cons- 
tringere,  lier,  serrer.  On  disoit  contraint  (3),  en  ce 
sens,  selon  Nicot ,  el  de  Vh  l'expression  figurée 
mariage  contrainct,  pour  mariage  contracté.  »  Le 
«  mariage  contrainct  par  chier  Ois  noble  homme 
<■  Honfroy,  duc  de  Glocesliv,  avecques  chiere  fille, 
«  etc.  "  (.Monstrelet,  vol.  II,  fol.  "23.) 

^L'acception  de  contrainct,  pour  ferme,  roide, 
est  aussi  tirée  du  mot  lalin  constrinyere.  De  !à,  le 
sens  figuré  de  ce  mot  employé  comme  épithèle  de 
courage,  pour  ferme,  inébranlable.  «  S'il  ne  fust 
>■  plus  sage,  et  de  courage  plus  contrainct  que 
»  plusieurs  autres,  il  luy  en  eust  été  du  pis.  » 
(Percef.  Vol.  IV,  fol.  65.) 

^  L'idée  du  mot  contrainct,  pris  dans  le  sens  de 
lié,  considérée  sous  un  rapport  différent  de  celui 
qui  précède,  s'appli((uoil  aussi  figurément  aux  per- 
sonnes. Alors  contraint  signifiôit  modéré,  fléchi. 
«  Pour  le  miracle  qu'elle  veil,  compta  tout  le  fet  à 
«  son  Seigneur;  quan  il  eut  ouy  la  dame,  il  fut  si 
«  contraint,  que  luy  qui  esloil  devant  aspre  comme 
«  ung  lyon,  fut  doulx  et  débonnaire  comme  ung 
«  aig'ue'l.  ••  (Doctr.  de  Sapience,  fol.  10.) 

°  Et  de  là,  apprivoisé  ;  on  lit,  en  parlant  des 
chiens,  que  ce  sont  bestes  coustraintes.  (Modus  et 
Racio,  MS.  foL  35.) 

VARIANTES  : 

CONTRAINCT.  Jlonstrelet,  vol.  II,  fol.  33  V». 
Contraint.  Orth.  subsistante. 
CousTRAiNT.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  35  R». 

Contralncte  de  cour,  expression.  C'est  le 
droit  par  lequel  on  force  quelqu'un  devenir  plaider 
dans  sa  juridiction  :  «  Lesquels  vassaux,  à  cause 
«  de  leurs  fiefs,  n'ont  aucun  exercice  de  jurisdic- 
•<  tion,  ne  contrainte  de  cour,  mais  doivent,  et  sont 
«  tenus  eux,  et  leurs  hommes,  et  subjects,  plaider 
«  par  devant  les  juges  de  leurs  seigneurs  chastel- 
1  lains;  sinon  que,  par  l'adveu,  et  dénombrement 
«  du  vassal,  fust  contenu,  et  porté,  par  exprès,  le 
«  dit  droit  d'avoir  jurisdiction,  et  contraincte  de 
«  cour.  "  (Coût,  de  Poictou,  Coût.  Gén.  t.  Il,  p.  612.) 

Contrainctement,  adverbe.  Par  force,  avec 
contrainte.  (Dict.  de  Cotgrave.)  «  Si  fut  vaincue  na- 
«  ture  en  vainquant  ses  atïeclions  par  humilité  de 
«  foy,  et  fut  volontairement   contraincte    ad  ce 


(1)  La  forme  contyaVwus  est  aux  fables  de  Marie  de  France,  (n.  e.) 

(2)  Voyez  plus  haut  coitslrairjnement.  On  lit  aussi  au  t.  III  des  Ord.,  p.  294:  «  C(mlraigne>nen!  de  faire  paier.  »  (N.  E.) 

(3)  On  lit  dans  Beaumauoir  (VI,  6)  :  «  Tele  pot  aie  estre  que  Jehans  doie  estre  contrains  au  tenir.  »  (n.  e.) 


co 


217  — 


CO 


«  qu'elle  vouloil  contrainctement.  «  (Al.  Chart. 
l'Espér.  p.  285.)  «  Les  soupirs  ne  sont  qu'une  impé- 
«  tueuse  saillie  de  la  douleur  contreintenient  rete- 
«  niie.  »  (Pasq.  Lett.  t.  111,  p.  220.) 

VARIANTES  : 
CONTRAINCTEMENT.  Al.  Chartier,  l'Espér.  p.  286. 
CONTREINCTEMENT.  Pasquier,  Lett.  t.  III,  p.  220. 

Contraindre,  verbe.  Atlendre.  Cette  acception 
singulière  du  mot  contraindre  se  trouve  dans  le 
passage  suivant  :  «  Envoyèrent  leurs  espiez,  et 
«  contraignirent  Tost  (armée)  du  roy  de  France, 
X  duquel  ils  avoient  oy  parler,  et  dire  qu'il  venoit.  " 
(Cliron.  S.  Denis,  t.  I,  fol.  2(J2.)  On  lit  dans  le  latin 
de  Suger  :  «  Suas  insidias  miserunt  contra,  expec- 
<■  tantes  exercitum  régis.  » 

Marbodus,  parlant  des  vertus  du  Saphir,  s'exprime 
ainsi  : 

Porter  se  volt  mult  chiastement 
Et  garder  mult  honcstement 
Et  ki  issi  la  gardera 
La  povertez  ne  1'  eustreimlrn  (1). 

Marbodus,  col.  1044. 

Cet  exemple  semble  faire  voir  que  le  mol  contrain- 
dre doit  s'expliquer  par  presser,  serrer  de  près, 
quoique  cette  signirication  ne  s'accorde  pas  avec  le 
passage  latin. 

CONJUGAISO.N. 

Il  y  a  plusieurs  mots  à  recueillir  de  l'ancienne 
conjugaison  de  ce  verbe  prisdans  le  sens  qui  subsiste. 

Contraignast,  iinp.  subj.  Contraignit.  (Eust. 
Desch.  Poës.  mss.  fol.  121.) 

Contraindirent,  prêter.  Contraignirent.  (J.  Le 
Fevre  de  S.  Rem.  Ilist.  de  Charles  VI,  p.  31.) 

Contraindrent ,  prêter.  Contraignirent.  (Chasse 
de  Gast.  Ph.  ms.  p.  383.) 

Contraingne,  subj.  prés.  Contraigne.  (Beauman. 
page  10.) 

Contrai nsissent,  imp.  subj.  Contraignissent.  (Ord. 
t.  II,  p.  207.) 

Contrainsist,  imp.  subj.  Contraignît.  (Ord.  t.  I, 
page  619.)  (2) 

Contraint,  prêter.  Contraignit.  (Eust.  Desch. 
Poës.  MSS.  fol.  540.)  ^3) 

Contraintisvenient.  [Intercalez  Contraintis- 
vement,  par  abus,  par  contrainte,  au  reg.  .IJ.  172, 
p.  558,  an.  1423:  «  L'appatiz  ou  composition 
0  contraintisvement  mis  sur  iœWe  paroisse. ■•](n.e.) 

1 .  Contraire, subst.  masc.  Contradiction, peine, 
dépit,  chagrin*.  Ennemi,  adversaire^.  Figure  de 
rhétorique^. 

*Ce  mot  s'employoit  autrefois  très  souvent,  dans 
le  premier  sens,  pour  chagrin  dans  ce  vers: 


Ce  poise  à  moi,  ire  en  ai  et  contraire. 

Lamlcrl,  Po5s.  MSS.  avant  1300,  t.  I,  p.  295. 

Pour  peine  : 

Tant  me  plaist  li  déduis  d'amor, 
C'oubliée  en  ai  la  douleur  et  contraire. 

Baude  la  Kakerie,  Ibid.  T.  IH,  p.  1279. 
Plus  en  et  joie  que  contraire. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  49.  R»  col.  1. 

Pour  contradiction  : 

S'est  la  pucele  escriée; 

Se  li  dist  un  mot  par  contrera: 
Vilains,  force  Is  me  fist  faire. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  721S,  fol.  115.  V-  col.  1. 

De  là,  on  disoit  porter  contraire,  pour  porter 
préjudice,  faire  de  la  peine.  «  Il  pouvoit  justement, 
"  et  loyaumenlywrto-  guerre  et  contraire  (4)  au  dit 
«  Henry,  et  à  ses  Anglois.  »  (Monstr.  vol.  I,  f"  94.) 

On  di'soit  aussi  porter  contraire,  pour  être  con- 
traire. «  Le  bon  Roy,  et  tous  ceux  qui  là  estoyent 
«  leur  portaient  contraire.  »  (Percef.  vol.  IV,  f°  46.) 

"  Contraire  est  proprement  le  même  mot  que 
adversaire  (.5).  11  s'employoil  dans  ce  même  sens. 
(Voy.  Closs.  de  Marot.) 

Et  plaignoit  mesmes  la  douleur 
Que  ses  contraires  pourchassoient  (cherchoient). 
Vig.  de  Charles  Vil.  I.  1,  p.  178. 

C'est-à-dire  il  plaignoit  ses  propres  ennemis  des 
maux  qu'ils  soutfioieiil. 

De  Dieu  li  donna  si  grant  grâce, 
Que  souvent,  sanz  joindre,  fuioient 
Li  contraire  qui  la  veoient. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  30,  V». 

'^  On  a  donné  le  nom  de  contraire  h  une  figure  de 
rhétorique,  dont  le  nom  consacré  chez  les  rîiéteurs 
est  oxymoron,  mot  grec.  On  en  donne  pour  exem- 
ple: Espoir  désespéré,  pitié  dêpiteuse,  mourir  en  vi- 
vant (6),  etc.  (Falconnet.)  Ces  exemples  sont  beaucoup 
plus  propres  à  expliquer  en  quoi  consistoit  celte 
figure,  que  le  passage  embrouillé  de  Fabri  qui  en 
parle  dans  son  Art  de  Rhétor.  fol.  60,  V%  et  61,  R". 

On  employoit  aussi  le  mot  contraire,  comme 
substantif,  dans  le  sens  que  nous  lui  donnons.  C'est, 
à  proprement  parler,  l'adjeclif  contraire  employé 
substantivement.  A'ous  disons  encore  :  Ne  croyez 
pas  le  contraire.  Mais  on  construisoil,  autrefois, 
cette  façon  de  parler  avec  tiue,  en  cette  sorte  : 
«  Ne  croyez  pas  le  contraire  ijue  la  pucelle  au  cer- 
«  cle  d'or  ne  fust  par  trop  dolente,  etc.  »  (Percef. 
vol.  VI,  fol.  75.) 

Contrere  est  vraisemblablement  une  faute  pour 
contere,  faiseur  de  contes,  dans  ce  passage  : 

Gautier,  dist  le  contrere,  moult  vous  voi  debonaire. 
Or  alez  en  maison,  sans  ire,  et  sans  contraire, 
Et  je  remaindrai  ci  pensis  de  votre  afaire. 

Fabl.  .MSS.  du  11.  n"  7218.  fol.  340,  R"  col.  1. 


(1)  Cicsteindra  s'explique  par  la  chute  de  n  dans  constringeve ,  comme  la  forme  provençale  coslraigner.  (Italien 
costrignere.)  (N.  E.) 

(2)  Voyez  aussi  lîeaumanoir,  IX,  5.  (N.  E.) 

(3)  «  Par  vraie  amour  qui  l'enyvra  [Jésus]  Et  qui  le  contraint  à  ce  faire  [la  Passion]  Pour  nous  et  no  vie  refaire.  »  (n.  e.) 

(4)  Ce  sens  est  dans  Roland  (v.  290),  dans  Froissart  (II,  35,  220,  386),  qui  emploie  l'eiiîVo»  coii^faire  au  sens  de  contrarier; 
«  Ces  paroles  vinrent  moult  av  contraire  à  la  royne  (II,  92)  »  ;  dans  lirun  de  la  iVIontagne  (807):  «  Por  ce  qu'oy  retraire  La 
dame  en  la  forest  le  grief  de  son  contraire.  »  (N.  E.) 

(5)  «  Les  ennemis  à  N.  S.  et  les  contraires  de  le  foi  crestienne.  »  (Froissart,  II,  199.)  On  lit  aussi  au  reg.  100,  p.  461,  an. 
1369  :  «  Loys  Larcevesque  chevalier,  fllx  du  seigneur  de  Taillebourc  nostre  contraire,  qui  tousjours  a  tenu  et  tient  encore 
la  partie  de  noz  annemis  et  contraires.  »  (n.  e.) 

(6)  C'est  ce  que  nous  nommons  antithèse  de  mots.  (N.  E.) 

IV.  28 


co 


—  218  — 


CO 


VARIANTES  : 
CONTRAIRE.  Rlondel  de  Nêlle,  Poi^s.  MSS.  av.  1300,  t.  II. 
CoNTREHE.  Fabl.  MSS  du  R.  d»  7218,  fol.  225,  R»  col.  2. 
CuiNTR.viRE.  Marbodus,  col.  1654. 
CuNTRAiRE.  Marbodus,  col.  1670. 

2.  Conlriùre,  adjecli f.  Opposé.  Le  mot  et  le  sens 
subsislenl;  nous  le  citons  pour  rapporter  cette 
expression  :  «  Par  contraire  action  de  cominande- 
«  ment,  »  c'est  selon  Bouteilier  :  «  Si  comme 
«  demander  les  choses  qu'aucun  tiendroit  obligées.  » 
(Som.  Rur.  p.  153.) 

Nous  trouvons  celte  même  expression  (l)^ar  COM- 
traire  dans  ces  vers  : 

Qui  des  ciex  cuide  ouvrir  la  serre. 

Comment  peut  tel  dolor  soulTerre 

S'il  a  Dieu"?  c'ert  (ce  sera)  dont  p(tr  contraire. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  320,  R-  col.  1. 

Citons  les  proverbes  suivans  ('2)  : 

1.  De  chose  contraire, 
Nul  bien  ne  retraire, 
Ce  dit  li  vilains. 

Prov.  du  C"  de  Brot.  MS.  de  S.  G.  fol.  114,  R*  col.  3. 

2.  Car  toujours,  par  chose  contraire, 
Fault  maladie  des  corps  traire  (tirei-). 

Eust.  Desth.  Poès.  MSS.  fol.  542,  col.  3. 

C'est  le  proverbe  latin  ;  contraria  contrariis 
curantur. 

VARIANTES  : 
CONTRAIRE. 

CuNTRAlRE.  Marbodus,  col.  4642. 
CuNTRARius.  Marbodus,  art.  46,  col.  1672. 

3.  Contraire,  î)er/^e.  Punir,  baïr.  (Dict.  deBorel, 
1'"  add.)  iNous  avons  vu  le  substantif  contraire 
signifier  peine.  Comme  verbe,  ce  mot  a  dû  naturel- 
lement signifier  punir,  et  il  est  pris  en  ce  sens, 
dans  les  vers  suivans  : 

Moult  ai  folenient  parlé, 

Et  Dex  m'en  devroit  contraire, 

Comme  fol  désespéré. 

Tlùéb.  de  Navarre,  Poés.  MSS.  av.  1300,  1. 1,  p.  228. 

4.  Contraire. [Intercalez Contraire, contracter, 
au  reg.  .1.1.  102,  p.  81,  an.  1370:  »  Ledit  Jehan 
«  savoit  que  durant  la  vie  d'icelle  Jehanne,  il  ne 
«  povoit  bonnement  contraire  mariage  avec  autre 
«  femme  que  elle,  selonc  conscience."»  On  lit  aussi 
au  reg.  112,  p.  47,  an.  1377:  «  Icellui  exposant  qui 
«  avoit  grand  désir  de  contraire  mariage  avec 
«  Jehannette  suer  de  Jehan  lloudin.  »]  (n.  e".) 

Conti'airenient,  adverbe.  Avec  contrariété. 
D'une  manière  opposée,  contraire. 

Au  gré  des  passions  contrairement  poussé. 

Œuv.  de  Pb.  Desportes,  p.  274. 

Contrait.  [Intercalez  Contrait,  contrefait, 
difforme  :  «  Uisins  l'eumeiia ,  si  trouvèrent  un 
"  contrait,  quant  il  furent  issie  de  l'ost;  et  li  rois 
passa  par  devant  lui,  et  li  contrais  li  crie.  »  (Vies 


des  Saints  ms.;  Du  Cange,  II,  572,  col.  3.)  On  lit 
aussi  au  Roman  de  la  Chanlepleure  : 

D'une  vieille  boçue 
Et  d'un  vilain  contrait. 
Comment  est  l'ame  belle, 
Quant  li  cors  est  si  lait  ?]  (n.  e.) 

Contraite,  subst.  fém.  Contraction.  C'est  le 
sens  propre  de  ce  mot.  De  là  il  s'est  pris,  figuré- 
inent,  pour  débilité,  l'effet  de  la  contraction. 

De  maie  rente  m'a  rente 

Mes  cuers,  où  tant  truis  (trouve)  de  contraite  : 

Phisicien,  n'apoticaire 

Ne  me  pueent  doner  santé. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  332,  V  col.  1. 

Contraitié  ,  participe.  Contracté  ,  convenu. 
«  Declairons,  et  déterminons  que  toutes  les  dittes 
«  lettres,  et  obligaç.ons  desdiz  Lombars  usuriers,  et 
«  de  touz  leurs  facteurs,  faites,  ou  conlraitiés 
»  soient  du  tout  entièrement,  dores  en  avant, 
«  comme  cassés,  vaines,  nulles,  et  de  nulle  valeur.  » 
(Ord.  t.  III.  p.  645.) 

Contraitier,  verhe.  Obvier*.  Disputer,  résister, 
combattre  ^. 

*  L'article  précédent  annonce  qu'on  disoit  aussi 
contraitier,  pour  contracter.  Alors  ce  mot  venoit 
du  latin  contrahere.  Lorsque  contraitier  signifie 
obvier,  il  dérive  évidemment  A&contraire{^].  On  lit, 
en  ce  sens,  dans  une  ordonnance  :  "  Desierranz  la 
"  pais,  et  la  tranquillilé  de  iioslre  royaume,  voul- 
«  lans  pourveoir,  et  contraitier  aux  périls,  qui 
«  pourroient  damager,  etc.  »  (Ord.  1. 1,  p.  643.) 

^  Sans  changer  d'étymologie,  ce  mot  s'employoit 
figurément  pour  disputer,  combattre,  résister,  pro- 
prement aller  contre. 

Mainte  querele 

Avoit  jà  dedenz  Lyon  fête  : 
La  gent  l'arcevesque  f\i  preste 
Au  contraitier  ;  si  s'encontrerent 
Sus  le  pont  de  Sone,  et  trouvèrent 
Gascoins  qui  furent  haut  montez. 

Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauvcl,  fol.  73. 

Contraiture.  [Intercalez  Contraiture,  con- 
tracture des  muscles  :  «  Ele  se  senti  alegiée  et 
«  délivrée  de  celé  contraiture  et  du  braz  et  de  la 
"  jambe  et  de  la  cuisse  senestres.  »  (Miracles  de 
S'  Louis,  p.  4G0.)]  (n.  E.) 

Contralie.  [Intercalez Cojifraiie,  contradiction: 

Sors  me  dist  par  contralie  : 
Quant  ireis  vos  outre  meir? 

Gaces  de  la  Bigne,  p.  H.]  f>i.  E.) 

Contralier,  verbe.  Contrarier,  chagriner.  Ce 
mot,  dans  S.  Bernard,  répond  au  latin  molestus 
esse;  mot  formé  de  contre,  préposition,  et  du  verbe 
aller  (4). 

Grant  pechié  fait  qui  contralie 
Dame  qui  est  d'amors  marrie. 

Pailon.  de  Bi.  MS.  de  S.  G.  fol.  148,  V". 


(1)  On  trouve  aussi  dans  Froissart  la  locution  dire  du  contraire,  pour  contredire.  (III,  376  ;  XIII,  41.)  (n.  e.) 

(2)  Voyez  Leroux  de  Lincy  (II,  462).  (N.  e.) 

(3)  C'est  dans  les  deux  cas  un  dérivé  de  contractus.  (N.  E.) 

(4)  Contralier  est  pour  contrarier,  coir.me  contralieus  est  pour  contrarieus.  Cette  mutation  de  )■  en  l  est  fréquente  lorsque 
r  est  groupé  avec  les  consonnes  b.  v,  t  {Ckalle  pour  Cliartes,  palier  pour  parler)  ;  on  a  pu  prononcer  coji()'aj-/ie)',  cnntrallier, 
contralier.  Dans  l'italien,  où  r  se  prononce  avec  la  langue,  le  fait  est  plus  fréquent.  (N.  e.) 


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Ly  uns  vers  l'autre  est  irascus  : 
Ly  uns  l'autre  contralioit. 

Rom.  de  Brut.  MS.  fol.  57,  R"  col.  1. 

On  ne  me  sai  -je  mais  en  qui  fier, 
Puiske  celé  ke  j'aim  me  cmitralie. 

M-  Gantiers  d'Argies,  Poës.  MSS.  avant  1300,  t.  III,  p.  1131. 

De  là,  on  disoit  se  contralier,  pour  être  fâché, 
être  mortifié  : 

Qi  son  désir 

Pert,  sans  son  bon  accomplir, 
Plus  durement  se  doit  contralier, 
Que  chil  qi  a  furni  son  desirier. 

Poes.  MSS.  du  Vatican,  n"  1490,  fol.  145,  R°. 

On  lit  conlrolier  dans  le  Rom.  de  Rou,  page  22. 
C'est  probablement  une  faute. 

CONJUGAISON. 

Contralit,  indic.  prés.  Contrarié.  (Rom.  de  Rou, 
MS.  page  M.) 

Contraloies,  pour  tu  fâches.  (S.  Bern.  Serm.  fr. 
MSS.  page  238.) 

VARIANTES  (1)  : 

CONTRALIER.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  III,  p.  1228. 
CoNTRALYER.  Hist.  de  B.  du  Gnescl.  par  Mén.  p.  323. 
CoNTRALOiER.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  238  (2). 
CoNTROLiER.  Rom.  de  Rou,  MS.  p.  22. 

Contraliié,  adj.  Fâché,  mortifié.  Nous  venons 
de  voir  se  contralier,  dans  le  même  sens. 

Ki  d'autrui  se  castie  (corrige) 
Il  en  doit  estre  liés  (joyeux)  ; 
Mais  qui  fait  le  folie, 
Dont  autre  est  castiiés , 
Sovent  est  cunlraliiés. 

Focs.  MSS.  avant  1300,  t.  IV,  p.  1305. 

C'est-à-dire  celui  qui  .se  corrige  par  les  fautes 
d'autrui  doit  en  être  bien  aise  ;  mais  celui  qui 
tombe  dans  les  fautes  qui  servent  à  en  corriger  un 
autre,  est  souvent  fâché,  mortifié. 

Contraliox ,  adj.  Contraire ,  opposé ,  contra- 
riant. 

Un  vileins  ot  femme  a  espouse  , 
Qui  moult  estoit  contraliouse  (3). 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  H,  Vcol.  2. 

On  lit  dans  le  Chevalier  de  la  Tour,  Instr.  à  ses 
filles  :  «  Yre,  convoitise,  et  hastiveté  sont  moult 
«  contrarieuses  à  conseil.  »  (Fol.  77.) 

De  15  on  disoit:  de  toz  biens  contralieiise  (4).  » 
(Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  229.) 

VARIANTES  '. 

CONTRALIOX.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  15,  R»  col.  2. 
CoNTRALious.  Guill'  li  Vin.  P.  MSS.  av.  1300,  t.  II.  p.  820. 
Contralieux.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  229,  V»  col.  1. 
CoNTRARiEux.  Instr.  du  Ch"  de  la  Tour,  à  sesfiUes,  f»  77. 

Contralision.  [Intercalez  Contralision,  con- 
tradiction : 

Et  cis  respont  par  contralision. 

Aubri,  p.  155,  col.  1.]  (N.  E.) 

Contramour,  subst.  masc.  Amour  mutuel, 
retour  *.  Terme  de  poétique  °. 


*  Voyez  sur  le  premier  sens,  les  Dict.  de  Monet, 
de  Nicot  et  de  Cotgrave.  Dans  les  poésies  d'Amadis 
Jamin,  fol.  120,  on  trouve  une  pièce  intitulée: 
Amour  trionfnnt  du  contramour,  où  l'on  voit  le 
mot  àfTfçcoi  qui  répond  à  celui  de  contramour. 

^  Contr'amours  signifioit  aussi  une  espèce  de 
poésie,  suivant  Goujèt.  (Bibl.  fr.  t.  XIII,  p.  193.) 

Contraninier,  verbe.  Animer  contre*.  Animer 
de  plus  en  plus  °. 

*  Monet,  dans  son  Dict.  l'explique,  au  premier 
sens,  animer  au  contraire. 

^  La  seconde  acception  se  trouve  dans  les  Dict. 
de  Nicot  et  de  Cotgrave. 

Contrapplegement,  subst.  masc.  Terme  de 
droit.  C'est  l'opposition  aux  applegemens  ou  com- 
plaintes de  celui  qui  veut  rentrer  en  possession 
d'un  héritage  (5).  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 

VARIANTES  : 
C0NTR.1PLEGEMENT.  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr. 
Contre -APLEGEMENT.  Godefr.  Obser.  sur  Ch.  VIII,  p.  224. 
CoNTREPLEiGEMENT.  Cotgrave,  Dict. 

Conti'appleger(se),  verbe.  S'opposer,  former 
opposition,  en  termes  de  droit.  (Laur.  Gloss.  du  Dr. 
fr.  —  Voyez  Appleger  ci-dessus.) 

Contrariable,  adj.  Contraire,  opposé.  «  Chas- 
"  cun  d'eux  estant  6'OHirar/aWes,  etc.  »  (LesTri.de 
Pétr.) 

VARIANTES  : 

CONTR.\RI.\BLE.  Tri.  de  Pétrarque,  trad.  d'Oppéde,  f»  88. 
CONTRÉABLE.  Dict.  de  Borel. 

Contrai'iance,  subst.  fém.  Contradiction. 

Le  compagnon  fut  de  son  alliance 
Bientost  prest  estre,  et  sans  contrariance, 
S'en  sont  partys,  sur  chascun  son  cheval. 

Faifeu,  page  54. 

Contrass-de-pincel.  11  faut  probablement  lire 
con  trais  de  pincel  ;  c'est-à-dire  comme  trait  de 
pinceau,  tracé  avec  le  pinceau.  Voyez  Con,  pour 
comme,  sons  l'article  Com.  On  lit,  dans  le  portrait 
d'une  femme,  qui  de  belle  étoit  devenue  laide  : 

Ele  avoit  front  bien  compassé. 

Blanc,  ouni,  large,  fenestrié  (découvert)  : 

Or  le  voi  cresté,  et  estroit. 

Les  sourcieus,  par  semblance,  avoit 

Enarcans,  soutieus,  et  ligniés 

De  brun  poil,  contrass  de  pincel,  .... 

Or  les  vois  espars  et  dreciés  (hérissés). 

Poes.  MSS.  Vat.  n- 1490,  fol.  132,  V. 

Contrasseger,  verbe.  Assiéger  à  son  tour. 
Assiéger  ceux  qui  font  un  siège.  «  Fut  le  duc  contre- 
«  assiégé,  et  ot  siège  sur  siège  devant  Belleperche, 
«  ce  que  l'on  ne  veit  oncques  en  ce  royaume.  >• 
(Hist.  de  Loys  III ,  duc  de  Bourbon ,  an  1369 , 
p.  102  (6).) 


(1)  On  lit  déjà  dans  Roland  (v.  1741)  :  «  Pur  Deu  vos  pri,  ne  vos  cuntralie:.  »  (N.  e.) 

(2)  Voyez  encore  Aubri,  p.  161,  col.  1.  (N.  E.) 

(3)  On  lit  aussi  dans  Partonopex  (v.  5423)  :  «  Ahi  mors  !  con  les  desdeignouse  !  Ahi  con  ies  contraliouse.  »  (n.  e.) 

(4)  On  lit  aussi  dans  Flore  et  Blancheflor  (v.  751)  :  «  lia  mors,  tant  par  es  envieuse.  De  pute  part  contralieiise.  «  (N.  E.) 

(.5)  C'est  aussi  la  caution  que  fournit  le  défendeur.  (Coutume  de  Poitou,  art.  16,  385,  397  ;  Coutume  de  Laon,  c.  2,  art.   13. 
e.  37,  art.  5.)  (n.  e.) 
(6)  M.  Chazaud  (p.  86)  imprime  contrassiégé.  (n.  e.) 


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VARIANTES  : 
CONTRASSEGER.  Le  Jouvencel,  fol.  87  R». 
Contre -ASSIEGER.  Hist.  d'Artus,  duc  de  Bret.  p.  775. 
CcNTRESiÉGER.  Mém.  d'Ol.  de  la  Marche,  p.  203. 

Contrasseinblée  ,  suhst.  fém.  Assemblée 
opposée.  Proprement  assemblée  d'un  nombre  des 
habitans  d'une  ville,  en  opposition  contre  une 
antre  assemblée  d'autres  habitants  de  la  même  ville. 
(Bout.  Som.  Rur.  p.  79G.) 

Contrast,  verbe  au  prêter.  Nous  ne  le  trouvons 
que  sous  ce  temps,  dans  S.  Bern.  Serm.  fr.  mss. 
p.  79,  où  il  répond  an  latin  contraxit,  de  rinfinitif 
contraliere,  éiréçir,  resserrer,  serrer,  accourcir, 
contracter.  S.  Bernard,  parlantdeDieu,  dit:  «  Ancor 
«  volt  de  plus  tarant  giore  essaucir  nostre  enferme- 
«  teit,  car  celé  maisteiz  {majestas)  se  contrast  por 
«  ajunnre  à  nostre  limon  enm  la  meillor  chose 
«  qu'il  avoit,  c'est  lei  meismes  ensi  k'en  nostre 
«  personne  fussent  auneit  ensemble  Deus,  et  li 
«  lums  [lumen),  li  maisteiz  et  li  enfermeleiz.  » 
(S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  79.) 

Contraste,  subst.  masc.  Dispute,  contestation. 
Pasquier  lait  observer  que  nous  avions  emprunté 
des  Italiens  le  moi  contraste,  au  lieu  de  celui  de 
contention.  (Itech.  liv.  Vlll,p.  002.) 

Contraster,  verfce.  Débattre,  disputer  (1).  (Dict. 
de  Jlonet.) 

Contrateudre,  verbe.  Attendre.  La  préposition 
contre,  employée  dans  plusieurs  motsci-dessus  pour 
exprimer  l'opposition,  semble  être  explélive  dans 
le  verbe  contr'atendre,  attendre.  «  Le  dit  sire  de 
>'  Talbot,  en  eontre-attendant  (2)  ses  gens  de  pied,  fit 
«  mettre  un..'  queue  de  vin  debout  pour  faire  boire 
«  ses  gens.  »  (Berry,  Chron.  p.  469.) 

VARIANTES  : 
CONTRJVTENDRE.  Berry,  Chron.  p.  469. 
CONTRE-ATTENDRE.  Le  Jouveiicel,  fol.  66  R". 
CoNTRE-ACTKNDRE.  Le  Jouvencel,  MS.  p.  227. 

Contrault,  subst.  masc.  Contrat.  (Borel,  Dict.) 

Notaire  faull  qui  entre  mille 
Soit  saig-',  et  loyal  pour  garder 
Tous  instrumens,  et  les  former 
Des  contraulx,  par  voie  soutile. 

Eusl.  Desch.  Poes.  MSS.  fol.  79,  col.  3. 

«  Il  y  avoit  un  garde  du  scel  royal  établi  aux 
«  contraulx  de  la  pfevosié  de  Bourges.  >^  (Voy.  Proc. 
de  Jacq.  Cuer,  ms.  p.  31.) 

VARIANTES  : 
CONTHAULT.  Ord.  des  R.  de  F.  t.  I,  p.  485. 
Contraulx,  plur.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  79,  col.  3. 
CoNTRAUT.  Ord.  des  R.  de  F.  t.  4,  p.  69,  col.  2. 

Coutravant,  subst.  masc.  Gageure,  pari.  Pro- 
prement gage  ;  en  contravant,  en  gage. 


Moult  d'avoir,  n'en  sai  la  some, 

Donna,  et  d'arrière,  et  devant, 

  mainte  gent,  par  contravant,  etc. 

Ph.  Mouskes,  MSS.  p.  C64. 

Je  ne  sai  pourquoi,  ne  coument, 
A  Valenciennos  ensement  (aussi) 
Dounoit  cil  om  (cet  homme)  teus  (tels)  contr-avans. 
IbiJ.  p.  6G2. 

Contraventeur ,  subst.  masc.  Contrevenant, 
qui  est  en  contravention.  (iNouv.  Coût.  Gén.  t.  I, 
p.  12(50.) 

Contraventoire,  s'ibst.  masc.  Contrevenant, 
contraire. 

Contravouer ,  verbe.  Contredire  celui  qui 
réclame.  Avouer  se  dit  de  celui  qui  déclare  qu'une 
chose  lui  appartient,  qui  la  reclame  ;  contravouer, 
de  celui  qui  conlreditcettedéclaration  et  qui  prêtent! 
que  la  chose  est  à  lui  :  «  Aucun  prétendant  droit  de 
'<  seigneurie  en  aucune  chose  meuble  ,  le  peut 
«  advouer  en  la  présence  d'un  sergent  du  lieu  où 
«  est  ledit  meuble,  en  baillant  caution  d'ester,  etfour- 
>'  nira  droict,  et  est  lesergent,  qui  reçoit  le  dit  adveu, 
"  tenu  séquestrer  incontinciit  la  chose  advouée, 
"  nonobstant  oppositions,  ou  appellations  ;  et  les 
«  dits  adveuz  ,  et  séquestrations  faits,  les  doit 
«  notifier,  et  signifier  à  la  partie  dont  il  sera  requis 
«  par  l'advoiiant,  et  le  sommer  de  contravouer,  si 
«  faire  le  veut,  etc.  »  (Coût,  de  la  Rochelle,  Coût. 
Gén.  t.  II,  p.  637.) 

1.  Contre,  subst.  masc.  Terme  de  musique  (3). 
On  a  dit,  en  parlant  des  oiseaux  : 

....  Font  joyeuse  chanterie, 
De  contre,  de  chans,  et  teneurs. 

Cbasse  et  départie  d'Amours,  p.  285,  col.  1. 

Ce  mot  est  employé  figurément  dans  ce  pas- 
sage : 

Trois  choses  sont  d'un  accord, 
L'église,  la  court,  et  la  mort  : 
L'église  prend  du  vif  et  du  mort, 
L'église  fait  la  teneur  sans  droiture  ; 
Noblesse  tient  la  contre  (4),  sans  mesure  ; 
Labeur  ne  peut  à  la  taille  fournir, 
Si  le  dessus  ne  vient  à  soustenir. 

Apologie  pour  Hérodote,  p.  624. 

2.  Contre,  arfi».  Autrement,  par  contre,  de  quel- 
que autre  façon.  «  Quant  aucuns  prent  bos  (bois)  à 
«  essarter,  ou  vignes  planter,  à  chertaine  redevance, 
«  et  se  oblige,  par  plege,  ou  par  foi,  ou  par  contre,  à 
«  cens  d'hiretage,  à  paier  les  rentes  dou  lieu  qu'il  a 
«  pris,  etc.  .'  (Ueauman.  p.  124.) 

Ce  mot  est  employé  dans  le  même  sens  au  passage 
suivant  : 

....  Quant  il  avoit  déserté  (ruiné) 
Aucune  grant  beste  royal, 
Adonc  quenoit  le  desloyal 
Contre,  pour  autre  destruire. 

Eusl.  Desch.  Pois.  MSS.  fol.  483,  col.  1. 


(1)  Il  signifie  encore  i»  accuser  :  «  Après  ce  que  il  aura  esté  défendu  et  contrasté  par  aucun  des  champions.  (Assises  de 
.Ter.,  I,  157.)  2»  S'opposer  ;  «  Pour  contraster  à  leur  mauvaise  volonté.  »  (Ord.,  V.  483,  an.  1372.)  (n.  e.) 

(2)  11  en  est  de  même  dans  Partonopex,  v.  4288.  (N.  e.) 

(3)  On  disait  au  xvii'"  siècle,  haule-contre,  l>asse- contre.  (N.  E.) 

(4)  «  Bien  estoit  l'accord  qu'on  allast  à  rencontre,  Mais  comte  Petillane  chantoit  d'une  aultre  contre.   »   (J.   Marot,    V, 
115.)  (N.  E.) 


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CO 


Contre  (1)  paroit  explétif  dans  ces  vers  : 

Lance  ot  d'une  verge  pelée  (écorcée), 
S'ot  entor  soi  contre  une  fonde. 

Fabl.  MSS.  du  I\.  n'  7G10,  t.  II,  fol.  10-2,  V"  col.  2. 

3.  Contre,  prép.  Coalie.  près*.  Vis-à-vis^. 
Entre  '=.  Au  delà  °.  Suivant  ^.  Environ  ''.  Vers  ° 
Au-devant  ".  .\vec  '.  En  comparaison  ".  Pour  "-. 
Au  lieu  de  ".  Au  contraire  ". 

*  Au  premier  sens,  contre,  encontre,  à  ['encontre 
se  disent  pour  près.  (Robert  Estienne,  Grammaire 
fr.  p.  99.) 

■  ^  Contre  est  mis  pour  vis-iVvis  dans  ce  passa2:e  : 
«  Si  oste  une  granl  dame  son  chapperon,  et  se 

«  humilie   contre   uns   taillandier la  dame 

«  resi)Onditqu"elle  ainioit  mieulx  Tavoirosté  contre 
"  luy,  que  à  l'avoir  baissé  contre  un  genlilliomme.  » 
(Le  Chev"  de  la  Tour,  Instr.  à  ses  lilles,  fol.  0.) 
C'est  le  même  sens  dans  ces  vers  : 

Se  les  doit  un  avoir  plus  chiers, 
Et  essauchier  (exalter)  et  honuourer, 
Et  se  doit  on  cnnlre  eus  lever, 
S'on  les  voit  aler  et  venir. 

Fabl.  MS.  du  P..  n-  7-218,  lui.  loi,  R"  col.  2. 

De  là,  on  a  dit  contre  regart  Inimains,  pour  à  la 
vue  de  tout  le  inonde.  (Gace  de  la  Bigne,  des  Déd. 
MS.  fol.  123.) 

*^  Contre  s'est  mis  pour  entre  dans  ces  vers  : 

Pour  ce  convient  il  distinger 
Contre  chien  mastin  et  lévrier. 

Gace  de  la  Bigne.  des  Déd.  MS.  fol.  85,  Vv 

° Contre  signifie  au-delà  dans  ce  passage.  On  disoit 
contre  sa  puissance  pour  au-delàde  sesforces:  »  Dieu 
<■  neveult  miequeliomine  face  contre  sa  puissance, 
»  mais  qu'il  face,  ce  que  faire  pourra  bonnement.  » 
(Modus  et  Racio,  .ms.  fol.  2'ii;.) 

^  Contre  a  eu  la  signification  de  suivant,  conformé- 
ment, dans  cette  citation  :  «  S'il  advient  que  aucuns 
<.  facent  contrefaire,  ou  graver  aucun  scel,  ou  seaux 
«  contre  (2),  et  à  re.vemplaire  des  empraintes 
«  d'autres  sceaux,  etc.  »  {Ord.  t.  lll,  p.  312.) 

C'est  dans  le  même  sens  qu'on  a  dit  : 

Polixena  au  corps  parfait. 
Contre  qui  l'image  etoit  fet. 

Froissart,  Poi'S.  MSS.  p.  ;U8. 

■^  Contre  signifie  environ,  dans  les  cilations 
suivantes  : 

Malade  a  moull  geu  oan  (3), 
C  'litre  la  feste  de  s.  ,Iohan. 

Blanch.  MS.  de  S.  Gerra.  fol.  189,  V-  col.  3. 

»  Contre  la  S.  Rerai,  et  la  Toussaincts  voulontiers 
«  fait  fort  (rude)  tems.  "  (Froiss.  liv.  lII,  p.  359.)  [i] 
'^  Contre  a  le  sens  de  vers,  dans  ces  cilations  : 


Contre  son  moustier  regarda, 
Sire  Costant  vit  devant  soi. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  77,  V"  col.  2 

"  L'emmenèrent  contre  France,  »  pour  vers  la 
France.  (Mem.  d'Ol.  de  la  Marche,  liv.  1,  p.  293.) 

"  Contre  A  le  sens  de  au-devant,  à  la  rencontre. 
Isabelle  ,  reine  d'Angleterre ,  venant  en  France 
implorer  le  secours  de  Charles  le  Bel,  son  frère ,  ce 
prince  "  \'\i\i contre  elle,  et  la  baisa.  »  (Froissart, 
liv.  1,  p.  4.)  {•:<,) 

'  Contre  signifie  avec,  dans  le  partageque  fit  Louis 
Vin,  du  butin  pris  au  siège  d'Avignon. 

.  .  .  .  Li  clergiés  à  la  mounoie 
Partist  à  moitiet,  contre  lui. 

l'h.  Mouskes,  MS.  p.  70i. 

«  Boufllers  est  seigneur  chastelain,  pour  un  tiers 
«  de  la  seigneurie  de  Milly,  partissantt!t/?ii/'éî  le  roy, 
«  pour  les  deux  autres  tiers.  «  (Coût,  du  comté  de 
Clermont,  Coul.  Gén.  t.  I,  p.  376.) 

"  Contre  signifie  en  comparaison,  en  proportion  ; 
«  Elle  est  encores  trop  jeune  un  peu  contre  vostre 
«  aage.  »  (Froissart,  liv  III,  p.  353.)  (G) 

Dame,  contre  ce  qu'ele  est, 

Me  peut  tote  trover  presl  ; 

La  laide  me  done  sols  cent, 

Por  ce  que  Taise  sent  : 

Et  la  belle  me  donne  mains  (moinsV 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  i8,  V  col.  3. 

On  disoit  au  même  sens  : 

Contre  ce  qui  est  riches  hom. 

Fabl.  MSS,  du  R.  n»  7615,  t.  Il,  fol.  16i,  V  col.  1. 

C'est-à-dire  à  proportion  des  richesses  d'un  homme. 

^  On  a  dit  aussi  contre  dans  le  sens  de  pour. 
Lancelot  du  Lac  ayant  sonné  un  cor  pour  appeler 
un  chevalier  au  combat,  on  lui  crie  :  •<  Tu  cornes 
"  contre  ta  douleur.  >■  (Lanc.  du  Lac,  t.  II,  fol.  128.) 
Ou  \\i  contre  son  ilestonrbier,  pour  son  malheur, 
dans  le  Rom.  de  Brut.  MS.  fol.  11.  «  Contre  la  venue 
«  de  notre  roy ,  »  dans  Percef.  (vol.  I,  fol.  95.) 

"  Contre  est  mis  pour  au  lieu  de,  dans  ces  vers  : 

Un  dous  baiser  me  fut  si  savo\irous. 

Que  je  ne  sai  se  mes  cuers  mes  enblez  (.volé) 

Mes,  contre  inoy,  s'en  est  en  li  entrez. 

Gaces  Brulle^,  Poes.  MSS.  avant  1300,  1.  II,  p.  52fi. 

"  Enfin  on  trouve  encontre,  pour  au  contraire. 
On  a  dit,  en  parlant  d'Isabelle  :  ■  Quand  elle  avoil 
«  dit  une  parolle,  c'étoit  sans  rappeller  ;  pour  rien 
0  elle  ne  iist  encontre.  »  (Vied'Isab.  à  la  suite  de 
Joinville,  p.  172.)  (7) 

VARIANTES  : 
CONTRE.  Rymer,  t.  I,  p.  13,  col.  2,  titre  de  12.56. 
CuiNTRE.  Marbodus,  col.  1646  et  1654. 
CuNTRE.  Marbodus,  col.  1G4<5,  1650,  1656  et  1674. 


(1)  Coyitre  est  là  pour  tout  contre.  (N.  E.) 

(2)  Seaux  contre  signifie  contre-sceau.  (N.  E.) 

(3)  Traduisez  :  est  resté  «  longtemps  au  Ut  cette  année.  »  (N.  E.) 

(4)  On  lit  encore  dans  Froissart  (II,  262)  :  «  Contre  le  mois  de  mai.  »  Ce  sens  est  déjà  dans  Roland  (v.  1431)  :  «  Cuntre 
midi  ténèbres  i  a  granz.  »  Ce  sens  s'applique  à  ce  qui  est  dans  l'espace  comme  à  ce  qui  est  dans  le  temps  :  «  Cuntre  dous 
deiz  l'ai  de  1'  furrer  getée.  »  (Roland,  v.  444.)  (N.  E.) 

(5)  De  même  au  t.  II,  p.  26  :  «  C'.ii!  de  la  cité  vinrent  contre  lui  moult  révéramment  »  ;  et  dans  Roland  (v.  2822)  :  «  Vient 
curant  cuntre  lui.  »  Ce  sens  est  dans  Berte  (78)  et  dans  la  Rose  (v.  773.)  (N.  E.) 

(6)  M.  Ivervyn  imprime  (XIII,  284)  :  «  Elis  est  encoires  trop  jeunette  ung  petit  contre  vostre  eage.  »  Roland  donne  aussi 
(v.  1930)  ;  «  Cuntre  un  de  noz  en  truverat  morz  quinze.  »  (N.  E.) 

(7)  Il  signifie  encore  d'après  :  «  Elle  ajut  d'un  biau  (ils  qui  eut  à  nom  Jehans  contre  le  duc  .lehan  de  Brabant  qui  le  tint 
as  fons.  »  (III,  202,  Froissart.)  (n.  e.) 


co 


—  222  — 


CO 


Con(rc-à-cens,  subst.  masc.  Terme  de  droit. 
Ce  inotparoît  être  le  même queCoNTRARniTci  dessus. 
(Voyez  ce  mot.)  «  Chil  qui  rhiietno:e  bailla  à  cens, 
«  ou  îi  louage,  a  seurté  d'autre  liirelage  que  Ten 
«  apele  contre-à-cens.  »  (Beaumanoir  (i),  p.  201.) 

Contre-accusation,  subst.  fém.  Récrimina- 
tion. Ce  mot  est  répété  plusieurs  fois,  dans  lesMém. 
Du  Bellay  (2),  liv  9.  fol.  280. 

Conti'e-adveu.  [Intercalez  Contre-adveu,  op- 
position ù  une  demande  ou  complainte,  d'oii 
contrc-atlvoiier  et  contre -advnueur  :  -.  Pour  ce  que 
«  Aymar  Tison  print  et  emporta  dudit  pré  certaine 
«  quantilé  de  foing  en  herbe,  Jehan  ^[alasmas 
«  suppliant  tist  et  forma  sur  ce  par  devant  le 
»  sergent  de  la  justice  ung  adveu  à  rencontre  dud. 
«  Tison;  lequel  se  contreadvoua:  au  moyen  de 
«  quoy  s'est  meu  et  pend  procès  en  la  court  de  lad. 
«  justice  entre  led.  .lehan  Malasmas  advoueur  dune 
»  part,  et  ledit  Tison  contreadvoueur  d'autre.  Pour 
«  la  nature  desquelz  adveu  et  contreadven,  les 
«  fruiz  dud.  pré  furent  mis  en  la  main  de  justice.  - 
(J.I.  194,  p.  300,  an.  1  i68.)]  (n.  e.) 

Contre-aler,  verbe.  Passer  outre.  On  a  dit 
contre,  pour  au-delà;  d'oii  s'est  formé  le  verbe 
contre-aler,  passer  outre,  continuer  son  chemin. 

Regarde  sa  mère,  et  voit 

Qui  li  fet  signe  conlre-alast, 
Et  que  de  rien  ne  la  parlast  ; 
Et  quant  il  fu  outre  passez,  etc. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7-218,  fol.  230,  R'  col.  2. 

Contreangle,  subst.  fém.  Ce  mot,  dans  le 
passage  suivant,  semble  une  faute  pour  contre- 
ongle  qui  signilloit  autrefois,  en  termes  de  chasse, 
la  même  chose  que  contrepied  :  «  S'il  voit  qu'il  passe 
0  par  là,  oîi  il  prendra  son  tour,  son  limier  devant 
«  soi,  il  doit  regarder  si  c'est  de  celluy  cerf  qu'il  a 
«  destourné  ;  et  s'il  n'en  voit  bien  à  son  ayse,  il 
-  doit  râler  la  contre-angle  jusques  à  tant,  etc.  » 
(Chasse  de  Gast.  Phéb.  ms.  p.  172.  —  Voyez  ci-après 
Contre-ongle.) 

Contre-apoial.  [Intercalez  Contre-apoial , 
barre  de  porte  dans  la  Chron.  de  S'  Denis  (D.  Bou- 
quet, m,  172)  :  «  Il  senti  et  s'aperçut  que  il  portoit 
»  en  sa  main  une  verge  de  fer  en  lieu  de  baston 
«  d'autel,  quantité  comme  le  contreapoial  d'un 
•'  huiz.  »]  (n.  e.) 

Contrearguer ,  verbe.  Argumenter  contre. 
(Modus  et  Racio,  ms.  p.  20().) 

Contreassaillii-,  verbe.  Attaquer  à  son  tour. 
«  Je  vous  pourroy  alléguer  infinité  d'exemples 
«  esquels  plusieurs  assaillis  en  leur  pa'i's  ontdiverty 
«  (détourné)  l'ennemi,  en  le  contre  assaillant  au 
«  sien.etsauvantleleur,  ont  acquis,  et  tenu  celuy  du 
«  dit  ennemy.  »  (Mém.  du  Bellay,  liv  VI,  fol.  194.) 

Contre -avant.  [Intercalez  Contre -avant  : 
«  AVarlain  vint  demander  à  icellui   Sohier  pour 


«  combien  il  lui  vouldroit  quitte  ung  contre-avant, 
«  qui  est  à  dire  ung  agiie.  »  (JJ.  176,  p.  344' 
an.  1444.)  (n.  e.) 

Contrebalance  ,  subst.  fém.  Contrepoids. 
(Monet,  Oudin,  Cotgrave  et  Mcot  Dicl.) 

Contrebander,  verbe.  Bander  à  l'opposite  *. 
Résister,  contrarier  ^.  Se  mutiner  '^. 

*  Nous  ne  trouvons  le  premier  sens  que  dans  le 
Dict.  de  Monet. 

^  Monet  el  Oudin  s'accordent  sur  le  second  sens. 
C'est  une  acception  figurée,  émanée  de  la  première, 
qui  est  propre. 

•=  La  troisième  signification  nous  est  donnée  par 
le  passage  suivant.  C'est  une  extension  de  la 
précédente.  Se  mutiner,  c'est  résister  à  l'autorité 
d'un  supérieur  : 

Gens  de  guerre  jurent, 
lllasphement,  parjurent, 
Mauldissent,  conjurent, 
Et  se  contrebandent. 

Crétin,  p.  167  el  168. 

Contrebarcr.  [Intercalez  Contrebarer,  ver- 
rouiller: ■■  Et  contrebarèrent  les  huis  et  les  fe- 
«  neslres.  »  (Froissart,  II,  408.)  (n.  e.) 

Contrebarre,  SH&sf.  fém.  Barre  de  porte.  C'est 
le  sens  qu'Oudin  donne  à  ce  mot,  qui  subsiste 
d'ailleurs  comme  terme  de  blason. 


Contrebas,  adv 
Monet,  Oudin,  Dict. 

p.  li.) 
De  là,  on  disoit  : 
1°  l^ontrebas  de 

(Méi.:,  du  Bellay, 


En  bas,  vers  le  bas.  (Nicot, 
-  Voyez  Poës.  d'Amad.  Jamin, 


Pau  ,   en  descendant  le  Pau. 
iv.   X,  fol.   318.)  On  lit  fibid. 
liv.  lÀ,  fol.  291)  ':  «  Porter  nos  gens  de  pied,  et  artil- 
«■  lerie  contrebas  l'eau.  » 

2"  Pousser  contrebas,  faire  tomber ,  précipiter. 
«  Vous  verriez  des  plottes  de  neige  que  le  vent 
«  pousse  contrebas,  etc.  »  (Mém.  du  Bellay,  liv  IX, 
fol.  29G.) 

Contrebas,  subst.  masc.  Terme  de  musique. 
«  La  troisième  faisoit  le  contrebas  de  fleutes 
c>  doubles.  «  (Cartheny,  Voyage  du  Chevalier  errant, 
fol.  45.) 

Contrebasse,  subst.  fém.  Basse  contre.  (Nicot, 
Cotgrave  et  Oudin,  Dict.) 

Contrebatre,  verbe.  Disputer,  contester*  (3). 
Faire  une  contrebatterie  ^.  Battre  à  contretemps  '^. 

*  On  remarque  la  première  acception  dans  le 
passage  suivant  :  «  Quand  l'on  s'est  clamé  d'autre, 
«  et  celui  de  qui  l'on  s'est  clamés  a  jour  demandé, 
«  et  l'autre  l'a  contrebatu,  et  court  a  esgardé,  (jugé, 
«  prononcé)  que  il  doit  avoir  jour,  etc.  »  (Assis,  de 
Jérus.  p.  41.) 

^  et  "^  Les  deux  autres  acceptions  :  Faire  une 
contrebatterie  et  battre  à  contretems  ne  se  trouvent 
que  dans  le  Dict.  d'Oudin. 


ir 


(1)  Beavimanoir  donne  aussi  la  forme  contre-ceiis.  (n.  e.) 

(2)  «  II  court  maintenant  aux  subterfuges  de  contre -accusation,  disant.  »  (Ed.  de  i569,  p.  493.)  (n.  e.) 

(3)  II  signifle  même  défendre  :  «  Je  i  sai  bien  men  droit,  pas  ne  m'en  vois  doublant  ;  Je  le  contrebatrai. 
Seb.,  II,  832.  (n.  e.) 


(Baudouin  de 


à 


co 


-  223  — 


CO 


VARIANTES  : 
CONTREBATRE.  Assis,  de  Jéms.  p.  40. 

CON TREHATTRE.  Oudin,  Dict. 

Contvehoive,  verbe.  Faire  raison,  répondre  en 
buvant  h  une  santé  qui  nous  a  été  portée.  «  Sur  la 
«  fin  du  repas,  je  prins  ma  coupe  d'or  plene  de 
"  vin,  et  après  l'avoir  présentée  à  la  royne,  qui  en 
«  print  le  premier  traict  ;  l'élevant  à  haute  main, 
«  je  donnay  signe  d'aller  boire  h  tous,  pour  grau  de 
«  mon  départ'prest.  Eux  tous,  d'autre  part,  mons- 
«  trans  signe  dejoye,  conlrebeurent  k  moy  avec 
«  fauste  acclamation.  »  (Alect.  Som.  fol.  GG.) 

Contrebondir,  verbe.  Rebondir.  (Nicot,  Monet, 
Oudin,  Dict.) 

Contrebote,  subst.  fém.  Contrepartie. 

Je  ne  rys  plus,  je  ne  rys  plus,  ma  dame, 
Car  puisqu'il  faiilt  apprendre  ceste  game. 
De  dire  adieu,  rien  n'entends  à  la  note  : 
Mais  un  Dieu  gard  dira  la  coiilrebule, 
Autant  riant,  quand  te  pourra  revoir, 
Que  de  pleurer  maintenant  fait  devoir. 

Les  Marg.  de  la  Marg.  fol.  BG3,  V°. 

Contrebouter,  verbe.  Arcbouter.  Proprement 
soutenir  d'un  contreboutant.  (Oud.  Cotgr.  Dict.)  Ce 
mot  n'est  pas  encore  hors  d'usage,  au  moins  comme 
terme  d'art. 

Contreçaingle.  [Intercalez  Conireçaingle , 
conlresanglon  dans  Froissart(ll,  153)  :  «  Lors  selles, 
"  peniaux,  caiiigles  et  contreçalngles  furent  tous 
«  pourri.  »  De  même  dans  Flore  et  Blancheflor 
(v.  1191): 

Les  estrivieres  et  les  çaingles 

De  soie  avec  les  contreçaingles.]  (N.  E.) 

Contrecarre,  subst.  fém.  Opposition,  résis- 
tance. Proprement  résistance  en  face;  cart; signifie 
face,  comme  on  l'a  vu  :  Montrer  contrecarre  à 
fortune.  (Machiavel,  Disc,  sur  Tite-Live,  p.  550.) 

Ce  mot  entroit  dans  diverses  façons  de  parler  dont 
nous  allons  donner  le  sens  : 

1°  Donner  pour  contrecarre,  mettre  en  opposition, 
opposer.  Deux  conseillers  du  parlement  de  Paris 
ayant  été  envoyés  en  Guienne,  ausujetdes  premiers 
troubles  de  15G0,  M"  de  Burie  fil  venir  deux  conseil- 
lers au  parlement  de  Bordeaux,  «  afin  de  donner  à 
«  ces  commissaires  pour  contrecarre  gens  qui 
«  entendoientbien  le  chemin  qu'il  falloit  prendre.  >■ 
(Mém.  de  Montluc,  t.  II,  p.  36.) 

2°  Mettre  en  contrecarre ,  mettre  en  parallèle, 
comparer.  «  Si  je  metlois  en  contrecarre  un  simple 
«  gentilhomme  ou  seigneur  avecque  un  prince  du 
«  sang.  >■  (Pasq.  Recli.  p.  506.) 

S"  Faire  contrecarre,  tenir  tète,  faire  face.  Ainsi 
on  a  dit  au  figuré  :  «  Je  laisse  une  infinité  d'autres 
<■  beaux  traits  qui  se  trouvent  espandus  par  ses 
«  oeuvi'es,  lesquels /'o/U  contrecarre  à  l'antiquité.» 
(Pasq.  Rech.  p.  633.) 

4°  Tenir  contrecarre,  tenir  tête,  résister.  «  Us 


«  estoient   gens  pour  leur  tenir   contrecarre.  « 
(Machiavel,  Disc,  sur  Tite-Live,  p.  382.) 

5-  Se  faire  contrecarre ,  se  contrecarrer.  »  Se 
«  mettent  à  l'envy  comme  pour  se  faire  teste,  et 
«  contrecarre.  »  (Essais  de  Montaigne,  t.  III,  p.  564.) 

VARIANTES  : 
CONTECARRE.  Oudin,  Nicot,  Dict. 

CONTREQUARRE.  Nicot,  Dict.  (1) 

CoNTRE.'-QUARRE.  Braut.  sur  les  duels,  p.  287. 

CONTRESC.ARRE. 

Contrecarrer  (se),  verbe.  Se  mettre  en  paral- 
lèle. On  a  dit,  en  ce  sens,  en  parlant  des  faux 
nobles  :  «  Ils  semblent  estre  favorisez,  et  recognus 
«  par  les  vrayes  nobles,  avec  lesquels  ils  se  contre- 
«  carrent,  au  lieu  qu'ils  mériteroient,  etc.  »  (Des 
Ace.  Bigar.  fol.  14.) 

Contrecause,  subst.  jém.  Défense,  réplique  à 
une  cause.  «Seront  tantnosire  dit  advocat,  que  son 
»  substitut  tenus,  elobligés  de  tenir  lidel  et  pertinent 
»  registre  de  tous  causes,  et  contrecauses,  etc.  » 
(Coût,  de  Haynaull,  Nouv.  Coul.  Gén.  t.  II,  p.  98.) 

Contrecaution,  subst.  fcm.  Garant  d'une 
caution.  «  Je  vous  bailleray  le  roy  pour  caution, 
«  qui  ne  fera  point  banquerouteje  vous  le  promets, 
«  au  moins  s'il  me  laisse  ménager  ses  revenus 
«  comme  je  l'entends,  et  je  lui  servirai  encore  de 
«  contrecaution,  qui  m'attends  bien  en  le  faisant 
"  riche,  qu'il  me  fera  tant  de  bien  que  je  ne  serai 
«  jamais  réduit  au  salfran.  ■>  (Mém.  de  Sully,  t.  III, 
p.  402.) 

Contrecautionnenient,  subst.  mas.  Caution- 
nement, celui  ciui  fournil  la  parlie  attai|uée  qui  se 
défend.  «  Quiconque  prétend  quelque  droit  de 
«  propriété  ou  d'hérédité,  ou  encore  de  servitude, 
»  ou  de  franchise  sur  aucuns  fonds,  il  est  obligé  de 
«  poursuivre  son  droit  à  l'ordinaire  vierschare, 
«  (tribunal  )  par  cautionnement  ;  et  la  partie  , 
«  voulant  venir  en  opposition  contre  cela,  doit 
«  donner  un  cautionnement  au  greffe  ;  et  le  dit 
«  cautionnement,  et  contrecauLionnement ,  sont 
«  publiez,  et  insinuez  par  les  ammans (greffiers).  " 
(Coût,  de  Furne,  Nouv.  Coût.  Gén.  t.  I,  p.  673.) 

Coutrecedule,  subst.  fém.  Contreleltre.  (Oud. 
Colgrave,  Nicot,  Monet  et  R.  Estienne,  Dict.) 

VAIUANTES  : 
CONTRECEDULE.  Oudin,  Nicot,  Dict. 

CONTRESCEDDLE. 

Contreceugle  ,  subst.  fém.  Contresanglon  (2). 
Petite  courroie  où  l'on  attache  les  sangles.  11  paroit 
que  c'est  le  sens  de  ce  mot,  en  ces  vers  : 

En  une  selle  à  chevauchier, 
Fault  tousjours  pannel,  ou  estrier, 
Tasse  boucle,  espingle,  ou  mordant, 
Contrecengle,  etc. 

Eust.  Desch.  Poi'S.  MSS.  fol.  252,  col.  1. 

Contrechange,  subst.  fém.  Contr'échange. 
«  Le  duc  avoit  faict  porter  parole  de  bailler  à  l'em- 


(t)  C'est  l'orthographe  dans  le  Pèlerin  d'Amour  (t.  I,  p.  97) 
lui  faire  cund-equarie.  »  (N.  E.) 
(2)  Voyez  ci-dessus  contreçaiyigle.  (N.  E.) 


«  Emportoit  le  prix  des  mieux  disans,  sans  que  pas  un  osast 


co 


224  - 


CO 


«  pereur  en  contrechange  (1)  d'autres  terres  en 
..  imiie.  "  (Mém.  Du  Rellay,  liv.  V,  fol.  137.) 

Contreclianger,  verbe.  Echanger  (2).  (Monet, 
Colgrave,  Oudin,  Dicl.) 

VARIANTES  : 
COMRECIIAXGER,  Contreschanger.  Nicot,  Oudin,  D. 

Contrecharger,  verbe.  Coniraccuser,  récrimi- 
ner. ^Oudin,  Cotgrave,  Picl.) 

Contrecharnie,  subst.  masc.  Charme  con- 
traire, r.illel  contre  les  cl;arnies,  anuiletle.  (Oudin, 
Monet,  liict.) 

Contrechens,  subst.  masc.  Surcens  (3).  (Gloss. 
sur  les  Coût,  de  Beauvoisis.) 

Contrecirconeision,  subst.  fém.  C'est  la 
pratique  opposée  à  la  circoncision.  (Charron,  Sag. 
page  240.) 

Contreclain ,  subst.  masc.  Récrimination. 
Plainte  rendue  contre  une  autre  plainte  :  »  Nous 
«  défendons  bataille  par  tout  nostre  royaume,  en 
«  toute  querelle;  mais  n'osions  mie  les  clains,  les 
«  respcns,  et  eontreclains,  ne  tous  les  autres  con- 
'■  trevenans.  "  (Rech.  de  Pasij.  p.  321.) 

Contreclef,  subst.  fém.  Fausse  clef.  (DuCange, 
au  mot  Contraclavis.) 

Contrecopiii",  subst.  masc.  Plaque  de  chemi- 
née*. Dédain,  dégoût''. 

*  Ce  mot  subsiste  sous  la  première  orthographe, 
dans  ce  premier  sens. 

^  On  ne  l'emploie  plus  dans  la  seconde  acception 
comme  substantif.  Autrefois  on  disoit  : 

Il  fault  que  j'aye 

Cimlrecueur,  et  que  plus  je  haye 
Celuy  que  sur  tous  plus  amaye. 

Al.  Cliarlier,  Pocs.  p.  671. 

Mais  nous  disons  encorertt'o/rrt  conlreccenrii).  On 
écrivoit  autrefois  ù  contrccueur.  (Oudin,  Cur.  fr.) 
On  ne  dit  jdus  avoir  contrccueur,  employé  souvent 
dans  le  même  sens.  (Voyez  Peicef.  vol.  VI,  fol.  75.) 

VARIANTES  : 
CONTRECŒUR.  Nicot,  Oudin,  Dict. 
CoNTRECUlîUR.  Hist.  du  Th.  fr.  t.  H,  p.  G7. 
CONTRECUER.  Fabl.  IISS.  du  R.  n"  7-218,  fol.  292,  V  col.  1. 

Contreconunun,  adjectif.  Extraordinaire. 
<•  Pour  ses  nouvelles,  et  contrecommunes  inven- 
«  lions  par  luy  introduites.  »  (Pasquier,  Lett.  t.  II, 
page  780.) 

Contrecourber,  verlic.  Courber.  Plier  en  sens 
contraire.  (Nicot,  Mon.  Cotgr.  Dict.) 


ContrecoinToiicer  (se),  verbe.  Se  courrou- 
cer à  son  tour  Se  fâcher  contre  quelqu'un  qui  se 
fâche.  «  Les  femmes  souvent  se  courroucent,  afin  que 
"  l'on  secnutrecourrouce.  •■  (Char.  Sagesse,  p.  139.) 

Contrecréance,  subst.  fém.  On  appeloit /cf- 
tres  (Je  eoutrecréance,  des  lettres  contirmalives 
d'autres  lettres  de  créance.  «  Ce  qui  se  peut  véritier 
»  par  lettres  de  contre  créance  rendues  aux  dicts 
■•■  ambassadeurs.  -  (Mém.  de  Villeroy,  t.  VI,  p.  2.) 

Contrecreuser,  verbe.  Creuser.  Du  côté 
opposé  à  celui  où  l'on  a  déjà  creusé.  «  Où  le  voisin 
<'  auroil  des  auparavant  creusé  de  son  côté,  le  pro- 
«  priétaire  d'autre  costé  ne  pourvo'il contrecrc2;ser, 
»  etc.  »  (Coût,  de Corze,  Nouv.  Coût. Gén.  t.  II, p.  1090.) 

Contrectei",  verbe.  Toucher.  Du  latin  contrec- 
tare.  Peut-être  aussi  faut-il  lire  contrester, rés'isier, 
dans  ces  vers  : 

Ne  rien  n'est  qui  cuntvecler  l'ose, 
Ne  beste  à  qui  paour  ne  face, 
Quant  elle  regarde  sa  face 
Faicte  à  la  divine  semblance. 

Eust.  Descl..  Po5s.  MSS.  fol.  47ti,  col.  3. 

Contrecui'ée,  subst.  fém.  Pai  tie  d'une  armure. 
C'éloit  la  [lièce  ou  plastron  qu'on  meltoit  sur  le 
venîre,  pour  se  garantir  des  coups.  «  Se  il  [le  che- 
"  valierj  ne  veaut  gambison,  il  doit  mettre  devant 
«  son  ventre  une  coiitrecvréc  (5)  de  tele  (toile) 
«  ou  de  coton,  ou  de  boure  delée  (déliée,  mince.)  » 
(Ass  r'e  Jérus.  p.  8.i  Du  Cange,  au  mot  Duellum  (G), 
cite  le  même  passage.  Curée,  dans  ce  mot,  est  mis 
pour  cGi'urée,  la  place  du  cœur  (Falconnet),  ou  pour 
cou:  :■:  ;e,  ceiuture. 

Coiitredaigner,  verbe.  Dédaigner,  négliger, 
mépriser.  On  a  dit  :  «  Se  homme  laisse  le  suffrage 
«  d'oroison,  il  conlredaigne  Dieu.  »  (Al.  Charlier, 
l'Espér.  p.  373.) 

Moult  ont  les  Romains  menaciez, 
Et  moult  les  ont  co»tredaiijiiiez. 

Rom.  de  Brul,  MS.  fol.  32,  R"  col.  ». 

VARIANTES  : 
CONTREDAIGNER.  Al.  Charlier,  TEspér.  p.  373. 
CONTREDAiNGNER.  G.  Guiart,  MS.  fol.  29,  R°  (7). 
CoNTREDAiGNiER.  Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  32,  R". 

Contredanse,  subst.  fém.  Ce  mot  signifie 
encore  aujourd'hui  une  espèce  de  danse  vive  et 
légère,  où  plusieurs  personnes  dansent  ensemble; 
peut-être  la  même  que  celles  dont  il  est  parlé  dans 
ce  passage  :  «  L'on  eut  un  superbe  balet  que  le  duc 
«  dansa,  et  ensuite  nous  nous  mîmes  à  danser  des 
»  contredanses  (8)   jusqu'à  quatre  heures  après 


(1)  «  Sur  la  menacp  de  faire  mourir  en  conirechaixjc  ceux  que  teniez  prisonniers.  »  (Sat.  Ménippée,  p.  146.)  (n.  E.) 

(2)  «  Qui  ne  cnntreclHinge  volontiers  la  santé  à  la  gloire.  »  (Montaigne,  I,  278.)  (N.  E.) 

(3)  Voyez  coDireacens  et  contraboul.  (N.  E.) 

(4)  Froissart  dit  «  avoir  en  contre-corciqc  i^lX,  310)  »,  où  au  xnr  siècle  on  disait   «   avoir  en  contre  cuer.    »    (Psautier, 
folio  10.)  (N.  E.) 

(h)  Ed.  Henschel,  II,  951,  col.  2,  et  sous  Corata,  id.,  596,  col.  3.  (N.  E.) 

(6)  L'édition  Reugnot  (p.  170)  porte  contrecuer,  que  M.  Littré  cite  sous  contrecœur,  plaque  de  cheminée  ;  l'étymologie  er 
contre,  plus  corium,  cuir,  peau.  (N.  E.) 

(7)  On  lit  au  v.  1112  (1(309)  de  l'édition  :  a  Onques  si  filz  n'I  voudrent  estre,  Car  nul  tant  ne  le  contredaingne.  »  (N.  e.) 

(8)  H  ne  faut  pas  confondre  cette  contre-danse  savante  et  polie  avec  le  branle  rustique  qui  vint   d'Angleterre  entre  1' 
et  1723  et  dont  parle  Falconnet  :  «  Le  bal  ne  fut  pas  trop  bien  ext^cuté,  s'il  faut  parler  ainsi,  tant  qu'on   ne   dansa  que 
danses  sérieuses.  Cependant  il  y  avoit  d'aussi  bons  danseurs  et  d'aussi  belles  danseuses  qu'il  y   en  eût  au  monde  d 
cette  assemblée  ;  mais,  comme  le  nombre  n'en  étoit  pas  grand  ,   on   quitta   les  danses   françoises   pour  se   mettre 
contredanses.  «  (Hamilton,  éd.  de  1829,  p.  143.)  (N.  E.) 


co 


225  — 


CO 


«  minuit.  »  (Mém.  de  Bassompierre,  t.  III,  p.  307, 
an  1626.) 

On  pourroit  dériver  ce  mot  de  l'angiois  countrij- 
dance,  danse  de  campagne,  de  paysans(l).  (Voy.  note 
de  Falconnet.)  Cette  conjecture  semble  d'autant 
plus  vraisemblable  qu'originairement  les  contre- 
danses sont  des  danses  de  village.  (Dict.  de  l'Acad.) 

Contredigiier,  verbe.  Faire  une  digue.  (Dict. 
d'Oudin  et  de  Colgr.)  G'étoit  aussi  fortifier  une  digue. 

Conti'edire,  verbe.  Défendre*  (2).  Confier^. 

*  Ce  mot,  au  premier  sens,  s'éloigne  peu  de  son 
acception  subsistante.  Cependant  on  ne  diroitplus: 

Bien  i  parust  rt'Odouart 

Que  il  traistrent  devers  leur  part, 
Et  cuidiijrent  par  un  mariage  : 
Mes  le  roy  des  Frans  en  fu  sage, 
Qui  au  conte  le  coiitredist. 

Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  fol.  68. 

Contredist,  dans  S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  236, 
répond  au  latin  interdieet. 

^  Contredire,  dans  la  signification  de  confier, 
paroit  venir  de  coutradere,  mot  latin  douteux  : 
«  En  ce  temps  furent  peu  mis  de  clercs  en  eves- 
«  chiez.  Youlentiers  contredist  les  églises  à  ceulx 
«  qui  nouvellement  estoient  convertis  en  la  foy.  » 
(Chron.  S.  Denis,  t.  I,  fol.  55.) 

Contredis,  adj.  Contredisant. 

Quar  il  est  fel,  et  conlrcdis 

Quant  jou  de  lui  vois  (je  vais)  escondis. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  317. 

Contredis,  siibst.  masc.  plur.  Sorte  de  poésie. 
C'est  le  titre  que  portent  dilTérentes  pièces,  dans  le 
Recueil  des  Poës.  mss.  av.  1300,  t.  11,  p.  910.  C'est 
proprement  une  complainte  que  l'on  trouve  ailleurs 
sous  le  nom  de  descord  ou  diseord. 

Contredisance,  subst.  fém.  Contradiction. 
(Oudin,  Dict.) 

Contrediseur,  subst.  masc.  Contradicteur. 
Celui  qui  contredit,  qui  s'oppose.  (Voyez  les  Contr. 
de  Songecr.  fol.  115.) 

Contredist,  subst.  inasc.  Dispute,  obstacle, 
défense*.  A[)pel^.  Terme  de  procédure  '^. 

*  Ce  mol  subsiste  sous  la  troisième  orthographe 
des  variantes;  mais  son  acception  est  'moins 
étendue,  il  ne  s'emploie  plus  ligurément;  autrefois 
il  exprimoit  généralement  toute  fayon  de  s'opposer 
h  une  chose,  soit  en  disputant,  soit  en  combattant  (3), 
ou  autrement.  On  disoit  faire  contredit,  pour 
disputer. 

Pourquoy  feray- je  contredit  9 

Ma  femme  a  esté  à  Valete  (Valence'), 

Elle  scet  tous  les  ars  de  Toulete  (Tolède)  : 

Veez-vous  comment  elle  argue  (argumente). 

Modus  et  Racio,  MS.  fol.  157,  R'. 

En  bonne  amour  ne  doit  avoir 
Ne  mauvaislié  ne  contredit. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7tH5,  T.  II,  fol.  137,  V"  col.  1. 


Ce  mot  signifie  obstacle,  dans  ces  vers  : 

Ainz  que  riens  en  soit  trébuchiez 
I  metront  contiediz  et  barres. 

G.  Guiart.MS.  fol.  68,  V'. 

Contredit  a  le  sens  de  difficulté  dans  ce  passage  : 
"  Quant  le  duc  de  Godefroy  apperceut  le  contredict 
»  du  passage,  etc.  »  (Tri.  des  IX  Preux,  p.  466.) 

On  disoit  aussi  mettre  contredit,  pour  se  défen- 
dre, s'opposer. 

La  dame  qui  moult  l'ot  chier 

I  mist  un  pou  de  contredit. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7lM5,  T.  II,  fol.  149,  R'  col.  2. 

^  Appel  1er,  en  termes  de  procédure,  c'est  s'oppo- 
ser à  l'exécution  d'un  jugement  ;  de  là  contredit  a 
signifié  appel  dans  cette  expression  :  Ressortir  par 
contredit,  c'est-à-dire  par  appel.  Les  ducs  de  Breta- 
gne, parlant  de  Rennes  et  de  ?^antes,  ajoutent  :  «  Ces 
«  deux  principalles  et  capitidles  villes  de  nostre 
«  duché  ou  toutes  aultrcs  juriditions  resorlissent 
«  par  contredit.  «  (Ord.  des  ducs  de  Bret.  f"  366.) 

'^  On  dit  encore  contredits  au  pluriel,  pour  dési- 
gner les  reproches  ou  réfutation  des  pièces  produi- 
tes par  la  partie  adverse.  On  le  disoit  au^si  autrefois 
des  reproches  ou  réfutations  contre  les  témoins 
dont  l'usage  a  été  aboli  par  l'ordonnance  de  1539, 
suivant  le  Gr.  Coût,  de  Fr.  p.  /i,33,  à  la  marge.  (Voy. 
Laurière,  Glossaire  du  Dr.  Fr.,  et  le  Règlement  qui 
avoit  été  fait  vers  1405,  pour  réformer  les  abus, 
dans  les  Ord.  des  ducs  de  Bretagne,  fol.  225.) 

VARIANTES  : 
CONTREDIST.  Hist.  de  Fr.  à  la  s.  du  Rom.  de  Fauvel,f°89. 
Contredict.  Tri.  des  IX  Preux,  p.  46(3,  col.  1,  etc. 
Contredit.  Orth.  subsist. 
CoNTREDiz,  plur.  G.  Guiart,  MS.  fol.  68,  V°. 

Contredit,  partie.  Disputé,  défendu.  Ce  mol^ 
subsiste  au  propre  ;  mais  il  n'est  plus  d'usage  au 
figuré. 

Ot,  en  la  tourelle  petite. 
Pour  estre  asprement  contredite, 
Tiex  (tels)  serjanz  mis  qui  la  tendront 
Tant  que  la  mort  dedanz  prendront. 

G  Guiart,  MS.  fol.  279,  R'. 

Contredoulile,  adj.  Terme  de  banque.  On  voit 
dansDuverdier  :  «  Manière  de  tenir,  et  faire  comptes 
«  par  livres  doubles  ,  et  contredoubles.  »  (Bibl. 
p.  675. ) 

Contrée,  subst.  fém.  Pays.  Nous  citons  ce  mot, 
quisubsiste,  pour  rapporter  les  expressions  suivantes 
qui  sont  hors  d'usage  : 

1°  De  povre  contrée,  de  pauvre  lieu,  de  pauvre 
état.  «  Vous  devez  estre  de  povre  contrée,  veu  que 
«  par  les  champs  vous  allez  à  pied  a  tout  (avec)  voz 
«  armes.  »  (Percef.  vol.  IV,  fol.  30.) 

2°  Renouveller  contrée,  pour  changer  de  pays  : 

....  Quant  contrée  renouvelle, 

Je  qruiers  tousjours  femme  nouvelle. 

Eusl.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  460,  col.  4. 


(1)  Cette  danse  est  décrite  par  Compan.  (Dict.  de  la  Danse,  1787,  au  mot  Rond.)  (n.  e.) 

(2)  Ce  sens  est  dans  Froissart  (III,  36)  :  «  Car  il  ne  trouvoient  nuUui  qui  lor  contredist  le  chemin.   »   II  signifie  encore 
refuser  :  «  Li  rois  ne  li  contredisait  cose  nulle  que  il  volsist  dire  ne  faire.  »  Ce  sens  est  dans  Roland  (str.  2681.  (N.  E.) 

(3)  (I  Alors  entrèrent  en  ville  sans  gaires  de  contredit.  »  (Froissart,  XIII,  72.)  Ce  sens  est  dans  d'Aubigné  (Hist.,  Il,  380)  ; 
«  Ce  chemin  les  mena  sans  contredit  jusqu'à  la  contr'escarpe.  »  (N.  E.) 

IV.  29 


co 


^  226  ^ 


CO 


VARIANTES    : 
CONTRÉE. 

CoNTKEiE.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  43,  en  latin  regio. 
CuxTRÉE.  Marbod.  col.  1638(1). 

Coiitre-écrire,  verbe.  Transcrire  *.  Ftéfuter  ^. 

*  On  lit  au  premier  sens  :  «  Il  avoil  preste,  pour 
«  eontre-escripre ,  moyennant  argent,  le  livre, 
.  etc.  ..  (Hist.  de  la  Toison  d'Or,  vol.  II,  fol.  31.) 
Monet  dit  que  coHfî'C-e'cnre  étoit  «  écrire  par  voie 
«  de  controole,  le  même  qu'un  autre  écrit.  » 

^  Conlre-écrire  étoit  aussi  ,  selon  Monet  et 
Nicot,  «  faire  sur  le  même  sujet  un  écrit  contraire 
«  à  l'écrit  d'un  autre,  ou  du  sien  même  »,  propre- 
ment écrire  contre,  ou  écrire  le  contraire. 

VARIANTES  : 
CONTRE-ÉCRIRE.  Monet,  Dict. 
CoNTHESCRinE.  Oudin,  Nicot,  Dict. 
CONTREESCRiPRE.  Al.  Chartier,  l'Espér.  p.  297. 

Contre-efforcément  ,  adv.  De  toutes  ses 
forces.  Le  Closs.  du  P.  Labbe,  p.  510,  IrMuil  abu'ijcê. 

Contre-embuscade,  suhst.  fém.  Embuscade 
opposée  à  une  autre.  (Voyez  Mém.du  duc  deRohan, 
t.  l,  p.  291.) 

Contre-escus-ù-pistolet.  (Voyez  Du  Tillot, 
Hist.  de  la  fesle  des  foux,  p.  120.) 

Contre-espée,  suhst.  fém.  Epée  de  réserve,  de 
rechange.  «  Cliacun  d'eulx  aura  ,  c'est  assavoir 
<>  glaive,  longue  espée,  contre-espée,  et  daigne.  » 
(Le  Jouvencel,  ms.  p.  554.) 

Contrefaçon,  subst.  fém.  Déguisement,  dissi- 
mulation (2). 

Beau  dehors  par  la  langue,  et  du  reste  à  cœur  joie  ; 
Quant  à  nioy,  je  dis  fy  de  ces  contrefaçons  ; 
Point  de  déguisement,  etc. 

Le  Baron  d'Albitrac,  Thomas  Corn,  acle  5,  scène  3,  p.  85. 

Contrefaicture,  subst.  fem.  Déguisement, 
changement  de  figure. 

....  C'est  laide  chose  en  natui-e 
Que  de  toute  contrefaicture  ; 
Et  1rs  bestes,  qui  nul  sens  n'ont. 
Quant  à  ce,  ne  se  contrefont. 

Eust.  Desc.  Tofs.  MSS.  fol.  519,  col.  1. 

Genz  ne  sont  pas  celz  qui  nature 
Deffont,  por  leur  conirefaiture. 

Hist.  de  Fr.  à  la  suile  du  Rom.  de  Fauvel,  fol.  76. 

Le  Chevalier  de  la  Tour,  dans  ses  Instructions  à 
ses  filles,  fol.  26,  rapporte  qu'un  prédicateur,  décla- 
mant contre  la  nouvelle  mode  des  coiffures  des 
femmes,  avec  de  grandes  cornes,  disoit  «  que  telles 
«  coinlises  (parures)  leUes  contrefaictures,  ettelles 
«  mignolises,  ressembloient  à  l'yraigne  qui  fait  ses 
«  reths  pour  prendre  les  mouches.  » 

VARIANTES    : 
CONTREFAICTURE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  519.  c.  1. 

CONTREFAITURE.  Ibid.  fol  57,  COl.  1. 


Contrefaire  ,  verbe.  Faire  contre  ,  faire  le 
contraire*.  Faire  de  rechef  ^.  Peindre  la  ressem- 
blance'^. Affecter,  faire  paroîlre  °. 

*  Contrefaire  a  été  employé  pour  faire  le 
contraire. 

Sires  est,  et  je  suis  chambrière  ; 

Ce  qu'il  faisoit  par  avant,  contrefait  (3)  ; 

Hurter  ne  veult  plus  à  mon  huis  derrière. 

Eust.  Desch.  Pol'S.  MSS.  fol.  230,  col.  4. 

^  Pour  faire  de  rechef,  refaire,  recommencer. 
Dans  la  lettre  des  fils  du  duc  d'Orléans  au  roi, 
contre  le  duc  de  Bourgogne  qui  avoit  confessé  le 
meurtre  de  leur  père,  on  lit  :  «  Cela  est  moult  cler, 
«  qu'après  la  dite  confession  ne  convenoit,  ne 
«  convient  contrefaire  autre  solemnité,  et  negisoit 
«  (pour  consistoit  ou  s'agissoit)  la  chose,  ne  gist 
«  aussi  en  autre  examen  de  cognoissance  de  cause.  » 
(Monstrelet,  vol.  I,  fol.  123.) 

"^  Nous  disons  encore  contrefaire  pour  imiter, 
mais  nous  le  prenons  en  mauvaise  part.  Autrefois 
on  employoit  ce  mot  pour  peindre  la  ressem- 
blance. 

Moult  sauroit  cil  conter  et  faire 

Qui  sa  beauté  vorroit  retraire  (voudroit  décrire)  : 

Por  noient  le  commenceroit , 

Que  nus  ne  la  contreferoit. 

Blanch.  MSS.  de  S.  G.  fol.  176  V». 

°  De  ceite  acception  nait  la  signification  figurée 
d'affecter,  faire  paroitre. 

De  pennes  s'est  bien  atornée 

La  contesse,  si  a  mandée 

Toutes  ses  dames,  sans  eschars  (sans  exception) , 

Qu'eles  viengnent  dedenz  les  charz 

Pour  plus  lebeuban  (magnificence)  conirefere. 

FM.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  75,  V"  col.  2 

VARIANTES   (4)  : 
CONTREFAIRE.  Orth.  subsistante. 
CONTREFERE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n°  7218,  fol.  75,  V»  col.  2. 

Contrefaiseur  ,  subst.  masc.  Imitateur , 
copiste.  (Dict.  de  Monet  et  Du  Gange,  au  mot  contre- 
factor  (5).) 

Conireiait,  partie,  et  adjectif.  Mal  fait*.  Faux, 
imité  °.  Altéré,  changé  '^. 

*  Ce  mot  subsiste,  au  premier  sens,  en  parlant 
des  personnes.  Il  s'appliquoit  autrefois  aux  choses: 

C'est  li  escuz  à  deus  envers, 

Qui  resembloit  un  calevaz  ; 

C'iert  (c'estoil)  un  escuz  honteus,  et  maz, 

Tort,  et  bocuz,  et  contrefez. 

Fabl.  MSS.  duR.  n-  7615,  T.  II,  fol.  100,  V'  col.  1. 

On  appeloit,  en  parlant  du  cerf  :  «  teste  contre- 
«  faite  celle  qui  a  les  perches  boiteuses,  et  acoutées, 
«  et  qui  n'a  mie  la  Iranchure  belle.  »  (Mod.  et  Racio, 

MS.  fol.  18.) 

^  On  disoit,  en  parlant  d'un  homme  dont  le 
portrait  étoit  peu  ressemblant  :  «  un  tableau  oii  il 


(1)  Cette  forme  est  déjà  dans  Roland  (v.  3305).  (n.  e.) 

(2)  Ce  mot  a  son  sens  industriel  dès  le  xiii"  siècle  :  «  Se  aucune  euvre  estoit  trouvée  vendant   contrefaite   à  euvre   de 

elle  seroit  prise  et  arse.  »  {Livre  des  Métiers,  70.) 


coural,  dont  raarchanz  pourroient  estre  deceuz  pour  la  contrefaçon , 
L'Académie  n'adopta  ce  mot  que  dans  l'édition  de  1718.  (n.  e.) 


(3)  On  Ut  au  fôl.  225 ,  avec   le  sens   d'imiter  :  «   Dame   d'enfer,   de  tous  biens  amoureuse  ,   Contrefaire  voulez   la 
précieuse.  »  (n.  e.) 

(4)  Le  mot  est  au  Roman  de  Brut  (fol.  103)  :  «  Mais  il  ne  porent  engin  faire  Que  cil  dedens  ne  contrefacent.  y>  (n.  e.) 

(5)  Le  mot  est  du  xvr'  siècle  :  «  Mesmes  l'un  desquels  estoit  le  contrefaiseur  d'esprit.  »  (H.  Estienne,  d'après  Raynouard, 
sous  Contrafazedor.)  (N.  E.) 


co 


—  227  — 


CO 


«  est  mal  contrefait.  »  (Lett.  de  Louis  XII,  l.  IV, 
p.  339.)  Son  acception  est  plus  générale  dans  ce 
passage  :  "  Fut  fait  une  façon  de  tournois  que  je 
«  ne  vis  en  ma  vie  qu'en  ce  lieu  ;  car  le  roy  fit  faire 
«  une  ville  contrefaite  de  bois,  et  tiroient  à  voilée 
«  par  dessus  la  dite  ville,  comme  si  on  y  eut  voullu 
«  faire  batterie.  »  (Mém.  de  Rob.  de  la  Marck,  seig"' 
de  Fleur,  ms.  p.  340.) 

'^  De  là,  ce  mot  signifioit  changé,  altéré.  Une  viie 
contrefaite  étoitune  vue  troublée.  «  As-tu  la  veue 
«  contrefaicte  ?  Non  pas,  par  ma  foy,  car  tu  voys 
«  qu'elle  a  quatre  piedz,  et  le  poil  roux  pommelé.  » 
(Percef.  vol.  V,  fol.  27.) 

VARI.\NTES  : 
CONTREFAIT.  Orth.  subsistante. 
CONTREF.ucT.  Modus  et  Racio,  fol.  8  V»  et  passim. 
CoNTREFET.  Fabl.  MSS.  du  R.  n°  7615,  t.  II,  fol.  190,  V». 

CONTREFEZ.  IlMd. 

CuNTREFAiT.  Marb.  col.  1678. 

Contrefeindre,  verbe.  Rendre,  exprimer. 

Si  ne  me  suffiroient  point 
Les  pleurs,  les  suspirs,  le  plaindre 
A  vivement  contrefeindre 
L'ennuy  qui  le  cœur  me  poingt. 

Œuv.  de  Joach.  du  Bellay,  fol.  105,  V». 

Conircievme,  subst.  fém.  Terme  de  procédure. 
C'est  une  affirmation  donnée  contre  une  autre 
affirmation.  «  Ferme,  est  venir  par  le  défendeur, 
«  toucher  à  la  main  du  bayle ,  en  affirmant  qu'il 
«  a  bon  droit.  Contreferme  est,  par  le  demandeur, 
»  en  mesme  manière  aussi  qu'il  a  bon  droit.  » 
(Coût.  d'Acqs,  citée  par  Du  Cange,  Gloss.  latin,  au  mot 
ferme  de  dret  (1).)  ■>  La  contreferme  se  faisoit  quasi 
«  en  toute  interlocutoire,  et  en  souloit  (avoit  cou- 
"  tume)  prende  le  bayle,  par  chacune  ferme,  et 
»  contreferme  ,  unze  sols  trois  deniers,  qui  est 
«  aboly.  »  (Coût.  d'Acqs,  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  085.) 

Contrefermer,  i!f  î'&^.  Affirmer  contre,  opposer 
une  affirmation  à  une  autre.  (Oudin  et  Cotgrave, 
Dict.)  »  Faite'  la  ditte  ferme,  doit  estre  notifié  à 
«  celuyqui  aura  fait  faire  la  dilte  main  mise,  lequel 
«  pareillement  la  doit  contre  fermer ,  ou  conlre- 
»  piéger  ;  et  faille  la  ditte  ferme,  ou  contreferme, 
«  sont  assignez  à  cour.  "  (Coût,  de  S.  Sever,  Coût. 
Cén.  t.  II,  p.  68(j  ;  ibid.  p.  696.) 

Contrefil  (à),  adv.  A  rebours.  (Rabelais,  liv.  II, 
p.  92.) 

Contrefinesse,  sub&t.  fém.  Ruse  (2).  Propre- 


ment celle  qu'on  oppose  à  une  autre  ruse.  (Monet, 
Cotgr.  et  Oudin,  Dict.) 

Contreforcliier.  [Intercalez  Contre forch  i er  , 
résister  :  «  Et  se  en  ce  faisant  aucuns  leur  fait 
«  rescousse  ou  forche,  ly  devant  dits  religieux  ou 
«  leurs  commans  ne  porront  contreforchier,  ainz 
<■  trairont  au  maieur  et  as  jurés  pour  la  forche 
«  oster.  "  (Cart.  de  Corbie,  aii.  1296.)]  (n.  e.) 

Contrefort,  subst.  mase.  Contreboutant  (3).  Ce 
mot  subsiste,  mais  on  ne  diroit  plus  au  figuré  : 

....  Il  estoient  contrefort. 
C'est  assavoir  devers  le  fleble. 

Hîst.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauvel.  fol.  75. 

Comment  prendrai  en  moi  confort  ? 
Que  de  mort  me  puisse  deffendre  : 
N'en  voi  nul,  tant  ait  grant  effort. 
Que  des  piex  n'ost  le  contrefort  : 
Si  fet  le  cors  à  terre  estendre. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7218,  fol.  332,  V  col.  1. 

Contre-fossé,  snbst.  masc.  Fossé,  celui  qui  est 
opposé  a  un  autre.  (Dict.  d'Oudin,  et  Du  Cange,  au 
mot  Fossitm  et  UefossiDn.) 

Contregage,  snbst.  masc.  Droit  seigneurial, 
celui  que  les  seigneurs  prélendoient  avoir  d'arrêter 
les  effets  de  ceux  qui  avoieiit  enlevé  qucljue  chose. 
(Ord.  t.  III,  p.  612,  —  et  Du  Cange  au  mot  contra- 
gagiamcntum.)  Ce  droit  fut  aboli  par  une  ordon- 
nance de  Charles  VII,  en  1485,  suivant  l'éditeur 
de  Beaumanoir,  p.  410. 

VARIANTES  : 
CONTREGAGE.  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr. 
CONTREGAGEMENT.  Beaumau.  p.  171  (4). 

Contregagner,  verbe.  User  de  représailles, 
butiner  à  son  tour  sur  l'ennemi.  "  Demandent  les 
«  nobles  qu'ils  puissent  user  des  armes,  quand  il 
«  leur  plaira,  comme  par  le  passé,  et  qu'ils  puissent 
«  gnerrcyer,  ei  contregagner  {')).  »  (Cahier  des  Re- 
montrancesdela  province  de  Picardie,en  1815,  art.  6.) 

Contregaigier,  verbe.  Disputer.  La  significa- 
tion de  ce  mot  paroit  tirée  de  celle  de  contregage,  que 
nous  venons  d'exposer  ;  arrêter  les  effets  de  ceux 
qui  nous  enlèvent  quelque  chose  (6).  On  trouve  ce 
sens,  employé  au  figuré,  dans  les  vers  suivans: 

L'un  veult  dormir,  l'autre  veillier. 
L'un  veult  sa  robe  entourtillier 
Pour  le  froit  ;  l'autre  c  ^ntregaige, 
Et  tire  à  soy  ;  lors  vient  buvraige 
De  mauvais  vent  qui  fiert  entre  eulx. 

Eusl.  Desch.  Poés.  MSS.  fol.  448,  col.    3. 


(1)  Donné  par  la  Chronique  de  Pierre  IV  d'Aragon,  liv.  III.  ch.  XII.  (n.  e,) 

(2)  «  Qu'il  emprunte  d'Aristippus  cette  plaisante  contrelinesse  :  «  Pourquoy  le  deslierai-je,  puisque  tout  lié  il  m'empesche.  » 
(Montaigne,  I,  190.)  (N.  E.) 

(3)  Le  sens  que  lui  prêtent  les  cordonniers  est  au  Livre  des  Métiers  (228):  «  Nus  cordouaniers  ne  puet  ne  ne  doit  mestre 
bazane  avecques  cordouan  en  nule  euvre  qu'il  face,  se  ce  n'est  en  contrefort  tant  seulement.  »  (n.  e.) 

(4)  ('  Et  por  ce  que  c'estoit  droitement  mouvemest  de  guerre  et  de  mortix  haines,  tix  contrerjacjement  sunt  deffendu  du 
pooir  et  de  l'auctorité  du  sovrain  le  roy  de  France.  »  (n.  e.) 

(5)  Corrigez  en  contrerjarjer.  (n.  e.) 

(6)  C'est  plutôt  user  de  représailles  :  «  Le  procureur  des  doyen  et  chapitre  de  S.  Estienne  de  Toul,  accompagné  du  maieur 
de  leur  ville  de  Voy,  estoient  venus  en  la  ville  de  Bouée,...  et  avoient  pris,  battu,  decouppé  et  emmené  prisonniers  en  la 
forteresse  de  Voy  des  hommes  du  S.  de  Ligny...  Le  presvost  de  Ligny  envoya  plusieurs  fois  par  devers  lesdits  chapitre  et 
leurs  gens,  les  requérant  qu'ils  meissent  au  délivre  lesdis  hommes  et  biens,  et  lui  en  feissent  rendue  ou  recreance.  Ils 
repondirent  qu'ils  n'en  feroient  rendue  ne  recreance.  Sur  cette  réponse  ,  le  prevost  de  Liney  fut  conseiUié  qu'il  feist 
foiîfrcfyaiyier  iceulx  doyen  et  chapitre,  comme  l'en  a  accoustumé  à  faire  au  pais  de  Barrois  à  ceulx  qui  ne  sont  point 
subgièz  les  uns  aux  autres,  pour  iceulx  faire  venir  à  raison.  Pour  ce  ordonna  ledit  presvost  que  Hussenet  et  plusieurs 
autres  de  laditte  ville,  tant  à  pié  comme  à  cheval ,  alassent  pour  contregair/ier  audit  lieu  de  Bouée  sur  la  terre  desdis 
dayen  et  chapitre.  »  (JJ.  138,  p.  275,  an.  1390.)  (N.  E.) 


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Contregarde,  suhst.  fém.  Ce  qui  garde,  ce 
qui  préserve.  (Monel  et  Oudin,  Dict.)  Ce'inot  sub- 
siste ea  termes  de  fortifications. 

Contregai'der,  verbe.  Garder,  conserver, 
préserver.  (Monet,  Cotgrave,  Robert  Estienne  et 
Oudin.)  .<  Contregarde  l'oiseau,  quand  passeras  les 
«  portes,  et  approcheras  des  murs,  afin  que,  s'il  se 
«  debatoit,  qu'il  ne  se  gastast ,  ou  ses  pennes.  » 
(Fouilloux,  Faucon,  fol.  69.) 

Li  rois  va  Gironne  asségier  : 

Les  tourbes  (troupes)  qui  la  conlregardent 

A  l'ariver,  leurs  fors  bours  ardent. 

G.  GuKirl,  MS.  fol.  212,  R'. 

Contregarder  le  lin  fumant  s'est  dit  proverbiale- 
ment pour  observer  le  feu  sous  la  cendre,  empê- 
cher ou  prévenir  l'incendie  au  figuré.  Mornay, 
opposant  la  conduite  du  pape  Adrien  envers 
Luther,  et  celle  du  papeClément  envers  Henry  VIII, 
à  la  conduite  du  pape  Farnèse,  dit,  en  parlant  du 
dernier  :  «  Fut  plus  sage,  mais  trop  tard,  qui  vou- 
"  lut  lousjours  bien  espérer  des  hommes,  Q\.contre- 
«  gardait  le  lin  fumant  tant  qu'il  pouvoit.  »  (Mém. 
t.  I,  p.  Gll.)(l) 

Contregardeur,  subst.  mase.  Conservateur. 
(Monet,  Oudin,  Dict.) 

Contl'eguetter.  [Intercalez  Contreguetter,  se 
mettre  en  gaide;  «  Icellui  Saillant  ne  voult  faire 
«  pai.K  ne  accort  avec  ledit  Jehan  le  Comte  ;  et  pour 
«  ce  ledit  Jehan  le  Comte,  qui  se  coiitreguettoit,  se 
"  tintsur  sa  garde.  »  (JJ.15j,  p.  120,  an.  I  îOO.)](n.e.) 

Coutre-liastier,  subst.  mase.  Ce  mot  subsiste 
pour  désigner  une  sorte  de  grands  chenets  de  cui- 
sine. De  là  Rabelais,  t.  III,  page  205,  appelle  fol 
contrehastier  un  homme  qui  s'aeagnardit  auprès 
du  feu,  qui  est  toujours  près  des  contreluîtiers. 

Coutrehaulte,  subst.  fém.  Haute  contre. 
(Cotgr.  Nicot,  Monet,  Dict.)  Mcot  dit  que,  •<  selon 
«  l'énergie  de  la  diction  contre,  dont  ce  mot  est 
«  composé,  il  faudroit  dire  contre-haulte,  comme 
«  conlremont;  mais  que  l'usage  a  obtenu  de  pré- 
«  postérsr  le  mot.  »  Ainsi,  dès  le  temps  de  Nicot, 
on  ne  disoit  plus  contrehaulte. 

VARIANTES  : 
CONTREHAULTE.  Nicot,  Dict. 

CONTREHAUTE. 

Contrehaut,  adv.  En  haut.  (Dict.  d'Oudin.) 

Contre-jengle ,  subst.  fém.  Réponse  h  un 
dialogue.  C'est  le  titre  d'un  fabliau  ms.  du  Roy. 
(Voyez  n»  7218,  fol.  214.)  Comme  ces  dialogues  se 
chantoient,  de  là  le  mot  jeng le,  chanson,  pour 
dialogue. 

Contreligiie,  subst.  fém.  Ligue  contraire. 
Ligue  opposée  à  une  autre.  (Mém.  de  Montluc,  t.  II, 
page  175.) 

Contrelouer,  verbe.  Louer  réciproquement  *. 
Sous-louer  °. 


*  Voyez,  sur  le  premier  sens,  les  Dict.  de  Cotgr. 
Nicot,  Monet  et  Oudin.  En  ce  sens,  contre-loiier 
vient  du  latin  laudare. 

Mais  rend  leur  la  pareille,  et  fay  que  tu  n'oublie 
De  les  coiitrelouer,  etc. 

Œuv.  de  Joach.  Du  Bellay,  fol.  319,  V". 

^  Ce  mot  est  employé  pour  sous-louer,  dans 
Beaumanoir,  et,  pris  en  ce  sens,  il  vient  du  verbe 
latin  locare.  «  Sechelui  qui  loue  aucune  chose  par 
«  journée  tient  la  chose  contrelouée  le  volonté  de 
"  chelui  cui  le  chose  est,  etc.  »  (Beauman.  p.  200.) 
Il  est  clair  que  la  chose  contrelouée  contre  la 
volonté  de  celui  à  qui  elle  est,  n'est  autre  qu'une 
chose  sous-affermée. 

Contre  loy,  express,  culv.  Contre  les  règles, 
irrégulièrement.  La  même  que  Estre-loi  ci-après. 

Contre  loy  l'avoit  espousée, 

Sy  s'en  estoit  moult  vergondée  (déshonoré). 

Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  100,  V  col.  2. 

Contre  lozenge,  subst.  mase.  Espèce  de  vers. 
Ils  se  lisoient  dans  un  ordre  bizarre.  Le  poète 
Daniel  d'Ancherres  ,  «  a  fait ,  sur  l'anagramme 
«  d'Anne  de  Montaud,  doutant  un  asne;  un  sonnet 
«  en  acrostiche,  mesostiche,  croix  de  S'  André, 
«  contrelo-^enge,  parsyllabes.  »(Beauch.  Rech.  des 
Th.  t.  II,  p.  14.)  Le  eontrelo:ienge  étoit  une  pièce 
faite  à  l'instar  an  panégyrique  de  Constantin  par 
Publius  Oplatianus  Porphyrius,  publié  par  Marc 
Velser  (Falconnet.) 

Contrelumière,  subst.  fém.  Contre-jour,  ré- 
verbération. (Dict.  de  Monet  et  d'Oudin.) 

Contreluter,  verbe.  Lutter  contre*.  Disputer, 
contester^. 

*  Le  premier  sens  est  le  sens  propre.  (Oudin, 
Cotgrave,  Dict.) 

^  On  trouve  l'acception  figurée  disputer,  contes- 
ter en  justice,  dans  Britt.  LÔix  d'Anglet.  fol.  188. 

VARIANTES  : 
CONTRELUTER.  Britt.  Loix  dAngl.  fol.  188,  R°. 
CoNTRELUTTER.  Oudin,  Cotgrave,  Dict. 

Contremaire  ,  subst.  mase.  Sous-maire. 
"  Gadifier  Chartreuse  maire,  et  contremaire  de 
«  Bordeaux  en  1451.  «  (J.Chartier,  IIist.de  Charles 
VII,  page  242.)  Plus  haut  on  lit  sousmaire  ^Ibid.), 
comme  contremaitre,  et  à  peu  près  comme  contre- 
amiral. 

Contremaud,  subst.  mase.  Exception  dilatoire, 
délai*.  Défenses^. 

*  En  termes  de  pratique,  contremaud  est  «  une 
«  excuse  proposée  pour  faiie  remettre,  ou  différer 
«  une  assignation.  11  y  a  cette  difTérence  entre  con- 
«  tremand,  et  exoine.  C'est  que  celui  qui  contre- 
»  mande  remet  l'ajournement  à  un  jour  certain, 
«  sans  être  obligé  d'affirmer  ;  au  lieu  que  l'exoine 
«  se  propose  sans  jour  certain,  mais  pour  une 
»  cause  certaine  que  l'on  est  obligé  d'affirmer  veri- 
«  table.  "  (Laui-.  Gloss.  du  Dr.  fr.  —  Voyez  Gloss. 


(1)  Dans  Flore  et  Blanchefleur  (v.  2029)  se  contregarder  signifie  se  garder  :  «  Et  quand  il  l'engien  en  saroit ,  Contregarder 
miex  s'en  porroit.  »  De  même  dans  Perceforest  (t.  VI,  fol.  119)  :  «  Et  luy  dist  que  le  péril  estoit  de  luy  en  cest  an  jusques 
au  mourir,  s'il  ne  se  conlregardo'U  de  plaisant  regard  qu'il  pourroit  faire  sur  aucunes  créatures.  »  (n.  e.) 


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sur  les  Coût,  de  Beauvoisis,  Du  Gange,  an  mot  Con- 
traniandare  {\).)  «  Des  exceptions  dilatoires,  y  a 
«  diverses  espèces,  comme  celles  d'advis,  d'absence, 
«  attente  de  conseil,  de  grâce  de  plaider  par  procu- 
«  reur,  et  autres  semblables  que  mon  ancien  prac- 
«  licien  appelle  conlrcmans.  «  (Gr.  Goût,  de  Fr. 
liv.  111,  notes,  p.  317.) 

De  là,  on  disoit  en  général,  dans  le  style  ordi- 
naire :  contreniant,  pour  délai  ;  sans  conh-emant, 
sans  délai,  sur  le  champ. 

Férue  l'a 
D'une  raache  en  l'auherch  blanc, 

.Sans  coniretiiant, 
Emmi  le  champ   portée  l'a. 

Huon  d'Oisi,  Poc's.  MSS.  av.  1300,  t.  Ul.  p.  l-2«4. 

Je  n'ose  vous  voir  de  peur  qu'on  n'en  parle  mal, 
disoit  un  poëte  à  sa  maîtresse;  mais  pendant  ce 
délai,  ou  vu  ce  délai,  je  vous  envoie  cette  chanson. 

Ains  ira,  pour  contremant, 
Cis  cans  (chant)  jolis. 

Adans  li  Bocus,  Poés.  MSS.  Vatican,  n'  1490,  fol.  «,  V". 

On  lit  par  cojf^reman^,  dans  le  Rec.  desPoës.  mss. 
av.  1300,  t.  IV,  p.  1387,  où  se  trouve  la  même  pièce. 
^  On  disoit  aussi  contremans,  pour  défenses  : 

Princes  qui  d'aler  là  se  faint, 
Considère  les  conlrcinmti:, 
Saiges  est  ti  dy,  comme  abstraint, 
G'y  renonce  ;  adieu  les  commans. 

Eust.  Descli.  Poes.  MSS.  fol.  221,  col.  3. 

De  là,  cette  expression  : 

Sanz  paroles  de  coniremans. 

G.  Guiarl,  MS.  fol    28,  R°. 

G'est-à-dire  sans  refus,  sans  résistance.  La  signi- 
fication de  ce  mol  paroît  plusdifhcile  à  délerminer 
dans  ce  passage.  Peut-être  signilie-l-il  ordre  réitéré, 
peut-être  aussi  coutr'ordre  : 

Lor  envoia  li  quens  de  Flandres 

A  Furnes,  ce  dit  li  aprendres  (la  lettre), 

Que  par  diz,  que  par  coulreutauz, 

Tant  de  Flamens,  que  d'Alemanz 

Que,  si  comme  aucuns  hommes  jurent, 

Plus  de  LX.M.  furent, 

De  trieves  (trêves)  prendre  irréguliers. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  236,  V. 

(Voy.  CONTREMANDEMEN'T  Ct  CoNTREMENDE  Ci-aprèS.) 

VARIANTE?  : 
CONTREMAND.  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr. 
CoNTREMANT.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  III,  p.  12S4. 
CoNTREMANS,  p/i(r.  Gr.  Coût,  de  Fr.  liv.  III,  not.  p.  317. 
CoNTREMANZ,  plur.  G.  Guiart.  MS.  fol.  236,  V». 

Contremandaut,  subst.  viusc  Gelui  qui  pro- 
pose le  contremand.  Celui  qui  remet  l'assignation. 
«  Que  tous  coniremans,  et  essoines  voluntaires,  et 
«  qui  ne  seront  causés  de  loyal  ,  et  nécessaire 
«  essoine,  que  li  essonnans,  bu  contreniandans 
«  veullent  jurer,  soient  osté,  nonobstant  cous- 
«  tume,  ou"usage  au  contraire.  »  (Ordonn.  t.  III, 
page  144.) 


VARIANTES  : 
CONTREMANDANT.  Ord.  t.  III,  p.  144. 
CONTREMANDERUES.  Gl.  sur  Ips  Cout.  de  Beauv. 

Conti-emandement ,  subst.  inasc.  Délai  *. 
Coutr'ordre  °. 

*  Au  premier  sens,  c'est  le  même  queCoNTREîiAND 
ci-dessus.  ■>  Si  que,  par  la  malice,  ou  par  le  contre- 
«  mandement  des  hommes,  ou  dommage  des  par- 
«  lies,  li  jugement  ne  soient  relardez  »  (Not.  30, 34.) 

^  Sur  la  seconde  accepLion,  voyez  les  Dict.  de 
Gotgiave  etd'Oudin,  et  Du  Gange,  au  mot  Contra- 
mandatum.  On  expédioit  des  Ic'itves  de  eonlrenian- 
dement,  comme  il  paroît  par  le  passage  suivant  : 
«  Il  lui  dépescha  un  chevaucheur  d'escuirie  avec 
«  lettres  de  contrentandement  (2),  et  coulourant  sa 
«  mutation  d'advis,  sur  ce  qu'il  lui  escrivoit  avoir 
«  en  main  une  entreprise.  »  (Mém.  Du  Bellay, 
liv.  Vil.) 

Coati-emander,  verbe.  Proposer  délai,  diffé- 
rer*. Mander  en  réponse^.  Donner  coutr'ordre'^. 
Refuser  ". 

*  Dans  le  premier  sens,  c'étoit  un  terme  de  bar- 
reau, «  faire  savoir  ([uo  l'on  ne  peut  comparoir  au 
«  jour  assiné.  •  (Gl.  sur  les  Coul.  de  Beauvoisis.) 
Faire  proposer  des  excuses,  pour  se  dispenser  de 
paroîlre  au  jour  d'assignation.  (Voyez  Gr.  Cout.  de 
Fr.  p.  330.)  On  trouve  dans  Bouteiller,  Som.  Rur. 
p.  21,  un  chapitre  intitulé  :  "  Ensuit  comme  on 
«  peut  contvemander,  ou  exoinier  à  son  jour.  « 

On  se  servoit  aussi  du  mot  eontre mander,  avec 
le  même  sens,  dans  le  style  urdinaire.  Les  comtes 
de  la  Marche  et  de  Bretagne,  malgré  la  promesse 
qu'ils  avoient  faite  à  S'  Louis  de  l'aller  trouver  à 
Chinon  ,  ne  vindrent ,  ne  ne  contvcmanderent. 
(Ghron.  S.  Denis,  t.  II,  fol.  50.)  Le  roi  d'Angleterre 
devant  faire  une  descente  en  France,  plusieurs 
seigneurs  allèrent  pour  le  combattre,  mais  ils 
furent  trompés,  car  il  ne  vint  ne  ne  contremanda. 
(Chron.  S..  Denis,  t.  Il,  fol.  192.)  De  là,  l'expression 
sans  contremander,  sans  délai,  sans  relard  : 

Tantost,  sanz  plus  contremander, 
Vint  avarice  demander 
Que  je  nouvelles  li  deisse. 

Fabl  MSS.  duR.  n'7Gir>,  t.  I,  fol.  116,  R"  col.  1. 

^  Contremander,  selon  Nicot,  a  signifié  mander 
en  réponse (3),  en  \t\[h\renuntiare.  On  disoit:  «  Il  me 
«  manda  qu'il  n'en  feroit  rien,  je  Imcontremandai 
'■  que,  s'il  ne  venoit,  etc.  »  (Mém.  de  Monlluc,  t.  II, 
p.  192)  "  M'  Bertran  lui  manda,  par  un  sien  hérault, 
"  et  il  lui  eoiiterremanda,  etc.  »  (Histoire  de  B.  du 
Guescl.  par  Mén.  p.  482.) 

"^  Contremander  se  prenoil  dans  le  sens  que  nous 
lui  donnons  encore  pour  donner  contre-ordre. 
(Oudin,  Dict.)  C'étoit,  selon  cette  acception,  que  l'on 
disoit  contremander  la  trêve,  pour  rompre  la  trêve. 


(1)  Du  Gange  cite  la  Coutume  d'Amiens  (II,  574,  col.  2  et  3).  Le  procureur  chargé  de  présenter  l'excuse  était  un 
contremandere.  (N.  E.) 

(2)  L'édition  de  1582  (p.  367)  donne  contrecomniandement.  (N.  E.) 

(3)  Ou  répondre  à  un  mandement:  «  Li  arcevesques  contremanda  une  foiz  et  autre  et  tierce  foiz ,  et  ot  touz  ses 
contremanz  ;  et  prolonja  bien  un  an  qu'onques  ne  respondi.  »  (Récits  d'un  Mén.  de  Reims,  §  468.)  De  même  dans  Renart 
(V.  17965)  :  «  Mandé  l'avez,  bien  un  mois  a  ;  Mes  onques  tant  ne  vos  prisa ,  Qu'il  vos  daingnast  contremander,  Ne  jor  ne 
respit  demander.  »  (n.  e.) 


co 


-  230  — 


CO 


Des  chevaliers  ayant  discontinué  de  combattre, 
pour  reprendre  liaieine,  l'un  d'eux  dit  :  «  Je  recon- 
«  gnois  Sebille,  et  conlremande  la  trêve,  trop 
«  avons  tardé,  mais  gardez-vous  de  moy,  car  je 
0  vous  deffie  »  iPerceî'.  vol.  1,  fol.  114.)  On  lit  con- 
trevenir la  Irève  au  même  sens.  (Ibid.  fol.  1!G.) 

VARIANTES  : 
CO.NTREMANDER.  Ass.  de  Jérus.  p.  27,  53  et  48. 
CoNTEKREMANDER.  Vie  de  B.  du  Guescl.  par  Mon.  p.  482. 

ContremaroUer,  vevhe.  Ecrire  contre  Marot. 
(Gloss.  de  Marot.) 

Contremarque,  suhst.  fêm.  Marque,  indice  *. 
Garantie  ^.  Heprésailles*^. 

*  Xous  disons  encore  contremarque,  dans  le  pre- 
mier sens,  comme  Oudin. 

^ Conirejnarque  signifioit  aussi  garantie,  sûreté, 
caution.  «  La  ville,  lerre,  et  seigneurie  de  Noyers 
«  vous  lient  lieu  decoiitremarque,  pour  la  terre  de 
»  .loux.  »  (Godefr.  Observ.  sur  l'Hist.  de  Charles 
VII,  p.  848.) 

'^  On  disoit  au  pluriel,  contremarques  pour  re- 
présailles. «  Les  seigneurs  hauts  justiciers  ayant 
«  leurs  ofliciers  prisonniers  ne  pourront  user  de 
»  contre-marque  ,  pour  appréhension  d'aucuns 
«  d'officiers  du  seigneur  l'ayant  fait  appréhender.  ■> 
(CouL  de  llayuaut,  Nouv.  CÔut.  Gén.  t.  II,  p.  01.) 

Coutre-mejane,  sub$t.  fém.  Espèce  de  voile. 
La  voile  du  perroquet  du  mât  de  misaine.  C'est 
celle  qui  est  au-dessus  de  la  voile,  que  l'on  nomme 
voile  de  misaine,  du  nom  du  mût  qui  la  porte.  On 
nommoit  autrefois  celle-ci  mejane,  de  l'espagnol 
mesautt,  ou  de  l'italien  mez-i-aua.  On  nommoit 
aussi,  en  espagnol,  la  voile  supérieure  à  la  misaine 
couiramesana,  d'où  notre  mot  contremejane.  (Voy. 
Dict.  d'Oudin.)  Rabelais  écrit  méiane  et  contre- 
meiane  :  «  Feit  mettre  voile  bas,  meiane  et  contre- 
«  meiane,  triou,  maislralle,  epagon,  civadiere.  » 
(Rab.  t.  IV,  p.  82.)  «  inse,  inse  auîx  boulingues  de 
«  contremelane.  »  (Ibid.  p.  98.)  C'est-à-dire  hisse, 
tire  les  cordes  de  la  contremisaine 

VARIANTES  : 
CONTREMEJANE.  Oudin,  Dict.  fr.  esp. 
CoNTRE-MEiANE.  Rabelais,  t.  IV,  p.  82  et  93. 

Contremende,  subst.  fém.  Exception  dilatoire. 
11  semble  que  ce  soit  le  sens  de  ce  mol,  pris  figuré- 
ment,  dans  ce  passage  : 

Droiz  dit:  mar  fu  nez,  qui  me  mande 
Et  qui  wet  mettre  contremende 
En  droit  faire,  c'on  doit  amer. 

Falil.  .MSS.  du  R.  n-  7(515,  T.  I.  fol.  111,  V'  col.  2. 

Contreinettre,  verbe.  Opposer.  (Nicot,  Robert 
Estienne,  Oudin  et  Gotgrave,  Dicl.) 

Contremire,  subst.  fém.  Point  de  vue  con- 
traire. On  nommoit  mire  le  point  où  l'on  vise.  On  a 


dit  contremire  pour  désigner  un  point  opposé  à 
celui-là.  C'est  en  ce  sens  qu'on  a  employé  contre- 
mire  dans  le  passage  suivant  :  «  Ce  que  je  viens 
u  d'alléguer  n'est  que  pour  vous  donner  une 
«  contremire  aux  imperfections  de,  etc.  »  (Contes 
deCholières,  fol.  118.) 

Contremirer  ,  verbe.  Considérer  en  sens 
opposé.  On  disoit  remirer  elco)itremirer,  considérer 
derechef  et  en  tout  sens.  Un  amant,  à  qui  il  étoit 
arrivé  un  accident  en  présence  de  sa  dame,  dansun 
tournoi  ,  apostrophe  la  fortune  en  ces  termes  : 
«  Vous  cuidez  que  les  dames,  elles  damoiselles,  les 
«  amans  par  amours,  ayenl  advis  de  remirer,  et 
«  contremirer  les  adventures  faiz  en  armes  qui 
«  peuvent  advenir  à  leurs  amys.  »  (Percef.  vol.  I, 
fol.  17)5.) 

Contreinoiit,  adv.  En  haut,  en  remontant.  On 
lit,  dans  S.  Bernard  (Serm.  fr.  mss.  p.  15),  Contre- 
mont  en  hait,  dans  le  latin  in  excelsum  suprà. 
(R.  Estienne,  Nicol,  Monel.  Oudin  et  Ménage,  Dict.) 
Ce  mot  subsiste  en  ce  même  sens  ;  mais  on  ne  le 
construit  plus  [l],  comme  autrefois,  avec  un  régime. 
On  disoit  :  «  Il  courut  le  pluslost  qu'il  peut  contre- 
«  ?)io»na  monlaigne(2).  »  (Lanc.duLac,  t.Ill,  f°83.) 

Mener  contrcniont,  signifie  faire  monter,  dans  ces 
vers  : 

....  L'uis  ouvri,  sanz  autre  message  ; 
Son  seigneur  mena  contremont, 
Qu'ele  amoit  plus  que  rien  au  mont. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  "615.  T.  II,  fol.  1-25,  R-  col.  2. 

L'usage  de  ce  mot  étoit  fort  commun.  On  s'en 
servoil  aussi  en  parlant  des  rivières,  et  l'on  disoit  : 
«  aller  contremont  la  rivière  (3),  »  pour  aller  contre 
le  fil  de  l'eau.  (Nicot,  Dict.) 

Contremonter,  verbe.  Aller  en  haut,  remonter. 
(Gotgrave  et  Oudin,  Dict.)  «  Ces  deux  grosses  gale- 
»  re's  n'eurent  pas  contremonté  troiscens  pas,  qu'en 
«  approchant  de  Bade,  furent  tirées  trois  volées  de 
«  canon,  qui  étoit  le  signal  pour  attaquer  le  fort.  » 
(Mém.  de  Bassouip.  t.  1,  p.  121.) 

Ce  mot,  dans  le  passage  suivant,  paroît  peu  facile 
à  expliquer  :  »  La  traïson,  et  la  conspiration  que  ils 
«  batissoienl  contremontoit{A),el  seurprenoit  aussi 
«  comme  chancres.  »  (Chroniques  S.  Denis,  t.  I, 
fol.  107.)  (5) 

Sa  signification  n'est  pas  moins  obscure  dans 
ces  vers  : 

Est  là  Guillaume  de  Juliers, 

Fils  de  la  famé  Gui  le  conte, 

Qui  bien  set  que  ce  contremonté  (6)  : 

Tout  ne  l'en  die  on  hu,  ne  han. 

G.  Guiarl,  MS.  fol,  236,  V'  (7). 

Contreniunir  ,  verbe.  Fortifier.  (Gotgrave  , 
Oudin,  Dict.) 

Contrenaturer,  verbe.  Changer  de  nature.  On 


(1)  C'est  déjà  un  adverbe  dans  la  Chanson  de  Roland  :  «  Arabes  ses  mains  en  levât  cuntrenuint  (v.  419).  »  (n.  e.) 

(2)  «  Et  montèrent  contremont  la  montagne,  où  li  Escot  .avoient  esté  logiet.  »  (Froissart,  II,  176.)  (N.  E.) 

(3)  «  Ce  qui  montoit  con/remont  la  rivière.  »  (Commines,  I,  8.)  (N.  E.) 
(i)  Montait  et  s'étendait  comme  un  ulcère  (chancre).  (N.  E.) 

(5)  Dom  Rouquet,  VI,  152.  (n.  e.) 

(6)  Il  signifie  monter,  valoir,  (n.  e.) 

(7)  Vers  4974  (13962)  de  l'édition,  (n.  e.) 


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a  dit,  en  ce  sens  :  »  Ce  seroit  nous  vouloir  faire 
«  oisifs,  et  nous  contrenaturcr,  etc.  »  (Contes  de 
Chol.  fol.  69.)  On  lit  (ibid.  fol.  230)  :  >•  De  gaillardes 
«  qu'elles  sont  de  leur  nature,  les  voilà  conlrena- 
«  turées,  en  songeardes,  mornes,  et  solitaires.  » 

Contrendroit,  subat.  inasc.  Doublure.  On  lit 
dans  une  citation  de  Du  Cange  :  «  30  aunes  de  toile 
«  vermeîlle,  à  faire  contrendroit.  »  (Gloss.  lat.  au 
mot  Miles  (1).) 

Contre-offrir,  verbe.  Opposer  une  offre  ù  une 
autre.  (Nicot,  Colgrave  et  Oudin,  Dict.) 

Contreongle ,  subst.  fém.  et  masc.  Contre- 
pied  (2).  Autrefois,  en  termes  de  vénerie,  on  disoit  : 
«  Chacer  le  contreongle,  c'est  à  dire  le  revers  par  où 
«  le  cerf  est  allé.  »  (Modus  et  Racio,  .ms.  fol.  2i.)  Ce 
mot  est  souvent  répété  dans  nos  anciens  auteurs  de 
vénerie  :  «  Se  les  chiens  boutent  avant  leurs  roules, 
«  il  peut  descendre,  et  regarder  s'ilz  vont  droit,  ou 
«  la  contreongle  :  si  les  chienz  vont  leur  droit,  ou 
«  plus  yront  avant,  et  plus  crieront  ;  car  ilz  renou- 
«  velleront  toujours  leurs  routes  ;  et  s'ilz  ont  la 
"  contreongle,  ilz  feront  tout  le  contraire.  »  (Chass. 
de  Gast.  Phéb.  ms.  p.  2.71.) 

Contreopposition  (par)  ,  Express,  adverb. 
Réciproquement.  En  latin  vice  versa.  «  Que  tous 
«  les  historiens  se  gardent  bien  de  vouloir  faire  les 
«  scrutateurs  des  cœurs,  en  attribuant  des  afl'ec- 
«  tions  vertueuses;  et  par  contreopposition  aussi, 
«  de  vouloir  imputer  de  méchantes  intentions,  etc.  » 
(Mém.  de  Sully,  t.  I,  Avis  au  lecteur,  p.  11.) 

Contrepan,S!<isi.  musc.  Terme  de  coutume*  (3). 
Caution,  assurance  ^. 

*  Ce  mot,  formé  de  contre  et  du  mot  tudesque 
pand,  gage,  s'est  employé  dans  les  anciennes 
coutumes,  dans  une  signification  relative  à  son 
étymologie  :  «  L'ordinaire,  è\,  cowimmev  contrejxin 
«  est  l'estime  du  huitième  denier  de  l'héritage 
•<  baillé  à  cens,  ou  rente,  pour  venir  au  rachat 
«  conventionel.  »  (Style  des  Cours  séculières  de 
Liège,  cité  par  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.)  «  Gens  spiri- 
«  tîiels,  s'ils  mettent,  ou  donnent  par  arrentemens 
"  aucuns  héritages,  retenans  rente  dessus,  s'ils 
«  prennent  arrière  conirepan,  la  dite  rente  est  à 
«  rachapt  au  denier  vingt.  »  (Coût,  de  Nivelle,  au 
Nouv.  Coût.  Gén.  t.  I,  p.  1202.)  On  lit  «  Gages, 
«  contrepans,  et  hypothèques.  »  (Ibid.  t.  II,  p.  971.) 

De  là,  on  disoit  héritages  mis  en  contrepan,  pour 
héritages  affectés,  hypothéqués.  (Laur.  Glossaire 
du  Dr.  fr.) 

°  Par  extension  de  cette  acception  particulière, 
cnotrepan  signifioit,  en  général,  dans  le  style  ordi- 
naire, assurance,  caution.  (Oudin,  Dict.) 

VARIANTES  : 
CONTREPAN.  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr. 

CONTREPAND. 


Contre-paner,  verbe.  Compenser  *  Hypothé- 
quer ^.  Cautionner '^. 

*  Sur  le  premier  sens,  voyez  Du  Cange,  au  mol 
Contropatio.  «  Selon  le  stille  de  cour  laye,  compen- 
«  sation,  que  les  anciens  appellent  reconvention, 
«  elles  ruraux  l'appellent  contre penner,  (\n\  tout 
«  est  un  ;  mais,  selon  les  clercs  ,  son  droit  nom  est 
«  compensation,  et  ne  se  faict  pour  quelque  lettre.  » 
(Bouteiller,  Som.  Rur.  p.  323.)  Il  ajoute  en  marge 
(Ibid)  :  «  Ainsi  le  nomme  mon  vieil  practicien,  qui 
«  dict  que  le  detteur  peut  contrepenner  de  sa 
«  dette.  » 

^  On  disoit  aussi  contre ppanner,  pour  hypothé- 
quer :  rentes  contrepannées  snr  héritages,  pour 
rentes  hypothéquées  sur  héritage,  «  Que  de  cy  en 
«  avant,  pour  toutes  rentes  dues,  et  contrepannées 
«  sur  héritages,  etc.  »  (Coût,  de  Mons,  Coût.  Gén. 
t.  I,  p.  820.  —  Voyez  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 

•^  Enfin,  selon  Oudin,  contrepanner  signifioit 
aussi  garantir,  cautionner. 

VARIA^'TES  : 
CONTRE-PANEB.  Oudin,  Dict. 
CONTREPPANNER.  Cout.  Gén.  t.  I,  p.  82G. 
CoNTKEPENNER.  BouteiUer,  Som.  Rur.  p.  323. 

Contrepanser ,  verbe.  Imaginer  à  tort  et  à 
travers.  On  a  dit  :  Iiabits  cnolrepunsés,  chapeaux 
frisés  taillés  à  tort  et  à  travers.  (Voyez  ci-après 
CoNTREPENSER,  daus  le  sens  de  rêver,  imaginer.) 

Contrepartie,  sulist.  fém.  Copie*.  Adverse 
partie  °. 

*  On  a  dit  contrepartie,  dans  le  premier  sens,  en 
parlant  d'une  charte  ou  d'un  contrat  ;  on  lit  la 
contrepartie  ou  le  double.  (Mouv.  Cout.  Gén.  t.  I, 
p.  390.) 

°  On  a  dit,  dans  un  sens  opposé,  contrepartie, 
pour  partie  adverse.  «  Quant  l'une  des  parties  colli- 
«  tigantes  se  rapporte  de  ses  faits,  ou  d'aucuns 
"  d'iceux,  ou  serment  de  sa  contrepartie ,  telle 
«  contrepartie  doit  purement,  et  simplement  ieeux 
"  fais  affermer,  ou  nier.  »  (Cout.  de  Tournay,  Cout. 
Gén.  t.  II,  p.  954.1  »  S'enlredonnerent  moult  de 
«  pesans  coups  ;  mais  tant  estoit  pesante  la  contre- 
«  partie  de  Pallides,  qu'il  convint  Pallides  tumber 
«  par  terre.  »  (Percef.  vol.  IV,  fol.  123.) 

Contrepasser.  [Intercalez  Contrepasscr  dans 
G.  Guiarl,  t.  Il,  p.  144,  v.  3709  (12693): 

Cis  rois,  que  mors  contrepassa 

Quant  de  ce  siècle  trespassa 

Par  le  lancement  de  sa  l'onde.]  (n.  e.) 

Contrepensaiit,  subst.  musc  II  signifie  celui 
qui  forme  des  projets  opposés  à  ceux  que  l'on  fait 
contre  lui.  Ce  mot  est  employé  dans  les  deux 
proverbes  suivans  : 

1°  Bon  l'auroit  le  pensant,  si  ce  n'estoit  le  contre- 
pensant.  C'est-à-dire  celui  qui  projette  auroit  beau 


(1)  Du  Gange,  II,  400,  col.  i,  d'après  un  Compte  d'Etienne  de  La  Fontaine  (1351-1352)  qui  a  été  publié  par  M.  Douëtd'Arcq. 
(Comptes  de  lArgenterie,  p.  80  et  199.  (n.  e.) 

(2)  D'Aubigné  (Hist.,  III,  539)  a  dit  au  figuré  :  «  Un  seul  bastimeut  qu'il  deffit  pril  le  cimtr'oyigle  de  sa  réputation.  »  (n.  e.) 

(3)  Il  est  synonyme  de  conirabout  et  conlrecens  :  «  Il  doit  mettre  contrepanl  si  suffisant  que  joint  avec  le  gage  ou  bien 
principal,  il  puisse  estre  estimé  le  tiers  meilleur  que  les  biens  heritables.  »  (Du  Cange,  II,  577,  col.  1.)  (N.  E.) 


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jeu,  si  celui  rentre  lequel  il  projette  le  laissoit faire. 
(Froissart,  liv.  111,  p.  1I2.)(1) 

2"  Puur  ce  l'aumient  les  penseurs,  se  n'estoijent 
les  cou Irepe liseurs.  C'est  le  même  proverbe  exprimé 
d'une  fat'on  différente.  Il  a  la  même  signification 
que  le  précédent.  (Froissarl,  liv.  IV,  p.  35.)  (2) 
v.\r.iA>TEs  : 

CONTUEPENS.\NT.  Froissart,  liv.  III,  p.  113. 
CONTREI'ENSELR.  Ibid.  liv.  IV,  J).  35. 

1.  Contrepenser,  verbe.  Rêver,  imaginer. 
(Mcol,  Oudin,  Cotgrave,  Dicl.) 

.\mours  fait  bien  un  home  mieux  valoir 
Que  nus  (nuli  fors  li,  ne  porroit  amender 
Les  granz  désirs  done  dou  douz  voloir, 
Tex  (tels)  que  nus  lions  ne  peut  cn))lrcpcns-e>: 
Chans.  MS.  du  C."  Thibault,  p.  1)1. 

«  Adonc  il  pensa,  et  contrepcnsa  assez,  s'il  se 
«  donroit  donneroit)  à  congnoistre  au  chevalier.  » 
(Percef.  vol.  III,  fol.  25.)  (.3) 

2.  Contrepenser,  suhst.  niasc.  Pensée  opposée 
à  uue  autre  qui  la  détruit,  en  empêche  l'effet,  ce  que 
nous  appelons  réllexion  : 

....  Maintes  gens  sont  reculez  (détournez) 

D'acomplir  leur  mauvais  penser, 

Perce  que  le  conirepeiiser 

Leur  pensée,  qui  est  senestre  (mauvaise), 

Ne  leur  delesse  à  fin  mettre. 

Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rûiii.  de  Fauvcl.  fol.  67. 

Contrepeser,  verbe.  Contrebalancer  *.  Com- 
parer °. 

*  Ce  mot  subsiste,  au  premier  sens,  et  sous  la 
première  orthographe.  11  se  construisoit  autrefois 
avec  le  datif  :  ■>  Voyant  que,  du  commencement  et 
«  l'ordre,  despend  l'issue,  et  le  danger,  et  le  prouffit: 
»  trouvant  après  que  le  prouffit  ne  eontrepoise 
«'  point  au  danger,  etc.  »  (Mém.  du  Bellay,  liv.  VII, 
fol.  207.) 

^  La  signification  de  ce  mot  devient  active  dans 
le  sens  figuré  de  comparer.  «<  Contrepcsant  nos 
«  foices  avec  celles  de  l'ennemy;  nous  les  avons, 
«  quant  au  nombre,  trop  plus  grosses.  ■>  (Mém.  du 
Bellay,  liv.  VI,  fol.  llt-'t.)  (4) 

V.^lUAXTES  : 
CONTREPESER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  350. 
CoNTREPOiSER.  Mém.  Du  Dellay,  liv.  Yll,  fol.  207  V. 

Coutrepeter,  verbe.  Contrefaire ,  parodier. 
«  Ce  qu'à  la  vérité  j'estimay  estre  plus  propre  pour 
«  rire  entre  telles  gens,  que  de  \ou\oir  contrepeter, 
«  ou,  par  trop  giande  curiosité,  regenner  le  deca- 
«  meron  de  Bocace.  »  (Des  Ace.  Escr.  Dijonnais, 


fol.  A.)  «  De  peur  d'ouir  le  doucement  mieleux,  ou 
«  le  mieleusement  doux  chant  des  sirennes,  s'il 
».  m'est  permis  de  pleiadiser,  c'est  à  dire  contre- 
«  peter  (5)  le  langage  de  messieurs  les  poètes  de  la 
«  pléiade.  »  (Apol.  pour  Hérodote,  p.  5G.) 

Contrepèteries,  subst.  fém.  pliir.  Parodies. 
C'est  la  vraie  signification  de  contrepèterie,  que 
Des  Ace.  appelle  improprement  équivoques  (G).  (Dict. 
Etym.  de  ilénage  )  «  De  ceste  inversion  de  mots, 
«  nos  pères  ont  trouvé  une  ingénieuse,  et  subtile 
>•  invention  que  les  courtisans  anciennement 
«  appelloient  des  é'iuivoques;  ne  voulans  user  du 
«  mot,  et  jargon  des  bons  compagnons  qui  les 
«  appelloient  des  contrepeteri.es;  par  exemple: 
«  un  chapeau  de  roses,  un  rapeau  de  choses.  » 
(Des  Accords,  Bigarr.  fol.  70.) 

Contrepetit,  subst.  masc.  Equivoque  (7).  On 
disoit  contrepefils  de  cour,  et  ce  mot  est  mis  avec 
rébus  dans  l'Ait.  Poët.  de  Sibilet,  liv.  II,  p.  152. 

Coulrepicquer,  verbe.  Coudre  en  arrière- 
point.  (Cotgr.  et  Oudin,  Dict.)  (8)  C'est  la  signification 
propre  du  mol  espagnol  pexpuntar,  ou  pespuntar, 
par  lequel  Oudin  rend  notre  ancien"  mot  coiitre- 
piquer. 

Contrepleder,  verbe.  Contester.  Disputer  en 
justice.  On  a  dit  :  contrepleder  la  garauntij  pour 
refuser  d'être  garant,  nier  qu'on  soit  tenu  à  la 
garantie.  (Britt.  Loixd'Angl.  fol.  199.) 

Contrepleoe,  subst.  masc.  Seconde  caution*. 
Second  gage  °. 

*Au  premier  sens,  c'est  le  répondant  du  répon- 
dant. (Nicot,  Monet,  Oudin,  Cotgrave,  Laur.  Gloss. 
du  Dr.  fr.  et  Du  Cange,  au  mot  Contraplegii.) 

^ï)e\h.coHtrepIege  (9)  s'est  employé  pour  un  gage 
donné  par  surcroît,  gage  qui  répond  de  celui  qu'on 
a  déjà  donné.  <•  Il  faut  que  ce  plege,  ou  fiance, 
.'  baille  un  contreplege  qu'ils  appellent  arrière 
«  fiance.  »  (Apol.  pour  Hérodote,  p.  240.) 

vAisi.\-NTi:s  : 
CONTREPLEGE.  Gloss.  de  Laur.  .\pol.  pourHérod.  p.  240. 
CoNTREPLEiGE.  Oudiu,  Nicot,  Dict. 

Contrepleger,  verbe.  Terme  de  coutumes. 
Certifier  pour  la  caution.  On  lit  rapleger,  au  même 
sens,  dans  ce  passage  :  «  Le  rançonna  depuis,  de 
"  douze  mille  francs,  dont  il  en  paya  quatre  mille, 
"  et  son  fils  François  d'Auberthicourt,  demoura  en 
«  ostage  pour  le  demourant,  devers  le  duc  de 
"  Bonrhon  qmV avait  raplegé.  »  (Froissart,  liv.  I, 


(D  Dans  Kervyn  (XI.  336)  :  «  L'on  dit  à  la  fois,  et  vray  est  :  «  bon  l'auroient  11  penseur,  ne  fussent  \i  cnntrepenseur.  »  (N.  E.) 

(2)  Dans  Kervyn  (XIV,  97)  ;  «  Pour  ce  Tauroient  souvent  bel  les  penseurs,  se  n'estoient  les  conlrepeuseurs.  »  (N.  E.) 

(3)  Dans  Froissart  (IV,  371),  il  signifie  réiléchir  en  sens  contraire  :  «  Aussi  chil  dou  chastiel  pour  euls  defïendre , 
coi)rfe;)ews()!eii/ à  rencontre  tousjours.  »  Au  reg.  169,  p.  217,  an.  1416,  il  signifie  seulement  méditer:  «  Pour  aucunes 
conspirations,  monopoles  et  conjuroisons  longtemps  apensées  et  contrepensêes.  »  (n.  e.) 

(i)  On  lit  déjà  dans  Beaumanoir  (XLV,  25)  :  «  Et  por  ce  pot  on  mètre  à  paine  trop  grant  estimation  en  contrepeser  le 
daniace  du  servage  à  le  feme.  »  (N.  E.) 

(5)  Voyez  le  mot  suivant,  (n.  e.) 

(6)  C'est  une  transposition  de  lettres  qui,  par  un  hasard  de  prononciation,  forme  un  sens  ridicule,  par  exemple  :  Trompez, 
sonnettes,  pour  :  soimez  trompettes,  (x.  e.) 

(7)  Rapprochez  du  mot  précédent.  (N.  E.) 

(8)  Amyot  (Flamininus,  15)  a  dit  au  figuré  :  «  Pour  le  conlrepicqucr  d'un  pareil  traict  de  mocqueri  >,  il  felsl  une  chanson 
à  l'imitation  de  la  sienne.  »  (N.  E.) 

(9)  Onioiinanees,  IV,  p.  71(!,  an.  VSCS.  (n.  e.) 


co 


—  233  - 


CO 


p.  406.)  On  lit  à  la  marge:  «  Nousdisonsaujourdhuy 
«  contreplegé.  »  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 

VARIANTES  : 
CONTREPLEGER.  Froissart,  p.  406,  et  la  marge. 
CONTREPLEGIER.  G.  Guiart,  MS.  fol.  212,  R». 
CoNTREPLEiGER.  Oudin,  Dict. 

Contrepoids,  Contrepoiseï".  [Intercalez 
Contrepoids,  Contrejwiser.  On  pesait  autrefois  les 
enfants  malades  devant  les  tombeaux  et  les  reliques 
des  saints;  puis  l'on  rétablissait  l'équilibre  avec  du 
blé,  du  pain,  des  fromages  qu'on  oITrait  au  saint, 
en  y  ajoutant  de  l'or  ou  de  l'argent.  Cette  coutume 
subsistait  au  xvn'  s.  en  Belgique  :  «  Le  suppliant  et 
«  Perrenet  Mourin  estans  en  l'église  de  S.  Quentin, 
«  virent  en  une  chapelle  où  l'en  contrepoise  les 
«  malades.  »  (JJ.  184,  p.  1G5,  an.  1451.)  On  lit 
encore  aux  Comptes  de  la  fabrique  de  S'  Pierre  de 
Lille  (xvi'  siècle)  :  »  Jeanne  N.  pour  le  contrepoids 
«  de  son  enfant,  deux  solz.  »]  (.n.  e.) 

Contrepoil,  express,  adv.  A  rebours.  Nous 
disons  aujourd'hui  à  contrepoil  (1),  mais  seulement 
dans  le  sens  propre. 

Je  floris  quant  il  yverne  (il  est  hiver), 

Et  quant  il  fet  esté  je  rime, 
Ainsi  contrepoil  rimuime. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7-21R,  fol.  01,  V  col.  1. 

Contrepoinct,  subst.  nuise.  Terme  de  musi- 
que*. Obstacle,  opposition  ^. 

*  Le  sens  propre  désigne  un  chant  qui  fait  har- 
monie avec  un  sujet  donné.  C'est  en  ce  sens  qu'il 
est  employé  dans  Rabelais,  t.  Il,  p.  1C5,  et  dans  le 
Blason  des  Faulces  amours,  p.  208  ('2).  Nous  disons 
encore  contrepoint  ,  avec  cette  signification. 
L'étymologie  se  tire  des  points  que  l'on  employoit 
autrefois  dans  la  musique,  au  lieu  de  notes. 'On 
trouve  dans  Du  Cange,  cantus  conlrapimctus,  pour 
contrepoint. 

On  disnit  en  ce  sens  : 

1°  Entendre  son  contrepoint,  pour  savoir  sa 
gamme,  entendre  sa  partie  : 

Il  estoit  niiste,  gent  et  sade 
Il  entendoit  son  contrepoint. 

Villon,  Rep.  Franches,  p.  19. 

2°  Faire  le  contrepoint,  pour  fredonner  : 

Hz  n'ont  d'argent,  ne  peu,  ne  point 
Pour  leurs  vieulx  houseauLx  refaire  : 
Fringuer,  faire  le  contre  point, 
C'est  aux  gentilz  hommes  afaire. 

Coquillarl,  p.  175-  ' 

3°  Deschanter  un  siliaut  contrepoint,  prendre  un 
ton  si  haut  : 

L'artillerie  adonc  ne  faillit  point 

A  deschanter  ung  si  hault  contrepoint, 

Qu'on  n'ouyt  onc  musique  de  la  sorte. 

Jean  Marol,  p.  32. 

4"  Chanter  à  contrepoint,  pour  chanter  en  partie. 
C'est  le  sens  propre  de  ce  mot;  mais,  dans  le  passage 
suivant,  il  paroît  employé  pour  se  réjouir  en  général  : 


Vivre  autant  que  Mathussalé 
Sans  enveillir  ;  velà  le  point  ; 
Le  galant  seroit  bien  pelé, 
Et  puis  chanter  à  contrepoint. 

Coquillart,  p.  166. 

^  Comme  le  contrepoint  étoit,  en  quelque  sorte, 
un  chant  opposé  au  sujet,  on  a  dit.  dans  un  sens 
figuré,  contrepoinct  pour  opposition,  obstacle,  et  à 
contrepoinct  pour  à  l'opposite,  au  contraire,  au 
rebours. 

Nostre  mère  nature  a  mys  le  contrepoinct 
Des  Alpes,  pour  closture,  et  limites  à  poinct. 

Grelin,  pa^e  127. 

«  L'hermite  Braguibus  vous  ha  faict  jeusner  par 
«  quatre  jours;  quatre  jours  serez  icy  à  contre- 
«  poincts,  sans  cesser  dé  boire,  et  de  repaistre.  » 
(Rabelais,  t.  V,  p.  20.)  «  Si  Dieu  ne  nous  aide,  nous 
«  aurons  prou  d'affaires;  mais  au  contrepoinct,  s'il 
'<  est  pour  nous,  rien  nous  pourra  nuire.  »  (Rab. 
Pronost.  t.  V,  p.  6.) 

VARIANTES  : 
CONTREPOINCT.  Crétin,  p.  127.  -  Rab.  t.  II,  p.  265. 
Contrepoint.  Orth.  subsistante. 

Contrepoincté,  adj.  Garni  d'élofïe  piquée*. 
Cousu,  piqué  °. 

*  Le  premier  sens  est  figuré;  les  genoux  contre- 
pointes,  pour  les  genoux  garnis  (\'é\oïïecontrepoin- 
tée,  cousue  point  "contre  point.  «  Les  couvreurs  de 
«  maisons  en  Anjou  ont  les  genoux con/reyjoiHto.  » 
(Rabelais,  t.  V,  p.  127.) 

^  Le  sens  propre  est  cousu,  piqué.  (Rabelais, 
p.  130),  dit  que  les  cloches  de  l'isle  des  Esclotes 
étoient  faites  de  fin  duvet  contre-pointe,  c'est-à-dire 
piqué,  cousu  point  contre  point.  Le  même  a  dit, 
dans  un  sens  figuré  (t.  IV,  page  42):  «  Par  avarice, 
"  et  convoilise  d'avoir  les  escus  dont  elle  estoit 
«  toute  contre poinctée.  «  Nous  dirions,  en  langue 
vulgaire,  dont  elle  étoit  toute  cousue. 

Rabelais  a  dit  encore  contrepointé,  pour  piqué, 
pris  dans  le  sens  de  percé,  criblé  de  coups.  «  De 
«  paour  des  coups,  j'en  ai  la  peau  toute  contre- 
«  poinctée.  »  (T.  V,  p.  29.)  Et  dans  la  Sagesse  de 
Charron,  page  582,  l'on  dit  du  ciel  qu'il  est  contre- 
pointé de  dianinns  (3),  pour  signifier  le  nombre 
d'étoiles  dont  il  est  couvert,  comme  d'une  étoffe 
piquée  ou  contrepointée,  ou  couverte  de  pointes. 
Charron  considère  le  ciel  semé  d'étoiles  comme  un 
grand  voile  piqué  de  diamans. 

VARIANTES  : 
CONTREPOINCTÉ.  Rabelais,  t.  V,  p.  127. 
Contrepointé.  Cliarron,  Sagesse,  p.  582. 

Contrepointé,  subst.  fém.  Partie  de  l'armure*. 
Objection,  opposition^.  Antithèse"^. 

*  Dans  le  premier  sens,  c'éloit  une  espèce  de  ca- 
misole piquée,  garnie  de  coton  ou  autre  matière, 
que  l'on  metloit  dessous  la  cuirasse  ou  la  cotte  de 
maille.  On  fappeloit  aussi  aubergeon   ou    cotte 


(1)  On  lit  dans  G.  Chastelain,  d'après  Dochez  :  «  Tout  y  aUoit  ce  dessus  dessous., 
ongle.  »  (n.  e.) 

(2)  «  Il  voulut  commencer  par  un  certain  prélude.  Plein  de  beaucoup  de  grâce  et  de  beaucoup  d'estude 
contrepoints  simples  et  figurez.  De  meslanges  de  sons  vistes  et  modérez.  »  (n.  e.) 

(31  «  La  face  de  ce  grand  ciel  azuré,  paré  et  contrepointé  de  tant  de  beaux  et  reluisans  diamants.  »  (n.  e.) 

IV.  30 


tout  y  alloit   contre  poil  et  contre 
D'excellents 


co 


-  234 


CO 


gamboisée  (1).  (Du  Gange,  au  mol  Alberc  I  e[Gam- 
beso.  —  Voy.  aussi  Coitte  i>ointe  ci-dessus.)  ('2) 

^  Dans  le  sens  figuré  et  tiré  du  mot  contrepoint, 
pris  comme  terme  de  musique,  clianl  opposé  à  un 
autre  chant,  contrepointe  signifioil  objection,  oppo- 
sition. (Dict.  de  Monet  et  d'Oudin.) 

'^  De  là,  ce  mot  a  servi  à  désigner  une  tigure  de 
rliélori(iue  qui  consiste  dans  Topposilion  de  deu.\ 
choses  contraires,  soit  par  les  pensées,  soit  par  les 
termes.  «  On  trouve  des  pièces  de  vers  intitulées 
«  en  1008  antithèses,  ou  contrepointes  du  ciel,  et 
«  de  la  terre.  »  (Goujel,  Bibl.  fr.  t.  XV,  p.  313.) 

Contrepointer ,  verbe.  Faire  un  accord  *. 
Contrecarrer °.  Contrepointer  '^. 

*  On  dit  encore  contrepoint,  en  termes  de  musi- 
que, pour  accord  de  deux  ou  plusieurs  chants; 
mais  on  ne  dit  plus  contrepointer  pour  former  ces 
accords,  de  là  chanter  harmonieusement.  C'est  le 
sens  de  ce  mot,  dans  ce  passage  :  "  Viennent  aux 
«  Kyrie,  lesquels,  avec  un  bon  ordre,  ils  contre- 
■>  pointent  autant ,  et  aussi  dexlrement  que  si 
«  Adrian,  Constans  et  Jacquet  y  esloient.  »  (Merlin 
Cocaye,  t.  I,  p.  235.)  De  là  eonirepointer  une  clian- 
son,  "pour  fredonner  une  chanson.  (Contes  de  Des 
Perr.  t.  II,  p.  180.)  (3) 

^  Comme  contrepointer  éio'd  accorder  des  chants 
opposés;  de  l'idée  de  cette  opposition  nait  l'accep- 
tion figurée  du  verbe  contrepointer,  pour  s'opposer, 
contrecarrer.  Il  subsiste  eu  ce  sens  ;  mais  Cotgrave 
écrit  contre iioincter.  (Voy.  son  Dictionnaire.) 

^  Contrepointer  se  dit  encore  pour  piquer  une 
étoffe,  la  coudre  point  contre  point;  alors  ce  mot 
dérive  de  Contrepointe  ci-dessus.  On  écrivoit  autre- 
fois contrepoinctier.  (Dict.  de  Cotgrave.) 

V.\RIANTES  : 
CONTREPOINTER.  Contes  de  Des  Perr.  t.  II,  p.  180. 
CoNTREPoiN'CTER,  CONTREPOINCTIER.  Dict.  de  Cotgrave. 

Contrepois  ,  subst.  masc.  Contrepoids.  On 
disoit  inaretier  à  contrepoix,  pour  marcher  en 
équilibre.  (Coquill.  p.  109.) 

On  employoit  encore  ce  terme  de  la  manière  sui- 
vante :  "  Portoit  sa  hache  près  de  luy,  à  contrepoix, 
«  pour  assaillir,  et  pour  delïeiKlre,  duquel  desdeux 
»  bouts,  dont  il  verroit  son  advantage.  »  (Mém. 
d'Ol.  de  la  Marche,  liv.  I,  p.  282.) 

Et  du  costé  de  la  venue 
Dudit  Talebot,  et  Angloys, 
L'artillerie  grosse,  et  menue. 
Si  fut  tournée  à  coiitivpoys. 

Vig,  de  Charles  VU,  t.  II,  p.  145. 

VARIANTES  : 
CONTREPOIS.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  IV,  p.  1348. 
Contrepoix.  Coquillarl,  p.  169. 
CoNTREPOYS.  Vig.  de  Charles  VII,  t.  II,  p.  145. 

Contrepoison,  snbst.  fém.  Nous  disons  contre- 
poison au  masculin  ;    mais  autrefois  poison    et 


contrepoison  étoient  féminins.  (Voyez  contrepoison 
féminin,  dans  l'Apol.  pour  Hérodote,  p.  214,  et  dans 
J.  Marot,  p.  20.) 

VARIANTES  ". 
CONTREPOISON.  Orth.  subsist. 

CONTREPOYSON. 

Contrepoisonnei",  verbe.  Opposer  le  contre- 
poison. Opposer  un  antidote  au  poison. 

Contvcpoisonne  le  venin 

Du  noyr  danger  de  l'ignorance. 

Poi  s.  de  Jacq.  Talpjr.  fol.  dlO. 

Contreposition,  subst.  fém.  Antithèse.  (Voy. 
Quintil,  Censeur,  p.  222.) 

VARIANTES  : 

CONTREPOSITION,  Contraposition. 

Contrepousser,  verbe.  Ebranler.  Proprement 
pousser  contre.  On  a  dit,  au  figuré  : 

J'avois,  irrésolu,  d'un  et  d'autre  costé, 
Par  diverses  raisons,  rna  fov  co)it repoussée. 

Gouj.  Bibl.  fr.  l.  XIII,  page  336. 

Contreprendre,  verbe.  Prendre  à  son  tour. 
Par  représailles.  (Beaumau.  p.  171.) 

Contreprétention,  subst.  fém.  Ce  mol  sem- 
ble «  avoir  esté  introduit  vers  1070  dans  lesdémes- 
«  lez  enire  la  France,  ell'Espagne,  aux  conférences 
«  qui  suivirent  la  paix  d'Aix-la-Cliapelle,  pour 
«  régler  la  barrière.  »  (Peliss.  Hist.  de  Louis  XIV, 
t.  m,  liv.  VIII,  p.  85.) 

Contrepreuve,  subst.  fém.  Preuve  de  la 
preuve.  «  Pour  ce  que  en  plusieurs  barres,  et  juri- 
«  dicions  de  nostre  pais,  en  doule,  et  difficulté,  si, 
«  en  matières  de  rerpreuves.  et  contreprcuves,  ne 
c<  despouilles,  l'on  doibt  bailler,  et  adjuger  res- 
«  sors.  »  (Ord.  des  ducs  de  Bret.  à  la  suite  de  l'Aiic. 
Coût.  fol.  315.) 

Contreprise,  subst.  fém.  Représaille.  Reprise, 
en  revanche  de  la  prise  qui  avoit  été  faile.  .Beaum. 
page  171.) 

Conti'epromesse,  subst.  fém.  Contrelettre. 
Acte  annulant  des  promesses.  (Dict.  d'Oudin.) 

Conti'erabat.  [Intercalez  Contrerabat,  man- 
teau de  cheminée,  au  reg.  JJ.  194,  p.  184,  an.  1405  : 
«  Laquelle  chandelle  alumée  le  suppliant  attacha  à 
ung  contre-rabat  estant  en  leur  chambre.  »]  (n.  e.) 

Contreraison,  subst.  fém.  Réplique,  raison 
opposée  à  une  autre.  «  A  cela,  respondit  le  bien 
«  apprins  disciple,  par  une  contreraison  cornue,  et 
«  bisaguc.  "(Alect.  Rom.  fol.  37.) On  disoit;  «  Pesas- 
«  sent,  balançassent  et  sondassent  avec  un  plein 
«  jugement  les  raisons,  et  contreraisons  de  toutes 
«  parts.  »  (Letl.  de  Pasq.  t.  III,  p.  804.) 

Contreramper  ,  verbe.  Glisser ,  couler ,  se 
glisser  en  rampant,  en  latin  obrepere,  suivant  le 
Gloss.  de  Labbe,  p.  510.  C'est  dans  un  sens  figuré 


(1)  «  Prajterea  inveni  in  dictis  bonis  qui nque  alberjons  et  unum  alberc,  et  unam  contrepointe.  »  (.IJ.   30,   page   115*, 
an.  1201;.  (N.  E.) 

(2)  C'est  aussi  une  courte-pointe  ;  «  Il  vint  à  l'huys,  il  entra  dedans  et  trouva  une  damoyselle  qui  se  gisoit  dedans  ung 
lict  couvert  d'une  contrepoincte  vermelle.  »  (Lancelot  du  Lac,  t.  II,  fol.  5(5.)  (n.  e.) 

(3)  «  Puis  se  recordant  du  moyen  que  feu  son  oncle  lui  avoit  délaissé  pour  tromper  ses  ennuis,  se  mit  à  contrepointer 
une  chanson.  «  (n.  e.) 


co 


—  235 


CO 


Que  Tahureau,  voulant  exprimer  à  sa  maîtresse  la 
constance  de  son  amour,  lui  dit  : 

Plustost  amont  contrei-ampent  les  eaux, 
Que  je  n'admire,  et  honore  ta  grâce. 

Poos.  p.  235. 
VARIANTES  : 
CONTRERAMPER.  Poës.  de  Jacq.  Tahur.  p.  2&5. 
CONTREREMPIR.  Gloss.  de  Labbe,  p.  516. 

Contreregez.  Terme  du  droit  provençal.  (Voy. 
le  .Journ.  des  Sçav.  avril  1752,  p.  67G.) 

Contreresponce,  subst.  fém.  Réplique  à  une 
réponse.  (Poës.  de  Jacq.  Tahur.  p.  197.) 

Contrerespondre,  verbe.  Répliquer. 

La  mort  contrerespond,  j'en  ai  fait  mon  devoir. 

Œuv.  de  des  P.  p.  663. 

Contrei'ime,  subst.  fém.  Seconde  rime.  «  Se 
«  gratter  la  teste,  pour  trouver  la  mémoire  d'une 
«  contrerime.  »  (Du  Verd.  Bii)l.  p.  690.) 

Contreroler,  verbe.  Contrôler.  Censurer. 

'  VARIANTES    : 

CONTREROLER.  Enst.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  294,  col.  3. 
CONTREROLLER.  Oudin,  Nicot,  Dict. 
CONTREROOLER.  Arr.  Amor.  p.  424. 
CoNTREROULLER.  Percef.  vol.  V,  foL  3,  V°  col.  1. 
CONTREROLLER.  Contes  d'Eutrap.  p.  401. 

Contreroleiir,  subst.  masc.  Contrôleur,  titre 
d'office  *.  Cenceur  critique  ^.  Ce  mol  subsiste 
encore  dans  ces  deux  sens.  Nous  ne  citerons  que 
peu  d'exemples  sur  chacune  de  ces  deux  accep- 
tions. 

*  Brantôme  nomme  le  contrer  ooleiir  dumas  (Cap. 
Fr.  t.  III,  p.  221)  qui  paroît  avoir  exercé  son  emploi 
sur  la  Seine,  à  Paris.  Eust.  Deschamps  fait  mention 
d'un  contreroIe\r  en  titre  d'office  sous  Charles  VII, 
Poës.  MS5.  fol.  310. 

^Dans  le  sens  de  censeur  (1\  on  a  dit:  «  Chacun  a 
«  son  juge,  et  contreroole  près  de  soy.  »  (Eutrap. 
Contes,  p.  92.)  «  Ne  veux  apprendre  mon  mestier 
<'  de  ces  coutrerolles  qui  en  parlent  sous  la  chemi- 
»  née.  loin  des  coups.  »  (Mém.  de  Moutluc,  t.  II, 
p.  270.) 

VARIANTES  (2)  : 
CONTREROLEUR.   Eust.  Desch.  Poiis.  MSS.  fol.  310,  c.  1. 
CoNTREROLLEUR.  Nicot,  Oudin,  Cotgr.  Dict. 
CoNTREROOLEUR.  Villon,  p.  89. 

CoNTREROOLLEUR.  Brant.  Cap.  fr.  t.  III,  p.  220  et  221. 
CoNTREROULEUfi,  CoNTROiiLEUR.  Dict.  de  Rob.  Estienne. 
CoNTREROULERS.  Carta  magna,  fol.  28  R». 
CONTREROLLE.  Mém.  de  Montluc,  t.  II,  p.  270. 
CoNTREROOLLE.  Eutrap.  Contes,  p.  92. 
COUNTEROULER.  Britt.  Loix  d'Anglet.  fol.  7  R». 

Contrerj-A'ei*,  verbe.  Terme  de  fauconnerie.  Il 
est  employé  figurément  dans  ces  vers  : 

Entre  tant  voila  avarice  ; 
Mais  de  tant  fist  elle  que  nyoe  ; 
Car  n'eust  qui  contrcnjverast, 
Ne  qui  la  rivière  en  passast. 

Gace  de  la  Bigne,  des  Déduils,  MS.  fol.  30,  R". 

Contresceust,  3'  pers.  de  l'imp.  subj.  Peut- 


être  faudroit-il  lire  contresteut,  de  contrester, 
contrarier,  être  contraire,  faire  obstacle,  dans  ces 
vers  : 

Ne  trouva  puis  qui  li  neust  (nuisit). 
Ne  de  riens  li  coniresceut. 

Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  1,  V°  col.  1. 

Contrescript,  subst.  masc.  Copie. 

Tout  ensi  qu'il  y  ot  escript. 
Vous  en  véés  le  contrescript. 

Froissarl,  Poos.  MSS.  page  400,  col.  1. 

Contreseel,sw6s<.  masc.  Contrescel.  Voyez  sur 
ce  mot,  le  P.  Menestrier  (Ornem.  des  arm.  p.  431.) 
Il  est  employé,  dansle passage  suivant,  danslesens 
de  droit  de  contrescel  : 

Maison  Dieu  y  a  gracieuse, 
Maladerie,  et'mesmement 
Contreseaxdx,  justice  piteuse. 

Eusl.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  36i,  col.  1. 

VARIANTES  : 

CONTRESEEL.  Ord.  t.  V,  p.  G02. 

CoNTRESEAULX,  plur.  E.  Desch.  Poës.  MSS.  p.  364,  col.  1. 

Contreseing,  subst.  masc.  C'est  la  marque 
particulière  que  les  orfèvres  ajoutoient  aux  lettres 
initiales  de  leur  nom,  pour  distinguer  leur  poinçon 
de  celui  d'un  autre  maître.  On  l'appel ■>  aujourd'hui 
devise.  (Ord.  t.  III,  p.  11.) 

Contresignai,  subst.  masc.  Marque,  signe  *. 
Ordre,  commandement  ^. 

*  La  première  signification  est  donnée  par 
Oudin. 

^  La  seconde,  par  Monet,  Cotgrave,  se  trouve 
attestée  par  divers  passages  des  Mém.  de  Bellièvre 
et  Silleri. 

VARIANTES  ; 
CONTRESIGNAL.  Oudin,  Dict. 
Contresigne.  Id.  ibid. 
Contresigné, 
contresignet. 
Contresign.  Nicot,  Dict. 

Contresmarregliers.  C'est  une  faute  pour 
coutres  marregliers.  (Voyez  Coitre  ci-après.) 

Contresou,  subst.  masc.  Retentissement. 

On  conte  qu'AppoUon  croupit,  sept  mois  entiers, 
Loing  du  ciel  escarté,  sous  les  flancs  des  rochers. 
Soupirant  son  malheur  :  les  tronches  (tiges)  aurillées 
Des  vieux  chesnes  branchus,  les  monts  et  les  vallées 
Larmoyèrent,  transis  dessous  le  contreson, 
Et  sous  l'air  mesuré  de  sa  triste  chanson. 

Poês.  de  Rem.  Belleau,  t.  I,  fol.  32  V  (3). 

Contresonner ,  verbe.  Sonner  le  contraire, 
sonner  au  contraire.  (Nicot,  Cotgr.  Oudin,  Dict.) 

Contresorcellerie,  subst.  fém.  Charme  con- 
traire. (Bouch.  Serées,  liv.  I,  p.  105.)  On  a  dit,  dans 
le  même  sens,  contrecha.me.  (Voyez  ce  mot.) 

Contresoupirer,  verbe.  Rendre  soupir  pour 
soupir. 

Et  pour  prix  des  soupirs  que  j'ay  sceu  vous  tirer. 
Ecoutez,  je  commence  à  contresoupirer. 

La  Comtesse  d'Orteil,  Cora.  de  Th.  Com.  act.  4,  se.  6. 


(1)  «  Homme  moult  arrogant,  malicieux  et  contreroleux.  »  (JJ.  -155,  p.  54,  an.  1400.)  (n.  e.) 

(2)  Il  est  dans  Froissart  (XI,  87)  :  n  C&  contreroleur  comptoit  au  conte  de  Fois  parroUes  et  par  Uvres  escript,   et  ses 
comptes  laissoit  par  devers  le  dit  conte.  »  Voyez  aussi  les  Ord.,  t.  V,  p.  538.  an.  1372.)  (n.  e.) 

(3)  On  ht  encore  dans  Carloix  (VI,  25)  :  «  Ils  ne  s'entrentendent  parler  à  cause  du  contre-son  que  rendent  les  bois,  nommé 
par  les  poètes  fabuleusement  écho.  »  (N.  E.) 


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Contressayeur  ,  subst.  masc.  Officier  de  la 
monnoie.  On  dislinguoit  »  le  gênerai  essayeur,  el 
«  conlrcssuijcur.  •>  (Ord.  t.  V,  p.  402.) 

Contrcstance,  subst.  féin.  Opposition,  résis- 
tance, défense.  On  a  dil,  en  ce  sens  : 

....  Sanz  force,  et  sanz  contreslance. 

Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauvel,  fol.  8*3. 

Conti'estant,  adv.  Nonobstant.  Du  verbe  con- 
trester  ci-après.  Voyez  ses  diverses  ortbograpbes, 
et  voyez  aussi  Dict  de  Borel.  Le  chancelier  ne  devoit 
sceller  nulles  lettres,  non  contrestant  (I).  (Ord.  t.  I, 
p.  65G.)  Défense  aux  notaires  d'employer  cette  clause. 
(Ibid.  p.  733.) 

VARIANTES  : 
CONTREST.\NT.  Ord.  t.  I,  p.  656,  etc. 
CoNTRESTANG.  Borel,  Dict. 
CoNTRAiTTANT.  Ord.  p.  316,  art.  10. 
CoNTRETANT.  Ord.  p.  427,  art.  1. 
CONTHISTANT.  Ord.  t.  III,  p.  384. 
CoNTRisTEANT.  Ten.  de  Littl.  fol.  97,  R»,  etc. 
CoNTRiTEANT.  Britt.  Loix  d'Anglet.  p.  265. 

Contrester,  verbe.  Résister,  s'opposer.  Le  Glos. 
de  Labbe,  p.  510,  traduit  obslare,  renitl,(lcbellare. 
On  a  dit  :  «  Pour  conlrcsler  aux  courses,  et  entre- 
«  prises  d'iceux  Anglois.  «  (Monstr.  vol.  I,  fol.  149.) 

Sui  au  cuer  traîs  et  férus 

D'un  vairs  ieu.x,  fers  (ferns),  et  agus, 

Rians,  pour  mieus  assener  : 

A  ce  ne  peut  contrestre  haubers,  ne  escus. 

Adans  liBocus,  Poos.  MSS.  av.  1300,  t.  IV.  p.  1379. 

Ce  verbe  régissoit  quelquefois  l'accusatif,  comme 
dans  ces  vers,  à  moins  que  les  ne  se  soit  dit  autre- 
fois pour  leur  ("i): 

Le  fossé,  par  force,  passèrent 
Maugré  ceus  qui  les  contretesterent. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  210  V 

CONJLGAISO'    : 

Contrestace,  imp.  subj.  Résistât.  »  N'i  a,  ne  fort, 
0  ne  fieble  ,  qui  à  Rou  contrestace.  »  (Rom.  de  Rou, 
MS.  p.  837.) 

Contrestin,  prêter.  Je  résistai.  (Fabl.  .mss.  de  S.  G. 
fol.  21.) 

VARIANTES  : 
CONTRESTER.  Monstrelet,  vol.  I,  fol.  149  Ro. 
CoN.^TRETER.  Ord.  t.  III,  p.  378  (3). 
CONTRISTEH.  Ibid.  p.  194. 
Contrestre.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  IV,  p.  1379. 

Contret,  adj.  Estropié,  contrefait,  impotent. 
Du  mot  lalin  contractus,  raccourci.  C'est  le  sens 
propre,  applii|ué  à  la  contraction  des  nerfs,  ou  de 
quelque  partie  du  corps  d'oii  naissent  ordinairement 
les  défauts  qui  rendent  un  homme  contrefait. 

Miex  volsisse  estre  contret. 
Que  ge  t'eusse  or  ains  creu. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  59,  R°  col.  2. 

Les  bras  courts,  et  les  mains  coittraictes, 
Les  espaulles  toutes  bossues. 

Villon,  p.  31. 


VARIANTES    : 
CONTRET.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  59,  R"  col.  2. 
CoNTRAicT.  Ord.  de  Chev.  fol.  10  V». 
Contrait.  Du  Cange,  Gloss.  lat.  au  mot  Conlractus. 
CONTRAIST.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  278,  R»  col.  1. 
Contrais,  plnr.  Vies  des  SS.  MS.  de  Sorbonne,  col.  21. 
Contres,  plnr.  Hist.  des  Trois  Maries,  MS.  p.  456. 
Contrez,  plnr.  Parton.  de  Blois,  fol.  166. 
Contraint,  plnr.  Ord.  t.  II,  p.  565. 

Conti'etaille,  subst.  fém.  Taille  qui  sert  de 
vérificatiou *.  Basse-taille  ^. 

*  Selon  Monet,  la  contvelaillc  est  une  taille  mar- 
quée des  mêmes  coches  qu'une  autre  taille.  Elle 
sert,  en  quelque  sorte,  de  contrôle,  de  vérification. 
(Coût.  Gén.  t.  II,  p.  95G  (4).) 

^  Contretaille  a  signifié  aussi  basse-taille,  selon 
Oudin  ;  J.  Marot  emploie  ce  mot,  en  ce  sens  : 

Voyla  com  d'Alvian  désiroit  la  bataille. 
Pensant,  en  sa  musique,  faire  la  contretaille. 
J.  Marot,  page  107. 

Contretempeste.  [Intercalez  Contretevipeste, 
ouragan,  dans  Martène  LVmpl.  Collect.  I,  col.  1473, 
an.  l'3G0)  :  «  Lesqueiz  mareschal  et  sire  de  Poyane 
«  furent  destourbez  sur  leur  passage  de  la  mer  par 
«  contretempeste  de  vent.  ■>]  (n.  e.) 

Contreteneur,  subst.  fém.  Teneur,  contenu*. 
Terme  de  musique,  haute-contre^. 

*  Au  premier  sens,  la  préposition  contre,  dont  ce 
mot  est  formé,  pareil  explélive  et  n'ajoute  rien  ù 
sa  signification  : 

Encor  escrisi,  la  journée. 
Unes  lettres  faittes  en  prose, 
.*!.  mon  grand,  et  chier  ami  Rose  ; 
Comment  je  fis,  et  sus  quel  fourme 
La  contreteneur  vous  enfourme. 

Froissait,  Po;'S.  MSS.  p.  18li,  col.  2. 

^  Conlreteneur,  en  termes  de  musique,  signifioit 
le  dessus,  comme  il  pareil  par  ce  passage  ;  «  Les 
«  uns,  pour  la  teneur,  les  autres,  pour  la  basse- 
«  contre,  dessus,  ou  contreteneur.  »  (Pasq.  Rech. 
p.  84.)  «  Les  chançons  naturelles  sont  délectables, 
«  et  embolies  par  la  mélodie,  et  les  teneurs,  trebles 
»  (triples  ou  tierces)  et  contreteneurs  du  chant  de 
«  la  musique  artificielle.  "  (Eusi.  Desch.  Poës.  mss. 
fol.  395.) 

Les  plus  grans  chantent  la  teneur, 
Les  autres  la  contreteneur. 

Gace  de  la  Bielle,  des  Déduits,  MS.  fol.  102,  V*. 

On  a  dit  :  «  Ténor,  contratenor,  concordans.  » 
(Hist.  du  Th.  fr.  l.  II,  p.  506.) 

variantes  : 
CONTRETENEUR.  Froissart,  Poës.  MSS.  p.  186,  col.  2. 
Contratenor.  Hist.  du  Théât.  fr.  t.  II,  p.  506. 

Coiitretenlr,  verbe.  Résister,  soutenir,  arrê- 
ter*. Défendre  ^.  Suspendre*^.  (Nicol  et  Cotgrave, 
Dictionnaire.) 


(1)  «  Non  contrestant  quelconques  autres  alliances.  »  (Froissart,  VI,  304,  note.)  (N.  e.) 

(2)  II  se  construisait  1»  avec  à  ;  «  Ils  n'avoient  pooir  de  contrester  à  sa  poissance.  »  (Froissart,  III,  452.)  2»  Avec  contre 
((  Pour  contrester  contre  les  garnisons  françoises.  »  (Id.,  296.)  (N.  E.) 

(3)  Voyez  encore  t.  V,  p.  482  et  483,  au.  1372.  (n.  e.) 

(4)  «  Quant  quelque  personne  fait  demande  de  quelque  somme  de  deniers  à  cause  de  quelconque  sorte  de  marchandises 
que  ce  soit  livrée  sur  taille ,  et  que  le  demandeur  fait  exhibition  de  sa  taille ,  requérant  que  l'adjourné  exhibe  sa 
contretaille.  »  (N.  E.) 


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*  Dans  le  premier  sens  (1),  on  lit  : 

Dame  vaillans,  gracieuse,  et  jolie, 
Conment  se  puet  mes  cuers  coiilretenir 
A  vo  biauté  ?  etc. 

Adaiis  li  Bocus,  Poiis.  MSS.  avant  1300,  t.  IV,  p.  1379. 

«  Yvain  ratlai£;nit  le  premier,  tcllemeiil  qu'il  lui 
«  penja  son  escu  ;  mais  le  liaulbert  estoit  fort  et 
"  serré,  qui  coH<rf/JHZ  le  coup,  que  oncques  mailles 
n'en  rompit.  »  (Lanc.  du  Lac,  t.  III,  fol.  20.) 
Comment  se  puet  nus  lions  qui  soit  vivant 
Conlretenir  d'ùtre  en  votre  prison  ; 
Car  sanz  raençon  li  miens  i  chei. 

Gaces  Brullés,  Pocs.  IISS.  av.  1300. 1. 1,  p.  l.-,8. 

^  Selon  Nicot,  on  disoil  :  <■  Contrelenir  une  ville, 
«  une  terre,  contre  quelqu'un,  »  pour  les  défendre. 
Cette  acception  se  trouve  justifiée  par  les  vers 
suivans  : 

Metent  lors  labaie  en  cendre, 
C'en  cuidoit  bien  contrelenir. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  233,  V". 

'^  Ce  mot  si^^nifie  suspendre,  dans  ce  passage  : 

La  belle  des  nompers  (sans  pareilles)  la  flour, 
Ne  faites  vostre  pris  mentir, 
Par  trop  merci  contrelenir. 

Creslyen  do  Troyes,  PoSs.  .MSS.  avant  1300,  t   111,  p.  1-26,1  (■!). 

Contretenue,  siihst.  fcm.  Résistance,  défense. 

Les  genz  de  pié  en  fuie  tournent, 
Sanz  parler  de  contretenue. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  357,  V". 

Contreteste,  sulist.  fém.  Partie  adverse. 
«  Qui  fait  teste  à  un  autre.  «  (.Monet,  Cotgrave, 
Oudin,  Dict.)  De  là,  on  disoit/W/rc  coniretcsU',  pour 
faire  tête,  résister.  «  Le  royaume  fut  divizé  en  tant 
«  de  ducs,  et  comtes,  qui,  depuis  Charles  le  Simple, 
«  jusques  bien  avant  sous  la  lignée  de  Hugues- 
«  Capet,  faisaient  contreteste  à  nos  rois.  »  (Pasq. 
Rech.  p.  39.) 

Contretonner ,  verbe.  Ce  mot  est  employé 
dans  les  vers  suivans  : 

Tien,  tien  ce  lue  (luth),  ma  mignone  ; 
Et  le  touchant,  conirelonne,^ 
De  ta  ravissante  voix, 
Les  oisillons  de  ce  bois. 

Pocs.  de  Jacq.  Tahureau,  p.  279. 

Contretouche,  suhsl.  fém.  Des  Accords,  qui  a 
intitulé  un  de  ses  livres  des  Touches,  mot  qui  fait 
allusion  au  terme  dont  se  servent  les  escrimeurs, 
pour  désigner  les  marques  qu'ils  font  sur  le  corps 
de  leurs  adversaires,  avec  le  bout  du  fleuret, 
emploie  celui  de  contretouche  pour  exprimer  les 
marques  que  fait  à  son  tour  celui  qui  en  a  déjà 
reçu.  (Voyez  les  Touches  de  Des  Ace.  fol.  1.) 

Contretourner,  verbe.  Bouleverser.  Retourner 
sens  dessus  dessous..  »  Telles  espèces  d'animaux 
«  fouillansla  terre,  pour  y  chercher  nouriture,  ne 


«  font  petits  dégâts  es  prairies,  y  contretournans, 
«  et  renversans  le  gazon.  »  (Coût,  de  Bouillon, 
Nouv.  Coût.  Gén.  t.  Il,  p.  865.) 

Contretouruoyer,  verbe.  Soutenir  le  tournoi. 
Combattre  contre  quelqu'un  dans  le  tournoi. 
'<  Cassel,  et  le  Tors  d'Escosse  entre  eulx  contre- 
«  tournoijeiit  au  conte  de  Cai'leir,  et  à  vingt  cheva- 
«  liers  de  sa  compaignie.  «  (Percef.  vol.  I,  fol.  24.) 

Contretraison,  subst.  fém.  Trahison  récipro- 
que. "  Se  pourpenssa  de  moult  grandes  subtilitez, 
«  pour  se  garder  delà  con^rf<raîSOH  (3).  »  (LeJouv. 
MS.  page  517.) 

Contretrancher,  verbe.  Trancher.  Ce  mot 
s'est  dit  d'un  fanfaron.  (Dictionnaire  de  Cotgrave.) 
«  Lorsque  les  bourgeois,  pour  contretrancher  des 
"  nobles  ,  commencèrent  d"avoir  permission  de 
'<  posséder  des  fiefs.  »  ^Pasq.  Rech.  liv.  II,  p.  J21.) 

Conti''étrenne,Sî</^s<.fe'm.Etrenne  réciproque. 
Etienne  rendue  à  celui  de  qui  on  en  a  reçu.  Baïf, 
ayant  reçu  en  étrenues  une  piècede  versde  .Nicoles 
Vegece,  intitula  contfétrenne  la  pièce  par  laquelle 
il  lui  répondit.  (Œuv.  de  Baïf,  fol.  H9.) 

ContreuTe  ,  subst.  fém.  Fable  ,  mensonge  , 
calomnie.  (Borel,  Corneille  et  Cotgrave,  Dict.  — 
Voyez  CoNTRovuRE  ci-après.) 

Par  une  exemple  le  preuve. 

Qui  n'est  ne  fable,  ne  contreuve. 

Modus  et  Racio,  MS.  fol.  159,  V. 

Une  dame,  se  plaignant  de  la  fausseté  et  de  l'in- 
constance des  amans,  s'exprime  ainsi  : 
Et  s'ilz  n'ont  dames,  ilz  se  vantent  ; 
S'ilz  les  ont,  sans  cause  ilz  les  plantent. 

Ou  \).-r  contreuve 
Les  blasraent,  sans  y  trouver  preuve. 

AI.  l.harlier,  Pocs.  p.  (162. 

VARIANTES  : 
CONTREUVE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  530,  col.  3. 
CONTRUEVE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n«  7218,  r»266,  V»  col.  2. 

Contrevairiet.  [Intercalez  Contrcvairiet,  con- 
trevairé,  \air  contre  vair:  «  Les  armes  de  Mau- 
«  riauméssontvairiet  contrevairiet  h  deuxkievrons 
«  de  guelles.  »  (Froissart,  III,  257.)]  {s.  e.) 

Contreval,  adverbe.  En  bas.  Par  opposition  à 
contremont.  (Dict.  de  Nicot,  Monet,  Oudin,  et  le 
Gloss.  de  Marot.)  >■  Lors  descenl  une  lance  devers 
»  le  feste  de  la  maison,  tout  contreval.  •■  (Lanc.  du 
Lac,  t  H,  fol.  i.]  «  Il  les  faisoit  loger  contreval  les 
«  beaux  prés,  selon  la  rivière,  en  lentes  et  trefs.  » 
(Froissart,  liv.  1,  p.  44)  (4). 

Au  tens  d  été,  que  voi  vergier  florir. 

Que  l'erbe  point  (perce)  contreval  le  rivage. 

Robert  Mauvoisin,  PoëS.  MSS.  avant  1300,  t.  II,  p.  724. 

On  disoit  aussi  aller  contreval  l'eau,  pour  aller 


(1)  On  lit  encore  dans  Martène  (Ampl.  CoUect.,  V,  684);  «  Quant  li  Sarrazins  virent  que  li  crestiens  s'apareilloient  de 
monter  le  flun,  si  s'armèrent  et  allèrent  sor  la  rive  por  contretenir  qu'il  n'arrivassent.  »  .Vu  reg.  J.I.  206  ,  p.  341 ,  an.  1479, 
c'est  plutôt  contenir  ;  «  Il  convint  aux  gens,  qui  estoient  en  la  taverne,  contrelenir  iceulx  compaignons,  afin  d'eschever  à 
noise.  »  (n.  e.) 

(2)  Comparez  Laborde,  chanson  du  Trésor,  de  Lille,  p.  202.  (N.  E.) 

(3)  On  lit  aussi  dans  Bl.  de  Montluc  (Comment.,  I,  an.  1548)  ;  «  Il  vaut  mieux  aller  attaquer  une  place  pour  la  surprendre, 
lorsque  personne  ne  vous  tient  la  main,  que  si  quelque  traislre  la  conduict  ;  car  pour  le  moins  estes  vous  asseuré  qu'il 
n'y  a  point  de  contre-trahison.  »  (N.  e.) 

(4)  Edition  Kervyn,  II,  180  :  «  Et  tous  li  os  se  loga  contreval  les  prés.  »  (N.  E.) 


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"eau,  descendre  une  rivière.  (Dict. 
cnntrcval  pour  dissiper, 


selon  le  fil  de 
de  Nicot.) 

Façon  de  parler  :  uller 
passer,  cesser.  Marbodus,  parlantdes  propriélés  du 
saphir,  dit  : 

E  de  la  langue  destruit  lu  mal 
Et  fait  aler  tut  cunti-cval. 

Marb.  art.  5,  col.  lG4i. 
VARIANTES  : 
CONTREVAL. 
CcsTREVAL.  Marb.  art.  5,  col.  IGM  (1). 

Contrevaloir,  verhe.  Valoir  autant. 

Quant  feme  velt  torner  à  bien, 
Ne  la  puet  contrevaloir  nen. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  7,  R-  col.  2  (2). 

Contrevanche,  subsl.  fém.  Revanche,  ven- 
geance. «  Ce  duc  Jehan  fut  celuy  qui,  par  contre- 
<■<  venge  (3)  d'emprise,  lit  tuer  ù  Paris  le  duc  Louis 
"  d'Orléans,  tierce  personne  de  France,  et  l'avoua 
"  en  plein  conseil.  »  (Méni.  d'Oliv.  de  la  Marche, 
page  47.) 

VARIANTES  ' 
CONTREVANCHE.  Charles  VII,  Hist.  de  Godefrov,  p.  346. 
CoxTREVANGE.  Ménî.  de  Comines,  prpuv.  t.  III,  p.  293. 
CoNTREVENGE.  Kroissart,  livre  II,  p.  79. 
CoNTREVEN'GEANCE  Froissart,  liv.  IV,  p.  139  (4). 
CONTREVENJ.\NCE.  Ord.  t.  III,  p.  52(3. 

Contrevenemeiit,  subst.  ??;asc.  Contravention. 
«  Au  cas  du  contrevenement  h  ces  présentes.  » 
(Mém.  de  Comines,  t.  111,  preuv.  p.  89.) 

Çontrevengement,  suh&t.  masc.  Revanche, 
vengeance  (5).  (Voy.  les  autorités  citées  sur  ces  deux 
orthographes,  et  l'article  Contrevanche.) 

VARIANTES  : 
ÇONTREVENGEMENT.  Ord.  t.  III,  p.  52i5. 
CoNTREVANGEMENT.  Bout.  Som.  Rur.  p.  235. 

Contrevenger,  verbe.  Prendre  sa  revanche. 

Se  venger  (6).  (Dict.  d'Oudin  et  de  Cotgr.) 

Conti'evenii'  (se),  verbe.  Se  contredire.  "  A  la 
«  vérité,  qui  voudra  examiner  ce  propos,  il  sem- 
«  blera  que  César  se  contrevienne.  >-  (Pasq.  Rech. 
livre  I,  page  7.) 

Contrevention,  subst.  fém.  Contravention. 
(Dict.  d'Oudin.) 

Contrevers,  prép.  Vers.  «  Il  luy  fut  dit  que  le 
<>  roy  Daire  s'enfuyoit  contrevers  les  Bactres.  » 
(Tri.  des  IX  Preux,  p.  IGO.) 

Contreviller,  verbe.  Ce  mot  semble  une  faute 
pour  contreuver.  (Voy.  Controuver  ci-après.) 


Contrcvirer,  verbe.  Tourner. 

Devers  la  mer  la  proue  on  contrevire. 

CEuv.  dejoach.  du  Bellay,  p.  257. 

Contrevitre,  subst.  masc.  Venteau,  balcon, 
fenêtre,  contrevent.  Oudin  suppose  ce  mol  mascu- 
lin, comme  nous  l'avons  marqué. 

Contrhuiller,  verbe.  Frotter  d'huile.  C'étoit 
un  usage  pour  combattre  à  la  lutte. 

L'autre  se  forme  à  la  luitte  une  adresse. 
Se  conlrhuillont  au  croc  laborieux. 

Poi'S.  de  Jacq.  Tabiireau,  p.  172. 

Contriapinal,  subst.  masc.  Il  faudroit  peut- 
être  lire  contrapuiat\l).\\  semble  que  ce  soit  le  fléau 
ou  la  barre  qui  appuie  une  porte  par  derrière.  «  11 
«  portoit  une  verge  de  fer  en  sa  main,  en  lieu  de 
«  baston,  de  une  telle  quantité  (poids,  pesanteur), 
«  comme  le  contriapinal  d'ung  huys.  »  (Chron. 
S.  Denis,  t.  I,  fol.  13.) 

Contribuer.  [Intercalez  Contribuer,  dépenser: 
<•  Et  encoires  beaucoup  de  mises  qui  contribuées 
»  estoient  en  poursieuvant  les  procès  de  ceste 
»  plaidoirie.  ■•  (Froissart,  XVI,  109.)]  (n.  e.) 

Contributeur,  subst.  masc.  Qui  contribue  *. 
Garant  ^. 

*  Sur  le  premier  sens,  voyez  les  Dict.  de  Cotgrave 
et  d'Oudin. 

^  Ce  mot  signifioit  aussi  garant.  Bouteiller,  qui 
cite  un  ancien  pralicien,  dit  d'après  lui  «  qu'il  y  a 
«  fkux  sortes  de  garands  ;  l'un  appelé  formel,  ou 
«  absolut,  et  legarand  simple,  ou  contributeur,  qui 
«  peulseulementestrereceuàsejoindreencause,et 
«  assister  demandeur  qui  l'a  sommé  ;  lequel  a  lieu 
«  aux  actions  personnelles.  «(Bout. Som. Rur. p. 219.) 

Contributif,  adj.  Sujet  à  contribution. 

«  Exempts,  et  non  contributifs  h  aucun  subcide.  « 
(Ane.  Coût,  de  Bretagne,  folio  229.) 

Côntriction,  subst.  fém.  Contrition.  On  trouve 
l'acception  de  contrition  dans  l'Amant  ressuscité, 
p.  402.  iNous  n'osons  déterminer  sa  signification 
dans  le  passage  suivant  ;  peut-être  pourroit-on 
l'expliquer  par  contraction.  On  lit,  dans  un  fabliau 
intitulé  la  Sénéflance  de  fA  B  C,  en  parlant  de  la 
lettre,  etc.  : 

Ceste  lettre  est  en  tel  point  fête, 
S'elle  estoit  ostée,  et  defTete, 
L'a  b  c  petit  poi  vaudroit, 
Si  vous  di  que  il  n'i  faudroit 
Par  li  côntriction,  ne  moz. 

Fabl.  MSS. du  R.  n'  7-218,  fol.  128,  R"  col.  I. 


(1)  «  I.i  altre  en  vunt  cuntreval  flotant.  »  (Roland,  v.  2472.)  (N.  E.) 

(2)  Fabliaux  et  contes ,  t.  II,  p.  106.  Ce  sens  est  déjà  dans  Roland  (v.  1984):  «  Jamais  n'iert  hun  ki  tun  cors 
cuntreiHiillet.  »  (N.  E.) 

(3)  On  lit  encore  au  reg.  JJ.  207,  p.  298,  an.  1483  :  «  Jehan  de  Tinteville  se  tira  devers  le  suppliant,  et  lui  dist  qu'il  avoit 
congié  de  nous  de  soy  venger  de  l'oultrage  et  desplaisir  que  les  habitans  de  la  ville  d'Avignon  lui  avoient  fait  ;  mais  qu'il 
fist  ladite  conlrevcngc,  hors  de  nostre  royaume.  »  (N.  E.) 

(4>  On  lit  dans  Kervyn  (III,  182):  «  Nous  revenrons  (car  le  matère  le  requert)  as  gherres  de  Haynnau  et  à  le 
contrcven<jeance  que  li  roys  de  France  i  fist  prendre  par  le  duc  Jehan  de  Normendie  sen  aisnet  fils.  »  (n.  e.) 

(5)  On  lit  dans  une  Ordonnance  de  1348  :  «  Par  vertu  du  gênerai  commandement  que  nous  aviens  fait  faire  pour  cause 
de  nos  guerres,  que  aucun  ne  guerroiast,  ne  fît  aucun  contrevangement.  »  Le  sens  est  guerre  privée  ,  vendetta  comme  au 
reg.  121,  p.  18,  an.  1382  :  «  Ledit  Hennequin...  accompaigné  d'aucuns  de  ses  parens  et  amis,  par  manière  de  guerre  et  de 
contrevenijameni  ala  es  maisons  et  hoslelz  d'aucuns  des  parents  et  amis  dudit  Mahieu.  »  (N.  E.) 

(6)  C'est  le  sens  dans  Froissart  (II,  119,  121);  le  complément  de  la  personne  se  construit  avec  à  ou  sur.  Voyez  aussi  les 
Ord.,  V,  p.  378,  an.  1370,  conircvenyuant.  (n.  e.) 

(7)  Voyez  contre-apoial.  (N.  E.) 


co 


—  239  — 


CO 


En  ce  sens,  coniriction  viendroil  de  conlvnhere, 
contmctuni.  et  dérivei  oit  sa  première  signification 
de  eontererc,  contritum. 

Conti'iniitei',  verbe.  Contrefaire.  (Nicol,  Monet, 
Cotgrave  et  Oudin.  Dict.) 

Contrise,  suhst.  fém.  Contradiction.  On  lit,  dans 
un  ancien  fabliau  intitulé  le  Tournoiement  Anté- 
christ, où  tous  les  vicessont  personnifiés,  et  où  la  con- 
tradiction semble  désignée  sous  le  nom  de  contrise: 

Mes,  entre  ices  (parmi  ceux-là),  vi  chevauchier, 
Contrise,  trop  inignotement, 
Que  de  totes  fu  la  plus  coiute  (gentille)  ; 
Conliine  qui  d'orgeil  s'acointe  (s'approche)  , 
Qui  trébuche  touz  ses  acointes  (voisins). 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7015,  t.  II,  fol.  190,  R-  col.  1. 

Conti'iser,  verbe.  Battre,  meurtrir  de  coups. 
Au  propre,  briser.  On  lit,  en  parlant  des  femmes: 

Cil  que  famé  viaut  joustiser  (veut  punir), 
Chacun  jor  la  puet  contrise); 
Et  lendemain  r'est  lote  sains  (est  de  recheO, 
Pour  resoufrir  autre  tel  poine. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  "UIS,  t.  I,  fol.  61,  V-  col.  3. 

Contriuler,  verbe.  Ecra.ser.  Avoit  eontriulat  et 
contriuleit,  dans  S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  283, 
répond  au  latin  contriverat.  Il  est  plus  analogue  à 
VinWmlii  contribuiare . 

Conti'ival,  subst.  muse.  Rival.  (Voyez  Prin- 
temps d'Yver,  fol.  40.)  L'auteur  se  sert  aussi  du 
mot  CuRRivAL  ,  dont  nous  ferons  un  arlicle  ci-après. 

Controbler,  verbe.  Troubler. 

Dolent  fu  de  sa  terre,  dont  il  fu  émanez  frustré) 
Dolent  fu  de  sez  lions,  qui  li  lu  conlroblez. 

Rom.  de  Rou,  MS,  p.  S2. 

VARIAMES  : 
CONTROBLER.  Rom.  de  Rou,  MS.  p.  92. 
CoNTBOUBLER.  Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  112,  V"  col.  2. 
CoNTROL'BLiER.  Ibid.  MS.  de  Bombarde. 
CoNTURBER.  Ibid.  fol.  63,  V"  col.  2. 

Coutrœillader,  verbe.  Regarder  îi  son  tour. 
Rendre  ojillade  pour  œillade. 

Si  la  guignant  (lorgnant),  elle  me  contrœiUade  ; 
Tout  ce  qu'el  dit,  et  bref  un  rien  qu'el  fait. 
Plus  que  des  Dieux  me  semble  œuvre  parfait. 
Pois,  de  Jacq.  Tabur.  p.  301. 

Controlleur,  subst.  musc.  Voyez  les  ditlërentcs 
espèces  de  eonlrolleuri.  dans  Laurière  (Gloss.  du 
Droit  fr.)  On  trouve  controlleur  de  l'artillerie,  au 
siège  de  Gênes,  par  Louis  Xll.  (.f.  d'Auton.  Ann.  de 
Louis  XH,  p.  18'2.)  Controlleur  de  l'Audience  de 
Paris.  (Coût.  Gén.  t.  L  p.  51.)  Controlleur  de  l'au- 
diencier  de  France.  (Miraumont,  Traité  de  la  Cbanc. 
fol.  21.  —  Voyez  ci-dessus  Contrerolleur.) 

Conti'onglé,  adj.  Qui  est  à  rebours,  qui  est  à 
conirepied,  dans  le  sens  propre.  On  a  dit  au  figuré  : 
«  Il  n'y  avoit  si  contronylé  et  dur  cœur  qui  ne  se 
»  retirast,  à  la  contemplation  de  la  caducité,  et 
«  vanité  de  ce  monde.  »  (Contes  d'Eulrap.  p.  270.) 


Controuver,  verbe.  Feindre,  inventer,  suppo- 
ser *.  Trouver  ^. 

*  On  dit  encore  conirouver,  dans  ce  sens.  Choses 
controuvées,  pour  contre  vérité(l).  (Math,  de  Coucy, 
Hist.  de  Charles  VII,  p.  728.)  On  lit  eontreviller  dans 
une  citation  du  Rom.  d"Abladane,  dans  le  P.  Menés. 
(Orn.  des  Arm.  p.  3Ci.) 

^  On  disoit  aussi  autrefois  coH/roi<[w  pour  trouver. 
«  Item  si  aucuns  font  traicles  excessives,  et  volon- 
«  taires  de  plus  grande  somme  que  le  deu,  par 
«  lettres,  ou  debtos  ù  cognoistre,  dont,  par  impuis- 
«  sance  de  pouvoir  conirouver,  [ilusieurs  ont  eu 
«  leurs  biens  exécutez,  etc.  »  (Coût,  de  Haynault  ; 
Coût.  Gén.  t.  I,  p.  809.) 

VARIANTES  (2)  : 
CONTROUVER.  Orthographe  subsistante. 
CoNTROVER.  Chans.  fr.  du  xiii«  siée.  MS.  de  Bouh.  f»  179. 
CoNTREUVER.  Nuicts  de  Strapar.  t.  I,  p.  248. 
CONTRUEVER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  134. 
CoNTREVER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7G15,  t.  I,  fol.  59. 
CoNTREViLLER.  Menestr.  Orn.  Arm.  p.  364. 

Contre  vaille,  subst.  fém  Fable,  mensonge. 
Conlroveure ,  dans  S.  Bernard,  répond  au  latin 
adinventio,  et  vaines  conlroveures,  p.  295,  répond 
au  latin  vana  superstitio.  Le  même  que  Contrecte 
ci-dessus  (3).  (Cotgrave,  Robert  Eslienne  et  Borel , 
Dictionnaire.) 

Mais  ele  tient  mes  dis  à  controvaille. 
Et  dist  tosjors  ke  je  la  vol  (veux)  trair. 

Chans.  MSS.  du  G"  Tbibaud,  p.  Ui. 

Dites  a  toz,  sanz  coutroviire, 
Que  tenir  vueil  cort  à  droiture. 

Fabl.  MSS.  du  R.  u"  7218,  fol.  57,  V"  col.  1. 

VARIANTES  : 
CONTROVAILLE.  Rorel,  Dict. 
CoNTROVEURE.  S.  liern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  272. 
CoxTROUVAiLLE.  Chanson  du  comte  Thib.  p.  5. 
CONTROVURK.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  57. 
CONTROUVEMENT,  sub'jt.  inusc.  Nicot,  Dict. 

Controverse,  adj.  au  fém.  Disputée.  Il  est 
employé  comme  épithète  de  difticulté,  par  M.  de  la 
Porte  ;  on  trouve  disjiute  conlrouverse,  dans  les 
Dialog.  d^  Tabur.  fol.  13G.  Le  passage  suivant 
prouve  plus  clairement  encore  l'explication  de  ce 
mot  :  «  Feroit  que  le  duc  de  Ferrare,  touchant  les 
«  clioses  qu'il  avoit  controverses  avecques  elle,  et 
«  le  duc  d'Urbin  touchant  le  duché  de  Camarin,  en 
«  transigeroient.  »(Mém.  Du  Bellay,  liv.  VII,  fol.  223.) 

VARIANTES  : 
CONTROVERSE.  Mém  du  Bellay,  liv.  VII,  fol.  223  R». 
CoNTROUVERSE  Epith.  de  M.  de  la  Porte. 

Controverser,  verbe.  Mettre  en  controverse. 
(Dict.  d'Oudin.) 

Controversie,  subst.  fém.  et  mase.  Contro- 
verse, dispute,  débat,  procès.  (Xicot,  R.  Eslienne,  et 
Gloss.  de  l'Hist.  de  Bretagne.)  «  En  ce  temps 
«  estoient  les  gens  de  Bretaingne  en  grant  conlro- 
«  versie  (4)  les  uns  contre  les  autres.  »  (Modus  et 


(1)  On  lit  de  même  dans  Froissart  (II,  32i)  :  «  Pluiseur  jongleor  ont  chanté  et  rimet  les  guerres  de  Bretagne  et  corromput 
par  les  chançons  et  les  rimes  co>i trouvées,  le  juste  et  vraie  histoire.  »  (n.  e) 

(2)  Voyez  Renart,  v.  643  ;  La  Rose.  v.  7919,  etc.  (n.  e.) 

(3)  Voyez  plus  haut  controuver.  (n.  e.) 

(4)  On  lit  aussi  dans  Oresme  (Ethique,  230):  «  Et  disoit  que  toutes  choses  sont  faites  par  la  coiilmversie  des  elemens  du 
monde.  >;  On  lit  aussi  dans  Calvin  (.Instit.  Dédie);  «  C'est  en  ces  points  que  gist  nostre  controversie.  »  (N.  e.) 


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CO 


Racio,  Ms.  fol.  325.)  11  est  employé  pour  débat,  procès 
dans  Duchcsne,  Cén.  de  Bélliune,  p.  145,  Ul.  de 
1270,  où  il  est  masculin.  «  Le  controverse  ki  estoit 
X  entre  nous,  etc.  » 

VAIil.-i.NTES  : 
CONTROVERSIE.  Chron.  S.  Denis,  t.  II,  p.  203. 
Controverse  (le).  Duohesne,  Gén.  de  Bethune,  p.  145. 
CoNTROVEHSiTE.  Join\'ilIe,  p.  27  (1). 
CoNTROuvERCiTÉ.  Crétin,  p.  205. 
CoNTROVERsiON.  Ord.  des  R.  de  Fr.  t.  III,  p.  604. 
CoNTROVERTiON.  Ord.  des  R.  de  Fr.  t.  IV,  p.  706,  an.  1368. 

Contumacielle,  adj.  au  fém.  Présumée.  Cet 
adjectif  est  formé  du  substantif  contumace,  «  qui 
«  fait  présumer  le  fuit ,  lorsque  l'accusé  ne  se 
«  présente  pas  pour  se  défendre,  par  vertu  de 
«  vraye,  ou  coutumacielle  recognoissance  aura  la 
«  cedule  exécution.  »  (Coût.  deLiége  ;  Coût.  Gén. 
t.  II,  p.  978.) 

Coutuinacion,  subst.  fém.  Contumace.  (Ord. 
1.  V,  p.  i8.5  (2).) 

Contuinax  ,  adj.  Anoganl.  rebelle.  (Monet, 
Oudin,  rvicot,  Dicl.)  »  La  loy  de  Moyse  veut  que  la 
«  seule  plainte  du  père  faite  devant  le  juge,  sans 
i<  autre  cognoissance  de  cause,  le  llls  rebelle,  et 
«  C0H/i()Hrt,c  soit  lapidé.  "  (Sag.  de  Charron,  p.  189.) 
Nous  écrivons  encore  conlumax,  mais  nous  ne 
l'employons  plus  que  comme  terme  de  droit. 

v.\RiANTES  : 
CONTUM.W.  Orlh.  subsistante. 
CoNTL'MAS,  CoNTUMATS,  plui\  CliroH.  S.  Den.  t.  II,  p.  189. 

Contumélie  ,  subst.  fém.  Outrage  ,  injure. 
(Monet,  Cotgrave,  Nicot,  Oudin,  Dict.)  Du  latin  con- 
tumclia.  (Voyez  Cbron.  S.  Denis,  1. 1,  fol  32.) 

Contumélieusement,  «rfî>.  Oulrageusemeut. 
D'une  façon  injurieuse.  (Colgr.  Dict) 

Contumelieux  ,  adj.  Injurieux.  (Colgrave  , 
Oudin,  DicL) 

Contuteiir,  subst.  masc.  Tuteur  associé,  tuteur 
avec  un  autre  tuteur.  (Coût.  Gén.  t.  1,  p.  767.) 

Convaincre  ,  verbe.  Vaincre,  convaincre  et 
réfuter.  «  S'en  alla  assaillir  l'empereur  de  Perse,  et 
«  le  convainquit,  et  chassa  hors  de  son  empire.  » 
(Joinville,  p.  9;h.) 

CONJUGAISON  : 

Convenkent,  ind.  prés.  Réfutent.  (S.  Bern.  Serm. 
fr.  Mss.  p.  Ii5,  dans  le  latin  confutantur.) 

Convenkit,  cond.  prés.  Réfuteroit.  (S.  Bern.  Ser. 
fr.  MSS.  p.  3ôl,  dans  le  latin  refelleret.) 

Convincu,  partie.  Convaincu.  (Ord.  t.  1,  f°  101.) 

Convenciuz,  partie.  Convaincu.  (S.  Bern.  Serm. 
fr.  MSS.  p.  20,  en  lat.  convictus.) 


Couvent  les  accusors,  pour  réfutoit.  (S.  Bernard, 
Serm.  fr.  mss.  p.  351,  répond  au  latin  refellit 
acctisatores.) 

VARIANTES   : 
CONVAINCRE.  Percef.  vol.  V,  fol.  15,  R»  col.  1. 
CoNVEiNCRE.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  I,  p.  24(3. 
CoNVENCRE.  s.  Bern.  Serm.  Ir.  MSS.  p.  20. 
CoNVENKRE.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  145. 

Convainories.  [Intercalez  Convaineries,  saisie 
dans  Martène,  Anecdotes,  1,  col.  1020,  an.  1385: 
«  Item  que  toutes  co>ivenairies  qui  sont  faites  par 
"  contumaces  ou  autrement  d'un  côté  ou  d'autre, 
«  de  fiefs,  de  trelTons,  de  héritages,  de  franche 
"  rente,  où  qu'ils  gisent,  pour  l'occasion  des 
"  guerres  de  l'un  convaincu  sur  l'autre.  »]  (n.  e.) 

Convalescence,  SHisL  fém.  Santé.  «  Fut  guéri, 
«  et  réduit  à  sa  première  conca/esceuce.  »  (Rabelais, 
t.  II,  p.  281.) 

Convalescer ,  verbe.  Se  rétablir  ,  venir  en 
convalescence.  »  La  royne  voyant  le  r(3yco)tî)^/p.sce)', 
«  et  recouvrer  santé.  »  (J.  d'Auton,  Ann.  de  Louis 
XII,  de  1503,  1505.  fol.  125.)  (3) 

Convalider,  verbe.  Conlirmer,  rendre  valide. 
(Dict.  d'Oudin.  —  Voyez  Convenanciie  ci-après.) 

1.  Convant,  subst.  masc.  Couvent  (4),  monas- 
tère, abbaye. 

variantes  '. 
ro.NVANT.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  III,  p.  1140. 
(io.N'v.ANZ.  Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  502. 
CoNVENS.  Duchesne,  Gén.  de  Béthune,  p.  132. 
CoNVENT,  pour  abbaye.  Duchesne,  Gén.  de  Béth.  p.  138. 
Cov\NS.  Perard,  llist.  de  Bourg,  p.  468. 
Co\  i;ns.  Duchesne,  Gén.  de  Béthune,  p.  131. 
CovENT.  Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  502. 

2.  Convant,  subst.  masc.  Promesse,  condition, 
accord  *.  Disposition,  situation  ^. 

*  On  a  dit  convant  (5),  par  contraction  du  mot  con- 
venant, d'où  viennent  également  les  autres  ortho- 
graphes rapportées.  Nous  disons  encore  quelquefois, 
au  premier  sens,  le  convenant,  pour  ce  qui  est 
convenu. 

Ele  me  faut  de  convant. 

Gantiers  d'Argies.  Poi'S.  MSS.  avant  1300,  t.  III,  p.  lUO. 

Maternent  m'a  covent  tenu. 

Rich.  dePurniv,  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  II,  p.  690. 

Tenir  couvent  signifie  exiger  (6),  dans  ce  vers  : 

....  Sa  prouesce  tient  co>n<ent,  etc. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7G15,  t.  II ,  fol.  10.5,  R-  col.  1. 

1»  On    disoit  aussi  par  convenant,   pour    sous 
condition,  par  couvent  ke,  à  condition  que  (7).  (M" 
Guesnes,  Poës.  mss.  av.  1300,  t.  Ill,  p.  981.) 
I     2°  Avoir  en  convenant,  en  covent,  à  convenant. 


(1)  Ce  mot  n'a  point  place  au  Glossaire  de  l'édition  de  Wailly.  (n.  e.) 

(2)  Voyez  aussi  Renart,  p.  521,  an.  1372.  (n.  e.) 

(3)  On  trouve  le  prétérit  cnnvalu  de  convaloir,  au  reg.  J.I.  169,  p.  285,  an.  1416  :  «  Après  aucuns  jours  icelle  femme   releva 
et  convahi  aucunement.  »  (N.  E.) 

(4)  Ce  mot  et  le  suivant  sont  mieux  écrits  et  prononcés  couuenf  ou  couejîJ,  car  le  peuple  ne  tolérait  pas  le  n  devant 
le  V.  (N.  E.) 

(p)  Conveni,  de  conventum,  s'est  prononcé  convant,  quand  les  participes  présents  des  trois  dernières  conjugaisons  ont 
été  assimilés  à  ceux  de  la  première,  (n.  e.) 

(6)  Ou  tenir  son  engagement.  (Froissart,  II,  272.) 

(7)  Froissart  (II,  291  ;  VI,  29).  (n.  e.) 


co 


—  241  — 


CO 


pour  promettre.  (Histoire  de  Bertrand  du  Guesclin, 
Froissart  (1),  etc.) 

En  covetU  m'avez, 

Que  jaurai,  etc. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7-218,  fol.  280,  R"  col.  1. 

3°  Dire  par  couvant,  semble  mis  pour  protester, 
dans  ces  vers  : 

Devant  le  distrent  par  couvant, 
Qu'aler  ne  pooient  avant. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  721S,  fol.  291,  V  col.  1. 

On  a  dit  proverbialement  :  Convenant  mine  loy  (2). 
(Assises  de  Jérus.  p.  88.)  C'est-à-dire  la  parole 
donnée  est  au-dessus  de  la  loi.  (Voyez  sous  l'arlicle 

CONVENANCHE.) 

°  Convenant  ayant  signifié  accord,  promesse, 
arrangement,  dans  une  signification  particulière, 
s'est  employé  généralement  pour  disposition  , 
l'action  d'arranger,  de  disposer,  et  de  là,  par 
extension,  pourétat,  situation.  Il  signifiedisposition 
dans  les  les  passages  suivans  :  ■>  Si  arrouterenl 
"  leurs  vaisseaux,  et  les  mirent  en  bon  convenant, 
o  et  vindrent  assez  près,  etc.  »  (Froissart,  liv.  1, 
p.  40.)  "  Les  besongnes  sont  maintenant  en  bon 
«  poinct,  et  en  ferliie  convenant.  »  ild.  liv.  Ill, 
p.  91)  "Le  gentil  seigneur,  l'espée  au  poing,  le 
"  visaige  contre  ses  ennemis,  et  en  aussi  bon 
«  convenant  qu'il  esloif  possible  d'estre  ,  fut 
«  prins  prisonnier.  »  (.1.  de  S.  Gelais,  Histoire  de 
Louis  XII,  p.  62.)  Froissart,  parlant  delà  bataille  de 
Poitiers,  dit  :  «  La  bataille  du  roy  s'envenoit  de  bon 
«  convenant,  «  c'est-à-dire,  enbonne  disposition. 
(Froissart,  liv.  1,  p.  192.)  On  trouve  plus  baut  (ibid) 
contiennanent  mis  commesynouyme  de  C07ivenan  t. 
(Voyez  ci-après  Convenir.) 

Ce  mot  s'explique  par  état,  situation,  dans  ces 
autres  passages  : 

Si  je  revieng  en  mon  convent. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  213.  V-  col.  1. 

C'est-à-dire  dans  un  état  qui  me  convienne. 

Cil  ki  sevent  mon  convenant, 
Me  client  bien,  mes  iex  voyant, 
Ke  je  languis,  et  vois  morant. 

Gonliers,  Poès.  MSS.  avant  1300.  T.  111,  p.  1033. 

On  disoil  : 

Sire,  com  vos  est  convenant  9 

Fabl.  MSS.  du  R.  n*  7615,  t.  II,  fol.  175,  V  col.  1. 

Littéralement,  comme  est  votre  état,  comment 
vous  portez- vous  ?  (3) 


VARIANTES  : 
CONVANT.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  55,  Vo  ool.  I. 
CovANT.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  t.  I,  fol.  71,  R°  c.  2. 
CovENT.  Villehard.  p.  19  ;  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  II,  p.  690. 
Couvent.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  IV,  p.  13'i2. 
Couvant.  Fabl  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  291,  V»  col.  1. 
CovENANT.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  III,  p.  1221. 
Covenaunt.  Britt.  Loix  d'Anglet.  f»  95  R». 
CouvENANT.  Chron.  S.  Denis,  t.  Il,  fol.  18  R». 
Convenant.  Joinv.  p.  95  ;  Assises  de  Jérus.  p.  89. 

Convassal,  subst.  masc.  Terme  de  fief.  Associé 
dans  la  vassalité.  (Dict.  de  Cotgrave  et  d'Oudin.)  On 
lit  :  »  Compagnons,  ou  convassaux  tenans  fiefs  du 
"  dit  seigneur.  »  (Coutumes  de  Chauny,  Coût.  Géii. 
t.  I,  p.  660.) 

Convenable,  adj.  Qui  est  comme  il  faut,  qui 
est  séant,  qui  convient,  qui  est  à  propos.  Ce  mot, 
dans  S.  Bernard,  répond  au  latin  cotigruua.  Jor 
convenable  .  dans  la  Thaumassièie,  cité  ci-dessus, 
répond  ,  dans  le  même  litre  ,  au  latin  (lies 
comjruiis. 

Ce  mot  subsiste  sous  la  première  orthographe  ; 
mais  on  ne  dit  plus  :  à  dixtraiz-  d'arc  convenables, 
pour  à  la  distance  raisonnable  de  dix  traits  d'arc. 
(G.  Guiart,  ms.  fol  292  :  Sa  significatin;!,  dans  le 
passage.-uivant, s'éloigneencore  plusdel'usage sub- 
sistant :  «  .lacquesd'Arlevelle  avoit  un  fils  qui  s'ap- 
«  pelloit  Philippe,  assez  convenable,  et  gracieux.  » 
(Froissart,  liv.  H,  p.  128.  —  Voyez  Convenant  et 
CouviGNABLE  ci-après.) 

VARIANTES  : 
CONVENABLE.  Orth.  subsistante. 
CovENABLE.  Rvmer,  t.  I,  p.  114,  col.  2,  titre  de  1270. 
Cou\-fNABLE.  G.  Guiart,  MS.  fol.  292. 
CuNVENABLE.  Marbodus,  col.  1644. 
CuvENABLE.  Marbodus,  MS.  de  S.  Victor. 

Convenable,  subst.  7nasc.  Homme  à  gages. 
Proprement  celui  avec  qui  on  a  fait  un  marché, 
une  convenlion.  On  dit,  du  duc  de  Bourgogne  qui 
fil  assassiner  le  duc  d'Orléans,  en  141 1  :  ■  Nonobs- 
«  tant  toutes  choses  promises,  et  devant  dictes,  il 
«  le  feit  tuer  plus  cruellement,  et  plus  inhumaine- 
»  ment,  fiu'oncijues  ne  fut  veu  homme,  de  quelque 
«  estât  qu'il  fut,  de  ses  meurdriers  convenables,  et 
«  locatifs,  etc.  »  (Monstrelet,  vol  l,  fol.  119.) 

Convenableté,  subst.  fém.  Convenance.  Ce 
mot  est  rendu  par  aptitudo,  dans  le  Glossaire  du  P. 
Labbe,  p.  588. 


(1)  1»  Promettre  :  «  On  lui  eut  en  convent  à  faire  double  raenchon.  »  (Kervyn  ,  II,  173.)  2"  Certifier  :  «  Et  vous  ay  en 
convent  que  y  fîsent  la  mainte  belle  aperlise  d'armes.  »  (IV,  71.)  Voyez  aussi  Ord.,  'V',  509,  an.  1352.)  (N.  E.) 

(2)  En  droit  Romain,  toute  convention  ne  liait  point  les  parties  et  ne  devenait  contrat  que  si  elle  était  rédigée  dans 
certaines  formes  ;  au  cas  contraire,  c'était  un  pactum  ntidum  ne  permettant  point  aux  parties  de  se  poursuivre  l'une 
l'autre.  Au  moyen  âge,  on  ne  fait  plus  cette  distinction  :  «  Totes  convenanres  sont  à  tenir,  écrit  Beaumanoir,  et  por  ce 
convenance  loy  vainc.  »  C'est  le  sens  de  Tadage  populaire  rapporté  par  Loysel  (Inst.  Coût,  n»  357)  :  «  On  lie  les  bœufs  par 
les  cornes  et  les  hommes  par  les  paroles.  »  La  simple  convention  est  devenue  un  contrat,  et  l'article  1134  du  Code  Civil 
dit  encore  que  les  conventions  légalement  formées  tiennent  lieu  de  loi  à  ceux  qui  les  ont  faites.  Les  rédacteurs  du  Code 
ont  sans  doute  traduit  la  variante  :  «  Convenance  loy  vaut.  »  (N.  E.) 

(3)  Convenant  signifie  donc  1°  promesse  ,  engagement  :  «  Chacun  en  rala  en  son  lieu  sur  convenant  de  revenir  à 
l'endemain.  »  (Froissart,  III,  2U7.)  La  Fontaine  a  dit  encore  dans  la  Coupe  :  «  Caliste  eut  liberté  ,  selon  le  convenant.  » 
2°  Ce  qui  a  été  promis  :  «  Damoiselle,  car  prenez  La  çainture  maintenant,  Et  le  matin  siraurez  Trestout  l'autre  convenant.  » 
(Laborde,  173.)  3"  Combat  :  «  Nous  arons  huy,  s'il  plaist  à  Dieu  et  à  Saint  George,  convenant  d'armes,  si  volons  ,  que  vous 
soyés  chevaliers.  »  ^Froissart,  IX,  207.)  4"  Ordonnance  d'un  coips  d'armée.  Voyez  les  exemples  cités  et  Froissart  (11,  162): 
«  Quant  li  seigneur  d'Engleterre  veirent  le  convenant  et  l'ordonnanche  as  Escos.  »  5»  Intentions  :  «  Frère  vous  avez  bien 
01  mon  ■•(i/ii't'(i[i).(.  »  (P.  Paris,  Romancero,  p.  33.)  6"  Détails  d'un  récit  :  «  Et  demanda  as  chevaliers  bretons  qui  là  estoient 
aucuns  convenans  de  chiaux  de  l'host.  »  (Froissart,  IV,  44.)  (N.  E.) 

IV.  31 


co 


—  242 


CO 


Convenance, pftj'^ic.  Accordé,  convenu  (l).  ■■  11 
«  nous  faut  adviser  à  trois  clioses  ;  premièrement 
«  de  tenir  les  uns  aux  autres  ce  qui  a  esté  promis, 
•  et  convenance,  etc.  »  (Le  Jouvencel,  sis.  p.  75.) 

Convenanche,  suhst.  viasc.  Accord,  conven- 
tion ,  promesse,  faction*.  Discrétion^.  Espèce 
d'acte'^  (2).  iVoy.  Convant  ci-dessus.)  Ce  mot  subsiste 
sous  la  seconde  des  orthographes  citées,  mais  non 
dans  le  sens  que  nous  exposons. 

*  On  disoit  convenances  (3),  comme  promesses, 
pactions.  «  Eurent  promesses,  et  coHVCJirtnccs  d'eux 
«  rendre  le  lendemain.  »  (l'roissart,  liv.  I,  p.  i)G.) 

Certes  je  ne  fais  pas  ansi 

Cou  cil  (comme  celui)  qui  sert  sans  covenance. 

Baudoin  des  Autieus,  l'oes.  MSS.  avanl  1300,  t.  U.  p.  134. 

C'est-à-dire  comme  celui  qui  sert  sans  pactions. 

^  De  Ui,  le  mol  convenance  a  été  appliqué  à  ce 
que  nous  nommons  aujourd'hui,  en  terme  de  jeu, 
discrétion.  •<  Ay  aujourdhuy  gagné  de  luy ,  à  la 
«  paulme,  une  convenance.  »  fGodefroy,  Rem.  sur 
lllist.  de  Charles  VII,  p.  89G.) 

"^On  appeloit  aussi  convenance  ou  appointe- 
vient  (4),  une  espèce  d'acte  dont  il  est  parié  dans  le 
Nouveau  Traité  de  diplomatie,  t.  I,  p.  307. 

Façon  de  parler  :  Avoir  covent  ou  en  covent,  pour 
promettre,  convenir.  (Duchesne,  Gén.  de  Chastillon, 
p.  45,  titre  de  123G.) 

Nous  citerons,  sur  ce  mot,  les  proverbes  suivans  : 

1.  «  Mieulx  vault  courtoysie  de  gré,  que  ne  fait 
«  convenance.  »  Pour  dire  qu'une  chose  accordée 
librement  vaut  mieux  que  celle  qui  est  donnée  en 
vertu  d'une  paction.  (Percef.  vol.  5,  fol.  32.) 

2.  «  Convenancli  e  xAinc  loi(5),  »  une  promesse  est 
plus  forte  que  la  loi.  (Beauman.  p.  173.) 

VARIANTES  : 

CONVENANCHE.  Hist.  de  Beauvais,  par  un  Bénéd.  p.  273. 
Convenance.  Orth.  subsist.  ;  Duch.  Gén.  de  Chast.  p.  14. 
CoNVENCE.  Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  460,  lit.  de  1246  (6). 
CoNVENENCE.  Contin.  de  G.  de  Tyr,  Marlène,  t.  V,  c.  723. 
CouvENANCE.  Poës.  MSS.  av.  130O,  t.  III,  p.  •1241. 
Covenance.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  II,  p.  734. 
CoNVEANCE.  Ord.  t.  V,  p.  495. 
Couenence.  Duchesne,  Gén.  de  BéthunG,  p.  373. 
CoNVAN.  Jurainv.  Hist.  du  comté  d'Aussonne,  p.  27. 
Convenant.  Loix  Norm.  art.  27,  en  latin  convenlio. 
Covent.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  37,  en  latin  ju«c(u»i. 

Convenancher,  verbe.  Convenir,  promettre, 
être  d'accord.  (Robert  Estienne,  Nicot,  Monet, 
Oudin,  Corel,  Colgrave,  Corneille,  Dict.  ;  et  le  Gloss. 
de  l'Histoire  de  Paris.)  «  Y,s,{o\\.convenanciei:ci\Si\\{Y& 
«  cà  ouvrer.  »  (Ord.  t.  III,  p.  5t»l.)  (7) 


Tout  vostre  suy,  je  le  vous  convenance. 

Kust.  Descli.  Po.'s.  MSS.  fol.  150,  ool.  8. 

Cil  à  cheval,  et  cil  à  pié, 

Si  comme  il  eurent  convencié, 

Tindrenl  leur  ère,  et  leur  compas. 

Rom.  de  Rou,  MS.  p.  317. 

VARIANTES  : 
CONVENANCHER.  Beauman.  p.  248. 
Convenancer.  Joinv.  p.  17  ;  Farce  de  Path.  p.  87. 
CONVENANCIER.  Ord.  t.  I,  p.  445. 
CoNVENENCiER.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  225  R". 
CONVENCER.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  II,  p.  688. 
CoNVENCiER.  Roman  de  Rou,  MS.  p.  317. 
CONVENTEIR.  s.  Bern.  Ser.  fr.  MS.  p.  263,  en  lat.  rondttxit. 
CouvENCHEK.  Beaunianoir,  p.  30  et  31. 

Convenanciers,  adj.  au  plur.  On  appeloit 
hommes  convenanciers  ceux  qui  tiennent  des 
domaines  congéables  et  droits  convenanciers,  les 
droits  (lui  leur  appartiennent.  Ainsi  ce  mol  s'est 
également  appliqué  à  la  personne  qui  possède  le 
droit  et  au  droit  même.  Dans  le  premier  sens,  on 
lit  :  '•  Les  seigneurs  pourront  faire  exercer  leur 
«  jurisdiction,  et  confection  d  inventaire,  sur  leurs 
"  hommes  convenanciers,  etc.  »  (Proc.  verb.  de  la 
Coul.  de  Brct.  Coul.  Gén.  t.  II.  p.  837.) 

Dans  le  second  :  «  Les  améliorations  ([ue  fait  le 
«  détenteur,  sont  appellées  édifices,  ou  superfices, 
»  et  plus  communément  droils  convenanciers,  ou 
«  droits  reparaloires  :  !e  bailleur  s'appelle  seigneur 
»  foncier,  et  celuy  qui  reçoit  domaiiier,  convenan- 
«  cier,  et  superficiaire.  »  (Coût,  de  Bref.  Nouveau 
Coul.  Gén.  t.  IV,  p.  414.  —  Voyez  ci-dessous  droits 
convenants,  sous  l'art.  Convenant.) 

Convenant,  suhst.  masc.  Droit  seigneurial. 
«  Usance  particulière  de  quelques  cantons  de 
Cl  Bretagne.  C'est  proprement  la  prestation  deue  au 
«  seigneur  par  le  roturier  qui  lient  quelque  chose 
«  de  luy  en  domaine  congeable  (8).  «  iGloss.  de 
l'Hist.  de  Bret.) 

Convenant  (Voyez  Conve.nable.),  adj.  On  trouve 
droits  convenants  dans  la  préface  de  l'Hist.  deBret. 
par  D.  Maurice,  23'  Preuves,  p.  XVII.  (Voyez  l'article 
précédent  ; 

Convenaulement,  adv.  Convenablement  (0). 
(S. Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  11.  —  Vov.  Beaumanoir, 
page  12.) 

Convencii*,  wr?;?.  Mot  dépravé  Limer  doux, 
selon  le  Gloss.  de  Labbe,  p.  ."lOS.  En  latin  frendere, 
qui  ne  paroil  avoir  aucun  rapport  avec  convencir. 
Le  Gloss.  de  Labbe  est  plein  de  fautes. 

Convenenieut.  [Intercalez  Convenement,  chi- 
rographe ,  convention  écrite  :    «  Ly  abbés  et   ly 


(1)  C'est  le  participe  de  convenancer  ou  de  convcnanchier.  (Voir  plus  bas.)  (N.  E.) 

(2)  Convencnces  ou  convenant  signifiait  aussi  situation  :  «  Et  bien  sçavoit  plus  que  nul  autre  des  convenences  et   all'aires 
du  duc  de  Glocester.  »  (Froissart,  XVI,  13.)  (n.  e.) 

(3)  Avoir  convenance  à  quelqu'un  signifie  être  engagé  :  «  Puisqu'il  li  avoit  convenance  de  aidier.  »  (Froiss.,  IV,  66.)  (N.  E.) 

(4)  C'est  une  convention  divisée  en  articles,  en  poî» (s  sur  lesquels  on  se  mettait  d'accord.  Voy.  plus  haut  CoruitHant.  (N.  E.) 

(5)  Loysel  disait  encore  au  xvi"  siècle  (Institutes  Coutumiéres,  356)  ;  «  Convenances  rompent  loi.  »  (Voir  Convenant.  (N.  E.) 

(6)  Voyez  aussi  Ord.,  VI,  p.  229,  an.  1376  :  «  Seront  les  marchans  tenus  de  baillier  bons  et  souflisans  pièges   de  païer  et 
accomplir  leur  niarchié  et  convences.  »  (N.  E.) 

(7)  «  Mais  je  vous  créante  et  convenance  que  je   en  ferai   mon  pooir.    »   (Froissart,   V,   213.)   C'est  aussi  prendre  un 
engagement  :  «  Li  aucun  payèrent,  li  autre  se  coywenencierent  et  s'aterminerent  à  payer.  »  (IV,  257.)  (N.  E.) 

(H)  On  lit  aux  Lois  de  Guillaume  (27)  :  «  Si  hom  volt  derainer  couenant  de  terre  vers  soun  seignor.  »  (N.  E.) 
(9)  On  lit  dans  l'édition  Leroux  de  Linoy  (527)  :  «  Et  ceu  si  avint  molt  convenaulement ,  et  molt    saigement   l'ordinat  li 
sapience.  »  (n.  e.) 


co 


—  243  — 


CO 


«  convens  m'ont  bailliée  des  convenemens  devant 
<■  dis  lettres  scellées  de  leurs  seaulx  et  cyrographes 
0  à  ces  présentes  lettres.  «  (Charte  de  1262,  Cart. 
de  21  Corbie.  »]  (n.  e.) 

Convenience,  subsl.  (cm.  Convenance,  rap- 
port. On  lit,  en  ce  sens  :  "  qu'amour  prend  son 
«  origine,  et  naissance,  de  doulce  convenience  :  de 
"  courage,  et  de  haine  procède  hostilité.  »  (Tri.  des 
IX  Preux,  p.  264.) 

Convenient,  adj.  Convenable,  nécessaire.  Ce 
mol  subsiste  encore,  à  peu  près  en  ce  sens,  sous  la 
deuxième  orthographe.  «  Donne  moy,  très  piteux 
«  père,  ferme  foy,  convenient  espérance,  et  conti- 
0  nuel  charité.  >■  (Chasse  de  Gaston  Phébus,  ms. 
page  370.)  On  disoit  aussi  faire  au  convenant,  poui' 
faire  ce  qui  convient,  ce  qui  est  nécessaire.  (Fabl. 
Mss.  du  R.  n-  7218,  fol.  146.) 

VAIiI.\NTES  : 

CONVENIENT.  Contredit  de  Songecr.  fol.  7  R». 
Convenant.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f»  146,  R»  col.  2. 

1.  Convenir,  verbe.  S'assembler*.  Terme  de 
procédure  ^.  Ordonner,  disposer  *=. 

*  Nous  disons  encore  convenir  dans  un  sens 
différent  de  ceux  (|ue  nous  venons  de  marquer. 
Sous  la  première  acception,  ce  mot  signifie  propre- 
ment venir  avec,  se  réunir,  s'assembler.  "  Où  le 
«  peuple  comi?en;,  et  fréquente  le  plus.  "  (Dialog. 
de  Tahureau,  f''132.)  «  Fut  assigné  jour  pour  ("OMye- 
«  nir  ensemble  assez  près  de  Meulent.  »  (J.  le  Fev. 
de  S.  Remy,  Hist.  de  Charles  VI,  p.  153.)  (1) 

^  En  termes  de  procédure,  convenir  signifioit 
assigner,  indiquer  un  jour  pour  venir  en  justice 
avec  le  demandeur  (2).  «  Lq  convint  z\x  parlement  de 
«  Paris,  l'assigna,  etc.  »  (Xaudé,  Des  coups  d'Etat, 
chap.  I,  p.  272.) 

'^  Enfin  ce  mot  s'est  pris  souvent  pour  ordonner, 
disposer,  prendre  soin,  d'où  s'est  formée  l'acception 
de  couvant,  convenant,  pour  disposition  prise  dans 
le  sens  générique.  «  Lors  vindrenl  dames,  etdamoi- 
«  selles  veoir  l'enfant,  et  convenir  {?>),  si  comme  la 
«  coustume  esloit.  »  (Percef.  vol.  IV,  f°  65.)  En  ce 
sens,  convenir  régissoit  plus  souvent  le  génitif. 

....  Laissiez  les  Dieux  convenir 
De  les  tous  détruire,  et  pugnir. 

Eust.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  482. 

«  Laissez  convenir  du  tout  au  Dieu  souverain; 
«  car  je  tiens  qu'après  ceste  trihulation,  il  viendra 
«  ung  temps  de  paix.  »  (Percef.  vol.  IV,  f-  72.) 
«  Quant  li  baillislesse  convenir  prévôts,  etserjans, 
«  et  la  mesnie  (domestiques)  de  son  oslel  plains  de 


«  malice,  che  (ce)  sont  leus  (loups)  entre  brebis.  ■> 
(Beaumanoir  (4),  p.  10.) 
Convenir  est  pris  substantivement,  dans  ce  vers: 

Mes  du  tiers  soit  au  cnm^enir  (5). 

FabK  MSS.  du  R.  n"  721S,  fol.  13.  R'  col.  2. 

C'est-à-dire  reste  à  disposer  du  troisième. 

Conjugaison  : 

Convendra,  futur.  Conviendra.  (Estrub.  Fables, 
page  87.) 

ijonvenist,  \m\-).  subj.  Convînt.  (Gloss.  de  l'Hist. 
de  Paris.) 

Conrenroit,  imp.  subj.  Conviendroit.  (Beauman. 
page  13.) 

Conviengnc,  subj.  prés.  Convienne.  (Eust.  Desch. 
folio  118) 

Convienssit,  imp.  subj.  Convint.  (Gloss.  de  l'Hist. 
de  Paris.) 

Convient,  participe.  Convenu.  (Beauman.  p.  233.) 

Convismes,  imp.  subj.  Convinsmes.  (Perceforest, 
vol.  I,  fol.  122  ) 

Convens,  part.  Convenu.  (Gérard  de  Nevers , 
r°  partie,  page  20.) 

VARIANTES  : 

CO.WEXIR.  Orth.  subeist.  (Voyez  Covenir  ci-dessous.) 
CouvENiR.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f»  319. 

2.  Convenir,  vt'/"&e.  Falloir,  être  nécessaire  (6). 
(S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.) 

Conjugaison  : 
Convanra.  Il  conviendra,  il  faudra.  (Du  Plessis, 

Ilist.  de  Meaux,  p.  127,  tit.  de  1231.) 
Convenivet.  Il  convient.  (S.  Bern.  Serm.  français 

MSS.  p.  135.) 
ronvnîffl.  Il  conviendra.  (Duch.G.  deChast.  p.  14.) 
Convent.  Convenu.  (Duch.  Gén.  de  Bar,  p.  32.) 
Covendra.  Conviendra.  (Rymer,  t.  I,  p.  114.) 
Converat.  Il  faudra.  (S.  Bern.  Serm.  fr.  p.  254.) 
Convignet.  Il  est  nécessaire.  (Idem,  p.  2.37.) 
Covenist.  Il  faudroil.  (Idem,  p.  29.) 
Covevrit.  11  est  nécessaire.  (Idem,  p.  .357.) 
Covient  II  faut.  (Idem,  p.  6.) 
Covient-il.  Il  convient.  (Rymer,  t.  I,  p.  13.) 
Covignet.  Il  faille.  (S.  Bern.  Serm.  fr.  p.  .56.) 
Cunvendra.  Il  conviendra.  (Marbodus.) 
Cuverait.  Il  faudra.  (Loix  Norm.  art.  27.) 

Convent  (7),  nubst.  masc.  Classe,  ordre*.  Festin, 
assemblée  ^.  Conclave  '^.  Ordre  de  chevalerie  °. 
Paradis  ^. 

*  Dans  le  premier  sens,  on  a  dit  : 


Trop  sont  de  haut  convent. 
Monjot  de  Paris,  Poès. 


MSS.  av.  1300,  t.  II,  p.  fi44. 


(1)  «  Et  s'en  vint  en  sa  ville  de  Mons  en  laquelle  ville  il  fist  assambler  et  convenir  les  trois  estas  de  Haynnau.  »  (Froiss., 
XV,  277.)  Laissier  convenir  signifie  laisser  faire  (id.,  II,  118)  :  «  Et  encore  en  eiiissent  plus  ocis,  qui  les  euïst  layet  convenir  »  ; 
de  même  au  t.  IX,  p.  222:  «  Tant  faissieceiit  ces  felles  gens  comie>urque  il  furent  signeurit  et  menet  par  iaulx.  »  C'est 
l'équivalent  de  laisser  ester.  (N.  E.) 

(2)  «  Audoin  repondoit  qu'Oudin  Malet  avoit  fait  convenir  par  devant  lui  au  Chastellet  Richart  de  Vitry.  »  (.1,1.  138  ,  p.  98, 
an.  1389.)  (n.  e.) 

(3)  C'est  plutôt  l'acception  .\.  (n.  e.) 

(4)  Ed.  Beugnot,  p.  26.  (N.  E.) 

(5)  Il  peut  alors  signifier  hasard  :  «  Unt  mais  tut  mis  au  co>ivenir.  »  (Chr.  des  ducs  de  Norm..  v.  2085.)  (n.  e.) 

(6)  Le  verbe  est  alors  impersonnel  :  «  Si  les  convint  retraire  en  leurs  hostels.  »  (Froiss.,  II,  116.)  (N.  E.) 

(7)  Rapprochez  ce  mot  de  <'o/i!'fr))i,  dont  il  ne  différait  que  par  la  prononciation;  au  xvi"  siècle  encore,  il  covient  se 
prononçait  il  coviant.  (Palsgrave,  p.  4.)  (n.  e.) 


co 


—  244  - 


CO 


C'est-à-dire  de  trop  hautparage. 

^  Dans  le  second  sens,  ce  molaéié  employé  pour 
festin,  ou  autre  assemblée,  du  verbe  convenir, 
s'assembler,  se  réunir  ;  il  dérive  ses  différentes 
acceptions  de  celle  élymologie  : 

....  Telz  noces,  et  tel  conveni 
Ne  sont  que  coûts,  et  moquerie. 

Eusl.  Desch.  Poos.  MSS.  fol.  498,  col.  2. 

^  De  là,  on  a  ûilcovant,  pour  conclave,  assemblée 
des  cardinaux  : 

Si  s'asenblent  assés  sovent 
Et  en  chapitre,  et  en  cuvant. 

FM.  MSS.  du  R.  n'  ICI  j,  l.  I,  fol.  08,  V'  col.  2. 

"  On  s'est  aussi  servi  de  ce  mol  pour  désigner  un 
ordre  régulier  de  chevaliers  assemblés  et  réunis  en 
corps  pour  vivre  sous  la  uième  règle.  »  Le  maislre 
«  de  l'ospital,  frère  Pierre  de  ViUebi'ide,  qui  celé 
"  treveavoit  jurée  au  soudan  de  Dumas,  se  parti  de 
«  Jaffé,  à  tout  son  conveni  (1),  et  s'en  ala  en  Acre.  » 
(Conlin.  de  G.  de  Tyr,  Marlène,  t.  V,  col.  Tl'i.)  On  lit 
plushiut,  1.  V,  col.  715:  •  Frère  Garnier  maistie  de 
"  l'ospital  de  S.  Johaii  i  avoit  tout  son  conveni,  et 
«  bien  avoit  en  celui  ost  chevaliers,  etc.  » 

^  EuOii  on  a  dit  conveni,  pour  le  paradis,  l'assem- 
blée des  saints.  "  Le  petit  entre  les  plus  pelitz,  sire 
«  Dieux,  père  de  ma  vie,  et  de  ma  vertu,  confesse 
«  moy  indigne  d'entrer  dans  ton  couvent  (2).  » 
(Chasse  de  Gaston  Phébus,  .ms.  p.  410.) 

VARIANTES  : 
CONVENT.  Poës.  MSS.  avant  1300,  t.  II,  p.  645. 
COVANT.  Fabl.MSS.  du  R.  n»  7615,  t.  I,  f»  68. 

Convention,  subst.  fém.  Assemblée.  Du  verbe 
Convenir  ci-dessus  ,  s'assembler.  «  En  intention 
«  d'estre,  et  se  trouver  à  la  convenlion  qui  se  devoil 
"  tenir  par  l'empereur,  cl  les  autres  princes  pour 
«  faire  résistance  contre  le  Turc  et  les  Infidelles.  .- 
(Math,  de  Coucy,  Ilisl.  de  Charles  VII,  p.  G97.) 

Conventuel,  adj.  Nous  lisons  :  «  qu'un  prieur 
"  esl  oicl  cunvenluel  {3),  quand  il  a  avecquesluy, 
«  trois  ou  quatre  frères  qui  chantent  toutes  les 
«  heures  à  notes,  comme  grand  messe,  matines.  » 
(Gr.  Coût,  de  France,  liv.  UI,  p.  289  ) 

Conventuels,  s«&s^  mnsc.  plur.  On  nommoit 
ainsi  les  cordeliers  (4),  suivant  La  Pioque  ^Origine 
des  noms,  p.  249.) 

Convenue,  subst.  fém.  Aventure,  bonne  for- 
tune. Peut-être  aussi  le  même  que  cohwhh  ci-après, 
dessein,  résolution. 


Li  bons  moines  aime  la  dame,.... 

Et  s'il  senst  la  convenue. 
Que  la  dame  l'amast  si  fort  ; 
Confortez  fust  de  grant  confort. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  1218.  fol.  295,  V  col.  2. 

1.  Convers,  siibsl.  inasc.  iilur.  Lieux  couverts. 
Ce  mot  est  mis  ici  pour  couvert,  et  désigne  soit  des 
bois  épais,  soit  des  antres,  des  retraites  de  bêtes. 
Dans  une  description  de  la  forêt  d'Ardenne , 
on  lit  : 

Ardane  ert  moult  grant,  à  cel  jor, 
Et  porprenoit  (comprenoit)  moult  a  son  tor  ; 
Quar  plus  duroit  donc  li  convers  (5), 
Sanz  la  merveilles  (l'horreur)  des  desers, 
Que  or  ne  dure  tôt  Ardane. 

Parlon.  de  Blois,  MS.  de  S.  G.  fol.  )25,  V  col   3  (6). 

2.  Convers,  S!i/;sf.  masc.  Moine  *.  Homme  con- 
verti ^. 

*  On  a  nommé  convers  et  conviers,  du   latin 

conversus,  un  moine  qui  est  entré  dans  la  religion 

dans  un  âge  avancé.  (Gloss.  de  l'Histoire  de  Paris.) 

On  a  aussi  employé  ce  mol  pour  ermites,  gens  de 

piété  qui  sesonl  retirés  du  monde.  (Gloss.  de  l'Hist. 

de  Paris.)  Nous  le  trouvons  encore  employé  pour 

une  espèce  de  religieux  particuliers,  el  même  pour 

toutes  sortes  de  moines  en  général  (7).  [Xoy. Converti 

el  Converlere,  pour  se  faire  moine,  dans  le  Gloss. 

latin  de  Du  Cange,  et  le  mol  Conversi,  Ma.)  On  disoit 

par  opposition  : 

As  gens  du  siècle,  et  as  convers. 

Fabl.  MSS.de  S.  G.  fol.  52,  R-  col.  2. 

Ce  mol  subsiste  dans  un  sens  moins  étendu.  Il 
désigne  seulement  les  frères  lais  dans  les  monas- 
tères. Nous  disons  aussi  sœurs  converses. 

^  On  nommoit  autrefois  convers  el  converse 
homme  el  femme  nouvellement  convertis.  (Nicot, 
Dicl.)  On  lit  :  ■•  Un  couvcrs  qui  avoit  esté  sarrazin.  » 
(Chron.  S.  Denis,  t.  II,  fol.  105.)  ■■  Entre  tandiz(dans 
u  ce  temps-là)  entra  leenz  une  (WHie/'sc  qui  juifve 
«  avoit  esté.  »  (Hist.  de  Bertrand  du  Guesclin,  par 
Ménard,  p.  5.)  (8) 

VARIANTES  : 
CONVERS.  Orth.  subsistante. 
Conviers.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  703  et  704. 

Conversable,  adjectif.  De  société,  de  com- 
merce. Adjectif  formé  du  substantif  conversation 
pris  aussi  en  ce  sens.  Sully,  ayant  désigné  M™'  de 
Verneuil,  maîtresse  du  roi,  qui  s'étoil  retirée  du 
moud.',  pendant  quelque  temps,  en  1004,  dit  : 
«  Enfin  elle  revint  dans  le  monde  conversable  el  ne 
><  manqua  pas  de  reprendre  ses  mesmes  premières 


Et  l.à  vint  litaaistres  dou  Temple 


(1)  Convens  est  une  variante  orthographique  de  couvens,  employé  par  Joinville  (§  512)  : 
et  touz  li  cmwens,  touz  deschaus,  parmi  l'ost.  »  (n.  e.) 

(2)  Conveni  signifie  société  :  «  Il  h  dit  qu'elle  est  nice  et  {elle,  Dont  tant  deraore  à  la  karole,  Et  dont  ele  hante  si  sovent 
Des  jolis  valez  le  conveni.  »  (La  Rose,  85()0.)  (N.  E.) 

(3)  Beaunianoir  (XXIV,  16)  écrit  aussi  :  «  Il  convenroit  prover  que  ce  fu  par  le  consentement  de  l'abbé  et  du  convent ,  se 
c'est  religions  conventuaus.  »  (n.  e.) 

(4)  Ils  n'ont  pas  adopté  la  réforme  des  observantins  et  possèdent  des  revenus  annuels.  (N.  E.) 

(5)  On  ht  dans  un  bestiaire  ras.  (Du  Cange,  II,  584,  col.  2)  :«  Quant  il  ont  trouvé  son  convers  Et  très-bien  avisé  lors 
mers.  «  (n.  e.) 

(6)  Voyez  v.  501,  518,  521,  5186,  5738  de  rédition.  Chr.  des  ducs  de  Norm.,  v.  2o305.  (n.  e.) 

(7)  On  l'entendait  comme  nous  au  sens  de  frères  lais ,  de  laïques  qui  ont  changé  de  vie  {qui  converlerunt  vitam)  : 
«  S'aucuns  crestiens  se  soit  ot'ers  à  nostre  signor  à  servant  à  l'ospital  S'  .lulien,  ne  doit  mie  estre  recheu  en  frère  ni  en 
sereur,  ains  soit  converse  entre  les  frères  et  les  sereurs  et  esprouvés  par  six  mois.  »  (Tailliar,  xiiF  siècle,  p.  68.)  (n.  e.) 

(8)  «  Neantmonis  aucuns  chrestiens  cofii'c'c.s,  qui  depuis  ce  que  lesdits  .hiifs  commancerent  à  habiter  en  nostre  dit 
royaume,  se  sont  convertis  à  la  foy  catholique  et  faits  baptiser,  u  (Urd.,  V,  107,  an.  1368.)  (n.  e.) 


co 


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CO 


•  ruses  et  intrigues  d'araouretles.  »  (Métn,  t.  VII, 
p.  67.)  Nous  dirions  dans  le  commerce  du  monde. 

Conversation,  sitbst.  féin.  Séjour*.  Société, 
commerce  °.  Conduite,  vie  ou  manière  de  vivre, 
maintien,  contenance'^.  Conversion"  (1). 

*  Le  premier  sens  se  trouve  dans  le  passage  qui 
suit  :  "  Avons  oclioié,  et  oclroions  leur  demeure, 
«  conversation  et  habitation,  jusques  à  vingt  ans 
«  entiers,  et  accomplis.  »  (Ordonn.  pour  les  Juifs, 
de  13(50,  imprimée,  Rec.  des  Ord.  t.  111,  p.  408.)  On 

lit  dans  le  latin  :  moram  in  regno  nostro 

concedimiis. 

°  Conversation,  pour  société,  commerce,  a  formé 
l'adjectif  conversable,  dont  nous  avons  parlé  ci- 
dessus.  On  disoit  :  >•  Prudliomme,  et  loyaus  de 
"  bonne  conversation,  et  de  bonne  vie.  »  (Ordonn. 
t.  II,  p.  583.)  «  Les  mesiaux  (lépreux)  sont  débouté 
«  de  la  conversation  des  autres  gens.  "  (Beauman. 
p.  240  (2).)  C'est  encore  dans  le  sens  de  société  qu'on 
a  dit  : 

Se  béguine  se  marie, 
C'est  cn»vcrsacion. 

Fabl.  MSS.  du  R  n'  7615, 1. 1.  (ol.  70,  R-  col.  2. 

•^DanslesensdecoHf/Hi/;?  (3),on  lit  dans  S.  Bern.: 
«  Niant  parfaite  conversation  »  ,  dans  le  latin 
imperfectio  conversationis.  (S.  Bern.  Serm.  fr.  .mss. 
page  62.) 

Dans  le  sens  de  maintien,  contenance,  on  lit  : 
«  Li  façons  est  li  conversations  averte  (comme 
«  nous  dirions  la  physionomie ,  l'air  ouvert.)  •■ 
(S.  Bernard,  Serm.  fr.  mss.  page  287.)  Cette  plirase, 
dans  le  latin,  répond  à  ces  mots  :  est  autetn  faciès 
quœ  in  facie  est  conversatio.  Ce  mol,  paiioiit  dans 
S.  Bernard  (page  39,  3ii),  répond  toujours  au  latin 
conversatio. 

°  Entîn,  on  a  dit  conversation  pour  conversion. 
"  Sainct  Denis  depuis  sa  conversation  à  la  foy,  fut 
«  evesque  de  Corinlhe.  »  (Hist.  de  la  Toison  "d'Or, 
vol.  II,  fol.  147.)  Peut-être  est-ce  une  faute  d'ortho- 
graphe. Cependant,  nous  trouvons  ce  mot  traduit 
du  latin  conversio,  dans  la  règle  de  S.  Ben. 

VARIA.NTES  : 
CONVEl^SATION.  Onh.  subsist. 
CoNVERS.\ciON.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  t.  I,   fol.  70. 

Converse,  subst.  fém.  Contraire. 

La  converse  (4)  est  à  entendre. 

Coul.  de  Noi-iii.  en  vers,  MS.  fol.  38,  R>. 

C'est-à-dire  le  contraire,  etc.  Ce  (lui  répond  à  ce 
passage  mais  il  est  autrement  (dans  le  Gr.  Coût,  de 
Norm.  fol.  40.) 


Converser,  verbe.  Habiter,  fréquenter*.  Agir, 
se  conduire  ^.  Ce  mot,  dans  S.  Bernard,  répond 
partout  au  latin  conversari  (5). 

*  Selon  le  sens  du  mot  latin  conversari.  «  La  plus 
«  grande  partie  des  Anglois  conversoyent  celle 
«  part.  »  (Froiss.  livre I,  p.  287  (()).)  •<  En  celle  forest 
«  converçoil  moult  de  bestes  sauvages.  »  (Chron. 
S.  Denis,  t.  I,  fol.  128.) 

Il  n'est  plus  périlleux  office 
Aujourdhui,  veu  le  temps  qui  court, 
Que  de  trop  converser  à  court, 
Et  d'exercer  fait  de  justice. 

Eust.  'Desch.  Poès.  MSS.  fol.  274,  col.  4. 

De  \l\,  converser  entour,  pour  environner. 

Quant  Tyois  qui  entour  coiivorssent 
Voient  le  dragon  trebuchier,  etc. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  131,  R'. 

^  Dans  le  sens  d'agir,  se  conduire,  on  lit  :  «  Ju  ne 
..  doz  mies  à  dire  de  cestui  ki  ensi  converset  k'il  ne 
«  facet  sa  salveteit.  »  (S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  191.) 
On  lit  dans  le  latin  :  nec  de  eo  qui  sic  conversatur 
dubitent  dicere  quod  S)uim  ipsiussalutein  opcretur. 

VAIUANTES  : 

CONVERSER.  Orth,  subsist.  -  S.  Bern.  S.  fr.  MSS.  p.  369. 
Converger.  Chron.  S.  Den.  fol.  128,  v». 
CoNVERSEiR.  S.  Beru.  Serm.  fr.  MSS.  p.  7. 

Conversion,  subst.  fém.  Emeute,  sédition. 
«  Ordonné  par  le  roy  de  Fiance  la  garde  de  l'Ecluse, 
«  se  partit  avec  ses  oncles,  et  s'en  vint  à  Paris  ou, 
.1  de  nouvel,  estoit  sur  ce  une  conversion,  rébel- 
»  lion,  et  uuiimun;  contre  les  nobles.  «  (Hist.  de 
Loys  Hl,  duc  de  Bourbon,  p.  200.)  (7) 

Converte,  subst.  fém. 

L'escliec  li  fist  tel  perte 

Que  pour  prise,  ne  pour  couverte, 
L'eschec  onques  livrer  ne  pot. 

Geofïr.  de  Paris,  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauvel.  fol.  52. 

Convertiiile,  adjectif.  Qui  peut  être  changé.  Ce 
mot  subsiste  sous  la  première  orthographe  ;  mais 
on  ne  diroit  plus  chair  convertil)te  pour  chair  facile 
à  digérer,  qui  fait  un  bon  chyle  : 

La  chair  d'oyseaulx  volans 

Est  trop  meiUeur,  et  plus  plaisant, 
Et  plus  saine,  et  plus  digestible, 
Plus  sade,  et  plus  converlible 
Que  nulles  autres  chairs  ne  sont. 

Gace  de  la  Bigne,  des  Déduits,  MS.  fol.  145,  R». 

VARIANTES  : 

CONVERTIBLE.  Gace  de  la  Big.  des  Déd.  MS.  fol.  139,  R". 
Co.wERsiBLE.  Ibid.  fol.  127,  V». 


(1>  Il  signifie  enfin  condition  ;  «  Xe  dévoient  li  dit  coureur  déporter  homme  ne  femme,  de  quel  conversation  que  il 
fuissent.  »  (Froissart.  VI,  76.)  (n.  e.) 

(2)  On  lit  dans  l'édition  Beugnot  (XXXIX,  33)  :  «  Mesiel  ne  doivent  pas  estre  oï  en  tesmoignage  ;  car  coustume  s'acorde 
qu'il  soient  débouté  de  la  conversation  d'autres  gens.  »  (N.  E.) 

(3)  «  Humle  est  sa  conversations.  »  (Benoît,  II,  6191.)  (N.  E.) 

(4)  «  Estre  humble  sans  clergie  vaut  mieu.x  que  la  converse  ;  Car  quant  li  uns  se  drece,  li  autres  tumbe  et  verse.  »  (J.  de 
Meung,  Test.,  1041.)  (N.  E.) 

(5)  Converser  se  dit  d'animaux  qui  se  retirent  en  convers  :  «  Dedens  se  vit  un  grant  serpent  cresté.  Bien  i  avoit  .ce.  anz 
conversé.  »  (Agolant,  v,  361.)  (N.  E.) 

(0)  On  lit  encore  au  t.  II,  p.  11  de  l'édition  Kervyn  ;  «  Proece  a  cerchié  ces  royaumes  et  converse  entre  les  habitans.  » 
Voyei  aussi  Berte,  CVII  ;  la  Rose.  v.  10987.  (n.  e.) 

(7)  Comparez  éd.  Chazaud,  p.  160.  Dans  Du  Cange,  II  (5S4,  col.  2),  il  signifie  rapports,  liaison  :  «  Sainte  Marie  respondi  : 
Comment  ert  chou,  car  le  me  di,  Ja  ne  n'eue  jou  onques  baron,  Ne  vers  homme  cm^version.  »  (n.  e.) 


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1.  Convertir,  verbe.  Tourner*  (1).  Faire  réus- 
sir^. Se  faire  religieux'^  (2). 

*  Le  premier  sens  est  le  sens  propre.  On  le  ti'ouve 
dans  leGloss.  de  Marol.  (Voyez  Ord.  l.  111,  p.  TiO.; 
«  Veu  les  grandes  partialilcz,  lesiinelles  estoient 
«  au  royaume  de  Xaples,  il  eusl  esié  contraint  d'y 
"  convertir  ses  forces,  pour  garder  ce  dont  il  estoit 
»  en  possession.  »  (Mémoire  du  Bellay,  livre  X, 
f-S'iO.) 

°Au  figuré,  convertir  signifioit  faire  réussir, 
tourner  ii  bonne  fin.  «  Après  avoir  dévotement  prié 
i'  Dieu  de  lui  estro  en  ayde,  et  d".idresser  (diriger) 
«  et  convertir  son  voyage,  il  s'emimrqua.  »  (Mém. 
du  Bellay,  liv.  VUI,  fol. '^37.) 

'^  Se  convertir,  daui  le  sens  subsistant  (3),  c'est 
proprement  se  tourner  vers  Dieu,  cbangerde  vie.  La 
signification  de  ce  mol  éloit  autrefois  moins  éten- 
due. 11  sedisoit  parliculièremenlde  la  vie  religieuse, 
tl'esl  en  ce  sens  qu'on  lit  seront  convertis,  en  latin 
convertunlur,  embrasseroni  la  vie  religieuse,  se 
tourneront  à  l'étal  monastique.  (Règle  de  S.  Ben. 
lai.  fr.  Ms.  de  Beauv.  ch.  03.) 

2.  Convertir,  verbe.  Ecraser,  briser.  «  Tuit  sei 
«  aneinin  neseiont  mies  t'OHCt'r//^.  »  (S.  Bernard, 
Serni.  fr.  mss.  p.  GG.)Onlildansle  latin  :  ejus  ininiici 
non  conlerentur.  11  peut  y  avoir  faute  dans  le  ms., 
sinon  il  faudra  l'expliquer  par  retourner,  renverser. 

Conjugaison  . 

Converse,  partie,  au  fém.  Convertie.  «  A  Dieu  est 
«  vraiement  converse.  >>  (Vies  des  SS.  ms.  de  Sorb. 
chif.  L\i,  col.  38.^ 

Convertoient,  impart,  ind.  Convertissoient.  (Hist. 
de  la  S"  Croix,  ms.  p.  18.) 

3.  Convertir,  verbe.  Se  tourner  et  se  convertir. 
11  est  employé  dans  ces  deux  sens  dans  S.  Bernard, 
Serm.  fr.  mss.  p.  269.  "■  Convertie-  vos  a  mi  en  toi 
«  vostrecuer  en  jeune  et  en  plora.  »  (S.  Btjrnard, 
Serm.  fr.  mss.  p.  290,  dans  le  latin  t'o/iwr/tmirti  ad.) 
«  Ne  voil  mies  la  mort  del  pecheor  anz  voit  anzois 
«  k'il  se  c;o/u'('r//ss('/ et  kil  vivoit.  »  (Ibid.  p.  269.) 

Convertissenient,  subst.  Changement,  con- 
version. ^Voy.  S.  Anath.  symbol.  fr.  2'  traduction.) 

Convertoir,  subst.  masc-  et  fém.  Couverture*. 
Sorte  de  filet  ^.  Ce  mot  éloit  presque  toujouis  mas- 
culin ;  cependant  nous  le  trouvons  au  féminin,  sous 
l'orthographe  couvertouer.  (.Modus  et  Racio,  ms. 
fol.  188.)  Il  y  a  tout  lieu  de  présumer  que  coiiver- 
toire  (Ibid.  fol.  287)  est  du  même  genre.  Couvertons 
est  visiblement  une  faute  d'orthographe. 

*  On  lit,  au  premier  sens,  convertoirs  hermins, 
dans  Garin  de  Loherans,  cité  par  Du  Cange,  au  mot 
Coopertorium. 


Coûte  (courtepointe)  i  a  bonne,  et  linoeus  chers 
Riches  velox,  et  oreillers  ; 
Bien  est  criez  li  covertnx. 

Parton.  de  Blois.  MS.  de  S.  G.  fol.  Hi<,  R-  col.  1. 

Ce  mot  signifioit  aussi  une  pièce  de  drap,  de  toile, 
elc,  qui  sert  ordinairement  à  couvrir  les  chevaux. 
«  Estoient  ses  bannières,  ses  panons,  et  \e?>couver- 
"  toires  de  ses  chevaux  de  mesmes.  •■  (Modus  et 
Racio,  MS.  fol.  287.) 

Enfin  convertoir  a  désigné  en  général  tout  ce  qui 
sert  à  couvrir,  couverlure,  couvercle.  Oudin  l'a 
même  employé  pour  chapiteau  de  colonne  ionique. 

On  dit  encore,  en  Normandie,  convertoir  et 
même  couvretoir,  pour  couvercle,  coubertoire  en 
patois  d'Auvergne,  en  languedocien  coubertoriro  (4). 
1  Voyez  CouvEiiTciiE  ci-après.) 

^  C'étoit  aussi  une  espèce  de  filet  dont  on  fait 
usage  il  la  chasse  aux  alouettes,  elc.  On  l'appeloit 
ainsi,  parce  qu'on  les  couvroit  avec  ce  filet  pour  les 
prendre.  «  Uuanl  l'ung  des  deux  voit  l'alouete,  ou 
«  la  perdris,  ou  ung  autre  oisel,  il  met  son  couver- 
«  toir  dessus,  et  la  prent.  »  (Modus  et  Racio,  f°  92.) 

De  là,  on  a  dit  au  figuré  : 

Fort  sont  li  laz  (lacets),  et  grant  li  couverlour 

Ce  n'est  pas  gas, 
Enquelz  cil  est  qui  aime  par  amour. 

Thib.  de  Nav.,  Focs.  MSS.  av.  1300,  t.  I,  fol.  03. 

VARIANTES  : 
CONVERTOIR.  Du  Gange,  Gloss.  lat.  à  Coopertorium. 
CouvERTOiR.  Joinville,  p.  33. 
CoirvERTOYR.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  92,  V». 
CouvEHTOis.  Eust.  Desch.  Poës.  .MSS.  fol.  418,  col.  3. 
Couvertons,  jj/h)-.  Modus  et  Racio,  MS. 
CouvERTOiRE.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  287,  R». 
Couvertouer.  Ibid.  fol.  188,  V". 
COUVERTOUR.  Borel,  Dict. 
Coverto.k.  Parton.  de  Rlois,  fol.  128. 
Covretour.  Chans.  MSS.  du  C"  Thib.  p.  154. 
Covretoir.  Poës.  MSS.  av.  1300,  l.  II,  p.  921. 
Couvretoir. 

Courertoire.  Du  Cange,  Sloss.  lat.  à  Ciibertoriiim. 
Coubertoriro.  Borel,  Dict.  au  mot  Couvcrtour. 

Convexion, subst.  fém.  Convexité.  (Dict. d'Oud.) 

Convi,  subst.  masc.  Invitation*.  Festin^.  Foule, 
concours  '^. 

*  On  lit  au  premier  sens:  <■  Si  vostre  indignité 
«  vous  retire,  son  gracieus  convi  vous  i  excite.  » 
(Les  Tri.  de  la  iNoble  Dame,  fol.  326.) 

°  Ce  mot  signifie  festin  dans  cet  autre  passage  : 
»  Cuidez  vous,  si  elle  se  trouve  en  un  convi, 
«  qu'elles  facent  semblant  de  tenir  compte  de  la 
«  sumpluosité,  et  magnificence  du  banquet  (5).  » 
(Dial.  de  Tahur.  fol.  16.) 

•=  Il  est  mis  pour  foule,  concours,  dans  ces  vers  : 

Mais  à  coup  l'en  ouvrit  les  portes, 
Dont  If  s  Angloys  en  grant  convy 
Prindrent  Francoys  de  toutes  sortes. 

Vigiles  de  Charles  VII,  t.  II,  p.  141. 


(  1)  Et  se  retourner  :  «  Et  abandonnèrent  de  tous  poins  leur  seigneur,  sans  riens  plus  convertir  ne  aler  devers  lui.  )i 
(Froissart,  II,  416.)(n.  e.) 

(2)  Il  signifie  aussi  métamorphoser  :  (I  Areltruse...  qui  en  eaue  fut  par  plour  convertie.  »  (E.  Deschamps,  mort  de  Du 
Guesclin.)  (n.  e.) 

(3)  Il  est  déjà  dans  Roland  (v.  3674).  Voyez  en  outre  Thomas  de  Cantorbery  (29),  la  Rose  (v.  12079.)  (n.  e.) 

(4)  Le  provençal  ancien  disait  coopertura,  cubertura.  (N.  e.) 

(5)  On  lit  dans  un  bestiaire  ms.  (Du  Cange,  II,  58G,  col.  1)  :  «  Et  feroit  pour  nous  grant  mangier,  Et  grans  noces  et  grant 
convi.  1)  De  même  au  reg.  JJ.  182,  p.  9,  an.  1453  :  «  Icelini  Portalier  convia  le  suppliant  à  certain  jour  ensuivant  pour  le 
vouloir  festier  en  sa  chambre...  auquel  convy  ledit  suppliant  se  trouva  sans  y  penser  à  aucun  mal.  »  (n.  e.) 


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VARIANTES  : 
CONVI.  Tahur.  Dial.  fol.  16,  V".  -  J.  Marot. 
CONVY.  Crétin,  p.  49.  -  Strap.  t.  I,  p.  227. 
CONVOY.  Nioot,  Dict. 
CoNVEOis.  Vig.  de  Charles  VII,  t.  II,  p.  31. 

Conviée,  sitbst.  viasc.  Injure,  outrage.  (Monet, 
Colgrave,  Oudin,  Dict.)  Du  latin  convichim. 

Convicier,  verbe.  In'imiei'  (1).  (Dict.  de  Borel, 
1'"  add.) 

Conviement,  suhst.  masc.  Invitation.  (Oudin, 
Colgrave,  Dict.) 

VARIANTES  : 
CONVIEMENT.  Oudin,  Cotgrave,  Dict. 
CouviEMENT.  Les  Quinze  Joyes  du  Mariage,  p.  95. 

1.  Convier  (2),  verbe.  Inviter.  Ce  mot  subsiste 
sous  cette  orthographe.  A'ous  trouvons  la  seconde 
orthographe  dans  ce  passage  :  »  Fut  très  aise  le  pape 
a  du  bon  tour  qu'il  luy  faisoil  de  le  convoyer  pour 
<■  son  compère,  et  envoya,  en  son  lieu,  tenir  le  daul- 
«  pliin,  le  duc  Urbain  son  nepveu.  »  (Mém.  de  Rob. 
de  la  Marck,  seign'  de  Fleur,  ms.  page  337.  —  Voyez 
convier,  dans  un  autre  sens,  à  l'article  Convoyer.) 

Ce  verbe,  dans  le  sens  oîi  nous  le  disons,  fournit 
dans  son  ancienne  conjugaison  : 

Conviarent,  prêter.  Convièrent,  invitèrent.  (Rab. 
t.  l,  p.  19.) 

Couverra,  futur.  Conviera,  invitera.  (Eust.Descb. 
Poës.  Mss.  f°  498.) 

Cunveera,  futur.  Invitera. 

VARIANTES  : 
CONVIER.  Orth.  subsistante. 
Convoyer.  Mém.  de  Rob.  de  la  Marck.  p.  337. 
Convoiter.  Percef.  vol.  I,,  f»  115,  V"  col.  1. 

2.  Convier.  [Intercalez  Convier,  festin,  comme 
convi  :  «  Item  est  de  cy  en  avant  interdit  et  delfendu 
«  ausdits  mayeur  et  echevins  de  faire  diners  ou 
u  conviers  aux  dépens  de  la  ville.  »  (Stat.  pour 
S'-Omer,  an.  1447,  art.  22.)]  (n.  e.) 

Convieur,  subst.  masc.  Qui  invite.  (Dictionn. 
d'Oudin.) 

Convin,  subst.  masc.  Assemblée  ,  festin  *. 
Accord,  paclion  ". 

*Ce  mot,  que  nous  aurions  pu,  ù  quelques  égards, 
réunir  à  celui  de  convant,  dont  il  n'est  peut-être 
qu'une  altération,  nous  a  paru  cependant  mériter  un 
article  particulier,  parce  qu'il  réunit  les  acceptions 
de  convant  pris  pour  accord,  et  couvent  \)v\s  pour 
assemblée,  feslin. 

C'est  dans  ce  dernier  sens,  qu'en  parlant  de 
l'élection  des  officiers  municipaux  de  Liège,  on  dit 
qu'elle  se  fera  par  le  seigneur,  sans  festins  ou 
assemblée  d'amis,  de  païens  ou  vassaux,  si  ce 
n'est  une  fois  l'année,  au  gré  du  seigneur  : 


De  par  le  seigneur,  sans  convin. 

Les  Sentences  de  Liège,  j'.  377,  Journal  de  Paris,  sous  Cli.  VI. 

^  L'autre  acception  que  ce  mot  a  en  commun  avec 
convant,  est  celle  de  paction,  convention.  C'est  ainsi 
qu'on  a  dit  :  »  Vous  n'avez  pas  prins  Piètre  au 
«  combalre,  ainz  l'avez  attrapé  par  auti'e  malice, 
"  et  bien  a  esté  trahy  par  faux  convin  i3).  »  (Hist.de 
Bertrand  du  Guesclin,  parMénard,  p.  372.)  C"est-iV 
dire  par  fausse  paclion,  en  ne  tenant  pas  les  con- 
ventions. 

VARIANTES  : 
CONVIN.  Hist.  de  B.  du  Guesclin,  par  Ménard,  p.  372. 
CoviN.  Tenur  de  Littl.  f"  151  V». 
CoiiviN.  Mouskes,  MS.  p.  150-786,  etc. 

Coiwiacu, participe.  Convaincu .  (Ordonnances, 
t.  I,  p.  101.) 

Convine,  subst.  féni.  Situation,  conduite.  (Voy. 
Du  Cange,  au  mot  Covina  ;  Glossaire  de  Marlène, 
t.  V  ;  el  surtout  le  Gloss.  de  Villehardouin,  oîi  l'on 
rapporte  divers  passages  qui  ne  laissent  pas  de 
doute  sur  celte  signilication  de  ce  mot.)  C'est  aussi 
celle  que  coniporteiU.  les  passages  suivans  :  «  An- 
"  glois  sont  diligens  de  seavoir  la  convine  de  leurs 
«  ennemis,  plus  que  les  François.  »  (Al.  Chantier, 
llist.  de  Charles  VI  et  Vil,  p.  99.)  C'est-à-dire  l'élal 
des  affaires,  la  position  de  leurs  ennemis. 

Normanz,  pas  espies  (espions)  qu'ils  eurent, 
Lour  estre  et  leur  convi>ie  sourent  (situation)  (4). 

Rom.  de  Rou,  MS.  p.  261. 

Tant  en  i  a,  que  n'en  est  contes  ; 
Et  sevent  tôt  le  covim;  (la  conduite) 
Du  vallet,  et  de  la  meschine  (fille  ou  servante). 
Pai'Ion.  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  142,  R"  col.  2. 

Por  ce  dit  que  Cortois,  et  comme  saige  maistre, 
Con  cil  qui  bien  savoit  lor  covine,  et  lor  estre. 

Chasiie  Musarl.  MS.  de  S.  G.  fol.  106,  V"  col.  3. 

Feme  sanble  lion  qui  sa  queue  traine, 
Por  sa  trace  couvrir,  c'on  ne  voit  sa  convine  (conduite). 
Chasiie  Musarl,  fol.  107,  R"  col.  2. 

11  pareil  donc  que  le  sens  propre  de  ce  mot  est 
conduite,  façon  de  se  conduire,  et,  par  conséquent, 
situation,  état  des  affaires.  Dès  lors,  il  est  naturel 
de  dériver  ce  mot  de  convier,  convoijer,  conduire. 
De  là,  on  a  fait  également  convine  (5).  convive,  et 
même  convie,  en  supposant  que  celte  dernière 
orlhog:aphe  ne  soit  pas  une  faute.  Quawl ',\ convive, 
on  le  trouve  si  souvent,  tant  dans  les  imprimés  que 
dans  les  mss.  au  même  sens  que  convine,  qu'on  ne 
peut  s'empêcher  de  regarder  ce  mot  non  comme  une 
méprise  de  copiste  (0),  mais  comme  une  variation 
reçue  du  mol  convine.  •■  11  avoil  ses  e.\ploratcurs, 
"  par  lesquels  il  scavoitlacoHvii'fdeseseiinenr.s.  » 
(Hist.  de  la  Toison  d'or,  f"  7G.) 

Couvine,  dans  le  passage  suivant,  paioit  avoir 
une    signification    ditférente  de  celle  que    nous 


(1)  On  lit  dans  la  Chr.  des  ducs  de  Norm.  (v.  '37194)  :  o  Son  frère  despite  convice.  »  (n.  e.) 

(2)  Le  verbe  convier  n'apparait  qu'au   xvi"   siècle.   Mais  il    était  pris   substantivement  dés    le   xv   siècle.   (Voir   le 
suivant.)  (N.  E.) 

(3)  Dans  Froissart,  il  est  synonyme  de  convenant,  situation  (XVII,  8)  :  «  Messires  Hues  le  Despensier  qui  savoit  tout  le 
conviti  et  le  conduite  de  la  dame.  »  (N.  E.) 

(4)  «  Nous  chevaucerons  si  avant  que  nous  sarons  le  convine  des  ennemis.  »  (Froissart,  VII,  162.)  (n.  e.) 

(5)  C'est  un  substaniif  verbal  fait  sur  coiivenire.  (N.  E.) 

(6)  Ainsi  dans  Froissart  (XIV,  200)  le  texte  porte  :  «  S'il  est  aie  par  de  là  esbatre  à  ung  tel  convine  »  ;  une  variante  donne 
convive.  »  (N.  E.) 


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venons  de  marquer  ;  peut-être  la  même  que  celle 
de  couvent  ci-dessus,  pour  classe,  ordre  : 

L'emperiere  Othes  (Othon)  d'Alemaingne 
0  lui  gens  de  maintes  couvines 
Vninqui  •!,  es  champs  de  lîouvines. 

G.  Guiarl.  MS.  fol.  7,  Vv 

VARIANTES  : 
CONVINE.  Villehardouin,  p.  49- 181,  etc. 
CoviNE.  Parton.  de  Bl.  MSS.  de  S.  G.  f»  142. 
CouviNE.  Froissart,  liv.  I,  p.  433. 

CouviGNE.  Gace  de  la  Bigne,  des  Déduits,  MS.  f»  55  V". 
CONVIGNE.  Poës.  MSS.  avant  VMO.  t.  Il,  p.  89(5. 
COUVAI.NE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f"  325,  V»  col.  1. 
COL'MINE  (Lisez  conviiie).  E.  Desch.  Poës.  f»  448. 
Convive.  Chron.  fr.  MS.  de  Nangis,  an  1339. 
Convie.  Le  Chev"  de  la  Tour,  f»  94. 

Conviiitaille,  suhst.  fém.  Convention,  ce  dont 
on  convient.  «  Toutes  ces  convenances  furent 
«  jurées  de  tous  les  barons  de  l'osf,  et  du  soudan, 
«  et  des  amiraus,et  de  conviiitaille  ior  rendi  Biau- 
«  fort  et  la  terre  de  Saiete  et  celle  de  Tabarie.  » 
(Conlin.  de  G.  de  ïyr,  Martène,  t.  V,  colonne  723.) 

Convitieus,  adj.  Injurieux  ,  du  mot  Convice 
ci-dessus.  iNous  le  trouvons  pour  épitliète  de  débat, 
dans  M.  de  F.a  Porte,  et  nous  lisons  dans  les  Mém. 
de  Du  Bellay  :  «  Le  découppa  de  toutes  les  sortes 
"  d'opprobres  convitieuses  qu'il  est  possible.  » 
(Livre  VII,  1°  198.) 

Coiivivans,  subst.  masc.  pliir.  Convives.  «  Ces 
"  nouvelles  venues  aux  convivans  avec  Adomas 
»  chascun  qui  niieulx  en  sa  maison,  comme  de  leur 
"  feste  n'eust  rien  esté.  »  (Triomphe  des  IX  Preux, 
page  76.) 

Convive,  snbst.  nuise,  cl  fém.  Festin,  repas  *. 
Combat  ^.  Convive,  dans  S.  Bernard,  Serm.  fr.  mss. 
p.  SI,  répond  au  latin  conviviinii. 

*  Le  premier  sens  est  celui  du  mot  latin  convi- 
viinn.  «  Platon  deffend  aux  enfans  de  boire  vin 
«  avant  dix-huit  ans,  et  avant  quarante  de  s'enny- 
'■  vrer  ;  mais  ?i  ceux  qui  ont  passé  les  quarante,  il 
«  pardonne  de  s'y  plaire,  et  de  mêler  un  peu  large- 
«  ment  en  leurs  convives  (1)  l'intluence  du  Dyoni- 
sius.  »  (Essais  de  Montaigne,  t.  Il,  p.  23.) 

°  Dans  le  second  sens,  ce  mot  avoit  passé  des 
faits  de  lable  aux  faits  d'armes,  dans  les  fêtes  mili- 
taires. On  disoit  alors  convive  d'nrmes,  et  on 
désignoit  par  là  les  combats  qu'on  appeloit  fêtes. 

Convivez,  snbst.  masc.  plur.  Convives. 

Convocation,  suhst.  fém.  Vocation  *.  Terme 
de  palais  °. 

*  Dans  le  premier  sens,  on  a  dit  :  <■  En  vous  ne 
«  en  autre  n'a  nulle  bonne  vertu  se  elle  ne  vient 
«  de  Dieu  ;  si  aiez  tousjours  le  cueui'  en  Dieu,  et 
«  en  la  vertu  ;  c'est  assavoir  en  la  convocation  en 
«  quoy  vous  estes  convoqué.  ••  (Le  .louv.  f-  77.) 

^  Eu  termes  de  palais,  on  disoit  :  convocation  en 
cas  de  rlcldiz.  (Vovez  le  sUiede  procéder  au  Parlem. 
de  Norm.  f"  73.) 

Convocquer ,  verbe.    Aiipeler.    Ce  mot,   qui 


subsisie  sous  l'orthographe  de  convoquer,  ne  se  dit 
plus  de  ce  mouvement  inlérieur  appelé  vocation, 
qui  nous  détermine  pour  un  certain  genre  de  vie. 
On  l'employoit  autrefois  en  ce  sens  :  »  Ayez  donc- 
«  ques  tousjours  lecueur  à  Dieu,  et  îi  la  vocacionà 
»  quoy  vous  estes  convocqiié.  »  (Le  Jouvencel,  m. 
page  264.) 

vAHiANTF.s  : 

CONVOCQUER.  Le  Jouvencel,  MS.  p.  264. 
Convoquer.  Le  Jouvencel,  f»  77  V». 

Convoier,  verbe.  Mener,  conduire,  accom- 
pagner. 

A  tant  se  r'est  mis  à  la  voie, 
Et  li  chevaliers  le  coiwoie, 
Puis  li  a  son  chemin  monstre. 

Blanchardin,  MS.  de  S.  G.  fol.  m,  R-  col.  ^. 

On  écrivoit  convier  en  ce  même  sens  :  «  Derrière 
«  le  dict  corps  soient  les  pauvres  bourgeois,  pour 
«  convier  le  dit  corps  jusques  à  la  dite  fosse.  » 
(Bout.  Soin.  Rur.  p.  74.) 

Convoier  une  btste  signifioit,  en  termes  de  chasse, 
la  suivre  de  l'œil  :  <■  Doit  estre  son  arc  si  aisé,  et  si 
«  doulx  qu'il  se  puisse  tenir  tout  enlesé  (tendu) 
«  longuement,  et  convoier  la  beste,  tant  qu'elle  soit 
<•  un  pou  outre  lui.  »  (Modus  et  Racio,  ms.  f°  74.)  On 
disoit,  dans  un  sens  détourné  :  Dijc  huit  ans  vous 
convoient,  vous  accompagnent,  vous  mènent,  pour 
vous  avez  dix-huit  ans. 

Dix  huit  ans,  non  pas  plus,  vous  convoient. 

Eusl.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  152,  col.  i. 

(Voyez  AcnoNvoYEB  ci- dessus.)  (2) 

VARIANTES  : 
CONVOIER.  Poës.  MSS.  avant  1300,  t.  IV,  p.  1345. 
Convoyer.  Crétin,  p.  156  ;  Moliuet,  p.  144. 
Convoiter.  E.  Desch.  Poës.  MSS.  f»  271,  col.  4. 
CoNVEiER.  Tenur.  de  Littl.  f"  6,  R°  158. 
Convier,  Conviter,  Couvover. 

Convoital)le,  adj.  Désirable,  séduisant.  Propre- 
ment (jui  peut  être  convoité.  Ce  mot  subsiste  encore 
sous  la  première  oribograplie,  mais  il  vieillit.  On 
employoit  aussi  convoitant  dans  un  sens  passif. 
«  L'entredeux  des  mameles  se  monstroit  bel,  et 
"  convoitant.  «  (Percef.  vol.  V,  f°  44.) 

variantes  : 
CONVOITABLE.  Orth.  subsistante. 
Convoitant.  Percef.  vol.  V,  f»  44,  V»  col.  2. 

Convoitenient,  subst.  viasc.  Concupiscence, 
désir.  (Voyez  Convoitise  ci-après.) 

variantes  : 
CONVOITEMENT.  Colsrave  et  Robert  Estienne,  Dict. 
Covoitement.  J.  de  Renti,  P.  MS.  av.  13(X),  t.  III.  p.  1207. 

Convoiter,  verbe.  Désirer  ardemment.  Ce  mot 
subsiste  dans  ce  même  sens,  selon  celte  orthographe. 
Costar,  écrivant  à  Quillet  au  sujet  du  poëme  latin 
de  cet  auteur  intitulé  Henricias,  lui  mande  :  «  Il 
«  me  fâche  que  vous  m'ayez  pris  ces  mots  de  con- 
«  voiter  et  convoitise;  car  je  m'en  servois,  le  plus 
"  à  propos"  du  monde,  pour  exprimer  la  passion 
«  que  j'ai  de  voir  la  suite  de  voire  divin  poëme 


(1)  «  Le  filz  du  suppliant  estoit  séant  à  table  à   ung  convive  qui  se  faisoit  en  laditte  ville  d'Aire.   »  (JJ.   198  ,  p.    124, 
an.  1461  )  (n.  e.) 
(.2)  Dans  Partonopex,  v.  3733,  en  convoiant  signifie  au  départ,  au  congé,  (n.  e.) 


co 


—  249  — 


CO 


«  latin  dont  vous  m'avez  envoyé  le  commence- 
«  ment.  » 
On  disoit  proverbialement  : 

Cil  qui  tôt  convoite,  lot  pert. 

Fabl.  MSS  du  R.  n-  7615,  I.  II,  toi.  171.  R-  col.  1  (1). 

VARIANTES  : 
CONVOITER.  Orth.  subsistante. 
CONVOITTIER.  Chron.  S.  Den.  t.  I,  p.  258. 
CovoiTER.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  III,  p.  1048. 
CouvoiTER.  Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  f»  65. 
CouvETER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  280,  R°  col.  \. 

Convoiteus  ,  adj.  Qui  désire  *.  Désirable  ^. 
Ce  mot,  dans  S.  Bernard,  répond  au  latin  ambitio- 
sus.  Ainsi  ce  mol  se  prenoit  activement  et  passi- 
vement. 

*  Dans  le  premier  sens,  nous  disons  encore 
convoiteux,  qui  vieillit  beaucoup.  Nous  ne  l'em- 
ployons jamais  qu'activement  ,  et  toujours  en 
mauvaise  part,  comme  convoitise.  Autrefois  on 
disoit  couvoiteuse  d'obéir.  (Nuits  de  Strapar.  t.  I, 
page  174.) 

L'amour,  comme  tu  scaiz,  est  un  enfant  gourmand  ; 
Et  pour  rassasier  sa  faim  trop  couvoitcune, 
.le  trouve  des  soupirs  une  viande  creuse. 

L'Amour  ;t  b  mode.  co[U.  de  Tli.  Corn  acl.  4,  se.  7. 

^  Convoiteux  se  prenoit  aussi  pour  ce  qui  est  à 
désirer,  à  convoiter.  «  Vous  me  dictes  merveilles, 
■•  et  tant  que  le  scavoir  en  doit  eslre  convoiteux, 
»  aux  jeunes  chevaliers.  »  (Percef.  vol.  VI.)  Nous 
ne  trouvons  convoitis,  au  féminin,  que  dans  celle 
seconde  signilication  :  «  Femmes  desquelles  com- 
«  pagnie  e"st  com'oj/î's.  pour  la  jonesce,  et  pour  la 
"  bia'uté.  »  (Beauman.  p.  15.) 

VARIANTES  (2)  : 
CONVOITEUS.  Monet,  Colgrave.  Dict. 
CoNvoiTEuz.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  t.  II,  fol.  138. 
Convoiteux.  Orih.  subsistante. 
CouvoiTEUX.  Nuits  de  Strapar.  t.  I,  p.  174. 
CovETTEUx,  CovETEix.  Borel  et  Corneille,  Dict. 
CovoiTOUs.  Poes.  MSS.  av.  1300,  t.  III,  p.  1031. 
CovoTOUs.  Villehardouin,  p.  103. 
CovoiTOs.  M"  Ouesnes,  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  III,  p.  981. 

CONVOITOS. 

CoNVOiTOSE,  fém.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  6,  R»  col.  3. 
Convoitis,  fém.  Beaumanoir,  p.  15. 
CoNvoiTOUs.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  33. 

Convoitise,  subst.  fém.  Désir,  empressement. 
Ce  mol  ,  sous  les  orthographes  employées  par 
S.  Bernard,  répond  au  latin  amhitio,  concupiscentia 
et  cupido.  On  lit  cuvise  chantele.  page  264,  dans  le 
latin  conciipiscentin  carnalis  et  cuvise  de  pechiet, 
p.  243,  dans  le  latin  concupiscentia  peccati.  Nous 
disons  encore  convoitise,  mais  nous  en  avons  res- 
treint le  sens  à  celui  de  concupiscence.  Les  anciens 
appliquoient  ce  mot  à  tout  désir  en  général.  «  Ils 
«  ne  vouloient  pas  demeurer  en  la  ville,  pour  C07i- 


«  voitise  de  trouver  leurs  seigneurs.  »  (Percefoi-. 
vol.  II,  fol.  20.) 

Roboani  fut  destruit,  et  perdit  son  royaume. 
Pour  sa  grant  couvoise. 

Eust.  Desch.  Pot-s.  MSS.  fol.  339.  col.  3. 

Convoi,  que  l'on  écrivoil  aussi  convoi,  s'employoit 
pour  exprimer  le  désir  d'un  plaisir  illicite.  On  a  dit 
des  femmes  : 

Ne  set  pas  son  cuer  drecier, 

A  bien  panre,  c'ele  le  voit  ; 

Ainz  est  touzjours  en  maint  coiwois, 

Dont  ele  ne  se  puet  partir. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7015,  t.  II,  fol.  135,  V'  col.  2. 

C'est  l'acceplion  actuelle  de  notre  mot  convoitise, 
qui,  pris  en  ce  même  sens,  nous  fournil  les  deux 
proverbes  (3)  qui  suivent  : 

1.  Convoitise  de  moines  blancs.  (Prov.  ù  la  suite 
des  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  IV,  p.  1651.) 

2.  Gra7id  convoitise,  fait  moult  petit.  (Froissart, 
liv.  I,  p.  365.) 

VARIANTES  : 
CONVOITISE.  Orth.  subsistante. 
CoviSE.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  167. 
CouvoiTisE.  Rec.  des  Poës.  avant  1300,  t.  IV,  page  1651. 
CovoiTiE.  M"  Quesnes,  Poës.  MSS.  av.  13;1"(,  t.  III,  p.  985. 
CoNvoisE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  33j,  col.  3. 
CcviSE,  CuvissE.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  24. 
Convoi,  s.  m.  Fabl.  MSS.  du  R.  n°  7989,  fol.  51,  V°  col.  2. 
Couvoi,  s.  m.  Ibid.  n»  7615,  t.  II,  fol.  135,  V"  col.  2. 

Convoitises  (armes).  C'est  une  faute  pour 
armes  courtoises.  (Voyez  cette  expression  sous 
l'article  Arme.) 

Convolante,  subst.  fém.  Femme  qui  convole 
en  secondes  noces.  (Brant.  Cap.  fr.  t.  III,  p.  28.) 

Convoler,  verbe.  Passer  de  chose  à  autre. 
C'est  la  signification  générique  de  ce  mol,  suivant 
le  Dict.  de  Monet.  Il  signifie  encore  convoler  en 
secondes  noces,  mais  on  ne  dit  plus  :  «  Convoler  à 
'<  Testât  de  mariage,  ou  de  religion.  »  (Coût.  d'Ypre, 
Nouv.  Coût.  Gén.  l.  I,  p.  886.)^^ 

Convoy,  subst.  masc.  L'action  d'accompagner*. 
Droit  sur  les  navires  ^  (4). 

*  Ce  mot  subsiste  au  premier  sens,  maison  ne 
diroit  plus  au  ligure  : 

Mon  salu  vous  envoi,  comme  a  dame,  et  amie  ; 
Et  pour  faire  convoi  (5),  ma  complainte  jolie 
Dame  vous  i  envoie,  etc. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  27i,  V"  col.  1. 

°  Convoi  se  dit  encore,  en  termes  de  marine,  de 
plusieurs  vaisseaux  qui  en  escortent  d'autres  ; 
de  là,  peut  être,  ce  mot  employé  pour  désigner  un 
droit  sur  les  navires  que  les  états  des  Provinces- 
Unies  prétendirent  lever  sur  le  passage  de  la  mer 
de  Zélande  en  1608.  (Voy.  Negoc.  de  Jeannin,  1. 1, 


(1)  On  Ut  au  xw  siècle,  dans  Benoît  de  S'  More  (v.  9597)  :  «  Mais  li  vilains  dit  plainement  :  Que  qui  tôt  coveile  tôt 
pert.  »  (N.  E.) 

(2)  On  lit  dans  Th.  de  Cantorbery  (137)  :  «  As  Gieus  et  Judas  li  coveitus  (cupide)  alez  »  (n  e  ) 

(3)  Voyez  aussi  Leroux  de  Lincy,  II,  227,  277,  278.  (n.  e.) 

(4)  Il  signifiait  encore  :  1»  Garde  d'un  otage  :  «  Pour  celle  fois  il  se  souffry  pour  tant  qu'il  aroit  le  chevalier  anglois  en 
garde  et  en  convo\i.  »  (.Froissart,  XIV,  45.)  2»  Soin  :  «  Ne  prenz  convoi  de  l'àme  plus  que  beste  sauvage.  »  (Rom.  de  Rou  ■ 
Du  Cange,  Vil,  106.)  (N.  e.) 

(5)  (i  Les  compaignons  baillèrent  à  ladite  femme,  l'un  deux  solz  parisis  et  l'autre  un  gros  de  Mes  ;  et  puis  la  vouldrent 
ramener  en  son  hostel  :  mais  elle  ne  volt  point  de  convoy.  »  (JJ.  158,  p.  142,  an.  1403.)  (N.  e.) 

lY.  32 


co 


-  250 


CO 


p.  674.)  A  Bordeaux,  en  1614,  on  levoit  un  impôt  (1) 
sous  le  même  nom.  (Jeann.  Œuv.  Mesl.  p.  602.) 

VARIANTES    * 
CONVOY.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  360,  col.  i. 
Convoi.  Orth.  subsistante. 

Coohof.  "  S'en  suivent  ceux  qui,  pour  debte 
>•  non  cognus  devant  justice,  ne  sont  arrestables  en 
"  corps,  ou  biens  en  cette  ville  de  S'  Orner,  sinon 
"  au  coohof,  seigneurie  des  contlans,  où  ctiacun 
«  peut  estre  arreslé.  -  (Nouv.  Coût.  Gén.  t.  I, 
page  295.)  Ce  mot  n'auroit-il  pas  quelque  rapport 
avec  vercoopinglie.  (Ibid.  p.  303.  —  Voyez  Lif  coop 
Ibid.  p.  305.) 

Coopschat ,  subst.  masc.  Marché  convenu. 
.Mot  llamand  qui  doit  s'écrire  koopslach.  (Falconn.) 
«  L'homme,  ou  femme,  adhérilé  en  fief  acquis 
«  durant  leur  mariage,  retient  seul  la  propriété,  en 
«  rapportant,  par  luy,  ou  son  hoir,  à  la  première 
'<  moit,  le  prix,  ou  coopchat  dudit  fief,  qui  se  par- 
»  tira  comme  autre  biens  meubles  de  la  mai-son.  » 
(Coût,  de  Gorgue,  iNouv.  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  1011.) 

Cop,  subst.  masc.  Coup.  Ce  mot  n'est  guères 
remari[uable  que  par  la  diversité  de  ses  orthogra- 
phes, surtout  dans  son  pluriel.  Nous  ne  citerons 
d'exemples  que  sur  quelques-uns.  Les  indications 
données  aux  variantes  suffiront  pour  les  autres. 

La  dame  est  trop  avilie, 

Qi  au  premier  caup  olrie  (accorde). 

Pois.  MSS.  Val.  n"  U90,  fol.  130,  \'. 

On  a  dit  de  Charlemagne  : 

Trop  baoit  yvraice,  et  son  cop. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  301. 

('Oji,  en  cet  endroit,  est  pris  pour  coup  l'i  boire. 
«  Toutes  les  fois  que  le  cop  y  escheoit,  »  que  le 
coup  y  tombe.  (Gloss.  de  l'Histoire  de  Bret.)  Nous 
disons  le  cas  y  écheoit.  «  Le  dernier  cop  de  vespres 
<'  sonné.  »  (Ord.  t.  III,  p.  372.)  Nous  disons  le  coup 
de  vêpres. 

Nous  nommons  coups  de  langue,  les  médisances, 
railleries,  bons  mots  amers.  On  disoit  simplement 
cop  ou  bon  cop. 

Les  cops  li  viegnent  à  main, 

Ou  en  la  bouche,  ou  en  la  mein. 

Eles  de  Courtoisie,  MS.  de  S.  Gcrm.  fol.  40,  V'  col.  3. 
Pour  ses  dis,  et  pour  ses  boins  cos. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  684. 

On  a  dit  figurément,  par  allusion  au  coup  donné 
du  plat  de  l'épée  sur  le  col  du  chevalier  qu'on 
recevoit  : 

....  N'avoie  sentu  les  cols  (2) 
Qu'amors  done  à  ses  chevaliers. 

Fait  MSS.  du  R.  ir  "218,  fol.  355,  V-  toi.  1. 

(Voyez  CoLÉF,  ci-dessus.) 

1°  Attendre  l'ennemi  à  plein  cop  ,  se  disoit 
lorsqu'on  le  laissoit  approcher  assez  pour  pouvoir 


frappera  plein  coup.  (Chron.  Fr.  ms.  de  Nantis, 
an  1249.) 

2"  Sans  copjc  rendre.  Nous  disons  sans  coup  férir. 
(Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  I,  p.  138.) 

3°  A  cop.  (Vig.  de  Charles  VII,  t.  I,  page  110,  etc.) 
Tout  cop  (Ilist.  du  Th.  fr.  t.  Il,  page  368),  signifioit 
sur  le  champ  (3).  Nous  disons  encore  tout  à  coup. 

3'  bis.  [Intercalez  à  ces  cops,  à  ces  mots  (Froiss. 
I.X,  408).]  (n.  e.) 

3»  ter.  [Intercalez  au  cop,  en  une  fois:  «  On  les 
"  mandoit  en  la  cambre  dou  conseil,  un  au  cop, 
»  lesquels  que  on  voloit.  »  (Froiss.  X,  197.)]  (.n.  f..) 

4°  Cop  à  cop,  pour  coup  sur  coup.  (Coquillarl, 
page  139.) 

5"  Avent  cop,  pour  auparavant.  (Gantiers  d'Ar- 
gies,  Poës.  MSS.  avant  1300,  t.  III,  page  1131.)  Nous 
disons,  en  sens  contraire,  aprèscoup. 

6°  .1  tous  coustz,  pour  à  chaque  fois,  à  tout  coup. 
«  Celle  bataille  defaisoient  les  Turcs,  àlous  COHS/X-.  •> 
(Joinville,  p.  54.) 

7°  Faire  cop  pour  frapper. 

Si  doit  on  moult  doubler  tel  coup, 
Qu'à  maint  bon  preudhomme  a  tait  cop. 

Gace  de  la  Bigiie,  Des  Déduils,  MS.  fol.  CO,  R°. 

8"  Frapper  de  cops  et  de  pis  (4).  (Histoire  de  B.  Du 
Guescl.  par  Mén.  par  202.)  Nous  ne  marquons  ce 
passage  que  pour  avenir  qu'il  faut  lire  de  corps, 
comme  à  la  page  233  du  même  ouvrage. 

9"  Geter  les  cops  le  Roi.  Expression  figurée  qui 
paroit  empruntée  du  jeu  des  dez. 

Comme  vous  getez  les  cops  le  Foi. 

Fabl.  MSS.  n-  7218,  fol.  178,  V  col.  1. 

10°  On  disoit  proverbialement,  cox  en  aive  ou 
cops  en  eve,  pour  un  coup  dans  l'eau. 

Cox  en  aive  ne  pert  (paroist). 

Prov.  du  Vil.  MS.  de  S.  G.  fol.  70,  R'  col.  3. 

C'est-à-dire  qu'un  coup  dans  l'eau  ne  paroit  point. 

N'i  part  (il  n'y  paroist)  ne  que  cops  en  eve. 

Fabl.  MSS.  du  R.n"  7218,  fol.  207,  V  col.  1. 

11  n'y  paroit  pas  plus  qu'un  coup  dans  l'eau.  Nous 
disons  encore  :  donner  un  coup  d'épée  dans  l'eau, 
pour  désigner  les  opérations  inutiles. 

VARIANTES  : 
COP.  Mouskes,  MS.  p.  301. 
Caup.  Poës.  MSS.  Vatican,  n»  1490,  loi.  96. 
Cops,  plur.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  297,  V"  col.  I. 
COPZ,  plur.  Crétin,  p.  185. 
COPX,  plut:  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  I,  p.  138. 
Cos,  plur.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  684. 
Cols,  Colx,  plue  Borel,  Dict. 
Cox,  plur.  Estrub.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7996,  p.  44. 
Caus,  plur.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  50,  V»  col.  1. 
CousTz,  plur.  Joinville,  p.  54. 
Cous,  plur.  G.  Guiart,  MS.  fol.  18,  V". 

Copaut,  subst.  inasc.  Cocu  (5).  (Voyez,  sur  ce  mot 
et  ses  orthographes,  les  Dict.  d'Oudin  et  de  Nicot, 
etc.)  Nous  avons  déjà  rapporté  d'autres  mots  qui 


(1)  C'était  un  bureau  du  roi  qui  percevait  les  droits  sur  six  ou  sept  marchandises,  vins,  eaux-de-vie,  prunes,  etc.,  quand 
elles  étaient  transportées  par  mer.  (n.  e.) 

(2)  Cols  vient  de  colaphus  et  colpus  dans  la  loi  salique.  (n.  e.) 

(3)  «  Pluiseurs  des  leurs  en  estoient  «  cop  navrés.  »  (Froissart,  XI,  418.)  .4  lout  le  cop  a  le  même  sens  dans  Flore  et 
.leanne,  p.  26.  (n.  e.) 

(4)  Pis  (pcctus)  signifie  poitrine.  (N.  E.) 

(5)  Voyez  plus  bas  copere,  copereau.  (n.  e.) 


co 


—  251 


CO 


servoient  à  désigner  la  môme  chose.  Voyez  les  arti- 
cles Cocu  et  CouGOT.  Nous  avons  rapporté  ici  les 
diverses  oritiograplies  qui  semblent  être  des  altéra- 
tions du  mol  coupeau,  employé  pour  désigner  le 
mari  dont  la  femme  éloit  infidèle.  Quelques-uns 
dérivent  ce  mot  de  copia.  Mais  on  disoit  coulpe ,  au 
féminin,  comme  nous  le  disons  plus  bas.  Ainsi  il 
paroîtroit  plus  naturel  de  le  faire  dériver  de  culpa, 
coulpe,  faute.  Nous  appelons  :  «  Cocu  un  coupant, 
"  ou  cornard.  "  (Leç.  div.  de  Du  Verdier,  p.  499.) 
«  Qui  appelle  un  homme  coupault,  en  présence  de 
«  sa  femme,  ou  une  femme  putain,  etc.  »  (Coût,  de 
ïroyes,  Nouv.  Coût.  Gén.  t.  III,  p.  274.) 

J'escotnmeni  toz  les  jalous 
Qui  de  lor  famés  ne  sont  cous. 

Fabl.  MSS.  du  R,  n"  7218.  fol.  Wi,  R"  col.  2. 

On  nommoit  aussi  cous  celui  à  qui  sa  maîtresse 
étoit  infidèle.  (Poës  mss.  du  Vatican,  numéro  1522, 
folio  161.) 

On  disoit,  au  féminin,  coulpe  et  couppe  pour  dési- 
gner la  femme  à  qui  le  mari  avoit  élé  infidèle  : 
<i  Ta  femme  t'a  fait  coux,  ton  mari  fa  fait  coulpe.  « 
(Journal  de  Paris,  sous  Charles  VI  et  VII,  p.  112, 
an  1427.) 

VARIAÎSTES   (1)  : 
COPAUT.  Div.  Leç.  de  Du  Verdier,  p.  499. 
Coupault.  Nouv.  Coût.  Gcn.  t.  III,  p.  274,  col.  2. 
Coupeau.  Très,  des  Chart.  Reg.  135,  pièce  l'24. 
CopAU.  Des  Ace.  Bigarr.  f"  5i  V°. 

CoupPAULT.  Très,  des  Chart.  Reg.  169,  p"  132,  an.  1416  (2). 
Cop.  Fabl  MSS.  du  R.  n»  7218,  f»  147,  V"  col.  1. 
Coup.  Du  Cange,  au  mot  Recvedil. 
Coupz,  plu>:  Très,  des  Chartes,  Reg.  172,  pièce  16. 
Cous,  plur.  Poës.  MSS.  avant  1300,  t.  II,  p.  651. 
Cruous  (Lisez  cous),  plvr.  Fable  MSS.  du  R.  n<>7218,  ^297. 
Coux,  plur.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  f»  418. 
Couz,  plur.  Du  Cange,  au  mot  Cm/us. 
Cols,  plur.  Poës.  MSS.  Vat.  n»  1490,  f"4i. 
Cos,  }i/i()-.  Laur.  Gloss.  du  Droit  fr. 
Cox,  plur.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  (■•  77,  R»  col.  2,  etc. 
Coulpe,  subst.  fém.  Journ.  de  P.  s.  Ch.  VI  et  VII,  p.  112. 
CouppE.  E.  Desch.  Poës.  MSS.  f»  449,  col.  1. 

Copcion,  subst.  fém.  Complexion.  C'est  une 
contraction  de  ce  mot.  Nous  avons  souvent  remar- 
qué combien  nos  anciens  poêles  se  doniioient  de 
licence  à  cet  égard.  Eustache  Deschamps  a  dit,  en 
parlant  des  femmes  : 

Humble  se  faint,  de  copcion  legière, 
Au  commencier  ;  n'en  doublez  mie  : 
Mais  elle  print  quant  prins  a  s'estrayere. 
Dont  est  cilz  toulz  qui  deux  fois  se  marie. 

Focs,  MSS.  f-  112,  col.  2. 

Cope.  [Intercalez  Cope.  mesure  pour  le  sel: 
«  Le  suplianl  ala  acheter  une  cope  de  sel  pour 
«  saler  le  potager.  •>  (JJ.  163,  p.  262,  an.  1409.)  Le 
reg.  166,  p.  272,  an.  1412,  dit  que  «  les  six  copes 
«  valent  un  bichot.  »  Voyez  plus  loin  Coi'Pe.]  (n.  e.) 

Copeau.  [Intercalez  Copeau,  dérivation,  dans 
l'inv.  des  Chartes  de  Jaucourt  (fol.  39,  v°,  an.  1392): 
"  Item  un  copeau  de  rivière  d'Aube,  qui  puet 
«  valoir  environ  .xl.  solz  tournois.  »]  (n.  e.) 


Copelet,  subst.  masc.  Gobelet.  (Dict.  de  Borel, 
au  mot  Gobeau,  du  latin  Cupella.) 

Copelle,  subst.  fém.  Coupelle.  Terme  d'affineur. 
On  disoit  flgurément  : 

1°  ^1  répreuve  de  la  copelle,  pour  à  toute  épreuve. 
(Bouchet,  Serées,  liv.  III,  p.  290.) 

2"  Mettre  quelqu'un  à  l'épreuve  de  la  copelle,  par 
équivoque  du  mot  couper,  à  celui  de  copelle,  expri- 
moit  l'action  de  châtrer.  (  Bouchet.  Serées,  liv.  I. 
page  312.) 

3°  Mettre  à  l'examen  de  la  copelle,  a  la  même 
signification  dans  les  Contes  de  Cholières,  f"  103. 
(Voyez  Crepei.le  ci-après.) 

VARIANTES  : 
COPELLE.  Bouches,  Serées,  liv.  lïl,  p.  303. 
COUPELE  (3). 

Copené.  [Intercalez  Copené,  componé  en 
blason  :  ■•  Et  s'armoit  d'or  à  une  fasse  copenée  de 
«  gueules  •-  (Froissait,  IIl,  26.)]  (n.  e.) 

1.  Coper.  [Intercalez  Coper  dans  les  deux 
expressions  suivantes:  I»  Coper  les  fermes,  3ià'jas,er 
les  redevances:  »  Ledit  Henri  avoit  exigié  des 
«  fermiers  au  temps  de  le  delivranci_',  que  l'en  dit 
«  coper  les  fermes,  de  la  livre  du  pris  que  la  ferme 
"  estoit  mise,  douze  deniers  tournois.  •>  (Arrêt  de 
1389,  Ch.  des  Comptes  de  Paris;  Du  Cange,  II,  588, 
col.  3.)  2°  Coper  les  harens,  à  la  fin  du  carême, 
quand  on  copait  les  fermes:  «  Comme  le  Jeudi 
«  absolu  ledit  Jehan  et  Andri  Teste  D'or  fussent 
«  assemblez  amiablcment  ou  marchié  de  la  ville  de 
«  Teraire  (Tarare),  pour  jouer  par  compaignie,  à 
«  un  jeu,  appelle  audit  pais  coper  les  harens.  « 
(JJ.  97,  p.  373,  an.  1367.)]  (n.  e.) 

2.  Coper,  verbe.  Couper.  On  lit  dans  le  portrait 
d'un  faucon  parfait,  qu'il  doit  «  avoir  les  yeulx  gros, 
"  et  copés.  »  (Modus  et  Racio,  ms.  f- 109.) 

On  disoit  vers  coppés ,  par  opposition  à  vers 
entiers.  (Eustache  Deschamps,  Poës.  mss.  f°399.) 

Cauper  gueule  étoit  réduire  son  adversaire  au 
silence.  Nous  disons,  dans  un  sens  un  peu  différent, 
couper  la  parole  : 

Que  trop  savoir,  pour  cauper  gcules. 

Pois.  MSS.  aiant  1300.  t.  IV,  p.  131:). 

VARIANTES  : 
COPER.  Cotgrave  ;  Villehardouin,  p.  62,  etc. 
COPPER.  Ord.  t.  I.  p.  526,  etc.  ;  Molinet,  p.  162. 
C.\UPER.  Poës.  MSS.  avant  1300,  t.  IV,  p.  1253. 

Copere,  Copereau.  [Intercalez  Copere,  Co- 
pereau,  pour  compère,  compereau,  mari  complai- 
sant :  «  Icellui  Rousseloit  appelloit  le  suppliant 
«  conppere,  et  faisoit  chanter  la  chançon  du  copere 
«  devant  son  hostel.  »  (JJ.  187,  p.  246,  an.  1458.) 
De  même  au  reg.  JJ.  149,  page  96,  an.  1395: 
«  L'exposant  dist  audit  de  Mez:  Traistre,  mauvais, 
«  batras-  tu  ainsi  ma  famme,  ou  paroles  semblables  ; 
«  et  ou  content  de  ce  ledit  de  Mez  lui  dist  :  Coperau, 


(1)  On  lit  encore  au  reg.  138,  p.  4,  an.  1389  :   «  Jean  Paulevé  dit  audit  Bressant  :   «  Dreux   ait   mal   gré   de   tant   de 
coppaux.  »  (n.  e.) 

(2)  «  Laquelle  femme  appelloit  son  mary  sanglant  couppaull,  et  se  vantoit  de  l'avoir  acouppaudi.  »  (n.  e.) 

(3)  Villon,  d'après  Dochez,  a  dit  :  «  Je  crois  qu'homme  n'est  si  rusé,  Fust  fin  comme  argent  de  coupelle  Qui   n'y  laissast 
linge  et  drapelle.  »  (n.  e.) 


co 


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CO 


«  en  pnrole  tu.  »  Cnuperean  est  au  reg.  418,  p.  303, 
an.  1380;  couppereau  au  reg.  111,  page,  82,  an. 
1377.J  (N.  E.) 

Copet,  siibst.  masc.  Couperet,  sorte  de  couteau 
de  boucherie.  (Borel  et  Cotrave.  Dict.  —  Voyez  Cor- 
BETz  ci-après.) 

Cope-teste.  [Intercalez  Cope-teste,  bourreau. 
(Frolssart,  V,  205;  VIII,  300.)]  [n.  e.) 

Copiaus,  sulist.  masc.  plur.  Couplets.  Il  semble 
que  ce  soit  le  sens  de  ce  mot,  dans  ces  vers  : 

Bien  fait  semblant  à  son  revel 

Poins  (picqué)  soit  d'une  amourette  ; 

Car,  aveuc  sa  musette, 

0  se  vois  notoit  (avec  sa  voix  chantoit)  par  copiam; 

Ci  va  la  la  duri  douriaus, 

Ci  va  la  la  dureté. 

Poès.  MSS.  Valican,  n'  IWO,  fol.  110.  R". 

Ces  vers  sont  attribués  à  Jehan  de  .Nueville,  dans 
les  Poës.  MSS.  avant  1300,  t.  IV,  p.  1400. 

1.  Copie,  suhst.  fém.  Abondance*.  Possession, 
licence  °.  Raillerie,  brocard  '^.  Les  deu.\  premières 
acceptions  viennent  du  latin  copia. 

*Ce  mot  lalin  signitie  abondance  (I),  et  l'on  a  dit 
en  ce  sens:  «  GvÂnde  coppie  de  monnuye,  «  pour 
abondance  d'argent.  iChroiiique  fr.  .ms.  de  .Naiigis, 
sous  l'an  1338.) 

°  Copia,  en  latin,  signitioit  licence,  permission 
d'user,  et  de  lu  le  mot  copie  employé  pour  posses- 
sion, jouissance  (2)  : 

De  l'hôtesse  avoit  la  coppie. 

Cunuillart,  p.  H>7. 

"^  L'idée  de  licence  attachée  à  ce  mot  auroit  pu  le 
faire  employer  pour  raillerie,  brocard  ;  mais  nous 
avons  vu  qu'on  a  dit  cop,  pour  coup  de  langue, 
raillerie,  et  de  \h  est  venu  copie  (3),  dans  le  même 
sens.  '<  Voici  qu'il  y  avoit  une  vieille  accroupie  au 
u  coin  d'une  muraille  qui  lui  vint  donner  sa  copie, 
«  en  luy  disant  en  son  vieillois,  etc.  >■  (Contes  de 
Des  Perriers,  t.  I,  c.  28,  p.  178.) 

VARIANTES  : 
COPIE.  Chron.  fr.  MS.  de  Nangis,  on  1297. 
Coppie.  Coquillart,  p.  167. 

2.  Copie,  subst.  fém.  Ce  mot  subsiste  pour  signi- 
fier un  écrit  transcrit  d'après  un  autre  (4).  On  a  dit: 
«  Tenant  per  copie  de  court  roole  »  ,  le  même  que 
CoPiTENANDs  ci-après.  (Voyez  Tenur  de  LittUon , 
folio  16.) 

Copier,  verbe.  Railler,  moquer.  Nous  venons 
de  voir  copie  pour  raillerie  ;  de  là  copier  pour 
railler.  »  Faire  grise  mine,  et  mauvais  racueil 
"  (réception)  aux\lictes  masques  entrans  en  leurs 
«  dictes  maisons,  les  venir  copier,  escouter,  et 
"  interrompre  es  propos,  les  gaudir   (railler)  de 


«  leurs  accouslremens.  »  'Arr.  Amor.  p.  417.; 
i'  Nous  avons  parlé  des  copieux  de  la  Flèche  ;  les- 
«  quels  ont  dit  avoir  été  :^i  terribles  gaudisseursque 
«  jamais  homme  n'y  passoitqui  n'eût  son  lardon,  je 
«  vous  dirai  d'un  grand  seigneur  qui  entreprintd'y 
«  passer,  sans  estre  copié.  »  (Contes  de  Des  Perr. 
t.  I,  p.  177.) 

Coppierv'ienl  assez  clairement  de  cop  (5),  coup  de 
langue ,  bon  mot,  plaisanterie,  dans  le  passage 
suivant  : 

Quant  nous  eusmes  bien  coppie, 
Et  bien  lardé,  et  devisé,  etc. 

Coquillart,  p.  158. 

On  trouve  copier  pour  conloier,  le  même  que 
CoiNTER  ci-dessus. 

VARIANTES  : 
COPIER.  Contes  de  Des  Perr.  t.  I.  p.  177. 
CoppiER.  Coquillart,  p.  158. 
CoupiER.  Percef.  vol.  VI,  f»  74,  R"  col.  1. 
CoPOiEK.  Eles  de  courtoisie,  .MS.  de  S.  G.  f"  40  V». 

Copieur,  subst.  masc.  Railleur,  moqueur, 
plaisant.  Voyez  Cop,  coup  de  langue,  bon  mol, 
plaisanterie,  d'oîi  l'on  a  l'ait  copier  et  copieur. 

L'étymologie  de  Le  Duchat,  sur  Rabelais,  t.  I, 
p.  178,  tirée  de  copier,  coulrefaire,  ne  vaut  rien  du 
tout.  ><  Copieux  ont  ils  été  nommés  pour  leurs 
«  gaudisseries.  »  (Contes  de  Des  Perriers,  t.  K 
p.  157.)  -  Mille,  et  mille  autres  petits  contes  faisoit 
"  ce  copieux  curé  à  ses  paroissiens,  affin  de  les 
«  engarder  de  dormir  en  ses  sermons.  »  (,Ibid. 
t.  II, 'p.  184.) 

On  disoit,  en  proverbe.  Copieu.i  d'Angers.  (Dict. 
de  Cotgrave.)  Copieux  de  la  Flèche.  (Conte  de  Des 
Perr.  t.I,  p.  177.) 

VAIIIANTES  : 
COPIEUR. 

CoppiEUR.  Faifeu,  p.  57. 

Copieux.  Coquillart,  p.  159  ;  Rabelais,  etc.,  etc. 
CouPOiERRES.  Eles  de  courtoisie,  MS.  de  S.  G.  f»  40,  V». 
CouPOiOR.  Id.  ibid. 

Copieux,  adj.  Abondant.  On  a  restreint  la 
signification  de  ce  mot,  autrefois  plus  étendue.  On 
ne  diroit  plus  : 

....  Visaige  en  bcaiilté  copieux. 

Tri.  de  Pélrarq.  traduction  du  B.  d'Oppede,  f*  M  V". 

Copiez.  [Intercalez  Copie:,,  épithète  des  pieds 
d'un  cheval  dans  Roland:  «  Piez  ad  copiez  [vers 
1652).  »]  (n.  e.) 

Copitenauds,  subst.  masc.  plur.  Tenanciers. 
Ceux  qui  n'ont  d'autres  litres  de  possession  que  les 
copies  des  lùles  de  la  cour.  (Voyez  Du  Gange,  Gloss. 
latin,  au  mot  Copitenauds  (61.) 

Copie,  subst.  masc.  Couple.  Terme  de  chasse. 

Cueilliez  ces  copies,  pour  ces  chiens  retenir. 

Rom.  de  Guariti,  >1S.  cité  p.u  Du  Can  je.  au  mol  cupla  i'. 


(1)  «  Car  cil  de  Mede  et  cil  de  Perse  Qui  des  elepbans  hont  topa',  Les  mainnent  en  la  chevauchie.   »  (Boece,   Du  Gange, 
II,  590,  col.  2.  (N.  E  )  „     ..  - 

(2)  «  Compains  il  te  faut  laissier  ceste  fille  ;  car  j'en  veuil  aussi  bien  avoir  copje,  comme  tu  len  as.   »  (JJ.   lia,  p.    /O, 
an.  1379.)  (N.  E.) 

(3)  Copie  vient  encore  de  copia,  au  sens  d'imitation  moqueuse,  (n.  e.) 

(4)  «  Quant  vous  ares  vostre  livre,  si  le  gardés  chierement  ;  car  je  n'en  ai  nulle  copie.  »  (Macliault,  p.  149.)  (x.  E.) 

(5)  Voyez  copie  (1)  et  note  3.  (n.  e.) 

(6)  NuUum  aliud  tenemenlorum  suorumhabeant  instrumentum,  quam  copias  ro(i(to-iOîi  cid'!»;,  unde  et  tenantes   «  par 
copie  du  roole  de  court  i>,  dicuntur.  »  (Voir  Littleton,  sect.  73,  75.  (n.  e.) 


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253  — 


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Copier  (se).  [Intercalez  top/c;;- (se),  s'accoupler 

dans  Partoiiopex  (v.  4832): 

Bien  l'a  ses  talens  soportée 

Quant  à  un  garçon  s'est  copiée]  (N.  E.) 

Copoier.  [Intercalez  Copoier  et  Copouier  aux 
Mir.  de  Notre-Dame  (Du  Gange,  III.  805,  col.  1)  : 
»  Mais  phiisors  sont,  ce  n'est  pas  doute,  qui  des 
«  sains  voelenl  coupoier...  qui  copoie  sor  Nostre 
«  Dame.  »]  (n.  e  ) 

Copon,  subst.  ntasc.  Coupon,  morceau,  partie 
d'un  tout  (Du  Cange,  au  mot  Colpo.)  On  dit  encore 
co/w/i(l),dansle  patois  picard,  pour  coupon  d'étoffe. 
(Falconnct.) 

Qui  du  mantel  reoeut  le  don, 

Duquel  donna,  à  son  propre,  un  copon. 

Eusl.  Desch.  Poos.  MSS  fol.  233,  col.  1. 

Cette  acception,  qui  subsiste,  étoit  autrefois  plus 
générale.  Ce  mot  se  disoit  non  seulement  dos 
étoffes,  mais  de  la  partie  d'un  tout  en  général.  De 
là,  coppoit  de  lance,  pour  tronçon  de  lance,  dans 
Petit-Jean  de  Saintré,  p.  328.  Copon  ou  coupon  de 
blé,  peut  être  pour  gerbe  de  blé,  dans  les  Ordonn. 
t.  III,  p.  51(7  (2). 

On  nomme  encore,  dans  quelques  provinces, 
copon  de  cire,  de  petites  bo'agies.  (Voyez  Du  Cange, 
au  mot  Coponum  (3)  ) 

VABIANfES  : 
COPOX.  E.  Desch.  Poës.  MSS.  f»  233,  col.  1. 
CoppoN.  Petit-Jean  de  Saintré,  p.  328. 

1.  Coppe,  subst.  fém.  Sorte  démesure*  Coup^. 
Coupe,  vase  '^.  Coupe,  action  de  couper  °. 

*  Au  premier  sens,  ku'o;«' étoit  une  mesure  de 
grain  ou  de  sel.  Comme  mesure  de  grain  :  ■>  En 
«  l'esmine  de  grain  a  deux  bichols,  ou  (au)  bicliot  a 
«  deux  quartaux,  ou  quartault  a  trois  esminottes, 
«  en  l'esminotle  deux  boisseaux,  et  au  boisseau 
"  àeu\  coppes.  »  (Coût,  de  Bourgogne,  Coût.  Cén. 
t.  1,  p.  857.)  ■•  Le  muid  de  grain  contient  douz (deux) 
<'  setiers,  le  setierdeu.<esmincs,  l'esmine  deux quar- 
•>  taux,  le  quartault  deux  moitons,  le  moiton  deux 
"  mesures,  ou  trois  boisseaux,  la  mesure  trois 
«  coppes.  »  (.'vignay,  Baill.  de  la  montagne,  ibid. 
p.  858.)  «  Le  bicbot  (qui  est  semblable  mesure  que 
■'  celle  de  ïourney)  contient  quatre  ((uartes,  la 
<•  quarte  deux  boisseaux,  le  boisseau  mm  coppe  et 
-'  demie,  ou  deux  quarteranches.  »  (Brancion,  Bail, 
de  Chalon,  ibid.  p.  859.)  On  lit  (ibid.)  :  «  Bicbot  (qui 
<■  est  la  plus  grande  mes'.ire)  a  deux  mettres,  ou  (au) 
"  mettre  deux  quartes,  en  la  quarte  deux  boisseaux, 
'  et  au  boisseau  une  coj)pe  et  demie.  »  (Cusery, 
ibid.  p.  859.) 

Comme  mesure  de  sel  :    ■  La  quarte  qui  vaut 


«  quatre  capes  à  la  ditte  mesure  clermontoise.  vaut, 
"  en  assiette,  deux  sols.  »  (Procès  verbal  des  Coût, 
de  Bourbon,  Nouv.  Coût.  Gén.  t.  III,  p.  1228.  — 
Voyez  GorpE  ci-après.)  (4) 

^  Coppe,  selon  Nicot,  a  signifié  coup. 

^  Selon  Borel,  cope  siguilioit  vase. 

°  Enfin,  ce  mot  s'est  employé  pour  coupe,  action 
de  couper,  dans  ce  passage  ;  »  Commissaires  députez 
»  sur  la  coppe.  et  prise  desmonnoyes  deffendues.  » 
(Ord.  t.  Il,  p.  310.) 

De  là,  on  a  dit  coppe  gurgée  et  cope  gorgie,  pour 
gorge  coupée.  (Dict.  de  Cotgrave.) 

VARIANTES    : 
GOUPPE.  Coût,  de  Bourg.,  Coût.  Gén.  t.  III.  p.  857. 
Cope.  Nouv.  Coul.  Gén.  t.  III,  p.  1228. 

2.  Coppe.  [InlevcAlez  Coppe,  partie  du  bassinet: 
'  Comme  le  suppliant  eust  marchandé  à  un  nommé 
•t  Bertbelot  Tiphaine,  demourant  en  nostre  ville  de 
•■  Paris,  de  fourbir  et  lui  faire  deux  mirouers 
«  d'acier,  pour  mettre  sur  le  coppe  d'un  bacinet.  » 
(JJ.  152,  p.  III,  an.  1.397.)  Le  coppe  du  bassinet 
peut  être  la  visière  ou  garde-vue,  et  les  mirouers 
deux  pièces  rapportées,  aux  ouvertures  longitudi- 
nales, pour  les  yeux.]  (n.  e.) 

Coppées.  [Intercalez  Coppées ,  mesure  pour 
les  grains  (.1.1.  190,  p.  172,  an.  1400):  "  Cent  à  six 
«  vins  coyv^f'es  d'avoine,  mesure  de  Mascon.  »]  (n.e.) 

Coppegorge.  [Intercalez  Coppegorge,  coutelas  : 
«  L'ng  grant  coustel,  appelle  coppegorge,  autrement 
"  ganivete.  »  (JJ.  187,  p.  134,  an.  1455.)  A  la  pièce 
214,  on  lit:  «  Une  longue  dague  ou  Cousteau 
«  appelle  selon  le  commun  langaige  ung  coppegor- 
«  gias.  "]  (x.  e.) 

Coppe-le-teste.  [Intercalez  l'expression  avoir 
Coppe-le-teste  dans  une  cbarte  de  1358  (Du  Cange. 
588,  col.  2);  «  Jeban  de  la  Mare  pour  plusieurs 
"  belles,  compilations  ou  paroles  sentans  commo- 
■•  lion  du  pueple,...  fu  jugié  à  avoii'  coppe- le- 
»  leste.  »]  (n.  e.) 

Coppes.  Lisez  cappe.  (Jonrn.  de  Paris,  sous 
Gbaiies  V!  et  VII,  p.  110.) 

Coppete.  [Intercalez  Coppete ,  petite  coupe: 
"  Lesijuelz  se  levèrent  de  table  en  geltant  les 
»  coppctes,  potz  et  chandelles  l'un  à"  l'autre.  » 
(.IJ.  206,  p.  .380,  an.  1478.)]  (n.  e.) 

Coppeter.  [Intercalez  Coppeter,  copier,  frapper 
une  cloche  d'un  seul  côté  avec  le  battant,  comme 
pour  un  glas:  ■■  Une  messe  coppclée  par  trenle 
«  coups.  "  (Test,  de  Louis  d'Orléans,  1403.) 
«  Laquelle  messe  se  coppetera  chascun  jour  trenle 


(1)  Le  mot  avait  aussi  le  sens  de  copeau  :  «  Baillons...  aux  habitans  d'ioelle  ledit  coppon  ou  ladite  pièce  d'eaue.  »  (Cli.  ilo 
Mézières,  1387,  Du  Cange,  II,  44i,  col.  2.)  (n.  e.) 

(2)  «  Li  tierce  part  des  ampotis  doit  estre  laissée  aux  citoiens  de  Mascons  du  bled  que  il  vendent.  »  Cette  mesure  était  ta 
moitié  de  la  cop«  ou  co/ipe .«  Les  si.x  copes  valent  un  bichot  ;  les  .xu.  copons  valent  un  bichot.  »  (JJ.  10(3,  p.  272, 
an.  1412.)  (N.  e.) 

(3)  On  lit  aussi  dans  un  texte  de  1282  (Du  Cange,  sous  Copallus):  «  Dus  coupons  de  candeille  ,  teille  que  on  le  livre  et 
sceut  livrer  en  l'ostel  de  Flandres.  »  Un  texte  de  1511  porte  coppons.  o  (s.  e.) 

(4)  C'est  aussi  1»  une  sorte  de  péage  :  «  Merchiers  à  taulette  doit  .i.  coppe...  le  cent  de  fer  doit.  m.  coppes.  »  (Ch.  de  Corbie, 
an.  1348,  Du  Cange,  II,  588,  col.  2.)  2°  Une  mesure  agraire  (JJ.  172,  p.  Kl,  an.  1423)  :  «  Une  rente  héritière  ,  annuelle  et 
perpétuelle...  sur  trois  couppes  de  terre  ou  environ.  »  (n.  e.) 


co 


254  — 


CO 


"  coups  par  long  Iraicl  à  la  grosse  cloche.  »  (dall. 
Christ,  t.  XII,  col.  204,  an.  1472.)]  (n.  e.) 

r.oppleige,  subsl.  maso.  Terme  de  coutume. 
Celui  (|ui  est  caution  avec  un  autre.  (Voyez  Coût, 
de  Corze,  Nouv.  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  1094.; 

Coppuis.  [Intercalez  Co/Jiniis  ou  Coppuie:^ , 
droit  de  couper  les  rejets  des  arbres  (.1.1.  144, 
p.  303,  an.  138.5);  «  Willaumes  de  Forest ,  dit 
<■  .Malprivel,  disoitii  avoir...  en  sa  terre  et  seignorie 
"  de  Forest....  le  coppuis  ou  coppuiez  des  re- 
..  giez.  "]  (n.  e.) 

Copser,  i^erlw.  Prendre  coup.  (Dicl.  de  Borel, 
1'    add.  —  Voyez  Cosser.) 

Copton,  subst.  masc.  Portion.  Peut-être  le  même 
que  CopoN  ci-dessus.  «  Se  férirent  sur  François,  à 
«  un  copton  de  l'ost,  moult  fièrement.  >■  (Ilist.  de 
Bertr.  du  Cuescl.  par  Mén.  p.  .MO.) 

CopuIaire,rt(/yé'f///".  Terme  de  droit.  On  appelle 
action  capillaire,  Taction  par  laquelle  on  accouple, 
on  réunit,  on  assimile  un  payement  à  faire  avec  un 
autre  déjà  fait,  afin  que  celui-ci  soit  égal  au  pre- 
mier. Elle  a  lieu  «  si  comme  quand  aucun  merce- 
"  naire  a  servy  par  longtemps  aucun,  pour  prendre 
<•  loyer  à  traitte,  ou  à  prendre  loyer,  et  son  maistre 
<.  l'avoil  payé,  pour  un  terme,  de  certain  loyer,  et 
■•  après  ne  iuy  voulsist  payer,  pour  les  autres  ter- 
•<  mes,  scachez  que,  selon  la  loyescritte,  il  est  tenu 
'<  à  le  payer  d'autel  (de  pareil)  loyer  pour  les  autres 
«  termes  que  payé  kiy  a  de  l'an  des  termes.  » 
(Bout.  Som.  Rur.  p.  159.)  L'éditeur  croit  que  ce  mot 
vient  de  copuler,  louer  son  service,  et  se  fonde  sur 
un  vieux  praticien  ms.,  dans  lequel  on  lit  :  «  Home 
«  copule,  qui  s'est  loué  à  un  autre.  »  (Ibid.  note, 
p.  168.)  Action  populaire  est  une  faute  dans  le  Gr. 
(-out.  de  Fr.  p.  111.  Il  faut  Vive  copulaire. 

Copulance,  subst.  fém  Accouplement. 

Et  de  charnele  coptdcince. 

Eust.  rtesch.  Poes.  MSS.  fol.  53i,  col.  3. 

Copulative,  subst.  fént.  Conjonction. 

Car  logique  sert  de  ceste  euvre, 
Et  fait  par  argument  sembler 
Ce  qui  n'est  pas,  et  ressembler 
Une  chose  à  l'autre  opposite  ; 
Et  fait,  Je  !a  copulative. 
Division  estrangement. 

Eusl.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  45",  col.  3. 

Copule,  subst.  fém.  Accouplement.  (Oudin, 
Iiictionnaire.) 

Copuler,  verbe.  Assembler,  réunir.  ■<  Je  vais 
»  en  Flandres  pour  copuler  les  Etals.  «  (Moyen  de 
Parven.  p.  339.) 

De  là,  se  copuler  pour  s'accoupler.  «  .l'aymerois 
«  autant  un  scavant,  qu'un  pendant,  qu'un  de  ces 
«  doctes  de  lettres  me  fichant  une  cheville  en  l'oeil 
"  que  me  copuler  amoureusement,  tant  leur  con- 
«  suetude  (pour  fréquentation,  société)  est  fade.  » 
(Moyen  de  Parv.  p.  150.) 


Coq,  subst.  masc.  (1)  Ce  mot  subsiste  sous  trois 
des  orthographes  que  nous  donnons.  On  s'en  sert 
encore  pour  désigner  le  mâle  de  plusieurs  oiseaux. 
On  disoit  autrefois  cox  de  cisne,  pour  cigne  mâle. 
(Bat.  de  (Juar.  ms.  de  S.  G.  fol.  91.) 

En  termes  de  coutumes,  coq  s'employoit  dans  le 
sens  où  nous  disons  vol  du  chapon.  (Ordonn.  l.  I, 
pi'éf.  p.  21.) 

On  s'est  aussi  servi  du  mot  cos  pour  désigner  les 
François  ;  sans  doute  par  allusion  au  mot  latin 
gallus  qui  a  l'une  et  l'autre  signification. 

Avecques  eux  emmenoient 

Un  que  Roy  des  ros  apeloient. 

Geofr.  à  fa  suite  du  Rom.  de  Fauv.  fol.  52. 

On  dit  encore  en  Touraine  »»,/«!«  (2),  pour  un  coq. 

Rapportons  plusieurs  anciennes  expressions  oi'i 
ce  mot  est  entré,  et  qui  ne  sont  plus  d'usage  : 

\°  Coqs  chantans,  chant  du  coq;  «  l'heure  de  la 
»  nuit  que  l'en  dit  coqs  cbantans  [Galli  cantus.)  » 
(Labbe,  Gloss.  page  504.)  «  Par  nuyt  endroit  (vers, 
«  environ)  les  cocqs  chantans.  "  (Chron.  S.  Den. 
t.  I,  p.  190.) 

2°  Pierre  de  coq.  Sorte  de  piei're  appelée  en  latin 
lapis  alectorius.  (Poës.  de  Rem.  Belleau,  t.  p.  58.) 

3°  Coq  au  panier,  dans  le  sens  où  nous  disons 
vulgairement  coq  en  pâte.  «  Ils  lui  envoyoient  mille 
<'  presens,  comme  gibiers  ou  flaccons  de  vin,  et 
«  ses  femmes  lui  faisoyent  des  maueadons  et  des 
«  camises  ;  il  estoit  traitté  comme  un  petit  coq  au 
«  panier.  «  (Contes  de  Des  Perr.  l.  Il,  p.  22.) 

4°  On  disoit,  en  parlant  de  quelqu'un  qui  tenteroit 
inutilement  une  chose,  «  qu'il  n'y  feroit  non  plus 
«  que  le  coq  sur  les  œufs.  »  (Contes  d'Eutrapel  (3).) 

5"  Entendre  chanter  le  coq  de  quelqu'un,  signi- 
fioit  entendre  le  bruit  de  quelqu'un  qui  arrive. 
«  Plusieurs  s'estoient  persuadez  qu'on  n'auroit  pas 
«  mis  le  pied  dans  la  Lorraine,  que  les  cocqs  des 
«  retires  ne  s'entendissent  chanter.  »  (Disc,  polit, 
et  railit.  de  la  Noue,  p.  745.) 

5°  bis.  [Intercalez  Coq  de  paroisse,  au  sens  con- 
temporain de  seigneur  de  village  :  «  Icellui 
«  Godeffroy  dist  au  suppliant:  Vous  estes  ung  très 
•i  mauvais  homme,  et  n'estes  que  ung  pilleur  de 
«  gens,  et  estes  droilement  un  coq  de  paroisse.  >■ 
(JJ.  194,  p.  275,  an.  14G7.)  (n.  e.) 

6"  Chanter  le  coq  s'est  dit  d'une  femme  qui  parle 
plus  haut  que  son  mari.  (Oud.  Cur.  fr.) 

PROVERBES   : 

1.  Molière  (Fem.  Sav.  V,  3)  a  cité  ce  proverbe  : 
«  La  poule  ne  doit  pas  chanter  devant  le  coq.  » 
Barlette,  Serm..  de  Caresme,  feriâ  vi,  hebd.  iv,  de 
amore  conjugati,  avoit  cité  ce  même  proverbe  en 
latin,  d'après  le  dominicain  Conrad  de  œsculo, 
auteurdu  xiv  siècle  :  «  Hœc  domus  non  mihi  placet 
«  ubi,  gallo  tacente,  gallina  cantal.  »  Les  termes  du 
dominicain  ne  sont  pas  absolument  les  mêmes: 
«  Familia  mihi  displicet  in  quà  Gallus ,  canente 
«  gallinà,  lacet.  »  (Falconn.) 


(1)  Voyez  plus  haut  Cuni.  (n.  e.) 

(2)  Voyez  plus  loin  ce  mot,  qui  siibsiste  en  Poitou.  (Favre,  Glossaire,  199.)  (n.  e.) 

(3)  Comparez  Cotgrave.  (n.  e.) 


co 


—  255 


CO 


2.  Les  vers  suivans  semblent  une  sorte  de  pro- 
verbe sur  la  discrétion  des  amans  : 

Cors  qui  désire  amie 

Doit  estre  son  cos,  en  plus 
Et  li  cuers  rie. 

Adans  !i  Bocus,  Poès.  MSS.  avanl  13U0,  t.  IV,  p.  1418. 

VARIANTES  : 
COQ.  Orlli.  subsistante. 
CocQ.  Chron.  S.  Denis,  t.  I.  fol.  190. 
COG.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  721«,  fol.  175,  V»  col.  1. 
CoK..  Hist.  de  la  S'«  Croix,  MS.  p.  20. 
CoG.  Chasse  de  Gast.  Phéb.  MS.  p.  99. 
Cox.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  56,  R°  col.  i. 
Cos.  Fabl.  MSS.  du  P..  n"  7615,  t.  II,  fol.  135,  V"  col.  2. 
Gaul,  Jau. 

Coq,  adj.  lîouge.  Mot  du  patois  breton.  (Dict  de 
Borel,  2"  add.  au  mot  Coccitm.) 

Coq-à-l'asiie,  subst.  masc.  Satyre,  sorte  de 
poésie.  On  a  écrit  ce  mot  selon  toutes  les  orthogra- 
phes du  mot  coq,  que  nous  avons  citées.  Boissière 
définit  le  co(j-à-l'as)ie  une  satyre,  ou  «  composition 
«  de  propos  non  liez,  couverlement  reprenant  les 
«  vices  d'un  chacun.  ..  (Poët.  page  254.)  «  Juvenal 
n  s'estant  proposé  d'escrire  des  satyres,  lesquelles 
'<  n'ont  autie  but  que  de  pic(iuer,  reprendre,  et 
'<  mesdire,  sont  comme  libels  diffamatoires,  ce  que 
<■  nous  desguisons  du  nom  de  Pasquiiis,  ou  de 
«  coq-à-l'asne.  ••  (S.  .lui.  Mesl.  Historiq.  page  551.) 
On  lit  «  satire  en  forme  de  coq-à-l'astie  »,  dans 
Pasq.  Rech.  p.  611. 

Cette  espèce  de  poésie  avoit  été  inventée  par 
Clém.  Marol,  suivant  Sibilet  (Art.  Poët.  c.  9, 
page  125.) 

On  disoit  loiirner,  saillir  (I),  ou  sauter  du  coq  à 
l'asne,  pour  changer  de  propos,  et  c'est  en  ce  sens 
que  l'expression  coq  à  l'asne  est  demeurée  en  usage, 
pour  exprimer  un  propos  sans  aucune  suite.  Parmi 
les  bons  mots  d'Henri  IV,  à  la  suite  de  ses  amours, 
on  lit  «  qu'un  prélat  luy  parlant  un  jour  de  la 
«  guerre,  et  assez  mal,  il  tourna,  comme  on  dit  du 
><  coq  à  l'asne,  et  luy  demanda  de  quel  saint  estoit 
«  l'office  ce  jour  l;i  dans  son  bréviaire.  »  (Am. 
d'Henri  IV,  p.  42. i 

Coq-basille  ,  subst.  musc.  Basilic.  On  lit  : 
><  escu  basilides,  d'or  à  un  coq-basile  »,  dans  Perc. 
(vol.  II,  fol.  129.)  Li  cos-basiles,  dans  le  Poman  du 
Renard  de  J.  Gielée;  basilisque,  dans  Ai.  Charlier. 
(Falconnet.) 

Coq-marant,  subst.  masc.  Cormoran.  Corvus 
aquaticus,  dans  Pline. 

Ventre  à  soufl'elet,  cuisses  de  coqmai-ant. 
Hanches  de  buef,  et  jambes  de  héron. 

Eusl.  Desch.  Poi-s.  MSS.  fol.  221,  col.  4. 


VARIAMES  : 
COQ-MARANT.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol,  221,  col.  4. 
COR.MARAN.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  488,  col.  1  (2). 
CORM.A.RENS,  plur.  Gace  de  la  Bigne,  des  Ded.  MS.  f"  11,  V". 
CûURMARAN.  Rabelais,  t.  II,  p.  128. 
CosM.\RAN.  Eust.  Desch,  Poës.  MSS.  fol.  137  (3). 

Coqnou ,  subst.  masc.  On  appeloit  jeu  ds 
coqnon  (4),  une  espèce  de  jeu  en  usage  dans  la 
sénéchaussée  de  Bigorre.  (Très,  des  Chart.  reg.  149, 
pièce  150.) 

Coqnaigne,  sî//>s^  fém.  Nom  factice.  Le  pays 
de  Coquaigne  est  ce  que  nous  appelons  en  langage 
populaire  pays  de  Cocagne.  Ce  mot  vient  du  nom 
que  l'on  donnoit  aux  pains  ou  pelottes  de  feuilles 
de  pastel  mises  en  pâle  avant  que  de  les  mettre  en 
poudre.  On  lit,  dans  Savary,  que  ces  pains  étoient 
appelés  cof  s,  d'où  cocaiçine[a)\  comme  de  l'espèce  de 
pastel  appelée  bourq,  on  a  fait  Ijourdaiyne.  Le  pas- 
tel, avanl  la  découverte  de  l'indigo,  enrichissoit  le 
Languedoc;  de  là,  cette  province,  et  ensuite  tous 
les  pays  fertiles  et  riches  furent  nommés  païs  de 
Cocagne.  Boccace,  nov.  73,  se  sert  en  ce  sens  du 
mot  eoccaynia.  (Falconnet.) 

Un  pays  imaginaire  oii  l'on  trouvoit  toutce  qu'on 
pouvoit  souhaiter  est  désigné  par  le  mol  quoquai- 
gne,  dans  un  fabliau,  ms.  de  la  Bibl.  du  Roy,  n°7615, 
"fol.  147.  On  lit  dans  ce  même  ms.  : 

Li  pais  si  a  non  coquaigne  ; 
Qui  plus  i  dort,  plus  i  gaaigne. 

Fabl,  MSS,  du  R.  n»  "615,  l.  II,  fol,  187.  V'  col,  2, 

L'usage  de  ce  mot  remontoit  encore  plus  haut, 
comme  on  le  voit  par  les  vers  suivans  qui  sont  plus 
anciens  : 

Outrecuidier,  et  ma  foie  pensée 

Me  fait  chanter  ;  las  !  si  ne  sai  porquoi. 

Se  por  ce  non,  que  je  lai  esgardée  ; 

Se  je  la  vi,  qu'en  afiert-il  à  moi? 

Donc  auroie-je  ijuoijiiaigne  trovée. 

S'il  ière  ensi  tout  mien  quan  que  je  voi. 

Gilberl  de  Ber.ieville,  Poès.  MSS,  av   l.iOO.  1,  I,  p,  145, 

On  joua  en  1631,  une  comédie  intitulée:  «  Les 
n  fanfarres,  et  courvées  abbadesqties  de  Roulle 
«  Bontemps,  de  la  haute  et  basse  coquaigne.  » 
(Beauch.  Rech.  des  Th.  t.  II,  p.  32.) 

VARIANTES    (6)  : 

COQUAIGNE.  Fabl,  MSS,  du  R.  n»  7615,  t.  II,  fol.  187. 
QUOQUAIGNE.  Poës,  MSS,  av,  1300,  t.  I,  p.  145. 

Coquart.  [Intercalez  Coquart  :  «  Icellui  Beruarl, 

«  dist  audit  "Duchesne  :...   Va-t-en   hors    de    me 

«  maison,  coquart;  lequel  Duchesne  respondi  audit 

.'  Bernart  qu'il   n'estoit  point  coquart,  mais  que 

'<  ledit  Bernart  estoit  bien  coq'iart,  hernart  et  tous 

"  sos:  car  il  n'estoit  si  mauvaise  conardie  que 

«  sotie.  »  (.1.1.  142,  p.  20,  an.  1391.)]  (n.  e.) 


(1)  On  lit  au  xv*^  siècle,  dans  le  Loyer  des  folles  amours  (p.  315)  :  «  De  moi  vraiment  Vous  vous  raillez  ;  Trop  vous  faiUez, 
Car  vous  saillez  Du  coq  en  l'asne  Evidemment.  »  L'anglais  dit  cock  and  a  huit  (taureau).  Voyez  l'origine  probable  de  cette 
expression  dans  le  conte  de  Grimm,  où  le  coq  et  X'àne  voyagent  en  compagnie  du  chat.  (n.  e.) 

(2)  «  De  cornutrans  ou  de  butors.  Et  d'autres  semblables  oyseaulx.  »  (N.  E.) 

(3>  <i  Contre  l'aigle  trop  ont  cuer  chault.  Quant  prandre  voient  leur  poulaille  A  breSiiers,  à  villenaille,  A  cosmarans  qui  so 
font  baux  Pour  l'aigle  et  ne  sont  que  ribaux.  »  (N.  E.) 

(4)  Lisez  coqi'.tni  (an,  1.395)  :  ><  LesqueLx  jouoient  ensemble  à  un  jeu,  appelle  le  jeu  de  coquon.  »  Ce  doit  être  le  coclioimel. 
(Voir  même  volume,  p.  78,  col.  1.)  (n.  e.)  • 

(5)  Ce  cocagne  vient  du  grec  noxxos,  par. le  latin  coccus.  (n.  e.) 

(6)  Voyez  même  vol.,  p.  75,  col.  1,  Cocainrjne.  (n.  e.) 


co 


256  - 


CO 


Coqnassier,  su)ist.  masc.  Coquetier*.  Chau- 
dioiiiiier^. 

"Voyez  sur  le  premier  sens  de  coquetier,  Rabe- 
lais, t.V,  pronostic,  p.  12,  et  le  Dict.  de  Cotgrave. 

^  Outre  celte  première  acception,  Cotgrave  lui 
donne  encore  celle  de  chaudronnier,  celui  qui  fait 
ou  vend  des  poêlons  (1). 

('oquatris,  suhsi.  wft.sc.  Basilic  ('i).(Voy.  Monet, 
Oudiii,  Ménage  et  Du  Cange,  au  mut  Cocatrix.) 
C'est  un  animal  aijuatiqae.  amphibie,  dont  on  peut 
voir  Thisloire  naturelle  dans  la  i3r>'  réponse  du 
livre  de  Sidrac.  »  Je  trouvai  un  œuf  de  serpent, 
«  duquel  froissé  sortit  un  poulet  bisilisc  dict  coqua- 
«  trix.  «  (Alect.  Rom.  fol.  53.) 

VARIANTES    : 
COQUATRIS.  Oudin,  Nicot,  Dict. 
CoQUATRix.  Rabelais,  r.  IV,  p.  274. 
CocATRis.  Oudin,  Dict. 

COCATRICE. 

Coque, subst .  fém  Bateau,  canol*.  Coquille^  (3). 

*Ce  mot  est  le  même  que  conque,  coquille,  au  pre- 
mier sens.  L'on  appelle  coque  une  espèce  de  barque, 
:i  cause  de  sa  forme  ou  de  sa  petitesse.  (Dict.  d'Oud.) 
Un  lit  dans  .luvénal  des  Ursins  l'i):  «  Les  Anglois 
..  deffendant  UM'ivage  delà  mer  contre  les  François 
i'  vaillamnienl  allèrent  a  eux,  les  uns  à  batteaux,  et 
«  les  auties  à  petites  coques.  «  (Hist.  de  Charles  VI, 
p.  175.)  On  trouve  «  dix  huit  barges,  quinze  gros- 
<'  ses  nefs  et  deux  cogites,  «  dans  l'Histoire  de  B. 
du  Guesclin,  par  Ménard,  p.  W2.  (Voyez,  au  même 
sens,  Coquet  ci-après.; 

^  On  dit  encore  coque,  pour  coquille,  en  diverses 
provinces  maritimes. 

A  toiicher  plus  polie,  et  fine. 
Que  n'est  une  coqite  marine. 

Du  Bellay,  p.  31-!. 

Ce  mot  est  pris  en  ce  sens,  dans  l'expression 
suivante  :  »  Coque  pour  coque,  si  l'un  baille  des 
»  pois,  l'autre  rend  des  febves.  »  (Div.  Leçons  de 
Du  Verdier,  p.  500.)  r<ous  disons  familièrement,  au 
même  sens  :  Chou  pour  chou. 

VARIANTES   (5)  : 
COQUE.  Juvénal  des  Ursins,  Charles  VI,  p.  175. 
CoGUE.  Hist.  de  Bertr.  du  Guesclin,  par  Mén.  p.  462  (6). 

Coquebiii,  s;<6s/. /«rtSf.  Termed'injure.  «  Sœur 


«  Jeanne  nous  dit  que  je  suis  aise  que  ce  gros 
«  coquebin  (7)  là  est  hors  de  céans.  •>  (Moyens  de 
parvenir,  p.  87. )0n lit plusbaslibid.):  «  Coquebince 
«  que  les  Tourangeaux  appellent  ('0/i7i/c()7('.  >■ 

VARIANTES    (8)  : 
COQUEIIIN.  Moyen  de  parvenir,  p.  88. 
CoNQi'EBiE.  Ibid.  p.  88. 

Coquefague.  subst.  fém. 

Bien  ressemblez  une  coiiuefaguc 

Barbe  n'avez,  et  dient  anquant  (quelques-uns) 

Que  vous  avez  la  teste  si  ague,  etc. 

Vois.  MSS.  d'Eust.  Desch.  fol.  521.  col.  i. 

Coquefredouille,  subst.  Un  bon  sot.  (Oudin, 
Cotgrave,  Dict.)  En  espagnol,  vergaute,  coyon  (9). 

Coquelet,  subst.  niasc.  Coqueret,  plante.  Oudin 
entend  la  même  chose  sous  les  noms  de  coqueret, 
coquerette  et  coquerelle.  11  est  probable  que  coquelet 
désigne  aussi  la  même  plante.  Dans  la  description 
d'un  jardin,  «  ordonné  par  quarraux  »,  on  lit:  «  En 
"  l'un  estoitdela  marjolaine,  en  l'autre  des  soucies, 
«  en  l'autre  des  gyroflces,  eu  l'autre  des  coqueletz.  >• 
(Cartheny,  Voyage  du  Chev«'  errant,  folio  50.) 

VARIANTES  : 
COQUELET.  Cartheny,  Voy.  du  Chev"  errant,  f"  ôO. 
Coquerelle,  si(6s(.  f'éin.  Oudin,  Dict. 
Coquerette  suhst.  fém. 

Coquelicoc,  subst.  mase.  Le  chant  du  coq  *. 
Pavot  sauvage  °. 

*  Oudin  distingue  les  deux  mots  coquelicoc  et 
coqid'ricoc,  et  donne  le  premier  comme  le  nom  du 
pavol  sauvage  qui  croît  dans  les  blés,  et  le  second 
con.ine  'e  chant  du  coq  (10).  Nicot  et  Monet  attribuent 
cette  i'  'inière  signification  aux  mêmes  mots,  aux- 
quels i's  appliquent  aussi  la  première. 

^  Nous  disons  encore  coquelicoc  pour  pavot  sau- 
vage ,  et  l'on  prononce  en  quelques  provinces 
coquericoc  (11). 

VARIANTES  : 

COQUELICOC  Monet,  Dict. 
CoQUELicoc'.Q.  Nicot,  Dict. 
Coquericoc.  Oudin,  Dict. 

Coquelinette,  sh/)s/.  fém.  Ce  mol  s'est  employé 
dans  le  refrain  d'une  chanson  : 

Dieux  j'oy  la  coqticlinelte, 
Dieux  j'oy  la  coqueluron. 

Eust.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  100.  col.  2. 


(1)  Voyez  même  vol.,  p.  76,  col.  1,  Cocasse,  (s.  e.) 

(2)  Voyez  Cocatrix,  p.  76,  col.  2,  même  volume.  (N.  E.) 

(3)  On  lit  dans  un  cartulaire  de  Corbie,  an.  1426  :  «  Ui;g  millier  de  cherchaux  pour  le  provision  de  l'église  ,  est  assavoir 
deux  cens  de  renforchiés,  deux  cens  à  coques,  et  le  remain  keures.  »  Le  sens  est  ici  douteux,  (n.  e.) 

(4)  On  lit  aussi  dans  Eroissart  (XII.  1)  :  «  Plenté  de  naves,  de  gallées,  de  vaisseauls  ,  de  balleniers  et  de  coqi'es  pour 
passer  le  roy,  de  France  oultre  en  Angleterre.  »  Ces  navires  devaient  être  d'un  fort  tonnage,  puisqu'ils  venaient  d'Allemagne 
en  Normandie  :  «  Lesquelles  denrées  et  marchandises  chargiées...  en  la  nef  ou  coqiw,  nommée  S.  Esprit  de  Brisemberk  en 
Allemagne,  et  furent  prises  et  robées  en  mer  par  certains  escumeurs  de  mer  de  la  coste  de  Normandie.  »  (Arrêts  du  Pari., 
vol.  V.-an.  1371.)  (N.  E.) 

(5)  Le  vol.  VI  des  Arrêts,  an.  1370,  donne  une  variante  :  «  Quandam  navim,  gaUice  quoquc  nuncupatam.  »  (n.  e.) 

(6)  Voyez  même  vol.,  p.  187,  note  2,  où  on  lit  coghe.  (n.  E.) 

(7)  «  Sanglant  villain,  traittre,  bigame,  coquebin,  puant.  »  (.IJ.  173,  p.  393,  an.  ;426.)(N.  E.) 

(8)  On  trouve  encore  aux  Miiacles  de  X.  D.  la  forme  coquebers  :  «  Bien  estoit  roqncbers,  par  marne  ,  Quant  il  guerroioit 
N'ostre  Dame.  »  (N.  E.) 

(9)  On  lit  dans  M°"  de  Deshoulières,  d'après  Bescherelles  :  «  L'Espagnol,  ce  coquefredouille  Va  toujours  à  Técole  et  perd 
toujours  bredouille.  »  Au  Dict.  de  Trévoux,  on  le  retrouve  :  «  C'était  au  temps  où  la  France  portait  des  hommes  mâles  et 
non  des  coquefredouilles  embéguinés.  »  (N.  E,) 

(10)  Ce  mot  a  d'abord  désigné  le  coq  qui  se  dresse  pour  chanter  :  «  Un  coquelicoq,  tout  droict  sur  ses  piedz,  dont  le  corps 
est  d'une  coquile  de  perle.  »  (De  Laborde.  Einau.r.  p.  223,  xiv«  siècle.)  (N.  E.) 

(11)  Ou  les  aura  ainsi  nommés  parce  qu'ils  sont  rouges  et  tremblants  comme  la  crête  du  coq.  (N*.  E.) 


I 


co 


—  257 


CO 


Coquelineux,a(iJ.  Fol,ratier.  »  Picard, chantre, 
«  et  maitreès  arts  ;  quand  ces  trois  bonnes qualitez 
«  sont  en  nn  personnage,  on  ne  doit  pas  s'éiner- 
<i  veiller  s'il  est  un  peu  coquelineux  (1).  »  (Contes 
de  Des  Perriers,  l.l,  p.'il.) 

Coquelle,  subst.  féin.  Poi.  (Corneille,  Borel, 
1"  add.  —  Voyez  ci-après  Coqui>^e.) 

Coqueloote.  [Intercalez  Coqueloote,  pierre 
blanche  en  forme  d"œuf,  qu'on  met  sous  les  poules 
pour  les  accoutumer  à  couver.  Ce  doit  être  Torigine 
de  coquelourdc,  qui  a  désigné  l'oiseau  ou  le  caillou  : 
«  Icellui  Villemet  gelta  au  geron  du  suppliant  une 
<■  pierre  blanche  en  façon  d'un  œuf,  que  l'on 
«  nomme  une  coqueloote,  qui  estoit  à  entendre, 
"  par  ledit  Maillart  que  ledit  suppliant  ressemtiloit 
»  à  la  geline  couvice,  qui  est  voulentiers  longue- 
i>  ment  sur  ses  œufs.  »  (JJ.  200,  page  189,  an. 
l'iTS.)]  {^.  E.) 

Coquelourde,  (idj.  au  fém.  Imbécile.  Coque- 
lourde,  substantif,  est  une  plante  qui  porte  encore  ce 
nom.  li'adjectif  coquelourde  n'a  aucune  affinité  avec 
cette  plante.  Le  mot  lourd,  qui  entre  dans  la  compo- 
sition de  ce  nom,  a  seul  amené  le  sens  qu'on  lui 
donne  : 

Là  veez  vous  la  lime  sourde, 
Qui  pense  plus  qu'elle  ne  dit  ; 
Souventes  fois  s'esbat,  et  rit, 
A  planter  une  gente  bourde, 
Contrefaisant  la  coquelourde  (2), 
Soubz  un  malicieux  habit. 
La  véez  vous. 

Chasse  et  Départie  d' amours,  p.  27'.),  col.  2. 

Coqueliichant ,  adj.  Oui  a  la  coqueluche, 
sorte  de  rhume.  Voyez  l'article  suivant. 

Comme  deçà  on  va  coqueluchanl. 

Grelin,  p.  212. 

C4oqueluclie,  subst.  fém.  Espèce  de  rhume.  Ce 
rhume  est  accompagné  d'une  toux  violente  et 
convulsive.  Quelquefois  c'est  une  maladie  épidé- 
mique.  Monstrelet,  vol.  1,  f"  202,  dit:»  Adonc 
»  regnoit  par  toutes  les  parties  du  royaume  de 
«  France,  et  en  divers  antres  pais,  une  maladie 
«  générallequi  selenoit  en  la  teste,  de  laquelle  mou- 
"  rurent  plusieurs  personnes,  tant  vieux  que  jeu  nés, 
«  et  se  nommoit  icelle  la  coqueluche.  »  Elle  duroit 
encore  ù  Paris,  eu  1414,  suivant  Choisy,  Vie  de 
Charles VI,  p.  432.  D'où  l'on  peutconclureque  M.  de 
Thou  et  Pasquier  se  sont  trompés,  lorsqu'ils  ont 
placé  la  naissance  de  ce  mot  et  de  la  maladie  ,  l'un 
en  1510  et  l'autre  en  lr.57.  Cette  maladie  régna  à 
Rorne  du  temps  de  Néron,  qui  en  fut  lui-même 


attaqué.  J.  Le  Fevre  de  S.  Remy  en  parle  sous  le 
nom  de  cocqueluee,  da.is  son  Histoire  de  Charles 
VI,  p.  58  :  ■•  En  ce  temps  regnoit  une  maladie  qui 
«  tenoit  en  la  teste,  dont  plusieursjosnes  et  vieulx 
«  mouroient ,  laquelle  maladie  on  nommoit  la 
«  cocqueluee  (3).  » 

VABIANTES    : 
COQUELUCHE.  Du  Gange,  à  Quoqueht.ca,  fjmquihnn  (i). 
CocQUELUCE.  Le  Fevrn  S.  Remy,  Hist.  de  Ch.  VI,  p.  58. 

Coqueluchers,  subst.  masc.  plur.  Espèce  de 
confrairie,  partie  religieuse  et  partie  bouffonne.  On 
y  substitua  celle  des"  conards  ou  cornards.  (Du 
Cange,  au  mot  Abbas  cornardorum  (5).) 

Coqueluchonné ,  adj.    Qui   a    un  coquelu- 
chon  (0).  (Dict.  de  Monet.) 
Coqueluirie,  subst.  Terme  d'injure. 

Faisons  donr.jues  la  départie  (séparation)  ; 
Allez  à  Dieu,  coqueluirie, 
Trop  de  liourt,  et  barat  sçavez 
De  ceux  ne  siiis  ceste  fie. 

Eusl.  Descli.  Pocs.  MSS.  fol.  iM.  col.  3. 

Coqiieluron,  subst.  inasc.  C'est  une  espèce  de 
refrain  de  chanson  dans  les  vers  que  nous  avons 
déjfi  cités  sous  l'article  Cooiiklinette. 

Coqueniar,  subst.  masc.  Ce  mot,  qui  subsiste, 
nous  fournit  un  ancien  proverbe  (7)  que  nous  rappor- 
terons :  »  Voir  de  sou  eau  dans  un  coquemard  de 
»  cuir  bouilli.  »  (Histoire  du  Théâtre  fraurais,  t.  IV, 
page  l'i2.) 

Coquentin.rintercalezCof/!/(?H^i?tdansAgolant, 
v.  1162: 

Mais  ne  feroit  por  lui  un  coquentin 

Plus  het  l'un  l'autre  que  triade  (thériaqiie)  venin.]  (n.  e.) 

Coqueplumectz ,  sul)St.  masc.  plur.  Fous, 
insensés.  Les  fous  portoient  autrefois  des  plumes 
de  coq  à  leurs  bonnets  ;  de  lit,  ce  mol  pour  signi- 
fier fous  en  général  : 

Ces  bagas  (glorieux"),  ces  coqucplumeclz  (8) 
Transis  d'amours,  je  les  commetz  (défie) 
Pour  s'i  trouver,  etc. 

Œuvre  de  Roger  de  Collerye,  p.  77. 

Coquei' ,  verbe.  Heurter  ,  choquer.  (Oudin, 
Cotgrave,  Dict.) 

Couqerelle.  [Intercalez  Coquerelle,  femme  (jui 
garde  les  chanoinesses  de  Remiremont  depuis 
i'exlrême-onction  jusqu'à  leur  enterrement,  dans 
les  Mémoires  de  la  Houssaie  (t.  l,  p.  !)).]  (n.  e.) 

Coquet,  sul)st.  masc.  Bateau,  canot.  C'est  le 
diminutif  de  coque  ci-dessus,  espèce  de  barque.  A 
l'attaque  de  Sandwicli,  par  les  François,  »  il  n'y  eut 
«  autre  dommage  sur  les  dits  François,  fors  qu'en 


(1)  Cotgrave  écrit  :  «  C.oqitelincr  un  enfant.  »  (N.  E.) 

(2)  Ch.  d'Orléans  avait  écrit  dans  un  rondeau  :  «  Contrefaisant  la  coquelourde  Soubz  un  malicieux  abit.  »  (N.  E.) 

(3)  Cette  maladie  était  une  sorte  de  grippe,  et  pour  s'en  guérir  on  se  coiffait  d'une  coqueluche  ou  cipuchon.  (n.  e.) 

(4)  C'est  aussi  une  coiffure  ecclésiastique  (.11.   168 ,   p.  37 ,  an.  1414)  :    «   Le   suppliant  prinst...    une  aumusse  ou 
coqueluche.  »  (N.  E.) 

(5)  Taillepied,  dans  ses  antiquités  et  singularités   de  la  ville  de  Rouen  ,   écrit   que   les  conards   «.  ont   succédé   aux 
coijuehichers,  il  y  a  environ  50  ans  [vers  1530]  qui  se  presentoient  les  jours  des  rogations  en  diversitez  d'habits.  »  (N.  E.) 

(6)  M°"'  de  Sévigné  (517)  écrit  encore  ;  «  Elle  déguisoit  votre  fils  avec  trois  jupes  si  plaisamment  cofjueluchonnées.  »  (n.  e.) 

(7)  On  le  trouve  au  xiv»  siècle  (De  Laborde,  Emaux,  p.  223):  «  Trois  petits  coqnemars  à  biberon,  et  au  couvescle  senties 
armes  de  mons'  le  Dauphin.  »  (N.  e.) 

(8)  On  lit  aussi  dans  la  Sat.   Ménippée .   d'après   Bescherelles  :    «    Maints  gentilshommes  qui   se   montrent   vaillants 
coqueplumets  sur  le  pavé  de  Paris.  »  (N.  E.) 

IV.  33 


co 


—  238  — 


CO 


«  un  cofiuet  ou  estoient  douze  hommes  de  guerre, 
"  lequel  elîondra,  et  pour  ce  en  noya  neuf,  qui  fui 
«  ïrrand  dommage.  »  (Al.  Ctiarlièr,  Histoire  de 
Charles  Yl  et  VU,  p.  !24'2.)  ••  Fussent  saillis  du 
«  navire  par  le  coquet,  de  paour  de  mourir  de 
«  tempeste.  »  (Fabri,  Art  de  Rhétor.  liv.  I,  f"  44.) 

Ains  refait  ses  vessiaus  hourder  (radouber), 

Dont  il  et  là  quoquez,  et  barges, 

Et  grans  nez  (navires)  profondes,  et  larges. 

Guil.  Guiart,  cilt;  par  Du  Gange,  Gloss.  lat.  au  mot  Cochetus  (1). 

C'éloit  un  usage  à  Bayencourt,  paroisse  de  Res- 
sens, lorsque  queliiu'un  se  niarioit,  de  lui  faire 
donner  le  »  coquet  ....  du  vin,  et  viande  pour  aller 
«  boire,  et  esbatre.  »  (Très,  des  Chart.  Reg.  1G7, 
p.  18!).)  Ces  lettres  de  Cliarles  VI  sont  adressées  au 
bailli  de  Vermandois  (2). 

VARIANTES  : 
COQUET.  Fabri,  Art  de  Rhét.  liv.  I,  f«  41  V». 
QUOQUEZ.  Du  Cange,  au  mot  Cochetus  (3). 
Cochet  (4). 

Coqueter  ,  verbe.  Chanter  comme  le  coq  *. 
Pondre  °. 

*  Au  premier  sens,  coqueter  s'est  dit  du  chant  du 
coq  ou  des  poules  et  de  l'imitation  de  ce  chant. 
(Dict.  d'Oudin.)  De  h^i  notre  mot  coqueter,  suivant 
Pasquier  (Recherches,  p.  (>71.)  Il  dit  :  •<  Coqueter  des 
«  coqs  et  poulies  est  le  langage  dont  ils  nous  rom- 
«  peut  la  teste,  quand  ils  s'entrefont  l'amour,  dont 
«  nous  avons  formé,  par  une  belle  métaphore, 
«  caquetler ,  lorsque  quelques  babillards  nous 
«  repaissent  de  paroUes  vaines:  et  delà  mesmes 
«  les  medisans  ont  appelle  le  caquet  des  femmes  ; 
<>  mesmesque  l'on  appelle  une  femme  coquette  qui 
«  parle  beaucoup  sans  subjet.  » 

Le  passage  suivant  paroîlroit  indiquer  l'époque 
oh  le  raoicàqueter  pritfaveur  :  «  Les  poulies cofywe- 
«  tans  ou,  si  voulez  qu'ainsi  je  le  die,  caquelans 
»  ensemble,  etc.  »  (Lett.  de  Pasquier,  t.  I,  p.  60(5.) 

On  a  dit  :  coqueter  à  geulle  ouverte,  pour  rire 
avec  éclats,  imiter  en  riant  le  chant  de  la  poule. 
«  Il  ouyt  jecter  une  grande  risée  de  cachin,  coque- 
«  tant  à  geulle  ouverte,  dont  estimant,  en  riant 
«  ainsi,  qu'il  y  eu.st  là  quelque  personne  cachée 
«  qui  se  mocquast  de  sa  cheute,  etc.  »  (.\lect.  Rom. 
f°  93.  ) 

^  Selon  Oudin  (Dict.) ,  l'on  a  dit  coqueter,  pour 
pondre. 


Coquette,  subst.  fém.  Poule*.  Discoureuse, 
impertinente  °. 

*  Le  premier  sens  est  le  sens  propre.  (Oudin, 
Dictionnaire.) 

^Le  second  est  le  sens  figuré (5).  (Oudin,  Cur.  fr.) 

Coquibus,  pron.  Quicontiue.  Ce  mot  semble 
formé  du  lalinr»;».  préposition,  et  du  pronom  veh\- 
{i(  qulbus. 

Et  par  ainsi,  mes  jeunes  filles, 
Ne  faictes  fourbir  vos  coquilles 
A  seigneurs,  ny  à  coquibus  (6), 
S'ilz  ne  vous  baillent  des  quibus. 

Œuv.  de  Rog.  de  CoUcrje,  p.  50. 

Coquillard,  subst.  masc.  Cocu*.  Coquetier^. 

*  iN'ous  avons  marqué  quelques  acceptions  du  mot 
coquillard,  sous  le  mot  cocquart,  auquel  elles  sont 
communes.  Outre  cela,  on  disoit  coquillard  au  pre- 
mier sens  pour  cocu. 

J'ay  grand  pitié  de  ce  vieillard  ; 
Lui  a  desjà  la  peau  moysie  ; 
Il  a  espousé  jalousie  ; 
Sa  femme  le  fait  coquillard  (7). 

Recr.  des  Dev.  amour,  page  50. 

^  Pour  coquetier,  petit  vase,  dont  on  se  sert  à 
table  pour  porter  un  œuf  à  la  coque.  (Yoy.  Celthell. 
de  Léon  TrippauU,  au  mot  Coque.) 

Coquille,  subst.  fém.  Espèce  de  coiffure*. 
Terme  obscène  ^. 

*  Ce  mol,  sous  l'orthographe  subsistante,  dési- 
gnoit  une  ancienne  coiffure  à  l'usage  des  femmes, 
d'oiî  est  venu  le  nom  de  la  rue  Coquillière,  à  Paris. 
(Dict.  de  Borel.)  C'étoit  un  chaperon  de  drap  ^8)  ou  de 
velours  affecté  aux  veuves,  suivant  Le  Duchat  sur 
Rabelais  (t.  II,  p.  69.) 

°  On  employoit  quelquefois  coquille,  dans  un 
sens  obscène.  (Œuv.  de  Rog.  de  CoUerye,  pages  90, 
188.  —  Voy.  CoQi:iBi;s.) 
On  a  dit  dans  le  sens  propre  de  ce  mol  : 
1"  Pour  exprimer  le  peu  de  valeur  d'une  chose, 
ou  le  peu  de  cas  que  l'on  en  faisoit  : 

Cou  ne  prise  il  deux  cokiUes. 

Pocs.  MSS.  avant  1300,  I.  IV,  p.  ISf». 

2"  Bailleur  de  coquilles,  pour  menteur,  trom- 
peur. (Oudin,  Cur.  fr.)  De  là,  celle  façon  de  parler 
encore  en  usage,  dans  le  style  familier  et  popu- 
laire :  «  A  qui  vens-tu  tes  coquilles  (9).  »  (Pathelin, 
Farce,  p.  105.) 


(1)  On  lit  encore  au  reg.  124,  p.  222,  an.  1383  ;  «  Voulons  que  se  aucune  nef...  demouroit  sur  l'ancre...  et  demourast 
l'ancre,  ou  chaable,  ou  batel,  ou  coquet,  ou  autre  appareil...  celui  qui  le  trouvera  sera  tenuz  de  le  rendre.  »  (N.  E.) 

(2)  Voyez  cochel  (même  vol.,  p.  77,  note  9).  (n.  e.) 

(3)  Sous  Cogo.  On  y  lit  encore  du  même  auteur  :  «  Environ  les  nés  n'a  batel.  Tant  soit  bien  fermé  à  loquet ,  Petite  barge 
ne  coquet.  »  (N.  E.) 

(4)  Coquet  désignait  aussi  une  caque,  un  baril  :  «  Ung  tonnelet  ou  cocquel  d'allés,  iiu""  loyeux  pour  le  cocquel,  doit  .uii. 
den.  »  (Péage  de  Péronne,  cart.  21  de  Corbie,  an.  1295.)  (n.  e.) 

(5)  On  lit  dans  une  moralité  du  xv  siècle,  citée  par  Dochez  :  «  Coquette  immonde  et  mal  famée ,  Et  de  tout  bon  point 
dégarnie.  »  (n.  e.) 

(6)  Au  reg.  JJ.  141,  p.  66,  an.  1391,  il  a  le  sens  de  coqueluchon  ;  il  nous  paraît  donc  une  variante  de  coquehin  :  «  Le 
suppliant  print  le  quevrechief  et  le  chappel,  que  lors  estoit  sur  le  chief  de  l'ymage  Nostre-Dame  en  laditte  église  [de  Laon] 
avec  certain  coquibus,  qui  estoit  sur  le  chief  de  Tymage  de  Dieu.  Et  ce  fait ,  avecques  lesdiz  quevrechief ,  chappel  et 
coquibus  se  bouta  dedans  les  aumaires  estans  dessoubz  l'ostel  devant  ledit  ymage.  »  (n.  e.) 

(7)  «  Le  suppliant  respondit  à  icellui  Robitaille,  quel  co(7tMWart  te  fais-tu,  te  courousce-tu?  »  (,TJ.  176.  p.  54,  an.  1445.) 
Voyez  encore  JJ.  183,  p.  193,  an.  1456.  (N.  e.) 

(8)  «  Un  chaperon  de  brun  vert  et  une  coquille  freloquié.  »  (JJ.  171,  p.  513,  an.  1421.)  (N.  e.) 

(9)  On  lit  aussi  dans  un  Rondeau  de  Charles  d'Orléans  :  «  A  qui  vendez-vous  vos  coquilles  9  Entre  vous  ,  amans  , 
pèlerins  ?  »  (n.  e.) 


CD 


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VARIANTES  : 
COQUILLE.  Orth.  subsistante. 
COKiLLE.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  IV,  p.  1368. 

Coquille,  partie,  et  adjectif.  Fait  en  forme  de 
coquille.  (Du  Gange,  au  mot  Quoquillatm.)  On  a  dit 
figurément,  en  ce  sens  :  »  \Q\\\.ve  coquille,  blanc  et 
<■  poly.  »  (Alector,  Rom.  fol.  r)4.)  De  celte  forme 
venoit  sans  doute  le  nom  de  pain  coquille.  (Cotgr. 
Dict.  —  Voyez  Coquiluer  ci-après.)  »  La  paste  du 
»  pain  coquille  d'un  denier  doit  pezer,  huit  onces 
«  deux  estellins,  et  obole.  ■■  (Urd.  t.  II,  p.  35'2  bis.) 

Coquilleux,  adj.  Rempli  de  coquilles.  (Oudin, 
Cotgr.  Dict.) 

Coquillier,  adj.  Qui  a  la  forme  d'une  coquille. 
(Cotgrave.  Dict.)  On  a  dit  voûte  eoquillière.  (Epith. 
de  M.  de  la  Porte.) 

Coqiiillon  ,  &ub&l.  mase.  Petite  coquille  *. 
Docteur  °. 

*  Ce  mot,  dans  le  premier  sens,  est  le  diminutif 
de  coquille.  (Oudin,  Dict.) 

^  Dans  le  sens  de  docteur,  eoquillon  vient  de 
cucullio,  «  à  cause  du  bonnet  doctonil  fait  autre- 
«  fois  en  forme  de  capuchon.  «  (Le  Duch.  sur  Rab. 
t.  II,  p.  41.)  On  lit(Ibid.  t.  IV,  p.  2'i(j.)  «  Ces  gasto- 
«  latres  coquillons.  » 

Coquimbei'l,  suhst.  mase.  Jeu  de  dames.  A  ce 
jeu,  celui  qui  perd  toutes  ses  dames  gagne  la  partie. 
(Le  Duch.  sur  Rab.  t.  I,  p.  138.) 

1.  Coquin,  subst.  masc.  Gueux,  mendiant. 
C'étoiU'ancienne  signification  de  ce  mot  qui  depuis 
est  devenu  un  terme  vague  d'injure.  (Voy.lesDict.de 
Nicot  et  deBorel,  au  mot  Coquine;  Du  Gange,  aux 
mois  Cociones  et  Coquinus.)  «  Je  pensois  lors  estre 
>'  le  plus  grand  seigneur  de  la  troupe,  et  à  la  fin  je 
«  me  trouvai  le  plus  coquin  (1),  comme  vous  verrez, 
«  etc.  »  (Mém.  de  Monlluc,  t.  I,  p.  48.)  Une  femme, 
qui  ruinoit  son  mari  par  sa  dépense,  «  faisoit 
«  response  qu'elle  ne  le  feroit  jamais  cocu,  mais 
>'  oui  bien,  coquin.  «  (Contes  de  la  roinede  Navarre, 
t.  II,  p.  310.)  "  Encor  faut-il  estimer  ces  dames,  qui 
«  élèvent  ainsy  leurs  maris  en  biens,  et  ne  les 
«  rendent  cocquins ,  et  cocus  tout  ensemble.  » 
(Brant.  Dames  Gall.  t.I,  p.  135.) 

Le  mot  coquin  n'avoit  rien  d'injurieux  dans  son 
origine  (2).  On  donna  ce  nom  à  des  gens  pieux  dont 
Lambert  Bègue,  instituteur  des  béguines,  fonda  une 
congrégation  à  laquelle  il  donna  des  fonds  et  une 
maison  qui  est  appelée  parChappeauville,  liospitale 
coquinarum.  Il  n'est,  peut-être,  devenu  terme  d'in- 


jure qu'à  l'occasion  de  la  faction  des  mendians  qui 
commirent  beaucoup  de  vols  et  de  meurtres  dans 
le  royaume  en  1449,  et  dont  plusieurs  furent  pen- 
dus, comme  on  le  voit  dans  J.  Gbarlier.  Histoire  de 
Charles  VU,  p.  137  et  138. 

Il  y  avoit  eu  précédemment  les  coquins  de  Lan- 
guedoc en  1 383  (3).  Il  en  est  parlé  dans  la  vie  de  Clém . 
Vu,  pape  à  Avignon.  (Voyez  la  note  de  Baluze, 
p.  1300,  et  Du  Gange,  au  mol  Cocio.) 

Nous  avons  vu,  au  mot  Gagot,  qu'on  donnoit 
aussi  le  nom  de  coquins  aux  ladres  ou  cagots,  mais 
c'étoit  alors  le  même  nom  que  cagots,  caqueux, 
caquins,  etc. 

Remarquons  les  expressions  suivantes  (4)  : 

1°  On  disoit  faire  coquin,  pour  rendre  gueux, 
ruiné.  «  Alors  cet  avocat  tint  ce  langage  au  povre  ; 
"  mon  amy,  vous  vous  deslruisez  :  ce  n'est  pas 
«  votre  cas  de  mener  un  piocez  contre  un  tel  per- 
«  sonnage;  il  faut  que  vous  accordiez  avec  luy,  et 
«'  que  vous  luy  quittiez  l'bérilage,  en  recevant  cent 
"  écus,  autrement  il  est  délibéré  de  vous  faire 
"  coquin  du  tout.  »  (Apol.  pour  Hérodote,  p.  42.) 

2°  Leprcvost  des  coquins  étoit  le  chef  d'une  espèce 
de  troupe  qui  faisoit  partie  de  la  fête  do  la  princi- 
pauté de /'/«?'s«/(tv,  ù  Valenciennes,  en  1548.  «  Il 
«  étoit  monté  sur  un  cheval  dont  la  housse  étoit 
«  [leinte  de  verges,  de  cartes,  et  de  dez,  et  étoit 
»  suivi  d'une  troupe  de  coquins  velus  de  casaques 
«  de  canevas  bandées  de  violet.  «  (Le  P.  Menestr. 
delà  Chev.  p.  243.)  {'ofyi///;,  dans  cette  expression, 
paroît  s'être  pris,  selon  l'acception  actuelle,  dans  le 
sens  injurieux  de  fainéant  et  libertin. 
variantes  : 

COQUIN.  Orth.  subsistante. 
CocQuiN.  Rabelais,  t.  IV,  p.  208. 

2.  Coquin,  adj.  Familier*.  Attrayant,  sédui- 
sant ^. 

*  On  a  dit  coquin,  pour  familier,  en  parlant  des 
animaux  ;  pigeon,  mouton  coquin  (5).  (Oudin.  Dict.) 
C'est  de  ce  mot,  pris  en  ce  sens,  qu'on  a  formé  le 
vei'be  accoquiner. 

^  On  a  dit  aussi  t'ory;//?;,  pour  attrayant,  séduisant: 

Tantost  eslendu,  s'il  luy  plaist, 
A  l'ombre  d'un  vieil  chesne  il  est 
A  l'envers  sur  Therbe  coquine. 

Œuv.  de  Baïf,  fol.  90,  V". 

De  là,  cette  expression  :  faire  la  jambe  coquine, 
pour  agacer  de  la  jambe.  (Dicl.  d'Oudin.)  On  a  dit 
d'une  femme  que  la  froideur  de  son  mari  rendoit 
insensible  à  ses  caresses  :  "  Pour  preuve  de  ce, 
"  employoit,  pour  toute  production,  œillades,  et 


^1)  «  Cnguùi,  c'est  un  mendiant  volontaire  qui  haleine  ordinairement  les  cuisines  que  les  Latins  appellent  coqninas.  » 
(Pasquier,  Rech.,  VIII,  p.  718.)  (n.  e.) 

(2)  Cependant  on  lit  dans  Garin,  d'après  Du  Gange  (II,  409,  col.  3)  :  «  Truans  estoit,  pautoniers  et  (■(w/»i».9.  »  Au  reg.  JJ. 
107,  p.  Ii52,  an.  1,375,  on  a  la  forme  qi'0(juiii.  \u  reg.  JI.  142,  p.  297,  an.  1392,  on  lit  :  «  Un  homme  querant  et  demandant 
l'aumosne,  qui  estoit  vestuz  d'un  manteau  tout  plain  de  paleteaulx,  comme  un  coquin  ou  calmant  [quémander].  »  Eust. 
Deschamps  voit  en  eux  des  habitués  de  la  Cour  des  Miracles  (fol.  342)  :  «  Truans  coquins  qui  par  feinlise  Faingent  maulx 
en  mainte  guise  En  ces  moustiers,  et  font  telle  presse  Qu'à  peine  y  puet  l'en  oïr  messe.  »  (n.  e) 

(3)  Lisez  iHchiiis.  (Voyez  le  Religieux  de  S'  Denis  entre  1382  et  1385.)  Ces  nouveaux  Jacques  tuaient  tous  ceux  qui 
n'avaient  pas  les  mains  calleuses.  (N.  E.) 

(4)  Ajoutons  les  proverbes  suivants  ;  «  Proverbe  commun  qui  dit  qu'il  n'est  vie  que  de  coquins,  quand  ils  ont  assemblé 
leurs  bribes.  »  (H.  Estienne,  Apol.  d'Hérod.,  p.  358.)  —  «  Jaloux  de  la  gibecière  comme  un  coquin  de  sa  poche.  »  ^Desp., 
Contes,  II,  p.  107.)  (n.  e.) 

(5)  «  Ou  soit  que  ce  petit  coquin  [son  chat]  Privé  sautelast  sur  ma  couche.  )>  (Du  Bellay,  VII,  40,  verso.)  (n.  e.) 


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«  janibrs  coquines  el  mille  parolles  de  mignardise, 
«  el  douceur  par  elle  practiquées,  sans  que  pailie 
«  adverse  y  avoit  jamais  preste  que  l'oreille 
"  sourde.  »  (Arr.  Amor,  liv.  111,  p.  48i.) 

Coquinaoe.  [Intercalez  Coquinage,  amende 
levée  à  Dun-le-Roi  sur  ceux  qui  se  laissaient  battre 
par  leurs  femmes.]  (n.  e.) 

Coquinaille,  subsl.  (cm.  Canaille.  Pasquier 
dit  ([u'autrefois  '  à  chacun  combattant,  il  falloit 
«  dix  chevaux  de  bagage,  de  frelin,  de  pages,  et  de 
«  valets  :  toute  telle  coquinaille  qui  ne  sont  bons 
<■  qu'à  détruire  le  peuple.  »  (Rech.  p.  125;  Voyez 
J.  Marot,  p.  211  ;  les  Tri.  de  la  Noble-Dame,  f"  157.) 

VARIANTKS  : 
COQUINAILLE.  Eust.  Desch.  Potis.  MSS.  fol.  379,  col.  1. 
CocQUiNAiLLE.  J.  Marot,  p.  19. 
OuoQUiNAiLLE.  Hist.  (lu  Th.  fr.  t.  II,  p.  344. 

Coquine,  subst.  féin.  Pot.  Le  même  que 
CoQUELLE  ci-dessus.  (Borel,  Corneille,  Dicl.) 

Coquineau,  subst.  masc.  Diminutif  de  coquin. 
(Cotgrave,  Oudin,  Dict.) 

Coquiner,  verbe.  Gueuser,  mendier  (1).  (Monet, 
Oudin,  Cotgr.  Dict.)  SMulien  dit:  «  L'instabilité  de 
«  parler  des  courtisans  quidejour  à  autre  changent 
>.  leur  manière  de  dire  pour  emprunter,  ou  plustost 
"  mendier  des  mots  aulbeins  [aubains],  elcoquinev 
«  phrazes  eslrangeres.  »  (Mesl.  Ilistor.  p.  593.) 

Coqiiinei'ie.  [\n\.evGi\\ezCoquinerie,  mendicité, 
au  Pèlerin  de  Guigneville(Du  Gange,  11,593,  col.  3): 

Geste  mains  chi,  truanderie 
Est  nommée  et  coquinerie, 
Hoguinelle  par  nom  le  clain 
Et  qui  apelle  mengue-pain.]  (n.  e.) 

Coquon  [Intercalez  Coquon,  jeu  ;  voir  en  note 
sous  coqno7i.]  (n.  e) 

Coqusse.  [Intercalez  Coqusse,  coqueluchon, 
aumusse:  •<  Item  le  chief  Saint  Symeon  en  façon 
»  d'omme  ancien...  el  à  une  coqusse  d'argent  sur 
"  la  teste  fermant  à  une  viz  esmailliée.  "  (Inv.  de 
la  S"'  Chapelle  au  xiv  siècle,  Du  Gange,  II,  592, 

col.  2.)]   (N.  E.) 

Coqiiu,  subst.  masc.  Cocu.  (Voyez  Pasquier, 
Rech.  p.  752  et  Apol.  pour  Hérodote,  page  56.)  On 
disoil  coquu  marié,  pour  mari  cocu.  «  S'il  advient 
"  que  nous  venions  au  dessus  de  nostreentreprinse, 


«  vous  des  coquus  mariez-,  el  porterez,  an  et  jour, 
«  en  tous  les  tournois  qui  se  feront  en  la  Grande 
«  Bretaigne,  un  escu  noir,  à  ung  chevalier  armé 
«  d'ung  haubert  chevauché  d'une  damoiselle.  » 
(Percef.  vol.  IV,  fol.  46.  —  Voyez  Tétymologie  du 
mol  Cocc  ci-dessus,  article  cocu  subst.  oiseau,  etc.) 

Cor ,  particule.  Maintenant  ,  à  [irésent  *. 
Pourquoi^. 

*  Au  premier  sens,  il  faut  lii'e  cor  pour  que  or, 
c'est-à-dire  qu'à  présent. 

N'est  mervoille  se  je  m'ahir 
Vers  amors,  qui  tant  m'a  grevé  : 
Dex  !  cor  la  peusse  tenir 
Un  soûl  jor  à  ma  volenté  ! 

Gaces  Brûles,  Poës.  MSS.  avant  1300,  1. 1,  p.  tl'J. 

^  Celle  particule,  au  second  sens,  ne  fait  qu'un 
seul  mol  ;  elle  e^i  interrogative,  et  paroU  formée 
du  latin  quare,  pourquoi  (2).  (Voy.  ci-dessus  Car  au 
même  sens.) 

lia!  fet  l'oe  (l'oieX  lasse  chaitive! 
Cor  sui  née  à  plus  maleheure. 
Que  ma  conpaigne  qui  demeure  ? 

Fobl.  MSS.  du  R.  n-  1015,  t.  U.  fol.  178,  R-  col.  1. 

Cor,  subst.  masc.  Cuir*.  Corne^.  Cornef^. 

*  Cor  pour  cuir.  (Glossaire  de  l'Ilist.  de  Bret.  du 
\âVmcorium.)  Delà  les  cors  des  pieds,  cuir  épaissi  (3). 

^  Cor  pour  corne,  du  latin  cornu.  (Diction,  de 
Monet.)  On  disoil  a^'S  de  cor,  pour  arcs  de  corne. 
(Ph.  Mouskes,  .Ms.  p.  192(4).)  Cor  d'abondance,  pour 
corne  (5)  d'abondance.  (Div.  Ler.  de  Du  Verdier. 
page  478.) 

Partout  rouUent  les  fruits  du  plein  cor  d'abondance. 
Œuv.  de  Baïf.  fol.  V6î.  V'. 

"^Nous  trouvons  aussi  cor  pour  cornet,  trompette, 
dans  Ph.  Mouskes,  ms.  p.  195.  Ix  cor  de  corne  étoit 
une  trompette  de  corne  en  usage  à  la  guerre. 
(Froissart,  liv.  111,  p.  341.) 

Lors  oist  tentir  araines 

Qu'en  fait  par  les  deux  oz  sonner, 
■fabours  croistre,  corz  bourdonner 
Flagiex  piper,  et  trompes  braire. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  313,  Vv 

De  là,  on  disoit  : 

4"  .4  cri  et  cor  (6),  pour  bien  haut  et  de  toutes  ma- 
nières. Cette  expression  figurée  est  une  allusion 
tirée  de  la  chasse.  ^Gloss.  de  Marot.) 

2^  Dague  et  cor  signilioil  tout  ,  sans  rien 
excepter. 


(1)  «  Icellui  Regnault  disl  au  suppliant  que  son  père  aloit  coquinani  aval  la  ville.  »  (JJ.  161,  p.  386  ,  an.  1407.)  De  même 
aux  Poésies  de  Perrin  (p.  10)  ;  i<  Quand  l'hiver  fut  vestu  de  neige  et  de  bruine,  EUe  [cigale]  vint  du  fourmi  la  prudence 
louer,  Et  prés  de  son  grenier  à  traicts  d'ailes  rouer,  Flatant  comme  celui  qui  pour  son  pain  coquine.  »  Charron  écrit  aussi 
(Sagesse,  p.  127)  :  «  Coquiner  envers  toutes  sortes  de  gens.  »  (n.  e.) 

(2)  Il  faut  écrire  c'or  et  entendre  puisque  aujourd'hui,  (n.  e.) 

(3)  «  Si  j'ay  un  cor  qui  me  presse  l'orteil,  me  voylà  renfrougné,  mal  plaisant  et  inaccessible.  »  (Montaigne.  II,  323.)  (n.  e.) 

(4)  «  Une  arbaleste  fait  de  cor.  »  (Chron.  des  ducs  de  Norm.,  II,  p.  450.)  Convient  là  de  cornum  ,  cormier,  qu'on  trouve 
dans  la  Chanson  d'Antioche  (VIII,  1080)  ;  «  Plus  de  cinquante  mile  à  lor  ars  de  cormier.  »  (n.  E.) 

(5)  Du  sens  de  corne  on  passe  facilement  à  celui  d'extrémité  :  «  Il  y  a  deus  grosses  abbeyes  séans  l'une  à  l'un  des  cors 
de  le  ville  et  l'aultre  à  l'aullre.  »  (Froiss.,  IV,  408.)  De  là  les  expressions  :  1»  CInef  en  cor,  d'un  bout  à  l'autre  :  «  Il  boutèrent 
le  feu  et  l'ardirent  de  chief  en  cor.  »  (Froissart,  III,  101.)  —  «  (Juant  chil  seignieur  eurent  chevauchiet  de  cliief  en  cor.  » 
(Id.,  248)  2''  Au  cor  de,  au  bout  de  :  «  Vous  en  avés  bien  à  faire  avant  que  vous  soyez  au  cor  de  vostre  voiage.  »  (Froissart, 
IV,  419.)  Ce  sens  est  dans  Renart  le  Nouvel  (t.  IV,  v.  1240)  ;  dans  Partonopex  (v.  265)  :  «  Cil  avoit  en  Troie  une  tor  Sur  une 
maistre  porte  al  cor  »  ;  et  au  v.  7447  ;  «  Elle  a  son  mantel  deslacée  Dont  li  cor  li  vinrent  al  pié...  Li  orlés  est  de  Sebellins..., 
Si  duroient  desci  es  cors.  »  (n.  e.) 

(6)  CoquiUard  (Monologue  de  la  botte  de  foin)  écrit  ;«  Elle  m'a  fait  souvent  monter  A  cheval,  faire  mes  effors  ,  Aller, 
chevaucher,  tempester.  Et  courir  à  cry  el  à  cors.  »  Marot  dit  à  son  tour  ;  «  Lors  eux,  cuidans  que  fusse  en  grand  crédit, 
M'ont  appelle  monsieur  à  cry  et  cor.  »  (N.  E.) 


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Seigneurs,  je  vous  comment  à  Dieu, 
Et  se  l'on  vous  vient  demander, 
Qu'est  devenu  le  franc  arciiier, 
Dictes  qu'il  n'est  pas  mort  encor. 
Et  qu'il  emporte  dague  et  cor. 

Franc  Arciiier  de  Bagnolel,  p,  50- 

3°  De  chief  en  cor,  pour  de  reclief,  esl  peut-être 
une  faute  pour  (/(?c/u>/'t'u;o}'  (1).  On  a  vu  ci-dessus 
au  chief  del  tor\  pour  en  Un  de  compte.  «  Si  vous 
»  pri,  chiers  amis,  aacois  (avant)  qu'il  soit  noient 
"  veus,  ne  escandalisiés,  que  vous  le  voeillez  lire 
«  de  cliief  en  cor,  et  parfettement  viseter,  et  exa- 
"  miner.  »  (Froissart,  Poës.  mss.  p.  211.) 

Co)' semble  une  faute  pour  coe,  queue, 
vers  : 

La  cor  (i)  de  lor  vesteure 
Qui  est  si  grant  outre  mesure. 
Oui  si  le  vait  empasturant, 
Et  à  la  terre  trainant, 
Et  muet  une  grande  poudrière. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  --21S,  toi.  1-25.  R- 


dans  ces 


'  col.  1. 


V.\R1AN"TES    ; 
COR.  Dict.  de  Borel. 
KoR.  Ph.  Mouskes,  MS. 


p.  179,  -180,  etc. 

Corabie.  [Intercalez  Corahlc,  dans  l'expression 
(eur  corabie,  prix  courant,  aux  Assises  de  Jéru- 
salem (cil.  191)  :  «  Se  il  le  fonl  labourer,  que  son 
«  labeur  soit  conté  au  feur  corabie  des  laborans 
«  qui  laborent  de  celui  labour.  »]  (n.  e.) 

Corage,SHfef.??î«S(.'.  Cœur, affection, volonté  (3\ 
pensée.  On  a  dit,  dans  le  sens  subsistant,  avec  une 
sorte  de  pléonasme  : 

Ayez  bon  cuer,  et  bon  coruye. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  71.11.5,  T.  II,  fol.  1-2:.,  V»  col.  1. 

Maiscemot,  qui  ne  se  dit  plusque  pour  exprimer 
cette  disposition  de  l'Ame  qui  fait  mépriser  le  péril, 
s'employoit  autrefois  pour  exprimer  dillérentes 
affections  du  cojur,  ses  pensées  secrètes,  le  cœur 
même  (4).  Nous  citerons  plusieurs  passages  afin  de 
justifier  l'étendue  de  son  acception  : 

Amor  de  feme,  bien  le  sai 
N'est  pas  à  touz  jors  hérité  : 
Tost  ont  lor  corage.i  mués, 
Et  sont  plus  légières  que  j'ai. 

Poës.  MSS.  avant  1300,  t.  IV,  p.  Ii82. 

Douce  dame,  car  m'otroiés,  por  Dieu, 
Que  je  vous  die  un  pou  de  mon  coraije. 

Pois.  MSS.  av.  1300,  T.  IV,  p.  U35. 

On  a  dit  : 

!°  Gros  couraigc,  pour  cœur  dur  : 

Ne  qu'elle  eust  si  très  gros  couraige, 
De  vous  veoir  endurer  domaige. 

L'Amant  rendu  cordelier,  p.  51t>. 


2"  Contre  son  courage,  pour  à  contre-cœur,  en 
haine  :  «  L'avoit  grandement  contre  son  courage.  » 
(Froissart,  livre  IV,  p.  [12.)  Bernile  coraige,  pour 
valeur,  courage,  dans  le  sens  que  nous  le  disons. 
Dans  S.  Bernard,  Serm.  fr.  .mss.  p.  207,  répond  au 
latin  animus  virilis. 

VARIANTES  : 
CORAGE.  Chans  MSS.  du  G'«  ïliibauU,  p.  114. 
Coraige.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  207. 
CORRAGE.  Rich.  de  Somilly,  Poës.  MSS.  avant  1300,  p.  606 
Courage.  Orth.  subsistante. 
Couraige.  Crétin,  p.  46  ;  .1.  Marot,  p.  13,  etc. 
COURRAIGE.  Eust.  Desch.  Poës.  .\ISS.  (•>  509. 

Coraigeiis,  adj.  Irrité,  fâché,  qui  a  de  la  ran- 
cune. Du  mot  CoHAiGK  ci-dessus  pris  dans  l'acception 
générique  de  disposition  du  cœur  : 

Ne  li  serai  coruigeux, 

N'envieus,  contralieus, 

Ne  ireus  (irrité)  n'angoisseus. 

Poes.  MSS.  avant  1300,  T.  II,  p.  8!». 

Coraille,  subst.  fém.  Entrailles  (.">).  C'est  propre- 
ment ce  (jne  nous  nommons,  dans  les  animaux,  la 
fressure,  etque  dans  quelques  provinces  on  nomme 
encore  la  couri'uue  {G).  On  lit,  dans  Percef.  vol.  n, 
f°  1  io  :  »  Féru  d'une  lance  parmi  le  corps,  si  que  la 
"  Corée  lui  en  sailloit.  ■■ 

Trestot  l'a  pourfendu  desci  qu'à  la  corce. 

Faucli.  Lang.  et  Pocs.  fr.  p.  112. 

C'est-à-dire  jusqu'aux  entrailles.  (Voyez  Borel  et 
Du  Cange.  au  mot  Corallum  1.)  Il  cite  ces  vers  : 

L'escu  li  tranche,  et  aubère  li  failli  ; 
Que  la  coraille  del  cuer,  qui  desoz  tint, 
Bien  le  sachiez,  li  a  trenchié  parmi. 

Rom.  de  Garin,  MS. 

Proverbe  : 
Bien  a  sens  d'enfant 
Cil  qui  bargeigna  (marchanda)  avant 
La  leigne,  et  puis  la  corée  en  gré  prent. 

Brcliax,  Poës.  MSS.  du  Vatican,  n"  1400,  fol.  1(Î6,  R-  c.  -2. 

VARIANTES  : 
CORAILLE.  Rom.  de  Brut,  MS.  f»  65,  R»  col.  2. 
CouRAiLLE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  f  139,  col.  2. 
CoURADE.  Borel,  Dict. 

CuuRÉE.  Rom.  d'Audigier,  MS.  de  S.  G.  f»  68,  V"  col.  2. 
CoRRÉE.  Hist.  de  S"  LéocMde,  MS.  de  S.  G.  f^SO. 
Corée.  Perceforest,  passim. 

1.  Coral,  subst.  masc.  Espèce  de  bois.  Peut-être 
une  espèce  de  cliéiie  très  dur,  nommé  en  latin 
robur[l).  Peut-être  aussi  ce  qu'on  appelle  le  cœur  du 
bois.  Ce  mot  se  trouve  dans  un  passage  latin  :  «  Pro 
«  unà  pecià  fustis  de  coral,  pro  laciendo  unum 
»  sommeiiumad  sustineiidum  pontem.  »  (Du  Cang. 
au  moi  Sommerium  (8).) 


(1)  Voyez  la  note  sous  Cor,  extrémité.  (N.  e.) 

(2)  Voyez  le  note  sous  Cor,  e.Ntrèmité.  On  lit  au  v.  10362  de  Partonopex  :  «  As  quatre  cors  ot  boutonés  De  quatre   salirs 
roondés.  »  (n.  e.) 

(3)  Ce  sens  de  volonté  est  dans  Froissart  (II,  493)  :  «  Li  roys  savoit  bien  en  partie  le  couraige  et  l'entention  dou  roy 
d'Engleterre.  "  (N.  e.) 

(4)  Corage,  dérivé  de  cœur,  a  tous  les  sens  du  latin   animus   et  rappelle  l'allemand  Gemïah.  Dans    Roland,    il  signifie 
intention  au  v.  191,  cœur  au  v.  56.  (n.  e.) 

(5)  «  On  li  fendi  le  ventre,  et  U  osta  on  le  coer  et  toute  le  coraille.  »  (Froiss.,  Il,  88.)  Dans  Renart  le  Nouvel  (v.  22532)  on 
lit  aussi  :  «  As  leviiers  a  donné  lor  droit  Et  le  pomon  et  la  coraille.  »  (n.  e.) 

(6)  On  prononce  maintenant  courée.  (N.  E.) 

(7)  Au  reg.  JJ.  75,  p.  227,  an.  1343,  on  lit  aussi:  «  Fustes  dictorum  hospiliorum  erant  grossée  et  magnse  et  de  corallo  ,  et 
pro  majori  parte  de  castanherio.  »  Nous  disons  cœur  de  chêne.  (N.  E.) 

(8)  Dans  ce  compte  des  réparations  faites  à  Carcassonne,  en  I'kSS,  on  lit  encore  :  «  Pro  duabus  quadrigatis  fuslium  de 
corail,  j)  (N.  E.) 


co 


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CO 


2.  Coral  et  Corals ,  snbst.  Corail  (i).  (Voy. 
Maibod.  art.  20,  col.  165(5,  où  il  est  intitulé  Corail) 

3.  Coral.  [Intercalez  Coral ,  sincère  (Aubri , 
p.  175,  col.  1)  :  «  Il  se  démente  et  fait  un  dol 
»  coi'al.  "  (N.  E.} 

Coralment,  adv.  Cordialement,  de  tout  son 
cœur.  (Dict.  de  Rorel.) 

N'est  pas  à  soy  qui  aime  coralment. 

Gaces  Brullés,  Poés.  MSS.  av.  1300,  T.  I.  p.  321. 

Le  même  vers  se  trouve  répété  dans  les  Ane. 
Poës.  Mss.  Vat.  n"  l-WO,  f"  I3i  ;  seulement  on  lit 
coreument  au  lieu  de  coralment. 

Lequel  des  deux  aime  plus  corelment. 

Po.s.  MSS.  liu  Vat.  n-  1522.  fol.  lOS,  R'  c.  1. 

VARIANTES  : 
COR.VLMENT.  Poës.  MSS.  avant  1300,  1. 1,  p.  324. 
Corelment.  Adans  li  Bocus,  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  IV. 

COURALE.MENT. 

COLKELMENT.  Poës.  MSS.  Vat.  n»  1522,  f»  150.  V»  col.  1. 
CoBAUMENT.  Fauchet,  Lang.  et  Poës.  fr.  p.  15i. 
CcRUAMMENT.  Le  Jouveiicel,  MS.  p.  569. 
CoRiAUMENT.  Poës.  MSS.  avant  13(XI,  t.  II.  p.  627. 
CORIEUMENT.  Poës.  MSS.  Vat.  n»  1522,  f»  163,  R»  col.  1. 
Coreument.  Poës.  MSS.  Vat.  n»  1490,  f°  134,  R»  col.  1. 
CouREUMENT.  Poës.  MSS.  Vat.  n»  1490,  f"  169  R°. 

Corames,  subst.  fém.  plur.  Cuirs. 

Lis  de  parade,  et  covcnnrs  dorez. 

Œuv.  de  Joach.  Du  Bellay,  fui.  489. 

Corante  (monnoye).  participe.  .Monnoie  ayant 
cours.  "  Monnoye  coranlc  de  Nantes.  »  (D.  Morice, 
Hisl.  de  Bretagne,  col.  !)87,  tit.  de  1201.)  »  Monoe 
«  corante  de  Bretainne.  »  (I).  Morice,  Hist.  de  Bret. 
col.  994,  tit.  de  1265.) 

Coraval,  subst.  masc.  Qui  court  aval.  Nom 
factice.  «  Gaston  de  Foix  se  divertissoit  à  donner 
«  ainsi  des  noms  h  ses  domestiques,  pour  désigner 
"  leuis  iiualilés.  »  (Voyez  des  Ace.  Bigarr.  f°  90.) 

Coi'b.  [Intercalez  Corh,  corbeau,  de  corvuni  ; 
voyez  Raynouard,  t.  II,  p.  479,  col.  2.)]  {n.  e.) 

Corbache,  subst.  masc.  C'est  le  nom  du  nerf 
de  bœuf  ou  gourdin  dont  on  bat  les  forçats  sur  les 
galères  .  formé  de  l'espagnol  corbacho.  (Oudin  , 
Dictionnaire.) 

Corbaille,  subst.  fém.  Corbeille,  cotï.  e.  Ce  mot, 
qui  subsiste,  se  trouve  employé  sous  l'ortbographe 
existante,  dans  un  ancien  fabliau  (.ms.  du  Roy.)  Le 
poëte  dit,  en  parlant  de  l'indiscrétion  des  femmes  : 

....  Aussi  coye  se  taist  de  ce  qu'on  lui  conseille, 
Con  cil  qui  va  tant  le  vent  et  la  corbeille  (2). 

FaW.  MSS.  du  R.  n»  "(U.i,  T.  I,  fol.  100,  R-  col.  1. 

On  peut  l'expliiiuer  par  corbeille  ou  coffre  ,  dans 
Eust.  Uescbamps,  qui  dit,  en  parlant  de  la  nécessité 
de  faire  circuler  l'argent  : 

Mais  ijuant  il  court,  on  vit  plus  largement, 
Que  de  tenir  repost  en  la  corbaille. 

Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  258.  col.  1 . 


VARIANTES  : 
CORBAILLE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  f»  258,  col.  1. 
CoRBOiLLE.  Fabl.  MSS.  du  R.  nû  7615,  t.  II ,  t°  212,  V»  c.  2. 
CoRHEiLLE.  Orthographe  subsistante. 

Coi'bans.  [Intercalez  Corbans,  dans  l'expression 
corbans  et  levans.  pour  couchans  et  levans  (Ch. 
des  Comptes  de  Lille,  an.  1289)  :  »  Et  parmi  tant,  li 
■■  cités  de  Tournay  ne  puel  ne  ne  doit,  beurs  de  se 
«  justice,  défendre  les  eorbans  ne  les  levans  de 
«  ledite  cité.  >■]  (n.  e.) 

Corbaranz,  subst.  masc.  Caisse,  coffre,  trésor. 
Mot  du  patois  du  Daupliiné',3).  Le  rorioHfl de  l'Evan- 
gile. (Voyez  Du  Cange,  au  mot  Corbona.) 

Corbature,  subst.  fém.  Courbature.  (Dict.  de 
Cotgrave.) 

Corbaii.  [Intercalez  Corbau,  espèce  de  poisson 
d'après  le  ms.  6836  c.  de  la  B.  N.:  «  Coracinum 
«  nostra  Gallia  Narbonensis  per  acopem  appellat 
•■  corp,  alii  durdo,  alii  vergo,  alii  corbau,  Italia 
«  fere  tota  corvo.  »]  (n.  e.) 

Corbe,  subst.  fém.  Courbe,  enflure  qui  vient 
aux  jambes  des  cbevaux  :  «  Un  vendeur  de  chevaux 
«  n'est  tenu  de  vices,  excepté  de  morve,  espousse, 
»  corbe,  corbature,  etc.  ■>  (Coût,  de  Bassigny,  au 
Nouv.  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  1145.)  La  même  disposi- 
tion se  trouve  répétée  dans  la  Coût,  de  Bourbonn. 
Coût.  Gén.  t.  II,  p.  375. 

Corbe,  subst.  masc.  Corbeau.  Budé  dit  qu'il  est 
possible  "  de  leurrer  et  affaconner,  pour  lavollerie, 
»  le  corbin  qui  mange  les  allouettes.  «  (Livre  des 
Oiseaux,  f°  151.)  On  lit  aussi  que  cet  oiseau  ne  trou- 
vant pas  ses  petits  semblables  à  lui,  lorsqu'ils 
viennent  d'éclorre,  "  car  ils  ne  sont  pas  encore 
«  revestuz  de  leurs  pennes,  ne  n'ont  la  couleur 
<•  noire,  il  les  laisse,  et  habandonnejusques  au  8'' 
«  jour.  »  (Le  Jouvencel,  ms.  p.  32.) 

....  Là  se  logent  tout  au  tour 

Choes,  cahuans,  estourneaulx 

Grands  corbes,  suettes,  moyneaulx. 

Eust.  Desch.  Poés.  MSS.  fol.  325,  col.  2. 

On  disoit  proverbialement  : 

....  Plus  noir  que  corbe. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  79,  V-  col.  3. 

Selon  Nicol,  corbât  signifioit  aussi,  en  Dauphiné, 
pêcheret,  cormoran. 

VARIANTES  : 
CORBE.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  f"  79,  V  col.  3. 
CORBAT.  Hist.  de  S"  Léocade,  MS.  de  S.  G.  f»  29,  R»  c.  1. 
CORBEL.  Chron.  S.  Denis,  t.  I,  f"  136  V». 
CORBiN.  Epith.  de  M.  de  la  Porte. 
CORBON.  Mouskes,  MS.  p.  402. 

Corbeans,  subst.  masc.  plur.  Nom  de  peuple. 
Peuple  de  la  Picardie  ou  des  environs  :  peut-être 
les  habitants  de  Corbie.  «  De  par  les  Poihiers,  et 
«  Corbeans,  de  par  les  Arlhisiens,  et  les  Flamans, 


(1)  «  As  pies  par  devers  le  solel  .Vvoit  un  rorul  brun  et  vermel.  »  (Flore  et  Blanchetlor,  617.)  Le  pluriel  était  coraus  :  «  Et 
bons  coraus  et  crisolites,  Et  diamans  et  ametistes.  »  (Romancero,  p.  59.)  On  disait  encore  coral  au  temps  de  Régnier  et  de 
Corneille  :  «  Sa  bouche  est  de  coral  ;  Sur  cet  amas  brillant  de  nacre  et  de  coral ,  Qui  sillonne  les  flots  de  ce  mouvant 
cristal.  »  (Corn.,  Tois.  d'Or,  II,  3.)  (n.  e.) 

(2)  On  lit  au  Martyr  de  S'  Etienne  :  «  Je  cuide,  quant  il  l'appela,  Qu'il  faisoit  ou  vcn  ou  corbeille.  »  Il  y  a  peut-être  un  jeu 
de  mots  sur  van,  prononcé  comme  voit.  Voyez  aussi  plus  haut  la  note  sur  Virgille  mis  en  corbeille,  (n.  e.) 

(3)  Hist.  du  Dauphiné,  II,  p.  386,  col.  2,  an.  1339.  (n.  e.) 


co 


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CO 


«  etc.  «  (Citation  du  Glossaire  lat.  de  Du  Gange,  au 
mot  Poheii  (1).) 

Corbeau,  siihst.  masc.  Ge  mot  subsiste.  On 
dislinguoit  autrefois  le  corbeau  de  nuit,  des  autres  : 
Budé  le  met  au  nombre  des  oiseaux  nocturnes, 
comme  «  le  hibou  cornu  ,  hibou  sans  cornes  , 
«  ou  chahuant,  chevêche,  huette,  l'eiïraye,  ou  fre- 
«  saye,  corbeau  de  nuit,  faucon  de  nuit,  ou  chalcis, 
<•  et  souris  chauve.  »  (Budé,  des  Oiseaux,  f"  1  lit.) 

On  a  dit  :  le  lendemain  du  corbeau,  pour  le  jour 
d'après,  le  lendemain,  par  allusion  au  mot  latin 
crus,  et  à  l'ancien  mot  françois  crus,  corbeau, 
employé  allégoriquement  dans  le  passage  suivant, 
pour  désigner  le  pécheur  ; 

Donne  congé,  toy,  qui  es  fin, 
Au  cheval  qui  vieillit,  afin 
Que  pis  encor  ne  luy  advienne  ; 
Que  songes-tu  ?  le  lendemain 
Du  corbeau  n'est  pas  en  ta  main. 

(Euv.  deJoacli.  du  Bellay,  p.  300. 

Coi'beil,  suhst.  masc.  Nom  de  lieu.  Nous  re- 
marquerons sur  ce  mot  : 

1»  Que  les  oignons  de  Corbueil  étoieni  passés  en 
proverbe  avant'  laoo.  (Poës.  mss.  t.  IV,  p.  1053  (2).) 

2°  De  là,  celle  expression  proverbiale  : 

Rouges  comme  oingnons  de  Corbueil  (3). 

Fabl.  MSS.  du  R.  u"  7-!i8,  fol.  230,  V"  col.  -1. 

3°  On  disoit  aussi  prendre  Paris  pour  Corbeil. 
(Brant.  Cap.  fr.  t.  111,  p.  313.)  M'  d'Andelol  et  ses 
reitres,  forcés  par  M'  le  maréchal  de  S'  André  (i)  de 
lever  le  siège  de  Corbeil,  vinrent  faire  celui  de 
Paris  ;  de  là,  peut-être  l'origine  de  ce  proverbe. 
Celle  de  Cotgrave  meparoitplus  naturel!^-.  Prendre 
Paris  pour  Corbeil,  selon  lui,  c'est  se  tromper  gros- 
sièrement dans  une  matière  tout-à-fait  claire  et 
sans  difficulté  ;  commellre  une  erreur  aussi  grande 
que  celle  d'un  homme  qui  prendroil  Corbeil  pour 
Paris,  à  cause  de  la  proximité  de  ces  deux  villes. 

VARIANTES  : 
CORBEIL.  Dict.  de  Cotgrave. 
Corbueil.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  230,  V"  col.  2. 

Corbeiller,  subst.  masc.  Corbeille,  corbeillée. 
"  Fut  composé  à  huit  corbeillers  de  pain.  «  (J.  Le 
Fevre  de  S.  Rémi,  Hist.  de  Charles  Yl,  p.  8ti.) 

Corbeillogneurs.  [Intercalez  Corbeillogneurs, 
faiseurs  de  corbeilles,  au  Gloss.  lat.  7684.]  (n.  e.) 

Corbeillonnée.  [Intercalez  Corbeillonnée , 
corbeillée,  au  reg.  JJ.  lOij,  p.  76,  an.  1373:  «  Quant 
«  il  auroit  mis  une  corbeillonnée  de  blé,  qu'il 
«  tenoit  entre  ses  mains,  en  la  tremuye  du  dit 
»  moulin.  »]  (n.  e.) 


Corbel,  subst.  masc.  Corbeau  (5).  En  termes  de 
maçonnerie,  c'est  une  grosse  pierre  en  saillie  pour 
soutenir  une  poutre.  Ces  pierres  étoient,  dans  notre 
architeclure  gothique,  taillées  en  formes  bizarres 
d'animaux,  etc.,  et  faisoient  ornement.  Peut-être 
les  confond-on  avec  les  pierres  saillantes  qui  for- 
ment la  corniche,  dans  la  citation  suivante  : 

Et  la  ter  est  quarrée  et  lée  ; 
De  sus  par  est  si  bien  ornée 
La  coverture,  et  li  corbel 
Furent  moult  orgueillox,  et  bel. 

Blanch.  MS.  de  S.  Germ.  fol.  178,  R'col.  1. 

Corbeiiic,  subst.  )nasc.  Lieu  saint.  «  Il  y  eut 
«  une  bonne  cité  qu'ilz  nommèrent,  granl  temps, 
<■  Gallafar,  pour  l'honneur  de  leur  seigneur  ;  mais 
«  elle  fut  depuis  nommée  Corbenic,  qui  vault  autant 
Il  à  dire,  en  nostre  langage,  comme  lieu  sain.  > 
(Percef.  vol.  YI.  fol.  119.f 

Corber,  verbe.  Renverser. 

La  prent,  et  la  corbe  (6),  et  l'embronche  ; 
Et  celé  dort  toz  jors,  et  fronche  (rontleV 

Fabl.  MSS. du  R.  n-  7218,  fol.  178,  R-  col.  2. 

Coi'besson  [Intercalez  Corbesson  ,  joug  au 
reg  .1.1.  181,  p.  27,  an.  1451  :  «  Le  suppliant  d'un 
■'  corbesson  ÛQ  beufs...  donna  audit  feu  prestre  un 
"  cop  par  la  teste.  ■>]  (n.  e.) 

Corbet.  [Intercalez Corôf  f,serpe, au  reg.  JJ.  152, 
p.  192,  an.  1-397  :  «  Seurvint  un  nommé  Wil  Duflois 
«  tenant  en  sa  main  un  hostil  esmoulu,  nommé  fer- 
«  mantou  corbet,  dont  il  enteiidoit  à  couper  bos.  » 
On  trouve  aussi  courbet  (JJ.  liO,  p.  158,  an.  1390): 
<•  Icellui  Hennequin  getla  après  ledit  larron  un 
«  Courbet  ou  sarpe,  dont  on  coppe  les  bois.  »]  (n.  e.) 

Corbetes.  [Intercalez  Corbetes,  ornements  de 
selle  (Du  Gange,  II,  597,  col.  2):  «  Une  selle  de 
«  guerre,...  la  couverture  de  vcluel  vert  bordé  de 
«  corbetes.  »]  (n.  e.) 

Coi'bettes,  subst.  Espèce  de  pirates.  On  appe- 
loit  ainsi,  sur  la  côte  de  Normandie,  les  petits  écu- 
meurs  ostendois  ,  qui  donnent  la  chasse  aux 
pêcheurs,  selon  le  Dict.  Etym.  de  Ménage.  Nous 
avons  une  sorte  de  petits  navires  que  nous  nom- 
mons corvettes.  (Voyez  ce  mot  dans  les  Dictionnai- 
res.! Les  corbettes  pirates  ont  pu  fournir  le  nom  de 
ces  bàtimens,  dont  peut-être  ils  se  servoient. 

Corbetz,  subst.  masc.  plur.  Ge  mot  paroit  être 
une  altération  de  Copet  ci-dessus,  couteau  de  bou- 
cherie, couperet. 

De  grans  cousteaulx,  et  de  corbetz  Cl). 
Molinet,  p.  19. 


(1)  Ed.  Henschel,  V,  p.  328,  col.  3.  (n.  e.) 

(2)  D'après  le  Dit  de  TApostoile.  (n.  e.) 

(3)  Sur  les  pesches  de  Corbeil,  voyez  Leroux  de  Lincy,  I,  339.  (n.  e.) 

(4)  Le  maréchal  de  S'  André  n'ayant  pu  empêcher  la  jonction  de  l'amiral  d'Andelot  et  du  prince  de  Condé  ,  se  jeta  dans 
Coriieil,  sachant  que  l'intention  des  huguenots  «-tait  de  s'emparer  de  cette  ville  et  de  Paris  par  là.  11  ne  faut  pas  confondre 
ce  proverbe  «  prendre  Paris  par  Corbeil  »,  connu  de  Pasquier  en  1502,  avec  prendre  Paris  pour  Corbeil,  qu'on  lit  aux  Contes 
d'Eutrapcl,  fol.  95,  v»  :  «  Je  retourne  chez  mon  hoste,  lequel  en  riant  dist  que  je  m'estois  lourdement  mesconté  ,  prena)il 
Paris  pour  Corbeil.  »  (N.  E.) 

(5)  «  Il  n'est  loisible  à  un  voisin  mettre  ou  faire  mettre  et  asseoir  les  poultres  de  sa  maison  dedans  le  mur  moitoyen 
d'entre  luy  et  son  voisin,  sans  y  faire  ou  faire  faire  ou  mettre  jambes  parpaignes  ou  chesnes  et  corbeaux  suffisans  de 
pierre  de  taiUe  pour  porter  les  dittes  poultres.  »  (Coul.  gén.,  I,  35.)  (n.  e.) 

(6)  C'est  notre  verbe  courber  :  «  Corbés  sui  por  le  fes  de  mes  péchiez.  »  (Psaut.  du  xii«  siècle,  fol.  47.)  (n.  e.) 

(7)  'Voyez  Corbet.  (n.  e.) 


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Coi'bidas,  sulist.  juasc.  Nom  propre.  On  !il 
dans  Erherie,  ms.  de  S.  G.  fol.  90  :  »  Maleiçoii  don 
<'  Corhidas  lejiiie  fu  maudiz,  «  pour  malédiction 
dont  fut  maudit  le  Juif  Corbidas. 

Corhiere,  subst.fém.  Du  Cange,  au  mol  Corbi- 
laria,  cite  le  passage  suivant  où  ce  mot  se  trouve  , 
mais  il  ne  l'explique  point  : 

Beitian  le  choisi  [vit]  bien  enimi  une  cnrhicyc  (1). 
Chron.  MS.  de  B.  du  Guesct. 

Ame,  comte  de  Genève,  s'empara  d'une  corbiere 
sur  le  litiône  en  pavs  de  Gex.  et  y  fait  bâtir  un  châ- 
teau vers  1280.  (Gr.'  Offic.  de  la  Cour,  t.  II,  p.  lôOl.) 

Corps  bien,  subst.  mnsc.  Espèce  de  jurement. 
Il  s'est  formé,  par  contraction,  de  l'altération  de  ces 
mots  corps  de  Dieu.  [Glossaire  de  Marot.  —  Voyez 
CoRi'>-DE-DiEiJ  ci-après.)  >•  Si  mangerons  de  l'oye, 
'•  corbeiif,  que  ma  femme,  ne  roustira  poinct.  » 
(Rabelais,  t.  111,  page  163.)  On  trouve  jiar  le  corjjs 
bien  dans  J.  Marot  (2).  p.  2'(8.  (Voyez  ci-dessous  les 
articles  Cordé  et  Cuf.rhe.) 

VARIANTES  : 
CORPS  BIEU.  J.  Marot,  p.  248. 
CoRBlEU.  Gloss.  de  Marot. 
CoRBEU.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  5,  V»  col.  1. 
CoRBEUF.  Rabelais,  t.  III,  p.  163. 

Corbigeaii,  subst.  masc.  Cormoran.  Oiseau 
marin,  selon  le  Dict.  de  Cotgrave.  Rabelais  met  le 
cnrhigeau  au  nombre  des  oiseaux  bons  à  manger. 
^T.  IV,  p.  -l'A)  Alors  ce  mot  pourroil  signifier  jeune 
corbeau  ;  le  même  que  Coniiiî;EAr  ci-après. 

Corbillat,  subst.  masc.  Corbillard.  (Cotgrave  et 
Oudin,  Dict.)  Ce  nom  de  corbillat ,  selon  Oudin  (3), 
sigiiilleroil,  comme  aujourd'hui  corbillard,  le  petit 
d  un  corbeau,  et  le  coche  d'eau  qui  mène  à  Corbeil. 
(Dict.  fr.  esp.) 

Corbille,  subst.  Ustensile  de  moulin.  »  Tout  ce 
«  qui  appartient  au  corps  du  moulin  à  vent,  pour 
"  tourner,  ou  inouldre,  sera  tenu  pour  héritage. 
«  C'est  assavoir  tout  ce  qui  tient  ensemble;  mais 
«  les  corbilles,  boiteaux  (pour  boisseaux),  et  hos- 
•■  tieux  (pour  bottes  ou  pour  outils)  portatifs  seront 
«  réputés  pour  meubles.  »  (Coût,  de  Haynault , 
Coût,  Gén.  t.  1,  p.  810.) 

Corbilliers,  subst.  masc.  plur.  On  a  donné  ce 
nom  aux  chanoines  semi-prebcndiers  de  l'église 
d'Angers.  (Du  Cange,  au  mot  Corbillarios  (4).)  On  les 
appelle  encore  corbelliers. 

Corbiii  (os),  subst.  masc.  Terme  de  chasse. 
Nos  anciens  auteurs  de  vénerie  ont  souvent  appelé 
os  corbin  une  partie  du  cerf.  Le  passage  suivant 
peut  aider  à  la  déterminer  :  «  Faut  lever  le  cymier, 
«  depuis  le  commencement  des  coslez,  et  de  lon- 
«  gueur  jusques  au  bout  de  la  queue,  en  eslargis- 


»  sant  sur  les  cuisses,  jusques  aux  joints,  laissant 
«  l'os-corbiit,  tout  franc,  en  luy  donnant  deux  coups 
«  de  couteau  sur  le  haut  dès  deux  costez,  pour 
«  monsirer  la  venaison.  »  (Fouilloux  ,  Vénerie, 
fol.  .">i  ,.").)  Les  vers  suivans  semblent  indiquer  l'ély- 
mologie  de  ce  mot  : 

Encore  vous  dis-je  que  ceulx 

Qui  le  cerf  detïonl,  doivent  prendre 

Un  os  du  cerf  qui,  sans  mesprendre, 

Vox-coiinii,  de  son  droit,  se  nomme  ; 

El  d'ycel  os-corbin,  c'un  homme 

Le  doit  sur  un  arbre  poser. 

C'est  le  droit,  au  vray  exposer, 

Des  corheau.i;  qui,  en  toute  place, 

Signifient  le  hur  (bonheur)  de  la  chasse. 

Coi'binage,  subst.  masc.  Droit  de  coutume.  Ce 
droit  varie,  selon  les  coutumes  différentes.  ••  Vers 
"  Mesle.  en  Poitou,  c'est  un  droit  en  vertu  duquel 
«  les  curez  prétendent  avoir  le  lit  des  gentilshom- 
"  mes  qui  meurent  en  leurs  paroisses.  "  (Laurière, 
Gloss.  du  Dr.  fr.  ;  kl.  sur  llagueneau.) 

Corbineau,  subst.  masc.  Diminutif  de  corbeau, 
.leune  corbeau.  (Al.  Chart.  l'Espér.  p.  373.) 

Corbinei',  verbe.  Dérober,  escamoter.  (Monet, 
Nieol,  Oudin  et  Cotgrave,  Dict.) 

Corbineur,  subst.  masc.  Trompeur,  voleur. 
(Monet,  iNicot,  Borel,  Oudin  et  Cotgrave,  Dict.) 

Or  cuydois-je  estre  sur  tous  le  maistre 
Des  trompeurs  d'icy,  et  d'ailleurs, 
Des  fors  corhiiieni-s,  et  des  bailleurs 
De  paroles,  en  jugement, 
A  rendre  au  jour  du  jugement. 

Pathelin.  Farce,  p.  105, 

Corbisier.  [Intercalez  Corbisier  dans  un  reg, 
de  la  Ch.  des  Comptes  de  Lille,  an,  r265:  «  Namur 
"  si  a  li  cuens  l'estalage  de  le  haie  des  dras,  des 
«  toiles,  des  corbisiers.  »  Voy. Corbeillogxeurs.]  (n. e.) 

Corbison,  subst.  inasc. 

Les  dens  a  Ions  corn  broqueriex. 
Et  si  vous  dit  qu'ele  a  les  iex 
Ausi  gros  comme  uns  corhiso».^. 
Et  clers,  ardans,  comme  uns  tisons, 

Kabl.  MSS,  du  R,  ir  7218,  fol.  ,ï7,  R-  col,  S. 

Corcelet,  subst.  masc.  Espèce  de  cuirasse.  *. 
Soldats  qui  la  porloient^ 

*  On  appeloit  aussi  celte  espèce  de  cuirasse,  hal- 
lecret  ou  veste  de  mailles.  Elle  étoit  à  l'usage  de 
l'infanterie  qui  s'en  servoit  encore  sous  Louis  XIII, 
et  les  gardes-suisses  la  poiioienl  sous  Louis  XIV. 
(VoyezMil.  Fr.  du  P.  Daniel,  l,  I,  p.  408.) Brantôme, 
t.  IV,  p.  2'29,  cite  des  gentilshommes,  capitaines, 
qui  auparavant  avoient  porté ,  comme  simples 
soldats,  l'un  l'arquebuse,  l'autre  le  corcelet. 

M.ilgré  l'autorité  du  P.  Daniel,  on  voit  que,  dès 
le  temps  de  la  Noue,  l'infanterie  avoit  cessé  d'en 
faire  usage.  Il  s'exprime  ainsi  dans  ses  Disc.  Polit. 


(l)  Co/titit's  parait  synonyme  de  anm'yiies  et  désigne  comme  lui  des  montagnes  aux  flancs  couverts  par  des  taillis  de 
chênes  verts  et  de  châtaigniers  sauvages,  (n.  e.) 

(•2)  Avaiit  Marot,  on  lit  dans  l'Archer  de  Bagnolet  :  «  Paf  !e  coi-ps  hieti ,  c'est  une  robe.  Plaine  de  quoy?  Charbieu  de 
puiUe,  «  Au  xiir  siècle,  on  disait  plutôt  par  le  cuer  heu.  »  (Ménestrel  de  Rains,  éd.  de  WalÙy,  §  414  a.)  Voyez  aussi  d'autres 
jurons  moins  respectueux  au  Glossaire  de  cette  édition,  p.  265,  col.  2.  (n.  e.) 

(3)  c(  Corbillat,  grande  barque  dont  on  se  sert  pour  aller  en  un  lieu  près  Paris.  «  (x.  e.) 

(4)  Sous  Curbccula  (II,  597,  col.  2.)  (N.  E.) 

(5)  Comparez  éd.  Favre,  fol.  42,  verso,  (n.  e.) 


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el  Milit.  p.  319  :  »  D'autant  (lue  les  soldats  ne  veu- 
«  lent  plus  aujourdhuy  porter  de  corcelets,  etc.  » 
Il  sembleroit  qu'il  y  eût  iiuelque  différence  entre 
corselets  el  hallecrets,  par  ce  passag'e  :  «  Armés  de 
«  corselets  elhallecrets.  »  (Hist.  de  la  Popelinière, 
t.  I,  liv.  I,  fol.  30.) 

Le  corset  paroît  avoir  été  la  même  chose  que  le 
corselet.  (Voyez  Du  Gange,  aux  mots  Corsetîts  et 
Cursetus.) 

Mais,  tout  à  coup,  ung  franc  archier, 
Qui  Talebot  ne  congnoissoit 
Le  tua,  et  fit  destrancher, 
Pour  avoir  sa  robbe,  et  corset. 

Vig.  de  Charles  VII,  t.  U,  p.  U'. 

On  lit  corset  blanc,  avec  la  même  signification, 
dans  une  Ordonnance  du  duc  de  Bourgogne,  en 
1471.  «  Le  coustillier  de  l'homme  d'arme  sera  armé 
«  par  devant  le  placipiait  (pour  plastron)  blanc,  à 
«  tout  (avec)  arrest,  et  le  derrière  sera  de  brigan- 
«  tine  ;  et  s'il  ne  peut  trouver  le  dit  habillement  se 
«  pou rvoye de corsf/  l)lmic{-i),  à  tout  arrest,  etc.  » 
(Etat  des  Offic.  du  d.  de  Bourg,  p.  287.) 

^  On  nommoit  aussi  corcelets  les  soldats  armés 
de  ces  sortes  de  cuirasses  ou  vestes  de  mailles  : 
«  Deux  compagnies  d'infanterie,  les  corce/e/s  (2)  en 
«  teste  ;  et  les  harquebusiers  à  costé.  »  (Brantôme, 
Cap.  fr.  t.  II,  p.  27.)  Dans  le  même  régiment,  les 
piquiers  portoient  des  corselets  ;  les  arquebusiers 
n'en  portoient  point. 

VARI.iNTES   : 
CORCELET.  La  Noue,  Disc.  Polit,  et  Mil.  p.  319. 
Corselet.  Mém.  de  Du  Bellay,  liv.  X,  fol.  325,  V". 
CouRSELET.  Etat  des  Offic.  du  duo  de  Bourg,  p.  277. 
Corset.  Vig.  de  Charles  VII,  t.  II,  p.  147. 

Gorcesque,  siibst.  fém.  Espèce  d'arme.  On 
l'appeloit  aussi  zagaie,  sorte  de  demi-pique  ou  de 
javelot.  (Oudin,  Cotgrave,  Dict.l  Ce  mot  de  corces- 
que  venoit  peut-être  de  ce  que  dans  la  Corse  on  en 
faisoit  un  usage  particulier.  On  trouve  :  javeline  à 
la  corsesgiie,  dans  le  Dicl.  de  Monet. 

Il  y  eut  ù  Lyon,  ù  l'entrée  de  Henry  II  dans  cette 
ville,  un  combat  de  gladiateurs,  qui  «  combatirent 
«  premièrement  à  armes  différentes,  à  scàvoir  une 
«  eonsesque  (lisez  corsesque),  ou  zagaye,  contre  une 
«  espée  à  deux  mains  ;  el  combien  que  ce  fust 
'<  armes  longues,  et  qui  requièrent  lieu  large,  et 
»  spacieux,  pour  s'en  ayder,  etc.  »  (Brant.  Cap.  fr. 
t.  II,  p.  13.) 

VARIANTES  : 
GORCESQUE.  Mém.  de  Du  Bellay,  liv.  IX,  f»  300. 
Corsesque.  Monot,  Dict. 

CoNSESQUE  (Lisez  corsesque).  Brant.  Cap.  fr.  t.  II,  p.  13. 
CoRSECQUE.  Rabelais,  t.  IV,  p.  146. 

Corcié.  [Intercalez  Corcié  :  1°,  Ecorché  dans  La 
Thauraassière,  p.  1467:  «  Qui  enchiet  de  le  danger 


«  et  de  ferir  autre  sans  sanc  et  sans  chaable,  et  à 
«  cinq  sols  d'amende,  et  cinq  sols  au  corcié.   » 
2"  Courroucé  :  «  N'envers  sa  famé  ne  vers  autrui 
»  cordés.  "  (Aubri,  p.  162,  col.  1.)]  (n.  e.) 
Corcion.  [Intercalez  Cordon,  enfant  naturel  : 

Je  suis  Regnault,  vous  fils,  de  droit  estracion, 
Mais  je  croy  bien  qu'ayés  eu  plus  d'un  baron, 
Car  le  duc  de  Dordonne  m'a  apellé  corcion. 

Enfants  Aynion,  v.  530.1  f**-  *•) 

Cordage  ,  subst.  masc.  Arpentage  ,  l'action 
d'arpenter  les  terres  avec  une  corde  (3).  »  Seront  les 
»  dits  priseurs,  et  arpenteurs  lenuz  d'arresler.  sur  le 
"  lieu,  et  par  chacune  pièce  de  terre  qu'ils  priseront, 
«  et  corderont,  la  quantité,  et  estimation  d'icelle  ; 
«  auparavant  entrer  au  cordage,  et  estimation  des 
«  autres  terres  qui  seront  ù  priser.  »  (Procès 
verbal  de  la  Coutume  de  Bretagne,  Coût.  Gén.  t.  II, 
page  815.  ) 

Cordagée,  adj.  »  Magie,  cabale,  Talmud,  lan- 
«  ternerie  cordagée,  elc.  »  (Alector,  Rom.  f°35.) 

Cordail ,  subst.  masc.  Cordage  ou  cordeau. 
«  Firent,  ceux  de  dedans,  une  saillie  ;  mais  ils 
«  estoient  peu  de  gens  :  et  la  pluspart  estoient  à 
«  cheval,  qui  se  mirent  par  le  cordail  (4)  des  pavil- 
«  Ions.  >■  (Mém.  deComines,  p.  230.) 

Cordance,  subst.  (ém.  Conciliation. 

Mes,  riens  plus  que  le  fa  au  mi 
N'a  nul  acort,  ne  cordance. 

Hisl.  de  France,  à  la  suite  du  Kom.  de  Fauvel,  fol.  09. 

(Voyez  AccoRDANCE  ci-dessus.) 

Corde  ,  subst.  fém.  Estrapade  *.  Sorte  de 
mesure  °.  Filet,  rets  '^. 

*  Au  premier  sens,  c'est  le  nom  d'un  supplice, 
proprement  l'estrapade.  (Diclionnaire  de  Monet.) 
«  Persista  lousjours  en  ses  dénégations,  à  raison  de 
x  quoy  il  ordonna  qu'il  fut  mis  à  la  corde  ;  mais 
s>  plus  on  lui  baiUoit  la  question  forte,  et  cruelle, 
»  plus  se  rendoit  opiniastie.  ■>  (iNuicls  de  Strapar. 
t.  II,  p.  299.) 

^  On  nommoit  aussi  corde  une  mesure  de  corde 
avec  laquelle  on  arpentoit  les  terres,  et  qui  varioit 
suivant  les  lieux.  «  Chacune  corde  de  vingt  quatre 
"  pieds  de  roy,  chacun  pied  de  douze  poulces, 
«  chacun  poulce  de  douze  ligues,  ou  grains.  »  (Proc. 
verb.  de  la  Coût,  de  Bretagne,  Goût.  Gén.  t.  II, 
p.  815.)  «  La  banlieue  contient  six  vingt  cordes, 
"  chacune  corde  de  six  vingt  pieds.  >'  (Coutumes  de 
Bretagne,  ibid.  t.  II,  p.  778.)  Suivant  la  Coutume  de 
Montargis,  »  la  mesure  de  l'arpent  est  semblable, 
-'  tant  en  terres,  prez,  bois,  vignes,  que  eaues,  et 
«  contient  cent  cordes,  et  chacune  corde,  vingt 
«  pieds  de  roy,  qui  est  douze  poulces  pour  pied.  » 
(Ibid.  t.  I,  p.  915.)  «  La  lieue  de  Bourgogne  contient 


(1)  On  le  nommait  aussi  coursai  (Qulcherat ,  Cost.,  p.  306);  c'est  le  début  du  corselet  qui  devait  faire  oublier  la 
bngandine.  (n.  e.) 

(2)  On  lit  dans  d'iVubigné  (Hist.,  II,  202):  «  Serbillon  depescha  Sallasar  avec  600  harquebusiers,  200  mousquetaires  et 
autant  de  corselets.  »  (n.  e.) 

(3)  C'est  aussi  un  droit  sur  les  tissus  mesurés  à  la  corde:  «  Et  si  a  U  quens  au  cordaige  des  toilles  de  Mons  ,  de  .xxxix. 
aunes  corder,  une  maille.  »  (Ch.  des  Comptes  de  Lille,  an.  1265.)  Cordage  a  le  même  sens  dans  une  charte  de  1274.  (Du 
Cango,  II,  599,  col.  2.)  (n.  e.) 

(4)  On  trouve  aussi  cordaitles  (JJ.  113,  p.  243,  an.  1378):  u  Comme  se  feussent  meues  certaines  paroles...  pour  cause  de 
certains  exploiz  et  cordailles  de  vaisseaux  de  mer  ;...  tandiz  apploiz  et  cordailles.  »  (n.  e.) 

IV.  34 


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"  cinquante  portées  de  longueur,  la  portée  douze 
«  cordes,  la  corde  xu  aulnes  de  Provins  ;  l'aulne 
>i  deux  pieds  et  demy  ;  le  pied,  douze  poulces  ;  les 
«  douze  fo/'rfes  (qui  sont  la  portée)  contiennent  sept 
«  vingts  quatre  aulnes  d"e  Provins,  de  longueur.  » 
(Coût?  de  Bourgogne,  ibid.  p.  800.)  «  Contient  vol 
«  de  chapon  huit  vingt  pas  doubles,  qui  sont  seize 
«  vingt  pas  simples  :  valent  îi  prendre  ù  la  longueur 
«  des  t'o/'(/fsd"un  mesureur,  ou  cordeleur  de  terre.  » 
(Coût.  d'Anjou,  ibid.  t.  11,  p.  04.)  (1) 

^  Cordes,  en  ternies  de  chasse,  signifioit  les  filets, 
les  rets  dont  on  se  sert  pour  prendre  les  loups  et 
autres  animaux.  »  On  les  prent  à  force  aux  chiens, 
«  aux  lévriers,  aux  laz,  et  aux  cordes.  «  (Chasse  de 
Gast.  Phébus,  .ms.  p.  72.) 

On  disoit  autrefois  : 

1°  Cordes  d'arquebuse,  pour  mèche.  «  Le  reste,  je 
«  les  renvoyay  à  Savillan,  tousattachez  avec  cordes 
a  d'arquebouzes,  de  tant  que  les  miens  qui  les 
«  menoient  n'estoient  si  grand  nombre  qu'eux.  » 
(Mém.  de  Montluc,  t.  I,  p.  119.)  «  Ils  le  prioient  les 
«  vouloir  secourir  de  poudres,  plomb,  etcorde,  pour 
«  l'arquebuzerie.  »  (Ibid.  p.  311.) 

2^^  A  cordes  avallées  ,  pour  à  la  débandade  ; 
proprement  à  cordes  relâchées.  On  a  dit,  au  figuré: 
"  Discours  efferiiinez,  à  bâtons  rompus,  et  à  cordes 
«  avalées,  et  si  mal  mis  en  œuvres.  »  (Mém.  de 
Villeroy,  t.  V,  p.  203.) 

3°  Frères  de  la  corde,  pour  cordeliers  : 

Senor  sont  apelé 
Li  frère  de  la  corde. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7015,  t.  1,  fol.  63.  R-  col.  1. 

4°  Se  jouer  es  cordes  des  ceints  s'est  dit  par  allu- 
sion à  la  corde  ou  cordon  dont  les  religieux  sont 
ceints,  et  avec  laquelle  ils  jouent  entre  eux.  (Le 
Duchat,  sur  Rabelais,  t.  IV,  p.  139.) 

5°  Donner  corde  s'igmCioil  donner  liberté,  pouvoir. 
«  Que  Montaigne  s'engouffre  quant  et  la  ruine 
«  publique,  si  besoin  est,  mais  s'il  n'est  pas  besoin, 
«  je  sçauray  bon  gré  à  la  fortune  qu'il  se  sauve  ;  et 
«  autant  que  mon  devoir  me  donne  de  corde,  je 
«  l'employé  â  sa  conservation.  »  (Essais  de  Mont. 
t.  III,  page  0.) 

0°  Détendre  sa  corde,  se  relâcher,  devenir  plus 
traitable  : 

Droiture  obliez, 
Et  destendez  vostre  corde  ; 
Et  viengne  miséricorde 

Por  nos  aidier. 

Thiéb.  de  Navarre,  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  I,  p.  93. 

7"  Mettre  à  sa  corde,  pour  engager  dans  son 
parti  : 

....  Toz  les  a  si  atornez  ; 

La  dame  a  touz  >nis  à  sa  corde  ; 

Chascuns  dou  tout  à  li  sera. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7615,  1. 11,  fol.  150,  R-  col.  2. 

8°  Se  traire  à  une  corde,  pour  être  d'accord  : 


Et  uns  et  autre,  et  !i  clergiés 

Ki  là  furent  aparilliés, 

Se  traisent  tôt  à  une  corde. 

Ph.  Mouskes.  MS.  p.  688. 

Nous  disons  encore  :  tirer  à  une  même  corde, 
pour  agir  de  concert. 

9°  Etre  d'une  corde,  être  lié  à  une  corde,  pour 
être  réunis  : 

Et  ceuls  qui  furent  en  discorde, 
Sont  tous  liez  à  une  corde. 

Eust.  Desch.  Poès.  MSS.  fol.  558,  col.  3. 

On  disoit  au  même  sens  : 

Hz  sont  liez  tout  d'une  corde. 

Gace  de  la  Bigiie,  des  Déduits,  IIS.  fol.  Î6,  Y*. 

Pitiez,  et  miséricode 

Qui  sont  çaintes  d'une  corde. 

Hist.  des  Trois  Maries,  en  vers,  MS.  p.  *37. 

10°  Descorder  de  la  corde,  pour  se  détacher  ;  au 
figuré,  se  brouiller  ; 

....  Por  mal,  ne  por  descorde, 
Ne  vueil  descorder  de  ta  corde. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  322,  V  col.  2. 

11"  Rompre  la  corde,  pour  enfraindre  un  accord, 
une  convention  : 

Jacobins  rompirent  la  corde, 
Ne  fu  lors  bien  nostre  créance  ; 
Et  nostre  loi  en  grant  balance. 

Fabl.  MSS.  du  R.  ii'  7218,  fol.  325,  R-  col.  2. 

12°  Attraper  à  sa  corde,  traire  à  sa  corde-,  pour 
faire  tomber  dans  ses  filets  : 

Le  monde  est  le  faux  jardin 

Où  nous  cueillons  le  périlleux  roisin  (raisin) 

Dont  l'ennemy  nous  atrape  à  sa  corde. 

Eust.  Desch.  Poes.  JISS.  fol.  123,  col.  2. 

Ja  si  ne  fust  feme  anserrée  (enfermée), 
Qu'à  su  corde  ne  la  traisist  (tirast). 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  80,  Y"  col.  2. 

13"  Ouïr  parler  par  dessus  la  corde,  pour  ou'ir 
parler  en  l'air,  à  la  volée.  «  Le  S''Aërsens  qui  en  a  ouy 
«1  parler  par  dessus  la  corde,  etc.  »  (Négoc.  de  Jeann. 
page  318.) 

14°  Etre  au  bout  de  sa  corde,  pour  êlre  au  bout 
de  son  rollet,  comme  on  dit  encore  vulgairement. 
Montaigne  dit  des  médecins  :  «  Quand  ils  sont  au 
»  bout'de  leur  corde,  etc.  »  (Essais  de  Montaigne, 
t.  II,  p.  824.) 

15°  Se  mettre  la  corde  au  col,  expression 
empruntée  de  l'usage  ancien  où  éloient  les  sup- 
pliants, et  ceux  qui  se  livroient  à  l'esclavage,  de 
détacher  leur  ceinture  et  de  la  mettre  à  leur  col,  en 
signe  de  servitude.  [Du  Gange,  au  mot  corrigiam 
sibim  collo  ponere.)  (2) 

1.  Cordé,subst.  «rnsc. Espèce  dejurement*  (3). 
Dieu  °. 

*  Au  premier  sens,  ce  mol  composé,  de  même  que 
CoRiiiEu  ci-dessus,  désignoit  presque  toujours  un 
jurement  : 

Le  bourgeois  jura  cordé. 

Gace  de  la  Bi^ne,  des  Déd.  MS.  fol.  112,  Y'. 


(1)  On  lit  au  cart.  de  S'  Denys,  p.  376,  col.  1,  an.  1273  :  «  Soissante  et  dis  arpens  et  .xxvn.  cordes  et  demie  de  terre  en 
divers  lieus.  »  (n.  e.) 

(2)  On  lit  enlin  dans  Froissart  (XII,  283)  :  «  Or  nous  traions  doncques  sur  elle  [aile],  et  ainsi  nous  aurons  deux  cordes  à 
nostre  arc.  »  (n.  e.) 

(3)  Il  est  pour  corps  de  Dieu.  (N.  E.) 


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^  Oa  l'employoit  aussi  quelquefois  pour  Dieu  : 

....  Les  commanda  au  Cordé. 

Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  fol.  80. 

VARIANTES  : 
CORDÉ.  Gace  de  la  Bigne,  des  Déd.  f"  112  V». 
CORSDÉ.  Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  deFauvel,  ["SO. 
CoRDiu.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f»  154,  R°  col.  2. 

2.  Cordé.  [Intercalez  Cordé,  grosse  étoffe  de 
laine  dans  le  Roi  Guillaume,  p.  167: 

De  gros  aigniaux  et  de  cordé.]  (n.  e.) 

Cordeau,  subst.  musc.  Petite  corde.  Ce  mot 
subsiste  sous  sa  première  orthographe.  On  s'en  ser- 
voit  autrefois  pour  désigner  le  supplice  de  la  corde  : 

Mais  s'ilz  vous  ont,  la  grâce  du  cordeau 
Vous  aurez  d'eu.x,  n'en  faictes  double  aucune. 

J.  Marot,  p.  17. 

VARIANTES  (1)  : 
CORDEA.U.  Orthographe  subsistante. 
CORDIAU.  Modus  et  Racio  MS.  f»  168  V». 
CoRDEL.  Hist.  d'Artus  111,  duc  de  Bretagne,  p.  771. 

Cordée.  [Intercalez  Cordée  dans  l'expression 
eschielle  cordée,  échelle  de  cordes  (Froissart,  IV, 

148).]    (N.  E.) 

Cordéis.  [Intercalez  Cordéis,  sangles  de  lit 
(Partonopex,  v.  10325)  : 

Ot  par  desus  le  cordéis 
Qui  fu  de  soie  lacéis.  [N.  E.) 

Cordel.  [Intercalez  Cordel,  cordon  (Froissart, 
XVI,  205)  :  «  Ung  double  cordel  de  soye  blanche  h 
«  blanches  houppes  pendans.  "  On  lit  encore  dans 
Arthur  de  Richemont  (p.  771)  :  «  Furent  amenez  h 
«  Paris  touz  liés  en  un  chariot  et  le  cordel  au 
«  col.  »]  (n.  e.) 

Cordeler,  verbe.  Faire  des  cordes,  tortiller 
comme  une  corde  *.  Lier,  unir  ^.  Tramer  '^. 

*  Le  premier  sens  est  le  sens  propre.  (Voy.  Oudin, 
Dict.)  Ce  mot  subsiste  encore  en  ce  sens,  au  moins 
on  le  trouve  dans  quelques  dictionnaires  modernes. 

°  Au  figuré,  on  disoit  cordeller,  pour  unir  : 

Puisque  bonne  amour  nous  cordelle 
Ensemble,  par  vray  parentaige, 
Donnez-moy  une  prebendelle. 

Molinel,  p.  188. 

^  Unir,  pris  en  mauvaise  part,  signifie  tramer. 
On  disoit  cordeler  pour  tramer  (2)  : 

Cordeller  grans  discordes, 
Pour  païs  descorder. 

Molinet,  p.  172. 

VARIANTES  : 
CORDELER.  Oudin,  Dictionnaire. 
Cordeller.  Crétin,  p.  219  ;  MoUnet,  p.  172. 

Cordeler,  subst.  masc.  Cordeller. 

Trop  auroient  donc  fait  cil  cordeler  fou  change 
Qui  toz  jorz  vont  deschauz,  et  se  frètent  au  lange, 
S'il  cuidoient  avoir  paradys,  sans  eschange. 

Chaiitepleure,  MSS.  de  S.  G.  fol.  lOi,  R'  col.  1. 

(Voyez  CoRDELiER  ci-après.) 


Cordelette,  subst.  féni.  Filet,  lacet*  (3). 
Liseré  °. 

*  Ce  mot,  qui  subsiste  et  qui  signifie  proprement 
la  corde  dont  on  se  sert  pour  faire  des  filets,  s'est 
pris  autrefois  pour  les  filets  mêmes.  «  On  prend  le 
«  loutre  aux  rivières  à  cordelettes,  comme  on  fait 
«  les  lièvres  aux  filets.  »  (Fouilloux  ,  Vénerie  , 
folio  108.)  Voyez  ci-après  Cordelle,  pour  piège, 
filets. 

^  Au  second  sens.  Cordelette  semble  mis  pour 
signifier  une  espèce  de  liseré  dont  on  ornoit  les 
habits.  «  Tunique  de  riche  damas  d'or,  et  bordé  à 
«  deux  bords  de  deux  cordelettes  (4)  de  toile  d'argent 
«  traict ,  et  montrant  forme  de  grosses  perles.  » 
(Mém.  Du  Dellay,  t.  VI,  p.  145.) 

VARIANTES  : 
CORDELETE.  Orthographe  subsistante. 
CoRDETTE.  Apol.  pour  Hérodote,  p.  653. 

Cordelenr,  subst.  masc.  Arpenteur.  Du  mot 
Corde  ci-dessus,  pris  pour  mesure  avec  laquelle  on 
arpentoit  les  terres.  On  disoit  :  •<  .Mesureur,  ou 
'<  cordeleur  de  terre.  »  (Coût.  d'iVnjou,  Coût.  Gén. 
t.  II.  p.  64.  —  Voyez  Cordeir.) 

Cordeleus,  adj.  Propre  à  faire  des  cordes  *. 
Tortillé  comme  une  corde  ^.  Plein  de  cordes  '^. 

*  Ou  a  dit,  au  premier  sens,  chanvre  cordeleur. 
(Epith.  de  M.  de  la  Porte.) 

°  e['^Cordeleux,se\on.  Cotgrave,  signifioit  aussi 
tortillé  comme  une  corde,  plein  de  cordes. 

VARIANTES  : 
CORDELEUS.  Epith.  de  M.  de  La  Porte. 
CoRDELEu.x.  Dict.  de  Cotgrave. 

Cordeller,  subst.  masc.  Nom  de  religieux  *. 
Cordier  ^. 

*Le  nom  de  cordelier,  pour  religieux,  est  an- 
cien (5).  Il  fut  donné,  parmi  nous,  aux  frères 
mineurs,  du  temps  de  S'  Louis.  On  trouve  ce  nom 
employé  dans  un  recueil  des  Poës.  mss.  av.  1300, 
que  nous  citons  souvent.  On  verra,  par  ce  passage, 
que  la  continence  des  cordeliers  étoit  autrefois  si 
renommée  qu'elle  passoit  en  proverbe  : 

Il  n'est  cordelier, 
Tant  çaigna  la  cordele, 
Qui  ne  la  vousist  à  son  gré 
Tenir  seule. 

Poës.  MSS.  avant  1300,  t.  IV,  p.  1427. 

°  Cordelier  signifioit  aussi  cordier.  (Chron. 
S.  Denis,  1. 1,  fol.  68.)  De  là,  on  disoit  faire  comme 
les  cordeliers,  pour  faire  à  rebours,  comme  font  les 
cordiers  qui  travaillent  en  marchant  à  reculons. 
(Dict.  d'Oudin.) 

1.  Cordelière,  subst.  fém.  Ceinture*.  Sorte  de 
galon  ^.  Chaîne'^.  Nom  d'un  vaisseau  °. 

*  Proprement,  cordelière  étoit  la  ceinture  des 
cordeliers.  On  employa  ensuite  ce  nom  à  signifier 


(1)  Dans  Roncisval^p.  134)  on  lit  ;  «  Par  la  ventaille  fait  les  cordais  (tresses  de  la  barbe)  sacher.  »  (n.  e.) 

(2)  11  signifiait  aussi  tresser,  au  propre  :  «  Bourdeille  avec  ses  cheveux  gris  cordele:.  »  (D'Aubigné,  Fœn.,  IV,  13.)  (N.  E.) 

(3)  «  Sachet  de  toile  pendu  à  une  cordelette.  »  {Mcnagier,  II,  5.)  (n.  e.) 

(4)  On  lit  encore  aux  Nuits  de  Straparole,  II,  369  :  «  Le  baston  sur  le  quel  les   dames    d'Italie  ,   font   à   l'aiguille  des 
cordelettes  et  autres  menus  ouvrages.  »  (n.  e.) 

(5)  On  lit  plus  haut  au  Roman  de  la  Chantepleure  (nis.  de  Saint-Germain,  fol.  104):  «  Cil  cordeler...  Qui  tousjours    vont 
deschauz  et  se  frètent  au  lange.  »  Voyez  Leroux  de  Lincy  (I,  8).  (n.  e.) 


co 


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CO 


diverses  espèces  de  ceiiUures  ou  chaînes.  '  I.iiy 
»  avoil  promis  d'envoyer  de  la  soye,  de  l'or  deChi- 
«  pre,  pour  soy  esbalre  (amuser)  à  l'aire  de  belles 
X  bourses,  et  des  surceincles,  et  des  cordelières  ii), 
«  et  serolt  tenue  à  en  bailler  de  trois  l'une.  »  (Arr. 
Amor.  p.  92.) 

L'une  y  donna  ung  bréviaire, 

Et  l'autre  ung  calice  à  devis  (fait  à  choix)  ; 
Et  sa  dame  une  cui-dfAiire, 
Pour  luy  faire  une  troussouaire. 

L'.\mant  rendu  Cordelier,  p.  50tî. 

On  trouve  :  «  ceinture  ronde  à  mettre  sur  les 
«  habits  »,  dans  le  liloss.  des  Arr.  Amor. 

^Ue  là,  ce  nom  passa  à  une  espèce  de  galon  ou 
d'ornement  qui  se  mettoit  autour  des  étoffes. 
«  Cordelières  de  drap  d'argent  autour  des  bords  de 
»  son  accouslremenl,  et  de  son  caparasson.  »  (La 
Colomb.  Th.  d'honn.  t.  I,  p.  184.)  Armé,  accoustré 
et  bordé  de  satin  broché  d'argent,  tant  soyon  que 
bardes.  (Ibid.  p.  182.)  «  Une  haqucaée  blanche  très 
«  richement  accouslrée  de  bordure;  c'est  à  scavoir 
"  de  veloux  cramoisy  semé  de  cordelières.  « 
(P.  Desrey,  à  la  suite  de  Monstrelet  fol.  103,  R% 
an  1501.) 

•^  On  nomma  chaîne  faite  à  cordelière  (2),  des 
chaînes  ou  ceintures  faites  à  nœuds  ;  de  lu,  on 
appela  cordelières  les  chaînes  ou  ceintures  qui 
sont  autour  des  armoiries  des  veuves.  Le  ;iom  de 
cordelière  fut  même  employé  pour  signifier  cliaîne, 
en  parlant  de  montagne.  «  Une  longue  cordelière 
«  de  monlaîgnes.  »  {Dict.  de  Colgrave.) 

"  Enfin  cordelière  a  été  le  nom  d'un  vaisseau  de 
guerre,  fameux  par  sa  grandeur  et  sa  magnificence. 
C'étoit  l'amiral  de  la  fiotte  de  Louis  XII.  «  Anne  de 
«  Bretagne  fist  baslir,  par  une  grande  superbité, 
«  ce  beau  vaisseau,  el  grande  masse  de  bois,  qu'on 
«  ajipelloit  la  Cordelière,  qui  s'athKiua  si  furieuse- 
«  ment,  en  pleine  mer,  avec  la  Itégente  d'Angle- 
«  terre,  et  s'accrocha  si  furieusement  avec  elle 
«  qu'ils  se  brusierent,  et  se  périrent.  «(Brantôme, 
D"  Illustr.  p.  10.)  Ce  l'ail  arriva  en  lôi2  (31,  suivant 
l'Hist.  du  Cli"  Bayard,  p.  342  (Voyez  Mil.  fr.  du  P. 
Daniel,  t.  11,  p.  037.) 

2.  Cordelière,  adj.  au  fém.  On  a  dit  chandèle 
cordelière.  (Epilh.  de  M.  de  la  Porte.) 

Cordelle,  siihst.  fém.  Petite  corde*.  Cordelière, 
religieuse^.  Faction,  parti ^.  Piège,  filels°. 

*Au  premier  sens,  c'est  le  diminutif  de  corde. 
(Dictionn.  de  Monet,  d'Oudin  et  Du  Cange,  au  mot 
Cordelia.) 


.Siu  ^ses;  deus  pies  fist  loer  (lier)  d'une  cordele  de  lin. 
Poo5.  MSS.  av.  1300,  t.  IV,  p.  1367. 

^La  corde  ou  cordelle  dont  les  cordeliers  étoient 
ceints  leur  fit  donner  le  nom  de  Frères  de  cordèle  , 
et  de  là  on  nomma  aussi  cordelles  les  religieuses 
cordelières.  Ondisoit:  «  Le  moustier  des  Cordel- 
"  /es,  delez  S'Clout,  quel'on  appelle  Longchamps.  » 
(Chron.  fr.  .ms.  de  Nangis,  an  1227,  p.  '2.f Frères  des 
cordèles,  pour  cordeliers,  dans  le  Doctrin.  ms.  de 
S.  Germ.  fol.  103(4). 

•^  On  disoil  au  figuré  cordelle,  pour  parti,  faction, 
société  ; 

La  mort  cruelle 

Qui  de  ceux-là  ronip  la  cordelle  (société) 
Qui  s'entraimoient  uniquement. 

Opusc.  de  r.  Enoc,  page  83 

De  là,  l'expression  être  de  la  cordelle,  pour  être 
de  la  société,  du  parli  de  quelqu'un. 

Le  pressa,  et  enhorta 

D'estre  de  sa  bende,  et  rordelle. 

Vigiles  de  Cliarles  VU,  l.  I,  p.  IJi. 

On  disoit  aussi,  dans  le  même  sens,  avoir  en  sa 
cordelle.  (Clém.  Marot,  page  288.)  Traire  à  sa 
cordelle  {'•>).  (Eust.  Desch.  Poës.  mss.  p.  493.)  Tirera 
sa  cordelle.  (Oud.  Cur.  fr.  Cotgr.  Dicl.)  .ittirer  à  sa 
cordelle.  (Méiri.  de  Rob.  de"  la  Marck.  seig.  de 
Fleur.  Ms.  page  h19.) 

°  Enfin  co)v/e//t' se  disoit  pour  piège,  filets,  pro- 
prement la  corde  qu'on  lâche  pour  laisser  tomber 

les  filets.  «  Intention estoit  d'attirer  à  sa  ccr- 

«  délie  un  jeune  escliolier,  duquel  elle  estoilamou- 
«  reuse.  »  (Apol.  pour  Hérodote,  p.  199.) 

Se  chasteté,  la  papelarde, 

Avoit  ainsi  le  monde  duit  (conduit), 

Et  à  sa  cordeUc  séduit, 

.Taraais  ne  seroit  créature  ; 

Et  ainsis  défaulroit  nature. 

Eusl.  Desch.  Poos.  ,MSS.  fol.  5.î2,  col.  •!. 

On  disoit  en  ce  sens,  arrêter  dans  sa  cordelle. 
(Durant,  à  la  suite  de  Bonnef.  p.  15(>.) 

VARIANTIÎf.  : 
CORDELLE.  Crétin,  p.  64 
Cordèle.  Coût.  Gén.  t.  I,  p.  370. 

Cordeoii,  siibst.  masc.  On  lit.  dans  la  tragédie 
delà  décollation  de  S.  .'eau  el  de  la  fille  d'Hero- 
dias  :  »  Icy  commence  à  danser,  el  sonne  le  tabou- 
«  rin  une  entrée  de  morisi|ue  ;  puis  cesse  ung 
«  petit,  et  1;!  fille  danse  tousjours,  cependant  que 
>•  les  seigneurs  parlent,  puis  commence  le  tabourin 
«  d'ung  co;*d('o?i.  »  (Ilîst.  du  Th.  fr.  t.  1,  p.  250.  — 
Voyez  ci-dessus  Choro,  Choron,  Cordon.) 


(1)  Ces  cordelières  serrèrent  la  taille  des  robes  au  lieu  des  ceintures  plates,  au  temps  d'Anne  de  Bretagne.  (Quicheral, 
CostiDiie,  p.  3.S9.)  La  cordelière  était  aussi  un  collier  dont  on  entourait  les  armoiries  des  veuves  et  des  tilles  ,  par  dévotion 
à  S'  François  d'Assise  :  «  L'an  1470,  Claude  de  Montagu  ayant  été  tué  au  combat  de  liussy,  Louise  de  la  Tour  d'Auvergne, 
sa  veuve,  prit  pour  devise  une  corrfeitère  à  nœuds  déliés  et  rompus,  avec  ces  mots:  j'ai  le  corps  délié.  »  (Dict.  des 
ordres  relig.)  (N.  E  ) 

(2)  «  Quatre  chaînes  d'or,  l'une  faite  à  cordelière,  l'autre  à  petites  boucles  pleines.  »  (Godefroy.  Observ.  sur  Charles  VIII, 
p.  368.)  (N.  E.) 

(3)  Le  combat  eut  lieu  le  10  août  1512  ,  à  la  hauteur  du  cap  Saint-Matthieu  ;  le  capitaine  français  était  Hervé  de 
Portzmoguer,  dit  Primauguct.  Germain  Rrice  (Bricius)  a  célébré  ce  combat  en  un  poème  latin  publié  en  ISS.").  (N.  E.) 

(4)  «  Or  me  dites,  por  fiieu,  se  nos  tuit  nos  rendons  As  frères  des  cordelen  ou  as  autres  maisons.  »  (N.  E.) 

(5)  On  lit  déjà  au  Châtelain  de  Coucy  (v.  4924)  :  «  Mes  se  vos  poés  acointier  Gobiert  et  traire  h  vo  cordelle.  »  Dans 
G.  Giiiarl  (v.  6129)  :  «  Qu'il  ont  atrait  à  leur  cordele.  »  Enfin  dans  Benart  (v.  1015)  ;  «  Fors  pour  moi  mètre  à  sa  cordiele.  >> 
Cette  expression  se  rencontre  aussi  dans  Froissart  (VI,  61  ;  XII,  2(53,  276)  avec  le  verbe  aliraire  ou  tourner,  (n.  e.) 


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Corder,  verbe.  Accorder  ,  mettre  d'accord  *. 
Terme  de  musùiue^  (I). 

*  Proprement  corder  est  faire  une  corde.  Nous  le 
disons  encore  en  ce  sens.  Autrefois  on  le  disoit  au 
figuré,  pour  accorder,  mettre  d'accurd. 

Le  corps  qui  discorde  (sépare) 

Ce  que  bonté  corde  (.2;, 

Et  ne  se  recorde 

De  paix,  de  concorde. 

Molinel,  page  Hi. 

'^Corder  est  employé  dans  le  passage  suivant 
comme  terme  de  musique  :  «  Par  ces  six  notes,  qui 
»  sont  appellées  ut,  re,  mi,  fa,  sol.  la;  l'en  puet 
«  apriindre  à  chanter,  h  corder,  doubler,  quinloier, 
n  tiercoier,  etc.  -  (Eust.  Descli  Poës.  .mss.  f"  3'.»5.; 

Cordés,  adj.  Qui  est  à  nœuds.  On  disoit  esche/Ze 

cordée,  pour  échelle  de  corde  à  nœuds.  .  Froiss«rt, 

liv.  m,  p.  281)  (.3) 

Portans  licoz  cordés  à  pommes, 
Pour  prendre  Francoys  es  charettes. 

Vig.  de  Charles  VU,  t.  U,  p.  114. 

Cordeur ,  subst.  masc.  Mesureur  de  bois  *. 
Mesureur  de  terres^. 

*  Dans  le  premier  sens,  c"étoit  celui  qui  corde  du 
bois.  (Dict.  d'Oudin.j  Xous  disons  encore  une  corde 
de  bois,  pour  certaine  quantité  de  boisdecliaulfage. 

^Dans  le  second  sens,  celui  qui  mesure  des  terres 
à  la  corde.  (Dict.  de  liob.  Est.  et  de  Cotgrave.  — 
Voyez  Corde,  mesure  de  terres.) 

Cordial,  adj.  Sincère  *  (4).  Terme  de  chass.;  ^. 

*  On  disoit.  au  premier  sens  :  «  Par  amour  de 
«  cuer  cordial.  »  (P.  Desrey,  à  la  suite  de  Monstr. 
fol.  79.)  >'  La  modestie,  la  recognoissance  ardiale, 
«  et  sérieuse  de  son  peu  est  un  bon  témoigmipe  de 
«  bon,  et  sain  jugement.  »  (Sag  de  Charr.  p.  "233. 
—  Voy.  Corel  ci-dessous.) 

^Eii  termes  de  vénerie,  rage  cordial  désignoit 
une  espèce  de  rage,  autrement  appelée  raye  de 
cuer.  On  distingue  «  plusieuis  rages,  desquelles  il 
«  n'en  y  a  que  deux  qui  soient  mordans;  desquelles 
«  deux'il  en  y  a  une  qu'est  appellée  rage  cordial, 
«  et  n'est  pas  envenimée  comme  est  l'autre,  et 
«  n'enragent  point  ceulx  qui  sont  mors  (mordus.)  » 
(Modus  et  Racio,  .ms.  fol.  CI.) 

Cordialinent.  [lutei  calez  Vordialment,  qu'on 
trouve  dès  le  xiv  siècle  dans  le  Ménagier  (I,  5)  :  «  Et 
«  l'admoneslerent  qu'elle  amast  cordiulniciil  son 
«  mari.  "  Au  .\m'  siècle,  on  aurait  dit  corelnient 


(J.  de  Meung,  Test.  25'ij:  «  Por  quoi  je  le  devioie 
«  aimer  trop  corelnient.  »]  (n.  e.) 

Cordier,  subst.  masc.  Celui  qui  fait  ou  vend  de 
la  corde.  Nous  ne  citons  ce  mot  subsistant  qu'en 
faveur  des  expressions  suivantes  : 

lo  L'ordre  du  cordier,  pour  la  corde,  le  gibet. 

Cy  est  uns  homs, 

Voire  deu.x  meudriers,  et  larrons... 
Donnez  leur  l'ordre  du  cordier. 

Eust.  Desch.  Focs.  MSS.  W.  235,  col.  3. 

2°  Desmarche  de  cordier,  ou  faire  comme  les 
covdicrs,  pour  aller  à  reculons,  gagner  sa  vie  à 
reculons.  (Oud.  Cur.  fr.) 

Cordille,  subst.  Espèce  de  jurement.  (Voyez 
Moyen  de  Parvenir,  p.  393.) 

Cordilloii,  subst.  masc.  Diminutif  de  cordon. 
Petite  corde  servant  à  allacher  un  morceau  de  voile 
à  un  autre.  (Dict.  d'Oud.  —  Voy.  Cordo>,  ficelle.) 

Cordiz,  subst.  masc.  Barrières  de  cordes.  "  Le 
«  cliamp  ordonné  pour  combatre  estoit  enclos  de 
«  bons  fossez.  et  cordiz,  (5\  affin  que  n'y  eut  faveur 
«  d'ungcosté,  ny  d'autre.  •■  (Percef.  vol.  III,  f°  104.; 

Cordoan,  subst.  masc.  Cuir.  Pe'iU  de  chèvre 
passée  au  tan,  suivant  Monet,  Dict.  (Voy.  Du  Cange, 
au  mol  Cordebisus.)  Ce  cuir  se  noinmoit  cordoan, 
de  la  ville  de  Cordoue,  en  Espagne,  d'oi^i  on  le  tiroit. 
«  Cordoen  d'Espagne  est  le  meilleur  courroy  des 
«  autres.  »  (Ord  t.  II,  p.  306.)  Cependant,  ce 'nom 
est  devenu  commun  à  toute  espèce  de  cuir. 

Du  Cange.  qui  rend  curdebisus  par  cordouan, 
sembleioit  indiquer  que  ces  deux  mots  sont  de 
même  origine;  mais,  dans  le  Du  Cange  augmenté  (6), 
corrobucum  est  rendu  par  corium  buci.  cuir  de 
bouc;  cordebisus  pourroit  signifier  cuir  de  bique, 
de  chèvre.  Pour  tout  concilier,  il  faudroil  regarder 
cordebisus  comme  un  mot  composé,  par  corruplion 
de  cordouan  et  de  bise,  bique,  de  même  origine  que 
bouc. 

Le  cordoan  de  Provence  étoit  passé  en  proverbe 
avant  1300.  (Prov.  à  la  suite  des  Poës.  ms-.  I.  IV. 
page  1653.)  (7) 

On  ne  peut  pas  douter  que  cordouan  ne  vienne 
de  Cordoue.  Le  passage  de  Tiiéodulpbe,  évéque 
d'Orléans  (8),  qui  vivoit  au  commencement  du 
IX'  siècle,  le  démonire.  .Ménage,  Orig.  est  le  premier 
qui  l'ail  rapporté,  et  M.  de  Valois,  notice,  a  raison 
de  dire  qu'il  y  a  plus  de  800  ans  que  les  cuirs  de 
Cordoue  sont'en  usage  (9). 


(1)  Corder  se  dit  aussi  des  moulures  qui  bordent  une  cloison,  un  parement  :  «  Icellui  Simon  d'un  gros  frctail  ou  cordon 
de  bois,  qu'il  avoit  osté  de  ladite  cloison,  et  dont  icelle  cloison  estoit  cordée,  frappa  le  suppliant  tellement  qu'il  cuida 
tumber  à  terre.  »  (JJ.  208,  p.  66,  an.  1480.)  (N.  E.) 

(2)  Le  peuple  dit  encore  :  «  Ces  deux  époux  cordent  bien.  »  C'est  alors  une  apocope  d'accorder.  (N.  E.) 

(3)  Voyez  plus  haut  le  mot  Cordée,  auquel  on  peut  réunir  le  présent  article.  CoquiUart  prend  ce  mot  au  figuré  dans 
l'Enquête  de  la  simple  et  de  la  rusée  :  «  Cordée  comme  une  lamproye.  »  (N.  E.) 

(4)  Au  xii=  siècle,  on  employait  foro/ et  non  coff'iu/ ;«  Chascun  pleure  sa  terre  et  son  pais,  Quant  il  se  part  de  ses 
coraux  .imis.  »  (,Couci,  XXIV.)  J.  de  Meung  (Test.,  382;  emploie  coreiix,  venu  de  corel.  par  vocalisation  de  l.  {s.  E.) 

(5)  On  trouve  cordie  dans  la  Coût,  de  Cambrai.  (Du  Cange,  Corda,  5.)  (N.  E.) 

(6)  C'est  une  addition  bénédictine.  (N.  E.) 

(7)  (Comparez  Leroux  de  Lincy,  I,  p.  386.  (n.  e.) 

(8)  Poésies,  Uv.  I,  p.  138;  «  Iste  tuo  dictas  de  nomine,  Corduba,  pelles,  Hic  niveas,  alter  protrahit  inde  rubras.  »  (n.  e.) 

(9)  «  La  préparation  du  maroquin  dont  Babylone  garda  le  secret  pendant  toute  l'antiquité  ,  avait  été  transportée  en 
Espagne  par  les  Arabes.  Dès  le  temps  de  Charlemagiie,  Cordoue  approvisionnait  toutes  les  contrées  occidentales  de  ce 
cuir,  qui  servait  à  faire  les  cliaussures  de  luxe.  »  (Quicherat,  Cosiume,  p.  152.)  (n.  e.) 


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VARIANTES  : 
COriDOAN.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  18,  V»  col.  2. 
CûRDOEN.  Ord.  des  R.  de  Fr.  t.  Il,  p.  365. 
CoRDOUEN.  Ord.  t.  I,  p.  6Ù0. 

CoRDOUAN.  And.  de  la  Vigne,  Voy.  de  Charles  VllI,  p.  143. 
CoRDOUAM.  Vies  des  SS.  MS.  de  Sorb.  chif.  61,  col.  4. 
CoRDUAN.  Lanc.  du  Lac,  t.  1,  fol.  8,  V"  col.  i. 

Coi'doanier,  subst.  mnac.  Cordonnier.  Du  mol 
conlouans,  souliers. 

Les  vers  suivons  offrent  l'origine  de  notre  pro- 
verlje  :  <-  11  n'est  de  si  mal  chaussés  que  les  cor- 
"  donniers.  » 

Coi-dovaniers  n'ot  bon  soler  (soulier). 

N'ainc  (ni  jamais)  drapiers  ne  fut  bien  vestus. 

Vill.  li  Viniers,  l'oi-s.  .MSS.  avant  1300,  t.  Il,  p.  816  (1). 

Ils  sont  répétés  dans  les  Ane.  Poës.  fr.  mss.  du 
Val.  n°  M90,  fol.  33,  V". 

VARIANTES  : 
CORDOANIER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f»  199,  R"  col.  1. 
CoRDOUANNiER.  Arr.  .Amor.  p.  359.  —  Faifeu,  p.  913. 
CoRDOUENNiER.  ViUon,  p.  6. 
CORDEUANIER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  t.  11,  fol.  140,  V». 

Cordomaiues.  (Voyez  Villehardouin,  p.  93.)  ('2) 
Cordon,  s((&s^  ?H«sf.  Ficelle  (3).  Celle  qui  servoit 
ù  faire  des  pannetières  : 

Panetière  de  cordon. 

Thicb.  do  Blason.  Pocs.  MSS.  avant  1300,  t.  II,  p.  550. 

Cordouannerie ,  subsl.  fém.  Cordonnerie. 
(Dict.  de  Cotgrave.) 

Cordouans,  subst.  masc.  plur.  Souliers.  Du 
mol  cordoan,  cuir  dont  on  faisoitle  dessus  des  sou- 
liers. (.\icot,  au  mol  Cordouan.)  «  Je  voit  mes  cor- 
«  douans  caucliier.  »  (Jeh.Erars,  Poës.  mss.  av.  1300, 
t.  Il,  p.  935.)  (4) 

Cordui'e,  subst.  [cm.  Coulure.  Mol  provençal. 
(Du  Cange,  au  mol  Cordura.) 

Cordui'ier  [Intercalez  Cordurier,  couturier  au 
reg.  JJ.  ICI»,  p.  ^ITl,  an.  141'2:  «  Item  Ylaire  Bernard 
('  cordurier  du  lieu  de  S.  Sypliorien  tient.  ■>]  (n.  e.) 

Core.  [Intercalez  Core,  peut-être  assemblée  des 
échevins  aux  libertés  de  Calais  ;.IJ.  69,  p.  3(15,  an. 
1304):  »  Se  aucuns  est  pourlraiz  par  la  core  de 
c  mellée,  où  il  n'a  mort  ne  mehaing,  il  doit 
"  amender  au  seigneur  de  .lx.  soulz,  et  à  celui  à 
«  qui  on  a  fait  le  fait  de  .x.  soulz.  Quiconques 
"  destourbera  escheviiis  ne  eorenumz-,  quant  il 
«  siéent  en  banc  et  font  conjure,  il  doit  amender 
<•  au  seigneur  de  .m.  soulz.  »]  (m.  e.) 

Corecher ,  verbe.  Courroucer  *.  Fâcher  . 
affliger  °.  (Voyez  Glossaire  de  Marol,  Borel,  Cor- 
neille, Cotgrave,  Dict.;  et  le  Gloss.  des  Arr.  Amor.) 

*  Ce  mot  est  pris  dans  le  sens  de  couroucer  eu 
ce  passage  : 


Mes  en  mile  bone  vaine  (bonne  humeur) 
Ne  la  peut  prendre  merois, 
Ens  se  coreche  tout  dis. 

Will.  11  Viniers,  Poes.  MSS.  avant  1300,  t.  III,  p.  813. 

^  Ce  même  mol  est  pris  pour  fâcher,  affliger  (5), 
dans  les  passages  suivans:  «  Nouvelles  allèrent  par 
«  le  pays  que  le  royesloit  malade,  si  en  lurent  tous 
«  couroucés,  et  grans  et  petis.  «  (Chron.  S.  Denis, 
t.  II,  f'  6-2.)  «  Si  en  fut  moult  dolent,  et  coiironcé.  » 
(Ibid.) 

Et  tant  ni'ara  corécliié 

Madame,  et  désespéré, 

Ke  mar  (nul  homme)  ne  vi  onques  né. 

Guios  de  Dijon,  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  III,  p.  C90. 
C0N.IUGAISON. 

Cotircissiés,  imp.  subj.  Fâchassiez. 

Couret  {se),  subj.  prés.  S'afflige.  En  latin, coHim- 
tetur.  (Régie  de  S.  Benoit,  latin  et  fr.  ms.  de  Beauv. 
chapitre  iv.) 

variantes  (6)  : 

CORECHER.  Poës.  MSS.  avant  1300,  t.  Il,  p.  815, 

CoRECiiiER.  Poës.  MSS.  avant  1300,  1. 111,  p.  1170. 

CoRCHiER.  Vies  des  SS.  MS.  de  Sorb.  chiffre  xxvii,  c.  2. 

CouRECHiER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f»  153,  V  «  col.  2. 

CouRECHER.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  363. 

CoRECER.  Parton.  de  Blois,  MS.  de  S.  G.  f»  132,  R"  col.  2. 

CoRRESiER.  Poës.  MSS.  avant  1300.  t.  IV,  p.  1662. 

CoRosoiER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7989,   f"  36,  R"  col.  2. 

CouRCER.  Clément  Marot,  p.  101. 

C0UR.SER.  Villon,  p.  27  ;  Coquillart,  p.  32. 

CouRCiER.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  f"  320,  col.  4. 

CouRECER.  Poës.  MSS.  avant  1300,  t.  IV,  p.  339. 

CouRESSER.  Eust.  Desch.  Poésies  MSS.  f»  86,  col.  1. 

CouRRESCER.  Eust.  Dcsch.  Poësies  MSS.  f"  2.  col.  3. 

CouRRESSER.  Eust.  Desch.  Poësies  MSS.  f»  76,  col.  4. 

CouRREciER.  Gloss.  du  P.  Labbe,  p.  508. 

CoRL'CER.  Histoire  de  la  S'*  Croix,  MS.  p.  20. 

CoRUCiER.  Chans.  fr.  du  xiii=  siècle,  MSS.  de  Bouh.  f"  246. 

COROUCIER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f"  140,  R»  col.  1. 

COROUCHIER.  Poësies  MSS.  avant  1300,  t.  IV,  p.  1380. 

CouROUCiER.  Beauraanoir,  p.  8  ;  id.  p.  293. 

CouROUSSER.  Joinville,  p.  80. 

CouRROUSSER.  Cyiiabalum  mundi,  p.  104. 

Courroucer.  Hist.  de  la  Pucelle  d'Orléans,  p.  512. 

Coredrecier,  vet^be.  Redesser,  relever.  On  lit, 
au  sujet  de  la  bataille  de  Guillaume  le  Bâtard  contre 

Harold  : 

....  Un  armé  (sscuyer)  par  la  bataille 

Heralt  feri  sor  la  ventaille  (.visière), 

A  terre  le  fist  tresbuchier  ; 

A  ceu  (au  moment)  qu'il  se  vout  coredrecier. 

Un  chevalier  le  rabati. 

Rom.  de  Rou,  MS.  page  371. 

Corel,  adj.  Qui  appartient  au  cœur,  qui  tient  au 
cœur.  Marbodus  (article  50,  col.  1674  ),  parlant  des 
propriétés  de  la  perle,  dit  :  «  Cuntre  gute  corel  est 
«  bone.  >■ 

Corel,  abj.  Cordial,  sincère  (7).  On  a  dit  en  ce 
sens:  amis  coriuus,  pour  amis  de  cœur  : 


(1)  Comparez  Hist.  litt.  de  la  France,  t.  XXIII,  p.  591.  (n.  e.) 

(2)  M.  de  Wailly  (S  228)  édite  :  «  A  l'aie  de  Dieu  fu  descouQz  l'emperere  Morchullex  ;  et  dut  estre  pris  ses  cors  domaines  »  ; 
il  traduit  :  «  Il  faillit  être  pris  en  personne.  »  (N.  E.) 

(3)  Voyez  aussi  la  note  sous  corder.  (N.  e.) 

(4)  «  Nus  et  de  chances  deschauciez.  Et  de  soulers  et  de  cordouan.  »  (G.  Guiart,  an.  1202.)  (N.  e.) 

(5)  C'est  le  sens  le  plus  commun  :  «  Il  estoit  plus  resjo'i  que  courrouchié.  »  (Froissart,  XIV,  1.)  (n.  e.)  ■ 

(6)  Froissart  offre  les  variantes  rou)w/(it'c  (II,  29),  coid'i-Ziier  (II,  102,  169;  V,  208).   Roland  donne  le  participe   curuçus 
(V.  2164)  et  l'ind.  curuciez  (v.  469).  (N.  E.) 

(7)  Voyez  la  note  sous  cordial.  Les  Miracles  de  Notre-Dame  donnent  un  adverbe  fait  sur  corel  :  «  Ne  doit  pas  estre  as 
•luis  douche,  Car  trop  le  heent  coreumenl.  »  (N.  e.) 


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Chacun  pleure  sa  terre,  et  son  pays, 
Quant  il  se  part  de  ses  coriaus  amis. 

Le  Chastelain  de  Coucy,  Poés.  MSS.  avant  1300,  t.  11,  p.  538. 

VARI.iNTES  : 
COREL.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f»  123,  R»  col.  1. 
COREX.  Ern.  la  Vielle  de  Gastinois,  Poës.  MSS  t.  II,  p.  880. 
Coriaus,  plut:  Le  Chastelain  de  Coucy,  Poës.  t.  II,  p.  538. 

Corelaii'e,  subst.  masc  Bonne  mesure,  sur- 
croît de  mesure,  surplus.  (Voyez  Nicot,  Monct,  et 
Borel,  1"  add.)  Boiel,  dans  la  première  partie  de 
son  Dictionnaire,  explique  ce  mol  par  loyer  ;  c'est 
le  mol  latin  corollaritinu  pris  dans  le  sens  d'auctu- 
rium.  Boëce  est  le  premier  qui  ait  pris  ce  mot  dans 
le  sens  de  consectorium,  quieslcelui  que  notre  mot 
corollaire  a  conservé.  (Falconnel.) 

VARIANTES  : 
CORELAIRE,  Correlaire. 

Coren,  subst.  masc.  Courant,  l/endroit  d'un 
fleuve  ou  de  la  mer  où  l'eau  court  plus  rapidement 
d'un  côté  que  de  l'autre  :  «  Fist  faire  uns?  grand,  et 
«  large  fossé  encontre  le  dit  tertre,  partant  de  la 
<>  mer,  jusques  ii  l'autre  coren  de  la  mer.  »  (Triomp. 
des  IX  Preux,  p.  37c;,col.  '2.— Voy.  Coirans ci-après.) 

Corent,  11  faut  lire  c'orcnt  dans  ce  verc;  du 
roman  des  Sept  Sages,  cité  par  Borel  : 

Tantost  corent  osté  la  table. 

Coreor.  [Intercalez  Coreor ,  coureurs,  dans 
Garin  le  Loherain  (t.  l,  p.  165)  : 

Li  ardeor  se  sunt  par  devant  mis. 
Les  cureorc  maine  Isorés  le  gris. 

Partonopex  en  fait  un  adjectif:  «  CeTal  coreor 
(v.  162G).  >.]  (n.  e.) 

Corel".  [Intercalez  Corer,  dans  une  cliarle  de 
1404  (Du  Gange,  II,  CO'2,  col.  1):  «  Jehan  Palardit... 
«  confesse  tenir...  à  liommaige  lige  et  à  ung 
«  esparvier  sor  de  devoir,  à  une  longue  de  soye 
«  vermeille  et  à  un  corer  d'argent  doré  du  poix 
"  d'ung  gros  tournois  de  S.  Loys,  paier  à  muance 
"  de  seigneur  et  d'omme.  »]  (n.  e.) 

Cores,  subst.  Courroie. 

Les  wans  (gands)  et  la  cainturele 

Donroumes  (nous  donnerons)  à  Beatris, 

Et  nos  trois  corcs  ait  Guis 

Gi  nous  cant,  et  kalemele  (joue  du  chalumeau), 

En  la  muse  au  grant  bourdon. 

Gileberl,  Pois.  MSS.  du  Vatican,  n'  U90,  fol.  113,  V. 

11  me  semble  que  Guis  est  un  nom  propre  ;  ainsi 
l'on  donneles  gansetuneceinlureùBéatris  età  Guis, 
trois  cores  (pour  courroie),  parce  qu'il  amuse  par 
ses  chansons. 

Corevesqiie,  subst.  masc.  Chorevesque.  Mot 
grec,  proprement  évéque  de  campagne  qui  tient  sa 
mission  de  celui  de  ville.  L'archidiacre  fait  aujour- 
d'hui ces  fonctions.  Il  a  inspection  sur  l'archiprétre 


et  les  doyens  ruraux.  (Falconnel.)  Ainsi  L^  Roque 
dit  mal  îi  propos  que  »  c'étoient  les  corevesques  (I) 
«  qui  avoient  soin  de  veiller  sur  les  paroisses  de  la 
"  campagne,  ausquels  ont  succédé  lesarchiprétres, 
»  et  les  doyens  ruraux.  «  (La  Roque,  sur  la  Noblesse, 
page  357.) 

Corex,  subst.  fém.  Terme  de  tendresse. 

Diex,  Diex,  ma  doce  corcx  (2). 

Ern.  la  Vielle  de  Uasiinois,  Poos.  MSS.  avant  1300,  T.  II,  p.  885. 

Corfés  (Il  fafut  lire  cor- [es  pour  les  corps  faits^ 
subst.  masc.  jilur. 

Chascun  s'envoisa  (s'égaya)  ; 

Li  ami,  et  les  amies, 

Orent  gans  sousquanies  (espèce  de  robe). 

Et  totes  les  haubergies, 

Et  corfes  à  dens  pinciés. 

Guill  li  Vigneres,  Pocs.  MSS.  avant  1300,  t.  II,  p.  74i. 

Dans  ces  vers,  corfes  (3)  signifie  corps  faits  pour 
être  embrassés  à  deux  pincées  du  pouce  et  de 
l'index. 

Corge.  [Intercalez  Corge  au  reg.  JJ.  169,  p.  483, 
an.  1410:  «  Un  certain  baslon,  appelé  co?'(/e.  »](n.e.'\ 

Corgie,  subst.  fém.  Fouel,  sangle  ou  lanière  de 
cuir  propre  à  fouetter.  Nous  disons  encore  eseour- 
géeen  ce  sens  ;  mais  ce  mot  vieillit  beaucoup.  (Voy. 
le  Dictionnaire  de  Robert  EsUenne,  de  Cotgrave,  de 
Monet,  de  Ménage,  et  celui  de  Borel,  copié  par 
Corneille,  où  ont  lit  ce  vers  de  Perceval)  : 

En  sa  main  droite  une  corgie. 

Et  cet  autre  de  Gauvain  : 

.  .  .  .  Li  basions 

Où  la  courgie  étoit  noée. 

Ph.  Mouskes,  ms.  p.  279,  parlant  de  la  flagellation 
de  J.  Chrisl  : 

Batus  de  verges,  et  de  plaiies 

De  cief  en  cief  (de  bout  en  bout),  de  grans  coryies  (4). 

On  trouve,  dans  Merlin  Cocaie,  t.  II,  p.  300  : 

«  Un  fouet  composé  de  cinq  escorgées  »  ;  dans  le 
Moyen  de  parvenir,  p.  78  :  •■  Jetler  le  manche  après 
'<  les  escourgées.  »  Les  disciplines  des  flagellans 
sont  nommées  courgies  dans  la  Chron.  fr.^s.  de 
Nangis,  sous  l'an  1349. 

On  a  beaucoup  varié  sur  l'étymologie  de  ce  mot 
escourgée.  En  remonlant  à  son  ancienne  orthogra- 
phe corgie,  on  y  aperçoit  trop  clairemenllemot  fatin 
corrigia,  pour  le  pouvoir  méconnoitre.  Voyez 
cependant  Du  Gange,  Glossaire  lalin,  aux  mots 
Scoriata  et  Scorgiata. 

VARIANTES  : 
CORGIE.  Borel,  Dicl.  ;  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  279. 
Courgie.  Chron.  fr.  JIS.  de  Nangis,  an  1349. 
CouRGÉE.  Kroissart,  liv.  III,  p.  41. 
CoRGUE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f»  342,  R«  col.  2. 
EsGORGiE.  Froissart,  Poës.  MSS.  p.  282,  col.  1  (5). 


(1)  Ces  chorévèques  (;|fa>paf  iniaxcrnoç)  se  nommaient  en  latin  circuitores,  visilatores.  Ils  disparaissent  au  x=  siècle  et 
donnent  naissance  aux  archiprêtres  et  archidiacres.  (N.  e.) 

(2)  C'o/-ei(se:  est  aussi  pris  en  mauvais  sens  (Mir.  de  N.  D.)  :  «  N'est  nule  odour  envers  celui ,  Ne  soit  corcu.se ,  amere  et 
fade.  »  (N.  E.) 

(3)  Lisez  corsés,  pour  corsets.  (Voyez  Joinville,  §  409.)  (N.  E.) 

(4)  1  Dont  fu  Renaus  Porqués  de  maintes  pars  saisis  De  corgies  noées  fu  batu  et  laidis.  »  (Ch.  d'Ant.,  V,  311.)  (N.  E.) 

(5)  On  lit  aussi  dans  les  Chroniques  (V,  274)  ;  «  Et  se  batoient  d'escorgies  à  bourdons  et  aguillons  de  fier.  »  Cette  forme 
est  aussi  dans  Baudouin  de  Seb.  (VI,  96)  :  «  Et  s'avoit  cascun  jor  batu  d^une  escorgie  La  blanche  char  de  lui  que  toute  l'ot 
sillie.  »  (N.  E.) 


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EscouRGiE.  Eust.  nesch.  Poos.  MSS.  f»  32,  col.  4. 

EscOHiiÈE.  Percet.  vol.  VI,  f"  87,  V»  col.  1. 

EscouRGÈE.  Orthographe  subsistante. 

COLRCET.  s.  m.  Baïf,  f"  74  V». 

EscoRGiEU.  s.  m.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  f»  174,  c.  3. 

Corgosson.  [Intei'calez  Corgnsso7i,  calendre  en 
provençal  (Gloss.  prov.  lai.  B.  N.  7057].  (n.  e.) 

1.  CovUil,  subst.  masc.  Chantre,  choriste.  Le  roi 
Kobert  «  alla  à  la  grand  messe  à  S.  Denis,  et  luy 
inesmetint  cuenr,  etlitrofllcedeco  ï'a/  (l),avecques 
»  les  religieux.  ■•  (Hist.  de  la  Tois.  d'or,  vol.  I.) 

2.  Corial,  adj.  De  chœur.  C'est  en  ce  sens  que  M. 
De  la  Porte  s'en  est  servi  pour  épithète  de  chape. 

Corias,  «f//  Coriace.  Qui  lient  du  cuir.  (Nicot, 
Monet,  Colgrave,  Dictionnaire.  )  «  Enveloppèrent 
<'  leurs  escus  d'une  herbe  qui  porte  fueilles,  en 
<■  manière  de  vis'iie,  et  qui  a  les  rinceaulx  longs,  et 
>'  corias.  «  (Perceforest,  vol.  VI,  f"  91) 

Coricée,  siibst  fém.  Espèce  de  jeu.  «  Jeu  de 
«  paume  à  une  pelote,  pendant  au  bout  d'une  corde 
«  que  les  jouans  batoient  de  la  main,  et  poussoient 
«  les  uns  contre  les  autres.  »  (Dict.  de  Monet.) 

Coi'idol,  siibst.  )uasc.  Corridor,  chemin  couvert. 
(Voyez  Du  Gange,  aux  mots  Corritorium,  Corrido- 
rum  et  Curritorium.) 

VARIANTES  : 
CORIDOL.  Borel,  Dict. 
CORRIDOUR.  Oudin,  Dict. 
COURRIDOUR.  Oudin,  Dict.  (2) 
CûftRiTon\E.  Monet,  Dict. 

Corier.  [Intercalez  Corier,  fabricant  de  cour- 
roies :  «  Que  nulz  coricrs  faice  corroies  estoffées  de 
"  plonc  d'estain,  sur  l'amende  de  la  ville.  »  (Stat. 
d'Abbev.  Du  Gange.  II,  (J(i3,  col.  2.)  On  lit  encore 
au  leg.  08,  p.  480,  an.  1305  :  »  Comme  Willemet 
"  Coteiichi  coj'jereust  plusieurs  choses  et  hostiz  de 
"  son  meslier  de  correrie,  qui  par  justice  avoient 
«  esté  mises  en  garde  à  Esdin.  »)  (n.  e.) 

Corieux.  Ce  mot  se  trouve  dans  une  ballade 
inintelligible  de  Villon,  p.  HO. 

Coriiia,  subst.  Le  couchant.  .Mot  languedocien. 
(Du  Gange,  au  mot  Corina.) 

Corine,  subst.  fém.  Plainte,  querelle,  rancune. 
Du  latin  qua'rimonia.  On  lit,  dans  Beaumanoir, 
p.  418:  «  Hayne,  discention ,  corine,  et  male- 
«  voellance.  » 

Or  me  consaut  (assiste)  Diex  lii  tout  set, 
Mais  ce  me  semble  k'il  me  het  (hait), 
Et  s'a  vers  moi  gierre  (guerre>,  et  corine. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  244  (3). 

Corion,  subst.  masc.  Courroye  *.  Cordon  ^. 

*  Voyez,  sur  le  premier  sens,  les  Dict.  de  Borel, 
1"'  add.,  de  Corneille,  de  Nicot,  de  Monet,  d'Oudin 
et  Du  Gange  sur  Joinv.  page  255.   »  Prindrent  une 


"  grant  coite  (courte  pointe)  pesant  la  charge  d'un 
•>  sommier,  et  la  lancièrenl  sur  la  dame,  et  lièrent 
"  les  deux  coites  ensemble  d'une  corde  et  si  pendi- 
"  l'eut  à  chacun  co7TO«  (coin)  un  mortier.  »  (Hist. 
de  B.  du  Guescl.  par  Mén.  p.  16i.)  «  Faisoit  porter 
><  devant  lui  son  peniion,  plainemenl  de  France  et 
"  d'Angleterre,  et  ventiloit  au  vent,  par  une 
«  manière  estrange,  car  les  carions  (coins)  en  des- 
"  cendoyent  presque  h  terre.  »  (Froissart,  livre  I, 
page  200.) 

On  appeloit  corions  de  souliers  les  petites  cour- 
roies ou  attaches  de  cuir  qui  servoient  à  nouer  les 
souliei's.  (Xicot,  Dict.) 

Dans  la  façon  de  parler  suivante,  corion  est  pris 
pour  courroie,  et  dans  un  sens  figuré  :  ■•  Il  y  tailla 
"  tel  corion,  pour  telle  courroye,  tel  morceau,  il 
«  prit  pour  sa  part.  »  (Poës.  mss"  avant  1300,  t.  IV, 
page  1371.) 

^  Ce  même  mot  est  pris  pour  cordon  (4),  dans  ces 
autres  façons  de  p.irler  :  traire  à  coron,  mettre  à 
coron;  au  figuré,  mettre  à  fin  (5). 

Et  principalement,  pour  yces  (ces) 
Fourfaitures  à  coron  traire 
Humblement  je  me  voeil  retraire 
Vers  la  mer  du  Roy  céleste. 

Froissarl,  Pocs.  MSS.  p.  419,  col.  1. 

Mes  pour  ce  que  je  sui  tous  plains 
D'ardour  enflammés,  et  espris, 
Si  vous  vodroie  bien  proiier  (prier), 
Que  ci  bellement  (si  bien)  entre  nous 
Vous  vo  voeilliez  tant  entremettre, 
Que  de  ce  fu  (feu)  à  coron  mettre. 

Ibid.  p.  391,' col.  2. 

VARIANTES  : 
CORION.  Froissart,  livre  I,  p.  206. 
Coron.  Fabl.  MSS.  du  R.  d«  7615,  t.  II,  f»  1(>4,  R»  c.  2. 
CoRROX.  Hist.  de  Du  Guesclin,  par  Ménard,  p.  165. 

COURON. 

Corlier,  subst.  masc.  Courrier. 

Asclepiodas  les  assist  (assiégea), 

Et  ses  corliera  par  tout  tramist  (envoya)  ; 

Aux  barons  fist  dire,  et  proier 

Qui  Iv  viensînent  au  siège  aidier. 

Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  •'.  "    V  col.  2,  et  13,  R»  col.  1. 

On  lit  messages,  au  lieu  de  coi/''''S,  dans  le  ms. 
de  M''  de  Bombarde. 

VARIANTES  : 
CORLIER.  Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  42,  V»  col.  2. 
CoRLiu.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  813. 
CouRHU.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  675. 

Corliu.  [Intercalez  Co?'/iM,  pions  au  jeu  d'échecs 
(Chron.  des  ducs  de  Xormandie,  H,  516,  col.  2): 
A  cest  mot  traist  son  roi  et  sagement  l'aliue 
Entre  roi  et  aufin  [le  fou]  derrier  la  gent  corliue.]  (n.  e.) 

Corma,  subst.  fém.  Bière.  (Dict.  de  Borel.) 

1.  Corme,  subst.  On  appeloit  srtr/7îss  à  corme, 
une  espèce  d'engins  l'i  pécher,  dont  il  est  parlé  dans 
une  ordonnance  concernant  la  pèche  dans  la  rivière 


(1)  «  .lehans  Aies,  que  on  dist  estre  corial  et  teneur  en  l'église  de  N.  D.  de  Chartres.  »  (J,I.  189,  p.  176,  an.  1457.)  (N.  E.) 

(2)  D'Aubigné  (Hist.,  II,  61)  écrit  aussi  :  «  Il  met  en  divers  endroits  sentinelles  perdues,  fournit  le  cotirridour  de  rondes, 
et  les  rues  de  patrouilles.  »  (n.  e.) 

(3)  Ailleurs  on  lit  :  »  Par  leur  outrage  et  par  corine  S'en  ala  d'Audenarde  Ernous.  (n.  e  ) 

(4)  Coron  est  un  dérivé  de  cor,  au  sens  d'extrémité,  (n.  e.) 

(5)  «  Il  pensoit  que  li  dus  le  devist  mètre  à  coron  de  tous  ses  inconvéniens.  »  (Froiss.,  II,  311.)  On  disait  aussi  venir  à 
coron  pour  en  venir  à  bout  (id.,  V,  178)  ;  estre  à  coron  de  ses  pourvéanches  (id.,  VI,  123).  Voyez  plus  bas  Coron,  (n.  e.) 


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d'Yonne.  «  Nous  deffendons  toutes  sarines  à  (WH/é", 
"  en  foute  saison.  »  (Ord.  t.  Il,  p.  12.) 

2.  Corme,  subst.féjH.  Ondisoit:  bailler  la  corme 
verte,  pour  empoisonner  ;  comme  on  dit  donner  le 
boucon.  "  Le  moyne  esloit  soubconné  qu'il  avoit 
»  joué  la  fourbe  à"  M' le  duc  de  Guyenne,  et  baillé 
«  la  corme  verte,  et  qu  iceluy  moyne  feut  cause  de 
«  le  mettre  hors  de  la  terre  des  vivans.  «  (L'hermite 
des  Soliers,  cabinet  du  roy  Louis  XL  à  la  suite  de 
Comines,  t.  IV,  p.  218.) 

3.  Corme,  adj.  Calme. 

Semble  la  mer  assez  tranquille 
Et  le  vent  caUe,  fait  il  corme 
Assez  sur  l'eaue? 

Hist.  du  Th.  fr.  1. 1,  p.  222. 

Corme,  subst.  masc.  Sorte  de  boisson  (1).  On  en 
fait  usage  dans  le  Poitou,  la  Touraine,  etc.  Elle  se 
fait  en  jetant  de  l'eau  sur  des  cormes.  (Voyez  Le 
Duchat,  sur  Rab.  t.  II,  p.  269.) 

Cormelie,  subst.  fém.  Peut-être  est-ce  un  mot 
corrompu,  dans  le  passage  suivant,  où  nous  lisons, 
en  parlant  du  tombeau  que  .Jeanne  11,  reine  de 
Sicile,  fit  faire  dans  l'église  S.Jean  de  Carbonara  à 
Naples,  pour  elle  et  pour  son  frère  Ladislas  :  »  Le 
«  tombeau  est  sur  le  grand  autel,  et  de  beau  et  fin 
i'  marbre  blanc  :  au  bout  de  la  sépulture  est  le  dit 
«  Ladislaus,  tout  h  cheval,  couvert  d'un  manteau 
"  d'azur  semé  de  fleurs  de  lys,  une  espée  au  poing, 
«  son  cheval  tout  caparassonné  de  mesme;  à  ses 
«  pieds  est  escril  en  lettres  dorées  : 
DivL's  Ladislaus. 

«  Dessous  cette  statue,  y  a  un  très  beau  sépul- 
«  chre,  et  un  Roy  estendu,la  face  eu  haut,  avec 
«  force  dames  esplorées  à  l'entour,  et  deu.v  petits 
«  enfants  qui  tiennent  haussé  un  rideau,  deçà  et 
»  delà,  dessous  laquelle,  il  y  a  une  cormelie  avec 
"  des  lettres  d'or  un  peu  mal  lisibles,  dont  le  com- 
«  mencement  est  tel  : 

IMPROBA  mors  FRATRIS  !  HEU  FRATER  ! 

Ah  !  mon  frère,  et  meschante  mort  de  mon  frère. 

«  Et  plus  bas  ledit  Ladislaus,  et,Ieanne  sont  assis 
«  en  leurs  sièges  royaux,  avec  leurs  sceptres  en  la 
«  main  deçà  eUlelà.  »  (Brant.  D"  111.  p.  402.) 

Cormelie  seroit-il  là  pour  carmelie,  pièce  de  vers, 
du  mot  carme,  qui  signifioit  vers  autrefois? 

Cormery,  subst.  masc.  On  disoil  d'un  partage 
inégal,  que  c'étoit  un  partage  de  cormery  (2),  tout 
d'un  côté  et  rien  de  l'autre.  (Favin,  Th.  d'honn.  1. 1, 
page  317.)  Nous  disons,  au  même  sens,  partage  de 
Montgommery  (3). 


Cormorage.  [Intercalez  Cormorage,  rendu  par 
alcedonia,  temps  calme,  au  Gloss.  lat.  7692.  Com- 
parez Corme  3.]  (n.  e.) 

Cornaboux,  subst.  masc.  plur.  Cornets  à  bou- 
quin (4).  (Le  Duchat,  sur  Rab.  t.  V,  p.  188.) 

Cornage,  subst.  masc.  Collectif  de  cornes, 
droit  sur  les  bœufs*.  Servitude  de  fief  ^. 

*  La  première  acception  est  attestée  par  Oudin, 
Dict.  Cornage,  en  termes  de  coutume,  signifie  un 
droit  qui  se  lève  sur  ceux  qui  ont  des  bœufs.  (Gloss. 
sur  les  Coût,  de  Beauvoisis;  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fi'.  ; 
le  Dict.  deCotgrave,  et  Du  Gange,  Glossaire  lat.  au 
mot  Cornagium  (5).)  «  Sur  chascun  ayant  bœufs  , 
«  quatre  parisis,  [lOurcoupledebaHifs,  etse  appelle 
•<  le  dict  droict  de  cornage.  »  (La  Thaum.  Coût,  de 
Troi  en  Berry,  ch.  98,  art.  5,  p.  222.)  En  ce  sens, 
cornage  vient  de  corne. 

°  Cornage,  servitude  de  fief,  vient  de  cor.  "  Tenir 
"  du  Roy  par  cornage  >>,  est  tenir  un  lief  aux  con- 
ditions de  sonner  du  cor  pour  avertir  de  la  venue 
de  l'ennemi.  ■  En  le  marches  de  Scotland,  ascuns 
"  teignent  (quelques-uns  tiennent)  de  Roy  per  cor- 
«  nage,  c'est  à  syavoir  pur  ventier(pour  donner  du 
«  vent,  souffler,  enfier  un  cornet)  un  cornu,  pur 
«  garner  (garnir,  armer)  homes  de  pais,  quant  ils 
«  oyent  que  les  Scottes(6;,  ou  autres  ennemies  vei- 
«  gnoiit,  ou  voilent  elitrer  en  Engleterre;quel  ser- 
"  vice  est  graund  serjeanlie,  mes  si  ascun  tenant 
«  tient  d'ascun  auler  (de  quelque  autre)  seignior 
«  que  de  Roy,  par  tiel  service  de  cornage,  ceo  (ce) 
«  n'est  pas  graunde  serjeanly  ;  mes  service  de  chi- 
«  valer.  »  (Tenur.  de  Littl.  fol.  35,  Y".  —  Yoyez 
Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 

Cornagus,  adjectif.  Qui  a  les  cornes  pointues, 
aiguës. 

Faut  il  que  ung  sot  covnagus,  etc. 

Crecin,  page  220. 

Coriiaille,  s«/;s/. /"em.  Corneille*.  Collectif  de 
cornes  °. 
*0n  lit,  au  premier  sens  de  corneille,  oiseau  : 

Escoufle,  pie,  ne  cnrimiUe  (7). 

Eusl.  Descliamps,  Poës.  MSS.  fol.  319,  col.  1. 

Cent  ducatz  vous  assignera, 
Présent  Michault,  et  Leporis, 
Sur  les  cornaitles  qu'on  prendra 
Sur  la  tour  du  Louvre  à  Paris. 

Molinet,  page  187, 

^Cor/mZZe  se  disoit  aussi  comme  le  collectif  de 
cornes.  C'est  sur  cette  acception  qu'est  fondée 
l'équivoque  de  cornaille,  cornes,  avec  l'étain  de 
cornouaille,  dans  le  passage  suivant  :  «  On  le  nie- 


(1)  Vin,  peré,  corme,  bière.  (Paré,  III,  637.)  (N.  E.) 

(2)  «  Partage  qui  est  de  Cormery,  Tout  de  là  et  rien  icy.  »  (Lerpux  de  Lincy,  I,  340.)  L'église  de  Cormenj  (Indre-et-Loire) 
est  a  Vune  des  extrémités  de  la  ville;  toutes  les  maisons  sont  donc  d'un  même  côté.  (s.  e.) 

(3)  «  Les  anciennes  coutumes  de  Normandie  accordoient  aux  aines  des  Montgommery  la  plus  grande  partie  des  biens.  >i 
(Leroux  de  Lincy,  H,  17.)  (n.  e.) 

(4)  1  Voirs  est;  dou  mouton  fage  un  priestre,  Et  un  abé  d'un  cornabu^.  »  (Renart,  IV,  v.  3073.)  (N.  e.) 

(5)  «  De  la  recepte  de  froment  et  d'avoine  de  la  Ferté  sur  .\ube,  des  cornarjes  de  ViJlers,  de  la  ville  d'Essoy,  etc.  tant   de 
boissels  de  bled  et  d'avoine.  »  (Du  Gange,  II,  605,  col.  1.)  (n.  e.) 

(6)  Froissart  (t.  U,  p.  131)  nous  fait  le  tableau  de  ces  invasions,  qui  se  continuèrent  de  siècle  en  siècle  pour  l'Angleterre 
jusqu'à  la  défaite  de  Culloden  (1746).  Le  parlement  anglais  confondit  alors  pour  le  costume  les  higlaitders  et  les  lowlanders  ; 


mais  l'Ecosse,  avec  l'entêtement  des  races  celtiques 


(7) 


En  tant  com  il  se  dementoit,  Lieve  sa  tei 
IV. 


ques,  a  conservé  sa  langue  et  ses  chants  nationaux  (piperbragh).  (n. 
ste  et  venir  voit  Une  cornaille  à  la  volée.  »  (Ren.,  v.  22841.)  (n.  e.) 


E.) 


35 


co 


—  274  — 


CO 


«  naceoil  que  s'il  se  marioil  en  cette  maison,  qu'il 
"  seroil  marié  en  une  cornière  de  la  ville,  el  que  la 
»  vaisselle  qu'on  luy  douneroit  en  ménage  seroil 
«  de  cornailles.  »  (Douch.  Serées,  livre  I,  page  285. 
—  Voyez  ci-dessous  l'expression  envoyer  en  cor- 
nouaùlc.) 

VARIANTES  : 
CORNAILLE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  316,  col.  i. 
CoRXAi-LE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n«  7615,  t.  I,  f«  67,  V»  col.  2. 
CORNOILE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  77,  V»  col.  1. 
CoRNiLLE.  Gace  de  la  Bigne,  des  Déd.  MS.  fol.  130,  R». 

Cornant,  ijarticipe.  Qui  sonne  de  la  trompette. 
On  a  dit,  en  ce  sens  :  «  Guette  du  dit  Chastellet 
1  corHrt»/ pour  l'heure,  ou  celuy  qui  faisoit  senti- 
<■  nelle  dans  le  Ciuislellet  sonnoil  de  la  trompette.  " 
(Ord.  t.  III,  p.  OO'J.)  Ce  mol  semble  aussi  s'être  em- 
ployé comme  épithète  de  cygne,  peul-èlre  dans  le 
sens  ligure  de  cliantant. 

Rosterent  (ostèrenl)  ung  beau  faulcon 

Qui  avoit  prins,  le  jour  devant 
Près  de  Paris,  cyne  cornant. 

Gace  de  la  Bigne,  des  Déduits,  MS.  fol.  115,  R". 

Coi'nai'die,  subst.  fém.  Sottise  (1),  stupidité, 
folie.  \Dict.  de  Borel.) 

Quelque  traict  de  la  conardiac. 

Œuv.  de  Rem.  Belleau.  l.  II,  p.  53. 

VARIANTES  : 
CORNARDIE.  Borel,  Dict. 
CoNARDiE.  Path.  Farce,  p.  98  et  101. 

CONARDISE. 

Cornai'clise,  siibst.  fém.  Cocuage.  (Dictionn. 
de  Cotgi'ave.)  «  Le  caractère  de  la  cornardise  est 
«  indélébile,  à  qui  il  est  une  fois  attaché  il  l'est  tou- 
«  jours.  »  (Ess.  de  Montaigne,  t.  III,  p.  148.) 

Cornards,  suhst.  mase.  plur.  Il  y  a  eu  autre- 
fois une  espèce  de  société  burlesque  de  gens  connus 
sous  le  nom  de  couards  ou  cornards  de  Rouen.  Ils 
jouoienl  des  farces  ou  comédies.  (Voyez  Brant.  Cap. 
fr.  l.  II,  page  21.)  Leur  chef  s'app'eloil  abbé  des 
conards  ou  cornards  (2).  (Du  Cange,  Gloss.  lat.  au  mot 
Abbas  Cornadoruin.  —  Voy.  aussi  les  Arr.  d'Amour, 
page  481.) 

Quand  se  tairont  ces  deux  criars 
Qui  ne  font  que  japper,  et  braire  ? 
Faut  il  qu'un  abbé  des  conars 
Se  mesle  de  les  faire  taire. 

Œuv  de  Joach.  du  Bellay,  f"  507,  Vv 

(Voyez  CoR>it;YAu.K  ci-après.) 

VARIANTES    : 
CORXARDS.  Arr.  Amor.  p.  481. 
CoNARs.  Du  Bellay,  fol.  507. 

Cornai's,  subsl.  masc.  Sot,  fou*.  Lâche ^  (3). 
*  Les  fous,  autrefois,  poiioienl  des  cornes  ;  de  \h 


cornard,  pour  fou.  (Voyez,  sur  ce  mot,  les  Dict.  de 
Borel,  au  mot  Conardie.) 

Moult  est  uns  clercs  qui  a  bon  bénéfice, 
Dont  il  se  puet  seurement  gouverner 
Foui,  et  cornart,  oultre  cuidé,  et  nice. 
Qui,  mondains,  veult  au  secle  retourner. 

Eusl.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  35",  col.  t. 

°  6'0î'Ha?'d  signifioil  aussi  lâche,  comme  dans  ce 
passage  :  «  ^ie  différeroit  plus  de  combatre  Alexan- 
»  dre  qui  se  lapissoit,  el  muçoit  aux  deslrois, 
«  comme  cornard,  et  paoureux  de  sa  bonne,  et 
"  grande  puissance.  »  (Tri.  des  IXPreux^  page  125.) 
Ce  mol,  en  ce  sens,  n'est  peul-èlre  qu'une  altération 
du  mot  couard. 

VARIANTES  : 

CORNARS.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  374,  col.  1. 
Cornart.  Gace  de  la  Bigne,  des  Déd.  MS.  fol.  8,  R». 
Cornard.  Tri.  des  IX  Preux,  p.  125,  col.  2. 

COX.VRD. 

Cornât,  adj.  Cornu.  Qui  a  des  cornes.  Action 
cornât.  (Uab.  t.  V,  page  175.) 

Cornau,  subst.  inase.  Quartier,  canlon.  Mot 
gascon.  (Du  Cange,  au  mol  Cornale.)  ^  Quantitlous 
«ceux  qui  ne  sont  d'un  mesme  cornau,  comme  en 
«  la  baronnie  de  Pontone,  es  cornaux  de  Bar, 
«  Aruy,  etc.  »  (Coût.  d'Acs,Coul.  Gén.  t.  II,  p.  081.) 
On  lit  à  la  marge  :  «  Cornau  semble  eslre  village 
"  ou  paroisse.  » 

Cornay.  [Intercalez  Cornaii,  peut-être  cornage 
dans  un  acte  de  1328  (Du  Cange,  II,  C05,  col.  1 1  : 
«  Item  deux  sous  parisis  choscun  an  ou  cornau  de 
"  Tornus.  >>]  (x.  e.) 

Corne,  subst.  fém.  Coin*.  Terme  de  fortifica- 
lion  °.  Orgueil  ^.  Coilfure  de  femme".  Jeu  ^.  Corne- 
muse, cornet''. 

*  On  a  dit,  au  premier  sens  :  '  Bouter  le  feu  au 
«  quatre  cornes  de  l'église  de  Paris.  »  (Glossaire  de 
l'Hist.  de  Paris.)  »  Quarente  mencaudées  de  bois 
«  vendues  à  Boidins  à  kieusir,  auquel  cor  ke  cil 
«  Boidins  voira.  >>  (Duchesne,  Gén.  de  Bélhune, 
p.  104,  lit.  de  1240.)  De  même  dans  la  Généal.  de 
Chasteigners,  p.  27:  «  Dès  la  coinere  dous  vignes 
«  dès  lo  corn  do  cymelerre.  " 

^Pour  terme  de  fortification  :  «  Au  travers  du 
»  fossé  delafo/'«<?(4).  "(Mém.deBassompierre,  t.  II, 
p.  324.)  Nous  disons  ouvrage  à  cornes- 

'^  On  a  d\t  corne,  pour  orgueil  (5).  fierté.  «  Depuis 
"  quand  avés-vous  prins  coî'HCS  ?  »(Rab.l.I,p.  179.) 
De  là,  l'expression  lever  les  cornes,  pour  désigner 
la  fierté. 

Il  va  de  jour  en  jour  plus  haut  levant  les  cornes. 

Giles  l)uraiid,  à  la  suite  de  Bonnef.  page  213. 


(1)  Voyez  co(juari  en  note  ;  «  11  n'estoit  si  mauvaise  cornardie  que  sotie.  »  (n.  e.) 

(2;  «  Les  conards  ont  leur  confrairie  à  Notre  Dame  de  Bonnes-Nouvelles  où  ils  ont  un  bureau  pour  consulter  de  leurs 
affaires...  auxquels  par  choix  et  élection  préside  un  abbé  mitre,  crosse  et  enrichi  de  perles,  quand  sollenneUement  il  est 
trainé  en  un  chariot  à  quatre  chevaux  le  dimanche  gras  et  autres  jours  de  bachanales.  »  (.Du  Cange,  sous  Abbas  ,  d'après 
Taillepied,  antiquités  et  singularités  de  la  ville  de  Rouen,  1587,  p.  61.)  Voyez  Conards.  (n.  e.) 

(3)  Le  sens  de  mari  trompé  est  dans  la  Rose  (v.  4825)  :  «  S'est  plus  cornars  qu'uns  cers  rames  Riches  bons  qui  cuide 
estre  amés.  »  De  même  au  reg.  JJ.  155,  p.  132,  an.  1400  :  «  Renoul  dist  audit  Boursaut  qu'il  esloit  un  grant  cornart,  qui  vault 
autant  à  dire,  selon  la  coustunie  du  pais,  comme  un  grant  coux.  »  (n.  e.) 

(4)  On  lit  à  la  p.  234  :  «  Nous  fismes  une  autre  grande  attaque  en  laquelle  nous  ecornasmes  la  moitié  de  la  corne.  »  (n.  e.) 

(5)  «  Doncq  quel  proulit  vient  il  à  l'humain  gendre  Dessus  son  chief  les  corïies  d'orgueil  prendre  ?  »  (Les  Triomphes  de 
Pétrarque,  trad.  par  d'Opéde,  fol.  97.)  (n.  e.) 


co 


—  275  — 


CO 


"On  a  nommé  cornes  (1)  une  coiffure  de  femme 
tloiit  la  mode  s'introduisit  vers  la  tin  du  xiv  siècle, 
temps  où  écrivait  le  Chev"  de  la  Tour,  qui  parle 
d'un  sermon  contre  cette  sorte  de  coiffure  (2).  (Instr. 
à  ses  tilles,  fol.  '25.)  Dans  Juven.  des  Ursins,  Histoire 
de  Charles  VI,  p.  330,  on  lit:  »  Lesdames,  et  damoi- 
«  selles  menoient  grands  et  excessifs  estais,  et 
«  cornes  merveilleuses,  hautes  et  larges,  et  avoient 
»  de  chascun  costé  en  lieu  de  bourleis  deux  grandes 
«  oreilles  si  larges,  que  quand  elles  vouloient 
«  passer  l'huys  d'une  chambre,  il  falloit  qu'elles 
«  se  tournassent  de  costé  et  baissassent,  ou  elles 
«  n'eussent  pu  passer  (3).  »  Dans  le  Journ.  de  Paris, 
sous  Charles  VI  et  VII,  page  120  :  «  Les  femmes 
«  laissèrent  leurs  cornes,  et  leurs  queues,  et  grant 
»  foison  de  leurs  pompes.  »  (Voyez  ci-après  l'article 
Hennin.) 

^On  appeloit  corne  une  sorte  de  jeu  qu'on  nom- 
moit  aussi  corne  de  bœuf.  Rabelais,  t.  I,  p.  142,  cite 
le  jeu  delà  corne  au  nombre  des  jeux  de  Gargantua, 
et  i'Yoissart  met  au  nombre  des  jeux  de  son  enfance, 
la  corne  de  bœuf.  (Froissart,  Poës.  mss.  p.  87.) 

■^  Enfin,  ce  mot  semble  employé  pour  cornemuse 
ou  cornet,  dans  ces  vers  : 

Nos  dona  deners  (denier.s) 

Dont  aca  (j'acheterois)  trois  gasteles 
Gaines,  et  coutelas, 
Flausteles  (tlûtes),  et  cornes, 
Maçueles  (masse)  et  pipes  (pipeaux)  : 
Dix  (Dieu)  la  garisse  (bénisse.) 

FaW.  MSS.  du  K.  n"  7989,  fol.  78,  R-  col.  2. 

Il  y  avoit,  outre  cela,  diverses  acceptions  de  ce 
mot  corne  employé  dans  les  expressions  suivantes: 

1"  Corne  de  piège.  On  lit,  en  parlant  de  la  manière 
de  tendre  le  las  au  faucon  :  «  Premièrement  la 
»  verlevelle  qui  est  au  maislre  las,  doit  estre  de 
<i  cor)ie  de  piéije.  »  (Modus  et  Racio,  ms.  fol.  100.) 

2°  Cornes  d'abondance  de  verre  noire.  C'éloit  un 
ornement  que  les  femmes  portoient  aux  oreilles  en 
forme  de  pendants.  (Brant.  D"Gall.  1. 1,  p.  140.) 

3°  Cornes  d'armée,  i»our  les  ailes  d'une  armée. 
(Monet,  Oud.  Dict.) 

4°  Corne  vuj  de  bas,  semble  une  espèce  d'excla- 
mation ou  de  jurement,  dans  Rabelais,  t.  Il,  p.  45  : 
«  Sainct  Alipanlin  corne  rmj  de  bas  :  quelle 
«  civette  !  » 

5°  Avoir  ou  bailler  sur  les  cornes,  répond  à  notre 
façon  de  parler  avoir  ou  donner  sur  les  oreilles, 
battre  ou  être  battu. 

Pour  baller  aux  Anglois  sur  corne. 

Vig.  de  Cliarles  VII.  I.  II,  p.  57. 

Et  eurent  les  Anglois  sur  corne. 

Iliid.  page  97. 


0°  Cornes  abbaissées,  dans  le  .sens  où  nous  disons 
tête  basse.  Lorsqu'on  fut  venu  à  bout,  en  1412,  de 
réprimer  les  désordres  et  pilleries  des  Anglois  , 
«  Fut  toute  la  terre,  et  frontièies  des  dits  Anglois 
«  esmeute,  et  pleine  de  rumeurs,  et  tant  qu'ils  se 
«  retrahirent  (retirèrent),  toutes  \eur  cornes  abais- 
«  sées,  mais  dedans  brief  temps  recommencèrent.  » 
(Monstr.  vol.  I,  fol.  149.) 

7°  Bouter  en  corne,  pour  se  mettre  en  tête,  ima- 
giner, penser.  «  Salphione  ma  compaigne  boute  en 
«  corne,  par  son  beau  parler,  que  je  ddibve  senten- 
«  lier  à  son  vouloir.  »  (Percef.  vol.  VI,  fol.  83.) 

8»  Faire  cornes,  se  disoit  des  maris  qui  font  infi- 
délité à  leurs  femmes  :  »  Vos  femmes  sont  si  sages, 
«  et  vous  aiment  tant,  que,  quand  vous  leur  feriez 
«  cornes,  aussi  puissantes  que  celles  d'un  dain  (4), 
«  encores  se  voudroient-elles  persuader ,  et  au 
«  monde  aussi,  que  ce  sont  cbappeaux  de  rose.  » 
(Contes  de  la  royne  de  Navar.  t.  I,  p.  87.) 

9"  Esbalnj  comme  si  les  cornes  luy  fussent  venues. 
Cette  façon  de  parler  et  autres  semblables  paroissent 
avoir  été  mises  à  la  mode  par  l'usage  qu'en  a  fait 
l'auteur  du  Roman  de  Perceforesl  (vol.  VI,  fol.  22.) 

VARIANTES  : 

CORNE. 

Cor.  Duchesne,  Gén.  de  Rethune,  p.  -164. 

Corn.  Duchesne,  Gén.  de  Chasteigners,  p.  27. 

Corneau,  snhst.  masc.  Espèce  de  chien.  On 
appelle  eliiens  corneanx,  "  des  chiens  engendrez 
a  d'un  mâtin,  et  d'une  chienne  courante,  o\i  d'une 
^<  mâtine  et  d'un  chien  courant.  »  (Salnove,  Véne- 
rie, p.  20.) 

Corneaiilx,  subst.  masc.  plur. 

....  Qu'en  ces  grandes  larges  valées,... 

Plus  ne  se  voysent  desduysant 

Les  aulruciers,  ne  taboiirant, 

Mais  en  citez,  et  en  cliasteaulx, 

Où  souvent  sont  lieux  et  corneaulx  (5) 

Voisent  mener  les  espousées  : 

Par  eulx  doivent  estre  menées. 

Gacede  la  Bigne,  des  Déduits,  MS.  fol.  12,  R*. 

Coi'ueVjaux,  subst.  masc.  plur.  Cornards.  C'est 
notre  motcornard  pris  dans  sa  signification  actuelle. 

Certes  de  grant  amour  vous  aim  : 

Lors  la  prent  li  homs  prins  à  l'aim  (araeçon), 

Li  cornebaux,  li  coquehus. 

Eusl.  Descli.  Poës.  MSS.  fol.  515,  col.  3. 

Cornebers.  [Intercalez  Corncbers,  outil  de 
tisserand.  Voyez  la  citation  sous  cojioinonole.]  (n.  e.) 

Cornecul,  suljst.  masc.  Cocu.  Proprement  cocu 
jusqu'au  cul,  selon  la  citation  rapportée  par  Le 
Duchat,  dans  sa  note  (18)  p.  97,  du  iv  T.  de  Rab. 

Corne-de-cerf,    subst.    fém.    Sorte   d'herbe. 


(1)  Les  mitres  des  évêques  avaient  alors  des  cornes  :  «  Et  y  faut  [manque]  dessus  les  cornes  de  la  mitre  deux  pierres  de 
verres  perciez.  »  (Inv.  de  ta  S'«  Chapelle,  en  1376  ;  Du  Gange,  II,  60»,  col.  3.)  (n.  e.) 

(2)  Les  dames  portaient  des  coiffes  de  soie  à  cornes  dés  le  xiiF  siècle  ,  et  un  chansonnier  peu  galant  de  l'Artois  les 
compare  au  ca(  cofji»,  au  chat-huant.  Un  évêque  de  Paris  ayant  inutilement  prêché  contre  ces  cornes  accorda  dix  jours 
d'indulgence  en  faveur  de  ceux  qui  crieraient  aux  dames  par  les  rues  ;  «  heurte ,  bélin  »,  c'est-à-dire  frappe ,  bélier. 
(Quicherat,  Costume,  p.  189.)  (N.  E.) 

(3)  La  reine  même,  vers  1417,  dut  faire  agrandir  les  portes  des  appartements  au  château  de  Vincennes.  Ces  cornes  se 
nommaient  aussi  atours.  (Voir  ce  mot.)  (n.  e.) 

(4)  On  lit  encore  dans  la  'i'  Nouvelle  :  «  Afm  que,  quand  vos  maris  vous  donneront  les  cornes  de  chevreuil,  vous  leur  en 
donniez  de  cerf.  »  (n.  e.) 

(5)  Comparez  Cornai.  (N.  E.) 


co 


27fi  — 


CO 


•■  Vous  notterezque  l'herbe  que  le  vulgaire  appelle 
"  corite-ilc-cerf,  ou  toute  dent  de  chien  est  souve- 
"  raine  pour  la  raye.  »  (Fouiil.  Vénerie,  fol.  80.   [[] 

Cornée.  [Intercalez  Cornée.  u.\trémité  :  •  Et 
«  costierons  ce  bois  où  sonunes  à  présent  tant  (|ue 
"  nous  serons  sus  l'autre  curnce  au  lés  delà.  » 
(Froissarl,  IV,  262.)]  (n.  e.) 

Cornôei".  [Intercalez  Cornéer,  tympaniser: 
«  Le  suppliant  piesentant  le  vin  à  ,lehan  de  Mon- 
•1  lagu,  icellui  de  Montai^u  lui  dist:...  (|ue  il  n'en 
"  prendroit  point  de  sa  main,  car  il  lenloii  cor  néant, 
••  qui  est  à  dire  qu'il  lui  avoit  porté  hayiie.  » 
(.IJ.  190,  p.  128,  an.  l-'iGO.]  (n.  e.) 

Corneguerre,  sttbut.  niasc.  Sobriquet.  Il  signi- 
fie proprement  qui  ne  prêche  que  la  guerre.  .Mont- 
iuc,  parlant  de  lui-même,  dit  :  «  Me  l'ut  mandé  par 
«  d'autres  que  l'on  se  mocquoit  de  moy  an  conseil, 
»  ei  qu'on  m'-dp\)e\\o\i  cor ne(j lierre.  »  Mém.  t.  II, 
page  180.) 

Corneillart,  adjectif.  Qui  tient  de  la  corneille. 
M.  de  la  Porte  s'en  est  servi  pour  épitlièle  de  gazouil- 
lement. 

Corneille,  subst.  féni.  Terme  de  chasse. 
Corneille  étant  le  même  que  dancière,  comme  le 
prouve  le  passage  suivant,  et  dancière  paroissant 
formé  de  duntiers,  testicules  de  cerf,  il  seroit  natu- 
rel de  croire  que  corneille  signilioit  la  peau  qui 
enveloppe  les  testicules.  «  Coupe  premièrement  la 
«  corneille,  laquelle  est  appellée  dancière;  puis  fais 
«  une  petite  sainte  (lour,  cerne)  de  ton  coutel  en  la 
«  coule,  et  lahouteen  ungfourchier(unefourche.)  » 
(Modus  et  Racio,  fol.  14.) 

Gorneis,  subst.  masc.  Bruit  de  cornets  ou 
trompettes. 

Grani  tumulte,  et  grant  corneis. 
Ot,  au  premier  encontreis. 

Rom.  de  Brut,  fol.  1",  Vcol.  1. 

Oyssiez  grant  commis, 

Et  de  gresles  (trompettes)  grans  sonneis. 

Ibid.  fol.  05,  V"  col.  2. 

Cornel.  [Intercalez  Coriiel ,  créneau ,  dans 
Jordan  Fantosme,  v.  1498: 

Si  s'pendi  as  corneis,  lungeinent  s'est  tenuz.]  (N.  E.) 

Cornelle,  subst.  fém.  Diminutif  de  corde. 

Bastons  à  cornelle. 

Coût,  de  Norni.  en  vers,  MSS.  fol.  50,  R'. 

Cornemusard,  subst.  masc.  Cornard.  Rabelais 
l'a  employé  en  ce  sens.  (T.  III,  p.  240.) 

Cornemusaresse.     [Intercalez    Cornemusa- 


resse,  joueuse  de  cornemuse  au  Gloss.  lat.  768i, 
où  il  traduit  mima  ]  (n.  e.) 

Cornemuse,  subst.  fém.  Instrument  de  ber- 
gers. Ce  mot  subsiste  sous  la  première  orthographe. 
Il  semble  qu'on  ait  fait  usage  de  cet  instrument  à  la 
guerre.  "  Oyssiés  cors  sonner,  trompes,  buisines, 
«  cornemuses,  naquaires ,  labours.  »  (Modus  et 
Racio,  .Ms.  fol.  282.) 

Ce  mot  fournit  aussi  quelques  expressions  hors 
d'usage  (2). 

1°  Tenir  à  la  cornemuse,  c'étoil  tenir  sous  le 
bras,  comme  on  tient  une  cornemuse.  «  Jean,  duc 
«  de  Bourgogne  estoit  enferré  de  trois  lances  de  ses 
»  ennemis,  tenu  parla  teste  d'un  quatriemequiluy 
«  tenoit  la  teste  sous  le  bras,  à  la  cornemuse,  etc.  » 
(Mém.  d'Ul.  de  la  Marche,  livre  I,  p.  315.)  Euslache 
Deschamps  emploie  ce  mol,  en  un  sens  obscène. 
(Pocs.  MSS.  fol.  329.) 

2"  Revenir  la  cornemuse  au  sac,  façon  de  parler 
proverbiale,  empruntée  des  menestriers,  pour  dire 
s'en  revenir  sans  avoir  rien  fait  ou  gagné.  «  S'en 
«  reviennent  rapporlans  la  cornemuse  au  sac.  » 
(Merlin  Cocaie,  t.  I,  p.  33.) 

VARIANTES  : 
CORNEMUSE.  Orth.  subsist. 
CoRNiMUSE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  100,  coL  -2. 

Cornemu.ser.  [Intercalez  Cornemuser,  jouer 
de  la  cornemuse  (Froissarl,  VIII,  132).]  (n.  e  ) 

Cornemusette ,  subst.  fém.  Diminutif  de 
cornemuse.  (Voy.  Vigil.  de  Charles  VII,  t.  I,  p.  8i.) 

Corneniuseur,  subst.  masc.  Joueur  de  corne- 
muse. (Oudin,  Cotgrave,  R.  Estienne,  Dict.)  (3) 

Corneole,  subst.  fém.  Cornaline.  L'art.  22  de 
Marbodus  est  intitulé  Cornaline  (4),  col.  1058,  «  la- 
«  quelle  est  appellée  6W/iio/e.  »  (Ibid.) 

Corner,  verbe.  Sonner  *  (5).  Remuer  les  dés  dans 
le  cornet^.  Sentir  mauvais*^. 

*  Corner  a  signifié  donner  du  cor  (6),  sonner  de  la 
trompette.  (Voyez  Gloss.  de  Jlarot,  et  Du  Cange,  aux 
mots  Cornare  et  Cornuare.) 

Cornez  ménestrels,  faites  bruit, 
Resbaudissez  (réjouissez)  la  compagnie. 

Eusl.  Desch.  Poos.  MSS.  fol.  230,  col.  3. 

^  11  a  signifié  aussi  remuer  les  dés  dans  le  cornet 
et  les  jeter.  Cornés  est  employé  en  ce  sens,  dans  un 
dialogue  entre  deux  joueurs  de  dés.  (Poës.  mss. 
d'Eust.  Desch.  fol.  375.) 

'^On  disoit  aussi  corner,  pour  sentir  mauvais,  se 
corrompre,  en  parlant  du  poisson  et  du  gibier. 
Cette  acception  naît  de  l'usage  de  publier  au  son  de 


(1)  Comparez  éd.  Favre,  fol.  60,  verso,  (n.  e.) 

(2)  «  Jamais  la  cornemuse  ne  dit  mot  si  elle  n'a  le  ventre  plein.  »  (Leroux  de  Lincy,  II,  16i.)  S'agit-il  de  l'instrument  ou 
du  musicien?  (N.  e.) 

(3)  Au  Gloss.  lat.  ÎG&i,  il  est  rendu  par  mimtis.  (n.  e.) 

(4)  C'est  le  genêt  des  teinturiers:  «  Corneole  ou  chassebosse.  »  (0.  de  Serres,  618.)  (n.  e.) 

(5)  «  Crois-tu  en  estre  quite  comme  les  moines  de  S.  Vandrille  en  siflant.  »  Une  charte  de  1307  au  Cart.  de  r.4.bbaye 
(II,  p.  1990)  nous  explique  ce  proverbe  normand:  «  .\  tous  ceux  qui  ce.s  présentes  lettres  verront  ou  orront,  Symon  dit 
Moleit,  baillif  de  Rooni  salu  et  bonne  araor.  Comme  discort  fust  meu  entre  noble  homme  monseignor  de  Rooni  d'une  part, 
et  hommes  religieux  et  honnestes  l'abbé  et  le  couvent  de  S.  Vandrille  d'autre,  sur  ceu  que  ledit  seignor  avoit  fait  arrester 
le  bac  desdis  religieux  par  le  travers  de  Porvins,  qui  passoient  à  Mante  par  le  travers  dudit  seignor,  lesdis  religieiL\  disans 
et  maintenans,  que  il  devoent  passer  quites  parmi  ledit  travers  par  corner  en  passant  pjrmi  ledit  travers.  »  (N.  E.) 

(0)  Ce  sens  est  dans  Roland  ;  «  Ço  dist  Roland,  cornerai  l'olifant.  »  (Str.  CXXVII.)  (N.  E.) 


co 


co 


la  trompelle,  le  poisson  que  Ton  avoil  de  la  peine  à 

vendre.  «'  Je  ne  scay, si  autrefois  en  Poiclou 

«  on  n"a  poinl  vendu  le  poisson  au  son,  cl  cry  de 
»  cornet,  qui  servoil  de  tintinnabule,  dont  usoient 
«  les  (Jrecs,  en  la  vente  de  leur  poisson.  Car  on  dit, 
«  en  ce  pais,  que  le  poisson  corne,  quand  il  est 
u  gasté,  puant  et  corrompu.  »  iBoucli.  Ser.  livre  1, 
p.  "231.)  Ainsi  corner  ne  signille  pas  absolument  et 
proprement,  sentir  mauvais,  comme  Oudin  le  fait 
entendre.  Il  n'a  eu  celte  signification  que  parce 
qu'on  a  pris  le  signe  pour  la  chose  même,  et  c'est 
de  là  que  vient  l'abus  du  mot  corner,  en  parlant 
du  gibier  qui  se  corrompt,  quoi(iu'on  en  publiât 
la  vente  à  son  de  trompe.  «  Ils  ne  lrouv>)ient  bon 
»  le  gibier,  sinon  qu'il  cornast  un  peu,  c'est-à-dire, 
«  sans  déguiser  les  matières,  qu'il  ne  fut  un  peu 
<•  puant.  »  (Apol.  pour  Hérodote,  p.  432.) 

Ce  mot  fournit  quantité  d'anciennes  expressions 
que  nous  allons  expliquer  : 

1°  Corner  l'assiette,  pour  sonner  le  couvert  ou  le 
service  de  la  table.  Froissart  dit,  en  parlant  d'un 
ambassadeur  de  Charles  V,  en  137!>  :  «  Il  tenoit 
«  grand  estai,  et  estoffé  de  vaisselle  d'or,  et  d'argent, 
"  courant  parmy  la  salle  aussi  lai'gemenl  que  si  ce 
«  fut  un  petit  duc,  aussi  laissoit  il  corner  l'assiette 
»  de  son  disner.  »  (Kroissart,  liv.  11,  p.  48.) 

2"  Corner  la  citasse,  pour  sonner  la  chasse  : 

Et  puis  une  autre  journée, 
Sera  la  citasse  cornée. 

Eust.  Desch.  Pois.  .\ISS.  fol.  -200,  col.  3. 

On  dlsoit  aussi,  dans  le  même  sens,  corner  de 
chasse.  (Chasse  de  Gaston  Phébus,  ms.  p.  140.) 

3°  Corner  pour  chiens  signilioit,  en  tenues  de 
chasse,  les  appeler.  «  Quant  tu  auras  trouvé  le  cerf 
«  du  limier,  tu  dois  corner  pour  chiens,  et  dois 
«  corner  un  long  mot.  »  (Modus  et  Racio  ,  ms. 
folio  27.) 

4°  Corner  r eau  ou  l'eve,  c'étoit  sonner  le  laver  des 
mains,  soit  devant,  soit  après  le  repas  : 

Atant  a-t-on  l't'i't;  cnniée  (1)  ; 

Lèvent,  si  s'assient  es  dois  (dais,  table)  ,  etc. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol   «.  R"col.  3. 

«  L'on  disnoit,  et  Veau  estoit  cornée,  c'est-à-dire 
"  que  le  disner  estant  achevé,  la  trompette  faisoit 
«  lever  de  table  tout  le  monde,  et  alors  chacun  se 
"  lavoit  les  mains.  »  (La  Colomb.  Théâtre  d'Iionn. 
t.  I,  p.  41.) 

5"  Corner  la  guerre  signifloit  la  déclarer.  «  La 
>■  prudence  fait  mûrement  délibérer,  avant  que 
«  corner  la  guerre.  •>  (Sag.  de  Char.  p.  434.) 


G°  Corner  la  gueltc,  pour  sonner  la  garde.  «  Jus- 
«  qu'au  jour,  et  guette  tjule  cornée  en  nostre  dit 
..  chûslelet.  »  (Ord.  t.  III,  p.  070.) 

7°  Corner  le  jor  (2)  paioii  avoir  le  même  sens  que 
l'expression  ci-dessus.  ■<  Si  le  fisl  lever,  et  parlèrent 
«  tanlensembleque  la  guete  corna  le  jor.  «  (Contin. 
de  G.  de  Tyr,  Maitène,  "t.  V,  col.  399.) 

8»  Corner  prise.  Façon  de  parler  empruntée  delà 
chasse,  pour  signilîer  qu'une  alfaire  est  entièrement 
terminée,  parce  que  la  chasse  est  finie  lorsqu'on 
sonne  la  prise  de  la  bêle  chassée  (3).  (Dict.  de  Cotgr.) 

9"  Corner  la  retraite ,  pour  sonner  la  retraite. 
(Ger.  deXev.  l"  P.  p.  101.) 

10°  Corner  en  gobelet.  E.Kpression  figurée,  pour 
dire  boire,  comme  on  dit  populairement  souffler. 
On  lit,  en  parlant  d'un  joueur  de  tambourin  :  «  Après 
«  que  il  eut  soufflé  en  lafluste,  se  meil  à  en  corner 
»  en  gobelet,  et  nettoyer  la  vaisselle.  »  (J.  d'Authon, 
Ann.  de  Louis  XII,  p.  222.) 

11  Corner  en  l'eau,  troubler  l'eau  avec  son  bois, 
en  parlant  d'un  cerL  ■•  Un  cerf  à  cornes  ramues  (jui 
«  ne  se  daigna  partir,  ains  priiit  à  corner  en  l'eau, 
»  tant  qu'elle  fut  comme  toute  troublée.  »  (PerceL 
vol.  IV,  f°  150.) 

Gorneres,  subst.  masc.  Qui  donne  du  cor  (4).  Ce 
mot  s'est  employé  dans  un  sens  détourné  et 
obscène.  ;Fabl.  .mss.  de  S.  G.  f"  55.) 

Cornei'ie.  [Intercalez  Cornerie ,  sonnerie  de 
cor  au  reg.  .1.1.  1  iS,  p.  27,  an.  1380  :  »  Pour  cause  du 
«  sonel,  huerie  et  cornerie  qu'il  avoit  l'ail.  »]  (n.  e.) 

Corners,  subst.  masc.  plur.  Quartiers.  On  a  dit  : 
escude  quatre  corners,  pour  unécuécartelé,  divisé  en 
quatre  parties.  Britt.  Loix  d'Aiigl.  f"  42.)  Ce  mot,  en 
anglois,  signifie  coin,  angle. 

Cornet,  subst.  masc.  Coin  *.  Aile  d'armée  ^. 
Trompette  ^.  Droit  de  la  juridiction  des  eaux  et 
forêts  °.  Insecte  ^.  Cornet  à  mettre  de  l'encre  "^ 
Eleignoir  °  (5). 

*  Cornet,  diminutif  de  corne,  a  eu  plusieurs  de 
ces  acceptions  :  on  a  dit  cornet  (G\  pour  coin.  (Du 
Csinge,  nu  mol  Cornetum.)  «  Quant  Sallian  oy  parler 
»  la  benoiste  dame  des  cielz,  il  se  retraist  en  un 
«  cornet,  et  ot  paour.  »  (Modus  et  Racio,  ms. 
folio  238.  ) 

^  De  même,  on  a  dit  cornet  pour  aile  d'année. 
Les  Latins  l'appeloienl  cornu.  On  Ironve  cornet,  pris 
en  ce  sens,  dans  l'Histoire  de  la  Toison  d'or, 
vol.  II,  folio  42. 


(1)  «  Quant  tôt  fu  prest,  si  fu  Veve  cornée.  »  (Aubri,  p.  102,  col.  2.)  De  même  au  Chastelain  de  Coucy  (v.  1899)  :  «  .\dont 
fîst-on  Vaigue  corner,  Si  vont  communaumant  laver,  Et  puis  s'assient  au  manger.  »  (N.  E.) 

(2)  «  Quant  il  [Blondel]  oï  la  guete  corneir  le  jour,  il  se  leva  et  ala  au  moastier  prier  Dieu  qu'il  U  aidast.  »  (Récits  d'un 
Ménestrel  de  Reims,  §  79.)  —  «  Ne  se  pourront  ouvrer  que  de  la  ytiete  cornant  au  malin  jusques  à  la  nuit  ,  sanz  candele 
tant  seulement.  »  (Livre  des  Métiers,  92.)  (N.  E.) 

(3)  Voyez  Gérard  de  Vienne,  v.  350!^.  (N.  E.) 

(4)  C'est  le  cas  sujet  de  corneur,  qu'on  trouve  dans  Blanche  et  Jehan  (v.  4078)  ;  «  Hors  de  sa  nef  est  tost  sallis.  Au  corneïtr 
le  cours  en  vient.  »  (N.  E.) 

(5)  C'est  aussi  la  tempe  :  «  Le  suppliant  getta  audit  Clerel  la  serpe  et  du  bout  d'icelle  nommé  neron,  chey  sur  le  cornet 
dextre  de  la  leste  dudit  Cleret.  a  ^J.I.  161,  p.  08,  an.  1400.)  (N.  E.) 

(0)  «  A  Tun  des  cornets  de  la  Gallice.  »  (Kroissart,  XII,  90).  —  «  Par  les  quatre  cornets  de  l'eschaffault.  »  (Id.,  XVI,  207.) 
Actes  est  traduit  par  «  cornet  de  1  uel  »  au  Gloss.  7692  ;  on  lit  «  cornet  de  le  rue  de  le  Carterie  »  au  Liv.  Noir  de  S'  Pierre 
d'Abbeville  ;  «  cornet  ou  canton  de  porte  »  au  res.  .IJ.  115,  p.  179,  an.  1379  ;  cornet  d'un  poisle  »  dans  l'Hist.  de  Charles  VII 
(an.  1461,  p.  316).  (n.  e.) 


co 


-  278  — 


CO 


'^  Cornet  s'est  dit  pour  cor  de  chasse  on  iiislru- 
meiilde  musique (Ij,  trompette,  elc.  :  '  Si  ne  pourriez 
«  croire  la  grant  mélodie  qu'il  y  avoil  de  bussines, 
«  et  defreliaux,de  muses,  etdet'or?i£';^.  etc.  »  (Perc. 
vol.  II,  1°  '(7.)  Eu  ce  même  sens,  on  disoit  cornet 
retors,  pour  trompette  recourbée.  Voyez  des  Ace. 
Bigarr.  f"  108,  où  nous  lisons  ce  vers  : 

Du  llageol,  du  rebec,  et  du  cornet  retors. 

Il  y  avoit  aussi  les  cornets  à  bouquin  et  zaque- 
boutes{2)  du  roy,  en  IGl'i.  (Voy.  Eslats  de  1614,  par 
Rapin,  p.  511.) 

°  Cornet  éloit  aussi  le  nom  d'un  droit  de  la 
juridiction  des  eaux  et  forêts,  dont  le  cornet  ou 
cor  de  chasse  pouvoil  être  le  symbole  naturel,  ou 
peut-être  à  cause  des  cornetles  ou  chaperons. 
«  Les  officiers  de  la  forest  du  dit  ïournehem  sont 
«  accoustumez,  de  tout  temps,  et  peuvent  adjour- 
"  ner ,  exécuter,  et  faire  lous  autres  exploits 
«  de  justice,  tant  en  celle  ville  et  chastellenie, 
«  qu'en  tous  autres  lieux,  en  vertu  de  \euv  cornets, 
«  et  sans  autres  commissions,  el  ce  pour  le  fait  de 
«  la  dite  forest  et  garesnes  du  dit  Tournehein.  » 
(Coût,  de  Tournehem,  Coût.  Gén.  t.  I,  p.  458.) 

^  On  appeloit  aussi  cornet  un  insecte  qui  pique  : 

Li  escharlioz  mande  ses  es  (aves)  ; 
N'i  avoit  nul  malot  remes, 
Ne  grosse  mosche,  ne  nuiquet, 
Ne  vespe  nuls,  ne  cornette, 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol  19,  V  col.  2. 

^  Nous  disons  encore  cornet,  pour  cornet  à  met- 
tre de  l'encre  (3).  Nous  observerons  seulement,  au 
sujet  de  celle  signification,  que  dans  une  miniature 
du  folio  32  du  Roman  de  la  Rose  en  vers,  ms.  de  la 
bibliothèque  du  roi,  iv  7307,  on  voit  un  auteur  qui 
écrit  tenant  une  plume  de  sa  main  droite  et  un 
espèce  de  petit  couteau  ou  grattoir  pour  elTacer.  On 
remarque  à  côté  de  son  fauteuil  une  petite  corne  pas- 
sée commedans  une  courroie.  C'étoit  apparemment 
son  encrier,  et  c'est  de  là  sans  doute  que  vient  notre 
mot  cornet.  (Voyez  Cornette  ci-dessous.) 

°  Ce  fut  peut-éLre  une  corne  qui  servit  de  même 
originairement  d'éteignoir.  De  lu,  on  a  dit  cornet 
pour  éteignoir  en  général.  Cornet  de  fer  blanc 
est  mis  pour  éteignoir  dans  Monel,  au  mot  Cierge. 

Corneteau.  [Intercalez  Corncteau,  même  sens 
que  cornagc:  »  Item  le  corneteau  receu  audit  lieu 
'■  [de  Chasteau  Renart]  la  foire  du  pré  passée, 
»  quand  l'en  vuell,  dix  et  nuef  deniers.  »  (JJ.  72, 
p.  43,  an.  1320.]  (n.  e.) 

Corneteux,  adj.  M.  de  la  Porte  s'en  est  servi, 
au  féminin,  pour  épithète  de  ventouse. 


Cornette,  subsl.  féin.  Chaperon  *.  Etendart  °. 
Pointes  de  l'élendart  des  chevaliers  faits  banne- 
rels  '^.  Compagnies  de  cavalerie  °.  Petites  cornes  ^. 
Cornet  à  encre  ''. 

*Ce  mot  signifioit  autrefois  une  coiffure  à  l'usage 
des  hommes  et  des  femmes  et  dont  la  forme  a 
varié  suivant  les  temps  : 

A  chascun  une  grand  cornette. 

Pour  pendre  à  leurs  chappeaulx  de  feantres. 

Villon,  p.  54.  —  Voy.  noie  de  l'éditeur. 

On  connoit  femme  à  sa  cornette, 
S'elle  ayme  d'amour  le  déduit. 

Coquillarl,  p.  29. 

(Voyez  les  Dictionn.  de  Borel,  de  Monet,  Nicot, 
Oudin,  et  Du  Cange,  au  mot  Corneta  (4).) 

On  nommoil  cornette  de  cliaj)eron[ô],  la  coiffure  ou 
le  voile  des  dames  en  deuil.  (îlonn.  de  la  Cour,  ms. 
p.  08.)  Il  a  été  un  temps  où  la  cornette  a  été  particu- 
lièremenl  affectée  aux  docteurs  et  aux  magistrats  (6). 
Le  iJuchat,  sur  Rabelais,  t.  III,  p.  203,  note  9, 
remarque  qu'autrefois  on  fit  d'abord  différents 
tours  de  la  cornette  sur  la  tête,  et  qu'ensuite  on  la 
porta  autour  du  col  du  temps  de  Charles  VII  ;  c'étoit 
une  espèce  de  voile  de  taffetas  qui  se  mettoit  sur 
le  haut  du  casque.  (Daniel,  Milice  fr.  1. 1,  p.  517.)  Rabe- 
lais, t.  II,  p.  200,  a  dit  :  »  Un  pourpoint  de  toile,  tout 
«  déchiqueté  comme  la  cornette  d'un  Albanois.  » 

^  Le  mot  cornette,  pris  pour  etendart,  n'est  point 
ancien  dans  notre  langne  (7).  Le  P.  Daniel,  qui 
s'appuie  de  rautorilédeCaseneuve.enfait  remonter 
l'époque  au  règne  de  Charles  VIII.  (Milice  fr.  t.  I, 
p.  518.) 

La  distinction  de  cornette  pour  la  cavalerie,  et 
d'enseigne  pour  l'infanterie,  se  trouvedansles  Mém. 
de  Montluc,  t.  I,  p.  580. 

"^  Cornette  se  disoit  aussi  des  pointes  de  l'élen- 
dart des  chevaliers  que  l'on  coupoit  lorsqu'ils 
acquéroient  la  qualité  de  bannerets,  que  l'on  nom- 
moil chevaliers  au  drapeau  quarré,  à  cause  de  la 
forme  de  leur  bannière.  (Voyez  le  P.  Ménestrier,  de 
la  Chevalerie,  p.  132.) 

On  nommoil  chevaliers  île  la  cornette  ceux  que 
d'autres  appeloienl  chevaliers  d'armes.  (S.  .lulien, 
Me5l.  p.  334.)  «  C'est  ainsi  que  s'appeloient  ceux, 
«  qui,  le  jour  d'une  bataille  ou  étant  à  la  suite 
"  d'une  armée ,  avoient  été  créés  chevaliers.  » 
(Beloy,  Origine  de  la  chev.  p.  114.) 

°  On  nommoil  cornette  une  compagnie  de  gens 
de  cheval  dont  l'élendart  s'appeloit  cornette  (8)  ;  on 
diso'ii  cornette  de  gens  d'armes,  pour  compagnie  de 
gens  d'armes.  (Mém.  de  Montluc,  t.  II,  p.  361,  vers 
l'an  1570.)  Cornette  des  Gititlons.  Le  même  t.  II, 


(1)  Bouchet  (Serées,  I,  148)  semble  confondre  les  cornets  de  noces  avec  les  cornes  des  maris  ;  «  Ayant  disné  à  des  nopces 
où  il  n'y  avoit  gneres  de  violons,  mais  où  estoit  la  grand  bande  des  cornets.  »  (N.  E.) 

(2)  Sai/ueboutles  (trombones).  (N.  E.) 

(3)  «  Un  petit  cornet  d'argent  blanc,  à  mettre  encre.  »  (Laborde,  Emaux,  XIV  siècle,  p.  228.)  (N.  E.) 

(4)  licite  le  Roman  du  Richehommeet  du  Ladre:  «Et  si  ont  les  longues  conie/es ,  Et  leurs  soulers  faits  àblouquetes.»  (n.e.) 

(5)  Voyez  la  note  1  sous  Chaperon,  t.  III,  p.  3S1.  (N.  E.) 

(6)  Dans  la  seconde  moitié  du  XYi"  siècle,  cornette  désignait  une  écharpe  de  soie  noire,  que  les  légistes  et  les  médecins 
portaient  sur  la  robe,  comme  insigne  du  doctorat  és-lois  et  en  médecine,  (n.  e.) 

(7)  D'après  Nicot,  cette  bande  de  taffetas  portée  en  double  au  bout  d'une  lance  ,  ralliait  l'escorte  du  général  en  chef , 
comme  le  fanion  des  commandants  de  nos  corps  d'armée.  On  l'employait  au  xv«  siècle,  car  Basselin  (XIX)  écrit  :  (v  Pour 
cornette  ou  guidon  suivre  plustost  on  doit  Les  branches  d'hierre  ou  d'if  qui  monstrent  où  Ton  boit.  »  (n.  e.) 

(8)  Elle  représentait  le  régiment,  tandis  que  le  guidon  correspondait  à  l'escadron,  (n.  e.) 


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p.  81,  dit  :  «  Baillay  l'une  des  Iroupes  au  capilaine 
«  Monlluc  mon  fils,  et  Fontenilles  avec  la  cornette 
«  des  guidons,  et  me  retins  l'autre  cornette  des 
«  gens  d'armes  que  M''  de  Berdusan,  séneschal  de 
«  Basadois  porloit.  » 

^  Cornette  se  prenoit  dans  lesens  propre  de  petites 
cornes,  lorsqu'il  sigiiifioil  les  andouillers  d'un  bois 
de  cerf.  (Dict.  d'Oudin)  «  Les  cerfs  à  leurs  tiers  an 
«  doivent  porter  quatre,  six,  ou  huict  cornettes;  à 
«  leur  quar  ans  ils  en  portent  huit  ou  dix,  à  leur 
«  cinquiesme  an  ils  en  portent  dix  ou  douze.  « 
(Fouilioux,  Vénerie,  f°  11».)  (1) 

De  même,  lorsqu'on  disoit  cornettes  d'un  arc, 
c'est-ù-dire  les  petites  cornes  qu'on  metloit  aux  deux 
bouts.  (Uict.  de  Nicot.) 

■^  Comète  a  signifié  aussi  cornet  à  mettre  de 
l'encre.  (Voyez  Cohnet  ci-dessus.) 

En  rigles,  ou  en  rigleoirs 

Ou  en  lornetcs  à  mètre  enque,  etc. 

Fal.l.  MSS.  du  R.  n»  7-218,  fol.  17G,  R"  col.  2. 

Nous  n'osons  déterminer  sa  signification  dans  ce 
passage:  «  Une  salle  qui  est  leiidue,  le  planclier 
»  qui  est  de  taffetas  incarnat  en  cornettes  de  cou- 
«  leurs  du  roy.  »  (Mém.  Du  Bellay,  t.  Il,  p.  &!.) 

Remarquons  cette  expression  :  parler  à  la 
cornette  de  quelqu'un,  pour  parler  à  quelqu'un  en 
face  et  avec  liauteur.  >■  On  parlera  à  lui,  et  à  sa 
»  fOJ'HfWe  avec  les  grosses  dents  (2).»  (Conlesd'Eulr. 
page  318.) 

V.\RI.4iNTES  : 

CORNETTE.  Orthograplie  subsistante. 
CoRNETE.  Modus  et  Racio,  MS.  f»  39  V». 

Cornetter,  verbe.  Appliquer  les  venluu.scs  *. 
Boire  ^. 

*  Proprement,  donner  les  cornets.  On  lit,  en  ce 
sens  :  "  Les  Allemans  ont  de  particulier  de  se  faire 
«  généralement  tous  corneter,  et  ventouser,  avec 
«  scarification,  dans  le  bain.  »  (Ess.  de  Montaigne, 
t.  II,  p.  810.) 

^  Cotgrave,  outre  cette  signification,  lui  donne 
encore  celle  de  boire.  (Voyez  ci-dessus  corner  au 
gobelet,  sous  l'article  Cormer.) 

VARIANTES  : 
CORNETTER.  Oudin,  Dict. 
Corneter.  Dict.  de  Cotgrave. 

Corniars,  subst.  viase.  plur.  On  trouve  ce  mot 
dans  les  vers  suivans  : 

Il  s'en  vont  droit  fuiant  à  Chars, 
Et  ont  gité  lor  corniars. 

Pailon.  de  Blois,  MS.  de  S.  G.  fol.  132,  V  col.  1. 

Du  Gange  rapporte  ces  mêmes  vers  sous  le  mot 


Corneta,  qu'il  rend  par  chaperon.  Ce  qui  feroit 
croire  qu'il  a  vonlu  donner  à  entendre  que  corniarz^ 
est  pris  dans  le  même  sens.  Ce  mot  ne  signifieroit- 
il  pas  plutôt  un  écu  ou  bouclier  à  quatre  cornes 
ou  coins  ?  D'autant  plus  qu'un  bouclier  est 
plus  embarrassant  dans  une  fuite  qu'un  bonnet, 
(Voyez  Corners  ci-dessus.) 

Corniat,  subst.  masc.  Sirop  de  cornouilles. 
(Oudin  et  Cotgrave,  Dict.) 

Cornice ,  subst.  fém.  Bordure  de  tableau*. 
Sèche,  poisson  ^. 

*  Ce  mot,  qui  subsiste  sous  l'orthographe  corniclie 
pour  désigner  un  ornement  d'architecture  ou  de 
menuiserie,  s'écrivoit  aussi  comice  (3)  dans  le  même 
sens.  Nous  observerons  encore  que  comicfie  ne  se 
dit  plus  pour  bordure  d'un  tableau.  Il  avoil  autre- 
fois cette  signification,  suivant  Du  Cange,  au  mot 
Coron  ix. 

^  Selon  Cotgrave,  corniche  signifloit  aussi  un 
poisson  ([u'on  appelle  sèche.  ;Dict.) 

VARIANTES   (4)  : 

CORNICE.  Cotgrave,  Dict. 
Corniche.  Dict.  d'Oudin. 

Cornices,  sul)st.  [cm.  plur.  Cornier.  Terme 
d'architecture.  C'étoit  un  mot  nouveau  du  temps  de 
l'auteur  des  Contes  d'Eulrapel.  (Voyez  page  480.) 
Il  ne  se  prenoit  pas  dans  le  sens  de  notre  mot  cor- 
niche, mais  dans  le  sens  de  corniers,  encoignures. 
(Nicot,  Dict.) 

Cornichon,  s;/&sL  7nasc.(5)  Boule  qui  servoitde 
but.  C'étoit  une  grosse  boule  que  l'on  jetoit  la 
première.  De  l;i,  le  jeu  que  l'on  nommoit  cornichon 
va  devant.  >•  Parmy  tant  d'admirables  actions  de 
"  Scipion  l'ayeul  il  "n'est  rien  qui  luy  donne  plus  de 
«  grâce,  que  de  le  voir  nonchalamment,  et  puérile- 
«  ment  baguenaudant  à  amasser,  et  choisir  des 
«  coquilles,  et  jouer  à  corniclion  va  devant,  le  long 
«  de  la  marine,  avec  Lœlius.  »  (Ess.  de  .Montaigne, 
t.  111,  p.  ÔOO.)  «  Apercent  ceste  notable  société  qui 
«  aprochoit,  mais  assez  lentement  jouans  à  corni- 
«  chon  va  devant,  courans  les  uns  après  les  autres, 
«  folastrans,  et  s'enlrejettans  des  mottes,  en  ces 
«  belles,  estendues,  et  rases  campagnes.  »  (Contes 
d'Eulrapel,  p.  30."i.)  «  Je  joueray  souvent  à  cornichon 
»  va  devant,  j'aime  ce  jeu  ;  il  n'est  pas  de  grands 
«  frais,  ny  de  grand  peine.  »  (Bouchet,  Serées, 
livre  1,  p.  285.) 

Coi'nière,  subst.  fém.  Coin,  angle*.  Femme  de 
mauvaise  vie^.  Pièce  d'armoiries'^  (0). 


(1)  Edition  Favre,  fol.  15,  verso,  (n.  e.) 

(2)  D'Aubigné  écrit  aussi  (Hist.,  II,  269)  :  «  Estant  agacé  de  force  caloinnies  contre  le  roi  de  Navarre,  il  donna  un 
desmenti  sous  la  cornetle,  si  bien  que  les  chefs  eurent  grand  peine  à  le  sauver...  que,  pour  le  desmeiiti  ,  il  l'avoit  donné 
sous  la  cornetle,  mais  en  maintenant  l'honneur  de  celui  à  qui  la  corrœttc  devoit  honneur.  »  (N.  E.) 

(3)  «  Les  pigeons  se  mettent  sur  le  toict  es  cormces  ou  ceintures  environnans  le  colombier.  »  (0.  de  Serres,  383.)  (n.  e.) 

(4)  On  lit  dans  la  Bibl.  de  VEc.  des  Chartes  (4î'  sér.,  III,  p.  63)  :  «  Moulleures,  lozenges,  frize  et  comise.  »  (N.  E.) 

(5)  6'o/'J!ii-'/io)î  est  proprement  une  petite  corne  ,  d'où  ce  passage  de  Lanoue  (142):  «  J  ouy  dire  une  fois  à  un  bon 
gentil-homme  qu'ils  avoyent  une  propriété  occulte  à  la  génération  des  cornes  :  et  je  me  doute  que  lui-mesme  en  avoit  fait 
l'expérience,  car  il  portoit  deux  petits  cornichons,  cachez  derrière  l'oreille,  qu'un  autre  du  mestier  lui  avoil  attachez.  »  (N.  E.) 

(6)  Il  est  encore  synonyme  de  cornette  :  «  Lequel  Charles  print  et  empoigna  la  cornette  ou  cornière  du  chapperon  d'icelle 
Martine.  »  (JJ.  160,  p.  289,  an.  1406.)  (N.  E.) 


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280  — 


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*nn  a  (lit,  an  [)remier  sens  :  •<  .\e  laissoieiitcoin, 
"  ne  cornière  (l)saiis  chercher,  visiler.  et  creuser.  » 
(Boiich.  Serécs,  liv.  Il,  p.  D!)  ;  voyez  Du  Gange,  au 
mol  Corncria.) 

La  place  iledens  est  quarrée, 
Vint  piez  de  lonc,  .XX.  piez  de  lé, 
Et  .VI.  piez  de  profondeté  : 
Aux  angles  des  quatre  cornières, 
A  poissons  de  quatre  manières. 

P.oni.  de  Brul,  MS.  fol   "3,  R"  col.  1. 

.<  Il  y  avoit  lors  quatre  seigneurs  delà  cour  du 
»  Parlemenl  qui  lenoient  les  (lualre  cornières,  ou 
»  cornets  du  poisle.  »(.).  Chart.IIist.  de  Charles  VII, 
p.  SlO.j  Delà,  on  disoit  [ouv  corniere{'2\,  pourtour  h 
angles,  tour  carrée.  «  Feil  abatre  de  engins  une 
«  tour  cornière.  ■>  (Monstrelet,  vol.  lll,  foi.  126.) 

^  On  nommoit  aussi  cornière  une  femme  de  mau- 
vaise vie,  à  cause  des  coins  ou  lieux  relii'és  où  ces 
sortes  de  femmes  élablissenl  leur  demeure.  (Voyez 
Oudin,  Dict.)  C'est  à  ce  mot,  pris  dans  cette  signili- 
cation,  que  Bouchel  fait  allusion  dans  le  passage 
suivant  :  «  On  le  menaçoit  que  s'il  se  marioil  en 
»  cette  maison,  qu'il  seroit  marié  en  une  cornière 
«  de  la  ville,  et  que  la  vaisselle  qu'on  lui  donnerolL 
'■  en  ménage  seroil  de  cornaille.  »  (Bouch.  Serées, 
liv.  I,  p.  285.) 

'^  Enfin  cornière,  terme  de  blason,  signihe  une 
sorte  d'anse,  qui  se  trouve  dans  plusieurs  écus.  Ce 
nom  vient  de  ce  que  ces  pièces  représentent  les 
anses  que  l'on  meltoii  aux  .mgles  ou  cornes  des 
autels  portatifs,  ou  penl-ètre  des  colïres  que  les 
seigneurs  faisoient  suivre  à  l'armée,  et  qui  renfer- 
moienl,  ou  leurs  eflfets  précieux,  ou  leurs  archives; 
usage  qui  a  longtemps  subsisté,  même  par  rapport 
aux  archives  de  11  couronne. 

Coi*nies(3'.,«f/jt't'///'.Epilhète  de  terre.  Guillaume 
Ghanlil  reconnoit  avoir  repris  liegement  du  duc  de 
Bourgogne  «  ansamble  les  appartenances,  an  bois 
«  et  en  terres  et  en  aiguës  et  en  prez ,  an 
<■  jostises,  aussi  en  terres  cornies,  cum  an  descor- 
'■  tinées,  an  l'accroissement  de  son  fié,  etc.  »  Cornie 
vient  peut  être  de  l'allemand  corn.  Ainsi  les  terres 
cornies  seroient  les  terres  amblavées,  cultivées  et 
clescortinées,  celles  qui  sont  dépouillées  ou  non 
cultivées. 

Cornifistibulat  ,  adj.  Chagrin ,  aflligé.  Mot 
languedocien  (4).  (Voy.  Le  Duchat,  sur  Bab.  t.  III, 
p.  19,'),  note  7.) 

Cornillart,  snbst.  inasc.  Petit  de  la  corneille. 
On  disoit  proverbialement  : 

Crasse,  ordre  et  noire  com  cornillart. 

Eusl.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  358,  col.  2. 


VARIANTES  : 
CORNILLAfiT.  Eust.  Desch.  Poës  MSS.  fol.  X^.  col.  2. 
CoHNEiLLAUX,  plnr.  Merlin  Cocaye,  t.  II,  p.  144. 

Cornillîit,  subst.  masc.  Petite  corne.  (Oudin, 

Dict.  fr.  esp.) 

dornille,  sulist.  fém.  Cornouille.  Sorte  de  fruit. 

V.VRIANTES  : 
CORMLLE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  246,  V°  col.  2  (.5). 
CoRNOiLLE.  Nicot,  Cotgrave,  Dict. 

Corniller,  verbe.  Pousser  de  petites  cornes. 
(Oudin,  Dict.  ital.  esp.) 

Cornillier,  subst.  masc.  Cornouiller. 

v.vRiANTEs  (6'i  : 

CORNILLIER.  Nicot,  Monet,  Dict.' 

Conxoii.LiER   Nicot,  Dict. 

CORNOILLER.  Oudin,  Dict. 

CoRNOLiER.  Du  Cange,  Gloss.  lat.  à  Cornolium. 

Corniole,  subst.  fém.  Le  gavion ,  partie  du 

gosier.  (Dict.  d'Oudin.) 

Cornioi'ilms.  sulist.  masc.  Cornard.  Mot  forgé. 

Trop  ay  fréquenté  le  mestier 
Dont  je  suis  de  absentibus 
.V  présent  corniorihii.i. 

Eusl.  Desch.  Pors.  MSS.  fol.  332,  col.  4. 

Cornoille,  subst.  fém.  Cornaline  (7).  (Diction. 
d'Oudin.) 

Cornouaille,  subst.  fém.  Cornouiller*.  Pro- 
vince d'Angleterie  °. 

*  Borel  cite  ce  vers  d'Ovide,  ms.  où  cornouaille 
semble  le  nom  du  bois  dont  est  fait  un  chalumeau. 

Li  chalemel  de  cornouaille. 

Alais  qui  empêche  que  ce  ne  soit  le  nom  du  pays, 
d'où  venoit  le  chalumeau,  ou  qui  en  avoit  introduit 
l'usage'^  Il  est  probabl(^que  ce  sont  ces  chalumeaux 
qui  sont  nommés  ci-après  cornuieUe. 

°  Selon  le  même  Borel,  Cornouaille  est  aussi  une 
province  d'Angleterre  (8),  et  ce  nom  subsiste.  On 
disoit  proverbialement: 

Certes  je  nou  (ne  le)  feroie 
Pour  l'or  de  Cornouaille. 

FaU.  MSS.  du  R.  n'  7l"il5,  t.  II.  fol.  178,  V  col.  1. 

La  ressemblance  du  nom  de  cette  province  avec 
cornard,  cocu,  a  donné  lieu  à  cette  façon  de  parler 
où  l'on  équivoque  sur  ces  deux  noms  :  «  Envoyer 
«  ou  rt//tTC?trornoî<ft//;(?,  faire  cocu,  devenir  cocu.  » 
(Oud.  Dict.  et  Cur.  fr.) 

Corns,  subst.  masc.  Cor,  cornet,  trompette. 
Cornu  est  purement  latin.  Les  deux  autres  ortho- 
graphes en  dérivent.  On  disoit  dans  le  sens  propre 
venlier  un  cornu,  pour  donner  du  cor,  proprement 
lui  donner  du  vent.  (Tenures  de  Litll.  citées  sous 
l'expression  tenir  du  roij  par  cornage  ci-dessus.) 


(1)  «  .lusques  à  la  roitiiere  de  laditte  maison,  laquelle  cornière  est  par   devers  la  porte   du   seigneur   de  ladite  ville.    » 
(.IJ.  49,  p.  32,  an.  1303.)  (N.  E.) 

(2)  «  Les  pionniers  ou  fossoeurs,  qui  ouvroient  es  fondemens  d'une  des  tours  cornières.  »  (.1.1.  158,  p.  418,  an.  1404.)  (n.  e.) 

(3)  Lisez  corlitles  ou  rortillées,  de  cortil,  courtil,  jardin,  verger.  (N.  E.) 

(4)  Ce  doit  être  du  latin  macaronique.  Jean  de  Sarisbery  appelait  cornificicn   ceux   qui  abusaient  en  scolastique   des 
arguments  cornus.  (»v.  e.) 

(ri)  Voyez  aussi  Paré  (XVIII,  66).  0.  de  Serres  donne  cornoailles  (237,  864).  (N.  E.) 

(6)  Paré  donne  cornalier  (XXIV  49)  et  0.  de  Serres  cornoaillers  (693^.  (N.  E.) 

(7)  D'après  le  Gloss.  des  Emaux,  on  disait  cornelinc  au  xn'=  siècle  (p.  227)  et  cornalynes  au  xvi'  siècle  (id).  (N.  E.) 

(8)  C'est  aussi  le  nom  d'un  des  quatre  évèchés  bretonnants,  dont  le  siège  est  Quimper  Corentin.  (n.  e,) 


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«  Le  veneur  doit  estrele  corn  au  col,  l'espée  ceinte 
»  au  costé.  "  {Gliassede  Gast.  Phéb.  ms.  page  213.) 
On  di?oit  figurémenl  menée  de  corns  et  de  bouche, 
dans  le  sens  de  poursuite  extraordinaire,  poursuite 
à  cor  et  à  cri.  »  Votons  pur  la  pées  (paix)  meynte- 
«  nir,  que  toulz  soient  prestes  de  lez  félons  suer 
«  (poursuivre)  et  arester  souloncqiies  (suivant)  les 
»  estatutesde Wyncesteren  chescun  félonie ovesque 
«  (avec)  la  menée  de  corns  et  de  bouche  de  ville  en 
«  ville.  »  {Brilt.  I.oix  d'Anglet.  fol.  20.) 

VARIANTES  : 
COUNS.  Brilt.  Loix  d'Angl.  fol.  20,  R». 
Corn.  Chasse  de  Gast.  Ph.  MS.  p.  213. 
Cornu.  Du  Gange,  Gloss.  lat.  à  Cor/mr/iio/i. 

Cornu, subst.  et  adj.  Fou,  extravagant,  insensé*. 
Honteux,  dupe°.  Paré*^.  Fourcliu°.  Uui  a  plusieurs 
angles^.  Ovale ''. 

*  Nous  avons  déjà  remarqué  sous  l'article  cornard 
que  les  fojx  porloient  autrefois  des  cornes  pour 
les  distinguer.  De  là  cornu,  qui  a  des  cornes,  s'est 
dit  au  figuré  pour  fou,  extravagant,  insensé. 

Je  fu  l'autrier  (Tautre  jour)  trop  mal  venuz 
Quant  j'alay  pour  veir  Calais, 
J'entray  dedans  comme  roriuis 
Sanscongié;  lors  vint  deux  Anglols. 

Eust.  Desi-li.  Pofs.  MSS.fol.  230.  col.  i. 

.  Ce  mot,  employé  ci-dessus  comme  substantif,  est 
adjectif  dans  les  expressions  suivantes  : 

Juger  par  leur  di-ois  cornus. 

Hisl.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauve!,  fol.  76. 

■^  C'est  en  ce  même  sens  qu'on  lit  arriumens 
cornus  (1)  dans  les  Dial.  de  Taliur.  folio  156. 
Sophisme  (2)  cornu  dans  V:\r[on.  de  Btois,  fol.  1G8. 
Chançon  cornue  dans  Pière  Kins  de  la  Goupele, 
Poës.  Mss.  av.  1300,  l.  lit,  page  1077.  Lettres  cornues 
lians  Coquiltarl,  page  120  (3).' 

fie  là  celle  expression  proverbiale,  en  bailler  des 
plus  6'0?'Hi;('s  pour  débiter,  faii'c  des  contes  ridicules, 
extravagans.  (Oudin,  Dict.  et  Cur.  fr.)  On  appeloit 
aussi  coi'na  la  pièce  des  échecs  f|u'on  nomme 
aujourd'hui  le  fou  (A). 

Li  paon  d'emeraude  verdde  comme  pré  herbu, 
Li  autre  de  rubis  vermaux  comme  ardent  fu, 
Rois,  ferge,  chevalier,  roc,  aufm  et  cornu. 

Notice  des  vœux  du  Paon,  fol.  45, 

°De  là,  cette  première  acception  s'est  appliquée 
au  manque  d'esprit,  à  cette  simplicité  qui  nous 
expose  à  être  dupes.  Ainsi  cornu  signitioit  honteux, 
dupe,  ce  que  le  peuple  nomme  penaul.  «  Lucafer 
«  demeura  cornu  avec  sa  truande  (gueuse,  coquine) 
«  de  femme.  »  (Nuicls  de  Strap.  t.  1,  p.  2.VJ.) 

Ces  deux  acceptions  sont,  comme  on  voil,  dans 
un  sens  figuré,  et  naissent  de  l'idée  attachée  aux 
cornes  comme  symbole  des  foux  ou  des  dupes. 

"^Du  mol  corne  pris  pour  coiffure,  ajusteiuent, 
parure  de  femme,  s'est  formé  cornu  pour  paré. 


Oui  plus  la  guele  (regarde)  plus  est  fox  ; 
Or  montrera  poitrine  et  cox  (col)  ; 
Or  est  liée  (guaye),  or  est  cornue. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7615,  1.  I,  fol.  107,  V'  col.  I. 

"Une  fouiche  à  deux  dents  représente  en  quelque 
sorte  deux  cornes,  et  c'est  par  similitude  qu'on  a  dit 
cornu  pour  fourchu  ,  en  parlant  de  champions 
armés,  «  appareillez  en  leurs  cuyrées  (pour  cuira- 
«  ces)  ou  en  leurs  cotes  avec  leurs  escus  et  leurs 
«  basions  cornus.  »  (Ane.  Coût,  de  Norm.  fol.  89.) 

^  Cornu,  qui  a  des  angles,  dérive  de  Corne  ci-dessus 
employé  dans  cette  même  signification  : 

Ribauz  ruent  pierres  cornues. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  31,  R'  (5). 

■^  C'est  fort  improprement  qu'on  a  dit  cornu  pour 
ovale.  On  a  regardé  comme  des  cornes  les  prolon- 
gemens  de  l'ovale  aux  extrémités  de  son  grand 
diamètre.  «  Faire  lonneaulx  et  autres  vaisseaulx 
«  de  certaines  pièces  longueur  et  grosseur  ,  et 
«  aucune  foiz^t'orH»s  comme  sont  les  baignoueres 
«  et  autres  vaisseaulx  par  contrainte  de  cercle.  » 
(E.  Descb.  Poës.  mss.  fol.  39'i.)  ••  Hn  sel  en  cire  rouge, 
«  lequel  esl  sain  et  entier,  et  est  loncs  cornus  (6), 
«  pendent  en  lazde  soye rouge.  »  (Ord,  t.  V,  p.  513.) 

Remarquons  cette  expression,  s^r/'ft./7t»,  dans  le 
Très,  des  Charles,  reg.  107,  pièce  107. 

Cornnda,  subst.  fém.  On  appelle,  en  patois 
limousin,  de  la  cornuda  une  espèce  de  gâteau.  (Du 
Gange,  au  mot  corniita  2.) 

Cornudeau.  [Intercalez  Cornudeau,  échaudé, 
au  reg.  .1.1.  163,  p.  220.  an.  l'iOS:  »  Icelle  Ysabeau, 
•>  demouranl  à  Montpelier,...  de  la  feneslre  de  son 
"  hostel  va  appeller  une  fille...  portant  deux  pains 
«  et  deux  eschaudez  ou  cornudecmx.  »]  (n.  e.) 

Cornue.  [Intercalez  Cornue,  vase  à  deux  anses, 
comme  la  cornude  des  savonniers  de  Marseille: 
«  Le  suppliant  prinl  en  la  forge  de  Thevenin  son 
'<  maistre...  une  cornue,  un  gros  martel  à  deux 
«  mains.  ■.  (.1.1.  160,  p.  213,  an.  1405.)]  (n.  e.) 

Coniuel.  [Intercalez  Curnuel,  bàlon,  au  reg. 
.LI.  108,  p.  23.  an.  1375:  «  Ledit  Bernart  garni  el 
>'  prémuni  d'un  grant  baslon  atTaitlié,  'appelle 
"  cornue  t.  »]  (n.  e.) 

Cornuette,  subst.  fém.  Squille,  oignon  qui 
vient  dans  les  lieux  marécageux.  (Oudin,  Dictionn. 
françois-espagnol.) 

Cormiiaus,  sulist.  ]nasc.  Nom  factice.  C'est 
celui  d'un  mouton  dans  les  vers  suivans.  Ce  mot 
signifie  proprement  qui  a  des  cornes,  cornu.  (V'oy. 
GoRNUYAux  (7)  ci-après.) 

Hala  !  ce  dist  li  paslouriaux  ! 

Par  Dieu,  sire,  c'est  coriniîmts, 

Li  beste  à  mont  que  plus  amoie, 

En  no  tropel  (Irovipeau)  n'avoit  si  coie. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7!IS9,  fol.  213,  V"  col.  1. 


(l)ÎVoyez  la  note  sous  Cornifistibulat.  (N.  E.) 
(2) '.Ces  sophistes  étaient  dits  rorniju-Àens.  (N.  E.) 

(3)  «  Les  rabbins  des  .Uiifs  font  une  glose  cornue  sur  ce  passage.  »  fCalvin,  288.)  (N.  E.t 

(4)  C'est  aufin  qui  désigne  le  fou  ;  cornu,  qu'il  vaut  mieux  lire  corliu,  désigne  l'humble  pion.  (N.  E.) 

(5)  «.  Et  les  dames  lor  gietent  mainte  pierre  cooiue.  »  (Chanson  d'Antioche,  VIII,  1138.)  (N.  E.) 

(6)  Ce  doit  être  un  sceau  de  dame  ou  d'ecclésiastique,  (n.  e.) 

(7)ill  signifie  échaudé  au  reg.  JJ.  183,  p.  100,  an.  145(5  :  «  Deux  ou  trois  peUts  pains  blancs  ou  cornuyaux.  (n.  e.) 
IV.     .  36 


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CO 


Cornuielle,  subst.  fém.  Instrument  de  musi- 
que. Peut-être  le  même  ([ue  la  cornemuse. 

Et  il  aura  ma  cornuielle, 

La  musette  et  la  flachutelle  (flûte.) 

Froissarl.  Pocs.  MSS.  p.  217,  col.  1. 

(Voyez  CoBNouAiLLE  ci-dessus.) 

Cornure,  subst.  fém.  Fanfare.  Proprement 
l'action  de  donner  du  cor,  du  mot  Cohn  ci-dessus 
sous  l'article  Cor.ns. 

....  Qui  se  fera  ordonner 
De  justement  et  droit  corner, 
Les  14  coniures  ditles,  etc. 

Font.  Guér.  Trës.  de  Vén.  MS.  p.  7. 

Il  y  en  avoit  une  qu'on  appeloit  : 

D'apelde  chieiïS  la  eornure. 

Id.  ibid. 

Cornus,  subst.  inasc.  plur.  Sorte  de  monnoie. 
Peut-être  ainsi  nommée  à  cause  de  sa  forme  ovale 
ou  irrégulière.  Dans  une  ordonnance  de  1314  , 
concernant  les  monnoies,  on  lit  :  »  Que  li  doubles 
«  que  l'en  appelle  corntiZ'  feussent  abatus  de  tous 
«  points  (1).  •>  (Ord.  t.  I,  p.  049.)  «  Nous  abatons  les 
«  gros  tournois  de  sept  deniers  tournois,  les  doubles 
«  parisis,  et  les  doubles  tournois,  que  l'en  appelle 
«  cornuz-  Ci),  que  Guillaume  le  Flament  fist  faire, 
"  pour  ce  qu'ils  sont,  et  ont  esté  contrefaits  et 
«  apportez  des  fausses  forges  en  nostre  royaume.  » 
(Ordonn.  t.  l,  p.  GIO.)  Cette  ordonnance  est  de 
1315.  Par  une  autre  ordonnance  de  1332,  il  est 
ordonné  «■  que  nulles  mitiez  (espèce  de  monnoie) 
»  doubles,  coriiHz  esterlinz,  ne  nulles  autres  mon- 
«  noyés  faites  hors  de  nostre  royaume  n'ayent  nul 
«  cours  fors  au  marc  pour  billon.  »  (Ord.  t.  II, 
p.  87.  —  Voy.  Du  Gange,  aux  mots  Mita%  Multones.) 

VARIANTES  : 
CORNUS.  Ord.  des  R.  de  Fr.  t.  Il,  p.  87. 
CoRNUZ.  Hist  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  f»  74. 

Cornuyaux,  subst.  masc.  plur.  (3)  On  appeloit 
cornuyaux  de  Douaij  une  espèce  de  société  burles- 
que connue  à  Douay,  et  dont  il  est  fait  mention  dans 
le  P.  Menestr.  (de  la  Chev.  p.  245.)  G'est  peut-être 
la  même  que  les  Cornards  de  Rouen,  ci-dessus, 
qu'on  nommoit  à  Dijon  la  Mère  folle  et  ailleurs 
Société  du  prince  dessols.  (Voyez  Cornards  ci-dessus, 
dans  le  même  sens.) 

Coroie,  subst.  fem.  Courroie,  ceinture,  bourse 
de  ceinture  *.  Enceinte  ^.  Terme  de  blason  ^. 

*  Ce  mot  vient  âecoriuvi,  cuir.  Ainsi  on  nommoit 
également  courroie  la  ceinture  de  cuir,  et  la  bourse 
de  cuir  qui  y  étoit  attachée. 

J'aurai  à  ces  cjuaremiaus  (quaresme) 

Abit  pour  moi  renouveller 

Coriiie,  espée  et  boqueler  (bouclier). 

Froisi-arr,  Potis.  MSS.  p.  278. 


Bien  srai  volentiers  venra 

Et  aporlé  o  soi  (avec  lui)  la  cotroie  (4) 

Trestote  plaine  de  monnoie. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  36.  V'  ccl.  3. 

On  a  dit  figurément,  en  parlant  des  Templiers: 

Bien  les  tenait  à  sa  corroie 

Deable  au  gieu  de  boute  en  corroie. 

Hlst.  de  Fr.  à  la  suite  du  Roiii.  de  Fauvcl.  fol.  76,  R*  col.  I . 

On  a  vu  ci-dessus  traire  à  sa  corde  ou  cordelle, 
dans  ce  même  sens.  (Voyez  Bouter  en  corrote  , 
ci-dessous.) 

^  Par  extension  de  l'idée,  courroie,  ceinture,  on 
a  dit  courroie  pour  enceinte  : 

....  Que  Calais  fut  attrapé 

N'est  nul  désirer  ne  le  doye  ; 

Mais  gains  est  de  trop  forte  coxirroye. 

Eust.  Uesch.  Poés.  MSS.  fol.  m,  col.  2. 

^  En  termes  de  blason,  on  disoit  :  «  Sa  bannière 
«  qui  estoit  saisie  d'or  et  d'azur  ù  un  chef  patte,  les 
«  deux  courrotjes  (5)  couronnées  degeronnesen  uu 
"  escusson  d'argent,  emmy  la  moyenne.  »  (Froiss. 
liv.  I,  p.  240.) 

Le  mot  courroye  entroit  dans  plusieurs  expres- 
sions qui  ne  sont  plus  d'usage,  et  que  nous  devons 
rapporter. 

\°  S'en,  aller  corroies  ointes,  c'est-ti  dire  bourse 
pleine.  Expression  figurée  d'où  vient  peut-être 
notre  ra(;on  de  parler,  s'en  aller  à  sec;  le  contraire 
d'ointes  ci-dessus. 

Vers  moi  ne  se  prist  onques  nus  ; 

Tant  fust,  ne  si  riches,  ne  cointes 

Qui  s'en  alast  coroies  ointes  ; 

Et  s'il  me  crut,  isnel  (sur  le  champ)  le  pas 

Qu'il  ne  venist  du  trot  au  pas. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  219,  V  col.  I. 

2°  Bouter  en  coroie,  mettre  en  bourse.  (Poës.  mss. 
Vatican,  ir  1390,  f"  43.) 

De  lîi,  joiier  à  bouter  en  coroie,  pour  prendre, 
piller  : 

Amours,  se  jou  dire  l'osoie, 
C'est  jus  de  boute  en  coroie. 

Poes.  MSS.  Vatican,  n-  U90,  f- 120  V*. 

Estre  de  stable  coroie,  pour  être  constant. 

Qui  n'est  soufrans  et  de  stable  coroie, 
Il  ne  se  doit  entremttre  d'amer. 

Poes.  MSS.  Vatican,  n-  1490,  f-  il  R" 

On  disoit  au  contraire  être  ceinte  de  diverse 
coroie,  pour  être  variable,  changeante,  inégale  : 

Elle  fait  et  menu  et  souvent 

Soit  maus,  soit  biens  ce  qu'ele  entreprent 

Tant  est  ceinte  de  diverse  coroie. 

Mathieu  de  Gant,  Poes.  MSS.  avant  1300.  t.  II,  p.  767. 

Les  expressions  suivantes  sont  proverbiales  : 

l»         ....  On  puet  se  coroie 

Donner  sans  çou  qui  le  peut  (sans  ce  qui  y  pend.) 

Poes.  MSS.  du  Vatican,  p.  iU,  n'  1400,  fol.  U2  R'. 

Ce  qui  signifie  qu'on  peut  accorder  de  légères 


(1)  Comparez  Du  Cange,  IV,  572,  col.  1.  (n.  e.) 

(2)  11  est  figuré  dans  l'essai  sur  la  Monnaie  parisis  de  M.  de  Barthélémy.  (Mém.  de  la  Soc.  de  l'Hist.  de  Paris,  t.  II,  p.  161.) 
.\u  droit  on  voit  :  \  Piiilippus  rex  (Philippe -le-Bel).  La  croix  est  fleuronnée  si  grossièrement  que  chaque  fleuron  semble 
une  paire  de  cornes.  Au  revers  on  ht  :  f  moneta  duplex  regalis.  Les  deux  premiers  mots  sont  en  légende  ;  le  troisième 
est  dans  le  champ  sous  une  lleur  de  lis.  (n.  e.) 

(3)  Au  reg.  .1.1.  183,  p.  160,  an.  1456,  on  lit  :  «  Deux  ou  trois  petits  pains  blancs  ou  cornuyaux.  »  (n.  e.) 

(4)  «  Le  suppliant  portoit  sur  son  cheval  une  bourse  de  cuir  appellée  courroie,  en  laquelle  avoit  la  somme  de  vint  et 
quatre  livres.  »  (JJ.  153,  p.  301,  an.  1398.)  (N.  e.) 

(5)  Cette  lecture  nous  semble  douteuse,  (n.  e.) 


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CO 


laveurs  sans  en  accorder  de  plus  grandes  ;  donner 
la  courroiie,  sans  donner  ce  qui  est  allaché. 

2°  On  ai  dit  de  quelqu'un  qui  sort  des  bornes  du 
devoir,  etc.  : 

Cil  est  bien  hors  du  ploi  de  la  corroie. 

Pot-s.  MSS.  du  Vatican,  n"  1522,  fol.  167,  V"  col.  2. 

3°  Donner  d' autrui  cuir,  large  corroie,  pour  être 
libéral  du  bien  d'autrui  : 

Maint  home  i  a  por  prandre 
N'oseroit  riens  despendre, 
Ne  faire  lienor  autrui. 
Quant  siéra  autrui  table 
Si  se  fait  connoistable 
De  doner  entor  lui 
D'autrui  cuir  large  corroie. 

Prov.  du  Vil.  MS.  de  S.  G.  fol.  76,  V"  col.  3. 

La  duchesse  de  Bretagne  s'est  servie,  en  {364,  de 
cette  même  expression  :  Faire  du  cuir  d'autrui 
/«)'f?ct'0!<ro«e(l),  en  parlant  du  partage  delà  Bretagne 
arrêté  par  son  mari  avec  le  comte  de  Montfort. 
(Voyez  Choisy,  Vie  de  Charles  V,  p.  50.) 

4»         Trop  mieulx  vault  amy  en  voye 
Que  trésor  en  courroye  (2). 

Percef.  vol.  V,  fol.  35,  V  col.  1. 

V.\BIANTES  : 
COROIE.  Froissart,  Poës.  MSS.  p.  278. 
Corroie.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  f»  50,  R°  col.  3. 
CoRROis.  S.  Bern.  Serra,  fr.  MSS.  p.  200,  en  lat.  corrigiœ. 
Corroyé.  Poës.  MSS.  avant  1300,  t.  IV,  p.  1430. 
CouROiE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7G1.5,  t.  II,  f°  139,  V"  col.  I. 
Courroie.  Poës.  MSS.  Vatican,  n»  1490,  t«  104  R". 
CouRROYE.  Orth.  subsistante. 
CoURROis.  Petit  J.  de  Saintré,  p,  196. 
CoURRAYE.  Rabelais,  l.  IV,  p.  57.  • 

CouRAiE.  Ane.  Coût,  de  Bret.  f»  77  R». 
CoRRAYE.  Dict.  de  Cotgrave. 
CoRROE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7615,  t.  II,  f»  153,  R°  col.  2. 

Corolle,  subst.  Instrument  de  musique.  >■  Si  te 
■j-  covient  chauler  en  tabour  et  en  corolle  (3).  » 
(S'  Ber.  Sermons  fr.  mss.  p.  308.)  On  lit,  dans  le 
latin,  i)i  tympano  et  choro  tibi  psallendum  est. 

Corolli.  verbe.  Sauter,  trépigner,  mol  breton. 
«  Battre  avec  les  pieds  l'aire  d'une  grange  nouvelle, 
«  pour  le  rendre  uni  (-i).  »  (Du  Gange,  au  mot 
Coraulare.) 

Corombaron,  subst.  masc.  C'est  ainsi  qu'on 
appelle  dans  quelques  lieux  de  Picardie,  la  veille  de 
la  fête  de  S'  Sébastien.  (Dictionnaire  Etymologique 
de  Ménage.) 

VARIANTES  : 
COROMB..iRON.  Dict.  Etym.  de  Ménage. 
CORUMBARON    Id.  ibid. 

Coron.  [Intercalez  CoroH  ;  1°  Au  propre,  coin: 
«  Ses  esporons  ahoka  à  la  sarge  au  coron  du  lit.  » 
(Flore  et  Jeanne,  p.  2.").)  Dans  la  même  pièce  (JJ.  48, 


p,  8,  an.  13H),  on  écrit  «  quoron  dou  jardin  >-  et 
>•  coron  de  la  rue.  »  Froissart,  (X,  123)  écrit:  «  Et 
«  y  alacquerent  l'aulre  coroji  de  la  corde.  "  2°  Au 
figuré,  extrémité,  résultat  :  «  Se  il  quidast  estre 
»  venus  à  tel  coron,  il  ne  se  fusl  jà  rendus  pri- 
«  sonniers.  »  (Froissart,  III,  330.)  C'est  un  dérivé 
de  cor.]  (n.  e.) 

Coronat,  subst.  masc.  Sorte  de  monnoie.  Elle 
avoit  cours  sous  Louis  XII  (5).  (Voyez  Le  Blanc,  sur 
les  Monnoyes,  p.  2.) 

On  disoit/iwe  de  coronat.  On  trouve  plusieurs 
amendes  exprimées  en  livres  de  coronat,  à  la  fin  de 
la  Coût,  de  Bueil.  (Nouveau  Coutumier  Général, 
t.  II,  p.  1243.) 

Coronation,  subst.  fém.  Couronnement.  On 
disoiten  ce  sens:  »  Hz  consentirent  à  sa  corona- 
«  tion  «  (Triomphe  des  IX  Preux,  p.  394.)  <■  Sacre 
"  et  coronation  de  Louis  II  de  Sicile.  «  (Godefroy, 
Annot.  sur  l'IIist.  de  Charles  VI,  p.  .566.)  «  La  cou- 
»  ronntion  du  rov  de  Portugal.  »  (Froissart , 
liv.  III,  p.  102.) 

VARIANTES  : 
CORONATION.  Froissart,  Poës.  MSS.  p.  30".  col.  1. 
CoURONNATiON.  Froissait,  liv.  III,  p.  102. 

Corone,  subst.  fém.  Couronne  *.  Pioyaume  ^. 
Dignité'^.  Tonsure". 

*  Voyez,  sur  la  première  acception,  les  Dict.  de 
Mcot.  Monet,  Cotgrave,  etc.  Le  chapel  à  corone  étoit 
autrefois  te  nom  d'une  coilTurede  femme,  ainsi  qu'il 
paroit  par  ces  vers  : 

Or  est  orguel,  or  est  fiere 

Or  a  cliapel  à  coro)ie 

Or  en  droit  sa  face  abandons 

A  voir,  et  pus  la  requevre  (recouvre). 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7615,  t.  I,  fol.  107,  V'  col.  1. 

Nous  lisons  qu'en  1300,  on  mettoit  une  corone  de 
papier  sur  la  tête  des  maquerelles  qu'on  exposoit 
au  pilori.  (  Voyez  Grand  Coutumier  de  France  , 
page  540.) 

On  remarque  aussi  qu'on  donnoit  des  mitres  de 
papier  aux  criminels.  (Voyez  Mitre  ci-après.) 

^  On  dit  encore  couronne  pour  souveraineté, 
mais  il  ne  signifie  plus  royaume,  son  étendue, 
comme  dans  ces  vers  : 

....  On  ne  savoit  si  bêle  oissor  (femme) 
Ne  si  cortoise,  ne  si  franche 
Dedens  la  coro»e  de  France. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  3.")1,  V  col.  2. 

Vuide  tôt  ma  corone. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7615,  t.  II,  fol.  172,  V  col.  2. 

C'est-à-dire  sors  promptement  de  mon  royaume. 
"^  Corone  se  prenoil  pour  la  dignité  dont  la  cou- 


(1)  ('  Madame,  dit  ma  dame  à  la  royne,  vous  taillez  larges  covrroies  d'aulruy  cuir.  »  (.leh.  ds  Saintré,  ch.  XXIV.)  (N.  E.) 

(2)  (1  Adès  vaut  miex  amis  en  voie  Que  ne  font  deniers  en  corroies.  »  (La  Rose,  v.  4964.)  Ce  proverbe  se  retrouve  dans 
Baudouin  de  Seb.,  I,  1048  :  «  I*our  ce  dist  uns  proverbes  :  miex  vaut  trouver  en  voie  Un  boin  certain  ami ,  que  denier  en 
coroie.  »  (n.  e.) 

(3)  Lisez  ccirole.  C'est  dans  l'église  Romane  une  galerie  extérieure  voûtée  d'arête  contournant  le  sanctuaire  ou  chevet 
voûté  en  abside  ;  les  processions,  pour  passer  d'un  bas-côté  à  l'autre,  passaient  sous  la  carole  qui  les  continuait  :  «  Mis  es 
temples  comme  carole.  »  (E.  Deschamps,  t.  III  de  ce  Dict.,  p.  245.)  (N.  E.) 

(4)  Il  vaudrait  mieux  lire  carolli.  pour  caroler,  danser  une  carole.  (Voyez  ce  mot.)  (N.  E.) 

(5)  Ces  coronnats,  ou  sols  corounats,  étaient  la  monnaie  de  la  Provence,  qui  eut  pour  comte  Alphonse  I",  l'oi  d'Aragon 
(1166-1196).  Voyez  Du  Cange,  t.  IV.  p.  528,  col.  1,  et  le  type  118  de  la  planche  25.  .\u  champ  du  droit  est  une  couronne 
fleurdelisée  entourée  d'un  grénetis,  avec  la  légende  :  f  R[ok'r(i(.s]  3u[enisu/cm]  et  SlciL[if]  rex.  Au  champ  du  revers  est 
une  croix  fleuronnée,  cantonnée  de  quatre  lis  avec  la  légende  :  comes  prgvincie.  (n.  e.) 


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ronno  L'ioil  la  niarque.  C'est  en  ce  sens  qu'on  a 
nommé  plées  (/f/ t'orone  les  procès  pour  crime  ou 
offense  contre  la  majesté  royale.  (Du  Gange,  au  mol 
Placita  coronœ.) 

°  La  tonsure  est  une  sorte  de  couronne  (1  )  et  elle  a 
porté  le  nom  de  corone  ou  de  coronne.  (Glossaire 
sur  les  Goût,  de  Beauvoisis.)  Coronne  et  tonsure 
mis  ensemble  forment  donc  un  pléonasme  dans  le 
passage  suivant  :  •>  Un  clerc  marié  possédant  co- 
«  ro/iW  et  tonsure.  »  (Grand  Goût,  de  France,  p.  518) 

On  peut  expliquer  corone  en  ce  même  sens,  dans 
ces  vers  : 

Bien  sai  qu'est  grans  corone, 
Mais  je  ne  sai  qu'est  ordre. 

Fabl.  MS^.  du  R.  n-  70)5, 1. 1,  fol.  M,  V  col.  1. 

Xous  n'entreprenons  point  de  déterminer  sa 
signification  dans  le  passage  suivant  : 

Mors  Irai  ton  cor  et  si  le  sone 
A  Proverai,  et  à  Perone 
Fai  que  lîenaz  premer  ainz  l'oie 
Que  plus  est  près  de  sa  corone  (2), 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  761,ï,  t.  I,  fol.  10-2  bis.  V»  col.  1. 

VARIA.NTF.S  : 
CORONE.  Grand  Coût,  de  France,  p.  549. 
Coronne.  Poes.  MSS.  Vatican,  n»  1490,  f°  138. 
Couronne.  Orlh.  subsist.  ;  le  Jouvencel,  MS.  p.  504. 

Coi'oné,  adj.  Tonsuré*.  (Jiii  a  remporté  le 
prix  ^.  Heine  '^.  Terme  de  poétique  °. 

*  Nous  venons  de  voir  corone  pour  tonsure.  De 
là  corone,  pris  pour  tonsuré  (3j.  On  l'employoit  quel- 
quefois substantivement  : 

....  Engendrés  fu  d'un  corone. 

Fabl.  M.SS.  du  R.  n'  7-2iS,  f*  11,  R"  col.  1. 

^  On  appeloit  clianson  coronée,  celle  qui  avoit 
gagné  le  prix  dans  les  sociétés  poétiques.  (Voyez 
Fauctiet,  Langue  et  Poés.  fr.  p.  153.)  Nous  disons 
encore  eu  ce  sens  poème  couronné. 

^  C'est   comme  reine  que  l'adjectif  coronée  est 

employé  ci-après  substantivement  : 

Par  la  benoiste  couronnée. 

Pathelin,  Farce  p.  G8. 

C'est-à-dire  par  la  S"  Vierge.  Voyez  aussi  Borel, 
Dictionnaire. 

.Sur  tûtes  choses  est  celé  coronée 
Que  j'ai  d'araors. 

Le  Chastel  de  Coucy,  Pocs.  MSS.  avanl  1300,  1.  I,  p.  219. 

On  lit  couronée  dans  la  même  pièce  répétée. 
<Poës.  .MSS.  du  Vat.  n"  IWO,  f°  13.) 

Bele  por  cui  sopir 

La  blonde  coulorée  (aliàs  couronée) 

Peut  bien  dire,  et  géhir 

Que  por  li,  sans  mentir, 

S'est  amours  moult  hastée. 

Ch.ins.  MSS.  du  C"  Thibaud,  p.  12. 

On  croit  que  celle  d'où  ces  vers  sont  tirés 
est  adressée  à  la  reine  Blancbe. 


°  Couronnée,  comme  terme  de  notre  ancienne 
poétique,  se  disoil  des  rimes  et  des  ballades.  «  C'éloit 
«  (|uand  les  deux  ou  trois  syllabes  du  vers  estoient 
"  aussi  dernières  du  mot  précèdent  au  même  vers,  » 
comme  dans  celui-ci  : 

Louange  à  Dieu  aux  saints  cieux  précieux. 

l'OL'S.  de  Boissure,  fol.  269. 

Il  y  avoit  la  rime  couronnée  annexe  couronnée. 
(Art  poët.  de  Sibilet,  livre  II,  p.  149.) 

VARIANTES    : 
CORONE.  Borel,  Dict. 
CouRONÉ.  Chans.  MSS.  du  C"  Thib.  p.  12. 
Couronné.  Orthographe  subsistante. 

Coronemaiit ,  subst.  masc.  Couronnement. 
(Dict.  de  Monet.) 

VARIANTES  : 
CORONEMANT. 

Coronnement.  La  Thaumass.  Coût.  d'Orléans,  466. 
Corounement.  Rymer,  t.  I,  p.  60,  tit.  de  1260. 

Col'ouer,  suhst.  masc.  Sorte  d'officier  (4,.  Prin- 
cipal officie:-  de  justice  dans  les  comtés.  11  y  a  un 
chapitre  intitulé:  Des  coroners,  dans  Brilt.  Loix 
d'Angleterre,  folio  3.  11  fut  défendu  d'élire  pour 
remplir  cette  place  des  gens  de  bas  état,  comme  on 
avoit  fait  précédemment.  Il  fut  ordonné  de  choisir 
»  des  plus  loyaux  et  sages  chevaliers.  »  Les  vicomtes 
étoienl  leurs  inspecteurs  ou  contrôleurs.  (Voyez 
Garta  magna,  f°  27.) 

Coronuez,  adj.  au  plur.  et  siibst.  Qui  ont  la 
tonsure  f5).  Ce  mol  semble  adjectif  dans  ces  vers  où 
nous  lisons,  au  sujet  de  Guillaume  le  Conquérant  : 

Six  semaines  malade  jut  ; 

Fort  fu  le  mal.  L'enferté  (in/irmUas)  crut; 

A  evesques  et  as  abez 

Et  as  provoires  coronnez. 

Se  fist  de  ses  péchiez  confez  ; 

Corpus  doinini  prist  eniprez. 

Rom.  de  Rou,  MS.  p.  387. 

Il  est  employé  substantivement  dans  cet  autre 
passage  : 

Quant  Ode  li  bon  corenne: 
Qui  de  Baez  cstoit  sacrez,  etc. 

Ibid.  p.  337. 

VARIANTES  : 
CORONNEZ.  Rom.  de  Rou,  MS.  p.  287. 
Couronnez.  Journ.  de  Paris,  sous  Ch.  VI  et  VII,  p.  154. 
Courenez.  La  Thaumassière,  Coût  de  Berry,  p.  102. 
CoRENNEZ.  Rom.  de  Rou,  MS.  p.  337. 

Corons,  subst.  jnasc.  plur.  Voici  le  passage  où 
nous  trouvons  ce  mot  : 

Ne  fet  pas  le  cheval  embler  (aller  l'amble)  ; 
Ains  le  broche  (picque)  des  espérons  : 
Car  cil  n'out  de  tôt  les  corons  (de  tous  costez) 
Le  tornoiement  aproisemier  (le  tournoi  approcher), 
Si  vait  ferir  le  cop  premier. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  701,5,  t.  11,  f-  101,  R-  col.  2. 

Je  croiroisque  dans  le  passage  cité,  l'on  pourroit 


(1)  La  tonsure  du  clergé  séculier  et  régulier  ne  ménageait  pas  la  chevelure  au  moyen-âge  et  ne  laissait  autour  de  la  tète 
qu'une  étroite  couronne  :  «  Renart  respont  hastiveraent  :  Aurez  corone  grant  et  lée  ,  Ne  mes  que  l'eve  soit  chauffée.  » 
(Renart,  v.  1087.)  Au  xv  siècle,  on  lit  encore  dans  les  Cent  Nouvelles  (LX)  :  «  Un  barbier  secret  fist  aux  damoiselles 
chascune  la  couronne  sur  la  teste.  »  (N.  E.) 

(2)  11  faut  coroie  pour  la  rime.  (N.  E.) 

(3)  1  Et  clerc  et  preste  et  moine  coroiié.  »  (Gér.  de  Vienne,  v.  3914.)  (N.  e.) 

(4)  De  concert  avec  les  jurés  et  douze  voisins,  il  tait  les  enquêtes  sur  la  cause  des  morts  violentes,  les  trésors  découverts 
et  les  épaves,  (n.  e.) 

(5)  Voyez  Corone.  (N.  E.) 


J 


co 


285 


CO 


expliquer  de  tout  les  corons  par  celle  autre  expres- 
sion il  bride  abattue,  à  loule  bride,  proprement  à 
toutes  courioyes.  ('o/o/iavoit  aulrel'ois  celte  signifi- 
cation. (Voyez  ConiON  ci-dessus  (1),  sous  lequel  il 
faudra  réunir  cet  article,  si  ma  conjecture  est 
fondée.) 

Corot, SHi's/.  masc.  (2)  Courroux,  peine,  chagrin, 
offense.  Le  mot  corroz-,  dans  S.  Bernard,  répond  au 
latin  ollensa  ;  et  citrrm^,  dans  les  Loix  Normandes, 
article  U,  au  latin  ira.  Ce  mol  subsiste  sous  la 
dernière ortlioi;raplie,  maison  ne  dit  plus coiirroiiz 
de  ciwr,  pour  cliagrin.  (G.  Guiart,  ms.  f°  273.) 

On  disoit  aussi  auti  efois  au  courrow:,  et  au  gieu 
pour  bon  gré,  mal  gré.  Il  semble  que  ce  soit  le  sens 
de  celle  expression  dans  ces  vers  : 

Li  rois  qui  le  retour  convoite, 
Laist  là  au  court  ouz  et  au  giau. 
De  par  lui  Yinbert  de  Liiaugieii. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  152,  R°. 

Proverbes  (3)  : 
1*  On  disoit: 

Après  graiit  cnrouz.,  grant  joie. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7-218.  fol.  357,  V  col.  2. 
2«        Plus  coste  un  sol  corroz  d'ami 
Que  ne  font  cinq  cens  de  mari. 

Parlon.  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  143,  R"  col.  1. 

VARIANTES  : 
COROT.  Dict.  de  Borel  et  de  Corneille. 
Corroz.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  307  (4). 
COROUS.  Poës.  MSS.  Vatican,  n"  1522,  f»  1,05,  Vo  col.  2. 
CoROUZ.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f»  357,  V°  col.  2. 
COROUT.  Contin.  de  G.  de  Tyr,  Marténe,  t.  V. 
COURROUZ.  G.  Guiart,  MS.  f-  132  R". 
Courroux.  Blason  des  Faulces  amours,  p.  221. 
CuRRUZ.  Loix  Norm.  art.  41  (5). 

Coroyelte.  [Intercalez  Coroijette,  pelite  cour- 
Deux 


( Voyez 
(par   le 


roie,   au  reg.  JJ.   135,   p.  1G5,  an.  1388: 
«  petites  verges  et  une  coroyelte.  »]  (n.  e.) 
Corp.     [Intercalez     Corp,     poisson. 

CORBAU.)]   (n.  E.) 

Corp- de -Dieu,    Corps-de-Dieu 

vray)  (G).  Espèce  de  jurement.  Il  est  probable  qu  u 
étoit  très  familier  à  M.  de  la  Trimouille,  et  que 
c'est  de  là  qu'on  lui  donna  le  surnom  de  la  vray 
corps  de  Dieu.  (Brant.  sur  les  duels,  p.  30!).) 

Corpable,  adj.  Coupable.  Voyez  le  Dictionn. 
de  Borel.  On  disoit  se  rendre  corpaubles  pour  se 
confesser  coupable,  faire  l'aveu  de  sa  faute  : 

Dame  merci,  confession  requier  ; 

De  mes  péchiez  me  vueil  corpaubles  rendre 

Vers  vos  dame  cui  cuidoie  engignier. 

Gautier  d'Es[iinais,  Poës.  MSS.  avant  1300,  t.  I,  p.  172. 


VARIANTES  : 
CORPARLE.  Prov.  du  Vil.  MS.  de  S.  G.  f"  76,  V"  col.  1  (7). 
CoRP,\UBLE.  Poës.  MSS.  avant  1300,  t.  I,  p.  172. 
CouPAULE.  Gloss.  sur  les  Cout.  de  Beauvoisis  (8). 
CouRPABLE.  Ord.  t.  I,  p.  226. 

CouLPABLE.  Monel,  S.  Gelais,  p.  185;  Cl.  Marot,  p.  123. 
CoLPAULE  ou  CoLPAULES.  S.  liem.  Serin,  fr.  MSS.  52. 

Corpe.  [Intercalez  Corpe ,  faute,  crime,  de 
culpa;  de  même  «/;««/«  a  l'ail  orme,  remulcum, 
remorque;  celte  permutation  peu  fréquente  s'étend 
aux  noms  de  lieux:  Ol)ia{Olina),  On(^ (Normandie), 
Vtnodns,  Ornj  (Moselle),  Milmandra  (Marmande). 
Voyez  Hisl.  de  France  (D.  Bouquet),  l.  VI,  page 
1.59.)]  (n.  e.) 

Corpe-de-Ia-Galine.  Espèce  de  jurement 
burlesque,  dans  Rabelais,  t.  111,  p.  103.  Comme  qui 
diroil  par  le  corps  d'une  poule.  Dans  le  même 
endroit  on  jure  par  le  corps  d'un  bœuf,  corbeiif.  Il 
s'agil  d'un  repas  de  noces. 

Corpel.  [Intercalez  Corpel,  pommeau  d'épée, 
dérivé  peut-être  de  corps,  reliques  des  saints  :  "  En 
»  Vovei  puni  asez  i  ad  reliques.  »  (Roland,  v.2o44.) 
On  le  trouve  an  reg.  J.J.  !G0.  p.  214,  an.  1405  :  ■■  Le 
."  suppliant  avoil  pris  et  emblé  un  corpel  d'une 
"  dague  d'argent.  »]  (n.  e.) 

Corper.  [Intercalez  forper,  commettre  un 
crime  :  «  Bernarz  dist  que  il  estoil  tout  prez  de  soi 
«  purgier,  el  de  monslrer  par  son  cors  et  par  ses 
"  armes,  selonc  la  coustume  de  Trance,  que  il 
»  n'avoit  cor/^i's  ou  cas  que  on  lui  avoil  mis  sus.  » 
Voyez  Hist.  de  France  (D.  Bouquet),  t.   VI,   page 

154.)]  (N.E.) 

1.  Corporail,  adj.  Corporel.  Diction.  d'Oudin. 
Fioissarl  dit,  en  parlant  ii  l'Amour  : 

Tu  es  mon  Dieu  corporeus. 

Poës.  MSS.  p.  119.  col.  2. 

(Voyez  CoRPORAus  ci-après.) 

VARIANTES  : 
CORPORAIL.  Dict.  d'Oudin. 
CoBPOREUs.  Froissart,  Poës.  MSS.  p.  119,  col.  2. 

2.  Corporail,  s»/;sL  masc.  Corporal  (9).  Voy.  sur 
la  première  oribographe,  le  Dictionnaire  de  Nicol, 
sous  le  mot  Corps.  On  dit  encore  eorporaux  au 
pluriel,  el  nous  le  citons  que  pour  remaïquer  cette 
façon  de  parler  :  !)lieur  de  eorporaux,  pour  signifier 
un  dévot.  Nous  disons  mangeur  de  saints  au  même 
sens.  «  Les  bommes  mal  vekus,  quand  ils  seroienl 
"  plicurs  de  eorporaux,  si  sont  ils  à  tous  coups 
"  (irins  pour  espies.  «  (Contes  de  Des  Perriers, 
t.  II,  p.  110.) 


(\)  Voyez  aussi  Coroii  (addit.  de  l'éditeur),  (n.  e.) 

(2)  Corrot  est  dans  Renart  (v.  22511)  ;  «  Li  pors  qui  tant  curu  avoit  Que  trestout  aveglez  estoit  De  lasseté  et  de  corrot    En 
l'espié  se  feri  debot.  »  (n.  e.)  ' 

(3)  Leroux  de  Lincy  écrit  encore  (Prov.,  t.  II,  p.  278)  :  «  Courroux  est  vain  sans  forte  main.  »  On  lit  aussi  dans   Thomas 
de  Cantorbery  {xn=  siècle,  38)  :  «  Curuz  de  rei  n'est  pas  gius  de  petit  enfant.  »  (n.  e.) 

(4)  On  lit  encore  aux  Macchabées  (I,  2)  :  «  Périrent  les  pecheors  en  lor  ire  e  les  félons  en  lor  corroz.   »   Les  récits   d'un 
Ménestrel  de  Reims  donnent  couroz  (§  334).  (N.  E.) 

(5)  «  Qui  tort  eslevera,  ou  fans  jugement  fera  par  curruz.  (n.  e.) 

(6)  Voyez  Cordé,  (n.  e.) 

(7)  «  Tybers  s'escuse  moleraent,  Que  vers  lui  corpables  se  sent.  »  (Ren.,  v.  2204.1  -  «  Et  se  li  corpables  vient  nor  droit 
avoir.  »  (Liv.  de  just.,  113.)  (N.  E.)  ^ 

(8)  On  lit  au.?si  au  reg.  J.I.  142,  p.  86,  an.  1391  :  «  Comme  Jaques  de  Merlencourt  eust  esté  souppeohonnàs  estre  couvanie^ 
de  la  mort  de  l'eu  .lehan  C;ippet.  »  (n.  e.)  ^ 

(9)  a  Le  roy  desiroit  avoir  le  corporal  sur  quoy  chantoit  monseigneur  sainct  Pierre.  »  (Commines,  VI,  10.)  (n.  e.) 


co 


286  - 


CO 


VARIANTES  : 
COnPORAIL.  Nicot,  Dict. 
ConPORAUx,  plin:  Contes  de  Des  Perr.  t.  II.  p.  110. 

Coi'poral,  sîi/^s/  nutsc.  Caporal  (1).  Il  paroilroil, 
par  le  passage  suivant,  que  ce  titi'e  était  autrefois 
plus  noble  qu'aujourd'tiui:  «  Le  rorporal  qui  com- 
i.  mandoit  l'esiiuadre,  etc.  «  (Brant.  Dames  Gai. 
t.  11,  p.  G'20.) 

Corporalement ,  adv.  Corporellement,  en 
personne,  en  présence. 

VARIANTES  : 
CORPORALEMENT.  Du  Bouchet  (2),  Gén.de  Coligny,  p.  5S. 
CoRPOREAUMENT.  Baluze,  Géii.  d'Auvergne,  p.  92. 
CORPORÉMENT.  Perard,  Hist.  de  Bourgogne,  p.  460. 

Coi'poraliter,  snbst.  masc.  C'est  une  faute  pour 
corporaiier  (3)  dans  l'Apol.  pour  Hérodote,  p.  020. 

Corporaus,  adj.  au  plur.  Temporels.  On  a  dit 
des  gens  d'église  : 

Ils  ont  tous  les  biens  corporaus. 

Poés.  MSS.  avant  1300,  T.  IV.  p.  «H. 

Corporc  ,  adj.  Dépendant,  qui  fait  corps  ou 
partie  d'une  chose.  On  lit  dans  un  titre  de  1325, 
rapporté  dans  les  notes  sur  Beaumanoir,  p.  428  ; 
"  Toutes  autres  choses,  meubles,  et  non  meubles, 
<'  cor  pore  es  et  incorporées  de  noslre  terre,  justice 
«  et  seigneurie.  ■> 

Corporel.  Personnel,  corporel  et  temporel , 
matériel  (4).  Ce  mot,  dans  les  orthographes  employées 
par  S.  Bernard,  répond  au  latin  Corporeus.  On 
eiUendoit  par  serinent  corporel,  le  serment  l'ait  en 
personne.  »  Suivant  la  capitulation  confirmée  si 
»  solemnellement  \)'dvserment  corporel, ei  les  cons- 
«  titutions  de  l'empire,  comme  aussi  les  Ordon- 
«  iiances  des  cercles.  «  (Mémoires  de  Villeroy , 
page  25.)  On  disoil  de  même  possession  corporelle 
pour  prise  de  possession  faite  eu  personne.  «  Il 
«  avoit  intention  de  passer  oultre  mer,  avecques 
«  luy  sa  bonne  femme,  la  belle  Lyriope,  pour  se 
<•  mètire  en  possession^  corporelle  de  la  silve  Carbon - 
«  nière.  »  (Percef.  vol.  IV,  f"  53.) 

VARIANTES   (5)  : 
CORPOREL. 
CoRPORiEN'  et  CoRPONiEN.  S.  Bern.  S.  fr.  MSS.  p.  135. 

Corporu,  adj.  Matériel,  gros,  fort.  Ce  mot  s'est 
dit  tant  des  personnes  que  des  choses. 

N'avoit  raie  moult  attendu 
Quant  il  ouy,  et  dit  ly  fu. 


Que  uns  geans  moult  coi-porus 
Est  devers  Espaigne  venus. 

Rom.  de  Brut.  MS.  fol.  SU,  R'  col.  1. 

Du  Bellay,  parlant  de  navires,  dit  qu'ils  sont  plus 
«  eminens  et  plus  corporus,  etc.  »  (Mém.  liv  X, 
folio  339.) 

VARIANTES  : 
CORPORU.  Nicot,  Rob.  Est.  Oud  Cotgrave  (6). 
Corporus.  Rom.  de  Brut,  MS.  f»  Sfi,  R»  col.  1. 
Corporel.  Percef.  vol.  IV,  f»  36,  R»  col.  t. 

Corps,  subst.  masc.  Personne  *.  Personne  ser- 
vile  ^.  Enterrement  *^.  Coin  °. 

*  Ce  mot  se  trouve  souvent  dans  la  première 
acception.  «  Ainsi  fut  le  comte  de  Bouguingam, 
«  logé  en  la  cité  de  Vennes  et  son  corps  en  l'hostèldu 
«  duc.  »  (Froissart,  liv.  Il,  p.  108  (7).) 

Ce  sont  les  amis  de  fortune 
Qui  suient  Testât  et  1  avoir, 
Non  pas  le  corpn 

Eust.  Descli.  Poës.  MSS.  fol.  487,  col.  4. 

Ainsi  l'on  disoit  amy  de  corps  pour  ami  de  la 
personne.  (Contred.  de  Songecr.  fol.  129.) 

Corps  d  homme  pour  homme.  «  Se  veoit  ung 
«  moult  beau  lict  richement  appareillé,  et  de  toutes 
«  les  richesses  qui  à  corps  dhomme  convient.  » 
(Lancelot  du  Lac,  t.  II,  fol.  5.)  «  On  prétend  que  la 
«  char  du  chevrel  de  bois  soit  la  plus  saine  à  corps 
.'  d'omme,  et  la  plus  nutritive.  »  (Modus  et  Racio, 
MS.  fol.  40.) 

Pet  lors  fei%  de  lors  C07'ps  dominées,  c'est-à-dire 
par  leur  foi  jurée  en  personne.  (D.  Morice,  Hist.  de 
Bret.  col.  987,  Ut.  de  1263.) 

Cors  le  roi  ou  le  rei.  (I.oix  Norm.  art.  28.)  Dans  le 
latin  corpus  régis,  c'est-à-dire  la  personne  du  roi. 
Cors  de  roi,  pour  personne  du  roi.  (Blanch.  ms.  de 
S.  G.  fol.  178.)  Le  corps  du  seigneur,  pour  la  per- 
sonne du  seigneur;  le  seigneur  en  personne.  (Assis. 
de  Jérus.  p.  149.)  «  Fut  le  seigneur  de  Bezançon 
«  second  sommelier  du  corps  du  dit  seigneur  (de 
«  l'empereur)  >■.  (Mém.  du  Bellay,  liv.  IV,  fol.  97.) 

Sur  la  foij  son  corps,  pour  sur  sa  foi,  sur  son  ser- 
ment. (Duplessis,  Histoire  de  Meaux,  page  135, 
tit.  de  1235.) 

Oudin  explique  corps  de  cheval,  la  personne  du 
cheval.  (Dict.)  Mon  corps  s'est  dit  pour  moi  (8).  «  El 
«  s'ils  me  veulent  croire  ilz  n'auront  ja  pis  que  mon 
«  corps.  »  (Percef.  vol.  I,  fol.  39.)  Corps  de  my  a  le 
même  sens  dans  ce  vers  : 

Dame  que  j'am  plus  que  le  corps  de  my  (9). 

Eust.  Desch.  Poés.  MSS.  fol.  185.  col.  1. 


en  Voyez  ce  mot,  t.  III,  p.  224,  note  1.  H.  Estienno  y  tenait  plus  qu'à  caporal  :  «  Et  en  peu  de  temps  après,  la  place  de  ce 
corporal'qui  estoit  natif  du  pays,  fut  baillée  à  cet  estrange  caporal.  »  (N.  E.) 

(2)  Corporelemeut  est  dans  Beaumanoir  (XLVI,  12).  (N.  E.) 

(3)  C'est  la  bourse  aux  corporaux  :  «  Parement  d'aube  et  amict  de  drap  d'or  vermeil.  Item  un  coi-pornlicr  de  mesme.  » 
(Hist.  de  liourgogne,  t.  III,  p.  217,  col.  2,  an.  14(.)3.)  C'est  peut-être  un  ciboire  dans  l'inv.  des  joyaux  du  duc  de  Berri  (1416)  : 
(I  Item  im  corporalUer  d'yvoire,  le  couvercle  de  la  passion  à  images  d'esoaille.  »  (N.  E.) 

(4)  Dans  Perceforest  (t.  V,  fol.  30)  il  signifie  avoir  du  corps  :  «  Il  est  grant  et  corporel,  par  quoy  il  en  est  d'autant  plus 
pesant.  »  (N.  E.) 

(5)  On  trouve  coi-pnral  vie  dans  Thomas  le  Martyr  (166).  (N.  E.) 

(6)  «  Icelluy  Thierry,  qui  estoit  homme  grant,  corporu,  fort,  hardy.  »  (IJ.  19.5,  p.  1016 ,  an.  1473.)  On  lit  aussi  dans  un 
bestiaire  ms.  (Du  Cange,  II,  616,  col.  1)  :  o  L'oliphant  est  moult  corporu.  »  (n.  e.) 

(7)  Comparez  éd.  Kervyn,  XIII,  90.  Co)-;«  équivaut  aussi  à  position  ou  qualité  personnelle;  «  Notable  de  corps,  de 
chavance  et  d'ancesserie.  »  (Iri.,  V,  203.) 

(8)  Ce  mot  sert  donc  à  tourner  en  périphrase  un  nom  de  personne  ou  un  pronom  personnel.  (N.  E.) 

(9)  a  Et  puisqu'il  est  ensique  H  cors  de  mi  n'i  puet  aler.  »  (Froiss.,  II,  199.)  (N.  e.) 


co 


—  287  — 


CO 


On  disoit  de  même  rostre  corps  pour  vous  : 

Frère,  vous  m'amiés  autretant 
Com  vostre  cors  (1). 

Pb.  Mouskes,  MS.p.  S39. 

Son  corps  pour  elle  (2). 

Je  n'ose  dire,  dont  je  m'esmay, 

A  madame,  ma  douleur  qui  trop  dure. 

Ne  les  pensers  qu'à  so>i  très  donlz  corps  ay. 

Eust.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  U2.  col.  i. 

Leurs  corps  pour  eux.  «  Si  y  vindrenl  aucuns 
u  chevaliers  de  Cambresis  et  d'Artois  de  leurs  vou- 
«  lontés  pour  leurs  corps  avancer.  »  (Froiss.  liv.  I, 
page  14.)  (3) 

Celte  façon  de  parler  est  très  fréquente  dans  nos 
anciens  auteurs.  On  l'ajoutoit  souvent  au  pronom 
//.  Alors  elle  avoit  le  même  effet  que  notre  expres- 
sion en  personne.  «  F^e  dévoient  servir  hors  du 
<>  royaume  et  là  proprement  où  il  son  cors  ou  son  (ils 
"  seroit.  »  (Contin.de  G.  deTyr,  Xlart.  t.  V,  col.  747.) 

Jour  après  autre  quéroit 

Tant  que  il  ses  cors  i  seroit. 

G.  Guiart.  MS.  fol.  303,  V. 

^  On  employoit  aussi  quelquefois  le  mot  corps 
pour  désigner  la  condition  servile  ;  ainsi  Ton  disoit 
corps  de  femme  pour  femme  serve  ou  de  condition 
servile  ;  hommes  de  cors  pour  serfs  (4).  (La  Thaum. 
Coût.  d'Orl.  p.4()G,  Ut.  de  1180),  ethoms  lige  de  cors 
pour  vassal,  lié  de  sa  personne.  (Perard,  Histoire 
de  Dourg.  p.  520,  tit.  de  1209.)  On  lit  au  sujet  des 
enfants  nés  hors  du  mariage,  et  dont  les  biens 
retournent  au  seigneur  de  la"  femme  : 

S'il  acquiert  terre,  et  il  se  muert. 

Celle  terre  aux  amis  esluert  (se  détourne) 

Et  est  au  seigneur  de  la  femme. 

Eust.  Desch.  Pous.  MSS.  fol.  551,  col.  4. 

On  lit  (Ibid)  quelques  vers  plus  bas  : 

Que  sa  femme  soit  de  corps. 

Et  gens  de  corsage  sous  le  mot  Corsage  ci-après. 
(Voyez  le  Dict.  de  Cotgrave.) 

•^  Cors  (5)  signifie  enterrement  dans  les  passages 
suivans  : 

Lors  a  congié  d'aler  en  ville. 

Au  marchié,  au  corps  (6),  aux  nopces. 

Eust.  Descli.  Pot-s.  MSS.  fol.  513,  col.  i. 

Our  va  aux  nopces,  or  au  corps, 
Or  aux  estuves,  et  puis  dehors. 

Ibld.  fol.  514,  col.  1. 

On  disoit  en  ce  même  sens  cors  général  (7j,  pour 
convoi,  pompe  funèbre.  (Du  Cange,  aux  molsf  «hc- 
rarium,  Armarierius.) 


°  Enfin  ou  a  dit  corps  pour  coin,  et  alors  ce  mot 
ne  vient  pa&  du  latin  corpus,  comme  dans  les  signi- 
fications précédentes,  mais  du  latin  cornu,  corne 
qui  signifie  angle,  coin.  Il  auroit  fallu  écrire  corn 
ou  du  moins  cor  ;  mais  on  a  confondu  aisément  les 
deux  orthographes.  Rien  n'est  si  ordinaire  que  ces 
confusions,  de  la  part  des  copistes  peu  instruits  des 
étymologies;  de  là  les  confusions  des  significations. 
Nous  remarquerons  en  passant  que  ces  exemples 
font  sentir  la  nécessité  de  conserver  dans  notre 
orthographe  les  lettres  mêmes  inutiles  à  la  pronon- 
ciation. Elles  sont  comme  les  sauvegardes  des 
étymologies,  et  par  conséquent  des  significations 
propres.  Faute  d'attention  on  a  doncdit  corps  pour 
cor,  corn  ou  coin  dans  les  passages  suivans  :  «  Les 
«  quatre  corps  et  le  moillon,  les  quatre  corps  et  le 
«  milieu,  »  en  parlant  d'une  maison.  (Bout.  Sora. 
page  891 .)  «  Si  chevauchèrent  le  duc  et  la  duchesse 
«  devers  la  cité  de  Besances  ;  c'est  à  l'un  des  corps  (8) 
«  de  Galice,  la  dernière  bonne  ville  au  lez  devers 
«  le  royaume  de  Portugal.  »  (Froissart,  liv.  111, 
p.  173.)  «  Y  avoit  mises  trente  deux  tables,  dont  les 
»  premiers  cornetz  estoient  tournez  par  devers  la 
«  franche  table  qui  estoit  à  la  ronde  du  palais,  et 
«  les  autres  estoient  tournées  au  travers,  si  que  les 
«  moindres  corps  se  rapportoient  au  tarant  pillier, 
"  etc.  »  (Peicef.  vol.  Il,  fol.  129.) 

Passons  aux  anciennes  expressions  que  fournit 
le  mot  dont  il  est  question  en  cet  article  : 

1  '  Corps  sans  ame.  Cette  expression  se  trouve 
dans  Charron  (Sag.  p.  442.)  Il  en  est  vraisemblable- 
ment le  premier  auteur. 

2°  Etre  en  bon  corps  se  disoit,  en  termes  de 
chasse  ,  en  parlant  des  chiens  courans  à  qui  , 
lorsqu'ils  maigrissent,  «  il  faut  donner  du  laicl 
«  venant  du  py  de  la  vache  jusques  à  ce  qu'ils 
«  soient  en  bon  corps.  «  (Salnove,  Vénerie,  p.  257.) 
On  lit  Ibid.  p.  254,  les  tenir  en  bon  corps  pour  les 
bien  nourrir,  en  avoir  soin. 

3°  Présenter  corj)S  et  avoir,  offrir  de  servir  de  sa 
personne  et  de  son  argent.  (Hist.  de  B.  du  Guescl. 
par  Ménard,  p.  289.)  De  là  cette  expression,  ami  de 
corps  et  d'avoir  pour  ami  prêt  à  servir  de  sa  per- 
sonne et  de  son  argent.  (Ibid.  p.  228.) 

4°  L'autre  corps  signifie  la  taille  dans  le  passage 
suivant  :  <■  Elle  regarde  si  voit  que  il  a  le  visage 
«  moult  beau  et  moult  bien  séant,  et  tout  Vautre 
«  corps  moult  advenant,  et  tous  les  membres.  » 
(Lanc.  du  Lac,  t.  I,  fol.  98.) 


(1)  «  S'entour  vo  genl  corps  repairier  Me  voient,  il  en  parleront.  »  (Chart.  de  Goucy,  v.  1970.)  (n.  e.) 

(2)  «  Et  commanda  que  il  obéissent  à  lui  comme  ('(  so/î  propre  tocjos  nieysme.  »  (Id.,  II,  463.)  —  «  Us  avoient  proposé 
pluiseurs  articles  et  raisons  Au  corps  doudit  roy.  »  (Id.,  VII,  304.)  (N.  E.) 

(3)  «  Avancer  leur  corps  »  signifie  se  pousser,  taire  leur  chemin  :  «  Li  vaillant  homme  traveillent  leurs  membres  en 
armes  pour  avaticier  loirs  corps  et  acroistre  leur  honneur.  »  (Ed.  Kervyn,  t.  II  ,  p.  9.)  Faire  remplace  avancer  (II,  195)  : 
«  Ce  fust  uns  hom  qui  list  en  son  temps,  par  sens  et  par  proece,  le  corps  et  la  cavance.  »  (n.  e,) 

(4)  Voyez  la  Coût,  de  Vilry,  art.  145.  (n.  e.) 

(5)  Corps  naturel  est  le  cadavre  (Hist.  de  Charles  VII  par  Jlatth.  de  Coucy,  p.  783)  :  «  Un  chariot  de  cuir  bouilly,  dans 
lequel  estoit  le  corps  naturel  dudit  feu  roy,  bien  enoint  et  embausmé.  »  (N.  E.) 

(6)  C'est  plutôt  le  repas  qui  accompagnait  les  funérailles  (JJ.  125,  p.  258,  an.  1384)  :  «  Après  ce  que  l'exposant  et  son  père 
orent  soupe  au  corps  de  feu  gilet  Morelet.  »  La  pièce  250  bis  donne  une  variante  :  «  Il  estoit  venuz  à  la  table  où  il  disnoitj(à 
la  feste  d'un  corps.  »  (n,  e.) 

(7)  «  In  omnibus  funerariis  generalibus,  vulgo  cors  gênerai  Muncupatis,  armarierius  sedis  accipiat  sex  cereos  magnos.  » 
(Conc.  d'Espagne,  IV,  p.  i94.)  Aux  Ord.,  VIH,  p.  340  (an.  1387),  robe  de  corps  signifie  linceul,  (n.  e.) 

(8)  Dans  l'éd.  Kervyn  (XII,  95)  on  lit  cornet,  (n.  e.) 


co 


—  288 


CO 


ô"  Corps  de  moij  dinme.  Espèce  de  jurement. 
(Moyen  de  Parvenir,  p.  'iM.) 

fi"  A  corps  perdu.  Cesl  une  altération  de  l'expres- 
sioii  à  conps  perdus,  qu'on  trouve  dans  les  Mém.  de 
Montluc,  t.  I,  p.  111). 

7"  Cor;is  de  chastellenic.  Suivant  la  coutume  du 
Maine,  on  entend  par  .  le  corps  de  la  chastellenie 
"  ]:\  principalle  ville,  ou  le  principal  bourg'  d'icelle; 
«  et  les  brandies  sont  les  autres  lieux  où  l'on  a 
«  accousturiié  d'ancienneté  mettre  et  asseoir  la  bil- 
«  letle  en  autres  lieux  hors  la  principale  ville,  ou 
..  bourg.  ..  (Coût.  Gén.  t.  II,  p.  123.) 

8°  Corps  de  cotte,  corps  de  juiie.  [Oud.  Dict.) 

9°  Corps  de  cuirasse,  cors  d'acier,  pour  corseletsi  1). 
(Dict.  d'Oudin.)  On  trouve  deux  cors  d'acier  dans 
une  citation  du  Glossaire  lat.  de  Du  Gange,  au  mot 
Ariiiatura  (2). 

iO"  Corps  t!e  garde.  Expression  subsistanle,  mais 
sur  laquelle  nous  remarquerons  que  l'usage  n'en 
est  pas  ancien.  «  Dans  les  livres  de  la  discipline 
"  militaire  de  Guillaume  de  Langey  vous  ne  trou- 
«  verez  ny  corps  de  garde,  ni  sentinelle  :  ains  au 
"  lieu  du  premier  il  l'appelle  guet,  et  le  .second 
■   estre  aux  escoutes.  »  'Pasquier,  Rech.  p.  662.) 

1 1°  ('or/;sr/'/(os<e/,  pour  corps  de  logis  (3).  (L'A  niant 
ressusc.  p.  524.) 

Vl°  Fief  de  corps  est  un  lief  dont  le  possesseur 
doit  service  de  sa  personne  à  son  seigneur.  (Du 
(îange,  au  mot  Feudum  corporale.) 

VARIANTES  : 
CORPS.  Orih.  subsist.  ;  Duplessis,  Hist.  de  Meaux,  p.  135. 
Cors.  Froissart,  liv.  I,  p.  i'M. 
CORT.  Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  450,  tit.  de  1241. 

Corpulant,  adj.  Qui  a  de  la  corpulence. 

YAtilANTES  : 
CORPUL.\.NT. 
Corpulent.  Oudin,  Nicot,  Dict. 

Corpus,  subst.  masc.  Hostie.  Mot  purement 
latin  :  le  corps  par  excellence,  le  corps  de  N.  S. 
(Oudin,  Dict.)  (4)  C'est  ainsi  qu'on  a  dit  dans  le  même 
sens,  corpus  Cliristi  ou  Doniini  pour  le  Saint-Sacre- 
ment, l'hostie  et  la  communion.  «  Li  provoir  (les 
•>  prestres)  portoient  corpus  Ijomini  sur  lor  chiés 
«  (leurs  testes)  ».  (Gontin.  de  G.  de  Tvr  Martene, 
I.  V.  eol.  615.1 


Rechut  (reçut)  corpus  Doinini. 

Vies  des  SS.  MS.  de  Sorb.  ch.  LXi, 


;ol.  M. 


On  disoit  aussi  : 


Au  lever  corpus  Dnmiiii. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n- 


1218,  fol.  lai,  V  col.  2. 


C'est-à-dire  à  l'élévation. 

Coi'ratafje,  sul)st.  viase.  Courtage.  Le  courtage 
est  le  métier  qu'exercent  ceux  qui  s'entremettent 
de  faire  vendre  des  marchandises,  ou  de  tout  autre 
négoce.  On  trouve  dans  les  Ord.  t.  111,  page  520  ; 
«  Le  courratageàes  monnoyes  (5).  «  Amyot,  cité  par 
Nicol,  a  employé  le  mot  cotirretage  i[)onr  macquerel- 
lage.  Nous  nommons  aussi  courtage  le  droit  que 
percevoient  ceux  qui  exer^oient  ce  métier.  On  le 
nommoit  autrefois  couletage.  (Voyez  ce  mot.) 
Cependant  on  disoit  également  courretier  et  cou- 
letier. 

VARIANTES   (6)  : 
CORR.VTAGE.  OrJ.  des  R  de  Fr.  t.  I.  p.  770.  art.  8,  notes. 
CORRATAIGE.  Ord.  des  R.  de  Fr.  t.  III,  p.  65fi. 
CouRRATAGE.  Ord.  des  R.  de  Fr.  t.  III,  p.  520. 

COURRETAGE.  NicOt,  Dict. 
CORRATERIE,  S.  f. 

CouRRATERiE,  S.  f.  Oudin.  -  Eust.  Desch.  Poës.  MSS. 
CouRRETERiE,  S.  f.  Ord.  t.  I,  p.  701,  an.  1321  (7). 

Corratier.  subst.  masc.  Courtier,  messager.  Ce 
mot  n'est  remarquable  que  par  la  mulliplicité  de 
ses  orthographes.  Nous  nous  contentons  de  ren- 
voyer aux  autorités  que  nous  indiquons.  Il  est  aisé 
de  démêler,  dans  ces  orthographes,  quece  mot  vient 
de  courre  ou  courir  :  «  Pour  ce  que  telles  gens 
»  courent  tantôt  à  l'une  des  parties,  tantôt  à  l'autre 
«  pour  moyenner,  »  comme  dit  Nicot. 

On  lil,  dans  le  voyage  de  Charles  VIII  à  Naples, 
par  André  de  la  Vigne  :  ■'  Charretiers,  piétons, 
«■  laquais,  avanturiers,  corretiers,  et  autres  moin- 
<i  dres  gens.  »  Dans  un  marché  fait  à  Tournay  en 
1383  :  -  l'ait  par  le  conseil  des  couletiers  sermen- 
»  tez  d'icelle  ville  de  Tournay.  "  (Bout.  Som.  Rur. 
page  892.) 

Jà  ne  s'en  ira  escondis, 

Ne  raarcheans,  ne  couletiers  (8). 

Froissart,  Poôs.  MSS.  pa^e  341,  col.  1. 

Un  de  nos  anciens  poêles,  se  plaignant  de  la  cor- 
ruption de  nos  mœurs  en  1300,  s'exprime  ainsi  : 

France  est  tornée  en  serveté  (servitude) 
Car  François  n'i  sont  escouté, 
Qui  sont  nez  de  la  droite  raere. 
Ils  sont  aujourdhui  rais  arrière. 
En  France  n'i  a  que  corretiers. 

Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauvel,  fol.  70. 

On  disoit  : 

\«  Couretier  (Vitifer,  soit  pour  homme  qui  court 
en  enfer,  soit  pour  un  suppôt,  un  agent  de  l'enfer, 
ce  qui  s'accorde  mieux  avec  le  sens  de  ce  mot. 
(Poës.  MSS.  av.  1300,  t  IV,  p.  1317.) 

2°  Courtier  ou  courtière  de  chair  humaine  pour 


(1)  »  Un  corps  de  fer,  un  pourpoinct  contrepointé,  afin  de  tenir  le  corps  droit  et  menu.  »  (Paré,  Introd.,  I.)  (M.  E.) 

(2)  Ed.  Henschel,  II,  398,  col.  3.  (N.  E.) 

(3)  «  Ce  feu  estoit  au  corps  d'iioslcl  de  devant.  «  (n.  e.) 

(4)  ('  Les  exposans  trouvèrent  un  jeune  homme  couchié  sur  l'autel  de  la  .Magdalaine  ,  où  l'on  chante  et  célèbre 
continuelement  le  Corps  Notre  Seir/uenr.  »  (,IJ.  115,  p.  241,  an.  1379.)  (N.  E.) 

(5)  Courratage  est  au  Lii'.  des  Met.,  p.  IGO  ;  «  Li  mesureur  ne  doivent  prendre  ne  deinander,  par  leur  seremens  ,  de  la 
some  mesurée  que  un  denier,  de  la  demi  some  obole,  et  de  mains  noyant ,  ne  pour  courratage  ne  pour  autre  chose,  u 
Carrelage  est  au  v.  11881  de  la  Rose.  (N.  E  ) 

(6)  .\joutez  peut-être  cor  âge,  d'après  un  registre  de  1310  (Du  Gange,  II,  590,  col.  1)  :  «  Item  le  vieustrage,  corrage  et  roage 
de  .lansy.  »  (n.  e.) 

(7)  ((  Et  leur  soit  deffendu...  sur  peine  d'estre  bannis  de  la  aiHi'refei-ii;  à  tousjours  niés,  que  ils  ne  fassent  nuls  faux 
contracts.  »  (N.  E.) 

(8)  Voyez  Ùoletier,  même  vol.,  p.  99.  (n.  e.) 


co 


-  289  — 


CO 


maquereau  et  maquerelle.  (Oudin,Cur.  fr.  et  Borel, 
Dictionnaire.) 

Une  courtière,  ou  maquerelle, 
A  proprement  dire  son  nom. 

Coquillart,  p.  45. 

■i"  Courtier  de  geolerie,  dans  la  Chron.  scaiid.  de 
liOuis  XI,  p.  287.  «  Martin  Goris,  courtier  de  geoie- 
«  rie,  »  peut-être  liuissier,  proprement  le  courtier 
des  prisons  (1). 

VARIANTES  : 
CORR.\TIER.  Nicot,  Dict. 
CoRATiEB.  Petit  J.  de  Saintré.  p.  150. 
CORRETiER.  André  de  la  Vigne,  Voy.  de  Ch.  VII  à  Naples. 
CouRATiER.  Du  Gange,  au  mot  Corraterius. 
COURRATIER.  Laup.  Gloss.  du  Droit  fr. 
COURATEUR.  Ord.  des  R.  de  Fr.  t.  III,  p.  485. 

COURRETIER.  NicOt,  DiCt. 

CouRETiER.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  IV,  p.  1317.  * 

CuRRATiER.  Poës.  MSS.  avant  1300,  t.  II,  p.  938. 

CURATIER. 

CuRTiER.  Du  Gange,  Gloss.  lat.  à  Prozenetarius. 
CouLETiER.  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr. 
CouLTiEK.  Nouv.  Goût.  Gcn.  t.  I,  p.  391,  col.  2. 

1.  Corre,  subst.  masc.  et  fém.  Courroux*. 
Arbre°. 

*  Dans  le  premier  sens,  on  lit  : 

Grant  fu  lire  et  le  corre  est  grant 
Que  li  roiz  out  envers  Normant. 

Rom.  do  Rou,  MS.  p.  2G:i. 

°  Corre  (2)  etoit  aussi  une  espèced'arbre,  peut-être 
le  cormier;  alors  il  étoit  féminin.  On  disoit  prover- 
bialement la  faille  d'une  corre,  poursigiiifierrien. 

Ne  onques  pour  li  roi  d'asorre 
N'en  fist  la  foille  d'une  rorre. 

Pli.  Mouskes,  MS.  p.  50i. 

L'art  de  la  tonaire  de  corre,  dans  le  langage  de 
Marseille,  signifie  l'art  de  pêcher  avec  un  engin 
appelé  tonaire  de  corre.  (Voyez  Du  Gange,  Gloss. 
lai.  à  Tonaïra  [3].) 

2.  Corre,  verbe. {i)Co\ir\r.  »  QuantleRoy  vitqu'il 
<■•  estoit  navré,  il  en  fut  courroucé;  lors  cueurt  sur 
»  le  chevalier,  etc.  "  (Percef.  vol.  1,  fol.  28.1 

Et  mort  arrogant 
Pren  tout  mon  argeant 
Et  me  laisse  queurre. 

Moyen  de  Pai venir,  page  430. 

De  \h,s'avant  corre  pour  s"engager,  s'avancer  trop. 

Rompus  est  li  chevestre,  qui  de  mon  cuer  est  maire. 
Si  sui  avant  curuz,  que  ne  m'en  puis  retraire. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  "alS.  fol.  346,  R-  col.  2. 

On  disoil  figurémeiit  corre  sor  pour  persécuter, 
au  propre  poursuivre.  (Fahl.  mss.  du  H.  n°  761,"), 
t.I,  fol.  GO.) 
Remarquons  quelques  autres  expressions  : 
1"  Coire  as  étoiles,  pour  naviguer,  faire  roule  à 
la  clartédes  étoiles. 


Toutes  nuit  rcureni  as  estoiles. 

Vies  des  SS.  MS.  de  Sorb.  chif.  LXI,  col.  7. 

2°  Corre  la  ville,  se  disoit  des  adultères  que  l'on 
conduisoit  nus  par  la  ville.  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 

3°  Laissier  corre  en  serment,  déférer  le  sermenti 
s'en  rapporter  au  serment  de  quelqu'un  :  "  Se  il 
'■  avenoil  que  il  deist,  je  ne  vous  sui  de  rien  pleige 
«  (caution),  et  m'en  deffent  bien,  et  en  feré  ce  que 
»  je  devré,  si  li  puet  l'eu  esgarder  que  se  il  ose 
«  jurer  seur  sainz  de  sa  main  i]ue  il  ne  soit  son 
«  plege,  si  en  sera  quittes,  se  il  le  veut  laissier 
«  corre  a  en  sonserement.  >■  (Ord.  t.  l,  p.  207.) 

4°  .1  coi  qu'il  cort,  dans  le  sens  oi!i  nous  disons  : 
quoi  qu'il  en  arrive. 

Jure  Dieu,  à  coi  qu'il  cort, 

Ne  laira  qu'il  ne  voist  acort. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  TfiiS,  I.  Il,  fol  182,  R-  col.  2. 

Conjugaison. 

Ceurent,  indic.  prés.  Gourent.  (Poës.  mss.  av.  1300. 
t.  I,  p.  1317;  Mousk.  ms  p.  29.) 

Coeurt,  indic.  prés  Court.  (Percef.  vol.  I,  f°  29.) 

Conro'nt,h\\\n\  Gourronl.  (Chans.  niss.  du  C'Thib. 
page  85.) 

Corronl,  futur.  (Pourront.  (Signes  du  Jugement, 
Ms.  de  S.  Germ.) 

Cort,  indic.  prés.  Court,  (i-'abl.  mss.  du  R.  u"  7218, 
fol.  33,1.) 

Cort,  subj.  pr.  Courre.  (I"'abl.  mss.  du  R.  n»  7615, 
t.  H,  fol.  182.) 

Corui,  préler.  .Je  courus.  (Fabl.  mss.  du  R.  n''7218, 
fol.  201.) 

Cuercnt,  ind.  prés.  Courent.  (Ord.  t.  1.  p.  484.) 

Cuert,  indic.  prés.  Court.  (Chasse  de  Gasl.  Phéb. 
MS.  page  55.) 

Cururent,  prêter.  Coururent.  (Fabl.  mss.  du  R. 
ir  7989,  fol.  79.) 

Cuvre,  subj.  prés.  Courre.  (Gace  de  la  Digne,  des 
Déduits,  MS.  fol.  137.1 

Qneur,  impér.  Cours.  (Fabl.  mss.  de  S.  G.) 

Queure,  subj.  prés.  Courre.  (1^'.  Desch.  Poës.  mss.) 

Queurrent,  indic.  prés.  Courrent.  (IFist.  du  Th. 
fr.  t.  II,  p.  140.^ 

Queurs,  partie-  Couru.  (Eust.  Desch.  Poës.  mss.) 

Qucurs,  indic.  prés.  Tu  cours.  (Eust.  Deschamps, 

Poës.  MSS.) 

Queurt,  indic.  prés.  Il  court.  (Chron.  S.  Denis, 
t.  I,  fol.  62. \ 

VARIANTES   (!))  : 
CORRE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  t.  I,  fol.  101,  bis,  V». 
CoiRE.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  III,  p.  1068. 
CuEURRE.  Percef.  vol.  I,  f»  28,  V»  col.  1. 
QuEURBE.  Moyen  de  Parvenir,  p.  436. 

t-orreau,  subst.  masc.  Barre  de  porte  (6).  Monet 


(1)  Enfin  dans  un  poème  de  .Tean  de  Condé  contre  les  Dominicains  (Du  Gange,  II,  p.  617,  col.  3),  on  lit:  «  De  mainte 
marcié  sont  couruticr  Encore  plus  il  sont  cvraticr  De  mariages.  »  On  y  confond  à  dessein  un  dérivé  de  extra  et  un  dérivé  de 
currere.  (N.  E.) 

(2)  Corre,  comme  courroil,  signifie  verrou  (Renart,  v.  12295)  :  «  Lors  s'en  vint  droit  à  la  fenestre...  Apoiée  fu  d'une  corre, 
La  nuit  fut  obliée  à  clorre.  »  (N.  K.) 

(3)  Dans  une  pièce  de  1479  (Archives  des  pêcheurs  de  Marseille)  on  lit  encore  :  «  Piscari  ad  tonairas  dictas  vulgariter  de 
corre...  cum  dicto  ingénie  «  las  toiiniras  de  corre.  »  G'est  un  filet  qu'on  nomme  aujourd'hui  corre  ou  corret.  (N.  E.) 

(4)  Voyez  Raynouard,  II,  p.  489,  col.  1.) 

(5)  Renard  (v.  20668)  donne  :  «  Que  trop  par  est  ma  pance  plaine  ;  Au  core  me  faudroit  l'alaine.  »  (.n.  e.) 

(6)  C'était  autrefois  une  allège  pour  décharger  les  navires.  (N.  e.) 

IV.  37 


co 


—  290  — 


CO 


dit  :  «  Barre  coulisse  el  Iraversanle  de  poi'te.  >■ 
Nicol  :  «  Courreatix  de  quoy  on  lerme  les  portes  ■> 
et  il  cite  Amyol.  On  trouvé  le  coitriail  de  riiiins 
dans  Rabelais,  t.  IV,  p.  25. 

Le  coraill  de  noslre  porte 

Qui  l'autre  jour  fu  adiré  (égaré) , 
Je  cornant  qu'il  soit  bien  gardé. 

Fabl.  MSS  Ju  R.  n"  "61.5,  l.  II,  fol.  117,  R'  col.  2, 

On  dit  encore  lecourraij  de  la  porte  pour  le  ver- 
rouil.  Il  y  a  lieu  de  croire  que  ce  mot  vient  de  eonr- 
royes.  Celle  élyniologie  me  paroît  plus  naturelle 
que  celle  de  Ménage,  qui  la  tire  de  rouler,  aussi 
l)ien  ((ue  celle  de  verrouil  (1). 

VAIilANTES  : 
CORRE.\U.  iMonet,  Dict. 
CouHREAU.  Oudin.  —  Clém.  Marot,  p.  G91. 
CouRHAiL.  Rabelais,  t.  IV,  p.  25. 
Coraill.  Fabl  MSS.  du  R.  n»  7615,  t.  II,  f«  147,  R»  col.  2. 

CORRUT,  CORTEIL. 

Correct,  adv.  Correctement.  C'est  en  ce  sens 
qu'on  a  dit  parler  correct.  (Rab.  t.  V,  p.  88.) 

Correction,  si//jsL  féni.  Punition,  châtiment, 

réprimande  ('2).  Nous  disons  encore  correetioii  dans 
ces  mêmes  sens,  avec  cette  dillVrence  cependant 
qu'on  ne  remploie  que  pour  désigner  les  cbàtimens 
légers  el  plus  ordinairement  les  réprimandes  (3).  On 
né  diroil  plus  :  «  En  ferez  faire  punition  eicorvep- 
«  tion  (4)  criminelle  en  les  faisant  mettre  en  4  quar- 
»  tiers.  »  (Lett.  du  duc  de  Bourgoane,  au  s'  Dufay, 
p.  360.)  Sa  signification  se  rapproclie  davantage  de 
celle  que  ce  mol  conserve  dans  la  Règle  de  S.  Ben. 
lat.  fr.  Ms.  de  Beauvais,  ch.  33,  où  l'on  trouve  sou- 
gisse  à  correction,  en  lalin  correplloni  subjaccat. 

On  disoit  autrefois  à  correction  ou  correction  (5), 
soubs  correction,  comme  nous  disons  sauf  correc- 
tion, sauf  votre  meilleur  avis.  «  Aulcuns  l'attri- 
«  buent  à  magnanimité,  et  il  semble,  ou  correction, 
«  que  le  fait  l'ut  directement  à  magnanimité  con- 
«  traire.  ■■  iliist.  de  la  Toison  d'Or,  vol.  I,  fol.  97.) 
On  lit  à  correction  dans  les  Lett.  de  Louis  XII,  t.  I, 
page  12.  Sous  correction  dans  Froissart,  liv.  I, 
page  151  (6). 

VARIANTES  : 
CORRECTIO.N.  Orlh.  subsistante. 
CoRREPCioN.  Eusl.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  "137,  col.  2. 
CoRREPTioN.  Règle  de  S.  Ren.  MS.  ch.  33. 

Corredier,  subst.  masc.  Maitre  d'hôtel.  (Voyez 
Gloss.  du  P.  Marlene,  t.  V.) 

Corrélativement,  adv.  D'une  manière  corré- 
lative. (Dict.  d'Oudin.) 


Corrente,  subst.  masc.  Détroit.  (Dict.  de  Nicot, 
au  mol  Estroit.) 

Correr,  verbe.  Couler.  On  dit  dans  Yillehard. 
p.  46  :  «  Un  s'écrianl  se  lait  correr  contrcval  de  la 
«  nefenlabargef'j.  »  Borel,quicilele  même  auteur, 
au  lieu  de  correr,  a  lu  mal  corrorqu'il  e.cplique  par 
tomber,  du  latin  corruere. 

De  là  s'en  correr  pour  s'écouler,  dans  ces  vers  : 

L'eve  gete  desous  la  sole 

De  la  chambre,  si  qu'ele  s'en  corl 

Résous  la  sole  en  mie  la  cort. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  1218.  fol.  234.  R'  col.  2. 

Corrigeards,  subst.  masc.  plur.  Correcteurs, 
censeurs.  (Voy.  Pnsq.  Rech.  p.  210  ) 

Corriyenient,  subst.  masc.  Correction  (8). 

Des  mauvais  fait  corrigement, 
Et  contre  eux  te  tieng  roidement. 

Geofr.  de  Paris,  U  la  suile  du  Roin.  de  Fauv.  fol.  54. 

VARIANTES  : 
CORRIGEMENT.  Geofr.  de  Paris,  à  la  suite  du  R.  de  Fauv. 
CoRRUGEMENT.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  332,  R». 

CoiM'iyer,  verbe.  Corriger,  punir*.  Ordonner^. 
Exhorter,  encourager '^. 

*Ce  mot  subsiste  au  premier  sens  (9),  sous  la  pre- 
mière orthographe.  Ses  ditîérentes  signitlcalions 
naissent  de  l'acception  propre  du  mot  latin  dont  il 
lire  son  étymologie.  Corrlgere  signifie  proprement 
dresser,  relever  ;  et  de  là,  corriger,  punir. 

^  Oidonner  une  chose,  c'est  en  dresser  le  plan, 
marquera  un  autre  ce  ([u'il  doit  faire.  Ainsi  l'on 
trouve  corriiier,  choriqer  pour  ordonner  dans  le 
Celthell.  deL.  Trippauft. 

■^  Corriger  s'est  dit  aussi  pour  exliorter,  encoura- 
ger, propremenl  relever  le  courage.  «  Retourna 
«  sauvement  en  son  lieu  embandissanl  cl  corri- 
«  gant  les  cbevaliei'S  à  bien  faire.  »  (Tri.  des  I.\" 
Preux,  p.  458.) 

Corriger  semble  une  faute  pour  co?77';j(?r,  du  lalin 
corripere,  saisir,  prendre  dans  ce  passage  ;  «  Passe- 
«  lion  fut  moult  joyeux  du  beau  coffre  et  se  seist 
«  au  plus  près,  puis  commença  à  vouloir  comj/fr 
«'  à  tout  les  doigts  à  la  serrure  pour  l'ouvrir;  et 
«  quant  il  veit  qu'il  n'en  povoil  venir  à  chef,  adonc 
«  il  commença  fort  à  se  courroucer.  »  (Percef. 
vol.  IV,  fol.  36.) 

VARIANTES  : 
CORRIGER.  Orth.  subsistante. 
CORRIGIER.  Ord.  des  R.  de  Fr.  t.  III.  p.  587. 
Choriger.  Cellhell.  de  L.  Trippault. 
CORREGER.  Assis,  de  Jérus.  préf.  p.  3.  —  Ibid.  p.  214. 
CoRRUGER.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  88,  R». 


(1)  Au  reg.  ,TJ  I9i,  p.  345,  an.  1471,  on  lit  :  «  Icellui  Guionnet  de  toute  sa  force  frappa  audit  huys,  tellement  qu'il  rompit 
le  courr'iil  d'icellui  et  se  ouvrist  ledist  huys.  »  Au  reg.  JJ.  490,  p.  \Q,  an.  1459,  on  lit  verroul  ou  c.foil,  d'où  dérive  le  verbe 
crouiller,  encore  usité  dans  la  vallée  de  Chevreuse  (Seine-et-Oise).  (N.  E.) 

(2)  Il  sig]iilie  aussi  menace  :  «  Par  le  inhibition  et  correctinit  dou  pape.  »  (Froissart,  'V,  275.)  (n.  e.) 

(3)  «  Aulrenient,  qui  y  fust  trouvés,  estoit  de  con-cclion  ou  point  de  perdre  la  teste.  »  (Froiss.,  X,  72.)  (N.  E.) 

(4)  Corri:))tion  vient  plutôt  de  corripere  que  de  corrigera,  (n.  e.) 

(.5)  Il  avait  en  eflet  le  sens  de  rectification  (Froiss.,  V,  44)  :  «  Sire,  volentiers,  puisque  vous  le  commandés,  et  ce  sera  par 
l'amendement  et  correction  de  mes  compagnons.  »  Entendez  sauf  rectification  de  la  part  de  mes  compagnons,  (n.  e.) 

(6)  «  Sire,  dist  Estonné,  je  vous  diray  f.0Kbs  la  correction  de  vous  et  de  Dagon.  (Perceforest,  t.  I,  fol.  98.)  (N.  E.) 

(7)  M.  d.'  Wallly.  §  122,  édite  :  «  Et  uns  serjanz  se  lait  correr...  »  C'est  la  leçon  du  ms.  de  4972.  Les  cinq  autres ,  2137, 
•12204,  12203,  2i2I0  et  15100  portent  couler.  (N.  E.) 

(8)  «  Jehan  du  Tôt  dist  audit  Fresquet  par  manière  de  corrigement.  »  (,].I.  100,  p.  3CA,  an.  1369.)  (n.  e.) 

(9)  Comme  pour  correction,  le  sens  n'était  pas  affaibli  au  xiv»  siècle  ;  «  Il  est  temps  que  il  soient  pugni  et  corrigiel  de 
lors  mesfais.  »  (Froiss.,  II,  83.)  )n.  e.) 


co 


291  - 


CO 


pCorrival,  siibsl.  masc.  Rival  d'un  autre*  (1). 
Qui  jouit  en  commun  d'un  ruisseau  ^. 

*l>ans  le  premier  sens,  Pasquier  dit  :  «  Entre 
"  plusieurs  rivaux  que  nous  appelions  coJviiiaMj;.  » 
(Pas(i.  Recli.  p.  CSi.) 

^  Corrivul,  en  termes  de  ooulume,  est  celui  qui 
jouit  d'un  ruisseau  en  commun  avec  son  voisin, 
(jui  conduit  l'eau  dans  ses  terres  par  un  même 
canal  que  son  voisin. 

Cori'oboraiion,  subst.  féni.  Nouvelle  preuve, 
confirmation.  (Gloss.  des  Arr.  d'Amour.) 

Corrodes,  si(bs^  jnasc.  Espèce  d'oblats. 

Corroi.  [Intercalez  Corroi,  pour  conroi,  dans 
Agolant  (v.  70 'i)  : 

L'autre  con-oi  sunt  à  cent  mil  nombre.]  (.N.  E.) 

Corroie.  [Intercnlez  Corroie,  corvée  (comparez 
coroH'ée  au  Rec.  de  Tailliar,  p.  83,  xnr  siècle)  : 
»  Lidiz  messires  Gauchiers  a  acensi  ans  gens  de 
«  ladite  communauté  une  coustume,  c'en  dit  les 
«  corroies,  chascune  corroie  par  douze  deniers  de 
«  cens.  "  (J.f.  59,  p.  190,  an.  1298.)]  (n.  e.) 

Corronipable,  adjectif.  Qui  peut  corrompre. 
Au  llgiiré,  capable  de  séduire.  De  là  don  corriDH- 
pahie,  emplové  en  ce  sens  dans  les  Ordonn.  des  d. 
de  Bret.  fol.  19 i  Ci). 

VARIANTES  : 
CORROMP.\DLE.  Gloss.  de  Marot.  -  Oad.  Dict. 
CORRUMPABLE.  Chron.  s.  Den.  t.  II,  fol.  .55. 
CoRRHMP.iuLES.  S.  Bcm.  Scrm.  fr.  MSS.  p.  89,  répond  au 
latin  corriiplibiles. 

Corrompeniant,  subst.  masc.  Corruption  (3). 
vAF.iA.NTEs  : 

CORROMPEiI.\NT.  Dict.  de  Nicot. 
GoRROMPEMENT.  Oudin,  Dict. 

Corrompeur,  subst.  masc.  Corrupteur.  iDicl. 
de  Rob.  Est.  etd'Oudin.) 

Corrompeuse,  subst.  fém.  Corruptrice.  (Dict. 
d,'Oudin  et  de  Cotgrave.) 

VARIANTES  : 
CORROMPEUSE,  Corromperesse.  Oudin,  Dict. 

Corrompre,  îi«"?/c.  Changer,  déroger*.  Trans- 
gresser °.  Empêcher  ,  s'opposer  ^.  Vaincre  , 
surmonter  °. 

*  Ce  mot  subsiste  sous  cette  orthographe.  Sa 
signification  propre  est  ctianger  la  nature  d'une 
chose.  De  là  corrompre  une  ordonnance  s'est  dit, 
au  figuré,  pour  la  changer,  y  déroger.  «  Nostre 
«  ent'encion  n'est  pas  que  par  cesle  ordenance, 
«  l'ordennance  que  nous  avonsdaiTerement(derniè- 
"  rement)  faicle  sur  les  dons  que  nous  pourrions 
»  faire  ou. temps  avenir,  soit  en  riens  corrompue.  » 
(Ord.  t.  m,  p.  177.) 


°  Déroger  à  une  ordonnance  ,  c'est  la  trans- 
gresser en  quelque  sorte.  Delà  corrompre  a  signifié 
transgresser  en  général.  «  Corrompirent  \e  premier 
c<  commandement  de  la  loy.  »  (Modus  et  Racio,  ms. 
folio  238.) 

'^Corrompre,  dans  le  sens  d'empêcher,  s'opposer, 
paroit  êlre  le  même  que  rompre,  employé  figuré- 
ment.  F^a  première  syllabe  seroit  augmentalive. 
«  Affin qu'il  ,'f)rrom/j/s/ le con.seil  que Architopeldon- 
«  neioit  à  Absalon,  etc.  »  (Tri. des  IX  Preux,  p.  64.) 

°  En  étendant  cette  dernière  signification,  ce  mot 
s'est  dit  pour  vaincre,  surmonter.  Il  paroit  que  c'est 
le  sens  de  ce  mot  dans  ce  passage  :  «  Arrivant  à  la 
"  Novalaise,  on  luy  fit  entendre  que  la  tourmente 
"  estoit  sur  la  montagne.  Ce  nonobstant  on  ne  luy 
«  aceut  dissuader  de  passer  ce  jour  là  ,  pensant 
«  corrompre  le  temps,  contre  l'opinion  de  ceux  qui 
«  cognoissent  les  tourmentes  (lempestcs,  orages), 
a  de  la  montagne,  comme  font  les  mariniers  celles 
«  de  la  mer.  »  (Mém.  Du  Bellay,  livre  IX,  l'olio29t>.) 

VARIANTES   : 
CORROMPRE.  Orth.  subsistante. 
Corrumpre.  Gace  de  la  Bigne,  des  Déduits,  MS.  f"  87  R». 

Corromption,  subst.  fém.  Corruption. 

VARIANTES  : 
CORROMPTION.  Borel  et  Corneille,  Dict. 
CoRRic.iûN.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7615,  t.  I,  f«  73,  V»  col.  1. 

Corrompu  ,  adj.  et  partie.  Expérimenté  *. 
Défloré  ". 

*  Corrompu,  pris  en  bonne  part,  est  l'augmentatif 
de  rompu.  Nous  disons  encore  rompu  dans  les 
alfaires,  en  ce  sens.  «  Fin,  délié,  rinquant,  rompu 
•  et  corrompu,  autant  pour  son  scavoir  que  pour 
«  sa  pratii|ue.  »  (Brantôme,  Capitaines  français, 
t.  Il,  folio  296.) 

^  On  a  dit  corrompue  pour  déflorée.  «  S'il  adve- 
••  noit  que  aucun  print  par  mariage  veufve,  et  il 
«  fust  trouvé  que  icelle  fust  encore  pucelle,  et  ne 
>■  fust  point  co/TO?H/«/é^  ('),  etc.  »  (Bouteiller,  Som. 
Rur.  p.  720.) 

Corror,  verbe.  Borel  a  lu  mal  corror,  au  lieu 
de  correr,  dans  Villehardouin.  (Voyez  son  Dictionn. 
celui  de  Corneille,  et  le  mot  Coi!I\e:i  ci-dessus.) 

Corrosé,  adj.  Rongé,  du  latin  corrosus.  On  a 
dit  figurémenl  :  Isle  corrosée.  (Epithètes  de  M.  de 
La  Porte.) 

Corrosiveté,S!ràs/.  fém  Corrosion.  (Dictionn. 
de  Cotgrave  (5).) 

Corrot.  [Intercalez  Corrot ,  comme  Corot, 
courroux: 

Oue  trestot  aveglez  estoit 
De  lasseté  et  de  corrot. 

Renard,  v.  22310.]  (N.  E.) 


(1)  D'après  le  supplément  au  Dict.  de  l'Académie,  Montaigne  serait  l'inventeur  de  ce  mot.  (n.  e.) 

(2)  0  Par  nature  estrS  corruDipables.  »  (,La  Rose,  v.  4424.)  On  lit  aussi  dans  E.  Deschamps  (Poés.,  mss.,  fol.  145)  :  «  Le 
corps  nepuet  aumonde  demourer,  Qu'à  certain  temps  ne  le  faille  pourer  ;  Corronipable  est  ;  si  le  faut  retourner,  Corrupcion 
et  cendre  devenir.  »  (n.  e.) 

(3)  «  Icelle  Perrote  doublant  le  deshonneur,  vitupère  et  corrtimpement  de  la  virginité  de  son  corps.  »  (,IJ.  127,  p.  91  bis, 
an.  1385:)  (N.  e.) 

(4)  Voyez  au  reg.  J.I.  183,  p.  127,  an.  1456,  l'expression  corrompre  nature.  Voyez  aussi  la  note  sous  corrompemenl.   (n.  e.) 

(5)  'I  Et  là  ou  corrosivelé  aucune  se  trouvera  en  ma  tractation  non  agréable  à  chascun,  que  icelle  vuellent  plus  imputer  à 
la  nature  du  temps  qu'à  la  perverse  et  oblique  intencion  de  l'aucteur.  »  (G.  Ctiastell.,  Expos,  sur  vérité  mal  prise.  »  (n.   e.) 


co 


292  — 


CO 


Corroiiceusement,  rt(/i>.  Furieusement,  avec 
fureur. 

Ce  sont  as  autres  alïrontez 
Ausi  com  corroKcciiseineiil. 

Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauvel,  fol.  ~3. 

Coi'poz.  [Intercalez  Coiroz-,  corrompu,  du  latin 
corruptUR  :  »  Icellui  suppliant  a  congneu  que  sesdiz 
■<  tesmoings  il  avoit  induis  et  corro::>  et  leur  avoit 
"  promis  de  donner  le  vin,  mais  qu'ilz  déposassent 
X  à  son  enlention.  »  (J.I.  141,  p.  226,  an.  1391.)]  (n.e.) 

Corrude,  subst.  fém.  Asperge  sauvage.  (Dict. 
U'Oudin.) 

Comiyation,  subst.  fém.  L'action  de  se  rider, 
de  froncer  le  sourcil.  "  Si  mouvement  propre  est 
«  indice  certain  decliose  animée,  à  bon  droict  Platon 
«  le  nomme  animal,  recognoissant  en  luy  mouve- 
"  mens  propres  de  corrugutloru  de  indignation.  » 
(Rabelais,  t.  III,  p.  177.) 

Corrugier,  verbe.  Froncer  le  sourcil,  gronder, 
faire  mauvaise  mine,  du  latin  corrugare. 

....  Cil  a  moult  autre  vie 

Qui  jalousie  queurt  sus  (poursuit). 

Qui  désire  ce  que  nulz 

N'ait  o  luy  part  et  le  veult  corrvfiier  (I), 

Plus  a  d'amours  en  luy,  à  droit  jugier. 

Pots.  MSS.  Val.  n-  lôiS,  fol.  Ifil,  R-  col.  2. 

Corruniptible,  adj.  Corruptible. 

....  Toute  chair  est  corrumplihle. 

Gace  de  la  Digne,  Des  Déduits,  .MS.  fol.  88,  V'. 

CoiTuiigier,  yc?'6(3.  Ronger.  En  \aUncorrodere, 
suivant  le  Gloss.  de  Labbe,  p.  496. 

Cori'up ,  adj.  Corrompu  ,  gâté  (2).  On  a  dit,  au 
figuré  : 

Ceuls  qui  conquirent  le  plus 
Sarrazin,  Juif  et  Crestien 
Ils  sont  mis  en  pouldre,  corrups, 
Soufflez  ;  nostre  vie  n'est  rien. 

Eust.  Desch.  Poés.  MSS.  fol.  144. 

On  disoit  corrupte  au  féminin.  Corupte  avarice. 
(Histoire  de  la  Toison  d'or,  vol.  II,  f°  63.)  Corrnps  et 
corriipz,  au  pluriel,  se  disoient  des  édifices  ruinés, 
dégradés.  (Voy  Poës.  mss.  d'Eust.  Descb.  folio  324. n 

GoiTuptele,  subst.  fém.  Corruption  *.  Abus  ^. 

*  Le  premier  sens  est  celui  que  donnent  Monet, 
Oudin,  Cotgrave. 

^  Ce  mot  est  pris  au  second  sens,  dans  le  passage 
suivant  :  «  Lesquelles  coustumes  et  privilèges,  si 
"  aucuns  en  avoient,  avons  aboly  et  abolissons 
«  comme  corruptele.  »  (Coût,  de  Haynaut,  Nouveau 
Coût.  Gén.  t.  II,  p.  60.) 

VARIA.NTES  : 
CORRUPTELE.  Nouv.  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  60. 
CORRUPTELLE.  Oudin,  Dict. 

Corrupter.  [Intercalez  Corrupter,  violer,  au 
reg.  JJ.  105,  p.  581,  an.  1374.]  (n.  e.) 


Corruptible,  adj.  qui  corrompt.  Ce  mot  ne  se 
dit  aujourd'hui  que  dans  une  signilication  passive  : 
"  Fit  serment  au  roy  de  non  prendre  dons  corrup- 
«  tibles,  iiy  robbes  ny  pensions  d'aucun  seigneur 
«  ou  dame.  •>  (Miraum.  Cours  Souver.  p.  70.  —  Voy. 

CORRUMPAULE  Ci-dCSSUS.) 

Corruption,  subst.  fém.  Fracture,  rupture  *. 
Prévarication  °. 

*  Au  premier  sens  :  «  Une  lampe  de  voirre  qui 
■<  devant  la  tombe  ardoit,  cheil  d'avanture  sur  le 
»  pavement  .sans  nulle  corruption.  »  (Chroniques, 
S.  Denis,  t.  I,  f"  36.) 

^  Dans  la  seconde  acception  ;  «  Ne  faczent  (fassent), 
«  ne  commettent  fraude,  ne  corruption.  »  (Ord.  des 
ducs  de  Biet.  1°  206.)  De  là,  on  disoit  crime  de 
corruption,  et  on  en  donnoit  pour  exemple:  «  Si 
«  comme  quand  aucun  officier  de  justice,  sous 
«  ombre  de  son  office,  par  corruption  ou  autre- 
«  ment,  juge  autre  à  mort  sans  cause,  et  laisse 
«  celuy  qui  a  deservy  (mérité)  mort.  >•  (Bouteillier, 
Som.  Rur.  p.  173.)  (3) 

Corruptueux,  subst.  masc.  Corrupteurs.  "  Cor- 
"  ruptueux  plustot  que  coi'ruteiws.  »  'Essais  de 
Montaigne,  t.  Ill,  p.  599.) 

Corruscation,  subst.  fém.  Eclair. 

Gresles,  esclairs,  bruitz,  inimdations 
Fiers  boufïemens  (vents),  et  coniscations. 

Crétin,  p.  233. 

VARIANTES  : 
CORRUSCA.TION.  Chron.  fr.  MS.  de  Nangis,  an  1334. 
CORUSCATiON.  Crétin,  p.  223  ;  Molinet,  p.  135. 

Corriision,  subst.  fém.  Ce  mot,  expliqué  par 

corruption,  en  marge  du  passage  suivant,  semble 
plutôt  une  altération  de  l'orthographe  corrosion.  On 
lit  :  «  L'original  des  dites  lettres  sain  et  entier  sans 
»  aucune  corrusion.  »  (Ord.  t.  V,  p.  515,  an.  1372.) 

Corrusquer,  verbe.  Briller,  éclater,  du  latin 
coruscare. 

Le  feu  cornisque  en  l'aer,  la  fumée  obumbroye. 

J.  Marot,  p.  142. 

Cors,  subst.  masc.  Corps  *.  Corne  ^.  Coin  •=. 
Cornet,  trompette".  Cours  ^.  Course ''.  Cour  de 
justice  °.  Cuir".  Nous  avons  déjà  donné  quelque 
chose  des  significations  du  mot  Cors  à  l'article 
Corps  qu'on  peut  voir.  Car  on  a  confondu  les  signi- 
fications de  ces  deux  mots  comme  leurs  orthogra- 
plies.  Voyez  ce  que  nous  avons  remarqué  à  ce  sujet. 

*  C'est  par  une  suite  de  cette  confusion  que  l'on 
a  dit  cors  pour  corps,  du  latin  corpus.  (Voyez  Du 
Cange,  au  mot  Corpus.) 

M'ame  et  mon  cors  doins  (je  donne)  à  celi 

Dont  ma  chançons  moet  (procède)  et  commence. 

Roulin  de  Corbie,  Poës.  MSS.  av  1300.  t.  111,  p.  1240. 

^On  a  employé  cors  (4)  comme  dérivé  du  latin 


(1)  Lisez  pliitct  courugier,  corriger  comme  au  reg.  JJ.  71,  p.  387,  an.  1340:  «  Se  clerc  meffait  où  il  soit  enregistré  en  la 
halle  à  telle  amende,  dont  un  homme  lay  seroit  courrugié.  »  (N.  E.) 

(2)  Voyez  Corroz.  (N.  E.) 

(3)  On  lit  encore  dans  une  lettre  de  rémission  du  xiv»  siècle  (Bibl.  de  l'Ec.  des  Ch.,  4=  série,  t.  II,  p.  59)  :  «  Avec  ce  fut 
faitte  la  ditte  délivrance  par  le  dit  Jehan  pour  coi-mplion  de  deniers  qu'il  en  ot.  »  (n.  e.) 

(4)  On  lit  dans  E  Deschampis  (ms.,  fol.  16)  :  «  Trente  deux  ans  ara  le  cerf  volant  Des  grans  forests  de  Gaule  et  de 
Bourbon,  Au  chief  léger  et  au  corps  remuant  ;  .\  huit  cors  jà  fera  craindre  son  nom.  Et  à  vint  cors  sera  de  tel  renom ,  Qu'il 
destruira,  ce  dit  la  lettre  escripte,  L'isle  aux  geans  et  l'asne,  veuille  ou  non  ;  Tele  est  de  lui  la  prophecie  dite.  »  (n.  e.) 


co 


—  293  - 


CO 


cornu,  et  on  lui  a  fait  signifier  corne.  Baïf,  en  par- 
lant de  Jupiter  changé  en  taureau,  dit  : 

De  son  front  les  deux  cors  étinceloyent. 

Œuv.  ileBaif,  fol.  252  R». 

"^  C'est  encore  comme  dérivé  de  cornu  qu'il  a 
signifié  coin,  comme  nous  l'avons  déjà  dit  an  mot 
Corps. 

....  Mesire  Mahius  de  Trie 

De  soufler  onkes  ne  détrie  (jamais  ne  cesse) 

Il  puet  en  sans  aviron 

Cerkier  en  tour  et  environ 

Et  entr.'S  tous  les  quatre  cors, 

Jà  ne  sera  moilliés  ses  cors. 

F'ois.  MSS.  avant  1300.  l.  IV,  p.  133fi. 

°  Cors,  pour  cornet,  trompette,  est  une  acception 
qui  suit  de  la  même  étymologie,  cornu,  corn,  cor, 
cors.  On  disoit  doue  cors  sarrasinois,  pour  cornet 
ou  trompette  à  l'usage  des  Sarrasins,  instrument  de 
guerre.  «  Les  menestriers  se  misrent  tous  devans 
«  sonuans  trompes,  clairons,  et  cors  sarrasinois  (1), 
»  cimballes,  et  labours.  «  (Perceforest,  volume  1, 
folio  105.) 

Plourez  harpes  et  cors  sarasinois 
La  mort  Machaut  le  noble  rethorique. 

Eust.  Desch.  Pofs.  MSS.  fol.  28,  col.  :). 

(Voyez  Du  Gange,  au  mot  Calamella.) 
^  Cors  s'est  écrit  pour  cours  !2).  La  prononciation 
varioit  selon  ((ue  Vo  étoit  prononcé  d'un  son  plus 
,  ou  moins  obscur,  et  les  copistes  varioient  selon  la 
prononciation.  Ainsi  l'on  écrivoit  cors  comme  l'on 
prononçoit  cors  pour  cours.  Le  peuple  de  Paris  dit 
norice  pour  nourrice.  On  trouve  dans  les  '> -donn. 
t.  I,  p.  772  et  suivantes  :  «  Les  monnoyes  à  qui  nous 
«  donnons  cors.  » 

''Cors  se  disoit  de  même,  au  lieu  de  cours,  du 
latin  cursus,  course.  Tout  le  cors,  pour  a  toute 
course,  tout  courant.  On  a  dit,  en  parlant  de 
l'arrière-gardede  l'armée  de  Charlemagne  accablée 
par  la  multitude  des  Sarrasins  : 

Ha  1  Diex  qu'or  ne  s'  pooit  oïr 
Li  rois  !  pour  aus  à  resgoïr 
Y  fat  revenus  tout  le  cors 
Si  leur  euist  fait  gent  secors. 

Ph.  Mouskcs.  MS.  p.  18Î. 

°  Pris  dans  le  sens  de  cour  de  justice,  ce  mot  vient 
du  latin  curia. 

Quant  ele  ot  fait  çou  que  le  quist  (demandoit) 

Et  ot  oï  que  li  cors  dit, 

Congié  demande  et  prent  del  roi. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  TJ89,  fol.  i:9,  V'  col.  1. 

"  Cors  s'est  aussi  formé  de  coriuin,  mot  latin  qui 
signifie  cuir  ;  et  on  a  dit  cors  pour  cuir.  •>  Un  psau- 
u  tier  dont  les  aiz  sont  à  yinagez,  couvert  de  cors, 
«  et  garni  d'argent.  »  (Invent,  des  liv.  de  Charl.  V, 
MS.  article  894.) 


On  disoit  cors  d'acier,  et  en  ce  sens  cors  renlroit 
dans  sa  première  signification,  celle  du  latin  corpus. 
Nous  parlons  des  cors  d'acier  dans  l'article  Corps. 

Nous  ne  pouvons  démêler  la  signification  de  ce 
mot  dans  le  passage  suivant: 

Leaus  refuis  (loyal  refuge),  sequre  cors. 
Noble  recet  (retraite"»,  gentil  secors. 

FabL  MSS.  du  R.  n"  7âl8,  fol.  142.  R-  col.  I. 

VARIANTES  : 
CORS. 
KORS.  Carpentier,  Hist.  de  Cainbray,  p.  18,  tit.  de  1133. 

Corsablement,  adv.  Couramment,  ordinaire- 
ment. (Glossaire  sur  les  Coût,  de  Beauvoisis  ;  voyez 
Ass.  de  Jérus.  p.  164.)  (3) 

Corsage,  subst.  masc.  La  taille  *.  Servitude  ^  \4). 

*  Ménage  dit  sur  ce  mot  pris  dans  le  premier 
sens  :  »  Ce  mot  est  vieux,  mais  il  est  beau,  et  je  ne 
«  scay  pourquoy  on  ne  s'en  sert  plus.  Voiture  a  dit 
«  dans  un  de  ses  rondeaux,  rien  n'est  si  droit  que 
«  son  corsage  (5),  mais  ses  rondeaux  sont  écrits  en 
>•  vieux  slile.  »  (Ménage,  sur  Malh.  p.  423.) 

"Corsage  .s'est  aussi  employé  pour  servitude,  du 
mot  Corps  ci-dessus,  personne  servile.  «  Ne  sur 
«  iceulx  exiger  aucun  droit,  ou  devoir,  à  cause  de 
«  la  personne,  et  du  corsaige  d'iceulx  manans  et 
«  habltans.  ■■  (La  Tliaum.  Gout.de  Berry,  p.  313.) 

De  là,  on  a  dit  gens  de  corps  ou  do  corsage,  pour 
gens  de  servile  condition  et  de  main-morte.  »  Sont 
«  les  hommes  ou  femmes  de  servile  condition  et 
»  main-morlables  envers  leur  seigneur,  qu'en 
«  aucuns  lieux  l'on  appelle  gens  de  corsage.  » 
(Coût,  de  Berry,  citée  par  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 

V.\R1ANTES  : 
CORS.^GE.  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr. 
CoRS.\iGE.  Farce  de  Path.  p.  12. 

Corsaire,  subst.  musc.  Cheval  *.  Pirate  °.  Ce 
mot,  dans  les  deux  significations,  vient  de  course 
que  l'on  écrivoit  aussi  corse. 

*«  Coursier  ou  corsaire  est  un  cheval  de  lance 
«  sur  lequel  on  court  la  lance.  »  (J.  Charlier,  Hist. 
de  Charles  VII,  page  256.)  A  la  marge,  on  lit  ;  «  Au 
«  baron  appartient  l'espave  du  faucon,  et  du  des- 
.<  trier;  et  est  entendu  destrier  un  grand  cheval  de 
«  guerre  apjiellé  coursier,  ou  cheval  de  service.  » 
(Goût,  du  Maine  au  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  123.)  Au  lieu 
de  clieval  de  service,  ou  Ml  cheval  de  lance,  dans  la 
même  disposition.  (Coût.  d'Anjou,  ibid.  page  65.) 
Coursier  s'est  dit  aussi  pour  cheval  de  chasse. 
(Percef.  vol.  II,  fol.  9.  —  Du  Gange,  Gloss.  lat.  aux 
mots  Corsarius,  Cursor  et  Equi  curatoricii.) 

On  nommoit  quelquefois  coursier  du  royaume, 
un  cheval  napolitain.  (Rab.  1. 1,  p.  204. j  En  Italie  le 


(1)  «  La  noise  que  il  menoient  de  lour  nacaires  et  de  lour  cors  sarrazinois,  estoit  espouentable  à  escouter.  »  (Joinville, 
S148.)(N.  E.) 

(2)  Voyez  Raynouard,  t.  11,  p.  489,  col.  2.  (n.  e.) 

(3)  «  Car  il  est  bien  seure  chose  convenablement  ou  corsablement  et  plusiors  fois  est  avenu.  »  (Ch.  CCX.KXVL)  Un  peu 
plus  bas  on  lit  coursablement.  (n.  e.) 

\i)  Dans  les  Rois  (59)  il  est  synonyme  de  corps  :  «  Respundi  nostre  sire  :  N'esguarder  pas  à  sa  cliiére  ne  à  sun  corsu^,;.  >i 
Il  en  est  de  même  dans  la  Consolation  de  Boèce  (Du  Cange,  I,  406,  col.  3)  :  «  Arpes  sont  oysiaus  de  corsage,  Et  sont  pucelles 
de  visage.  »  (n.  e.) 

(5)  «  Le  quens  de  Flandres  lereconit  premier  Au  grant  corsage  et  au  vis  qu'il  ont  cler.  »  (.Vubri,  p.  160,  col.  2.)  Yoye?. 
Cor  sus.  (N.  E.) 


co 


294  — 


CO 


roiiaume  regno  désigne  le  royaume  de  Xaples.  'Le 
Huchat,  sur  Rab.  au  lieu  cité.) 

^>ous  disons  encore  corsaire  pour  pirate  (1).  Il 
semble  que  co  mol  soit  employé  comme  adjectif 
par  .1.  Maiol,  dans  ce  vers  : 

Escumeurs  coursairrs. 

i.  Macol,  page  59. 

Ou  disoit  proverbialement  :  «  De  corsaire  à  ror- 
«  saire  il  n'y  a  rien  à  aagner  que  les  barils  des 
«  forçats. -"(le  proverbe  se  trouve  dans  Hrantome 
(Cap.fr.  t.  Il,  p.  '>r>)("2),  où  il  iiarle  de  Barberoussect 
d'André  Doria,  qui  se  ménageoientqnebiuel'ois  Tun 
l'autre,  et  sert  i^i  exprimer  le  motif  de  ces  ménage- 
ments réciproques.  C'est  le  même  proverlte  répété 
dans  le  Dict.  de  Cotgrave,  avec  quelque  différence 
dans  les  termes  :  »  De  corsaire  à  corsaire  n'y  prend 
"  ou  que  barriques  rompues.  » 

VARI.VNTF.S  : 
CORSAIRE.  Orth.  subsistante. 
CoURS-\iRE.  3.  .Marot,  p.  .59. 

CouRCiER.  Gace  de  la  13igne.  des  Déd.  MS.  fol.  I.ï4. 
douR^iER.  Orth.  subsistante. 

Corsai,  subst.  masc.  Corsaire.  «  Prégian  corsai 
•■  de  mer  esl  cnmi)arut  avec  plusieurs  galées  en 
■■  allant  devers  .lennes  (Gènes.)  »  (Leit.  de  Louis 
XII,  t.  III,  p.  285.) 

Corset,  subst.  masc.  Sorte  d'habillement.  Ce 
mol  subsiste  encore  pour  signifier  un  petit  corps 
de  toile  piquée  sans  baleine  a  l'usage  des  femmes. 
C'étoit  autrefois  une  espèce  de  déshabillé.  «  Madame 
<'  Monsire  est  venu,  doncques  saillit  sus  (arriva)  la 
«  royne,  si  comme  elle  feust  etîrée,  et  vesli  un 
■•  corset  (3).  "  (Modus  et  Racio,  ms.  fol.  278.  —  Voyez 
OoRf.ELET  ci-dessus.) 

v.\ni.\NTEs  : 

CORSET.  Orth.  subsistante. 

C0RSI.A.US.  plut:  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  t.  II,  fol.  144. 

Corset,  adj.  Petit,  mignon.  Peut-être  le  diminu- 
tif de  cors,  court.  (Voyez  Court  ci-après.) 

Le  mcscine  au  cors  cofset  (jeune  fiQe) 

Qui  .nvoit  le  poil  blondet. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7989,  fol.  18,  P."  col.  -2. 

Corsetiere.  [Intercalez  Corsetiere,  peut-être 
bourse  ou  ceinlure  se  rattachant  au  corset:  «  Comme 
'.  Guillaumes  Noël  marchant  changeur  eust  receu 
«  une  corsetiere  de  toile,  en  laquelle  il  avoit  en 
<■  inonnoie blanche.  »  (.1.1.  OO,  p.  lil,  an.  1308.)]  (n,  e.) 

Corsieres,  snljsl.  féin.  ptur.  Terme  de  fortifi- 
cation. Galeries  couvertes,"  le  long  des  murs  d'une 


place,  pour  aller  d'une  tour  à  l'autre,  à  peu  près 
comme  ce  qu'on  nomme  le  chemin  des  rondes.  (Du 
Gange,  au  mot  Corseria  (4).) 

Corsif.  [Intercalez  Corsif,  de  course,  dans 
Garin  (1,  159)  : 

Et  fut  reines  entre  les  Sarrasins 

Devant  Bordellp,  en  un  challant  corsif.]  (n.  e.) 

Corson.  [Intercalez  Corson,  cours  de  ventre: 
"  A\\  village  de  .Maignelz  le  mal  de  continue  et  de 
"  corson  avoit  esté  et  estoit.  »  (J.l.  191,  p.  128, 
an.  Liôr..)  Au  reg.  .M.  209,  p.  22:5,  an.  1 'i82,  on  lit 
coiirsson.]  (n.  e.) 

Corser,  ailj.  Coulant.  On  a  dit  /«;i  corsor  pour 
nœud  coulant  (5).  De  là,  l'expression  iigiivée prendre 
au  la%  corsor,  pouT-  duper. 

Ne  l'acompaigne  <à  tricheor  (trompeur) 
Qu'il  ne  te  prangne  au  la:  corsor  (Ci). 

Fabl.  .MSS.  de  S.  G.  fol.  3.  R"  col.  3. 

Corssin.  [Intercfflez  Corssin,  Corsiii  banquier, 
et  voyez  G.iorcin.]  (n.  e.) 

Corsu,  adj.  Qui  a  du  corps.  Gros,  gras.  (Dict.  de 
Colgrave.)  On  disoit  «  choses  grosses  corsues  et 
»  matériels.  »  (Brilt.  Loix  d'Angi.  fol.  142.) 

NembroUi  granl  fut  seigneur  prémerain 
Grant  et  rorsii  (^7),  de  toute  fierté  plain. 

Eusl.  Desch.  Poos.  MSS.  fol.  250,  col.  1. 

Cort,  adj.  Court.  Tenir  cort  est  peut-être  em- 
ployé dans  le  sens  où  nous  disons  tenir  court,  atta- 
cher, asservir,  dans  ce  vers  : 

Xe  dont  si  cor  me  puist  tenir. 

Monios,  Poi-s.  MSS.  av.  1300.  t.  III,  p.  1050. 

-^  Cort  (se),  3°  pers.  de  l'ind.  prés.  S'accourcit. 
C'est  le  sens  propre.  De  là,  pour  se  prive,  se  retran- 
che. Se  priver  de  quelque  chose,  c'est  pour  ainsi 
dire  accourcir,  resserrer  ses  désirs. 

Certain,  suhst.  masc.  Il  semble  que  ce  mot  ait 

été  le  nom  de  l'épée  d'Ogiers-le-Danois  et  de  plu- 
sieurs autres  chevaliers  ou  héros.  Ph.  Mouskes,  en 
parlant  de  la  bataille  de  Roncevaux.  dit  : 

Si  n'orcnt  lance,  ne  espée. 
Qui  ne  fust  froisiùe  u  copée 
Fors  que  Durendal,  et  Corlaiii 
Dont  Ogiers  se  combat  à  plain  ; 
Sor  batailles  brise  et  destire. 

Ph.  Mouskes.  MS.  p.  193  et  19i. 

Courlain,  l'espée  Ogier. 

Clmsse  et  départie  d'Amours,  p.  242,  col.  2. 

On  appeloit  courtein  et  cnrtein  l'épée  de 
S.  Edouard  que  l'on  pnrtoit  au  sacre  des  rois  d'An- 


(1>  On  lit  déjà  dans  une  lettre  d'aliolilion  de  Louis  XI  (Bibl.  de  l'Ec.  des  Chartes,  2»  série,  t.  III,  p.  Ci):  «  Certaines 
gallées  cotirsnires  du  roy  d'.\rragon  noslre  ennemy  et  adversaire  estoient  presque  toujours  sur  la  mer  illec  environ.  »  (N.  E.) 

(2)  «  Mesmes  se  soubçonna  on  qu'il  avoit  quelque  sourde  intelligence  avec  Barberousse  ,  comme  corsaire  à 
corsaire.  »  (n.  e.) 

(3)  C'est  une  cotte,  une  robe  de  dessous.  (Voyez  Quicherat,  Costume,  fig.  de  la  p.  335.)  Cet  habit  était  aussi  à  l'usage  des 
hommes  et  moins  ample  que  la  cotte  :  «  Et  lor  m'envoia  querre  li  roys  pour  mangier  avec  li  ;  et  je  y  alai  à  tout  le  corcel 
que  l'on  m'avoit  fait  en  la  prison  des  rongneures  de  mon  couverteoure.  »  (.loinv.,  §  409.)  (N.  E.") 

(4)  «  .luxta  rualam  vocatam /es  cori-icres  de  la  ville  (p.  de  1404>.»  On  appelait  coiirsicre,  dans  la  marine  à  rames,  un  passage 
de  la  proue  à  la  poupe,  entre  les  bancs  des  galériens.  Aujourd'hui,  c'est  un  couloir  entre  les  soutes  ou  la  machine  et  la 
muraille  du  navire.  (>:.  E.) 

(5)  «  Des  cordes  fil  un  la:  corsor  ;  A  son  col  le  mist  tôt  entor.  »  (Chr.  des  ducs  de  Norm.,  v.  21505.)  (N.  E.) 
(())  «  .Amors.  Pris  m'avois  à  lais  corsour.  »  (Jocelin  de  Bruges.  Wackern,  p.  79.  (n.  e.) 

(7)  «  Ung  grant  vilain  entr'eus  eslurent.  Le  plus  ossu  de  quant  qu'ils  furent.  Le  plus  corsu  et  le  greignor  :  Si  le  fireïit 
prince  et  seignor.  »  (.lean  de  Meung,  la  Rose.)  Voyez  aussi  Partonopex,  v.  7627,  v.  7763.  (N.  E.) 


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gleterre(l).  (Du  Gange,  au  mol  Curtana.)  On  lit'Jbid.) 
cortu  el  courthi  dans  des  vers  qui  y  sont  cités  (2). 

VARIANTES  : 
CORTAIN.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  194. 
CouRTAiN.  Chasse  et  Dép.  d'am.  p.  '242,  col.  2. 
CouRTiN.  Du  Cange,  au  mol  Curlana. 
CURTEIN,  Cl'Rteen,  Corto.  Id.  Ibid. 

Corte-Iaingue.  [Intercalez  Corte  -  lalngue . 
Languedoc,  dans  Joinville,  §  578:  «  Il  vint  à 
<•  mousignoui'  Olivier  de  Tarmes  el  à  ces  autres 
■>  chieveteins  de  la  corte  laingue.  "]  (n.  e.) 

Cortietis,  adjectif.  Courtois.  Mes  cortieits  étoit 
une  expression  de  tendresse  ou  d'amitié.  Un  de  nos 
anciens  poêles,  parlant  à  la  mort  qui  lui  avoit 
enlevé  un  de  ses  amis,  dit  : 

Mors  toUi  m'as,  et  m'enble,  et  me  veche. 
Et  mes  roi-ticus,  tes  les  mes  as  ravis 

J.  Erars,  Poos.  MSS.  av.  1300,  t.  HI,  [i.  1093. 

Cortil,  subst.  ma&c.  Jardin.  Le  P.  Labbe  traduit 
courtil  par  ortvs,  p.  517;  il  est  évident  qu'il  faut 
lire  IturlHS,  jardin.  Celle  faute  est  répétée  dans  la 
Règle  de  S.  Ben.  lat.  fr.  où  l'on  trouve  courtier  qui 
répond  au  mot  latin  ortus. 

En  son  coflil  avoit  des  chox  (choux) 
Et  en  son  bergil  (bergerie)  des  brebis. 

Fabl.  iflSS.  do  S.  G.  fol.  51,  F.'  col.  3. 

On  lit  dans  la  description  de  Jérusalem  : 

D'autre  part  si  est  11  cortius  (3). 

Ph.  i\Iousk(>s,  MS.  p.  27S. 

De  l'un  d'iceul.x  au  bout  d'un  jardinaige, 
Par  les  courtie\(x  fu  .\iilioche  prise. 

Eusl.  Dcsch.  PuL-s.  MSS.  fo!.  U5.  col   ;. 

Il  y  a  nn  vieux  axiome  de  droit  qui  dit  que 
«  cil  est  assez  présent  qui  esi  es  courtils.  Coût. 
Som.  rur.  p.  790.)  Un  cas  où  il  a  lieu,  c'est  lorsque 
des  règ'lemens  passés  de  l'avis  des  deux  tiers  d'une 
ville  assemblée  sont  contestés  par  l'auti'e  tiers,  et 
qu'il  refuse  de  s'y  soumettre,  soas  prétexte  d'igno- 
rance ou  parce  qu'il  n'y  a  pas  consenti.  Cette 
excuse  n'est  point  admise  (4). 

vAniANTEs  : 
C01\TIL.  F.ibl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  51,  R"  col.  3. 
Courtil.  Rabelais,  t.  III,  p.  93. 
CuuTiL.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  84,  col.  3. 
C.ORTis.  CeUh.  de  L.  Tripp. 

CouRTiLZ.  Hist.  de  B.  du  Guescl.  par  Mén.  p.  412. 
CORTIEX.  Poës.  MSS.  Vatican,  n"  1522,  fol.  158. 
CouRTiEX.  Du  Gange,  au  mot  Ciirlicii!ai-ius. 
CouRTiEUx.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  f»  145,  col.  2. 
CoupTiEus.  Pocs.  MSS.  Vatican,  n»  1490,  fol.  150,  V». 


CoRTius.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  278. 
CuRTis.  Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  480. 

Cortillage,  nubst.  masc.  Jardin*.  Fruits  d'un 
jardin^. 

*La  première  acception  est  la  plus  ordinaire. 
«  Item  que  nuls  nefacent  en  aoust,  neaulretemps. 
«  autruy  dommage  eu  ses  abaus  (labourages),  en 
«  ses  courtilliiges,  etc.  ■>  (Coût,  de  Mous,  Coût. 
Gén.  t.  I,  p.  831.)  »  Les  autres  dient  qu'il  s'entend 
.c  de  riiostel  avec  le  pourpris  qui  est  le  courlilluge, 
«  el  bnstimeut  servant  audit  bostel.  >•  (Pi'oc.  verb. 
de  la  Coût,  de  Bourbonnois,  Nouv.  Coût.  Gén.  t.  IIF, 
page  1313.1 

Si  n'yray  plus  seulette  au  ioiirtiïlarje: 
Par  les  cottrlieux  fu  Antioche  prise. 

Pocs.  WbS.  d'Eusl.  Desch.  fol.  145,  col.  2. 

^  Coiirti linge  (T})  est  mis  pour  les  fruits  mêmes  du 
jardin,  comme  légumes,  dans  le  passage  suivant  : 

Foin,  avoine,  sel,  courlUInge; 
Porrée,  lart,  oingnons,  porreaulx. 
Chambres,  tapis,  carreaulx  d'ouvraige. 

Eust.  Desch.  Poôs.  MSS.  fol.  412,  col.  3. 

Ciirtiltaiges  semble  pris  pour  légumes  dans  ce 
passage  :  «  Cils  qui  fera  doinaige  de  la  closon  de  la 
«  vile,  et  de  la  cloison  descurtiz  et  des  curtillcdges, 
«  et  des  fruilz  eldes  ai'brcs,  se  il  le  l'ait  à  esciant, 
«  il  doit  amender  le  domaigc  à  sa  loi,  ([ui  monte 
«  trois  sols  s'd  est  jors,  se  il  est  nuiz  soixante  cinq 
«  sols.  .  (Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  413,  titre  de 
1229.)  On  lit  an  même  titre,  sous  Jurain.  Histoire 
du  C"  d'Ausso!ine,  p.  2i,  courtilaiges  (6). 

VARIA.NTES    : 
CORTILLAGE.  Ord.  t.  II,  p.  308. 
CouRTiLLAGE.  G.  Guiart,  MS.  fol.  256,  V". 
CouRTiLAOE.  Du  Cange,  au  mot  Cortilmjium. 
CoURTiL.\iGE.  Du  Cange,  au  mot  Credenlia. 
CURTILAIGE.  Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  412. 

Cortiiie,  subst.    fém.  Courtine*.  Oracle^  (7). 

*Dans  le  |)remier  sens,  c'est  un  terme  defortili- 
calion,  la  partiedu  rempart  qui  s'étend  d'un  bastion 
à  un  autre.  (Xicot,  Dicl.)  Ce  mot  est  fort  ancien  (8). 
Les  Giecs  disoient  eu  ce  sens  KoQxiua;  ils  l'avoient 
emprunté  des  Latins.  On  le  trouve  dans  l'Alexiade 
d'Anne  Comnène,  liv.  XL  (Voyez  le  Glossaire  du 
P.  Poussines  sur  ï'Alexiade.) 

^  Cortine,  pour  oracle,  est  le  mot  latin  cortlna 
emplové  dans  ce  sens  par  '^'irgiie  et  Horace.  Virgile 
dit  au'  VI'  livre  de  l'Enéide,  v.  347,  nec  te  Phœbi 
cortina  fefeliit.  Servius  et  les  autres  commentateurs 


(1)  Gladium  qui  vocatur  ckrtens  portavit  cornes  Lancastriœ.  »  (Rymer,  III,  p.  63.  an.  1308.)  (n.  e.) 

(2)  Voici  ces  vers,  extraits  du  Triomphe  de  Henri  IV  (éd.  Henschel,  II,  722,  col.  1)  :  «  Ces  lames  de  Damas ,  ces  coutelas 
chantez.  Ce  branc  que  nos  guerriers  portoient  à  Ipurs  cosîez.  Sous  des  titres  pompeux  bruient  dedans  l'histoire;  Mais 
.Toyeuse,  Corto,  Flamberge,  Dordonnois,  Rompié,  Durandal  et  Courlii)  le  Danois,  Cèdent  à  son  taillant  et  bien  plus  à  sa 
gloire.  );  (N.  E.) 

(3)  Au  Livre  des  Métiern  (247)  on  a  coitrtiuz  :  «  Nus  chapeliers  de  fleurs  ne  doit  ne  ne  puet  cueillir  ne  fere  cueillir  au  jour 
de  diemenche  en  ses  courtiuz  nules  herbes,  nules  fleurs  à  chapiaus  fere.  »  (N.  E.) 

(4)  On  lit  encore  dans  Basselin  (Vau  de  Vire,  17)  :  c  Toutes  fois  moy  el  mon  jardin.  Nous  dilTerons  en  une  chose  :  Je  me 
vueil  abreuvi-r  de  vin,  Et  d'eau  nostre  courlU  s'arroze.  »  (N.  E.) 

(5)  «  Courtilloge,  c'est  à  savoir  toute  manière  de  porées  ,  pois  noviauz  ,  fèves  novelles  en  cosse  vert.  »  (Livre  des 
Métiers,  276.)  (N.  E.) 

(6)  Il  signifie  jardin,  comme  dans  G.  Guiart  (an.  129S)  :  «  Et  s'espendirent  fols  et  sages  çà  et  là  par  les  courliUages.  »  Ce 
sont  les  terres  où  les  chevaux  ne  peuvent  labourer  «  terres  à  guesdes  et  corliUages.  »  (Ord.,  II,  368,  an.  1350.)  (N.  E.) 

(7)  Cortine,  comme  corliiia,  dans  Isidore  de  Séville,  Signifie  tapisserie  :  «  .\menoient  une  cliarete  Qui  enclose  ert  d'un(> 
corline.  »  (Ren.,  v.  9977.)  «  Trai  en  sus  ung  poi  la  cortine.  Qui  les  reliques  encortine.  »  (La  Rose,  v.  21805.)  (.N.  E.) 

(8)  Il  n'a  eu  ce  sens  qu'au  xvi"  siècle  :  «  La  seconde  chose  que  l'expérience  fait  approuver  à  beaucoup  de  gens,  c'est  d^ 
destac'her  les  bastions  des  courtines,  mesmes  de  les  porter  outre  le  fossé.  »  (Lanoue,  337.)  (n.  e.) 


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entendent  par  ce  mot  cortinn  le  trépied  sur  lequel 
on  rendoil  les  oracles;  d'où  le  mot  cortina  a  été 
employé  pour  l'oracle  même.  C'est  en  ce  sens 
qu'on  a  dit  : 

C'est  lui  qui  de  fureur  m'échautTe  la  poitrine 
Qui  est  mon  seul  laurier,  mon  oracle  et  cnrlinc. 

Poes».  (t'Ariiad.  .laiiiin,  fol.  13,  R". 

(Voyez  Courtine  ci-après.) 

Cortiner.  [Intercalez  Cortiner,  orner  de  ta- 
pisseries: o  Coustume  est,  quand  l'an  doit  faire  la 
X  teste  de  la  dcdication  d'une  iglise,  que  l'an 
»  cortine  et  l'an  aorne.  »  (Ms.  de  S'  Victor,  xiv 
siècle,  bu  Gange,  111,  803,  col.  1.)]  (n.  e.) 

Cortoie,  subsl.  féin.  Courtoisie.  (Voyez  le 
suivant.) 

....  Autre  chose  a  soz  la  corlnie, 

Si  con  je  cuit  (comme  je  crois) 
N'est  pas  tôt  or  quanque  (tout  ce  qui)  reluit. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  WU,,  t.  I,  fol.  "(1,  R-  col.  1. 

doi'toier.  [Intercalez  Cortoier,  venir  i^i  la  cour, 
courtiser  : 

Puis  t'envoiai  à  Paris  corinier 

A  quatre  cens,  sans  point  de  mensongier. 

Raoul  de  Cambrai,  45. 

Et  li  dites 

Qu'il  vaingne  aprendre  à  cortoier 
Sans  achaison  querre  ne  Ejile. 

'  Renart,  v.  181140.]  fN.  f..) 

Cortoisien.  [Intercalez  Cortoisicn,  terme  in- 
jurieux, d'après  le  reg.  J.J.  '204,  p.  110,  an.  \\'\: 

<■  Le  suppliant  chaussetier,  demeurant  à  Grenoble, 
t  dist  i^i  icellni  Robert;  Tu  m'as  appelle  cortoisien; 
«  pour  laquelle  injure...  »]  (n.  e.) 

Corvage ,  Corvaige.  [Intercalez  ces  deux 
foimes ,  au  sens  de  droit  d'exiger  une  corvée: 
<■  ttem  leseiitTensfeu  Aveline,...  etsonlliditenffens 
•  à  corvagc  et  de  mainmorte.  »  (Ghart.  de  Jaucourt, 
an.  1392,  fol.  33,  v°.)  <•  Item  a  le  sire  lu  moitié  de 
<■  com'vages;  et  appelle  l'en  courvages  que  cil  qui 
■  a  beste  traiant  doit  pour  chacune  beste  traiant 
<  .1111.  sols  et  cil  qui  point  n'en  a  ne  doit  que  .ii. 
.   sols.  »  (Du  Gange,  II.  630,  col.  2.)]  (n.  e.) 

Corvals,  siihst.  inasc.  plur.  Espèce  de  troupes. 
C'est  le  nom  que  les  Vénitiens  donnoienl  à  leur 
cavalerie  légère.  Brantôme,  parlant  des  Albanois  qui 
avoient  introduit  l'usage  de  la  cavalerie  légère  et 
leur  manière  de  faire  la  guerre  ,  dit  que  »  les 
«  Vénitiens  appelloieiil  les  leurs  estradiotz  ,  qui 
«  nous  donnèrent  de  la  fatigue  à  Fornoue  :  ils  les 
"  ai)pelloient  aussi  corvals.  »  (Capitaines  français, 
t.  1,  p.  116.) 

Corvayeur,  subst.  niasc.  Qui  doit  la  corvée,  qui 
est  sujet  aux  corvées.  >■  S'ensuit  les  bianneurs 
»  èi  corvayeum  qui  me  doivent  le  bian  à  plesser, 
'  ;palissader,  faire  des  palisses)  et  bayer  mes  bayes 


«  en  garenne.  »  (Charte  de  1473.  citée  par  Du  Gange, 
Gloss.  lat.  au  mot  l'Icisseicium.) 

Corvéable',  adj.  .Sujet  à  la  corvée  *.  De 
corvée  ^. 

*  On  trouve,  au  premiei'  sens  :  ("i&wscorvé.ablesà 
volonté  (i),  dans  Laurière,  Gloss.  du  Droit  françois. 
(Voyez  (ioutumier  Général,  t.  1,  p.  879  ;  et  le  Dict. 
de  Gotgrave.) 

°  Au  second  sens,  on  disoit  redevance  corvéable , 
pour  redevance  de  corvée.  (Contes  de  Cholières, 
folio  263.  ) 

VARIANTES  : 
CORVEABLE.  Dict.  de  Gotgrave. 
COURVEABLE.  Cout.  Géii.  t.  I,  p.  846. 

Corvée,  subst.  fém.  Redevance  corporelle*. 
Travaux  extraordinaires  ^. 

*  Nous  disons  encore  corvée  au  premier  sens. 
Nicot  écrit  courvée  (2),  et  conrouée  se  trouve  dans  la 
Coutume  de  Hesdin.  (Coutumier  Général,  tome  II, 
pasje  886.  ) 

^  Ce  mol  s'est  aussi  appliqué  aux  travaux  pénibles 
et  extraordinaires  faits  par  des  troupes  (dans  les 
Mémoires  de  Bassompierre,  t.  II,  p.  169)  ;  à  une 
marche  forcée  de  soldats  (dans  les  Mémoires  de 
Montluc,  t.  I,  p.  683)  ;  et  même  ù  une  course  préci- 
pitée qu'avoit  faite  le  roi  de  Navarre  (dans  les 
Mémoires  de  Sully,  t.  II,  p.  261.) 

VARIANTES  : 
CORVÉE.  Ortli.  subsistante. 
CounvÊE.  Borel,  2"  add.  ;  Nicot,  Oudin,  Dict. 
Cour.ouÉE.  Cout.  Gén.  t.  II,  p.  886. 

Corvesier,  subst.  viasc.  Savetier.  (Voyez  Du 
Gange,  Gloss.  lat.  au  mot  Corvesarii.) 

VARIANTES  : 
CORVESIER.  Du  Gange,  Gloss.  lat.  au  mot  Corveaarii. 

COURVAISIER,  GORVOISIER  (3),  COURVOLSIER. 

Corvoiserie.  [Intercalez  Corvoiserie,  métier 
ûe  corvesier  :  «  Guillaume  Mauguyn,  povre  varlet 
<•  servant  du  mestier  de  corvoiserie.  »  (,1J.  105, 
p.  361,  an.  1374.)]  (is.  e.) 

Corybantier,  verbe.  Dormir  les  yeux  ouverts. 
(Dict.  de  Borel  et  de  Corneille.)  «  Cas  estrange,  tra- 
«  vailloitrien  ne  faisant  :  rien  ne  faisoit,  travaillant  : 
«  eorybantioit,  dormant  :  dormoit,  corybantiant, 
"  les  oeilz  ouverts  comme  font  les  lièvres  de 
«  Cbampaigne.  »  (Rabelais,  t.  IV,  p.  138.)  C'étoit  la 
signilication  du  mol  grec  xoçvHàt>zt(iv.  (  Pline  , 
liv.  XI,  cap.  37.) 

Coryledon  (Peut-être  Cotylédon),  subst.  niasc. 
Espèce'de  plante.  La  même  qn'acetabule,  nombril 
de  Vénus.  (Dict.  de  Cotgr.) 

Cos,  subst.  masc.plur.  Cols  (4).  (Dictionnaire  de 
Borel,  l''«'  add.) 


(1)  «  Les  tenanciers  sont  corvéables  à  miséricorde,  mais  les  cours  supcrieures  ont  accoustumé  de  les  réduire  à  douze 
par  années,  i  (Loysel,  Inst..coust.,  liv.  VI,  tit.  6.)  (k.  e.) 

(2)  Voyez  Coroée,  oii  nous  relevons  la  forme  coroivée  ;  Du  Gange,  dans  une  charte  de  1406,  remarque  croivée.   »   (II,  630, 
col.  2.)  (N.  E.) 

(3)  «  Les  corvoisiers  [sueurs  de  vieil]  qui  vendent  soulers  ou  marchié  ,  doivent  chascun  obole.   »   (Du  Gange ,   II ,  630 , 
col.  3.)  (N.  E.) 

(4)  Au  \i\"  siècle,  cos  est  le  pluriel  de  coup  :  «  Incepit  reus  se  defendere  et  ictus  defensales  ,  videlicet  cos  feudans  et 
critissiés...  facere.  »  (JJ.  126,  p.  179,  an.  1385.)  (N.  E.) 


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Coscosson.  siihst.  rnasc.  Espèce  de  ragoûl. 
Sorte  de  mets  à  l'usage  des  Maures.  Le  Duchat  croit 
que  c'est  le  couscoussoii  des  Provençaux.  (Voyez  sa 
note  (g)  sur  Rab.  t.  1,  p.  '239  el  240.) 

VARIANTES  : 
COSCOSSON,  Rabelais,  t.  I,  p.  239. 

COUSCOUSON. 

CouBCOUssoN.  Le  Duchat,  sur  Rab.  t.  I,  p.  238. 
CoscOTON.  Rabelais,  t.  III,  p.  91. 

Coscoter,  iierbc.  Former  en  grains,  anondir, 
du  mot  CnscoTON  ci-dessus.  «  Ung  beau  chapelet  de 
«  fines  esmeraudes  marcquées  d'ambre  gris  cos- 
..  coté.  »  (Rab.  t.  II,  p.  198.) 

Cose.  [Intercalez  la  locution  «  pour  cose  que  », 
(luoique  :  «  Si  yawe  entra  à  grand  randon  dedens, 
"  ne  pour  cose  que  on  ente'ndesist  à  l'espuisier, 
«  point  nedemoroitqueelle[la  nef]  n'appesandesist 
«  toutdis.  »  (Froissart,  V,  263.)]  (s.  e.) 

Cosel,  siihst.  masc.  Paysan.  Peut-être  le  même 
que  CoTiER  ci-après  : 

Quar  donc  est  li  termes  pleniers, 

Que  porrois  estre  chevaliers, 

Adonc,  à  primes,  à  henor. 

Vos  porrai  eslire  à  seignor  ; 

Quar  ne  lor  seroit  bon  ne  bel 

Que  m'offrisse  à  prendre  un  cosel  (1). 

Parton.  MS.  cité  par  Du  Gange,  Gloss.  lat.  au  mol  Cosce:i. 

Coser.  [Intercalez  Coser,  blâmer,  gronder: 

Sa  femme  l'ot,  moult  fort  le  cose, 
Car  ele  estoit  moult  saine  cose. 

Vie  ras.  de  i.  G.  (Du  Gange,  H,  2ô7.  col.  2.)]  (N.  E.) 

Cosi-Cosi(2).  Mot  italien  que  nous  avons  adopté 
et  que  nous  écrivons  comme  on  le  prononce,  couci- 
cottci. 

....  Escoutez  donc,  beau  père, 

Je  pretens  estre  noble,  et  non  pas  Dieu  mercy, 

De  ceux  qui  seulement  le  sont  cosi-cusi. 

Bertr.  de  Gigaral  com.  de  Th.  Corn.  act.  4,  se.  i. 

Cosiiiage,  subst.  masc.  Cousinage,  parenté  *. 
Excommunication  ^. 

*  Dans  le  premier  sens,  qui  est  le  sens  propre,  ce 
mot  désigne  assemblage  de  cousins,  de  parens, 
parenté.  (Voyez  Brilt.  Loix  d'Angleterre,  chap.  29, 
intitulé  de  cosinage,  f°  220.)  On  trouve  Brefe  de 
cosinage{\b\t\.  fol.  181.)  Driefde  aijle  [txyeuVj  ou  de 
cosinage.  (Tenur  de  Littl.  fol.  f)2.)Medledecosinaije 
et  plée  de  cosinage.  (Britton,  Loix  d'Angleterre, 
folio  181.) 

°  Comme  les  mariages  au  degré  prohibé  étoient 
iecas  le  plus  ordinaire  des  excommunications,  ou  a 
employé  pour  excommunication  le  mo\.âe cosinage; 
le  nom  de  la  cause  a  été  transporté  à  l'effet.  »  Se 
«  purra  le  tenaunt  eyder  (aider)  par  excepcions 
«  encontre  la  personne  de  pleintyfe,  si  comme  par 
«  excepcion  de  cosinage.  Carcosinage  est  autaunt  à 
"  dire  com  home  est  hors  de  comune  pur  lèpre  de 
1  aime  (ame),  si  come  mesel  (lépreux)  pur  lèpre  de 


>>  cors,  et  tauntost  come  ascun  (quelqu'un)  est  de 
"  cosinage,  il  ne  doit  comrauner  (communiquer 
«  avec)  ove  nul  home,  ne  nul  home  ove  luy,  ne 
>.  ceux  ne  sounten  nul  plée  responables  (respon- 
"  sables\  si  come  sera  dit  eu  le  plée  de  droit.  » 
(Britt.  Loix  d'Angiet.  folio  125.) 

1.  Cosme,  subst.  jém.  Chevelure.  Du  latin  coma. 
(Borel  et  Corneille,  Dicl.) 

Et  se  la  teste  est  derrier  desnuée, 

Et  vous  avez  devant  cheveleure, 

La  cosme  doit  derrier  estre  menée  (tirée). 

Eust.  Desch.  Toës.  11SS.  fol.  226,  col.  2. 

2.  Cosme,  subst.  masc  Nom  d'un  saint.  Il  y  avoit 
un  jeu  qu'on  nommait  :  Cosme,  je  viens  t'adorer. 
«  Vouloit  gager  que  c'estoit  un  ramoneur  de  chemi- 
'<  née  du  pays  d'Auvergne,  ou  bien  que  c'étoitquel- 
u  qu'un  qui  avoit  joué  à  S.  Cosme  je  viens 
«  Vadorer  (3).  »  (Bouchet,  Serées,  liv.  III,  p.  124. ^ 

Cossains,  sub&t.  masc.  Noiu  d'homme.  On  disoit 
piaffe  de  Cossains,  façon  de  parler  à  laquelle  donna 
lieu  M.  de  Cossains,  gentilhomme  piémontois.  «Il 
'<  commandoit  de  bonne  façon  car  il  avoit  le  geste 
«  bon,  et  la  parole  de  mesme  ;  aussi  di?oit-on  piaffe 
"  de  Cossains.  11  l'avoit  de  vray,  mais  c'estoit  en 
»  tout  qu'il  estoit  piaffeur  et  en  gestes,  et  en  faits, 
"  et  en  paroles.  »  (Mémoires  de'  Brantôme,  t.  IV, 
page  584.  ) 

Cossats,  subst.  masc.  plur.  Cosses  (4).  Gousses 
qui  enveloppent  les  pois,  les  fèves  et  autres  légumes. 
(Dict.  dOudin  el  de  Cotgrave.) 

Çosse,  subst.  fém.  Balle  (5).  Ce  mot  subsiste  en- 
core pour  la  gousse  qui  seit  d'enveloppe  à  plusieurs 
légumes  ;  mais  il  ne  signifie  plus  la  gousse  ou 
capsule  qui  enveloppe  le  blé  lorsqu'il  est  en  épi. 
C'est  ce  qu'on  appelle  la  balle.  «  Quant  .  .  .  nous 
«  venons  du  labour,  nous  avons  de  la  porée,  des 
»  chous,  et  de  bon  pain  bis  à  tout  (avec)  sa  cosse, 
«  etc.  »  (Modus  et  Racio,  ms.  f-  273.)  Ailleurs  on  lit 
crousse.  Peut-être  de  l'italien  crusca,  son. 

Cosse-de-geneste.  C'étoit  le  nom  d'un  ordre 
de  chevaliers  institué  par  S.  Louis,  en  1234.  lors 
de  son  maiiage  avec  ilarguerite  de  Provence.  La 
devise  de  cet  ordre  éioil  exaltât  luimiles.  «  Le 
«  collier  de  l'ordre  étoit  composé  de  cosses  de 
"  geneste,  enirelassées  de  fleurs  de  lis  d'or  renfer- 
"  mées  dans  des  lozanges  clechés,  au  bout  duquel 
pendoit  une  croix  fleurdelisée.  »  (Dictionnaire  de 
Corneille  ,  copié  mot-à-mot  par  le  Dictionnaire 
Universel.) 

Cosser,  verbe.  Ecosser  *.  Heurter  °.  Irriter  '^. 

*  Le  premier  sens  se  trouve  dans  le  Dict.  fr.  esp. 
d'Oudiii,qui  rend  le  mot  cosser  par  le  mot  espagnol 
Desliollejar. 

^  Le  sens  ordinaire  est  heurter  de  la  tète  comme 


(1)  Lisez  tosel,  jeune  garçon,  et  voyez  Raynouard,  t.  V,  p.  388,  col.  1.  (n.  e.) 

(2)  Cosi  vient  de  ciim  plus  •<;ir.  (N.  E.) 

(3)  (  Heurter  à  la  boutique  de  Saint  Cosme,  c'était  avoir  besoin  du  médecin.  »  (Oudin,  Cur.  françaises,  p,  49i.)  (n.  e.) 

(4)  «:  Cossats  et  pailles  de  fèves.  »  (0.  de  Serres,  101.)  (N.  E.) 

(5)  On  écossait  les  pois  comme  aujourd'hui  on  cueille  le  mûrier,  au  milieu  des  réjouissances  :  «  Lors  a  congié  d'aller  en 
ville,  .^.u  niarchié,  au  corps,  aux  nopces,  Aux  poys,  aux  fèves  et  aux  cosses  ,  Au  moustier,  aux  testes  .  aux  champs.  » 
(E.  Deschamps,  ms.,  fol.  513.)  (n.  e.) 

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les  moulons.  Il  se  trouve  encore  en  ce  sens  dans 
nos  diclionnaires  modernes  (I). 

*=  C'csl  sans  doute  de  là  que  Dorel  tire  la  signifi- 
cation d'irriter,  ((u'il  donne  à  ce  mot,  sans  citer 
d'autoiilé,  et  celle  de  prendre  coup,  qu'il  lui  donne 
aussi  comme  à  copser.  {['"  add.  au  mot  Copser  )  H  ne 
cite  aucune  autorité. 

Cosset,  subst.  masc.  Cosson.  Sorte  d'iusecle. 
dans  le  patois  breton.  (Voyez  Du  Gange,  au  mot 
Cossi.) 

Cosseui",  adj.  Qui  lieurte  de  la  tête.  Formé  de 
GossER  ci-dessus.  De  La  Porte  s'en  est  servi  pour 
épithète  de  bélier. 

Cosson,  subst.  masc.  Petite  cosse.  On  a  dit  un 
cosson  de  febve.  (Merl.  Gocaie,  t.  II,  p.  379.) 

Cossonnerie  (2),  subst.  fcni.  Marché  aux  gibiers 
et  aux  cochons.  (Dict.  d'Oudin  et  de  Gotgr.) 

Cossou,  subst,  masc.  Pâturage.  Au  pays  d'Arles, 
ce  sont  des  portions  de  pâturages  dans  la  Crau,  où 
chacun  peut  faire  paître  ses  brebis  en  hiver  (3). 

vAniAîsTEs  : 
COSSOU.  Du  Gange,  au  mot  CursoHiim. 
Coussou. 

Cossous.  [Intercalez  Cossous ,  maquignons  , 
dans  Du  Gange  (II,  G17,  col.  2):  «  Marcheans 
"  et  vendeurs  de  chevaus ,  soient  cossous  ou 
«  autres.  "]  (n.  e.) 

Cossul,  subst.  masc.  Nom  donné  à  des  magis- 
trats populaires  appelés  aussi  CoissoRs.  (Voyez  .ce 
mot  et  les  autorités  qu'on  y  indique.) 

Cost,  subst.  masc.  Sorte  de  plante.  Autrement 
nommé  baume.  (Fouilloux,  Faucona.  f"  72.) 

Costages.  [Intercalez  Costaycs,  frais,  dépens  : 
«  Et  resquit  entre  les  chanoines  â  ses  costages 
«  demeines.  »  (Du  Gange,  II,  729,  col.  2.)]  (n.  e.) 

1.  Costal,  prépos.  Auprès,  à  côté.  (Dictionnaire 
de  Borel.  —  Voyez  Gostei.  ci-après.) 

2.  Costal,  subst.  masc.  Coteau. 

Un  piii  (mont)  descendent,  et  un  val  ; 
En  la  descensse  (descente)  d'un  costal 
Un  pèlerin  ont  encontre. 

Floire  et  Blancli.  iMS.  de  S.  Germ.  fol.  193,  R-  col.  2. 

Costarez  ,  subst.  masc.  Espèce  de  mesure. 
Sorte  de  vaisseau  ou  mesure  de  liquide.  On  trouve 
ce  mot  dans  une  citation  latine,  au  Gloss.  latin  de 


Du  Gange,  aux  mots  Sauma^Coslore^,  elCosterez  {A]. 
(Voy.  Gosterel,  mesure  de  vin,  ci-après.) 

Costayer,  vei'be.  Gôtoyer  (5),  accoster,  accompa- 
gner, suivre  de  près.  On  a  dit  :  «  Les  chevaux  qui 
«  seront  à  costéer  (6)  le  Roy.  »  (Assis,  de  Jérusalem, 
p.  19-i.)  «  Le  prevost  de  Paris  en  1539,  à  l'entrée  de 
<<  Gharlequint,  estoit  monté  sur  un  cheval  caparas- 
«  sonné  de  noir,  et  cos^oyj  de  quatre  laquais  vestus 
>•  de  veloux  escartellez  de  ses  couleurs.  »  (Mém. 
du  Bellay,  t.  VI,  p.  428.) 

L'ung  cuide  avoir  gaigné  le  pris, 
L'autre  survient  qui  le  coslaye. 
Et  fait  un  sault  dessus  la  haye, 
Par  ainsi  le  galand  est  pris. 

Œuv.  de  Rof .  do  CoUerye,  p.  58. 

Costoyer,  dans  le  passagesuivant,  signifie  propre- 
ment être  assis  à  côté  :  «  Il  n'osoit  parler  â  la 
«  damoyselle  pour  Zelland  qui  seoit  devant  elle,  et 
«  pour  Neryon  qui  la  costoyoit.  »  (Percef.  vol.  III. 
fol.  159.) 

On  a  dit  au  figuré  :  «  Le  Roy  d'Angleterre  atloil 
<■  ainsi  cottiant"\a  rivière  de  Somme.  »  (J.  le  Fèvre 
de  S.  Rémi,  Hist.  de  Gharles  VI,  p.  80.) 

Ce  mot,  dans  le  passage  suivant,  paroit  difficile  à 
expliquer. 

Le  bon  vin  b!anc  de  Poitiers 

Qui  n'a  cure  de  charretiers, 
C'est  cil  qui  toute  gent  acroche 
Par  la  froidure  de  sa  roche, 
Tant  est  fort  que  par  son  orgueil 
Se  fau  cûstoier  (7)  au  soleil. 

Fabl.MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  232.  R-  col.  2. 

VARIANTES  : 
COSTAYER.  Œuv.  de  Rog.  do  CoUerye,  p.  58. 
CosTOYER.  Pasq.  Rech.  p.  730. 
CosTOiER.  G.  Guiart,  MS.  fol.  332,  V». 
CousTOYER.  Hist.  de  B.  du  Guescl.  par  Mén.  p.  396. 
Costéer.  Assis,  de  Jérus.  p.  194. 
CosTiER.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  IV,  p.  1311  (8). 
Cottier.  J.  Le  Fevre  de  S.  Remy,  H.  de  Charles  VI,  p.  IK. 

1.  Coste,  subst.  fém  Côte*.  Nid,  panier  de 
pigeons^.  C'est  par  ressemblance  avec  le  mot  côte, 
partie  du  corps  (9),  que  l'on  a  nommé  coste  d'arba- 
leste  la  partie  de  l'arbalète,  étendue  en  longueur  el 
arrondie  en  forme  d'arc  (10).  Oudin ,  Dict.  Ital. 
traduit  costa,  arco,  et  Dict.  Espag.  arco  seulement. 

°  C'est  encore  par  similitude  qu'Oudin,  Dict.  Ital., 
explique  ce  mot,  nid,  panier  de  pigeons  (H),  parce 
que  sa  forme  représente  celle  d'une  côte. 

2.  Coste, subst.  fém.  Côté.  On,trouve  souvent  ce 


(1)  «  [Ce  faon]  saute  à  l'entour  de  moy,  et  de  sa  corne  essaye  ,  De  casser  brusquement   mon   mastin    qui   l'abbave.    > 
(Ronsard,  718.)  (N.  E.) 

(2)  Une  rue  du  quartier  des  Halles,  à  Paris,  porte  encore  ce  nom.  (n.  e.) 

(3)  Ces  troupeaux  passent  l'été  dans  les  Alpes  dn  Dauphiné.  Les  bergers  se  nomment  bayles.  (N.  E.) 

(4)  D'après  une  charte  de  Richard,  roi  d'Angleterre  :  «  Et  foagium  de  Maumine,  et  unam  saumam  mellis,  cura  vasis,  qxae 
dicuntur  costarez.  »  (N.  E.) 

(5)  Dans  Roland  (str.  CCX),  costeir  signifie  mettre  à  son  côté  :  «  Li  emperere  fait  Rolant  costeir.  »  (n.  e.) 

(6)  Doit  le  participe  cosieaiH  :  «  Une  petite  place  que  les  religieux  Carmes  de  Rouen  ont  faisant  le  bout  de  leur  église  et 
costéant  leur  dite  église  prés  de  la  rue  de  Grand  Pont.  »  (,1J.  87,  p.  216,  an.  1359.)  ^N.  E.) 

(7)  Un  adage  du  xvi'  siècle  dit  encore  (Leroux  de  Lincy,  I,  383)  :  «  Le  vin  est  si  frais  ,à  Poictiers  qu'il  esteindroit  le  feu 
d'enfer.  »  Il  voos  force  donc  de  vous  accoto'  au  soleil.  (N,  E.) 

(8)  Coslier  est  aussi  dans  Froissart  (II,  289,  et  V,  423.)  (N.  E.) 

(9)  K  Liquels  estoit  issus  de  la  droite  coste  dou  roy  de  France.  »  (Froissart,  II,  486.)  (N.  E.) 

(10)  On  lit  encore  dens  .\lebrant  (fol.  57)  :  «  .le  mengue  cosles  de  laitues,  porce  qu'elles  ini  font  dormir.  »  (n.  e.) 

(11)  C'est  aussi  un  panier  ordinaire  :  «  IceUe  exposant  alla  en  une  vigne,  où  elle  cuilli  une  coste  de  raisins  ou  boissellée, 
que  elle  emporta  en  sa  maison.  »  (J.l.  115,  p.  268,  an.  1379.)  (n.  e.) 


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mot,  en  ce  sens,  dans  les  coutumes.  De  costc  et 
ligne,  et  de  cotte  et  Hune,  pour  du  même  côté,  de 
la  même  ligne,  en  parlant  de  parenté  (I).  On  disoit 
aussi  :  «  Tiendront  nature  de  patrimoine,  cote  et 
"  civil  du  chef  qu"elles  seront  faites.  ■>  (Coût,  de 
Langle,  Nouv.  Coût.  Gén.  1. 1,  p.  30G.) 

Coste,  pour  côté,  s'est  employé  aussi  adverbiale- 
ment dans  les  façons  de  parler  suivantes  : 

\' Coste  et  coste.  Nous  disons  côte  à  côte.  «  Le 
«  S'  Cornelio  et  le  comte  de  Gayas  armez,  et  la 
«  pique  sur  le  col  coste  et  costc,  etc.  »  (Mém.  de 
Montluc,  t.  I,  p.  49-2.) 

'2°  En  devant  et  en  coste,  de  tous  côtés.  {Fabl. 
Mss  du  R.  ir  7015,  t.  11,  fol.  143.1 

3"  De  coste  de  lui,  pour  à  côté  de  lui.  »  L'empe- 
»  rerix  sa  famé  de  coste  de  lui,  qui  ère  (estoit  très- 
.  belle)  mult  belle,  etc.  »  (Villehard.  page  73.)  On 
disoit.  au  même  sens,  en  coste  pour  à  côté.  (Fabl. 
.MSS.  du  R.  n»7989.  fol.  241.) 

4»  Par  d'en  coste  mi,  signifie  à  côté  de  moi,  dans 
ces  vers  : 

C'est  à  Jonece  mon  ami 
Qui  estoit  par  d'en  cosic  mi. 

Froissart.  Pocs.  MSS.  p.  368. 

5'^  On  supprimoit  quelquefois  l'article  de  ou  la 
préposition  en,  et  l'on  disoit  par  ellipse  coste  ou 
couste  moi  pour  à  côté  de  moi.  Coste  devenoit  alors 
préposition.  (.\l.  Chartier,  l'Espér.  p.  277.) 

Si  trouvay  amour  costc  moi 
Qui  dit  :  regardez  que  je  voy. 

Gace  de  la  Bigne,  des  Déduils,  MS.  fol.  -29,  R-  (2). 

(Voyez  Costal  ci-dessus.) 

VARIANTES  : 
COSTE.  Cout.  Gén.  t.  I,  p.  608. 

CosTEiT.  S.  Dern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  133,  en  latin  latus. 
Cote.  Cout.  Gén.  t.  I,  p.  306,  col.  2. 
Cotte.  Ibid.  p.  608. 
Couste.  Joiuv.  p.  15. 
Ko-STET.  Carpentier,  Hist.  de  Cambray,  p.  18. 

3.  Coste.  [Intercalez  Coste,  colle,  dans  Frois- 
sart (X,  159)  et  dans  les  Ordonnances  (IV,  p.  67, 
an.  1351):  «  Un  escuyer  armé  en  coste  de  ses 
"  a'rmes.  «j  (n.  e.) 

Costé,  subst.  masc.  Côté.  Il  s'écrit  encore  costé. 
Nous  avons  conseï  vé  même  l'expression  ne  scavoir 
de  quel  côté  tourner,  qui  se  trouve  dans  le  Jouvenc. 
MS.  page  393. 

Mais  on  ne  diroit  plus  adverbialement  de  costé, 
pour  de  quelque  part.  «  Ils  ne  se  confioient  que 
-  trop  sur  ces  Bretons  de  Vantadour.  Car  nous 
«  avons  de  costé  (3)  ouy  dire  des  nouvelles  qu'ils  ne 
'  savent  pas.  "  (Froiss".  livre  IV,  p.  34.1  On  lit  plus 


bas  :  »  11  a  oui  nouvelles  à  senestre  qui  pas  ne  luy 
«  plaisent.  »  (Ibid.) 

Nous  rapporterons  ce  proverbe  qu'on  trouve  dans 
Percef.  vol.  V.  fol.  44  :  «  Trop  a  souvent  le  corps 
"  las  et  travaillé,  qui  continuellement  se  gist  (se 
"  tient  couché)  sur  ung  cos^e.  » 

On  trouve  doubles  coste::,  dans  la  Coutume  d'As- 
senede,  en  parlant  de  bois  qui  croissent  d'eux- 
mêmes  aux  lisières  des  forêts  ou  taillis  :  «  Le 
«  fermier  ne  peut  chasser  (mener  devant  soy)  ny 
«  laisser  aller  dans  les  bois,  ses  chevaux,  ses  vaches 
»  et  autres  bestiaux  jusqu'au  temps  que  les  rejets 
«  soient  agez  de  trois  ans,  de  mesme  qu'il  ne  peut 
"  non  plus  déraciner,  ou  défiicher  aucun  bois,  ou 

"  doubles  coslez-  et  en  faire  terre  à  labour 

«  sans  le  consentement  du  maislre.  «  (Nouv.  Cout. 
Gén.  1. 1,  p.  808.)  (4) 

VARIANTES    : 
COSTÉ.  Orth.  subsistante. 

CoTTÉ.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7989,  fol.  54.  V»  col.  2. 
CousTÉ.  Le  Jouvenc.  MS.  p.  393. 

Costeax,  subst.  masc.  plur.  Couteaux. 

Si  sai  tant  d'enging  et  d'art  ; 

Ge  sai  joer  des  basteax, 

Et  si  sai  joer  des  cosleax 

Et  de  la  corde,  et  de  la  fonde, 

Et  de  toz  les  beax  giex  du  monde. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  "0,  V  col.  2. 

Costées,  adj.  au  masc.  phir.  Collatéraux.  On 
disoit  heirs  ou  hoirs  costées  ou  costéers,  pour  héri- 
tiers collatéraux. 

VARIANTES  1 
COSTÉES.  Gloss.  sur  les  Cout.  de  Beauvoisis. 
Costéers.  Ass.  de  Jérus.  p.  139  et  182  (5). 

Costel,  subst.  masc.  Côté*  Ligne,  parenté^. 
*Le  premier  sens  est  le  sens  propre  : 

La  chose  gist  sur  tel  costel. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7615,  t.  I,  fol.  101,  V'  col.  2. 

C'est-à-dire  l'affaire  est  en  tel  état. 

^Ce  mot  se  prenoit  aussi  pour  ligne  de  parenté. 
Cotel  maternel  et  paternel,  costel  et  ligne  se  trou- 
vent dans  l'Ane.  Cout.  de  Troyes,  Nouv.  Cout.  Gén. 
t.  111,  p.  273. 

Et  si  dubt  avoir  sur  costel 

Ce  roy  anglois  dont  nous  parlons. 

Du  roi  des  Frans  trois  millions. 

Eust.  Desch.  Po5s.  MSS,  fol.  517,  col.  1. 

L'expression  sur  costel  paroît  employée  au  figuré 
comme  pour  outre  cela,  hors  d'œuvre,  outre  la 
ligne  de  compte. 

VARIANTES    : 
COSTEL.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  511. 

COTTEL. 

Costelé,  adjectif.  Qui  a  des  côtes.  Delà  esguille 


(1)  «  Plus  n'en  ay  [d'héritier]  de  ceste  coste.  »  (Froiss.,  XVI,  99.)  (n.  e.) 

(2)  On  disait  aussi  en  coste  pour  de  côté  ;  «  Quand  cil  joli  valet  passoient.  Et  je's  veoie  passer  Qui  me  regardoient  en 
coste,  Et  jadis  furent  mi  chier  hoste.  »  (La  Rose,  v.  13055.)  E.  Deschamps  (fol.  142)  emploie  de  coste  :  «  Quant  j'apperçoy  que 
veoir  ne  me  daigne.  Fors  que  de  coste  et  trop  eslrangement.  »  (n.  e.) 

(3)  De  costé  signifie  par  voie  indirecte,  comme  au  t.  III,  p.  37'7  :  «  Li  contes  de  Monlfort  entendi  de  costé  par  ses  amis  que 
messires  Charles  de  Blois  se  nommoit  et  escripvoit  dus  de  Bretagne.  »  Cette  locution  signilie  encore  de  plus  :  «  Sans  les 
grans  coustages  et  frés  qui  lui  venoienl  de  costé  à  tenir  ces  seigneurs  d'Alemagne  à  amour.  »  (Id  ,  II,  377.)  (n.  e.) 

(4)  Remarquons  encore  deux  locutions  :  1»  Sour  costet,  de  flanc  :  «  Les  saiettes  qui  saur  costet  leur  venoient.  «  (Froissart, 
III,  228.)  2»  i»ou  co5(é,  auprès  de  :  «  Li  rois  fist  seoir  dou  costé  li  et  à  sa  table  tous  les  chevaUers  prisonniers.  i>  (Id., 
V,  249.)  (N.  e.) 

(5)  c  Ma  feme,  laquel  ne  m'a  heirs  prochains  ne  costéers,  ne  lontains,  à  qui  le  fié  puisse  ne  doie  écheoir.  »  (N.  E.) 


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coslelée  pour  ;ii<;uille  carrée  ou  tle  forme  Iriangu- 
laire  comme  est  une  csguille  de  pelletier.  (Morius 
et  Hacio,  Ms.  fol.  \'d'2:)  (1) 

VARIANTES    : 
COSTELÉ.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  133,  V». 
CosTELLÉ.  Modus  et  Racio,  fol.  71,  V». 

Costement,  subst.  masc.  Coùl,  dépense. 

VARIANTES    : 
COSTEME.VT.  Villehard.  p.  77. 

CousTEMANT.  Kabl.  MSS.  du  R.  n»  7(315,  t.  I,  fol.  72. 
CousTE.MENT.  Ord.  t.  I,  p.  182,  et  passim. 

Costent.  [Intercalez  Costent ,  mesure,  pour 
costeret  ou  coslerel  (Ord.  IV,  p.  170,  an.  1347): 
«  Chacun  liabilant  de  ladille  ville  [de  Poitiers]  aura 
•<  et  tendra  ii  son  liuys  eaues  en  vessetz,  qui 
«  liengnent  un  cosleiit  d'eaue  au  moins.  »]  (n.  e.) 

Costentin,  siilnH.  masc.  Le  Cotantin.  Partie  de 
la  Basse-Normandie.  Henri  1",  roi  de  France,  ayant 
été  renversé  dans  une  l)alailleconlre  les  Normands, 
où  il  combaltoit  en  faveur  de  Guillaume-le-Bàtard, 
contre  lequel  ils  s'éloient  révoltés  : 

De  ce  distrent  li  paisan 
Et  dient  encore  en  gabant. 
De  Cnstenlin  jessi  la  lance 
Qui  abatit  le  roy  de  France. 

Rom.  de  Rou,  MS.  p.  ■ii. 

Coster,  verbe.  Couler.  Ce  mot  subsiste  avec 
une  légère  diflerence  dans  l'oithographe. 

Que  cher  lor  cosle. 

Les  Marg.  de  la  Jlarg.  fol.  333,  Vv 

On  a  dit  familièrement  :  «  Coups  de  haquebuttes 
«  ne  cousioient  rien,  car  il  en  avoit  qui  voulloit.  » 
(Méin.  de  Rob.  de  la  Marck.  seig"  de  Fleur,  ms. 
page  262.) 

On  disoit  aussi  coule  et  vaille,  pour  quoiqu'il 
m'en  coûte,  vaille  ce  (lu'il  pourra ,  suivant  Le 
Duchat,  sur  Uab.  t.  111,  p.  74. 

Nous  observerons  encore  que  les  temps  compo- 
sés de  ce  verbe  se  formoienl  quelquefois  avec  le 
verbe  être  au  lieu  de  l'auxiliaire  avoir,  comme  dans 
ce  passage  :  ■■  Je  poyeray  cequ'ils  escriprontqu'elle 
«  soit  constée.  »  (Lett.  de  Louis  XII,  t.  IV,  p.  24'2.) 
On  diroit  aujourd'hui  ce  qu'elle  aura  coûté. 

VARIANTES    : 
COUSTER.  Mém.  de  Rob.  de  la  Marck.  MS.  p.  262. 
CosïER.  Ord.  1.  1,  p.  741,  notes,  col.  2  (2). 

Costereau,  snbst.  masc.  Voisin.  Proprement 
celui  qui  est  à  côté.  «  Je  ne  dys  pas  que  les  juges 


«  aujourdhuy  se  dorment  en  siège,  ou  s'i'.z  y  vei!- 
"  lent,  iiz  ne  font  que  parler  à  leurs  costereaulx.  » 
(Conlred.  de  Songecr.  fol.  87.)  (3) 

Costerel,  subst.  masc.  Mesure  de  vin.  On  a  dil, 
en  parlant  des  exactions  des  sergents  :  "  Exigent 

«  de  noz  ditz  subgeclz à  vendenges  le  costerel, 

«  ou  le  jalon  de  vin,  etc.  "  (Ord.  des  ducs  de  Bret. 
fol.  195.)  «  Est  à  noter  que  le  tonneau  vault  et  doit 
«  contenir  deux  poinsous,  le  poinson  cinq  coterets, 
«  le  coleret  quarante  huit  pintes  mesure  de 
«  Nevers.  »  (Coût,  de  Nivernois,  Coût.  Gén.  l.  f. 
p.  905.  —  Voy.  CosTAREz  ci-dessus.)  (4) 

VARIANTES    : 

COSTEREL.  Ord.  des  d.  de  Bret.  fol.  195,  V'. 

COTERET. 

CouTRET.  FouUloux,  Vénerie,  fol.  34,  V". 

Costeresse.  adj.  fém.  Ternie  de  chasse.  Ce  mot, 
formé  de  costé  de  même  queCosTEisEAr  ci-dessus,  se 
trouve  explii]ué  par  le  i)assiige  suivant,  où  nous, 
lisonsque  pour  chasser  le  loup  avec  des  lévriers,  il 
faut  «  avoir  pour  le  moins  sept  laisses  de  grands 
«  lévriers  pour  les  lascher  en  queue  ;....  après  cela 
«  y  aura  trois  laisses  de  chascun  costé  du  cours  qui 
«  se  seront  nommées  costeresses,  dont  les  deux  pre- 
«  mières  ([ui  seront  vis  à  vis  l'un  de  l'autre  lasche- 
«  ront  à  l'espaule,  si  le  loup  est  entre  les  deux 
"  autres.  »  (Fouilloux,  Vénerie,  fol.  119.)(^) 

Gosterez,  subst.  masc.  Ce  mot  semble  un  nom 
de  lieu  (li).  Ainsi  l'on  appeloil  bucJies  de  Costerez  le 
bois  qu'on  liroilde  cet  endroit.  (Ord.  t.  1,  p.  600.  — 
Voy.  CoTHEREZ  ci-après.) 

Costei'ie.  [Inlercalez  Costerie,  charge  de  tré- 
sorier dans  une  église:  «  A  telle  condition  que 
«  donnerois  aux  siens  deux  fils  en  l'église  de 
"  S.Lambert,  deux  préijeudes,  et  au  plus  grand 
"  d'eage  donnerois  deux  autres  prébendes  en  tous 
•■  autres  monastères,  et  au  surplus  la  costerie 
«  après  le  décès  et  le  trespas  du  seigneur  Wason 
«  coslre.  »  (Traduction  d'une  charte  lai.  de  1096. 
Du  Cange,  II,  725,  col.  l.J  (n.  e.) 

Gostet.  [Intercalez  Costet  :  »  Ung  manche  ou 
"  costet  de  civière  de  bois.  «  (JJ.  196,  p.  363, 
an.  1471.1]  (n.  e.) 

Gostier,  adj.  Qui  est  à  côté.  (Monet,  Oud.  Colgr. 
Dict.;  Ess.  deMonl.  t.  II.  p.  47'<.^ 


(1)  «  Prenez  des  aguilles  qui  sont  faictes  pour  entrer  les  pennes  d'oyseaulx,  et  sont  pointues  aux  deux  bouz  et  costetéex 
comme  une  aguiUe  à  peletier.  »  (n.  e.) 
(^2)  On  lit  aussi  dans  Partonopex  (v.  3275)  :  «  Tôt  li  a  fait  le  vis  sainglent  Et  as  iols  li  cos(c  forment.  »  (n.  k.) 

(3)  Les  rolei-caiix,  brabançons  et  routiers,  annoncent  aux  xiF  et  xilF  siècles  les  Grandes  Compagnies  du  xiv»  siècle  et 
les  Écorcheurs  du  xv  ;  «  En  celle  année  furent  occis  en  la  contrée  de  Bourges  en  Bery  sept  mille  hommes  et  plus,  appelles 
costefeau.c.  que  aucuns  gens  appellent  brigans.  Tels  gens  comme  cûslerean.i\  brigans,  gens  de  compagnies,  pillars,  robeurs, 
larrons,  c'est  tout  un  ;  et  sont  genz  infâmes  et  dissolus  et  excommuniez.  Ils  ardoient  les  monastères  et  les  églises  ,  où  le 
peuple  se  retraeoit,  et  tourmentoient  les  prestres  et  les  religieux  ,  les  appelloient  cantatours  ,  par  desrision  ,  et  leur 
Sisoient  quand  ils  les  battoient  ;  catilataur.^,  cantez.  n  (Du  Cange,  II,  638,  col.  1.)  (N.  E.) 

(4)  Le  mot  s'employait  aussi  comme  adjectif  :  «  Pierre  Canin  avoit  baillé  à  tiltre  de  loier  audit  Demia  certains  instrumens 
ou  estorcmens,  appeliez  basues  coslerfs  on  hottes  à  vendangier.  »  (.1.1.  151,  p.  518,  an.  1399.)  Conteret  dérive  alors  de  cosle, 
panier,  comme  dans  une  ch.  de  1295  (Du  Cange,  II,  C>35,  col.  1)  :  «  Chacune  mande  de  merlanc  ou  poisson  doit  deux  deniers, 
et  s'ils  sont  en  costerés,  chac\in  coslerct  doit  deux  deniers.  »  (Du  Cange,  II,  636,  col.  1.)  (N.  E.) 

(5)  Ed.  Favre,  fol.  86,  verso.  (N.  E.) 

(C)  (^e  sont  des  coîrefs,  fagots  minces  et  courts  ;«  En  Grève,  un  cent  de  costevez  de  Bourgogne.  »  (Ménagier,  II,  4.) 
Cosleicl  ou  coustcret  est  aussi  un  vase  à  vin,  peut-être  une  jarre  garnie  d'osier  :  «  Le  suppliant  prist  pour  son  vivre  un 
cousleret  de  vin,  qui  valoit  environ  dix  sols  par.  »  (JJ.  140,  p.  237.  an.  1394.)  (n.  e.) 


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VARIANTES  : 
COSTIER.  Oudin,  Dict. 

COTIER. 

CousTiER.  Rabelais,  t.  IV,  p.  "218. 

Costière,  siibst.  fém.  Côle*.  Côlé^  (1). 

*Ce  mol  se  preiioil ,  noii-seulemenl  pour  côte 
marilime,  la  côte  de  l'i  ance,  mais  aussi  pour  côte  en 
particulier,  montagne,  coteau.  «Il  assit  ses  garnisons 
"  du  long  de  la  costière  ûe  l'rancep).  »  (Mém.  d'OI. 
de  la  Marche,  liv.  I,  p.  77.)  «  11  apperçeut  qu'ilz 
montoient  une  costière.  »  (Percef.  vol.  111,  fol.  IH.) 

Tout  est  détruit  en  pleine,  et  en  costière. 

Eusl.  Desch.  Pois.  MSS  fol.  ii»,  col.  3. 

Vers  la  costière  de  midy. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  274. 

^On  disoit  aussi  costière,  à  costière,  de  costière, 
sur  costière  (3),  pour  à  côté,  vers  le  côté. 

Si  se  tirèrent  à  costière. 

Gace  de  la  Bigne,  des  Déduils,  MS.  fol.  97.  V. 

Il  regarde  ung  peu  sur  cousiierç. 

Ibid  fol.  51,  R'. 

De  inéme  au  coutiere  de  la  grève,  ailleurs,  le 
lonn  du  uravier,  (Jaiis  André  de  la  Visriie.  Voy.  de 
CtiarlesVllI  àNaples,  p.  Iô7.) 

VAUIANTES  (4)  : 
COSTIÈRE.  Pli.  Mouskes,  MS.  p.  274. 
CousTiÈRE.  Ger.  de  Nevers,  i'  part.  p.  53. 
CouTiÈRE.  .indré  de  la  Vigne,  voy.  de  Charles  VIII,  p.  157. 

Costiz.  [Intercalez  Costiz,  coteau,  dans  la  Chr. 
des  ducs  de  .Xormandie,  v.  '28497: 

En  un  graut  parc,  lés  un  costiz.]  (n.  e.) 

Costoier,  verbe.  Cultiver.  Ce  mot  est  employ  i 
figurément  dans  ces  vers,  où  l'on  dit  en  p:Miniit 
d'une  femme  galante  : 

Ja  n'ert  (ne  ser,i)  bien  sa  terre  costoié 

Tant  com  el  n'ait  c'un  bnef  (bœuf)  à  sa  karue. 

Kievre  de  Raiiis,  l'oûs.  MSS.  av.  1300,  t.  III,  p.  1167. 

1.  Costve,  sitbst.  masc.  Couteau  (5). 

Mais  ge  dout  qu'aucune  racine 

N'i  remaigne,  se  nel  cjuisine 

Or  test  un  contre  m'eschaulTer 

Por  les  racines  qui.-^iner  (cuire,  bri^der.) 

Fabl.  MSS.  «le  S.  Germ.  fol.  45,  R-  col.  1. 

2.  Costi'e.  [Inlei'calez  Costre,  trésorier  d'une 
église  (voyez  Costerie  et  plus  loin  Cousteur): 

Li  costre  i  sonerent  les  sains. 

Parlonopex,  v.  107fi6.]  |N.  E.) 

Costume,  subst.  masc.  Terme  de  peinture.  Il  est 
emprunté  des  Italiens.  11  paroit  que  Félibien  (6)  est 
un  des  premiers  luii  en  a  introduit  Tusage,  puisqu'il 
en  donne  TexpUcalion. 'Vovez  son  Enlrelien,  t.  V, 
page  190.)  (7) 


Costumel.  [Intercalez  Costuniel ,  redevance 
payée  de  temps  immémorial  .•  ■■  Item  huit  deniers 
"  pour  un  cosliimel,  que  doivent  cliascun  an  li 
■  lioiis  Pierre  Sesille.  »  (.1.1.  74,  page  429,  an. 
1338.)]  (n.  e.) 

Costuté,  adj.  Constipé.  Il  y  a  un  chapitre  inti- 
tulé :  ■•  Cy-devise  comment  l'en  fait  les  chiens  vui- 
«  dier  qui  sont  oonstute^.  »  (Modus  et  Racio,  ms. 
fol.  (il.) 

Cot.  Terminaison  ancienne  qui  signifie  maison- 
nette (8  ,  d'où  cotereuiLV,  noms  qui  s'en  sont  formés. 
(Voy.  le  P.  Menestr.  des  Arm.  p.  470.) 

Cotane ,  sitbst.  masc.  Tenement  en  roture. 
Censive  tenue  par  ceux  qu'on  appeloit  cotiers  et 
qui  payoient  le  cens  appelé  cens  ijuotage.  On  lit  : 

"  mencaiidéi^s  de  terre tenues  en  cotteries  qui 

«  ont  été  amorties.  »  (Duchesne,  Gén.  deBéthiine, 
p.  383,  til.  de  it>70.)  (9) 

VARIAMES  : 
COTAGE.  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr. 
CoTTERiE.  Ducliesne,  Gén.  de  Béthune,  p.  383. 
QuoTAGE.  Du  Cange,  au  mot  Coiagium. 

Cotaifje.  [Intercalez  Colaige,  dans  la  locution 
cens  colaige:  ■•  Ftaoul  Roussel  et  Agnès  sa  famé 
«  en  non  de  assainemeni  des  .lx.  sous  par.  de 
"  annuel  et  perpétuel  cens  colaige.  »  (Ch.  de 
Ponloise,  en  133t>,  Du  Cange,  II,  27."».  col.  1.)  On 
disait  aussi  cens  gnotage  (J.l  47,  p.  14,  an.  4310)  et 
cens  cotier  [Ch.  de  1-05 et  Beauman.  ch.  23).]  (n.  e.- 

Cotai,  siibst.  masc.  Il  est  employé  comme  terme 
obscène,  dans  Rabelais,  t.  III,  p.  150.  C'est  l'italien 
cotale.  On  le  trouve  pour  épiihète  de  fol.  (Ibid. 
page  205.) 

(^.otai'die.  Voyez,  l'i  l'article  Cotte  ci-après, 
l'expression  cotte  Itardie. 

'1.  Cote,  subst.  fém  Pierre  à  aiguiser.  Ce  mot 
répond  au  latin  cos  vieiUciiialis.  {y.Aihodus,  art.  30, 
col.  1006.)  On  lit  coce.  (Ibid.  art.  32,  col.  ICCi.) 
C'est  une  faute  pour  cote. 

VARIANTES  : 
COT,  CocE,  Cote. 

2.  Cote,  snbsl.  fèm.  On  appeloit  gens  de  cote 
ceux  qui  tiennent  en  cotage  ou  roture.  (Du  Gange. 
aux  mots  Collaterii  el  Cotmanni.)  (10) 

Coteaux,  subst.  masc.  plnr.  On  a  désigné  sous 
rexpression  les  trois  coteau.K  M''  de  S.  Evremond, 
le  comte  d'Olonne  et  le  niaïquis  de  Boisdaupliin,  à 
cause  de  leur  délicatesse  el  de  leur  goût  sur  le  choix 


(1)  «  Les  espondes  furent  rt'ivorie  El  les  rusticres  ensement.  »  (Part.,  v.  10304.)  (N.  E.) 

(2)  «  Et  s'en  vinrent  par  les  costieres  de  Flandre,  devers  Calais.  »  (Froissart,  VI,  203.)  (N.  E.) 

(3)  Il  Torigni  est  uns  petis  vdlages  enmi  les  camps,  et  est  sus  costière  entre  Saint-()uentin  et  Pieronne.   "   (,Id.,    VI  ,    i:>j.) 
Comparez  l'italien  da  custiero.  (n.  e.) 

(4)  La  Chron.  des  ducs  de  Norm.  donne  costère,  v.  1285.  (N.  E.) 

(5)  C'est  plutôt  un  coin  ;  «  Incontinent  que  le  suppliant  fut  dedans  la  maison,  avecques  ung  costre  à  fendre  boys   leva  la 
claveure  d'un  coffre.  »  (,.M.  187,  p.  274,  an.  1457.)  (N.  E.) 

(6)  Et  son  ami  Poussin.  (N.  E.) 

(7)  Il  est  au  Dictionnaire  de  l'Académie  depuis   1740  ;  une  note  supprimée  en  1760  dit  qu'il  se  prononce  costuritê , 
c'est-à-dire  à  l'italienne.  (N.  E.) 

(8)  Cola  en  bas-latin.  (N.  E.) 

(9)  L'Angl.iis  conserve  la  forme  cottage,  (n.  e.) 

(10)  Voyez  aussi  CoterrI':.  (n.  e.) 


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302  - 


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des  mets  et  du  vin.  (Vovez  Histoire  Ju  Tli.  fr.  l.  IX. 
page  338.; 

1.  Cotel, sitbst.  masc.  {\] 

Venra  trestous  chargié.s 

L)'or  et  d'argent  en  son  colet. 

Falil.  MSS.  du  R.  n-  7015,  t.  II,  fol.  127,  V  col.  1. 

2.  Cotel,  subst.  Couteau.  Mot  languedocien 
sous  la  première  orthograplie.  (Dictionn.  de  Borel.) 
Coutele  semble  avoir  l;i  même  signification  dans  ce 
passage  : 

Nos  dona  deners  (deniers) 

Dont  aca  trois  gasteles  (gasteaux). 
Gaines  et  routeles  (petits  couteaux), 
Flausteles  et  cornes  (tlutes  et  cornemuses), 
Maçueles  et  pipes  (petites  masses) 
Dix  le  garisse. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7989,  fol.  78,  R»  col.  2. 

VARIANTES  : 
COSTELLE.  Dict.  de  Borel. 

Cotel.  S.  Bern.  Sertn.  fr.  MSS.  p.  172,  en  latin  culter. 
Coutele.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7989,  f»  78,  R»  col  2. 
CoUTEL.  S.  Bern.  Scrm.  Ir.  MSS.  p.  220,  en  latin  entier. 

Cotelle.  [Intercalez  Co/f//e,  petile  cotte:  «  Le 
■■  ^.uppliant  print  une  cottelle  à  usaige  de  femme 
<•  yvcc  unes  manches.  »  (J.I.  174,  p.  187,  an.  4428.) 
Au  reg.  JJ.  111,  p.  28ô,  an.  1377,  on  lit  encore: 
«  Pierre  print  la  cotellc,  et  la  osta  et  geta  de  dessus 
«  son  cheval,...  hors  ledit  Bouchier  print  ladite 
«  cotelle,  et  sur  une  charrette  où  il  estoit  s'en 
»  envelopa  les  jambes  pour  les  mouches.  »  Enfin 
une  vie  ms.  de  Jésus-Christ  donne  une  variante 
(Du  Cange,  II,  G3G,  col.  2)  : 

Quant  sains  Pieres  oi  iiommer 
Jhesu,  plus  n'i  vault  demorer, 
Sa  cotiellc  chainst  plus  en  haut, 
Et  en  la  mer  a  fait  un  saut. 

Voyez  encore  Froissart  (XV,  331).]  (n.  e.) 

Cotellette,  suhst.  fém.  (2)  Ce  mot  subsiste  avec 
peu  de  ditïérence  dans  son  orthographe,  et  nous  ne 
le  rapportons  que  pour  dire  qu'on  a  nommé  cotel- 
lettes  (le  porc  un  droit  seigneurial  connu  en  Breta- 
gne. 'Voy.  Morice,  Hist.  de  Bret.  préf.  p.  15.) 

Coteraux.  siibst.  masc.  plur.  Espèce  de  bri- 
gands. On  appela  ainsi  des  paysans  (3)  armés  qui, 
comme  des  brigands,  infestèrent  le  royaume  dans  le 
XII'  siècle,  et  qui  depuis  formèrent  des  corps  de 
troupes  d'infanterie  irrégulière.  (Voyez  les  Dict.  de 
Nicot,  de  Borel,  de  Corneille,  de  Cotgrave,  de 
Ménage,  le  Glossaire  latin  de  Du  Cange,  aux  mots 
Cùstolai'iits  et  Coterelli,  et  Laurière,  Glossaire  du 
Dr.  fr.  ;  voyez  aussi  Fauchet,  des  Oiig.  liv.  I,  p.  79, 
et  le  P.  Daiiiel,  Mil.  fr.  t.  I,  p.  140.)  Fauchet  dérive 


li'ui-  nom  de  cotcrct,  espèce  d'arme.  Il  pourroit 
également  venir  de  cotte.  C'étoient  des  troupes 
mal  vêtues,  comme  les  Jacquiers  prirent  leur  nom 
de  la  simplicité  de  leurs  habits  appelés  Jacques. 

VARIANTES  : 
COTERAUX,  COTTEREAUX,  COTERIAUX,  COSTEREAULS. 
COSTEREAUX,  COSTEREAX,   COTERELS,  COTTERELS. 

Cotereax,  suhst.  )nasc.  p/i/?-.  Diminutif  de  cotte. 

Sorte  d'habillemenl. 

Tondent  les  berbis 

Si  en  font  lor  blans  cotereax. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  al,  R-  otI.  3. 

Coteret,  subst.  masc.  Sorte  d'arme  (4).  Celle  que 
portoient  les  coieraux.  Fauchet  croit  qu'ils  en  ont 
tiré  leur  nom.  (Orig.  livre  II,  page  104.)  On  écrivoit 
aussi  coteret  au  même  sens. 

Si  li  covient  armer. 

Pour  la  terre  garder 

Coterei  et  haunet  (espèce  d'arme) 

Et  maçue  et  guilet. 

PaU.  MSS.  du  R.  n-  761,-),  t.  II,  fol.  212,  V*  col.  1  (5). 

VARIANTES  : 
COTERET.  Fauch.  Orig.  liv.  II,  p.  140. 
COTEREL.  Fabl.  MSS.  du  R.  n<'7615,  t.  II,  fol.  212,  V"  col.  1. 

Coterie.  [Intercalez  Coterie,  synonyme  de 
cotage  :  «  Item  .xxxvi.  mencaudées  "de  terre  ou 
«  environ,  tenues  en  coterie  du  seigneur  de  la 
«  Falesque.  «  (JJ.  109,  p.  417,  an.  1376.)  Voyez 
aussi  JJ.  ICI,  p.  14,  an.  1406.]  (n.  e.) 

Cotherez,  subst.  masc.  plur.  Coterets.  (Voyez 
Coquillart,  p.  155  (6).) 

Cothurnez,  adj.  au  plur.  Tragiques.  On  a  dit 
en  ce  sens  vers  cotiiurnez.  (Epith.  de  M.  de  la  Porte.) 

Cotidien,  subst.  masc.  Séjour,  résidence  (7).  Il 
est  pris  ligurément  dans  une  ballade  qui  a  pour 
titre  :  Pour  vivre  liement  en  ce  monde,  et  où  l'on 
trouve  des  principes  de  conduite  et  de  morale  : 

N'ait  en  toy  ton  cotidien. 

Eust.  Descli.  Pois.  MSS.  fol.  231,  col.  2. 

(Voy.  QioTiDiEN  ci-après.) 

Cotidieniieinent,  adverbe.  Journellement  (8). 
(Voyez  Godefr.  Obscrv.  sur  Charles  VIII,  p.  474.) 

Cotin,  subst.  masc.  Cabane,  chaumière,  cahute. 
Les  Normands  ayant  battu  les  François,  Hues  prit 
la  fuite  : 

.\  un  pastour  s'acompaingna. 
En  son  colin  o  lui  entra, 
Dez  dras  au  pastor  s'afluba 
De  poures  bardes  se  vesti. 

Rom.  de  Rou,  MS.  p.  182. 

Cotir.  [Intercalez  Cotir,  meurtrir  :  «  Et  maintes 


(1)  Voyez  Cotelle.  (N.  e.) 

d)  On  lit  au  sens  de  cotelle  (JJ.  154,  p.  439,  an.  1499)  :  «  Une  cotellette  à  femme.  »  (n.  e.) 

(3)  Il  ne  faut  pas  confondre  les  mercenaires  brabançons  avec  les  Chaperons  blancs,  qui  les  combattirent.  (Voyez  Chaperon 
et  Cnstereau.)  (N.  E.) 

(4)  Dans  le  Châtelain  de  Coucy,  v.  1258,  c'est  un  fer  de  lance.  (N.  e.) 

(5)  L'oustillemeni  au  villain.  (Voir  Revue  historique  de  l'anc.  langue  franc.,  n"  2.)  (N.  E.) 

(6)  On  lit  au  Monologue  du  Puits  :  «  Bref  c'est  un  gentil  compaignon  ;  Et  si  a  ung  très-beau  maintien  ;  Par  mon  ame,  c'est 
grand  dommaige  Qu'il  n'est  porteur  de  cotherez.  »  (n.  e.) 

(7)  Cotidien  est  aussi  ce  qui  sert  tous  les  jours;  «  Un  cothidian  de  chapelle  garni  de  chazuble  à  un  orfroy  de  brodeure  à 
apostres,  de  fronticr,  doussier,  estole,  phanon,  parement  d'aube  et  amict .  de  drap  d'or  vermeil.  »  (Hist.  de  Bourgogne, 
preuves,  III,  217,  col.  2.)  (n.  e.) 

(8)  On  lit  dans  une  chartre  de  1403  (Du  Cange,  II,  639,  col.  1)  :  «  Emportèrent  cinq  lampiers  d'argent,  qui  estoient  pendens 
et  servoient  cotidianneinent  en  la  nef  lie  la  sainte  Cliapelle.  »  (N.  E.) 


co 


303  — 


CO 


fois  lanl  i  rôtissent  [les  flots]  Que  tout  en  mer 
«  l'ensevelissent.  »  (Là  Kose,  v.  0951.)  De  même  au 
reg.  JJ.  Ml,  p.  2!0  bis,  un.  1377:  «  En  procédant 
«  de  paroles  à  lait,  feri  ledit  Lorrain  et  coti  la  teste 
»  au  mur...  Ledit  Lorrain  dist  pourquoy  il  l'avoit 
»  féru  et  coti  la  teste  au  mur.  >'  A  Loudéac 
(Côles-du-Nord),  cotir  se  dit  pour  fêler,  casser. 
Peut-être  faut-il  remonlei'  au  primitif  de  per- 
cutere.j  (n.  e.) 

Cotis,  suhsl.  maso.  pluv.  Espèce  de  mais  ou  de 

viande.  «  A  l'endroitdii lieutenant,  l'on  metun 

"  bon  jambon,  des  andouilles.descofis  (F;,  des  poix 
«  au  lard,  etc.  "  (Des  Ace.  Escr.  Dijon,  fol.  24.) 

Cotisses,  subst.fém.  pltir.  Colices.  (Voyez  Petit 
J.  de  S.iintré,  p.  4il  (ti).)  En  termes  deblason,  ce  sont 
des  bandes  qui  nonl  que  le  tiers  de  la  largeur  de  la 
bande  ordinaire. 

Coton,  siibst.  niasc.  Ce  mol,  qui  subsiste  sous  la 
première  orthographe,  nous  donne  lieu  de  l'emar- 
quer  que  la  partie  de  l'armure  appelée  autrefois 
coton,  tiroit  celle  dénomination  du  coton  même 
dont  on  se  servoit  pour  la  garnir,  ainsi  on  disoil  : 

Les  fait  sortir  arrière 

.lusqu'aus  communes  de  l'emperiere. 
Où  moult  ot  acier  et  colon. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  Ii7,  V'. 

Le  passage  suivant  justifie  encore  plus  clairement 
ce  que  nous  venons  de  dire  :  «  Berlran  le  fery  sur 
«  son  escu,  en  telle  manière  qu'il  le  perça  et  le 
«  haubert  aussi  tant  qu'il  entra  au  coulon  (3)  du 
«  pourpoint.  »  (HistoiredeBertrandduGuesclm.par 
Ménard,  p.  42.) 

VARIANTES   (4)  : 
COTON.  Orlh.  subsistante. 
CouTO.M.  Hist.  de  Du  Guescl.  par  Mén.  p.  4'2. 
CouTTON.  Rabelais,  t.  II,  p.  47. 

Cottage,  subst.  masc.  Cotté.  On  a  dit,  en  ce 
sens,  papiers  tous  d'un  cottage.  (Nouv.  Coût.  Gén. 
t.  I,  p.  189,  col.  n.) 

Cotte,  subst.  fém.  Sorte  d'habillement,  soit 
d'homme  ou  de  femme.  Ce  mot,  assez  générique,  a 
signifié  le  plus  communément  l'habillement  par 
dessus  lequel  se  melloit  le  manteau,  autrement  dit 
la  chape.  Quelquefois  on  nommoil  cotte  (5)  le  pour- 
point, la  veste  ou  autre  vêlement  de  dessous  sur 
lequel  on  avoit  un  sercot  ou  surcot  et  un  manteau. 
Aujourd'hui  cotte  signifie  encore  jupon,  cotillon. 
(Voyez  Du  Cange,  aux  mois  Coccinium  elCota.) 

Nous  allons  rassembler  divers  passages  sur  les- 


quels on  pourra  se  faire  quelque  idée  des  divers 
habillemens  qu'on  a  désignés  par  le  mot  cotte  : 

"  Adonc,  dist  Busardan  au  roy,  sire  puisque 
"  vostre  cotte  ((3)  est  ensanglantée  du  sang  desche- 
■'  vreaulx,  faictesqu'cllesoitpendue  prèsde  l'espée  : 
«  car  il  ne  fault  riens  porter  hors  du  sacrifice  ;  et 
«  ainsi  que  Busardan  conseilla  au  roy,  il  le  fist,  car 
«  il  devestit  sa  robe  el  la  pendit  par  devant  l'ymage 
"  de  Mars.  »  (Perceforest,  vol.  I,  f"  103.)  C'est  en  ce 
sens  que  le  mot  foii' est  traduit /»;;;t'fl,  danslelJloss. 
de  Labbe,  p.  531.  Cette  traduction  est  conforme  à 
celle  du  même  mot  lalin  expliqué  p'dv  cote  dans  la 
Règle  de  S.  Benoit,  lat.  et  fr.  .vs  de  Beauv.  chap.  55, 
où  nouslisons:  «  la  cule,  la  t'ofé",  licauchon,  «expri- 
més en  lalin  par  cucntla,  tunica,  pedules. 

Que  drap  est  cecy  ?  Vrayeraent, 

Tant  plus  le  voy,  el  plus  m'assote  (étonne), 

Il  m'en  fault  avoir  une  coi.ie 

Brief,  el  à  ma  femme  de  mesme. 

Palhelin,  Farce,  p.  15. 

•'  Le  roy  passa  par  devant  vestu  d'une  cutte 
»  vermeille,  et  si  avoit  à  son  col  pendu  ung  mantel 
<i  de  vert  samyt  semé  de  oyselelz  d'or.  »  (Percef. 
vol.  Il,  1'"  3.)  «  A  la  ferir  Chandoz  d'un  glaive  en 
"  poussant,  et  tellement  l'empainl  J'enl'oncei  et  de 
«  si  grant  force  à  la  peine  qu'il  y  meist,  que  par 
•■  dessoubz  la  poitrine  lui  perça  le  jaque,  la  cote,  et 
«  le  pourpoint  à  armer,  et  lui  boula  le  fer  du  dit 
«  glaive  dedenz  le  corps.  »  (Ilist.  de  B.  du  Guescl. 
par  Ménard,  p.  480.)  Le  créancier  peut  tenir  son 
débiteur  "  com  esclaf  (esclave)  et  il  li  doit  douer  à 
"  manger,  et  à  boire  suffisament,  au  main  (au 
•'  moins)  pain  et  aiguë  (eau),  et  à  vestir  unerobe  (7) 
«  l'yver  et  une  cote  l'été,  et  deux  chemises  ^8).  »  (As. 
de  Jérus.  p.  91.)  »  La  bru  de  Pylagoras  disoit  que  la 
»  femme  qui  se  couche  avec  un  homme  doit,  avec 
■'  sa  cotte,  laisser  quant  et  quant  la  houle,  el  la 
«  reprendre  avec  sa  coï/(?  (9;.  »  (Ess.  de  Montaisne. 
t.  I,  p.  120.) 

On  disoit  aussi  cot  au  féminin. 

....  Se  li  tola  on  sa  cot  et  son  chimis  (chemise.) 
Fabl.  MSS.du  R.  n°  7-21S,  fol.  l'.iO,  R°  col.  !>. 

Cote ,  habillement  des  gens  pauvres.  Dans  le 
testament  du  comle  de  Blois,  de  l'an  1208,  ce  mot 
est  souvent  énoncé  comme  habillement  des  gens 
pauvres,  en  faveur  desquels  il  fait  plusieurs  legs. 
(Duchesne,  Gén.  de  Ch.istillon,  p.  GO,  lit.  de  1268.) 

Rapporlons  les  différentes  expressions  dans  la 
composition  desquelles  entre  le  moi  cotte  : 


(1)  Ce  sont  des  fruits  meurtris  comme  les  poires  tapées.  (N.  e.) 

(2)  «  Le  conte  de  Sanserre  a  une  bande  à  deux  cotisses  d'or  potencées.  »  (}ch.  de  Saintré,  58.)  (\.  E.) 

(3)  On  lit  aux  Assises  de  Jérusalem  (I,  170)  :  «  H  peut  mètre  devant  son  pis  et  devant  son  ventre  un  conlrecuer  de  teille 
et  de  coton.  »  (N.  E.) 

(4)  Voyez  Villehardouin  (§  541)  et  Joinville  ^.§  94)  de  l'éd.  de  Wailly.  (n.  e.) 

(5)  Dans  le  costume  masculin  du  xin«  siècle  el  du  xiv"  siècle  jusqu'en  IS40,  la  colle  est  la  robe  de  dessous  ,  1  ancien 
f/iatj(sc,  qui  recouvre  le  .5i(/'fo(  autrefois  nommé  fc/in»/^  .•  u  Le  roys  sailli  de  son  lit  touz  deschaus  (car  nuis  estoit),  une 
cote,  sanz  plus,  vestue.  »  (Joinv.,  §  39.)  Si  l'on  se  couchait  en  cotte,  c'est  qu'on  ne  portail  pas  chemise.  (N.  e.) 

(6)  «  Si  estoient  les  pucelles  vestnes  de  cottes  parties  d'ung  vermeil  samys  encontre  ung  blanc,  et  les  jouvenceaux 
estoient  aussy  vestus  de  cottes,  mais  elles  estoient  parties  d'ung  samys  jaulne  encontre  ung  azuré.  »  (Perceforest ,  II , 
fol.  117.)  (N.  E.) 

(7)  Robe  a  ici  le  sens  de  swcol.  (n.  e.) 

(8)  Cette  citation  nous  reporte  à  la  fin  du  xiif  siècle  el  même  avi  xiv«  siècle,  où  le  linge  de  corps  est  passé  en 
habitude.  (N.  e.) 

(9)  «  Madame  se  mit  en  cotle  simple,  et  print  son  .itour  de  nuit.  »  (Louis  XI,  34'  Nouvelle.)  Voyez  note  5.  (n.  e.) 


co 


30!  — 


co 


l  iin  a  a\i\)e\ècotleil'a7'mes,colletracier{l), cotte 
de  fi'i;  cotte  de  mailles,  une  espèce  de  cuirasse 
iégère  ou  de  dieniise  de  mailles.  (Voyez  Ménage, 
Dict.  élym.  ;  Nicot,  Hob.  E.^lionne,  Dict  ;  DuC-arige. 
Gloss.  lai.  aux  mots  ro/ff/î7/n/?'('selfo/(/Cft,  etc.,  etc.  1 
Brautômeditque  le  mot  cotte  d'armes  éioit  nouveau 
et  employé  au  lieu  de  .jaquette.  (Cap.  fr.  1. 1,  p.  10. i 
Maison  le  trouve  dans  Froissart,  Percefoiest, Comi- 
nes  ,  Eust.  Descliamps  ,  etc.  L'us;ige  des  cottes 
d'armes  cessa  sous  Charles  Vil,  suivant  Daniel, 
(Mil.  fr.  t.  1,  p.  492.)  Pour  concilier  Brantôme  avec 
les  autorités  que  nous  venons  de  citer,  on  peut  dire 
que  de  son  temps,  ce  mot  étoil  nouveau  par  rapport 
à  la  signification  (]u'on  lui  donnoit. 

2"  Cotte  à  armer,  cotte  d'armes, col  le  aplaties  '2j, 
étoil  une  lunique  on  casaque  qui  se  mettoit  par 
dessus  l'armure.  (Du  Gange,  Glossaire  latin,  au  mol 
Cotœ.)  <'  N'eut  pas  longuement  ainsi  couru  que  la 
«■  cotte  à  armer  (3)  que  Estonne  avoit  vestue  fut  si 
«  descliirée,  qu'il  n"y  eut  ronce  par  où  il  avoil  passé 
"  qui  n'en  eut  sa  pièce  paninoy  en  peu  d'iieure  il 
••  n'en  eut  sur  luy  dont  il  en  pèu.st  lier  son  doy.  •> 
(Percef.  vol.  II,  Fl3.)  «  Le  vent  ([ui  frappoit  en  la 
«  coste  d'armes  du  chevalier  luy  va  lever  le  pan  de 
"  devant  (jui  destaché  estoit  de  celuy  de  derrière  a 
0  la  jouste,  el  le  porte  hors  du  col  an  chevalier.  « 
(Id.  vol.  I,  M47.) 

La  cotte  à  parer  semble  avoir  eu  la  même  signi- 
lication,  comme  servant  d'ornemenl  à  l'armure 
qu'elle  couvroit.  (Percef.  vol.  II,  f°  98  ) 

â'Quottelilanche  éloitnnehaire,  un  ciliée.  «  Lors 
»  vint  le  preudhomme  à  luy,  et  luy  dist,  sire,  voez 
'<  cy  (voyey  ici,  pour  voici)  une  qiiotte  blanche  que 
"  vousveslirezen  lieu  de  chemise,  ce  sera  signe  de 
»  pénitence  et  vauldra  ung  chaslyemenlàlachair.  » 
(L:inc.  du  Lac,  l.  III,  f°  97.) 

4°  Cotte  hardie, qu'on  écrivoit  aussi  cote  hardie  [i], 
cocte  hardie  el  en  u!i  seul  mot  cotardie,  étoil  une 
espèce  de  casaque,  lioqueton  ou  mantelet  à  l'usage 
des  deux  sexes.  (Voy.  Du  Gange,  au  mol Co//«î'rfî'«.) On 
lit  (id.  ibid.)  sous  le  mol  Miles,  dans  une  citation  de 
Du  Gange:  «  Pour  le  sacre  du  roy  une  cotehardie 
"  d'escuirie.  »  Il  est  mention  «  d'une  cotte  hardie 
«  d'uneescarlatte vermeille,  »  parmi  les habitsdont 
étoil  revêtu  le  loi  Charles  V,  à  l'entrée  de  l'empe- 


reur dans  Paris,  en  1377.  (Chroniques  S.  Denis, 
t.  111,  f»5'i.) 

Une  bonne  rote  Itaniie, 

Me  donna  de  vint  florins  d'or. 

Froiisarl,  Pois.  MSS.  p.  S83,  col.  i. 

Et  s'une  trouvez  si  hardie 
Qu'elle  vous  reqaist  de  rassouldre 
Ou  laisser  sa  cotte  hardie. 

L'Amant  rendu  Cordelier,  p.  59. 

5°  Coste  à  clievaiicher.  Habillement  pour  monter 
à  cheval,  à  l'usage  des  femmes.  (Percef.  vol.  II, 
folio  .").  ) 

6'''  Cotte  gamboisée,  c'est-à-dire  garnie  de  ganbis- 
son.  (Voyez  Gamiîoiske  el  un  Inventaire  d'armures, 
cité  par  Du  Gange,  au  nvA  Armatura{'S].)  On  écrivoit 
aussi  cote  yambesie  ou  gambaisie.  fG.  Guiart,  ms. 
folio  31  i.) 

7°  Cotte  juste.  Espèce  de  vêlement  el  court  serré 
qui  se  porloit  sous  les  armes  comme  une  camisole  ou 
gilet.  «  Si  commande  Glandas  que  l'en  luy  osle  le 
«  haulberl  du  dos  el  les  chausses,  el  lors  saillent 
«  varlelz  qui  le  desarment  el  demoure  seulement 
«  vestu  d'une  petite  cotte  juste.  ■•  (Lanc.  du  Lac, 
t.  1,  f°  27.) 

8°  Cotte  simple  semble  mis  pour  simple  jupon. 
«  Il  luy  feit  le  jambet  (donna  le  croc  en  jambe) 
«  tellement  que  ceste  povre  femme  cheul  à  terre  et 
«  que  sa  cotte  simple  fut  mouillée  et  gastée  dedans 
«■  la  rivièiv.  »  (.\rr.  Amor.  p.  126.)  On  lit  (ibid. 
p.  195)  :  »  Regarder  par  les  crevasses  de  l'hijys,  s'il 
«  l'a  verroit  point  en  son  corset,  ou  en  sa  cotte 
«  simple.  » 

9»  Cotte  mal  taillée  (6).  Terme  d'armoirie.  »  Portoit 
«  pour  armes  d'or  ù  une  manche,  ou  cotte  mal 
«  taillée  de  gueules.  «  (La  Colomb.  Théàt  d'honn. 
t.  I,  p.  I  i4.)  C'est  par  allusion  à  ce  mot  que  nous 
disons  en  parlant  d  un  compte  que  l'on  arrête  sans 
l'examiner  trop  rigoureusement  de  pari  et  d'autre, 
faire  une  cotte  mal  taillée.  On  disoil  autrefois  : 
'  Pour  en  demeurer  quitte  par  une  cotte  mote 
«  tailleei'),  .îeanne  luy  cedeet  Iransporlelavilleet 
"  comtat  d'Avignon.  »  (Pasq.Rech.  p.  544.) 

lO"  Donner  la  cotle  rouge,  expression  obscène  qui 
se  trouve  dans  les  Contes  de  la  royne  de  Navarre  (8), 
t.  II.  p.  169.) 

11°  On  disoit  aussi,  dans  une  signification  libre 


1 1»  «  Escu  lui  fault,  espée  et  lance,  Cotte  d'acier  et  garde-bras.  »  (Deschamps,  fol.  504.)  (n.  e.) 

(2)  Au  Cdmple  d'Etienne  de  La  Fontaine  (1351)  :  «  Pour  deiix  aunes  de  Camocas  de  Lusques  à  or  à  faire  autres  cottes  à 
plates.  »  (N.  E.) 

(3)  i>  Et  ceste  chose  ramenti-je  le  père  le  roy  qui  orendroit  est  [Philippe-le-BelJ,  pour  les  cotes  brodées  à  armer,  que  on 
fait  hul  et  le  jour  ;  et  il  disoie  que  onques  en  la  voie  d'outre  mer  là  où  je  fu,  je  n'i  vi  cottes  brodées  ,  ne  lès  roy  ne  lès 
autrui.  »  (n.  e.) 

(4)  On  lit  aussi  dans  Eust.  Deschamps  (fol.  497)  ;  «  Selon  l'esté  elles  yvers  Et  la  saison  des  temps  divers,  Fault  chances 
et  cotle  hardie,  Courlelette  afin  que  l'on  die  :  Vez  la  biaii  pié  et  faiticet.  »  Voyez  encore  le  compte  d'Etienne  de  La  Fontaine 
en  1351  et  Christine  de  Pis  m  (Trésor  de  la  cité  des  Dames,  II,  ch.  XI)  :  «  Comptoit  lauti-e  jour  un  taillandier  de  robes  de 
Paris,  qu'il  avoit  fait  pour  une  dame  simple,  qui  demeure  en  Gastinois,  une  cote  hardie ,  où  il  y  a  mis  cinq  aunes  à  la 
mesure  de  Paris  de  drap  Bruxelles  à  la  grand  moison,  et  traine  bien  par  terre  trois  quartiers  de  queue,  et  aux  manches  à 
bombardes  qui  vont  jusques  aux  pieds.  »  A  partir  de  1240,  la  cotardie  est  un  deuxième  surcot  qui  recouvre  le  premier.  (N.  E.) 

(5)  a  Et  chascun  deit  aveir  cote  à  armer  et  ganbisson  se  il  viaut.  »  (.\ssis.  de  Jér.,  I,  170.)  C'est  une  cotte  doublée,  flottante 
et  sans  manches,  qui  recouvre  le  haubert,  et  est  d'ordinaire  décorée  des  armoiries  du  chevalier,  (n.  e.) 

(6)  Co»e  vient  alors  de  quota  dans  quota  pars,  et  non  d'un  radical  allemand  ou  celtique.  Les  créanciers  anciens  imitaient 
les  boulangers  modernes,  et  des  coches  à  un  morceau  de  bois  indiquaient  les  sommes  à  payer,  (n.  e.) 

(7;  Ou  plutôt  comme  dans  d'Aubigné  (Hi.5t.,  Il,  290):  <i  Cela  fit  faire  une  cotte  >no  taillée  de  capitulation.  »  (K.  E.) 

(><i  On  lit  dans  la  44'  Nouv,:  «  Aussi  .lacques,  au  lieu  de  baisser  la  otte  verte  à  s'amie,  lui  baissa  la  cotte  rouge.  »  (N.  E.) 


I 


co 


-  305  ~ 


CO 


et  peu  honnête,  bailler  la  cotte,  ou  cotte  verte  (1). 
(Gloss,  des  Arr.  Amor.  —  Coules  de  la  Royne  de 
Nav.  t.  II,  p.  I(i9,  etc.,  etc.) 

On  a  employé  le  proverbe  suivant  pour  dire  que 
les  seigneurs  de  la  cour  doivent  être  magnifiques  et 
ne  renvoyer  personne  sans  quelque  présent  (2)  : 

Tex  est  la  costume  qui  cort, 
Et  c'est  la  droite  riuUe  (règle)  à  cort, 
Que  de  mainte  gent  ait  curie  (ceinture)  ; 
Qui  n'a  cosle,  si  ait  cuiriée  (ceinture). 

Clés  de  courloisie,  MS.  de  S.  G.  fol.  40.  R"  col.  2. 

VARIANTES  : 
COTTE.  Orthographe  subsistante. 
Cote.  Ord.  t.  1,  p.  74. 
CosTE.  Fabl   MSS.  du  R.  n»  7218,  f»  178. 
CoCTE.  JoinviUe,  p.  104  :  Crétin,  p.  178. 
OuOTE.  Colgrave,  Dict. 
QuOTTE.  Laiic.  du  Lac,  t.  III,  p.  97,  R»  col.  2. 
COUTE.  Ovide  da  Arte,  MS.  de  S.  G.  f»  96  V°. 
Coite.  Le  Songe  du  Verger,  dans  Borel. 
COT.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  1"  190,  V»  col.  2. 
GOST.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  f»  37,  R»  col.  4. 

Cottelette,  suhst.  fém.  Habillement  d'homme 

ou  de  femme.  C'est  le  diminutif  de  totte.  (Voyez  ce 

mol.)  Le  P.  Labbe  (Gloss.  p.  531)  rend  ce  mot  en 

latin  par  tunicella.  «  Ils  tolloyenl  (ostoienl)  aux 

«  chevaliers  etescuyers  tout  ce  qu'ils  avoient  et  les 

«  meltoyent  en  une  povre  cotelle  (3).  »  (Froissart, 

livre  IV,"  p.  257.) 

....  Lui  faire  ou  robe  ou  coctelelle. 

Faifeu,  page  7i. 

On  nommoit  cotelle  juste  une  sorte  de  deshabillé 
à  l'usage  des  dames.  «  Allèrent  en  la  chambre  du 
«  dit  (iac  de  Cleves  en  cotelles  justes  de  draps 
«  d'orfaverie  et  de  soye.  »  (Math,  de  Coucy,  Hist.  de 
Charles  Vil,  p.  710.)  On  lit  (ibid)  :  «  Dansèrent  avec 
«  justes  cotelles.  «  (Voyez  Cotte  juste  ci-dessus.) 

VARIANTES    : 
COTTELETTE,  Côtelette. 
COCTELETTE.  Faifeu,  p.  74. 

Cotelete.  Poës.  MSS.  Vatican,  n»  1490,  f»  112,  V»  col.  2. 
Cotelle.  Froissart,  livre  IV,  p.  257. 
Cottelle.  Contredit  de  Songecreux,  f"  142  V°. 
COTELE.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  II,  p.  637  ;  ibid.  668. 
Coutele.  Ibid.  t.  IV,  p.  1543. 

Cotter,  verbe.  Marquer,  indiquer,  remarquer, 
«  S'il  esloil  eu  ma  puissance  vous  pouvoir  co<i(;r,  ou 
«  le  mois,  ou  la  semaine,  ou  le  jour  de  mou  retour, 
«  jevousleco^/crois.  »  (L'Amant ressuscité,  p.  470.) 
Crétin  dit,  en  parlant  dé  la  muse  Uranie,  p.  65  : 

Puis  quant  elle  eut  ses  notables  co^e:  (maximes). 
Vers  Jupiter  adressa  son  regard,  etc. 

Cotteret,  subst.  masc.  Marchepied  (4). 

Le  cotleret  dessus  les  piedz. 

L'Amant  rendu  Cordelier,  page  .53^. 


Cotterie,  subst.  fém.  Terme  de  coutume  *. 
Nom  d'une  société  de  paysans  révoltés  ^. 

*  Dans  le  premier  sens,  c'est  la  même  chose  que 
cotage,   un  tènemenl  en  roture.  (Voyez  ce  mot) 

^  Dans  le  second  sens,  ce  fut  le  nom  donné  à 
cette  société  de  paysans  révoltés  (|ue  l'un  nomma 
cotereanx.  (Voyez  leur  article  et  les  Dict.  de  Borel 
et  de  Corneille.) 

Cottes-d'ai'ines,  subst.  masc.  plur.  Ceux  qui 
portoientdes  cottes  d'armes.  Ainsi  on  a  ditcorselets 
et  salades  pour  ceux  qui  en  étoient  armés.  «  Il  avoit 
»  perdu  trente  et  trois  cottes  irarmes  de  son 
«  lignage.  ■■  (Froissart,  liv.  IV,  p.  '24t2  (5).)  «  Furent 
»  trouvez  morts  de  la  part  des  Arminaz  bien  2375 
"  cottes  d'armes.  »  (.Journal  de  Paris,  sous  Charles 
VIel  VII,  p.  101.) 

Cotteiir-de-droit,  subst.  masc.  Jurisconsulte^, 
commentateur  du  droit.  (Rab.  t.  V,  p.  84.) 

1.  Cottier,  subst.  masc.  Homme  qui  tient  un 
héritage  roturier  *  ((5).  Tènemenl  roturier  ^. 

*  Dans  le  premier  sens,  un  cottier  est  celui  qui 
tient  un  héritage  pur  cotterie,  c'est-à-iiire  par  rede- 
vance roturière.  fVoyez  Cotterie  et  Cottage.  —  Voy. 
aussi  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.)  On  trouve  francs 
colliers  dans  la  Coutume  d'Amiens.  (Du  Gange,  aux 
mois  cotarius  et  collaterii.) 

^  On  disoit  aussi  cottier  pour  signifier  le  tène- 
menl roturier ,  la  terre  tenue  en  cotterie  par 
redevance  roturière. 

VARIANTES  : 
COTTIER.  Cout.  Gén.  t.  I,  p.  624. 

COTIER. 

2.  Cottier,  adj.  Qui  concerne  le  tènemenl  en 
cotterie. 

On  disoit  en  ce  sens  : 

1°  Juges  cottiers,  pour  les  juges  qui  connoissent 
et  décident  des  matières  concernant  les  terres  ou 
héritages  tenus  en  cotage  ou  cotterie,  roture  ou 
censive. 

2° Cens  cottier,  pour  cens  roturier,  autrement 
appelé  cens  Iruant.  (Du  Gange ,  aux  mots  Census  et 
Colagius  (7).) 

VARIANTES  : 
COTTIER.  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr. 
Costier.  Beauman.  p.  126. 
Cotier. 

Cottièrement  ,  adv.  Roturièrement.  Tenir 
cottièrement  un  héritage,  c'étoit  le  tenir  en  cotage 
ou  colerie,  en  roture  ou  censive.  (Laur.  Glossaire 
du  Droit  fr.) 

Cottits,  subst.   masc.  Roture  ou  censive.  Le 


(1)  u  Que  de  plaisir  de  voir  sous  la  nuit  brune,  Quand  le  soleil  a  fait  place  à  la  lune,  Au  fond  des  bois  les  nymphes 
s'assembler,  Monstrer  au  vent  leur  gorge  descouverte.  Danser,  sauter,  se  dotiner  colti-  verte,  Et  sous  leurs  pas  tout  l'herbage 
trembler.  »  (Desportes.  Œuvres,  p.  587.)  On  se  jette  dans  l'herbe  fraîche  qui  déteint  sur  les  robes  blanches.  CoUerye  dit 
«  tailler  verte  coite  à  l'envers.  »  (N.  E.) 

(2)  On  lit  aussi  dans  E.  Deschamps  (fol.  63)  :  «  .\  chascun  doit  souffire,  quoiqu'on  dye.  Vivre,  une  chambre,  une  cotle,  un 
cheval.  »  (N.  E.) 

(3)  Voyez  ce  mot  et  Froissart  (XV,  331).  (n.  e.) 

(4)  Voyez  ce  mot  et  les  suivants  écrits  par  un  seul  l.  (n.  e.) 

(5)  Comparez  édition  Kervyn,  XV,  286.  (N.  E.) 

(6)  Leur  condition,  comme  celle  des  bordiers,  était  Intermédiaire  entre  la  liberté  et  le  servage,  (n.  e.) 

(7)  D'après  Beaumanoir,  ch.  XXIII.  C'est  le  croit  de  cens,  le  cens  payé  au  villain  qui  a  sous-Ioué  sa  terre,  (n.  e.) 

IV.  3» 


co 


306  — 


CO 


même  que  cotage  ou  cotterie  ci-dessus.  »  Quand 
»  aucun  a  dioict  de  lerrage,  et  (\ue  le  dit  fonds  est 
a  tenud'aulreseigneur,  soiten  fiefsou  co////s,  etc.  » 
(Coût,  de  Ponlhieu,  Coul.  f.én.  t.  I,  p.  678.) 

Coltonner,  verbe.  Garnir  de  coton.  C'est  le 
sens  propre.  De  là,  cette  fa(jon  de  parler  figurée  : 
Coltonner  le  moule  du  pourpoint,  pour  manger 
beaucoup,  emplir  son  ventre.  (Oudin ,  Cur.  t'r.) 
Nous  disons  encore,  dans  le  langage  trivial,  te 
bourrer. 

Cotu,  adj.  Raboteux.  Du  Gange,  au  mot  Cotu- 
losus  campus.) 

Cotusae,  snbst.  (ém.  On  a  dit  proverbialement  : 

En  la  terre  au  père  Audiger, 
C'est  en  la  terre  de  Cocusse 
Ou  Audigers  chie  en  s'aumusse. 

Fabl.  MSS.  du  H.  n"  1013,  t.  1,  fol.  72,  R-  col.  1. 

Cotuteui",  subsl.  musc.  Celui  qui  est  tuteur 
avec  un  autre.  (Coût.  Gén.  t.  II,  p.  1020.) 

Çou,  pronom.  Ce,  cela,  celui.  On  disoit:  «  Cu  ne 
»  m'eustes  vos  en  covenl,  »  pour  ne  me  promiles 
vous  pas  cela.  (I<"abl.  mss.  du  R.  n"  7989,  folio  71  ) 
Çou  temps  s'est  employé  absolument  pour  en  ce 
temps,  dans  le  Rom.  de  Hou,  ms.  p.  20-2.  Estes  vous 
çou  signilie est-ce  vous,  dans  le  vers  suivant: 

Estes  vous  cou,  dites  le  moi  ? 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  798'J,  Toi.  53,  V  col.  1. 

On  disoit  aussi  çou  ne  (joi,  dans  le  sens  où  nous 

disons  ni  quoi  ni  qu'est-ce  : 

Cil  ne  li  dist  ne  foit  ne  <io'i. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7089,  fol.  90,  R"  col.  1. 

Çoii  devant  derrière,  pour  tout  îi  rebours  ;  littéra- 
lement c'en  devant  derrière  : 

....  Çou  devant  derrière 
Parlés' à  guise  d'enfant 

Pocs.  MSS.  Valican,  n'  l-iOû,  fol.  142,  V'. 

VARIANTES  : 
COU.  Poës.  MSS.  Valican.  n»  1490,  f"  142,  V». 
Çu.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7989,  f"  75,  R»  col.  2. 

Couage.  [Intercalez  Couage,  peut-être  pour 
louage  aux  preuves  de  l'Histoire  de  Bretagne 
(I,  col.  780;  :  «  Une  neff  se  frette  à  Bourdeaux'ou 
«  ailleurs,  et  vient  à  sa  droite  descharge  et  font 
»  chartre-partie;  couages  et  petits  locmans  sont 
«  sur  les  marchants.  »]  (n.  e.) 

Couailler,  verbe.  Remuer  la  queue.  (Dictionn. 
d'Oudin.)  Couaver  semble  avoir  !a  même  significa- 
tion dans  ce  passage  :  «  Le  cheval  ayant  senti  lair 
"  de  sa  naissance,  un  peu  haussant  le  museau, 
«  couavé,  gambadé  et  ruade  à  son  plaisir,  s'en  alla 
«  droit  à  l'eslable.  »  (Contes  d'Eutrap.  p.  95.) 

VARIANTES  : 
COUAILLER.  Die.  d'Oudin. 
Couaver.  Contes  d'Eutrapel,  p.  95. 

Couane.  [Intercalez  Couane,  couenne  dans  un 
bestiaire  manuscrit,  oti  l'on  dit  du  crocodile  : 


De  sa  couane  seulement 
Soloit  on  faire  un  ongement, 
Les  vielles  femmes  s'an  ognoieiit  ; 
Par  tel  ongement  s'estendoient 
Les  fronces  dou  vis  et  dou  front, 
Et  pluiseurs  encore  le  font  ; 
Mais  puis  que  la  sueur  lor  vient, 
Sachiés  que  nul  preu  ne  lor  tient. 

DuCange,  421,  col.  t.]  (n.  t.) 

Couard.  [Intercalez  Couard,  et  voyez  Coar, 
même  volume,  p.  73.]  (n.  e.) 

Couardement,  adv.  Lâchement.  D'une  manière 
lâche  et  timide.  (Dict.  de  R.  Estienne,  d'Oudin,  de 
Cotgrave.)  Ce  inotn'exprimeque  la  timidité  dans  ce 
passage  :  »  Dites,  dist  la  royne,  ce  que  vous  avez 
«  empensé  ;  doncques  dist  le  pèlerin  moult  <:oî<a/'- 
«  dément  (i),  ma  très  chière  dame,  etc.  »  (Modus  et 
Racio,  MS.  f"  277.) 

Couardie ,  subst.  (ém.  (2)  Poltronnerie,  lâ- 
cheté *.  Sottise  ^. 

*  Voyez,  sur  le  premier  sens,  les  Dict.  de  Cotgr. 
de  R.  Estienne,  et  le  Gloss.  sur  les  Coût,  de  Beauv. 
«  La  cruauté  vient  et  est  tille  de  la  couardise.  » 
(Sagesse,  de  Charron,  p.  144.)  «  Tant  se  tourmenter 
«  de  la  mort,  c'est  premièrement  grande  foiblesse 
»  et  couardise.  «  (IlJid.  p.  358.) 

....  Couardise  à  reculons 
Vet  (va)  tojors  en  lariere  garde. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7615,  t.  Il,  fol.  193  R-,  col.  I. 

^  Le  mot  couardise  s'est  pris  aussi  pour  sotte 

timidité  : 

Je  per  par  cohardie  bone  amour. 

Poi-s.  MSS.  av.  1300,  T.  I,  p.  512. 

De  là,  pour  sottise  en  général.  Le  renard  vantant 
le  plumage  et  la  voix  du  corbeau  : 

Le  corbeau  par  sa  couardie, 
Oyant  son  chant  ainsi  vanter 
Si  ouvrit  le  bec  pour  chanter. 

Palh.  Farce,  p.  31. 

VARIANTES  : 
COUARDIE.  Pathelin,  Farce,  p,  31. 
CouHARDiE.  Le  Duchat,  sur  Rabelais,  t.  IV,  p.  281. 
Couardise.  Charron,  Sagesse,  p.  564,  etc. 
CoARDiE.  Chans.  du  xiii«  siècle,  MS.  de  Bouh.  t"  214,  V». 
Cohardie.  Poës.  MSS.  avant  1.300,  t.  I,  p.  512. 
CoARDiA.  Borel,  Dict. 
CouARDiA.  Id.  ibid. 

Couartée, subst  fém.  Mesurede  terre  contenant 
lequartd'un  arpent.  (Du  Gange,  au  motCartalatn^à). 
—  Voyez  QuARTELEE  DE  TERRE  ci-après.) 

Couarz.  [Intercalez  Couar:i,  classe  de  censi- 
taires, dans  un  registre  des  fiefs  de  Vieuxpont 
(an.  13(16,  Du  Gange,  11,252,  col.  1)  :  «  Les  hommes 
«  que  l'en  appelle  les  couarz.  •■]  (n.  e.) 

Coubdée,  subst.  fem.  Coudée.  Cette  mesure  est 
d'un  pied  et  demi  de  roi.  On  disoit  autrefois  :  •>  Avec 
"  distance  d'une  coubdée  et  demie.  »  (Rab.  t.  Il, 
p.  184.)  On  trouve  cotée,  au  même  sens,  du  mot 
coule  encore  usité  parmi  le  peuple,  en  Normandie, 


(1)  On  lit  aussi  dans  Thibaut  de  Champagne  (II,  p.  25)  :  «  Mais  jà  dame  ne  saura  mon  penser.  Nus  qui  soit  nés,  fors  vous 
cui  je  le  dis,  Couardement.  à  paours  à  doutance.  »  (N.  E.) 

(2)  Voyez  Coardie,  même  vol.,  p.  74.  (N.  E.) 

(3)  «  On  fait  prendre,  lever  et  emporter  toutes  les  dismes  des  ablaiz  crueues  en   sept  couartées  de  une  pièce  de  terre 
contenant  .x.  joiirneux.  »  (Cart.  de  b'  Jean  d'Amiens.)  (n.  e.) 


co 


307  — 


CO 


pour  coude.  "  Lur  est  avis  qu'il  est  plus  longes 
«  (loing)  de  deus  cotées.  »  (Hist.  de  la  S"  Croix,  ms. 
p.  iG.  —  Voyez  Coide  ci-après  (1).) 

VARIANTES  : 
COUBDÉE.  Rabelais,  t.  II,  p.  187. 
CouLDÉE.  Dict.  de  Cotgiave. 
CoTÉK.  Hist.  de  la  S"  Croix,  MS.  p.  16. 

Couben,  subst.  masc.  Couvent.  Mot  du  patois 
de  Cahors.  (Diot.  de  Borel,  au  mot  Glouper.) 

Couble.  [Intercalez  Coiihle,  d'après  une  pièce 
de  1310  (layelles  du  Tiésor  des  Chartes;  Poitou): 
«  Item  de  tous  les  barilliers,  une  couble.  »]  ik.  e.) 

Coubrer.  [Intercalez  Coubrer,  saisir  : 

Par  le  nasal  dou  hiaume  l'ait  couhré. 

Gérard  de  Vienne,  v.  700. 

Tout  maintenant  eûst  RoUan  rouhré 
A  ses  deus  poinz,  voiant  tôt  le  barné. 

Id..  V.  2598. 

On  trouve  aussi  coftjwdansParlonopex,  v.  7612, 
el  dans  Garin  (Du  Cange,  II,  407,  col  2)  : 
El  destrier  monte  :  si  a  l'escu  cohré. 

Et  combrer  (même  volume,  p.  113,  et  Agolanl, 
V.  621) : 

Estreint  la  çengle,  s'a  la  renne  cambrée.}  (n.  e.) 

Coucade  ,  mbst.  fém.  Mesure  de  terre.  Ce 
terme  est  usité  dans  la  généralité  de  Montauban. 

Coucba,  3'  pers.  du  prétérit.  Se  coucha  semble 
une  faute  pour  se  coucha  ,  s'avilit ,  dans  ce 
passage  : 

....  L'enperes  Constantin 

Ot  eu  sa  famé  tel  ontage  (honte) 

Qu'il  se  coucha  par  son  folage, 

En  une  si  laide  figure 

C'on  le  voit  en  maint  escripture. 

Fabl.  MSS.  du  R.  u"  7G15,  t.  U.  fol.  153,  V-  col,  1. 

Coucliable,  adj.  Propre  à  coucher,  où  l'on 
peut  coucher.  Lit  couchable.  (Epilhètes  de  M.  de 
La  Porte.) 

Coucbage,  subst.  masc.  Terme  de  coutume.  Il 
signifie  le  droit  de  laisser  paitre  ses  bêtes,  la  nuit, 
dans  les  forêts. 

VARIANTES  .' 
COUCHAGE.  Du  Cange,  au  mot  Couquacium. 
COUQUAGE.  Id.  Ibid. 

Couchant-et-levant,  sub.-st.  masc.  Domicilié. 
Cette  expression,  prise  comme  substantif,  a  signifié 
le  domicile,  soit  par  rapport  au  seigneur  (2)  dont  le 
domicile  roturier  relève,  soil  par  rapport  au  juge 
sous  la  juridiction  duquel  il  est  situé.  (Gloss.sur  les 
Coût,  de  Beauvoisis.)  •<  Si  tu  es  adjourné  devant 
«  aucun  juge,  et  tu  ne  sois  ne  son  couchant,  ne 
■'  son  levant,  el  on  t'y  faict  demande,  respondre 
«  n'y  dois.  »  (Bout.  Som.  Rur.  p.  74.) 


Couchant-levant,  adv.  Nuit  et  jour.  Perpé- 
tuellement. 

Et  à  languir  couchant  levant. 

Parton,  de  El.  MS.  de  S.  G.  fol.  139,  V  col.  3. 

Couche,  subst.  fém.  Lit*.  Litière  °.  Repaire  '^. 
Terme  de  boulangerie  °.  L'action  de  baisser  la 
lance  ^.  Terme  de  jeu  ''. 

*  Dans  le  premier  sens  ,  nous  disons  encore 
couche  pour  lit  (3).  Autrefois  ce  mot  a  signifié  quel- 
quefois lit  en  général.  (L'Amant  ressuscité,  p.  342.) 
Nous  observerons  cependant  qu'anciennement  un 
lit  n'étoit  appelé  couche  que  lorsqu'il  avoil  dix  ou 
douze  pieds  de  long  sur  autant  de  large  (4).  (Voyez 
Choisy,  Vie  de  Charles  VI,  p.  110.) 

Quelquefois  on  entendoil  par  lit  ce  que  nous  appe- 
lons le  coucher,  comme  dans  les  passages  suivans  : 
«  Ses  gens  ne  lui  avoient  rien  appareillé  commode 
«  rohhes.  Ut,  cousche,  ne  autre  bien  (.">).  »  (Joinville, 
p.  79.)  Quelquefois  on  écrivoit  conche  en  ce  sens: 

N'ot  point  de  couche  apnareiUié. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  :it8,  V-  col.  1. 

On  disoit  être  en  couche,  pour  être  alité.  On  lit, 
en  parlant  d'un  homme  qui  avoit  reçu  une 
blessure,  qu'il  eu  fut  en  couche.  (Vig.  deCharl.  VII, 
t.  II,  p.  129.) 

°  On  appliquoit  aussi  ce  mot  à  la  litière  sur 
laquelle  couchent  les  chevaux.  11  paroit  que  c'est 
en  ce  sens  que  l'orthographe  coHf/ic  est  employée 
dans  ce  passage  :  «  Après  faut  qu'ils  regardent  si 
«  leurs  chevaux  sont  bien  ferrez,  et  bien  enconclie, 
«  en  leur  donnant  de  favoine,....  ce  fait,  s'en  iront 
«  coucher.  »  (Fouilloux,  Vénerie,  f"  38.)  (G) 

'^  De  là,  au  lieu  oîi  se  retirent  le  loup  et  autres 
bêtes  malfaisantes,  ce  qu'on  nomme  repaire.  Un 
chasseur  «  doit  suyvre  son  limier  jusques  à  ce  qu'il 
"  le  lance,  et  trouve  la  couche  du  loup  sur  laquel 
u  il  doit  fort  tlatter  son  limier.  »  (Fouill.  Vénerie, 
folio  113.)  (7) 

°  Comme  terme  de  boulangerie,  ce  mot  désignoit 
un  morceau  de  grosse  toile  sur  laquelle  on  couche 
le  pain  avant  de  le  mettre  dans  le  four  : 

Ne  tornez,  ne  sor  couclies  assis 
En  auront  plus  de  trente  six. 

Fabl.  MSS.  du  R,  n*  7-218,  fol.  175,  V°  col.  1. 

^  On  disoit  coucher  la  lance  pour  la  baisser.  De 
là  couche  s'est  pris  pour  l'action  de  baisser  la  lance, 
pour  frapper  son  adversaire  : 

Mes  Diex  le  fist  à  une  couche. 

Fabl   MSS.  du  R.  n"76l5,  I.  II,  f  187,  R- col.  2  et  V- col.  1. 

■^ Enfin  couche,  comme  terme  de  jeu,  signifioit 
proprement  l'enjeu.  On  dit  encore  en  ce  sens  la 
couche  pour  désigner  ce  qu'on  a  mis  sur  une  carte 
au  lansquenet.  Rabelais  l'a  employé  figurémenten 
ce  sens,  dans  cette  expression  :  «Bien  boire;  moi- 


(1)  Voyez  Code,  ci-avant,  (x.  e.) 

(2)  «  Et  s'il  ne  le  trueve  d'aventure  ,  il  doivent  aler  fere  lor  semonce  à  lor  ostel   oii   il   est  couquans  et  levans.    » 
(Beaumanoir,  50.)  (n.  e.) 

(3)  On  lit  déjà  aux  Rois  (Hl)  :  «  Il  de  terre  levad,  e  sur  une  culche  s'assiet.  »  (n.  e.) 

(4)  On  ht  cependant  :  «  Porté  fu  le  roy  de  sa  couche  en  son  ht.  »  (Christ,  de  Pisan,  ch.  'V,  III,  ch.  LXXI.)  «  Et  douce  main 
pour  remuer  Le  pacient  et  le  ruer  Doucement  en  ht  ou  en  couche.  »  (E.  Deschamps,  fol.  420.)  (N.  E.) 

(5)  M.  de  WaiUy  édite  (§  403)  :  «  Il  ne  trouva  onques  que  sa  gent  li  eussent  riens  appareilhé,  ne  lit,  ne  robes.  »  (n.  ë.) 

(6)  Comparez  édition  Favre,  fol.  31,  recto,  (n.  e.) 

(7)  Comparez  édition  Favre,  fol.  83,  verso,  (n.  e.) 


co 


G08  — 


CO 


<i  tié  au  per,  moilic  à  la  couche.  »  (Rab.  l.  V,  p.  20.)  (1) 
LeDucluil,  noie  12,  tlil  que  «  c'est  une  métaphore 
«  enipiunlée  des  jeux  où  ou  parie  une  somme 
'<  au  delà  d'une  autre  qu'où  couche  sur  la  carte.  » 
Dans  le  passage  suivant,  ce  mot  ne  paroil  pas 
substantif,  mais  impératif  du  verbe  coucher,  et  il 
équivaut  à  notre  mot  tope. 

A  II  coups  ay  perdu  six  frans  ; 
Pour  autre  six  voulez-vous  bien  ? 
Couciie,  je  ne  refuse  rien. 
Or  va  va  :  vous  l'avez  perdu. 

Eust.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  375,  col.  1. 

On  appeloit  bombnj'des  à  deux  couches,  peut-être 
les  doubles  bombardes  ou  bombardes  à  deux 
canons. 

Si  furent  faits  de  grans  aprouches 
De  fossez,  minnes  et  tranchées, 
Bombardes  jettans  à  deux  couches 
Dont  les  tours  furent  esbauchées. 

Vigiles  de  Charles  VII,  t.  Il,  p.  111. 

VARIANTES  : 
COUCHE.  Orth.  subsistante. 
CouscHE.  Faifeu,  p.  109  ;  Joinv.  p.  79. 
Cocue.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7615,  t.  I,  f»  73,  R»col.  2. 
CoNc.HE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f  318,  V°  col.  1. 

Couché,  adj.  Horizontal*.  Garni,  orné°. 

*Dans  le  premier  sens,  on  a  dii  ligne  couchée 
pour  ligne  horizontale,  transversale,  collatérale, 
opposée  par  conséquent  à  debout,  directe,  perpen- 
diculaire. «  La  seconde  espèce  d'amitié  pour  le 
«  regard  des  personnes  est  en  ligne  couchée  et  col- 
«  latérale  entre  pareils,  ou  presque  pareils.  »  (Sag. 
de  Charron,  p.  481.) 

^Couché,  pour  garni,  orné,  semble  venir  de  jon- 
ché, semé. 

C'est  en  ce  sens  que  l'emploie  Saintré,  dans  ce 
passage  :  »  Si  en  ay  ung  aullre  de  damas  noir,  dont 
«  l'ouvrage  est  tout  po'urlillé  de  fil  d'argent  et  le 
«  champl"  tout  empli  de  boulpes  couchées  de  plu- 
«  mes  d'autrusse.  «  (P.  J.  de  Saintré,  p.  189.) 

Couchement ,  subst.  masc.  L'action  d'être 
couché  et  de  se  coucher.  (Rob.EstienneelColgrave, 
Dict.)  L'action  de  coucher  ensemble.  •■  LeurcoMC/(c- 
«  ment  et  amour.  ■>  (Bout.  Som.  Rur.  p.  613.)  «  Li 
»  naissemenz  del  soloil,  et  li  couchemens.  » 
(S.  Bern.  Serm.  Ir.  mss.  p.  87.) 

Coucheore,  adj.  au  fém.  On  disoit  hore  cou- 
cheore  pour  l'heure  de  se  coucher,  dans  le  langage 
vulgaire  Vheure  couchatoire. 

A  nuit,  dit  il,  emprés  (après)  celle  bore 
Que  l'en  appelle  coucheore. 

Rom.  de  Brut.  MS.  fol.  3,  V*  col.  2. 

Coucher,  verbe.  Coucher,  dormir*.  Mettre  au 
jeu^.  Donner,  prodiguer'^.  Ecrire"  (2). 


*  .Nous  disons  encore  coucher  dans  le  premier 
sens.  Du  Gange,  dans  son  Gloss.  lat.  et  M'  Valois, 
dans  le  Valesiana,  p.  73,  dérivent  le  mot  couclier  de 
collocare  (3).  On  pourroit  peut-être  appuyer  encore 
cette  étymologie  par  un  passage  de  la  Règle  lat.  et 
fr.  de  s'  Benoit,  ms.  de  Beauv.  ch.  43.  On  y  trouve 
couceroit  traduit  du  mot  latin  recollocet.  Cei>endan{ 
il  seroil  aussi  naturel  de  le  faire  venir  de  esconser. 
On  litdiins  quelques  >i^s.  :  Le  soleil  escouchant, 
alias  escunchanl,  pour  le  soleil  couchant. 

On  disoit  en  ce  sens  : 

1°  Couclier  à  la  françoise  pour  dormir,  au  figuré 
demeurer  tranquille,  sans  se  mettieeu  g.'irde  contre 
les  hasards  de  la  guerre.  (Mém.  de  Montluc,  t.  I, 
page  173.) 

2"  Se  coucher  en  chapon,  se  couclier  de  bonne 
heure.  (Oudin,  Dict.  elCur.  fr.)  (4)  On  dit  encore  vul- 
gairement, se  coucher  comme  les  poules. 

3°  Couclier  à  l'enseigner  de  restoiUe,  pour  cou- 
cher à  la  belle  étoile.  (Contes  d'Eulrap.  p.  208.) 

4°  Se  coucher  dormir  signilioit  par  ellipse  se  cou- 
cher pour  dormir  ;  nous  évitons  ce  pléonasme,  en 
donnant  au  mot  coucher  l'une  et  l'autre  significa- 
tion :  «  Quant  il  avoient  soupe,  si  se  couchoïenl 
"  dormir.  »  (Gontin,  de  G.  de  Tyr,  Martène,  t.  V, 
col.  620.) 

^Co;/c/(fr  se  prend  encore  pour  mettre  au  jeu  (5); 
on  disoit  aussi  autrefois  en  ce  sens  : 

Je  ne  vueil  mie  couchier  trop  ; 
Je  ne  tendrai  cest  premier  cop. 

Fabl.  MSS.  du  K.  n°  721S,  fol.  235,  V  col.  I. 

4°  Coucher  de  sa  vie,  pour  mettre  sa  vie  en  jeu, 
la  risquer,  l'exposer.  (Sag.  de  Charr.  p.  36-5.) 

2°  Couclier  de  flamme,  pour  hasarder  l'aveu  de 
son  amour.  (Th.  Corn.  Berg.  Extiavag.  act.  2, se.  2.;(6) 
On  a  vu  à  l'article  Coiche  que  l'on  disoil  couche,  à 
l'impératif,  pour  tope,  mets  au  jeu  ;  j'y  consens  ;  je 
le  tiens. 

'^  Par  extension  de  cette  acception,  coucher  a 
signifié  donner,  prodiguer,  hasarder  la  récompense 
de  sa  générosité  en  donnant  inconsidérément  et 
sans  choix. 

Si  l'or  a  le  roy  tout  coucliié. 

Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  fol.  O'J. 

"Enfin  l'on  a  dit  couclier  pour  écrire,  coucher 
par  écrit  en  parlant  du  style  ;  •>  Lettre  mal  escrite 
»  et  encore  plus  mal  couchée.  «  (Voyag.  di  Petrode 
la  Valle,  Paris,  1670,  in-4%  p.  115.) 

Nous  remarquerons  encore  quelques  expressions 
où  ce  mot  entre  (7)  : 

1°  Coucher  de  minlma,  pour  appeler  d'un  juge 
inférieur  au  supérieur.  «  Articule  nouveaux  faits, 
«  et  couche  de  mininia.  »  (Pasq.  Rech.  p.  865.) 


(1)  Voyez  aussi  J.  Marot,  t.  V,  p.  108.  (n.  e.) 

(2)  Froissarl  dit  au  sens  d'abattre  :  «  Il  chouchierent  grant  foison  d'arbres  et  de  bois.  »  (II,  2G8.)  (n.  e.) 

(3)  Ce  sens  est  dans  Suétone  (Caligula,  24)  :  «  Plenoque  convivio  singulas  infra  se  vicissim  coUocahat.  »  (n.  e.) 

(4)  Au  débat  de  folie  et  d'amour  (p.  99),  le  proverbe  est  plus  complet  ;  «  Se  coucher  en  cliapon,  le  morceau  au  bec.  »  ^N.  E.) 

(5)  «  Après  ce  coup  là  veïssiez  Autres  coups  aUer  et  tenir,  Et  Qourins  aller  et  venir  ;  L'un  couchait  de  seize  tous  francs.  » 
(E.  Desch.,  fol.  392.)  (N.  e.) 

(6)  Pierre  Corneille  dit  aussi  dans  le  Menteur  (III,  5)  ;  «  Vous  couchez  d'imposture  et  vous  osez  jurer  !  »  (n.  k.) 

(7)  Coucher  une  affaire,  c'est  la  régler  :  «  Et  quoique  là  en  fust  parlementé  et  regardé  cornent  on  poroit  couchier  les 
coses  et  yaus  apaisier.  »  (Froissart,  VI,  31(5.)  Se  couchier  d'une  affaire,  c'est  s'en  rapporter  à  autrui  :  «  U  estoit  content  de 
s'en  mettre  et  concilier  à  la  pure  ordonnance  du  visconte  de  Rohen.  »  (Id.,  XV,  208.)  (n.  e.) 


co 


309  — 


CO 


2°  Se  couchier  en  droit,  se  mettre  en  droit,  pour 
commencer  une  instance.  (Beauman.  p.  75.) 

3°  Couclier  ou  couchier  lance  fl),  la  baisser,  la  tenir 
en  arrétdans  rattilude  de  frapper.  »  11  dresse  le  bras 
>•  dextre  à  tout  la  lance  au  poing...  et  quant  il  fut 
«  tempsdefOi/d(('/% il  coucha  toutdroitbonne/«»C(3, 
«  et  tourne  sur  son  ennemi.  »  (Percef.  vol.  V,  f"  6.) 

On  disoil  aussi,  en  ce  sens,  couchier  basions  : 

Car  quant  vint  aux  basions  vuiiclùer, 
Peu  sçavoient  le  tour  de  la  lance. 

Vig.  de  Charles  Vil,  1.  Il,  p.  115. 

VAHIAOTES   (2)  : 
COUCHEB.  Orthographe  subsistante. 
Couchier.  Path.  Farce,  p.  G7. 
CoscHER.  Fabl.  MSS.  de  S.  d.  fol.  49,  R»  col.  3. 
CoucER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7989,  f»  89,  V»  col.  2. 
CouciER.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  III,  p.  1285,  t.  IV,  p.  1341. 

Coiiclieteur,  subst.  niasc.  Ce  mot  paroit  dési- 
gner un  métier,  une  profession,  dans  une  pièce  de 
•1357,  citée  piéf.  du  3'  vol.  des  Ordonn.  p.  72.  On  y 
trouve  Colard  le  coucheteur.  C'est  peut-être  une 
faute  pour  souclieteur,  terme  des  eaux  et  forêts 
pour  signifier  expert  au  souclietage  ou  à  la  visite 
des  souches. 

Couciaus,  subst.  masc.  plur.  Conseil,  assis- 
tance, consolation. 

Car  nous  dounes  les  couciaus. 

Poés.  MSS.  Vatican,  n-  1490,  fol.  ^0,  V-. 

Coucuol.  [Intercalez  Coucuol,  mari  trompé  : 
«  Tu  ne  es  sinon  uiig  coucuol,  que  je  t'ai  fait.  » 
(JJ.  185,  p.  I.j2,  an.  1451.)  Au  leg.  JJ.  11)8,  p.  :?29, 
an.  14G2,  on  trouve  couquiol:  «  Icellui  sergent 
«  appelia  le  suppliant  coquart,  coqu ,  couqui)l, 
"  autant  t'o«ç(uo/ qu'il  n'estoil  pas  digne  de  nresidre 
"  l'eaue  benoiste.  »]  (,n.  e.) 

Coucuvuche, subst.  fém.  Sommité,  pointe.  Mot 
languedocien  formé  de  coqueluche,  coqueluchon, 
qu'on  met  sur  la  tête.  (Du  Cange,  au  mot  Quoquilum.) 

Coude,  subst.  masc.  Coude.  Nous  disons  encore 
coude  en  ce  sens;  mais  nous  ne  disons  plus  estre  à 
coudes  et  à  genoux  pour  être  prosterné.  (Chron. 
S.  Den.  t.l,  f°2.53.)(3)  Encore  moins  venir  à  couldes 
et  à  genoux,  expression  figurée  pour  crier  merci. 
(Percef.  vol.  IV,  fol.  153.)  On  disoit  aussi  aller  à 
coûtes  pour  marcher  sur  les  coudes.  (Part.de  Blois, 
m.  de  S.  G.  fol.  155.)  (4)  L'usage  de  ce  mot  dans  le 
vers  suivant  mérite  d'être  remarqué  : 

Je  n'aira  pas  mon  mari  del  cuer  plus  que  del  coûte. 

Fahl.  WSS.  du  R.  n"  "218,  fol,338,  V-  col.  2. 


On  disoit  le  couldc  du  bras  pour  le  coude.  (Petit 
J.  de  Saintré,  p.  300.)  Comme  si  on  eut  voulu  dis- 
tinguer le  coude  du  bras  du  coude  du  pied.  Celte 
expression  peut  servir  à  appuyer  l'opinion  de  ceux 
qui  prétendent  que  coude  pied,  vient  non  de  cou  de 
pied,  maisde  coude  du  pied  (5). 

Le  coude  de  Vespaule,  en  parlant  des  bêtes,  dési- 
gne la  partie  du  corps  qui  se  joint  à  la  jambe  de 
devant.  «  Les  lieux  par  où  une  bcste  peut  mourir 
«  plus  tost,  si  est  par  les  longes,  et  par  les  costez, 
«  espéciaument  bas  orès  du  coude  de  respaule.  » 
(Chasse  de  Gast.  Phéb.  jis.  p.  328.) 

VARIA.NTES  : 
COUDE.  Orthographe  subsistante. 
CouLDE.  Percef.  vol.  IV,  fol.  153,  V»  col.  2. 
CouuDE.  Cotgrave,  Dict. 

CoUBTE.  Ibid.  Rab.  t.  III,  prol.  p.  8,  t.  IV,  p.  67. 
CcuLTE.  Percef.  vol.  IV,  fol.  4,  R»  col.  1. 
CousTE.  Eust.  Desch.  Poésies  IISS.  1°  421,  col.  2. 
COUTE.  Villon,  Rep.  fr.  p.  36  (6). 
CouTTE.  Lanc.  du  Lac,  t.  I,  fol.  28,  V»  col.  1. 
Keute.  Ph.  Jlouskes,  MS.  p.  296. 

Coiidé,adj.  kp\myé'J]. Canon  coudé, dansOaàin, 
Dict.  Esp.  Canon  acodado.  .ïe  ne  sais  cependant  si 
le  mot  acodado,  qui  signifie  également  s'accouder, 
s'appuyer  sur  le  coude,  et  couder,  plier  en  coude, 
ne  doit  pas  se  prendre  ici  dans  le  second  sens.  En 
ce  cas,  le  mot  roudé  n'auroit  riendanscette  expres- 
sion qui  différât  du  sens  que  nous  lui  donnons 
encore.  Dans  le  premier  sens,  canon  coudé  seroit 
un  canon  en  batterie;  dans  le  second,  un  tuyau 
courbé. 

Coudée.  [Intercalez  Coudée,  poignée,  au  t.  Il 
de  rHist.  de  Bretagne  (Preuves,  col.  485)  :  «  Prin- 
«  drent  du  feu,  de  la  chandelle  et  une  coudée  de 
«  paille.  •'  De  même  co(;;e  signifiait  main  (Roncisv. 
p.  115)  :  »  Par  som  le  coûte  lui  fu  du  cors 
»  partie.  »  (n.  e.) 

Coudées,  subst.  fém.  plur.  Coups  de  coude. 
'  Dieu  sçait  s'il  est  bien  empestré,  et  s'il  a  de  bon- 
«  nés  coudées,  et  bons  respons.  »  (Les  Quinze 
Joyes  du  Mariage,  p.  125.)  L'éditeur  croit  que  l'au- 
teur équivoque  de  coudées  et  respons  à  gaudés  et 
respons. 

Couderc,  subst.  masc.  Pâturage.  Champ  à  pâ- 
turer, dans  le  patois  ilu  Puy-en-Velay.  (Voyez  Du 
Cange,  au  mot  Coudercum.)  (8) 

Coudiere  (9),  subst.  fém.  Accoudoir.  (Dict.  de 
Monet  et  d'Oudin.  —  Vov.  Accoudoir  et  Accoudiere.) 


(1)  Par  suite  on  a  dit  :  «  Le  coup  fu  bel  et  bien  couchié.  »  (Froissant,  XIV,  129.)  (n.  e.) 

(2)  On  lit  dans  Roland  :  «  Sur  un  perron  de  marbre  bloi  se  culche.  »  (Str.  II. 1  (N.  E.) 

(3)  «  Vindrent  à  l'église  où  il  avoit  fait  espier  le  conte,  et  vint  par  derrière  si  comme  le  conte  estait  à  coudes  et  à  yenoulc 
sur  le  pavement.  »  (n.  e.) 

(4)  On  lit  aussi  dans  Berte  (48)  :  «  A.  genous  et  à  coûtes  va  la  terre  incliner.  »  (n.  e.) 

(5)  On  lit  dans  Thomas  de  Cantorbery  (50)  :  «  Uns  grans  soUers  aveit,  ke  uns  frères  li  porta  ;  Entur  le  col  del  pié  à  nuals 
les  laça.  »  (n.  e.) 

(6)  C'est  aussi  la  forme  du  xii'"  siècle  (n.  e.) 

(7)  On  Ut  encore  au  t.  I  des  Preuves  de  l'Histoire  de  Bretagne  (col.  789)  :  «  Une  nefî  est  en  ung  couvert  lieu  coudée  et 
amarrée.  »  (N.  e.) 

(8)  Le  mot  subsiste  comme  nom  de  lieu'  Couderc  (Aveyron),  le  Couderc  (Lot),  le  Coudère  (Corrèze) ,  le  Couderl 
(Haute-Vienne),  (n.  e.) 

(9)  Les  coudieres  sont  aussi  deux  lanières  d'étoffe  continuant  les  demi  -manches  des  j.iquettes  et  pendant  jusqu'au  jarret  : 
«  Une  fillette  commune  vestue  d'une  houppelande  longue  à  grans  coudieres  notées  au  poing.  »  (JJ.  :57,  p.  40,  an.  Ii0£.)  Ce 
sont  aussi  des  boites  de  fer  qui  protègent  les  coudes  depuis  le  temps  de  Philippe-le-Bel.  (N.  e.) 


co 


—  310 


co 


Coudretc,  subst.  fcm.  Coudraye.  Lieu  planlé 
de  coudres. 

Trouvai  souz  une  cowlrele. 

Pocs.  MSS.  avant  1300,  t.  IV,  p.  150>l 

VARIANTES    (1]  : 
COUDRETE.  Poésies  MSS.  avant  1300,  t.  IV,  p.  1508. 
CouLDREïTE.  Gloss.  de  Marot. 
CouLDRAV.  Percer,  vol.  V,  foi.  43,  R°  col.  2. 

Coudrier,  subsl  masc.  «  Oue  nulz  ne  nulle 
<'  ne  melle  en  euvre  plume  pourrie  que  l'en  appelle 
«  coudrier  {'!),  ne  faucin,  se  l'eu  ue  met  à  par  soy 
«  (séparémenl).  >>  (Ord.  t.  V,  p.  547,  an.  i;i'il.) 

Coudurier,  subst.  vuisr.  Tailleur.  Mot  du  patois 
des  Donibes.  (Du  Cauge,  au  mot  C0(lurerius.]On  dit 
encore,  en  Normandie,  couturier  dans  le  même 
sens.  (S'oyez  Cousturier.) 

Coueigne.  [Intercalez  Coueigne,  chignon,  dans 
Henart,  v.  -20341  : 

Et  celé  creste  et  cel  coucigttc]  (n.  £.■) 

Coueillon,  suhst.  masc.  Couille,  couillon.  Ce 
mol  subsiste  avec  une  légère  altération  d'ortho- 
graphe. '  Fay  à  ton  coutel  deux  fentes  sur  les  deux 
'-  coueillons{?>).  •<  (Modus  et  Racio,  ms.  f»  49.)  Il  est 
parlé  dans  rilist.  de  la  Popelinière(l.  I,  liv.  2,  f°ôO), 
d'une  espèce  de  fortification  «  ressemblant  un  coul- 
«  Ion,  en  forme  d'éperon.  »  Peut-être  la  même  que 
le  couillon  ci-après,  pour  bastion.  (Voy.  ce  mot.) 

VARIANTES  : 
COUEILLON.  Modus  et  Racio,  MS.  f»  49,  R°. 
CouLLON.  Hist.  delà  Popelinière,  t.  I,  liv.  2,  f"  50,  R°. 

Couenaille,  subst.  fém.  Canaille.  Dictionn.  de 
Boxel,  1'"  add.  du  mol  coue,  queue,  d'où  s'est  aussi 
formé  l'adjectif  couard. 

Couers.  [Intercalez  Couers,  mari  complaisant  : 
«  Tais-toy,  tu  es  couers;  qui  vuelt  autant  dire, 
«  comme'  cellui  qui  couche  les  autres  avec  sa 
c  femme.  »  (.IJ.  l'2C,  p.  Cl,  an.  1384.)]  (n.  e.) 

Couetés.  Charlemagne,  montrant  au  Sarrasin 
Angolan  les  principaux  de  sa  cour  assis  à  sa  table, 
lui'dit  : 

Et  cil  a  ses  dras  fieretés 
Partis  en  voissiez  cotielés. 

Ph.  Mouskcs,  MS.  p.  145. 

Couf  (ju).  Ce  mot  paroît  devoir  signifier  je  con- 
ffsse,  j'avoue  ou  j'ai  confiance,  jespère.  Peut-être 
je  convoite.  «  \oscoufju  et  si  désir  que  vos  ades 
""  moigniez  en  benison.  »  (S.  Bern.  Serm.  fr.  mss. 
p.  313.)  On  lit,  dans  le  latin  :  opta  iwbis  benedic- 
tionem  manere  semper. 

Couffal,  subst.  masc.  Coup.  .Mot  usité  ù  Mon- 
lauban.  (Voyez  Dicl.  de  Corel,  au  mol  Horion,  et 
l'article  Coife  ci-dessus.) 

Couffin,  s»/>sL  masc.  Recoin.  Mot  languedocien 


pour  signifier  un  lieu  propre  à  mettre  des  choses 
de  peu  de  conséquence;  il  vient  de  cophinus , 
panier  de  jonc.  'Dict.  de  Borel,  au  mol  Copiiin.  — 
Voyez  l'article  Coffin  ci-dessus.) 

Coufiens.  Peut-être  est-ce  un  mot  corrompu 
dans  ce  passage  : 

Mais  ils  auront  service  de  mestiers 
Ou  chascun  va  mettre  sou  fiens 
La  ne  sera  pas  li  boires  trop  chiers 
C'est  pour  mal  neu  dont  je  suis  coufiens. 

Eusl.  Desch.  Poês.  MSS.  fol.  «1 1,  col.  3. 

Cougot,  sulist.  masc.  Cocu.  Mot  languedocien. 
(Du  Cange,  au  mot  Cugus.) 

VARIANTES  : 
COUGOT.  I1u  Cange,  au  mot  Cugus. 
CouYOUL.  Id.  ibid. 

Cougourde.  [\nierca\ez  Cougourde,  Couhourde, 
courge  au  Gloss.  lat.-fr.  7C8î.  On  lit  encore  dans 
un  Cari,  de  Corbie:  «  Ilem  ungz  homs  qui  porte 
«  couiiourdes,  doit  .i.  den.  »]  (n.  e.) 

Couhart,  subst.  masc  Nous  avons  trouvé  ce 
mot  dans  plusieurs  titres  en  faveur  de  la  commune 
de  Monlbard,  rapportés  à  la  suite  d'un  mémoire 
pour  celte  ville.  Il  semble  qu'il  ait  eu  une  signifi- 
cation particulière.  Le  couhart  de  la  ville  désigiioit 
peut-être  une  place  où  l'on  s'assembloil,  peut- 
être  un  marché,  comme  cohue,  d'où  couhart  paraît 
être  formé. 

Coulierces,  subst.  plur.  Espèce  de  serpent  ou 
autre  bête  venimeuse.  (Voyez  Rab.  t.  IV.  p. '274.) 

Couillard,  subst.  masc.  Machine  de  guerre.  On 
s'en  servoil  pour  lancer  des  pierres.  (Borèl,  1''"  add. 
et  Corneille,  Dicl.j  On  trouve  couillars  au  pluriel, 
avec  cette  signification ,  dans  le  Jouvencel ,  ms. 
p.  289.  C'étoit  aussi  le  nom  des  pièces  de  grosse 
artillerie.  (Voyez  BouUainvill.  Ess.  sur  la  Noblesse, 
Table,  p.  99,  etc.)  (4) 

Il  y  avoil  «  un  maistre  des  engins  nommez  cou- 
«  lars.  »  (Etal  des  Officiers  des  ducs  de  Bourgogne, 
p.  241.)  On  lit  :  canons,  coullars,  et  autres  engins. 
(Juvénàl  des  Ursins,  Hist.  de  Charles  VI,  p.  172, 
année  1405.  ) 

VARIANTES  ; 
COUILLA.RD.  Le  Jouvencel,  MS.  p.  289. 
CoiLART.  Le  .Touvencel,  MS.  p.  289  (5). 
CouLLART.  .luvénal  des  Urs.  Hist.  de  Charles  VI,  p.  172. 
CouLAR.  Etat  des  ofliciers  des  ducs  de  Bourg,  p.  241. 

Couillasse,  subst.  fém.  Terme  d'injure.  (Rab. 
t.  III,  p.  129.) 

Couillaud,  sh6s/.  masc.  Cemolavoit  plusieurs 
significations.  Rabelais  l'a  employé  comme  terme 
d'amilié  (l.  1,  p.  G33.  Voyez  la  note  de  Le  Duchat. 
ibid.)  Oudin .  dans  son  Dicl.  l'explique  par  bon 
compagnon.  Il  s'est  aussi  pris  dans  un  sens  plus 


(1)  On  disait  aussi  coudreiz,  Chron.  des  ducs  de  Norm.,  v.  25334,  et  coudroie  (Romancero,  p.  677).  (n.  e.) 

(2)  Il  faut  lire  poudrier.  i;Du  Cange,  II,  641,  col.  1.)  (N.  E.) 

(3)  Dans  Froiss.  vXI,  368),  on  lit  :  «  Laissiés  venir  ces  François  ;  par  Dieu,  il  n'en  retournera  jamais  c...  en  France.  »  (n.  e.) 

(4)  On  lit  dans  le  Fèvre  de  S'  Remy  (an.  1415)  :  «  Laquelle  [ville  de  Mortain]  les  François  délibèrent  d'assiéger  :  et  dé  faict 
y  mirent  le  siège,  et  y  assortirent  canons  et  fo»//((rs  et  autres  engins;...  et  si  endonimageoient  fort  ceux  de  dedans  les 
coullars.  par  où  on  jettoit  grosses  pierres  et  pesantes.  «  (N.  E.) 

(5)  On  lit  aussi  dans  une  pièce  de  1391  (Da  Cange,  II,  641,  col.  3)  :  «  Pour  la  feczon  des  dous  angins  ,  un  angin  et  un 
coitlart  (plus  bas  couUarl)  pour  la  delïense  doudit  chastel.  »  (N.  E.) 


co 


311 


co 


libre.  (Contes  d'Eutrapel,  p.  295.)  Selon  Ménage, 
on  appelle  couillauds,  «  dans  Téglise  callicdrale 
«  d'Angers,  les  valets  des  chanoines  qui  servent  à 
«  l'église.  »  (Dict.  Elym.) 

VARIANTES  ; 
COUILLA.UD.  Oudin,  Dict. 
CouiLLAUST.  Rabelais,  t.  I,  p.  263. 

COUILLAUT. 

Couille,  subst.  fém.  Ce  mot  subsiste  sous  cette 
orthographe.  Nous  nous  bornerons  h  citer  les 
expressions  suivantes  : 

i°  Avoir  couille  et  moulle.  Façon  de  parler  usitée 
en  Poitou,  pour  dire  être  courageux,  avoir  de  la 
valeur.  (Le  Duchat,  sur  Rab.  t.  l,  p.  207.) 

2°  Jouer  à  la  couille  de  bélier.  Espèce  de  jeu, 
comme  celui  du  ballon.  (Rabelais,  1. 1,  p.  143.— Voy. 
aussi  Coi  LÉE  iiELÉE  ci-après.) 

3°  On  disoit  couille  de  bélier  ou  beimière  pour 
bourse.  »  Une  couille  de  bélier  pleine  de  carolus 
«  nouvellement  forgez.  «  (Rab.  t.  III,  p.  Vil.)Couille 
beliniere.  (Ibid.  p.  92.) 

40  On  nommoit  couille  à  l'evesque  une  sorte 
d'herbe  à  salade ,  celle  que  nous  appelons  des 
mâches.  ••  Salhides  cent  diversités,  de  cresson,  de 
«  obelon,  de  la  couille  à  l'evesque,  de  responses, 
.-  etc.  »  (Rab.  t.  IV,  p.  253.) 

VARIANTES  : 
COUILLE.  Ortliographe  subsistante. 
CcuLLE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7615,  t.  H,  f°  167. 
Coule.  Modus  el  Racio,  f»  14,  V». 

Collinettes.  [^Intercalez  Couillettcs ,  dans  la 
locution  coustel  a  couillettes  (JJ,  13'J,  page  224, 
an.  1390).  On  trouve  aussi  coustel  à  coulletles 
(JJ.  120,  p.  320,  an.  1382).]  (n.  e.) 

Couillon,  suhst.  ?Hflsc.  Rastion.  On  le  nommoit 
ainsi  à  c;iuse  de  sa  figure.  (Voyez  l'IIist.  de  M.  de 
Thou,  t.  XII,  liv.  107,  p.  3,  et  Coueillon  ci-dessus.) 

Co....iiinous,  adjectif.  Semble  pris  pour  émer- 
veillés. On  lit,  dans  S.  Bernard,  au  1"  sermon  de 
l'Avent:  «  Tôt  aprimierl'eswardez  ensemble  l'Apos- 
«  tle,  ki  de  cest  avènement  est  toz  enbaiz  et 
«  co....uillous  cum  granz  soit  cist  qui  vient  a  nos.  » 
(S.  Dern.  Sermon  fr.  siss.  p.  723.)  Dans  le  latin  : 
primo  igilur  loco  cum  aposlolo  slupente  et  admi- 
rante i)itueamini  et  vos,  quaiiUis  sit  iste  qui 
ingreditur. 

Couinne,  subst.  fém.  Couenne.  (Dict.  de  Cotgr.) 
On  a  dit  couine,  au  figuré,  pour  complexion  : 

....  Molt  ert  (étoit)  d'amoureus  couiue  (1) 
Et  plus  velu  qu'une  esclavine. 

Fal)l.  MSS.  de  S.  G.  fol.  ■/!),  Vcol.  3. 

Couionnade,  subst.  fém.  Poltronnerie,  lâcheté. 

VARIANTES  : 

COUIONNADE.  Dict.  de  Cotgrave. 
CoYONNADE.  Oudiu,  Dict. 


Couir,  verbe.  Dans  le  premier  passsage  que  nous 
allons  citer,  ce  mot  semble  une  faute  pour  covrir, 
couvrir  : 

.le  ne  sai  cornent 
Coiiir  mon  coraige. 

Gonliers,  Poès.  MSS.  avant  1300,  l.  III,  p.  1047. 

Le  second  paroit  indiquer  qu'il  faut  lire  corir, 
courir,  au  lieu  de  couir.  »  Fut  son  cheval  tel 
«  atourné  (tellement  exercé)  de  cou  ir  et  de  tracasser 
«  aval  (le  long)  la  forest,  qti'ilz  cheureiit  tous  deux 
>•  en  ung  mont  (tas).  >■  (Percef  vol.  III,  («  56.) 

Coul,  subsl.  masc.  On  a  dit  eoiil  du  pied  pour 
coudepied.  (Petit  J.  de  Saintré,  p.  309  ) 

Goulable,  adj.  Volage,  inconstant.  ■<  La  fortune 
«  moins  coulable.  »  (Poës.  de  Loys  le  Caron  ,  f°  39. 
—  Voyez  CoiLANT.) 

Coulac,  subst.  Alose.  Mot  gascon.  (Dictionn.  de 

Cotgrave.)  (2) 

Coulant,  acij.  Inconstant  *.  Courant  ^. 

*  Le  sens  propre  est  fluide,  propre  à  couler,  d'oi^i 
l'on  a  lire  le  sens  figuré  inconstant,  volage,  qui 
coule  el  échappe  aisément  : 

Plus  que  pithou  merveilleux  à  oultrage, 

Cuer  plus  cou.lu.nt  que  couleuvre  en  marage  (marécage). 

Escorpion  qui  seult  poindre  les  nus. 

Eusl.  Desch.  Pws.  MSS.  fol.  38. 

^  La  signification  de  courant,  donnée  au  mot 
coulant,  approche  plus  du  sens  propre.  On  a  dit 
coulant  de  rivière,  pour  courant  de  rivière.  (Dict. 
d'Oudin.)  «  Le  mena  près  le  coulant  d'un  certain 
"  neuve.  »  (Nuicts  de  Stiap.  t.  II,  p.  311.)  (3) 

Coulantinie,  adj.  au  superlatif.  Mot  factice.  Il 
est  formé  de  coulant,  pris  ici  dans  un  sens  figuré, 
qui  subsiste  : 

De  tes  doux  vers  le  style  cnulanlimi:. 

Œuv  de  Joach.  du  Bellaj,  f"  :M.  V*. 

Coule,  adj.  el.  partie.  Couché.  On  a  dit,  dans  le 
patois  languedocien,  soulel  coule,  pour  soleil  cou- 
ché. (Du  Cange,  au  mot  Collocare.) 

Coulca,  verbe.  Coucher.  Mot  languedocien.  (Du 
Cange,  au  mot  Collocare.) 

Coulcé,  subsl.  masc.  Lit  de  plume.  Le  même 
que  couette,  dans  le  patois  languedocien.  (Dict.  de 
Borel,  au  mot  .Xcoleié.) 

CouUlier,  adj.  Qui  est  à  la  hauteur  du  coude  (4). 
"  Nains  et  piginées  qui  est  à  dire  couldiers  et  de  la 
«  hauteur  du  coulde.  »  (Bouch.  Ser.  liv.  II,  p.  210.) 

Couldre ,  subst.  masc.  Coudre ,  arbre.  «  Les 
«I  cerfs  en  février  et  mars ,  vont  au  viandis,  aux 
«  chatons  des  sin\\es  ei  courdes,  etc.  •  (Fouilloux, 
Vénerie,  f"  28.)  Courdes,  dans  ce  passage,  n'est 
peut-être  qu'une  faute  pour  coudres.  On  trouve 
l'orthographe  coudrais  dans  les  vers  suivans  : 


(1)  Lisez  covine,  dérivé  de  coin'cnire  :  «  Et  sevent  jà  tôt  le  covine  Del  valet  et  de  la  roïne.  »  (Partonopex,  v.  4815.)  (N.  E.) 

(2)  Dans  un  traité  ras.  sur  les  poissons  (B.  N.  lat.  6838.  c,  cap.  14)  on  lit  :    «  Alosara  ,  gall.  alose  Burclegalenses  votant 
coulai,  Massilienses  halachia.  Romani  laccia,  Uispani  saboga .  »  (N.  E.) 

(3)  On  a  dit  aussi  portes  coulans,  pour  portes  à  coulisses.  (La  Rose,  v.  3839.)  (n.  e.) 

(4)  Voyez  aussi  Couldieres.  (N.  E.) 


co 


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CO 


Mais  puisqu'il  furent  sor  monté 
Et  aux  coudroi.s  furent  jousté 
Autressi  (autant)  furent  asseur 
Comme  s'il  tussent  clos  de  mur. 

Rom.  de  Brut,  >1S.  fol.  M.  P.-  col.  i. 

v,\mANTr.s  : 
GOULDRE.  Percef.  vol   [V,  f"  126,  R"  col.  2. 
CornDi:.  Kouilloux,  Vénorie,  f»  28,  R". 
CoroROis.  jy/w:  Rom.  de  Rrut,  MS.  f«  36,  R"  col.  1. 

Couldre.  verbe.  Coudre.  Nous  remarquerons 
l'acception  figurée  de  co  mot  dans  les  verssuivans  : 

Li  garrot  cmpené  d'airain 
Lessenl  leur  lieus,  de  ce  me  vent, 
Quant  entre  flamens  se  vont  coiiirc  (ficher') 
Quatre  ou  cinq  en  percent  tout  outre. 

G.  Gui.irl,  MS.  fol.  :H3,  H". 

On  disoit  aussi  figtirément  couldre  et  tailler, 
bomme  nous  disons  couper  et  tailler,  disposer  d'une 
chose  à  sa  volonté  : 

Et  de  mes  biens  tnille>-as  et  couhlnis. 

Les  Triomphes  de  la  Nob.  Dame,  fol.  \'M  ,  V'. 

VAlil.\KTHS  : 
COULDRE.  Les  Tri.  de  la  Noble  Dame,  f°  131,  V». 
CouLTRE.  Contredit  de  Sougecreux,  f»  H,  R». 
CouTRE.  G.  Guiart,  MS.  fol.  313,  R". 

Coulé,  partie.  Ce  mot  subsiste  sous  la  première 
ortliographe,  mais  les  vers  suivans  semblent  nous 
rappeler  un  usage  qui  n'a  plus  lieu  par  rapport  aux 
■  bains,  et  que  nous  devons  remarquer  : 

Demain  ferai  un  baing  tout  froiz 
Qui  sera  coulez  (1)  quatre  fois. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  2fi7,  R-  col.  1. 

On  disoit  figurément,  en  termes  de  coutume: 
procès  coulé  en  droit,  peut-être  pour  procès  dont 
l'instance  est  commencée  :  «  Estans  les  procès  par 
«  !oy  instruits,  el  couler  en  droit  aussi  collatiez, 
"  etc.  "  (Coul.  de  Mons,  Nouv.  Coût.  Gén.  t.  II, 
p.  191.)  Au  chapitre  intitulé  :  Comment  l'on  doit 
faire  jugement,  on  lit:  «  Mis  en  droit  et  coulé  en 
«  jugement,  »  ce  qui  semble  pris  dans  le  même 
sens.  (Voyez  Coixhieu  en  droit  et  Coiller.) 

VARIANTES  : 
COULÉ.  Orth.  subsistante. 
Coulez.  Fabl.  MSS.  du  R.  n™  7218,  f»  267,  R°  coL  1. 

Coule-à-lny.  Cri  de  chasse  où  le  verbe  couler, 
glisser,  est  mis  à  l'impératif.  On  s'en  sert  pour 
enhardir  les  bassets  à  entrer  dans  les  terriers: 
•>  En  criant  coule-à-luij  basset,  cuule-à-lui ,  hou, 
<■■  prenez,  prenez.  »  (Fouill.  Vénerie,  fol.  7!.  — 
Voyez  CouLLEft.) 

Coulée,  subst.  fém.  Lacet,  colet  à  prendre  les 
lièvres.  (Dict.  d'Oudin.) 

Coulée-belée  ,  subst.  fém.  Espèce  de  jeu. 
Peut-être  le  même  que  la  eouille  de  bélier  ci- 
dessus.  Froissart  dit,  en  parlant  des  jeux  de  son 
enfance  : 

Juens  nous  (nous  jouions)  au  roy  qui  ne  ment. 
Puis  à  la  coulée  bctee 
Qu'on  fait  d'une  carolle  lée. 

Froissarl,  Poes.  MSS.  p.  86,  coi.  i. 

Couleice.  [Intercalez  Couleice,  dans  l'expres- 


sion porte  couleice,   herse  à  coulisses  (Froissarl, 
III,  2'2C..  3i4)  : 

Et  raangoniaus  de  plusieurs  guises. 
Et  bonnes  portes  conleices. 

Reiiart,  d'après  Du  Gange,  II.  437.  col.  2. 

Dans  G.  Guiart  (v.  3-233),  on  lit  encore: 

Pont  leveiz  d'euvre  faitice 

Et  porte  à  barre  couleice.]  (N.  E.) 

Couleis.  [Intercalez  Couleis,  coulis,  au  Chas- 
telain  de  Coucy,  v.  SOO'i  : 

Qu'il  se  paine  efforciement 
D'un  couleis  si  atourner 
Que  or.  ni  sache  qu'amender 
De  gelines  et  de  chapons.]  (n.  e.) 

Coulenche,  subst.  fém.Tevme  de  fortification. 
La  herse  des  portes  d'une  ville.  «  Si  firent  tantost 
»  emparer  leur  ville,  fermer  leurs  portes  et  avaler 
«  leurs  coulenches,  puis  sonnèrent  la  cloche  de  la 
«  commune.  »  (Hist.  de  Bertrand  du  Guesclin,  par 
Ménard,  p.  lOC.) 

Couletage,  subst.  masc.  Droit  de  courtage.  Le 
droit  de  coulelage  est  le  droit  levé  sur  la  vente  des 
marchandises.  (Laur.  (iloss.  du  Dr.  fr.)  Suivant  la 
coutume  de  Lille  :  »  Pour  venditions,  droit  de  coule- 
«  laigc  n'est  deu.  «  (Coul.  Gén.  t.  I,  p.  7(îl>.)  On  lit 
à  la  marge  :  «  C'est  une  collecte  d'un  denier  ou 
«  obole  qui  se  prend  sur  toute  marchandise  que 
»  l'on  vend  ou  achepte.  «  On  disoit  autrefois 
courretage  en  parlant  du  métier  de  courtage,  l 
coulelage  en  parlant  du  droit.  Nous  employons 
aujourd'hui  le  nom  de  courtage  pour  l'un  et 
l'autre. 

VARIANTES   : 
COULETAGE,  Couletaige. 

Couletier.  [Intercalez  Couletier,  courtier,  au 
reg.  J.l.  81,  p.  394,  au  1351  :  «  Comme  donné  nous 
"  l'ust  à  entendre  que  Locas  dele  Longhecourl  fust 
•>  souspeçonnez  de  y  estre  couletiers  el  marchans 
«  de  fausse  monnaie.  "]  (n.  e.) 

Couleur  ,  snhsf.  7nasc.  et  fém.  Couleur  *. 
Livrée  ^.  Prétexte  *^.  Ornement  °.  Rime  ^  C2). 

*Ce  mot,  aujourd'hui  féminin,  étoit  jadis  quelque- 
fois employé  comme  masculin.  On  lit  :  les  couleurs 
blanc  et  bleu,  dans  Rab.  t.  1,  p.  58. 

On  prenoit  ce  mot  dans  les  mêmes  sens  qu'à 
présent,  soit  au  propre,  soil  au  ligure.  Au  propre, 
on  disoit  : 

1"  Couleur  à  feu,  pour  couleur  de  feu.  «  Les  pois- 
>•  sons  plus  noirs  que  meures,  qui  avoienl  les  testes 
«  serpentines  et  de  couleur  à  feu.  "  (Perceforest, 
vol.  IV,  f°22,) 

2"  Couleur  d'Allemagne,  propre  à  mettre  l'or  en 
couleur.  (Dicl.  d'Oudin.) 

3°  Couleur  de  cheveux,  qui  a  la  couleur  des 
cheveux,  peut-être  cendré.  En  italien  cavellino. 
(Dict.  d'Oudin.) 

■'e  Couleur  de  prince  ou  de  ro\j.  Couleur  de 
minime  clair.  (Dict.  d'Oudin.) 


(,1)  On  y  coulera  peut-être  de  la  lessive,  (n.  e.) 

(.2)  Couleur  signifiait  aussi  faveur  :  «  Li  sires  de  Cliçon  porta  grant  couleur  au  connestable.  »  (Froiss.,  VIII,  302.)  (n.  e.) 


co 


—  313 


CO 


On  trouvera  les  noms  anciens  de  beaucoup 
d'autres  couleurs  dans  le  Dict.  de  Nicot. 

5°  Couleur  à  Venns  à  Divine  sont  des  termes 
de  chimie  que  l'on  trouve  dans  les  Contredits  de 
Songecreux,  f°  19,  V". 

G"  On  disoit  de  quelqu'un  qu'il  étoit  couleur  de 
M.  (le  Yendosmc,  pour  signilier  invisible.  (Oudin, 
Cur.  françaises.)  Voyez  Ffeury  de  Bellingen,  p.  53. 

7-  Avoir  couleur,  pour  rougir  :  "  Commença  fort 
«  Ji  changer  et  avoir  couleur.  »  (Fauch.  Lang.  et 
Poës.  fr.  p.  127.) 

^  Les  couleurs  distinguent  les  livrées  ;  de  là. 
couleurs  signifié  livrée,  dansce  passage:  »  Menoient 
«  les  princes  et  cappitaines  chacun  dix  ou  douze 
«  hommes  d'armes  avec  eulx  habillez  de  leurs 
«  couleurs.  »  (Mém.  de  Rob.  de  la  Marck ,  ms. 
p.  384.) 

^  Au  sens  figuré  ,  couleur  signifioit ,  comme 
aujourd'hui,  apparence,  prétexte  (1),  occasion.  (Du 
Cange,  au  mot  Coloi'.)  On  disoit  en  ce  sens  :  «  Tous 
«  ceux  qui  aucune  chose  leur  devront,  ou  pourront 
«  devoir,  à  quelque  cause,  ou  couleur  que  ce  soit.  » 
(J.  Charlier,  Hisl.  de  Charles  VII,  p.  '22!).)  »  Ne 
u  demandoit  que  d'aller  à  Paris  et  d'avoir  occasion 
«  et  coulleur  de  faire  assemblée  de  gens  d'armes.  » 
(J.  Le  Fevre  de  S.  Remy,  Hist.  de  Ch'.  VI,  p.  52.) 

1'  De  là,  cette  expression  :  couleur  sans  figure, 
pour  apparence  sans  réalité.  «  Sauf  la  grâce  de  la 
«  pucelle,  et  l'honneur  du  chevalier  du(iuel  la  cause 
«  ellesoustient,  et  toutes  leurs  raisons,  pour  ce  que 
"  peu  valent.  Car  elles  n'ont  fors  (hormis)  couleur 
'<  sans  figure  ,  ils  ont  petitement  regardé  leurs 
»  causes.  »  (Percef.  vol.  VI,  f°  80.) 

'•2°  Couleur  palliée,  pour  prétexte.  «  Combien  que 
«  ce  fut  une  couleur  palliée  plustot  que  vive 
«  raison.  »  (Mém.  de  Du  Bellay,  liv.  I,  f°  17.) 

3'  Coucher  ses  couleurs,  façon  de  parler  empruntée 
de  la  peinture,  pour  dire  couvrir,  colorer  ses  pré- 
textes. "  Délibéra  en  soy  mesme  gaigner  ses  bonnes 
«  grâces,  maisil  luy  advint  autrement  d'autantqu'il 
«  ne  peutsi  bien  coucher  ses  couleurs  qu'il  en  avoit 
«  le  dessein.  »  (Nuicts  de  Slrapar.  t.  II,  p.  221.) 

4»  Retenir  la  couleur  du  péché,  pour  retenir  l'oc- 
casion du  péché,  s'exposer  à  une  rechute.  «  Celui 
«  qui  retient  la  couleur  de  ses  pécher,  il  relient  les 
«  mauvaises  manières  qu'il  avoit  devant,  comme  en 
■>  parler,  en  regarder,  en  suivre  maulvaises  compa- 
«  gnies,  etc.  »  (Doctr.  de  Sapience,  f"  43.) 

5»  Perdre  feuille  cl  couleur.  Cette  expression, 
empruntée  des  pierres  fausses  dont  l'éclat  dispa- 
roît  auprès  du  diamant,  s'est  employée  figurément 
pour  exprimer  la  foiblesse  d'un  raisonnement  qui 
n'est  que  spécieux,  contre  un  raisonnement  solide. 
«  Icelles  raisons,  du  commencement  proposées,  et 
»  après  mises  en  parangon  (parallèle)  des  autres 
«  perdirent  leur  feuille  et  couleur,  si  comme  pour 
«  effacer  pierres  faulces,  on  eut  mis  en  jeu  de  iines 
«  et  orientales.  »  (Mém.  du  Bellay,  liv.  IX,  f°  285.) 

°  Couleur  de  rhétoriquesigm^xoW,  ornement,  fleur 


de  rhétorique.  (Dict.  de  Nicot.)  «  Or  convient-il 
<i  parler  des  exornations,  ou  figures  que  l'on  dict 
"  couleurs  de  rhétorique,  lesquelles,  se  ils  sont 
«  entremeslées  dedans  la  proposition  comme  riche 
"  co!//f»r,  ils  enluminent  toute  l'oraison.  »  (Fabri, 
Art  de  Rhétorique,  f"  84.) 

De  là,  donner  couleur  à  la  raison,  pour  l'orner, 
l'embellir  : 

Car  mentir  aucune  seson 
Done  bien  cnlor  à  reson. 

FaLl.  MSS.  du  R.  n°  7218,  fol.  280,  R-  col.  2. 

Conter  sans  couleur,  dans  un  sens  opposé,  signi- 
fioit conter  sans  gi'àces  : 

Ma  paine  métrai  et  m'entente  (application) 
A  conter  un  fabliau  par  rime 
Sanz  cotouf  et  sanz  leonime. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  t.  II,  fol.  lif.,  V»  col.  2. 

°  Fauchet  semble  entendre  coulour  par  rime. 
(Lang.  et  Poës.  fr.  p.  77.) 

On  a  dit  color  (2)  pour  le  teint  d'une  femme.  (Voy. 
ce  mot.) 

VARIANTES  : 
COULEUR.  Orth.  subistante. 

Coulleur.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7615,  t.  II,  f»  146,  V»  col.  2. 
COLEUR.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f»  281,  R»  roi.  2. 
CoLOUR.  Eust.  Desch.  Poës.  MsS.  f»  28,  col.  2. 
Color.  Fabl.  MSS.  du  R.  n°  7218,  f»  280,  R»  col.  2. 
CoULOR.  Hi.st.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  f»  69. 
Cur.EUR  et  CuLUR.  Marbodus,  col.  1638-1666. 

Couleiire,  subst.  fém.  Infusion.  «  Soit  la  dicte 
«  yaue  coulée,  et  en  la  dicle  couleure  soit  dissoult 
"  deux  dragmes  d'agarit.  »  (Chasse  de  Gast.  Phéb. 
MS.  page  109.) 

Couleuvre  (herbe  de),  subst.  fém.  Sorte  de 
plante.  «  Le  tronc  de  Yherbe  de  couleuvre,  autre- 
«  ment  nommée  tinthimale  àl'ellël  du  chou,  »  pour 
redresser  les  plumes  du  faucon,  lorsqu'elles  sont 
rompues.  (Fouilloux,  Fauconnerie,  fol.  (J4.)  On 
trouve  erbe  à  la  couleuvre,  dans  .Modus  et  Racio, 
MS.  fol.  132. 

Couleuvre,  adjectif.  Qui  porte  des  couleuvres*. 
Tortueux  ^. 

*  On  a  dit  au  premier  sens  furie  couleuvrée. 
(Epith.  de  la  Porte.  —  Voy.  ENcouLEuvr.E  ci-dessous.) 

^  Ce  mot  signifioit  aussi  figurément  tortueux. 
(Dict.  d'Oudin  et  de  Cotgrave.)  De  là,  on  a  dit  tren- 
chées  couleuvrées,  et  "plus  improprement  encore 
couronne  couleuvrée.  (Epith.  de  la  Porte.) 

Couleuvreus,  adj.  Tortueux.  Proprement  qui 
tient  de  la  couleuvre.  On  a  dit,  au  figuré,  crin  cou- 
leuvreus. (Epith.  de  la  Porte.) 

VARIANTES  : 
COULEUVREUS.  Epith.  de  M.  de  la  Porte. 
CouLEUVRiN.  Dict.  de  Cotgrave  et  d'Oudin. 

Coulevreau,  subst.  masc.  Le  petit  d'une  cou- 
leuvre. 

Comme  un  faucon  perdu  dedans  les  cieux. 
Pour  ses  appas  va  poursuivant  des  yeux 
Le  coulevreau  dessus  l'herbe  menue,  etc. 

Berger,  de  Rem.  Belleau,  t.  I,  p.  53. 


(1)  «  Sus  le  couleur  ossi  pour  remonstrer  à  ses  gens  le  despit  qui  li  Escot  li  avoient  fait.  »  (Froissart,  IV,  122.)  (n.  e.) 
[%)  Même  volume,  p.  108.  (n.  e.) 

IV.  40 


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CO 


VARIANTES  : 
COULEVREAU,  Coleuvreau. 
COULEUVREAU.  Oudii),  Dict. 

Coulevrer,  verbe.  Serpenter.  Proprement  ser- 
penter comme  la  couleuvre.  On  a  dit  au  ligurë  : 

Comme  le  lierre 

En  coulevrant  se  serre 
De  maint  et  maint  retour 
Tout  à  lenteur,  etc. 

Bergeries  de  Reiii.  Bell.  t.  I,  fol.  78,  R". 
VARIANTES  : 
COULEVRF.R.  Berger,  de  R.  Belleau,  t.  I,  fol.  134,  V'. 

COULEUVRER. 

Coulevrine,  subst.  fém.  Le  mot  de  eoiilevrine, 
qui  est  encore  en  usage  pour  signifier  une  certaine 
pièce  d'artillerie,  se  trouve  employé  en  ce  sens  dès 
l'an  1429,  dans  la  Pucelle  d'Orléans,  p.  516,  et  dans 
les  passages  suivans  :  «  LesAngiois  tii'enl  une  sor- 
«  tie  sur  le  chemin  de  la  chaussée,  en  laquelle  ils 
"  pensèrent  gangner  des  eoulevrines,  et  ribaïuie- 
«  quins  (pièces  d'artillerie)  qui  estoyent  rangez 
«  sur  la  dite  chaussée.  »  (Ilist.  d'.VrturlII,  connêst. 
de  Kr.  page  777  ;  voyez  Monslr.  vol.  III,  fol.  38;  Du 
Cange,  au  mot  Colubrina.)  On  distinguoit  diverses 
sortes  de  eoulevrines. 

1»  Coulevrine  bastarde  (1).  La  même  qui  conserve 
encore  ce  nom,  et  qu'on  a  appelé  serpentine.  (Le 
Duchat,  sur  Rab.  t.  1,  p.  185.)  «  Quatre  coullevri- 
«  nés  bastardes^  neuf  moyennes.  «  (J.  d'Aut.  Ann. 
de  Louis  XII,  p.  182.) 

2°  Couleuvrine  à  chevalet.  Vraisemblablement 
une  coulevrine  qui  s'alfùtoil  sur  un  chevalet,  et  qui 
étoit  plus  légère  que  la  coulevrine  à  roiie  ci-après. 
"  Avint  que  les  Alemans  avoyent  afusté  une  coule- 
«  vrine  à  chevalet.  «  (Mém.  dOl.  de  la  Marche, 
liv.  I,  p.  232.) 

3°  Coulevrine  à  roue.  Différente  et  plus  grosse 
que  la  coulevrine  à  chevalet.  Elle  ne  se  mettoit 
que  sur  de  grands  affûts  à  roue.  «  Feitr  descharger 
«  son  artillerie  dont  il  avoit  grosses  eoulevrines  à 
"  roue,  et  canons  serpentins.  »  (J.  d'Auton.  Ann. 
de  Louis  XII,  p.  293.) 

4"  Il  y  avoit  de  doubles  grandes  eoulevrines.  «  En 
«  avoit  l'Angiois  douze  de  ce  calibre  portant  le  bou- 
X  let  de  canon,  et  nommées  du  nom  des  douze 
"  apôtres.  »  (Mém.  Du  Bellay,  liv.  1,  fol.  2.) 

5°  Coulevrine  à  main  s'est  dit  aussi  d'une  arme 
à  feu  chargée  ù  plomb,  que  l'on  portoit  à  la  main 
comme  nos  mousquets  ou  qui  se  mettoit  sur  de 
petits  affûts.  (Le  P.  Daniel,  Mil.  fr.  t.  I,  page  443.) 
Suivant  Fauchet  (Orig.  p.  122),  elles  étoient  longues 


de  trois  fi  quatre  pieds  et  furent  appelées  depuis 
huquebutes  et  harquebuses  (2). 

Ces  couleuvrines  à  main  se  nommoienl  aussi 
\.ou\,sim\)]emenl  coulenvrines.  (Lussan,  Histoire  de 
Louis  XI,  t.  V,  p.  221  (3).)  Les  passages  suivans  ne 
peuvent  s'entendre  non  plus  que  des  eoulevrines  à 
?H«n;.  Monstrelet,  parlant  de  la  bataille  de  Rippe- 
moiide  entre  le  duc  de  Bourgogne  et  les  Gantois 
rebelles,  dit  :  «  La  commença  fière  bataille  et 
"  mortelle  ;  Gantois  à  tirer  de  eoulevrines  ,  et 
«  Picards  ii  traire  flesches,  tant  et  si  roidemenlque 
«  leurs  ennemis  ne  les  peurent  plus  soulfrir,  ains 
«  tournèrent  le  dos.  >>  (Monstrelet,  vol.  III,  fol.  44.) 
»  Il  fut  frappé  d'une  coulevrine  d'un  si  grand  coup, 
«  qu'elle  perça  son  pavois,  et  entra  la  plombée 
«  entre  les  deux  os  de  sa  jambe,  qui  depuis  en  fut 
"  tirée.  »  (Berry,  Chron.  de  1402-1461,  an  1451, 
page  465.) 

Nous  remarquerons  qu'on  donnoit  le  nom  de 
eoulevrines  aux  soldats  qui  en  étoient  armés,  selon 
l'usage  fréquent  autrefois  de  donner  aux  soldats  le 
nom  de  leurs  armes.  Ainsi,  Comines  dit  :  »  Les  dits 
"  alliez  pouvoient  bien  eslre  trente  et  un  mille 
»  hommes  de  pied,  bien  choisis  et  bien  armez  : 
«  c'est  à  sçavoir  onze  mille  picques,  dix  mille 
«  hallebardes,  dix  mille  coi//('i(i'n/u's  et  quatre  mille 
«  hommes  de  cheval  (4).  »  (Mém.  p.  340.  —  Voy.  Cou- 
LEVRiNiER  ci-après.) 

VARIANTES  : 
COULEVRINE.  Orth.  subsist. 
Couleuvrine.  J.  Marot,  p.  85. 
CouiLLEVRiNE.  Rabelais,  t.  II,  p.  149,  et  note  6. 
Coleuvrine,  Coleuvine. 
CoLouvRiNE.  Oudin,  Nicot,  Dict. 

Couleubvre.  Journ.  de  P.  sous  Charles  VI  et  VII,  p.  162. 
Couleuvre.  Mathieu  de  Coucy. 

Coulevriner,  verbe.  Tirer  un  coup  de  coule- 
vrine*. Serpenter^.  Se  tapir '^. 

*  Oudin  nous  fournit  le  premier  sens.  Alors  ce 
mot  vient  de  coulevrine,  arme  à  feu. 

^  Il  est  formé  de  couleuvre  dans  le  sens  de  serpen- 
ter, couler  en  se  repliant  comme  les  couleuvres,  en 
faisant  de  longs  circuits.  (Dict.  de  Cotgrave.) 

■^  Couleuvriner  ou  coulevriner  conserve  la  même 
étymologie  dans  l'acception  figurée  se  tapir,  se 
cacher.  (Dict.  de  Cotgrave.) 

VARIANTES  : 
COULEVRINER.  Oudin,  Cotgrave,  Dict. 
Couleuvriner.  Dict.  de  Cotgrave. 

Coulevi'inier,  subst.  masc.  Espèce  de  soldai. 
Proprement  celui  qui  portoit  une  coulevrine  ^Voyez 


(1)  «  A  la  fin  du  xv!"-  siècle,  les  pièces  d'artillerie  de  bronze  étaient  divisées  en  légitime.^  et  en  bâtardes.  Lés  légitimes 
présentaient  les  variétés  suivantes  ;  le  dragon  ou  double  coulevrine,  envoyant  40  livres  de  balles  de  fer  et  portant  à  1364 
pas  de  2  pieds  et  demi,  de  but  en  blanc  ;  la  coulevrifie  légitime,  dite  ordinaire,  envoyant  20  livres  de  balles  de  fer  et  portant 
à  1200  pas  ;  la  demi-coulevrine,  envoyant  10  livres  de  balles  de  fer  el  portant  à  900  pas;  ;  le  sacre  ou  quart  de  coulevrine, 
envoyant  5  livres  de  balles  de  fer  el  portant  à  700  pas  ;  le  fauconneau  ou  huitième  de  coulevrine,  envoyant  deux  hvres  et 
demie  de  balles  de  fer  et  portant  à  568  pas.  Les  pièces  bâtardes  comprenaient  :  le  dragon  volant  ou  double  coulevrine 
ea;<mo(rf»mire,  envoyant  32  livres  de  balle  à  1276  pas  ;  le  passe  mur,  le  passe  jjotaîtf ,  etc..  (Viollet  le  Duc,  Dictionnaire 
d'Architecture,  t.  V,  p.  259,  260.)  (n.  e.) 

(2)  La  hacquebute  apparaît  en  1475,  à  la  défense  de  Nancy,  (n.  e.) 

(3)  Louis  XI,  en  rétabUssant  la  garde  bourgeoise  de  Paris  (,1467)  laissa  aux  hommes  qui  en  feraient  partie  la  faculté  de 
s'armer  de  vouges,  de  longues  lances  ou  de  couleuvrines...  Le  nom  de  la  couleuvrine  vient  de  la  longueur  du  canon  de  cette 
arme  et  de  sa  monture  sur  un  bois,  qui  la  firent  assimiler  à  la  couleuvrine  d'artillerie.  La  plus  ancienne  représentation  de 
couleuvriiic  est  dans  un  ms.  de  1473.  (Quicherat,  Cost.,  p.  305.)  (n.  e.) 

(4)  Les  Suisses,  à  Morat,  avaient  dix  mille  cmtleuvriniers  et  pas  d'archers,  (n.  e.) 


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ce  mol.)  Suivant  les  Ordonnances  des  ducs  de 
Bourgogne  de  l'«71  (I),  l'homme  d'arme  qui  compo- 
soit  les  compagnies  de  cinquante  hommes  d'armes 
appelées  lances  garnies,  devoil  avoir  avec  lui, 
»  outre  son  couslillier,  et  paige  à  cheval,  trois 
«  archers  à  cheval,  un  crennequinier,  un  coulevri- 
(■  7iier  et  un  picquenaire.  »  Ces  dispositions  ont 
quelquefois  varié  selon  les  temps.  (Mém.  d'Ol.  de  la 
Marche,  liv.  II,  p.  504.)  Outre  ces  coiilevriniers,  il 
y  en  avoil  encore  qui  eomposoientdes corps  entiers 
de  soldats  nrmés  égn\cmenl  de  couleuvrines  à  main. 
«  Incontinent  qu'il  fut  passé,  les  dits  Suisses  qui 
«  n'étoient  que  environ  de  quatre  à  six  mille  coule- 
"  vriniers,  et  tout  à  pied,  qui  se  prindrent  à  tirer 
«  et  bouter  le  feu  dedans  leurs  basions  (armes), 
«  dont  ils  firent  tel  et  si  bon  bruit,  que  les  chefs  de 
«  l'avant  garde  du  duc  de  Bourgogne  y  furent  tous 
«  tuez.  »  '(Chron.  scand.  de  Louis  XI,  an  1475, 
p.  255.)  Il  y  av  oil  des  cou  le  vvi  ni  ers  qm  composoient 
la  suite  de  l'entrée  de  Charles  VIII,  à  Naples,  p.  1 1 8. 
On  nommoit  aussi  ces  soldats  coulevri)ies.  (Voyez  à 
l'article  Coulevrine,  un  passage  qui  le  prouve.) 

1.  Coulis,  subst.  masc.  Bouillon.  Bouillon  pour 
les  malades.  iDict.  d'Oudin.)  Nicot  dit  que  c'éloit  : 
«  Une  espraincte  de  chapon  ou  autre  chair  bouillie 
«  à  perfection,  coulée  avec  le  bouillon,  qu'on  don- 
«  noit  aux  malades.  » 

Une  esculée  de  bons  coulis 
Seroit  ce  point  bonne  viande 
Pour  moy  ? 

Pathel.  Teslain.  page  130. 

Ce  mot,  qui  vient  de  couler,  filtrer,  parce  que  le 
coulis  se  filtre,  se  dit  aujourd'hui  en  général  des 
jus  qui  entrent  dans  nos  ragoûts.  Nos  anciens  con- 
noissoient  aussi,  quoi  qu'en  dise  Nicot,  les  coulis 
pour  d'autres  usages  que  pour  les  malades  (2).  Ils 
avoient  par  exemple  le  coulis  de  chapon,  au  sucre, 
sorte  de  gelée  ou  de  blanc  manger,  suivant  l'édi- 
teur des  Quinze  Joyes  du  Mariage,  p.  41, 

2.  Coulis.  [Intercalez  Coulis,  conduite  d'eau 
pour  le  fossé  d'une  fortification  :  «  Et  volons  que  si 
«  il  avenoit  que  lidit  fossés  keist  en  foursch  pour 
«  defaule  d'iaue,  on  s'enterasl  par  coulis  ou  par 
«  ravois.  «  (JJ.  53,  p.  53,  an.  1313.)  On  lit  encore 
dans  un  Cart.  de  Corbie  (an.  1448)  :  «  Très  souvent 
«  les  coulis  pleines  et  eslavasses  redondoient  et 
<■  cheoienl  es  fossez  d'icelle  ville.  «]  (n.  e.) 

Coulisse,  subst.  fém.  Barre,  barrière  qui 
coule*.  Herse,  grille  déporte^.  Rainure*^. 

*Sur  le  premier  sens,  voyez  la  Jaille,  du  Champ 
de  Bataille,  fol.  37,  et  la  Colomb.  Th.  d'honn.  t.  II, 
page  75. 


Bretesches,  portes  et  coleiccs 
De  fer  vestues  et  chaucies. 

Fal)l.  MSS.  du  R.  n»  1615,  t.  U,  fol.  187,  V  col.  2. 

(Voyez  Coulissé,  adjectif,  ci-après.) 

°  Coulisse  signifioit  herse,  grille  de  porte,  suivant 
Monet  et  Oudin.  (Voyez  Froissart,  liv.  II,  p.  296.) 

'^  La  coulisse  d'arbaleste  étoit  la  rainure  dans 
laquelle  on  mettoit  le  trait  qui  servoit  à  le  diriger. 
Oudin  la  nomme  en  espagnol  canal,  conduit. 

VARIANTES    : 
COULISSE.  Orth.  subsistante. 
CouLiCE.  Lanc.  du  Lac,  t.  I,  fol.  112,  V»  col.  2. 
CoLissE.  Chron.  fr.  MS.  de  Nangis. 
CoLEiCE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  t.  II,  f»  187,  V°  coL  2. 
CouLAissE.  Chron.  S.  Denis,  t.  III,  fol.  36,  V». 

Coulisse,  adj.  au  fém.  Coulante  (3).  On  disoiten 
ce  sens  barrière  couleisse  pour  coulisse  barrière. 
(Le  .louv.  MS.  page  638.)  «  Porte  à  barre  couleice.  » 
(G.  Guiart,  ms.  'fol.  62.^.  Herse  coulisse.  (Mém.  de 
Sully,  t.  I,  p.  105.) 

VARIANTES  : 

COULISSE.  Mém.  de  Sully,  t.  I,  p.  105. 

COULICE. 

Couleisse.  Le  .Touvencel,  MS.  p.  638. 
Couleice.  G.  Guiart,  MS.  fol.  62,  V°. 

Couliz,  subst.  masc.  L'action  de  couler,  de 
glisser.  C'est  le  sens  propre. 

,Te  la  voulois  atoucher  en  cacheté 
Par  le  couli:  d'une  secrète  main 
Dedans  son  lit,  etc. 

Œuv.  ineslées  de  Pasq.  page  377. 

De  là,  on  a  dit  au  figuré  [aire  coulice  pour  s'insi- 
nuer : 

Font  leurs  coulices 
Lasches  et  nices, 
Comme  l'on  dit. 

Le  Blason  des  Faulces  Amours,  p.  208. 

VARIANTES  ; 
COULIZ.  Pasquier,  Œuvr.  meslées,  p.  377. 
Coulis.  Oudin,  MÔnet,  Dict. 

Coulice,  s.  f.  Le  Blason  des  Faulces  Amours,  p.  298. 
Coulisse,  s.  f. 

Coullage.    [Intercalez    Coullage  ,    et    voyez 

Coillage.]  (n.  e.) 

Coulle,  subst.  fém.  Coule,  vêtement  (4).  Ce  mot 
subsiste  encore  pour  désigner  certaines  lohes  dont 
se  servent  les  Bernardins  et  les  Bénédictins.  Suivant 
la  Règle  de  S.  Benoît,  ces  religieux  doivent  avoir 
«  une  culc  et  une  cote  ki  soit  en  iver  velue,  et  en 
«  esté  tenuene  (mince,  déliée)  et  vies,  et  les  scapu- 
«  laires  pour  les  œuvres.  »  (Règle  de  S.  Ben.  lat. 
fr.  MS.  de  Beauv.  ch.  55.)  L'auteur  de  l'Apologie  de 
l'empereur  Henry  IV,  distinguoit  deux  sortes  de 
coules:  l'une  qui  étoit  proprement  une  robe  à  capu- 
chon, d'où  elle  tiroit  ce  nom  de  coule,  le  mot  latin 
de  capuchon  étant  cucullus.  L'autre  habillement  ne 


(1)  Les  premiers  Suisses  que  Louis  XI  prit  à  son  service  étaient  divisés  en  coulevriniers  ,  piquiers  et  hallebardiers.  Ils 
étaient  parfois  armés  de  la  hacquebutte  et  marchaient  à  la  tête  des  bandes,  coiffés  de  la  salade,  ceints  de  la  dague,  le  buste 
serré  dans  l'écrevisse  de  fer  dite  hallccret.  (n.  e.) 

(9)  Voyez  Couleis.  «  Coulis  d'un  poulet  :  cuisiez  le  poulet  tant  que....  »  (Ménagier,  II,  5.)  (N.  E.) 

(3)  Voyez  Coleice  et  Couleice.  (N.  E.) 

(4)  On  lit  au  Roman  de  Rou  (Du  Caage,  II,  692,  col.  1)  :  «  Du  chef  de  son  braier  une  clef  deffermerent,  Et  cole  et  estamine, 
et  un  froc  en  estèrent.  »  C'est  une  robe  à  larges  manches  et  capuchon.  (Voyez  la  gravure  de  la  page  169  dans  Quicherat, 
Cos(ume.)  «  Au  treizième  siècle  cot(/e  et  froc  étaient  sans  cesse  confondus.  Le  pape  Clément  V  décida,  en  1312,  qu'on 
entendrait  par  coule  la  robe  de  moine  fendue  sur  les  côtés,  et  par  froc  la  robe  à  larges  manches.  »  (Id.,  p.  225.)  (n.  e.) 


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couvroit  que  la  lète  el  les  épaules;  aiusi  cétoit 
proprement  un  capuclion,  et  h  ce  titre  il  méritoit 
encore  mieux  le  nom  découle. 

On  prend  communément  le  motdecoH/e,  dans  nos 
anciens  liistoriens,  pour  la  robe  de  moine  (1),  dans 
le  sens  sénérique  où  nous  disons  le  froc.  "  De  moine 
«  lui  firent  veslir  une  .^oh/<'.  »  (Ch.  S'  Denis,  t.  I, 
f*  172.)  Dans  le  \a[in pullûindtttum  veste.  L'abbé  de 
Jumièges,  ne  voulant  encore  recevoir  moine  Guil- 
laume, duc  de  Normandie,  ce  prince,  •■  fit  tant  qu'il 
«  emporta  une(/o;//(%eluneeslamine.  »  (Ibid.  f°205.) 
On  lit  plus  bas  :  »  La  goule  et  Testamine  dont  il  eût 
«  été  vestu  en  Tabbaye  de  Jumiege.  »  (Fol.  206.) 

On  appeloit  goules'on  gules  du  peliyon,  la  partie 
du  manteau  qui  couvroit  la  tète  et  les  épaules. 
(Voy.  les  citations  rapportées  par  Uu  Gange,  au  mot 
Cula  mantelli  (2).  Voy.  aussi  Ibid.  au.x  moh  Cuculla, 
Cucullus,  Culla  et  les  Dicl.  de  Ménage,  de  Nicot, 
d'Oudin,  etc.)  Ge  que  le  Glossaire  de  l'Hist.  de  Paris 
dit  de  coulle  est  fort  peu  exact. 

VARIANTES    : 
COULLE.  Gloss.  de  IHist.  de  Paris. 
Coule.  Orlh.  subsistante. 
CoLE.  Rom.  de  Rou,  MS.  p.  7L 
Goule.  Rom.  d'Auberv,  cité  par  Du  Gange. 
GuLE.  Rom.  du  Renard.  Ibid. 
CuLE.  Règle  de  S.  Ben.  lat.  fr.  MS.  de  Beauvais,  ch.  55. 

CWL.  CWLF. 

CouGOUL  (mot  breton).  Du  Gange,  Gl.  lat.  au  mot  Culla. 

Couller,  verbe.  Glisser*.  Faire  glisser,  pencher, 
incliner^.  Courir*^. 

*Ge    mot    subsiste.    On    dit 
autrefois  : 

Entre  le  lit  et  la  messière  (muraille) 
Est  coulez,  etc. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7G15,  t.  Il,  fol.  149,  V-  col.  t. 

Mais  on  ne  l'emploie  plus  comme  dans  ce  pas- 
sage :  "  Atant  il  haussa  son  coustel  et  en  ferit  le 
«  premier  que  il  Irova,  en  telle  manière  que  il  luy 
«  coiilla  Fallu melle  (lame)  (3)  au  travers  du  corps.  » 
(Percef.  vol.  IV,  fol.  28.)  (4) 

^De  là  couler,  pris  dans  une  signification  neutre, 
pour  pencher,  incliner,  proprement  glisser  le  long 
de  la  pente  tracée  : 

De  celé  part  qu'il  se  coulait. 

Hist.  de  Fr.  .î  la  suite  du  Rom.  de  Fauvel,  fol.  85. 

C'est  le  même  sens  dans  cette  expression  :  ><  Se 
«  laisser  couler  aux  prières ,  »  pour  s'y  laisser 
aller.  (Petit  ,1.  de  Saintré,  p.  569.) 

"^  Couler  signifioit  aussi  courir,  comme  le  passage 
suivant  semble  le  prouver  : 

François  qui  par  le  païs  coulent. 
Embrasent  viles,  et  blez  foulent. 

G.  Guiart.MS.  fol.SM,  V. 


encore,    comme 


Gependant,  on  pourroit  croire  que  le  poète  s" est 
servi  du  mot  couler  au  figuré  pour  exprimer  l'ir- 
ruption d'une  armée  qui  ,  comme  un  torrent , 
inonde  un  pays. 

VARIANTES    : 
COULLER.  Rabelais,  t.  I,  p.  163. 
Couler.  Orth.  subsistante. 
CoLEn.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7015,  t.  II,  fol.  149,  V»  col.  2. 

Coullettes,  s;^/>s<.  fém.plur.  Boyaux  de  pois- 
son. On  trouve  ce  mot  dans  une  citation  latine  de 
Du  Gange,  au  mot  Melletus  (5). 

Coulombage.  [Intercalez  Coulombuge,  dans 
l'expression  bois  à  coulombage,  poutres  bonnes  à 
faire  les  jambages  d'une  porte:  »  Guillaume  le 
«  Royer  avoit  marchandé  faire  de  son  mestier  de 
"  sayeur  de  bois  cent  toises  de  reparlaige,  partie  à 
«  chevrons  à  maison  et  partie  à  coulombage.  » 
(JJ.  207,  p.  54,  an.  1480.) 

Coulombe.  [Intercalez  Coulombe,  jambage,  et 

voyez  CoLOMiiEi..]  (n.  e.) 

Coulombier,  svbsl.  maso.  Colombier.  (Cotgr. 
et  Oudin,  Dict.,  etLaur.  Gloss.  du  Dr.  fr.)  Ce  mot, 
employé  avec  une  terminaison  féminine,  n'est 
peut-être  qu'une  licence  que  le  poëte  s'est  permise 
en  faveur  de  la  rime  : 

Blereaux,  foynes,  chatz  sauvaiges 
Regnars,  loutres....  grans  dommaiges 
Font  en  estanz  et  en  rivières 
Et  en  garennes  couluntbieres. 

Gace  de  la  Bigne,  des  Déduits,  MS.  fol.  136,  R'. 

VARIANTES    : 
COULOMBIER.  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr. 
Coullombier.  Vig.  de  Charles  VII,  1. 1,  p.  133. 
CouLU.MBiERE.  GacB  de  la  Bigne,  des  Déd.  MS.  fol.  136. 

Coulomnieus.  On  a  dit  en  parlant  du  pape 
Boniface  : 

Les  couloiiDiieus  efface. 

Et  loF  abati  lor  chatiax, 
Et  déposa  de  cardiniax. 
Ainsi  régna  comme  Lyon. 

Hist.  de  Fr.  a  la  suite  du  Rom.  de  Fauvel,  fol.  H. 

Coulon.  [Intercalez  Coulon,  pigeon  : 

S'ot  (Franchise)  les  chevous  et  blons  et  Ions, 
Et  fu  simple  comme  ims  coulons. 

La  Rose,  v.  1201. 

"  Li  Sarrazin  envolèrent  au  soudanc  par  coulons 
«  messagiers  par  trois  foiz ,  que  li  roys  esloit 
«  arrivez.  «  (.loinviUe,  §  163.)  Avant  la  bataille  de 
Hoosebeke,  «  quant  li  orillamble  fu  desploye  et  li 
><  bruine  chey,  [on  vil]  un  blanc  coulon  voler  et 
»  faire  plusieurs  vols  par  dessus  la  bataille  dou 
«  roy.  »  (Froissart,  X,  169.)  Au  w  siècle,  on  lit 
dans  Louis  XI  (88'  Nouv.):  «  Notre  bonne  bour- 
"  geoise  abandonna  son  mari  en  ce  colombier. 


(1)  Dans  l'ordre  de  Cileaux,  la  coule  tient  lieu  du  froc  ;  dans  l'ordre  de  S'  Dominique  ,  c'est  proprement  un  froc  sang 
ampleur,  (n.  e.) 

(2)  «  Li  sans  en  fille,  que  forment  est  maumis  ,  Si  que  les  goules  de  son  pelison  gris  En  sont  mouillies.  »  (Roman 
d'Aubery).  Du  Gange  cite  encore  Renart  :  «  Et  tenoit  un  rous  peliçon  Dont  les  gules  estoient  d'os.  Et  li  mettoit  par  force  el 
dos.  »  (N.  E.) 

(3)  Il  vaut  mieux  lire  la  lamelle.  (N.  E.) 

(4)  On  lit  déjà  dans  Thomas  de  Cantorbery  (150):  «  Sur  l'espaule  senestre  l'espéeli  cif/a,  Li  maiitel  e  les  dras  tresqu'à 
1'  cuir  eiicisa.  »  (N.  e.) 

(5)  «  De  quibus  melletis  (melles)  capiunt  et  à  nobis  detrahunt  interiora,  scilicet  les  coulleltes,  gallice.  »  Ne  sont-ce  pas 
des  nèfles  ou  melles,  dont  on  ote  les  noyaux  pierreux  ?  Aujourd'hui,  coulelles,  dérivé  de  couler,  est  le  nom  d'un  filet.  (N.  E.) 


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«  et  le  laissa  roucouler  toute  la  nuit  avec  les 
»  coulons.  »]  (n.  e.) 

Couloris,  subst.  mnsc.  Coloris.  (Pict.  de  Monet 
et  (i"Oudin.) 

Coulot.  [Intercalez  Coiilot,  dérivé  de  couler: 
«  Par  le  moien  d'un  petit  coulot  ou  conduit  fait  en 
«  icelle  terre.  »  (JJ.  170,  p.  46,  an.  144i.)]  (n.  e.) 

Couloii  (1),  s»/.si.  Ce  mol  s'est  peut-étredit  pour 
chouloil,  mot  breton  ((ui  signifie  chandelle.  (Du 
Gange,  au  mot  Lucibrum.) 

Couloueré,  adj.  Qui  est  à  coulisse.  Ce  mot 
vient  de  coukmoir  ci-après,  et  l'un  et  l'autre  du 
verbe  couler.  Dans  le  Mystère  des  actes  des  Apôtres, 
on  lit  :  "  Soit  sainct  André  descendu  de  la  croix,  et 
«  Maximilla,  Tyion,  Sydrac,  Exosus  et  Anne!  le 
«  doyvent  mettre  en  ung  tombeau  en  sépulture, 
«  sur  une  trappe  coulouerée  ('2).  où  il  puisse  aller 
'•  par  dessoubz  terre.  »  (Hist.  du  Th.  fr.  t.  Il,  p.  438.) 

CoHiouoir ,  subst.  masc.  Canal.  Du  verbe 
couler.  •>  Pantagruel  vouloit  redoubler  au  couloir 
«  (de  la  vessie)  frapper  de  nouveau  en  cet  endroit.  » 
(Rabelais,  t.  Il,  p.  '212.) 

Coiilouré,  adj.  Coloré.  On  disoit  dans  le  sens 
propre  conlouré  comme  cendre,  pour  de  couleur  de 
cendre.  (Molinet,  p.  175.)  «■  Visage  bien  couloré  (3).  » 
(Apol.  pour  Hérodote,  préf.  p.  4.) 

On  le  disoit  aussi  au  figuré,  dans  le  même  sens 
qu'aujourd'hui,  pour  spécieux,  apparent.  «  Leur  fit 
•  remonsUer  tant  de  si  belles  raisons  coulourées.  « 
(Froissart,  liv.  1,  p.  402.)  (4) 

VARI.\NTES    : 
COULOURÉ.  Molinet,  p.  175. 
CoiiLORÉ.  Villon,  p.  104. 

Coulourer ,  verbe.  Colorer*.  Donner  du 
lustre^.  Rougir'^. 

*  Donner  de  la  couleur.  (Oudin,  Nicol,  etc.)  C'est 
le  sens  propre. 

^Au  figuré,  donner  du  lustre,  de  la  faveur,  du 
crédit.  On  lit  au  sujet  du  schisme  entre  les  papes 
Urbain  et  Clément,  en  1379,  que  «  ce  que  le  roy  de 
«  France creul en  Clément,  couloura{ô)  gvanàemenl 
»  son  fait,  car  le  royaume  de  France  est  la  fontaine 
«  de  créance  et  d'excellence  pour  les  nobles  églises 
«  qui  y  sont,  et  les  hautes  prelalions  (prelatur'es).  » 
(Froissart,  liv.  II,  p.  53.) 

'^Coulourer,  actif  dans  ces  deux  premières  signi- 
fications, devient  neutre  dans  le  sens  de  rougir  : 

L'un  coulourer,  l'autre  blanchir. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  324,  R*. 

VARIANTES    : 
COULOURER.  Nicot,  Oudin,  R.  Estienne,  Dict. 
CouLORER.  Monet,  Dict. 
CuLURER.  Marbotlus,  col.  1674. 


Coulpe,  subst.  fém.  Faute*.  Coupe,  vase^. 

*  Nous  nous  servons  encore  du  mot  coulpe,  dans 
le  premier  sens,  en  termes  de  dévotion.  C'est  le 
sens  vrai.  Celui  de  cou/je  ne  lui  a  été  attribué  que 
par  une  confusion  d'orthographe  qui  a  fait  confon- 
dre deux  mots  fort  ditîérens.  Voyez,  sur  le  mot 
coulpe  pris  dans  le  premier  sens,  les  Dict.  de  Nicot, 
de  Monet,  de  Rob.  Estienne,  le  Gloss.  de  l'Hist.  de 
Paris,  Gloss.  de  Marot  et  Gloss.  sur  les  Coût,  de 
Beauvoisis.  «  Un  petit  outre  raison  ne  vous  veuil- 
»  lez  pas  ennuyer,  car  ce  ne  sera  pas  ma  coulpe  de 
"  brief  exploiter,  si  je  puis  :  mais  la  coulpe  de  ceux, 
«  ausquels  j'aurai  à  faire.  »  (Froiss.  liv.  IV,  p.  123.) 

Ce  mot  a  été  employé  par  Froissart  pour  dire  :  la 
faute  en  est  que,  ou  bien  comme  par  la  faute  du 
hasard  ou  par  vice  de  nature,  de  tempérament.  Un 
médecin  habile,  nommé  Ilarselly,  voulant  expli- 
quer la  cause  de  la  démence  de  Charles  VI,  dit  : 
«  (car  il  cuidoit  assez  congnoislre  la  complexion 
«  du  Roy)  cesle  lualadie  est  venue  au  Roy  de  coulpe, 
»  il  tient  trop  de  la  moiteur  de  la  mère.  »  (Froiss. 
liv.  IV,  p.  150.1  On  lit  pUis  bas  :  «  Veit  bien  et  con- 
«  gneul  que  la  maladie  estoit  curable,  et  que  le 
«  Roy  l'avoit  prise  et  i;on(;ue  par  foiblesse  de  cuenr 
"  et  incidence  de  coulpe.  >■  (Ibid.) 

Dans  ce  sens  de  coulpe  pour  faute,  on  disoit  : 

l"  Moie  coupe,  par  ma  faute. 

Moie  coupe,  je  m'en  repent. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  200,  R"  col.  1. 

2°  Battre,  ou  rendre,  ou  frapper  sa  coulpe,  pour 
faire  l'aveu  de  sa  faute,  s'en  repentir  en  l'avouant. 
"  Le  publicain  estant  loing,  n'osoit  lever  les  ieus 
<■  vers  le  ciel,  et  en  kappnulsacoulpe,  disoit  :  mon 
>■  Dieu,  te  plaise  estre  propice  et  misericors  t^i  moi 
»  pauvre  pécheur.  »  (Les>  Tri.  de  la  Noble  Dame, 
fol.  288.) 

11  clot  ses  iex  et  reni  .sa  coupe: 
En  Dieu  met  s'espérance  toute. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n*  1218,  fol.  5,  V"  col.  1. 

Et  l'en  veit  l'en  battre  sa  coulpe. 

L'Amanl  rendu  Cordelier.  p.  560  et  570. 

Quant  devant  lui  li  renl  se  coupe. 

Poés.  MSS.  avant  1300,  t.  IV,  p.  1319. 

3°  Demander  la  coulpe  pour  imputer  la  faute. 
«  Sire,  dist  adonc  (alors)  Sorence,  vous  n'estes  pas 
«  bien  courtois,  qui  la  coulpe  en  demander  à  moy, 
«  ne  aux  autres,  car  sachez  que  c'est  à  ton,  mais 
«  demande^.-  en  la  coulpe  à  Zephir  vostre  maislre 
«  qui  vous  porte  et  raporte  à  vostre  vouloir.  » 
(Percef.  vol.  II,  fol.  31.) 

Jou  ne  sai  qi  los  coupes  demander. 

Poés.  MSS.  Vatican,  n"  litlO.  fol.  76,  V°. 

La  coupe  en  demande:  autrui. 

Baudel  de  la  Quarrière,  Pois.  MSS.  av.  1300.  t.  II,  p.  1Î07. 

4°  Trébucher  en  maux  de  coulpes  pour  tomber  en 


(1)  On  prononce  aujourd'hui  goulou.  (N.  E.) 

(2)  On  trouve  couloueres  au  xiv»  siècle  ;  «  Et  fineront,  pour  la  sale,  de  deux  ou  trois  couloueres  pour  gecter  le  gros  relief 
comme  souppes,  pain  trenchié  ou  brisié.  »  (Laborde,  Emaux,  p.  230.)  (n.  e.) 

(3)  Plus  anciennement  on  employait  coulorie  :  «  Blanche  char  ot  comme  flors  espanie  ;  Face  vermelle  com  rose  coulorie.  » 
(Raoul  de  Cambrai,  143.)  On  lit  encore  dans  la  Chanson  d'Antioche  (VIII,  977>  :  «  Si  compaignon  fièrent  de  lor  brans 
coloris.  »  (N.  E.) 

(4)  Comparez  éd.  Kervyn,  V,  150.  (N.  E.) 

(5)  Le  sens  est  plutôt  donner  apparence  de  droit,  comme  au  t.  XIII,  p.  19,  de  l'éd.  Kervyn  ;  «  Et  pour  coidourer  son  fait 
et  mettre  raison  à  sa  demande.  »  (n.  e.) 


co 


—  318 


CO 


faute  :  «  En  quels  maux  de  coulpes  je  suy  trebu- 
'■  chié.  »  (Chasse  de  Gnst.  Phéb.  ms.  p.  387.) 

^On  ;i  dil  couliie  pour  coupe,  vase  ù  boire,  parce 
(|uon  a  coiilondu  les  oiihosraplios  de  ces  deux 
mots.  Ainsi  on  écrivoil  couiie  pour  coitipe  et  réci- 
proqueuienl  t'OH/y^c  pour  (Vjh/)<?.  Nous  verrons  de 
nouvelles  preuves  de  cetle  réciprocité  au  mol 
Coupe.  Nous  avons  rapport('  divers  passages  où  le 
mot  coulpc,  faute,  est  écrit  coupe.  En  voici  oîi  le 
mot  coupe,  vase  à  boire,  est  écrit  coH/pe  : 

Lasi  ce  n'est  pas  à  coidpe  dorée. 

liusl.  Descli.  Pocs.  MSS.  fol.  *21,  col.  2. 

Il  y  a  un  endroit  dans  Joinville,  p.  83,  où  on  lit 
couppe  pour  coulpe.  Ce  passage  mérite  quelques 
réflexions,  parce  que  Du  Gange  paroît  l'avoir  mal 
entendu.  11  suppose  que  couppe  y  signilie  le  trésor 
du  roi.  (Observ.  p.  86.)  Voici  le  passage  où  S.  Louis 
répond  à  ceux  qui  lui  avoient  conseillé  de  quitter 
la  Terre  sainte  :  «  Pourtant  ay-je  regardé  que  je 
»  suis  cy  venu  pour  garder  le  royaume  de  .lerusa- 
■'  lem  que  j'ay  conquis,  et  non  pas  pour  le  laisser 
«  perdre.  Ainsi,  seigneurs,  je  vous  dy,  et  à  tous  les 
"  autres  qui  vouldront  demeurer  avccques  moy, 
"  que  le  dicz  liaidiement,  et  vous  promets  que  je 
'<  vous  donneray  tant,  que  la  couppe  ne  sera  pas 
«  mienne,  maisvostre(l).  Ceux  qui  ne  vouldront  pas 
■•  demeurer  de  par  Dieu  soit.  «  Il  est  clair  que  le 
prince  veut  dire  qu'il  donnera  tant  à  ceux  qui  res- 
teront avec  lui,  que  s'il  ne  vient  à  bout  de  conser- 
ver le  royaume  de  Jérusalem,  la  couppe,  la  faute 
ne  sera  pas  sienne. 

Le  mot  couppe  pareil  pris  dans  le  même  sens  en 
ce  passage  d'Alain  Cliartier,  où  il  est  question 
d'Aniiibal  : 

D'ung  Cousteau  portant  à  ses  mains 
Pourtant  se  tua  par  sa  couppe. 

Pocs.  d'Al.  Charlier,  p.  720. 

A  moins  qu'on  ne  voulût  exprimer  ici  le  mot 
couppe  par  l'action  de  se  tuer,  de  couper  le  fil  de 
ses  jours. 

VARIANTES  (2)   : 
COULPE.  Orth.  subsistante. 
CuLPE.  Eust.  Descli.  Poës.  MSS.  fol.  82,  col.  1. 
COLPE.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  21,  en  latin  culpa. 
CoPE.  Chans,  MSS.  du  C"  Tliil).  p.  3. 
CooPE.  Beaumanoir,  p.  192. 
Coupe.  Ord.  t.  I,  p.  74,  col.  2. 
Couppe.  Joinv.  p.  83. 

Coulte  (faute).  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  19,  col.  3. 
Courpe.  Fahl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  362,  R»  col.  1. 
CoRPE.  Chans.  MSS.  du  C"'  Thib.  p.  3. 

Coulper,  verbe.  Accuser,  imputer  une  faute. 
On  \\\.  incul pare  dans  le  même  sens,  au  Glossaire  de 
Du  Gange.  <>  Se  par  leur  faulte  en  advenoit  chose 
<■  qui  desplust,  elle  les  en  acoulperoit.  «  (Percef. 
vol.  V,  fol.  99.) 

Por  ce  ne  doit  nus  hom  blasmer 
Autrui  affaire,  n'cncolper. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  18,  V. 


On  disoit  :  «  sedécoulper,  sans co!i//jer  autruy.  » 
(Mém.  du  Bellay,  liv.  IX,  fol.  281.) 

VARIAÎS'TES    : 
COULPER.  Oudin,  Nicot.  etc.,  Dict. 
Acour.PKR.  Monet,  au  mot  Ancuulper. 
.\NCOULPER.  Monet,  Dict. 
Encoulper.  Ord.  t.  III,  p.  425. 
Encolper.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  f»  18,  V  col.  1. 
Encoper.  Poës.  MSS.  avant  1300.  t.  III,  p.  1155. 
Encouper.  Poës.  MSS.  avant  131)0,  t.  II,  p.  707. 

Coulte,  subst.  fém.  Espèce  de  matelas  (3).  On 
ébranloit  autrefois  les  murs  des  villes,  et  on  les 
renversoil  avec  des  machines  de  différeTiles  figures, 
comme  les  béliers,  les  moutons,  etc.  Pour  in  em- 
pêcher l'effet,  Végèce  veut  que  les  assiégés  «  ayent 
«  coultes  avaliez  contre  le  mur  au  droit  (à  l'endroit) 
«  ou  le  tréfila  poutre,  le  bélier)  doit  venir,  et  pour 
«  la  molete  (molesse)  de  la  chose  les  coups  seront 
«  rompus.  »  (Le  .louvencel,  ms.  page  297.  —  Voyez 
Coite  ci-dessus.) 

Coiiltrei'ie.  [Intercalez  Coultreric,  office  de 
coutre  (voyez  ce  mot):  »  Les  chappellains  dirent  au 
«  suppliant  qu'il  estoit  venus  bien  ù  point  pour 
"  e?[re  coullre  et  clerc  de  leur  paroisse...  Le  dit 
"  suppliant  qui  savoit  bien  lire,  escrire  et  chanter 
«  et  estoit  bien  habile  à  Va^'û^q  coultreric  exercer.  •■ 
(,IJ.  15Ô,  p.  273,  an.  liOO.)]  (n.  e.) 

Coulus. 

Propriété  à  chascun  est  donnée 

Des  planettes  nommées  cy  -dessus 

Se  bien  ou  mal  en  cliascune  contrée 

Par  les  climats,  es  signes  coulus 

EiaIz  conjoingnans,  lune  moins,  l'autre  plus. 

Eusl.  Desch.  Pots.  MSS.  fol.  125.  col.  2. 

Coulz,  suhst.  masc.  plur.  Cols.  »  Hz  abandon- 
■'  nerent  leurs  corps,  et  leurs  coulz  en  la  volonté 
«  du  Roy.  ..  (Chron.  S.  Denis,  t.  I,  fol.  23G.)  Nous 
disons  abandonner  sa  tête. 

Coiimandere  (4),  subst.  masc.  Gouverneur.  Qui 
commande. 

De  par  mon  père 

Qui  de  l'empire  est  commandere. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  537. 

Coume.  adv.  Comme.  [Voyez  Ord.  t.  I,  p.  17.) 
Coument,  adv.  Comment. (Beaum.  p.  1.) 
Coument,  subst.  masc.  Sujet,  serviteur.  Nous 
avons  vu  que  le  mot  command,  en  termes  de  cou- 
tumes, désignoit  celui  qui  avoit  commission  d'un 
autre.  On  écrivoit  aussi  en  ce  sens  comment, 
cornant,  etc.  On  a  de  même  dit  dans  l'usage  ordi- 
naire, coument,  conmenl  pour  celui  qui  reçoit  les 
ordres  d'un  autre,  qui  est  commandé  par  lui,  qui 
est  son  sujet,  son  serviteur  : 

Deffendez-moi  con  voz  coument. 

Ilist.  de  S"  LéocaJe,  MS.  de  S.  G.  fol.  33,  V  col.  1  et  2. 

VARIANTES    : 
COUMENT.  Hist  de  S"  Léocade,  MS.  de  S.  G.  f»  33. 
CoNMENT.  Blanch.  MS.  de  S.  G.  t»  190,  R»  col.  1. 


(1)  M.  de  Wailly  imprime  (§  437)  :  «  Et  je  vous  donrai  tant,  que  la  coiilpe  n'iert  pas  moie,  mais  vostre,  se  vous   ne  voulez 
demeurer.  »  (n.  e.) 

(2)  S"  Eulalie  donne  colpes  et  Roland  cnlpes.  (n.  e.) 

(3)  Coulte  vient  de  culcita  ptuicta,  comme  coûte  pointe  (courte-pointe),  (m.  e.; 

(4)  C'est  le  cas  sujet  de  commandeur,  (n.  e.) 


co 


—  31fl  — 


co 


Counaude,  subst.  fém.  11  est  pris  en  un  sens 
obscène,  dans  le  Moyen  de  Parvenir,  p.  CO. 

Councellour,  subst.  viasc.  Chancelier.  (Voyez 
Carta  magna,  fol.  21) 

Counilleau,  subst.  masc.  Lapereau.  (Cotgrave 
etOudin,  Dicl.)  (1) 

Counseil,  adj.  au  fém.  Desservie.  Ils'agil  dans 
le  passage  suivant  d'une  église  en  vacance,  et  dont 
le  siège  est  à  remplir.  «  Si  purra  respondre  qu'il 
«  ne  doit  point  présenter,  sinon  en  temps  de 
«  vacance  e^  l'église  est  pleyn  et  counseil,  par 
■'  quoy  il  ne  doit  ne  piut  ore  pur  mesmes  presen- 
»  ter.  Et  si  le  pleynlif  die  que  ele  est  voyde,  de  ceo 
«  soit  la  court  certifiée  par  l'ordinary.  »  ^Brilton, 
Loix  d'Anglel.  fol.  234.  —  Voyez  Descou.nseillée 
ci-après.) 

Coiinte,  subst.  masc.  Compote.  .On  disoit  par 
counte  countauiit,  par  compte  comptant,  en  exami- 
nant. Cette  espèce  de  réduplication  de  la  même 
idée  donnoit  plus  de  force  à  l'expression,  et  dési- 
gnoit  un  compte  plus  détaillé,  plus  discuté.  Les 
langues  anciennes  offrent  des  exemples  d'usages 
semblables.  Ils  sont  rares  dans  la  nôtre.  «  De  plus 
«  procheineté,  cesle  accion  soulement  detrie  en 
-  counte  countaunt  la  plus  procheineté  des  heires 
"  quant  à  la  succession  del  héritage.  >^  (Critlon, 
Loix  d'Anglet.  fol.  268.)  «  Solonc  "ceo  que  sera 
«  trové  pav counte  countaunt  âe\np\iisçvoc[:('\neté 
«  des  frères  se  fra  le  jugement.  »  (Ibid.  fol.  •2G'J.) 
»  Et  de  tielx  choses  de  qeux  home  poit  aver  un 
"  manuel  occupation,  possession,  ou  resceite,  si 
"  come  de  terres,  tenements  et  hujus  modi,  la 
»  home  dit  fieu  cou)it  countaunt,  et  en  plée  ple- 
«  dant  que  un  tiel  fuit  seisi  en  son  demesne  de 
"  fée.  "  (Tenur.  de  Littl.  fol.  3.) 

Conntoiw,  sul)St.  masc.  (2)  Officier  de  justice. 
Officier  subordonné  au  premier  juge.  Peut-être  le 
rapporteur  ;  peut-être  aussi  est-ce  un  officier  pré- 
posé dans  les  provinces  pour  faire  rendre  compte 
aux  receveurs  et  fermiers  du  roi.  (Voyez  Carta 
magna,  fol.  134,  V»  fol.  89.) 

Coup,  subst.  masc.  Plaie,  blessure.  Nous  avons 
rapporté  à  l'article  Coi'  les  anciennes  orthographes 
de  ce  mot.  Il  nous  reste  à  exposer  ici  les  usages 
anciens  de  ce  même  mot  écrit  selon  l'orthographe 
actuelle.  Pris  dans  le  sens  de  plaie,  blessure,  il 
nous  offre  une  acception  trop  différente  de  celles 
qu'il  conserve  pour  ne  la  pas  distinguer  des  expres- 
sions dans  lesquelles  il  s'employoit  autrefois  d'une 
manière  qui  n'est  plus  d'usage,  quoique  la  significa- 
tion soit  la  même  que  celle  qui  subsiste.  «  Ayant 
"  fait  bander  sa  playe  par  Filidonio,  reprint  le  cbe- 
«  min  duquel  il  s'estoit  désiré,  et  vint  loger  en  un 
"  monastère  assés  près  de  Londres,  où  un  religieux 
«  de  Leans  visita  son  coup,  etc.  «  (Dom.  Florès  de 
Grèce,  fol.  161.)  On  disoit  aussi /e  coup  de  la  playe, 
dans  le  même  sens.  «  Là  fut  soudainement  féru  en 


•'  la  face  d'une  lance,  si  n'en  tint  compti',  pour  ce 
■>  que  le  coup  de  la  playe  étoit  petit.  »  (Chron.  S. 
Denis,  t.  1,  fol.  2'<7.) 

Nous  observerons,  avant  de  passer  aux  façons  de 
parler  de  notre  mot  coup,  que  colebns  et  colpus  se 
trouvent  au  même  sensdansle  Gloss.  de  Du  Gange. 

1°  Coup  de  hacbe  ou  d'éjiée  signifioit  autrefois 
simplement  en  donner  des  coups  sans  blesser  du 
tranchant  ou  de  la  pointe.  «  A  pied  les  eussent 
»  combattus  de  haches  et  d'espées,  de  coups  seule- 
«  ment,  tant  que  l'ung  party,  ou  l'autre  fut  par  la 
«  terre,  ou  faict  perdre  leurs  basions.  »  (Petit .).  de 
Saintré,  p.  389.) 

2°  Nous  disons  encore  coup  pour  fois  dans  quel- 
ques expressions.  L'usage  de  cette  acception  étoit 
autrefois  plus  étendu.  On  disoit  :  <■  Il  tant  donc 
«  beaucoup  mieux  mourir  un  coup  que  mourir 
«  tous  les  jours.  »  (Des  Ace.  Bigarr.  p.  41.)  «  Si  à 
«  l'entrée  (outre  le  prix  convenu)  avoit  esté  donné 
«  une  somme  certaine  pour  un  coup,  advenant  le 
«  resilement  du  successeur,  et  qu'il  s'y  trouva 
«  recevable,  seroit  il  tenu  restituer  icelle  à  la  por- 
"  tion  et  au  prorata  des  années  restantes.  »  (Coût. 
d'Espinal,  Nouv.  Coul.  Gén.  t.  II,  p.  1133.)  «  Il  peut 
«  vendre  son  dit  héritage  un  cent  au  coup  ,  > 
c'est-iVdire  à  la  fois.  i,CouL  de  l'Alleu,  Nouv.  Coût. 
Gén.  t.  I,  p.  375.) 

On  lit  (Ibid.)  au  même  sens,  p.  377,  col.  1  :  ..  A 
«  charge  de  pouvoir  vendre  un  cent  à  la  fois  par  le 
«  survivant.  »  (Voy.  Goul,  Gén.  t.  VIII,  p.  894.) 

3°  A  coup,  tout  à  coup,  en  même  temps,  à  ce 
moment,  coup  sur  coup,  souvent,  promptement. 
(Dict.  de  Monet  et  Gloss.  de  Marol.) 

Pou  à  coup  les  faire  tuer. 

Vigiles  de  Charles  VII,  t.  I,  p.  29. 

....  Faictes  paix  là 

,4  cotq),  qu'on  entende  à  voz  dictz. 

Coquillart,  p.  70. 

On  lit  dans  Joinville,  p.  100  :  «  Qui  volontiers,  et 
«  à  coup  juve,  souvent  il  se  parjure,  »  dans  Bouch. 
(Serées,  liv.  II,  page  27.)  «  Les  LUicenses  tan(;oient 
«  (reprochoient  à)  Galon  de  ce  qu'il  mangeoit 
"  à  coup  et  des  deux  coslez.  »  (Voy.  A  coup.) 

4°  À  coup,  à  coup,  pour  coup  sur  coup. 

Si  trappe  à  l'huys  à  coup  à  coup. 

Goquillarl,  p.  161. 

5°  A  tous  les  coups,  tous  coups,  souvent. 

Pour  beUe  femme  l'on  visite 
A  tous  les  coups  un  laid  mary. 

Clém.  Marot,  p.  190. 

Le  roy  tous  coups  se  présente  à  la  lice. 

J.  Marol,  p.  97. 

6°  Par  coups,  parfois. 

Puis  les  servans  par  coups  leurs  dames  baisent. 

Clém.  Marot,  p.  63. 

7°  Coup  à  quille,  pour  incontinent,  lout  de  suite. 
"  A  son  réveil  elle  fut  trouvée  avoir  perdu  le  sens, 
"  car  elle  tenoit  des  propos  impudiques  contre  sa 
"  nature  et  coustume,  changeans  et  muables  coup 


(1)  Voyez  même  vol.,  p.  185.  (N.  E.) 

(2)  "Voyez  Contor.  (n.  e.) 


co 


—  320  - 


CO 


■'  M  quille  et  s'entrctenans  comme  arène  sans 
«  chaulx.  •>  (Alector,  Pom.  toi.  27.) 

8°  Coup  fotirré  ,  coup  réciproque.  Expression 
encore  en  usage  aujourd'iiui.  Dranlnme  semble  en 
désigner  l'époque,  en  parlant  d'un  combat  entre 
deux  capitaines  et  à  la  balaille  de  Cerisoles  : 
<•  S'estant  transpercez  les  visages  par  coitjis  fourrez 
«  'comme  en  ce  temps  là  on  usoit  de  ces  mots.  » 
(Brant.  Cap.  Estr.  t.  I,  p.  303.) 

9°  Frapper  ses  coups,  en  matière  d'abornage, 
«  signifie  l'action  des  parties  qui  en  faisant  leur 
"  désignalion  frappent  \i\  terre,  ou  des  flecbes  de 
<'  l'arpenteui',  on  de  leurs  bâtons.  >■  An  cbapilre 
intitulé  :  De  eerquepiaiiarje  et  ahoruage,  on  lit  : 
«  Estans  les  parties  sni'  le  lieu,  désigneront  ei  frap- 
"  feront  leurs  coups,  après  serment  par  elles  preste 
»  en  forme  de  droit,  ou  leurs  procureurs  ù  ce 
"  espécialement  antborisés,  et  plaideront  la  matière 
"  sur  le  champ,  ou  en  tel  autre  lieu  que  leur  sera 
"  désigné  par  les  conseillers  commissaires.  » 
Coul.  de  Ilaynaut ,  Nouv.  Coût.  Gén.  tome  H, 
p.  79.)(1) 

10°  Coup  (le  main,  pour  coup  donné  avec  la  main, 
par  opposition  :\  coup  hors  de  main,  jet  .soit  de 
pierres  ou  de  traits.  »  .Je  y  ay  reçu  plus  de  trois 
'■  cens  coups  de  main,  el  beaucoup  plus  de  traict, 
'  et  basions  sans  queue.  »  (Alector,  Rom.  fol.  9.) 
«  Des  autres  coups  hors  main,  et  venans  de  loing, 
«  comme  pierres,  traictzet  dardz,  ilz  n'estoient  pas 
'•  lousjours  à  droict  assenez  (adressez,  ajustez, 
"  portez),  par  la  remuante  legiéreté  de  l'escuier, 
«  sur  lequel  on  ne  pouvoil  asseoir  juste  visée  sinon 

<  à  l'adventure.  >•  (Ibid.  fol.  11.) 

11°  Couj)  (le  la  main,  c'est  l'action  de  frapper 
dans  la  main,  pour  la  conclusion  d'un  marché. 
«  Chacun  est  recevable  pour  rehausser,  ou  renche- 
«  rir  les  biens,  jusqu'à  ce  que  le  coup  île  la  main, 
■■  ou  de  la  palmée  en  sera  donné.  «  (Coût,  de 
ÏSourbourg,  iNouv.  Coût.  Gén.  1. 1,  p.  49'2.) 

J2''  A  coup  perdu,  pour  à  corps  perdu,  qui  en  est 
peut-être  une  corruption.  «  Se  jettans  à  coup 
»  perdu.  »  (Mém.  de  Moniluc,  1. 1,  p.  119.) 

i3°  Coup  orbe,  coup  sombre,  pour  coups  qui  font 
bosse  et  contusion,  mais  dont  il  ne  sort  pas  de  sang. 
(Du  Gange,  au  mot  Ictus  orbus.) 

ii°  De  coup  d'aventure,  pour  fortuitement,  par 
hasard.  (Nef  des  Dames,  fol.  82.) 

15°  Coup  de  baston,  coup  de  la  verge  (2),  terme  de 
pratique  usité  pour  les  enchères.  ■■  Par  la  dernière 
'■  publication  à  l'affiche ,  il  sera  déclaré  qu'au 
■-'  prochain  jour  de  plaid  l'on  y  vend  les  dites 
«  maisons,  et  biens  immi?ubles  par  le  coup  de  bas- 
<■  ton.  "  (Coul.  d'Audenarde,  Nouv.  Coût.  Gén.  t.I, 
p.  J074.)  «  L'on  est  accoustumé  de  vendre  tous  les 
<■  arbres  croissans  appartenant  aux  veuves,  et  aux 

<  mineurs,  après  une  publication  à  l'église  au  plus 
>■  offrant,    par  trois  coups  de  la  venje,  à  la  fin  de 


«  la  messe,  et  cela  par  le  pralei-.  »  (Coutumes  de 
Renaix,  ibid.  p.  1150.) 

Ifio  De  coup  de  mesctief ,  par  malheur,  par  acci- 
dent. «  Il  vacheoirsur  las  p'iedz  de  coup  de  mesctief, 
«  et  fondit  jusques  à  terre.  »  (Percef.  volume  I, 
folio  28.) 

17'  Coup  de  masse.  Nous  disons  encore,  au  même 
sens,  coup  de  hache.  .M.  de  ViHeroy,  parlant  à  Henri 
IV,  lui  dit  :  «  Dieu  veuille  (|u'on  ne  dise  point 
"  [)armi  nous,  comme  on  fait  déjà  parmi  vos  enne- 
"  mis,  (|u'il  y  a  de  la  folblesse  d'esprit  ;  et  que  cette 
«  débililé  de  cerveau  est  encore  un  elfet  de  ce  coup 
»  de  masse  que  reçut  votre  ayeul  le  comte  de 
«  Cleimont  fils  puiné  de  S.  Louis.  ■•  (Mém.  de  Vill. 
t.  IV,  p.  280  ) 

18°  Coup  d'artillerie  s'est  dit  pour  décharge 
d'artillerie.  «  M.  de  Nemours  marchoit  tousjours, 
«  et  vint  donner  trois  grands  coups  d'artillerie 
«  dedans  celle  gendarmerie  qui  leur  fit  du  mal 
»  assez.  ..  (Mém'  de  Rob.  de  la  .Mark,  ms.  p.  128.) 

19°  Coup  de  poing  de  liançaiiles.  Façon  de  parler 
faisant  allusion  à  l'usage  des  fiançailles.  »  Ce  qui 
"  fut  si  tost  fait,  que  nostre  patient  fut  touteslonné 
«  qu'on  luy  demanda  la  livrée,  tellement  qu'après 
«  les  coups  de  poings  de  [iançaittes,  à  la  mode  du 
>■  pa'is  (le  Poitoul  Gabriel  changea  le  dueil  de  son 
•■  père,  pour  les  joyes  d'un  nouveau  mesnage.  » 
(Printemps  d'Yver,  i"  190.) 

20»  Tenir  coup,  pour  résister.  »  Le  chevalier  du 
«  dragon  rentonlra  le  centaure  dans  l'escu,  qu'il 
«  luy  fanlça  de  part  en  autre,  demourant  le  fer  de 
"  la  liiTice contre  lestâmes  de  son  haubert,  lesquel- 
«  les  tindrent  coup,  car  elles  estoient  toutes  de  tin 
«  acier.  «  (D.  Florès  de  Grèce,  f"  15C.) 

21"  Appercevoir  son  coup,  comme  nous  disons 
voir  sa  belle,  trouver  l'occasion  favorable.  «  Quant 
»  il  apperceut  son  coup,  il  alla  baiser  son  doid  de 
»  si  grant  voulenlé  que  la  doulceur  luy  en  descendit 
«  jusques  au  coeur.  >>  (Percef.  vol.  II,  f"  99.) 

22°  S'ajipuyer  sur  le  coup,  pour  s'abandonner  en 
portant  le  coup.  «  Lors  le  roy  mist  la  lance  en 
"  l'arrest,  et  se  afficha  (appuya)  du  tout  sur  les 
«  estriers,  puis  s'appuija  sur  te  coup,  pour  le  cheva- 
«  lier  tuer.  »  (Percef.  vol.  1.  f°28.) 

23°  On  disoit  aussi  proverbialement  :  «  Chargez, 
"  compaignons,  chargez  vos  ennemys ,  et  com- 
<■  mencez'le  hust  ;  car  le  premier  coup'vim[  deux,  » 
pour  signifier  que  celui  qui  frappe  le  premier  a 
toujours  l'avantage.  (.1.  d'Auton,  Ann.  de  Louis  XII, 
f°  74.  —  Voyez  Cor  ci-dessus.) 

Coup  (devant  et  apn's).  On  lit  :  «  Se  pais  est  faitte 
«  de  bataille,  sans  meultre  et  sans  larrecin,  devant 
■>  COU])  et  aj)rcs  coup,  ge  en  airay  trente  deux  sols 
«  et  demy,  >■  dans  l'affianchissement  des  habitans 
de  Pontarlier  et  leurs  coutumes  rapportées  par 
Perard,  Histoire  de  Bourgogne,  p.  486,  Ut.  de  1257. 
Suivant  ce  passage,  ces  mots  devant  coup  et  apivs 


(1)  On  lit  encore  à  la  même  page  ;  «  Procedans  sur  lieu  [pour  et  ablir  des  limites  de  possessions],  si  l'une  des  parties 
frapoit  aucuns  cot/p.s  à  un  ou  plusieurs  cailloux,  maintenant  estre  bornes.  »  (n.  e.) 

(2^  Cette  verge  et  ce  bâton  remplaçaient  le  marteau  îles  comraissaires-priseurs  :  «  Je  m'appelle  Loyal,  natif  de  Normandie, 
l^t  suis  huissier  à  verge  en  dépit  de  l'envie.  »  (N.  E.) 


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321  - 


CO 


coup,  qui  répondent  à  ceux  de  avant  et  après  main 
ou  la  main,  qu'il  me  semble  avoir  vu  ailleurs  pour 
devant  et  ap-  es,  auront  été  formés  de  l'usage  des 
Images  de  baiailles  judiciaires ,  et  auront  pu  ensuite 
former  le  mot  maintenant,  pour  présentemeni  , 
actuellement,  qui  aura  pu  signifier  l'instant  auquel 
les  parties  se  donnoient  la  main  ;  c'est-à-dire  le 
moment  qui  précédoit  les  coups  et  celui  qui  devoit 
s'ensuivre  (1). 

Coupable,  udj.  Ce  mol  signitie  encore  atteint 
d'un  crime,  mais  ou  ne  diroit  plus  coupable  de 
(lonîe,  pour  atteint,  saisi  de  crainte. 

De  greveuses  doutes  cnupables 
Gietent  les  cris  espoveiitables. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  323,  R'. 

(ioiipant,  suhst.  >nasc.  Sorte  d'instrument.  On 
se  sert  à  la  chasse  ■■  du  coupant  acéré  pourcoupper 
«  les  racines.  «  (Fouilloux,  Vénerie,  f"  7().)  ('2) 

Coupautler,  verbe.  Faire  cocu.  <■  Souhaitoil 
"  pluslost  une  laide  femme  qu'uue  belle,  sur  ce 
>■  qu'il  eslnit  asseuré  qu'elle  ne  le  coupaudjroit  (3) 
'■  pas.  »  (Contes  de  Cbolières,  p.  217.  —  Voyez 
AcoupiR  ci-dessus.) 

1 .  Coupe,  suhsL  féni.  Coupe,  vase  à  boire(4\  On 
trouve  cupa,  au  même  sens,  dans  Du  Gange.  .\ous 
avons  déjà  vu  au  mot  Couli'E  iju'on  avoit  confondu 
les  signiliciitious  de  coulpe  et  de  coupe,  comme  on 
avoit' confondu  leurs  orthographes  ;  eu  voici  un 
nouvel  exemple  : 

Las  ce  n'est  pas  à  coulpe  dorée 
A  tasse,  au  voirre,  mais  au  pot 
Boivent  Peruches  et  Chariot. 

Eusl.  Desch.  l'oês.  MSS.fol.  i91,  col.  2. 

Vouppe  étoil  distingué  de  tasse  qui  étoit  un  vase 
plus  petit,  et  de  gobelet  couvert,  comme  on  le  voit 
dans  le  passage  suivant  (5)  :  «  11  faut  que  le  gobelet 
>■  couvert,  ou  une  t'Oi//JjO(;  soit  sur  la  table,  et  une 
><  tasse  auprès,  pour  faire  l'essay  à  la  couppe,  et 
«  faut  que  le  dit  goubelet  soit  au  grand  bout  de  la 
"  table.  »  (Honn.  de  la  Cour,  mss.  p.  73.) 

Tonsjours  vont  les  gens  par  écuelles, 
A.  tous  grans  plas  tous  plains  de  souppes 
Les  echauçoiis  à  tous  leurs  cutippes. 

Eust.  Deschanips,  Poes.  MSS.  fol.  378,  col.  i. 

On  disoit,  en  proverbe,  coupes  d'argent  de  Tors 
iTours).  (Proverbes  à  la  suite  des  Poës.  mss.  avant 
1300,  t.  IV,  p.  1G5-2.) 


COUPE.  Oudin,  Dict. 
Couppe.  Eust.  Desch. 
Coulpe.  Eust.  Desch. 


VARIANTES  : 

Poës.  MSS.  (0  378,  col.  4. 
Poës.  MSS.  f»  421,.  col.  2. 


2.  Coupe,  subst.  fém.  Sorte  de  monnoie*.  Sorte 
de  mesure  ^.  Bassin  de  balance  '^.  Ventouse  ". 
Coupure  ^. 

*  Au  premier  sens,  c'étoit  le  nom  d'une  monnoie. 
«  Les  menus  cens  foilis,  seigneuriaux,  et  très  fon- 
«  ciers  qui  se  comptent  et  payent  en  marcs,  livres, 
«  sols,  deniers,  oncle,  coupe,  forlis  se  réduiront  et 
"  payeront  à  la  valleur  de  l'ancien  patart  de 
«  Biabant.  »  (Coût,  de  f.iége ,  Coût.  l'en.  f.  ÎI, 
p.  974.)  Coupe,  en  ce  sens,  venoit  de  couper. 

°  Coupe  ou  couppe  étoit  une  sorte  de  mesure^C),  et 
en  ce  sens  ce  mot  venoit  de  coupe,  vase.  «  Tous 
«  grains  de  mesure  à  la  mesure  brivadoise,  c'est  à 
«  sçavoir  à  raison  de  huict  cartons  des  dites  mesu- 
»  res  faisant  le  septier  de  bled  ,  et  le  c  irlon  quatre 
"  couppes.  '•  (Proc.  verb.  de  la  Coût.  d'Auvergne, 
Coût.  Gén.  t.  11,  p.  498  )  «  Un  lerrage  estimé  à 
«  quatre  muis  de  blé,  et  quatre  muis  cî'avaine  par 
«  an.  Item  six  capons.  Item  deux  petits  tournois, 
«  et  deux  coupes  d'avaine,  etc.  »  (Ordonnances, 
t.  II,  p.  2.5.  —  Voy.  Coi  po.N  ci-après  et  ci-dessus  Coppe.) 

"^  On  disoit  coMpe  et  couppe  de  balance  pour  le 
bassin  d'une  balance.  (Dict.  de  Cotgrave.)  Le  bassin 
de  la  balance  étoit  une  sorte  de  vase  de  couppe. 

°  C'est  encore  par  similitude  avec  le  mot  coupe, 
vase,  qu'on  a  nommé  coupe  une  ventouse,  petit 
vaisseau  de  ve.  re ,  de  cuivre  ou  d'argent,  etc. 
"  Premièrement  soient  gelées  ventouses  que  on 
«  nppeWe  coupes  ou  boetes  sus  la  playe  pour  traire 
«  le  venin  dehors.  »  (Chasse  de  Gaston  Phébus, 
iMs.  page  iOO.) 

^  Euiincoupe  signiHoit  coupure, fente,  ouverture, 
et  venoit  alois,  comme  an  premier  sens,  du  verbe 
couper  (7).  «  Mancbesdécoupéesen  telle  façon  que  la 
»  chemise  paroissoit,  et  estoient  ces  co^joes  toutes 
"  assemblées  avec  un  grand  ruban.  »  (Godefroy, 
Observ.  sur  Ch.  VIll,  p.  710.) 

Expressions  à  remarquer  : 

l'on  disoit  bois  de  coupe  ou  de  couppe,  pour  bois 
taillis.  (Dict.  de  .Monel.)  »  Quand  au  loi  et  partage 
«  de  le  ditte  veuve,  eschet  aucun  boys  de  couppe, 
«  elle  ne  le  peut  dessoler  (arrarber)  ,  ne  faire 
«  abatre,  sinon  par  couppes,  et  tontures  ordinaires, 
•  etc.  »  (Coût.  d'Amiens,  Coût.  Gén.  t.  I  p.  597.) 


(Ij  Relevons  encore  les  expressions  suivantes  ;  1»  (.'<.»p  «ppa)'eji(,  par  opposition  à  coup  o)-?;e.-  «  Si  autre  que  chevalier 
donnoit  cmtp  apparent  à  un  chevalier,  et  eu  estoit  atteint,  il  perdr(5it  le  point  dextre,  pour  l'onnor  et  la  liautesse  que  li 
chevalipr  a.  »  (Assises  de  .Térusalem,  ch.  CVIU.)  2°  Coups  le  i-o;;,  locution  rel.ntive'à  la  preuve  par  bataille  (Ord  ,  IV,  p.  297, 
an.  1354);  «  Se  aucun  desdiz  habitans  estient  en  gaige  de  bataille  ;...  ou  cas  que  li  prcinier  coup  en  seroient  donnei  ,  que 
l'en  dit /e.s  coi/ps /e  i-oy,  encor  s'em  puent  départir  et  oster  de  péril  parmi  dix  livres  d'.imemle.  »  3»  Cop  volant,  coup  de 
taille  :  «  Duquel  fait  ledit  .Michiel  perdi  le  poiog  et  fu  mehaingnié  d'un  pié  d'aventure  d'un  cop  volant  d'espée.  »  (N.  E.) 

(2)  Voyez  la  figure  dans  l'éd.  Favre,  fol.  58,  recto.  (N.  E.) 

(3)  «  Laquelle  femme  appelloit  son  mary  sanglant  couppciK/?,  et  se  vantoit  de  l'avoir  acoiipaudi.  »  (JJ.  109,  p.  132, 
an.  1416  )  (N.  E.) 

(4)  C'est  encore  un  ciboire  (Inv.  ms.,  de  Uiffi)  :  «  [tem  une  couppe  d'argent  doré  à  porter  le  corps  Nostre  Seigneur.  »  (N.  E.) 
(5>  La  coupe  avait  aussi  un  couvercle  :  «  Une  coupe  couverte,  dorée  et  esmailliée,  et  au    fonds  de  la  ditte  coupe  a  une 

.ymage  de  saint  Martin.  Une  autre  couppe  où  il  a  par  dedans  une  fleur  de  lys  enlevée,  et  est   le  couvescle  semé,  d'esmaulx 
a  un  clncber  par  dessus.  »  (Laborde,  Emau.x,  p.  230.)  (N.  E.) 

(6)  Ce  peut  élre  une  mesure  de  surface  :  «  Une  rente  héritière,  annuelle  et  perpétuelle...  sur  trois  couppes  de  terre  ou 
environ    »  (.1.1.  172,  p.  387,  an,  1423.^1  (N.  E.) 

(7)  Voyez  t.  III,  p.  103,  note  1.  (n.  e.) 

IV.  41 


co 


—  322  - 


CO 


2"  On  nomrnoit  coupr,  ou  couppe  féminine  1).  le 
repos,  la  césure  ou  élision  qui  se  fait  dans  le  [ire- 
mier  héniisticlie  du  vers,  lorsque  le  mol  ([ui  le 
forme,  se  lenuiiuuit  par  un  e  leminin,  l'ait  élision 
avec  le  mol  qui  suit.  (Pas(iuier,  Recherches,  p.  018.  j 
«  Nos  poêles,  dit  Goujel.  dans  sa  Bibliothèque, 
«  faisoient  assez  .souvent  tomber  le  repos  du  vers 
«  sur  un  e'  féminin.  Jean  Le  Maireful  le  premierqui 
»  remarqua  le  mauvais  elfet  de  cet  e  ainsi  p'acé.  Il 
«  en  avertit  Clément  Marol.  »  (Goujel,  Bibliolh.  fr. 
t.  X,  p.  89.) 

Le  mol  coupe  est  pris,  non-seulement  pour  le 
repos  du  premier  hémistiche,  mais  aussi  pour  la 
dernière  syllabe  du  second  hémistiche,  soit  dans  les 
vers  masculins  ou  féminins,  est  appelé  coupe  fémi- 
nine et  coupe  masculine.  (Fabri,  Art  de  Rhélhor. 
liv.  II,  f"  V.) 

3"  Coupe  el  couppe  aureilk' ou  oreille.  Couteau, 
espèce  d'arme.  (Uict.  de  Colgrave.)  <■  Il  s'en  falloit 
"  par  adventure  l'espesseur  d'ung  ongle,  ou  au 
»  plus,  que  je  ne  mente,  d'ung  doz  decescouteaul.x 
«  qu'on  ap\)ki\\e couppe  aurcille.  »  (Rab.  t.  II, p.  239.) 

4°  Coupe  cul  et  coupe  queue,  c'est-à-dire  sans 
plus  jouer,  sans  revanche.  (Dict.de  Colgrave;  Oud. 
Dict.  elCur.  fr.)  Delîi,  couper  cul  en  jouant  i^I),  pour 
quitter  le  jeu  avant  que  le  compagnon  ait  perdu 
tout  son  argent.  (Oudin,  Dict.  et  Cur.  fr.) 

5"  Baufrer  à  couppe  bonnet,  pour  manger  exces- 
sivement ,  sans  modération.  Nous  disons  encore 
vulgairement:  s'en  donner  pardessus  les  bretelles. 
L'auteur,  censurant  la  conduite  des  chrétiens  qui, 
pour  se  disposer  à  faire  le  carême,  se  livrent  aux 
plus  grands  excès  de  la  gourmandise,  pendant  le 
carnaval,  dit  :  «  C'est  alors  qu'ils  haufrentà  coupe 
«  bonnet,  elc.  »  (Div.  Lee.  de  Du  Verdier,  p.  123.) 

6°  Couppe  lestée  signifie  tète  coupée,  dans  Rab. 
LU,  p.  245. 

7°  Coupes  basions.  Cette  expression  se  trouve 
dans  une  partie  de  la  prière  que  réciloient  les 
tlagellans.  Peut-être  faut-il  lire  coups  et  basions  : 

Diex  nous  estuit  coujies  bastotjs. 

Chron.  fr.  MS.  de  Nangis,  an  1349. 

VAKIA.NTES  : 
COUPE.  Cout.  Gén.  t.  II,  p.  974. 
Couppe.  Cout.  d'Auvergne,  ibid.  p.  499. 

Coupeau,  subst.  masc.  Sommet  *.  Morceau  °. 


*  Dans  le  premier  sens,  ce  mol  désigne  le  faite, 
le  sommet, solides  montagnes  (3),  soil  d'arbres (4), 
soil  de  bàlimens,  soil  de  la  léle.  «  Ne  luy  avoit  pas 
"  encores  Proserpine  oslé  du  coupeau  de  la  teste  le 
«  jaune  cheveu  de  la  vie.  »  (L'Amant  ressuscité, 
p.  243.)  »  Le  chevalier  pillart  met  le  feu  aux  ville.s 
•'  ellesabr>ise  (embrase)  et  brusle  ious  \e&coupeaux 
"  et  haultesses  des  édifices  d'icelles.  "  (Nefs  des 
fols,  f°  GO.)  "  Couppel  de  la  tour.  »  (Percef.  vol.  IV , 
f"  40.)  On  dil encore  coupe t  (5)  en  Normandie,  où  la 
plupart  des  noms  terminés  en  eau  se  terminent  en 
el,  selon  la  prononciation  ancienne,  qui  s'est  con- 
servée parmi  le  petit  peuple  de  celle  province.  Il 
se  prononce  aussi dansquelques  endroits  coupet{(>), 
comme  dans  ce  passage  :  »  Son  armel  au  couuel 
«  duquel  il  fit  attacher  un  grand  panache  noir  (7).  » 
(Peler.  d'Amour,  t.  I,  p.  320.) 

Regardez  moy  la  vigne  d'un  ormeau 

Son  bras  l'estrainl  du  pié  jusqu'au  coupeau. 

Pocs.  d'Aïuadis  Janiin,  p.  91. 

^  On  disoit  aussi  coupeau  pour  morceau,  frag- 
ment. «  Vous  n'en  eussiez  donné  un  coupeau 
»  d'oignon.  »  (Rab.  t.  I,  Préface,  p.  xi.i.)  En  ce  sens, 
coupeau  dérivoil  de  couper. 

VARIANTES  : 
COUPEAir.  Orth.  subsistante. 
CouPEL.  Modus  et  Racio,  MS.  f«  185,  V". 
Couppel.  Percef.  vol.  IV,  f"  40^  V°. 
CoUPET.  Oudin,  Pèlcr.  d'am.t.  I,  p.  32t3. 
Couplet.  Modus  et  Racio,  MS.  {%) 
CouPERON.  Modus  et  Racio,  MS. 

Coupe-gorge,  sul)sl.  masc.  Nom  d'une  épée  *. 
Personnage  allégorique  ^.  Ce  mot,  sous  celte 
orthographe,  désigne  encore  un  lieu  où  l'on  vole 
et  assassine  (9). 

*  C'est  le  nom  particulier  d'une  épée  dans  ces 
vers  : 

L'espée  avoit  non  coupe-gorge. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7615,  t.  Il,  fol.  101,  V°  col.  1 

^  C'est  un  personnage  allégorique  dans  cet  autre 
passage  : 

Pardevant  cruauté  venras 

Droit  à  Cope-Gorcje  t'avoie  (t'achemine) 

Et  diluée  si  te  ravoie,  etc  (de  là  te  ramène). 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7615.  t.  I,  fol.  117,  V  col.  â. 

VARIANTES  : 
COUPE-GORGE.  Eabl.  MSS.  du  R.  n"  7615,  t.  II,  f»  i£M. 
CoPE-GORGE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  t.  I,  f»  117  (10). 


(1)  On  lit  dans  Du  Bellay  (p.  31)  :  «  Le  vers  françois  lié  et  enchaîné  est  contraint  de  se  rendre  en  ceste  estroite  prison  de 
rithme  sous  la  garde  le  plus  .-souvent  d'une  couppe  fetniiunc,  fâcheux  et  rude  gf'olier  et  incogneu  des  autres  vulgaires.  »  (n.  e.) 

(2)  On  lit  dans  Richelet  :  «  Le  roi  Henri  IV,  ayant  pris  Mantes,  voulant  se  divertir,  joua  une  partie  de  paulme  contre  des 
boulangers  de  la  ville,  qui  lui  gagnèrent  son  argent,  et  ne  voulurent  lui  donner  sa  revanche ,  parce  que  ,  disoient-ils  ,  il.« 
avoient  joué  à  coupe-cii  en  trois  parties.  »  (N.  e.) 

(3)  On  aura  assimilé  le  sommet  d'une  montagne  à  une  coupole  ;  une  montagne  basaltique  du  Vivarais  se  nomme  encore 
la  Coupe.  (N.  e.) 

(4)  «  Quant  le  suppliant  eust  amassé  sa  hachete,  remonta  oudit  arbre  jusques  au  caupel  d'icellui ,  et  lui  estant  audit 
arbre  demanda  à  ladille  Collette  s'elle  vouloil  que  ledit  suppliant  tranchast  les  branches,  ou  qu'il  le  escoupelast.  »  (JJ.  ISl. 
p.  151,  an.  1452.)  (N.  E.) 

(5)  «  Si  que  de  la  curune  le  cupel  amporta  »,  d'un  coup  d'épée  donné  sur  la  tète.  (Th.  de  Cant.,  150.)  (n.  e.) 

(6)  C'est  la  prononciation  actuelle  en  Picardie  et  en  Normandie,  (n.  e.) 

(7)  «  Car  par  tropeaulx...  couvristes  les  coppeaulx  des  heaulmes.  »  (A.  Chartier,  Livre  des  4  Dames.)  (n.  e.) 

(8)  «  Bouchier  li  couru  encore  sus  à  tout  un  grant  coustel  et  Ten  feri  tellement,  qu'il  le  profendi  du  couplet  de  la  teste 
jusques  au  front.  »  (JJ.  211,  p.  285,  an.  1377.)  (n.  e.) 

(9)  On  lit  dans  notre  Dictionnaire  sous  Fuerre  :  «  Coupe-gorqe  qui  n'ist  du  fuerre,  Fors  quand  larrecin  vet  en  fuerre.  i> 
(Fabl.  mss.,  n»  7015,  t.  II,  fol.  191.)  Dans  la  Rose  (v.  12298)  on'le  définit  :  «  Ung  bien  trenchant  rasoer  d'acier.  »  (n.  b.) 

(10)  Voyez  Coppe-gwge.  (n.  e.) 


co 


323  — 


CO 


Coupelaiid  ,  stibst.  masc.  Coupelle.  De  là, 
l'expression  figurée  :  au  coiipelaud,  pour  à  l'exa- 
men, à  l'épreuve,  proprement  à  la  coupelle.  (Rab. 
t.  I,  p.  80  et  la  note  9.) 

Coupemeiit,  subst  masc.  Coupure.  L'action 
lie  couper.  (Monet,  Cotgr;ive,  Rob.  Estienne  et 
Oudin,  Dict.) 

Couper,  verbe.  Ce  mot  subsiste.  On  disoit 
proverbialement  couper  broche,  pour  cesser,  mettre 
fin  à  une  chose  (1).  (Oudin,  Cur.  fr.  —  Voyez  Broche 
ci-dessus.) 

Coupereau,  subst.  masc.  Terme  d'injure.  Vrai- 
semblablement le  même  que  coupeau,  cocu.  (Voyez 
ce  mot  à  son  article  Copau.)  On  lit  dans  des  lettres 
de  Charles  VI  du  mois  d'août  1414,  adressées  au 
bailli  de  S.  Pierre-le-Mouslier ,  «  dist  plusieurs 
"  parolles  injurieuses,  et  entre  les  autres,  devant 
«  plusieurs  personnes,  eust  appelé  le  dit  l'errin 
»  trois  ou  quatre  fois  couper  eau.  »  (Reg.  107, 
pièce  309.) 

Coiiperie  ,  subst.  fém.  L'action  de  couper. 
Couperie  de  bourse,  l'action  de  celui  qui  vole  en 
coupant  la  bourse.  (Voy.  Britt.  Loixd'Anglel.  f"  23.) 

Coiiperon.  [Inteicalez  Couperon,  coupeau, 
dans  la  Chron.  de  S-  Denis  (U.  Bouquet,  V,  280): 
«  Lors  fu  li  cors  de  H  trouvez  par  aventure  tous 
«  desfroissiez  sor  le  couperon  d'un  saut.  »]  (n.  e.) 

Couperose!',  verbe.  Rendre  couperosé.  «  Il  ne 
»  faudra  (ju'un  hàle  qui  basannera,  ou  noircira 
«  vosti'e  femme  comme  une  moresaue,  qu'un  vent 
«  qui  vous  la  gersera,  qu'une  jaunisse  qui  vous  la 
«  pallira,  qu'une  chaleur  maligne  qui  la  vous 
couperosera.  »  (Contes  de  Chol.  fol.  159.) 

Coupet,  subst.  masc.  Toupet  (2).  Coupet  de 
cheveux  pour  toupet  de  cheveux.  Cop  paroit  avoir  la 
même  signification  dans  ces  vers  : 

Céans  est,  ni^  sçai  qui,  venus 
Qui  tle  ma  famé  m'a  fait  cop. 
El  la  dame  parmi  le  cop 
Saisi  Aloul  el  par  la  pueule. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7ilx,  f-  1  i:>,  K'  col.  1. 

VARI.\NTF.S  : 
COUPET.  Diot.  de  Cotgrave  et  d'Oudin. 
Cop.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f»  145,  R»  col.  1. 

Coupe- teste,  s;t/js<.  masc.  Bourreau.  «  Adonc 
«  guigna  (fit  signe  du  coin  de  l'œill  le  Roy;  el  dit  : 
«  soit  fait  venir  le  coupe-teste.  Ceux  de  Calais  ont 
"  fait  mourii- tant  de  mes  hommes,  qu'il  convient 
«  ceux  cy  mourir  aussy.  ^  (Troiss.  liv.  I,  p.  109.) 

Coupeur,  subst.  masc.  Celui  qui  coupe.  On 
disoit  :   1"  Coupeur  de  monnaye  (3)  pour  ouvrier 


chargé  de  couper  les  monnoies  qui  dévoient  être 
défendues.  (Du  Cange,  au  mot  Copalor.) 

2°  Coupeur  de  pendans  pour  coupeur  de  bour- 
ses (4).  (Contes  de  lies  l'crr.  t.  Il,  p.  100.) 

Coupier,  subst.  masc.  Echanson  *.  Extrémité 
des  arbres^. 

*  Dans  le  premier  sens,  ce  mot  se  disoit,  au  mas- 
culin el  au  féminin,  coupier  et  coupièrc,  celui  ou 
celle  qui  verse  à  boire.  En  celte  acception,  coupier 
vient  de  coupe,  vase  (5). 

Le  beau  couppier  Troyen  qui  verse  à  boire  aux  dieux. 
(Euv.  de  Joach.  Du  Bellay,  p.  408. 

«  Madame  de  Nevers  très  vertueuse  et  belle  prin- 
«  cesse,  et  pour  telle  tenue  en  France,  et  en  Espa- 
«  gne  où  elle  avoit  esté  nourrie  quelque  temps 
«  avec  la  reyne  Elisabeth  de  France  estant  sa  cou- 
<>  piere,  luv  donnant  à  boire,  etc.  »  (Brantôme, 
D"  Call.  t.  il,  p.  495.) 

^Dans  le  second  sens,  coupier  ne  se  disoit  qu'au 
masculin  et  venoil  du  verbe  couper.  11  désignoit  la 
tonturedes  arbres  qu'on  avoit  coutume  d'ébi'ancher, 
el  qu'on  appelle  têtards  dans  quelques  pays,  les 
extrémités  des  arbres,  les  branches  cou  liées  ou  à 
couper.  (Du  Cange,  au  mot  Cupariu.)  »  La  douairière 
»  ne  peut  demander  aucune  portion  aus  dits  arbres 
«  ainsi  coupez  par  l'héritier,  si  non  aux  couppiers.  » 
(Goût,  de  Boullenoys,  Coût.  Gén.  1. 1,  p.  093.)  On  lit 
à  la  marge  :  «  Arbres  coupiers  sont  arbres  qu'on 
«  a  accoustumé  détailler,  ou  couper.  «  Dans  Bout. 
Som.  Rur.  page  505  :  «  Item  est  estimé  un  ballot 
«  à  coupier  un  denier  par  an.  » 
v.\RiA.NTEs  : 

COUPIER.  Nicot,  Oudin,  Dict. 
CouppiER.  Rabelais,  t.  IV,  p.  273. 

COUPPIERE,  s.  f. 

CouPiERE,  s.  f.  Brant.  D«  Gall.  p.  495. 

Goupillons,  subst.  masc.  plur.  Mesure.  On 
disoit  clerc  des  coupillons  pour  inspecteur  des 
mesures.  On  a  viu'0!(jOC,  mesure,  ci-dessus.  »  Quant 
"  aux  grains,  est  ordonné  que,  par  chacun  mois, 
«  sera  faict  rapport  à  juslicede  la  valeur  commune 
«  des. dits  grains,  selon  le  cours  du  marché  qui 
«  aura  esté  le  mois  précèdent  par  les  mesureurs, 
"  et  quartiers  de  cesle  ville,  ausquels  quartiers  est 
«  enjoint  de  commettre  deux  d'entre  eux  qui  en 
«  ayent  la  cha:ge  par  loiir,  pour  faire  lidel  rapport 
«  de  la  valeur,  et  estimation  commune  chacun 
«  mois,  sur  peine  de  privation,  ou  suspension  de 
«  leurs  estais  ,  el  d'amende  arbitraire  ,  duquel 
»  rapport  en  sera  fait  registre  par  le  clerc  des  cou- 
«  pillons  pour  v  avoir  recours  quand  besoin  sera.  " 
(Coût,  de  Melz,'Cout.  Gén.  l.  I,  p.  1159.) 


(1)  Chastelain  écrit  aussi  dans  ses  Chroniques  (I,  ch.  LIV)  :  «  Et  à  tant  je  coupe  le  compte  de  che  chevalier,  jusques  cy 
après  c|ue  j'en  releveray  le  remannant.  »  (n.  e.) 

(2)  CoKpe(  a  aussi  le  sens  de  coupeau:  «  En  une  cité  se  mist ,  qui  est  outre  l'iaue  de  Gironde,  sour  le  coupet  d'une 
raontaipiie  haute.  »  (D.  Bouquet,  III,  249.)  (N.  e.) 

(S)  «  Item,  nous  avons  osté  et  rappelle,...  tous  coupeurs  de  monnayes  ;  mais  toutes  voyes  nous  pourverrons  par  bon 
conseil  comment  nulles  autres  monnoyes  que  les  nostres  n'ayent  cours  en  noslre  royaume  et  que  le  billon  ne  soit  porté 
hors  de  noslre  royaume.  »  (Ord.,  III,  p.  27,  an.  1355.)  (N.  E.) 

(4)  «  Il  n'y  a  pas  mestier  au  monde  qui  ail  besoin  de  plus  grande  habileté,  que  celui  des  coupeurs  de  bourses  ,  coupeurs 
lin  pendatis.  o  Desperiers  les  nomme  aussi  coupeurs  de  cuir.  (n.  e.) 

(5)  Dans  Flore  et  Blancê-flor  (v.  491)  c'est  la  coupe  même  :  «  Li  coupiers  ert  ciers  et  vaillans,  D'escarboucles  resplendissans ... 
D'or  avoit  deseure  un  oisel.  i>  (n.  e.) 


co 


32'. 


CO 


Coupiz,  suhst.  masc.  Taille.  On  a  dit  bois  de 
coupiz;  etc.,  pour  bois- taillis  ou  bois  i»  couper 
ou  noiivelloineiit  coupé.  •  En  bois  de  coupiz,  et  de 
«  vendue  l'on  ne  doit  pasturer,  etc.  »  (Coul.  de 
Bourgogne,  Coût.  Gén.  t.  I,  p.  848. |  «  S'en  part  et 
«  chevauche  las  et  travaillé  jusques  a  basses  vespres 
'■  tant  (lu'il  est  venu  àung  couppeis.  «  (Lancelol  du 
Lac,  t.  1,  fol.  1G2.) 

VAR1.\NTES  : 
COUPIZ.  Coût.  Gén.  t.  I,  p.  848. 
Couppeis.  Lanc.  du  Lac,  t.  I,  p.  162,  R°  col.  i. 

COPEIS,  COPEIZ,  COPPEIS. 

Coiiplel.  [Intercalez  Couplel,  dans  la  charte  de 
commune  de  Ham  :  »  Nus  sergans  li  seigneur,  ne 
a  li  castellain  de  Ham  ne  prenge  couplel  ne  corde 
•'  au  mai'quié.  >']  (n.  e.) 

Coupler.  [Intercalez  se  coupler,  lutter  corps  à 
corps:  "  Ledit  bouchier  saillis  jus  de  ladilte 
«  charrette,  et  vint  hurler  et  .soy  coujs/e?' sur  ledit 
»  Pierre,  tant  que  il  le  geta  contre  terre.  »  (JJ.  111, 
p.  285, an.  1377.) On  lit  a'ussi  dansla  Rose(v.  15817): 

Li  uns  se  lie  à  l'autre  et  copie  ; 

One  en  estor  ne  vit  tel  copie.]  (n.  e.) 

Couplet. [Intercalez CoM/;/gi, charnière:  «  Icellui 
«  Gallipaud  ïiiist  son  arbaleste  au  devant,  qui 
X  retint  et  receut  le  coup;  et  dudit  coup  fisl 
"  descharner  les  coH7;Ze<;j  ou  charnières  de  la  dite 
«  arbaleste.  »  (JJ.  179,  p.  49,  an.  1477.)  De  même 
au  reg.  185,  p.  305,  an.  1453,  on  lit  encore:  «  Le 
<■  suppliant  print  icelle  boete  et  arracha  avec  les 
«  mains  le  clou,  qui  tient  la  charnière  ou  couplet 
"  du  couvercle  de  la  dite  boete.  »]  (n.  e.) 

Coupon.  [Intercalez  Coupon  :  1"  Mesure  de 
blé  (voyez  copon)  :  «  La  tierce  part  des  coupons 
»  doit  estre  laissée  aux  citoiens  de  Mascon  du  bled 
"  qu'il  vendent.  »  (Ord.  II,  page  349,  an.  134G.) 
2°  Espèce  de  cierge  :  «  Dus  coupons  de  candelle, 
«  teille  que  on  le  livre  et  sceut  livrer  en  lostel  de 
«  Flandres.  «  (Du  Gange,  II,  page  588,  col.  2, 
an.  1282.)]  (n.  E.) 

Couppeau.  [Intercalez  Couppeau,  gâteau  de 
miel,  au  reg.  JJ.  190,  p.  (J9,  an.  1460  :  «  Le  suppliant 
«  et  Colin  Valée  trouvèrent  une  bezane  d'abeulles, 
«  la  levèrent,  et  en  prirent  tout  le  couppeau  et 
■<  miel  de  dedans.  >-]  (n.  e.) 

Couppiers.  [Intercalez  Couppiers ,  au  ww 
siècle  co»/;ertH,  ramure  des  arbres:  «  Et  doibvent 
«  avoir  les  couppiers  des  quesnes,  qu'on  fera 
«  abalre  audit  bos.  »  (Cart.  de  Corbie,  an.  1415; 
Du  Cange,  II,  589,  col.  3.)  (n.  e.) 

Coupple.  [Intercalez  Coupple,  bijoux  ornant  un 
chapeau,  an  reg.  JJ.  141,  p.  228,  an.  1391  :  «  Un 
«  cliappel  h  coupples  d'argent  esmaillié.  >■]  (n.  e.) 

Coupples.  [Intercalez  Coupples,  droit  d'amar- 
rage, dans  une  charte  de  1339  (Du  Cange,  II,  592, 


col.  i):   »   Le  chargage  et  barrage,   la  chaucie. 
"  l'avalage  et  coupples.  »]  (n.  e.) 

Couppure,  suhst.  fém.  .Syncope.  Le  même  que 
conlision.  (Dolet,  des  Accens  franc,  p.  289.) 

Couquiol.     [Intercalez     Couquiol    et     voyez 

COQUART.]   (N.   E.) 

Cour,  subst.  fém.  Cour  de  maison,  maison 
entière*.  Cour,  résidence  des  princes  ou  des  sei- 
gneurs^. Juridiction'^.  Si  on  écrit  coiir,  on  peul 
faire  venir  ce  mot  de  curia  ;  au  contraire,  court  ou 
cort  viendra  de  6'H)/is(i),qui  dans  la  basse  latinité 
s'est  dit  dans  le  même  sens. 

*  Nous  nommons  cour  un  espace  de  terrain 
renfermé  et  à  découvert,  qui  fait  partie  d'une  habi- 
tation. On  l'appeloit  aussi  court  et  cori.  (Dicl.  de 
Nicot.)  De  là,  cette  espèce  de  proverbe  : 

Bien  a  son  court  close 
Qui  ses  voisins  aime. 

Prov.  du  Vil.  MS.  de  3.  G.  fol.  74,  R»  col.  l. 

On  disoil  aussi  figurémenl  : 

Povres  hons  qui  plaidoie 
N'a  pas  bien  sn  corl  close. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7615,  t.  II,  fol.  UI,  V  col.  S. 

Mais  on  appliquoit  aussi  ce  mot  de  cour  à  la  mai- 
son entière  avec  son  jardin  ,  à  une  possession 
entière.  (Meneslrier.  Orii.  des  Arin.  page  453.) 
Geofroy  de  Vendôme  (Epit.  25,  du  livre  5')  se  sert 
du  mot  curia,  pour  désigner  la  maison  d'un  sei- 
gneur particulier.  Comme  cette  maison  entière  et 
complète,  avec  ses  bâtiments  et  dépendances,  étoit 
le  lieu  où  lous  les  vassaux  et  sujets  d'une  seigneu- 
rie se  réunissoient,  le  nsot  de  cour  s'est  dit,  non- 
seulement  du  chef-lieu  et  du  domiciled'un  chevalier 
ou  autre  seigneur,  aussi  bien  que  de  la  demeure 
des  princes  et  des  souverains,  mais  il  s'est  dit  encore 
des  assemblées  de  justice  et  de  solennité  qui  se  fai- 
soienl  dans  la  maison  d'un  seigneur  particulier  on 
chevalier,  et  même  de  sa  suite  et  de  son  domestique. 
C'est  en  ce  sens  qu'on  lit,  en  parlant  d'un  comte  : 

Veut  moult  haute  airt  tenir 

De  ces  barons,  et  de  ses  gens. 

Fabl.  .MSS.  du  R.  n-  VAb,  t.  II,  fol.  175,  V  col. 

Celte  expression  tenir  cort,  affectée  aux  seigneurs 
particuliers  qui  assembloienl  leurs  vassaux,  devinl 
générale  et  s'employo;t  en  parlant  d'un  simple 
bourgeois  comme  dans  ce  vers  : 

....  Tos  jors  voloit  cort  tenir. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7989,  fol.  8«,  R"  cul.  2. 

Nous  disons  aujourd'hui  dans  ce  sens  ,  tenir 
maison,  bonne  table  (2). 

°  Ce  mot,  (|ui  subsiste  pour  désigner  le  lieu  où  le 
souverain  fait  son  séjour,  ii'avoit  point  celte  signi- 
fication du  temps  de  François  I".  Selon  Brantôme, 
il  ne  se  disoit  que  du  lieu  <le  ia  résidence  de  la 
reine,  à  cause  des  dames  qui  l'accompagnoienl. 
(Cap.  fr.  t.  I,  arl.  de  François  1*^,  p.  281.)  Mais  nous 
le  trouvons  uniquement  pris  en  ce  sens  dans  l'Hisl. 


<1)  Curtis  est  la  seule  élymologie;  c'est  au  xiv"  siècle  qu'on  a  songé  à  curia.  (N.  E.) 

(2)  Dans  un  château  féodal,  l'acafif-couc,  6asse-t'0!(>- ou  6oi//(,' est  la  cour  des  ouvrages  extérioui-s  ;  on  y  disposait  les 
écuries  et  les  communs  et  on  y  admettait  les  paysans  en  temps  de  guerre.  La  cour  proprement  dite  est  séparée  de  la  bail)t> 
par  un  mur  avec  fossé  ;  sur  une  motte  s'y  dresse  le  donjon  entouré  lui-même  d'une  chemise  et  d'un  fossé.  (N.  E.) 


co 


3-25  — 


CO 


de  Boucicaul.  ■■  Boucicaul  relenu  de  Ihôlel  du  duc 
»  de  Bourbon,  cousin  du  roy,  esl  l'ail  depuis  de  la 
.<  cour  du  Roy.  »  fHisloiie  de  J.  Boucicaul,  10-4", 
Paris,  IG'20,  liv.  I,  p.  58.) 

II  n'avoil  point  encore  eu  cette  acception  exclu- 
sive au  temps  d'Euslaclie  Descliamps.  Il  se  sert  de 
ce  mol  pour  le  duc  de  Beny,  et  même  pour  les 
prélats  : 

Servi  à  court  de  prêtas  et  de  roys. 

Eusl.  Descli.  Poès.  MSS.  fol.  W,  col.  1. 

A  Nelle  où  le  duc  tenoit  sa  conrl. 

Eust.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  ;)(>!,  col.  1. 

On  lit  ciien,  au  pluriel,  pour  cours,  dans  ce 
passage  : 

Quant  j'ay  bien  tout  considéré 

Les  Etals  du  monde  présent, 

Et  les  ciiers  ou  j'ay  demeuré,  etc. 

IbW.  fol.  55,  col.  3. 

On  a  dit  cort  en  ce  même  sens  :  «  Mult  sembla 
«  bien  cort  al  riche  prince.  »  {ViUehard.  p.  85.) 

Chançon  Phelippe  à  mon  ami  correz 
Puisque  il  s'est  dedanz  la  cort  boutez. 

Thicb.  de  Navarre,  Poés.  MSS.  av.  1300,  t.  1,  p.  M. 

\  la  cort  Dieu  est  lues  sachiez. 
Lues  à  la  pain,  lues  à  la  cort. 

HUl.  de  S"  Léoc.  MS.  de  S.  Germ.  fol.  28.  R°  col.  1. 

Nous  disons  encore  Va  cour  céleste  pour  le  paradis. 
Cort  avoil  autrefois  la  même  signiflcation. 

La  dame  des  anges 

Qui  moût  bien  est  de  cort. 

Fabl.  .«SS.  du  R.  n-  7ei5,  t.  II,  f  115,  R-  cl    t. 

•^L'usage  de  ce  mot  étoit  encore  bien  plus  iVé- 
quent  dans  le  sens  de  juridiction  (1).  ■<  Le  mnitre  di^s 
"  arbalestriers  de  son  droit  à  toute  la  cour,  gaiiie, 
»  et  administration,  avec  la  connoissance  des  gens 
•  de  pied  étant  en  l'ost,  ou  chevauche  le  Roy.  » 
Le  P.  Daniel,  qui  cite  ce  passage  d'un  ancien  registre, 
explique  le  mot  coifr  par  juridiction.  (Mil.  Ir.  t.  I, 
page  192.) 

Ce  mol  de  cour,  dans  le  sens  de  juridiction,  s'est 
entendu  d'un  tribunal  souverain.  Lorsque  Henri 
second,  en  1551,  érigea  la  chambre  des  monnoies 
en  juridiclion  souveraine,  elle  acquit  le  titre  de 
cour.  (Voyez  Miraum.  des  Cours  souver.  page  634.) 
Dans  un  arrêt  de  138'.),  la  juridiction  des  aides  est 
qualifiée  du  nom  de  cour.  ,ld.  Ibid.  p.  578.)   • 

Cependant  la  signification  du  mot  cour,  pour 
juridiction  souveraine,  n'étoil  pas  si  absolument 
reçue  qu'on  ne  trouve  la  court  du  Chastelet  et  la 
court  de  la  ville  de  Paris  pour  la  juridiction  de 
l'une  et  de  l'autre.  (Voyez  court  du  Chastelet,  dans 
Monslrel.  vol.  111,  loi.  02.)  On  lit  (Ibid.  vol.  Il,  f°  77, 
an  1431),  au  sujet  de  ceux  qui  allèrent  recevoir  le 
roi  d'Angleterre,  soi-disant  roi  de  France,  à  son 
entrée  dans  Paris  :  •■  Le  chevalier  du  guet  et  le 
"  prevost  des  marchands,  avec  eux  tous  les  officiers 


»  de  court,  tous  vestus  de  pers,  et  chapperons  vei- 
«  meils,  le  parlement  et  les  autres  cours.  » 

On  nommoil  cort  major  ce  que  nous  nommerions 
cour  supérieure.  (Laur.  Closs.  du  Dr.  fr.  —  Voyez 
Courte  ci-après.) 

On  a  dit  aussi  cour  pour  désigner  les  juges  ou 
officiers  du  seigneur.  »  Le  dit  livre  au  trésor  de  la 
■  mère  ylise  de  Nicossie,  dedans  une  huche  en  la 
»  garde  de  quatre  hommes  liges  scellée  de  lors 
«  sceaux,  l'un  en  leuc  (au  lieu)  dou  seignor,  et  les 
«  autres  trois  com  court.  ■>  (Assis,  de  Jérus.  prêt, 
page  2.)  C'est-à-dire  l'un  des  trois  représentant  le 
seigneur,  et  les  trois  auties  en  qualité  de  sa  cour, 
de  "ses  officiers.  De  même  le  seigneur  «  le  doit 
«  semondie  par  le  banier,  ou  par  troisde  ses  homes, 
«  com  fwH7'/,  (lue  il  viegne  maintenant  en  la  court.  » 
(Ass.  de  Jérus.  p.  28.)  C'est-à-dire  par  Irois  de  ses 
hommes  agissant  en  cette  partie  comme  officiers  de 
la  juridiclion  du  seigneur.  Quand  on  apporte  un 
homme  meurtri  devant  la  maison  du  seigneur, 
"  il  doit  y  envoyer  trois  de  ses  hommes,  l'un  en  son 
«  leuc  (à  sa  place),  et  les  deus  comme  court.  •> 
(Ibid.  p.  65.)  L'un  repiésentaiit  le  seigneur  et  les 
deux  autres  ses  officiers  (2). 

Le  mot  f'OHC  ou  cour/ fournil  un  grand  nombre 
d'expressions  : 

1°  Court  d'amour  éloil  une  société  de  galanterie 
ainsi  nommée.  (Nature  d'amour,  fol.  16) 

2°  Court  d'Àleaume. 

3"  Court  de  barojiie.  Juridiction  (|ue  les  barons 
ont  sur  les  chevaliers  et  gentilshommes  qui  tien- 
nent d'eux.  iOrd.  l.  I,  p.  107.)  (3) 

4°  Court  de  borgés.  Cour  de  bourgeoisie,  juridic- 
lion subalterne  où  les  bourgeois  étoient  jugés. 
<■  Ci  dilcoinenl  le  duc  Godefroi  eslabli  deux  cours 
«  séculières,  l'une  ci  est  la  haute  court  de  que 
>.  (dont;  il  fu  governor,  et  justicier,  et  l'autre  ci  est 
•<  la  court  des  borgés.  laquelle  esl  appollce,  la  court 
«  du  visconte.  «  (Assis,  de  Jérus.  p.  14.) 

5°  Cour  chrestienne  ou  de  chrétienté,  cour 
d'église,  officialité.  (Du  Cange,  au  mot  Cmia  chris- 
tianitatis.) 

G'  Court  des  danses.  Peut-être  une  faute  pour 
cour  des  dames  ,  la  même  que  court  d'amour 
ci-dessus.  (Vov-  Nat.  d'amour,  fol.  I.) 

7°  Cour  de  France.  Le  Parlement  de  la  cour  des 
Pairs.  (Du  Cange,  au  mol  Curia  franciœ.)  (4) 

8"  Cour  des  mortes  inains.  Juridiction  inférieure 
où  se  jugeoient  les  causes  des  main-morlables. 
»  Item,  que  ennostredite  cour,  que  l'on  dit  la  cour 
>.  des  mortes  mains,  sortissans  par  appel  en  la  cour 
«  à  .Mous,  se  tiendront  les  plaids  par  nostre  rece- 
"  veur  général  des  mortes  mains  commis  de  par 
»  nous.  "  (Coût,  de  Hayn.  Coût.  Gén.  t.  I.  p.  804.) 


(1)  On  disait  en  manière  de  proverbe,  au  xiii"  siècle  :  «  En  la  cour  laie  pren  un  pou  d'espérance  ;  En  cort  des  clercs  n'aie 
jà  jor  fiance  ;  En  nus  prelas  nule  bone  attendance.  »  (Prov.  ruraux  et  vulgaus.)  (n.  e.) 

(2)  Pour  rendre  Je  service  de  cour  et  plaid.  (N.  E.> 

(3)  Le  roi  parle  ainsi  dans  le  traité  liritton,  chap.  XXVII,  écrit  vers  1272  :  «  En  countés  avons-nous  double  court,  une  des 
plées  de  noslre  peas,  lequel  tiennent  nos  coronnes  et  les  suters,  et  dount  les  coroners  seulement  ont  record.   Et  si  avons 
court  comme  court  Je  baron,  et  dont  les  suters  sont  chargez  de  jugement,  et  n'ont  point  de  records  hors  de  leur  court. 
Voyez  plus  loin  record  de  court,  (n.  e.) 

(4)  Dans  certains  actes,  cour  de  France  désigne  le  parlement  de  Paris.  (N.  E.) 


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y  Court  du  visconle.  La  même  que  (a  court  de 
bovfjés.  (Voy.  n"  4.) 

10»  Court  basse.  Juridiction  inférieure.  (Du  Gange, 
an  mot  Curia  inferior.) 

11"  Court  (loiiource.  Ou  litdaus  une  ordonnance  : 
"  Payeront  Tamendc  pour  la  court  demourée.  » 
(Ord.  t.  V,  page  '247.)  L'ckliteur  croit  que  cela  veut 
dire  "  payeront  l'amende  pour  n'avoir  pas  pour- 
"  suivi  en  justice,  l'assignation  qu'ils  avoieut 
-•  donnée.  » 

l'2°  Court  enforcée.  Assemblée,  cour  nombreuse. 
"  Lendemain  dist  le  Roy  qu'il  tiendroit  court  cnfor- 
"  cée,  en  la  rocbe  mesmes,  pour  l'amour  de  Lance- 
«  lot,  si  la  tint  haute,  et  riche,  el  plantureuse 
«  (abondante).  >•  (Lanc.  du  Lac,  t.  1,  fol.  114  ) 

13"  Court  renforcée.  (Voyez  Coût,  de  Haynaut, 
Nouv.  Coût.  Gén.  t.  II,  page  44.)  Suivant  l'éditeur, 
"  c'est  l'assemblée  des  deux  chambres  du  conseil, 
-  et  des  prélats,  pairs,  nobles,  et  autres  féodaux  de 
»  la  Provence  ;  mais  comme  il  n'est  pas  possible 
<•  de  rassembler  tant  de  personnes,  ces  assemblées 
«  àe  cour  renforcée  sont  rares;  et  de  là  il  arrive 
<■  que  l'on  ne  voit  presque  jamais  la  décision  des 
«  procès  ([ui  sont  mis  en  renforcement  de  cour.  » 
(Ibid.  note  b.) 

14"  Cour  feudale.  La  cour  du  roi  ou  des  seigneurs. 
(Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 

15°  Cour  foncière.  Dasse  justice  pour  les  droits 
fonciers.  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 

16°  Haute  cour.  Cour  supérieure.  »  Tous  les 
•1  autres  homes  dou  chief  seignor  dou  royaume 
<  pavent  estre  jugés  par  les  homes  de  la  haulte 
'   court  dou  royaume.  »  (.\ssis.  de  Jérus.  p.  217.) 

il'  Cour  laije.  C'est  l'auditoire  des  juges  séculiers. 
;Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.  ;  voyez  Gloss.  sur  les  Coût. 
de  Beauvoisis.)  «  Celle  cour  est  appellée  laye  qui 
"  est  tenue  par  seigneur  temporel.  » 

18-  Cour  inajour.  Cour  supérieure.  (Lnur.  Gloss. 
du  Dr.  fr.)  lNous  avons  vu  ci-dessus  cort  major  dans 
le  même  sens. 

19"  Cour  ouverte,  c'est-à-dire  •■  oîi   l'on   traite 

tous  ceux  qui  se  présentent.  »  lOudin,  Dictionn. 
et  Cur.  fr.)  <•  Le  banquet  seroit  fait  à  tous  veuans, 
«  et  comme  cour  ouverte.  »  (.1.  Chartier,  Hist.  de 
Charles  Vil,  page  304.)  On  a  dit  aussi  cour  dans  le 
sens  de  cour  ouverte.  (Voy.  Hom.  de  Rou,  ms.  p.  92.) 

20°  Cour  jicrso)tnelle.  »  Juridiction  en  laquelle 
«  les  parties  liligantes  doivent  comparoir,  et  pro- 
'  céder  en  personne  et  non  par  procureur.  »  (Laur. 
Gloss.  du  Dr.  fr.) 

21"  Cour  petite.  Juridiction  inférieure,  opposée  à 
cour  majeure  en  laquelle  elle  ressorlissoit.  C'étoit 
la  juridiction  des  bailcs  et  maires,  i  Voyez  Coût,  de 
.Marsan,  Nouv.  Coul.  Gén.  t.  IV,  p.  907.) 

22°  Courplainiére,  plenière  ou  planière  (1  ).  C'étoit 
une  assemblée  nombreuse  et  magnifique,  soit  d'un 
roi  ou  d'un  prince  particulier.  «  Meuestrier  aveugle 
•'  joue  de  la  harpe  à  la  cour  plainière  d'Artus'  « 
(Tri.  des  IX  Preux,  p.  412.) 


Et  toute  sa  vaisselle  face  amener  droit  là. 

Pour  ce  fi;if>  mur  plai>  iére,  en  dit.  tenir  voudra. 

Chron  de  B.  du  Giiescl.  cilée  par  Du  Gange,  au  mot  Curia  plenaria. 

23°  Cour  royalle,  pour  cour  souveraine.  «  Selon 
«  la  coustumc  et  usage  de  cour  royalte  (2)  qui  est 
"  cour  souveraine  en  pais  coustumier.  »  (Bout. 
.Som.  Rur.  p.  SO;».; 

24°  Cour  subjette  ou  sujette.  Justice  dont  il  y  a 
appel,  opposée  à  cour  de  Parlement  ou  royal  ordi- 
naire (Bout.  Som.  Rur.  page  618.)  «  Quand  le  plus 
»  prochain  a  fait  adjouruer  le  dit  aciiuereur  en 
«  cour  suhjettc,  l'on  surçerra  (surseoira)  de  cour 
«  suhjectc  ,  mais  si  le  plus  prochain  avoit  fait 
"  bailler  adjourncmenl  eu  cour  subjecte,  et  les  plus 
'  lointains  en  cour  suzeraine,  il  ne  sera  cessée  en 
«  cour  subjccte  du  procès  du  plus  prochain,  car  il 
<•  est  toujours  préféré  avant  les  autres.  »  (Coût,  du 
Maine,  Coût.  Gén.  t.  Il,  p.  154.) 

20"  Cour  su'.:craine.  Cour  souveraine.  «  Si  aucun 
«  fait  denoncement  criminel  en  la  cour  suzeraine, 
«  jamais  le  vassal  n'en  aura  la  cour,  ou  le  renvoy, 
«  mais  en  aura  la  cour,  et  la  punition  celuy  qui  a 
«  prévenu  en  la  cognoissance.  »  (Coût,  du  Maine, 
Coût.  Gén.  t.  U,  p.  125.) 

26*  Juge  en  court  vestue.  Juge  revêtu  des  habits 
de  magistrat.  «  Se  bature  est  fêle  devant  juge  en 
«  court  vestiie,  l'amande  est  à  la  voleiité  dou 
«  seigneur.  »  (Beaum.  p.  150.) 

'il"  Contrefaire  la  court,  contrefaire  les  courti- 
sans ou  les  gens  de  la  cour,  se  donner  pour  tels. 
Dans  un  arrêt  d'amour  contre  les  masques,  on  lit  : 
«  Disoit  en  oultre,  que  les  dictz  masqués  abusent 
«  encores  autrement  du  dict  privileige  par  eulx 
«  prétendu  ;  car  ilz  supposent  souvent  le  nom 
»  d'autruy,  se  disenl  princes,  si  contrefont  la  cou7't, 
«  qui  est  un  entregent  (procédé,  conduite,  manœu- 
«  vre)  abusif,  et  vray  crime  de  faulx  en  matière 
«  d'amours.  "  (Arr.  Amor.  p.  407.) 

28"  Etre  en  cour  avec  le  roij  éloit  une  expression 
dont  on  se  servoit  en  parlant  des  ambassadeurs. 
«  L'ambassadeur  de  l'empereur  qui  estoit  en  cour 
«  avec  le  roij  de  France,  etc.  »  C'est-à-dire  qui 
étoit  auprès  du  roi.  (.Mém.  de  Rob.  de  la  Marck, 
seig.  de  Fleur,  ms.  p.  398.) 

"29'  Poser  sur  court ,  terme  de  pratique.  «  Qui 
«  veaul  fuit  par  la  première  fuite principau  de  plait 
«  qui  n'est  pas  bêle,  si  responde  audit  requereoren 
«  paroles  si  vaut  son  dit  le  plus  prez  que  il  pora,  et 
»  au  poser  sur  court  ne  saerde  pas  ù  lui  d'esgard 
«  tant  com  il  poi'a  eschiversaus  la  querelle  perdre 
«  ou  estre  attaiut  de  ce  qu'on  li  met  sus,  mais  die 
«  au  poser  sur  court  autre  chose  que  celle  que  son 
«  aversaire  aura  dite  el  mete  soy  en  esgart  dou 
«  sien  sans  plus.  •■ 

30"  Ravoir  In  cour.  Obtenir  le  renvoi  d'une  cause. 
(Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 

31"  Rendre  la  court  se  dit  du  renvoi  fait  par  le 
seigneur  supérieur  à  la  justice  du  seigneur  infé- 
rieur d'une  cause  dont  il  avoit  pris  connoissance, 


(1)  On  lit  encore  dans  E.  Deschamps  (fol.  13i)  ;  «  De  tous  poissons  ot  illeo  [à  un  repas]  cours  pl&iiere.  »  (N.  E 

(2)  «  A  la  cnrt  le  roi,  chascuns  y  est  pour  soi.  »  (Leroux  de  Lincy.  Prov.,  11,  p.  75.)  (n.  e.) 


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en  lui  lestituant  le  droit  d'en  juger.  Beaumanoir, 
page  53,  chap.  X,  inliliilé  :  «  Des  cas  desquiex 
«  (desquels)  li  quens  de  Clermont  n'est  pas  tenus 
«  à  rendre  le  court  à  ses  liommes,  aincbois  li  en 
«  demeure  la  connoissaiice  por  le  raison  de  souve- 
«  raineté,  etc.  » 

S-l"  liequiérir  sa  court,  c'est  réclamer  ses  juges 
naturels.  «  Si  comme  quant  aucun  des  lioumes 
«  re(iuiert  sa  court  de  aucun  cas  dont  il  ne  la  doit 
"  mie  ravoir,  etc.  "  (Beau m.  p.  15.) 

33°  Droit  de  cour.  L'iionorairedù  au  bailli  et  aux 
autres  juges  et  greflier  pour  cliaque  cause  jugée. 
Il  n'en  éloil  pas  payé  aux  assemblées  faites  au  nom 
du  seigneur.  (Coût,  de  Termonde,  Nouv.Cout.  Gén. 
1. 1,  p.'llSi.) 

34°  Eau  benoisle  de  cour.  Eau  bénite  de  cour  (I), 
comme  nous  le  disons  aujourd'Ilui.  (Molin.  p.  TiG.) 

35°  Fait  de  court.  Acte  judiciaire.  »  A  un  fait  de 
«  court,  ou  reconnoissance,  il  n'est  exécutoire  dix 
«  ans  après  les  termes  passez  et  esclieus.  » 
C'est-à-dire  à  un  jugement  ou  contrat.  (C.out.  de 
Péronne,  Nouv.  Coût.'  Gén.  t.  II,  p.  G33.) 

3(3°  Homme  de  cour.  Homme  de  llef.  ■  Leseigneur 
"  de  fief  qui  a  un  homme  de  fief,  que  l'on  dit  com- 
«  niuncment  de  court, ou  plusieurs  bomnies  de  fief, 
«  que  l'on  dit  pleine  court,  il  a  justice  de  vicomte  ; 
«  et  s'il  n'a  qu'un  homme  de  fief,  il  peut  emprunter 
"  hommes  pour  faire  ses  jugemens.  »  (Coût,  de 
Beauquesiie,  ciiée  par  Du  Cange,  au  mot  furia 
plenaria.)  On  lit  commencement  de  court,  dans  le 
même  passage  de  celte  coutume.  (Coût.  Gén.  t.  I, 
p.  611)  et  c'est  effectivement  ainsi  qu'il  faut  lire  : 
un  seul  vassal  étoit  commencement  de  cour;  le 
seigneur  avoil  dès  lors  juridiction. 

37°  Recort  de  court.  Reconnoissance  d'un  fait  ou 
d'un  usage,  dans  une  cour  de  justice.  «  Et  se  le 
«  seignor,  ou  autre,  dit  que  le  recort  de  partie  des 
»  homes  de  la  court  n'est,  ne  ne  peut  estre  porté 
"  corn  recort  de  court  ou  l'on  a  recort  de  court  que 
«  de  chose  qui  a  esté  faite  en  court,  et  que  court 
«  n'est  où  le  seignor  ou  home  que  il  ait  eslabli  en 
«  son  leuc  (ù  sa  place)  et  deus  de  ses  homes  ou  plus 
«  ne  sont  ensemble  là  oîi  les  choses  ontesté  faites, 
»  et  que  court  ou  hommes  de  court  le  recordent, 
"  mais  quant  le  seignor  ou  home  que  il  ait  eslabli 
«  en  son  leuc,  et  deus  homes  dou  seignor  ou  plus 
"  sont  ensemble  ce  est  couri,  et  ce  qui  est  fait 
«  devant  eaus  peut  on  recoi'der  comme  recort  de 
«  court  el  autre  chose  non.  »  (Assis,  de  .lérus. 
p.  11!).)  On  peut  voir  dans  la  suite  plusieurs  détails 
servant  à  expliquer  ce  que  signifient  court  eirecort 
de  court.  Mais  ce  mot  recort  de  court,  que  nous 
disons  recorddecour,  est  assez  connu  pour  un  terme 
de  barreau. 

3&°  Renforcement  de  cour.  Le  même  que  cour 
renforcée  ci-dessus.  (Voyez  n°  13.) 

39°  Service  de  cour.  C'est  l'assistance  due  par  le 
vassal  on  homme  de  fief,  à  la  justice  de  son  sei- 


gneur. «  Le  seigneur  peut  faire  saisir  le  fief  de  son 
.'  vassal  par  faute  de  service  de  cour,  et  de  plaids, 
>  c'est  à  scavoir  quand  commandement  a  esté  fait 
'<  au  dit  vassal,  de  comparoir  à  certain  jour,  et 
"  assister  aux  plaids  de  la  seigneurie  dont  son  fief 
«  est  mouvant,  avec  ses  pairs,  compaignons,  et 
<>  vassaux  pai'  devant  le  bailly,  ou  garde  de  justice 
»  du  dit  seigneur  féodal.  »  (Coût,  de  S.  Quentin,  au 
Coût.  Gén.  t.  I,  p.  .538.) 

40"  Savoir  ou  apprendre  sa  cour  ou  sa  court.  Être 
bon  courtisan,  eu  apprendre  le  métier,  les  manières. 
(Oud.  Cur  fr.  ;  Arr.  Amor.  p.  413.) 

41°  On  disoil  autrefois  être  bien  de  court,  poiu' 
être  bien  à  la  cour. 

Chanibli  qui  lors  iert  (estoit)  bien  de  court 
S'i  retint,  si  fist  Harecourt. 

G.  Guiarl.  MS.  fol.  344,  V". 

4*2°  Nef  de  cour  est  une  faute  pour  nef  de  course. 
ou  de  cours  (car  on  disoit  l'un  comme  l'autre), 
navire  propre  à  la  course.  •■  Le  duc  de  Bourbon  se 
«  partit  de  Gennes,  et  vint  en  son  armée  ou  esloient 
«  les  vingt  deux  gallécs,  et  dix  huict  nefs,  tant  de 
«  guerre  que  de  cour  (2).  »  (Hist.  de  Lovs  III.  duc  de 
Bourbon,  p  286.) 

43°  Souffrir  la  court  semble  une  faute  pour  souf- 
frir l'estour,  soutenir  le  combat.  «  Encores  en 
«  y  eust  il  eu  assez  plus  de  prins  se  n'eust  esté 
«  Claudin  et  Esclamor  qui  les  avoient  ce  jour 
«  garantis  trop  merveilleusement.  Iceulx  deux 
«  avoient  tant  sou/fert  la  court,  et  tant  faict  de 
«  prouesse,  voyant  tous  ceulx  du  royaulme  de 
«  Logres,  que  Couvain  et  Hector  les  en  louèrent 
«  moult.  »  (Lanc.  du  Lac,  t.  III,  fol.  4-4.) 

VARIANTES  : 
COUR.  Orthographe  subsistante. 
Cor.  Du  Bouchet,  Gén.  de  Coligny,  p.  58. 
Court.  Assis,  de  Jérus.  préf.  p.  2,  etc. 
CoRT.  Villehard.  p.  85. 

CoRTE.  Loix  Norm.  art.  16,  dans  le  latin  cnria. 
Court.  Cartul.  Chambre  des  comptes  de  Nevers,  vol.  I. 
CuRT.  Loi.x  Norm.  art.  G,  7  et  passim. 
CuERS,  plui\  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  55. 
Tour  pour  cour.  Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  486. 

Coiirable,  adjectif.  Qui  accourt*.  Léger  à  la 
course^.  Qui  a  cours '^. 

*  Le  premier  sens  de  ce  mot  se  trouve  dans 
l'exhortation  à  prendre  le  mariage  spirituel. 

Soions  donc  à  cellui  coai-able 
.luenes  et  vieulx,  vierges  et  non. 

Eusl.  Desch.  Poi-s.  MSS-  fol.  542,  col.  4. 

^Courable  pour  léger  à  la  course. 

Les  chevriaulx,  les  ours  et  lévriers  courahles. 

Eust.  Desch.  Pues.  MSS.  fol.  13<J: 

*^0n  disoit,  au  figuré,  monnoije  courable  pour 
monnoie  ayant  cours.  (Histoire  de  Fr.  à  la  suite  du 
Rom.  de  Fauv.  ms.  du  R.  n°  6812,  fol.  82,  -  Voyez 
CouRSABLE  ci-après.) 

Couradillos,  subst.  Les  entrailles.  (Borel, 
Dictionnaire.) 


(1)  On  lit  dans  CoquiUart  (Droits  nouveaux)  :   i  Au  chevet  du  lit  pour  tous  jeux,  Pend  un  benoistier  qui  est  gourd  , 
un  asperyes  joyeiilx.  Tout  plain  d'eaue  benoiste  de  cour.  »  (N.  E.) 

(2)  M.  Chazaud  imprime  cours  (p,  229).  (n.  e.) 


.\vee 


co 


-  328  — 


CO 


(loni'afje,  sul/st.  inasc.  Cliivur,  société  (1). 

En  leui-  sacré  roui-arje. 

Le  Tri.  des  Muscs,  cnnire  amour,  p.  339. 

Courage,  adjectif.  Courageux.  «  On  est  par 
«  iiiiliire  plus  fort  et  mieux  co/n'ai/e'î'il  en  assaillant 
«  qu'on  est  delTeinlant.  »  (Im'oîss.  liv.  111,  p.  52.) 

Couraçjei",  verbe.  Encourager.  »  Lors  retourna 
'  le  ciievâlier  i^i  ses  uuiistres,  et  leur  compta 
«  i-es  |iaroles  qui  grandement  les  couragerent.  » 
(Froissart,  liv.  111,  p.  153.) 

V.-VRIANTES  : 
COURAGER.  Froissart,  liv.  I,  p.  153. 
COLIRAIGIER.  Vig.  de  Charles  VII,  t.  I,  p.  182. 

Courageusement,  «r/fi.  Jusqu'au  cœur.  ■'  Qui 
-  vous  meut  à  présent  d'esire.  si  couvagemement 
<  courroucé  envers  luy.  »  (l'roiss.  liv.  III,  p.  197.) 

Couraigeux,  adjectif.  Courageux (3).  (Rabelais, 
I.  H,  p.  t220.) 

Courail,  antisl,  ma>ic.  Corail  (4).  (Giles  Durant,  à 
la  suite  de  Bonnet'  p.  121.) 

Coural,  subst.  masc.  Au  pluriel,  cOHvaulx.  (Voy, 
15  loyes  du  mariage,  p.  I'i5.! 

Conranee,  sulist.  fcm.  Flux  de  venlre  (5).  Le 
peuple  dit  encore  la  couirnile.  On  trouve  la  cvit- 
rance,en  ce  sens,  dans  les  Jlém.  d'Ol  delà  Marche, 
édit.  de  !0I(>  que  nous  citons  d'ordinaire.   «  Ne 

■  maugeoient  les  pouresgensijue  prunes  et  fruictz, 

■  car  s'esloit  la  saison  ;  dont  la  courance  se  preit 

■  dans  l'ost  (armée)  et  y  mourureni  beaucoup  de 
i   iiosgens.  »  (Mém. d'Ol.  delà  Marche, liv.  11, p.  105.) 

Courans  ,  subsl.  masc.  plur..  Arrérages  de 
rentes  *.  lîuisseaux  °. 

*  Le  premier  sens,  que  nous  citons,  est  le  sens 
ti^uré.  Les  courans,  qui  éloient  proprement  les 
arrérages  non  encore  exigibles,  éloient  distingués 
des  cannons  qui  étoienl  les  arrérages  échus.  «  Tant 
>■  eu  fait  des  rédemptions,  radiais,  exlinclioiis,  et 

desliguemeiis  des  cens  et   renies,  que  du  paye- 

■  menidcs  cannons  et  courans,  etc.  >•  (Coutumes 
de  Liège,  au  Coût.  Cén.  t.  11,  p.  975.  —  Voy.  Cours 
ci-après  pour  arrérages.) 

^  Courans  éloit  employé  au  sen.s  propre,  lorsqu'il 
.signitioit  ruisseaux  Ou  dit  encore,  en  ce  sens,  un 
courant  d'eau  »  Héritages  contigus  aux  chemins, 
i  co«raHs,  et  lillels  d'eau.  »  (Nouv.  Coût.  Général, 
t.  I,  p.  38.) 

Courant,  odj.  Qui  coule*.  Qui  fait  son  cours  ^. 
Coureur  '^.  Coulé,  lié  °.  Qui  est  d'usage  ^  (G). 


*  Dans  le  premier  sens,  le  mot  courant  se  dit  de 
lout  mouvement  rapide,  et  sert  souvent  à  exprimer 
le  niouvcmenl  des  eaux.  On  dit  le  courant  d'une 
rivière.  On  disoil  autrefois  rivières  courans.  (Li 
droit  de  Cliampagne,  à  la  suite  de  la  Coutume  de 
Troyes,  par  Pitliou,  p.  A'il.] 

^  Un  t)aclie!icr  courant  est  un  bachelier  qui  fait 
son  cours  en  courant  les  mes  (Le  Duchat,  surRab. 
t.  V,  p.  124,  noie  5.)  Kquivo  lue  entre  courir,  faire 
son  cours  et  courii-  les  rues,  perdre  son  temps. 

"^  Cheval  courant  étoit  ce  que  nous  nommons 
coureur.  On  le  dislingiioit  du  destrier,  du  roussin 
et  aulres  espèces  de  montures  (Hist.  de  Bertrand 
du  Cnesc.  par  Mén.  p.  430.)  Cependant  nous  lisons 
destrier  coirnnl  dans  ce  passage  : 

Li  destrier  sos  ciel  n'a  si  bel 
Ne  mix  cniranl,  ni  plus  isncl  (léger  à  la  course). 
Fabl.  .MSS.  du  R.  n-  T.IS'J,  fol.  67,  V  col.  2. 

°0n  t]i)mmo\i  lettre  courant  l'écriture  liée  et  cou- 
lée (lue  nous  apelons  encore  écriture  courant(?  (7). 
«  L'n  livre  en  l'rançois  esciit  de  lettre  courant.  « 
(Inv.  des  livres  de  J.  de  France,  duc  de  Berry,  par 
Le  Laboureur.)  Cet  inventaire  se  trouve  avant  t'ilisl. 
de  Charles  VI,  par,!.  Le  FevredeS.Remi,  p.  81.  (Voy. 
ci-après  Lettre  de  cocrt.) 

^  On  a  dit  vaisselle  courant,  pour  la  vaisselle 
dont  on  se  sert  ordinairement.  (Oliv.  de  la  Marche, 
cilé  par  S..lul,  Mesl.Hisl.  p.  3(j.)  Ce  mot  se  dit  encore 
(|uelquefois  en  ce  sens. 

VARIANTES  : 
COURANT.  Pilhou,  Coût,  de  Troyes,  p.  4i7. 
Cni'uRANT.  S.  .Jul.  Mesl.  Hislor.  p.  36. 
CoH.VNT.  Ord.  l.  1,  p.  5i9. 
Con\ANT.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7989,  fol.  67. 

Courante,  subst.  fém.  Courant  *.  Sorte  de 
danse  ^. 

*  On  lit,  au  premier  sens  :  «  11  y  a  une  espèce  de 
«  navires  particulières  en  forme  plus  longue  que 
«  ronde,  et  plus  estroitte  beaucoup  t|ue  lesgalleres 
«  pour  mieux  se  régir  (gouverner)  et  commander 
>  aux  courantes  (\m  sont  ordinaires  en  cette  mer.  " 
(Mém.  du  Bellay,  liv.  X,  f°  340.)  (8) 

^  Nous  appelons  encore  aujourd'hui  courante 
une  espèce  de  danse  grave,  dilférenle  sans  doute  de 
la  courante  mise  au  nombre  des  danses  dissolues, 
suivant  Boachet  (Ser.  liv.  !,  p.  133)  (9).  Les  sorciers 
l'avoient  apportée  d'Italie,  suivant  le  même  auteur. 
(Ibid.  p.  136.) 

Couratiere,  sut)st.  fém.  Entremetteuse.  C'est 
proprement  le  féminin  de  courratier  ou  corratier. 


(i)  Voyez  C'oci((/e.  Ce  mot  avait  aussi  le  sens  de  dignité  MJ.  164  ou  165,  p.  329,  an.  1412;:   «   Le  suppliant   dist  à    icellui 
lluval;  .1  tu  m'as  bouté  et  je  suis  clerc  ;  j'en  appelle  à  mon  courage.  »  (n.  e.) 

(2)  Il  a  aussi  le  sens  d'irrité  :  «  Le  supplinnt  temple  de  l'ennemi  (du  diable)  et  aussi  mal  conraigc  de  ce  que  son  père  ne 
l'avoit  voulu  marier.  »  (.1.1.  206,  p.  5,  an.  1478.)  (N.  E  ) 

(3)  11  signifiait  aussi  orgueilleux  :  «  Jacotm  Blanquemains,  homme  couraijeu.c  et  plain  de  oultrageuse  volonté.  »  (if.   164, 
p.  171,  an,  1409.)  (N.  E.) 

(4)  Voyez  Corat  ;  on  trouve  aussi  cottraii.  (JJ.  138,  p.  145,  an.  1389.)  (N.  E  ) 

(5)  U  signifie  aussi  courant  d'eau  au  reg.  .1,1.  192,  p.  10,  an   14^50  :  «  Lesquelles  femmes  accordèrent  qu'elles  se  rendroient 
el  assembli-roient  en  une  courance  d'eaue.  »  (n.  e.) 

(6)  On  disait  un  nœud  courant  pour  un  nœud  coulant.  (Montaigne,  III,  152  ;  Amyot,  Pyrriuts,  62.)  (N.  E.) 

(7)  La  cursive.  (N.  E.) 

(8)  On  lit  encore  à  la  page  597  de  l'éd.  de  1582  ;  «  A  la  faveur  de  la  mer  qui  estoit  calme,  sans  vent  ne  fureur  de  courante.  » 
Hegnier  dit  aussi  (sat.  Vil):  «  An  gouffre  du  plaisir  la  courante  m'emporte.  »  (N.  E.) 

(9)  Il  Danser  la  volte,  la  courante,  la  fissaye  et  autres  danses  dissolues.  «  Voyez  au,ssi  J.  Marot,  V,  212.  (N.  E.) 


co 


-  329 


CO 


Voyez  ce  moi  sous  cette  dernière  orthograplie.  Mais 
courratiere  n'a  pas  cxaclemcnl  la  même  signitlca- 
tion,  car  les  courratiers  ou  courtiers  exeryoient 
une  profession  dans  laquelle  on  a'admettoit  point  les 
femmes,  lîabelais  s'est  servi  de  ce  mol  courratiere 
pour  désigner  des  fonctions  à  peu  près  semblables 
à  celles  de  courtier.  «  Hélène  courrutière  des 
"  chambrières,  »  (T.  Il,  p.  "iôO.)  (|ui  se  méloil  de 
leurs  intrigues.  Peul-élre  emploie-t-il  ce  mot  pour 
revendeuses,  lorsqu'il  dit  ailleurs:  «  .Jusques  es 
«  bonnes  femmes  lavandières,  couratieres,  rousli- 
»  cieres,  etc.  ■>  (Ibid.  p.  HHi.) 

VAHIANTES  : 
COURATIERE.  Rabelais,  t.  II,  p.  106. 

C.OURR.\TIERE.  Ibid.  p.  2Û6. 

Couraii,  suhst.  masc.  .Sorte  de  bateau  plat.  On 
s'en  sert  encore  sur  les  rivières  de  Gascogne. 

Engins  r'ont  de  part  et  d'autre 
De  fust  (bois)  parfais  et  achevez. 
En  nez  (navire.sl  et  en  couruux  levez 
Des  quie.x  grosses  pierres  eschappenl. 

G  Guiarl.  MS.  fol.  223,  V". 

Du  Cange  rapporte  ce  passage.  Glossaire  lalin,  au 
mol  Cursoriœ.  De  là  :  «  Le  tirage  du  courau  ou 
»  galupe.  »  (Coût,  de -Marsan,  Xouv.  Coût.  Général, 
t.  iV.  p.  911.)  Voyez  rédilion  de  celle  même  cou- 
tume imprimée  îi  Bordeaux,  en  ]700.  L'éditeur 
ajoute  en  marge  :  couicau  et  galu/ic  sont  des  noms 
de  certaine  espèce  de  b:iteau  (11. 

V.\RIANTES  : 
COîJRAU.  Du  Cange,  Gloss.  latin,  au  mot  cursoriœ. 
CouREAU.  Nouv.  Coût.  Gén.  t.  IV,  p.  911,  col.  1. 

Courbasse,  adj.  Courbe,  voûté.  (Diclionn.  de 
Cotgrave.?  M.  de  La  I^orte  s'en  est  servi  pour  épi- 
ttiète  de  vieille. 

Courbatu  ,  adj.  Surmené  *.  Assommé  de 
coups  ^. 

*Dans  le  premier  sens,  ce  mot  est  formé  de  cour- 
bature, maladie  d'un  cheval  outré  de  faiigue.  On 
s'est  servi  du  motco;;;  batu  pourépithèlede  mari  ('2). 
(Dict.  de  t'.otgrave.; 

^Rabelais  emploie  ce  mot  dans  le  second  sens, 
qui  peut-être  ne  doit  être  regardé  que  comme  une 
extension  du  premier  (Hah.  \.  IV,  p.  63.) 

Courbe,  adjectif.  Courbé,  boiteux.  Ce  mot  ne 
subsiste  pins  que  dans  le  sens  propre.  On  disoit 
autrefois  au  figuré  les  droits  cl  les  courlies,  pour 
signifier  tous.  (G.  Guiarl,  .ms.  f"  73,  R.) 

Destriers  chieent.  destriers  afondent  (tombent). 
Le  plus  droit  i  devient  courht: 

G.  Guiarl.  MS.  fol.  256,  V". 
(Voyez  COURVE.) 

VARIANTES  : 
COURBE.  Orth.  subsistante. 
CORBE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7-218,  fol.  126,  R«  col.  2. 


Courbet,  subst.  masc.  Espèce  d'outil.  Oulil 
tranchant  et  recourbé,  comme  la  serpe.  «  Les  petits 
«  fagots  mariolels  de  raspe  de  deux  pieds  et  demy 
"  de  long  et  deulx  pieds  trois  poulces  un  quart  de 
»  grosseur,  esloffez  de  pels  les  uns  taillez  à  la 
»  happe,  etdeu.'cau  courbet  [?A.  depureleigneezpin- 
«  cée  aussi  longues  que  les  dits  pels,  sans  autre 
«  fourure.  »  (Côut.  de  Hainault,  Nouveau  Coul. 
Gén.  t.  II,  p.  liO.  —  Voyez  Curketz  ci-dessus  pour 
couteau.) 

VARIANTES  : 
COURBES,  CouRVEZ,  Courbet. 

Courbette,  subst.  féin.  Sorte  de  faucille  *.  Air 
de  ballet  à  cheval  ^.  Terme  de  manège  '^. 

*  Dans  le  premier  sens,  c'est  la  même  chose  que 
Courbet.  On  trouve  dans  le  Dictionnaire  dOudin  : 
courbette  rahalue,  pour  faux  ou  faucille. 

^Dans  le  second  sens,  on  nomma  courbette  l'air 
d'un  ballet  dansé  ti  cheval  ;  en  parlant  de  celui  qui 
fut  dansé  au  carrousel  de  Louis  Xill,  on  dit  :  «  L'air 
«  des  courbettes  est  un  air  de  monveinens  à  demy 
«  élevez,  mais  doucemeni  en  avanf.  en  arrière, 
«  par  voltes,  et  par  demy  voiles  sur  les  costez, 
•<  faisant  son  mouvement  courbe,  ce  qui  faildonner 
«  le  nom  de  courbette hcei  air.  »  (Le  P.  Mene.strier, 
des  Tournois,  p.  172  i 

^  Courbette  est  un  ternie  de  manège  usité  encore 
aujourd'hui  et  qui  semble,  selon  le  passage  que 
nous  allons  citer,  avoir  souffert  quelque  interrup- 
tion nu  avoir  eu  quel(|u'autre  acception.  On  lit,  au 
sujet  de  la  réception  faite  ù  Naples  au  grand  prieur, 
après  la  mort  du  pape  Paul  IV  :  "  Il  monl-i  sur  un 
«  cheval  d'Espagne,  le  plus  beau  que  j'aye  veu  de 
«  longtemps,  que  depuis  le  vice  roy  luy  donna,  et 
"  se  manioit  très  bien,  et  faisoit  de  très  belles  coî/r- 
«  bettes,  ainsi  qu'on  parloit  de  ce  tcms,  luy  qui 
«  estoit  un  très  bon  homme  de  cheval,  et  aussi  bon 
«  que  de  mer.  »  (Brantôme,  Dames  Gallantes, 
t.  Il,  p.  298.)  Le  mot  courbette,  pris  en  ce  sens, 
étoit  employé  au  figuré  dans  celle  expression  : 
Manier  une  personne  à  courbettes,  c'esl-ù-dire  la 
maîtriser,  la  manier  à  sa  volonlé.  Oudiii,  Diclionn. 
et  Cur.  fr.) 

Courbillon,  subst.  masc.  Corbillon  (4),  petite 
corbeille.  Ce  mol  semble  avoir  désigné  une  mesure 
de  sel.  -  Et  de  reditibus  iiostris,  qui  palerno  jure 
«  nobis  succedunl,  ceutumsolidos  pictavinos,  et  30 
«  guerbiliones  salis  in  villa  qua;'  dicitur  Salies.  - 
M.  de  Maica  traduit  gurbiliones  salis  par  courlril- 
Ions  de  sel.  (Du  Congé,  au  mot  Gurbilio.] 

Courb-ne/,  subst.  masc.  G'étoit  le  surnom  de 
Guillaume  quequeiques-unsont  éciitniai-à-propos, 
au  court-nez,   suivant  le  Dict.  de  Borel,  au  mot 


(1)  On  donne  encore  ce  nom  aux  allèges,  (n.  e.) 

(2)  Les  arexla  amcniin.  p.  414.  parlent  de  ceux  qui  servent  mal  leurs  femmes  :  «  La  requeste  des  maris  urabrageux  , 
coinbitliis,  boucquineux.  farouches,  trop  tristes,  ppiisifs  et  désolés.  »  (Du  Verdier,  Bibl.,  p.  2118  )  (N.  E.) 

(^3)  c  Une  selle  de  guerre....  lacouverture  de  veluel  vert  bordée  de  corbetrs.  »  (Compte  de  Robert  de  Serres,  1351. >  Corbetes 
ne  pe\it  être  un  outil  comme  antrliet  au  reg.  .1.1.  140.  p.  148,  an.  1390;  «  Icellui  Hennequin  getta  apiès  ledit  larron  un  courhct 
ou  sarpe,  dont  on  coppe  les  bois.  »  (N.  E.) 

(4)  On  lit  au  Liv.  des  .Métiers  (310)  :  «  Se  pain  est  aportés  à  col  de  la  vile  de  Paris  en  marchié  ou  en  autres  jours,  il  porr.'i 
.ivoir  tant  de  rorhillons  comme  il  li  plaira.  >>  N   E.i 

IV.  42 


ço 


—  33o 


i.,<J 


I>rue.  Ce  mol  coiaposé  signifioil  nez  courbr,  nez 
aquiliD. 

Courcelie,  sh/^s/.  féiii  Diniinulifde  cour.  Saint 
Julien  dit niit-:  ^Courcellesesl  un  motancien  duquel 
«  la  signidcalion  n'est  plus  de  nous  connue:  neaul- 
u  moins  les  lieux  qui  en  portent  le  nom  sont  fort 
"  fréquens.  »  ;Mesl.  llistor.  p.  404.)  Ces  noms  de 
lieu,  en  trnnrois  cuitrcelles,  portent  ordinairement, 
en  latin,  le  nom  de  curliculœ,  diminutif  de  curtis, 
qui  sis;'nilioit  cour  (1).  Ce  qui  justitie  notre  inter- 
prétation du  mot  CoFRCELLK.  iVoy.  Valois,  Notice, 
p.  16G.) 

Courcerelles,  subst.  fcm.  plur.  Je  croirois  qu'il 
faudroil  lire  tourterelles,  dans  ces  vers  : 

.Miibi  comme  deux  courcerelles  : 
Beau  pied,  beau  becq,  bien  amassez, 
Bien  taillez,  et  bien  coulorrez. 

Gace  de  la  Bignc,  des  Déduits  MS.  fol.  121'.,  R'. 

Courcet.  [Intercalez  Courcel,  sorte  de  coiffure, 
au  reg.  JJ.  143,  p.  193,  an.  139'2:  «  Un  courcet, 
«  dont  la  suppliante  devoit  couvrir  sa  teste.  » 
Voyez  plus  bas  Cocrcier.]  (n.  e.) 

Gourceiir,  suhst.  mase.  Homme  colère.  Aisé 

à  courroucer. 

Convoiteux,  courceurs  remuables  (légers). 

Eusl.  Desch.  Poés.  MSS.  fol.  461.  col.  2. 

Courcibot,  suhst.  masc.  Homme  gros  et  court. 
(Oudin,  Dicl.  et  Cur.  fr.)  Ce  mot  semble  avoir 
quelque  analogie  avec  celui  de  Courtiban  ou  Cour- 
TiBAU  ci -a  près. 

VARIANTES  : 
COURCIBOT.  Oudin,  Cur.  fr. 
COURSIBOK.  Id.  Dict. 

Coui'cie,  subst.  fém.  Galère.  «  Passage,  voie 
"  planchée  de  proue  ù  pouppe  dans  un  vaisseau  de 
«  mer.  »  (Monet,  ubi  suprà.)  Vaisseau  de  mer  pour 
aller  en  course.  C'est  en  ce  sens  qu'on  lit  canon  de 
courcie{'2).  (Brantôme,  D"  Gall.  t.  H,  p.296.-Voy. 
Coursier  ci- après.'» 

N.  B.  Canon  de'  conrcie  pareil  signifier  le  canon 
qui  est  sous  le  coursier  (raccourcie)  et  dont  la  bou- 
che sort  par  la  proue. 

variantes  : 
COURCIE.  Monet,  Dict.,  sous  Accoiirsie. 

COUBSIE. 

Courcier,  verbe.  Retrousser.  Voici  le  passage 
où  nous  trouvons  ce  mot  :  "  Doncques  veissiez 
«  femmes  se  courcier  et  leur  testes  de  louaillons, 
u  lier  et  prendre  cros,  hâves,  etc....  si  alerent  à  la 
«  meslée.  »  (Modus  et  Racio,  jis.  fol.  297.)  On  lit 
alias  escourchiev  leurs  robes ,  alias  courrecier  , 
courreier,  lier,  attacher  avec  une  courroie,  confor- 


nvr-'^enl,  à  l'élymolosic  que  paroit  indiquer  celle 
orthographe.  (Jn  écrivoit  même  courser,  courser 
son  boHuel.  le  retrousser.  (Moyen  de  Parvenir, 
page  18i. 

VARIANTES  : 
COURCIER.  -Modus  et  Racio,  MS  p.  -297,  R". 
Courser.  Moyen  de  l'arven.  p.  184. 

Coui'ciers ,  subst.  tncisc.  plur.  Coureurs. 
Batteurs  d'estrade.  GuideNamur,  après  avoir  défait 
les  François  à  Couriray,  «  manda  à  ses  courciersei 
'<  fourriers  à  queuillier  (f;;ire  le  butin)  les  proies.  » 
(Chron.  fr.  ms.  de  Nangis,  sous  l'an  13U'2.;; 

Gourées,  adj.  au  fém.  plur.  Courroyées.  yVoy. 
Ord.  t.  III,  p.  373.)  (3) 

Coureeurs,  subst.  viasc.  plur.  Courroyeurs. 
On  trouve  courréeurs  de  cordouen,  dans  lo  Table 
des  Métiers  de  Minière,  p.  30.  Le  cordouen  éloit  le 
cuir  dont  on  faisoit  les  souliers.  (Voyez  ce  mot.) 

Coiireïs.  [hitercalez  Coureïs,  course:  «  En 
«  celle  cace,  là  eut  bon  coureis.  «  (Froissart,  III. 
290.;]  (n.  e.) 

Coiirement,  subsl.  mase.  Course.  (Diclionn. 
de  Cotgrave  et  de  Rob.  Esiienne)  i'ourrement  de 
bagues  pour  course  de  bagues,  dans  Brantôme, 
D"  Illustr.  p.  78.  (Voy.  Accolrrement.) 

VARIA -TES  : 
COU  REMENT.  Cotgrave,  Rob.  Estienne. 
CoLRREMENT.  Hraut.  D"  111.  p.  78. 

Coureur,  subst.  masc.  Ce  mot  subsiste  avec 
différentes  acceptions(4).  On  appelle  encore  coirt't'«/'s 
des  cavaliers  détachés  pour  aller  à  la  découverte 
et  pour  faire  la  petite  guerre.  Il  semble  qu'on  ait 
mis  autrefois  quelque  différence  enlre  ceu.x  qui 
étoient  pour  la  découverte  et  les  autres.  Nous 
lisons  :  «  En  tant  que  louche  une  bataille  à  cheval, 
»  vous  scavez  bien  qu'il  faut  dts  coureurs  de  pays, 
«  après  il  faut  des  coureurs  des  ennemis.  «  (Le 
Jouvenc.  ms.  p.  275.)  Les  coureurs  des  ennemis 
étoient  vraisemblablement  ■  pour  garder  l'ost  com- 
«  mis,  et  pour  regarder  la  convine  (conduite  ou 
><  estât)  des  ennemis.  »  En  ce  sens  on  les  nommoit 
aussi  ijardigeurs,  et  l'on  enlendoit  par  coureurs 
depaijs  ceux  qui  »  courent  pays  pour  aller  au  gaing. 
u  et  non  pour  combattre,  sinon  sur  eulx  detîen- 
«  dant.  »  ;Le  Jouvenc.  sis.  p.  137.)  (5) 

VARIANTES  : 
COUREUR.  Orth.  subsistante. 
CouRREUR.  Le  Jouvenc.  MS.  p.  137. 
CouREEUR.  G.  Guiart,  MS.  fol.  3153,  V». 
CORREUR.  Hist.  de  Bertr.  du  Guescl.  par  Mén.  p.  aSl-iW. 
CouREUx.  Vig.  de  Charles  VII,  t.  I,  p.  112  et  135. 
CouREOUR.  Poës.  MSS.  Vat.  n"  149U,  fol.  6,  R". 
COREOR.  Dict.  de  Borel,  et  Gloss.  de  Villehard. 


ri)  Ce  nom  de  lieu  se  retrouve  sous  les  formes  suivantes:  Courceau.v  (Yonne).  Cotircelles  (Somme,  Seine),  Corcellea 
(Nièvre),  et  les  diminutifs  suivants  :  Courcheletles  (Nord),  Courcelette  (Somme),  Cowcelotle  (Cote-d'Or).  (N.  E.) 

(2)  «  Recommença  sa  salue  aussi  belle  et  furieuse  que  devant,  des  canons  de  courcie  de  seize  galères  et  des  autres  pièces 
d'arquebusade,  si  que  tout  estoit  en  feu.  »  C'est  ce  que  nous  nommons  canons  de  chasse,  (n.  e.) 

(:))  Couréi.'x  signilie  aussi  entrailles  au  Roman  d'Athis  ;  u  Le  fer  qu'il  ot  en  son  trenchant  Lui  mist  parmi  le  jaserant ,  Ou 
corps  lui  Irenche  la  cource.  »  (N.  E.) 

(i)  «  Quant  il  furent  oultre  et  sur  les  camps,  il  ordonnèrent  11  seigneur...  à  estre  coureur  et  descouvreur  et  chevauchier 
jusques  as  tentes  des  Liégeois  françois.  »  (Froissart,  III,  '2i)4.)  (N.  E.) 

(5)  Au  fol.  81  on  lit  :  «  Il  est  de  nécessité  qu'il  y  ait  coiireurs  et  les  mettre  voulentiers  fors ,  affm  qu'ilz  reboutent  le.s 
coureurs  des  ennemis.  »  (N.  E.) 


co 


331 


CO 


Courge,  subst.  fém.  Gourde.  Espèce  de  cale- 
basse, de  courge  qu'on  a  sécliéc  pour  en  faire  un 
vase  léger  dont  on  so  sert,  pour  porter  de  quoi 
boire.  On  le  nomme  dans  (jnelques  provinces 
courle-bouteille.  On  poric  ce  vase  au  bout  d'un 
bâton,  et  de  là  peut-être  ces  bâtons  avoient  aussi 
pris  le  nom  de  courges,  qui  a  passé  aux  bâtons 
qu'on  metloil  sur  les  épaules  pour  porter  les 
sceaux  à  la  rivière.  Nicot  croit  cependant  que  ces 
bâtons  s'appeloient  courges  [l],  au  lieu  de  courbes, 
parce  qu'ils  étoient  courbés. 

Item  à  maistre  .Tehans  Laurens 
Qui  a  les  povres  yeulx  si  rouges, 
Par  le  péché  de  ses  parens, 
Qui  beurent  en  Itarilz,  et  cnurges. 

Villon,  p.  co. 

On  fait  usage  «  de  la  poudre  d'escorce  de  chesne, 
■  ou  de  courge  pour  lesplayesdu  faucon.  »  (Fouill. 
Fauconn.  fol.  79.)  On  se  sert  aussi  "  de  semences 
>•  de  courges,  ou  de  concombres  lorsqu'il  a  la 
"  fièvre  {'!).  »  iBudé,  des  Oiseaux,  fol.  120.^ 

Les  Languedociens  emploient  le  mot  courge  pour 
.signifier  un  sot,  un  bébété.  (Dict.  de  Borel.^.  Nous 
disons  cruche  dans  le  même  sens.  La  courge  ou 
gourde  étoit  une  sorte  de  crucbe. 

VARIANTES  : 
COURGE.  Orth,  subsistante. 
GOURLE.  Le  Duchat,  sur  Rabelais,  t.  I,  p.  77. 

Courgée.  [Intercalez  Courgée.  chai'ge  d'une 
courge,  au  reg.  JJ.  120,  p.  248,  an.  1382:  «  Les 
«  supplians  aient  esté  consentans...  à  prendre  et 
<'  emporter  de  nuit  une  nef  estant  au  port  des 
«  crochez  [à  Meaux],  chargée  de  vin,  environ  une 
«  courgée  de  vin  en  deux  seaux.  »]  (n.  e.) 

Courgiion,  subst.  masc.  Engin  à  pêclier.  Il  y  a 
une  ordonnance  concernant  la  pêcbe  dans  "la 
rivière  d'Yonne,  qui  défend  lecourguonel  plusieurs 
autres  engins  à  pêcher.  On  y  lit  :  «  Li  courgiion  des 
«  clices  que  l'on  dit  bourroiche  ne  courra  point  en 
'<  nulles  saisons.  »  (Res.  du  Tr.  des  Ch.  65,  p.  69, 
an.  1327.)  (3) 

Courir,  verbe.  Chasser*.  Ravager,  piller^. 
Tendre,  aller '^.  Employer".  Découlei'^. 

*0n  dit  encore  courir  le  cerf,  pour  le  chasser, 
le  poursuivre  ;  mnh  courir  se  dit  plus  absolument 
pour  chasser,  comme  dans  ces  vers  : 

Certes  nenny,  que,  sans  courir, 
On  ne  peult  bien  la  chose  ouyr. 

Gacede  la  Bigne.  des  Doduils,  MS.  fol.  iS),  V. 

^Ce  mot  est  pris  pour  piller,  ravager,  dans  les 
passages  suivans  :  •  Finablement  ils  furent  prins 
»  par  force  et  la  ville  courue  et  arse,  et  occis  le 
«  greigaeur  (la  plus  part)  partie  des  soudoyers.  » 
(Froissart,  livre  I,  page  135.)  (4)  »  Fut  conclud  qu'ilz 


«  iroienl  contre  une  grosse  ville  qui  n'esfoit  point 
'<  cloze  ;  le  .Jouvencel  fist  ceste  entreprise,  et 
>>  appoincta  (convint,  promit)  de  l'aller  courir.  » 
(Le  .fouv.  MS.  p.  337.1 

•^On  a  dit  aussi  courir  pour  tendre,  aller  vers 
quelque  but  : 

De  rien  ki  court  à  garison. 

Will.  li  Viniers,  Poès.  MSS.  .nvant  1300,  t.  III,  p    lâl". 

De  là,  on  a  pu  dire  d'une  chose  qui  tend  à  nous 
déshonorer  qu'elle  court  à  hontage.  [G.  Cuiart.  ms. 
fol.  150.) 

°  On  s'est  aussi  servi  du  mol  courir,  pour 
employer,  consommer.  «  Mont  grand  (très-grande) 
«  pa.  '.:e  de  l'émolument  des  dites  subsides  est  aie, 
«  et  couru  esdiles  gaiges.  »  (Ordonn.  des  R.  de  Fr. 
t.  111,  p.  522.) 

^Courir  se  dit  encore  du  mouvement  des  choses 
fluides,  découler;  maison  nediroit  plus  au  figuré  : 
«  L'arbre  de  miséricorde  ûonl  \i  court  oilte  (huile) 
«  de  vie.  »  (Hist.  de  la  S"  Croix,  ms.  p.  8.)  (5)  Ce  mot, 
dans  l'acception  propre  et  subsistante,  nous  fournit 
d'ailleurs  plusieurs  expressions  que  nous  allons 
remarquer  : 

i°  Courir  les  champs  en  pourpoinc! .  pour  extra- 
vaguer,  être  fou.  (Rabelais,  t.  111,  page  53.)  Nous 
disons  aujourd'hui  courir  les  champs,  comme  dans 
ces  vers  : 

Sa  débile  raison  fist  place  à  la  furie. 
Bref  ilcotinit  les  champs  du  mal  qui  l'agittoit. 
Œuv,  de  Despories,  p.  402. 

2"  Courir  l'éguilette,  pour  se  prostituer  (6).  (Voyez 
chapitre  35  des  Rech.  de  Pasquier,  intitulé  t'oww 
l'éguilette.)  Cet  auteur  pense  que  cette  façon  de 
parler  est  venue  des  anciens  réglemens  qui  obli- 
geoient  les  femmes  de  mauvaise  vie  à  porter  une 
éguilletle  sur  l'épaule,  pour  pouvoir  les  distinguer. 
«  Coutume  que  j'ay  veu  (dit-il)  encore  se  pratiquer 
«  dedans  Tholose  par  celles  qui  avoient  confiné 
«  leurs  vies  au  chastel  verd  qui  est  le  bordeau  de 
«  la  ville.  «  (P.  704.) 

Je  recherche  une  jeune  fillette 

Experte  dès  longtemps  à  courir  CèguillcUe. 

Regn.  Salyre  XM. 
CONJUGAISON  : 

Courage,  subj.  Courre.  (Britton,  Loix  d'Anglel. 

fol.  29.) 
Courge,  subj.  prés.  Courre.  (Id.  Ibid.  fol.  13.) 
Courgeiit,  subj.  prés  Coiirrent.  (Id.  Ibid.  fol.  5.) 
Courismes,  prêter.  Courûmes,  (.loinv.  p.  39.) 
Courra,   prêter.   Courut.  (Le  Blanc,  Traité  des 

monu.  p.  46.) 
Courrerent,   prêter.   Coururent.   (Preuv.   sur  le 

meurtr.  du  duc  de  Bourg,  p.  288.) 

Courlonge.  [Intercalez  Courlonge ,   droit  de 


(1)  Co»)-ge  peut  venir  d'une  forme  cjo'iiiiKji,  t'i(>-((ii<i/i,  ciov'i'iif,  courge  ■  «Pour  deux  seaulx  et  une   courge   ferrez,   pour 
porter  l'eaue  es  chambres  de  madame  Ysabel  et  madame  .lehanne  de  France.  »  (Laborde,  Emaux,  xiv  siècle,  p.  230.)  (N.  E.) 

(2)  La  forme  ancienne  (''tait  couhnurden,  cnounic,  de  cucurhiUi.  (n.  e.) 

(3)  Comparez  le  t.  II  des  Ord.,  p.  12,  où  bourroiche,  bourriclie  est  écrit  bourrache,  (n.  e.) 

(4)  Voyez  éd.  Kervyn  (IV,  63)  :  «  Si  fu  la  ville  de  Garlande  violée  et  courue  et  toute  robée.  »  (N.  E.) 

(5)  Courir  signifie  encore  :  1"  avoir  cours  :  «  Il  dist  que,  se  Diau  le  pooil  aidier,   elle   Ua  gabelle)  ne  courrait   jà  en    son 
pays.  »  (Froissart,  V,  .'(56.)  2"  Durer  :  «  Les  jours  courans  que.  »  (Id.,  IV,  321.)  (N.  E.) 

(6)  Voyez  Leroux  de  Lincy.  Proverbes  (II,  1.52).  (n.  e.) 


eo 


332 


co 


gite:  "  Item  envire-i  .\.  livres  de  menues  censives, 
«  eiisaiTiblo  autres  rentes  denes  fi  plusieurs  joiir- 
"  iii'cs,  appellées  gisles  cl  cuuiiunges.  »  (liiv.  des 
Cliarles  du  ciiàleau  de  Jaucourl,  an.  l.%9,  fol.  '20, 
verso.]  (n.  k.) 

Counnaader,  verbe.  Gourmander.  (Celtliell. 
de  L.  Trippault.) 

Couronne,  subst.  fétu.  Ornement  de  tète*. 
Tonsuie^.  Sonimei  de  moiitaiiue'^.  Ternie  de 
cliasse  °.  Terme  de  charpentier  ^.  Ceinture  "". 
Collier*^.  Frange  de  l'iuipériale  d'un  carosse". 
.Nom  d'un  vaisseau'.  Sorte  de  monnoye". 

Ce  mot  semble  mis  au  masculin  dans  ce  vers. 

Police  règne  en  triumphant  couronne. 

S.  Marot,  p.  43. 

Cependant,  il  faut  se  rappeler  fjue  nos  anciens 
poètes  se  doniioient  la  licence  de  retrancher  lèse 
féminins,  soit  dans  les  noms,  soit  dans  les  verbes, 
soit  dans  les  adverl)es,  sans  que  cela  tirât  à  consé- 
quence. 

'•Couronne,  ornement  de  tête,  n'a  pas  toujours 
désigné  une  mari|uede  dignité;  cétoit  quelquefois 
une  sorte  d'ornement  d'or  ou  d'argent  qui  se  met- 
toit  sur  la  tète,  et  qui  étoit  fort  commun,  non-seu- 
lement parmi  les  gens  de  qualité,  mais  encore 
parmi  le  peuple.  Suivant  un  statut  de  TiS.'î  (1),  cité 
par  Du  Cange,  au  mol  Coronœ,  il  fut  défendu  aux 
bourgeois  et  bourgeoises  d'en  porte.".  La  couronne 
étoil  spécialement  l'ornement  des  fenmies  qui  le 
jour  de  leur  mariags  la  portoient  sui'  leur  tète,  les 
cheveux  épars  ;  elle  faisoit  partie  des  effets  que  la 
veuve  répétoit  sur  la  succession  de  son  mari  , 
comme  étant  comprise  parmi  ses  bijou.K.  (Voyez 
Bout.  Som.  Kur.  p.  43'«,  468;  Ord.  t.  II,  p.  320.) 

°  Counnuie  signifie  encore  tonsure  ;  mais  on  ne 
diroit  plus  ceux  à  la  couronne,  pour  désigner  les 
prêtres,  les  moines,  etc. 

Roan  estoit  d'antiquité 
La  plus  orgueilleuse  cité... 
Leans  ot  sanz  ceus  à  couronnes 
Hien  Lx.  m.  personnes. 

G.  Guiarl,  IIS.  fol    8j,  V". 

'^Couronne  s'est  dit  aussi  d'une  petite  montagne 
qui  est  au-dessus  d'une  plus  grande.  (Voyez  La 
Salade,  fol.  21.) 

°De  là,  vraisemblablement,  ce  mot  signifioit  en 
termes  de  chasse  un  espace  de  tei'rain  élevé  en 
forme  de  petite  montagne  et  garni  de  bois  tout 
à  l'enlour.  «  Il  y  a  des  forests  de  diverses  sortes, 
»  les  unes  sont  fortes  de  boussieres  (pour  bayes) 
"  les  autres  ont  par  le  milieu  des  couronnes  de 
«  brandes  (bruyères).  •  iFouilloux,  Vénerie,  f°  33.) 
"  S'il  arrive  à  trouver  quelques  petites  coi/roi/iics, 
"  ou  tailles  desrobées  là  oh  le  cerf  auroil  fait  sa 
"  nuit,  etc.  »  (Ibid.  fol.  31.) 

^Couronne  semble  un  terme  de  charpentier,  dans 


le  passage  que  nous  allons  transcrire.  Charles  VI, 
voulani  faire  une  descente  en  Angleterre  en  I38<), 
«  le  couneslable  de  Fiance  faisoii  l'aire  ouvre!',  et 
«  cbarpenter  en  Bretaigne  l'enclosture  (l'enclos, 
«  l'enceinte)  d'une  ville,  toute  de  bon  bois,  et  gros 
«  merrien  i^bois  de  charpente)  pour  asseoir  en 
«  Angleterre  là  on  il  leur  plairoit,  quant  ils  auroyent 
«  pris  terre,  pour  les  seigneurs  loger  et  retraire 
«  (retirer),  pour  echever  (éviter)  les  périls  des 
«  reveillemens  et  pour  dormir  plus  aise  et  mieux  à 
«  seur  :  et  quant  on  se  délogeroit  d'une  place,  et 
«  on  irnit  en  autre,  celle  ville  esloil  tellement 
«  ouvrée,  ordonnée  et  charpentée,  qu'on  la  pouvoit 
«  deffaire  par  travées  2),  ainsi  qu'une  couronne,  et 
«  rasseoir  membre  à  membre,  et  y  avoit  grand 
«  foison  de  charpentiers  et  d'ouvriers,  c|ui  l'avoient 
«  composée  et  ouvrée,  et  savoyent  comment  elie 
••  devoit  aller  :  et  de  ce  ustoyent  ils  retenus  (gagez) 
"  et  avoyent  grans  gages.  '••  (Froissarl,  livrelll, 
page  121.)  (3^ 

•^  Couronne  a  signifié  ceiiiture.  Guillaunii;  de 
Nangis,  dans  la  vie  de  S.  Louis,  p.  3()7,  dit  que  ce 
prince  portoit  un  cilice  sur  sa  chair,  ad  carnem 
ciliciosus  :  son  confesseur  le  lui  ayant  défendu,  ci' 
prince  quelquefois  encore ,  pendant  le  carême . 
loco  cillcii  quadani  :jma  sive  fa^eia  de  cilicio  ne 
cingebat.  Les  Chroniques  de  S.  Denis,  qui  rendent 
ce  passage  littéralement,  s'expriment  ainsi  : 
«  Longtemps  il  porta  la  ^;  :re  contre  sa  chair  toute 
«  nue;  mais  il  ne  la  lai-sa  par  le  commandement 
«  de  son  confesseur,  el  pour  ce  qu'elle  luy  estoil 
«  trop  grève,  il  porta  une  couronne  de  haire.  ■ 
(Chron.  S.  Denis,  t.  11,  fol,  79.) 

°Ce  mol  a  aussi  signifié  collier;  car,  parlant  du 
cerf  volant  que  i'.harles  V!  prit  pour  sa  devise,  on 
dit  :  «  Cerf  volant  t'owroHHc  d'or  au  col.  «  (Juvenal 
des  Ursins,  Hist.  de  Charles  VI,  p.  10.) 

"  On  a  dit  couronne  lie  carosse,  en  italien  gallcto. 
(Dict.  d'Oudin.j  C'est  la  frange  qui  orne  l'impériale 
en  dedans,  comme  l'explique  le  même  Oudiii,  dans 
son  Dict.  espagnol. 

'Couronne  à  été  le  nom  donné  à  l'un  des  plus 
gros  vaisseaux  que  fil  construire  le  cardinal  de 
Bichelieu.  11  étoil  de  72  pièces  de  canon.  On  en 
trouve  la  description  dans  !e  P.  Daniel  (Mil.  fr  t.  il. 
page  678.) 

"On  a  nommé couronitc  une  sorte  de  monnoie,  à 
cause  de  la  couronne  qui  yétoit  empreinte  sur  l'un 
des  côtés.  L'époc|ue  de  cette  monnoie  remonte  au 
moins  au  règne  de  Pbilippe-le-Hardy.  (Voyez  Le 
Blanc,  sur  les  inonn.  p.  178  et  207.) 

Dans  une  ordonnance  de  3346,  citée  dans  le  Rec. 
des  Ord.  t.  Il,  page  2M,  on  voit  que  la  couronne  ne 
valoit  que  (|uinze  sols  six  deniers.  P.  de  Fennin, 
dans  le  Mém.  de  Charles  VI,  p.  4t)4,  dit  qu'en  hil^ 
on  en  fabriqua  qui  d'abo  d  ne  valurent  que  dix-huil 


(1)  «  Nul  bourgeois  ne  bourgeoise  ne  portera  verd  ne  gris,  ne  ermine,  et  se  délivreront  de  ceux  qu'il  ont  de  Pasques 
prochain  en  un  an,  et  ne  porteront  et  ne  pourront  porter  or,  ne  pierres  précieuses  .  ne  ceinture  d'or  ne  à  perles  ,  ne 
couronnes  d'or  ne  d'argent.  »  (N.  E.) 

(2)  D'autres  mmss.  donnent  jui/'oes  ou  carnières.  (N.  E.) 

(3)  Edition  Kervyn,  t.  IX,  p.  359,  360.  (n.  e.) 


co 


—  333 


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sols;  qu'ensuite,  petit  à  petit,  elles  nioiilèrenl  jus- 
qu'à neuf  francs,  et  se  soutinrent  à  celte  valeur 
jusqiren  \il\  ;  mais  qu'elles  furent  remises  à  leur 
juste  valeur  en  IWi.  Celle  monnoie  eut  iliirérenles 
dénominations  et  dilTérentes  valeurs.  Nous  nous 
contenterons  de  les  indiquer  et  de  renvoyer  aux 
auteurs  qui  en  ont  parlé  plus  amplement.  6'0!;)'0«hc' 
de  France.  lilaiis  à  la  couronne.  Itcnicrs  blans  à  la 
couronne.  Deniers  d'or  fin  ù  la  couronne.  Deniers 
d'argent  ù  la  couronne.  Crans  blans  à  la  courimne. 
Gros  deniers  à  la  couronne.  Ecus  à  la  couronne. 
On  les  appeloit  aussi  écus  d'or,  ils  valurent  25  s 
En  138i,  Charles  VI  lit  l)altre  des  couronnes  d'or. 
(Voy.  monnoye  en  13110;  —  Choisy,  vie  de  Charles  VI, 
p.  168  et  109.) '-'il  disoit  couronnes  d'or  pour  écus 
d'or,  sous  Charles  IX.  -Voyez  Gouj.  Bibl.  fr.  t.  XIV, 
p.  09.)  Le  duc  de  Berry  ayant  demandé  dix  mille 
francs  à  ses  trésoriers,  »  les  thresoriers  se  conclu - 
"  rent  et  appareillèrent  tout  l'argent  en  couronnes 
«  d'or,  et  en  Francs  de  France  ;  et  fut  mise  la 
•>  finance  en  quatre  sommiers.  "  (Froissart,liv.  IV. 
p.  3i.)  On  lit,  an  sujet  des  présens  que  fit  la  ville 
de  Paris  au  roi  Charles  VI,  à  la  reine  et  à  M™'  de 
Touraine,  à  leur  bienvenue  :  «  Or  considérez  la 
«  grand  valeur  des  presens,  et  aussi  la  puissance 
«  des  Parisiens  :  Ciir  il  fut  dit  à  moy  acteur  de  ceste 
"  hisloire,  qui  tous  les  presens  vei,  (|u'ils  avoient 
«  cousté  plus  de  soixante  mille  couronnes  d'or.  » 
(Ibid.  p.  7.1  (I)  L'éditeur  l'entend  part'f;/,  couronne. 
Le  même  auteur  dit,  en  parlant  des  ambassadeurs 
du  roi  d'Angleterre,  «■  qu'il  fut  ordonné  par  le  roy 
«  que  tous  les  jours  qu'ils  seroient  sejournans 
«  à  Paris,  on  leui-  delivreroit  deux  cens  couronnes 
«  de  France  pour  leurs  menus  frais  et  coustages 
<«  d'eux,  et  de  leurs  chevaux.  «  (Ibid.  page  20.5.  — 
Voyez  CoRONET  ci-dessus.) 

On  disoit  : 

1°  Lettre  de  couronne  {'i'.  C'étoi  tu  ne  espèce  de  vase 
à  boire,  suivant  le  Dict.  de  Cotgrave.  C'est  vraisem- 
blablement en  ce  sens  qu'il  faut  l'entendre  dans  ce 
passage  :  «  On  ne  trouve  guerres  de  ladres  sans 
«  baril,  et  sans  Icllres  de  couronne,  avec  le  petit 
«  entonnoir,  combien  que  Paré  dit  que  l'on  baille 
»  des  barils  el  les  cli(iuettes  afin  de  les  connoitre.  » 
(Bouchet,  Serées,  liv.  III,  p.  308.) 

2°  S'advouer  de  sa  couronne,  pour  réclamer  le 
privilège,  le  droit  de  sa  cléricature  ou  tonsure.  »  Si 
«  lost  que  le  juge  luy  par(;oit(s'aper(,'oit,  voit)  qu'as- 
»  seurément  assurance  seureté)  est  requis  devant 
«  luy  sur  prestre,  el  il  &'advoue  de  sa  couronne,  le 
«  juge  lay  par  sa  main  a  ceste  auctorité  en  ceste 
«  partie  sur  le  presire,  etc.  «(Bout.  Som.  P.ur.  p.2.33.) 
Nous  avons  vu  couronne  ci-dessus  pour  tonsure. 

3°  Faire  des  couronnes  rouges  à  des  prêtres  se 
disoit  proverbialement  pour  les  tuer.  (Le  Bœuf, 
Hist.  civ.  d'Auxerre,  p.  216.) 


V.^UIANTES  : 
COURON.NE. 

CoRONE.  Rymer,  t.  I,  p.  114,  col.  2,  lit.  de  li70. 
CoKOUNE.  Loix  Norm.  art.  2,  al  corune. 
CoRUNE  ou  coroune.  Loi.x  Norm.  art.  2. 

Couronné,  ndj.  Mot  subsistant.  Nous  avons 
maïqué  son  ancienne  orlhograpiie  au  mot  coronné. 
(Voyez  cet  article.,  .Nous  nous  bornerons  dans 
celui-ci  à  rapporlei'  diver.-^es  expressions  où  ce  mot 
entroit  autrefois  selon  l'orthographe  qui!  a 
conservée. 

1°  Teste  couronnée  se  di?oit  en  termes  de  chasse 
"  lorsque  les  espois  (pour  andouillers)  qui   sont 
«  plantez  en  la  sommité  de  la  pei'che  sont  rengez 
"  en  forme  de  couronne.   ■■    rouilloux,   \'énerie 
folio  20.) 

2°  Couronné  un  lion.  SorSede  monnoie  des  comtes 
de  Flandres  el  les  ducs  de  Bourgogne.  On  lesdistin- 
guoil  sous  les  dénominations  suivantes  :  Couronne:.- 
au  grand  escu.  Couronne-^  augustins.  Couronnex-  à 
iaignelet.  Couronne-^  à  la  trangmnué.  Couronnex 
à  la  croix  S.  .indrieu.  Couronnex  à  la  droite  croix. 
(Voyez  Du  Cange.  au  mot  Leones: 

3"  Lijon  couronné  est  un  animal  fantastique  dont 
il  est  mention  dans  Lancelol  du  Lac.  "  Si  avoil 
»  celluyjonr  Lyonnel  esté  nouveau  chevallier,  et 
»  celluyjonr  se  esloil  combaln  un  L'ion  couronné 
'<  de  Libe  que  l'en  amena  à  la  court  du  roy  Artus. 
■'  Car  onques  mais  Lijon  couromié  n'avoit  esté  veu 
"  en  la  terre  de  Bretaignc,  si  l'occist  celluy  joui- 
>■  Lyonnel  par  sa  pioesse,  et  donna  à  messireVvain 
«  la  peau  du  lyon  à  quant  (pour  le  tems  que)  il 
"  seroitvenn  ;1  court  pour  mettre  sur  son  escu.  » 
(Lcinc.  du  Lac.  t.  I,  loi.  L48.) 

'i"  Cour  couronnée.  Cour  plénièie,  ainsi  qualiliée 
parce  que  nos  rois  y  présidoient.  la  couronne  sur 
la  tête  et  revêtus  des  habits  royaux.  (Du  Cange. 
Dissert,  sur  Joinv.  p.  86.;  (3) 

ô"  Sloi  couronné.  L'auteur,  en  se  .^ervant  de  celte 
expression,  a  voulu  faire  allusion  au  roy  des  trou- 
vères, jongleui'S  ou  mcneslriers  qui  portoient  une 
couronne  sur  la  lète,  ou  aux  poêles  dont  la  récom- 
pense ordinaire  êloil  une  coui'onne  ,  lorsqu'ils 
remportoient  le  prix. 

Bien  sul  fins  roi  courunnés. 

M"  Pierre,  Po.'s.  IISS.  Vatican,  u- 1490,  f"  23,  P.". 

0°  Couronné  d'oignons.  Façon  de  parler  nouvelle 
et  ridicule,  en  usage  du  lemps  de  Molière.  ■■  Une 
«  souppe  à  bouillon  perlé,  soustenue  d'un  jeune 
'  gros  dindon  cantonné  de  pig.  onnaux,  et  cou- 
«  ronné  d'oignonsh\imc&,  mnviez  avec  la  chicorée.  ' 
(Bourg.  Gentilh.  act.  't,  se.  I. 

Couronner,  verbe.  Nous  ne  citons  ce  mot  qui 
subsiste  que  pour  remaniuer  que  l'on  disoit  autre- 
fois >■  couronner  un  l'aucon  du  chapperon,  »  pour 
lui  mettre  le  chapperon.  (Fouilloux,  Fauconnerie. 


(n  Edition  Kervyn  (XIV,  20).  (n.  e.) 

(i)  La  lettre  de  couronne  était  donnée  par  l'évêque  en  témoignage  de  cléricature  :  »  En  Taisaiit  apparoir  au  suppliant  de 
une  lettre  de  couronne  ou  tonsure,  »  (.TJ.  155,  p.  255,  an.  -1400.)  On  lit  encore  au  reg.  .U.  204,  p,  92,  an,  1474  :  <  Jehan  de  Berry 
dist  au  suppliant  qu'il  avoit  emblé  une  robe  à  Gyen  et  la  lettre  de  couronne  de  son  maistre.  «  (n.  e.) 

(3)  Edition  Henschel,  t.  II,  partie  II,  p.  20.  (n.  e.) 


co 


—  334  - 


CO 


l'o!.  17.;  Couronner,  en  ce  sens,  vient  de  couronne 
qui  (ir'signe  encore  ;iujoarcl'liiii  le  tluvet  qui  cou- 
ronne le  l)eç  de  roisenu  ;i  l'endroit  où  il  se  joint  à 
l;i  tcte. 

(^oui'oiineiiro,  snbst.  fém.  Terme  de  cliasse. 
Il  se  dit  de  sept  ou  liuit  menus  cors  qui  forment 
iint^  espèce  de  couronne  au  haut  de  la  léte  du  cerf. 
•  Les  andouillieis  jusques  à  la  couronne ure,  pau- 
«  meure,  ou  trouclieui'e  se  doivent  nommer  cors, 
«  ou  clievilleures.  »  (Fouilloux,  Vénerie,  fol.  2(».) 

V.^RIANTES  : 

COURONNEURE.  Fouilloux,  Vénerie,  fol.  20,  V". 
CorKRONXEURE.  Chasse  de  Gast.  Pliéb.  MS.  p.  160. 
t'.ORONNUBE.  Dict.  de  ilonet. 

Couronnier,  ndjeetif.  Propre  ti  faii'e  une  cou- 
ronne. 

Laurier,  te  puis-je  donner  ; 
De  la  branche  conronniern 
Méritant  me  couronner 

Œuv.  de  Baïf,  fol.  25,  V. 

(kiiirpe.  [Intercalez  Coiirpc.  dérivé  de  eolpus, 
coup,  au  reg.J.I.  7>'.\.  p.  '29-2,  an.  131!»  :  »  Par  laquelle 
'  baleure  et  eoni/je  doudit  Jehan  ,  icelle  Agnès 
'  ;ivoitestédedenz  quinzejoursaprès  morte. "](n.e.) 

Courracteui',  siihst.  niasc.  Correcteur.  Rabe- 
l;iis.  parlant  de  la  Chambre  des  Comptes,  se  sert  du 
mol  courracleur  pour  correcteur. 

1.  Courre,  suhst.  masc.  et  fém.Cours'^.  Terme 
de  chasse^  (1). 

*  Au  premier  sens,  ce  mot  est  masculin. 

Laisse  son  courre  rivière. 

Fabl,  MSS.  du  R.  n"  TOI.-.,  t.  II,  fol.  170,  R»  co!.  I. 

I*e  là,  on  disoit  tigurcment  : 

Sanc  saut  de  plaies  au  miex  courre. 

G.Giiiart.  MS.  fol.  270,  R'. 

^Ce  mot  subsiste  comme  terme  de  chasse;  c'est 
le  lieu  où  l'on  met  les  lévriers  pour  prendre  le 
loup  ou  autre  hèle,  etc.  En  ce  sens,  il  étoit  toujours 
féminin.  On  l'emploie  aujourd'hui  en  l'un  et  l'autre 
sens.  «  Pour  les  sangliers  les  deffenses  se  doivent 

■<  mettre  comme  pour  loup, et  vostre  courre 

a  aussi  de  mesme,  y  placer  vos  lévriers, sinon 

»  qu'il  la  l'aul  faire  plus  courte,  et  plus  estroile.  » 
iSalnove,  Vénerie,  p.  302.) 

2.  Courre,  verbe.  Courir  et  couler  (-2).  Cette 
ancienne  orthographe  se  conserve  encore  en  termes 
de  chasse.  Un  disoit  autrefois  : 

1  Courre  et  corner  emicinble.  (Les  Quinze  Joyes 
du  Mariage,  p.  11  S.)  C'est-à-dire  qu'on  ne  peut  faire 
à  la  l'ois  deux  choses  contraires.  On  dit  encore  en 
ce  sens  :  «  Sonner  les  cloches  et  aller  à  la  pro- 
■•  cession.  » 

1°  Laisser  courre,  pour  négliger,  laisseraller,  par 


allusion  au  terme  de  cliasse ,  laisser-courre. 
»  Femme  doit  tenir  les  héritages,  et  choses  immeu- 
«  blés  de  son  douaire  en  bon  estai,  comme  les 
"  maisons,  vignes  et  toutes  autres  ciioses;  et  si  elle 
«  laisse  courre  les  vignes,  ou  partie  d'icelles  de 
«  tailler,  et  bescher,  par  l'espace  de  deux  années 
"  continuelles,  elle  perd  .son  douaire.  »  (Coul.  du 
Maine,  Coul.  Cén.  t.  Il,  p,  I4(>.) 

Fartons  de  parler  :  L'an  qui  corroit  pour  l'année 
courante.  '.Perard,  Histoire  de  Bourg,  p.  473,  titre 
de  1252.)  (3)  L'an  de  nostrc  seigneur  qui  coroit  per, 
etc.,  pour  1  année  courante,  etc.  (Formule  de  date 
dans  Du  Douchel,  Gén.  de  Coligny,  p.  58,  litre  de 
1268),  et  l'an  qui  corroit  per  mil  dous  cens,  etc., 
pour  l'année  courante  mil  deux  cens,  etc.  (Perard, 
Hist.  de  Bourg,  p.  474,  litre  de  1253.) 

C0N,U)r.AlS0N. 

Correil,  pou:-  il  court.  (S.  Bern.  S.  fr.  Mis.  p.  35,) 

Correiz-,  pour  courrés.  (S.  Bern.  Serin,  fr.  mss. 
p.  60,  dans  le  latin  currile.) 

Corressiens,  pour  (pourrons.  (S.  Bern.  Serm.  fr. 
.MSS.  p.  331,  dans  le  latin  curramus.) 

Corroil,  pour  courroil.  (Du  Bouchet,  Gén.  de 
Coligny,  p.  63,  lil.  de  1246.) 

CorI,  pour  il  court.  (S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  51 
et  191.  dans  le  latin  currit.) 

Corl  ades  aval  (dans  S.  Bernard,  Serm.  fr.  mss. 
p.  230.) 

VARIANTES    : 
COURRF.. 
CORRE.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  343,  en  latin  discurrerc . 

Coiirreil.  [Intercalez  Courreil,  verrou,  devenu 

C7'0il,  d'où  crouil'er,  encore  employé  dans  Seine-et- 
Oise:  «  [cellui  Guionnet  de  toute  sa  force  frappa 
<'  audit  huys,  tellement  qu'il  rompit  le  courreil 
«  d'iccllui  èl  se  ouvrit  ledit  huvs.  •>  (.I.J.  18'i,  p.  345, 
an.  1471.)]  (n.  e.) 

Courrements,  subst.  masc.  plur.  Coureurs. 
«  Le  chevelain  qui  souffre  dommaiges  par  embus- 
«  ches  qui  l'ont  surprins  ne  se  peut  excuser  de 
«  faulte,  car  il  s'en  eusl  peu  bien  garder,  s'il  eust 
«  envoyé  de  devant  des  courrements,  congnoes- 
"  seurs  en  telles  hesongnes.  »  (Instr.  de  chev.  et 
exercile  de  guerre,  ms.  fol.  8.) 

Courreries,  subst.  fém. plur.  Courses  (4).  Prises 
faites  en  pays  ennemi.  (Voyez  Lelt.  de  Louis  XII, 
t.  IV,  p.  183.) 

Courreseiisement.  [Intercalez  cel  adverbe 
d'après  le  reg.  .IJ.  146,  p.  339,  an.  1.394:  «  Le 
«  suppliant  lui  respondi  courreseusement  que, 
■'  sauve  sa  grâce,  il  lui  devoit  son  argent..  »]  (n.  e.) 


(1)  C'est  aussi  ;  1»  Un  câble:  «  Lequel  Jelian  brisast  une  courre,  à  laquelle  esloit  estachié  une  nef.  »  (J.L  98,  p.  257. 
.m.  i;^i.)  2»  Un  tournoi  :  «  Sans  courre  de  lance  de  fresne  Fist  un  an  entier  à  Riauquesne.  »  ifi.  Guiart,  Du  Gange.  IV,  22, 
col.  2)  (N.  E.) 

(2)  «  On  doit  courre  au  devant  des  fraudes  et  des  bares  qui  sont  fêtes  par  marciés.  «  (Beaum.,  XXXIV,  47.)  (n.  e.) 

i3;  Elle  osl  surtout  fréquente  dans  les  chartes  lorraines:  «  Se  fui  fat  en  l'an  que  li  milliares  corroit  par  mil  et  dous  cens 
>.^t  sexante  neuf  ans,  en  mois  d'avril.  »  (Bonnardot,  rapport  sur  une  mission  en  Lorraine,  Arch.  des  Missions,  1873, 
p.  273.)  (N.  E.) 

(4)  Comme  le  bastarl  de  S.  Pierre  feust  allé  en  coitrceW';  avec  plusieurs  autres  ;...  en  laquelle  connwie  eussent  esté 
;-;angiiez  trois  chevaulx.  »  (.IJ.  -170,  p.  6.5.  an.  U17.)  (n.  e.) 


co 


335  — 


Lo 


1.  Courrier,  Sit&s/.  »iasc.  Huissier  *  (1).  i[es- 
sager  °. 

*  Ce  mot,  très  souvent  employé,  désigne  dans 
un  mystère  un  sergent  ou  tiul^sier  eavoyé  par 
Pilate  pour  lui  amener  J.  Christ. 

Quelques-uns  prétendent  qu'il  a  signifié  aussi  un 
procureur,  un  intendant  chargé  des  affaires  de 
quelqu'un,  avec  une  espèce  de  juridiction  ou  de 
droit,  pour  faire  arrêter  lesdélinquans  et  faireexécu- 
ter  les  sentences.  (Du  Cange.au  mot  CorrerariKS  ('2). 
—  Laur.  (iloss.  du  IJr.  fr.  etc.)  Le  procureur  de  la 
Grande  Chartreuse  se  nomme  encore  aujourd'hui 
Courrier. 

"  Le  vrai  sens  de  courrier  (3),  et  celui  qui  lui  est 
resté,  est  messager.  En  ce  sens,  on  disoit: 

1°  Le  muitre  dea  courriers,  pour  le  directeur  de 
la  poste.  «  Vous  verrez  par  la  lettre  d'Orlandin, 
«  mailre  des  courriers  de  Lyon,  que  je  vous  envoie, 
«  etc.  «  (Mém.  de  Bellievre  et  de  Sillery,  p.  2G5.) 

2°  Major  courrier,  peut-être  pour  le  maître  des 
postes.  «  Le  S'  de  la  Varenne  fut  choisy  par  le  roy 
■'  (contre  voslre  opinion)  seulement  sous  couleur 
«  d'aller  comme  de  luy  mesme,  et  sans  charges,  ny 
"  lettres  du  roy,  travailler  à  quelque  règlement  des 
«  postes  des  frontières  pour  lesquelles  il  y  avoit 
"  quelque  dispute  avec  le  courrier  major  d'Espa- 
«  gne.  »  (Mém.  de  Sully,  t.  II,  p.  73.) 

2.  Courrier,  adj.  Qui  court.  Ce  mot  se  trouve  en 
ce  sens  ,  dans  Charron  :  Messagers  courriers. 
(Sag.  p.  121.) 

Gourrillé,  adjectif.  Barré,  fermé  comme  au 
courrait  ou  correau.  (Voyez  ce  mot.)  «  Nous  avons 
«  tenu  noslre  lioslellerie,  par  l'espace  de  trois  ans, 
«  devant  la  porte  de  paradis,  avec  fort  peu  de  gai ng; 
»  car  les  portes  estoient  tousjours  cadenacées  et 
'■  couritlées,  et  toutes  moisies  pour  n'estre  souvent 
«  remuées.  »  (Merlin  Coca'ie,  t.  Il,  p.  259.) 

Courrocier  ,  verbe.  Ternie  de  fauconnerie. 
«  Diex  comme  c'est  beau  déduit  de  veoir  prendre 
«  une  alouete  à  l'escource  à  ung  espervier.  Quant 
"  ung  bon  espervier  a  chassé  une  aloe  bas  et  hault, 
«  et  il  l'a  laisse  si  hault  qu'on  peut  regarder,  et  ung 
«  autre  espervier  l'a  couverte,  et  courrocie,  et  on 
«  la  laisse  aller,  si  la  requerre  en  volant  contre- 
"  mont  que  belle  chose  est  a  regarder.  »  (Modus  et 
Racio,  fol.  70.) 

VARIANTES  : 
COURROCIER. 
CoRRECER.  s.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  25. 

Courroubio,  subst.  masc.  Sorte  de  fruit,  ainsi 
nommé  dans  le  Languedoc.  (Dictionnaire  de  Borel, 
au  mot  Cenelle.) 

Courroiiçalîle,  adj.  Triste,  colère.  (Gloss.  sur 
les  Coul.  de  Beauvoisis.) 


N'estoit  ioyeu.x,  ne  •yiurmitçable. 

Vij.  de  Charles  vu,  p.  37.1.  i. 

VARIANTES    : 
COURROUÇABLE.  Vig.  de  Charles  VU,  t.  I,  p.  37. 
COURBOUSSABLE.  Fabri,  Art  de  Rhét.  liv.  I,  i"  40,  Y". 
CouRSAULE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  f"  83. 

Courroucer.  [Intercalez  Courroucer,  au  sens 
de  maltraiter:  »  Alez  vous  en;  se  je  vouloye,  je 
«  vous  cofO'/'Oîiwroyt^  tout  maintenant,  et  se,  vous 
»  me  ferez,  je  vous  courroucerai.  »  (JJ.  138,  an. 
1300.)  Ou  lit  encore  au  reg.  JJ.  103,  page  308, 
an.  140i):  «  Le  suppliant  dist  à  icelle  Jehanne  que 
«  si  feroit,  ou  elle  en  seroit  courrouciée;  et  ladite 
"  Jehanne  lui  dist  qu'elle  le  feroit  si  bien  courrou- 
»  cier.  >>  Dans  Froissarl,  il  signifie  plutôt  pousser 
au  chagrin  qu'il  la  colère:  «  11  estoit  plus  resjoï 
"  que  courrouchié  (XIV,  1).  »]  (n.  e.) 

Courrouceux  ,  adj.  Fâcheux  *.  Fâché  ^. 
Colère  =. 

*  Au  premier  sens,  ce  mol  a  une  signification 
active.  «  Non  point  avec  parole  tant  aigre,  necoar- 
«  rouceuse.  »  (Lelt.  de  Louis  XII,  t.  II,  p.  190.) 

^  Dans  le  sens  passif,  il  signilioit  fâché  : 

Iriez  en  sui,  et  corocos. 

Parlon.  de  Bl.  MS.  de  S.  Germ.  fol.  131,  V"  eu!.  \, 

Je  ne  fui  pas  coroucos. 

Le  Conle  de  la  Marche,  Focs.  MSS.  avant  13Û0.  T.  11.  p.  "SI. 

"^  De  là,  courrouceux  a  passé  à  la  signification  de 
colère,  l'habitude  d'être  lâché.  »  On(|ues  ne  f)it 
«  prince  moins  courrouceux.  ■  Tlisl.  de  la  Toison 
d'or,  vol.  I,  f"l-29.) 

VARIANTES    : 
COURROUCEUX.  Lett.  de  Louis  -N^II,  t.  II,  p.  190. 
COROUCEUS.  FaW.  MSS.  du  R.  n»  7'218,  f«  0-2,  R»  col.  2. 
CoROUCOus.  Fabl  MSS  du  R.  n»  7218,  f>  344,  V»  col.  2. 
CoROUco-s.  Poës.  MSS  avant  13a),  t.  H,  p.  7,51. 
Corocos.  Parton.  de  Rlois,  MS.  de  S.  G.  f»  137,  V»  coi.  1. 

Courroyette,SH/;.sf. /■<'?«.  Diminutif  de  courroie. 
Petite  ceinture.  ■■  Si  les  suyvoient  douze  damoyselles 
«  veslucsdecanises  sceinctes dessusde  courroyettes 
•'  estroictes,  gentes  de  corps,  et  si  bien  taillées  que 
"  ce  esloit  img  deduvt  à  regarder.  »  (Perceforest. 
vol.  II.  f°  117,  V"  col.  i.  -  Voyez  ibid.  f"  118.) 

Cours,  subsl.  masc.  Arrérages  *.  Redevance  ^. 
Temps  fixé  pour  les  études  '^.  Livres  nécessaires  au 
cours  d'études  °.  Corps  de  logis  ^.  Course  ''.  Terme 
de  chasse  °.  Dimension  "  (4). 

*  Dans  le  premier  sens,  cours  répond  à  la  signifi- 
cation du  verbe  courir  en  parlant  des  rentes.  On 
appeloil  cours,  les  arrérages  échus  ou  à  écheoir. 
"  Renies  achettées  au  des.s'ousdu  juste  prix  sont  de 

«  nulle  valeur  et  le  vendeur  sera  quitte  en 

'<  restituant  les  deniers  capitaux  et  néanmoins  le 
«  cours,  s'il  en  a  payé  quelqu'un,  en  sera  déduit.  » 
(Coût,  de  Bouchante,  .Xouv.  Coût.  Gén.  t.  I,  p.  789.) 
«  L'héritier  de  l'usufruitier,  ny  du  premier  décédé 


(1)  C'est  aussi  le  prêtre  qui  chante  le  cursun,  l'office  divin  ;  «  ,lehan  Girard  clerc  courrier  et  habitué  en  l'église  collégiale 
de  S'  .luhen  de  Beaune.  »  (.1.1.  187,  p.  321,  an.  1458.)  (N.  E.) 

(2)  «  Criée  fust  laicte  au  lieu  de  Dommainne  de  par  le  cnttrrier  d'icellui  lieu,  que  ung  chacun  alast   curer  et  nettoyer  le 
bealaige  de  la  rivière  dudit  lieu.  »  (JJ.  204,  p.  136,  an.  1470.)  Voyez  aussi  Ord.,  III,  p.  269.)  (N.  E.) 

(3)  Plus  anciennement  on  employait  corlieu.it,  corliu  ;  voyez  ces  mots.  (N.  E.) 

(4)  Il  signifie  encore  service  de  table  ;  «  Et  se  doit  la  largesse  crier  quand  ils  sont  à  disner,  quand  le  segont  cmirs  et 
entremais  sont  servis.  »  (Office  du  Héraut  sous  Henri  VI.)  (N.  e.) 


C(.) 


336  - 


co 


•  ii'ii  point  de  ilroil  au  cours  des  rentes,  etc.  « 
r.oiit.  de   GaïKl,    ihid.    p.   10! 7.  —  Voyez   CniiiANs 

ci-dessus  dans  ie  mèmL-  sens.' 

°  Cours  .  comme  redevance,  vient  de  cour  de 
inéiiaije,  ou  ba^^e  cour.  •■  Dans  ie  pays  de  Bresse 
■   (irdinairemenl    le   siiMUgei'    doit   à  son    mailre 

•  vini;l  ceuls  par  (loule,  six  poulets,  six  clnipons, 
'  lanl  de  beurre  et  de  IVomaiie  par  vacbe.  et  iuy 
"  doit  encore  nourrir  un  pourceau,  et  cela  s'appelle 
"  lesfOMî's,  c'esl-à-diiela  basse-courdu  t;rangeage.  " 
(I.aur.  (doss  du  Dr.  iv.]  il  cite  .M.  îfevel ,  sui'  les 
slaliits  deDre^seel  liugcy.  Dans  les  baux  des  métai- 
ries en  Touraim^ ,  on  nomme  ces  l'edevances  droits 
lie  cour  on  profils  de  cour,  ce  ciui  confirme  cette 
étymologie. 

'^  Cours  vient  de  parcourir,  lorsqu'il  se  dit  de 
l'i  spacedu  temps lixcpourcerlaines  études  (1).  «  Les 

•  escolliersiiui  vuellenl  estre  licentiés  en  médecine 
"  doivent  oïi'  en  la  dite  science  par  cinquante  six 
-  mois,  ou  par  six  ans   à  ordinaire  et  à  cours  , 

non  comptées  les  vacations  d'eiiire  Saint  Père  et 
«  la  Sainle  Ci-ois.  »  (Ord.  de  î3oi,  dans  les  Urd. 
des  FiOis  de  Trauce,  l.  Il,  (i.  70. 

°  On  a  aussi  nommé  ro«rs  les  livres  qui  servoient 
aux  écoliers  pour  l'aire  leur  coin-s  d"éludes.  «  Entre 
■•  les  clercs  mariés,  le  principal  coni'sàe  leurs  livres 
"  doit  demeurer  au  principal  boir  du  clerc.  ■• 
fD'Argentré,  Cout.de  Drel.  p.  l'.HO.)  i/édileur  entend 
par  la  «  les  Pandectes,  le  Code,  et  autres  livres  de 
<•  droit  pour  les.inrisconsultes  ;  les  livres  de  Galien, 
'•  ITypocrate,  ei  autres  pour  les  médecins.  »  Au 
lieudi'  cours  de  livres,  il  y  a  dans  le  lai  in  :  prœci- 
pua  librorunt  corpora.  11  falloit  donc  dire  corps  de 
livres,  mais  la  ressemblance  de  cours  et  de  corps, 
jointe  à  l'usage  de  ces  livres  pour  le  cours  des 
éludes,  a  fait  substituer  cours  à  corps. 

^  C'est  piobablemenl  par  une  semblable  confu- 
sion des  mots  corps  et  cours  qu'on  a  dit  cours  de 
iimison,  pour  corps  de  losis.  Au  reste,  nous  avons 
\u  roî/?' signilier  maison  et  partie  de  maison,  ijuoi 
qu'il  en  soit,  celte  expression  est  en  usage  à  Aix, 
en  Provence,  où  j'ai  vu  plusieurs  afllciies  portant 
c'inrs  de  maisons  ù  louer. 

''  Cours  s'est  employé  pour  course,  l'action  de 

courir,  de  galoper,  en  parlant  des  cbevaux.  On 

écrivoil  aussi  cors  en  ce  sens  : 

Gardez  vous  del  trot,  ou  del  cors. 

Fabl.  MSS.du  R.  n-  721H,  fol.  130,  P.-  col.  1. 

<»n  disoit  ù  cours  de  cheval,  an  galop.  (Proissart. 
Iiv.  I,  p  \)-}..)  Venir  le  cors,  venir  en  courant.  (Fabl. 
M-s.  du  R.  n"  "'J18,  f°  130.)  Le  grunt  cors,  précipi- 
tamment : 


Le  ijraul 


6  monta  les  desgrez. 
Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218.  fol.  23M.  R"  col.  2. 


I.nfin  ce  mol.  précédé  seulement  de  l'article/^, 
s'employoit  absolument  et  comme  adverbe  : 


...  Va  les  quérir  le  cour.i  (vite) , 
Et  leur  Jiz  que  sans  nul  delay,  etc. 

Gace  de  la  Digne,  des  Deduils,  MS.  fol.  53,  R". 

.Nous  ajouterons  encore  quelques  expressions 
bors  d'usage  : 

Cours  de  lance,  dans  Monsirelet,  vol.  III.  fol.  5'. 

.Hier  en  cours,  c'est-à-dire  en  course,  en  parlant 
de  galères.  (Brant.  Cap.  Ir.  t.  Il,  p.  387.) 

Uefraindre  de  son  cours,  pour  ralentir  sa  course. 
(Percef.  vol.  Il,  fi.) 

On  disoit  aussi  proverbialement  :  le  pas  ou  le 
cours,  pour  sigiiilier  de  toutes  les  façons  : 

D'autre  part  le  pas  ii  le  cimr.i 
Mandoient  en  France  soucors  (secours), 
A  lor  amis,  partout,  cascun. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  610. 

°  On  appelle  encore  le  courre,  en  termes  de 
chasse,  le  lieu  où  l'on  mettes  lévriers  pour  prendre 
le  loup,  etc.  C'esl-ù-dire  le  lieu  d'où  ils  doivent 
partir  pour  courre  sus.  Cours  paroit  avoir  le  même 
sens  dans  ce  passage  :  »  Heste  à  déduire  comme  on 

doit  asseoir  le  cours  pour  les  dits  lévriers.  >• 
(Fouilloux,  Vénerie,  f"  118.)  On  lil(ibid)  coui'S  àe, 
lévriers,  f»  112.  (Voyez  Coirre  ci-dessus.) 

"  Enfin  cours  a  signifié  et  même  signifie  encore  en 
terme  d'arts  dimension,  »  pour  congnoislre,  selon 
"  les  espaces  des  cbarpenteries,  à  veoir  les  cours 
'•  des  toiz,  par  un  descours  seulement,  quans 
«  milliers  de  clou,  et  de  latte,  et  de  lieuUe  (tuile)  il 
«  aura  ?ur  un  toit.  »  (Eust  Descb.Poës.  mss.  f''39î.) 
C'est  eui  irc  dans  le  sens  de  dimension  qu'on  lit  : 

t\>ur|ioins  do  drap  d'or,  longs  au  rours. 

Coquillart,  p.  173. 

On  a  dit  (2)  : 

I"  fXinse  à  cours,  pour  désigner  certaine  espèce 
de  danse,  peut-être  la  courante.  »  Les  dames  de  la 
"  cour  de  Milan  ne  dansoient  alors  que  les  rfa?;sfs 
"  à  cours.   '■  (Math,  de  Coucy,  Cb.  VII,  p.  719.) 

2"  Leitres  de  cours.  Lettres  courantes  ou  écri- 
ture courante.  •■  C'étoil  l'écriture  usitée  dans  les 
•'  plaidoieries  et  alT.ires  leniporelles.  etqui  deman- 
"  doit  moins  d'atlention,  ■  suivant  M.  Le  Beuf,  qui 
l'oppose  à  lellre  de  forme,  dans  son  Recueil  de 
divers  écrits  pour  servir,  etc.  (T.  11,  p.  261.)  11  est 
fait  mention  de  ces  lellres  de  cours  ou  court  dans 
l'Invenf.iire  des  livres  de  .lean  de  France,  duc  de 
Beiry.  (Voyez  son  Jlisl.  par  Le  Laboureur,  p.  76.) 
On  a  vu  ci-dessus  Lettre  courante,  au  même  sens. 

3°  Tout  le  cou7's  ;  toute  la  vie,  tout  le  cours  de 

la  vie  : 

El  ainsi  femme  lotit  le  cours. 
Puisqu'elle  a  une  lois  changié, 
N'en  sera  nul  homme  pstrangié. 

Eust.  Dosch.  Poi-s.  MSS  fol.  499,  col.  *. 

Il  semble  qu'on  ait  employé  cours  comme  féminin 
dans  un  .sens  où  nous  l'employons  encore  :  «  La 
<■  cours  et  la  valeur  de  nos  monnoyes,  »  pour  le 


(Il  Voyez  un  certificat  d'études  d'un  Barbiste  en  1535.  (Qiiicheral.  liist.  de  S"  Barbe,  I,  324.)  (N.  E.) 

(2)  .\joutez  1°  co-ir.s  (If.  ue.nire,  diarrliée  ;  «  Et  en  y  moru  de  la  boche  et  de  cours  ou  llus  de  ventre  plus  de  vingt  mille 
pers'onni-s.  »  (Froissart,  XI,  293.)  2».S«  coi(/-s,  en  courant,  au  Chaslelain  de  Coucy,  V.  l.'iOG  :  «  Que  hiraut  mainiient  grant 
lintin,  Par  rues  vont  criant  le  cours  :  Or,  sus,  chevaliers,  i  est  jours.  »  De  même  dans  r,.  Guiart  (v.  12471)  :  «  S'en  va  toute 
!.•  cours  fuiant.  >i  (N.  E.) 


co 


31^7  — 


CO 


coui'S  et  la  valeur.  (Oïd.  l.  111,  p.  69.)  Mais  il  y  a 
tout  lieu  de  croire  que  c'est  utie  faute. 

JVARIANTI-S   : 
COURS.  Orthographe  subsistante. 
Cors   Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f»  320,  R"  col.  2. 
Courts.  D.  Morice,  Hist.  de  Bret.  col.  971. 

Cosîi'sable,  adj.  Qui  a  cours.  On  tlisoil,  en  ce 
sens  :  monnniie  coursahle  (1).  (Voyez  Gloss.  de  l'Hist. 
de  Paris  ;  Ord.  des  R.  de  Fr.  l.  I,  p.  482.) 

Coiir.sault,  siibsl.  masc.  Sorle  de  danse.  On 
lait  allusion  à  cette  danse  dans  les  vers  suivans  : 

Là  vous  aprendray  à  dancer 

Au  coiirsaud  et  faire  mains  tours. 

Eiist.  Desch.  Po^-s.  .MSS.  fui.  310,  col.  4. 

V.-iRI.iNTES    : 
COURSE.  Ortliographe  subsistante. 
Courge.  Le  Jouvencel,  p.  351. 

CORCE.  Fabl.  MSS.  du  R.  ii»  7015,  t.  U,  t«  127,  R'col.  2. 
Corse.  Fabl.  MSS.  du  R.  no 7615,  t.  il,  fol.  208,  V"  col.  2. 

Course,  subst.  féin.  L'action  de  courir*.  Cours, 
vogue°.  Chant,  terme  de  poëlique'^. 

*  Au  premier  sens,  ce  mot  suhsisle;  maison  ne 
dit  plus  de  course,  pour  en  courant,  au  galop. 
M'  de  Nemours,  un  mardi -gras,  dans  une  partie  de 
masque  à  clieval,  «  monta  de  course  ^car  ainsy  le 
■'  faloil)  par  le  grand  degré  du  p.'dais  à  Paris.  » 
(Brant.  Cap.  fr.  t.  Il,  p.  400.) 

Si  s'en  acort  toute  In  corre. 

Fabl.  MSS  du  R.  n-  'Bl."),  I.II,  M.  1-27  i2j. 

G'est-ù-dire  à  toutes  jambes.  Cette  ellip.se,  qui  se 
taisoit  par  le  retranciiement  d'une  préposition  ou 
d'un  article,  comme  dans  le  vers  que  nous  venons 
de  citer,  étoil  autrefois  1res  fréquente. 

°Nous  disons  encore  d'une  cliose  en  vogue  qu'elle 
a  cours.  Course  a  eu  la  même  signification  figurée. 

Fabliaux  sont  or  moult  en  corse. 

Fanch.  Lang.  et  Poi'S.  fr.  p.  170. 

De  môme,  en  parlant  des  monnoies  : 

Pour  moy  n'a%-ez  rien  fait  eucor. 
Et  s'espeiuchiez  si  l'argent, 
Hz  sont  de  bon  or,  et  de  gent. 
Du  coing  du  Rov,  et  ont  leur  course. 

'Eusi.  Desch.  rocs.  MSS.  fol.  373,  cul.  i. 

'^Composer  un  poème,  c'est,  suivant  une  niéta- 
piiore  empruntée  des  Latins,  fournir  une  carrière, 
la  parcourir.  De  là,  te  mot  courses  employé  figuré- 
ment  pour  désigner  les  clianls  d  un  poème  épi(iiie. 
Yoy.  Goujet,  Dibl.  fr.  t.  XUI,  p.  1ÎI9.) 

Coursée,  [intercalez  Coursée,  évolutions  ù 
cheval,  dans  l'roissart  ,  YllI  ,  330:  .  Et  lisent 
«  leur  monslie  et  leur  coursée  devant  les  bar- 
«  lieres.»]  (n.  e.) 

Coursel.  [Intercalez  Course!  ,  tombereau  , 
brouette  :  «  Les  supplians  firent  mener  nng  coursel 


«  à  deux  roës,  chargé  de  pierres.  >'  (JJ.  187,  p.  109, 
an.  1455.)]  (n.  e.) 

Courserot,  suhst.jnasc.  Diminutif  decoursier*. 
Diminutif  de  cors.tire". 

*  Dans  le  premier  sens,  on  a  dit  «  un  petit  roîtr- 
«  serot  bay  qui  est  fort  adroit.  »  (lîisloire  du 
cbev.  Bayard,  p.  31) 

^Oudin  explique  aussi  courserot  par  petit  cor- 
saire. (Dict.  d'Oudin.) 

Courseuse,  suhsC  féni.  Sorte  de  jeu.  L'auteur, 
parlant  à  la  .Mortel  regrettant  une  jeune  personne 
qu'elle  avoit  enlevée,  dit  : 

Tu  joues  à  la  courseuse 
Orrible,  laide  et  hideuse, 
Fuy  t'en,  je  te  proy. 

Eusl.  Dcsoli.  Pocs.  MSS.  fol.  193,  col.  3. 

i.  Coursier,  subst.  nuise.  Courrier*.  Sorte  de 
canon  ^  (3). 

*Au  premier  sens,  ce  mit  vient  de  course.  On  lit 
«  messagier  en  manière  de  coursier.  »  (Chron.  fr. 
Ms.  de  Nangis,  an  929.  —Voyez  Chron.  de  S.  Denis, 
t.  i,  fol.  133.) 

^  Nous  avons  vu  courcie  pour  galère  ;  de  là  on  a 
nommé  coursiers  les  canons  dont  on  se  servoit 
pour  les  armer  (4).  «  Les  galères  se  disposent  à  écar- 
.'  ter  l'ennemi  avec  ces  grosses  pièces  d'artillerie  à 
«  qui  l'on  a  donné  le  nom  de  coursiers.  »  (Histoire 
de  Louis  XIV,  par  Peliss.  t.  l,  liv.  II,  p.  208.) 

2.  Coursier,  adj.  et  subst.  Qui  est  propre  à  la 
course.  Nous  avons  vu  que  coursier  signifioit  che- 
val (au  mot  corsaire).  On  se  servoit  aussi  de  ce  mot 
pour  épithète  de  cheval  (5). 

Estoit  sus  un  corder  cheval. 

Hist.  de  Fr.  à  la  sui:e  Ju  Rom.  de  Fauvel,  fol.  Sh. 

Coursiére  étoit  aussi  épithèle  de  jument.  Jument 
coursière.  (Hist.  du  chev.  Bayard,  page  278.)  Mule 
coursiére.  (Dict.  de  Cotgr.)  Oii  disoit  encore  galère 
coursiére.  »  Et  avoyent  nefs  coursieres  qui  cou- 
«  roient  sur  les  bandes  de  Normandie  pour  avoir 
'<  des  nouvelles.  -  (i'roiss.  liv.  II,  p.  281.) 

varia>;tes  : 
COURSIER.  Brant.  D"  Gall.  t.  II,  p.  457. 
CORCIER.  Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Kom.  de  Fauv.  f-  85. 

Coursif,  adjectif.  Gonranl.  On  a  dit  lettres 
coursives,  pour  lellres  courantes,  écr-iture  cou- 
rante, par  opposition  aux  versâtes  pour  majuscules, 
(habelais,  t.  II,  page  129  et  note  29.  -  Voy.  Dict.  de 
Cotgrave.) 

Courson,  subst.  niasc.  En  général.  t;o(/rsoM  est 
une  branche  d'arbre  de  l'année  précédente,  coupée 
au-dessous  du  trois  ou  quatrième  œil.  Nicol  dit  que 
"  c'est  un  sarment  à  deux  yeux,  ou  trois  duquel. 


(1)  «  Ils  ordonnèrent  à  faire  forgier  une  monnoie  coursniile  en  trois  pays.  »  (Froissart,  III,  216.)  (N.  E.) 

(2)  On  lit  dans  G.  Guiarl  (v,  •1250(5)  :  .<  S'en  vont  enti'eus  fuiant  la  roui-se.  »  (N.  E.) 

(3)  C'est  aussi  une  sorte  de  bâtiment  léger  ;  «  Quant  nostre  marinier  nous  orent  ramenez  dou  bras  dou  fium  là  où  ils 
nous  orent  en  batus,  nous  trouvâmes  les  courriers  le  roy,  que  ii  roys  nous  avoit  establiz  pour  nos  mallades  deffendre,  qui 
s'en  venoient  fuyant  vers  Damietle.  ><  (.loinville,  S  315.)  (N.  e.) 

(i)  C'^  canon,  placé  sous  le  coursier,  serait  au.jourd'hui  un  canon  de  chasse.  (N.  E.) 

(5)  «  Trois  manières  sont  de  chevau.K  qui  sont  Pour  la.jouste,  les  uns  nommés  destriers,  Haulz  et  puissans  et  qui  très 
grand  force  ont  ;  Et  les  moyens  sont  appeliez  coursiers.  Ceulx  vont  plus  tost  pour  guerre  et  sont  legiers  ;  Et  les  devrains 
sont  ronçins,  et  plus  bas  Clîevaulx  communs  qui  trop  font  de  debas,  Au  labour  vont,  c'est  du  genre  villain.  »  (E.  Deschamps, 
fol.  234.)  (N,  E.) 

IV.  'lo 


co 


338  — 


CO 


"  (liKinJ  est  sorti  du  liois  portant  fruit,  tout  ce  qui 
"  est  vieil  saruient  au  dessus  estcoupi'.  "C'est  pro- 
preuieut  ce  iiu'Oudiu  appelle  coursoii  de  vigne.  On 
disoil  aussi,  selon  \e  même  OucWn,  cow'son  de  rave 
pour  tronçon  de  rave. 

Courso)i  de  ventre  pour  llux  de  ventre,  cours  de 
ventre,  se  disoit  en  ('quivonuant  du  mol  cours  au 
mot  courson  (I).  (Uict.  de  Borel,  1'"  add.)  11  ne  cite 
aucune  autorité,  mais  rien  n'est  si  commun  que 
ces  métonymies  fondées  sur  de  pareilles  équivo- 
ques, dans  nos  anciens  auteurs. 

(^oiirsouoii",  subst.  nuise.  Coursier.  Terme  de 
marine.  (Voy.  Uab.  t.  lY,  p.  '208.) 

1.  Court,  subst.  masc.  Restant  dû.  »  Celuy,  ou 
«  ceux  ayans  vendu  rentes  sur  fief,  ou  alloet  (àlleu) 
<i  excédant  lors  le  revenu  annuel  dudil  fief  ou 
•<  alloet,  seront  sujects  de  faire  réassignalion  du 
«  court  sur  leurs  autres  biens ,  et  payer  les 
•■  arriérâmes.  »  (Coût,  de  Haynaut,  Nouv.  Coul. 
Gén.  t.  II,  p.  120.) 

2.  Court,  adj.  C'est  une  faute  pour  couart,  dans 
le  Rom.  de  Rou,  ms.  p.  60.  (Voyez  Coar  ci-dessus.) 

3  Court,  adj.  Ce  mot  subsiste  sous  cette  ortho- 
graphe. On  trouve  les  autres  sous  les  cilalions  que 
nous  indiquons. 

Ne  soit  trop  cors,  ou  trop  Ions. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  "015,  t.  I,  fol.  1 13,  R-  col.  I . 

Cet  article  n'est  inlére.ssant  que  par  la  variété 
des  expressions  que  fournit  ce  mot.  On  disoit  : 

1"  Court  baron.  (Voyez  Sldnn.  voc.  forens.  Expos, 
au  mot  Hélinot.) 

2°  Court  balon  pour  gourdin.  (Oudin,  Dictionn. 
et  Cur.  fr.) 

3"  Le  court  bâton  étoil  une  espèce  de  jeu.  (Rab. 
t.  I,  p.  147.)  Peut-être  le  bâtonnet. 

4"  Tirer  au  court  baston.  Nous  disons  encore 
tirer  à  la  courle-paille.  On  trouve  l'origine  de  l'une 
et  l'autre  façon  de  parler,  dans  le  .lourn.  de  Verdun, 
cet.  1750,  p.  208. 

5°  Court  /'('S/H,  dans  le  sens  où  nous  disons 
courte-paille.  (Colgr.  et  Ménage,  Dict.)  «  Trois  dames 
«  jouent  au  court  festu  à  qui  d'elles  aura  Bouci- 
«  quaut.  »  (Voyez  le  chev.  de  la  Tour,  luslr.  à  ses 
filles,  fol.  1-i.) 

6°  Aune  courte,  distinguée  de  l'aune  françoise, 
dans  la  Thauni.  Coût,  de  Berry,  p.  129. 

7"  Courte  balle  pour  courte  paume.  «  Ballet  de 
«  joueurs  de  courtes  baies  dansé  par  M.  le  comte 
»  de  Palet,  le  mercredy  douze  février.  »  (Beauch. 
Rech.  des  Th.  t.  111,  p.  03.) 

8°  Courte  rubbe.  Nous  disons  robe  courte.  Lieii- 
teuant  de  courte  robbe.  (Coût.  Gén.  t.  1,  p.  552.) 

9°  Monnoye  courte,  pour  monnoie  rognée  ou 


légère.  \Oudin ,  Cur.  fr.)  «  Tesmoignage  de  ta 
«  foiblesse  et  insuffisance  humaine,  qui  à'  faute  de 
"  bonne  monnoye,  employé  la  courte,  et  la  fausse.  » 
(Sag.  de  Charr.  page  220.) 

10°  Courtes  fesses  ou  Courte  heuse.  Ce  dernier 
étoit  le  surnom  de  Robert,  fils  de  GuilIaume-le-Con- 
quérant.  (Voy.  Itict.  Elym  de  Ménage.)  (2) 

On  dit  encore  courte  botte  pour  signifie)'  pelit, 
un  nain. 

11°  Sujet  aux  courley.  chausses  se  disoit  d'un 
homme  de  complexion  amoureuse.  «  Philippe  2% 
«  duc  de  Bourgogne  aima  tant  sa  troisième  femme 
«  Isabelle  de  Portugal  qu'il  fist  serment  de  n'en 
«  avoir  jamais,  quoiqu'il  fust  fort  sujet  aux  courtes 
»  chausses  (que  nous  disons  à  Paris  estre  d'amou- 
«  reuse  manière)  et  coustuinierd'allerau  change.  » 
(Favin,  Th.  d'honn.  t.  Il,  p.  937.)  S.  Julien,  parlant 
de  Charles-le-Chauve,  dit  qu'il  étoit  «  aussi  subjel 
»  aux  courtes  chausses  queLoys  son  père.  »  (Mesl. 
histor.  p.  46. 1 

12°  Répondre  courte  messe,  pour  répondre  briève- 
ment. 

A  tels  chanteurs  rcimndez  couvIk  messe. 

Eusl.  Dcsdi.  Poés.  MSS.  fol.  -lîi,  col.  9. 

13°  On  disoil  au  méine  sens  tenir  cort  de  nou- 
velles. 

Cele  part  son  chemin  torna 
Des  novellett  le  tint  moult  eorl. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  'rllS,  fol.  230.  R'  col.  2. 

14°  Tenir  de  court  ou  tenir  court,  serrer  de  près, 
presser  (3).  Cette  façon  de  parler,  empruntée  des  com- 
bats en  champ  clos,  subsiste  encore.  Mais  on  remar- 
que da/!s  les  passages  suivans  quelque  ditTérence 
entre  l'ancien  usage  de  celte  expression  et  celui 
qu'on  en  fait  aujourd'hui.  On  ne  diroit  plus  :  •  Le 
«  chevalier  la  tint  si  court  qu'elle  ne  pouvoit 
«  entendre  que  à  luy.  ■>  (Percef.  vol.  III.  fol.  130.)  (4) 

Que  moult  le  voudra  tenir  cort. 

Fabl.  JISS.  du  R.  n-  721S,  fol.  :>26,  V-  col.  i. 

Il)'  Jetter  la  courte  paille,  manière  de  tirer  au 
sort  usitée  pour  les  parlagesdes  successions.  (Nouv. 
Coût.  Gén.  t.  1,  p.  717.) 

10"  Savoir  le  court  et  le  long  (5)  d'une  affaire,  la 
connoitre  à  fond,  en  savoir  les  détails  et  les  dépen- 
dances. ^Oud.  Dict.  et  Cur.  fr.) 

17°  Estre  à  son  court,  dans  lesensoù  nous  disons 
rester  court,  au  figuré  être  attrapé. 

L'hôtesse  /"))(  bien  o  so»  court. 

\'illon,  Rep.  Franches,  p.  2*3. 

18°  On  disoit  adverbialement  de  court,  pour 
promplemeut,  sans  délai. 

Si  envoya  à  eulx  de  court, 
Pour  ralver,  etc. 

Vigiles  de  Charles  VU.  t.  1.  p.  169. 

19°  Court  et  plat,  pour  absolument  et  en  peu  de 


(1)  Voyez  Corson.  (N.  E.) 

(2)  Voyez  Du  Gange,  sous  Brevisocrea.  (N.  E.) 

(3)  On  lit  dans  Froissait  (II,  l.")5)  :«  Toutes  autres  coses  lor  estoient  si  chieros  et   si  court  tenues  que   il  n'en   pooient 
recouvrer.  »  Voyez  antérieurement  Récits  d'un  Ménestrel  de  Reiras,  §  260,  (N.  E.» 

(4)  On  lit  encore  au  fol.  4.5  ;  «  Pour  ce  ne  laissent  pas  qu'ilz  ne  se  mettent  à  la  voye  par  devers  la  vieille  que  la  jeune 
demoiselle  et  ses  deux  chamberieres  tenoient  toute  courte  ;  car  elle  s'en  vouloyt  fuyr.  »  (n.  e.) 

(5)  On  lit  aussi  dans  l'Amant  Ressuscité  (p.  486)  ;  «  .\yant  un  désir  importun  de  mon  retour,  pour  en  si,avoir  moy  mesmes, 
comme  on  dit,  le  court  et  le  long.  »  (N.  E.) 


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CG 


temps.  "  Vous  estes  en  péril  Je  vous  voir  court  et 
»  plat  desconfit.  »  (Lelt.  de  Pasq.  t.  III,  p.  62'2.)  (1) 
On  disoit  proverbialement  : 
Corte  folie  est  plus  saine 
Que  longue. 

Fabl.  MSS.  du  P..  n"  7-218,  fol.  23G,  V»  col.  1. 

Nous  disons  encore  dans  le  même  sens  :  Les  plus 
courtes  folies  sont  les  meilleures. 

VARIANTES  : 
COURT.  Orth.  subsistante. 
CORT.  Fauch    Lang.  et  Poës.  fr.  p.  t32. 
Cors.  Dict.  de  Borel  et  de  Corneille. 
CiiEURT.  Dict.  de  Borel. 

Courtages,  subst.  masc.  ptur.  Complimens  de 
cour.  Honneurs  et  respects  h  la  manière  des  gens 
de  cour.  (Florel  et  Corneille,  Dict.) 

Su  lille  de  chambre  est  leans 
Qui  la  sert  de  menus  suffrages, 
Elle  a  sa  vieille  aux  yeulx  rian» 
Qui  ne  la  sert  que  de  coiirtitgcs. 

Coquillari,  Droits  nouv.  p.  2'3. 

(lourtaiilt ,  sithst.  masc.  Cheval  de  taille 
courte*.  Animai  dont  on  a  coupé  la  queue  elles 
oreilles".  Pièce  d'artillerie'^. 

*Au  premier  sens,  ce  mot  est  interprété  par 
Nicol,  cbeval  de  service.  C'éloit  un  olieval  de  taille 
courte  dont  on  se  servoit  pour  l'usage  ordinaire, 
distingué  des  grands  chevaux  dont  on  se  servoit  îi 
la  guerre.  «  La  pluspart  de  ce  qui  demoura  n'esloit 
<'  monté  que  sur  fOi(r^«»/,r,  car  leurs  grands  chc- 
"  vaul.K  estoient  mors  de  pauvreté.  »  (Mém.  du 
Bellay,  livre  H,  fol.  58.)  Sa  taille  lui  faisoit  donner 
ce  nom  decourtaul. 

C'est  sans  fondement  que  Borel  confond  le  cour- 
taut  avec  le  destrier  et  le  coursier.  (Voyez  son  Dict. 
»u  moi  Deatrler.)  On  trouve  dans  les  Mém.  de  Du 
Bellay  (liv.  111,  fol.  88)  les  courtaulx  dislingués  des 
roussinots.  H  y  avoit  aussi  les  doubles  courtaux 
qu'on  appeloil  »  cavallins,  doubles  courtaux  (2)  ou 
«  chevLiux  de  légère  taille,  •>  peut-èlre  les  mêmes 
que  roussinots  ci-dessus.  (Voyez  Hist.  de  la  Popel. 
t.  I,  liv.  1,  fol.  3t}.) 

^On  noinmoit  aussi  courtaul  un  animal  à  qui  on 
avoit  cou|)é  les  oreilles  et  la  queue.  (Voyez  Nicot, 
Ménage  et  Oudin,  Diclionn.)f///('H  courtaut  est  pris 
dans  le  dernier  sens,  dans  liai),  t.  l.  On  lit  dans  le 
•lourna!  de  Paris,  p.  I8"i,  sons  Charles  VI  et  VII, 
i|u'en  I  '(38,  »  la  vigille  S.  Martin  un  loup  l'ut  chassé 
"  tenibie  et  orrihie...  et  icellui  jour  fut  prins  et 
«  n'avoil  point  de  queue,  et  pour  ce  fut  nommé 
«  courtdult,  et  parloit  on  autant  de  lui  comme  on 
"  fait  du  lariou,...  et  disoit  on  au,\  gens  qui  alloient 
"  aux  champs:  gardez  vous  de  fO(n'^««//.  >■ 

En  gcnéral,  le  nom  de  courtault  étoit  [iroprcment 
un  adjectif  qu'on  employoit  comme  substantif,  et  il 
signitioit  gros  et  court  ou  écourlé. 

'^  Probablement  c'éloit  de  cette  forme  grosse  et 


courte  que  tiroit  son  nom  la  pièce  d'artillerie  appelée 
courtaut  ou  courtault.  C'éloil  une  espèce  de  petit 
canon,  comme  il  est  expliqué  en  marge  dans  les 
Lett.  de  Louis  XII,  t.  IV,  p.  257  (3). 

Le  courlauts  de  France,  dont  il  est  parle  dans  les 
Serées,  deBouchet,  liv.  I,  p.  427,  étoient  sans  doute 
la  même  chose  (\\\e  courtaulx  doni  \\  est  question 
dans  la  Chron.  S.  Denis.  Il  s'agit  d'une  flotle  de 
Maures  qui  revenoient  de  Corse  ;  il  est  dit  qu'un  de 
leurs  vaisseaux  «  fut  pris  avec  .v.  cents  courtaulx, 
<•  et  plusqu'ilsenmenoient.  »  (T.l,  1^123.)  Eginhard, 
qui  rapporte  le  même  fait,  dit  qu'on  leur  enleva 
plus  de  500  prisonniers. 

On  a  dit  le  courtau  dans  un  sens  obscène  et 
figuré.  (Dictionnaire  d'Oudin.  — Voyez  Des  Accords, 
Bigarrures,  p.  25.) 

VARIANTES  : 
COURTAULT.  Journ.  de  Paris,  etc.,  p.  182. 
Courtaut.  Fouilloux,  Vénerie,  fol.  38. 
Courtaulx.  plur.  Mém.  du  Bellay,  liv.  Itl,  fol.  88,  R». 

Coiirtcaillet.  [Intercalez  Courtcaillel,  piège  à 
cailles  (Du  Cange,  sous  qualea.)']  (n.  e.) 

Courte,  subst.  fém.  Juridiction,  cour  de  jus- 
tice. "  Volons  auxi  que  en  courtes  huinîres,  et  en 
«  courtes  de  chescun  fraunck  tenaiint  soient 
«  courtes  tenues  par  les  sulers.  »  (Britlon  ,  Loix 
d'Angleterre,  fol.  3.) 

Courtelas,  subst.  7nasc.  Coutelas.  Sorte  d'épée 
ou  de  sabre.  «  Le  centaure  sentit  telle  angoisse,  que 
«  desespéré  de  sa  vie,  et  voulant  venger  sa  mort, 
«  jelta  son  escu  par  terre,  et  print  son  courtelas  à 
«  deux  mains  pour  fouklroyer  tout  ce  qu'il  rencon- 
"  treroit.  »  (D.  Florès  de  Grèce,  fol.  157.) 

VARIANTES  : 
COURTEL.\S.  D.  Florès  de  Grèce,  fol.  157. 
CousTELAS.  Epitb.  de  La  Porte. 
CouTELASSE.  Perrin,  f»  81,  R". 
CouTELACE.  Amadis  .lamin,  p.  '248. 

Coui'telette,  adj.  au  fém.  Diminutif  de  courte. 

Selon  l'esté  et  les  yvers, 

Et  la  saison  des  temps  divers, 

Fault  chauces,  et  cotte  hardie  (espèce  de  robbe) 

Coiirtelelte,  afin  que  l'en  die  : 

Vez  là  biau  piet  et  faiticel  (fait  à  plaisir). 

Eust    Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  407,  col  4. 

Courtement,  adv.  Brièvement.  l'Dicl.  d'Oudin 
et  de  P>ob.  Estienne.)  Peut-être  faut-il  renleniire  en 
ce  sens  dans  ces  vers  : 

Pour  ce,  soit  cliascune  avisée 
Personne,  à  faire  amendement 
En  ce  non  assez  courlement 
En  sera  ramende  levée. 

Geofr.  Je  Paris,  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  fol.  53. 

Courtepinte,  subst.  fém.  Espèce  de  droit.  Droit 
qui  se  pertjoil  sur  le  pain  et  le  viu  à  Clamecy. 

VARIANTES  : 
CONTREPINTE.  Le  Roeuf,  Hist.  civ.  d'Auxerre,  p.  236. 
CouRTEPENTE  (Lisez  courtepinte).  Ibid. 


(1)  Il  dit  aussi,  t.  II,  p.  89  :  «  .Vvons  esté  conlraiiits  de  retournei",  je  n'oseray  dire,  avecques  notre  courte  honte  ;  car  elle 
n'a  esté  que  irop  grande.  »  (n.  e.) 

(2)  «  Roussins  de  Prusse,  et  doubles  courtaux  de  Dannemark.  »  (Carloix,  V,  8.)  (n.  e.) 

(3)  Ou    lit  dans  d'Aubignô  (Hist.,   I,   285):    «  Leur  artillerie    estoit    de    six  courtaux,  deux  couleuvrines   et   deux 
moyennes.  »  (n.  e.) 


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Coiis'teressc,  sithst.  [cm.  Insolvabilito.  Défaut 
de  biens  ou  d'arseiil  siiriitfaiU  pour  aciiiiiltei'  des 
délies  o'j  achever  un  payonieiil  ;  ce  qu'on  appelle 
le  court  dans  d'autres  coutumes.  (Voyez  Coi  rt 
ci-dessus.)  »  Apr^s  le  payement  de  la  debte,  le  sur- 
"  plus  devrai  esiro  restitué  au  dél)iteur,  et  en  cas 
«  de  courtere^se  i\n  créditeur  (Usez  dëbiieur)  ledit 
"  sergeaiit  vendiat,  etc.  "  (Coût,  de  Brusselles, 
Nouv"  Coût.  Gén.  t.  l,  p.  VIM.)  «  Tous  les  dils 
«  meubles,  b.:s;ucs  cl  joyaux  seront  vendus  pour 
>'  être  l'éparlisau  payement  des  debtes  liquides,  sur 
«  caution  de  rendre  ce  (|ui  pourroit  estre  plus 
"  receu,  en  cas  de  courteresse.  "  (Nouv.  Coût.  Gén. 
t.  I,  p.  Wl.) 

Courteresse,  dans  le  Nouveau  Coutumier  Général, 
t.  I,  p.  301»,  col.  "1,  est  employé  pour  ce  qui  m-inque 
à  une  mesure. 

VARIANTES  : 
COURTERESSE.  Nouv.  Coût   Gén.  t.  I,  p.  1247,  col.  2. 
CouRTRESSE.  Ibid.  t.  I,  p.  3U9  ;  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  855. 

Courtes,  subst.  féni.  plur.  Sorte  d'oiseaux. 
"  Quelcdues  douzaines  île  ramiers,  d'oiseaulx  de 
«  rivière,  de  cercelles,  butors,  courtes,  pluviers.  » 
(Rab.  t.  I,  [).  'i38.)  Ne  i",iudroil-il  point  lire  tourte, 
qui  se  disoit  aulrefois  pour  lourlerelle  '' 

Coui'tibun,  suhst.  musc.  Vêtement  ecclésias- 
tique *.  Vêlement  royal  °. 

*  Dans  le  premier  sens,  c'étoil  une  tunique  ou 
chasuble  coui'le  que  poi'loienl  autrefois  les  diacres 
et  sous- diacres  eu  olliciant.  Ce  mol  est  encore  en 
usage  dans  le  Berri,  la  Touraine  et  la  Xainlonge. 
l'Du  Cange,  aux  mots  Corahella  el  Cortiballus.) 

^  Dans  le  second  sens,  c'éloit  un  vêlemenl  royal. 
une  colle  d'armes,  un  hoqueton,  un  habit  militaire 
que  porloienl  les  généraux.  (Rob.  Eslienne,  Oudin, 
Nicol,  Dicl.) 

VARIANTES  : 
COURTIBA-N  ,  CouRTiBAU  ,  Coumibault. 
CoURTiriAUT,  Coutibau. 

'1.  Courtier,  verbe.  Flatter,  faire  le  courtisan. 

Amours  ne  fu  pas  faite  pour  courtier. 

Poi-s.  MSS.du  Vatican,  n-  15»,  fol.  lia.R»  col.  3. 

2.  Courtier,  suhsl.  masc.  Courlaut.  Sorle  de 
cheval.  C'est  probablement  une  faute  dans  les  Vig. 
de  Charles  Vil,  où  il  est  mis  pour  coursier. 

Gourtilieus .  su!)St.  masc.  plur.  Officiers  de 
justice.  «  L'incarnai  se  porte  par  gens  amoureux  et 
"  gaillards,  el  principalement  par  coi/r///<c«s,  gens 
«  qui  usent  de  la  plume.  »  (Sicile.  Blasons" des 
couleurs,  fol.  30.) 

On  a  dil  curial  dans  le  même  sens. 

Courtiller,  subst.  masc.  Jardinier.  (Voyez  Du 
Cange,  au  mot  CorlUarius.)  Il  cite  le  CathoUcum 


parvuiu,  où  l'on  trouve  ortUio  interprété  ortelain, 
courtillenr.  Olitor,  rendu  par  cduiiiller  dans  le 
Gloss.  lat.  fi',  cilé  par  le  même  au  mol  Articula  ;  il 
s'appuye  encore  de  l'auloiiU'  du  Gloss.  Int.  fr.  qui 
traduit  ce  mot  par  courteller  ,  explication  qui  lui 
es!  commune  avec  le  mol  latin  Ortilio.  expliqué  de 
même  par  De  La  Porte.  Voyez  Du  Cange,  au  mot 
Orliiio.)  Courtillers  est  aussi  employé  comme  syno- 
nyme de  jardiniers,  et  Or////ifr.s%  dans  l'Hisl.'des 
Trois  Maries,  en  vers,  .mss.  p.  177. 

VARIANTES    : 

COURTILLER.  Lahbe,  Gloss  p.  517. 
CoURTiLLiER.  Gloss.  sur  les  Cent,  de  Beauvoisis. 
CoUHTlLLELiR.  Dii  Cange,  au  mot  Curticulaiius. 
Courteller.  Du  Cange,  au  mot  Ortilin. 

Courtilles,  subst.  j'ém.  plur.  Anciens  jardins 
champêtres.  Ce  mot  esl  encore  en  usage  en  Picardie 
danslemêmesens.d'où  vientce  proverbe:  Vindeia 
courtille  [i),  poui'  mauvais  vin,  parce  que  les  treilles 
des  jardins  n'en  produisent  jamais  de  bon.  (La  Mare, 
Traité  de  la  Police,  liv.  1,  t.  VI,  chap.  4,  p.  75.) 

Courtillet,  subst.  masc.  Petil  jardin.  Uiininulir 
àecourtil.  (Vovez  Denombi'.  delà  terre  de  Monl- 
mor,  en  isgo.)" 

Courtillier,  subst.  inasc.  Terme  de  couiume. 
Celui  qui  possède  une  terre  sujette  au  droit  de 
lerrage  ou  charapart,  qui  se  prend  sur  les  terres 
labourables.  (Voyez  Du  Cange,  au  mot  Curticula- 
rius.)  Ce  mot  est  formé  de  courlis  ci-après,  terre 
sujette  au  ferrage.  (Voyez  aussi  Coirtilli.^.j  (2) 

Courtillier,  verbe.  Cultiver 

Si  seray  chetis,  et  meschans 
Mieux  me  vaulslst  fuir  mes  champs 
Et  mon  courtil  courlillier. 

Eusl.  Desch.  Tocs.  MSS.  fol.  3"4,  col.  2. 

VARIANTES  : 
COURTILLIER.  Eusl.  Dssch.  Poës.  MSS.  f»  374,  col.  2. 
Courtiller.  Oudin,  Dict. 

Courtillis,  subst.  masc.  plur.  Terres  à  cultiver, 
terres  à  courlilUr.  (Dict.  d'Oudin.) 

Courtin,  subst.  masc.  Terme  de  fortification. 
(Voyez  Mém.  de  Bellievre  el  de  Sillery,  sous  l'an 
1598,  p.  424.)  On  lit  plus  bas  courtine,' mot  subsis- 
tant, et  plus  bas  encore  courijuin,  (|ui  n'est  évidem- 
ment qu'une  faute  d'orthographe. 

Courtinage,  subsl.  masc.  Terme  collectif  de 
courtine.  On  s'en  servoil  pour  signifier  les  rideaux 
qu'on  met  à  l'enlour  des  lits.  (Dicl.  dOudin.  —  Voy. 
CouRTi.NE  ci-après.) 

Courtine,  subst.  j'ém.  Pente,  rideau  de  lil, 
couverture  *.  Tapisserie,  tenture  °. 

*  Ce  mol  se  dil  encore  au  premier  sens,  mais  il 
vieillit.  »  .laneton  entendant  que  c'estoit  son  mary 


(1)  Il  s'agit  de  la  Cuurlille,  située  près  du  faubourg  du  Temple,  à  Paris,  et  dont  le  vin  valait  celui  de  Suresnes  :  «  Vigne 
qui  est  de  la  Courlillc,  Aussi  bien  que  femme  ou  fille.  Belle  montre  et  peu  de  rapport  ;  Qui  s'y  fie  a  très-grand  tort.  »(n.  e.) 

(2)  Dans  les  chartes  de  Corbie  (1283),  ce  mot  doit  désigner  le  tenancier  d'un  courtil  ;  «  Li  dis  abbé  et  li  couvens  disoient 
ke  11  dis  mesire  Willames  mes  pères  m'avoit  donné  une  partie  do  le  terre,  que  il  tenoit  d'ans  à  Mainieres  en  courtilage, 
par  lequel  cose  il  voloient  que  je  fuisse  leur  cnurtillier.'!,  et  fesisse  en  toutes  cosos  aussi  comme  li  autres  courtillier,  tant 
de  venir  à  leur  plais,  ne  faire  reseandise,  de  carier  les  tarages,  et  du  tertier.  et  de  toutes  autres  redevanches  ,  ke  leur 
courlillier  leur  doivent.  »  (N.  E.) 


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«  fit  coucher  Nerin  sur  le  lit,   ayant  abfitu    les 
«  coiirlines.  » 

Car  je  scay  qu'antre  deux  courliiies 
Est  tout  le  bien,  toute  la  joye 
D'amours,  de  soûlas,  et  la  voie. 

Eust.  Desch.  Pofs.  MSS.  fol.  563,  col.  -J. 

^  On  disoit  aussi  courtine  pour  tapisserie,  lenlure  : 

....  Fet  coper  une  corline 

Qui  la  meson  toute  encortine  (enveloppe). 

F,ibl.  MSS.  du  P..  n-  7218.  fol.  291,  V-  col.  -2. 

On  iiommoil  funèbre  courtine  un  drai»  mortuaire. 
(Voyez  Crétin,  p.  Cti.) 

On  dislinguoit  les  courtines  siinplenient  dites  des 
courtines  Iraversiiines.  ;Honn.  de  la  Cour,  sis. 
p.  3i!-33.)  Voyez  aussi  Percel'.  vol.  11,  fol.  42,  où  le 
mol  courtine  eal  pris  pour  rideaux  qu'on  met  autour 
des  autels 

On  disoit  aussi  courtyne  de  muraille  et  courtine 
de  terrasse,  pour  le  parement  d'une  muraille  et 
d'une  lerrasse,  d'où  le  mot  (■o«)'//»(?,  terme  de  furti- 
iicatioii  qui  subsiste." 

Expressions  à  remarquer  : 

4°  Sous  la  courtine.  Nous  disons  sous  le  rideau, 
en  secret.  (Voyez  Cotgr.  et  Oudin,  Dict.  et  Cur.  fr.) 

2°  Vin  lion  à  faire  courtines.  Le  Laboureur,  après 
avoir  parlé  de  l'éciiiquier  écliiquettë  de  différentes 
couleurs,  dit  que  les  buveurs  ont  emprunté  celte 
façon  déparier  »  de  la  couleur  du  vin  verd  et  aspre, 
«  parce  qu'estant  rouge  ou  blanc  en  couleur,  verd 
«  et  revescbe  en  saveur,  il  ressembloit  en  quelque 
«  manière  aux  courtines  et  tapisseries  dos  anciens 
«  qui  étoient  ainsi  bigarrées.  »  (Le  Lab  iir.  Oiig. 
des  Armes,  p.  19G.) 

VARIANTES  : 
COURTINE.  Froissart,  Poës.  MSS.  f»  375,  col.  1. 
CORTINE.  J.  Marot,  p.  35. 
CouRDiNE.  Froissart,  Poës.  MSS.  p.  71,  col.  2. 

Courtiner,  verbe.  Entourer  de  rideaux  ou  de 
tapisseries  *.  Entourer,  en  général  ^. 

*  Le  premier  sens,  ((ui  est  le  propre,  se  trouve 
attesté  par  Nicot,  Cotgrave,  et  le  Gloss.  de  Marot,  au 
mol  Encourtiner.  Èngourdincr  est  peut-être  une 
faute  d'orthographe.  Un  lit  incortinare,  au  même 
sens,  dans  le  Glossaire  latin  de  Du  Gange  :  »  Les 
"  bourgeois  de  Paris  courtinêrent  la  ville  de  riches 
«  diaps  de  diverses  couleurs.  » 

On  encoiiinii  une  rue  , 

Pour  niiex  plaire,  quant  rois  vient  à  Arras. 

Po-s   ,MSS.  Vatican,  ])•  15K,  f  ifi5,  R". 

°  Au  figuré,  ('«(;o((?"//Hi'r  s'est  dit  pour  entourer 
en  général.  £/;fOH/'//H<';'  île  murs,  pour  entourer  de 
murs.  «  Celuy  qui  otcouiilim  de  murs  les  bour- 
«  gades.  »  (Pasq.  Kech.  p.  897.) 

VAIUANTES  : 
COURTLN'ER   Petit  J.  de  Saintré,  p.  322. 
Encortiner.  Clément  Marot,  p.  28. 
Encourtiner.  Cartheny,   Voyage  du  Chev"  err.  f»  7(3,  V". 


Coin'tis,  subst.  masc.  Terre  sujette  au  terrage. 
(Du  Gange,  à  Curlicularius.)  (1) 

VARIANTES  : 
COURTIS,  COLRTIEX. 

i.  Courtisan,  suhst.  ni.  Homme  de  cour.  Ce  mot 
subsiste. Ou  Irouvedaus Du  C:ïnge, lesmotsf «?'/2SrtM< 
et  curiates  pris  dans  le  même  sens.  Les  mots  de  cour- 
tisan et  de  courtoisie  étoient  des  mots  nouveaux 
substitués  aux  mois  curial  et  curiatité,  suivant  la 
lettre  de  M'Belly  à  l'éditeur  des  (xnivresd'.\.  Ghariier, 
p.  2.  Cependant  le  mot  de  courtisan  se  trouve  em- 
ployé dans  le  livre  de  la  .laille,  des  Champs  de 
Bataille,  et  dans  celui  d'Ol.  de  la  Marche,  des  Gages  de 
Bataille,  f°  39.  On  écrivoit  quelquefois  courtissain. 

Qu'est-ce  d'entre  nous  conrtis.sain.'i'} 

lHal.  de  Malcpaye,  à  la  suite  de  Villon,  p.  58. 

On  disoit  : 

1°  Jardin  des  courtisans  pour  désigner  la  cour. 
M'  de  Sully,  fàclié  contre  llenri  IV,  dit  à  un  des 
auteurs  de  ses  mémoires  :  •  Par  Dieu,  ce  n'est  pas 
"  sans  cause  si  l'on  dit  qu'il  se  cueille  plus  d'espines 
"  quede  roses  a  uj(( /•(//«  des  courtisans  et  que  pour 
"  un  verre  cassé,  auprès  des  rois  et  des  princes, 
«  bien  souvent  vingt  anni'es  de  service  demeurent 
«  bien  égarées.  »  (.Méni.  de  >ully,  t.  111,  p.  73.) 

2"  Lunyaije  courtisan.  Par  celle  expression,  Boret 
entend  le  langage  ([u'on  appeloit  autrefois  roman, 
formé  sur  le  îalin,  et  l'oppose  au  Tudesque Roman, 
composé  d'allemand  et  de  latin,  qu'il  croit  être  le 
valon.  (Diclionn.  de  Borel,  i"'  add.  au  molRomans.) 
Les  passages  suivans  feront  voir  que  Borel  se 
mé|)renoil  sur  la  véritable  signification  de  ce  mot. 
Le  tangage  courtisan  n'éloit  autre  chose  qu'un  lan- 
gage affecté.  Il  cnnsistoit  principalement  à  emprun- 
ter des  mots  des  étrangers;  il  paroit  que  c'étoit 
surtout  des  mois  italiens  pour  faire  la  cour  à 
Catherine  de  Mt'dicis.  Dans  ce  langage  on  changeoit 
en  ('  la  prouonci.ilion  de  Va  et  de  Vol,  comme  trop 
rude  à  l'oreille  et  obligeant  d'ouvrir  une  grande 
bouche.  Ou  subsliluoit  encore  \'r  au  lieu  de  l's  et 
du  :;■,  et  récipioquement  i's  et  le  ;  au  lieu  de  l'r. 
«  Le  vulgaire  de  Bourgongiie  lequel  tient  plus  des 
«  façons  de  faire,  et  est  trop  plus  conser\  aleur  du 
«  vieil  langagedes  anciens  Gaulois,  qu'il  nes'arresle 
«  à  l'instabilité  du  parler  des  courtisautz;  qui  de 
«  jour  à  autre  changent  leur  manière  de  dire,  peur 
»  emprunter,  ou  plus  tost  mendier  des  mots  aul- 
>■  beins  (estrangers)  et  coquiuer  (mendier)  phrases 
«  eslrangeres,  est  eu  coustiime  d'appeller  ses 
'■  seigneurs  ses  gentils,  mot  qu'il  eslend  aussi  en 
"  faveur  de  tous  geulilshonimes.  >■  (S.  Jul.  Mesl. 
Hislor.  page  392.)  ■•  (in  a  veu  une  secte  de  certains 
»  (îontrefaiseurs  de  petite  bouche  qui  faisans 
«  couscience  de  dire  françois.  anglois,  disoyent 
«  francés,  angles  ;2j  ;  et  encore  pour  le  jourd'buy  se 


.  (l)  Ed.  Henschel,  II,  ti27,  col.  1.  (N.  E.) 

(2)  0(,  qui  vient  en  français  d'un  e  long  ou  d'un  i  bref  latins,  a  d'abord  été  et  puis  oi,  que  l'on  prononçait  au  xvi«  siècle 
oé,  oué  à  la  cour,  et  oa  dans  le  peuple.  Cette  prononciation  en  oui:  dura  à  Versailles  jusqu'à  la  Révolution.  A  la  cour  de 
Louis  XIV,  on  prononçait  ùnéreo», /oia', /oiié.  Boileau  t'ait  encore  rimer  F,ançois  (Françoué.-;)  avec  lûU  {loués),  dans  son 
Art  Poétique.  La  Fayette,  qui  avait  conservé  les  traditions  de  Tancieime  cour,  prononçait  encore,  en  1830,  le  roi  ,  le  roué. 
La  prononciation  en  oim  prit  le  dessus  à  la  Révolution,  par  l'influence  des  clubs  et  des  réunions  populaires,  (x.  E.') 


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342  — 


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«  tiouvent  des  courtisans  qui  ;i(Tecteiit  celte  pro- 
'■  noiiciatioii,  s'accomodiins  en  cela  à  ciiielqnes 
«  mi£;ii;irdes.  et  non  ii  la  raison.  Car  il  est  certain 
<•  que  ceci  est  venu  premièrement  des  femmes  qni 
c  avoyent  peur  d"ouvrir  trop  la  bouche  en  disant 
«  françois  et  anglois.  Comment  qu'il  eu  soit,  je  ne 
>'  pense  point  que  ni  elles,  ni  les  hommes  (|ui  les 
•'  ensuivent,  puissent  rendre  aucune  raison  de 
"  cesle  prononciation,  non  plus  que  la  damoiselle 
«  savoysienne  eust  peu  remlre  raison  de  son  chan- 
«  ter  iiingtiifiquel ,  qu'elle  disoit  pour  chanter 
»  maonijicat,  pensant  éviter  le.  vice  de  son  lan- 
»  gage  naturel,  (]  ni  est  de  mettre  «au  lieu  de  c,  etc.  » 
(Apol.  pour  Hérodote,  p.  43!). j  «  Comme  ainsy  soit 
<■  que  nostre  langage  symbolise  ordinairemeni  avec 
"  nos  mœurs,  aussi  le  courtisan,  au  milieu  des 
<•  biens  et  de  la  grandeur  ,  estant  nourry  à  la 
<■  molesse,  vous  voyez  qu'il  a  transformé  la  pureté 
<'  de  nostre  langage  en  une  grammaire  toute  etTe- 
"  minée,  quand  au  lieu  de  roinc,  alloil,  ternit  et 
<■  venoil,  il  dicl  maintenant  reine,  u/lct,  tenet 
..  et  venet-  »  (Letl.  de  Pasq.  t.  1,  p.  102.)  (I) 

l,a  pièce  intitulée  :  l'iunant  desiiourveu  de  son 
esprit  escrivant  à  sa  mie,  voulant  parler  le  eour- 
lisun,  commence  ainsi  : 

Madame  je  vourayme  tan  ; 
May  ne  le  dite  pa  pourtan  : 
Les  musaillcs  on  derozeiUes. 

CIcra.  Marol,  p.  212. 

11  est  remaniuable  que  cette  prononciation 
vicieuse  a  passé  et  s'est  conservée  cbez  les  paysans 
des  environs  de  Tours. 

3"  Le  courtisan  du  pais,  pour  le  langage  natui^el, 
le  patois  du  pays.  Cette  expression  est  singulière, 
l.e  langage  courtisan,  pour  langage  affecté  à  la  cour, 
a  donné  lieu  d'employer  le  mot  même  de  courtisan 
pour  exprimer  un  langage  particulier  quelconque. 
"  Je  ne  m'amuserny  ici  à  vous  faire  les  autres 
-  contes  des  Poitevins  lesquels,  sanspointde  faute, 
<'  sont  fort  plaisans,  mais  il  faudroit  scavoir  le 
"  courtisan  du  jniïs  pour  les  faire  trouver  tels,  et 
«  puis  la  grâce  de  prononcer  vault  mieux  ((ue 
"  tout.  "  (Contes  de  Des  Perr.  t.  11,  p.  7'2.) 

VA[U.\NTES  : 
COURTIS.W.  Orth.  subsistante. 
CouRTiss-M.v:.  niai,  de  Malepaye,  à  la  suite  de  Vill.  p.  .^S. 

2.  Courtisan, flf//  Qui  appaitient  h  la  cour. On 
disoit  en.vie  courtisanne  ("i).  (Nuiclsde  Straparole, 
t.  I,  p.  "298.;  Vanités  conytisannes.  (Sag.de  Charron, 
page  14.) 

Coni'tisanesqite,  udj.  Arlillcieux.  On  disoit 
conseils  courtisanesi/ues  pour  conseils  artificieux, 
proprement  de  courlisan.  «  Se  donner  de  garde  du 


»  venin  qui  est  caché  sous  le  miel  de  vos  beaux 
«■  conseils  courtisanesques.  «  (Mém.  de  Villerov, 
t.  III,  p.  70.) 

Courtisanifié,  participe.  Devenu  courlisan. 

On  disoit  langage  corn  llsunipé,  comme  langage 
courtisan,  pour  langage  affecté  et  précieux.  (Voyez 
Moyen  de  Parv.  p.  7,  et  Courtisan  ci-dessus.) 

Coiirlisaniie  ,  suhst.  fém.  Dame  de  cour*. 
Femme  publique  ^. 

*Dans  le  premier  sens,  femme  qui  fait  sa  cour, 
qui  vit  ù  la  cour  d'un  prince.  (Dicl.  de  Nicot.) 

^Au  second  sens,  femme  que  l'on  courtise,  h.  qui 
tout  le  monde  fait  la  cour,  femme  galante,  débau- 
chée. On  voit  curia,  au  même  sens,  dans  le  Gloss. 
lat.  de  Du  Cange.  Telle  est  l'étymologie  qu'on 
pourroit  donner  de  ces  deux  acceptions  difi'érentes. 
-Mais  ce  mot  de  courtisanne,  appliqué  à  un  autre 
moins  honnête,  »  a  pris  son  origine  delà  cour  de 
«  Homme  (suivant  Henry  Estienne,  qui  en  étoit 
"  l'ennemi  déclaré)  fi  scavoir  des  premières  dévotes 
«  (|ui  fréquentoienl  plus  que  très  familièrement 
>'  jour  et  nuit  avec  les  prélats  de  Romme.  »  (Apol. 
pour  Hérodote,  p.  570.) 

VARIA.NTES  : 
CUUTISAXN'E.  Orth.  subsistante. 
CouRTisEN.NE.  .1.  Marot,  p.  198. 

Goiirtisanneaii  ,  subst.  masc.  Diminutif  de 
courtisan.  (Dict.  de  Cotgrave.) 

Courtisannerie,  sul)^t.  fém.  Flatterie.  Com- 
plaisance de  courtisan.  (Dict.  de  Cotgrave.)  »  Ostez 
«  de  vostre  teste  celte  courlisanie  que  je  vois  estre 
«  pratiquée  par  quelques  uns,  qui  ne  se  veulent 
«  charger  de  cause  contre  les  grands,  pour  ne  leur 
'•  desplaire.  »  (Pasq.  Letl.  t.  I,  p.  536.) 

VARIANTES  : 

COURTISANNERIE.  Alect.  Rom.  fol.  35,  V"  et  36,  R«  (3). 
CouRTisANiE.  Pasq   Lett.  t.  I,  p.  536. 
COURTIZANIE.  Id.  Reoh.  p.  669. 

Coin'tisement,  subst  maso.  Action  de  courti- 
ser. (Du  Verd.  Bibl.  p.  290.)  (4) 

Coui'tiser,  verbe.  Flatter.  Faire  la  cour  à  quel- 
qu'un. >i  Le  premier  ou  j'ay  leu  courli'^er  est  dans 
«  la  poésie  d'Olivier  de  Magny(5)  parole  qui  nous  est 
«  pour  le  jourdhuy  familière.  »  (Pasauier.  P.ech. 
page  062.)  ' 

VARIANTES  : 
COURTISER.  Oudin,  Nicot,  Dict. 
COURTIZER.  Pasq.  Rech.  p.  662. 

Courtiseur,  subst.  nuise.  Flatteur.  (Epith  de 
M.  de  la  Porte.) 

Courtois,  adj.  Courtisan*.  Civil,  poli°.  Gai, 
agréable"^.   Doux,   praticable".   Familier,  aisé   à 


(1)  En  Normandie,  ei  s'assourdit  au  contraire  en  (■,  d'où  la  prononciation  de  e  pour  oi  dans  les  imparfaits  {allait,  venait), 
prononciation  qu'au  xviiF  siècle  Voltaire  (après  Nicolas  Rérain  et  plusieurs  autres)  exprima  par  l'orthographe  ai.  (n.  e.) 

(2)  «  La  pauvre  reyiie  était  patiente,  suportant  constamment  les  assauts  de  l'envie  courtisan  ne.  »  (N.  E.) 

(3)  «  Maquerellage,  llatlerie,  parasiterie,  crocqueterie,  coKc/i.vadei'ie  ,   menterie  ,   diablerie,   damnerie  ,   et    toutes   telles 
sciences  et  praticques  desguisantes  ou  destruisantes  vérité.  »  (N.  E.) 

(4)  «  [On  voit  les  courtisans]  De  mesme  façon  morguer  Et  de  mesrae  harenguer  Partout  en  tout  n'ayant  qu'un  Geste  et 
jargon  pour  chacini,  Selon  que  differement  S'offre  à  leur  coitrlisemenl...  »  (n.  e.) 

(."))  On  lit  déj.i  dans  Olivier  llasselin  (XXX.):  «  D'amour  je  laisserai  faire  Et  les  dames  Ciinrliser,   Il   ne  me  faut  plus   qu'à 
boire  D'autant  et  me  reposer.  •■!  Plus  anciennement  on  aurait  dit  cai-tnicr.  (N.  E.) 


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dresser^.  Qui  ne  peut  nuire''.  Favorable °.  Com- 
mode". 

*Ce  mol  vienL  de  cour  fiu'ou  l'crivoit  court,  d'où 
courtisan.  i\u&s\  liouve-t-oii  en  \al'm  curialis,  au 
même  sens,  d;>ns  le  Gloss.  de  Labbe.  iia^e  4'J7,  et  le 
Glossali-e  lat.  de  Du  Gange.  On  opposoii  en  ce  sens 
courtois  à  vilain  ;  habilanl  de  la  cour,  au  paysan. 

Et  li  coriois  et  li  vilain, 

Et  tuit  li  fol,  et  tuil  li  saige. 

Parton.  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  164,  V"  col.  3. 

On  joignait  aussi  quelquefois  ces  deu.\  mois  et 
l'on  appeloil  vilain  cortois  un  homme  à  travers  la 
politesse  duquel  on  dëméloit  un  manque  de  senti- 
ment. On  a  dit  de  l'amour  : 

Si  comme  cil  vilain  cortois  : 
N'est  pas  amors,  ains  est  folie. 

Fabl.  MSS.  du  R.  ir  7!I89,  fol.  51,  R"  col.  2. 

°  La  cour  étant  le  centre  de  la  politesse,  le  mot 
courtois  devintsynonymede  poli,  civif.  La  politesse 
naturelle  aux  François  donna  lieu  au  proverbe 
rapporté  par  Fauchel  (Orig.  liv.  1,  p.  88.) 

Qui  fit  François,  il  fit  coitriois. 

On  disoit  aussi  proverbiulement  : 

Bien  sai  que  por  l'amor  des  dames 
Deviennent  li  vilains,  coriois. 

Fabl.  .MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  192.  V-  col.  1. 

^  De  là,  ce  mol  signifloit  gai,  agréable. 

Or  vous  dirai  d'une  borgoise 
Une  aventure  assez  cortoise. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  ira,  R-  col.  1. 

"  De  ces  deux  dernières  acceptions,  nail  la  sif;ui- 
fication  générale  de  facile,  doux,  praticable,  même 
en  parlant  des  choses  inanimées.  «  Eurent  un  peu 
«  plus  courtois  passage  le  mercredy,  que  n'eurent 
«  ceux  qui  passèrent  le  mardy.  »  (Froiss.  livre  I, 
page  313.)  (1) 

On  disoit  prison  courtoise  pour  prison  douce,  où 
l'onéloit  peu  resserré.  »  Courtoise  el large  prison.  » 
(Bout.  Som.  Rur.  p.  '129.) 

On  a  dit  même  courtois  en  pariant  d'un  ruisseau 
dont  le  cours  est  tranquille  et  (|ui  est  aisé  à  traver- 
ser. «  Le  mendre  coui's  d'eaue  courtois;  si  comme 
«  rieux  (ruisseau)  de  fontaine  si  est,  et  doit  estrede 
<'  trois  pieds  et  demy  de  large.  ••  (Bouleiller,  .Som. 
Piur.  page  'cl').)  «  Il  les  fil  tous  descendre  à  pié,  el 
«  donner  leurs  chevaux  h  leurs  varlels,  et  adonc 
<■  (alors)  les  mena  outre  l'eau  (lui  moult  esloil 
«  courtoise.  »  (Froiss.  liv.  I,  p.  2'il.)  (2) 

^  Courtois,  en  termes  de  fauconnerie,  signilioil 
familier,  facile  ù  apprivoiser,  et  celle  signincalion 
ne  diffère  de  la  précédente  que  par  son  àpplicalion 
à  une  chose  animée,  en  parlant  du  faucon  : 

Toutes  fois  est  l'ung  plus  courtois 
Que  l'autre  n'est,  en  tous  endrois. 

Gace  de  la  ïiigne,  des  Déduils,  MS.  fol.  'J-l,  V". 


''  Nous  venons  de  voir  courtois  pour  facile,  doux. 
Delà,  par  extension,  ce  mol  servit  dépitliète  aux 
armes  qui  ne  pouvoient  nuire,  dont  la  pointe  ou  le 
tranchant  éloient  émoussés  Les  artnes  courtoises 
éloient  opposées  à  celles  qu'on  appeloit  armes  à 
outrance.  (Voyez  Le  P.  Daniel,  Mil.  fr.  t.  I,  p.  124.) 
Uo<iuets  courtois  se  Irouve  au  même  sens,  dans  01. 
de  la  Marche,  livre  L  page  il'2.  Fêles  armigères  ou 
co;/r/o/s<;,s  éloient  les  l'êtes  célébrées  par  des  tour- 
nois, dans  une  citation  du  Gloss.  lat.  de  Du  Gange, 
col.  1100,  sous  le  mot  Ileraldus. 

"  Une  ordonnance  courtoise  étoit  une  ordonnance 
favorable.  (Ord.  t.  1,  p.  370,  notes,  col.  2.) 

"  Une  chambre  courtoise  éloit  ce  que  nous  nom- 
mons garde-robe,  latrine,  privé,  la  même  chose  (|ue 
chambre  coie  ou  chambre  aisée  ci-dessus.  Cour- 
toise signilioil  commode  dans  celle  expression  : 
"  La  lil  jeUer  dans  unechainbre  courtoise  (3).»  (Chr. 
S.  Denis,  l.  Il,  fol.  "20.)  G'est  la  traduction  du  latin 
de  Higord  in  cloacam  profiinilam.  Dans  une  ordon- 
nance concernant  »  leslat  des  vuidangeurs,  appel- 
«  lez  maisli  es  li  li  »,  on  lit,  arl.  :>i  :  «  Pour  ce  que 
»  grande  nécessité  esl  d'avoir  plus  d'ouvriers  es 
>■  chambres  basses  (que  \'oniï\lcoiirloises)  qu'il  n'a 
«  à  présent  en  la  ville  de  Paris,  etc.  »  (Ord.  t.  II, 
page  377.  -  Voyez  Diclionn.  de  Golgrave.)  Chambre 
courtoise  pourroit  s'expliquer  au  même  sens,  dans 
ce  passage  : 

Puis  fu  par  lui  mise  à  granl  noise  (bruit) 
Dedenz  une  chainljre  courtoise. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  37,  V. 

Courtois  auroit  signifié  brave,  hardi,  s'il  falloit  lire 
courtois  dans  le  passage  suivant  : 

Moult  fut  hardis,  moult  fu  courtois  (4). 

Rom.  de  Brul.  MS.  fol.  83,  V"  col.  t. 

Mais,  dans  le  .m»,  de  M.  de  Bombarde,  on  lit  : 
«  Moult  fut  certains ,  »  bien  assuré ,  plein  de 
confiance. 

Itabelais  emploie  le  mot  courtois  pour  libéral,  si 
nousen  croyons  Le  Diichat,  t.  IV,  p.  KiO,  mais  il  se 
trompe  Ge  mol,  en  cel  endroit ,  signifie  seulement 
doux,  bon,  favorable. 

Piemarquons  celte  expression  :  on  disoit  de  quel- 
qu'un qu'il  éloit  de  courtois  litjuage,  pour  signifier 
qu'il  éloit  né  d'honnêtes  gens  qui  n'éloient  pas 
nobles.  (G,  Guiarl,  .ms.  f°  358.) 

VARIANTES  : 
COURTOIS.  Orth.  subsistante. 

COURTOVS. 

Cortois.  Part,  de  P.lois,  MS.  de  S.  G.  t»  1(54,  Y»  col.  3. 
CuRTEis.  Marbodus,  col.  1G58. 

Courtoise.  [Intercalez  Courtoise,  courloisie, 
dans  Froissart,  XV,  357  :  «  Ils  avoient  entendu  que 
«  il  avoit  plus  de  doulceurs  el  de  courtoises  que 
"  nul  des  autres  prisonniers.  »]  (n.  e.) 


(1)  Edition  Kervyn,  VII,  158.  Froissart  écrit  même  (XIV,  40)  :  «  Entre  Boulongne  et  Calais  n'a  que  sept  lieues  bien 
courtoises.  »  (N.  E.) 

(2)  On  lit  dans  l'éd.  Kervyn,  VI,  145  :  «  Et  puis  entrèrent  en  l'aiguë,  qui  pour  l'eure  estoit  moult  plate  et  courtoise.  Il  écrit 
aussi  du  vent  :  «  Li  vens  fu  si  bons  et  si  courtois  sus  mer.  »  (VIII,  207.)  L'hiver,  à  son  tour,  «  quoiqu'il  fust  moult  av;int  , 
estoit  si  courtois  que  riens  de  fioit  n'y  f.3isoit,  mes  ossi  souef  que  en  wain.  »  (IX,  108.)  (N.  E.) 

(3)  «  Adonc  sali  li  rois  Henriz,  et  prist  un  l'rain  :  et  s'en  ala  ans  cluunljres  courtoises  touz  desespereiz  ,  et  pleins  de 
l'anemi  ;  et  si  s'estraingla  des  i  esnes  don  frain.  «  (Mén.  de  Pieims,  §  25.)  (n.  e.) 

(4)  Cependant  on  lit  déjà  dans  Roland  (str.  XLII)  :  «  Et  Oliviers  li  preux  et  li  corteis.  »  (N.  E.) 


co 


—  344  — 


CO 


Courloiscincnt,  ndv.  l'oliment.rivilementi  1). 
D'une  m;iriii'i'e  lioiiiu;le.  En  laliii  curialilcr,  dans 
le  f;ioss.  lut.  de  liu  (l.inse.  Je  ne  sais  si  ce  mot 
prend  une  siiinilienlion  différente  dans  ce  passage  : 
"  ("este  jon\le  luy  enibia  moult  cnurloiscme.nl.  » 
(Gér.  de  Nev. '2"  part.  p.  103.)  C'est-à-dire,  suivant 
l'éditeur  :  <■  Luy  déroba  .vdroitenient  l'Iionneur  de 
»  celte  joule.  »  Quoi  ((u'il  eu  soit,  celte  auceplion 
ne  seroit  qu'une  extension  de  la  première  (2). 

VAIUANTI-S  ; 
rOURTOISEMENT.  Gér.  de  Nev.  2»  part.  p.  103. 
CORTOISEJIENT.  Rabelais,  t.  II,  p.  258. 

Courtoisie,  suhst.  féin.  Politesse,  honnêteté  *. 
Présent  ,  gralilkalion  ,  pot  de  vin  ^.  ''acilité  , 
commodité  '^.  Douceur  ,  modération  °.  Sorte  de 
droit  ^. 

*  Ce  mot  est  pris  dans  le  premier  sens  par  Enst. 
Deschamps,  qui  rapporte  les  complimens  que  les 
f'i^nimes  se  font  entr'elles  : 

Passez,  paissez  linrdioinent.  — 

C'est  doiicques  par  commandement  '?  — 

Certes  non  est  ;  mais  courtoisie. 

Poès.  MSS.  f-  512.  col.  3. 

Ses  coiirtisit:.?  li  easaint  (enseigne) 
Et  as  tournoiemeris  le  maint  (mené). 

Rom.  do  Rou,  MS.  p.  30ft. 

°  Courtoisie  a  signifié  pot  de  vin,  gratification, 
présent  donné  pour  un  marciié  conclu  ou  ])Our 
autre  chose.  «  Sans  pouvoir  stipuler  aucun  pot  de 
■  vin,  ou  courloisie  (3).  »  (Nouv.  Coût.  Gén.  t.  1, 
p.  945.)  "  .laçoit  ce  que  (quoique^  aucun  preste  à  son 
<  amy  aucune  chose,  sans  dii^e  que  tant  en  aura  de 
<•  .gain  par  usure,  mais  toutes  fois  il  en  prent  bien 
»  courtoisie,  envois  (présens  envoyez),  et  dons  late- 
«  raux  (indirects,  détournez;,  toutes  telles  cour- 
«  toisies  sont  usures.  »  (Bout.  Som.  Rur.  p.  754.) 
>•  Encores  souffre  assez  la  loy  escrite  ,  si  fout 
•■■  plusieurs  sages,  que  de  l'argent  des  pupilles,  ou 
»  en  peut  lever,  et  prendre  courloisie,  comme  du 
"  cent  dix,  et  en  dessus,  aliu  que  le  pupille  puisse 
"  eslre  sulistenté  du  sien  sans  l'amoindrir,  lors  du 
'<  moins  que  l'on  peut.  »  (Ibid.  p.  GO.)  (4) 

'^  On  a  Chicourloisic  pourfacilité,  couinieon  a  dit 
courtois  jiour  facile.  On  a  vu  ci-dessus  passage 
courtois,  pour  passage  facile,  praticable.  On  a  dit  de 
même  :  «  11  vnuloii  liieii  que  les  compaignies  pre- 
>■  nissent  un  aulre  chemin,  qiie  parmi  Navarre.  Le 
"  prince  elles  autres  seigneursqiii  veoient  leur  che- 
min, et  leur  adrece  plus  promple  parmi  Navarre, 
'<  que  sur  les  marches  d'.\rragon  ,  ne  voulurent 
«  mie  renoncer  à  ceste  courtoisie.  •■  (Froissart, 
liv.  I,  p.  331.)  C'est  en  ce  sens  qu'on  a  dit  :  »  Mieux 


'  vaut  co^r/oys/t' de  gré  (faveur)  que  ne  fait  con- 
•■  venance.  ■■  (Percef.  vol.  V,  1»  3-2  ) 

To;(/7o/s/c,  pour  douceur,  modération.  «  Cour- 
'<  loijsic  et  mesure  est  une  mesme  chose,  beau  filz  ; 
«  à  tous  les  faitz  adjouste  manière,  et  mesure,  si 
•  auras  en  loy  moult  belle  vertu.  »  fPerceforest, 
vol.  Il,  f"  147.) 

^  On  nommoil  aussi  courtoisie  et  curtesie  un 
droit  en  usage  en  Angleterre,  par  lequel  un  homme 
veuf  a  l'usufruit  des"  fiefs  ou  terres  de  sa  femme 
dontil  a  eu  des  enfants  qui  sont  morts,  soit  devant, 
soit  après  le  décès  de  leur  mère.  (Voyez  Du  Cange, 
Gloss.  lat.  au  mot  Curialitas  Angliœ  et  Scoti(e.){5) 
Litlleton,  au  [\lve  Curtesie  d'IïiHilelerre,  dit  :  «En 
'  liel  cas,  après  la  mort  de  la  femme,  il  aura 
»  niesmes  les  tenements  par  le  Curtesie  d'Emjle- 
"  terre,  et  autrement  neiiny.  >■  (Tenur.  chap.  4, 
fol.  7.)  De  là,  t£ner  par  curtesie.  (Ibid.  fol.  58.— Voy. 
sur  ce  sujet,  le  Mercure  de  septembre1733,  p.  1909. 
—  Voyez  aussi  une  autre  explication  de  la  Courtoisie 
dWngleterre,  pris  pour  un  droit  des  veuves  de 
qualité,  dans  l'Estal  abrégé  de  la  Grande  Bretagne 
imprimé  en  1757.) 

On  disoit  : 

]o  f,.,(i,.  courtoisie ,  pour  prier  son  ennemi  de  ne 
pas  exiger  de  lui  qu'il  demandai  la  vie.  (Voy.  Peler. 
d'Amour,  t.  IL  p.  TH.) 

ti°  Courtoysie  des  lionneurs  acquerre.  Prouesses 
faites  pour  obtenir  l'honneur  ou  le  jirix  du  tournoi. 
«  Ouant  la  journée  du  louruoy,  et  les  courloijsies 
"  des  honneurs  acquerre  seront  passées,  etc.  ■> 
(Percef.  vol.  IV,  f^S.) 

3"  Vous  dictes  voti'e  courtoysie.  (  Perceforest , 
vol.  1,  fol.  192.)  Façon  de  parler  familière  à  l'auteur 
de  ce  roman,  pour  :  «  Votre  courtoisie  vous  fait 
«  ainsi  parler.  » 

VARIANTES  : 
COURTOISIE.  Orthographe  subsistante. 
CouHTOYSiE.  Percef.  vol.  IV,  f»  3,  V°  col.  1. 
Cop.TOisiE.  .Marc,  et  Salem.  iMS.  de  S.  G.  f°  117,  R». 
CouRTisiE.  Rom.  de  Rou,  MS.  p.  399. 
Curtesie.  Tenur.  de  Litll.  f°  10,  V». 
CoRTAissE.  Borel,  Dict. 
CuRTEisiE  >  t  Curtksie.  Marboflu.s,  col.  1638. 

Coin'lre,  sul)St.  Couverture  de  lit  6).  (Glossaire 
des  Arr.  d'Amour.) 

Coui'ttourner ,  verl)e.  Terme  de  manège. 
Tourner  court.  On  a  dit,  eu  parlant  d'un  cheval: 
«  Le  faire  conrttourner  en  ung  cercle  tant  à  dexire 
«  comme  à  senest.e.  »  (Rab.  t.  I,  p.  102.) 

Couru  ,  parlic.  Poursuivi.  Du  verbe  courir 
ci-dessus,  poursuivre.  Delà   on  disoit,  au  figuré: 


(1)  On  lit  dé)à  dans  Roland  (v.  11G4)  :  n  Si  lur  ad  dit  un  mot  cwiniscmcnt.  »  (s.  E.) 

(2)  Dans  Froissart,  il  signifie  doucement,  sans  se  presser  :  «  Si  retray  ses  gens  au  plus  courtniseineiif  qu'il  peut.  » 
(VI,  103  )  —  «  Chevauçoient  cnui-toiseme»!  sans  yaus  trop  lasser.  »  (VIII,  25.) 

(3)  On  lit  encore  au  Lio.  rf«.v  Métieis,  389  :  «  Nul  mestre  ne  le  doit  prendre  pour  mains  de  vingt  sols  parisis  ,  et  prendre 
boin  gage  et  boin  argent,  ne  ne  li  est  tenus  de  rien  faire  à  rofliiif:ip.  »  (Liv.  des  Méiiers,  389.)  (N.  E) 

(4)  On  lit  au  sens  de  pourboire  (reg.  .I.t.  120,  p.  270,  an.  1382)  :  «  Lambelot  entra  en  l'ostel  d'un  sien  voisin,  nommé  Pierrot 
r.illar,  demour.int  audit  Chanvre,  lequel  iccllui  jour  avoit  fiancée  ou  donnée  par  mariage  sa  fille  à  un  homme  de  Farges,  et 
demanda  sa  partie  de  la  courloisie  desdiles  fiançailles,  ainsi  comme  au  pais  est  de  coustume.  »  (N.  E.) 

('51  II  cite  le  Monasticon  .\nglic.  (H,  6i5)  :  «  Lequel  Sire  .lean  (despenssr)  engendra  sur  ly  un  fis  ou  une  fille,  que  mourust, 
is.^i  ke  après  la  morl  Jeanne,  Sire  Jean  le  Despenser  tint  le  maner  du  C.hastel  per  la  ciirhinsii;  de  Engleterre.  »  (N,  E.) 
(G)  Ce  mot  vient  plutôt  de  rulcilra  que  de  culcita.  (N.  F..> 


co 


-  345  — 


CO 


«  Sous  peine  d'estre  coiiruz,  et  d'estre  mis  à  finance, 
«  comme  rebelles  et  désobéïssnns.  »  (Le  Jouvence!, 
BIS.  page  G34.) 

Courvage,  subst.  niase.  Droit  seigneurial.  Droit 
de  courvage  (1).  Le  droit  d'exiger  des  corvées.  (Du 
Cange,  Gloss.  lat.  au  mot  Curvala.) 

1.  Courve,  subst.  féin.  Courbe.  Maladie  du 
cheval.  (Du  Cange,  Gloss.  lat.  au  mot  Tuba.) 

2.  Courve,  adj.  Courbe.  (Dict.  d'Oudin.) 

1.  Cour\éo, subst.  féin.  Espècedejeu.  ■■  Comme 
«  par  manière  de  jeu  et  esbatement  l'en  ait  acous- 
«  tumé  de  faire  au  dehors  et  près  des  murs  d'icelle 
«  ville  nn  jeu  appelle  la  courvéc,  chaseun  jour  de 
«  feste  deux  foiz  le  jour,  l'un  après  disner  et  l'autre 
<■  après  souper...  Lequel  jeu  communément  s'en- 
«  commence  par  enfanz  et  aucunel'oiz  se  pnifait 
«  pargenz  bien  aagiez  et  puissans  de  corps,  babiles 
«  audit  jeu  ,  privez  et  estranges,  en  .gettant  les  uns 
»  contre  les  autres  pierres  grosses  et  menues  au 
«  plus  elforciément  qu'iiz  peuent,  cbascun  en 
•■  espérance  de  rebouter  sa  partie,  telement  que 
«  aucunefoiz  sont  navrez  et  bleciez;.,.  et  se  il 
«  avient  (]ue  aucun  d'eulx  preigne  autre  de  sa 
«  partie  adverse,  le  preneur  a  accoustuméde  oster 
«  le  chaperon  de  son  prisonnier,  et  mettre  eu  la 
"  taverne,  et  lui  rançonner  d'une  pinte  de  vin,  et 
«  vont  boire  ensemble  en  faisant  paix  comme 
«  devant.  »  (Voyez  Très,  des  Chart.  reg.  131,  pièce 
20,  des  lettres  accordées  par  Charles  VI,  en  1387, 
pour  un  meurtre  commis  à  celte  sorte  de  jeu  dans 
la  ville  de  Langres.) 

2.  Courvée.  [Intercalez  Courvée ,  mesure 
agraire,  dans  une  pièce  de  141)7  (Du  Gange,  II,  G'20, 
col.  2)  :  «  El  premier  trois  courvées,  dont  l'une  est 
«  appellée  la  courvéc  de  la  bergerie,  qui  contient 
<'  environ  cinquante  jour  de  terre,  et  l'ail  le  bout 
«  d'icelle  courvéc  au  haut  du  chemin.  »]  (n'.  !•.) 

Courzos  Un  ancien  poète,  faisant  la  description 
du  pays  de  Cocagne,  dit  : 

De  bars,  de  saumons,  et  d'aloses 
I  sont  toutes  les  niesons  closes  : 
Li  chevron  i  sont  d'esUirgeons, 
Les  couvertures  de  bacons, 
Et  les  laies  sont  des  saucises 
Moult  a  ou  païs  de  denices 
Car  de  hastes  et  de  courzos 
I  sont  trestuit  li  blé  enclos. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  761:.,  t.  II,  f'  147,  V  col.  2. 

Couscoilles ,  subst.  fém.  plur.  Gousses  de 
fèves.  C'est  ainsi  qu'on  les  appelle  dans  le  Haut- 
Languedoc  ,    suivant  Le  Duchat ,   sur    Itabelais , 

t.  m,  p.  126. 

Cousel.  [Intercalez  Cousel,  tenure  en  coterie, 


au  reg.  .ÎJ.  56,  p.  120,  an.  1317:  «  Plusieurs 
'<  héritages  et  possessions,  tenuz  en  partie  en  fié, 
«  el  eu  partie  en  cousel.  «]  (n.  e.) 

Cousin,  subst.  masc.  Terme  de  parenté*.  Terme 
d'amitié  °.  Terme  d'honneur  '=.  Chaiileau  °. 

*  On  trouve  cnsinus,  au  premier  sens,  dans  le 
Gloss.  lat  de  Du  Cange;  mais  cusinus  n'est  point 
l'étymologie  de  ce  mot,  il  en  est  la  traduction. 
Cousin\ienl(\e  consenc  (2),  contraction  de  consan- 
guin. (Voy.  CoNSE.Nc  ci-dessus).  Quant  a  l'orthographe 
conrin,  c'est  une  prononciation  vicieuse  des  Pari- 
siens pour  cousin.  (Celthell.  de  L.  Trippaull).  En 
Touraine,  les  paysans  substituent,  dans  une  grande 
partie  des  mots,  Vr  à  l's. 

Ce  mol,  comme  terme  de  parenté,  avoit  autrefois 
une  signilicalion  plus  étendue  que  celle  qu'il 
conserve.  Il  sianifioil  parent  eu  quelque  degré  que 
ce  fût  (3).  (Voyez  Percef.  vol.  II,  fol.  33.)  Il  se  disoit 
quelquefois  pour  neveu.  La  mère  de  Itoland  étoit 
soi'ur  de  Charlemagne,  el  Roland,  p  u'  conséquent, 
étoit  s  )n  neveu.  Cependant  Ph.  Mouskes  ,  après 
l'avoir  appelé  en  plusieurs  endroils,  niés,  neveu 
de  Charlemagne,  le  qualilie,  dans  d'ai/ies,  de  cou- 
sin du  même  prince.  (Voyez  Ph.  Mouskes,  ms. 
p.  218,  elc.) 

Nous  devons  aussi  remarquer  ifue  le  duc  de 
Bourbon  esl  apiielé  oncle  du  roi  Charles  VI,  à  la 
liage  33  de  l'IIist.  du  maréchal  de  Boucicaut ,  édit. 
de  Godefroy  ,  el  son  cousin  à  la  page  58.  Louis  XI, 
après  avoir  appelé  mon  frère  le  connétable,  traite 
le  duc  de  Bourbon  «  de  mon  très  cher,  et  très  amé 
"  frère  el  cousin.  "  fOuclos,  Preuves  de  l'Hist.  de 
Louis  XI,  p.  361.) 

D'ailleurs,  les  termes  dont  on  se  servoit  autrefois 
pour  désigner  les  degrés  de  parenté  ne  sont  plus 
les  mêmes. 

Cosins  et  germain  sont  distingués  l'un  de  l'autre, 
etrépondent  au  latin  consanguimus  eiconsobrimis. 
(Voyez  Rymer,  t.  I,  p.  116,  lit.  de  1270.) 

Le  titre  de  cosi7i  esl  donné  par  le  roi  de  France 
au  ioi  d'Angleterre  ù  qui  il  écrit  ainsi  :  «  A  noble 
«  prince  seigneur  el  a  sun  cosin  1res  cher  sire  par 
«  la  grâce  de  Deu.  »  (Voyez  Rymer,  t.  I,  col.  105, 
dans  trois  titres  de  1266.) 

On  disoit  (4)  : 

l"  Cousin  après  germain,  pour  cousin  issu  de 
germain.  «  Monseigneur  Charles  d'Anjou  frère  du 
«  roy  en  loy,  et  son  cousin  après  germain.  « 
(Berry,  Chron.  depuis  1402-1161,  p.  410.) 

2°  Petit  cousin,  pour  fils  de  cousin.  (Oud.  Dict.) 
On  se  servoit  peut-être  de  celte  expression  pour 
désigner  les  cousins  du  3'  ou  4'  degré. 

3"  Cousins  entiers,  dans  le  sens  de  entier  sang. 


(1)  Voyez  Co)'ra(/e.  On  lit  au  ms.  anc.  8.312.  5,  fol.  103,  v»  :  «  Item  a  le  sires  la  moitié  de  courvages  ;  et  appelle  l'en 
courvarjes  que  cil  qui  a  beste  traiant  .un.  sols,  et  cil  qui  point  n'en  a,  ne  doit  que  .li.  sols.  »  (n.  e.) 

(2)  Il  vient  de  consobnmis,  devenu  cossofrouif:,  dans  un  Glossaire  du  vu'  siècle.  (N.  E.) 

(3)  «  Nos  appelons  coif:i,)s  toz  cez  que  la  loi  apele  parenz  de  par  père  ou  de  par  mère.  »  (Liv.  de  Justice,  231.)  (n.  e.) 

(4)  1»  Cousin  fraireur,  pour  cousin  germain  (J,l.  142,  p.  2,  an.  1391)  :  «  Robine  vesve  de  feu  Pierre  Moisson  prestre  filz 
de  ladille  femme  et  cousin  fraireur  d'icellui  suppliant.  »  2°  Cousit)  ru  outre  ou  second  ,  pour  cousin  issu  de  germain  : 
«  Gilliart  le  coq  cousin  en  autre  à  Griffon  du  Casteler.  »  (J.J.  135,  p.  234,  an.  1389.)  -  «  Cebille  .  fille  de  feu  Pierre''del  Bals 
cousine  seconde  du  suppliant.  »  (.IJ.  148,  p.  50,  an.  1395.1  Enfin  cousin  en  tiers  est  cousin  au  troisième  degré.  »  (JJ.  13(3,  p.  54, 
an.  1389.)  (N.  E.)  ë         y  ,  v      , 

IT.  44 


co 


—  346  - 


CO 


parenté  complète,  en  parlant  des  enfans  de  même 
père  et  de  nièiiie  mère. 

De  vous,  ains  vos  voit  volenti'  rs, 
Trop  plus  que  ses  cousins  entiers. 

Froissart,  Pofs.  MSS.  p.  134,  m1.  1. 

4»  Cousin  (le  lignafje  et  armes,  pour  cousin  de  la 
même  souclieel  portant  les  mêmes  armes.  ■•  Messiie 
«  Espagnolet  d'Espaigne,  aisnélllsde  messirelîoger 
«  d'Espaigne,  cousin  de  lignayeel  d'armes  au  comte 
K  de  Foix.  "  (Froissarl.  liv.  111,  p.  46.) 

à' Cousin  (jervais  remué  d'une  busche  de  inouïe 
étoit  une  plaisanterie  sur  le  mot  de  cousin  remué 
de  germain.  Elle  s'employoil  en  parlant  •>  d'un  cou- 
«  sin  de  si  loin,  que  comme  on  |)arle,  il  s'en  falloit 
«  un  cent  de  fagots  ([u'ils  ne  fussent  de  même 
«  branche.  »  <■  liiroit-on  à  voir  la  chère  et  grâce 
«  de  ces  beaux  mespriseurs  de  toutes  choses  qu'ils 
0  sont  cousins  germains  de  quelque  grosse  souche 
«  de  bois.  »  (Dial.  de  Tahur.  fol.  45.) 

^Cousin  étoit  aussi  un  terme  d'amitié  et  de  fami- 
liarité. On  disoit  ils  sont  grands  cousins,  pour 
intimes  amis.  (Oudin,  Dictionnaire,  etCur.  fr.)  Celte 
expression  subsisleencoredans  le  style  familier  (1), 
mais  on  ne  dit  plus  ils  sont  cousins  germains  pour 
ils  sont  amis.  (Fabl.  .viss.  du  R.  n"  7218,  fol.  3'i3.) 

C'est  en  ce  même  sens  que  Du  Bellay  fait  dire  aux 
ambassadeurs  de  France,  à  la  Diette  de  1544  :  «  Que 
«  restera-t-il  aux  misérables  François  vos  cousins, 
«  sinon,  etc.  »  (Mém.  t.  V,  p.  417.)  C'est-à-dire  vos 
amis,  vos  alliés. 

"=  Comme  terme  d'honneur,  ce  mot  a  été  employé 
par  les  rois,  en  parlant  des  gens  constitués  en 
dignité  et  de  la  première  distinction;  ancienne- 
ment ils  n'appeloient  cousin  que  leurs  parents  seu- 
lement, suivant  Le  Laboureur.  Calmet,  qui  confirme 
cette  opinion,  dit  que  Louis  XI  a  été  le  premier 
qui  ait  donné  le  litre  de  cousin  au  comte  de  Dam- 
martin  :  «  Cousin  du  roi,  ce  titre  n'estoit  donné 
«  qu'à  ceux  qui  l'estoient,  jusqu'en  1540,  temps  où 
••  les  rois  ont  commencé  de  le  donner  aux  grandes 
>>  charges.  »  ['!"  add.  au  Mém.  de  la  maison  de 
Chabannes,  p.  44.)  .Mais  ce  titre  a  été  donné  anté- 
rieurement par  le  roi  Charles  V,  en  1366,  au  comte 
de  Sarrebrucb.  En  parlant  du  connétable  de  Fienne, 
il  le  qualifie  notre  cousin  de  Fienne.  (Voyez  l'Hist. 
de  Berlr.  du  Cucscl.  par  Mén.  page  400.)  Dans  des 
temps  bien  postérieurs,  Henry  IV  en  usa  de  même 
à  l'égard  de  M'  de  Villars,  amiral  de  France  et  gou- 
verneur de  Rouen,  et  le  roi  d'Angleterre  à  l'égard 
de  M'  de  Rosni.  Cliarles-Quint  fut  le  premier  des 
souverains  qui  donna  ce  titre  de  cousin  aux  cardi- 
naux, suivant  La  Roque.  Le  roi  le  donna  au  légat 
en  1598  (.Mém.  de  Bellievre  et  de  Sillery),  et  la 
même  année  il  traita  de  frère  l'archiducqu'il  n'avoit 
traité  jusipi  alors  que  de  cousin.  (Ibid.) 

Suivant  Mouslrelel,  vol.  II,  fol.  166,  .1.  de  Luxem- 


bourg, écrivant  aux  gens  du  conseil  des  ducs  de 
Bourgogne  en  143!»,  les  qualifie  de  ■■  très  révérends 
"  pères  en  Dieu,  très  chiers  et  très  amés  cousins, 
«  et  très  espéciaux  amis.  ■■ 

"Enfin  cousin  a  signifié  le chanteau de  pain  béni 
réservé  pour  les  parens  et  amis,  d'où  lui  vient 
peut-être  cette  dénomination.  De  là  aussi,  cette 
expression  envoyer  du  cousin,  dans  le  Rom.  Bourg. 
(liv.  I,  p.  135.)  C'est-à-dire  envoyer  à  chacun  de  ses 
parens  et  amis  un  part  du  chanteau.  Celle  cérémo- 
nie se  pratique  encore  dans  quelques  provinces. 
(Voy.  Eust.  Desch.  Poës.  .mss.  fol.  301.) 

Passons  à  quelques  expressions  (lue  nous  fournit 
ce  mot  : 

1°  Aider  à  quelqu'un  comme  à  son  cousin  ger- 
main, c'est-à-dire  faire  tout  pour  lui.  (Beaum.  p.  23.) 

1°  Le  cousin  germain  esl  le  plus  proche  parent  en 
ligne  collatérale.  De  là,  on  a  dit  au  figuré  : 

Tout  bonheur  soit  mon  cousin  germain. 

Froissarl,  Pois.  MSS.  p.  413,  col.  2. 

•3o  Le  cousin  de  l'arc  en  ciel.  Peul-êlre  le  beau 
temps.  Cette  expression  de  Régnier  et  de  Du  Lorens 
se  trouve  dans  Goujat,  Bibl.  fi\  t.  XVI,  p.  245. 

PnOVERBE  : 
Gardes  lui  donc  de  prester  : 
Car  à  l'emprunter 
Cousin  germain, 
A  rendre  fils  de  P... 

lns.iil.Cout.  de  Loisel,  1. 1,  p,  191. 

VARIAXTIiS  : 
COUSIN.  Orthographe  subsistante. 
CouziN.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  218. 
CouciN.  Rom.  de  Brut,  MS.  f"  90,  V»  col.  1. 
CosiN.  Villebardouin,  p.  130. 

CoisiN.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7C15,  t   [I,  f»  129,  R"  col.  2. 
CoYSiNE.  subsl.  fém.  S.  Bernard,  Serm.  fr.  MSS.  p.  218. 
CusiN.  Itymer,  t.  I,  p.  50,  tit.  de  1259. 
CouRiN.  Celthell.  de  L.  Trippault. 
KouESiNS.  Carpentier,  Hist.  de  Cambray,  p.  23. 
KousiNS.  Carpentier,  Hist.  de  Cambray,  p.  18. 

Cousinaye,  snbst.  uiasc.  Affinité  (2).  On  a  dit  ti- 

gurément;  ■>  Ainsi  y  a-l-il  un  grand  voisinage  et  coh- 
«■  sinage  entre  l'homme,  et  les  antres  animaux.  « 
(Sag.  de  Charron,  page  54.)  «  L'ouye  et  la  parole  se 
..  respondent,  et  rapportent  l'une  à  l'autre,  ont  un 
«  grand  cousinage  ensemble,  l'un  n'est  rien  sans 
«  l'autre.  »  (Ibid.  p.  84.) 

Cousine,  suhst.  fém.  Terme  de  parenté  (3).  11  est 
relatif  et  se  dit  de  ceux  qui  sont  issus  de  deux  frè- 
res. On  trouve  cousine  née  de  germain,  pour  cou- 
sine issue  de  germain,  dans  Joinville,  page  64.  11 
sembleroit  que  cousine  se  soit  pris  aussi  pour  nièce, 
peut-être  nièce  à  la  mode  de  Bretagne.  Du  moins 
ces  deux  mots  sont-ils  employés  indistinctement 
l'un  pour  l'aulre,  dans  Percef.  (vol.  V,  folio  3.)  C'est 
vraisemblablement  comme  terme  d'amitié  que  ce 
mot  se  trouve  réuni  quelquefois  avec  celui  de  sœur. 
(Ibid.  vol.  II,  fol.  06.) 


(1)  Louis  XI  (19»  Nouv.)  l'emploie  même  au  sens  de  dupe  :  «  Son  mari  lui  rendit  la  chose  comme  elle  lui  bailla ,  combien 
qu'il  en  demourast  toujours  le  cousin.  »  (n.  e.) 

(2)  Voyez  Cosmage.  (n.  e.) 

(3)  Cousi)ies  a  le  sens  de  filles  de  joie  dans  Louis  XI  (.58»  Nouvelle)  ;  «  Nous  ferons  venir  à  nostre  logis  deux  jeunes  filles 
de  nos  cousines.  »  (N.  e.) 


co 


347 


CO 


On  disoil  estrange,  ne  cosine  pour  signifier  per- 
sonne. 

Que  estrange  ne  cosine 

Ne  sache  riens  de  vostre  affaire. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  1615,  l.  II,  fol.  135,  V"  col.  l. 

Remarquons  celle  autre  façon  de  parler  :  «  Faire 
«  comme  celui  qui  épouse  cousine,  et  puis  en 
«  demande  dispensation  »,  demander  permission 
défaire  une  cliose  déjà  faite.  (Petit  .1.  de  Saintré, 
page  235.) 

VARIANTES  : 
COUSINE.  Orth.  subsistante. 

CosiNE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7615,  t.  II,  fol.  190,  V»  col.  1. 
CousiNÉE.  .Toinv.  p.  64. 

Cousoil.  [Intercalez  Cousoil,  dans  la  locution 
dire  à  cousoil,  dire  en  secret  : 

A  cousoil  li  dist  :  Belle  amie, 
Alez  tost,  ne  vous  ennuil  mie. 

B.  N.  anc.  7615,  fol.  210,  R',  col.  1.)  fN.  E.) 

Cousser,  verbe.  Cesser.  (Dict.  de  Cotgrave  et  de 
Nicol.) 

Coussinet,  sm'js^.  masc.  Diminutif  de  coussin. 
On  disoil  chcvancheurs  de  coussinets,  pour  désigner 
des  hommes  mous  et  lâches  qui  n'aiment  que  le  lit. 
Brantôme,  parlant  de  M' de  Biion,  dit:  «  J'ay  veu 
■>  plusieurs  s'eslonner  de  luy,  que  luy,  qui  n'avoil 
«  jamais  traité  grandes  affaires  avec  pays  estran- 
«  gers,  ny  moins  esté  ambassadeur  pour  le  mieux 
«  entendre,  comme  un  monsieur  de  Lansac  de 
»  Rambouillet,  et  le  mareschal  de  Rets,  et  autres 
«  chevauchcurs  de  coussinets  {l),  il  en  scavoit  plus 
«  que  tous  eux,  et  leur  en  eut  fait  leçon.  »  (Brant. 
Cap.  Fr.  t.  III,  p,  357.) 

Coussineus,  adj.  Propre  îi  faire  des  coussins*. 
Garni  de  coussins^.  Dénature  de  coussin'^. 

*M.  de  la  Porte  s'est  servi  de  ce  mot,  au  premier 
sens,  pour  épilhèté  de  duvet. 

^On  a  dit  aussi  chevet  coussineus,  \wur  chevet 
garni  de  coussins.  (Epith.  de  M.  de  la  Porte.) 

'^Coussi lieux,  selon  Cotgrave,  signifioit  encore 
qui  a  la  douceur,  la  mollesse  d'un  coussin. 

VARIANTES  1 
COUSSINEUS.  Epith.  de  M.  de  la  Porte. 
CoussiNEUX.  Dict.  de  Cotgrave. 

Coussioys,  subst.  masc.  Nom  d'un  pays.  Le 
pays  de  Coucy. 

En  la  terre  chiérie 

De  Coussioys  et  de  la  baronnie 

Où.  les  chasteauls  sont  de  si  grant  façon. 

Eust.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  3S3,  col.  i. 

Coiisson  ,  subst.  masc.  Gousset  de  chemise. 
Pour  la  chemise  de  Gargantua  i  feurent  levées  neuf 
«  cents  aulnes  de  toile  de  Chasleleraud,  et  deux 
«  cents  pour  les  coussons  en  sorte  de  carreaulx, 


»  lesquels  on  meit  soubz  les  esselles.  »  (Rabelais, 
t.  1,  page  40.) 

Coust,  subst.  7nasc.  Dépense,  frais.  (Voy.  Gloss. 
de  Marot  et  celui  du  P.  Martène.)  (2)  On  a  dit  : 

A  mains  de  cnusl  là  serai. 

Fabl.  MSS.  du  R.  u-  1989,  fol.  9i,  R"  col.  1. 

Qui  fait  vignes  II  cok.b  est  grans. 

Eust.  Desch.  Pois.  MSS.  fol.  363,  col.  i. 

Il  n'y  aura  fors  d'anui  coust. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  713. 

C'est-à-dire  il  n'y  aura  que  dépense  d'ennui,  il  n'y 
aura  que  de  l'ennui. 

VARIANTES  : 
COUST.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7989,  fol.  91,  R»  col.  1. 
CouT.  Froiss.  Poës.  MSS.  p.  16,  col.  1. 
Coux.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  363,  col.  4. 
Cous,  pluv.  Duchesne,  Gén.  de  Béthune,  p.  164. 
Cos,  plur.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  852. 
CosT.  Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  412. 
Coust.  Jurain,  Hist.  du  comté  d'Aussonne,  p.  24. 

Coustable,  adjectif.  Cher,  préjudiciable*.  Cher, 
précieux^. 

*iNous  di.sons  cher,  aujourd'hui,  dans  l'un  et 
l'autre  sens.  Le  premier  pàroit  être  le  sens  propre 
de  coutable.  employé  llgurément  dans  le  passage 
qui  suit  :  «  Me  lairray-je  euclorre  en  une  de  mes 
«  villes?  et  endemenliers  (pendant  ce  temps-là) 
.<  on  ardera  et  exillera  (ravagera,  désolera)  mon 
«  pais"?  Ce  me  seroit  trop  coutable.  »  (Froissart, 
liv.  III,  p.  318.)  (3) 

^  Coustable  signifie  cher,  précieux,  dans  ces  vers  : 

Et  si  vous  dy  bien  que  ma  huve  (i) 
Est  vieille  et  de  pouvre  fasson. 
Je  sçay  tel  femme  de  niasson 
Qui  n'est  pas  à  moy  comparable 
Qui  meilleur  l'a,  et  plus  coustable 
un  fois,  que  la  mienne  n'est. 

Eust.  Desch.  Poos.  MSS.  fol.  i96,  col.  3. 

VARIANTES  : 
COUSTABLE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  f"  496,  col.  3. 
Coutable.  Froiss.  hv.  III,  p.  318. 

Coustage,  subst.  masc.  Frais,  dépense.  »  Par 
«  la  mesme  voye  ferons  porter  nostre  artillerie  et 
«  bagage  qui  par  l'autre  chemin  seroit  chose  de 
«  trop  grande  coustance.  »  (Mém.du  Bellay,  liv.  VI, 
fol.  I%.)  "  Devoit  mettre  le  chastel  de  Cherbourg 
>>  entre  les  mains  du  roy  d'Angleterre  qui  le  devoit 
•>  à  ses  coustaqes  faire  garder  trois  ans.  »  (Froiss. 
liv.  II,  p.  24.)  (5) 

VARIANTES  1 
COUSTAGE.  Froissart,  liv.  III,  p.  108. 
CousTAiGE.  Crétin,  p.  124. 
Co.STAGE.  Du  Cange^  Gl.  1.  au  mot  Coslarjium. 
CusTAGE.  Gloss.  de  l'Hist.  de  Bret. 
CousTANGE,  s.  f.  Mém.  Du  Bellay,  liv.  VII,  fol.  207,  R». 

COUSTENGE,  COUTANGE,  S.  f.  (6) 

CouTANCE,  S.  /'.  Mém.  de  Rob.  de  la  Marck.  MS.  p.  374. 


(1)  On  lit  dans  une  chanson  de  Charles  d'Orléans  :  «  Mieux  amassent  à  gogo  Gésir  sur  molz  coussinés.  »  (n.  e.) 

(2)  «  Et  les  avoient  li  borgois  amenet  dedens  leur  ville  à  leur  coust.  «  (Froiss.,  II,  181.)  (N.  e.) 

(3)  On  lit  encore  au  t.  IV  de  l'édit.   Kervyn,  p.  155:   «   Geste   guerre  as    Escos  leur  estoit   trop  coustable  et  à   nul 
prouffit.  »  (N.  E.) 

(4)  Voilette  empesée  qui  enserrait  la  tête  des  daimes  et  retombait  tout  autour  en  plis  gracieux.  (Voir  la  figure  dans 
Quicherat,  Costume,  p.  243.)  (n.  e.) 

(5)  «  On  lit  encore  édition  Kervyn  (III,  234)  :  «  Car  il  ne  édefient  pas  maison  de  grant  coustage.  »  (n.  e.) 

(6)  Froissart  (X,  285)  :  «  Et  furent  delivret  de  tous   cousteivjes  et  frais.   »  On  trouve  aussi  coustoigue.   »   (Châtelain   de 
Couci,  V.  8031.)  (N.  E.) 


co 


—  3i8 


CO 


Coiistangé,  participe.  Constitué  en  dépens. 
On  lit  cl;iiis  une  ordonnance  :  »  Plusieurs  person- 
«  nés  IVéquonlans  les  dictes  foires  en  pourroient 
«  eslre  fuustanye:^,  et  endommagez.  »  (Ord.  t.  11, 
p.  31.'i,  an.  134D.) 

VARIANTES  : 
COUSTANGÉ.  Ord.  t.  II,  p.  .314. 
CousTENGiÈ.  Ibid.  t.  m,  p.  144  et  681  (1). 

Coustaiigeus,  adj.  Coûteux.  (Voy.  Cotgrave  et 

Monet,  Diclionn.)  M.  de  la  Porte  s'en  est  servi  pour 

épitlièle  de  procès  : 

Despense  oultrageuse, 
Charge  coutanijeusn. 

Al.  Cbart.  Pots.  p.  5U. 

VARIANTES  : 
COUST.\NGEUS.  Epilh.  de  M.  de  la  Porte. 
CoUTANGEUX.  W.  CUart.  Poës.  p.  544. 

Coiiste.  [Intercalez  Coitste:  1°  Couette:  »  Mar- 
«  clians  et  vendeurs  de  cousticerie,  soient  cousti- 
«  ciers  ou  autres,  paieront  pour  une  couste  vendue 
«  au  pris  de  .xx.  solz  cl  au  dessous,  .i.  denier.  » 
(Du  Gange,  II,  643,  col.  2.)  I'  Coude  : 

A  coustea,  à  génois  aloit 
Ouerant  erbes  dont  il  sopoit. 

Parlonopex,  v.  85il.]  (N.  E.) 

Cousteau,  siibst.  masc.  Arme  offensive.  Ce  mol 
conserve  encore  son  acception  propre  et  primitive 
sous  rortliographecouleau.  Nous  renvoyons  à  la  lin 
de  l'article  les  façons  de  parler  auxquelles  il  a  donné 
lieu  dans  ce  sens,  et  nous  expliquerons  d'abord 
quelle  étoit  sa  signification  moins  connue.  Le  cou- 
teau, considéré  comme  arme  olïensive,  étoit,  selon 
Faucliet,  une  sorte  d'épée  courte,  ainsi  nommée 
soit  parce  qu'elle  ressembloit  à  un  couteau,  soit 
parce  qu'on  la  portoit  au  côté.  (Orig.  liv.  II,  p.  115.) 
Cette  épée  étoit  tranchante,  depuis  la  garde  jusqu'à 
la  pointe,  et  à  trois  faces.  C'est  ainsi  que  cette  arme 
est  désignée  dans  un  passage  des  Chroniques  de 
S.  Denis",  où  nous  lisons  qu'à  la  bataille  de  Bovines 

«  les  ennemis  du  Koy  usoienl d'une  manière 

«  d'armes  qui,  au  temps  de  lors,  n'avoient  oncques 
«  mes  esté  veues;  car  ils  avoienl  coustcaux  gros 
«  et  longs  à  trois  quarres,  tranchants  de  la  pointe 
«  jus(iu''au  manche.  »  (Chron.  S.  Den.  l.  II,  fol.  Al.) 

On  apiieloit  aussi  coustel  de  plattes  une  sorte 
d'épée  qui  se  porloit  sur  la  cuisse  ;  les  plattes  ou 
lames  de  fer  dont  la  cuisse  estoil  garnie  donnèrent 
lieu  vraisemblablement  à  cette  dénomination  coustel 
de ptattes.  (Hist.deB.du  Guescl.  parMénard,  p.,YJ.) 
On  trouve  couteau  de  guerre,  dans  Joinville,  p.  il. 


Le  coutiau  à  pointe  paroit  employé  pour  une 
arme  de  jet  dans  ces  vers  : 

Aucuns  ruent  coiitiauii  à  publies 
Qui  bruienl  comme  au  voler  éer. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  291,  V°. 

(Voyez  C0USTILI.E  ci-après.)  Il  nous  reste  à  remar- 
quer les  expressions  et  proverbes  dans  lesquels 
entre  ce  mol,  pris  dans  l'acception  subsistante  (2). 

r  Le:  couteaux  galoijs  éloient  des  couteaux 
fabriqués  au  pays  de  Galles.  (Percef.  vol.  1,  f°  28.) 

■i"  Un  en  faisoit  aussi  dans  le  Périgord  (jui  étoient 
fort  renommés,  d'où  viennent  les  coûteux  de  IHerre- 
(jort,  passés  en  uroverbe  avant  1300.  (Poës.  .mss. 
t.  IV,  p.  Itirri.) 

3°  Le  coustet saragossan  tiroit  vraisemblablement 
son  nom  de  Saragosse,  parce  qu'il  y  avoit  été 
fabriqué.  (Voyez  Très,  des  Chart.  Reg.  100, 
pièce  360,  an.  liOO.)  (3) 

4°  Le  Cousteau  de  Poréc  étoit  un  ustensile  de 
ménage.  (Voyez  Coût,  de  Valanc.  ÎSouv.  Coût.  Gén. 
t.  II,  p.  257.) 

5°  Couteau  de  tripière,  c'est-à-dire  tranchant  des 
deux  côtés.  On  l'a  employé  figurément  pour  dési- 
gner une  méchante  langue.  (Oud.  Dict.  et  Cur.  fr.) 

6°  Oudin  traduit  couteau  à  imprimer  les  toiles 
des  peintres,  par  le  mot  italien  Spadoleta. 

7°  Couteau  ,  pris  dans  un  sens  obscène  et  figuré, 
a  donné  lieu  a  cette  expression  :  jouer  des  couteaux. 
(Arr.  Amor.  p.  il2.)  (4) 

8°  Le  couteau  à  croix  se  nommoil  autrement 
miséricorde.  (Voyez  Miséricorde  ci-après.)  (5) 

9°  On  disoit  proverbialement  :  Trouver  coustel  à 
sagaîne,  comme  nous  disons  familièrement  trouver 
chaussure  à  son  pied,  faire  une  bonne  trouvaille, 
un  bon  coup.  Celui  qui  lit  prisonnier  Pierre  le 
Cruel  •'  bien  avoit  trouvécoi/s/^Z  à  sa  gaine.  »  (Hist. 
de  B.  du  Guescl.  par  Mén.  p.  372.) 

10"  Les  couteaux  à  Jean  Cotet,  l'un  vaut  l'autre. 
La  chose  est  égale.  (Oud.  Cur.  fr.  add.) 

VARIANTES    : 
COUSTEAU.  FouiUoux,  Vénerie,  fol.  80. 
CouLTEAU.  Bore),  Dict.  [""'  adJ. 
Coutiau.  Poës.  .MSS.  Vat.  n»  1490,  fol.  132,  V». 
Couteau.  Orth.  subsist. 

CouTEL.  Poës.  MSS.  Vat.  n»  1522,  fol.  152,  R»  col.  1. 
CouLTEL.  Nicot,  Dict. 

Coustel.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7615,  t.  Il,  f»120,  V»  col.  1. 
CouTiEX,  plw:  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  90,  R". 
Coutil.  Percef.  vol.  V,  fol.  lOi),  R»  col.  2. 
CouLTRE.  Du  Cange,  Gl.  1.  au  mot  CulteUus. 
CosTRE.  Fabl.  JISS.  de  S.  G.  fol.  45,  R»  col.  I. 

Coustée,  subst.  fém.  Paillasse.  On  trouve  sou- 


(1)  Reg.  T.I.  102,  p.  84,  an.  1^69  ;  «  Parquoy  les  dites  parties  pourroient  eslre  fraiez  et  cousloujie-.  »  (n.  e.) 

(2)  Ajoutez  1°  amsici  baxtarl  ou  has!ai-deau  :  «  Icellui  prestre  tira  un  rouslel  bastart,  qu'il  avoit  en  sa  sainture.  »  (JJ.  169, 
p.  447,  an.  1416.)  -  «  Il  tira  un  petit  coustel,  appelé  baslardeau.  »  (.IJ.  159,.p.  317,  an.  1405.)  2"  Coustel  à  cluu  ,  à  coulleltes. 
(Voyez  ces  mots  )  3»  «  Co!(.s^eoi((  d'Aleniaigne,  garni  de  six  cousteaulx  ,  une  lyme  et  ung  poisson,  et  d'une  forsetes.  » 
(De  Laborde,  i"»iaî(.T;,  p.  231.)4'>  «  C'o»;i«i(/.c  de  bouchier  c'on  dist  roKs.stf...  de  quoy  qu'ils  escourchent  les  bestes  qu'on 
appelle  rousses.  »  5"  «  Icellui  Guillaume  courut  sus  audit  Jehan  tenant  le  poing  clos,  en  icellui  un  coiisltil  buschc-greffe ,  ou 
autre  chose  invasible.  »  (,IJ.  105,  p.  487,  an.  1374.1  6»  «  Un  cousiel  draprier  à  taillier  pain.  i>  (J.I.  90,  p.  122,  an.  1359.)  7°  «  De 
quodam  parvo  cutello,  vocato  à  un  mot,  solo  ictu  percussit.  »  (J.I.  84,  p.  348,  an.  1355.)  8»  Couteau  parpaiii.  (Ane.  9484.2., 
fol.  492,  V".)  9"  Un  petit  causleau  pragois.  (JJ.  183,  p.  145,  an.  1456.)  10°  Coustel  de  plaiii  poing  ,  poignard  ,  au  reg.  JJ.  158  , 
p.  461,  an.  1404.  (M.  E.) 

(3)  Il  y  avait  aussi  des  couteaux  de  Toulouse.  (,TJ.  120,  an.  1381,  p.  35  ;  JJ.  155,  p.  15,  an.  1400.)  (n.  e.) 

(4)  «  Comme  l'exposant  et  Oudinet  eussent  joué  ensemble  au  jeu,  appelle  au  plus  prés  du  coustel.  »  (JJ.  145,  p.  4M, 
an.  1393.)  (N.  E.) 

(5)  «  Un  grand  coustel  à  croiz  resamblant  à  espée,  lors  que  il  n'estoit  pas  si  très  lonc.  »  (JJ.  90,  p.  119,  an.  1358.)  (n.  e.) 


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vent  ce  mot  dans  les  Etats  de  la  chambre  des 
comptes,  concernant  les  gages  et  fournitures  que 
doivent  avoir  divers  ul'liciers  du  roi.  «  Ara  en  lu 
«  fourrière  huicl  coustées.  »  (Miraum.  de  la  Clianc. 
folio  14.)  «  Ara  trois  coustées  et  feurre  à  l'ave- 
«  nant.  »  (Ibid.  fol.  5-i.)  -  Prendront  en  la  fourrière 
<•  deux  coustées  et  deux  bottes  de  feurre.  »  (Ibid. 
folio  1)0.)  «  Prendront  chacun  trois  proveiides 
«  d'avoine,  et  trente  deux  deniers  de  gages,  chacun 
"  pour  leurs  varlets,  et  pour  touttes  autres  choses, 
«  fors  que  chacun  aura  trois  coustées  et  feurre  à 
«  l'avenant.  »  (Id.  des  Cours  souver.  p.  124.  — Voy. 
Coite  ci-dessus  )  (1) 

Coustelesse.  [Intercalez  Coustelesse,  coutelas 
(JJ.  îG-2,  p.  oOr»,  an.  1  i08j  :  «  Lequel  Benoit  se  mist 
«  à  detTense  à  tout  une  grant  cousleiesse  qu'il 
«  portoit.  »]  (n.  e.) 

Coustelet,  subst.  masc  Itiminutif  de  couteau. 
Il  partage  les  deux  acceptions  du  mot  dont  il  est 
formé.  (Voyez  CorsTEAu  ci-dessus.)  (2) 

V.\RIANTES  : 
COUSTELET,  Coutelet. 
CoUTELAiT.  Ph.  Mouskes,  iMS.  p.  537. 

Coiisteleux,  adj.  Garni  d'uu  couteau.  (Dict.  de 
Cotgrave.  ) 

Coiistelier,  adj.  De  couteau.  On  a  dit  en  ce 
sens,  lame  coustelière. 

Coustement.  [Intercalez  Coustemenl,  tout  ce 
qui  est  nécessaire  à  une  exploitation,  dans  une 
pièce  de  1203:  »  Si  promet  que  je  ledit  molin  de 
«  touz  coustemenz  ferai  apareillier.  »]  (n.  e.) 

Coustepointe.  [Intercalez  Coustepointe,  sorte 
de  torture  (JJ.  lit»,  p.  124,  an.  1381):  .'  Jehanne 
<'  Dupont...  après  ce  qu'elle  ot  une  fois  esté  mise 
"  en  la  gehyiie  en  la  coustepointe  seulement,  .. 
«  confessa  ledit  larrecin.  —  Après  ledit  (kiilhiume 
«  la  fist  mettre  en  la  coustepointe,  et  pour  lui  faire 
«  paour,  list  apporter  du  feu  et  tist  semblant  de  lui 
»  mettre  soubz  les  pies ,  mais  point  n'y  fust 
«  mis.  »]  (N.  E.) 

Coustepointier,  subst.  masc.  Tapissier.  On 
lit,  dans  un  compte  cité  par  Du  Gange,  Gl.  lat.  au 
mot.S'/t'toI  :  "  Pour  deniers  payez  aux  vallelscous- 
«  tepolntiers  qui  tirent  et  tendirent  au  commande- 
«  ment  du  roy  les  encourlinements  mis  et  tendus  à 
"  S.  Ouin  en  la  noble  maison,  [lour  cause  de  la 
«  teste  de  l'esloille,  faite  illec  ou  mois  de  janvier 
«  l'an  1351.  » 

Couster,  verbe.  On  a  dit,  en  termes  de  procé- 
dure, couster  à  droit,  pour  ester  à  droit.  «  Il 
«  vouloit  le  conlraiiidre,  sur  la  matière  de  son 
«  divorce,  ou  d'aller  en  personne  à  Romme,  ou  d'y 
"  envoyer  homme  avecques  procuration  expresse 


"  pour  couster  à  droict.  «  (Mémoires  de  Du  Bellay, 
liv.  IV,  fol.  99.) 

Gousterie,  suvsl.  fcm.  L'art  de  faire  des  lits, 
des  matelas.  Du  mot  couste,  lit,  matelas.  (Ordonn. 
t.  IV,  p.  13G  (3).  —  Voyez  CousTiEn  ci-après.) 

Cousteur.  [Intercalez  Cousteur,  contre,  sa- 
cristain d'une  église:  «  Il  avoit  la  garde  des 
«  aournemens  et  autres  choses  d'une  chapelle.  >• 
(Reg.  du  Trésor  des  Chartes  à  l'an.  1317,  page  122.) 
'<  Inconlin.int  sordit  langaige  entre  Jehan  5Jelet  et 
«  le  suppliant  touchant  le  fait  de  la  cousturerie  de 
«  l'église  dudil  lieu  de  Cistot.  A  quoy  le  suppliant 
«  dist:  Jehan,  vous  fustes  autrelîois  cousteur  de 
«  l'église  de  ceste  parroisse,  et  vous  vy  venir  servir 
«  à  l'autel  le  prestr,',  nulz  piez  et  nues  jambes.  » 
(.IJ.  200,  p.  20,  an.  1407.)]  (n.  e.) 

Colistier  (4),  subst.  masc.  Matelassier.  Qui  fait 
des  matelas,  du  mot  couste.  C'est  ainsi  que  l'explique 
rédileur  des  Ordonnances,  dans  un  règlement  pour 
les  colistiers  de  Paris,  en  1372.  (Vovez  Ordonn. 
t.  V,  p.  547.) 

Coustille,  subst.  fém.  Sorte  d'arme  offensive. 
G'étoituue  épée  dont  quelques  soldais  françois  se 
servoienl  au  xv  siècle.  Elle  ne  diîïéroil  de  celle 
que  l'on  iijjpeloit  couteau  que  parce  qu'elle  étoit 
plus  longue  et  beaucoup  plus  menue.  (Dict.  univ.) 

variantes  (5)  : 
COUSTILLE.  Du  Cange,  G.  L.  au  mot  Cidlellu^. 
CousTiLE.  Dict.  de  Corneille. 
CouTiLLE.  Hist.  de  B.  du  Guescl.  par  lîén.  p.  237. 

1.  Goustiller,  subst.  masc.  Ecuyer*.  Espèce  de 
soldat  ^.  On  peut  attribuer  la  variété  des  orthogra- 
phes de  ce  mot  à  la  dilTérence  de  ses  élymologies. 
(Voyez,  sur  son  origine,  le  Dict.  de  Robert  Estienne; 
l'éditeur  d'Al,  Charlier,  Ilist.  de  Charl.  VII,  p.  206  ; 
et  Mil.  fr.  du  P.  Daniel,  1. 1,  p.  2!2.) 

*  Au  premier  sens,  si  l'on  fait  venir  cousliller  de 
couste,  côlé,  sa  signification  propre  se:a  qui  est  à 
côté,  qui  marche  à  côté,  d'où  l'on  auroit  pu  dire  le 
cousletier  de  Jupiter,  pour  désigner  l'aigle  qui 
l'accompagne.  On  trouve  eouslilliers  et  valets  de 
gens  d'armes,  dans  l'ilist  de  la  Popelinièi^e  (tome  1, 
liv.  I,  fol.  30.)  Ces  gens  d'armes  s'appeloieut  aussi 
lances  ou  lances  fournies.  Lors  de  leur  institution, 
on  leur  donna  à  cliacun  un  coustiller  armé  et  à 
cheval.  (Voyez  une  Ordonnance  de  Charles  VU,  en 
1444,  citée  dans  les  Mém.  d'Ol.  de  la  Marche,  liv.  I, 
p.  240  ;  Du  Gange,  G.  L.  au  moi  cultellarii.  ;  Laur. 
Gloss.  du  Dr.  fr.  ;  r'auchet,  des  Orig.  liv.  II,  p.  ll.-i, 
etc.,  etc.)  On  pourroit  aussi  faire  venir  cous<i//tT  du 
mot  coustille,  sorte  d'épée  à  l'usage  des  écuyers  ; 
et  Du  Cange,  qui  explique  cultellarii  dans  ce  sens. 
favorise  celle  étymologie  ;  mais  il  est  vrai  de  dire 
qu'elle  n'est  pas  plus  naturelle  en  ce  sens  que  la 
première. 


(1)  Voyez  aussi  Couste.  (n.  e.) 

(2)  «  Le  suppliant  frappa  iceUui  Jaquet  d'un  pel'd  coustelet  pavle  coul  auprès  de  la  gaviete.  »  (JJ.  167,  p.  SOS,  an.  1413.)  (n.  e.) 

(3)  «  Les  coustiers  et  coustieres  de  la  ville  de  Paris  nous  ont  fait  raonstrer...  que  les  droiz,  libertez  et  franchises  de  leur 
mest'.er  de  cousterie.  »  (N.  E.) 

(4)  Voyez  Cou^ticiers.  (N.  E.) 

(5)  Voyez  aussi  Froiss.,  X,  171.  «  Garni  et  prémuni...  d'une  grani  coM(iHe ou  miséricorde.  »  (JJ.  108,  p.  288,  an.  1375.)  (n.  e.) 


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CO 


^  Au  contraire,  dans  la  signification  de  soldat, 
couslillcr  se  forme  de  coitstille,  et  signifie  propre- 
ment armé  d'une  coustille.  (Voyez  le  P.  Daniel, 
t.  Il,  p.  \-2Ti.]  11  paroil,  par  le  pnssage  suivant,  que 
les  coHstillers  éloieul  niieespèce  de  ti'oupes  légères  : 
"  Envoya  le  capilainc  de  Crathor,  avec  cinquante 
»  lances,  droit  à  Crallior,  devant  grand  foison  de 
«  tous/;7/ers,  et  gens  desarmez  pour  descouvrir  le 
«  pais.  •'  (Le  Jouvencel,  ms.  p.  346.) 

VAKIANTKS  : 
COUSTILLER.  Le  .Touvencel,  MS.  p.  il. 

COUSTILIER,  COUSTILLIER. 

CousTELLiEn.  Hist.  de  la  Popel,  t.  I,  liv.  I,  f"  30,  R". 
Coutelier,  Coutiller,  Coustilleur. 
coustilleux,  coustrili.eu.x. 

2.  Coustiller,  verbe.  Combattre  avec  la  cous- 
tille. (Dict.  d'Oudin.) 

Coustioné,  parlic.  Cautionné.  «  Il  ne  pourroil 
«  emprisonner  les  bourgeois  d'icelle  ville,  pour  ce 
<■  que  d'eux  mesme,  et  par  la  fr.-incbise  du  dit  bour- 
«  gaae  ils  seront  comlioné.  »  (Coul.  de  Pernes, 
Nouv.  Coût.  Gén.  1. 1,  p.  387.) 

Coiistiver.  [Intercalez  Coustiver,  cultiver,  au 
reg.  .1.1.  50,  p.  35,  an.  1309:  «  Lequel  bois  avoit 
«  esté  planté  etcouslivé.  «  On  trouve  aussi  coutiver 
dans  une  pièce  de  1285  (Du  Gange ,  Il ,  095 , 
col.  2.)]  (n.  e.) 

Goustoii,  subst.  masc.  Terme  de  marine.  Ce 
sont  des  morceaux  de  bois  qu'on  attache  (1)  aux  an- 
tennes d'un  navire,  pour  empêcher  que  l'éclat  ne  se 
fasse  plus  grand.  (Oudin  ,  Dictionnaire  ital.  au 
mot  Lampaze.) 

Coustoiiné,  adj.  Terme  de  marine.  Du  mot 

CoisTON  ci-dessus. 

1.  Coustre,  subst.  mflsc.  Bedeau  (2).  On  pourroit 
expliquer  par  ce  nom  les  mois  eiistos  et  citstos 
altaris,  du  Gl.  lat.  de  Du  Gange.  Ménage,  dans  son 
Dictionn.  étymologique,  le  rend  par  clerc  de  paroisse, 
sacristain.  On  appelle  encore  en  Normandie  coîf^res, 
les  bedeaux  de  paroisses.  «  Il  ne  vonluljamais  payer 
«  à  ceux  qui  avoient  enterré  sa  femme,  et  quand  le 
«  curé,  ies  coultres  et  le  fosseyeur  luy  deman- 
«  doient  de  l'argent  pour  l'enterrage,  il  lèurdisoit, 
«  en  se  fâchant,  voulez-vous  avoir  le  corps  et  les 
"  biens.  »  (Bouchet,  Serées,  liv.  III,  p.  182.) 

0  collèges,  chanoines  et  curez 
Moines,  prieurs,  abbesses  et  abbez 
Tous  mendiens,  charlroux  et  celestins 
Coulres,  patrons  es  villes  et  citez,  etc. 

Eusl.  Descli.  Pot's.  MSS.  fol.  33,  col.  i. 

Nous  trouvons  les  mots  de  coustres,  coustres  et 
marguilliers,  répétés  souvent  comme  des  qualifica- 
tions, à  la  suite  des  noms  de  plusieurs  particuliers, 
dans  la  Coût,  de  Vermandois.  (Coutumier  Général, 
1. 1,  p.  555.) 


VARI.4NTF.S  : 
COUSTRE.  Coût,  de  Vermandois,  Coût.  Gén.  t.  I,  p.  555. 
Cori.Tiu;.  lioucbet,  Serées,  liv.  III,  p.  182. 
CdUïUK.  Eust.  Desch.  Poes.  MSS.  f^  333. 

2.  Coustre  (a).  11  faut  lire  acoustré  en  un  seul 
mol,  dans  le  Ilecueil  des  statuts  de  la  Bazoche, 
page  10. 

Coustreinent,  subst.  masc.  Ce  mot  n'est  peut- 
être  (|u'une  faute  pour  coustement.  frais  faits  pour 
l'amélioration  d'une  terre.  Voici  le  passage  : 
«  Sauves  nos  honors,  et  porchaceron  que  tous  les 
"  coustreiueiis  que  vous  avés  mis  en  la  terre  dont 
«  le  roi  mesiaus  vous  misl  Barut  en.  gages,  que 
«  vous  le  raurés.  »  (Cout.  de  G.  de  Tyr,  Martène, 
t.  V,  col.  595.) 

Coustrets,  s;//;s/.  masc.  plur.  Cotterets  (3). 
(Rabel.  tome  I,  p.  2.) 

Coustumable.  [Intercalez  CoustumnbW ,  sa- 
vant dans  les  coutumes  :  "  Comme  Ilennequin 
«  deust  estre  seigneur  propriétaire  et  à  bon  filtre 
«  de  certaine  terre  tenue  en  fief  de  feu  Pierre  frère 
«  .leban,  advocat  en  court  laye  et  homme  coustu- 
«  mable...  »  (.IJ.  152,  p.  298,  an.  1397.)  (n.  k.) 

Coiistumance  ,  subst.  fém.  Contumace.  Le 
pape  releva  les  sujets  de  l'empereur  Frédéric  «  du 
i>  serment  de  fidélité  pour  ce  que  la  peine  doit 
«  croistre  selon  ce  que  la  coustuviance  croît.  » 
(Chron.  S.  Denis,  t.  Il,  fol.  33.)  On  lit,  dans  Rigord, 
crescente  contumaciâ. 

Coiisîume,  subst.  fém.  Coutume  *.  Redevance 

seigiiei;riale  ^.  Aide,  impôt  '^(4).  Ce  mot,  qui  dansS. 
Bernard,  répond  au  latin  consuetudo,  subsiste  sous 
les  trois  acceptions  que  nous  venons  d'indiquer.  Il 
est  employé  comme  masculin,  le  costume,  dans  Du 
Chesne,  Gén.  de  Guines,  p.  290  et  291,  titre  de 
126i.  Il  se  dit  encore  d'une  suite  d'actions  qui, 
répétées  souvent,  donnent  l'habitude  de  les  faire  ; 
mais  il  nous  fournit,  en  ce  sens,  quelques  anciens 
proverbes  que  nous  rapporterons  li  la  fin  de 
l'iirlicle. 

*  Comme  le  mot  coutume  signifie  proprement 
l'usage  de  faire  une  chose,  de  là  l'application  parti- 
culièrede  cette  signification  aux  usages  ayant  acquis 
force  de  loi.  «  A  ce  qui  a  esté  gardé  d'ancienneté, 
"  loué  des  princes,  et  gardé  du  peuple  qui  divise 
«  (partage,  distribue)  à  qui  chascune  chose  doibt 
«  estre  et  ce  qui  appartient  à  chascun.  »  (Ane.  Cout. 
de  Norm.  fol.  21.) 

On  distinguoit  autrefois  la  coutume  privée  de  la 
coutume  notoire.  (Grand  Cout.  de  Fr.  p.  103  ;  ibid. 
Notes,  p.  lOi.  —  Bout.  Soin.  Rur.  p.  5  et  6.) 

On  trouve  aussi,  dans  Beaumanoir,  p.  122  :  «  La 
«  dilférence  qui  est  entre  coustume  et  usage  ;  si  est 
«  que  toutes  coustumes  si  sont  à  tenir;  mes  il  y  a 
«  de  tex  (tels)  usage  que,  qui  vourroit  plaidier 


(1)  Cette  attac':e  est  faite  de  cousions,  filaments  courts  qui  restent  après  que  l'on  a  passé  le  chanvre  écru.  (n.  e.) 
<2)  Voyez  Cotisteur,  Custre.  (N.  E.) 
(.3)  Voyez  Cosleret.  (N.  E.) 

(4)  Coiiatitme  signifie  encore  corporation  :  «  Oyé  la  complainte  qui  nous  a  esté  fait  par  la  coustume  des  tisserans  de  la 
ville  de  Moustierviller.  »  (JJ.  74,  p.  60,  an.  1343.)  (n.  e.) 


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•■  encontre,  et  mener  dusques  (jusqu'au)  au  juge- 
»  ment,  l'usage  si  seroit  de  nule  valeur.  » 

^Dans  le  sens  de  redevance  seigneuriale,  c'étoil 
l'usage  de  percevoir  îi  droit  de  llêfune  espèce  de 
péage  sur  les  marchandises.  Ce  droit  s'appeloit  la 
grande  et  petite  coutume.  «  Les  prévôtés,  ou  gran- 
«  descouslumes  "  éloient  les  redevances  féodales 
les  plus  considérables.  Suivant  la  Coût.  d'Anjou, 
«  s'aucun  seigneur  prenoil  droit  de  prevoslé,  ou 
«  grand  couslume  il  n'avoitla  petite.  »  (Coul.  Gén. 
t.  Il,  p.  6-2.  —  Voy  DuCange,  Gloss.  lat.  au  motPra'- 
positi,  col.  7(j5.)  On  percevoit  la  petite  coutume  (1) 
ou  levage  sur  la  venle  des  denrées  et  des  bêtes, 
dans  l'étendue  du  lief  même  ;  elle  comprenoit  même 
les  droits  de  bannalité  du  four  et  du  moulin.  (Coût. 
d'Anjou,  au  Coût.  Gén.  l.  II,  p.  02.) 

On  disoit  aussi  Irespas  ou  couslume  pour  signifier 
un  droit  qui  se  payoit  pour  le  passage  sur  la  terre 
d'un  seigneur.  fContes  d'Eutrapel,  p.  482.)  Dans  le 
dénombrement  de  la  terre  de  Montmort,  ms.  en  139(), 
il  est  fait  mention  d'un  droit  appelé  couslume  de 
Noël,i\ù  h  la  seigneurie  de  Montmor.  Cette  dénomi- 
nation vient  sans  doute  de  ce  qu'il  se  payoil  au 
terme  de  Noël  [2.) 

On  appeloil  tenir  un  héritage  en  coutume, 
c'esl-à-dire  à  charge  d'un  droit  approchant  du 
bourdelage,  suivant  le  Gloss.  des  Coul.  de  lîeauvoi- 
sis.  (Voyez  La  Tbaum.  Coût,  de  Berry,  p.  222.)  (3) 

'^Eadn  eouluvie  a  signifié  aide,  impôt  perçu  au 
profit  du  roi.  S'  Louis,  dans  une  ordonnance  rap- 
portée par  Joinville,  s'exprime  en  ces  termes  : 
«  A'ous  ne  voulons  qu'il  soit  levé  aucunes  exactions 
«  tailles,  ne  couslunies  nouvelles.  »  (Joinville, 
page  123.)  Le  même  auteur,  parlant  de  ce  prince, 
page  124,  dit  «  qu'il  flst  abolir  toutes  mauvaises 
>>  coustumes  dont  le  povre  peuple  étoit  grevé 
«  auparavant.  » 

Le  droit  de  liallebie  sur  le  poisson  de  mer  est 
appelé  couslume  dans  une  ordonnance  de  1325. 
(T.  I,  des  Ord.  p.  792.) 

Ce  mot  est  encore  employé  pour  le  droit  levé  au 
profit  du  roi  sur  les  marchandises,  dans  l'Ane.  Coût. 
d'Orléans,  à  la  suite  de  Beaum.  p.  471.  (Voy.  Bout. 
Som.  Rur.  p.  404.) 

On  m  maies  costumes  (4)  pour  impositions  abu- 


sives, injustes.  (Perard,  Ilist.  de  Bourg,  page  486, 
titre  de  1257.) 

Couslume  auroit  aussi  signifié  une  espèce  de 
maladie  s'il  ne  falloit  pas  lire  poslume  dans  ces 
vers  : 

AmoiToydes,  aguillons 

Couslume  et  fièvre  quartaine... 

Vous  doint  Dieux  et  sanglante  estraine. 

Eust.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  211,  col.  1. 
PROVERBES    : 

i"  On  disoit  ai'02?'  la  couslume  au  vaincu,  pour 
être  condamné,  ayant  droit  de  se  plaindre,  propre- 
ment être  battu  et  payer  l'amende,  par  allusion  à 
un  ancien  usage  établi,  suivant  lequel  le  pleige 
d'un  combattant  en  gage  de  bataille,  s'il  étoit  vaincu, 
payoit  une  amende. 

Il  ot  la  couslume  au  vaincu 
Qui  son  baston  et  son  escu 
.Jeté  enmi  le  cliamp  por  peur. 

Fahl.  MSS.  du  R.  n"  721S,  fol.  77,  R°  col.  1. 

2°  Couslume  rend  maislre,  et  devient  nature. 
(Le  Jouvencel,  fol.  79.) 

3°  u  Qui  croiroit  combien  est  grande  et  impe- 
"  rieuse  l'authorité  de  la  couslume  qui  la  dit  estre 
«  une  autre  nature  ne  l'a  pas  assez  exprimé  ;  car 
.'  elle  fait  plus  que  nature,  elle  combat  nature.  » 
(Sag.  de  Cbarr.  page  336.) 

4°  Gasteau  et  mauvaise  coustume  se  doivent 
rompre.  Proverbe  Bouriiuignon,  dans  S.  Julien, 
Mesl.  Histor.  p.  194.  (Voy.  Dict.  de  Colgr.) 

5°  Usaige  fait  la  couslume. 

Eust.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  560,  col.  1. 

VARIANTES  : 
COUSTUME.  La  Thaumass.  Coût.  d'Orl.  p.  465. 
Costume.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  23. 

Coustumé,  adj.  Ordinaire  (5). 

Coustuiiiéement,  adv.  Ordinairement,  habi- 
tuellement. «  Entra  leans  le  coulomb  qui  en  son 
»  bec  uug  enconsier  d'or,  et  il  se  lança  en  la  cham- 
«  bre  où  il  eiitroil  coustuméement  (6).  «  (Lanc.  du 
Lac,  l.  m,  fol.  21.) 

Coustumemeiit ,  subsl.  masc.  Habitude. 
«  Examinons  donc  la  seconde  condicion  que  Tulles 
"  me\,î\u"\\i\\i\)iè\\e  coustumement  [1).  C'est  assavoir 
«  qui  sont  ils  et  quels  sont  ils  (jui  se  consentent  à 
«  ce  conseil,  et  à  ta  voulenté,  et  te  conseillent  à 


(1)  «  Donnons  et  octroions...  les  deux  deniers  oboles  nègres,  appelés  la  co»s(»»)ie  de  Roian  ,  qui  est  une  partie  de  la 
petile  couslumii  cuyilie  et  levée...  dedens  le  chastel  de  l'Onibriere  de  Bourdeaux  sur  chascun  tonneau  de  vin.  »  (Ch.  de  1452, 
Du  Cange,  11,  359,  col.  1.)  (n.  e.) 

(2)  «  Livra  dampt  Kegnier  le  Cal  procureur  à  .Jacques  le  Waite  le  couslume  le  comte  à  goir  depuis  la  nuit  de  le  S.  Mathieu 
vespres  sonnant,  jusques  à  la  nuit  monsieur  S.  Fremin  ensuivant  vespres  sonnant.  »  (Ch.  de  Corbie,  an.  1423.)  (N.  E.) 

(3)  On  disait  aussi  crier  cousnone,  pour  réclamer  une  dette  :  «  Icelle  femme  dist  au  suppliant  qu'il  alast  crier  coustume 
sur  Godefroy  Baudement  chaussetier,  qui  là  estoit,  pour  un  denier  ou  autre  chose  que  ledit  Godefroy  devoit  à  laditte 
femme.  A  quoy  le  suppliant  obtempéra,...  et  de  fait  le  voult  exécuter  pour  l'amende  de  la  dilte  couslume,  qui  estoit  d'une 
pinte  de  vin,  »  (,J,I.  106,  p.  250,  an.  1412.)  (N.  E.) 

(4)  11  y  avait  aussi  de  fausses  coutumes  (Beaumanoir,  ch.  XXV)  :  «  Bien  puet  chelui  qui  tient  en  baronnie  donner  une 
fausse  couslume  un  an  ou  deux  ou  trois,  selonc  che  que  mestiers  en  est,  por  amender  et  pour  faire  bons  les  chemins  qui 
sont  convenables  à  le  communeté  dou  pais  et  aus  marchissans  estrangers.  Mes  à  tousjours  ne  puet  il  establir  tele  costume 
nouvele  ;  se  che  n'est  par  l'octroi  dou  roy.  »  On  lit  dans  CuveUer  :  «  Toute  fausse  couslume  vous  sera  abaissée.  »  (n.  e.) 

(5)  On  lit  dans  un  bestiaire  (Du  Cange,  'il,  557,  col.  3)  ;  «  Tousjours  est  par  couslumeiuenl  En  une  place  solement.  »  (n.  e.) 

(6)  «  Et  est  assavoir  que  ceuls  qui  par  plusieurs  fois  et  coustuméement  y  ont  esté,  perdront  tous  leurs  muebles.  »  (Reg. 
de  la  Ch.  des  Comptes,  Du  Cange,  II,  5.57,  col.  2.)  (N.  E.) 

(7)  «  Icelkii  suppliant  ne  forga,  ne  ne  fist  forgier  monnoye,  qui  onques  fust  couslumée.  »  (JJ.  146,  p.  185,  an.  1394.)  Dans 
Froissart,  il  sisnilie  expert  en  :  «  Chil  Alement  estoient  droite  gens  d'armes  et  bien  usé  et  coustumé  de  tels  besongnes.  » 
(III,  254.)  (N.  E.) 


co 


352 


CO 


«  faii'e  iiueiTe.  »  fLe  Cbev.  de  la  Tour,  înstr.  à  ses 
niles,  fol.  78.) 

Coustiimeuçou,  ,s;//^s/.  fém.  Coutume.  On  lit, 
en  parlant  d'un  faucon  qu'on  veut  dresser  : 

En  faisoil  la  cciishiinetiçon 
Et  le  manger  saigement,  etc. 

Gacc  de  la  Bicnc.  des  Déduits,  MS.  fol.  89,  V'. 

•  Coiistuiner.  ^Intercalez  se  coustumer,  payer 
les  droits,  dans  Froissart,  V,  -l'il  :  »  Et  se  venroient 
«  ces  tnùs  marceandises  coustumer  à  Calais  et 
«  feroient  Iti  le  quai  et  le  havane.  >>]  (n.  e.) 

Coiistuinerie ,  siibst.  fém.  Terme  de  cou- 
tume ;î).  C'est  le  lieu  où  l'on  exige  le  péage.  (Laur. 
Gloss.  du  Droit  fr.)  »  Si  aucun  marchant,  ou  autre 
«  trespasse aucun  péage  sans  acquitter,  et  il  retourne 
<■  pai'  la  coustuDwrie  i|u'il  a  trespassée,  le  seigneur 
"  d'icelle  le  peut  contraindre  à  payer  soixante  sols 
«  tournois  d'amende,  et  la  conslume.  »  (Coût,  du 
Mayne,  Coût.  Cén.  t.  il,  p.  VIA.)  On  Vii  coustiimicre 
dans  la  Coût.  d'Anjou  (Ibid.  page  (i7>)  et  à  la  marge 
coustumière,  c'est-à-dire  péagière  ou  prcvosté. 

VAin.V.NTF.S: 
COUSTUMEHIE.  Coût.  (lén.  t.  II,  p.  1-23. 
Coustumière.  Ibid.  p.  U.j. 

CoustiimiauY ,  subst.  masc.  Tyran.  Ce  mot 

s'est  dit  proprement  d'un  prince  qui  vexe  ses  sujets 
pour  les  coustumes  on  impôts  dont  il  les  surcharge. 
Un  ancien  poëte,  parlant  de  Jiomitien,  s'exprime 
ainsi  : 

Grans  griefs  a  fait  et  trop  de  maulx, 

Parjures  est,  et  coustumaux  : 

N'est  pas  noz  sires  natureu.x 

Ains  règne  comme  adventurevix. 

Hist.  des  Trois  Maries,  en  vers,  MS.  p.  391. 

VARIANTES  : 
COUSTUMIAUX. 
CousTUMAU.x.  Hist.  des  Trois  Maries,  MS.  p.  391. 

Coustumier,  subst.  masc.  et  adj.  Celui  qui  a 
coutume*.  Qui  doit  la  coutume^.  Qui  sait  la  cou- 
tume'^. 

*  Le  premier  sens  est  le  sens  propre  ('2).  (Voyez  le 
Dict.  d'Oudin,  le  Gloss.  de  Marol,  et  celui  de  l'Hist. 
de  Paris.)  On  disoil  autrefois  bon  coîistumicr,  dans 
la  signification  de  notre  expression  figurée  vieux 
routier. 

Le  sage  liraconnier 

Doit  savoir  con  bon  costuinier 
S'il  a  chien  qui  se  prenne  garde 
Du  change,  etc. 

Font.  Guér.  Très,  de  Ven.  MS.  p.  i'i. 

^CojfS^H/HÉ' a  signifié  péage,  redevance  seigneu- 


riale, e!c.  De  l;"i,  coustumier  s'est  dit  pour  vassal, 
sujet  à  ces  droils.  Ce  mot  signifioii  en  général  serf, 
non  noble,  le  mémeiiue  cottier  ou  borne  de  poesté. 
Bouteiller,  usantdu  terme  lioinmes  de  poesté.  ajoute 
qu'on  les  "  appelle  au  pays  de  là  coustumiers.  « 
(Som.  Rur.  p.  460.)  Comme  l'auteur  a  écrit  au  delà 
de  la  Somme,  il  sembleroit  que  bomme  de  poesté 
auroit  été  un  mot  particulier  à  ce  pays,  et  celui  de 
coii.stumier  (3)  au  pays  d'en  deçà  la  Somme. 

Quelquefois  ce  molétoit  adjectif,  comme  dans  ce 
passage  :  «  Bourse,  femme,  fille,  personne  coustu- 
»  mière.  aides  coustumiers,  emendes  coustu- 
•'  mieves.  ■•  (Voy.  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.  et  le  Gloss. 
sur  les  Cont.  de  Beauvoisis.;  (4) 

'^ Enfin  coustumier  signifioit  jurisconsulte  versé 
dans  la  i'oniioissance  des  coutumes  (5).  "  xN'ul  ne  soit 
"  receu  à  jurer  l'assise  s'il  n'est  suffisant  coustu- 
«  mier,  ou  licencié  en  l'un  des  droiz  civilz,  ou 
u  canons.  •>  (Ord.  des  ducs  de  Bref.  fol.  ±1'2.)  «  A  la 
•'  mort  de  la  royne  de  Tsavarre,  sœur  germaine  du 

«  roy  de   France murinurations    s'élevèrent 

«  entre  les  sages  et  coustumiers  de  la  comté 
"  d'Evreux  qui  sied  en  Normandie,  etc.  »  (Froiss. 
liv.  II.  p.  18.)  (6) 

Il  semble  que  les  avocats  et  coustumiers  soient 
distingués  dans  une  Ordonn.  des  ducs  de  Bret. 
folio 'il. 5. 

VARIANTES  : 
COI^STUMIER.  Fabl.  MSS  du  R.  n°  7218,  fol.  116,  V»  col.  1. 
Costumier.  Font.  Guer.  Très,  de  Vénerie,  p.  13. 

t'oustiimièrement ,  adv.  Habituellement*. 
Rolurièi'ement  ^.  ;, 

*  l.e  i)ieinier  sens  est  le  sens  propre  (7).  (Voy.  Dict. 
de  Monet,  l'Amant  ressusc.  p.  49.) 

^Au  figuré,  ce  mot  signifioit  roturièrement,  par 
opposition  à  noblement.  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 

Cousturage,  subst.  masc.  Métier  de  tailleur. 
(Contes  de  Des  Perr.  t.  II,  p.  92.  —  Voyez  Cousturier 
ci-après.) 

Cousture,  subst.  fém.  Couture*.  Terme  de 
blason''.  Culture'^.  Champ  cullivé". 

*  Ce  mol  subsiste  au  premier  sens,  sous  la  seconde 
orthographe  (8).  11  signifioit  autrefois,  comme  au- 
jourd'liui,  les  cicatrices  que  les  plaies  laissent  sur  la 
peau.  On  a  dit  figurémenl  dans  ces  vers  : 

Espurge  moi,  si  que  n'i  père 
Ne  la  plaie  ne  la  coiisliire. 

Fahl.  MSS.  du  R.  n'  "SIS.  fol.  186,  R*  col.  2. 

Nous  disons  aujourd'hui  sutu;e  du  front,  au  lieu 
de  costure  que  l'on  trouve  dans  le  passage  suivant  : 


(1>  Coustumerip,  comme  costumai,  signifie  encore  impôt  :  «  Le  suppliant  pour  aider  à  Jean  Ermenier  à  cuillir  et  lever 
certaine  couf:t}nnfvie....  laquelle  icellui  Ermenier  tient  a  ferme.  »  (,T.I.  105,  p.  1145,  an.  1474.)  (N.  E.) 

(2)  L'habitude  fait  l'habileté  :  «  Encore  fu  il  ordonné  que   tout  seigneur  mesissent   cure   de   estruire  et  aprendre   leurs 
enfans  la  langhe  françoise,  par  quoy  il  fussent  plus  able  et  plus  couslumier  en  leurs  gherres.  »  (Froissart,  II,  419.)  (N.  E.) 

(3)  «  Se  gentis  femme  prent  home  vilain  cuiistumier.  »  (Establ.  de  S'  Louis.)  —  «  Lesquelz  pillarts  prenoient  femmes  par 
force,  tant  nobles  que  coustutnievcs.  »  (JJ.  168,  p.  327,  an.  1415.)  (n.  e.) 

(4)  C'est  aussi  le  collecteur  de  coutumes.  (Voyez  Ord.,  V,  p.  318,  an.  1343  )  (N.  e.) 

(5)  C'est  aussi  celui  qui  garde  les  statuts  et  coutumes  d'une  corporation.  Voyez  les  statuts  des  talem-^liers  de  l'an  1300 
(Du  Cange,  II,  558,  col.  1).  (N.  e.) 

(6)  Edition  Kervyn,  IX,  4o.  Voyez  encore  t.  II,  p.  104.  (N.  e.) 

(7)  «  Il  se  levé  par  chascun  jour  coulnmierement  moult  matin.  »  (Bouciq.,  IV.  11.)  (x.  e.) 

(S)  On  appelait  aussi  cotis(ures  les  joints  des  bordages  :  «  L'une  nef  à  l'autr.^  hurter,  Et  mats  cheoir  et  traverser,  Covslure 
froissier  et  bois  fendre  ;  Port  ne  rive  ne  puent  prendre.  »  (Roman  du  Brut,  p.  33.)  (N.  e.) 


co 


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CO 


Il  l'asene  hait  h  mont 

Parmi  la  custiire  du  front. 

Parton.  de  Blois.  MS.  de  S.  G.  fol.  1G3.  V-  cul.  2. 

°  Comme  terme  de  blason,  coi/s/?/7'^  est  opposé  à 
bateure;  vraisemblablement,  on  entendoit  par  escu 
de  consture,  les  armoiries  qui  étoient  cousues  et 
non  appliquées.  «  Vouit  (voulut)  el  ordonna  avoir, 
«  le  jour  de  son  dit  grand  obseque,  quaire  cbevaux, 
«  dont  les  deux  seront  couverts,  c'est  assavoir  un 
«  pour  la  guerre  couvert,  et  dessus  un  escuyer 
«  armé  à  cotte  d'armes  du  dit  testateur,  el  l'escu  de 
«  eousturc.  Item  l'autre  cheval,  et  un  autre  homme 
«  dessus  par  semblable  manière,  pour  le  tournoy, 

»  et  la  cotte,  et  tout  de  batcitrc les  selles  des 

«  dits  deux  chevaux,  l'une  sera  pour  la  guerre 
«  armoyée  de  6'oi/s<H7'e;  et  l'autre  pour  le  tournoy 
ce  armée  de  bateure  ;  et  porteront  les  dits  deux 
«  genlilshommes  chacun  une  bannière,  c'est  à  sca- 
«  voir,  celuy  à  la  selle  de  guerre,  la  bannière  de 
"  guerre  de  consture,  et  celuy  de  à  la  selle  de  tour- 
«  noy,  la  bannière  de  tournoy  de  bateure  ;  et 
«  seront  les  dites  bannières,  c'est  assavoir  celle  de 
«  la  guerre  de  consture,  et  celle  du  tournoy  de 
«  bateure,  comme  dit  est.  »  (Godefroy,  Annot.  sur 
Charles  VI,  p.  735.)  On  trouve  dans  un  inventaire 
d'armures,  cité  par  Du  Cange,  Glossaire  lat.  au  mot 
Armatura  :  «  18  banieres  batues  des  armes  de 
«  France  et  de  Navarre,  et  4  de  couture.  » 

"^  Ce  mot  s'employoit  aussi  pour  culture  ;  alors  il 
vient  du  latin  cultura,  etc.  (Voy.  Du  Gange,  Gl.  lat. 
aux  mois  Cordura,  Costura  et  Cultura,  les  Dict.  de 
Borel  el  de  Nicot.) 

°De  là,  couture  s'est  pris  pour  champ  cultivé, 
champ  propre  à  recevoir  la  culture.  Couture  de 
terre  pour  pièce  de  terre,  dans  Beauman.  p.  42. 

N'i  a  beuf,  ne  charue,  ne  villain  en  arée 
Ne  vigne  provignie,  ne  coulure  semée. 

Rom.  de  Koii,  MS.  p.  37. 

C'est  dans  cette  même  signification  qu'on  dit 
encore  à  Pai-is  la  culture  S"  Catherine  (1). 

VARIANTES  : 
COUSÏURE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  f»  186,  R°  col.  2. 
Couture.  Orth.  subsistante. 

COULTURE. 

CosTURE.  Part,  de  Bl.  MS.  de  S,  G.  î«  163,  V»  col.  3. 
CusTURE.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  372. 

Cousturerie.  [Intercalez  Cousturerie  et  voyez 

COUSTEUR.]  (n.  e.) 

Coiisturier,  S!/?*sL  masc.  Tailleur*.  Joueur  de 
flûte^.  Ecuyer,  page*^. 

*  On  dit  encore  quelquefois  couturier,  au  pre- 
mier sens,  mais  il  n'est  plus  guères  d'usage  qu'en 
parlant  des  tailleurs  de  village  et  de  ceux  qui  tra- 
vaillent dans  les  villes  sans  être  maîtres.  Il  sedisoit 
autrefois  des  maîtres  comme  de  ceux  qui  ne  l'étoient 
pas.  (Voyez  Rob.  Estienne,  Nicol,  Monet  et  Ménage, 
Dicl.)  «  Adonc  Engioiz,  par  leur  grant  orgueil,  et 
«  outrecuidance,  se  assirent  dessus  le  pré  en  croi- 
"  sant  leurs  jambes  l'une  sur  l'autre  en  guise  de 


»  cousturier.  »  (Hist.  de  B.  du  Guesclin,  par  Mén. 
p.  r>28.  —  Voyez  Du  Cange,  aux  mots  Cordurerius, 
Costorarias,  Coudureritis,  Custurarius.) 

°  Contre,  qu'on  verra  ci-après,  a  signifié  ancienne- 
ment une  espèce  de  flûte,  d'où  cousturier  pour 
joueur  de  flûte.  C'est  en  ce  sens  qu'on  lit  «  mestier 
«  de  cousturier  et  sonneur  de  flustes.  »  (Contes 
d'Eutrapel,  p.  469.) 

^Cousturier  semble  aussi  s'êlre  pris  pourécuyer, 
page.  Alors  ce  mol  n'est  qu'une  variation  de  l'or- 
thographe ('0)/s<î7/('r  ci-dessus.  On  lit,  au  sujet  du 
roi  lorsqu'il  va  en  voyage  : 

Et  petis  cousturiers  avant 

Qui  sont  les  movetes  de  la  mer. 

r.ontred.  de  Songecreux,  fol.  110,  R". 

VARIANTES  : 
COUSTURIER.  Nuits  de  Strapar.  t.  II,  p.  421. 
Couturier.  Gouj.  Bibl.  Fr.  t.  XIV,  p.  163. 

Cousu,  participe.  Gravé*.  Attaché  °.  Percé  ^. 
Ces  diverses  significations  du  mot  cousu,  pris  au 
figuré,  ne  sont  plus  d'usage.  Nous  allons  citer  des 
exemples  de  la  façon  dont  on  les  employoit 
autrefois  : 

*  On  lit,  au  premier  sens  :  «  Seigneurs,  j'ay  une 
«  voulenté,  et  ung  désir  au  cueur  cousu  (gravé  dans 
"  mon  cœur.)  »  (Percef.  vol.  I,  fol.  !)7.) 

^  On  disoit,  au  second  sens  :  «  Lettres  cousues 
«  aux  portes,  »  pour  attachées,  affichées.  (Gloss. 
de  l'Hist.  de  Bref.) 

De  là,  nous  lisons  :  «  Si  apperceut  que  les  deux 
"  premiers  chevaliers  esloient  cousux-  d'une  lance 
«  sur  leurs  chevaulx,  qui  entroit  en  la  poiclriiîe  du 
«  cheval,  el  yssoit  hors  parmy  le  corps  du  cheva- 
»  lier  en  passant  parmy  l'archon  de  ]a  seule 
«  devant.  »  (Percef.  vol.  VI,  fol.  14.)  ro!/s«,  dans  ce 
passage,  signifie  attaché.  Nous  dirions  aujourd'hui 
cloué,  pris  également  au  figuré. 

'^  Cousu  signifie  percé  dans  cet  autre  passage,  où 
on  lit,  au  sujet  de  la  bataille  de  Juberoth  des  Portu- 
gais et  de  quelques  Auglois,  conire  les  Castillans  et 
quelques  François  :  «  Que  ce  qu'il  y  avoit  d'archers 
«  d'Angleterre,  tiroyent  si  roidement,  et  si  tostque 
«  leurs  chevaux  en  esloyent  tous  f(?((Si<s  des  sajettes 
«  et  mehaignés  (estropiés).  »  (Froissarl,  livi'C  III, 
p.  58.)  Nous  dirions  criblés  de  coups,  expression 
figurée  correspondante  qui  a  remplacé  celle  que 
nous  venons  de  citer. 

On  a  dit  aussi  : 

1°  Cheval  cousu,  pour  cheval  effianqué.  (Dictionn. 
d'Oudin.)  Expression  figurée  où  le  mot  cousu  est 
pris  dans  le  sens  propre.  Car  on  entend  par  cheval 
cousu,  un  cheval  dont  les  fiancs  semblent  se  loucher 
comme  s'ils  étoient  cousus  l'un  à  l'autre.  Cousu 
s'employoit  encore,  au  même  sens,  en  parlant  des 
chiens  iiui  ont  la  rage  ef/lanchée.  (Chasse,  de  Gast. 
Phéb.  MS.  p.  97.) 

2°  De  là  ,  cette  autre  expression  :  habit  cousu, 
pour  habit  trop  étroit.  (Oudin,  Dict.  et  Cur.  fr.)  Au 


(1)  On  a  aussi  l'église  de  La  Coulure  au  Mans  ;  ce  nom  se  retrouve  dans  la  Charente  ,  le  Loir-et-Cher,  le  Pas-de-Calais, 
la  Vendée  ;  la  CoMhire-Boussey  (Eure),  la  Coi((«)v-d'Argenson  (Deux-Sévres).  On  l'emploie  sous  la  forme  Coutures,  dans  la 
Dordogne,  Gironde,  Maine-et-Loire,  Meurthe,  Seine-et-Marne,  Tarn-et-Garonne.  (n.  e.) 

IV.  45 


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reste,  ces  deux  façons  de  parler  ne  se  trouvent  que 
dans  le  Dicl.  d'Oudin,  qui  a  souvent  recueilli  des 
locutions  vicieuses  et  triviales. 

VABIANTES  : 
cousu.  Orthographe  subsistante. 
Cosu.  Gloss.  de  l'Hi.st.  de  Paris. 

Coiisiire,  subst.  fém.  Couture.  (Dictionnaire  de 
Robert  Estienne.) 

1 .  Coiit,  s!//)S^  Pierre  à  aiguiser.  Ce  motse  trouve, 
en  ce  sens,  dans  un  fragment  d'une  pièce  de  vers 
languedociens  de  la  Croix  de  Realmont,  cité  au  mot 
Marelle,  dans  le  Dict.  de  Borel,  qui  traduit  coût  par 
qiiciLV,  pierre  à  aiguiser.  «  Les  faucheurs  ont  une 
«  grosse  gaine  de  bois  où  ils  mettent  rafraîchir  leur 
«  coiix.  »  (Moyen  de  parvenir,  p.  7G.) 

VARIANTES    : 
COUT.  Borel,  Dict. 
Coux.  Moyen  de  parvenir,  p.  76. 
Queux.  Borel,  Dict. 

2.  Coût.  Il  faut  peut-être  lire  cour,  dans  le  passage 
suivant  :  »  Vous  qui  entre  lesgalans  scavez  mieux 
"  vostre  coiit,  j'ay  pen,sé  dire,  comme  nos  docteurs 
«  votre  entregènte.  »  (Moyen  de  parvenir,  p.  17.) 

Conta ,  verbe.  Appuyer.  Mot  Languedocien. 
(Dict.  de  Borel,  au  mot  Co'bler.) 

Coutage,  subst.  masc.  Droit  seigneurial.  Ce 
droit  est  en  usage  en  Bretagne.  (Voyez  Morice,  Ilist. 
de  Bref.  Préf.  p.  1.5.)  (1) 

Coutances,  subst.  Nom  propre  d'une  ville  de 
Normandie.  Ou  disoit  en  proverbe  : 

1°  Clesches  (clefs)  de  Coutances  (2).  (Poës.  mss. 
avant  1300,  t.  IV,  p.  1653.) 

2°  Li  sorcuidié  de  Coutances,  c'est-à-dire  les 
téméraires,  les  présomptueux  de  Coutances.  (Poës. 
MSS.  avant  1300,  t.  IV,  p.  1051.) 

1 .  Conte,  subst.  fém.  Sorte  de  mesure.  La  même 
que  coubdée  ci-dessus,  pour  coudée.  »  Les  peiluis 
«  doivent  avoir  de  large  deux  coûtes  et  quatre  coules 
«  de  bault.  »  (Chasse  de  Gast.  Phéb.  ms.  p.  304. "i 
Ce  mot  a  la  même  signification  dans  ce  passage  : 
»  Avons  assigné  à  deliverer  les  eslendars  (modèles 
«  de  poids  et  mesures)  à  toutz  ceux  que  aver  les 
o  vodront,  dount  la  livre  peise  xx.  s.  en  deners 
«  countenauntz  le  aune,  de  deux  coules  espro- 
«  vées.  »  (Bintt.  Loixd'Angi.  f°  75.) 

2.  Conte.  [Intercalez  Coule:  1°  Couve.iurc  de 
matelas  :  «  Li  contes  de  Flandre  se  bouta  entre  la 
«  coule  et  l'estrain  de  ce  povre  literon.  »  (Froiss. 
X,  37.)  A  la  page  30,  on  lit  :  «  Une  povre  ceute  de 
«  vièle  toille  enfumée.  »  2°  Le  matelas  ou  la 
couette:  «  Ce  m'en  suis  bien  aperceue,  La  coûte 
«  ne  fut  pas  meue,  La  plume  n'est  pas  remuée.  » 
(Du  Gange,  II,  639,  col.  3.)  3°  Sorte  de  prestation 
tenant  au  droit  de  prise  et  de  chevauchée.  On  lit 


dans  une  charte  de  Corbie  sur  les  droits  de  l'abbé  : 
1  Item  pluisour  de  ledite  ville  li  doivent  coules  ii 
■'  court,  quand  il  en  sont  semons.  "  Dans  une  Ord. 
de  1355  (III,  p.  28),  on  lit  encore:  «  Notre  très 
«  chiere  compaigne  et  nostredit  filz  allanz  par 
«  chemin  par  nosire  royaume,  noz  maistre  d'oslel 
«  pour  nous,  pourront  hors  bonnes  villes,  faire 
«  prendre  par  la  justice  des  liens,  fourmes,  tables, 
»  cousles,  cousins,  feurres,  etc.  »]  (n.  e.) 

Couteau,  subst.  masc.  Terme  de  fauconnerie. 
Ce  mot  subsiste  encore  comme  terme  de  fauconne- 
rie, pour  signilier  la  première  penne  des  ailes  aux 
oiseaux  de  poing  (3).  Arteloque  dit,  eu  parlant  du 
faucon,  que  le  «  hérissement  des  plumes  sur  le  col 
"  et  extrême  débilitalion  de  couteaux,  signifient 
»  grande  et  oulrageuse  chaleur.  «  (Artel.  l'aucon- 
nerie,  folio  93.) 

Autrefois,  couteau  s'appliquoil,  en  ce  sens,  aux 
oiseaux  de  basse-cour.  «  Item  les  chappons  de 
«  herbegaigesont  prisez  les  deux,  pour  un  chappon 
«  de  rente  ;  et  doit  avoir  le  chappon  de  rente  cou- 
«  teaulx  suffisans,  el  si  n'estoit  suffisans,  on  rabat 
«  chascunco;i/(YnKleux  deniers  tournois,  si  c'est  des 
«  souverains  (grands,  supérieurs)  couteaulx,  el  si 
«  c'est  des  petits,  lors  en  rabat  on  pour\e  couteau  un 
«  denier  tournois,  el  si  le  chappon  avoit  esté  moins 
«  suffisant  chapponné,  on  en  rabat  trois  deniers 
'<  tournois.  »  (Bout.  Som.  Rur.  p.  504.) 

VARIANTES    : 
COUTEA.U.  Bout.  Som.  Rur.  p.  504. 
CouTTEAU.  FouiUoux,  Fauconnerie,  î"  74,  V». 

Couteeur.  subst.  masc.  Peut-être  faut-il  lire 
écouteur,  le  même  que  escoute  ci-après,  le  garde 
d'un  champ  clos.  Voici  le  passage  :  ^'  Se  la  querelle 
«  est  à  plus  de  cinq  sols,  et  il  ni  ast  que  il  ne  se 
«  fust  mis  en  la  pleuvine  (garentie),  si  comme  il  est 
«  dit  dessus,  li  autres  liporroitchaiangier  (disputer, 
«  conlester)  par  un  champde  bataille  cors  à  cors,  ou 
«  par  deus  autres  champions;  et  cil  qui  seroit  vaincus, 
«  rendroit  à  l'autre  ses  coûts,  que  il  auroit  donnés 
«  i^i  son  champion,  et  au  couteeurs  du  jour,  et  feroit 
«  ;i  la  justice  soixante  sols  d'amende,  se  il  esloit 
»  coutumiers.  »  (Ordonnances,  1. 1,  p.  207.  —  Voyez 
la  noie  (k)  où  l'éditeur  semble  l'avoir  entendu  diffé- 
remment.) 

Coutel,  subst.  wasc.  Partie  d'un  habit  religieux. 
Peul-êlre  la  manche,  comme  semlile  l'indiquer  le 
mol  latin  braeJiile  (4),  qui  répond  à  ce  mot  dans  la 
Règle  de  S.  Ben.  lat.  el  fr.  ms.  deBeauvais,  chap.  55. 
On  y  lit:  ■■  La  cuUe,  le  cote,  li  cauchon  ....  licof//^/, 
«  les  graifes,  etc.  »  En  latin  :  «  Cuculla,  tunica, 
«  pedules  ....  brachile,  grajiliium.  »  On  trouve 
même  dans  ce  mol  brachile  une  raison  pour  croire 
que  coutel,  en  ce  sens,  pourroit  s'êlre  formé  de 
coûte,  coude. 


(1)  Voyez  Coustage.  (n.  e.) 

(2)  Leroux  de  Lincy  (I,  341)  imprime  sec/ifis  de  Cous(a>!c"/iÊs  et  traduit  seiches  de  Coutances;  faisait-il  de  Coulantes  un 
port  de  mer  voisin  des  pieuvres?  (N.  e.) 

(3)  On  lit  dans  Renart-le-Nouvel  (t.  V,  v.  1892)  ;  k  Un  tel  cop  que  il  li  départ  Jus  les  maistres  coutiaus  de  l'ele.  »  (N.  E.) 

(4)  Brachile  signifie  braies,  (n.  e.) 


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Coiitelasse,  subst.  fém.  Balafre  (1).  Proprement 
coup  de  coutelas.  (Dict.  de  Colgrave.)  On  a  dit  mer 
grandes  coutellades,  pour  frapper  de  grands  coups 
de  coutelas ,  de  sabre.  (  Mémoires  de  Montluc , 
1. 1,  page  224.) 

VARIANTES  : 
COUTELASSE.  Dict.  de  Corneille,  au  mot  Couslile. 
CouTELLADE.  Mém.  de  Montluc,  t.  I,  p.  224. 

COUTILLADE,  COUSTILLADE. 

Coutelasser,  verbe.  Frapper  du  coutelas.  (Dict. 
d'Oudin  et  de  Cotgrave.) 

Contelé ,  adj.  Qui  est  en  forme  de  couteau  (2). 
(Dict.  de  Monet.) 

Couteleiire ,  subst.  fém.  Coupure.  Entaille 
faite  avec  le  couteau  (3).  (Dict.  d'Oudin.) 

Coutelier,  subst.  mase.  Ce  mot  subsiste.  On 
distinguoit,  autrefois,  deux  sortes  de  couteliers. 
Ceux  qu'on  appeloit  fevres  couteliers  fabriquoient 
les  lames  des  couteaux,  et  les  couteliers,  simplement 
dits,  faisoient  les  manches.  (Voyez  la  Table  des 
Mestiers  de  Paris,  ms.  de  Meiniere,  p.  9.) 

Coutelière,  subst.  fém.  Gaîne,  étui  propre  à 
mettre  un  couteau  (4).  II  semble  que  ce  soit  le  sens 
de  ce  mot  dans  ces  vers  : 

Et  soUers  à  noiaux 

Et  chauces,  et  housiaux  (chausses  et  bottes) 

Coutel  et  coutelière, 

Courroie  et  aumonière. 

Fabl.  JISS.  duR.  n'7G15,  t.  II,  fol.  213,  R"  col.  1, 

Coutellé,  adjectif.  Garni  de  gousses. 

Nous  sommes  légiers  comme  biclies, 
Rebondis  comme  belles  miches. 
Et  frayzés  comme  beaulx  ongnons, 
Aussi  contenez  comme  chiches  (5). 

Dialog.  de  Malepayc,  à  la  suite  de  Villon,  p.  57. 

Coutelo  ,  subst.  mase.  Long  couteau.  Mot 
languedocien.  (Dict.  de  Borel,  au  mot  Coustille.) 

Coutement.  [Intercalez  Coutement,  dépenses, 
dans  une  cbarte  de  1247  (Du  Gange,  II,  729,  col.  3): 
«  Et  se  i  le  navre  d'arme  esmolue  il  paiera  .lx. 
«  solz  ;  et  au  navré  .xx.  solz,  et  les  coutemen%  por 
«  la  plaie  garir.  >■]  (n.  e.) 

Couteus,  adj.  Goûteux  *.  Fàcbeux  ^. 
*  On  a  dit  au  premier  sens  : 

....  Si  ne  sui  pas  trop  coustex. 

Fabl.  .MSS.  du  R.  n-  T218,  fol.  2G8,  V°  col.  1. 

C'est-à-dire  je  coûte  peu  à  nourir.  (Dictionnaire 
de  Colgrave.  ) 

°  Au  figuré,  ce  mot  signifioit  fikheux,  qui  coûte 
des  peines,  des  chagrins  : 

Cil  grieve  cuer,  cil  dels  costos  (deuil  fâcheux) 

Est  au  Soudan  si  revelox  (rebel) 

Ne  1'  lait  (ne  le  laisse)  dormir  ne  reposer. 

Parton.  de  Bl.  MSS.  de  S.  G.  fol  103.  V'col.  2. 


VARIANTES  : 
COUTEUS,  CousTEUX. 

CousTEx.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  f»  268,  V»  col.  1. 
CosTO.s.  Parton.  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  f«  163,  V"  col.  2. 

Coûtez,  subst.  fém.plur.  Caparaçons.  Couver- 
tures de  chevaux.  Coûtez  (G)  est  une  faute,  il  fautlire 
coûtes,  dans  le  passage  suivant  :  «  Partans  de  leurs 
«  hostelz  à  cheval,  eulx ,  et  leurs  chevaulx  houssez 
«  de  coute:iel  paremens  de  leurs  armes,  les  visières 
«  baissées,  les  glayves  es  poings,  les  espées  et 
«  dagues  sainctos,  etc.  »  (La  Salade,  f"  47.) 

Coutial,  subst.  mase.  Gaîne.  Ce  mot  se  trouve 
en  ce  sens,  dans  une  pièce  de  vers  languedociens 
de  la  Croix  de  Realmont,  cité  par  Borel.  (Dict.  au 
mot  Marelle.) 

Coutiaux,  subst.  mase.  plur. 

Routine  avant  (nombril  avancé)  et  rains  voutices 
Que  manche  d'yvuire  entaiUiés 
A  ces  coutiaus  a  damoiselle. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7218,  fol.  251, R-  col.  2. 

On  lit,  au  même  sens,  dans  cet  autre  passage  : 

A  ces  coutiaux  a  demiselles 

Plate  banque  (hanche)  et  ronde  ganhete. 

Pocs.  MSS.  du  Vatican,  n»  1490,  fol.  132  V. 

VARIANTES   : 
COUTIAUX.  Poës.  MSS.  Vat.  n»  1490,  f"  132,  V". 
Coutiaus.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f»  251,  R»  col.  2. 

Coutille.  [Intercalez  foî<?/Z/c,  comme  coustille: 
«  Entre  ces  Englès  avoit  pillars  et  ribaus  gallois  et 
«  cornillois  qui  portoient  grandes  coutilles.  » 
(Froissart,  V,  65)  (n.  e.) 

Coutiller,  subst.  mase.  Il  est  traduit,  dans  le 
Gloss.duP.  Labbe,  p.  49  i,  par  le  mot  VAWnceparia. 
Mais  ce  Glossaire  est  rempli  de  tant  de  fautes,  qu'on 
ne  peut  guère  compter  sur  les  mois  qui  y  sont 
rapportés,  méconnoissables  pour  la  plupart. 

Coutinaut,  suiist.  mase.  Beau.  Mot  du  patois 
toulousain.  (Dict.  de  Borel.)  Il  pourroit  être,  en  ce 
sens,  un  diminutif  de  Gointe  ci-dessus. 

Coutivé,  partie.  Cultivé.  C'est  le  sens  propre. 
De  là,  figurément,  pour  cultivé,  révéré.  «  Coutivé 
«  et  honoré  pour  angre.  »  (Chron.  fr.  Ms.de  Nangis, 
sous  l'an  1236.)  On  lit,  dans  la  Chronique  latine  : 
"  Pro  angelo  eolebatur.  «  Coutivé,  qui  se  trouve 
en  ce  sens  dans  le  Rom.  de  Brut,  ms.  de  M.  de  Bom- 
barde, est  remplacé  par  cultivé  dans  le  ms.  que  nous 
avons  coutume  de  citer. 

S'ert  (aussi  éloit)  l'imaige  bien  cultivée. 

Rom.  de  Brut.  MS.  fol.  5,  V"  col.  2. 

Coutiver,  verbe.  Cultiver*.  Honorer^. 
*  Sur  le  premier  sens  de  cultiver,  voyez  Borel, 
Dictionnaire. 

Ronne  est  la  terre  à  coutiver. 

Rom.  de  Brut,  fol.  6,  R*  col.  l. 


(1)  Coutelasse  signifie  encore  coutelas  au  reg.  J.I.  164,  p.  182,  an.  1410  :  «  Icellui  Relie  s'efforça  de  prendre  une  coutelasse, 
que  le  suppUant  avoit  pendue  à  sa  sainture.  »  Dans  .Tamin  (p.  248)  on  Ut  encore  :  «  En  tous  endroits  s'estend  la  dure 
coulelace;  Le  fer  n'épargne  aucun,  et  les  temples  sacrés  Sont  enivrez  du  sang  des  hommes  massacrés.  »  (N.  E.) 

(2)  Ou  endommagé  par  le  couteau  du  raégissier.  (n.  e.) 

(3)  Dans  le  parchemin,  (n.  e.) 

(4)  «  Le  suppUant  sacha  de  la  coutelière  dudit  Hennequin  un  coutel.  »  (JJ.  95,  p.  191,  an.  1364.)  (N.  e.) 

(5)  Ayant  des  côtes  comme  les  pois  chiches.  (n.  e.) 

(6)  Z  remplace  souvent  s  à  la  fin  des  mots,  comme  signe  de  pluriel.  (N".  e.) 


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°  Nous  disons  encoie,  au  figuré,  cultiver  un  ami. 
Coutiver  avoil  à  peu  près  celle  siguificalion  ;  elle 
éloit  iikiséleudue.  On  le  disoit  pour  honorer,  rendre 
un  culte. 

Diex  !  comme  est  aperte  folie, 
En  tel  oeuvre  mètre  sa  vie. 
Et  coutii'cr  comme  une  image 
Son  cors. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n°  7218,  fol.  125,  R"  col.  1. 

VARIANTES   (1)  : 
COUTIVER.  Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  6,  R»  col.  1. 
COYTiVER.  Rom.  de  Brut.  Ibid. 

Coutouffle.  [Intercalez  Coulouf/le,  bouteille, 
au  reg.  J.I.  131,  p.  36,  an.  1387^:  «  Ledit  .Jaquel 
«  priiîl  un  coHio/(/'/;<?devoirre,  ou  il  avoil  du  vin  ;... 
«  et  de  fait  en  but.  »]  (n.  e.) 

Coiitoyer,  verbe.  Se  carrer.  Lisez  contoyer.  On 
trouve  coiitoijanl  soy  dans  P.  J.  de  Saintré,  f"  656, 
et  l'éditeur  l'explique  par  se  carrer  avec  les  coudes, 
mais  il  faut  lire  contoyant  soy,  eiii\ors  ce  mot  est  le 
verbe  contoyer  dont  nous  avons  donné  la  significa- 
tion à  l'article  Cointer  (2). 

\.  Coutre,  subst.  masc.  Soc  de  charrue*.  Sorte 
de  flûte  ^. 

*  Ce  mot  subsiste  au  premier  sens  ;  il  nous  four- 
nit cet  ancien  proverbe  : 

Peu  vaut  l'affairés  sans  le  coiilre. 

Ph.  Mouskes.  MS.p.  "96. 

C'esl-à-dire  qu'une  armée  ne  sert  de  rien  si  elle 
n'est  commandée  par  un  bon  général,  comme  la 
charrue  ne  sert  de  rien  sans  le  soc.  Remarquez 
aussi  qu'il  faut  lire  Varaires  au  lieu  de  Yaffaires. 

'^Contre  est  mis  pour  flûte  dans  ce  passage  : 

«  Les  premiers  quarante  ans  de  ce  vieillard  Macé 

0  furent  employez  au  meslier  de  cousturier,  et 
«  sonneur  de  flusles  qu'il  appelloil  un  coutre  ;  sont 
«  ces  flusles  qu'on  a  fait  à  crouteles  larges  par  le 
«  milieu  et  à  deux  accords.  »  (Contes  d'Eutrap. 
p.  469.) 

2.  Contre  (se).  [Intercalez  se  coutre  ,  se 
frapper,  dans  G.  Guiart  (II,  v.  18545)  : 

Li  garot  empené  d'airain,... 

Quant  entre  Flament  se  vont  contre.^  (n.  e.) 

Coiituiiiauce,  subst.  féni.  Coutume.  Loi  d'un 
pays.  (Voy.  Ord.  t.  I,  p.  592.) 

Coiiyade,  subst.  féin.  Couvée*.  Lieu  de  sûreté  °. 

*ColgTave  et  Rob  Eslienne  expliquent  ce  mol  an 
premier  sens.  C'estracceplion  propre,  empruntéedu 
verbe  couver  pris  dans  le  sens  subsistant.  Couvaye 
s'est  dit  figurément  dans  le  Moyen  de  Parven.  p.  327. 

^Couvade  signifioit  aussi  lieu  de  sûreté,  demeure 
dans  l'enceinte  et  couvert  de  son  parc.  Dictionn. 
de  Monet.)  D'où  vient  l'expression  faire  couvude 
pour  »  se  tenir  à  couvert  dans  son  parc,  dans  une 
»  asseurée  retraite.  »  (Monet  et  Rob.  Eslienne , 
Dict.)  «  Se  cacher,  se  tenir  aux  aguets.  »  (Dict.  de 
Colgrave.)  Proprement  se  baisser  ,  s'accroupir  , 
comme  une  poule  qui  couve,  afin  de  voir  ce  qui  se 


passe,  sans  se  hasarder.  C'est  l'explication  naturelle 
que  semble  indiquer  Colgrave.  Monet  et  Rob.  Est. 
paroissent  faire  venir  couvade  du  verbe  couver,  qui 
s'est  dit  autrefois  pour  couvrir,  mettre  à  l'abri,  à 
couvert.  (Voy.  ci-dessus  Cover.) 

VARIANTES  : 
COUVADE.  Dict.  de  Monet. 
Couv.4^YE.  Moyen  de  Parvenir,  p.  327. 

Couve  cendre,  subst.  fém.  Ce  mot,  composé 
de  cendre  et  du  verbe  couver,  renferme  une  espèce 
d'injure  en  parlant  d'une  femme  qui,  pour  se  garan- 
tir du  froid,  a  toujours  du  feu  sous  elle,  qui  reste 
toujours  auprès  du  feu  sans  rien  faire  (3).  (Dictionn. 
de  Colgrave.) 

Couvée,  sh/>s/.  fém.  Ce  mot  subsiste;  mais  il 
ne  se  dit  plus  figurément  pour  multitude,  comme 
dans  ce  passage  :  «  11  viendra  d'estrange  terre  par 
«  mer  une  grande  couvée  de  fortes  el  merveilleuses 
«  gens  en  la  grant  Brelaigne  qui  toute  la  terre  met- 
<i  Ira  en  sa  subgeclion.  »  (Percef.  vol.  V,  fol.  97.) 
Nous  dirions  aujourd'hui  nuée  dans  le  même  sens. 

Couveis,  adjectif.  Couvi.  On  trouve  ués  (œufs) 
couvei:i  en  ce  sens,  dans  le  Rom.  d'Audigier,  ms.  de 
S.  Germ.  fol.  67. 

Quant  l'en  un  oef  couveis  prent, 
Ne  n'est  pas  couvez  à  son  terme, 
S'il  est  Ijrisiez,  l'en  voit  le  germe. 

Fabl.  .MSS.  du  R.  n°  7218,  fol.  359,  \"  col.  2. 

Couveitise,  subst.  fém.  Il  faut  lire  cuvertise 
qu'on  verra  ci-après.  Le  copiste  du  ms.  de  M.  de 
Bombarde,  n'entendant  pas  ce  mol,  y  a  substitué 
celui  de  cuveitise  qui  signifleroil  convoitise,  mais 
qui  n'entre  pas  dans  le  sens  du  texte.  On  lit  cuver- 
lie  dans  le  ms.  que  nous  avons  coutume  de  citer. 

Wortigen  fu  de  grant  faintise 
Bien  sot  couvrir  sa  cuverlie. 

Rom.  doBiut,  MS.  fol.  51,  R°. 

Couvement,  subst.  masc.  L'action  de  couver. 
(Colgrave,  Oudin  et  Rob.  Eslienne,  Dict.) 

Couven,  subst.  masc.  Sorte  de  boisson.  Dans  le 
Dauphiné,  on  appelle  coHi'e»  ou  fo«y/n  cette  boisson 
que  nous  nommons  piquette. 

VARIANTES    : 
COUVEN,  Couvix.  Ord.  des  R.  de  Fr.  t.  III,  p.  275. 

Couvenaus,  subst.  masc.  plur.  On  a  dit  en 
parlant  de  la  femme  : 

Famé  est  enfer  qui  tout  reçoit, 

Toz  dis  a  soif  et  loz  (tousjours)  dis  bois; 

Famé  a  non  treize  convenons, 

Famé  fet  fére  les  meslées. 

Et  trere  coutiaus  et  espées. 

Falil.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  193,  R"  col.  1. 

1 .  Couvent,  adverbe.  Souvent.  Nos .  anciens 

auteurs  ont  souvent  employé  le  c  pour  s. 

Loiautés  et  droiture 

Vont  couvent  à  malaventure. 
Et  fausetés  et  decevance 
Portent  escu  et  hiaiuine  et  lance. 

Ph.  Mouskes,  MS.p.      0. 


(1)  Voyez  Coiliver  et  Coustiver.  (N.  E.) 

(2)  T.  IV,p.  9-2,  col.  I.  (N.  E.) 

(3)  .\ussi  disait-on  ;  Au  chat  cendreux  jamais  ne  tombe  rien  en  gueule,  (n.  e.) 


co 


357 


CO 


2.  Couvent,  subst.  musc.  Un  homme,  sachant 
que  des  voleurs  ont  aperçu  son  cochon,  ajoute  : 

Veu  m'on  souvent, 

Li  bacons  a  fait  son  couvent. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  52,  V  col.  3. 

Couventure,  subst.  fém.  Prétexte.  Peut-être 
est-ce  une  faute  pour  couverture,  qui  a  eu  celte 
signification  :  ■•  Prend  cliascun  s'excusation  el 
«  couventure  que  c'est  pour  cause  du  dit  affoibli- 
«  ment  que  telz  chiertez  outrageusesel  inraisonna- 
«  blés  sont.  »  (Ord.  t.  Il,  p.  5(50.) 

Convenue,  subst.  fé))i.  Résolution.  Il  semble 
que  ce  soit  le  sens  de  ce  mot  dans  ce  passage  où  il 
s'agit  de  S"  Marie  Egyptienne  (|ui,  pressée  parle 
désir  du  repentir,  demande  à  la  Sainte  Vierge, 
devant  l'image  de  laquelle  elle  est  pi'osternée,  la 
grâce  de  sa  conversion  : 

Devant  l'ymage  est  revenue 
Derechisl  dist  sa.  convenue. 
Comment  ele  se  contendra. 
Si  demande  que  devendra. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  "-218.  fol.  31S,  R'  col.  2. 

Couver,  verbe.  Couver  comme  les  poules*  (1). 
Croupir^. 

*  Ce  mot  se  dit  encore  en  parlant  des  oiseaux  ; 
on  Fappliquoit  autrefois  à  touies  sortes  de  bêtes, 
qui  couchent(2)  avec  leurs  pclils  pour  les  échauffer. 
Du  Fouilloux  prétend  que  la  femelle  du  chevreuil 
vafaonner  loin  du  mâle,  «  carie  inasle  tueroit  le 
«  faon,  s'il  le  couvolt.  »  (Vénerie,  fol.  1)9.) 

On  lit  aussi  que  ••  les  lorlues  et  les  auliiiclies 
«  couvent  leurs  œufs  de  la  seule  vue.  »  (Monl.  F.ss. 
1. 1,  p  13i.)  De  là  vient  vraisemblablement  noLrr  ex- 
pression couver  des  yeux.  On  disoil  proverbialement 
d'un  homme  mal  né,  d'une  origine  tlétrie  et  désho- 
norée, qu'il  étoil  couvé  de  iiiauvnise  pie.  (D"  de  Colg.) 

^  Couver  est  mis  pour  croupir  dans  ce  vers  : 

Qui  te  retient,  disoy  je,  ainsy  lard  endormie? 
Tu  ne  dois  si  longtemps  en  paresse  couver  ; 
La  femme  d'un  vieillard  matin  se  doit  lever. 

Œuv.  de  Des  Perr.  p.  324. 

La  signification  de  ce  mot  est  obscure  dans  ce 
passage  : 

Por  pape,  ainsinc  convint  couver 
Toute  S"  Yglise  à  meschiet. 

Hisl.  de  Fr.  ù  la  suite  du  Rom.  de  Faiivel,  fol.  li. 

Couvercean,  subst.  masc.  Couvercle,  couver- 
ture. (Voyez  le  Dict.  de  Borel  et  Du  Gange,  au  mot 
Cubrecellum.)  Coquillart,  comparant  l'amour  au 
laboratoire  d'un  apothicaire,  s'exprime  ainsi  : 

Le  mortier,  c'est  je  veux  complaire; 
Le  pillon,  c'est  vous  n'aurez  rien. 
Le  couverceau,  vous  me  faschez, 
La  fiole,  vous  me  plaisez. 

Coquillart,  p.  51. 

On  lit  couvrechel  d'une  bière  ou  d'un  coffre,  dans 
rilist.  des  Trois  Maries  en  vers,  ms.  p.  443. 


Leur  lit,  leur  habitacion 

Estoit  soubz  arbres,  ly  raimsel  (rameaux) 

Fut  leur  toit  et  couversel. 

Eust.  Descli.  Poès.  MSS.  fol.  387,  col.  3  et  4. 

VARIANTES  : 
COUVERCEAU.  Coquillart,  p.  51. 

Couversel.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  387,  col.  3  et  4. 
Couvrechel.  Hist.  des  Trois  Maries  en  vers,  MS.  p.  443. 

Couvereau,  subst.  masc.  Espèce  d'alose.  (Dict. 
d'Oudin.) 

Couveresse,  adj.  au  fém.  Qui  couve.  Poule 
cotiveresse  se  disoit  pour  la  poule  qui  couve.  (Dict. 
de  Cotgrave.) 

1 .  Couvert,  subst.  masc.  Lieu  couvert  de  bois  *. 
Abri  ^.  Prétexte  '^.  Droit  des  princes  °. 

*En  termes  de  vénerie,  couvert  se  dit  pour 
exprimer  un  lieu  couvert  de  bois  et  par  opposition 
à  rase  campagne.  C'est  en  ce  sens  qu'on  lit  :  <>  Pour 
<■  les  besles  mordanz  la  fosse  doit  estre  au  couvert, 
«  et  pour  les  besles  doulces  en  cler  pays.  »  (Chasse 
de  Gast.  Phéb.  ms.  p.  311.) 

De  l:'i,  on  a  dit  au  figuré  en  couvert,  pour  en 
secret,  par  opposition  ù  en  appert.  (Ordonii.  t.  III, 
p.  179.)  (3)  Et  par  extension  l'on  a  dit  aussi  en 
couvert,  pour  en  maison  particulière.  (Ibid.  t.  V, 
page  253  et  note  ) 

^  C'est  encore,  dans  un  sens  analogue  à  celle 
signification  que  le  mot  couvert  s'est  pris  pour 
abri.  Dans  un  sens  moins  général  ,  il  désigne 
l'endroit  d'un  bois  où  les  oiseaux  se  retirent  et  se 
mettent  à  l'abri.  «  Pour  amorcer  le  faisan,  pren  du 
»  blé  de  tourment  en  une  pouchetle  (diminutif  de 
"  poche)  el  en  ces  sentes  où  lu  aras  trouvé  leurs 
«  couvers,  osle  l'herbe  et  la  feuille,  etc.  »  (Modus 
et  Racio,  ms.  f°  175.)  On  lit  couvers  dans  l'imprimé, 
mais  il  y  a  tout  lieu  de  présumer  que  c'est  une 
faute  et  qu'il  faut  lire  couvers,  comme  dans  le  ms. 

De  là,  on  a  dit  se  retirer  sous  le  couvert,  pour 
se  mettre  à  couvert,  à  l'abri. 

*=  Dans  un  sens  fort  différent,  on  a  dit  couvert 
pour  prétexte,  ce  qui  couvre  le  vrai  motif.  «  0  com- 
«  bien  de  biens  faits  omis,  et  de  méchancetez  ce 
"  commettent  sous  le  couvert  des  formes,  lesquels 
"  l'on  ne  sent  pas.  »  (Charron,  Sagesse,  p.  43.) 

°  Enfin  couvert  a  signifié  le  droit  particulier  des 
princes  el  princesses  d'être  servis  avec  la  lasse  ou 
le  gobelet  garnis  de  leur  couvercle,  quand  on  leur 
présente  à  boire  ;  d'être  servis  d'épices  couvertes 
d'une  serviette;  d'avoir  sur  leur  table  unesalièrecou- 
verle  (-4).  Au  festin  que  le  duc  de  Bourgogne  donna, 
en  14()8,  à  M-'  d'Yorck  ,  «  ne  voulut  point  madame 
«  la  duches.se  la  mère,  pour  celui  jour,  eslre  servie 
»  à  couvert,  mais  laissa  l'honneur  à  sa  belle-fille.  » 
(Méra.  d'Ol.  de  la  Marche,  livre  II,  p  .5t>9.)  La  dau- 
phine  étoit  servie  à  couvert  (5)  et  la  duchesse  de 


(1)  Froissart  a  écrit  au  neutre  et  au  figuré  (V,  310)  :  «  Si  se  couva  ceste  haynne  un  grant  temps.  »  (n.  e.) 

(2)  «  Madame  Hersent  la  love.  Qui  ses  loviax  norrist  et  cove.  »  (Renart,  v.  361.)  (N.  E.) 

(3;  Voyez  aussi  Ass.  de  Jérusalem,  I,  192  ;  Ord.,  V,  p.  432,  an.  1371.  On  disait  aussi  :  «  A  la  couverte  du  pays  ,  sans  être 
aperçu  du  pays.  >>  (Froiss.,  XIII,  208.)  «  Si  chevaucha  li  si:-es  de  Mauvir  à  le  couverte  de-seure  Valenchienes.  »  (III,  39.)  (n.  e.) 

(4)  C'était  une  sorte  de  garantie  contre  l'empoisonnement,  (n.  e.) 

<5)  Voyez  de  Laborde  {Emaux,  p.  232)  :  «  Quand  madame  la  duchesse  mangeoit  là  où  monsieur  le  Dauphin  estoit,  l'on  ne 
la  servait  point  d  couvert,  et  ne  faisait  on  pas  d'essay  devant  elle,  mais  bcuvoit  en  sa  coupe,  sans  couvrir.  »  (n.  e.) 


co 


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CO 


Bourgogne  ne  l'étoit  point,  lorsqu'elles  mangeoienl 
ensemble.  (Honneurs  de  la  Cour,  ms.  p.  2-2.)  (1) 

VARIA.NTES  : 
COUVERT.  Chasse  de  Gast.  Phéb.  MS.  p.  311. 
OoNVERS,  plni-.  Modus  et  Racio,  MS.  f»  85,  V. 

2.  Couvert,  flrf;.  Chargé*.  Relire^.  Mis  à  l'abri '=. 
Prescrit".  Fermé^  Caché  ^  Faii\°.  Subordonné". 

Toutes  ces  diverses  significations  du  molcouvert, 
adjectif  ou  participe,  sortent  de  la  signification 
propre  et  subsistante  du  verbe  couvrir.  Chevaux 
coverz;  dans^ymer,  I.  I,  p.  13,  titre  de  125G,  est  dit 
des  chevaux  chargés  de  leur  bagage,  puisque  dans 
le  même  titre,  parlant  de  la  cavalerie  qui  s'enfuit  à 
l'approche  des  ennemis,  on  lit  :  •>  Il  descnverirent 
«  leur  cbevaus.  » 

*  Ainsi  l'on  a  dit  un  héritage  couvert,  pour  une 
terre  chargée  de  fruits,  couverte  de  fruits.  C'est  le 
sens  propre  du  mot.  (Urd.  t.  V,  p.  3m.)  Des  clicvaux 
couverts,  pour  des  chevaux  bardés,  chargés  de  leur 
armure,  couverts  de  fer.  (Froissart,  liv.  IV,  p.  252.) 
C'est  encore  le  sens  propre  du  mot  couvert. 

°  Ce  même  mot,  au  figuré,  s'est  employé  pour 
retiré,  mis  à  couvert  ;  ainsi  l'on  a  dit  :  «  Se  il  avient 
<'  que  aucuns  mesiaus  (lépreux)  ou  aucuns  couvers 
«  de  maladerie ,  ou  de  ostelerie  (hôpital)  soit  de 
:■  mauvese  conversation  (fréquentation)  (Beauraan. 
p.  290.)  CoHiv';-s  désigne  évidemment,  en  cet  endroit, 
les  gens  retirés  dans  les  maladrerics  ou  hôtelleries. 

'^  L'idée  de  mis  à  couvert  est  presque  la  même 
que  celle  de  mis  à  l'abri.  Le  mol  couvert  a  été  pris 
en  ce  dernier  sens,  et  l'on  a  dit  d'une  amende  que 
l'on  estoit  dispensé  de  payer,  en  remplissant  quel- 
que formalité ,  que  celte  amende  étoit  couverte. 
«  Toutes  fois  en  dépriant  au  seigneur  chastellain, 
«  en  l'absence  du  seigneur  censier,  est  l'amende 
<■'  couverte.  »  (La  Thaum.  Coût,  de  Berry,  p.  451.) 

°  De  là,  on  a  appliqué  le  mot  couvert  pour  dési- 
gner les  droits  prescrits  «  pour  recevoir  par  le 
«  seigneur  censier  le  cens  de  nouvel  acquéreur,  ne 
<■  sontles  profitsdes  lods  et  venies^couverts.  «  (Coût. 
deMonlargis,  Coût.  Gén.  t.  I,  p.  916.) 

^  C'est  encore  selon  celte  analogie,  que  l'on  a  dit 
de  la  régale  qu'elle  étoit  couverte,  pour  exprimer 
qu'elle  étoit  fermée.  (Lett.  de  Louis  XII,  t.  I,  p.  17.) 

"  En  remontant  h  la  signification  propre  du  mot 
couvert,  nous  y  démêlerons  aisément  le  sens  de 
caché  qu'on  lui  a  donné.  Ce  '\m  est  couvert  est 
caché.  (Voyez  l'éditeur  de  Gérard  de  Nevers,  2' partie, 
p.  118,  Note.)  On  a  dit  aussi  : 

Praing  congié  honteus  et  couvers. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  721R,  fol.  60,  V  col.  2. 

Proprement,  se  cachant  le  visage  en  signe  de 
honte. 


°  Caché,  pris  pour  dissimulé  (2),  entraîne  l'idée  de 
faux.  De  là,  on  a  dit  couvert  pour  faux,  ami  couvert 
pour  faux  ami. 

Et  veulz-tu  congnoistre  en  appert 
Vray  amy,  aussi  le  couvert  9 

Eusl.  Desch.  Poi"s.  MSS.  fol.  487,  col.  2. 

"Enfin  couvrir,  pris  pour  mettre  à  l'abri,  emporte 
l'idée  de  protection.  Ainsi  couvert  a  signifié  protégé, 
subordonné.  De  là,  on  a  dit  femme  couverte,  pour 
femme  en  puissance  de  mari.  (Du  Gange,  au  mot 
Coopertura  3.  —  Voyez  Coverte  ci-dessus.) 

VARIANTES   : 
COUVERT.  Orthocraphe  subsistante. 
CovERT.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7615,  t.  II ,  fol.  187,  V"  col.  2. 

Couverte ,  subst.  fém.  Couverture  *.  Abri  ^. 
Trahison  <=.  Terme  de  fauconnerie  °  (3). 

*  Ce  mol,  au  premier  sens,  est  pris  absolument 
et  signifie  une  couverture  de  lit  : 

Fismes  nn  lict  sans  plume,  ne  couverte. 

Du  Fouilloux,  vénerie,  fol.  92,  V'. 

Il  s'est  dit  aussi  dans  le  sens  où  nous  employons 
couverture,  ce  qui  sert  à  couvrir  un  cheval,  un 
mulet,  etc. 

Donne  mon  père  la  couverte 
Qui  est  sus  mon  cheval  morel. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7218,  fol.  151,  R"  col.  1. 

^  Par  extension  de  la  première  acception,  cou- 
verte s'est  pris,  en  général,  pour  abri.  Il  semble 
qu'il  faille  l'entendre  ainsi  dans  ce  passage  :  «  Si 
^<  vous  ne  pouvez  donner  couverte  à  vostre  faucon, 
«  ou  autour,  faites  que  vous  luy  mettez  le  soleil  à 
«  la  queue.  »  (Artel.  Fauconnerie,  fol.  92.)  De  là, 
on  a  dit  :  «  A  la  couverte  d'une  espoisse  muraille.  » 
(Mém.  de  Montluc,  t.  I,  p.  -449.)  «  A  la  couverte  du 
«  bois.  »  (Froissart,  livre  I,  p.  124.) 

^  Couverte,  dans  le  sens  de  trahison,  paroît  être 
le  même  que  Cuvertise  ci-après  (4).  Voici  le  passage: 

,Te  croi  que  ce  fu  par  couverte, 
Encor  n'en  est  la  chose  ouverte. 

Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauvel,  fol.  74. 

°  On  nomme  encore,  en  terme  de  fauconnerie, 
couverte  les  deux  grandes  pennes  du  milieu  de  la 
queue.  «  L'espervier  qui  a  la  couverte  noire  et  pen- 

«  nage  de  travers  roux est  des  meilleurs  qui  se 

«  trouvent,  et  sont  appeliez  blancs  noirs.  >>  (Artel. 
Fauconnerie,  fol.  88.) 

Couverteinent,  adv.  Secrètement,  en  cachette. 
(Dict.  de  Cotgrave,  de  Rob.  Estienne  etd'Oudin.) 

....  Plus  amour  tenois  couverlement 
Plus,  en  mon  cœur,  le  sentois  vivement  (5). 

Les  Marg.  de  la  Marg.  fol.  304,  V". 

Couvertiz.  [Intercalez  Couvertiz,  droit  d'éta- 
lage sous  un  marché  couvert  (Ch.  de  1289,  Du 
Ca'nge,  II,  587,  col.  1):  »   Nous  dison...  que  les 


(1)  Ajoutez  les  sens  suivants  :  1»  d'après  Pithou  (Coutume  de  Troyes,  535)  :  «  Ce  que  les  veneurs  en  leurs  termes  appellent 
couvert,  Popposans  à  la  campagne.  »  '2»  Hangar  :  «  Un  grand  couvert  comme  baie  de  blé.  »  (0.  de  Serres,  21.)  (N.  e.) 

(2)  «  Englès  sont  couvert  et  orgueilleus.  »  (Froissart,  II,  17.)(n.  e.) 

(3)  On  disait  aussi  à  le  couverte,  pour  à  la  dérobée  (II,  488)  :   «  Si  chevaucha  li   sires   de  Mauni   à   le  coverte  deseiu'e 
Valenchiennes.  »  Au  t.  XIII,  p.  208,  on  lit  :  «  A  la  coverte  du  pays  »,  sans  être  aperçu  du  pays.  (n.  e.) 

(4)  On  trouve  au  sens  de  ruse,  dans  le  livre  du  bon  .Tehan  (v.  2950)  :  «  Pour  ce  convint  que  il  jurast  ;  S'il  ne  l'eust    fait , 
il  estoit  inast  ;  Mais  il  joua  d'une  couverte,  El  se  sauva  de  plus  grant  perte.  »  (N.  E.) 

(5)  On  lit  dans   la   Rose   (19):    «   Car  li   plusor  songent  de   nuit  Maintes   choses   couverlement   Que  l'on   voit   puis 
apertement.  »  (n.  e.) 


co 


—  359 


CO 


«  talemeliets  et  les  bouchiers  et  les  sueurs  de  la 
«  terre  S.  Nicolas  ,  sont  tenuz  de  nous  poïer 
«  chacun  juedy  en  Tan  leuvcoiivertix-,  c'est  assavoir 
«  chacun  taiemelier  vendant  pain  ou  marchié 
«  maille  ;  et  chacun  bouchier  un  denier;  et  chacun 
«  sueur  un  denier.  »]  (n.  e.) 

Couvertou,  subst.  mase.  Sorle  de  vèfemenl. 
On  lit,  dans  une  citation  de  Du  Gange,  aux  mots 
Cyclas  et  miles  :  «  11  sera  amendé  (pour  accommodé, 
»  ajusté,  paréjcesl  assavoir  avec  un  coitverlon d'or 
'<  appelle  sigieton.  »  Ceniot,  dans  ce  passage,  semble 
signifier  plutôt  une  couverture  ou  couvrepied.  Du 
Gange  fait  observer  que  le  mot  Cijclas  s'est  entendu 
d'une  pièce  d'étoffe  précieuse  (1). 

Couverture,  subst.  fém.  Rideau  de  lit  *.  Cotte 
d'arme^.  Enveloppe*^.  Voile  °.  Prétexte,  feinte^. 
Ce  mot  subsiste  au  premier  sens.  I!  exprime  géné- 
ralement lout  ce  qui  sert  à  couvrir,  elles  acceptions 
particulières  indiquées  sont  des  modifications  de 
l'acception  générale  (2). 

*  On  lit,  au  premier  sens,  closes  les  couvertures, 
pour  les  rideaux  tirés,  dans  Petil-Jean  de  Saintré, 
page  526. 

^  Couverture  semble  mis  pour  cotte  d'armes  dans 
ce  passage  :  «  Prindrent  leurs  armes  pour  jouster 
«  plus  seurement,  et  les  ungs  ne  prindrent  sinon 
«  couvertures,  et  escus,  car  bien  se  fyoient  en  leur 
«  prouesse.  »  (Lanc.  du  Lac,  t.  III,  fol.  08.)  Les 
vers  suivans  désignent  plus  clairement  ce  que  l'on 
entendoit  par  ce  mot  couverture,  pris  en  ce  sens  : 

Là  veissiez  esciiz  tenir 

Serjanz  ensemble  atropeler  (atrouper), 
Et  couvertures  freteler  (voltiger) 
Sus  blans  baubers  brunis  à  mailles. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  122,  V'. 

Couvertures  de  fer.  Le  comte  de  Guines,  dans  son 
testament,  dit  :  «  J'ay  donci  a  Robert  d'Achiol  mon 
«  grant  palefroi  e  mon  haubergli,  et  mes  cauches 
i>  de  toclenet(peul-étre  lonnelet)"eunes  coi(vt;/'<!<;'es 
«  de  fer.  »  (Du  Chesne,  Gén.  de  Guines,  p.  283, 
titre  de  1241.) 

'^  Ce  mot  signifioit  aussi  fenveloppe  d'une  lettre. 
(Dict.  d'Oudin.)  On  lit  :  «  Lettre  adressée  à  M.  de 
«  Peaux,  c'est-à-dire  sous  sa  coHi't'/'iiire.  »  (Néa'oc. 
deJannin,  t.  I,  p.  93G.) 

"Onl'employoil  quelquefois  pour  voile,  ce  qui  sert 
à  cacher  le  visage  : 

De  Marie  vit  la  figure 
Apertement,  sans  covreture. 

Vies  des  SS.  MS.  de  Sorb.  chif.  LXi. 

^  De  là,  au  figuré,  pour  feinte  (3;,  prétexte,  vrnis- 
semblance: 


Céans  ki  servent  por  giller  (tromper) 
Et  aiment  par  covreture. 

Gontiers,  Poës.  MSS.  avant  1300,  l.  III,  p.  1036. 

De  là  aussi  celle  expression  :  tirer  une  chose  en 
couverture,  pour  lui  donner  de  la  vraisemblance. 
Pasquier  dit,  en  pailanl  des  chirurgiens  :  «  Je  veux 
"  examiner  quand  fut,  et  par  qui  là  première  insti- 
«  tution  de  leur  collège.  Leur  commune  voix  est 
«  que  ce  fut  le  roy  S.  Louis,  le  tirant  en  couver- 
«  ture  de  l'appointé  qui  fut  fait  entre  maistre 
>•  Françoys  Fromond,  et  Robert  de  Langres,  chirur- 
•■  giens  du  roy  jurez  du  Chastelet  d'une  pari,  et 
>'  maistre  François  de  Troyes  prevost  d'autre.  " 
(Pasq.Rech.  t.  IX,  p.  821.) 

On  trouve  par  couverture,  sous  couverture,  pour 
sous  prétexte,  dans  Oudin,  Cur.  fr.  ;  Id.  Dict. 

VAniANTES  : 
COUVERTURE.  Orth.  subsistante. 
Covreture.  Poës.  MSS.  avant  1300,  t.  III,  p.  981. 

Couvescle,  subst.  masc.  Ce  mot  subsiste  sous 
la  première  orthographe  ;  mais  on  ne  dit  plus  : 

Boucliers  fendent,  et  escartelent 
Qui  aus  visages  sont  couverclex. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  360,  R". 

C'esl-à-dire  qui  garantissent,  qui  parent  le  visage, 
et  le  mellent  à  l'abri  des  coups. 

On  écrivoit  aussi  couvescle  dans  le  sens  de  notre 
mot  couvercle.  «  Couppe  d'or  garnie  de  pierrerie, 
«  ou  pié,  et  ou  couvescle  (4).  »  (Chron.  fr.  ms.  de 
Nangis,  an  1377.) 

VARI.VNTES  : 
COUVERCLE.  Orth.  subsistante. 
Couvescle.  Hist.  de  Charles  V,  par  Choisy,  p.  529. 

Couvet.  [Intercalez  Couvet,  d'après  le  reg. 
JJ.  197,  p.  69,  an.  1468:  «  Auquel  Jehan  priiit 
«  taulent  de  laschier  ung  pou  de  ventosilé,  lascha 
"  c'est  assavoir  ung  couvet.  »]  (s.  e.) 

Couvetz.  [Intercalez  Ct/H!'f/x>  d'après  le  nis.  lat. 
de  la  B.  i\.  6017,  fol.  2,  verso:  «  item  unum 
«  carlonem  de  couvetx-  pro  ([uadam  plalea,  in  qua 
«  solebat  esse  quœdam  nucx-  sive  nugeir.  »]  (n.  e.) 

Couveulx ,  subst.  masc.  Receleur.  Du  verbe 
couver,  qui  a  signifié  couvrir,  cacher.  (Voyez  Cover 
ci-dessus.)  Joseph  d'Arimalhie  dit  aux  satellites  qui 
le  saisissoient  : 

Larron  ne  suis,  ne  couveulx. 

Hisl.  du  Th.  fr.  1. 1,  p.  436. 

Couvice.  [Intercalez  Couvice,  couveuse.  Voyez 

la  citalion  sous  coqueloote.']  (.n.  e.) 

Couviyuable,  adjectif.  Convenable  (5). 

Une  couvignable  ordenance. 

Froissart,  Poos.  MSS.  p.  H,  col.  I. 


(1)  On  trouve  aussi  ;  1"  couverleur,  pour  couverture  de  lit  et  couvercle  d'un  coffre  ,  au  reg.  JJ.  181  , 
2»  Co?a'e/Vûir,  au  même  sens,  dans  les  Chartes  de  Corbie.  (Du  Cange,  II,  589,   col.   3.)  3°  Couvcriour 


p.   181  ,   an. 
Fort   sont 


1452, 
li  lac 


et  grant  li  couverlour,  Ce  n'est  pas  gas,  Enquelz  cil  est  ki  aime  par  amours.  »  (Poës.,  mss.  avant  1300,  t.  I,  fol.  63.)  (N.  E.) 

(2)  On  a  dit  au  figuré  (100,  446)  :  «  Por  ce  ke  il  puist  ferire  et  ocire  les  dévotes  pensées,  s'atapist  il  desor  la  covreture  de 
delor.  »  (N.  E.) 

(3)  On  lit  dans  Froissart  (II,  40i)  :  »  Et  li  soummier  commenchierent  à  aprochier  et  jà  en  y  avoit  entré  en  le  ville,  ne  say 
.X.  ou  .XII.,  et  s'ensonnioient  moult  et  par  couverture  à  l'entrée  de  le  porte.  »  (N.  E.J 

(4)  On  lit  aussi  dans  la  Résurrection  de  J.  C.  (xv  siècle)  :  «  Ha  hay  !  qui  puet  avoir  osté  Du  monument  et  descouvert  Le 
couvescle  et  entrouvert?  »  (N.  E.) 

(5)  On  lit  aussi  dans  un  ms.  de  S'  Victor  (Du  Gange,  II,  579,  col.  3):  «  Couvignable  chose  fu  que...  li  granz  fisiciens  vint, 
quant  par  toul  le  monde  estoit  et  gisoit  la  grant  desattiez.  »  (N.  E.) 


co 


-  360  - 


CO 


Coiivignableinent  ,  adv.    Convenablemenl. 
Froissait,  comparant  un  amant  à  une  liorloge,  dit  : 
Pour  ce  poet  (peut)  bien  caste  roe  première 

Segnefier  très  L\nivirjnableine>it 

Le  vrai  désir  qui  le  coer  d'ommp  esprent. 

Froissai!.  Pois.  MSS.  p.  53. 

Coiivin  ,  subst.  nia.'ic.  Ou  disoit,  en  parlant 
d'animaux,  qu'ils  éloicnl  d"un  coiivin,  pour  expri- 
mer qu'ils  étoienl  d'une  même  esp<';ce. 

Herminettes,  livre  (lièvres)  et  connin  (lapins) 

Et  besteleltes  d'un  coitcin 

En  paix  soiiés  (ayez  coutume)  en  vo  gardin  (jardins) 

l'eslre,  et  brouter. 

Froissarl,  Poi's.  MSS.  p.  20i.  col.  2. 

Couvine,SH/;s/./'t'»i.(l)  Compagnie,  suite,  train, 
i.  Les  commères,  les  voisines,  la  chambrière,  dont 
»  il  y  en  avoit  aucunes  qui  n'avoient  riens  sceu  de 
«  la'besongne.  seront  doresnavant  de  la  couvine 
"  de  la  femme,  et  luy  aideront  à  faire  ses  beson- 
«  gnes.  »  (Les  Quinze  Joyes  du  Mariage,  p.  199.) 
Les  escuyers,  la  tourbe  des  chevaulx 
Qui  sont  à  court,  et  bs  divers  confines. 

Eust.  Deschanips,  Pois.  MSS.  fol    12i,  col.  -2. 

Couvir  (se),  verbe.  Devenir  couvi.  Se  gâter,  se 
pourrir,  en  parlant  d'un  œuf.  (Dict.  d'Oudin.) 

Couviver,  verbe.  Flatter.  Borel,  qui  l'explique 
ainsi,  renvoieau  Rom.de  la  Rose.  yDict.  deCorneille.) 

Couvoir,  siibst.  masc.  Nid  de  poule*.  Chauffe- 
rette ^  (-2). 

*  On  trouve  le  premier  sens  de  nid  de  poule, 
dans  les  Dict.  d'Oudin  et  de  Cotgr. 

^  Au  ligure,  ce  mot  sigaifioit  aussi  chaufferette, 
suivant  le  Dict.  d'Oudin. 

Couvraine,  subst.  fém.  »  Quand  les  propriétai- 
<  res,  ou  ocupeurs  des  manoirs  du  dit  villaige  de 
«  Saulty,  et  Gombermcz  chargés  de  courovées  de 
«  brach  (bras)  ou  de  chevaulx,  en  doibvent  trois 
"  par  an,  pour  chacun  manoir,  qu'ils  sont  tenus 
'  faire  au  dit  sieur,  son  fermier,  ou  commis, 
«  à  scavoir  l'une  en  mars,  la  seconde  au  temps  et 
<.  saison  de  Pasquiere.etla  troisième  en  fOî/i'ra/HC,  à 
»  tels  jours  qu'ils  sont  sommez  de  faire  lesditescou- 
«  rovées  par  publication  à  l'Eglise,  ou  autrement.  « 
(Coût,  de  Saully,  Nouv.  Coût.  Gén.  t.  I,  page  -406.) 

Couvrauce.  [Intercalez  Coiivmnce ,  acquisi- 
tion, dans  une  pièce  de  1270  (Du  Gange,  II,  G 12, 
col.  1):  «  Les  aumosnes,  les  couvrances,  les  con- 
«  questes,  soient  par  don,  par  eschaugé...  »]  (n.  e.) 

Couvre-chef.  [Intercalez  Couvre-chef,  \o\\Me 
et  tissu  de  fil  très  fin  qui  sert  à  la  confectionner. 
Reims  eut  une  renommée  européenne  pour  ces 
tissus  que  recherchaient  les  dames  nobles  d'.Vngle- 
terre  et  d'Italie  : 

S'il  vuet  à  s'aniie  novele 
Donner  ciievre-chief  ou  cotele. 

La  Rose,  v.  9308. 


On  lit  encore  au  Livre  des  Métiers  (99):  «  Qui- 
«  conques  veut  estre  tisserandes  de  queuvrechiers 
«  de  soie  à  Paris.  «  Ce  sens  de  voilette  est  celui  du 
moyen-âge,  et  se  retiouve  dans  Montaigne  et  dans 
S'  Simon.  Cependant  on  lit  déjà  dans  Jean  d'Auton 
(Annales  de  Louis  XII,  ms.  fol.  27)  :  «  J'ayme  mieulx 
«  mourir  l'espée  au  poing  à  la  deffense  de  la 
«  muraille  pour  le  service  du  roy,  que  languir  en 
«  mon  lict  le  couvrecliief  en\a  teste,  pournaturelle 
»  mort  attendre.  -]  (n.  e.) 

Couvre  cœur ,  subst.  masc.  Le  péricarde. 
Terme  de  chirurgie.  (Cotgrave  et  Oudin,  Dict.) 

Couvrefeu,  subst.  masc.  Heure  du  soir. 
L'heure  â  laquelle  on  sonnoit  ,  particulièrement 
dans  K'S  temps  de  trouble,  pour  avertir  les  habitans 
de  Paris  et  autres  villes  de  se  retirer  dans  leurs 
maisons  et  de  couvrir  leur  feu.  C'étoit  à  sept  heures 
du  soir.  Voyez  le  Gloss.  de  Du  Gange,  aux  mots 
Angélus  et  Ignetegium,  où  ce  sujet  est  traité.  Nous 
lisons  dans  la  Thaumassière  que  «  tout  homme  qui 
«  est  trouvé  en  taverne,  après  quevrefeu  sonné, 
«  est  amendable.  «  (Goût,  de  Berry,  p.  338.)  «  Tout 
«  homme  qui  est  trouvé  de  nuyt  par  la  ville,  à  port 
«  d'armes,  après  quevrefeu  sonné,  est  amendable, 
"  et  le  harnoiz  (arme  ou  habit  de  guerre)  confisqué, 
«  s'il  n'y  a  clarté  avec  luy;  car  la  clarté  le  sauve.  » 
(Ibid.  page  339.)  «  Yceux  taverniers,  depuis  que 
«  couvrefeu  sera  sonné  en  l'église  Paris,  ne  pour- 
«  rontassoire,  ne  traire  vins  en  leurs  maisons  àbeu- 
«  veurs,  sur  paine  de  l'amende  de  soixante  sols.  » 
(Ord.  t.  II.  p.  355.  — Voy.MelindeS.  Gelais,  p.  168.) 

Selon  Pasquier,  ce  "mot,  sous  l'orthographe  de 
carfou,  est  un  mot  corrompu.  Borel,  dans  son  Dict  , 
croit,  avec  moins  de  raison,  que  c'est  comme  qui 
diroit  garefou,  pour  avertir  les  voleurs  et  les  ban- 
dits de  se  retirer,  de  crainte  d'être  pris  par  le  guet. 
Il  ajoute  qu'en  Languedoc  on  appelle  ce  signal  le 
chasse  ribaud.  iDict.Elym.  de  Ménage.) 

On  nommoit  curfu-bell  la  cloche  qui  sonnoit  le 
couvrefeu.  (Du  Gange,  au  mot  Ignitegium.) 

Le  Pardon,  qu'on  sonne  à  sept  heures  du  soir  dans 
l'église  Notre-Dame  de  Paris,  est  encore  appelé 
vulgairement  le  couvrefeu  des  chanoines,  suivant 
le  Recueil  des  cloches  imprimé  en  1750. 

vAni.\>TEs  : 
COUVREFEU.  Ord.  t.  II,  p.  355. 

COVERFU  (3). 

ClEUVREFEU.  Ord.  t.  II,  p.  80. 

CiHVREFEL!.  Hist.  des  ïrois  Jlaries  en  vers,  MS.  p.  463. 

QuEUVREFEU.  La  Thaum.  Coût,  de  Berri,  p.  338. 

CouRFEU.  Dict.  de  Borel,  Pasq.  Rech.  p.  '705. 

GuAREFEU.  .tourn.  de  Paris  sous  Charles  VI  et  VII,  p.  58. 

Carrefeu.  Ord.  t.  VI,  p.  668  et  669. 

Carfou.  Pasq.  Rech.  p.  705. 

Couvreinent,  subst.  masc.  L'action  de  couvrir. 
(Cotgrave,  Oudia  et  Rob.  Estienne,  Dict.) 


(1)  Voyez  Coviiie.  (N.  E.) 

(2)  Il  y  a  aussi  des  couvoirs  dans  les  jardins  :  «  La  hauteur  de  la  couche  appellée  couvoir  montera  jusqu'à  deux  ou  trois 
pieds  sur  terre...  au  couvoir,  en  telle  maniera  dressé  et  accommodé,  sera  semée  la  graine  de  melon.  »  (OUivier  de  Serres, 
543.)  (N.  E.)  ,      . 

(3)  On  trouve  aussi  cuevrefu  (Recueil  de  TaiUiar,  p.  398)  :  «  S'il  ne  portent  lanterne  et  cand.'lle  ardant,  puis  ke  li  cloke  de 
cuevrefu  ara  soné...  »  (n.  e.) 


co 


364 


CO 


Couvreuse,  adjectif  au  fém.  Peut-être  faut-il 
Uc&courreuse,  précipitée,  empressée,  danscesvers  : 

Très  pacient,  plus  que  S'«  Cristine 

Et  plus  que  Marthe  en  vos  faiz  cuiii'reuse. 

Eust.  Desch.  Tocs.  MSS.  fol.  205,  col.  4. 

Couvreveue,  siibst.  fém.  Espèce  d'auvent, 
il  semble  que  ce  soit  le  sens  de  ce  mot  dans  le  pas- 
sage suivant  ;  »  Si  le  fond  du  voisin,  seroit  (étoil) 
«  plus  haut  que  le  sien  et  que,  par  ainsy,  la  fenes- 
«  tre,  ou  fenestres  vers  le  fond  de  son  voisin, 
(■  n'auroit  que  trois  ou  quatre  pieds  de  hauteur,  en 
»  ce  cas,  la  partie  intéressée  y  pourra  metlre  une 
o  raisonn-Me  couvreveue  ;  mais  celte  couvreveue 
«  ne  pouri'a  estre  mise,  si  la  dite  fenestre  surpasse 
«  le  plus  liant  fond  de  quatre  pieds.  »  (Coût,  de 
Brusselles,  Nouv.  Coût.  Gén.  t.  I,  p.  1208.) 

Couvrir,  verbe.  Cacher,  feindre*.  Metlre  à  cou- 
vert^. Servir  sur  table '^.  Terme  de  fauconnerie". 

Ce  mot,  dans  les  orlhographes  employées  par 
S.  Bernard,  répond  au  latin  operire,  cooperire  et 
tegere. 

*Ona  dilcouvi'irpour  cacher  (!),  dissimuler,  par 
opposition  à  découvrir  qui  s'employoit  au  figuré, 
dans  le  même  sens  où  nous  prenons  aujourd'hui  le 
mot  s'ouvrir.  «  Vos  covre%  vos  peciiiez  lai  ou  vos 
«  atroveiz  les  alli'ui.  ■■  (S.  Bernard,  Serm.  fr.  mss. 
page  355,  en  lai.  dissimulatis.) 

Mon  cuer,  dont  je  vous  ai  encouragie, 
Car  je  ne  pourroie  adonc  couvrir 
Coument  que  ma  proiere  en  fust  onie. 

Adans  li  Bocus,  Pocs.  MSS.  avanl  1300,  t.  IV,  p.  13T.1. 

»  Le  comte  de  Foix  entra  lors  en  imagination, 
«  et  se  couvrit  (dissimula)  jusqu'à  l'heure  du 
>■  disner.  »  (Froissart,  liv.  III,  p.  31.)  (2) 

^On  disoit  aussi  couvrir  pour  metlre  à  couvert. 
De  là,  l'expression  couvrir  le  fief  pour  mettre  le 
fief  à  couvert  de  la  saisie,  en  rendant  la  foi  et  hom- 
mage, en  oITranl  de  la  l'endre.  (Du  Gange,  au  mot 
Aperire.  --  Voyez  ci-après  le  mot  Fut.) 

^Le  mot  couvrir  s'employoit  autrefois  pour 
exprimer  servir  sur  Inble.  Ainsi  l'on  disoil  :  «  On 
«  avoit  couvert  pour  le  souper.  »  (L'Amanl  ressusc. 
p.  201.)  "  L'on  commençoil  déjà  à  couvrir,  et  .se 
«  mirent  à  table.  »  (.Nuits  de  Strapar.  t.II,  p.  li.)(3) 

°  On  trouve  aussi  ce  mol  employé  comme  terme 
de  fauconnei'ie,  dans  ce  passage  :  «  Dieux  comme 
n  c'est  beau  desduit  de  veoir  prendre  une  alouette 
«  à  l'escource  (pour  à  la  recousse)  à  ung  esper- 
»  vier,  quant  ung  bon  espervier  a  chassé  une  aloe 
«  bas  et  haull  et  il  l'a  laissé  si  hault  qu'on  peull 
«  regarder,  et  ung  aullre  espervier  l'a  couverte,  et 
«  courrocié  (agacé)  et  on  la  laisse  aller,  si  la 
«  requerre  si  roidement  en  volant  contremont  que 
«  belle  chose  est  a  regarder.  »  (Modus  et  Racio,  f"  70.) 


Les  diverses  significations  du  mot  couvrir  ont 
produit  les  expressions  suivantes  : 

1°  Couvrir  une  muraille  pour  la  recrépir.  (Dicl. 
d'Oudin.) 

2°  Couvrir  un  lit  pour  l'arranger,  afin  de  faire 
coucher,  quelqu'un.  «  Noblesse,  et  paresse  me 
«  couvrirent  un  Ut,  et  me  couchèrent  entre  deux 
"  blancz  drapz.  »  (Cartheny,  voyage  du  Ghev. 
Errant,  fol.  3!).)  (4) 

3°  On  dit  encore,  en  termes  de  chasse,  quand  les 
chiens  chassent  ensemble,  qu'on  \escouvriroil  d'un 
drap.  Cette  expression  s'appliquoit  autrefois  même 
à  un  corps  de  troupes.  »  j'ay  veu  que,  quant  gens 
«  venoient  pour  assembler  avecq  leurs  ennemis, 
«  que  on  disoil  qu'il  les  faisoit  beau  voir  couvers 
»  tous  d'un  drap.  "  (Le  .louvencel,  ms.  page  582.) 
On  lit  plus  bas,  en  parlant  d'une  brigade  :  «  Vous 
«  l'eussiez  couverte  toute  d'un  drap.  »  (Ibid.) 

■'i°  Couvrir  s'est  dit  simplement  de  l'action  de  servir 
quelqu'un  à  table  avec  le  gobelet  couvert,  selon 
rétiquette  des  princes  et  princesses.  (Voy.  Couvert 
ci-dessus.)  >■  Le  dauphin  étant  à  la  cour  de  Bourgo- 
"  gne,  quand  la  duchesse  mangeoil  avec  lui,  on  ne  la 
«.  servoit  point  à  couvert,  et  ne  faisi  it-on  point 
«  d'essai  devant  elle  ;  mais  elle  buvoil  en  sa  coupe 
»  sans  couvrir  [~j).  »  (Ilonneurs  de  la  Cour,  ms.  p.  26.) 

5"  Couvrir  le  feu  de  son  jinatier.  Lisez  de  son 
fivatier.  Le  mot  feu  est  peut-être  ici  pour  fief,  et 
iUi  Gange  semble  s'être  trompé,  lors(|u'en  cilaiit 
cette  expiession  dans  son  Gloss.  lat.  au  mot  Culver- 
lagium,  il  a  traduit  feu  par  iijnem.  «  On  couvre  le 
»  feu  du  fivatier,  en  signe  du  ban,  saisie,  et  main 
«  mise  du  seigneur  de  iief,  quand  son  sujet  ne  luy 
»  paye  pas  ses  droits  et  devoirs  ;  comme  aussi  l'on 
"  al'lige  (applique,  attache)  un  panonceau  (espèce 
"  de  drapeau)  l'on  met  un  bandon,  ou  une  croix  en 
«  signe  de  saisie.  »  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 

0°  Couvrir  le  gage  de  bataille,  signifioit  accepter 
le  défi  d'un  combat,  accepter  le  gage.  »  Les  paroles 
•>  qui  furent  par  moy  proposées  en  jettant  le  gage, 
«  et  les  réponses  faites  en  le  couvrant.  »  (La 
Colomb.  Th.  d'honn.  t.  II,  p.  95.) 

COiNJUGAlSO.N. 

Couverra,  futur.  Couvrira.  (Eust.  Desch.  Poës. 
jiss.  fol.  498.) 

Couverrent,  prêter.  Couvrirent.  (Eust.  Desch. 
Poës.  MS.  fol.  498.) 

Cuevret,  pour  couvre,  à  l'indic.  et  au  subjonctif. 
(S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  339,  dans  le  latin  operit. 
Id.  p.  21,  dans  le  latin  coopieriat.) 

VARIANTES  : 

COUVRIR. 

CovRER.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  355  (dissimiilare.) 

CUEVRER.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  21. 


Lors  chant  por  ma  dolor  courir.  »  (Hist.  lilt.,  t.  XXIII, 
Chil   doi  baron  se  couvrirent  moult  bien  devers  lui  de 


(1)  «  Quant  voii  ces  oisiaus  esjoïr  Por  la  douçor  de  la  saison 
p.  749.)  (N.  E.) 

(2)  Edition  Kervyn,  XI,  94.  On  lit  encore  au  t.  III,  p.  389  :    c 
dire.  »  (N.  E.) 

(3)  Froissart  et  Louis  XI  (Cent  Nouvelles)  emploient  cette  expression,  (n.  e.) 

(4)  On  lit  déjà  dans  Berte  (XIII)  :  «  .\u  lit  au  roi  Pépin  fait  sa  lille  covrir.  »  De  même  dans  la  XXX=  Nouvelle 
boutèrent  en  une  chambre  au  plus  près  où  elles  avoient  fait  cuuorir  chacune  son  lit.  »  (N.  E.) 

(5)  Voyez  Couvert.  (N.  E.) 

IV. 


Elles  se 


46 


co 


—  362  - 


CO 


Couvrors,  suhst.  musc.  plur.  Couvreurs  (1). 

Mandent  plastriers,  et  maçons, 

Et  couvrofti,  et  charpentiers. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7-2t>!,  f-  2«3,  R-  col.  1. 

Cou.v,  adj.  «  Peut  èlre  celuy  est  coux  qui  nour- 
"  rit  autruy  enfans  »,  en  latin  cîOTMca.  (Gloss.  de 
Labbe,  p.  497.) 

Couytiba,  verbe.  Gulliver.  Mot  languedocien. 
(Borel,àu  mot  Coyliver.) 

Covant,  Covens,  Couvent.  [Intercalez  ces 
trois  formes  et  voyez  couvent,  accord. 

Por  la  bataille  ke  il  ait  en  covant. 

Gérard  de  Vienne,  v.  1953.)  (N.  E.) 

Covenir,  verbe.  Convenir.  On  a  dit,  à  l'imper- 
sonnel ,  covient  pour  il  est  à  propos  ,  il  est 
expédient  : 

Helas  !  il  m"en  covient  foir  (2)  (fuir) 
De  mon  pais  en  autre  terre. 

Fabl.  MSS.  duR.  n'  1fil5,  t.  U,  f  151,  K°  col.  1. 

Cover,  verbe.  Couvrir,  cacber  *.  Recouvrer  °. 
Couver  '^. 
*  On  a  dit,  dans  le  sens  propre  : 

....  Me  cave  desoz  ces  dras  (3). 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  1615,  t.  I,  f»  103,  R'  col,  1. 

Au  ligure  : 

Le  fait  fu  ataint,  et  prouvé 
Que  a  grant  pièce  avoit  couvé. 

Hisl.  de  France,  à  la  suite  du  Rora.  de  Fauvel,  fol.  83. 

^  Dans  le  sens  de  recouvrer,  c'est  l'ancien  verbe 
employé  avec  une  signification  réduplicative  et 
figurée  : 

Ce  que  jà  ne  couveras. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n»  1615,  t.  II.  fol.  ni,  R°  col.  1. 

•^Nous  disons  encore  couver  dans  le  sens  neutre  et 
actif.  Cover  est  neutre  dans  cette  espèce  de  proverbe  : 

Con  plus  cove  li  feus,  plus  art  (brûle). 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7015,  t.  II,  f"  70,  V°  col.  1. 

(Voyez  Couver  ci-après.) 

VARIANTES   (4)  : 
COVER.  Villehardouin,  p.  58. 
Couver.  Orth.  subsistante. 
CovEhER.  Britt.  Loix  d'Angl.  f»  47,  V». 
CovBER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7989,  f»  55,  R»  col.  2. 

Covert,  adj.  Qui  est  sous  la  protection,  sous  la 
puissance.  On  disoit,  en  ce  sens,  femme  covert  ou 
Ouverte  de  baron ,  pour  femme  en  puissance  de 
mari.  «  La  feme  nequedent  (cependant,  néanmoins) 
«  à  félon  pourra  dire,  que  tout  savoit  de  la  mauve- 
«  seté  son  baron  (mari),  pour  ceo  ne  le  poet  (cela 
«  ne  le  pouvoit)  ele  mye  encuser,  ne  devoit,  taunt 
«  ele  fuit  de  luy  coverte.  »  (Britt.  Loix  d'Angleterre, 
f°  47.)  «  Femme  coverte  de  baron  »  (Ibid.  f°  67.) 
«  Femme  covert  de  baron  »  (Ten.  de  Littl.  f°  59.  — 
Voyez  CovERTURE  ci  après.) 

Govertors.  [Intercalez  Covertors,  couverture, 
dans  Partonopex  (v.  1071)  : 

Bien  est  orlés  li  covertors.]  (n.  e.) 


Coverture,  subst.  fém.  Mariage.  "  Home  ne 
«  poit  garanler,  ne  doner  ses  tenements  à  sa  feme, 
«  durant  la  coverture,  pur  ceo  i|ue  sa  feme  et  luy 
>i  ne  sont  forsque  un  person  en  luv.  »  (Tenures  de 
Littl.  f"  37.) 

Coveter.  [Intercalez  Coveter,  convoiter  : 

Mais  li  vilains  dit  plainement: 
Que  qui  tôt  coveite,  tôt  pers. 

Benoit  de  S'  More,  t.  I,  y.  (1537. 

Le  wallon  emploie  encore  la  forme  coweter.}  (n.  e.) 
Covine,  subst.  fém.  Diminutif  de  queue,  et  au 

figuré  suite  de  personnes.    Borel,  Corneille,  DicL 

et  Gloss.  du  P.  Marlène.) 

Coviiis,  subst.  musc.  plur.  Cbnriotsde  combat. 
Espèce  de  chariots  sur  lesquels  on  combattoit. 
(Voyez  Borel,  Corneille,  Dict.  ;  et  le  Gloss.  du  P. 
Martène,  t.  V.)  Peut-être  ce  mot  vient-il  de  cophi- 
nits,  comme  cabas,  carabas,  banne  et  bennon  ont 
pris  leurs  noms  des  paniers  que  l'on  appeloil  ainsi. 

Covir,  verbe.  Désirer,  convoiter.  On  lit,  en 
ce  sens  : 

Par  bel  parler  moult  le  blandie  (carresse) 
Car  moult  l'a  en  son  cuer  covie. 

Vies  des  SS.  MSS.  de  Sorb.  ch.  LX,  col.  8. 

Peut-être  faut-il  lire  encovi,  en  un  seul  mot,  dans 
ce  passage  : 

N'en  sai  preu  que  jugier  toz  nos  a  en  covi. 

Parton.  de  Blois,  MS.  de  S.  G.  f"  170,  R"  col.  1. 

(Voyez  Encovi  ci-après.) 

Covoisin,  subst.  masc.  Voisin.  On  appelle,  en 
termes  de  coutume,  covoisins  ceux  qui  ont  des 
maisons  contiguës  l'une  à  l'autre.  »  Pourveu  que 
«  le  voisin  qui  travaille  le  premier,  ou  en  après 
<i  affranchisse  son  covoisin  de  dommage,  etc.  » 
(Coût,  de  Bailleul,  Aouv   Coût.  Gén.  t.  I,  p.  974.) 

Covreciaus.  [Intercalez  Covreciaus ,  patène, 
au  Gloss.  lat-fr.  4120,  an.  1352,  sous patena.]  (n.e.) 

Covrir,  verbe.  Couvrir,  cacher.  Celer,  déguiser, 
au  figuré. 

Ne  puis  mon  coraige  covrir 
De  ço  ke  plus  voil  et  désir. 

Gontiers,  Poès.  MSS. avant  1300,  t.  III,  p.  1040. 

Cowiii,  subst.  masc.  Peste,  contagion.  Mol  du 
patois  breton.  (Du  Gange,  au  mol  Cowirannus.) 

Cox,  adjectif.  Illégitime.  Il  semble  que  ce  soit  le 
sens  de  ce  mot  dans  ces  vers  : 

Plorer  doit  l'en  péchié,  quant  l'en  le  sait  grevo.x. 
Si  doivent  bien  plorer  enfant  folez  et  cox 
Quant  de  pein  ou  de  vin  ou  d'el  sont  soufroito.x. 

Parton.  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  173,  V-  col.  i. 

Goycin,  subst.  masc.  Coussin,  oreiller. 

Ivlans  draps,  mol  lit,  doulz  coijcin  (5) 
Où  ilz  vont  dormir  le  soir. 

Eusl.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  78,  col.  2, 

On  trouve  «  coissin  couvert,  et  en  fouillé  d'un  riche 
"  drap  d'or  frisé.  »  (Mém.  du  Bellay,  t.  VI,  page  145.) 


(1)  Le  cas  sujet  couvrere  est  dans  Tailliar  (p.  225),  et  le  cas  régime  couvreur  au  Liv.  des  Métiers, 

(2)  On  lit  déjà  dans  Roland  (st.  XIII)  :  «  Dient  Franceis  :  il  nous  1  cuvent  guarde.  »  (N.  E.) 

(3)  «  Et  ma  dame  Hersent  la  love,  Qui  ses  loviax  norrist  et  cove.  »  (Renart,  361.)  (N.  e.) 

(4)  Cnvcr  subsiste  en  wallon.  'N.  E.) 

(5)  On  lit  coiiyte  au  reg.  JJ.  181,  p.  181,  an.  1452.  (n.  e.) 


p.  104.  (N.  E.) 


co 


363 


CR 


VARIANTES    : 
COYCIN.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  f»  78,  col.  2. 
COYSSIN.  Eust.  De.sch.  Poës.  MSS.  f»  76. 
CoissiN.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  425,  col.  4. 
CuissiN.  Cotgrave,  Nicot,  Monet,  Rob.  Est.  Dict. 

1.  Coyer,  subst.  masc.  Cahier.  (Voj;.  Coût. 
d'Artois  et  de  S.  Omer,  au  Nouv.  Coût.  Gén.  t.  I, 
pages  253  et  289.)  On  disoit  coyed,  dans  le  même 
sens,  en  patois  picard.  (Voy.  Nicot  et  Cotgrave.) 

VARIANTES  : 
COYER,  QuOYER. 
Coyed.  Nicot,  Cotgrave,  Dict. 

2.  Coyer.  [Intercalez  Coyer,  attacher,  au  reg. 
JJ.  170,  p.  1,  an.  1415:  •>  Icellui  maislre  cnyera  ou 
«  fera  coyer,  c'est  assavoir  fermer  une  luine  au  cul 
«  du  batel  pour  le  retenir,  se  meslier  est.  «]  (n.  e.) 

Coyere  (S"),  subst.  fém.  C'est  le  nom  qu'on 
donne'  à  la  fête  de  S.  Pierre-aux-liens,  dans  le  diocèse 
de  Chàlons,  en  Champagne.  On  en  trouve  l'origine 
dans  une  lettre  de  M.  Le  Bœuf. 

VARIANTES  : 
COYERE  (S'»).  Journal  de  Verdun,  avril  1751,  p.  278. 
CoHiERE.  Journ.  de  Verdun,  juillet  1751,  p.  25. 

Coyeté,  subst.  fém.  Paix,  repos,  tranquillité. 
«  La  simplesse,  et  la  coyeté  du  lieu  leur  amplyoit 
"  (accroissoit)  leur  dévotion.  »  (Percef.  vol.  111, 
folio  120.) 

Gisant  en  lict  paisible, 
Querant  sa  coyeté. 

Molinet,  p.  150. 

VARIANTES  : 
COYETÉ.  Dict.  d'Oudin. 

QUOVETÉ. 

Coye-vérité.  [Intercalez  Coye-vm^e,  jugement 
rendu  sans  enquête  préparatoire  et  sai.s  défense 
de  l'accusé:  «  Quod  in  criminibus,  ubi  miijus 
«  versatur  periculum,  absque  cilalionis  edicto,  nec 
«  partis  defensione  audita,  indifferenler  processum 
«  intolerabilem  coye-vérité,  vulgariter  nuncu- 
«  patum,  rccipit  et  admittit.  »  (Ch.  de  r2t»G  aux 
Olim,  reg.  2,  fol.  12,  recto.)]  (n.  e.) 

Coyplie,  subst.  fém.  (Voyez  Rabelais,  1. 1,  p.  83.) 
L'acception  de  ce  mot  n'est  point  déterminée  par  le 
passage.  Nous  ne  pouvons  assurer  que  liabehiis  ait 
entendu  parler  d'une  coilïe.  Ainsi  nous  n'avons 
point  porté  ce  mot  à  l'article  coife,  n'ayant  rien  qui 
nous  prouve  que  ce  soit  une  des  orthographes  de 
ce  mot. 

Coyraul,  adj.  Ce  mol  est  mis  pour  épithète  d'un 
mol  obscène.  (Rab.  t.  III.  p.  145.) 

VARIANTES  : 
COYRAUL,  COYRAULT. 

Coys.  [Intercalez  Coys ,  droit  d'échouage  ou 
d'ancrage  dans  une  charte  bretonne  de  1422  :  «'  Ports 
«  de  mer,  coys  et  pecoys,  et  ce  que  la  mer  cuevre 
«  et  descuevre.  »]  (n.  e.) 

Coyster  ,  vei'be.  Sa  signification  est  obscène 
dans  Villon,  p.  3. 


Cozine,  subst.  fém.  Contestation,  dispute.  Du 
verbe  co%er,  reprendre,  accuser.  (Voyez  Choser 
ci-dessus.) 

Ensi  par  cette  dame  sote 

Commença  cozine  et  rihote  (querelle). 

Ph.  Mouskes,  MS.  cilé  par  Du  Gange,  au  root  Cocinare. 

Craanter.  [Intercalez  Craanter,  promettre, 
dans  Garin  (fol.  458)  : 

Est  craantc:,  et  li  jors  est  assis. 

On  lit  aussi  dans  Gérard  de  Vienne  (p.  173,  col.  1): 

Molt  doucement  li  craanic  et  otroie.J  (n.  e.) 

Craliacier,  verbe.  Détruire,  abattre  *.  Tomber, 
s'écrouler  °. 

*  Au  premier  sens  de  détruire,  abattre,  ce  verbe 
est  actif  : 

Par  le  pais  queurent  (courent)  et  tracent. 
Maisons  ardent,  viles  crnhacenl. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  40.  V",  an.  H9I. 

^  Pris  dans  une  signiTication  neutre,  crabacier 
signiHoit  tomber,  s'écrouler.  Il  sedisoil  des  person- 
nes et  des  choses  : 

Par  les  granz  cops  qu'aucuns  deslacent  (lâchent) 
Chevaliers  et  serianz  cralmcent. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  i!31,  V". 

Le  font  cheoir  et  crabaciec. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  70,  R". 

VARIANTES    : 
CRA.BACIER.  G.  Guiart,  MS.  fol.  70,  R". 
Crabacer.  Ibid.  MS.  Ici.  40,  V». 

Crabate,  subst.  masc.  Grabat.  (Dict.  d'Oudin  et 
de  Cotgrave.) 

VARIANTES    : 
CRABATE,  Cr.\bbat. 

Crabe,  subst.  fém.  Chèvre*.  Insecte  ^  (1). 

*  Au  premier  sens  de  chèvre,  ce  mot  n'est  qu'une 
variation  de  l'orthographe  chèvre.  (Laur.  Gloss.  du 
Droit  fr.) 

^Dans  le  patois  gascon,  c'est  le  nom  d'un  insecte 
qui  ronge  la  vigne  au  printemps.  11  est  appelé  li%et 
ou  liwt  en  Bourgogne,  et  gilbers  en  Anjou. 

VARIANTES    : 
CRADE.  .Tourn.  de  Verd.  mars  1739. 
Cabre. 

Cracet,  subst.  ?»rtsc.  Espèce  de  lampe  (2).  On  dit 
en  Picardie  yrrtfc/,  el  on  lit  dans  le  Diction,  breton 
creuseul,  gallice,  croissol,  lumière  de  nuit,  suivant 
Du  Cange,'Gloss.  lat.  au  mot  Crucibulum. 

Se  tient  Derengiers  pour  fol 

Quant  il  i  vint  sans  le  craissel  ; 
Au  retorner  arrier  se  met  ; 
Au  feu  en  va,  etc. 

Fabl.  MSS.  dn  R.  n"  7218,  fol.  147,  V  col.  2. 

Dans  la  Coût,  de  Valenciennes,  on  trouve  au 
nombre  des  ustensiles  d'un  ménage,  un  crasset  et 
palete.  (Nouv.  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  257.  —  Voyez 
Crezieu.  ) 

variantes  : 

CRACET. 

Crasset.  Nouv.  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  257. 

Craisset.  Fabl.  MSS.  du  R.  n«  7218,  fol.  147,  V»  col.  2. 

Graissés,  lUur.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  148. 


1)  On  lit  aussi  au  xiV«  siècle,  dans  H.  de  MondeviUe,  fol.  97  :  «  Le  chancre  de  mer,  dit  en  françois  crabe.  »  (n.  e 

2)  Voyez  plus  haut  Cliareil  et  Chuleil.  Au  Gloss.  lat.  521,  on  lit  :  «  Lucubrum,  crasset,  gallice.  »  (n.  e.) 


CR 


—  3G4  — 


CR 


CniCHET.  Loix  normandes,  art.  liO. 

Gracet.  Mot  picard. 

Gra-ssot.  Falil.  MSS.  du  R.  n"  7015,  t.  II,  f»  212,  V°  col.   t. 

Creuseul.  Du  Gange,  Gloss.  lat.  à  Cnicibuluni. 

Croissol.  Id.  ibid. 

Crachable,  adjectif.  Qui  se  crache,  qui  est  à 
cracher.  (Dicl.  de  Monet.) 

Craeliard,  subst.  masc.  Crachat.  On  trouve 
craciiere,  dans  Eust.  Desch. 

VARIANTES  I 
Crachard.  Dict.  de  Cotgrave. 
Crachere.  Eust.  Desch.  Poes.  MSS.  fol.  85,  col.  3. 

Crache,  subst.  fém.  Mangeoire  *.  Elable,  écu- 
rie °.  Lit,  couche  '^. 

*  On  lit,  au  premier  sens  :  «  Se  mussa  sous  la 
«  crcche  d'une  escuyerie.  «  (Peler,  d'amour,  t.  II, 
p.  531.)  On  a  dil,  en  parlant  de  la  naissance  de  J.C.  : 
«  Qu'il  voulut  naislre  en  povre  lieu,  en  une  vieille 
«  hasle,  place  comune,  et  mis  sur  le  foing:  en  la 
«  cracite  du  beuf  elde  l'asne.  «  (Hist.  de  la  Toison 
d'or,  vol.  T,  fol.  13.) 

En  Belleni  (Bethléem)  si  est  la  crêpe  (1). 

Ph.  Mouskes,  p.  275. 

^  Par  extension,  ce  mot  a  signifié  étable,  écurie. 

En  yglises,  comme  en  vie.\.  craches 
Metoient  les  buez  et  les  vaches. 

G.  Guiail,  MS.  fol.  S9,  V-,  an.  1207. 

On  [roiwe crache ('l)  e%  beit fs,  au  même  sens,  dans 
niist.  du  Th.  fr.  t.  II.  p.  498. 

•=  Enlin  crèche  s'est  pris  figurément  pour  lil, 
alcôve,  lit  en  formed'alcôve,  signification  empruntée 
de  son  étymologie,  qu'on  peut  faire  venir  de  crêpa, 
mis  pour  crypta  (3),  voûte,  dans  Du  Gange,  au  mot 
Crêpa. 

Mieulx  vault  conjunclion 

De  marier,  qu'avoir  à  crèche 
Femme  sanz  loy  ou  chascun  pèche. 

Eusl.  Desc.  Poi'S.  MSS.  fol.  500,  Cû\.  1. 

De  là,  cette  expression  figurée  se  tenir  à  crèche, 
pour  se  tenir  en  repos,  resfer  tranquille. 

Par  doutance  (crainte)  leur  lieu  guerpirent 

Sanz  eus  plus  là  tenir  à  crèche 

lert  fort  l'assaut  et  la  breteche  (résistance). 

G.  Guiarl,  VS.  fol.  29»,  R°. 

VARIANTES   (4)  : 
CRACHE.  Hist.  du  Th.  fr.  t.  II,  p.  498. 
Crèche.  Rabelais,  t.  I,  p.  18. 
Creiche,  Cresche. 
Crêpe.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  275. 

Cracher,  verbe.  Craquer.  Ce  mot  subsiste  et 


s'écrit  craquer.  Borel,  d;ins  la  préface  de  son  Dict., 
p.  31,  le  dérive  du  mot  languedocien  crac,  pour 
roche. 

variantes  : 

CRACHER.  Vales.  p.  73. 

Cracql'KR.  Borel,  Dict. 

Cradot,  subst.  masc.  .Sorte  de  poisson.  «  Uou- 
«  geons,  barbues,  cradots,  carpes.  »  (Rabelais,  t.  IV, 
p.  204.)  C'est  un  fort  petit  poisson  qui  se  prend  dans 
la  mer,  et  qui  porte  ce  nom  sur  les  côtes  de  Nor- 
mandie (5). 

Craeire.  [Intercalez  Craeire,  droit  payé  au 
seigneur  pour  extraire  de  la  craie  »  (Du  Gange,  II, 
645,  col.  1.)]  (n.  e.) 

Crafl'er.  [Intercalez  Cra/fer,  écailler,  aux  Mi- 
racles de  Xolfe-Daine  mmss.,  t.  II  : 

Tout  en  plorant  de  l'erbe  saine, 

El  nom  le  haut  seignor  de  gloire, 

.\u  grief  mesel  dona  à  boire  : 

Tout  maintenant  qu'il  l'a  beue, 

Tout  aussitost  si  est  keue 

Sa  puans  roffée,  s'orde  creffe, 

Com  à  poissons,  quant  on  les  craffe.]  (n.  e.) 

Crai.  Ce  mot  semble  corrompu  dans  le  passage 
suivant  : 

Or  verrai  que  mesdisant 
Seront  mot  et  esbahi. 
Quant  celé  que  j'aime  tant 
M'aura  mie  cnii. 

Raoul  de  Di.iuvés,  Pors.  MSS.  avant  l:',00.  I.  H.  p.  671. 

Peut-être  faut-il  lire  l'écrai,  l'écrit,  au  lieu  de  le 
crai  dans  cet  autre  passage  : 

Et  com  h  i  aloit  le  crai. 

Et  eut  l'aventure  contée 

Sur  le  tombeau  cai  (tomba)  pasmée. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7989,  fol.  47,  V°  col.  2. 

Craïers,  subst.  masc.  plur.  Espèce  de  bateau. 

En  nave  (navire),  en  galée,  en  craiers  (6) 
N'est  aujourdhuy  pires  venins 
Que  sont  partout  les  maroniers. 

Eust.  Desdi.  Poi-s.  MSS.  fol.  3ôfi,  col.  1. 

Craig  (7),  subst.  Pierre.  (Dict.  de  Borel.) 

Craille,  subst.  (cm.  Ce  mot,  en  Champagne,  se 
dit  d'une  ouverture  dans  un  bois,  d'une  fente  dans 
un  mur  et  autre  chose  semblable. 

Craindre,  verbe.  Ce  mot  subsiste.  On  disoit 
autrefois,  se  craindre,  pour  craindre.  «  Me  craignant 
«  de  quelque  surprise.  »  (Voyez  Garasse,  Rech.  des 
Hech.  p.  437.)  On  réunissoit  souvent  les  mots 
craindre  et  aimer,  pour  exprimer  les  sentiments 


(1)  Dans  une  vie  ms.  de  Jésus-Christ,  on  lit  :  «  Aies,  dist-il  en  Belleant,  Illueques  trouvères  l'enfant ,  Jouste  le  mur  en 
une  crèhe.  »  (Du  Gange,  II,  644,  col.  2.)  (N.  E.) 

(2)  «  Dou  toriel  loent  la  biauté  ;  Sor  lui  n'a  ordure  ne  tache  ;  N'a  pas  esté  norri  en  crache.  »  (Roman  de  Mahommet , 
V.  1553.)(N.  E.) 

(3)  La  racine  est  le  haut  allemand  krippu.  (n.  e.) 

(4)  On  trouve  aussi  greche  dans  Rutebeuf ,  6  :  «  Depuis  que  fu  nez  en  la  ijreche  Diex  de  Marie,  ne  fu  mes  telle 
espouserie.  »  (n.  e.) 

(5)  C'est  le  nom  vulgaire  de  la  brème.  (N.  E.) 

(6)  ((  Comme  .Ii'han  Bonne  de  la  ville  de  l'Eure,  nostre  maronnier,  eust  armé  ,  appareiUié  et  avitaillié  un  craier  à  ses 
propres  coux,  fiais  et  despens,  appelle  la  Mahière ,  garni  de  quarente  cinq  compaignons  ,  pour  aler  en  mer  sur  nos 
ennemis.  »  (.IJ.  1)9,  p.  260,  an.  1366.)  On  trouve  encore  les  formes  créer  et  croijer  :  «  Régnant  d'Amiens  ,  jadis  bourgois  de 
Dieppe,  capitaine  au  temps  des  dites  guerres  d'un  vaissel  ou  nef ,  que  on  dit  créer,  lequel  estoit  au  roy  de  France.  »■ 
(JJ.  66,  p.  1373,  an.  1334.)  -  '(  Le  suppliant  estant  en  un  croijcren  la  mer...  dist  aux  compaignons  et  mariniers,  qui  estoient 
audit  croyer,  qui  s'alassent  couchier.  »  (JJ.  146,  p.  403,  an.  1394.)  (n.  e.) 

(7)  Ce  mot  gaulois  se  retrouve  dans  la  plaine  de  la  Craii,  les  Alpes  Grées,  le  Grée  (Morbihan),  la  Grave  (Gironde),  Gravelle 
(Seine),  la  Gravelle  (Lot-et-Garonne),  Gravelotle  (Moselle).  Près  d'Angoulême  on  trouve  les  Chaumes  de  Crage.  (n.  e.) 


CR 


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CR 


d'un  amanl(l).  Par  un  idiotisme  usité  dans  l'ancien 
langage,  ce  verbe  se  prenoit  aussi  subslantivement 
pour  crainte.  On  disoit  ce  craindre  là.  pour  celte 
crainte  là.  (Les  Marg.  desMarg.  p.  22.) 

COiNJUGAISON  : 

Craind,  ind.  prés.  Craint.  (Apol.  pour  Hérodote, 

page  95. ) 
Craindant,  p;irl.  prés.  Craignant.  (Lett.  de  Louis 

XII,  t.  L  p.  70.) 
Craiiident,  ind.  prés.  Craignent.  (G.  de  la  Bigne.) 
Craingnoit,  imparf.  Craignoit.  (Gacede  la  Bigne.) 
Crainistrent.  prêter.  Craignirent.  (Rom.  de  Brut.) 
Crenient,  prélér?Craignirent.  (Roui,  de  Brut, ms.) 
Cricn,  pour  craint.  (Marbodus,  col.  1608.) 

VARIANTES    (2)  : 
CRAINDRE. 
Creindre.  Marbodus,  col.  -1652. 

Crainte,  subst.  fém.  Envie.  C'est  le  sens  que  lui 
donne  l'éditeur  dans  ce  passa.ge,  où  il  faut  lire 
detrainte  au  lieu  de  crainte.  «  Madame  qui  de  ce 
<■  nouvel  l'eu  damours  avoit  son  cueur  enflammé, 
«  toute  nuyt  ne-  cessa  de  soy  plaindre,  gémir  et 
«  souspirer,  tant  de  crainte  esloit  de  revoir  damp 
«  abbez,  eldebien  deviser  à  luy  (converser,  discou- 
«  rir  avec  lui.  »  (P.  J.  de  Sninlré,  p.  r»73.) 

Craliitise,  subst.  fém.  Crainte.  (Chasse  et  Dép. 
d'amours,  p.  bO.) 

Crainail ,  subst.  masc.  Engin  à  pêcher.  On 
trouve  :  "  Buchieres  que  l'en  dit  cramait  [lisez 
«  tramail~\  ti  fouller,  ne  courra  point  my  may  cl  my 
«  avril  »,  dans  les  Ord.  t.  Il,  p.  12,  an.  1327. 

Ci'aniaillere,  subst.  fém.  Crémaillèi-e. 

Crarnilliée  de  fer 

Et  grassot  (lampe)  en  yver. 

Fabl.  MSS.  du  R,  n-  7G15,  t.  H,  fol.  212,  V  col.  I. 

VARIANTES  : 
CRAMAILLERE.  Du  Gange,  à  Cainasale  et  Crainacnlus. 
Cramaliere.  Rob.  Est.  Coiifor.  du  Fr.  avec  le  Gr. 
Cremalière.  Du  Gange,  au  mot  Cremalleria. 
Cre.maillée.  Gotgrave  et  Oudin,  Dict. 
Cremillée.  Oudm,  Cur.  fr. 

Cramillée.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7615,  t.  II,  fol.  21-2. 
Cramillié.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  f°  .S29,  col.  4. 
Crameille.  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  2.57. 

Cramaulx,  subst.  masc.  ptur.  Cremaillons. 
C'est  le  sens  de  ce  mot  dans  ces  vers  : 

Cratnaulx,  rostiers,  et  sautherons 
Broches  de  fer,  etc. 

Eust.  Desch.  Poés.  MSS.  fol.  V.i'i. 

Crame,  subst.  Chresme  (lui  sert  au  baptême. 
(Voy.  S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  page 28."),  dans  le  latin 
ctirisina) 

Crainignolle  ,  subst.  fém.  Sorte  de  bonnet 
[c'est  plutôt  une  loque].  Le  même  que  Incoquet, 
dont  l'auteur  de  la  Chron.  scand.  de  Louis  .XI  s'est 
servi,  quelques  lignes  plus   haut,    au   lieu    de 


cramignoHe  qu'on  trouve  dans  ce  passage  de 
Monstrelet  (fol.  16,  verso)  :  »  Tous  lesquels  vingt 
"  hommes  d'armes  avoient  belles  chesnes  d'or 
«  autour  du  col,  et  en  leurs  testes  eramignolles 
><  de  veloux  noir  a  grosses  houppes  de  fil  d'or 
■<  de  Chipre  dessus.  "  (.\n  1465,  p.  82.) 

Il  portoit  une  cmmicpioUe. 

Vig.  do  Charles  VII,  I.  II,  r-  7.ï, 

Cramoisi,  adj.  Honorable,  distingué.  Comme 
le  cramoisi  étoit  une  couleur  distinguée,  on  a 
employé  ce  mot  pour  désigner  les  choses  distin- 
guées ou  honorables  ;  de  là  on  a  Cnl  jjarotes  de  soye 
"cramoisie,  pour  fayous  de  parler  honorable,  distin- 
guée. «  Grégoire  de  Tours  parle  à  Chilperic  en 
<'  paroles  de  soye  cramoide  ,  c'est-à-diie  avec 
«  l'honneur,  et  révérence  que  l'on  doit  à  son  roy.  •> 
(Favin,  Th.  d'honn.  t.  i.  page  478.)  De  là  aussi  celle 
expression  populaire,  eneramoisy,  pour  dire  d'une 
façon  distinguée,  supérieurement.  (Rabe'ais,  t.  V, 
page  215.)  (3) 

Cramoisine,«'/7.  au  fém.  Cramoisie*.  Sublime, 
élégante  °. 

*  On  disoit,  au  premier  sens,  soiic  cramoisine. 
(Rab.  t.  V,  p.  165.) 

^  Dans  la  seconde  acception,  on  a  dit  «  rhetori- 
>'  que  armoisine  et  cramoisine  «  pour  poésie,  vers 
sublimes,  élégans.  (Hab.  t.  V,  prol.  p.  12,  note  23.) 
Ce  sens  est  fondé  sur  l'acception  que  nous  avons 
assignée  ci-dessus  au  mot  cramoisi. 

Cramper,  verbe.  Grimper.  Voici  le  passage  où 
l'on  trouve  ce  mot.  Il  y  est  pris,  figurément,  en 
parlant  des  riches  : 

Lor  tient  ades  es  mains  la  crampe 

Qui  jusqu'au  cuer  lor  monte  et  crampr. 

Fabl.  .\1SS.  du  R.  n-  ■1218,  fol.  127,  V-  col.  1. 

Crampi,  adject.  et  partie.  Courbé,  contre- 
fait* (4).  Arrondi^. 

*  Proprement  ce  mot  signifie  i]ui  a  la  crampe,  la 
goutte,  crampe.  Commecetle  goutte  occasionne  une 
contraction  de  nerfs,  qui  rend  les  nieinbies  contre- 
faits, on  a  dit  cram/ni  de  yonte  pour  attaqué,  con- 
trefait par  la  goutte.  «  Gens  malades,  et  crampus 
..  de  goule.  »  (Brill.  Loix  d'Angl.  fol.  36.)  De  là 
crampi  pour  courbé  pris  dans  un  sens  générique. 

Quant  nous  serons  tuit  (tous)  venu 
Li  plus  court  vois>^nt  (aillent)  estendu 
Et  li  plus  ionc  voisent  crampi. 

Fabl.  ,\ISS.  du  R.  n'  7218,  fol.  277,  V  col.  2. 

^  Par  extension  de  l'acception  courbé,  ce  mot 
a  signifié  arrondi.  Il  paroit  que  c'esl  le  sens  de  ce 
mol  dans  ces  vers  où  l'on  dit,  en  parlant  de  1» 
lettre  T. 

Du  T  vous  dirai  la  manière  : 
En  cropant  porte  sa  banière; 
Une  lettre  est  corte  et  crampie. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7218,  fol.  127,  R-  col.  2. 


(1)  «  Ja  pour  mes  dit,  barat  ne  jenglerie.  Ne  cesserai  de  vous  craindre  et  amer  De  plus  en  plus,  cliiere  dame  sans  per.   >> 
(E.  Deschamps,  Poës.,  mss.,  fol.  141.)  (n.  e.) 

(2)  On  lit  déjà  dans  Roland  (str.  XVIII)  :  «  Je  me  creindreie  que  vous  vous  meslissiez.  »  (.v.  E.) 

(3)  Scarron  écrivait  encore  (Virgile  travesti ,  liv.  IV)  :  «   Voudriez-vous  bien  quitter  Carthage  ?  Vous  seriez  folle  en. 
cramoisi.  »  (N.  E.) 

(4)  On  Ut  dans  Renart  (v.  1373)  :  «  L'un  pié  cranpi  et  l'autre  droit.  »  (n.  e.) 


CR 


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CR 


VARIANTES  : 
CRAMPI.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f»  127,  V"  col.  1. 
Crampu.  Britt.  Loix  cVAnglct.  fol.  36,  R». 

(Irampir,  verbe.  On  vient  de  voir  erampi  pour 
arrondi.  De  là  evamplv,  nu  même  sens,  dans  cet 
autre  passage  où  le  pocle  parle  toujours  de  la 
lettre  T  : 

Bien  doit  avoir  l'nschiiio  fraite  (rompue) 
Et  si  crampisl,  et  tient  ensamble  ; 
Une  maie  beste  (serpent)  resamble. 

Fabl.  MSS.  ilii  R.  n"  7-2IS,  fol.  127.  V'  col.  1- 

Cranis,  stihst.  manc.  plur.  C'est  une  faute  pour 
crains,  crins,  cheveux,  dans  le  Dict.  de  Borel. 

1.  Cran,  stibst.  masc.  Dégât,  dommage.  Entaille 
dans  le  sens  propre,  brèche.  On  disoit  autrefois 
ligurément  :  «  Il  convient  qu'ils  s'en  voisent 
«  (aillent)  vers  Neufchatel-sur-Thyn,  et  passent  la 
»  rivière,  et  entrent  en  l'évèché  de  Durham,  ardant 
«  (brûlant  et  ravageant)  et  exilant  le  pais.  Us  feront 
«  bien  grand  cran  [l)  en  Angleterre,  avant  que  nos 
«  ennemis  soyeiU  pourveus.  «  (Froissart,  livre  lU, 
p.  330.)  On  lit  à  la  marge  grand  degast. 

Dont  le  crime  fait  trop  périlleux  cran. 

Eust.  Descli.  Poi's,  MSS.  fol.  323,  col.  .1. 

2.  Cran,  subst.masc.  Promesse,  serment*.  Obli- 
gation ^.  Sûreté  ,  assurance  '^.  Crédit  °.  Plaisir  , 
volonté^. 

*Au  premier  sens,  ce  mot  vient  de  CnEANTEn 
ci-dessous,  promettre.  C'est  l'acception  propre  et 
générale.  «  Le  duc  pria  tant  l'Empereor  qu'il  s'en 
«  mist  (pour  s'en  chargea,  s'en  lit  fort)  sor  li,  et 
«  sor  les  deux  cardinaus,  et  jura  sor  saint,  que  ce 
«  qu'il  en  feroit,  il  tendroit,  et  en  fist  bien  le 
«  créant.  •>  (Contin.  de  G.  de  Tyr,  Martène,  t.  V, 
col.  700.)  De  là,  créant  de  service,  en  termes  de 
coutume,  signifioit  promesse  d'acquitter  le  service 
qui  est  dû  pour  un  lief.  (Voyez  Laur.  Gloss.  du  Dr. 
fr.)  «  Créant  de  service,  se  peut  faire  pour  terre 
«  féodale,  en  la  main  du  bailly  d'aucun  seigneur, 
«  mais  non  pas  les  foy  et  hommage  qui  se  doivent 
«  reserver  au  seigneur.  »  (Coût,  de  Chaulmout  en 
Bassigny,  Coût.  Gén.  t.  I,  page  438)  L'éditeur,  qui 
renvoie  à  raguean,  ajoute  en  marge  qu'il  croit  que 
c'est  la  même  chose  que  crand  ou  sûrelé. 
C'est-à-dire  assurance  ou  promesse  du  devoir 
féodal.  Cette  même  disposition  se  trouve  répétée 
dans  la  même  coutume  au  .Nouv.  Coût.  Gén.  l,  III, 
page  376. 

^Cran,  promesse  verbale,  signifioit  aussi  obliga- 
tion, promesse  par  écril.  C'est  en  ce  sens  que  nous 
trouvons  souvent  ce  mol  pour  obligation  en  garan- 
tie dans  plusieurs  coutumes.  «  Les c?y/»s  des  dettes, 
«  cedules  et  obligations  pour  simple  deble  en  vertu 
"  desquelles  lescreanliers  pourront  faire  demande, 
«  et  action.  »   (Coût,   de   Metz,  Coût.   Gén.   l.   I, 


p.  ll,"')fl.)  <>  Il  est  deffendu  à  tous  manans  et  habi- 
>'  tans  de  cette  ville  et  pays  messin,  de  quelque 
<'  (jualité  et  condilion  qu'ils  soient,  de  passer 
"  eranis,  obligations,  testamens,  codicilles,  ou 
«  antres  dispositions  de  dernière  volonté,  qu'ils  ne 
«  soient  mis  en  arche  d'amant  (coll're  de  greffier).  » 
(Coût.  Gén.  t.  I,  p.  1150;  Ord.  du  Pays  messin.  — 
Voyez  Coût,  de  Haynault,  Ibid.  p.  8(t7  et  807,  où  le 
mot  crand  est  interprété  par  l'éditeur,  dans  le  sens 
d'assurance  ou  sûreté.) 

*^  De  là  ce  mot  s'est  pris  pour  exprimer  la  sûreté  (2) 
qui  nail  de  ces  sortes  d'obligations.  «  Que  nulz 
>'  marchands  presteurs  ne  puissent  faire  obligation 
«  pour  ('rawi  des  deniers  qu'ils  presteront.  >•  (Ord. 
t.  II,  p.  205.) 

"On  retrouve  encore  dans  le  mot  crant,  mis 
pour  crédit,  l'idée  de  promesse.  Faire  crédit,  c'est 
prêter  sous  promesse  de  rendre  par  le  débiteur. 

Amis,  sans  le  creu.nl  de  toi 

Comment  che  puist  (cela  pust)  estre  ne  voi. 

Vies  des  SS.  MS.  de  Sorb.  cliif.  LX,  col.  38. 

^De  la  confusion  des  lettres  C  et  G,  nail  l'ac- 
ception de  créant  pour  plaisir,  volonté,  qu'il 
emprunte  du  verbe  greanter ,  convenir,  agréer, 
qu'on  écrivoit  aussi  creanter. 

Quant  tôt  ot  fait  à  son  créant. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7089,  fol.  59,  R"  col.  1. 

S'il  n'en  prendoit  bien  son  créant. 

Falil.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  219,  V»  col.  2. 

VARIANTES  (3)  : 
Ga.\N.  Cout.  de  Metz,  Coût.  Gén.  t.  I,  p,  1150. 
Grand.  Cout.  de  Hainaut,  Ibid.  p.  807. 
Cr.vnt.  Cout.  Gén.  t.  I,  p.  llôO. 
Creand. 

Créant.  Cont.  de  G.  de  Tyr,  Martene,  t.  V,  col.  700. 
Crean.  Cout.  de  Tournay,  Cout.  Gén.  t.  II,  p.  943. 

Crance,  siibst.  fém.  Eust.  Deschamps,  décla- 
mant contre  la  réforme  de  la  maison  du  roi  où  l'on 
ne  s'étoit  pas  occupé  des  grands  objets  de  dépense 
tandis  (lu'on  la  faisoit  porter  uniquement  sur  des 
minuties,  s'exprime  ainsi  : 

Fors  purée,  poys,  cresson,  mais  la  crance 
Sont  ceulx  dehors,  s'il  est  qui  y  prant  regarde. 

Eust.  Deschamps,  Poês.  MSS,  fol.  50,  col,  1. 

Cranequin,  snbst.  masc.  Espèce  d'instrument 
de  fer*.  Arbalète ^ 

*Au  premier  sens,  «  c'est  l'instrument,  ou  ban- 
«  dage  pour  armer  les  arbaiestes,  dit  autrement 
"  un  pied  de  biche  ■•  (Dict.  de  Borel,  cité  dans  le 
Gloss.  de  l'Hist.  de  Bret  )  On  lit  creveqni)i  dans 
le  même  Dict.  au  mot  jaseron ,  mais  c'est  une 
faute.  Faucbet,  parlant  de  cranequiniers ,  dit: 
«  Je  ne  scai  s'ils  éloient  ainsi  nommez  pour  le 
«  bandage  de  fer  qu'ils  portoient  à  leur  ceinture, 
«  par  nous  encore  nommé  craneqnin  ('<)  ;  et  les  arba  - 
«  lestes  au  haut  de  l'arbre  avoienl  un  fer  en  façon 
«  d'estrier,   pour,   en   mettant  la   pointe  du   pied 


(1)  M.  Kervyn  (t.  XIII,  p.  207)  donne  au  texte  eschart  et  en  variantes  trau  et  dcsrmj.  (n.  E.) 

(2)  On  lit  aussi  dans  Froissart  (IV,  231))  :  «  Il  en  baillierent  sis  bourgois  de  leur  ville  en  crant  et  en  hostage.  »  Au  t.  II, 
396,  on  lit  aussi  :  «  Et  li  en  fu  bailliet  en  crand  et  en  plege  le  ville  et  castellerie  de  Goudron.  »  (N.  E.) 

(3)  Voyez  aussi  Ord.,  t.  V,  an.  1231  :  «  Par  le  crant  et  le  los  del  devant  dit  duc.  »  (N.  E.) 

(4)  «  Icellui  Bauduin  prist  une  arbalestre,  nommée  cranequin  et  la  monta.  »  (.1.1,  172,  p,  55,  an,  1422.)  A  la  pièce  118  on 
lit  :  «  Bande  ton  crcnncijuin,  qui  est  dire  arbalestre  à  pié.  »  Dans  une  pièce  de  1473  on  trouve  «  petit  grenequin  fourny.  » 
Voyez  dans  M.  Quicherat  {Custumc),  la  gravure  de  la  page  269.  (n.  e.) 


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CR 


«  dedans,  eu  tirant  à  mont  (en  haut)  le  pied  de 
«  chèvre  (pied  de  biche  dans  une  citation  ci-après 
«  au  mot  Craneouimer,  ainsi  appelle-t-il  le  bout  du 
«  bandage  encorne)  plus  aisément  bander  l'arc.  » 
(Fauch.  Orig.  p.  121.)  Ce  mot  est  expliqué  par 
machine  à  enfoncer  les  murailles  et  les  portes  des 
villes,  dans  l'Eloge  de  Charles  VII,  p.  11.  On  trouve 
à  la  vérité  dans  sa  vie,  par  Baudot  (préface,  p.  11), 
cranequiniêre  en  ce  sens;  mais  je  crois  que  le  cra- 
nequin  étoit  proprement  le  cri  ou  ressort  servant  à 
tendre  l'arbalète.  (Voyez  CR.\>EQiiMÉru-:  ci-après.) 

^De  là,  ce  mot  s'est  pris  pour  l'arbalète  même. 
"  Portoient  leurs  cranequins  bandez,  et  le  trait 
«  dessus.  »  (Mém.  d'Ol.  de  la  Marche,  liv.I,  p.  215.) 
On  voit  plus  bas.  au  sujet  A'un  crunequin  bandé, 
que  le  vireton  (trait,  tièclie)  etoit  sur  la  corde. 
(Ibid.  p.  107.) 

VARIANTES  : 

CRANEQUIN.  Fauch.  Orig.  p.  121. 

Crennequin.  Coquillart,  p.  18. 

Crenequin.  Cotgrave,  Dict.  -  Rabelais,  t.  IV,  p.  133. 

Crevequin.  Borel,  Dict. 

Ci'auequinier ,  siibst.  inasc.  Qui  porte  un 
cranequin.  On  appeloit  ainsi  certains  arbalétriers  à 
pied  el  à  cheval,  mais  plus  souvent  à  cheval. 
(Borel,  Cotgrave,  Nicot,  Oudin  et  Uu  Cange,  au  mot 
crenlùnarii.)  »  Les  crancquiniers,  estoient  arba- 
«  lestriers  qui  bandoyent  leurs  arbalestes,  avec  un 
«  bandage,  nommé  iranequin,  autrement  pié  de 
«  biche  (pied  de  chèvre  dans  une  citation  ci-dessus 
«  au  mot  Craneql'i.n),  suivant  l'éditeur  de  Froissart, 
liv.  IV,  page  241,  à  la  marge.  «  Je  croiroi  bien  que 
«  cranequin  fut  mot  alleman  (1),  car  volontiers  les 
«  gens  de  cheval  arbalestriers,  que  l'on  appelloil 
»  craneqtiiniers  estoient  tirez  d'Allemagne,  etc.  » 
(Faucb.  Orig.  liv.  II,  p.  l2l.)Lecra)iuequinier  éloil 
un  des  hommes  qui  composoient  la  bmce  garnie 
que  l'on  appeloit  homme  d'armes.  ■>  Lance  g'arnie, 
«  chacune  lance  six  personnes,  assavoir  trois 
«  archers  k  cheval,  un  crennequinier,  uncoulevri- 
«  nier  et  un  piquenaire.  »  (Etat  des  Offic.  des  ducs 
de  Bourg,  p.  285.) 

VARIANTES    : 

CRANEQUINIER.  Froissart,  liv.  IV,  p.  241,  à  la  marge. 
Crannequinier,  Crenequinmer,  Cr.\nequigneuh. 
Crennequinier.  Tri.  des  IX  Preux,  p.  524,  col.  2. 

Cranequinièi-e ,  subst.  féni.  Machine  de 
guerre.  Peut-être  ainsi  nommée  du  cranequin  ou 
ressort  dont  on  se  servoit  pour  la  tendre.  «  Les 
«  sièges  se  faisoient  sous  Charles  Vi,  avec  des  ma- 
«  chines  de  guerre  à  peu  près  pareilles  aux  béliers 
«  des  Romains,  et  qu'on  appelloit('r«;ié?(7(//n('^r(?s.  » 
(Hist.  de  Charles  VI,  par  Baudot,  préf.  p.  12.) 

Cranocolaptes  ,  subst.  maso.  plur.  Espèce 
d'animaux.  On  ne  trouve  leur  nom  que  dans  Rab. 
(t.  IV,  p.  274.) 


Craon,  subst.  masc.  Crayon.  (Voyez  Mém.  de 
Montluc,  t.  I,  épit.  p.  5.) 

Crapaud,  subst,  nuise.  Ce  mol  subsiste  (2).  On  a 
dit  proverbialement,  pour  exprimer  le  défaut  de 
subordination  dans  le  gouvernement,  que  «  comme 
'<  en  la  danse  des  crapauds,  chascun  veut  estre 
«  maistre.  »  (S.  Jul.  Mesl.  llistor.  page  145.)  Cette 
expression,  selon  Oudin,  s'appliquoil'à  un  gouver- 
nement où  l'on  supporte  les  méchans.  (Cur.  fr.  — 
Voy.  Crapailt  ci-après.) 

Crapaudaille.  [Intercalez  Crapaudaille,  syno- 
nyme de  ribaudaiUe,  dans  Froissart  (éd.  Buchon, 
liv.  II,  m,  44):  «  Allez  en  Angleterre,  orde 
«  crapaudaille,  que  jamais  pied  n'en  puisse  re- 
«  tourner.  »]  (n.  e.) 

Crapaudeaii,  subst.  masc.  Diminutif  de  cra- 
paud*. Pièce  d'artillerie  °. 

*  Au  pi'emier  sens,  on  écrivoit  erapoudel,  crapo- 
dean,  etc.  Il  est  employé  llgiirément,  comme  teme 
d'injure,  dans  ces  vers  où  l'auteur  se  plaint  que 
l'argent  fait  tout  dans  l'église  : 

Avoir  fait  bien,  par  S.  Fiacre, 
Trésorier,  et  arcediacre, 
D'un  erapoudel,  d'un  limeçon  (limaçon) 
Qui  ne  set  lire  une  leçon. 

Hisl.  de  S"  Léuc.  JIS.  de  S.  Gsrni.  fol.  28,  V«  col.  3. 

On  trouve  crapaudeaii,  au  sens  propre,  dans  le 
Dict.  d'Oudin. 

^On  appeloit  aussi  crapaudeaii  ou  crapaiidin, 
une  pièce  d'artillerie.  On  distinguoit  bombardes, 
■'  veuglaires,  crapaudeaux,  etc.  »  (Math,  de  Coucv, 
Hist.  de  Charles  VU,  p.  625.) 

CouUars,  crapaudins,  serpentins 

Pour  aballre  murs,  tours,  el  gardes  (remparts). 

Vig.  de  Charles  VII,  1.  U,  p  III. 
VARIA.NTES    ; 
CRAPAUDEAU.  Dict.  d'Oudin. 
Cr^paudin.  Vig.  de  Charles  VI,  t.  H,  p.  111. 
Crapodin.  Chasse  et  dép.  dam.  p.  1.54. 
Crapoudel.  Hist  de  S"  Léocade,  MS.  de  S.  G.  f»  28. 

Crapaudine ,  subst.  fém.  Pièce  d'artillerie. 
"  Le  roy  avoil  le  plus  grand  nombre  de  gi-osses 
<•  bombardes,  gros  canons,  veuglaires,  serpentines 
«  cra/iaiulines  ,  couleuvrines  et  ribaudetiuins.  » 
(J.  Chart.  Hist.  de  Charles  Vil,  p.  216.) 

Crapault,  subst.  masc.  Terme  d'injure  ou  de 
mépris  *.  Espèce  de  jeu  °  (3). 

*Au  premier  sens,  c'est  le  même  que  crapaud 
ci-dessus.  On  disoil,  au  figuré,  crapault  pelé  dans 
une  signification  injurieuse  et  pleine  de  mépris. 
(Voyez  Lettres  de  lienry,  roy  de  Fr.  et  d'Anglet. 
(juin  1423);  Très,  des  Chart.  Reg.  172,  p.  21)0.)' Les 
étrangers  ont  aussi  nommé  crapaux  les  François, 
peut-être  à  cause  de  la  ressemblance  des  fleurs  de 
lis  des  armoiries  de  France  avec  les  crapauds. 
Peut-être  aussi  tout  simplement  par  mépris.  •>  Quel- 
•>  que  chose  qu'il  soit  de  ces  armoiries,  diadesmes. 


(1)  Le  treuil  qui  sert  à  monter  l'arbalète  ressemble  à  une  grue,  kra'iieken  en  bas-allemand,  (n.  e.) 

(2)  Les  crapauds  servaient  à  conjurer  le  sort  (,IJ.  1  Ity,  p.  147,  an.  1379)  ;  «  Lesquelles  femmes  portèrent  secondement  un 
gros  crapot,  comme  dessus,  pour  deffaire  ledit  sort  ;  et  ce  fait  la  fille  tantost  après  fu  aussi  comme  toute  garie.  »  (N   E  ) 

(3)  C'est  aussi  un  guichet  (J.[.  188,  p.  189,  an.  1459)  :  a  Le  suppliant  envoya  quérir  la  clef  du  crapault  d'icelle  porte  (de 
Bordaux)  que  les  coustumiers  de  la  viUe  gardoient.  >i  (N.  E.) 


CR 


—  368  — 


CR 


»  ou  crapaudines  ;  les  Flamans,  et  ceux  du  pays 
o  bas,  par  dcilain,  et  pour  cestc  cause,  nous  appel- 
«  lent  crapaux  franclios.  »  (l-'auchet,  Orig.  livre  I, 
pase  DO.) 

°C'étoit  aussi  une  espÈ-ce  de  jeu.  On  lit  dans  Rab. 
1. 1,  page  150.  -  A  colin  maillard,  à  mire  limofle,  ù 
»  mouscliart,  au  craïutull  (1),  à  la  crosse.  » 
variantes: 

CRAP.\ULT.  Très,  lics  Ch;irtp.-,  reg.  172,  pièce  296. 
Crapaux,  phn-.  Favin,  Th.  dhonn.  t.  I,  p.  129. 
Crapoux,  ptur.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  285,  R". 

Crape,  suMt.  fém.  Grappe. 

C'est  11  crape  de  la  vigne  nourrie. 

Poés.  MSS.  Vatican,  n- 1490,  fol.  127.  R'. 

Craper,  verbe.  «  En  Paradis  vont  cil  viel  pres- 
«  Ire  et  cil  viel  clop  (boiteux)  et  cil  manke  (man- 
«  cbots)  que  lole  jor  et  tote  nuit  crapent  devant  ces 
«  aulex  (autels).  »  (Fabl.  mss.  du  R.  n°  7080,  f'  73.) 

Crapin.  [Intercalez  Cr«/j/».  criblures:  «  Saint 
«  Pierre  de  Lille  n'a  riens  au  ûvoil  crapln  qui  chiet 
»  du  van.  »  (Du  Gange,  II,  6i6,  col.  1.)]  (n.  e.) 

Crapois,  s(.''(S/.  inasc.  Sorte  de  poisson  (2).  «  Le 
"  f)'fly;o2s  nouviau,  le  cent  (payoit)  troissols  quatre 
«  deniers.  Crupoij  viel,  le  cent  vingt  deniers.  " 
(Lelt.  de  l'an  131'.,  Ordonii.  t.  I,  p.  600.)  «  Morues, 
'■  saluions  fraiz,  et  salez,  sèches,  aies  de  mer,  moul- 
les,  oistres,  hanons  pourpois,  crapois,  payeront  six 
■'  deniers  pour  livre.  ■■  ;Ord.  de  1351,  Ibid.  t.  II, 
p.  424.)  «  Morues,  saumons  fraiz  et  salez,  sèches, 
»  aies  de  mer,  moules,  oistres,  bavons  pourpoir  et 
•'  ijrapois  paveront  (juatre  deniers  pour  livre.  " 
(Ord.  de  1340,"  Ibid.  t.  II,  p.  310.  —  Voyez  Craspois 
ci-dessous.) 

variantes  : 

CRAPOIS.  Ord.  t.  Il,  p.  424. 

Crapoy.  Ibid.  t.  I,  p.  im. 

Grapois.  Ibid.  t.  II,  p.  319. 

Crapovidine,  subst.  fém.  Grapaudine.  Sorte  de 
pierre  précieuse. 

Tanpaus  (topases),  et  crapoud'mes  (3) 

Avoit  en  l'aimant  asises. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7015,  t.  II,  f-  180,  V"  col.  2. 

Grappe,  siibst.fc'm.  Lie  (4).  (Voyez  Du  Gange,  au 
mot  Crappa.) 

Craquelin.  "Intercalez  Craquelin,  échaudé,  au 
reg.  JJ.  171,  pT  28-2,  an.  1420:  «  .lelian  Gailliet 
<'  requis  au  suppliant  que  il  vousisl  eslre  à  un 
«  esbatemenl,...  pour  gaingnier  un  craquelin  et 
«  tonnelet  plaiu  de  composte  Lombarde.  "]  (îs-.  e.) 

Craqueter,  verbe.  Glaiiuer.  On  a  dit  :  «  Faisoit 
<<  craqueter  un  fouet  aussi  bien  que  chartier  de 
<'  France.  »  (Ess.  de  Montaigne,  t.  1,  p.  144.) 


Craquetis,  subst.  nuise.  Glaquement.  (Dict.  de 
Nicot  et  de  Cotgrave.)  On  disoit  craquetis  ou  claque- 
tis  de  dents.  (Pasq.  Rech.  p.  671.) 

1.  Cras,  adj.  Gras.  (Voy.  Dict.  de  Borel.)  Nous 
avons  déjù  vu  plusieurs  exemples  du  G  mis  pour  G. 
On  trouve,  dans  les  vers  suivans,  une  façon  de 
parler  encore  subsistante  (."ï)  : 

Sur  un  cheval  estcil  montée, 

Si  cras  c'en  (qu'on)  li  peust  conter 

Les  costes  tôt  sanz  mesconter. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7lil5,  l.  II,  fol.  101,  V"  col.  2. 

Voyez  Rom.  de  Brut,  ms.  de  Bombarde,  où  l'on 
trouve  gj'as  an  lieu  de  cras  (6),  dans  ces  vers  du 
même  roman  : 

Furent  de  noble  contenance. 

De  belles  armes,  de  beaux  draps  (habits) 

De  beaux  lorains,  de  chevaux  r/ras. 

Rom  de  Brut.  MS.  fol.  79,  R*  col.  1. 

On  lit  /("  jour  du  cras  dimanche  pour  le  diman- 
che gras,  dans  .1.  Le  Fèvre  de  S.  Rémi,  Histoire  de 
Gharles  VI,  p.  101.  (Voy.  Creses  ci-après.) 

2.  Cras,  adv.  Demain.  G'esl  le  mot  latin  cras.  On 
disoit  en  françois  Jusqu'à  cras,  jusqu'à  demain. 
(Faifeu,  p.  37.)  De  la  cette  expression  :  avoir  son 
cardinal  ou  son  cras ,  en  parlant  des  règles  des 
femmes,  peut-être  parce  que  dans  celte  circonstance, 
elles  remettent  leurs  plaisirs  au  lendemain. 

La  conformité  de  ce  mot  avec  le  latin  cras, 
demain,  a  aussi  donné  lieu  à  S.  Athanase  et  à  d'au- 
tres, d'en  faire  une  allusion  au  pêcheur  qui  re-.-'iet 
toujours  au  lendemain. 

3.  Cras,  subst.  niasc.  Gri  du  corbeau.  En  ce 
sens,  n'as  est  un  son  imitatif. 

4.  Cras,  subst.  feni.  Graie.  (Dict.  de  Gotgr.)  On 
dit  encore  en  plusieurs  endroits,  surtout  à  la  cam- 
pagne, cras  dans  ce  sens. 

variantes  : 
CRAS,  Crage. 

Crasir,  verbe.  Ecraser,  broyer  ou  casser,  rom- 
pre. Il  semble  que  ce  soit  le  sens  de  cq  mot  dans 
ce  vers  : 

Sans  dépecier,  et  sans  crasir. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7989,  fol.  o2,  R°  col.  2. 

Craspois  ,  subst.  masc.  Quelle  que  soit  la 
signilication  de  ce  mol,  dans  les  passages  suivans, 
elle  pareil  différente  de  celle  de  crapois  ci-dessus. 

Auroit  on  sans  dangier  (difficulté) 

Burre  (beurre),  ou  sain  huile,  ou  craspois  (7) 
Assez  à  amender  (engraisser)  ses  pois. 

Fabl.  MSS.  du  R.  o-  7218,  fol.  17H,  R'  col.  î. 

Veus-tu  c'om  doinst  poivre  porpois. 
Et  grosses  pierres  por  craspois. 
Lus  pour  harens,  prunes  por  pomme. 

Ibid.  fol.  269,  R-  col.  2. 


(1)  C'est  aujourd'hui  le  jeu  du  tonneau,  (n.  e.) 

(2)  C'est  la  baleine  que  mangeaient  les  Français  du  xiv  siècle,  comme  les  Esquimaux  d'aujourd'hui.  (N.  E.) 

(3)  «  Une  crapaudiiic  assize  en  un  anel.  »  (Laborde,  Emaux,  p.  232.)   On  croyait  cette  pierre   cachée  dans  la   tête  du 
crapaud  ;  c'est  la  dent  pétrifiée  du  loup  marin.  »  (N.  E.) 

(4)  C'est  la  graisse  de  la  meule  du  moulin.  Voyez  Crapi».  (n.  e.) 

(5)  En  Hainaut,  dans  la  Flandre  wallonne,  en  Picardie.  (N.  E.) 

(6)  On  lit  aussi  dans  Froissart  (II,  176)  :  «  Cinq  cens  grosses  bestes  et  crasses.  »  Il  signifie  encore  :  1»  Fertile  :  «  Pays  cras 
et  drus.  »  (III,  20.)  2»  Bourbeux  :  «  t.'rrt.s  mares  plains  de  bourbe.  »  (II,  144.)  (N.  E.) 

(7)  C'est  la  baleine  :  «  Michelet  Tranchant,  messagier  envoie  d'illeo  porter  lettres  à  Paris  à  Colin   Brun  pour  avoir  du 
craspois  pour  la  dépense  de  l'ostel.  »  (R.  N.  fr.  6740,  fol.  8  a.)  (N.  E.) 


CR 


369 


CR 


VARIANTES    : 
CRASPOIS.  Fabl.  MSS.  du  R.  n«  721S,  fol.  2G9,  R°  col.  2. 
Cr.\pois.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  246,  R»  col.  2. 

Crasser,  verbe.  Craclier.  On  lit  en  ce  sens  : 
«  Mettoient  des  croix  dessus  les  murs  et  crassoient 
«  dessus.  ••  (Tri.  des  IX  Preux,  p.  485.)  Craisieres[ 
employé  substantivement  dans  le  passage  suivant. 
Quand  on  créoit  un  chevalier  du  bain,  le  chevalier 
devoit  commencer  «  la  table  des  chevaliers,  et 
«  seront  assiz  entour  luy  les  chevaliers  ;  et  il  sera 
»  servy,  si  comme  les  autres,  mais  il  ne  mangera, 
«  ne  bevera  (boira)  à  la  table,  ne  se  mouvera 
V  (remuera)  ne  ne  regardera,  ne  deçà  ne  delà,  non 
«  plus  que  une  nouvelle  mariée  :  Et  ce  fait,  ung  de 
«  ces  gouverneurs  aura  un  cuervercher  (linge)  en 
«  sa  niain,  qu'il  tendra  par  devant  le  visage,  quant 
«  il  sera  besoin,  pour  le  craisier.  «  (Mil.  fr.  du  P. 
Daniel,  t.  I,  p.  104.) 

VARIANTES    : 
CRASSER.  Tri.  des  IX  Preux,  p.  485,  col.  1. 
Craisieh.  Mil.  fr.  du  P.  Daniel,  t.  I,  p.  104. 
Craquer.  Valesiana,  p.  73. 

Crassier.  [Intercalez  Crassier,  marchand  de 
graisse,  auregTJJ.  190,  p.  396,  an.  1463:  «  Zegre 
»  Dumay  CT'ass/er,  natif  de  la  ville  de  Gand,...  fut 
»  en  la  compaignie  d'autres  dudit  mestier  de 
«  crasserie  boire  en  ung  cabaret.  »]  (n.  e.) 

Crassitie,  suhst.  fém.  Grosseur,  épaisseur. 
(Dict.  de  Cotgrave  et  d'Oudin.) 

VARIANTES  : 
CR.iSSITIE,  Crassitude. 

Crassus,  subst.  masc.  .Nom  propre.  Ce  mot,  dont 
Voltaire  s'est  servi  ,  dans  son  Temple  du  goût, 
pour  désigner  un  homme  orgueilleux  de  l'opulence 
dans  laquelle  il  s'endort ,  paroit  avoir  la  même 
signification  dans  ce  passage  : 

Trop  sont  prélat  vilein  et  rude 
As  clers  qui  vienent  de  l'estude. 
S'un  de  cax  (ceux)  vient  qui  estudient, 
Con  ge  connois,  qui  s'umelient, 

Crassus  qui  dort  sur  les  roisoles 

Hist.  de  S"  Léocade,  MS.  de  S.  G. 

Crastiii.  [Intercalez  Crastin,  lendemain  de  fête  : 
»  Pour  un  pain  et  un  denier  de  rente  pir  an,  à 
«  paier...  à  nous  et  à  noz  hoirs  ou  crastin  de  la 
«  Nativité.  •■  (Pièce  de  1-286,  Du  Gange,  II,  647, 
col.  3.)  On  trouve  aussi  crastine:  <>  Le  lendemain 
«  et  crastine  du  jour  de  feste  S.  Pierre  entrant 
«  Aoust.  »  (JJ.  133,  p.  17-2,  an.  1388.)]  (n.  e.) 

Craii,  subst.  masc.  Nom  de  lieu.  Petit  pays  delà 
Provence;  proprement  champ  pierreux,  du  mot 
craig  ci-dessus;  pierre,  suivant  le  Dict.  de  Borel.  Ce 
champ  de  six  ou  sept  lieues  de  long  est  situé  entre 
Marseille  et  Narbonne  (1).  (Voyez  Du  Gange,  au  mot 
Cotulosus.) 

Craupon,  subst.  masc.  Suivant  une  disposition 


de  la  Coutume  de  Langle,  »  celui  de  inhabilant  qui 
«  fera  faire  et  cuire  bricques  au  dit  pays,  est  tenu 
«  payer,  au  prouffit  du  dit  pays,  de  chacun  cent 
«  mille,  un  mille  de  bonnes  bricques  ;  et  l'eslranger 
»  faisant  faire  aussi  bricques,  est  tenu  payer,  au 
«  prolTit  du  dit  pays,  de  chacun  cinquante  mille, 
a  un  mille  de  bonnes  bricques,  et  respectivement 
u  laisser  le  craupon  appelle  entiers  Her-ventel  , 
"  pour  être  employé  aux  trous  des  rues.  «  (iS'ouv. 
Goût.  Gén.  t.  I,  p.  306.) 

Cravant,  subst.  niase.  Petite  oie.  (Monet,  Gotgr. 
et  Oudin,  Dict.)  On  lit  dans  Rabelais,  t.  I,  p.  t>38  : 
«  Quelcques  douzaines  de  ramiers,  d'oiseaulx  de 
«  rivière,  de  cercelles,  butors,  courtes  (tourtes), 
«  pluviers,  francolys,  cravans,  etc.  » 

Cravanter,  verbe.  Ecraser,  ruiner,  renverser(2). 
On  trouve  s'escravanter  pour  se  briser,  s'écraser, 
dans  le  Dict.  de  Cotgrave.  On  disoit,  avec  impréca- 
tion :  Dieu  vous  puist  cravanter.  (Hist.  de  Bertrand 
du  Guesclin,  par  Ménard,  p.  288.)  >  Si  tant  le  cuida 
«  la  faulce  fortune,  dont  vient  ce  que  le  géant  ne 
«  Vacravanta  de  sa  pesante  massue,  etc.  «  (Percef. 
vol.  II,  fol.  92.)  «  Les  abbayes  roboie;  l  etardoient, 
"  les  chasteaulx  cravantoient.  »  (Chron.  S.  Denis, 
t.  I,  fol.  96.) 

VARIANTES  : 
CRAVANTER.  Molinet,  p.  155. 

Craventer.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f"  94,  R»  ool.  2. 
Gravanter.  Rom.  de  P>rut,  MS.  de  Bombarde. 
Graventer.  Dict.  de  Cotgrave. 
Grevanter.  Id.  ibid. 
Acravanter.  Dict.  de  Cotgrave. 
ACER.WANTER.  Dict.  de  Cotgrave  ef  de  Nicot. 
Accrevanter.  Dict.  de  Monet. 
Escravanter.  Dict.  d'Oudin  et  de  Cotgrave. 
Esc.\rv.vnter.  Rom.  de  Brut,  MS. 
Escarventer.  Dict.  d'Oudin. 
EsCALVENTRER.  Dict.  d'Oudin. 

Cravate,  S!</)s^  fém.  Ge  mot  se  dit  encore  d'une 
partie  de  l'ajustement  des  hommes.  Les  femmes  ont 
aussi  porté  des  cravates.  C'étoit  une  parure  attachée 
à  leurs  robes,  et  qui  faisoit  le  tour  de  leur  sein  et 
de  leurs  épaules.  (Voyez  Lettres  de  Mad'deSévigné, 
t.  Il,  p.  117.)  (3) 

Ce  mot  nous  fournit  d'ailleurs  quelques  expres- 
sions que  nous  allons  remarquer.  On  disoit  : 

i"  [testraindre  la  cravate  ,  pour  élraiigler  ;  au 
figuré,  serrer  : 

Falotes  restraii^dre  sa  cravate. 

Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  382,  col.  3, 

2°  Pousser  à  la  cravalte ,  pour  serrer  de  près, 
presser.  »  M'  le  prince  croyant  que  ce  fut  toute 
"  l'armée  qui  se  retiroit  en  desordre  dit  aux  S""  de 
«  Tavannes,etde  Lenquede  ;wî«ser  à  la  cravalte  [i.) 
«  avec  son  régiment,  pour  tacher  d'engager  quel- 
«  que  combat.  »  (Mém.  deTavannes,  p.  201.) 

Graver,  verbe.  Briser,  écraser.  Ge  mot  semble 


(1)  Cette  plaine,  d'origine  marine,  a  été  couverte  de  cailloux,  aux  temps  antédiluviens,  par  le  Rhône  et  la  Durance.   Au 
nord  des  Alpines,  plus  près  de  la  Durance,  est  la  Crau  d'Orgon.  (n.  e.) 

(2)  On  lit  dans  Gérard  de  Vienne  (v.  1733)  :  «  Ville,  ne  marche,  ne  tor,  ne  fermeté,  Kià  le  terre  ne  soit  jus  craventé.  »  (n.  e.) 

(3)  Le  mot  apparaît  dés  1656.  (N.  E.) 

(4)  C'est-à-dire  en  éclaireurs,  comme  la  cavalerie  légère  des  Croates,  (n.  e.) 

lY.  47 


CR 


370 


CR 


une  conlraolion  Je  cravanler.  On  lit,  dans  le  sens 

propre  : 

.  .  .  Une  escoufle  (chouette)  vinoit  volant  de  vers  de  mer 
Qui  me  voloit  mes  ces  (yeux)  de  me  teste  craver. 

Poés.  MSS.  avanl  IMU.  T.  IV.  p.  1365. 

Au  fi  j;' a  ré  : 

Humiliiez  est  tant  creue 

C'orguex  (orguein  corne  la  recrue  (retraite), 

Orguex  s'en  va,  Uiex  (Dieu)  le  cravaiU. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  ;«,  R"  col.  2. 

Remarquons  celle  espèce  de  serment  : 

A  foi,  li  cors  Diu  me  craveiit. 

Poës.  MSS.  avant  1300. 

Craye,  subst.  /'c'/h.  Maladiedela pierre,  en  pariant 
des  oiseaux.  «  Les  signes  de  la  pierre,  autrement 
«  nommée  crcnje  sont,  etc.  »  (  Du  Fouilloux, 
Fauconu.  folio  83.  ) 

VARIA.NTES  : 
CRAYE.  Du  Fouilloux,  Fauconnerie,  f»  83,  R". 
Croye.  Id.  ibid.  fol.  23,  V". 

Crayer,  verbe.  Fi'otter  de  craie.  (Cotgr.  et  Oud.) 
Creable  ,  adj.   Croyable  ,    sur  qui  l'on   peut 

compter,  à  qui  Ton  peut  se  lier  (1).  (Cotgr.  Oudin, 

Nicot,  Monet,  etc.) 

Miracles  une  finité. 

Que  cil  de  sa  voisineté 

Qui  furent  creable  et  preudomme, 

Proverent  à  la  cort  de  Romme. 

Fabl.  MSS.  du  R.  ir  li\».  fol.  28:.,  R-  col.  1. 

De  là,  faucon  creable,  en  termes  de  fauconnerie, 
pour  signifier  un  faucon  dont  on  éloit  sûr.  (.Modus 
et  Racio,  f'  77.) 

On  disoit  aussi  lettres  creables,  pour  lettres  sur 
lesquelles  on  peut  compter,  auxquelles  on  peut 
ajouter  foi. 

Par  letres  creables,  leur  mande. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  216,  V". 

VARIANTES  : 
CREABLE.  Eust.  Poës.  MSS.  fol.  3. 
.Crédible.  Bouch.  Serées,  liv.  I,  p.  418. 
Creaule.  Beaumanoir,  p.  337. 
Crole.  Gloss.  du  P.  Martcne,  t.  V. 

Créablement,  adv.  D'une  façon  croyable.  »  A 
"  celle  fin  que  ces  nouvelles  fussent  affermées,  et 
«  certifiées  en  l'hoslel  d'Espaigne  mieux,  et  plus 
"  créablement  par  luy,  que  par  paroUes  vollans, 
«  etc.  »  (Froissart,  liv.  ni,  p.  301.) 

Creac,  suhst.  masc.  Esturgeon  (2).  »  Le  poisson 
«  accipenser,  que  les  François  appellent  esturgeon, 
«'et  ceux  de  Bordeaux,  créai,  ne  se  servoit  jamais 
"  à  la  table  des  Romains  sans  une  grande  pompe.  » 
(Boucliet,  Serées,  liv.  1,  p.  219.) 

VARIANTES  : 
CREAC.  Monet,  Cotgrave,  Dict. 
Creal.  Boucbet,  Serées,  liv.  I,  p.  219. 

Creacion,  subst.  fém.  Amusement,  divertisse- 
ment. C'est  le  sens  de  ce  mot,  dans  ce  passage  : 
«  Haa  !  comment  Dieu  nostre  seigneur  list  grant 
«  creacion  à  nature  humaine,  quant  il  voult  ordon- 
«  ner  les  déduis   des  chiens,   et  des  oiseaulx  ■> 


(Modus  et  Racio,  .ms.  folio  144.)  C'est  vraisembla- 
blement une  faute.  On  lit,  aliàs,  recréation. 

1.  Créance,  subst.  fém.  Foi,  confiance,  assu- 
rance *.  Ordre  religieux  ".  Education  '^.  Crédit  °. 
Ternie  de  fauconnerie  ^.  Mode''. 

*  Le  sens  propre  de  ce  mot  est  foi,  confiance,  du 
latin  credere.  ■>  Le  roy  qui  de  cette  fraulde  ne  se 
"  gaidoit,  procédant  de  bonne  rrcaHCC.  >'  (Histoire 
de  la  Toison  d"or,  vol.  1,  folio  3.)  C'est-à-dire  de 
bonne  foi. 

Moult  à  mauvaise  crea)ice. 

Gonliers  de  Scignies,  l'oi-s.  MSS.  av.  l.'.OO,  t.  II,  p.  ft82. 

Quelle  preuve,  ou  qu'elle  foy, 
Vous  puis-je  donner  de  moy  ? 
Qui  ces  créances  efface. 

Œuvre  de  Desporlcs,  fol.  521,  R'  et  V. 

Les  chasseurs  se  sont  aussi  servis  du  mot 
créance  pour  désigner  les  chevaux  o'j  les  chiens 
dont  ils  étoient  sûrs,  chevaux  ou  chiens  de  créance, 
de  confiance.  (Charles  IX,  de  la  Chasse,  p.  54.) 
«  Pour  dompter  les  chevaux,  les  rendre  doux,  pai- 
»  sibles  et  de  créance.  »  (Bouchet,  Serées,  liv.  1, 
page  401).  )  On  disoit,  en  parlant  des  chiens  :  les 
mettre  en  bonne  créance,  leur  apprendre  à  estre 
de  bonne  créance,  pour  les  former,  les  rendre  sûrs. 
(Chasse  de  Cast.  Théb.  ms.  p.  210.) 

On  dit  encore  lettres  de  creance[o)  ou  de  creaunce, 
comme  on  disoit  autrefois  lettres  de  credence,  lettres 
qui  constatent  le  degré  de  confiance  qu'on  doit 
donner  à  quelqu'un.  (Rymer,  t,  I,  p.  105  ;  trois 
titres  de  1200,  oîi  on  lit  créance.)  Le  mot  créance  se 
trouve  employé  seul,  avec  la  même  signification, 
dans  le  Jouvencel,  ms.  p.  330.  Dans  le  même  sens, 
des  témoins  de  credence  étoient  des  témoins  dignes 
de  foi.  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.)  Un  hommede  légère 
credence  éloit  celui  sur  qui  on  pouvoit  difficilement 
compter.  (Crétin,  p.  119.]  Au  contraire,  un  homme 
de  foy  et  de  credence  éloit  un  homme  de  poids  el 
d'autorité.  (Ger.  deNevers,  2"  Part.  p.  45.)  "  Il  avoil 
«  en  Rome  grande  rt'(''f/f?;r6' (grande  autorité),  -  on 
avoit  en  lui  toute  confiance.  (Percef.  vol.  Ill,  f"  102.) 

^  Chaque  ordre  religieux  a  sa  façon  de  croire,  de 
penser  ;  de  là,  créance  pour  désigner  l'ordre  des 
Templiers  : 

....  Osté  à  ceste  créance 

Nostre  roy  Philippe  de  France, 

Et  le  pape  le  quint  Clymant  (Clément). 

Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauvel,  fol.  76,  R"  col.  I. 

"^  Comme  l'idée  de  confiance  est  nécessairement 
attachée  à  celle  de  l'éducation  que  reçoivent  les 
enfans  de  la  part  des  instituteurs  auxquels  ils  sont 
confiés,  les  Italiens  se  servent  du  mot  creanza  pour 
signifier  éducation,  et  nos  pères  disoient  aussi 
créance  dans  le  même  sens.  «  L'atliffet  (parure)  des 
«  damoiselles,  première  et  plus  importante  pièce 
«  de  leur  embellissement,  c'est  l'inslilution  de  la 
«  belle  créance,  ou  nourriture  d'une  fille  de  grande 
«  maison.  ■•  (Tit.  d'un  des  liv.  de  Guillaume  de  la 
Taissonniere,  cité  par  Duverdier,  Bibl.  p.  510.) 


(1)  Voyez  Froissart  (11,  124)  et  Ord.,  V,  p.  tîijl,  an.  1372.  (N.  e.) 

(2)  On  le  nomme  encore  crat.  (n.  e.) 

(3)  Froissart  (II,  355).  On  lit  aussi  au  t.  1\,  p.  10  :  «  Li  rois  prist  les  lettres  et  les  lisi  et  porloient  créance.  »  (n.  e.) 


CR 


371  - 


CR 


°  Le  crédit  est  un  acte  de  confiance  ;  de  là  , 
créance  a  signifié  crédit,  comme  dans  Claude  Jurain, 
du  comlé  d'Aussonne,  p.  24,  titre  de  1229.  Dans  les 
15  Joyes  du  mariage,  p.  25,  on  lit  :  «  Vient  prendre 
«  le  drap,  et  la  penne  (fourrure)  à  créance,  et  s'en 
«  obligeaux  marchans.  »  Delà  encore,  on  a  nommé 
droit  de  créance,  dans  certaines  coutumes,  le  droit 
de  prendre  à  crédit,  que  les  seigneurs  se  réser- 
voient  enafïrancliissant  leurs  hommes.  (La  Thaum. 
Coût,  de  Berry,  p.  425.  —  Du  Cange  ,  au  mot 
Credentia(i.)(\)  On  lit,  dans  LaThaum.(ihid.  p. 37): 
«  Pour  l'ordinaire,  les  seigneurs  en  affranchissant 
«  leurs  hommes,  se  reservoienl  le  droit  qu'ils  appel- 
»  loient  crediloris,  que  la  version  de  l'ancienne 
«  coutume  de  Meun  appelle  créance,  qui  éloit  le 
«  droit  de  prendre  à  crédit  du  pain,  de  la  viande, 
«  des  victuailles,  et  denrées  nécessaires  pour  la 
«  fourniture  de  leurs  maisons,  avec  terme  certain 
«  d'en  payer  le  prix  à  une  ou  plusieurs  fois.  " 

°A"ous  ne  trouvons  point  d'exemples  du  mot  cré- 
dence,  pris  en  ces  deux  derniers  sens,  auxquels 
cependant  ce  mot  pourroit  s'entendre  aussi  bien 
que  créance.  Car  ces  deux  mots  sont  évidemment 
les  mêmes,  dérivés  tous  deux  du  même  mot  latin, 
et  ne  dilTèrenl  que  par  la  variation  survenue  dans 
la  prononciation  plus  adoucie  dans  créance.  Nous 
trouvons  l'une  et  l'autre  orthographes  pour  dési- 
gner l'essai  du  vin  et  des  viandes. 

Si  je  foste  le  soupçon 
Que  ta  viande  est  sans  poison, 
Et  afin  qu'elle  ne  t'offense, 
Moy  mesme  j'en  fais  la  créance. 

Les  Touches  de  Des  Ace.  fol.  41.  R"  ei  V. 

Dans  les  Honneurs  de  la  Cour,  ms.  p.  72,  en  par- 
lant de  la  façon  dont  on  doit  couvrir  la  table  d'un 
prince  ou  d'une  princesse,  on  dit  :  «  Y  faut  deux 
«  petites  escuelles  d'argent  au  pied  de  la  salière, 
»  dessous  la  serviette,  oîi  seront  mis  les  essays, 
«  tout  tranchez,  de  pain,  pour  faire  la  credence, 
«  à  chascun  plat  de  viande,  quant  ils  seront  posés 
«  sur  la  table.  » 

^  Créance,  comme  terme  de  fauconnerie,  conserve 
la  même  étymologie.  C'est  la  petite  ficelle  avec 
laquelle  on  retient,  on  s'assure  du  faucon  qui  n'est 
pas  dressé,  ou,  comme  on  disoit,  qui  n'est  pas 
creable.  (Voy.  ce  mot.)  On  nommoit  faucon  creable, 
celui  dont  on  étoit  sûr,  sans  être  olMigé  de  le  tenir 
attaché  ii  la  créance.  (Modus  etRacio,  ms.  fol.  14i.) 
«  Si  lu  vois  qu'il  soit  bien  loerré  (leurré,  fait  au 
«  leurre),  et  qu'il  ne  redoubte  ne  gens,  ne  chevaux, 
c(  si  lui  oste  la  créance.  »  (Modus  et  Racio,  ms. 
fol.  117.) 

"^  Mais  créance  pour  mode,  ne  doit  point  se  con- 
fondre avec  credence.  L'étymologie  n'est  plus  la 
même.  Créance  alors  vient  du  latin  crcare,  créer, 
inventer.  On  lit  dans  Eust.  Deschamps,  en  parlant 
des  voyageurs  étonnés  des  diversités  que  leur 
offrent  les  nations  différentes  : 


Maint  seroient  esbahis 

De  la  créance  des  habis. 
Des  vivres,  des  divers  Estas, 
Des  bestes,  des  merveilleux  cas, 
Des  poissons,  oiseau.x,  etc.,  etc. 

Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  356.  col.  2. 

VARIANTES  : 
CREANCE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f»  311,  V"  col.  2. 
Creadnce  (Lettres  de).  Ryiner,  t.  I,  p.  lOô. 
Credence.  Percef.  vol.  III,  fol.  102,  V°  col.  l. 

2.  Créance,  subst.  Consentement,  agrément  (2). 

VARIANTES  : 

CRE.iiNCE. 

CRE.4.NCEMENT.  Duchesne,  Gén.  de  Guines,  p.  284. 

Créance,  iiarticipe.  Rançonné.  On  lit  dans  ce 
sens  :  «  Conduysoienl  en  leurs  courses  très  sage- 
«  ment  :  et  s'aventuroyent  pour  gaigner  par 
«  bonne  façon,  voire  jusqu'à  gaigner,  et  emmener 
"  de  nos  gens  et  pris  et  créances  jusques  auprès 
"  des  portes  d'Arlon  :  où  éloit  le  duc  en  per- 
«  sonne.  »  (Mém.d'Ol.  delà  Marche,  livreL  P-  214.) 

Creancér,  verbe.  Consentir,  agréer.  (Duchesne, 
Gén.  de  Guines,  p.  284,  lit.  de  1241.) 

Créancier ,  snbsl.    masc.  Débiteur.    Ce  mot 

subsiste  dans  le  sens  contraire.   «  Le.s ent'ans 

«  venus  en  aage  parfaicl  ne  peuvent  demander  les 
«  meubles,  ne  les  debtes  qui  estoyent  dues  à  leur 
'<  père,  ou  mère,  et  n'en  auront  aucune  action  à 
«  rencontre  des  créanciers  vivant  leur  gardien,  et 
<'  aussi  ne  seroyent  tenus  les  dicts  créanciers  de 
«  leur  en  respondre  en  aucune  manière,  sans  autre 
«  filtre,  ou  autre  qualité.»  (Gr.  Coul.  de  Fr.  p.  209.) 

1.  Créant,  adj.  et  subst.  masc.  hciif.  Qui  fait,  qui 
crée.  On  a  dit,  en  parlant  des  deux  principes  de  la 
nature  :  «  Deux  substances  sont,  l'une  esl  créant, 
"  et  l'autre  créé.  »  (Modus  et  Racio,  ms.  fol.  236.) 
Ce  mot  s'employoit  aussi  substantivement  avec 
l'article.  «  Le  créant,  c'est  le  créateur  de  toute 
«  créature  créé  par  luy.  »  (Ibid.) 

2.  Créant,  adjectif.  Digne  de  foi,  affidé,  sûr*. 
Croyant  fidèle  ^. 

*  On  lit  au  premier  sens  (3)  : 

Maint  bon  chevalier  y  demeure 
Qui  du  bien  garder  sont  créanz. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  65,  R'. 

De  là,  créant  message,  pourhommede  confiance. 
Peut-être  assurance,  sûreté,  garantie.  •<  Cilli  creança 
«  que  il  le  garderoit  en  sa  main,  fresque  (jusqu'à 
«  ce  que)  adonc  que  il  aroit  créant  messages,  ou 
«  ses  lettres  pendanz.  »  (Villebard.  p.  124.) 

^On  remarque  la  seconde  acception  dans  les 
vers  suivans  : 

A  bricf  termine, 
Jesir  soloit  (avoit  coutume)  en  la  vermine 
Or  n'est  mais  bon  (honore)  qui  ne  l'encline , 

N'e  vien  creans, 
Ains  est  bougres  (hérétiques),  et  mescréans 

Ses  aversaires. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7G15,  1. 1,  fol.  69,  V-  col.  2. 


(1)  Du  Cange  cite  la  charte  d'.Auxonne.  (N.  e.) 

(2)  Lisez  plutôt  créante,  comme  dans  une  pièce  de  1257  :  «  Et  toutes  ceulz  choses  sont  faites  par  lou  lous  et  par  lo  créante 
de  Madame  Gaudine  sa  famé.  »  (Du  Cange,  II,  649,  col.  1.)  (N.  E.) 

(3)  Froissart  (XVI,  213)  :  «  Quant  les  créantes  nouvelles  leur  furent  venues.  »  (n.  e.) 


CR 


—  372 


CR 


3.  Créant.  [Intercale:;  Créant,  promesse,  ga- 
rantie, donila  forme  contracte  est  crant: 

Au  roi  liient  :  Ostages  somes, 
Par  Roonel  contre  lox  homes, 
Dist  U  rois  :  Bien  estes  créans. 

Renarl,  -v.  24031 . 

Froissart  (II,  482)  écrit  aussi  :  »  Et  les  tist  se- 
«  nionre  sur  leur  créant  qu"il  venissent  saiis  nul 
«  délai.  »]  (n.  e.) 

Créantement,  subst.  masc.  Obligation,  con- 
trat. De  là,  fere  créantement,  pour  contracter, 
dans  ce  passage  :  •■  Se  chil  qui  (celui  qui")  fet  son 
«  teslameiil  fait  fiancer  (promettre)  à  les  hoirs  qui 
"  sont  soubz  aage  (mineurs),  ou  qui  sont  en  aage, 
«  mes  ils  sont  en  sa  mainburnie  (tutèle,  garde), 
»  que  il  tiendront  l'ordonnance  de  son  testament, 
«  et  après  ce,  cbil  qui  fist  le  testament  contre  droit; 
«  li  creantemens  ne  leur  doit  pas  nuire,  car  li 
>'  soubz  aagiez  se  pueenl  (peuvent)  aidier  de  che 
«  que  il  n'èstoit  pas  en  aage  de  fere  (faire)  créante- 
«  ment,  ne  convenanche  (convention,  traité).  » 
(Beauman.  p.  69.) 

Creanter,  verbe.  Promettre,  assurer  *.  Consen- 
tir, agréer,  accepter^. 

*  Ce  mol,  au  premier  sens,  paroit  venir  du  latin 
credere  (1).  (Voy.  Borel,  Ménage,  etc.)  «  Il  leur  a 
«  créante  que  si  feroil-il.  »  (Ilisloire  de  Berir.  du 
Guescl.  par  Ménard,  p.  101.)  «  Cil  li  creança  que  il 
«  le  garderoit  en  sa  main.  >■  (Villehard.  page  124.) 
«  Le  menoit  par  respil,  ne  chose  (lu'il  lor  crean- 
«  çast.  ne  tenoit.  »  (Id.  p.  84.) 

Hé  bêle,  un  baisier  vos  demant, 

Et  se  je  l'ai,  je  vos  o-eani, 

Xe  m'en  porroit  nul  mal  venir. 

Poës.  MSS.  avant  1300,  t. 

^Creanter  signifioit  aussi  consentir,  agréer, 
accepter;  alors  il  paroit  formé  de  gratus.  Nos 
anciens  auteurs  Tout  confondu  avec  grcanter  (2) 
qu'on  verra  ci-apriî'S. 

Orgueilleus  ne  puet  creanter 
Kenus  (nulle)  par  bonté  li  soit  per. 

Vies  des  SS.  WS.  de  Sorb.  LX,  col.  H. 

De  là,  on  a  dit  : 

Je  créant  bien  ceste  parole, 
Dit  la  pucele,  et  si  le  croy. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7615,  t.  U,  fol.  184.  V-  col.  1. 

C'est-à-dire  je  conviens  bien  de  ce  que  vous 
dites,  etc.  {^) 

Conjugaison. 

Crant,  indic.  prés.  Je  promets.  (Fabl.  >iss.  du  H. 
n"  7218,  fol.  152.) 

Crant,  indic.  prés.  Promet.  (G.  Guiart,  ms.  f"l4G.) 

Crentey,  prêter.  Promit,  assura.  (Ord.  t.  V,  p.  550.) 

VARIANTES   : 
CRE.\NTER.  Duchesne,  Gén.  de  Béthune,  p.  164. 
Creancer.  Duchesne,  Gen.  de  Béthune,  p.  164. 
Cre.\ntier.  Beauraanoir,  p.  191. 


Cranter.  Coût.  Gén.  t.  I,  p.  1150. 

Crenter.  Ord.  des  R.  de  Fr.  t.  V,  p.  510. 

Creancer.  Fabl.  MSS  du  R.  n»  7615,  t.  I,  f»  113,  R»  col.  2. 

Creanz.  [Intercalez  Creanz,  criblures,  comme 
crapin  et  crieu.  (Ch.  de   1283,   D.  C.    11,-646, 

col.  2.)]  (N.  E.) 

Création,  subst.  féni  Créature*.  Extraction, 
naissance  °. 

*Au  premier  sens,  ce  mot  est  employé  comme 
terme  collectif  de  créature.  Il  sigiiilie  proprement 
tout  ce  qui  est  créé.  Un  ancien  poète,  parlant  de 
l'assomption  de  la  S"  Vierge,  dit  que  ce  fut  sa 
septième  allégresse  : 

La  septime,  l'acension. 

Quant  en  ame,  et  en  cors  assise  (placée) 

Fus  seur  toute  créacion. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  180,  R*  col.  2. 

^  Ce  mot  signille  extraction,  naissance,  dans  cet 
autre  passage  : 

Chascuns  me  fuit,  ne  nulz  ne  me  parente, 

Les  riches  voy  trop  bien  emporentez  : 

Ceulx  ont  indignacion 

De  moy  veoir,  de  qui  création 

Je  sui  estraiz  ;  si  sui  plus  bas  que  biers 

Quant  je  me  voy  de  tous  maulx  personners. 

Eusl.  Desch.  Pois.  .MSS  fol.  21  :t.  col.  4. 

(Voyez  Creoiso.n'  ci-après.) 

variantes  : 
CREATION.  Orlh.  subsistante. 
Créacion.  Fabl.  MSS.  du  R.  n°  7218,  f»  180,  R»  col.  2. 

Créature,  siibst  fém.  Personne*.  Serviteur  ^. 
Courtisane  '^. 

*Ce  mot  est  encore  en  usage  dans  le  premier 
sens,  en  langage  vulgaire. 

Li  dis,  doulce  crealurc, 
Endurés  les  dous  maus  d'amer; 
Plus  jovenete  de  vos  les  endure. 

Jeh.  de  Nocville,  Poés.  MSS.  av.  1300,  t.  III,  p.  1206. 

On  employoil  l'expression  douce  créature,  même 
en  parlant  de  Dieu.  C'étoit  une  sorte  d'exclamation. 
«  Hé  Dix!  fait-il,  douce  créature,  se  je  me  laisse 
«  caïr  ^tomber),  je  briserai  le  col.  >■  ^Fabl.  .mss.  du 
R.  n°7989.  fol.  72.)  (4) 

^  Ce  mot  signifioit  aussi  serviteur,  homme  atla- 
ciié.  11  semble  que  l'usage  de  celle  acception  soit 
nouveau  du  temps  de  Montluc,  car,  parlant  des 
courtisans  et  de  ceux  qui  s'attachent  à  leur 
fortune,  il  dit  :  «  Leur  honneur  est  d'avoir  des  ser- 
«  viteurs  qu'ils  appellent  créatures.  »  (Mém.  t.  II, 
p.  448  )  Cependant,  on  voit,  dans  les  lettres  d'Yves 
de  Chartres,  ces  mots  :  >  Ilubertus  Sylvanectensis 
«  Epicopus  fr^fl^/o  veslra  ",  où  le  mol  creatio  est 
pris  dans  le  môme  sens.  ;Epitre244.  Voy.  Du  Cange, 
au  mot  Criacio.)  Delîi,  cette  expression  créature  de 
Dieu,  pour  désigner  une  personne  servant  bien 
Dieu.  On  lit  dans  l'IIist.  delà  Pucelle  d'Orléans, 
p.  513,  que  c'estoit  une  créature  de  Dieu. 


(1)  On  lit  dans  Beaumanoir  (ch.  LIX)  :  «  Cil  qui  est  en  autre  pooste  ne  puet  mie  me  creanter  convenant  que  une  cose  si 
soit  après  la  mort  à  celui  en  cui  pooste  U  est.  »  De  même  dans  Froissart  (V,  213)  :  «  Mes  je  vous  créante  et  convenance  que 
je  en  ferai  mon  pooir.  »  (N.  E.) 

(2)  Ces  formes  et  graanler,  granter,  d'où  l'anglais  to  grani,  sont  comme  creanter,  des  dérivés  de  créant,  (n.  e.) 

(3)  Il  sigiiilie  aussi  relâcher  sur  parole  (.Froissart,  III,  128)  ;  a  Depuis  qu'il  fu  créantes  prisons,  fu  il  occis.  »  (N.  E.) 

(4)  On  lit  encore  dans  les  Poésies  mss.  de  Froissart  (p.  317)  ;  «  J'ay  tout  veu,  quant  j'ay  veu  madame...  J'ay  tout  veu  ,  à 
parler  par  droiture.  Quant  j'ay  veu  si  gente  créature.  »  (n.  e.) 


CR 


373  - 


CR 


'^Créature  est  encore  aujourd'hui  un  terme  de 
mépris.  Autrefois,  d;ms  un  sens  plus  déterminé,  ce 
mot  signiiloil  courtisane.  S"  Marie  Egyptienne 
dit,  en  parlant  d'elle-même  : 

Jou  ne  li  os  (je  ne  lui  ose)  torner  mon  vis 
Ne  li  os  torner  me  failure  (ma  taille), 
Car  je  sui  une  créuture. 

Vies  des  SS.  MS.  de  Sorb.  chif.  CXI,  col.  21. 

Le  peuple,  eu  Normandie,  s'en  sert  encore  dans 
ce  sens. 

VARIANTES  : 
CRE.VTURE.  Orth   subsistante. 
Criature.  Poës.  MSS.  avant  1300,  t.  IV,  p.  1507. 

Creaule,  adjectif.  Croyable.  (S.Bern.  Serm.  fr. 
MSS.  p.  193,  en  lalin  eredibilis.)  (1) 

Créaument,  adverbe.  D'une  façon  croyable. 
Creauraenl,  dans  S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  page  212, 
répond  au  lalin  fiducialiter. 

Creauiisour,  siibst.  masc.  Ci-fîancier.  ^Britt. 
Loix  d'Angiet.  fol.  tJ2.) 

Crebecaos  ,  subst.  masc.  plur.  Panier.  On 
appelle  en  provençal  crebecaos  de  viagaigne,  les 
paniers  des  femmes.  (Voyez  le  Maiidem.  de  i'Arcli. 
d'Arles,  du  5  septembre  1732.) 

Crécelle,  subst.  fém.  (Voyez  les  Antiq.  du 
C"  de  Caylus,  Antiq.  rom.  p.  20^.) 

Grecque,  subst.  fém.  Fruit  du  crequier  [voyez 
plus  loin  ce  mot].  Prune  sauvage.  Ce  mol  est 
fréquent  en  Normandie  et  en  Picardie.  (Dicl.  de 
Borel.) 

VARIANTES  : 
GRECQUE,  Creque. 

Credence.  [Intercalez  Credence,  forme  savante 
de  créance,  au  sens  de:  1°  Crédit:  «  Ils  lui 
«  envoioient  un  cl.evalierd'honneur  et  de  credence 
«  en  ambassade.  »  (Froissart,  XV,  ^i').)  2°  Con- 
fiance (Malb.  de  Coucy,  p.  700)  :  «  Le  seigneur  de 
"  Prie ,  en  qui  le  roy  adjoustoit  grande  foy  et 
«  credence.  »  3"Temoinsdecm/<'»f(' (I*ii  Cange,  II, 
651,  col.  1):  «  Fide  digni,  in  stylo  normannic'o,  qui 
»  simpliciteracnudèdeponunlseitacredere.»](N.E.) 

Credencial,  adj.  De  créance.  On  a  dit  brefcre- 
dentiat,  pour  bref  de  créance.  «  Le  vingtième  jour 
«  de  ce  présent  mois,  vint  la  réponse  du  pape  à 
«  l'ambassadeur  d'Ecosse,  de  la  manière  que  s'en- 
«  suit  :  assavoir  ung  brief  du  pape  responsif  aux 
>'  lettres  que  le  l'oy  luy  avoil  escripl,  et  estoit  à  la 
«  fin  de  credencial  sur  le  dit  ambassadeur  d'Es- 
»  cosse.  •'  (Lett.  de  Louis  XII,  t.  II,  p.  273.) 

Credentier,  subst.  masc.  Créancier  *.  Som- 
melier, buiït'lier  ^.  Ce  mol,  dans  l'un  et  l'autre  sens, 
emprunte  ses  significations  de  créance,  essai,  crédit, 
le  même  que  credence,  dont  il  est  formé.  Ils  ont 
tous  deux  la  môme  étymologie.  (Voyez  ce  mot.) 

*  Au  premier  sens,  on  opposoit  crederentier, 


créancier,  à  débirentier,  débiteur.  (Coût,  de  Chimay, 
Nouv.  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  271.) 

^  Credentier  signilioil  aussi  sommelier,  butfelier, 
proprement  celui  qui  fait  la  credence,  l'essai  des 
viandes.  (Dict.  d'Oudin.)  C'est  en  ce  sens  qu'on 
lit:  «  Eschansons,  escuyers  Iranchans,  couppiers, 
«  credentiers    »  (tîab.  t.  IV,  p.  273.) 

VARIANTES  : 
CREDENTIER.  Oiidin,  Dict.;  Rab.  t.  IV,  p.  273. 
Crederentier.  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  271. 
Crédirentier. 

Credier,  nubst.  masc.  Cardeur.  Du  mol  creder, 
qui  s'est  conservé  en  Normandie,  dans  les  manu- 
factures, pour  carder  la  laine. 

Crediers,  tondeurs,  tout  laboureur 
Servent  Dieu  toute  la  sepmaine. 

>Comredit  de  Songecr.  fol.  11,  V'. 

Crédit,  subst.  masc.  Créance  *.  Droit  seigneu- 
rial °.  Aveu,  confession  '^  (2). 

*  Sur  le  premier  sens ,  voyez  Du  Cange,  au  mot 
CredcHlia  0.  "  Homme  et  femme  conjoincls  par 
»  mariage  sont  uns,  el  communs  en  biens,  meubles, 
«  debtes,  el  crédits  Faits,  tan!  devant  leur  maiiage, 
•<  que  durant,  el  constant  iccluy,  et  les  conquests 
«  immeublesfaitsduraiil,  et  constant  ledit  mariage. 
«  Les  crédites,  et  deliles  conjoints  sont  divisées, 
»  après  le  trespasde  l'un  d'eux,  entre  le  survivant 
«  et  héritiers  du  trespassé.  »  (Gout.de  Monlargis, 
Coût.  Gén.  t.  1,  p.  919.) 

^i^rci//; s'est  pris  aussi  pourle  droitqu'avoientles 
seigneurs  de  prendre  sur  leurs  sujets  à  crédit,  et  sans 
payer  sur  le  champ,  les  choses  nécessaires  pour  leur 
nourriture.  Ce  créditduroit  quarante  jours,  au  bout 
desquels  les  seigneurs  ne  jouissoient  plus  de  leurs 
droits.  (Du  Cange,  au  mol  Credentia  G,  et  Jus 
credentiœ.  ;  la  Tables  des  Matières  du  3' et  V  vol. 
des  Ord.  au  mol  Crédit.)  L'éditeur  soupçonne  qu'il 
y  a  eu  des  citoyens  d'une  même  bourgeoisie  qui 
jouissoient  de  ce  droit  les  uns  sur  les  autres,  suivant 
l'article  17  d'une  Ordonn.  de  lo(J8,  au  5' vol.  des 
Ord.  p.  lOL  (Voyez  Laur.  Gloss,  du  Dr.  fr.) 

"^  Enfin  crédit,  comme  terme  de  pratique,  se  disoit 
pour  confession,  aveu.  Les  responses  par  crédit 
vel  non,  c'est-à-dire  par  oui  ou  non,  par  confession 
ou  négation,  furent  abrogées  dans  la  procédure  par 
l'Ordonance  de  13.':9,  article  36,  suivant  l'éditeur  de 
la  Som.  Rur.  de  Bout.  p.  188. 

Crédite,  subst.  fém.  Créance.  (La  Thaum.Coul. 
de  Berry,  p.  385,  etc.  ;  Coût.  Gén.  l.  Il,  p.  2C0.) 

Créditeur,  subst.  masc.  Créancier.  (Cotgrave. 
Monet,  Dictionnaire.)  (3) 

VARIANTES  : 
CREDITEUR.  Orthographe  subsistante. 
Credeteur.  Ord.  t.  II,  p.  143. 

Credition  ,   subst.  fém.    Droit    seigneurial,    li 
consisloit  ù  prendre  à  crédit  certaines  choses  chez 


(1)  Preudomes  creaules.  (Martène,  Anec,  I,  1235,  an.  1290.)  (N.  E.) 

(2)  Crédit  a  le  sens  d'autorité  dans  Gommines  (I,  2)  ;  «  Deux  chevaliers  qui  avoient  grant  cn-dil  avecques  ledit  conte  de 
Charolois.  »  (n.  e.) 

(3)  «  Monsieur,  mon  bon  ami,  j'estois  icy  à  mesme  pour  payer  ma  debte  ;  mais  j'ay  trouvé  un  bon  credlleur  qui  me   l'a 
remise.  »  (Montaigne,  IV,  333.)  (n.  e.) 


CR 


374 


CR 


les  vassaux.  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.  et  Du  Cnnge, 
au  mol  Credcntia  (>.) 

Credo ,  subsl.  nuise.  Crédit.  Mot  purement 
latin  dont  on  faisoil  usage  dans  les  expressions 
suivantes  : 

["  Sur  credo,  à  crédii.  >•  Il  vous  plaise  nousenvoyer 
<>  i[uelque  peu  d'argent,  pour  nous  povoir  eutrete- 
«  uir  jusiiuesà  la  venue  de  nostre  dit  maistrc,  car, 
"  Madame,  nons  n'avons  plus  que  fi-ire,  synon  sur 
«  credo.  >•  (Lett.  de  Louis  XII,  t.  111,  p.  173.) 

'2°  Faire  credo,  faire  crédit.  (Colgrave,  Oudin, 
Dicl.  et  Cur.  fr.) 

3"  Prendre  à  credo,  pour  prendre  à  crédit  : 

Prendre  à  credo,  les  marchans  font  ung  groing 
Mesgre  et  plus  sec  qu'un  viel  boyteau  (botte)  de  foing. 
Œuv.  de  Pio^LT  du  Collerye,  p.  175. 

Le  peuple,  dans  quelques  endroits  de  la  Nor- 
mandie, se  sert  encore  de  ces  deux  dernières  façons 
de  parler. 

Credo-dé,  subst.  masc.  Credo,  le  symbole  des 
apôtres,  proprement  je  crois  Dieu.  Nous  trouvons 
ce  mot  composé  dans  les  vers  suivans  : 

Par  vraie  amitié  l'a  baisié, 
Ele  li  quiert  (le  prie)  le  credndé 
Que  il  die  por  l'amor  Dé. 

Vies  des  SS.  MS.  de  Sorbonne,  chif.  LXI,  col.  29. 

Crédulité,  subst.  fém.  Affirmalion.  Jurer  de 
crédulité  signiPioit,  en  termes  de  coutume,  affirmer 
et  en  être  cru  sur  son  serment  :  «  Les  dicts  parois- 
<c  siens,  ou  héritiers,  et  successeurs  d'iceulx,  et 
«  ceulx,  ou  celuy  auquel  appartiendra  l'aignau 
"  acliepté,  ou  les  aignaux,  pourront jHrcr  de  crédu- 
»  llté  yï)  que  les  dicts  aignaux  ainsi  acheptés  au 
«  dessoubs  des  dicts  terines,  autrement  eussent 
»  esté  décimés.  »  (La  Thaum.  Coût,  de  Berry, 
p.  247.)  On  lit  plus  bas,  en  parlant  des  mêmes  : 
«  Seront  creus  ii  leur  serment.  «  Ce  mot,  qui 
sub.siste  pour  désigner  trop  de  facilité  à  croire,  en 
exprimoit  autrefois  la  nécessité,  comme  on  vientde 
le  voir  par  ce  passage. 

Crée,  subst.  fém.  Craie. 

VAPIANTES  : 
CRÉE.  Nicot,  Oudin,  Cotgrave,  Dict. 
Croie.  Monet,  Celthell.  de  L.  Trippault. 
CnoYE.  Ord.  t.  III,  p.  12  ;  Crétin,  p.  108. 

Créé,  partie,  et  adj.  Créé  *.  Elevé,  insti  uit  °. 

*  Ce  mot  subsiste  au  premier  sens  ;  nous  remar- 
querons seulement  qu'il  s'est  employé  comme 
subslantif  dans  ce  passage  :  «  Jugez  par  tous  siècles 
«  les  plus  vertueux  des  crées.  »  (Triomphe  des  IX 
Preux,  p.  316.) 

^  Au  second  sens,  créé  ne  se  mettoit  jamais  seul. 
Son  usage  étoit  le  même  que  celui  de  notre  mot  né. 
On  disoil  bien  créé,  mal  créé,  pour  bien  né,  mal 
né,  grossier,  bi  utal ,  comme  dans  ces  passages  : 
"  Certes  il  falloit  bien  que  ces  bonnestes  gens,  et 
«  bien  créés,  qui  représentent  si  gentiment  ce 
■•  combat  eussent  bien  appris  leurs  leçons.  ••  (Brant. 
Cap.  Fr.  t.  II,  p.  17.)  Le  même  auteur,  dans  un  sens 


contraire,  dit.  en  parlant  de  la  bataille  de  Pavie,  où 
François  I"  fut  fait  prisonnier  :  «  N'y  avoit  inso- 
«  lences  que  le  soldai  mal  créé  ne  fasse.  »  (Brant. 
Cap.  Fr.  t.  I,  p.  '298.)  «  Soldats  mal  créez  »  (Id. 
Cap.  Estr.  t.  II,  p.  20.'}.)  "  Gens  indiscrets,  et  mal 
>'  créés.  »  (Id.  Cap.  l'r.  t.  III,  p.  400.  —  Voyez 
l'article  Chkance  ci-dessus,  pris  dans  le  sens  d'édu- 
cation. ) 

1 .  Créer,  verbe.  Croire.  (Ord.  1. 1,  p.  38.5.  art.  4.) 
On  disoit  «  Cree~^  vos  Dé?  »  (Blanch.  fol.  188.)  C'est- 
à-dire  crovez-vous  en  Dieu  ? 

• 

Co.NjuGAisoN  : 
Crée,  indic.  prés.  Vous  croiez.  (^Fabl.  mss.  du  R. 

11°  761.-),  t.  II,  fol.  129.) 
Crei,  ind.  prés.  .Je  crois.  (Adans  li  Bocus,  Poës. 

MSS.  avant  1300,  t.  IV,  p.  1397.) 
Crei,  prétérit.  Il  crut.  (Ph.  Mouskes,  mss.  p.  177.) 
Creis,   ind.   prés.   Je  crois.   (Boman  de   Brut.) 
Creist,  prêter.  Il  crut.  (Fabl.  mss.  de  S.  G.  f"  7.) 
Créâmes,  ind.  prés.  Nous  croyons.  (Ph.  Mouskes.) 
Ci-eommes,  ind.  prés.  Nous  croyons.  (G.  Guiart.) 
Creon,  indic.  prés.  Il  faut  lire  cre-on  pour  croit- 
on.  (G.  Guiart,  ms.  fol.  88.) 
Kerra,  futur.  Croira.  (Ph.  Mouskes,  mss.  p.  376.) 
Kerrai,  futur.  Croirai.  (Poës.  mss.  avant  1300, 

t.  m,  p.  988.) 
Kerront,  futur.  Croiront.  (Chans.  mss.  du  Comte 

Thibaud,  p.  91.) 
Krerrai,  futur.  Croirai.  (Poës.  mss.  avant  1300, 

t.  III,  p.  988.) 
Queroit,  imparf.  Croyoit.  (Ph.  Mouskes.) 
Querrai-jé,  futur.  Croirai-je.  (Am.  et  Jalous.  ms. 

des.  Li.  foi.  111.) 
Querriez;  imparf.  subj.  Croiriez.  (Fabl.  mss.  de 

S.  G.  fol.  47.  ) 
Querroit,  imp.  subj.  Croiroit.  (Poës.  mss.  Vatican, 

numéro  1490.  ) 
Querroi:,,  imparf.  subj.  Croiriez.  (Parton.  de  Bl. 

ms.  de  S.  G.  fol.  140.) 

2.  Créer,  verbe.  Orthographe  subsistante.  Créer, 
dans  la  signification  subsistante. 

Conjugaison  : 
Creeit  (je  ai).  S.  (Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  381.) 
Crez;  pour  créé.  (S.  Athan.  symb.  fr.  2'  traduct.) 
Cria,  pour  créa.  (S.  Athan.  symb.  fr.  2'  traduct.) 
Criez,  pour  créé.  (S.  Athanase,  symb.  fr.  id.) 

Creeres,  subst.  masc.  Créateur  (2). 

Remembre  (ressouviens)  toy,  filz,  de  ce  corps 
Dont  ly  créeres,  te  mist  hors. 

Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  21,  R»  col.  2. 

Crier  paroîl  avoir  le  même  sens,  dans  cet  autre 
passage  : 

Sire  estiiez  de  tout  crier  ; 
Por  vo  saint  non  rengenerer 
Fastes  apelez  chrestiens. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  105,  R-  col.  2. 

(Voyez  ci-après  Criator.) 


(1)  Voyez  léDwitis  de  crédence.  (N.  E.) 

(2)  C'est  le  cas  sujet,  tandis  que  crénteur  est  le  cas  régime.  (N.  E.) 


CR 


—  375  - 


CR 


VARIANTES  : 
CREERES.  Rom.  de  Frut,  MS.  fol.  21. 
Creeires.  s.  Bern,  Serm.  fr.  MSS.  p.  151. 
Crier.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  loi.  105. 

Créeresse,  subst.  [ém.  Créalrice.  Les  flagellans, 
dans  leurs  prières  à  la  Vierge,  s'expriment  ainsi  ; 

0  créeresse,  de  créature 
Qui  oncques  ne  fusles  créez, 
Deffen  nous  de  grief  morsure. 

Cliron.  fr.  MS.  de  Nangis,  aii  l;'.49. 

Greffe.  [Intercalez    Creffe,  écaille,    et  voyez 

Ckaffeii.]  {^.  !•;.) 

Greffe- Dieu  (par  la),  Espèce  tle  jurement  qui 
se  remar(|ue  dans  le  passage  suivant  :  <■  Ainsi  que 
"  nous  estions  là  gardans  le  poncel,  le  bon  conte 
«  de  Soissons,  quant  nous  estions  retournez  de 
«  courir  après  ces  villains,  se  railloit  avecques  moy, 
»  et  me  disoit  :  Sennescbal,  lessons  crier  et  braire 
«  ceste  quenaille  :  et  par  la  crejJc-Dieu,  ainsi  qu'il 
«  juroit,  encores  parlerons  nous  vous  et  moy  de 
«  ceste  journée  en  cbanibre  devant  les  dames  (I).  ■• 
(Joinv.  iiist.  de  S.  Louis,  p.  47.) 

Creil,  subst.  Claie.  En  latin,  craies.  (Glossaire 
du  P.  Labbe,  p.  49(5.  —  Du  Gange,  au  mot  Cleia.) 

1 .  Creiine,  subst.  fém.  Farinegrossière.  (Borel.) 

2.  Creinie,  subst.  fem.  Crainte.  Ce  mot,  sous 
l'orthographe  crievi,  paroît-étre  du  genre  mascu- 
lin ;  mais  il  est  natui'el  de  croire  que  c'est  la  même 
que  crieme  (2)  dont  on  a  retranché  la  voyelle  finale, 
à  cause  de  l'élision  : 

Emperere,  tant  com  vivras 

Les  hommes  deslraindre  (contraindre)  porras, 

Ou  par  le  criem,  ou  parl'amor. 

Vies  des  SS.  MS.  de  Sorboniie,  chif.  Lx,  col.  33. 

Nous  citerons  encore  quelques  passages  pour 
justifier  les  autres  orthographes  : 

N'est  pas  amis  qui  sa  dame  ne  crient 
Car  li  crieme  de  très  grant  amor  vient. 

PoÉs.  MSS.  du  Vatican,  n"  1480,  fol.  138. 

Moult  le  héent  Franchoiz,  et  bien  dient  de  quoy  ; 
Par  lui  est  toute  France  en  crime  et  en  effroi. 

Rom.  de  Roo,  MS.  p.  '.17. 

VARIANTES  : 
CRIEME.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  327,  R»  col.  2. 
Cri  p'^mf' 

Criem.  Vie  des  SS.  MS.  de  Sorb.  chif.  lx,  col.  33. 
Crime.  Rom.  de  Rou,  MS.  p.  97. 
Creimme.  Rom.  de  Rou,  MS.  p.  44. 
Creinte.  Ord.  t.  I,  p.  18(3,  note,  col.  1. 
Creinte.  Rom.  de  Brut,  .MS.  de  Bombarde. 

Creissance,  subst.  fém.  Accroissement. 

VARIANTES  : 
CREISSANCE.  Assis,  de  Jérus.  p.  35. 
Cressance. 
Croissance.  Ord.  t.  Il,  p.  560. 


Grêler,  verbe.  On  a  dit  creler  barguigne,  pour 
disputer,  chercher  querelle  (3).  (Ord.  t.  V,  p  .  512, 
an.  dS.-iS. 

Grelincoiitant,  partie,  prés.  Dandinant.  On 

disoit,  dans  le  patois  poitevin,  aller  crelineoutaiit, 
pour  aller  lenlemenl,  en  dandinant.  «  Tu  vas  bien 
"  crelincoutant,  ce  dit-il  à  son  bœuf.  >■  (Contes  de 
Des  Perr.  1.  II,  p.  (19.) 

Gremable,  «(/).  Effroyable.  Pioprement,  quiest 
à  craindre  : 

Li  quars  signes  ert  (estoit)  moult  doutables 
Plus  angoisseus,  et  plus  creinables, 
Quar  la  lune,  qui  tant  ert  bêle. 
Sera  muée  en  vermeil  sane. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  112.  V"  col.  2. 

Gremail.  [Inierciilez  Cremai l ,  au  Carlulaire  de 
S' Victor  de  Marseille  (Du  Cnnge,  II,  648,  col.  Il): 
•<  Consangnineinoslriacceperunl  prohacdonatione 
"  unum  optimum  asinum  et  unam  trojam,  cum 
"  quinque  porcellis,  et  unum  cremail.  »]  (n.  e.) 

Gremanche,  subst.  fém.  Crainte.  On  trouve  ce 
mol,  en  ce  sens,  dans  les  Ane.  Poës.  mss.  du  Vatican, 
n"  1490,  l'ol.  149  (Voyez  Cremeuk  et  Crieme  ci-après.) 

Grênie  ,  subst.  masc.  Evêché  ,  diocèse. 
Proprement  le  saint-chréme  dont  on  se  sert  dans 
l'adminislralionde  plusieurs  sacremens.  Comme  un 
évèquene  peut  conférer,  sans  permission,  les  sacre- 
mens à  d'autres  qu'ù  ses  diocésains,  de  là  le  mot 
crème  s'est  pris,  en  terme  de  jurisprudence,  pour 
désigner  l'étendue  de  la  juridiction  spirituelled'un 
évêque  dans  son  diocèse.  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr. 
et  Du  Gange,  au  mot  t'/uvsj«a.)  •■  L'homme  estrange 
«  estceluy  qui  est  d'un  auliediocese,  ou  d'un  autre 
«  crème.  «  (Ord.  t.  I,  p.  170,  note  A.)  On  lit,  au 
même  sens  :  cresme  de  Bourges.  (Coût.  Général, 
t.  II,  p.  57.  ) 

On  a  dit  figurément  :  homme  de  bon  cresme,  pour 
homme  de  bonne  foi,  simple,  crédule.  (Les  15  .Joies 
du  Mai'iage,  p.  04  et  notes.) 

variantes  : 
CRÈME.  Ord.  t.  I,  p.  176,  note  (a). 
Cresme.  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  57  et  58. 

Gremeaii,  subst.  masc.  Béguin,  coifle  (4).  C'est 
proprement  le  bonnet  qu'on  met  sur  la  tète  de  l'en- 
fant après  qu'il  a  reçu  le  bapléme.  (Cotgr.  etOudin, 
Dict.)  Au  baptême  du  fils  de  Charles  Vlll,  en  1491, 
«  Madame  l'admirale,  veuve  de  feu  messire  Louis 
«  bastard  de  Bourbon,  porloil  le  eremean  auquel  y 
«  avoil  une  grosse  escarboucle  et  autres  pierres  de 
«  grande  valeur.  »  (Godefr.  Observ.  sur  Charles 
VIII,  p.  028.) 


(1)  M.  de  Wailly  édite  (§  242)  :  «  Li  bons  cuens  de  Soissons,  en  ce  point  là  où  nous  estiens  ,  se  moquoit  à  moy  et  me 
disoit:  «  Seuescliaus,  lessons  huer  ceste  chiennaille  ;  que  par  la  (Jiioife  Dinu  !  (ainsi  comme  il  juroit),  encore  en 
parlerons-nous,  entre  vous  et  moi,  de  ceste  journée  es  chambres  des  dames.  »  (n.  e.) 

(2)  C'est  la  forme  verbale  de  cremir  :   «  Cumencement  de  sapience  ,  la  crieme  de  nostre  segnor.  »  (Lib    psalmor 
p.  172.)  (N.  E.)  ■' 

(3)  C'est  plutôt  passer  un  contrat,  une  convention  :  «  Quiconque  crelera  vargaiyne  en  la  chité,  il  doit  venir  pardevant  le 
maieur  d'Arras  et  les  esquevins  et  jurez  sur  sains,  qui  le  cèlera  (crelera)  loyaulnient.  »  Creler  est  là  pour  quereller,  (n.  e.) 

(4)  C'est  aussi  le  vase  où  se  conservent  les  saintes  huiles  ;  «  Ung  cresmeau  à  trois  tournelles,  dont  le  pie  est  en  façon  de 
boette  pour  mettre  pain  à  chanter.  »  (Pièce  de  1492  ;  Du  Cange,  II,  339,  col.  2.)  En  1416  on  trouve:  «  Item  un  rîesmier 
d'argent  veré  à  trois  estuiz  pour  mettre  le  S.  Cresme.  »  (n.  e.) 


CR 


-  37G  — 


CR 


VAHIANTES    : 
CREMEAU.  Codpfr.  Observ.  sur  Charles  VIII,  p.  628. 
Cresmeau. 

Cronientei",  verbe.  Brûler.  C'est  le  sens  propre. 
Ondisoii.  au  i\ç!:uvé,  se  creincnter  pour  s'enllani- 
mer,  brûler  d'iinpaliciice,  du  latin  cremari. 

Dont  se  crcmoiie,  dont  s'ocsit  ; 
Ne  sait  que  fait,  ne  sait  que  dit. 

Fabl.  MhS.  du  R.  n-  7989.  fol.  G4,  R°  col.  1. 

Cremetar,  snhst.  (cm.  Crainte.  Peut-être  est-ce 
un  verbe  avec  une  terminaison  langnedocienne  ou 
provençale  employé  subslaïUivement  dansées  vers: 

,)o  reis  i  vent  d'antre  part,  Eya 
l'ir  la  dame  destorbar,  Eya 
Que  il  est  en  croncinr,  Eya 
Que  on  ne  li  vuelle  emblar 
La  regine  aureillouse. 

Poos.  MSS.  av.  1300,  t.  IV,  p.  165". 

Cremeteus,  adj.  Craintif,  timide  *.  Terrible, 
qui  est  ù  craindre  °. 

*  I^e  premier  sens  est  le  sens  propre  de  cremir 
ci-après,  craindre  (1).  De  là  ce  mot  s'est  pris,  en 
bonne  part,  pour  soumis,  docile. 

Peuples  soit  toujours  cretneleux. 

Eusl.  Desch.  Pofs.  MSS.  fol.  336,  col.  4. 

Prodomes  et  cremelp.ux. 

Ibid.  fol.  95,  col.  4. 

De  Dieu  soyez  en  tous  temps  cremeteus. 
Ibid.  fol.  23,  col.  1. 

(Voyez  aussi  Froissart,  Poës.  mss.  p.  25,  col.  2  ,  et 
le  Dict.  de  Borel,  au  moi  Cre mer.) 

^  Ce  mot,  au  second  sens,  se  disoit  de  ce  qui 
imprime  la  crainte,  de  ce  qui  est  redoutable.  «  Cre- 
'<  mcleux  créateur  et  tout  puissant,  je  te  beneis  de 
»  tout  mon  corps,  et  de  toutes  mes  entrailles  (2).  » 
(Chasse  de  Gast.  Phëb.  ms,  p.  403.)  Nous  ne  trouvons 
cvemetilleux  qu'en  ce  dernier  sens  : 

Par  cremeliUeiises  issues 

Cil  qui  leur  lances  ont  rompues.... 

Commencent  à  férir  d'espées. 

G.  Guiarl,  MS.fol.  18,  R'. 

(Voyez  Criminel  ci-après.) 

VARIANTES  : 
CREMETEUS.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  201,  V»  col.  2. 
Cremeteux.  Hist.  des  Trois  Maries,  en  vers,  MS.  p.  94. 
Cremktou.s.  s.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  306,  en  lat.  timidus. 
Cremeus.  Hist.  desSS.  MS.  deSorb.  MS.  chif.  lxi,  col.  22  (3). 
Cre.metilleux.  g.  Guiart,  MS.  fol.  18,  R°. 

Cremeteusement.  adverbe.  Avec  crainte.  On 
disoil  : 

Servir  Dieu  cremeteusemeul. 

Froissart,  Poës.  MSS.  p.  33,  col.  2. 

Greineur,  snhst.  fëm.  Crainte.  «  Si  s'en  esmeu- 
«  rent  ( s'e.vcitèrent j  plusieurs  rumeurs,  mais 
«  llnablement  les  Parisiens,  pour  la  cremeur  du  roy 


•<  d'Angleterre  n'en  osoient  monstrer  semblant  de 
»  nulle  désobéissance.  »  (J.  Le  Fevre  de  S.  Remy, 
Hist.  deCh.  VI,  p.  ICI.) 

A  le  garder  a  grant  cremeur. 

Gace  do  la  Bigiie.  des  Déd.  MS.  fol.  42,  R- 

Crenieur,  qui  semble  une  faute  d'orthographe 
dans  J.  Le  Fèvie  de  S.  Rémi,  Hist  de  Charles  VI, 
p.  30  et  38,  se  trouve  encore  dans  Ph.  Mouskes.  Ces 
deux  auteurs  employoient  cremeur  et  crenieur 
indistinctement.  Nous  croyons  donc  que  cette  diffé- 
rence d'orthographes  unit  de  celle  du  verbe  dontce 
mot  lire  son  origine.  On  disoit  cremir  et  crienbrer, 
d'où  vient  peut-être  la  variation  de  l'orthographe 
crenieur. 

VARIANTES   (i): 

CREMEUR.  Règle  de  S.  Benoît,  chap.  70. 

Cremour.  Chasse  de  Gast.  Phéb.  MS.  p.  372. 

Cemor.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f-  327,  V»  col.  2. 

Crie.mecr. 

Crenieuïv.  j.  Le  Fevre  de  S.  Rémi,   Hist.  de  Ch.  VI,  p.  36. 

Crimor  ou  Crimors.  s.  Bern.  Serm.  fr.  p.  16. 

Cremir,  verbe.  Craindre  Ce  verbe  n'est  intéres- 
sant que  par  la  variété  de  ses  orthographes.  Nous 
citerons  seulement  quelques  passages  qui  serviront 
à  les  juslifiei'  : 

....  Amours  est  coutumiere 

Des  vrais  amans  mener  jusqu'au  morir  : 

Si  douce  mort  ne  veu  jou  ja  cremir. 

Ane.  Pool.  MSS.  Valican,  n- 1490,  f"  ICI,  R'. 

Prince,  pour  Dieu,  vueillies  bien  advertir 
En  tous  estas,  d'amer  Dieu,  et  cremir. 

Pots.  MSS.  d'Eust.  Desch.  fol.  263,  col.  2. 

Dieux  fut  devant  leurs  yeulx  mis, 
Amez  fut  d'eulx,  et  cremis. 

Ibid.  fol.  77,  col.  2. 

Cremir  est  employé  substantivement  en  ce  pas- 
sage. "  Par  cremir  vient  on  en  amour.  »  (Chasse 
de  Gast.  Phéb.  ms.  p.  375.)  (5) 

Passons  maintenant  à  la  conjugaison  de  ce  verbe 
qui  est  des  plus  irrégulières  : 

Craiment,  ind.  prés.  Craignent. (G.  Guiart, ms.  (6) 
folio  31.  ) 

Creims,  ind.  prés.  Craint.  ;Ord.  t.  HI,  p.  125.)  (7) 

Creing,  ind.  prés.  Je  crains.  (Fabl.  mss.  de  S.  G. 
folio  57.  ) 

Vrem,  ind.  prés.  Je  crains,  (.\dans  li  Bocus,  Poës. 
MSS.  avant  1300,  t.  IV,  p.  1380.) 

Crenians,  part.  prés.  Craignant.  (Fabl.  mss.  du  R. 
ir  7218,  fol.  349.) 

Crement,  part.  prés.  Craignant.  (Fabl.  mss.  du  R. 
n°  7989,  fol.  63.) 

Cremi,  prêter.  Craignit.  (Fabl.  mss.  du  R.  n»7218, 
folio  50.  ) 


(1)  On  trouve  aussi  cremereu.v  en  ce  sens  :  «  L'exposant  qui  est  simple  laboureur  et  cremereux  bonis.  »  (JJ.  107 ,   p.  326, 
an.  1375.)  ^N.  e.) 

(2)  On  lit  aussi  dans  Froissart  (III,  412)  :  «  Che  siège  durant  devant  Nantes  qui  plentureus  estoit   pour  ciaux  dehors  et 
cremeleu'i  pour  ciaux  dedans.  »  (n.  e.) 

(3)  Au  sens  de  redoutable,  on  Ut  au  reg.  .IJ.  156,  p.  427,  an.  1401  :  «  Perrin  qui  estoit  homme  cremeu,  rigoreux  et  acquerans 
debas  et  riotes.  »  (n.  e.) 

(i)  Voyez  aussi  Froissart  (éd.  Kervyn),  II,  411  ;  III,  342  ;  VIII,  105.  (n.  e.) 

(5)  Sous  la  forme  réfléchie,  il  signilie  avoir  peur  :  «  La  nature  des  Englès  est  telle  que   tousjours  il  se  criement  à  estre 
decheii.  »  (Froiss.,  II,  237.)  (n.  e.)  ..  ■ 

(6)  Vers  1223  :  «  Roys  que  tous  bons  crestiens  aiment  Et  que  Turs  et  Sarrazins  craiment.  »  (n.  e.) 

(7)  On  trouve  aussi  crient:  «  Une  grosse  tour  qui  ne  crient  nul  assaut  d'enghiens.  »  (Froissart,  II,  294.)  (n.  e.) 


CR 


-  377  - 


CR 


Cremiroie.  imp.  subj.  Craindrois.  (Fabl.  mss.  du 
R.  ir  7258,  f°  258.) 

Cremoie,  imparf.  iiid.  Craignois.  (Fabl.  mss.  du  R. 
ir  7208,  fol.  200.) 

Creniu,  pari.  Craint.  (Chasse  de  Gast.  Phébus, 
Ms.  page  373.)  (1) 

Cremus,  part.  Craint.  (Fabl.  mss.  du  R.  n°  7218, 
folio  34G.  ) 

Crenieu,  part.  {Visez  creiiieii),  pour  craint.  (.1.  Le 
Fev.  de  S.  Rémi.  Hisl.  de  Ch.  VI,  p.  38.) 

Cremoient,  imp.  ind.  (lisez  crenoient),  pour  crai- 
gnoient.  (Ibid.  p.  108.) 

Criens,  ind.  prés.  Je  crains.  (Chans.  fr.  du  xnr 
siècle,  MS.  de  Bouh.  cbap.  71,  fol.  119.) 

Criembroie,  imp.  subj.  Je  craindrois.  (Fabl.  mss. 
du  R.  n»  7218,  fol.  189.) 

Criement ,  ind.  prés.  Craignent.  (Fabl.  mss.  du  R. 
n°72l8,  fol.  15'i.) 

Crieiig,  ind.  prés.  Je  crains.  (Chans.  fr.  du  xur 
siècle,  MS.  de  Bouh.  chap.  1G8,  fol.  177.) 

Crient,  ind.  prés.  Je  crains.  (Gontiers,  Poës.  mss. 
av.   1300,  t.  m,  p.  1041.) 

Crient,  ind.  prés.  Il  craint.  (Fabl.  mss.  du  R. 
n"  7989.  fol.  213.) 

Croims,  partie,  plur.  Craints.  (Ord.  t.  III,  p.  125  ) 

Cne7n  (lisez  criem],  indic.  prés.  Je  crains.  (Fabl. 
MSS.  du  R.  n«  7989,  fol.  GO.) 

VARIANTES  : 
CREMIR.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7615,  t.  I,  fol.  102. 
Craimir.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  146,  col.  1. 
Cremoir.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  14.  V»  col.  2. 
Cbemer.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  642. 
Creimer.  Rom.  de  Rou,  MS.  p.  100. 
Criemer. 

Criembrer.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  1,  R»  col.  1. 
Criemrre.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  185,  R»  col.  1. 
Crienbrer.  Sign.  du  Jug.  MS.  de  S.  G.  fol.  25,  V»  col.  1. 
Grincer.  Eusl.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  140,  col.  1. 

Cremis.  Voici  le  passage  où  nous  trouvons  ce 
mot  : 

Mes  cuer  espoir  a  mis 
Jà  en  t'amor  avoir, 
Et  je  sui  entremis 
Certes  du  recevoir. 
Mes  du  mont  nus  cremis 
Ne  me  puist  décevoir. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7-218.  fol.  170,  V  col.  2. 

Cvennn,  subs! .  [cm  Sorte  de  voiture.  «  Nous 
«  appelions  une  creuaii  une  espèce  de  chaise  ou  de 

«  caresse de  .M^  de  Crenan,  gentilhomme  Bas- 

«  Breton  qui  eut  le  don  de  celte  sorte  de  voiture.  » 
(Dicl.  Elym.  de  Ménage.) 

Crené,  adjectif.  Crénelé.  (Dict.  de  Cotgrave.) 
Ce  mot  s"est  pris  pour  épithète  de  germandrée  et 
de  frange,  par  M.  de  la  Porte. 

Crenelenre,  S!//'s^  fém.  Créneau.  On  lit  en  ce 

sens  : 

Au  plus  haut  des  neupleures. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  35,  V". 


Crénelle.  [Intercalez  Crénelle,  sorte  de  vais- 
seau de  guerre:  «  Le  suppliant  estant  contremaistie 
«  et  bouVsier  pour  Jehan  Dourdoignede  la  crénelle 
«  de  Touque...  print  un  pescheur  d'Angleterre.  » 
(JJ.  189,  p.  1G7,  an.  1457.)]  (n.  e.) 

Creiiet,  subst.  masc.  Créneau.  Ce  mot  subsiste 
avec  une  très  légère  altération  de  la  seconde  ortho- 
graphe. On  trouve  la  première  dans  ce  passage  : 
«  En  cest  chaslel  avoit  une  haute  tor,  sus  chacun 
«  crenet  (2)  avoit  deus  homes  tous  blans  vestus.  » 
(Cont.  de  G.  de  Tyr,  Martene.  t.  V,  col.  G50.) 

VARIANTES  : 
CRENET.  Contin.  de  G.  de  Tyr.  Martene,  t.  V,  col.  650. 
Creniau.  G.  Guiart,  MS.  fol.  33,  R". 

Creneui'e,  subst.  fém.  Crénelure  *.  F'enle  , 
ouverture  ^. 

*  Au  premier  sens,  c'est  une  manière  de  denture 
faite  i\  créneaux.  (Dict.  de  Nicot,  de  Corn,  et  de  Cotgr.) 

^De  là,  ce  mot  yemble  s'être  mis  pour  fente, 
ouverture,  dans  le  passage  suivant  :  «  Si  ne  se 
»  peurent  tenir  de  vestir  leurs  pelices,  et  venir 
«  guetter  par  la  creneiire  d'une  fenesire  pour  veoir 
'  que  ce  povoit  estre.  »  (Percef.  vol.  IV,  fol.  33.) 

Crenqiienier,  subst.  masc.  Ofhcier  qui  peut 
faire  exécution.  (Laurière,  Gloss.  du  Dr.  fr.)  Ils 
étoient  ainsi  appelés  de  l'arbalète  qu'ils  portoient, 
laquelle  se  nommoit  crenequin.  JDu  Cange,  au  mot 
Crenkinarii .) 

Crenter,  subst.  fém.  Rondeur.  C'est  le  sens  de 
ce  mot  dans  le  patois  breton.  De  là,  il  a  passé  à  la 
signification  même  de  chose  ronde. 

VARIANTES    : 
CRENTER.  Du  Cange,  Gloss.  lat.  au  mot  Cranter. 
Crender. 

Grenu.  [Intercalez  Crenu,  à  crinière  : 

Dix  lues  puet  courre  un  destrier  crenu. 

Gér.  de  Vierniû.  v.  32R3. 

Vovez  aussi  Chronique  des  ducs  de  Normandie, 
v.  1488  et  21814.]  (N.  E.) 
Creoison,  subst.  fém.  Création*.  .Créature^. 

*  et  ^  On  trouve  ce  mot  avec  ces  deux  acceptions 
dans  les  Dictionn.  de  Borel  et  de  Corneille.  (Voyez 
Création  ci-dessus.) 

Creon,  subst.  masc.  Crayon.  On  lit  au  figuré  : 
«  La  beauté  n'a  estre  qu'en  tant  que  nous  alignons 
u  les  traits  d'une  beauté  sur  le  patron,  tabletâu,  ou 
"  creon  de  la  chose  que  nous  affectionnons.  « 
(Contes  de  Cholières,  fol.  141.)  (3) 

Crêpe,  subst.  masc.  Crêpe.  Espèce  d'étoffe  claire 
et  déliée.  Ce  mot  est  pris  en  ce  sens  dans  les  vers  qui 
suivent.  L'auteur,  parlant  de  la  Nat.  de  J.  C.,  dit  : 

Sainement  adont  l'enveloppe 

De  drapeaux  qui  pas  ne  sont  creppe, 

Et  puis  en  la  crèche  le  couche. 

Car  point  n'avoit  ne  biens,  ne  couche. 

Hist.  des  Trois  Maries,  en  vers.  MS.  ]).  88. 


(1)  On  trouve  aussi  cremeu  (Froiss.,  IV,  320)  et  cremut  :  «  Et  estoient  si  cremut  et  redoubtet  au  pays.  »  (Id,  IV,  33.)  (N.  E.) 

(2)  Il  vaut  mieux  lire  crenel,  comme  au  Romancero  de  M.  P.  Paris  (p.  70)  :  «  En  haute  tour  se  siet  bêle  Isabel,   Son  beau 
chief  blon  mist  fors  par  un  crenel.  »  (N.  E.) 

(3)  On  lit  aussi  au  fol.  82  :  «  Dites  moi  pourquoi  c'est  qu'on  vous  représente,  vous  autres  messieurs  les  avocats,   sous  le 
creo))  des  harpies  ;  cela  ne  nous  certifie  chose  autre,  sinon  que  vous  aimez  fort  la  grippe.  »  (n.  e.) 

IV.  48 


CR 


378  — 


CR 


"  lirnp  de  fin  couvrechief  de  crespe{i)  (pour  linge 
«  de  crespe)  empesé.  »  On  en  mettoil  deux  sur  les 
couvertures  du  lit.  (Voyez  Honneurs  de  la  Cour, 
us.  page  34.) 

VARIANTES  ". 
CREP?:.  Gloss.  lat.  de  Du  Gange,  à  Crippa. 
Cbeppe.  Hist.  des  Trois  Maries  en  vers,  MSS.  p.  88. 
Crespe.  Honneurs  de  la  Cour,  MS.  p.  34. 

Crepelet,  adj.  Diminutif  de  crépu. 

Le  gentil  corps,  et  le  chief  crespelet. 

Poès.  MSS.  d'Eusl.  Descli.  fol.  207,  col.  2. 

VAHIANTES  : 
CREPELET.  Dict.  de  Monet,  d'Oudin ,  de  Cotgrave. 
Crespelet.  Eust.  Desch.  Foës.  MSS.  f"  207,  col.  2. 
Crespelu. 
Crepelu.  Clément  Marot,  p.  501. 

Crepelle,  subst.  fém.  Coupelle.  C'est  le  sens 
de  ce  mot  dans  les  vers  suivans,  où  il  faut  lire 
coupe  lie  : 

Fust  fin  comme  argent  de  crepelle. 

Villon,  p.  39. 

Crepelure,  subst.  fém.  Qualité  d'être  crépu. 
«  La  chaleur  de  ceste  terre  lybique  peut  causer  la 
"  frizure,  et  la  crespeleure  de  ces  Mores  ayans  le 
»  poil  ridé,  et  réplique  par  une  siciuité,  et  chaleur 
»  efficiente.  ..  (Bouchel,  Serées,  liv.  111,  page  129.) 
Crespellement  se  trouve,  au  même  sens,  dans  les 
Poës.  de  Loys  le  Caron,  fol.  22. 

VARIANTES    : 
CREPELURE.  Dict.  de  Monet  et  d'Oudin. 
Crespeleure.  Boucliet,  Serées,  livre  III,  p.  129. 
Crespellement,  s.  m.  Poës.  de  Loys  le  Caron,  fol.  22. 

Crêper,  verbe.  Agiter,  remuer.  Du  latin  cris- 
pare  dont  Virgile  a  l'ait  usage  dans  ce  sens  figuré. 

Mais  qu'en  me  façonnant  comme  un  soldat  pratique, 
J'eusse  appris  à  crisper  le  long  bois  d'une  pique,     ■ 
A  piquer  un  cheval,  le  manier  en  rond. 

Berger,  de  Rem.  Belleau,  fol.  3.  R". 

Ce  verbe  est  neutre  dans  ce  vers  : 

Et  crêpe,  et  crie  et  sautele. 

Momol  de  Paris  |  arnil  les  Poes.  fr.  MSS.  av.  1300,  l.  II,  p.  612. 
VARIANTES  : 
CREPER.  Poës.  fr.  MSS.  av.  13U0,  t.  II,  p.  642. 
Cbespeh.  Berger,  do  Rémi  Belleau,  fol.  3,  R". 

Crepet,  subst.  fém.  Espèce  de  beignet.  Sorte  de 
gâteau  fait  à  la  poêle. 

VARIANTES  : 
CREPET.  Dict.  de  Monet. 
Crespe 
Crêpez,  Crespez,  Crespets,  plur.  Rab.  t.  IV,  p.  252. 

Crepiere,  subst.  fém.  Croupière.  On  lit  dans  le 
sens  propre  : 

Qui  escus,  qui  espée,  qui  heaume,  qui  crepiere 
Ne  fu  mie  la  perte  à  restorer  (réparer)  legiere. 
Rom.  deRou,  MS.  p.  121. 

Ce  mot  est  employé  figurémenl  dans  les  vers  qui 
suivent  : 


Ne  vaudroil  une  eschaloingne 

Fasne,  s'ele  n'avoil  tesniere 
Mise  prés  de  la  rreponiere. 

Fabl.  MSS. du  K.  n-  7218,  fol.  170,  R"  col.  2. 

VAR1A^TES  : 
CREPIERE.  Rom.  de  Rou,  MS.  p.  121. 
Creponiere.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218.  f"  170,  R»  col.  2. 

Crepiller,  verbe.  Crêper,  friser,  plisser.  (Dicl. 
d'Oudin,  de  Colgr.  et  de  Monet.) 

VARIANTES  : 

CREPILLER,  Crespiller,  Crespillonner. 

Crepillon ,  subst.  masc.  Frison.  Boucle  de 
cheveux  (2). 

Et  par  les  blonds  crcpillons 
De  ces  beaux  passe  filions. 

Giles  Durand,  à  la  suite  de  Bonnefons.  p.  121. 
Les  crcspilloiis  frisez  do  ses  beaux  cheveux  blons. 
Berger,  de  Rem.  Belleau,  fol.  04,  V". 

VARIANTES  : 
CREPILLON.  Giles  Durand,  à  la  suite  de  Bonnef.  p.  121. 
Crespillon.  Berger,  de  R.  Belleau,  fol.  9i,  V». 

Crepin.  [Intercalez  Crephi,  gaufre,  en  latin 
lagana,  au  Gloss.  4120,  an.  1352  C'est  un  diminutif 
de  crespe  (Voir  le  Ménagier,  t.  Il,  p.  5).]  (n.  e.) 

Crépitation,  subst.  fém.  Craquement,  bruit. 
(Dicl.  de  Colgr.  et  d'Oudin.)  Du  latin  crepiture. 

1.  Crépon,  subst.  Hi«sc.  Croupion*.  Croupe  ^. 
*Ce  mot,  au  premier  sens,  désigne  l'extrémité  du 

bas  de  l'échiné  de  l'homme. 

A  gras  crépon  (3)  ou  trouasse  que  prendre. 

Anon.  parmi  les  Poës.  fr.  MSS.  av.  1300,  l.  1,  p.  4t!3. 

^ Crepon  s'est  aussi  employé  pour  croupe,  en 
parlant  du  cheval.  (Voy.  notice  du  Rom.  d'Alexaud. 
fol.  4.)  Il  se  prenoit  même  pour  signifier  la  partie 
de  derrière  de  l'àne  (4),  du  bœuf,  clu  mouloii,  etc. 
(Voy.  Fabl.  mss.  du  li.  ir  7218,  fol.  48.) 

N'i  acatai  c'un  seul  mouton 
Mais  chiex  a  moult  cras  le  crépon. 

Ibid.  n'  7980,  fol.  210,  V'  col.  2. 

VARIANTES    : 
CREPON.  Poës.  fr.  MSS.  av.  1300,  p.  463. 
Crespon.  Rom.  d'Alexand.  loi.  4. 

2.  Crepon.  [Intercalez  Crépon,  crépi  d'un  mur, 
dans  une  Ch.  de  Coibie,  an.  1421  :  ■■  Couvrir  et 
"  parfaire  le  grange  de  Waigny,  aveuc  le  crepon  de 
<•  ledile  grange.  >■]  (n.  e.) 

Crepiile,  subst.  fém.  Crapule.  Ce  mot  subsiste 
avec  une  légère  différence  d'orlliograplie.  Les  vers 
suivans  font  l'éloge  des  fauconniers  : 

Il  meet  tousjours  contre  luxure 
Contenance,  et  contre  crepule 
Abstinence. 

Gace  de  la  Bigne,  des  Déduits,  MS.S.  fol.  23,  V". 

Crequier,  subst.  Hirtsf. Pruniersauvage(5).  «La 
«  maison  ûe  Crequi  porte  un  criquer  dans  son 
«  ecu.  »  (Fauchel,  des  Orig.  liv.  I.  p.  92.) 


(1)  On  lit  dans  Froissart  (XIV,  18):  «  El  estoit  la  litière  couverte  d'un  ciel  fait  d'un  délié  crespe  de  soie.  »  (N.  E.) 

(2)  C'est  aussi  le  repas  où  l'on  mange  des  crêpes  (,U.  154,  p.  494,  au.  1399)  :  «  Comme  ''exposant  eust  esté  à  unes  noces 
avec  plusieurs  autres  compaignons,  lesquelz  sefeussent  partis  après  cequilz  orentesté  au  crepillon  \o\\ien&evab\e.  »  (N.  E.) 

(3)  On  lit  daus  Fierabras  (157,  col.  2)  ;  «  Et  li  pristrent  à  batre  le  dos  et  le  crepon.  »  (N.  E.) 

(4)  «  Cil  point  l'asne  del  aguillon  Par  derrière  sor  le  crapon.  »  (Renart,  v.  221.)  (N.  e.) 

(5)  C'est  le  nom  du  prunellier  en  Basse  Picardie.  On  lit  dans  un  traité  ms.  do  l'Office  des  hérauts  et  poursuivants  rédigé 
sous  Henri  IV  :  «  Crè(]itiers  sont  arbres  qui  ont  poy  de  feuilles  et  ont  foison  de  picans,  et  en  fait  on  volentiers  clôture ,  car 
ils  croissent  communément  en  hayes.  »  (N.  e.) 


CR 


—  379  — 


CR 


VARIANTES  : 
GREQUIER.  Dict,  de  Borel,  2"  addit. 
Criquer.  Fauchet,  dos  Origines,  livre  I,  p.  92. 

Crescent,  subst.  niasc.  Croissant  [c'est  encore 
la  forme  anglaise].  (Diclionn.  deNicot,  de  CotgTave 
et  d'Oudin.) 

Creses,  adj.  fém.  phir.  S'est  dit  pour  grasses 
dans  le  sens  de  crasseuses,  malpropres.  Il  paroît 
que  c'est  le  sens  de  ce  mot  dans  ce  passage  :  «  Cil 
«  a  des  vies  capes  creses,  et  a  des  vies  larteréles 
«  vestues.  «  (Fabl.  mss.  du  R.  n»  7989,  fol.  73.) 

T-resme,  stibst.  fém.  Crème.  On  appeloiL  autre- 
fois cresme  battue  (1)  ce  que  nous  nommons  mainte- 
nant crème  fouettée  ,  et  celle  expression,  prise 
métapliori(|uement ,  désignoil  aussi  (comme  celle 
qu'on  lui  a  substituée),  une.  chose  de  peu  de  valeur. 
(Dict.  d'Oudin.)  (2) 

Cresmé,  adj.  Fait  avec  de  la  crème.  C'est  en  ce 
sens  que  ce  moi  est  pris  pour  épitlièle  de  fromage, 
dans  les  Epilh.  de  M.  de  La  Porte.  (Voyez  Chf.s.meus 
ci-après.  ) 

Cresmeler,  verbe.  Confirmer,  donner  la  con- 
lirmalion.  Propi'ement  oindre  du  saint  chrême. 
(Dict.  d'Oudin.)  On  se  servoit  de  celle  huile  sacrée 
dans  l'adminislralion  de  plusieurs  sacremens.  De 
là,  enliiiiler  signifioit  aussi  donner  l'extrême- 
onction.  Cresmeler  semble  mis  pour  confirmer, 
dans  le  passage  suivant.  L'auteur  parle  du  baptême 
de  Hasting,  chef  des  Normands  : 

Li  evesque  le  cresmela. 
Li  evesque  li  sermona, 
Li  evesque  le  priseigna, 
Li  evesque  le  ijaptiza, 

Rom.  de  Rou,  MS.  p.  10. 

VARIANTES  : 
CRESMELER.  Rom.  de  Rou,  MS.  p.  IG. 
Cresmer. 

Cresmeus  ,  adj.  Qui  est  de  crème  *.  Doux 
comme  la  crème  ^. 

*  Ce  mol  est  pris  dans  le  sens  propre,  lorsqu'il  est 
employé  comme  épiihète  de  fromage. 

°  11  signifioit,  au  figuré,  doux  comme  la  crème. 

Cresmiei'.  [Intercalez  Cresmier,  sorte  d'arbre, 
dans  Flore  et  BÎanceflor  (v.  521)  : 

Et  d'autre  part  ot  un  cre^miev 
Et  à  senestre  un  balsamier... 
Car  de  l'un  basnies  decouroit 
Et  de  l'autre  cresmes  caoit.]  (N.  E.) 

Creson,  sul)St.  îk.  Cresson.  Ce  mot  subsiste  sous 
la  seconde  orthographe.  Il  n'a  rien  de  remarquable 
que  les  expressions  figurées  auxquelles  il  a  donné 
lieu.  On  disoit  : 

1"  Cueuillie  le  cressonmal  assoiivere.  par  opposi- 
tion à  cueillir  le  bon  fruit,  ce  que  nous  rendrions 


aujourd'hui,  en  parlant  des  faveurs  d'une  femme, 
par  ces  façons  de  parler:  cueillir  la  fleur  et  cueillir 
le  fruit.  (Voyez  Percef.  vol.  VI,  fol.  96.) 

2°  Planter  le  c?'esson  est  pris  dans  un  sens  obscène 
en  ce  passage  : 

Tu  ne  veis  onc  mieux  piauler  le  cresson 
Pour  le  plaisir  d'une  jeune  fillette. 

Clom.  Marol,  p.  22.5. 

VARIANTES    : 
CRESON.  Percef.  vol.  VI.  fol.  96,  V»  col.  2. 
Cresson.  Orthographe  subsistante. 

Crespé,  adj.  Crespé,  frisé  *.  Resserré  ". 
*  Nous  ne  citons  la  première  orthographe  que 
pour  faire  voir  l'ancienneté  de  son  usage  : 

Si  crin  sembloit  reluisant 
D'or  crespé  c\eT  et  bien  luisant. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7!!18,  fol.  251,  R-  col.  1. 

OnVdcrespe{ii),  au  féminin,  dans  les  vers  suivans: 

....  Tant  par  estoient  crespé  et  blonde, 
Tant  de  si  biaus  n'avoit  al  monde. 

Iliid.  fol.  291,  R-  col.  1  fi). 

Crespé  s'est  mis  dans  le  sens  oîi  nous  disons 
crépu.  (Voyez  Poës.  mss.  d'Eust.  Desch.  fol.  61.)  Ce 
mot  s'appliqiioil  aussi  aux  étoffes,  et  l'on  disoit, 
comme    aujourd'hui    :    «    Le    gris    cstoit   crespé 

«  dehors et  le  poil  qui  passe  en  haut  et  en  bas 

«  le  gris  est  osté.  »  (Ilonn.  de  la  Cour,  .ms.  p.  68.) 

Crespé  s'est  même  employé  en  parlant  «  d'une 
«  herbe  qui  est  appelée  vernieilleuse,  en  médecine 
«  filage  et  est  charnue  et  crespé  de  feuilles.  »  (Mod. 
et  Racio  ,  ms.  folio  132.)  C'est-îi-dire  garnie  de 
feuilles. 

^  On  trouve  la  seconde  acception  de  crespé  dans 
cette  expression  tenir  crespé  et  court,  en  parlant 
des  oiseaux  renfermés  en  cage  : 

Ils  sont  tenus  crespes  et  court. 

Eust.  Descli.  Poës.  MSS.  fol.  19,  col.  1 . 

(Voyez  Crepu  ci-après.) 

VARIANTES  : 

CRESPÉ.  Orthographe  subsistante. 

Crespé.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7989,  fol.  57,  V"  col.  2. 

Crespelet,  subst.  masc.  Nom  d'un  cuisinier, 
dans  Rabelais,  t.  IV,  p.  109.  Sans  doute  du  mot 
crespé ,  beignet  [voyez  crepin^.  Du  mot  crepei 
ci-dessus,  es'ijèce  de  baignel.  (Rab.  t.  IV,  p.  169.) 

Crespenient,  adv.  A  la  façon  d'un  crêpe  : 

Sur  qui  flotte  un  long  poil  crespemenl  espandu. 

Des  Accords,  Digamires,  fol.  140,  V°. 

Crespillonné,  adj.  Frisé.  C'est  en  ce  sens  qu'il 
est  mis  pour  épiihète  de  cheveux  et  de  passeflllons, 
dans  les  Epith.  de  M.  de  La  Poile. 

Crespin.  Nom  propre.  Crépin.  C'est  le  nom  d'un 
saint.  On  a  dit  proverbialement  Saint  Crespin  (5). 

Crespiiie,  suhst.  fém.  Ornement  de  femme. 


(1)  On  lit  dans  Rutebeuf  (8)  :  «  De  ce  puis  bien  dire  mon  esme  :  De  poisson  autant  que  cresme  aura  ma  famé.  »  (n.  e.) 

(2)  On  trouve  encore  dans  Oudin  ce  calembourg  :  «  Sa  coiffure  est  de  cresme  ;  elle  couvre  le  lait  [lait  ou  laid].  »  (n.  e.) 

_  (3)  Cependant  on  lit  dans  Rutebeuf  :  «  Ces  cheveux  si  crespes  et  si  biaux  Fist  coper  sainte  Elysabiaus.  »  Amyot(Cimon,9) 
écrit  encore:  «  II  estoit  de  belle  taille,  ayant  les  cheveux  crespes  et  espez.  »  (n.  e.) 

(4)  Rutebeuf,  II,  202.  (n.  e.) 

(5)  Dans  la  locution  «  porter  tout  son  sawt  crespiri.  »  C'est  le  sac  aux  outils  d'un  cordonnier,  c'est  là  tout  son  bien  et 
toute  sa  science;  par  suite,  la  locution  s'applique  aux  gens  qui,  comme  Bias,  «  omnia  socum  parlant.  »  On  disait  encore: 
«  Saint  Crespin,  la  mort  aux  mouches  »,  celte  fête  tomljant  en  automne,  le  23  octobre.  >;  (N.  e.) 


CR 


380  — 


CR 


(Dict.  de  Borel,  de  Corneille  el  de  Cotgrave.)  Ce  mot, 
formé  de  C)ï';«//tir  ci- dessus,  plisser,  semble  desi- 
gner une  espèce  de  collerelle  dont  les  femmes  se 
servoient  autrefois  pour  couvrir  leur  gorge  : 

Sor  lor  cols  metent  lor  joiaus, 
Et  lor  crespines  (\). 

Fabl.  MSS.  du  11.  n"  7218,  fol.  237,  R°  col.  1. 

Crespiiiete,  suhst.  [ém.  Petite  crespine.  (Yoy. 
Crespine  ci-dessus.)  Borel,  sur  ce  mot,  cite  ces  vers 
du  Rom.  de  la  Rose  : 

Et  par  dessos  la  crespiiielo , 
Une  couronne  d'or  ponrtraite. 

Crespinier,  s(/bs^  )nasc.  Qui  fait  des  ci'espines. 
11  paroitroil  (lue  ces  artisans  ont  fait  autrefois  un 
corps  de  métier.  On  lit  crespiniers  de  fil  de  soije, 
dans  la  Table  des  métiers  de  Paris,  (ms.  de  Meiniere, 
page  13.)  (-2) 

Crespioii,  siibst.  masc.  Sorte  de  poisson.  On 
lit,  dans  Rabelais  (t.  IV,  p.  254)  :  «  Crespions,  gou- 
«  geons,  barbues.  » 

Crespii".  [Intercalez  Crespir,  crêper,  au  Gloss. 
latin  7692:  «  Calamislrum,  esclice  à  crespir  les 
«  cheveus.  »]  (^.  e.) 

Crespiseors,  subst.  masc.  Il  n"est  pas  aisé  d'as- 
surer quelle  est  la  véritable  signification  de  ce  mot 
dans  le  passage  suivant,  peut-être  celle  de  fers  à 
friser.  Un  marchand,  faisant  le  détail  de  différentes 
choses  nécessaires  à  l'ajustement  des  femmes,  dit 
qu'il  a  : 

Escuretes  et  furgeores 
Et  bendeax,  et  crespiseors, 
Traineax,  pignes,  mii'sors 
Eve  rose  dont  se  forbissent. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  42,  V-  col.  3. 

Crespisois,  subst.  masc.  Monnoie  de  Crespi. 
«  A  Londres  en  Angleterre  un  esterlins, ....  a  Dijon 
«  un  dijonnois,  a  Soissons  un  soissonnois,  a  Crespi 
"  un  crespisois.  »  (Erberie,  ms.  de  S.  G.  fol.  90.  ) 

Crespissoinent,  subst.  masc.  Crépissure.  (Dict. 
de  Cotgrave  et  d'Oudin.) 

Crespu,  abj.  Frisé  *.  Fardé,  plâtré  ^.  Ridé  ^. 

*Nous  ne  trouvons  ce  mot,  au  premier  sens,  que 
sous  l'orthographe  crcs/ty.  On  lit,  dans  la  Chron.  de 
S.  Denis,  t.  I,  fol.  230,  les  crespij,  en  latin  calamis- 
trati,  dans  le  latin  de  Suger. 

°  Crépi,  en  termes  de  maçonnerie,  signifie  enduit 
de  mortier,  en  parlant  d'une  muraille.  On  a  dit 
autrefois,  au  ligure,  femme  crépie  de  couleur,  dans  le 
sens  où  nous  disons  encore  visage  plâtré,  couvert, 
enduit  de  rouge.  (Dict.  de  Cotgr.) 

'^On  appelle  aussi  cuir  crépi  un  cuir  auquel  on  a 
fait  venir  le  grain.  De  là  crépi  et  crépu,  pris  figuré- 
ment  pour  ridé,  dans  les  passages  suivans  :  «  Un 


"  front  ridé,  les  yeux  de  travers,  pleurans,  si  rouges 
«  qu'ils  ressembloientescarlalte,  lesJouesc)'es;«iÉ's, 
"  les  lèvres  renversées,  etc.  »  (Nuicts  de  Strapar. 
t.  I,  p.  337.)  »  11  regarda  au  rays  de  la  lune  son 
«  visaige  qu'elle  avoit  jaulne  vieil  et  crespy,  les 
<■  joues  pendant  aval.  »  (Percef.  vol.  Il,  fol.  30.) 

VARIA.NTES  : 
CRESPU.  Nuicts  de  Strapar.  t.  I,  p.  337. 
Crespy.  Percef.  vol.  II,  fol.  30. 
Crespi.  Dict.  de  Cotgrave. 

Cresse ,  suljst.  fém.  Graisse  *  (3).  Fleur  de 
farine  °. 

*  Ce  mot  est  pris  au  premier  sens,  dans  les  vers 
qui  suivent  : 

Car  les  larrons,  soubz  leur  chemise, 
Sont  bien  nourris,  et  plains  de  cresse. 

Poès.  MSS.  d'Eust.  Desch.  fol.  342,  col.  4. 

La  cresse  de  char  par  usaige 
En  chaleur  ne  se  puet  celer. 

Ibid.  fol.  285,  col.  4. 

On  disoitfig'urément  faire  cresse,  pour  s'engrais- 
ser, se  remplir,  être  plein  : 

....  Congnoissance  cesse 

Qui  de  tous  cuers  moult  deust  estre  chérie 

Parce  que  tuit  fout  d'avarice  cresse. 

Ibid.  fol.  C,  col.  2. 

^Oii  a  nommé  aussi  cresse  la  pure  tleur  defaiine 
dont  l'on  fait  \esoibles,  ador  en  lalin.  (  Glossaire  du 
P.  Labbe,  p.  480.) 

Cressemens.  [Intercalez  Cressemens ,  bois 
taillis,  dans  une  pièce  de  1298:  «  Item  les  griages 
«  de  la  chasteleiie  de  Meullent,  excepté  les  cresse- 
"  mens,  qui  se  estent  es  fiez  et  es  arrerefiez.  » 
(Du  Gange,  II,  055,  col.  1.)]  (n.  e.) 

Cresser,  verbe.  Croître.  On  disoit  autrefois  en 
cressant,  pour  signifier  dès  l'enfance.  C'est  en  ce 
sens  qu'on  lit  : 

.Je  coramensai  en  cresscnit  a  moi  trair 
Si  ne  fais  fors  crestre,  etc. 

Chaos,  fr.  du  XIII"  siècle,  MS.  de  Doubler,  ch.  142,  fol.  l.ïO,  F,". 

VARIANTES  ; 
CRESSER.  Ten.  de  Littl.  fol.  46,  V°. 
Crestke.  Chans.  MS.  du  xni«  siècle,  MS.  de  Bouh.  t"  159. 

Cressissunt,  adj.  Qui  rend  un  son  aigu  ;  pro- 
prement qui  imite  le  bruit  de  la  cresselle  ou  le  cri 
perçant  d'un  oiseau  de  ce  nom.  Ce  mot  est  mis  pour 
épithèle  de  gresillon  dans  les  Epith.  de  M.  de  la 
Porte.  Couds  cressiuans.  (Id.  Ibid.) 

VARIANTES  : 
CRESSISS,VNT.  Epith.  de  M.  de  la  Porte. 
Cressinan't.  Id.  Ibid. 

Cressol.  [Intercalez  Crcssol,  tombereau:  «  Les 
«  supplians  aVoient  fait  porter  certaine  quantité  de 
«  pierres  avecques  leur  crcssol  et  paire  de  beufz.  » 
(,!,(.  188,  p.  191,  an.  1455.)  (n.  e.) 


(1)  C'est  une  résille  qui,  au  xur  et  au  xiv«  siècles,  recouvre  la  coiffe  de  soie  enfermant  les  cheveux  des  dames  ;  au-dessus 
des  oreilles  sont  les  cornes  ;  autour  du  cou  est  la  touailte  rattachée  par  des  épingles  aux  cornes  pour  couvrir  le  cou  et  le 
menton.  Amyot  écrit  encore  au  xvi'  siècle  (Moral.,  IV,  198)  :  «  Il  contraignoit  les  jennes  garçons  à  porter  cheveux  longs 
comme  filles  et  des  crispities  et  autres  affiquets  d'or  par  dessus.  »  (N.  E.) 

(2)  «  Quiconques  veult  estre  crespî(î(e/'s  à  Paris  de  fil  et  de  soie,  c'est  assavoir  ouvrier  de  coiffes  à  dame,  et  toies  à 
orilliers^et  de  paveillons  que  on  met  par  dessus  les  autels,  que  on  fait  à  l'aguille  et  au  mestier,  estre  le  puet.  »  (n.  e.) 

(3)  Au  tib.  psatmor.  (p.  80,  xii"  siècle)  on  a  craisse  ;  dans  un  psautier  du  xiii"  siècle  (fol.  76)  on  lit  cresse,.  (n.  e.) 


CR 


—  381 


CR 


Cressonnière  ,  subst.  fém.  Marchande  de 
cresson  (1). 

Dido  vendoit  des  mousserons, 
Penthasilée  cstoit  cressonnière. 

Rabelais,  l.  II,  \\  2511. 

Crestal,  subst.  maso.  Cristal.  Ce  mot,  qui 
subsiste  au  pluriel  sous  la  dernière  ortliograplie, 
est  employé  comme  singulier  dans  ces  vers,  où  le 
poëîe  dit,  en  parlant  des  yeux  de  sa  maîtresse  : 

Cristaux  semble  avec  saur 
A  l'entrouvrir. 

Adans  li  Bocus  parmi  les  Poès.  fr.  MSS.  av.  1300.  1.  IV,  p.  1.H2. 

Moult  estoit  beax  li  damoiseax 
Plus  estoit  blans  que  nus  erilax. 

Flore  el  Blancli.  MS.  de  S.  Germ.  fol.  193,  V  col.  3. 

On  lit  crital  en  ce  sens,  dans  les  Ordonnances 
des  P..  de  Fr.  vol.  111,  p.  11. 

VARIANTES    : 
CRESTAL.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  360,  R"  col.  2. 
Crital.  Ordonn.  t.  III,  p.  11. 
Crita.x,  p/.  Flore  et  Blanchef.  MS.  de  S.  G.  f»  193. 
Cristaux,  pi.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t   IV,  p.  1412. 

Creste  ,  subst.  fém.  Aigrette  *.  Partie  d'un 
armel  ^.  Hauteur,  élévation  de  terre *^.  Inégalité  °  (2). 

*Ce  mot,  qui  subsiste  sous  la  première  orthogra- 
phe pour  signifier  une  excroissance  de  chair  rouge 
et  dentelée  que  les  coqs  ont  sur  la  tète,  conserve 
encore  plusieurs  significations  qui  dérivent  de  cette 
acception  propre  eî  primitive,  ainsi  que  celles  que 
nous  avons  marquées.  C'étoit  par  ressemblance 
qu'il  se  prenoit  autrefois  pour  aigrette  comme  en 
ce  passage  :  «  Ladamoiselie  si  futdegrant  beaulté, 
"  et  s'en  vient  devant  le  Roy  bien  appoiaclée 
"  (ajustée)  et  eut  cotte  et  manteau  d'un  drap  moult 
«  riche  de  soye  a  pennes  (fourrures)  d'ermines,  et 
"  elle  fut  à  un  las  de  soy  veullée  à  une  creste,  la 
«  creste  fut  grosse  et  longue  et  luysant.  et  clere.... 
«  quant  elle  vint  devant  le  Roy,  si  osta  la  guimple 
«  (voile)  de  son  chef  dont  elle  estoit  envelopée,  et 
«  la  gecta  devant  luy  à  terre.  "  (Lancelot  du  Lac, 
t.  I,  fol.  117.) 

^  Par  la  même  raison,  creste  désignoil  une  pièce 
de  fer  élevée  en  forme  de  crête  sur  le  haut  d'un 
armet  ou  d'un  morion.  (Dictionnaire  de  Monet.) 
«  Le  chevalier  du  dragon  le  prévint,  et  luy  donna 
«  autre  tel  (semblable)  coup  sur  la  creste  de  l'armet 
"  qu'il  la  luy  entama,  et  le  test  si  avant  que  force 
■■  luy  fut  cheoir  à  la  renverse.  »  (D.  Florès  de  Grèce, 
fol.  133.) 

"^Par  extension  de  ces  acceptions  particulières, 
ce  mot  s'est  pris  pour  hauteur,  élévation  de  terre. 
«  La  nature  du  lieu  où  il  arriva  estoit  telle  que 
«  droit  sur  la  marne  estoient  crêtes  ou  mnntai- 
<•  gnes  si  droitées,  etc.  »  (Triomphe  des  IX  Preux, 
p.  33*2.)  De  là  nous  disons  encore  crête  de  fossé  (3;. 


°  Enfin  ce  mot  a  signifié  généralement  tout  ce 
qui  empèclioit  une  chose  d'êli'e  égale  et  unie.  C'est 
en  ce  sens  que  l'on  a  dit  : 

Maçons  pierres  areondissent, 
Poi  i  lessent  boce,  ne  creste. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  03,  R'. 

VARIANTES    : 
CRESTE.  D.  Florès  de  Grèce,  fol.  133,  V». 
Crète.  Triomphe  des  IX  Preux,  p.  332,  col.  2. 

Cresteau,  SHte^  masc.  Créneau.  (Glossaire  de 
Du  Gange,  au  mol  Quarnellus.)  Fauchet,  des  Orig. 
livre  11,  page  107,  le  dérive  de  creste.  On  lit  en  ce 
sens  : 

Haute  tor  (tour)  faite  a  crestiaus. 

Falil.  .MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  241,  R"  col.  I. 

VAIUANTES  : 
CRESTEAU.  Tri.  des  IX  Preux,  p.  486,  col.  2. 
Crestiau.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  241,  R°  col.  1  (4). 

Crestelé,  adjectif.  Crénelé*.  Dentelé,  garni  de 
pointes^.  Frisé,  plissé'^. 

*  Sur  le  premier  sens  de  crénelé,  voir  les  Dict. 
d'Oudin  el  de  Cotgrave.  Ce  mot,  dans  cette  signifi- 
cation, s'est  formé  de  cresteau  ci-dessus,  et  dérive 
de  creste  dans  ses  différentes  acceptions. 

^  De  là,  ce  mot  s'est  dit  pour  dentelé,  garni  de 
pointes,  dans  les  passages  suivants  :  «  Receul  un 
«  coup  sur  la  teste  d'une  mace  crestelée ,  et  fut 
«  :djalu  de  son  cheval  au  milieu  de  la  presse,  et 
«  receul  plusieurs  coups.  »  (SIém.  d'Ol.  de  la  Mar- 
che, liv.  I,  p.  352.)  On  lit  (Ibid.  page  402)  :  «  Furent 
«  durement  recueillis  de  picqiies,  et  de  masses 
»  crestelées  (5)  par  les  dits  Gandois.  » 

'^Crestelé,  pris  pour  frisé,  plissé,  n'est  qu'une 
variation  d'orthographe  du  mot  creté  ci-après;  ils 
ont  tous  deux  le  même  sens.  •■  Les  poucelettes 
«  avoienl  les  cbeveulx  liés  plus  jaulnes  que  les 
«  jouvenceaulx,  et  si  avoient  enlour  leurs  careces 
«  estroïles  guimplettes  crestetées,  dont  les  cordons 
«  leur  gisoi'ent  (toraboient,  étoient  couchés)  sur  les 
«  espaules  derrier,  et  estoit  ce  qui  donnoit  a  con- 
«  gnoislre  les  pucelles  entre  les  jouvenceaulx.  •' 
(Percef.  vol.  11,  fol.  H7.) 

VARIANTES  : 
CRESTELÉ.  Percef.  vol.  II,  fol.  117,  V  col.  1. 
Cretelé. 

Crestor,  verbe.  Lever  la  crèle,  se  dresser,  s'éle- 
ver*. Friser,  plisser^. 

*Ce  mot  s'est  dit  au  premier  sens,  en  parlant  des 
lions  qui,  lorsqu'ils  sont  en  fureur,  hérissent  et 
secouent  leur  crinière.  «  Quant  leurs  lances  furent 
.'  faillies,  si  allèrent  aux  espoiz  et  bonnes  espéeset 
«  tellement  se  ferirentque  on  leur  fist  place  comme 
«  à  une  troppe    de  lyons    qui  les    verroit  bien 


(1)  C'est  aussi  une  mare  ;  «  Une  petite  mare  ou  cressonnière.  (JJ.  197,  p.  86,  an.  1469.)  (n.  e.) 

(2)  Creste  désigne  aussi  les  lattes  qui  recouvrent  les  chevrons  du  toit  :  «  Pour  un  millier  de  vergne  ou  creste 
parisis.  »  (Cart.  de  Corbie,  an.  1423.)  (N.  E.) 


.un.  solz 


(3)  On  lit  déjà  dans  Renart  (v.  811G)  :  «  Renart  ne  fait  pas  grand  sejor,  Ains  saut  sur  la  en 

(4)  On  lit  dans  Martène  (Ampl.  Coll.,  t.  I,  col.  1410,  an.  1303)  :  «  Pour  faire  voies  et  alées  entour  les  murs  as  cresiiaux,  as 


Froissart   (III ,   90)  donne  aussi  : 


■este  del  for.  »  (n.  e.) 
intour  les  murs  as  cr 
«  Chil  de  dedans  ne   s'osoient  apparoir   as 


tours  et  as  deffenses  de  ledite  ville. 
crestiaiix.  »  (N.  E.) 

(5)  On  lit  aussi  au  registre  JJ.  165,  p.  70,  an.  1410  :  «  Le  supphant  fery  icellui  Jacque  de  la  vireuUe  d'un  plançon  crestelé 
qu'il  portoit,  comme  l'en  fait  communément  au  pays,  qui  est  pays  de  frontière.  »  (n.  e.) 


CR 


382  — 


CR 


«  crester[\).  «  (Hist.  de  B.  du  (]uesi;lin  parMénard. 
page  203.)  De  là  on  disoit  se  Cfcster,  dyns  un  sens 
figure  pour  s'élever,  se  dresser. 

Li  poiiS  [lestent,  vers  lui  se  cnisle. 

l'arlon.  de  RI.  MS.  de  S.  G.  fol.  1G3.  V  col.  3. 
Garde  nous  d'anemis  que  vers  nous  ne  ^e  crête. 

Fahl.  MSS.  du  R,  11'  im.  fol.  2i7,  R-  col.  1. 

°La  seconde  acceplion  seremaniue  dans  les  vers 
suivans  : 

Elle  avoit  front  bien  compassé 
Blanc,  ouni,  large,  fenet^trié, 
Or  le  voi  crélc  et  estroit. 

Ane.  Poës.  fr.  MSS.  du  Vatican,  n-  l-iflO,  fol.  132,  V-. 

Ce  mot  est  employé  avec  le  second  sens,  dans  le 
passage  qui  suit.  [în  mari  jaloux,  repiocliani  à  sa 
femme  les  agaceries  qu'elle  fait  aux  galans,  lui  dit  : 

Ouy  pardieu  car  vous  les  temptez 

Ti'u'ng  tas  de  souhaits  ci-cctcs 

Et  voz  yeux  eu  font  les  poursuictes. 

Œuv.  de  Rog;.  de  Collerye,  p.  .iG. 

VAniANTKS  : 
CRESTER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  227,  R"  col.  I. 
Creter.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  ISO,  R»  col.  2. 
Cretter.  Poës.  MSS.  de  Froissart,  p.  204,  col.  1. 

Crester  (se)  ,  S'irriter  ,  s'animer  *.  Friser  , 
plisser^. 

'■Crête  se  dit  encore  figurément  pour  orgueil, 
fierté.  On  disoit  de  même  sr'  crester,  proprement 
dresser  la  crête,  pour  s'irriter,  s'animer. 

^  La  seconde  acception  se  remarque  dans  ce  vers  : 


Lor  dras  (habits)  font  creter,  et  tailler. 
Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol. 


,  R'  col.  2. 


(Voyez  Crester  ci-dessus.) 

VARIANTES  : 
CRESTER  (SE).  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f"  227,  R"  col.  1. 
Creter.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  180,  R"  col.  2. 
Cretter.  Poës.  MSS.  de  Froissart.  p.  204,  col.  1. 

Crestiennement.  [Intercalez  Crestiennement, 
baptême,  au  reg.  .1.1.  H8,  p.  219,  an.  139.'):  «  Ainsi 
«  que  le  suppliant  venoit...  du  crestiennement 
»  d'un  enfant.  »]  )n.  e.) 

Crestienner  (se).  [Intercalez  se  crcstienner, 
recevoir  le  baptême,  dans  Froissart,  éd.  Kervyn,  II, 
p.  341.]  (n.  e) 

Crestieiineté.  [Intercalez  Crestienneté,  bap- 
tême (.I.J.  1(J2,  p.  23G,  an.  1408):  «  Les  exposans 
«  mirent  l'enfant  sur  un  estai  au  devant  de  la 
«  maiso!)  Dieu  d'Amiens,...  et  assez  près  dudit 
«  enfant  misdreiU  du  sel,  en  signe  de  ce  qu'il 
«  n'estoit  pas  baptisié;...  lequel  enfant  reçeut 
«  crestiennelé  et  balesme.  »]  (n.  e.) 

Grestil,  stibst  masc.  Crête  de  mur.  Mot  langue- 
docien. (Dict.  de  Borel,  au  mot  Cresteaiix.) 

Crestin ,  subst.  musc.  Espèce  d'ustensile  de 
ménage.  (Nouv.  Coût.  Gén.  t.  Il,  p.  258.)  C'est  peut- 
être  le  même  que  crétin,  panier  ci-après. 

Crestine.  [Intercalez  Crestine,  débordement: 


"  En  celle  année  (584)  fu  si  grant  crestines  em 
«  Bourgoigne,  que  les  yaues  des  flueves  issirent 
«  borsdeschanes.  ••  (Dom  Bouquet,  III.  p.  2.")4.)  On 
trouve  aussi  crétine  au  reg.  .M.  05  bis,  p.  4,  an. 
1328  :  .(  Et  se  y  a  noeries  ou  crétine  d'yaue  y  venoit 
«  en  cas  periUous,  li  religieux  le  porroient  torner 
«  à  aler  enli'e  leur  dous  portes  pour  leur  dommage 
"  eschiver.  »]  (n.  e.) 

Creston,  subst.  masc.  Chevreau.  Ce  mot  a  cette 
signification  dans  le  l'or  de  Navarre,  til.  28,  art.  40. 
(Laiir.  Gloss.  du  Droit  fr.) 

Cresvis ,  subst.  masc.  Rupture ,  effraction. 
(Gloss.  de  l'IIist.  de  Bref)  Le  ci-esvis  de  maison  est 
mis  au  rang  de  plusieurs  sortes  de  crimes,  comme 
meurtre,  rapt,  dans  une  citation  de  Du  Cange,  Gloss. 
lat.  au  mol  Hoboria  sous  Robai^l). 

Cret,  sul)st.  masc.  Plége,  caution.  Mot  breton. 
(Du  Cange,  au  mot  Creanlure.)  Ce  mol  cret  est 
peut-être  une  faule  pour  alecret  (casque)  (3)dans  le 
jiassage  suivant  lire  d'une  Ordonnance  des  ducs  de 
Bourg,  de  1471.  On  lit  :  •■  Les  coulevriniers,  arba- 
>'  Icstriers,  et  picquenaires(piquiers)  seront  de  pied, 
«  et  auront  les  habillemens  tels  qui  s'ensuivent, 
«  assavoir  le  coulevrinier  (armé  d'arquebuse)  un 
«  haubergeon  (espèce  de  pourpoini),  l'arbalestrier 
«  un  haubergeon  et  le  cret,  et  le  picquenaire  un 
«  Jacques  (espèce  de  casaque)  ,  ou  haubergeon 
«  le  quel  qu'il  voudra,  et-s'il  choisit  le  haubergeon, 
"  il  aura  avec  un  glaçon,  et  auront  habillement  de 
«  teste,  chascun  selon  son  cas.  »  (Etat  des  Officiers 
du  duc  de  Bourgogne,  p.  288.) 

Crète.  [Intercalez  Crète,  friche  ou  broussailles, 
au  reg.  .M.  01,  p.  150,  an.  1321:  »  Pour  une  crête 
«  de  laquelle  l'en  li  souloit  rendre  sis  deniers  de 
«  cenz.  »]  (n.  E.) 

Creté,  adj.  Coquet*.  Plissé^.  Ridé'^. 

*Ce  mot,  au  premier  sens,  signifie  proprement 
(pli  a  une  crête.  De  là  pris  pour  coquet  dans  un 
passage  oîi  un  mari  jaloux  reproche  à  sa  femme  ses 
agaceries. 

Peut-être  ce  mot  est-il  mis  dans  le  sens  propre, 
en  cet  autre  passage  dans  lequel  le  poêle  a  voulu 
imiter  Catulle,  par  ses  regrets  sur  la  mort  d'un 
moineau.  On  peut  Cependant  l'entendre  aussi  dans 
la  signification  de  coquet  : 

Et  cretc,  plein  d'allégresse, 
S'en  venoit  vers  sa  maîtresse. 

Gilles  Durant,  à  la  suite  de  Ronnef.  pa^e  173. 

^  On  a  vu  crester  ci-dessus  pour  plisser.  Nous 
trouvons  cretis,  au  même  sens,  d;ins  ces  vers.  Le 
poëte  parle  d'une  fête  de  bergers  : 

Jupes  et  grêles  nretis 

Y  avoit  moult,  et  de  soye. 

Pocs.  MSS.  av.  1300,  t.  IV,  p.  1480  ;  Ibid.  t.  III,  p.  i08S. 

'^De  creté,  plissé,  naît  l'acception  figurée  déridé. 


(1)  Crester  est  là  poiu-  le  vulgaire  peigner  comme  au  reg.  J.T.  15i,  p.  754,  an.  1399  :  «  Je  te  crestcrai  si  bien  la  teste,  que  tu 
ne  trouvas  oncques  ribaut,  qui  si  bien  la  te  cretitat.  »  (N.  E.) 

(2)  «  Seront  et  demourront  quittes  et  paisibles  de  tous  cas,  crimes,  maléfices,  multres,  crcsois  de  maisons,  ravissemens 
de  femmes,  pilleries,  roberies.  »  (D.  Lobineau,  t.  II,  col.  G25,  an.  1381.)  (n.  e. 

(3)  Hallecret,  écrevisse  de  fer,  est  le  nom  de  la  cuirasse  des  couleuvriniers  au  temps  de  Charles  VIII  et  de  Louis  XII.  (N.  E.) 


CR 


383  — 


CR 


VARIANTES  : 
CRETE.  Poës.  MSS.  Vatican,  n°  1490,  fol.  13'2,  V». 
Crecté.  Œuv.  de  Roger  de  Collerye,  p   46. 
Creti.  Poës.  MSS.  av.  13()0,t.  IV,  p.  1380;  Ib.  t.  III,  p.  1088. 

Cretelete,  subst.  {ém.  Petite  crête.  (Dictionn. 
de  Monet.) 

Cretiaus,  &ubst.  masc.  plur.  Quoi  qu'il  soit 
difficile  de  fixer  le  sens  de  ce  mol  dans  le  passage 
suivant,  il  y  a  cependant  toute  apparence  qu'il  y 
signifie  hommes  en  général,  ou  plutôt  damoiseaux, 
gàlans,  que  l'on  auroit  ainsi  nommés  peut-être  par 
allusion  de  leur  allure  fière  et  assurée,  ;^  celle  des 
coqs  qui  vont  la  crête  levée.  On  trouve  au  sujet  des 
femmes  infidèles  ù  leurs  maris  : 

Saciés  raalement  se  desvoie  (s'égare) 
Feme  qui  a  cretiaus  se  loie  (lie) 

Anon.  parmi  les  Pois.  fr.  MSS.  atant  1300,  t.  IV,  p.  i'iît: 

Crétin,  subst.  masc.  Corbeille,  panier.  (Dict. 
Elym.deMéiiage.)(l)  »  Avoil  pareillement,  parmy  les 
«  tables,  auires  personnages  d'hommes  et  de  fem- 
«  mes  richement  etofez,  dont  il  y  avoit  les  aucuns 
.<  deux  à  deux,  portant  une  civière  :  autres  portans 
«  crétins,  et  paniers  sur  leurs  testes,  autres  por- 
"  tans  panniers  en  leurs  mains.  »  (Mém.  d'Olivier 
de  la  Marche,  liv.  II,  p.  583.)  Ce  mot  étoit  aussi 
employé  dans  cette  expression  métaphorique  :  Tater 
des  biens  du  crétin,  explitiuée  par  ces  mots  :  fouiller 
dans  la  paanetiere  de  sa  maîtresse,  que  l'on  a  vus 
plus  haut  pour  lui  mettre  la  main  dans  la  gorge. 
(Voy.  Fabri,  Art  de  Rhétor.  liv.  11,  fol.  il.  —  Voyez 
Cretixe  ci- après,  dans  le  même  sens.) 

Crétine,  sulist.  {ém.  Panier,  corbeille  *.  Piège, 
filet  ^.  Débordement  ,  inondation  '^.  AUuvion  , 
accroissement  °. 

*  Dans  le  premier  sens,  crétine  signifie  corbeille, 
panier,  ainsi  que  le  mot  Crétin  ci-dessus. 

Cuilliers  grandes,  cuiUers  petites 
Creti»c  pour  les  lesehefrites. 

Pots.  MSS.  d'Eusl.  Desch.  fol.  iO",  col.  2. 

^  Crétine  désigne  des  pièges  ou  filets  à  prendre 
les  bêtes,  dans  la  comparaison  d'Esaû  et  .lacob  : 

Ses  las  lendoit,  et  ses  crétines 
Pour  les  prandre,  et  o  l'arc  aussi. 

Poës.  MSS.  d'Eusl.  Descli.  fol.  538,  col.  i. 

'^  Ce  mot  signifie  débordement,  inondation  [c'est 
encore  le  sens  aux  environs  de  Caen  ;  voyez 
Crestine],  crue  d'eau,  dans  le  passage  suivant  : 

Cele  islete  qui  s'en  esseve 
Est  fi  haute  au  dessus  de  l'eve. 
Que  Saine,  par  nule  crétine 
N'a  povoir  d'i  faire  atine. 
Guill.  Guiarl,  sous  l'an  liOi,  cité  par  I)u  Gange,  G.  L.  au  mot  Mia. 

On  dit  encore  sur  les  bords  de  la  Loire,  des  prés 
crétines,  pour  désigner  des  près  dont  l'herbe  est 
gâtée  par  des  inondations. 


"  Enfin  on  a  pris  le  mol  crétine  pour  alluvion, 
accroissement.  (Laur.  Closs.  du  Dr.  fr.) 

Cretir,  verbe.  Voyez,  sur  ce  mot,  le  Dict.  Etym. 
de  Ménage  et  l'origine  qu'il  lui  attribue. 

Creton,  subst.  inasc.  Espèce  de  mets.  Ce  mets 
ètoit  fait  de  graisse  de  cochon.  Il  est  encore  connu 
dans  quelques  provinces.  (Dict.  d'Oud.  etile  Cotgr  )  (2) 
On  lit  dans  le  passage  suivant,  en  parlant  des 
chiens  :  ■■  Quand  vous  les  verrez  maigrir  leur  don- 
"  ner  du  potage  fait  avec  sein  de  cochon,  et  du 
»  creton  que  l'on  prend  chez  les  bouchers.  »  (Sain. 
Vénerie,  p.  237.) 

Cretonart,  subst.  musc.  Sorte  de  plante.  (Dict. 
d'Oud  in  et  de  Cotgrave.) 

Crettes,  subst.  {ém.  plur.  C'est  une  faute.  On 
lit  ailleurs  coetes\}0\n-  coites.  (Voyez  Villon,  p.  56.) 

Cretu,  adj.  Fort,  crèté.  (.Dict.  de  Monet.)  (3) 
Creu,  adj.  et  partie.  .\ccrédité,  qui  a  du  crédit*. 
Accru,  augmenté  °. 

*  On  a  dit ,  au  premier  sens  :  «  Après  que  le  roy 
«  Edouard  eut  fait  faire  ces  deux  grans  justices,  il 
"  priai  nouveaux  conseillers  des  plus  sages,  et  des 
"  mieux  creus  de  tout  son  royaume.  »  (Froissart, 
liv.  1,  p.  28.)  «  Ce  bourgeois  faisoil  toutes  les  pour- 
"  veaiices  de  la  comtesse  de  Moutfort  en  la  ville  de 
i<  Jugoi!,  et  autre  part,  et  estoit  moult  aimé,  eicreu 

«  dans  la  dite  ville il  estoit  tant  creu  en  la  ville 

«  qu'il  en  gardoitles  clefs.  »  (Ibid.  p.  100.)  [Edition 
Kervyn,  IV',  113.]  Remarquez  que  ce  mot  est  adjectif 
avec  cette  signification. 

^  Creu  se  'trouve  pour  accru,  augmenté,  dans  le 
passage  suivant ,  oii  il  est  participe  du  verbe 
crestre.  Au  sujet  de  poids  et  mesures,  on  trouve  : 
<■  Yceulx  pois  ne  seront  creuz  ne  amenusiez  (dimi- 
«■  nues.)  »  (Ordonn.  des  R.  de  Fr.  t.  III,  p.  576.  — 
Voyez  Crieux  ci- après.) 

Creiie,  subst.  {ém.  Augm,entation ,  accroisse- 
ment *.  Recrue  °. 

*  Au  premier  sens,  ce  mot  s'est  dit  pour  désigner 
tout  accroissement  en  général,  ou  augmentation 
d'impôts,  de  monnoies,  de  dépenses,  de  troupes,  etc. 
(Laur.  Closs.  du  Dr.  fr.i  (4) 

Ce  mot  s'est  dit  aussi,  dans  le  même  sens,  de 
l'augmentation  des  mets  aux  services  d'une  table. 
En  parlant  du  duc  de  Bourgogne,  on  dit  :  «  Arriva 
«  à  Yalenciennes  où  il  trouva  la  duchesse,  et  se  fit 
..  hors  la  dite  ville  un  tournoy  pour  sa  joyeuse 
«  venue,  et  y  eut  creiie  par  tous  les  offices.  » 
(Citron,  depuis  1/100-1476,  au  IV' t  de  Louis  XI,  de 
Theod.  (iodefroi,  p.  387.,,  C'est-à-dire  il  y  eut  aug- 
mentation de  plats  à  chaque  service,  et  ces  plats 


(1)  On  lit  aussi  dans  Froissart  (II,  492)  :  «  Grans  crétins  plas,  là  où  ces  femmes  qui  vont  au  marchiet  mettent  bures,  oefs 
et  fromages.  »  C'est  un  dérivé  de  l'ancien  baut-allemand  cretto,  aujouru'hui  kratte.  (x.  E.) 

(2)  On'lit  au  Gloss.  lat.  4120  :  «  Cremium  dicitur  sacrificium  ;  dicitur  etiam  gaUice  creton,  quod  fit  ex  carnibus 
assatis.  »  (n.  e.) 

(3)  Cretu  a  aussi  le  sens  de  crestelé  :  «  L'un  des  compaignons  avoit  ung  espie\i ,  l'autre  ung  cretu.  »  (.1.1.  189,  p.  354  , 
an.  1459.)  Au  reg.  .IJ.  195,  p.  915,  an.  1473,  on  lit  de  même  :  «  Ung  baston,  appelle  crclu.  »  (N.  E.) 

(4)  On  lit  dans  Carloix  (IV,  5)  ;  «  .loinct  les  ordinaires  commissions  des  creiies  et  reci  eues,  que  l'on  distribue  par  toutes 
les  provinces,  causées  sur  levées  des  deniers,  pour  la  subvention  de  ses  affaires.  i>  —  «  Qui  du  marchié  le  denier  à  Dieu 
prent,  écrit  Charles  d'Orléans,  Il  n'y  peut  mettre  ne  rabat  ne  creue.  »  (n.  e.) 


CR 


—  384 


CR 


d'augmentation  s'appeloient  plal  de  creiie  ou  crue. 
(Voyez  iliid.  page  370.  ) 

Ou  a  dit  :  président  île  la  nouvelle  crue  (Contes 
d'Kulrapel,  p.  Ci,  pour  siguilier  président  de  la 
nouvelle  création,  de  la  nouvelle  augmenlation. 

^  On  a  particularisé  cette  acception,  et  ce  mot 
s'est  pris  pour  recrue,  augmentation  de  troupes. 
«  L'empereur  liastoil  cependant  sa  creue  de  Uius- 
<■  quenets  en  toute  dilig-ence.  »  (Mém.  de  Du  Bellay, 
liv.  Y,  fol.  145.) 

V.iVRIANTI-.S   (i): 
CREUE.  Ord.  des  R.  Ue  Fr.  t.  IIl",  p.  18. 
Crue.  Mém.  de  SuUy,  t.  V,  p.  109. 

Creuler,  verbe.  Nous  ne  déterminons  pas  la 
signilicalion  précise  de  ce  mot,  dont  le  sens  s'aper- 
çoit assez  aisément  dans  le  passage  suivant,  où  un 
homme  qui,  à  cause  do  sa  dilloi-mité,  avoit  craint 
longtemps  de  prendre  des  engagemens  avec  des 
femmes,  dit  qu'il  avoit  enfin  surmonté  cette  crainte 
et  s'étoit  résolu  d'aimer  : 

Je  me  hardy,  et  grant  vouloir  creulay 
U'ainours  servir,  de  dames  honorer, 
Et  moy  même  en  tous  biens  engendrer 
Parquoy  laydeur  m'en  list  mins  d'ennuvté. 

Percef.  vol.  I,  fol.  78,  R-  col.  2. 

Créunient.  [Intercalez  Créument,  cruellement, 
dans  la  Chr.  des  ducs  de  Norm.,  v,  13584.]  (n.  e.) 

Creus,  adj.  Vide.  Il  semble  que  ce  soit  le  sens 
de  ce  mol,  dans  le  passage  suivant  où  il  est  employé 
figurément.  Le  pape  Boniface  VIII  ayant  convoqué 
un  concile  en  1300,  le  roi  défendit  au  clergé  de 
France  de  s'y  rendre  : 

Les  prelas  n'en  furent  pas  lié  (aises), 
Au  Roy  trestouz,  obéirent, 
La  charrue  devant  les  beus, 
Com  de  Dieu,  et  de  leur  foy  creus 
Et  au  temporel  se  retindrent. 

Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rora.  de  Fauv.  fol.  G5. 

Creusement,  subst.  mase.  Action  de  creuser. 
(Dict.  d'Oudin.) 

Creusequin.  [Intercalez  Creusequin,  sorte  de 
coupe,  aux  preuves  de  l'Hist.  de  Bourgogne  (t.  lll, 
p.  C3,  an.  1382):  ■  Ung  creusequin  d'or...  avec  le 
»  couvercle.  "  Dans  un  inventaire  de  lilô,  on  lit: 
«  Item  deux  petits  creusequins  d'or  lermans  en 
«  uianiered'une  boette,  pour  tenir  œufs  à  menger.  » 
Dans  un  inventaire  de  1410,  on  lit  aussi  :  «  Item  un 
«  grant  creusequin  de  madré  couvert,  les  bours 
«  garni  d'argent  doré. —  Item  un  autre  creusequin 
«  de  madré  non  garni.  •■]  (n.  e.) 

Creute,  subst.  fém.  Caverne,  souterrain.  Ce 
mot  a  celle  signification  en  ((uelques  pays.  (Du 
Cange,  au  mol  Cruta.  —  Voyez  Crot  ci-après.) 

Creva,  3'pers.  du  prêter,  de  l'indic.  Au  lieu  de 
ce  mot,  il  faut  peut-être  lire  greva,  c'est-à-dire 
vexa,  tourmenta,  dans  le  passage  suivant.  Le  pape 


ayant  accordé  des  dîmes  à  Pbilippe-le-Hardi,  ce 
prince  les  fit  percevoir  avec  tant  de  douceur, 

Qu'ome.  ne  famé  ne  rreva. 

Hisl.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  fol.  86. 

Crevace,  subst.  fém.  Ouverture.  C'est  le  sens 
de  ce  mot  dans  le  passuge  qui  suit  ;  «  Le  vent  qui 
«  f'rappoit  en  la  eosle  d'armes  du  chevalier  hiy  va 
«  lever  le  pan  de  devant  qui  destaclié  estoitde  celuy 
«  de  derrière  a  la  jousle,  et  la  porte  hors  du  col  du 
«  chevalier  par  la  crevace  qui  grande  estoit.  » 
(Percer,  vol.  I.  fol.  147.) 

Il  est  difficile  de  déterminer  le  sens  de  ce  mot 
dans  ces  vers.  L'auteur  dit,  en  parlant  du  jeu 
des  dés  : 

Qui  oncques  vit  plus  maleureus 
Que  je  suis,  j'ay  getté  un  deux 
Et  un  as  par  ceste  crevace  (2). 

Poi^s.  MSS.  d'Eust.  Dcscll.  fol.  2!13.  col.  1. 

Crevaine,  subst.  fém.  liepas  où  l'on  mange 
beaucoup,  jusqu'à  être  prêt  à  en  crever.  On  dit 
encore,  en  ce  sens  crevaille  (3),  mais  ce  mot  n'est 
que  du  style  familier. 

Miex  vault  le  cheval  Bertran 

Qui  souvent  menjue  (mange)  avaine 

Que  cil  qui  fait  la  crevaine. 

Ane.  Poc's.  fr.  MSS.  du  Vatican,  n"  1190.  fol.  M8,  V°. 

Crevassière,s^/bs^/■e'H^.  Crevasse.  (Dict.  d'Oud.) 

Crevé,  partie.  Ouvert  *.  Mort  ^. 

*  On  peut  dire  que  ce  mot  subsiste  encore  au 
premier  sens.  Il  diffère  cependant  par  l'idée  d'effort 
et  de  violence  qu'il  exprime.  Aujourd'hui  on  ne 
diroit  plus  : 

Chascun  devant  son  tref  (tente)  se  gist,  guele  baée, 
Et  reçoit  le  serain  (soir)  qui  cliiet  a  la  vesperée 
11  n'y  a  chevalier  qui  n'ait  bouche  crevée. 

Notice  du  Rom.  d'Alex,  fol.  5i. 

^  Il  semble  que  crevé  signifie  mort  dans  les  vers 
suivans  : 

Autrement  eust  esté  crevé 
Charles,  s'il  ne  fust  relevé  (4). 

Hist.  de  Fr.  .î  la  suite  du  Rora.  de  Fauv.  fol.  S8. 

Le  peuple  dit  encore  :  crever  comme  un  mous- 
quet ou  simplement  crever,  pour  signifier  mourir 
d'indigestion,  d'apoplexie  ou  de  quelque  autre  mort 
semblable. 

Crevecoeur,  subst.  masc.  Espèce  de  pertui- 
sane  (5),  suivant  le  Dicl.  de  Borel,  au  mot  Jaseron, 
où  il  met  le  mot  de  crcvequin  au  lieu  de  crenequin. 
Il  croit  que  crevecœur  est  la  même  chose,  mais 
crenequin  signifie  arbalète. 

Crevement,  s«/^s/.  masc.  L'action  de  crever. 
(Dict.  d'Oudin.) 

Crevequiii,  subst.  masc.  Voyez,  sur  ce  mot,  le 
Dict.  de  Borel,  au  mot  Jaseron.  Il  paroit  que  c'est 
une  faule  ])Ouv  crenequin  ci-dessus. 

Crever,  verbe.  Crever,  faire  crever'.  Poindre^. 

*  Ce  mol,  qui  subsiste  sous  la  première  ortho- 


(ll  On  lit  déjà  dans  .Toinville  (^  1S8)  ;  «  Ne  ne  sait  l'on  dont  celle  creae  vient,  mais  que  de  la  volentei  Dieu.  »  (N.  E.) 

(2i  C'est  aussi  une  maladie  dtis  chevaux.  (Du  Cange.  Il,  <i.ô6,  col.  2,  sous  Crepatiœ.)  (ti.  E.) 

C?)  «  Estitnant  qu'en  iceluv  pavs  festin  on  nomniast  crcvailla.  »  (Rabelais,  V,  17.) 

(i)  On  lit  dans  Renart  (v.  14370)  :  «  En  ort  leu  m'orent  ostelé  ;  De  poor  dui  estre  crevez.  »  (N.  E.) 

(."))  On  lit  dans  Partonopex .  d'après  Dochez  :  «  Mais  corrox  qu'en  a  de  s'amie.  Cil  corroz  a  nom  crwvecuer.  «  (N.  E.) 


CR 


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CR 


graphe,  nous  fournit  une  remarque  sur  l'usage  ufon 
en  a  fait,  au  premier  sens,  dans  les  vers  ([ui  suivent: 

Por  le  vilain  crever  d'envie, 
Chanterai  de  cuer  liement. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  1218,  fol.  îKi,  K»  col.  2. 

C'étoit  un  supplice  assez  ordinaire  ,  sous  la 
seconde  race  de  nos  rois,  de  crever  les  yeux  aux 
criminels.  C'est  peut-être  par  allusion  à  ce  supplice 
que  le  poëte  dit,  dans  le  passage  suivant  : 

Médisans  grevé  m'ont. 

Diex  leur  pait  l'iir  dete, 

Si  leur  criel  les  ieus  du  front  : 

Adonc  en  pais  seront  amoretes. 

Chaos.  Fr.  du  Xlll*  siôcle,  HS.  de  Bouli.  cli.  C.S,  fol.  HT,  V. 

Ce  verbe  est  actif  dans  les  passages  que  nous 
venons  de  citer.  Il  s'employoit  aussi  comme  neutre 
dans  le  sens  subsistant  de  crever,  mais  nous  ne  lui 
trouvons  celle  signillcalion  que  sous  l'orlhographe 
criever. 

°  On  disoit  crever  et  criever,  au  second  sens,  en 
parlantde  l'aurore  lorsqu'elle  commence  à  paroitre 
et  cju'elle  perce,  pour  ainsi  dire,  l'épaisseur  de 
l'obscurité  (1).  Nous  nous  servons  du  mol  poindre 
dans  celle  s'gnilicalion. 

Lues  leva  sus  que  creva  l'aube. 

HisU  de  S"  Léoc.  MS.  de  S.  G.  fol.  28,  V-  col.  1. 

Se  vont  reposer  et  doi'mir 
Jusqu'au  malin  que  l'aube  rrieve. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  "615,  l.  II,  fol.  125,  V"  col.  1. 

La  signification  de  ce  mot,  dans  le  passage  sui- 
vant, paroil  diflicile  ù  déterminer.  Auroit-on  voulu 
désigner  par  cette  expression  terres  à  crever  les 
terres  propres  à  élre  labourées,  parce  que  labourer 
la  terre  c'est  l'ouvrir  avec  le  soc  de  la  charrue  : 
«  Terres  qui  sont  a  cens  rémanent  (demeurent) 
«  a  cens,  se  ils  sont  raisonnables,  et  les  terres  qui 
«  sont  algier  (pour  friche)  rémanent  algier,  et  les 
«  terres  qui  sont  à  crever,  il  les  poent  crever 
i  algier.  »  (Coût,  de  Berry,  p.  103.) 

V.\R1.\NTKS  : 
CREVER.  Orth.  subsiFilanle. 

Criever.  Loix  \orni.  art.  '21.  [«  Si  alcuns  cricve  l'oil  à 
l'allre.  »] 

Crevesangle  (à),  express,  adverbiale.  Exces- 
sivement. On  a  dit  manger  à  crevesangle,  pour 
manger  excessivement,  jusqu'à  en  rompre  sa  cein- 
ture. ;Oudin,  Curios.  franc.) 

Creveure,  subst.  fém.  Crevasse,  fenle*.  Abou- 
tissemenl°. 

*  On  lit  au  premier  sens  :  «  Mist  son  cief  parmi 
«  une  creveure  de  la  lor  qui  vielle  estoit  .  et 
"  ancienne,  si  vi  .\ucassinqui  la  dedans  pleuroit.  » 
(Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7989,  fol.  72.) 

^ Dans  la  seconde  acception,  on  disoit  creveure 
d'apostheinc,  en  latin  crepatttra.  (Vovez  Du  Gange, 
Gloss.  lat.) 


Crevice,  siihst.  fém.  Ecrevisse.  (Eust.  Desdi. 
fol.  'i86.)  (2) 

variantes: 
CREVICE.  Eust.  Desch   Poës.  MSS.  fol.  480,  col.  1. 
Crevisse.  Molinet,  p.  194. 

Greviciaul.x,  subsl.  masc.  plur.  Petites  écre- 
visses.  (Poës.  mss.  d'Eust.  Desch.  fol.  1:38.) 

Crezé  ,  subst.  masc.  Espèce  d'étoffe.  C'est 
peut-être  celle  que  nous  appelons  croisé.  Nous 
trouvons  ce  mot  dans  le  passage  qui  suit  :  «  Bien- 
«  tôt  se  présenta  mon  dit  seigneur  le  baslard  sur 
»  un  cheval  couvert  do  drap  d'or  cramosy,  a  une 
•'  bordure  découpée  do  cre:i4  blanc.  >■  (Mém.  d'Ol. 
de  la  Marche,  liv.  Il,  p.  .5!ï8.)  On  trouve  croi:ié  de 
Flandre,  espèce  d'élolfe  dans  le  Dict.  d'Oudin. 

Crezieu,  subst.  masc.  Lampe.  Ce  mot,  qui  vient 
de  creux,  comme  creuset,  cruche,  etc.,  a  élé  souvent 
employé  pour  désigner  une  lampe.  (Duchal,  sur 
Kab.  t.  H,  p.  54,  note  20.)  «  Il  avoit  aussi  préparé 
"  une  sallade  composée  de  plusieurs  sortes  d'her- 
«  bes.  y  jetlant  un  peu  de  sel  dessus,  eldu  vinaigre, 
«  et  quelques  gouttes  d'Iiuile  tirées  du  crezieu 
«  lequel  il  reservoil  pour  seulement  rendre  ses 
'<  salades  plushoiiorables  pour  ceuxqui  levenoient 
"  veoir.  »  (Merlin  Cocaie,  t.  1.  p.  43.)  Dans  le  pas- 
sage suivant,  l'auteur  parle  des  savans  : 
Qui  au  cruifiel  tote  nuit  veille. 

Hist.  de  S"  I.éocade.  JIS.  de  S.  G.  fol.  30,  R*  col.  î. 

VARIANTES  : 
CREZIEU.  Merlin  Cocaie,  t.  I,  p.  43. 
Creziou,  Creziu,  Grisou.  Crizou. 
Croisel.  Poës.  d'Al.  Chart.  p.  592. 

Cruisel.  Hist.  de  S"  Léoc.  M3.  de  S.  G.  fol.  30,  R»  col.  .3. 
Cruzeui.  [on  trouve  aussi  la  forme  creuseul]. 

Cri,  subst.  masc.  Bruil,  renom,  réputation*. 
Chanta 

*  Ce  mot  subsiste  sous  la  première  orlhograplie. 
mais  il  ne  s'emploie  plus  dans  les  significations  que 
nous  venons  de  marquer  (3).  On  disoit  cri  pour 
renom,  réputation,  soit  en  bonne,  soit  en  mauvaise 
part. 

Peu  vaut  amours  dont  est  noise,  ne  rris. 

Poés.MSS  av.  1300,  t.  III,  p.  ^^M. 
Vous  dictes  bien,  mais  j'aroy  lors  le  rri 
Que  je  mescroy  ma  femme  aucunement. 

'Poès.  MSS.  d'Eust.  Desch.  fol.  233,  col.  1. 

°  Cri  est  pris  pour  chant  dans  le  vers  suivant  : 

L'aloé  ch.ant  a  doux  rris. 

Anonyme  parmi  les  Pocs.  fr.  MSS.  avant  1300,  t.  IV.  p.  I.".02. 

Ce  mot  cri  se  trouve  employé  dans  plusieurs 
expressions  en  usage  autrefois  : 

1°  Cri  de  paon  étoit  une  sorte  d'injuie. 

Orgueil  de  serf,  ueil  de  larron, 
Langue  de  leu,  cri  de  paon. 

Parton.  de  Bl.  MS.  de  S.  Gonn.  fol.  164,  H-  col.  1. 

2°  On  nommoit  cri  d'armes,  ou  simplement  cri 


(1)  On  lit  encore  dans  Froissart  (VII,  396)  :  «  Chils  débas  dura  dou  point  dou  jour  que  li  aube  crieuxce  jusques  à  nonne.  >■ 
Comparez  l'anglais  break  of  day.  (N.  E.) 

(2)  Dans  son  nntable  eiiseirjnement  :  «  Crecices  que  on  cuit  en  vin.  »  On  lit  aussi  dans  l'hist.  occid.  des  Croisades  (I,  584)  : 
«  Ce  sinne  que  l'en  claimme  crevice.  »  C'est  aussi  le  nom  de  l'armure  dite  liallecrel  :  «  Icellui  Aubry  se  arma  d'une  crevisse, 
d'un  arc,  de  cinq  flèches  et  d'un  braquemart.  »  (.1,1.  207,  p.  291,  an.  1482.)  (N.  E.) 

(3)  On  lit  encore  au  Roman  de  Rou,  ms..  p.  f>5  :  «  Li  quens  Ernouf  en  ont  de  traïson  grant  cri,  Mais  onques  por  le  blasme 
le  chastel  ne  guerpi.  »  (n.  e.) 

IV.  49 


CR 


—  386  - 


CR 


la  devise,  les  mots  qu"on  crioit  dans  les  armées 
pour  faire  recoiinoitre  le  seigneur  qui  commandoit 
ou  an  nom  de- qui  on  commandoit.  (Mil.  Fr.  du  P. 
Daniel,  t.  I,  page  335.  —  Voyez  Ckier  dans  le  même 
sens  ci-après.) 

3°  Cri  de  l'église  (1)  se  disoil  pour  publication  l'aile 
dans  ré2;lise  et  même  pour  étendue  d'une  paroisse, 
dans  l'église  de  laquelle  se  font  les  publications. 
C'est  en  ce  second  sens  qu'il  est  pris  dans  le  pas- 
sage suivant  :  »  N'est  que  le  demandeur  fut  estran- 
>'  ger,  et  demour;int  liors  des  cris  de  reylisc  du  dit 
«  Commines,  (jue  lors  a  toute  beure  on  administre 
•'  a  iceux  estrangers  justice  a  tels  jours  qu'ils  le 
"  requièrent.  »  (Coût,  de  Commines,  au  Coût.  (;én. 
t.  II,  p.  1)27.) 

4°  Cri  des  fesles  pour  l'annonce  ou  publication 
des  fêles.  «  Les  cris  des  fesles  appartiennent  aux 
«  bauts  justiciers,  et  quand  nostre  dit  seigneur  est 
"  baut  justicier  avec  autres  hauts  justiciers,  le 
'<  sergent  du  dit  seigneur  duc  en  fait  les  criées,  et 
-'  se  nomme  le  dit  seigneur  duc  le  premier,  et  les 
"  autres  après  luy  :  et  neantmoins,  si  la  seigneurie 
"  est  indivisée,  se  fera  le  cry  par  le  sergent  ordi- 
«  naire  d'icelle,  lequel  nommera  Monseigneur  le 
«  premier,  et  les  autres  sieurs  après.  »  (Coût,  de 
Bar,  au  Coût.  Cén.  t.  II,  p.  1033.) 

5°  Ciy  du peron  désigne  peut-êlre les  publications 
qui  se  faisoient  sur  le  perron  qui  étoit  ordinaire- 
ment devant  les  églises  et  les  cbàleaux.  «  Pour 
"  avoir  bonne  expédition  es  enquestes,  et  causes 
«  criminelles  qui  se  dresseront  par  devant  les  deux 
"  membres  de  la  loy,  et  de  la  franchise,  sera  par 
«  nous  estably  un  greffier  especial,  expert  et  fldel, 
"  et  qui  ne  vacquera  ù  autre  charge,  ou  office  que 
"  des  dites  causes  qui  s'esmouveront  par  loy,  et 
"  par  franchise,  et  commencera  son  exercice"  dez 
"  au  cri  du  peron  et  enqueste,  et  durera  jusques 
«  aux  sentences  et  exécution  d'icelles  inclusive- 
«  ment.  »  (Cont.  de  Liège,  au  Coût.  Gén.  tome  II, 
page  980.) 

(j"  Cri  de  la  terre.  Nous  trouvons  cette  expression 
figurée  dans  le  passage  suivant,  où  le  mot  cry  sem- 
ble expiimer  ce  sentiment  intérieur  et  naturel  que 
fait  nailre  le  danger  de  nos  compatriotes  exposés 
dans  un  pays  élranger  ;  «  Li  cuens  deBelhune  qui 
«  estoil  demoré  en  Conslantiuople,  et  un  cardinal 
"  mandèrent  tous  les  Latins  qui  estoient  lors  a 
"  Constantinople,  et  les  firent  assembler  por  com- 
"  mande  que  cbascun  fust  appareillié  pour  soi  def- 
'  fendre,  si  veoit  que  mestier  l'en  fust,  car  a  chascun 
«  Latins  qui  estoient  lors  a  Constantinople  estoient 
«  il  lors  C  Grisons,  et  si  avoit  le  cri  de  la  terre.  » 
(Contin.  de  G.  de  Tyr,  Marlène,  t.  Y,  col.  072.) 


1°  Cry  ou  jeu  semble  signifier  annonce  ou  affi- 
che d'une  pièce  de  théàlreque  dévoient  représenter 
les  gens  de  la  Bazoche.  «  Après  avoir  veu  par  la 
«  coui'  le  cry.  ou  le  jeu  présenté  à  icelle  par  les 
«  receveurs  de  la  Bazoche  pour  jouer  jeudv  pro- 
"  cbain.  »  Dans  un  arrêt  du  Parlement  de  1538. 
rapporté  dans  l'IIist.  du  Th.  fr.  t.  M,  p.  110,  note, 
Ibid.  p.  117,  on  voit  plusieurs  de  ces  cris,  annon- 
ces ou  affiches,  p.  204. 

8°  Cry  de  ta  nuit  signilioit  le  mot  du  guet.  (Mil. 
fr.  du  P.  Daniel,  t.  I,  p.  192.)  «  Us  savoiênt  le  cry 
«  de  la  nuit,  quant  ilz  oyrent  leurs  gens,  ils  deman- 
"  derenl  qui  vive,  et  ilz  respondirent  S.  Michel 
«  Parvencbieres  qui  esloit  le  (Tî/  delà  nuit.  «  (Le 
Jouvencel,  .ms.  p.  213.) 

9°  Cry  de  feu  et  de  meurtre.  L'action  de  crier  au 
feu  et  au  meurtre.  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 

10^  .'l  cri  et  cor  est  «  une  allusion  tirée  de  la 
«  cliasse  pour  dire  bien  haut,  et  de  toutes  maniè- 
«  res.  »  (Gloss.  de  Marot.)  .Nous  disons  encore,  au 
même  sens,  appeler  à  cor  et  ù  cri  (2). 

il"  Avoir  ne  cri  ne  nom.  C'est  n'avoir  rien  du 
tout. 

Que  vos  aurez  ne  cri,  ne  nom. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  88,  R'  col.  3. 

12°  Vivre  a  cri  et  cor  signifioit.  dans  un  sens 
figuré,  avoir  beaucoup  de  célébrité.  (Contredits  de 
Songecr.  fol.  18.) 

VARI.\NTES  : 
CRI.  Poës.  MSS.  (JEust.  Desch.  fol.  233,  col.  1. 
Cry.  Coût,  de  Liège,  au  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  980. 
Cri.  Loix  Norm.  art.  33,  dans  le  latin  clamor. 
Crit.  s.  B.  Serai,  fr.  MSS.  p.  219,  enlat.  vagitus  et  clanwr. 

Criage,  stibst.  masc.  Criée,  proclamation  (3).  (Du 
Cange,  Gloss.  lat.  aux  mots  Cridagium  et  Crida.) 
«  Les  peut  tous  faire  vendre  maintenant,  l'un  après 
»  l'autre,  au  criage  audit  criour,  et  dire  les  trois 
"  mots,  et  livrer.  »  (Assis,  de  Jérusalem,  p.  9C.  — 
Voyez  une  citation  rapportée  par  Du  Cange,  au  mot 
Bulicularius.) 

Criai.  [Intercalez  Criai,  cruel  (Cbron.  des  ducs 
de  Norm.,  v.  020).]  (>-.  e.) 

Criart,  adj.  Qui  crie.  Ce  mot  est  pris  pour  qui 
hennit,  dans  le  vers  suivant  : 

Aux  champs  fuz  criart. 

Clém.  Marot,  p.  23  el  2i. 

Ci'iator,  subst.  masc.  Créateur. 

A  Dieu  pri-ge  le  verrai  (vrai)  cria!or. 

Anonjme  parmi  les  Poéà.  fr,  MSS.  av.  1300,  t.  IV,  p.  iri37. 

Cribelle,  subst.  fém.  Crête.  (Borel). 

Criblage,  subst.  masc.  Criblure.  (Oudin,  Dict.j 

Cribleux,  adj.  Fier,  hautain.  Ce  mot  vient  peut- 
être  de  celui  de  Ckibelle,  crête,  ci-dessus.  On  le  trouve 


(1)  On  lit  aussi  dans  Froissart  (II,  127)  :  «  Si  fu  fais,  de  par  le  roi,  uns  bans  et  uns  cris.  »  (N.  E.) 

(2)  On  lit  déjà  dans  Coquillart  (Monol.  de  la  botte  de  foin)  :  «  Elle  m'a  faict  souvent  monter  A  cheval,  faire  mes  efforts  , 
.\Uer,  chevaucher,  tempester,  Et  courir  à  cry  et  à  cor>:.  »  (n.  e.) 

(3)  Ce  mot  a  deux  autres  sens  ;  i"  Office  de  crieur  public  :  «  Jehan  Giraut  crye  de  Gengay...  à  cause  de  mon  office  de 
criage,  ay  et  tiens...  sur  le  prieurté  de  S"  Maurice  de  Gençay  huit  deniers  de  rente,  pour  appeller  et  faire  venir  les  gens  au 
service  de  saint  église,  le  Jeudi,  le  Vendredi  et  le  Samedi  de  la  sepinaine  sainte.  »  (Du  Cange,  II,  661,  col.  1,  an.  1403.)  2»  Le 
droit  dû  pour  la  publication  du  vin  vendu  au  détail  :  «  Chacun  tavernier  de  la  devant  dite  terre  S.  Nicolas  est  tenu  de  nous 
rendre  et  poier  chascun  an,  pour  chascun  tonneau  que  il  vent  en  l'an,  maille  pour  criage  et  nous  sommes  tenuz  de  faire 
crier  leur  vin  à  leur  requeste.  »  (Du  Cange,  II.  600,  col.  1,  an.  1289.)  (n.  e.) 


CR 


—  387  — 


CR 


dans  le  passage  suivant:  «  C'est  un  gentilliomme 
Cl  qui  a  bien  de  quoi,  et  n'est  h  croire  que,  pour  espe- 
«  rancede  profit,  il  se  mita  faire  telles  entreprises; 
«  il  est  connu  pour  personnage  cribleux,  et  résolu, 
«  haut  et  hardi  à  la  main  :  c'est  celui  qui  lua  le 
«  sieur  de  Mouy  parmi  toutes  ses  troupes.  »  (Mém. 
de  Villeroy,  t.  Vil,  p.  180.) 

Gribre,  subst.  masc.  Crible.  On  a  dit  le  paijn 
cnbre  pour  désigner  peut-être  le  pain  fait  avec  du 
blé  passé  au  crible.  «  Le  payn  de  Treyt  peise  u  gas- 
"  telz,  le  payn  de  toutz  blées  peise  deux  coketz  ,  le 
«  payn  cribre  peise  un  gastel  et  demy.  <•  (Britt.  des 
Lois  d'Angl.  fol.  74.) 

Cribunel.  [Intercalez  Cribunel,  dans  Renart, 
V.  20541  : 

Puis  le  prent  par  le  cribunel.]  (N.  E.) 

Cricet,  subst.  masc.  Petit  cric.  Le  cric  est  une 
espèce  de  machine  cl  soulever  desfardeau.x.  ■•  Machi- 
«  nés,  grues,  capestans,  singes,  moufles,  chèvres, 
«  moutons,  guindals.  ericet,  manivelles,  charriots, 
«  etc.  »  (Mém.  de  Sully,  t.  XI,  p.  483.) 

Crichet,  subst.  masc.  Petit  cheval.  Nous  disons 
criquet  dans  le  style  familier  :  ••  Dous  sunt  perce- 
«  ners  (deux  sont  possesseurs  en  commun)  d'un 
«  crichet,  e  est  l'un  eraplaidé  (en  procès,  ajourné) 
«  sans  l'altre,  e  per  sa  folie  si  pert,  etc.  »  (Loix  de 
Gudlaume  le  Bâtard,  citées  par  Du  Gange,  au  mot 
hnpiacitare,  sous  Placitum.) 

Cricilasie,  subst.  fém.  Jet  de  cercle  de  cuivre 
à  jouer  et  exercice  de  tel  jeu.  (Dict.  de  Monet.) 

Cricon-criqiiette,  sut}st.  fém.  On  a  dit  autre- 
fois dans  un  sens  obscène  faire  lacricon  criquette. 
(Oudin,  Curies,  franc.) 

Cridat,  3'  pers.  de  Vind.  prés.  Crie.  C'est  la 
signification  de  ce  mot  dans  le  patois  de  Cahors. 
(Borel,  au  mot  Glouper) 

Cridex.  Voici  le  passage  où  nous  trouvons 
ce  mot  : 

Si  monta  sor  son  destrier 
Et  prent  l'escu,  et  l'espiel  (espée) 
Me  garda  cridex.  Ses  pies 
,     Bien  li  tissent  cstriers. 

Kabl.  MSS.  du  R.  n"  TÏ«S,  fol.  7i,  V'  col.  1. 

Crie,  subst.  fém.  Criée,  publication  *.  Crieur 
public  ^. 

*  Dans  le  premier  sens,  on  a  dit  :  <■  En  suhhas- 
«  tacion  d'aulcuns  hérilaiges,  fault  que  la  dicle 
»  subhastacion  se  face  solempnelment  par  justice, 
"  et  par  crie  solempnelle  par  les  carrefours  de  la 
<■  ville.  »  (La  Thaumass.  Coût,  de  Berry,  p.  '297.)  On 
ap[>eloit  la  pierre  de  la  crie  la  pierre  sûr  lariuelle  on 
faisoit  les  criées  ou  publications.  (Laurière  ,  Gloss. 
du  Droit  fr.  ) 

^  Il  est  plus  singulier  qu'on  ait  dit  la  crie,  pour 
désigner  le  crieur  public  :  »  Ouant  aucune  chose 
»  imnieublo  est  exposée  vénale  les  cri  sont  faits  a 


«  son  de  trompe,  et  par  la  crie  de  ladite  ville  appelé 
«  un  sergent  qui  après  que  la  trompette  a  sonné  lit 
"  de  mot  a  mot  la  forme  du  cry  accoustumé  en  la 
«  dite  ville,  et  la  dite  crie  le  prononce  et  profère  a 
<■  haute  voix.  »  (Cout.de  Bayonnc,  au  Coût.  Gén. 
t.  Il,  p.  715.)  On  lit  à  la  marge  :  «  La  crie  est 
"  autant  que  prœco.  »  On  lit  ce  mot  dans  le  même 
sens,  ibid.  plus  bas.  (Voyez  Laurière,  Glossaire 
du  Droit  fr.  ) 

Criée,  subst.  fém.  Henommée  *.  Clameurs, 
cris^  (1).  Voyez,  sur  ce  mot.  Du  Cange,  G.  1.  au  mot 
Crida  ;  les  Ordonn.  des  R.  de  Fr.  t.  I,  p.  -iGB. 

*  On  a  ditme'^pour  renommée,  réputation,  dans 
le  passage  suivant  :  ■■  L'Engloiz  avoil  signint  criée, 
«  que  chacun  luy  donnoit  l'onneur.  »  (llisl.  de  B. 
du  Guescl.  par  Ménard,  p.  232.) 

^  Criée  signifie  clameurs,  cris,  en  cet  endroit  de 
Froissart  où  ,  parlant  des  masques  habillés  en 
sauvages,  qui  furent  brûlés  par  accident  dans  un 
bal,  en  1392,  il  dit  :  «  Tel  mechef,  douleur  &[  criée 
«  avoit  en  la  salle  qu'on  ne  savoit  auquel 
«  entendre.  »  (Froissart,  liv.  IV,  p.  172.) 

Dont  recommença  la  criée, 

Flora  li  rois,  plora  sa  suer  (sœur). 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  240. 

Ce  mot  se  prenoit  aussi  en  bonne  part,  pour  cri 
de  joie,  de  victoire  :  «  Beriran  le  rencontra  de  si 
«  grande  puissance  qu'il  luy  porta  le  heaume  (cas- 
«  que)  par  terre  plus  de  12  piez  loingz,  de  ce  coup 
«  fut  grand  cryée  par  les  heraulx.  »  (Tri.  des  IX 
Preux,  p.  501.) 

VARIANTES  : 
CRIÉE.  Hist.  de  B.  du  Guescl.  par  Ménard,  p.  232. 
Cryée. 

Criement,  subst.  masc.  Cri,  clameur,  publi- 
cation. 

VARIANTES  : 
CRIEMENT.  Chron.  fr.  MS.  de  Nangis,  sous  l'an  1227. 
Criemant.  Dict.  de  Monet. 

.  Crien.  [Intercalez  Crien,  droit  au  grain  tombé 
des  gerbes  jiour  le  charroi  de  la  dime  (Cartulaire 
de  S'  Martin  de  Pontoise,  an.  1330)  :  ><  Comme 
«  Pierres  Daniel  et  .lehannin  Dardel...  disoient 
«  qu'eulz  et  leurs  prédécesseurs  eussent  ou  aient 
«  accoustumé  et  de  lonc  temps  à  prendre,  à  avoir 
«  et  à  recevoir  les  trois  partis  du  crien,  qui  estoit 
«  fait  du  grain  venant  à  la  grange  demeresse  du 
«  terrouoir  de  Menouville,  duquel  grain  l'en  eust 
«  acoustumé  à  faire  crien;  lequel  crien  les  gens 
«  de^diz  escuiers  eussent  fait  ou  fesoient  aucune 
«  foys  outrages  et  en  excessive  quantité  amenui- 
«  sant  les  parties  de  le  disme.  »]  (n.  e.) 

Crier,  verbe.  Orthographe  subsistante.  Publier, 
divulguer*.  Hennir  ^.  Voyez  Oudin,  Curios.  fr.  et 
Du  Cange,  Glossaire  latin,  au  mot  Criare  et  au  mot 
Inclamare  (2). 

*  Ce  mot  subsiste  avec  plusieurs  acceptions  ;  il 


(1)  u  signifie  encore  indice,  marque  :  «  Philippol...  prist  un  baston  à  terre,  qui  ilec  estoit  gisant,  et  qui   faisoit  criée  et 
passe  de  leur  jeu.  »  (JJ.  122,  p.  337,  an.  1383.)  (n.  e.) 

(2)  On  lit  aussi  dans  la  not.  du  roman  d'Alexandre  en  prose  (ms.  de  S'  Germain)  ;  «  La  terre  trembla  à  S'  Maixent  en  1.^12 
tellement  que  les  soleaux  et  autres  bois  des  maisons  criaient  en  leurs  mortaises.  »  (n.  e.) 


CR 


-  388 


CR 


signifie  encore  publier  solennellement  une  eliose  à 
haule  voix,  ù  son  (le  trompe  ou  ;nUrement  ;  niiiis 
on  ne  diroil  plus  :  1°  Fit  crier  son  [ils  réfient,  pour 
le  lit  pioclumer.  (!.e  Jouvencel,  ms.  p.  '(70).  2'  Crier 
les  fûtes,  pour  les  annoncer,  les  publier.  «  Aucto- 
"  rite  de  crier  les  fêtes  parrochiales,  permettre  les 

••  dances,  elles  jeux apiiarlieunent  rcE,uliere- 

••  ment  aux  bauls  jusiiciers.  »  (Coût,  de  Lorr.  au 
Coût.  Cén.  I.  Il,  p.  10G;{.)  L'usai;e  de  ce  mot,  dans 
le  passade  suivant,  ne  mérite  pas  moins  d'être 
remarqué  :  «  Droit  à  Compiens;ne  s'en  alla  pour 
"  tenir  le  parlement  ([u'il  avoit  l'ait  crier.  »  (Chron. 
S.  Denis,  I.  1,  fol.  1G5.)  Sa  signilicati.ui,  dans  les 
expressions  que  nous  venons  de  rapporter,  est  une 
signilicalion  particulière  ;  en  la  généralisant,  ce 
mot  se  prenoil  pourdivulguer,  rendre  public.  Alors 
il  emporte  avec  soi  l'idée  d'indiscrétion,  comme 
dans  le  passage  suivant  : 

Li  biens  d'amours  j^i  doivent  estre  eniblez  (dérobés) 
Que  nus  (nul)  ne  sache;  et  quant  il  sont  crié 
Dame  enquert  blasrae  et  joie  en  amende  (diminuée), 
Et  sius  amis  i'pert  sa  seigneurie. 

Ane.  Poès.  fr.  JISS.  du  Val.  fol.  "5,  V. 

^  Crier  ,  dans  le  sens  propre  et  subsistant  , 
exprime  l'action  d'élever  la  voix  avec  force,  et  l'on 
doit  par  conséquent  regarder  la  précédente  accep- 
tion comme  une  extension  de  celle-ci.  Ce  mot  se  dit 
encore  de  quebiues  animaux  ou  oiseaux  ,  mais  il 
n'est  plus  d'usage  en  parlant  d'un  cbeval.  «  Com- 
«  manda  que  chascun  Iciisit  (tinst)  la  bride  de  son 
"  cheval,  et  que  on  gardast  bien  que  nul  cheval  ne 
"  hannysl,  ne  criast.  «  (Le  Jouv.  ms.  p.  393.) 

Les  expressions  suivantes  sont  remarquables  : 

1°  Crier  à  liante  teste,  pour  crier  à  haute  voix, 
comme  on  dit  vulgairement  à  tue-tête  (Leçons  de 
Du  Verdier,  p.  350.) 

2°  Faire  crier  de  main  en  main,  pour  faire  dire 
de  bouche  en  bouche.  (Mém.  deMontluc,  1. 1,  p.  00.) 

3°  Crier  à  la  mort,  pour  crier  au  meurtre.  (Ord. 
des  R.  de  Fr.  t.  III,  p.  C.r.l).  —  'V'oy.  Crti  de  feu  et  de 
meurtre  ci-dessus  sous  le  mot  Cry.) 

4°  Crier  merci  signifie  demander  une  grâce  dans 
ce  vers  : 

Si  vous  en  viieil  rriei-  merci.... 

Kabl.  MSS.  du  R.  n°  7218,  fol.  266,  V'  i:ol.  2. 

Ti"  Crier  llosni,  crier  Valeri,  c'éloil  porter  pour 
cri  d'armes  (îiifos;)/',  Valeri.  Suivant  l'ancien  usage 
de  la  guerre,  on  crioil  dans  l'action  le  nom  ou  la 
devise  du  seigneur  qui  commandoit  ses  vassaux.  De 
là,  l'expression  que  nous  venons  de  rapporter.  Wans 
une  longue  lislc  où  plusieurs  seigneurs  sont  nom- 
més, lin  lit:  »  Le  seigneur  de  Hosny  d'or  à  deux 
■  faisses  de  gueulles  et  crie  Rosny.'  «  Les  autres 


seigneurs  y  sont  désignés  de  la  même  façon.  (Petit 
Jehan  de  Saintré,  chap.  58.)  Qui  Valeri  crie,  c'est- 
à-dire  seigneur  de  Valeri.  (l'auchet,  Lang.  et  Poës. 
fr.  page  237.)  (2) 

6°  Crier  quelqu'un,  pour  le  quereller,  le  gronder. 
(Du  Cange,  Gl.  lai.  au  mot  Clamare.)  [Voyez  plus 
haut  l'expression  crier  cuustume.] 

Ci'ieres ,  subsl.  masc.  Crieur.  (3n  a  dit  crieres 
de  vins,  pour  crieur  de  vins.  (Voyez  Annonyme 
parmi  les  Poës.  fr.  mss.  av.  1300,  t.  IV,  p.  1348.) 

Ci'ierie  et  lye,  expression.  Espèce  d'impôt.  En 
latin  crieriu  et  lia.  Espèce  d'impôt  à  Auxerre  dans 
les  litres  de  1228.  (Le  Bœuf,  Hist.  civile  d'Auxerre. 
p.  150.)  Espèce  de  droit  dû  au  comte  d'Auxerre 
dans  le  xiu°  siècle.  (Voyez  ibid.  p.  171.)  C'étoit  peut- 
être  un  droit  sur  le  cri  ou  annonce  du  vin  à  vendre 
et  sur  la  lie. 

Criet,  suhst.  masc.  (irillon.  C'est  une  espèce 
d'insecte.  Les  Normands  appellent  criquet  un  gril- 
lon, et  les  Lionnois  le  nomment  grillet.  (Dictionn. 
Etym.  de  Ménage.) 

VARIANTKS  : 
CRIET,  Criquet,  Grillet. 

Ci'ieur,  suhst.  masc.  (3)  Ce  mot  subsiste,  mais 
on  ne  dit  plus  c)'/e;(?"(/^  chapes,  pour  fripia-,  crieur 
d'habits. 

Plus  de  peine  ay  que  le  crieur  des  chapes  (4). 

Eust.  Desch.  Pots.  MSS.  fol.  229,  col.  i. 

Gi'ieux,  participe  au  plur.  Accrus,  augmentés. 
On  lit  en  ce  sens  : 

On  ahane  (laboure)  et  serae. 

Pour  ce  que  ses  biens  soit  criatx. 

Poés.  MSS.  Valican,  n-  1522,  ^  158,  V  col.  1. 
VARIANTES  : 
CRIEUX.  Poës.  MSS.  Vat.  n»  1522,  fol.  158,  V»  col.  1. 
Crius.  Poës.  MSS.  Vat.  n"  1490,  fol.  155.  V°. 
Cbeus.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  238,  Y-  col.  2. 

Grievecuer,  sh/>s<.  masc.  Crevecœur,  chagrin. 
Il  est  pris  en  ce  sens  dans  ce  vers  : 

Cil  corroz  a  non  criececuer. 

Parlon.  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  U;;i.  V-  col.  -2. 

Criez,  subst.  musc.  Cri.  Ondisoil  à  /loidecrieiz, 
pour  sans  faire  de  bruit. 

Met  aux  haiz  du  Uourdeiz 

Le  feu  à  pot  de  crieiz. 

Et  plustost  qu'il  peut  s'en  départ. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  70.  \''. 

..  Li  Comain  corrent  (courrenl)  Irosque  a  (justiu'à' 
«  lor  paveillons,  et  li  criez^  lieué,  et  ils  corrent  as 
«  armes.  »  (Villehard.  p.  147.) 

VARIANTES  : 
CRIEZ.  Villehard.  p.  147. 
Crieiz.  g.  Guiart,  MS.  fol.  270,  V". 


(1)  Voyez  Du  Cange,  XI"  dissertation  sur  Joinville,  de  l'usage  du  cri  d'aones;  il  die  la  Clu-on.  de  Cuvelier;  «  Ghasciiii 
crie  s'enseigne,  sans  estre  recreans.  »  (N.  e.) 

(2)  Guillebert  de  Berneville  écrit  dan.s  une  de  ses  chansons:  «  Va  sans  t'arrester  Erard  saluer.  Qui  Valenj  crie.  » 
Ph.  Mouskes  nous  dit  dans  sa  vie  de  Charlemagne  :  «  Et  Ruen  escrieni  li  Normant,  Bretagne  huçent  li  Breton,  Bourdeau.\  et 
Rlaves  li  Gascon.  »  (N.  E.) 

(3)  On  trouve  aussi  crieour  (Robert  le  Diable  dans  Du  Cange,  II,  051,  col.  2)  :  «  Lor  sont  mandé  li  crieows.  Et  li  raaislre 
deviseours.  Chou  qu'il  doit  crier  li  aprendent.  »  Le  cas  sujet  cri^irres  est  dans  la  Coutume  d'Amiens  (Du  Cange  ,  H  .  69, 
col.  1)  :  «  Et  dira  li  <:rierrcs,  oies,  oies,  de  par  le  roy  de  Franche.  »  (N.  E.) 

(4)  i<  Cil  qui  crjt'iîf  par  la  vile  la  cote  et  la  chape  ont  achaté  le  mestier  de  frepere  en  la  maniera  desus  devises.  »  (Livre 
des  Métiers.  200.)  (N.  E.) 


CR 


389  - 


CR 


Crigiîe,  Si/6s/.  fém.  Chevelure,  crinière.  >•  Avoil 
«  le  dit  coursier  la  c}'ein<jnc  le  toupet,  et  la  queue 
»  tout  lie  lit  lier.  »  (Mém.  d'OI.  de  la  Jlarche, 
liv.  1,  page  251.)  Il  est  mis  pour  clievelure  dans  ce 
passage  : 

Famé  n'est  pas  de  péchié  monde 
Qui  a  sa  ct-inc  (\)  noire,  ou  blonde 
.Selonc  nature. 

l'abl.  MSS  du  P..  n"  7218,  fol.  2:i7,  R'  col.  1. 

VAlilANTES    : 

CRIGNE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n«  7989,  f"  73,  R°  col.  2  (2). 

Cbeigne. 

Craigne.  Percef.  vol.  II,  fol.  9,  V  col,  2. 

CiiEiNGNE.  Mém.  d<01.  de  la  Marche,  liv.  I,  p.  251. 

Crine.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  III,  p.  1149. 

Crime,  subsL.  masc.  Ce  mot  subsiste.  On  distin- 
guoit  auti'efois  crivw  criminel  d'avec  le  crime  civil. 
(Bout.  Som.  lUir.  page  (îiti.  —  Voyez  Criminamté 
ci-après.) 

Ci'imer,  verbe.  Accuser  d'un  crime.  En  deman- 
der justice.  On  lil,  au  sujet  de  l'altention  qu'on  doit 
apporter  au.\  affaires  criminelles  :  «  Pour  ce  doit 
«  l'en  savoir  la  cause  clerement,  car  elle  doit  estre 
'■  plus  clere  que  estoile  qui  est  au  ciel,  dont  iiomme 
"  est  condamne  à  mort;  et  pour  ce,  ceulx  (|iii  ont 
«  justice  a  gouverner,  espéciallement  en  tel  cas, 
"  doivent  tenir  leurs  termes  (pour  Irilmnaux,  justi- 
'<  ces,  plaids)  en  suflisans  lieux  et  appeller  de  ceux 
«  qui  servent  les  droiz,  et  les  coustumes  par  quoy 
«  l'on  y  puisse  trouver  malice,  faveur  ou  igno- 
»  rance,  et  que  autre  justice  ne  trouve  que  repren- 
«  dre,  car  nulle  justice  ne  devroit  autre  crimer 
«  delà  ou  partie  devroit  avoir  respons  par  arlion 
«  civille  ,  si  partie  ne  s'entre  assurent  dont  la 
«  bataille  peust  et  deusl  estre  jugée  entre  euix.  » 
(Ane.  Coût,  de  Bret.  fol.  53.) 

Ci*i minai,  adj.  Criminel.  On  trouve  crimineux 
dans  .Juvenal  des  Ursins  (Histoire  de  Charles  Yl, 
page  '2i7,  etc.)  Ce  mot  étoit  déjà  vieux  du  temps  de 
Pasquier.  Garasse  (Rech.  des  Itech.  p.  554)  lui  repro- 
che d'eu  avoir  fait  usage,  dans  ses  Lett.  t.  III,  p.  914. 
(Voy.  Criminax  ci-après.) 

variantes  : 
CRIMINAL.  Contred.  de  Songecr.  fol.  119,  R-. 
Crimineus.  Tri.  de  la  Noble  Dame,  fol.  71,  V". 
Crimineux.  Des  Ace.  Higarr.  liv.  IV,  p.  17. 

Criminaliser,  verbe.  Faire  un  crime*.  Décla- 
rer coupable  °. 

*Ce  mot  est  pris  ■•\n  premier  sens  en  ce  passage  : 
»  Le  vouloit  criminaliser  de  ce  qu'il,  etc.  »  (Mém. 
du  d.  de  Rohan,  t.  I,  p.  78.) 

°  Ce  mol  est  employé  dans  la  seconde  significa- 
tion en  ces  autres  endroits  :  «  Criminalise  les 
<•  absous  par  déclarations  vérifiées  au  parlement.  » 
(Mém.  de  Sully,  t.  Xll,  page  353.)  Criminaliser  une 
assemblée,  .se  disoit  pour  déclarer  qu'elle  a  été 


faile  contre  les  loix,  en  faire  un  crime  d'Etal, 
fibid.  p.  375.) 

Criminalité,  subsl.  fém.  Terme  de  procédure. 
On  distingue  dans  un  procès  en  crime,  la  crimina- 
lité, c'est-à-dire  la  peine  afiliclive  et  la  civilité  qui 
doit  s'entendre  des  iulérèts,  de  la  peine  civile  ou 
pécuniaire.  Delà,  on  disoit  "  vuiderla  criminalité 
«  avant  (lue  toucher  à  la  civilité.  »  (Dict.  de  Rob. 
Est.  au  mot  Crime.  —  Voyez  Cotgrave,  Oudin  et 
Monet.) 

variantes  : 

CRIMINALITÉ.  Dict.  de  Rob.  Est.  au  mot  Crime. 

Cri.minauté. 

Crimination  ,  subsl.  fém.  Accusation  d'un 
crime*.  Crime ^. 

*0n  trouve  le  premier  sens  dans  Oudin  et  Colgr. 

^  Outre  cette  acception,  ce  mol  signifioil  crime, 
suivant  Cotgrave. 

Criminatoire,  ailj.  Qui  accuse.  Qui  déjiose 
contre.  (Oudin  et  Colgr.  Dict.) 

Criminax,  adj.  au  plur.  Ca|iitaux.  On  a  dit 
pecliiex^  erimiau.t  dans  le  sens  où  nous  disons 
péchés  capitaux.  (Voyez  Cbautepleure.  .ms.  de  S.  G. 
fol.  103. j  Du  ii\oi  crime,  crime  capital,  parce  qu'il 
donne  la  mort  à  notre  âme. 

Criminel,  arfjrt;/?/".  Cruel,  terrible,  dangereuy.(3). 
De  crime  ci-dessus,  crainle.  (N'oyez  Crif.me.)  Le  sens 
propre  de  criminel,  relativement  à  son  étymologie, 
est  dangereux,  qui  est  à  craindre,  comme  en  ce 
passage  :  «  Sire  chevalier  venez  vous  seoir  au  plus 
'  près  de  moy  ;  car  je  veulx  avoir  paix  avec  vous 
«  deux;  vos  rencontres  sont  trop  criminelles  à  la 
"  jousle.  '■  (Percef.  vol.l,  fol.  \-l\.)\)e\h criminelle 
bataille,  pour  combat  terrible  cl  cruel.  «  Jamais 
■'  n'avoienl  vu  si  criminelle  bataille,  ne  deux  plus 
"  aspres  champions.  »  (Percef.  vol.  I,  fol.  105.  — 
Voyez  Cre-meteux  ci-dessus.) 

VARIANTES  * 
CRIMINEL.  Tri.  des  IX  Preux,  p.  376,  col.  2. 
Cry.minel,  Percef.  vol.  III,  foi.  22,  R°  col.  I. 

Crimineur,  subst.  masc.  Coupable.  ■■  Entrepri- 
"  ses  des  crimineurs,  séditieux  et  infracteurs  de  la 
«  paix.  >■  (Preuv.  sur  le  meurtre  du  duc  de  Bourg. 
page  301.) 

Crimnier,  verbe.  Peut-être  faut-il  lire  cumuler 
pour  amasser  dans  ces  vers  : 

On  dit  qu'il  faut  dissimuler, 
El  que  saiges  est  qui  dissimule. 
Et  qui  veult  avoir  crinnilev. 
En  dissimulant  la  criimt/e. 

Eusl.  Dtsch.  Pois.  WSS.  M.  2'22,  col.  4. 

Je  crois  qu'on  peut  lire  cumuler  et  acumule. 
Crin,  subst.  masc.  Cheveu*.  Son  qui  imite  celui 
d'un  crin  qui  se  rompt  ^. 


(1)  Ou  lit  dans  une  vie  ms.  de  J.  C;  «  Andoi  estoient  vieilles  gens,  Cascuns  avoient  plus  de  cent  ans,  Plus  avoient  blanche 
la  crine,  Que  Uours  de  lis  ne  piaus  d'erraine.  »  (n.  E.) 

(2)  On  atcriyiiel  dans  Roland  (st.  204)  «  Trait  ses  crignels  pleines  ses  mains  ams  dons.  »  La  stance  113  donne  «  crignetc 
jalne  o  au  sens  de  crinière.  Enfin  on  lit  dans  Flore  et  Rlanchcfleur,  v.  735  :  «  Sa  cngne  ,  son  cief ,  son  visage  »  ;  et  dans 
Garin  :  «  Bien  fu  veslue  d'une  propre  roée,  A  un  fil  d'or  a  sa  cngne  galonnée.  »  (N.  E.) 

(3)  «  Lequel  Soinbret  estoit  fort  et  puissant,  dangereux  et  criminel  de  la  main.  »  (IJ.  206,  p.  906,  an.  1482.)  Nous  disons 
encore  avoir  la  main  malheureuse,  (n.  e.) 


CR 


390 


CR 


*  Sur  le  premier  sens  de  cheveu,  voyez  Borel. 

La  tousete  (bergère)  ot  les  crina  blois. 

Huc'tdcS.  Quenlin,  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  III,  p.  1252. 

Miroir,  pigne  à  pignier  le  crin. 

Eusl.  Desch.  l'ocs.  Mis.  fol.  442,  col.  3. 

"  Ce  mot  se  trouve  employé  avec  un  autre  sens 
dans  une  ballade  contre  ceux  qui  se  marient  en 
secondes  noces. 

Mais  seuls  homs  est  trop  plus  que  beste  enclin 
A  son  malheur,  et  sa  fin  derrenière. 
Quand  il  ne  fuit  de  la  serpent  le  cHtt 
Dont  souffert  a  la  poison  droituriere. 

Eust.  Descli.  Po6e.  MSS.  fol.  112,  col.  2. 

«'lin  en  ce  sens  est  un  son  imilatif  du  sifflement 
du  serpent  ou  de  tout  autre  bruit  clair  et  aia;u,  d'où 
crin-crin  ci-après  pour  instrument  propre  à  rendre 
un  son  semblable. 

Crin-crin  ,  subst.  masc.  Sorte  d'instrument. 
Instrument  dont  le  son  est  aigu. 

Monsieur  ce  sont  des  masques 

Qui  portent  des  crin-rrih.s  et  des  tambours  de  basque. 
Les  Fach.  comëii.  de  Molière,  act.  3,  se.  6. 

Grinchon.  [iniercalez  Crinchon,  barbe  d'épi 
(.M.  90,  p.  157,  an.  1308):  «  Le  bled  bien  vanné  et 
«  appareillé  de  paille  et  de  crinchon.  »]  (n.  e.) 

Crincier,  verbe.  Rendre  un  son  aigu,  comme 
celui  que  rend  un  crin  (lui  se  casse,  de  crin 
ci-dessus.  On  a  dit  en  ce  sens  :  «  Un  limas  posé  sur 
»  le  feu  lequel  sentant  la  clialeur  du  feu  crainse.  » 
(Boucliet,  Serées,  liv.  II,  p.  187.)  On  s'en  est  servi 
aussi  pour  exprimer  le  bruit  des  feuilles  doucement 
agitées  par  le  vent. 

Qu'onques  foeillette  n'en  péri, 
Ele  n'en  faisoient  que  crincier. 

Froissarl.  Poi-s.  MSS.  p.  357,  col.  1. 

(Voyez  ci-après  Crisner  et  Crisser.) 

V.\RIANTES  : 
CRINCIER.  Poës.  MSS.  de  Froissart,  p.  357,  col.  1. 
Crainser.  Bouch.  Serées,  liv.  II,  p.  187. 

Crinete,  subst.  fém.  Diminutif  de  crine.  (Voyez 
CmuNE  ci-dessus.)  Chevelure,  crinière;  c'est  en  ce 
dernier  sens  qu'on  a  dit,  en  parlant  d'un  cheval  : 

A  la  crinete  blonde  [voyez  la  note  sous  criqne]. 

Pa.l.  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  f.il.  173,  R-  col.  1. 

Crineiis,  adj.  Chevelu.  (Cotgrave  et  Oudin.) 
De  la  Porte  s'en  est  servi  pour  épilhèle  de  chef,  de 
ruban  de  tête.  C'est  aussi  l'épithète  de  Bérénice  et 
de  Vénus.  (Id.  Ibid.) 

Crinture,  subst.  fém.  Ce  mot,  dans  le  passage 
suivant,  paroit  signifier  accroissement  : 

Et  d'autres  aiguës  (rivières)  ont  crinture. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol  257,  V  col.  2. 

(k'inu,  adj.  Qui  a  une  crinière. 

Le  grand  Polinice  à  qui  la  rouse  peau 
D'un  fer  (fier)  lyon  crinu-  servoit  de  long  manteau. 
Poës.  d'Aniadis-lamin,  p,  20. 

Ci'ioreaus.  [Intercalez  Crioreaus.  dans  Par- 
tonopex.  v.  10117: 

A  lor  menues  barelelles 
Rentendoient  ces  damoiselles, 


De  guimples  et  de  crioreaus 

De  ridoires  et  de  freseaus.]  (n.  e.) 

CiMoui", s«/;s/.  masc.  Crieur  public.  Piéconiseur. 
(Voy.  Clo.'^s  sur  les  Coût,  de  Beauv.)  [Voy.  Criei:r.] 

(h'ippens,  partie,  prés.  phir.  C'est  une  faute 
pour  trijipens,  dansans;  du  verbe Triper  ci-après. 

....  L'en  ne  veult  que  gens  sains 
Et  qui  soient  puissans  et  vertueux, 
Juenes,  jolis,  de  toute  joye  plains 
Crippens,  saillans  comme  est  une  estuveux. 

Eusl.  Desch.  Poos.  MSS.  fol.  217,  col.  1. 

Cripsinien,  sulist.  7nasc.  On  donne  un  sens 
obscène  au  mot  cripsitncn,  dans  lesCur.  fr.  d'Oud. 

Crique.  [Intercalez  Crique,  havre,  aux  Ordon. 
t.  IV,  p.  427,  an.  ISO'i:  «■  Nous  volons...  que  il 
«■  soit  tait  en  la  crique  de  l'Eure  et  devant  la  ville 
«  de  Harefleu  port  et  hable.  »]  (n.  e.) 

Criquemant,  subst.  masc.  Craquement.  (Monet 
et  Cotgrave,  Uict.) 

VARIANTES  : 
CRIQUEMANT.  Monet,  Dict. 
Criquement.  Dict.  de  Cotgrave. 

Criquet.  [Intercalez  Criquet,  bâton  servant  de 
but  au  jeu  de  boule,  comme  criée:  «  Le  suppliant 
o  arriva  en  ung  lieu  où  on  jouoit  à  la  bouUe,  près 
«  d'une  atacheou  criquet.  »  (JJ.  205,  p.  189,  an. 
1478.)  Ce  jeu  devait  être  analogue  au  crocke! 
anglais.]  (n.  e.) 

Cririe,  subst.  fém.  Crierie  (1).  (Dict.  de  Robert 
Eslienne.  ) 
Cris,  sxihst.  masc.  Le  Christ. 

Par  celé  lettre  est  nommez  cris  (chrétien) 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  127,  V  col.  I . 

Crise,  subst.  masc.  Crésus.  Nom  propre. 

Plus  saiges  est  que  Salemon, 
Et  plus  riche  que  ne  fut  Crise. 

Eust.  Desch.  Poés.  MSS.  toi.  6fi,  col.  4. 

Crisme,  subst.  masc.  Grime.  «  Honneste  chose 
"  et  bonne  est  auque  il  ne  sueffre  mie  que  famé  soit 
«  mise  en  prison  pour  faulx  accusement,  ny  pour 
«  nul  cas,  se  n'est  pour  cas  de  cnejwe.  »  (Beaum. 
page  15.  ) 

VARIANTES  : 
CRISME.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  44. 
Criesme.  Ord.  t.  V,  p.  205. 

Crieme.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  203,  V»  col.  2. 
Criem.  Ord.  t.  V,  p.  703. 
Crème.  Chron.  fr.  MS.  de  Nangls,  sous  l'an  1303. 

Crisner,  verbe.  Craquer.  Rendre  un  son  aigu. 
Le  même  que  Crincier  ci-dessus.  Ils  paroissent  avoir 
la  même  étymologie. 

....  Alous  se  retourne,  et  ot  (entend) 
Que  li  Ilst  croist  (le  lit  craque)  et  crisne  et  tramble. 
Kabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  U5,  R'  col.  I . 

(Voyez  aussi  Crisser  ci-dessous.) 
Crispin,  adjectif.  Crépu,  frisé. 

Pour  la  cheveleure  crispine 
Aront  chauve  teste  sans  crine. 

Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  532fc«l.  1 


(1)  Celte  forme  est  dans  Froissart  (III,  349)  :  «  Si  eut  en  la  ville  grant  cririe  et  grant  plorie. 
Barbazan  (II,  376),  une  pièce  de  xiir  siècle  est  intitulée  :  «  Les  crieries  de  Paris.  »  (n.  e.) 


Dans   les  Fabliaux    de 


CR 


—  391  - 


CR 


Crissement,  subst.  7uasc.  Craquement.  (Dict. 
de  Cotgrave.) 

Crisser,  verbe.  Craquer.  (Cotgrave,  Oudin  et 
Monet,  Dictionnaires.) 

Crissii,  adj.  Cru,  accru. 

De  tant  mVst  plaissance  crissuë 

Que  je  voeil  faire  ains  ma  rissue  (sortie). 

Froissarl,  Toos.  MSS.  p.  148,  col.  I. 

Crist.  Nom  du  sauveur,  Jésus-Christ  (1). 

VARIANTES  : 
CRlST.  s.  Bern.  Serai,  fr.  MSS.  p.  42,  en  latin  Chr'istus. 
Criz.  s.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  8. 

Cristalin ,  subst.  masc.  Cristal.  On  disoil  en  ce 
sens  vaisseau  de  erijstallin.  (Rabelais,  tome  V, 
p.  192  et  207.)  Nous  lisons  dans  André  de  la  Vigne 
(|u'ii  la  prise  du  Chateauneuf  de  la  ville  de  Naples 
par  Charles  VIII,  an  1190.  on  lit  un  butin  très  riche  : 
■'  qu'il  y  avoit  des  eristulins  de  Venise,  tant  en 
«  couppes,  en  bassins,  eguieres  qu'autres  choses 
«  somptueuses  ouvrées  de  toutes  couleurs.  •> 
(Voyage  de  Charles  VIII  à  Naples,  p.  14-1.) 

VARIA.NTE?  : 
CRISTALIN.  André  de  la  Vigne,  p.  IW. 
Chvstallin.  Rabelais,  t.  V,  p.  192  et  207. 

Cristîilliers,  subst.  masc.  plur.  (Voyez  la  Table 
des  Métiers,  m.->.  de  Meiniere,  p.  12.)  (2) 
Cristals,  subst.  Cristal  (3). 

VARIANTES  : 
CRISTALS.  Marbodus,  MS.  de  S.  Victor. 
CiSTALS.  Marbodus,  col.  1642,  faute  pour  cristals. 

Cristere,  subst.  masc.  Clistère.  Cette  proiion- 
ciation  cristire  se  conserve  encore  inrnii  le 
peuple. 

Par  sirops,  et  par  leurs  cristeres. 

Eusl.  Desch.  Poës.  MSS.  loi.  41i,  col.  I. 

VARIANTES    : 
CRISTERE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  474. 
Cristoibe.  Journ.  de  Paris,  sous  Charles  VI  et  VII,  p.  155. 

Critiquer,  verbe.  S'affoiblir.  Ce  mol  s'est  dit, 
en  ce  sens,  d'une  maladie  et  d'un  orage.  (Cotgrave, 
Dictionnaire.)  •>  L'oraige  me  semble  critiquer,  et 
<i  finir  en  bonne  heure.  »  (Rab.  t.  IV,  p.  99.) 

Cro,  subst.  masc.  Creux.  Du  Cange,  Gl.  lat.  au 
mot  Apicularii  ,  rappoite  le  passage  suivant  : 
«  Borel  et  Chrestien  du  Burau  ont  l'aurillerie  par 
'<  lote  la  forest  de  Bui^ai  et  de  Cloipas  ;  et  ont  chas- 
"  cun  doze  mansais  (pour  deniers  du  Mans,  Man- 
"  ceaux)  ou  premier  pasuage  (pour  pâturage  dans 
"  lesbois),etpoent(peuvent!prendrelesées(àbeillesi 
"  en  cette  manière.  Se  les  ées  sont  en  crous  de 
»  chesne.  ou  d'autre  arbre,  l'aurilleor  poent  escrou- 
«  ser  (creuser)  l'arbre  ou  eies  seront.  »  On  trouve 


cro  dans  Eust.  Desch.  Poës.  mss.  fol.  4.58,  pour 
pertuis.  fosse  ;  mots  dont  il  s'est  servi  plus  haut. 

VARIAMES   (l)  : 
CRO.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  458,  col.  1. 
Crous.  Du  Cange,  Gl.  lat.  au  mot  Apicularii. 
Crues.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  22,  R«  col.  3. 

Croac,  subst.  masc.  Croassement,  cri  des  cor- 
beaux et  des  grenouilles. 

VARIANTES  : 
CROAC  Dict.  de  Cotgrave. 
Cboaillement.  Dict.  d'Oudin. 

Croaceiis,  adj.  Qui  croasse.  (Voyez  Dictionn. 
de  Cotgrave.  Il  est  employé  comme  épilhète  de 
corbeau  par  de  La  Porte. 

VARIANTES  : 
CROACEUS,  Croceus,  Croailleus. 

Croailler,  verbe.  Croasser.  [«  Ils  crouaillent 
comme  corbeaux  (Paré,  .\niin.  25).  »] 

VARIANTES  : 
CROAILLER.  Dict.  d'Oudin. 
Croaquer.  Dict.  de  Cotgrave. 

Crob,  subst.  masc.  Cachot.  Mot  en  usage  dans 
le  Màconnois.  (Du  Cange,  Gl.  lat.  au  mot  Scroba.) 

Croljes,  subst.  On  appelle  ainsi  en  Bourgogne 
les  copeaux  des  feuillettes. 

Croc,  subst.  masc.  Peson.  romaine  *.  Croix  ^. 
Potence  '^.  Espèce  d'arme  °. 

*  La  signification  propre  et  primitive  de  ce  mot 
subsiste.  Celles  que  nous  venons  d'indiquer  et,  qui 
ne  sont  plus  d'usage  n'en  soat  que  des  applications 
particulières.  On  lit  au  premier  sens  :  »  Pareille- 
«  ment  a  esté  ordonné  que  l'on  use  par  tout  le  pais 
"  et  duché  d'un  mesme  pois,  et  croc  de  quoy  la 
•  livre  contienne  six  onces.  «  (Ord.  des  ducs  de 
Bret.  fol.  208.) 

^  L'usage  du  croc  (.5)  pour  suspendre  différentes 
choses,  a  fait  appli(iuer  ce  mot  à  la  croix  où  J.  C. 
fut  attaché,  au  gibet  où  l'on  pend  les  criminels.  ]l 
est  mis  pour  croix  dans  ces  vers  : 

SIggneur  or  escoutés  que  Dix  vos  sot  (soit)  amis 
Vanrai  de  S'«  Glore  (Gloire^  qui  en  de  croc  fou  mis. 

Poës.  .MSS.  avant  1300,  l.  IV,  p.  130:1. 

Siggneur  por  amor  Diu  qui  en  croc  fut  pelé. 

Ibid.p.  1364. 

*^Ce  motest  employé  pour  gibet,  potence,  dans  cet 
autre  passage  : 

.le  vueil  gaigner  mon  pain  en  toute  place 
Sans  ressongnier  (craindre)  justice,  ne  ses  cros. 
Eusl.  Desch.  Pots.  MSS.  fol.  23ti. 

"C'étoil  aussi  une  espèce  d'arme,  sans  doute,  en 
forme  de  crochet  et  dont  l'usage  étoit  défendu  dans 
les  gages  de  bataille.  ^Voyez  le  Dict.  de  Borel  et  le 


(1)  La  forme  kiist  est  dans  la  Cantiléne  de  S'«  Eulalifi.  (N.  E.) 

(2)  «  Des  crislallicrs  et  des  pierriers  des  pierres  naturelles.  Il  peut  estre  cristalUer  à  Paris  qui  veult ,  c'est  assavoir 
ouvTier  de  pierres  de  cristal  et  de  toutes  autres  manières  de  pierres  natureux.  »  (x.  e.) 

(3)  On  lit  déjà  dans  Roland  (v.  1364)  :  «  D'or  est  li  helz,  et  de  cristal  li  punz.  »  ka  Mystère  d'.^dam,  p.  21  ,  on  lit  encore  : 
«  'Tu  ies  fieblette  et  tendre  chose,  E  es  plus  fresche  que  n'est  rose  ;  Tu  es  plus  blanche  que  cristal.  Que  nief  qui  cheil  sor 
glace  en  val.  »  (N.  E.) 

(4)  On  lit  au  sens  de  silo  dans  le  reg.  J.I.  103,  p.  289,  an.  1372  :  s  Le  suppliant  et  son  compaignon  prinrenl  en  ung  crot 
dedanz  terre,  environ  quatre  sextiers  de  seigle.  »  On  trouve  aussi  cros  (.IJ.  132,  p.  37,  an.  1387)  :  «  Le  suppliant  bouta  de  lui 
Pierre  Benoit,  duquel  boutement  il  chey  oudit  cros  ou  fosse,  qui  estoit  derrière  lui.  »  (N.  E.) 

(ôi  II  faut  hrc  croi  et  non  croc,  comme  dans  Berte  (XXIV)  :  «  Dame  Dieu,  qui  en  •■roi  fu  pour  nous  estendus.  »  (N.  e.) 


CK 


-  392  — 


CR 


Gl.  lai.  de  Du  Cangc,  au  mot  Crca.,  On  lit,  d;iiis  les 
Lettres  d'armes  de"  1 '((i'2,  adressées  à  Henri  IV,  roi 
d'Arigiele:  re,  par  Louis  d'Orléans  :  ■<  Que  les  com- 
>■  baiians  auront  basions  accoustumez  ;  c'est  à 
"  sçavoir  lance,  hache,  espéc,  et  dague  ;  et  chacun 
»  de  tel  adventage  comme  uiestier  et  besoins:  luy 
1  sera  pour  sa  seurlé,  et  pour  s'en  ayder  ;  sans 
•«  avoir  alcsnes.  ne  crocs,  broches,  poinsons,  fers 
«  barbe'.ez,  aguilles,  pointes  enverimées,  ne  rasoirs, 
u  comme  pourra  estrc  advisé  par  gens  en  ce 
••  cognoissans,  ordonnez,  tant  d'une  p:irt  comme 
"  d'autre.  ■■  (Monstrelet,  vol.  1,  fol.  8.)  On  retrouve 
ces  lettres  dans  La  Colomb.  Théâtre  d'honn.  t.  II, 
p.  '243.  De  là  celte  expression  : 

Tirer,  lutter,  jouslcr  au  crni/. 

Coquillart,  p.  127. 

Onseservoilautrefoisd'arbalctes(l)etari|uebuses 
iicroc.  C'étoit  des  arniesplus  pesanlesqueles  armes 
ordinaires.  On'Ies  tiroit  sur  une  l'ourchelte  ou  par 
les  petites  ouve.lures  d'une  muraille.  Elles  s'appe- 
loient  ainsi  parce  (|ue  le  fût  étoit  recourbé  (2).  (Dict. 
de  Trevou.x.)  On  lit  dans  les  Mém.  de  Du  Bellay, 
iiv.  vil,  fol.  '210  :  «  narrèrent  les  portes,  mirent 
«  les  gens  autour  de  la  muraille,  et  aux  deffen- 
«  ses  ,  par  ce  peu  qu'il  y  avoit  de  flanc  des 
«  arquebuses  à  croq,  secrets  passevolans,  et  autres 
«  petites  pièces.  » 

Remarquons  quelques  façons  de  parler.  On 
disoit  : 

l»  De  croc  et  de  hanche,  de  toutes  manières,  de 
quelque  façon  que  ce  soit  : 

Bergères  franches 
De  croc  et  hanches, 
Les  yeulx  ouvers 
Cueiilez  pervanclies. 

Crétin,  p.  160. 

«  Il  pressa  de  l:i  en  avant  le  sauvage  qui  l'avoit 
<■  pressé,  et  quant  et  quant  luy  donna  de  croc 
«  et  hanche  si  bien  qu'il  le  mit  tout  plat  sus 
c.  l'herbe.  »  (D.  Flor.  de  Grèce,  fol.  120.)  On  lit  : 
«  Maintenant  de  croc  et  de  hanche,  que  toutes 
»  voyes  estoient  licites  contre  les  Luthériens,  tant 
«  fussent  elles  eslranges.  »  (Est.  de  la  France  , 
sous  François  11,  par  La  Planche,  p.  140.) 

2"  Croc  in  ?«;«/«',•  pour  croc  en  jambe.  (Mémoires 
de  Montluc,  t.  I,  p.  351.) 

'à' Croc  ou  crocq  madame ,  jeu  du  trou  madame 
auquel  Boucicauts'exerçoildans  son  enfance.  (Hist. 
de  Boncic.  in-quarto,  Paris,  1G20,  Iiv.  1,  \>.  2(5.  — 
Voyez  Pab.  t.  1,  p.  lAA.) 

i»  L'arl  delapinse  etducroq.  C'étoit  l'art  d'escro- 
quei"  ou  plutôt  l'art  de  critiquer  en  mordant,  comme 
semble  l'indiquer  ce  passage  :  ■<  Touchant  le  jargon. 


«  je  le  laisse  à  corriger  et  exposer  aux  successeurs 
«  de  Villon  eu  l'arl  de  la  pinse  et  du  crofj.  <>  (Clém. 
Marol,  préf.  de  Villon,  p.  5.) 

V.MUANTKS  : 
CROC.  Poës.  MSS.  avant  1300,  t.  IV,  p.  3a3. 
Crocq.  Coquill.  p.  127  ;  Le  Jouvenc.  MS.  p.  291. 
Croq.  Clém.  Marot.  Préf.  de  Villon,  p.  5. 
Crûs,  pliii:  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  2.36.  col.  1. 

Cvoce,  snbst.  fém.  Crosse*.  Crochet^.  Espèce 
d'arme,  partie  d'armui'e'^.  Sorte  de  jeu".  Entail- 
lure,  coche  ^. 

*  Ce  mol  subsiste,  au  premier  sens,  avec  une 
légère  altération  d'orthographe.  Le  peuple  prononce 
encore  en  Normandie,  croche  (3),  comme  dans  ces 
vers,  où  nous  lisons  au  sujet  du  pape  Clément  V  : 

Sus  touz  ama  il  argent. 

Et  por  l'argent,  par  maintes  fois. 
Donna  il  et  croches,  et  crois. 

Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauvel,  f-jl.  73. 

°  Croche,  pris  pour  crochet,  se  rapproche  davan- 
tage de  sa  siguilication  propre,  qu'il  emprunte  de 
t;;Y<c  ci-dessus.  •■  Le  cordeau  aiidessus  la  ray  doit 
»  estre  attaché  aux  croches  des  deux  giesles,  et 
"  celuy  doit  estre  ataclié  au  revel  de  la  forme 
"  à  .11.'  croclielz,  endroit  les  deux  crocbetz  des  deux 
•■  giesles.  »  (Modus  et  Uacio,  fol.  82.) 

•^On  a  dit  aussi  croce  pour  espèce  d'arme,  la 
même,  sans  doute,  que  croc  ci-dessus.  (Voy.  Monstr. 
vol.  11,  fol.  lltO.)  Elle  tiroit  vraisemblablement  cette 
dénomination  de  sa  forme,  comme  l'on  a  dûeroclie 
pour  désigner  la  partie  courbe,  l'arc  d'une  arbalète. 
11  pareil  que  c'est  le  sens  de  ce  mol  dans  ce  vers  : 

Au  partir  de  chacune  croche. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  69,  V. 

Un  bouclier  avec  la  croche  semble  s'être  dil  pour 
un  bouclier  garni  de  ses  courroies  pour  l'accrocher, 
l'atlaclier  au  bras. 

Ma  dague  vous  sera  donnée, 

Et  mon  bouclier  à  (avec)  tout  la  croche. 

Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  237,  col.  3. 

°  Croce  signifioil  encore  une  sorte  de  jeu  (4),  peut- 
être  le  même  que  celui  de  la  boule  qu'on  joue  dans 
quelques  provinces  avec  un  bâton  recourbé  : 

K'il  veut  c'on  jut  au  brionel 
Et  à  la  croce  (5),  par  raison. 

Poos.  MSS.  avant  1300,  t.  IV,  p.  l'.ilW. 

^  Enlin  croche  s'est  dil  pour  coche,  l'entaillure 
d'une  arbalèle.  ■•  Tu  dois  ferrer  la  sayetle  (flèche) 
«  en  telle  manière  que  le  barbil  du  fer  (pour  pointe 
«  de  l'er^  respoigne  ;  reponde,  s'aligne)  et  soit  endroit 
»  la  croche  de  la  sayetle.  ■■  (Modus  et  Racio,  ms. 
fol.  72.)  Peut-être  est-ce  une  faute  d'orthographe. 
On  lit  alias  coche.  (Ibid.) 


(1)  Le  croc- servait  à  bander  l'arbalète  ;«  Une  arbalestre  avecques  son  engin,  appelle  croc,  à   quoy  se  bandoit   la   dite 
arbaleste.  »  (.1.1.  204,  p.  88,  an.  1474.)  ^.  ,,..-, 

(2)  Ces  arquebuses  datent  du  milieu  du  W  siècle  et  font  la  transition  entre  les  armes  portatives  et  les  bouches   a  teu  ; 
un  croc  adapté  au  canon  maintient  l'arme  sur  le  chevalet  au  moment  du  tir.  (n.  e.) 

(3)  flans  la  vallée  d'Yères,  c'est  la  perche  qui  maintient  les  claies  d'un  parc  à  bestiaux.  (N.  E.) 

(4)  Voyez  C/io»»e  et  (;/(Oî(/c)-;  «  Comme  le  premier  jour  de  Janvier...    plusieurs  jeunes   gens  de   la  ville   et  paroisse   de 
la  Chelle's  en  Reauvoisis  feussent  assemblés  pour  Chouler  à  la  crosse  les  uns  contre    les   autres.   »   (JJ.    120,    p.    129, 

an.  1381.)  (N.  e.)  „  .        .    .u  ■        r.  ,  ■.,    . 

(5)  Villon  (Petit  testament)  écrit  aussi  ;  «  Item  plus,  je  adjoins  à  la  crosse  Celle  de  la  rue  Sainct  Anthoine,  l".n  ung  DUlart 
iie  quoy  on  crosse.  »  (N.  e.) 


CR 


393 


CR 


VARIANTES  : 
CROCE.  Du  Gange,  Gl.  1.  au  mot  Crnchia. 
Crochic.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  342. 

Crocé,  adjectif.  De  couleur  de  safran.  Du  latin 
croceus.  (Voy.  Borel  et  Corneille,  Dict) 

Ci'oceainours  ou  Crociainon,  ^ttbst.  masc. 
Mot  factice.  C'est  le  nom  de  l'épée  de  César  (|ui  fui 
mise  sur  la  tombe  de  l'Anglois  Nennius.  (Voyez 
Rom.  de  Brut,  ms.  1°  32.)  Elle  est  appelée  crociamon 
dans  le  ms.  de  SP  de  Bombarde. 

Crocer,  verbe.  Jouer  à  la  croce.  Du  mot  croce 
ci-dessus.  «  11  faisoil  si  très  froit  que  personne  ne 
»  faisoil  cjuelque  labour  que  soulier  (jouer  à  la 
«  soulc),  (TOt'r/'(l).  jouer  à  la  pel^lle,  ou  autres  jeux 
»  pour  soy  eschauffer.  »  (.Fourn.  de  Paris,  sous 
Charles  VI  et  Vil,  p.  91.  —  Voyez  le  Dicl.  de  Mcot.) 

Croceron,  subst.  masc.  Houlette.  Petite  crosse. 

Un  sien  petit  aignelet 
Feril  de  son  croceroii. 

Colart  li  Boulillers,  Pots.  MSS.  avant  1300,  t.  II,  p.  720. 

Ci'ocete,  subst.  fém.  Petite  crosse*.  Espèce  de 
maillet  ^. 

*Au  premier  sens,  ce  mot  désignoit  un  bâton  de 
vieillard,  une  béquille  en  forme  de  crosse.  <■  Des 
"  gens  ancions  portent  communément  un^  crocete, 
«  ou  unir  baston,  pour  eulx  plus  aysement  sousle- 
«  nir.   "'fllisl.  de  la  Tois.  dOr,  vol.  Il,  fol.  86.) 

^C"est  aussi  une  espèce  de  maillet  dont  on  se  sert 
eu  quelques  provinces  pour  enfoncer  les  échalats 
des  vignes  Ci).  (Dict.  d'Oudin.) 

VARIANTES  : 
CROCETE.  Hist.  de  la  Tois.  dOr;  vol.  II,  fol.  86,  V". 
Crocette.  Dict.  d'Oudin. 

1.  Croche,  adj.  Crochu,  recourbé.  (Glossaire  de 
IHarol.)  On  a  dil  ongles  croches.  (Rab.  t.  V,  p.  72.) 

2.  Croche.  [Intercalez  C?"oc/u;  :  1"  Boutures  de 
vignes,  couisoif:  «  Le  suppliant  et  icellui  Mauclerc 
"  eurent  débat  ensemble  pour  cause  de  certaine 
«  vigne  à  croches,  esquelles  crocbes  ledil  Mauclerc 
"  avoil  gelté  certaines  pierres.  »  (.1.1.  lOti,  p.  173, 
an.  Iil2.)  2°  Mesure  pour  le  sel  :  «  Cinq  croches  de 
<'  sel  ou  la  valeur  à  présent  estimez  trois  deniers 
'<  le  croche.  »  (Du  Cange,  II,  665,  col.  3.)]  (n.  e.) 

Croche,  adj.  Terme  de  chasse.  Peut-être  fau- 
droit-il  lire  dans  le  passage  suivant  teste  trocliée, 
en  parlant  du  cerf,  c'est-à-dire  tête  qui  n'a  que  trois 
ou  quatre  épois,  qu'on  appeloit  troeheures.»  Celle 
«  qui  est  appellée  teste  rengée,  c'est  une  leste  qui 
"  n'est  mie  crocliée,  et  est  une  leste  baulle  et  large 
«  enarchée  (formée  en  arc)  ».  (Modus  et  Racio.  f°8. 
—  Voy.  Crochure  ci-après.) 

Crocher,  verbe.  Accrocher,  friponner*.  Terme 
de  chasse °. 
*  Nous  disons  encore  figurément  accrocher,  pour 


friponner.  Crocher  paroil  avoir  la  même  significa- 
tion dans  ce  passage  : 

Pour  seulement  avoir  argent  ; 
En  cruche  l'en  bien  souvent, 
Sans  l'avoir. 

ContreJ.  de  Songecreux,  fol.  1G2,  R". 

°Ce  mot,  comme  terme  de  chasse,  semble  formé 
de  croc  pris  dans  le  sens  de  croix,  d'où  crocher 
pour  croiser,  barrer  le  passage.  Ainsi  faire  crocher 
les  archers,  dans  le  passage  suivant,  signifieroit  les 
disposer  de  manière  qu'ils  croisent  le" passage  du 
cerf,  lorsqu'on  le  fait  bondir  :  »  Comme  on  fait  les 
«  bayes  (bordures,  enceintes)  du  laz  (lacets,  tilets), 
«  on  doit  fjire  baye  d'archiers,  et  est  liés  bon  de 
»  faire  lousjours  croclier  les  crochiers  au  bout.  » 

(Modns  et  Racio.  fol.  50.)  >■  Les deffenses  doivent ■ 

«  clorre  le  buisson  tout  au  travers,  par  bien  loing, 
"  au  dessus  du  vent  où  les  besles  sont,  en  crochant 
»  vers  les  bayes  où  les  lalz  sont  tendus  de  l'autre 
••  part.  »  (Modus  et  Racio,  fol.  34.) 

VARIANTES    : 
CROCHER.  Contred.  de  Songecr.  fol.  1(32,  R». 
Crochier.  Modus  et  Uacio,  MS.  fol.  73,  V». 

Crochere.  [Intercalez  Crochere,  ^Dvle  de  joug, 
comme  co>-besson  ,  employé  plus  haut:  ■■  '  Ung 
«  instrument,  nommé  crochere,  sans  lequel  les 
<•  beufz  estans  à  la  charrette,  ne  pourroient 
"  chai'i'oier.  »  (.1,1.  177,  p.  226,  an.  14'(6.)]  (n.  e.) 

Crochet,  subst.  masc.  Espèce  de  crochet  de 
fer*.  Terme  de  chasse^.  Bras,  sorte  de  chandelier'^. 
Arme",  llone^. 

*Ce  mot,  qui  subsiste  sous  différentes  acceptions, 
s'esl  pris  aussi  dans  le  sens  où  nous  disons  crocliets 
de  retraite.  Ce  sont,  dans  l'alTût  du  canon  (3),  des 
fers  crochus  qui  servent  à  tirer  une  pièced'arlillerie. 
De  là  cette  expression,  mettre  et  mener  au  crochet 
dans  les  passages  suivans  :  >■  Je  dis  au  lieutenant 
»  de  l'artillerie,  que  M.  le  maréchal  luicommandoit 
«  de  mettre  deux  bâtardes  (espèces  de  pièces  d'ar- 
«  lillerie)  au  crochet,  et  les  mener  au  trot  à  M. 
.'  Praslin.  »  (Mém.  de  Bassomp.  t.  11,  p.  36.)  «  iNous 
.<  avançâmes  avec  six  pièces  de  canon  de  six  livres 
»  de  balle,  mene.%au  crochet  pour  forcer  les  harri- 
"  cades.  »  (Ibid.  t.  IV,  p.  9. 

^On  nomme  encore  aujourd'hui  crochets,  en  ter- 
mes de  chasse,  ce  qui  sert  à  attacher  en  bas  une  des 
cordes  qui  sont  aux  toiles.  On  écrivoit  autrefois 
croches  au  pluriel.  ■•  Le  cordel  de  dessus  la  roys 
>-  (rets,  lilels)  doit  estre  attachié  au  revel  de  la 
"  forme  à  deux  croches.  •>  (Mod  et  Racio,  ms.  f°  170.) 

'^  On  appeloit  crochets  ce  que  nous  entendons  par 
bras,  espèce  de  chandeliers  qui  s'attachent  contre 
une  muraille.  La  bobèche  qui  est  à  l'extrémité  ou 
pointe  de  fer  qui  entre  dans  la  base  du  cierge 
forme  le  crochet.  Il  y  avoit  pour  le  service  solennel 
du  duc  de  Bourgogne  en  1419  ■>  plus  de  vingt  pièces 


(1)  «  Ainsi  que  les  diz  enfanzcroissoie«<  ensemble,  icelluy  suppliant  frappa  ledit  Jehan  d'une  grosse  ou   masselote  qu'il 
tenoit.  »  (,n.  152,  p.  25.i,  an.  1397.)  (n.  e.)  ^ 

(2)  C'est  plutôt  la  bouture  de  vigne  nommée  courson  ou  croche  :  «  Planter  les  margoutes  et  les  crossetles.  »  (Olivier  de 
Serres,  15.)  (,n.  e.)  ^ 

(3)  Ces  crocliets  entrent  dans  un  anneau  fixé  au  moyeu  de  la  roue  et  s'adaptent  à  une  corde  que  le  servant  tire  car  une 
bandoulière,  (n.  e.)                                                                                               r                              -i  ^ 

»'•  50 


CR 


394 


CR 


K  de  bois  empilées  (pour  employées)  autour  du 
»  cliœur  de  l'église  S.  Vaast,  pour  sur  icelles 
«  asseoir  plalteaux  et  croches  pour  mettre  cliaii- 
«  délies  de  cire.  »  (Preuv.  sur  le  meurtr.  du  duc 
de  Bourg,  p.  311.) 

"C'est  encore  par  similitude  que  ce  mol  a  signifié 
une  espèce  d'arme,  comme  le  croc  ci-dessus. 

A  crachez,  et  asthqueboutes  (aux  arquebuses) 
Le  trébuchent  contre  leur  roules  (troupes). 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  121,  Vv 

^ Enfin  crochet  désignoil  un  instrument  de  fer 
large  et  recourbé,  propre  à  remuer  la  terre.  Rob. 
Estienne,  dans  son  Dict.  au  mot  crochet  à  houer  la 
terre,  dit  que  c'est  un  boyau,  une  boue. 

On  disoit  au  figuré  jù(ie  à  crochet,  pour  juge 
retors  qui  sait  les  ruses,  les  finesses  de  son  métier. 
«  Or  dites  donc  greffier,  interloquoit  le  maistre 
>'  jufic  à  crochet  qu'il  confesse  avoir  esté  ;^  telle 
«  volerie  qu'il  donna  le  coup  de  mort,  et  emporta 
«  la  bourse.  »  (Contes  d'Eutrap.  p.  192.)  (1) 

VARIANTES  : 

CROCHET.  Orih.  subsistante. 

Croches.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  170,  R". 

Crochez.  g.  Guiart,  MS.  fol.  127,  V». 

Crocheter,  verbe.  Ouvrir  par  artifice  *.  Accro- 
cher, attraper,  enlever,  emporter  °. 

*  Ce  mot  subsiste,  au  premier  sens,  en  parlant 
d'une  porte  ou  serrure;  mais  on  ne  dit  plus  :  «  De 
«  peur  que  les  pacquels  ne  fussent  crochetez-,  et 
«  ouverts.  »  (Lett.  de  Rab.  p.  17.  —  Voyez  Ess.  de 
Mont.  t.  II,  p.  55.)  Crocheter  une  bouteille,  pour  la 
déboucher.  (Dict.  d'0udin.)('2)  Cette  signification  est 
visiblement  tirée  de  la  façon  d'ouvrir  les  serrures 
avec  un  crochet,  d'oîi  s'est  formé  crocheter  (;h). 

^On  employoit  aussi  ce  mot,  figurément  et  en 
général,  pour  accrocher,  attraper,  escroquer. 
«  Quelques  uns  voulurent,  de  fois  à  autres,  croche- 
«  ter  telles  charges.  «  (Pasq.  Rech.  p.  70.)  «  Ne  faut 
<i  fureter  ni  crocheter  les  secrets  des  princes.  » 
(Sag.  de  Charr.  p.  411.)  C'est  encore  en  mauvaise 
part  (ju'oii  a  dit  crocheter  un  bénéfice,  pour  l'obte- 
nir par  souplesse,  par  adresse.  (Apol.  pourllérod. 
p.  328.)  Mais  cette  même  idée  d'adresse  est  prise  en 
bonne  part,  dans  l'expression  crocheter  une  bague, 
pour  emporter  avec  la  pointe  d'une  lance  une 
bague  suspendue  ù  une  potence,  en  courant  à  toute 
bride.  «  N'y  ayant  bague  qu'il  ne  crochetast,  ny 
«  lance  qu'il  ne  rompist.  »  (Mém.  d'Angoulême, 
page  28.) 


Crocheterie,  s(//;s^  fm.  L'action  de  crocheter 
une  serrure*.  Tromperie,  friponnerie^. 

*Le  premier  sens  est  le  sens  propre  du  verbe 
crocheter  ci-dessus.  »  Sous  le  nom  de  moyenne 
<■  justice,  le  dit  prevost  a,  et  peut  avoir  cognois- 
«  sance  de  larcin  commis  en  furt  (secret,  à  la  déro- 
«  bée)  sans  autre  circonstance  aggravant,  comme 
«  crocheterie,  ou  antre  effort.  »  (Coût,  de  Senlis, 
Coul.  Gén.  t.  1,  p.  308.) 

^De  là,  ce  mot  pris  figurément  dans  un  sens 
générique,  pour  tromperie,  friponnerie. 

Telz  compaignons  pour  leur  crocheterie. 

Conlred.  de  Songecreux,  fol.  19,  V^. 

Crocheteur,  subst.  masc.   Qui  crochette 
portes*.  Qui  porte  des  fardeaux^. 
*Sur  le  premier  sens,  on  lit  ce  proverbe  : 


des 


Bon  crocheteur  toutes  portes  crocheté. 

Faifeu.  p. 


IG. 


^  Ce  mot  est  d'usage  dans  le  second  sens.  On  le 
regardoit  comme  terme  d'injure.  L'auteur  de  la 
défense  pour  Etienne  Pasquier,  page  342,  accuse 
Garasse  de  l'Musseté  pour  avoir  imputé  mal  à  propos 
à  Pasquier  d'avoir  appelé,  dans  ses  Recherches,  les 
jésuites  croclieleurs. 

De  ce  que  les  crocheleurs  portoient  des  fardeaux 
pesans,  on  disoit  faire  quelqu'un  crocheteur,  pour 
le  bien  battre,  le  charger  de  coups  :  «  Pensans  que 
«  ces  charretiers  se  voulussent  mocquer  d'eux, 
«  commencèrent  à  lescharger  d'apointeinenl  (équi- 

»  voque  à  pointes  d'aiguillon)  et  prenans leurs 

«  éguillons ,  les  firent  croclieteitrs.  »  (Bouchet , 
Serées,  liv.  111,  p.  278.) 

Crochu,  adj.  Courbé.  En  forme  de  crosse.  »  il 
«  avoit  le  visage  romain,  long,  et  le  chef  gros  et 
«  crot'/î»,  la  bouche  derrière.  »  (Percefor.  vol.  IV, 
fol.  65.) 

Crochuement,  subst.  masc.  Courbure.  On 
àiso'd  crocJiuement  de  dents  pour  expi'imer  la  dif- 
formité causée  par  une  dent  qui  avance  et  rend  la 
bouche  difforme.  (Dict.  de  Cotgrave,  Rob.  Estienne 
et  Oudin.  —  Voy.  CnociiuRE  ci-après.) 

Crochuer,  verbe.  Recourber.  Rendre  crochu. 
(Dict.  d'Oudin.) 

Crochiire,  subst.  fém.  Courbure*.  Terme  de 
chasse  ^. 

*  Au  premier  sens,  c'est  la  même  signification  que 
crochuement  ci-dessus,  selon  les  mêmes  auleurs. 

^  On  appeloit  crochure,  en  termes  de  chasse,  les 


(1)  Crochet  désigne  encore  :  1°  Un  joug  comme  crochere  :  «  Le  charretier  prist  un  baston  qui  pendoit  à  corde  aus  chevilles 
de  sa  charrete,  appelé  le  croichet,  dont  l'en  lie  la  charrette.  »  (.IJ.  113,  p.  87,  an.  1378.)  2»  Une  èchasse  :  «  Icellui  Jehannin 
prist  une  esohace,  appelle  crochet.  »  (JJ  168,  p.  85,  an.  1414.)  3»  Une  houlette  :  «  Lequel  bergier  haussa  un  croquet ,  qu'il 
tenoit  en  sa  main,  dont  il  rachassoit  ses  brebis.  »  (.JJ.  153,  p.  405,  an.  1398.)  »  4°  Un  instrument  de  cuisine  :  «  [tl  faut  en 
cuisine]  crochet,  havet  ;  car  se  ne  fust,  L'en  s'ardist  la  main  à  saichier  La  char  du  pot  sans  l'acrochier.  »  (E.  Deschamps, 
ms.,  fol.  497)  5»  Un  croc-en-jambes  :  «  Gommes  les  supplians  feussent  passez  par  la  ville  de  Montcharnot  oii  il  avoit  feste,  et 
illec  eussent  trouvé  pluseurs  personnes  de  ladilte  ville  et  autres,  qui  dançoient  à  une  dance ,  que  on  appelle  au  pays 
chanoyer,  à  laquelle  dance  l'en  joue  du  o'OK/iet  des  jambes,  par  telle  manière  que  souvent  l'en  chiet  à  terre.  »  (JJ.  91, 
p.  98,  an.  1361.)  6°  Peut-être  recette  d'un  impôt  dans  une  pièce  de  1423  (Du  Cange,  II,  465,  col.  2)  :  «  Dominus  J.  de  Puligny 
miles  ,  auteà  et  de  novo  ordinalus  in  officio  pontrarotulatoris  et  crochet  pedagii  revse  ,  et  cartularii  S.  Johannis  de 
Losne.  »  (n.  e.) 

(2)  D'après  Rabelais  (Garg.,  prologue)  :  «  Crochetastes  vous  oncques  bouteilles?  »  (n.  e.) 

(3)  «  Aucuns  larrons  et  gens  de  mauvaise  vie  que  on  appelle  communément  crocheteurs,  ont  en  nostre  pays  de  Languedoc 
crocheté  plusieurs  églises  et  autres  lieux.  »  (JJ.  199,  p.  473,  an.  1464.)  (n.  e.) 


CR 


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CR 


trois  ou  qualre  épois  qui  sont  au  sommet  de  la  lèle 
d'un  cerf.  Peut-être  est-ce  une  faute  pour  trochitre. 
(Voyez  Croche  ci-dessus.)  «  Par  la  crochwe  qui  est 
«  droictc  laisseront  ils  les  branches,  etc.  »  (Modus 
et  Racio,  fol.  4.) 

Crociter,  verbe.  Croasser.  »  Le  corbeau  qui 
"  esfoit  sur  mon  chef  ne  se  vouloit  départir  sinon 
»  à  force  de  la  chasser  ù  coups  de  bras,  et  mains, 
«  tant  qu'il  fut  conlrainct  de  s'enlever  en  criant,  et 
«  crnciUnit  par  manière  de  menace  mortelle.  " 
(Alect.  Rom.fol.  102.) 

VARIANTES  : 
CROCITER.  Alect.  Rom.  fol.  102,  V». 
Croqueter.  Alect.  Rom.  fol.  102,  R°. 

Crociteur,  subst.  masc.  Crocheteur.  Qui  cro- 
chète des  porles  ou  serrures.  (Dicl.  de  Colgrave.) 

Crocodilée,  subst.  fém.  Sorte  de  médecine 
ainsi  nommée  parce  qu'il  y  entre  du  crocodile. 
(Colgrave  et  Oudin,  Dict.)  (1) 

Crocodillé,  udj.  Feint.  M.  de  la  Porte  s'en  est 
servi  pour  épilhèle  de  larme.  Ce  sens  figuré  est  tiré 
de  ce  qu'on  dit  des  crocodiles,  qu'ils  font  des  cris 
semblables  à  ceux  d'un  enfant  pour  attirer  au 
secours  quelques  femmes  qu'ils  dévorent  ("2). 

Croçon.  [Intercalez  Croçon,  croisette,  alphabet: 
«  Ma  mère  moi  fist  faire  cresliene,  que  je  eslois 
«  encores  ou  croçon.  »  (Du  Cange,  II,  0C8, 
col.  2.)]  (n.  e.) 

Crocquer.  verbe.  Claquer.  Il  paroît  que  c'est  le 
sens  de  ce  mot  dans  ces  vers  : 

Il  s'en  moque 

Peu  s'en  faut  que  je  ne  lui  crocqxie 
De  ma  main  sur  son  chaperon. 

llisl.  du  Th.  fr.  p.  370. 

Crocqueterie,  subst.  fém.  Gourmandise.  On 
lit  :  "  Parasiterie  ,  crocqueterie,  courtisanerie , 
»  menterie,  diablerie,  etc.  »  (Rom.  d'Alect.  fol.  35.) 

Crocqiie-teste,  subst.  masc.  Sorte  de  jeu. 
C'est  le  jeu  de  coupe-têle  [il  ressemble  au  jeu  de 
saute-moulon].  (Yoy  Hab.  t.  I,  p.  153  et  la  noie.) 

Ci'ocqueur,  subst.  masc.  Glouton,  grand  man- 
geur. On  disoit  proverbialement  :  «  Il  n'est  couraige 
«  que  de  crocqueurs  de  pies.  »  (Rabelais,  tome  iV, 
anc.  prolog.  p.  12.  —  Voyez  ci-après  l'expression 
croquer  la  pie.) 

Crocquigiiolle,  subst.  fém.  Croquignole. 
Rabelais  '•\ppe\oit  crocquignolle  des  curés,  les' légè- 
res pénitences  qu'ils  imposent.  (Rab.  t.  II.  page  58; 
Ibid.  noie  39.) 


Croe,  subst.  fém.  Terme  de  fauconnerie. 

Je  voy  faucon,  quant  il  gette  sa  croe 
Et  l'anneret  qiie  pluseurs  sont  si  raos  (mois) 
Qu'il  faillent  bien,  car  le  temps  les  esbloe  (éblouit). 
Eusl.  Descliamps,  Poès.  MSS.  fol    2i9,  col.  2. 

Croer,  verbe.  Accrocher.  Il  paroit  que  c'est  le 
sens  de  ce  mot  dans  ce  passage  :  »  Sert  li  faulx  de 
»  deux  choses,  l'une  si  est  de  le  tirer  àsoy  qu'il  ne 
»  croe  en  l'arbre  ;  l'autre  si  est  que  s'il  estoit  pris 
«  par  les  deus  pies,  et  il  esloit  encroé,  il  pourroit 
>•  estendre,  et  ouvrir  le  las,  et  s'en  aler,  se  le  faulx 
«  las  n'estoit  qui  eslraint  le  maistre  las.  »  (Modus 
et  Racio,  ms.  fol.  -KiS.) 

Croi,  adj.  Terme  d'injure.  Ce  mot  est  employé 
fréquemment  en  ce  sens  par  les  poètes  provençaux  : 

De  legier  l'entrepris, 
Amoureus  de  cuer  croi 
De  tel  mal  soi  espris  ; 
Drois  est,  faire  le  doi. 

Jtii.  Erars.Pons.  MSS.  Valican,  n"  1490,  fol.  lOi,  V°. 

Croicer,  verbe.  Tourmenter.  Du  \aiin  cruciare, 
suivant  le  Dict.  de  Borel. 

VARIANTES  : 
CROICER,  Croiser. 

Ci'oicir,  verbe.  Augmenter,  croître  (3).  (Gloss.  de 
rilist.  de  Paris  ) 

Croie,  subst.  fém.  Ce  mol  semble  une  contrac- 
tion de  coroie  dans  ces  vers  : 

Un  peliçon  (pelisse)  a  endossé 

Qui  est  tout  blans  à  tout  la  croie  (ceinture). 

Esirub.  Fabl.  MS.  du  R.  n-  790n,  p.  78. 

1.  Croler,  verbe.  Marquer  avec  de  la  craie  (4). 
(Dict.  de  Monet.) 

VARIANTES  : 
CROIER,  CROraE. 

2.  Croier,  verbe.  Créer.  On  lit,  dans  le  sens 
propre  : 

Devant  celny  qui  la  crio. 

Hist.  de  S"  Leoc.  MS.  de  S.  Gerra.  fol.  33,  V-  col.  2. 

De  là,  ce  mot  s'est  pris  figurément,  en  parlant 
des  institutions  des  hommesque  l'on  nomme  abusi- 
vement créations.  On  trouve  «  chevaliers  faits,  et 
»  n'ï'e:;  de  nos  prédécesseui's  rois.  »  (Beaumanoir, 
page  415.) 

De  là,  il  paroit  qu'on  a  dit  criais  pour  crée. 

VARIANTES    : 
CROIER.  Ordonn.  des  d.  de  Bret.  fol.  220,  R°. 
Crier,  Dict,  de  Borel, 

Croieus,  adj.  De  craie.  Qui  ressemble  à  la 
craie  (5).  Ce  mot  se  trouve  pour  épilhèle  de  blancheur 
et  delà  Champagne, dans  les  Epilh.  de  M.  de  la  Porte. 


(1)  «  On  fait  un  médicament  du  crocodile,  nommé  crocodillée,  contre  les  suffusions  et  cataractes  des  yeux.  »  (Paré  , 
Monstr,  app.,  I.)  (N.  E.) 

(2)  Ce  conte  est  au  Livre  des  Merveilles  de  Mandeville  (xiv"  siècle)  :  «  Ces  animaux  féroces  sont  pourveus  d'une  sensibilité 
exquises,  et  à  ce  point  que  souventes  fois  les  ai  moi  mesme  ouys  geignants  ou  se  lamentants  es  rozeaux  ,  poussants  des 
sanglots  qui  semblent  mugissement  de  bœufs,  et  versants,  ainsi  qu'il  m'a  esté  assuré,  larmes  qui  jaillissent  du  pertuis  de 
leurs  yeux,  comme  de  pommes  d'arrosoirs.  »  (N.  e.) 

(3)  On  lit  dans  THistoire  de  Bretagne  (Preuves,  t.  I,  col.  1189,  an.  1309)  :  «  Et  vueil  que  mes  exécuteurs...  puissent  croicir 
à  ceux  qui  m'ont  servi,  se  il  voient  que  bon  soit.  »  (N.  E.) 

(4)  C'est  un  dérivé  de  craie  (Berte,  X.KXIII)  :«  Car  ele  ert  aussi  blanche  comme  croie  qu'on  houe.  »  On  Ut  dans  une 
Ordonnance  de  1487  :  «  Ne  puisse  tailler  draps...  qui  aura  trace  de  croxje  en  taiUe  de  robe  ou  autre  garnement...  sans  avoir 
congié  du  maistre  qui  paravaut  aura  croyé  ou  taillé  ledit  habillement.  >>  (N.  E.) 

(,ï)  On  disait  au  xiiF  siècle  :  «  Les  terres  creouses  et  sablenoses,  »  (Bibl.  des  Chartes,  2'  série,  t,  II,  p,  135.)  (N,  e.) 


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Ci'oil.  [Intercalez  Croil,  verrou,  crouillct  dans 
le  luilois  lie  la  Sarthe  ;  voyez  le  reg.  Jl.  ItJO,  p.  l'i, 
an.  loOô.]  IN.  E.) 

Croin,  siibst.  masc.  On  disoil  proverbialement 
deable  de  croin  pour  une  sorte  d'injure  (1)  : 

Ventre  deabh;  de  croin. 

Pait.de  m.  MSS.  de  S.  G.  fol  l(i4,  R'col.  âet  3. 

1.  L.ro\re.,  verbe.  Avoir  foi,  se  confier*.  Prêter, 
faire  crédit  ^. 

*Ce  verbe  subsiste  encore  dans  la  première 
acception. 

CroUe  dons  en  Deu.  (S.  Bernard,  Serm.  fr.  m.ss. 
p.  103,  dans  le  latin  crede  enjote  Deo.)  Mais  on  ne 
dit  plus  comme  autrefois  dont  je  me  eroy,  pour  que 
je  crois.  Pasq.  Rech.  p.  739,  use  souvent  de  celle 
expression.  En  particularisant  l'acception  propre 
et  générique  de  ce  mot,  il  exprimoit  aussi  celte 
espèce  de  conliance  ([ui  nait  de  l'amitié,  comme 
dans  ces  vers  : 

Ancien  sont  de  gi-ant  aage 

Li  uns  croil  l'autre  durement  ('2). 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  laiS,  fol.  350,  V"  col.  1. 

Il  semble  mis  pour  être  rendu.  Seroit-ce  par 
allusion  au  sens  [iropre  de  croire,  se  rendre  à 
l'évidence. 

Jà  me  verres  morir,  et  croire. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  "SIS,  fol.  278,  R"  col.  2. 

On  disoil  proverbialement  :  le  croire  est  une 
courtoisie.  (Garasse,  Rech.  des  Rocli.  p.  806.) 

Legier  eroice  fait  décevoir; 

Il  faut  congnoistre  avant  que  aymer. 

L'Amant  rendu  Cordelier,  p.  514. 

^  On  disoil  aussi  erolre  pour  prêter,  faire  crédit  (3). 
(Dict.  de  Borel.)  Il  se  trouve  en  ce  sens  dans  l'Hist. 
deBeauvais,  par  un  bénédictin,  [lage  279,  titre  de 
1182.  On  lit  dans  le  lit.  latin  «  credlderlt\e\  accom- 
«  modaveril  pecuniam  »,  ce  qui  répond  dans  le 
frangois  aux  mots  croira  ne  preslera  sa  pecune. 

Et  pour  ce,  a  vous  bien  confesser  me  doy 
De  croire  ainsy,  dont  j'ay  grant  ropentance. 
Quant  on  n'a  pas  renvoyé  devers  moy 

Un  prest  que  je  fis 

Eusl.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  343,  col.  4. 

De  là,  nous  lisons  :  >  Si  le  rentier  altent,  et  croit 
u  sa  rente  plus  de  trois,  si  la  rente  est  à  un  terme, 
«  et  s'elle  est  à  plusieurs  termes,  et  il  y  ayl  plus  de 
«  trois  rentes  non  payées,  il  n'en  peut  intenter,  ne 
"  faire  demande  plus  que  de  trois,  et  plus  n'y 
«•  cbeenl  de  loix,  si  comme  dient  les  coustumiers 
"  que  le  (îelteur  est  quille  pour  payer  tes  trois 
«  renies,  et  trois  loix,  ne  de  plus  n'en  doit  estre 
»  tenu.  »  (Bout.  Som.  Rur.  page  818.)  C'est  en  ce 
même  sens  que  le  mot  croire  est  employé  dans  le 
passage  suivant  :  "  Ou  cas  où  il  fera  chessiou  (ces- 


"  sion)  que  de  là  en  avant  il  ne  soit  o'is  en  nulles 
•<  dell'euces  en  celle  querelle  :  et  soit  l'abandonne- 
"  ineiit  crié  eu  plaine  audience,  pourquoy  il  ne 
<i  puisl  plus  décevoir  les  gens  eu  crorrt' follement.  » 
(Ord.  t.  1,  p.  7i2,  art.  14.)  C'est-à-dire  décevoir  les 
î^en&  i\ni  croient,  qui  prêtent  follement  Croire  à 
/■«SHrca  peut-éire  signifié  prêtera  usure,  et  l'on 
aura  dit  au  ligure  : 


Moult  est  maie  celle  pointure  (picqure) 
Qui  fait  rame  croire  à  «.sure. 

Fabl.  MSS.  du  R.  u'  7GI5,  t.  I,  fol.  105,  R- 


col.  ). 


C(inji;gaison. 

CresetX;  ind.  prés.  Croyez.  (Borel.) 

Cresl,  ind.  prés.  Je  crois.  (Ibid.) 

Creu.  prêter.  (Ord.  t.  III,  p.  518.) 

Croc,  ind.  prés.  Je  crois.  (Poës.  mss.  avant  1300, 
t.  IV,  p.  1367.) 

Crol,  ind.  prés.  Je  crois.  (Jeh.  l'Escur.  fo!.  58.) 

Crui,  prêter.  Je  crus.  (Chans.  mss.  du  C'Thib. 
page  32.) 

Crolrenl,  prêter.  Crurent.  (Vies  des  SS.  ms.  de 
Sorb.  cbif.  lx,  col.  39.) 

Cnnj,  prêter.  Je  crus.  (Eust.  Desch.  Poës.  mss. 
fol.  245.) 

2.  Croire,  verbe.  Croire.  Orlb.  subs.  3Vs  en  croire 
niles  pour  ne  les  en  crois  pas,  en  latin  noll  credere 
(dans  S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  page  72.).'  Preudomme 
»  qui  soit  de  croire.  ••  (Perard,  Hisl.  de  Bourg, 
p.  486,  tit.  de  1257.)  Comme  nous  dirions  un  homme 
digne  de  foi. 

CONJUGAISON    : 

Creient,  pour  croient.  (Marb.  col.  1678.) 
Creiet,  pour  croie.  (S.  Athan.  symb.  1"  trad.) 
Créons.  (S.  Bernard,  Serm.  fr.  m.îs.  p.  3,  en  latin 

credanius.) 
Creums.  (S.  Alhan.  Symb.  en  lat.  credamus.) 
Crocent.   (S.  Bern.  Serm.  fr.  p.  193,   en  latin 

credant) 
Crocet.  (Id.  p.  74,) 
Croces,  pour  croyez.  (Id.  p.  319.) 
Crociens.  (Id.  p.  226,  en  latin  credamus.) 
Crolces.  (kl.  p.  366,  en  latin  credas.) 
Croient,  pour  croyoient.  (Id.  p.  193.) 
Crult,  pour  cru,  participe.  (Id.  p.  81.) 
Crul:i,  pour  cru.  ild.  p.  82,  en  latin  creditum.) 

1.  Crois,  i  Intercalez  Crois  ;  1"  Dans  l'expression 
crois  don  front  (Gérard  de  Vienne,  p.  166,  col.  2)  : 
..  Gérard  en  liert  parmi  la  crois  don  fron.  Si  li 
»  sanglante  la  bouche  et  le  menton.  »  2"  Croisade: 
«  En  ce  lempore  que  ceste  crois  estoit  en  si  gi'anl 
«  tleur  de  renommée.  »  (Froissart,  II,  321.)]  (.n.  e.) 

2.  Crois,  subst.  masc.  Craquement,  du  verbe 


(1)  Crahin,  bélier,  est  employé  comme  injure  dans  l'Ane.  Th.  Fr.  (III,  336).  On  lit  aussi  dans  les  Chansons  du  xv«  siècle 
p.  p.  G.  Paris  (p.  119,  v.  20)  ;  «  .l'o  feray  porta  las  cornes  Con  fan  los  nostres  crains.  »  (N.  E.) 

(2)  On  lit  aux  Proverbes  du  comte  de  Bretagne  (ms.  de  S'  Germain,  fol.  114)  :  «  Bien  fait  qui  seporvoit  En  croire  ce  qu'il 
doit.  Ce  d!t  li  vilains.  »  (N.  E.) 

(3)  On  lit  dans  Cortois  d'Artois  (Man.  de  S'  Germain,  fol.  83)  :  «  Çà  est  li  bons  vins  de  Soissons  ;  Sor  Terbe  vert  et  sor  les 
jons  Fait  bon  boirre  à  henap  d'argent  ;  Caiens  croit  l'en  toute  la  gent  ;  Caiens  boivent  fol  et  saige.  »  Ce  sens  se  coutinue  au 
xiv  siècle  :  «  Pour  ce  que  icellui  Michiel  lui  respoiidi  que  en  vérité  il  ne  lui  pooit  ce  croire,  et  que  paier  lui  convenoit  aus 
gens  à  qui  il  devoit  ce  que  lesdis  complices  et  bastard  avoient  despendu.  »  (.1.1.  105,  p.  274,  an.  1374.)  Froissart  écrit  aussi 
(II,  448):  «  Quant  il  voloit  dire  que  argent  li  failloit,  ou  l'en  créoit.  »  (n.  e.) 


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croissir,  craquer.  ^Rom.  de  Brut,  ms.  de  Bombarde). 
On  lit  cas,  au  lieu  de  crois,  dans  celui  que  nous 
avons  coutume  de  citer  : 

Les  hantes  (fiits  de  lance)  donnoient  grans  cas 

Bien  hault  voloient  les  esclas. 

Rom.  do  Brat,  MS.  fol.  96,  R°  col.  1. 

Croisade  ,  subsl.  fém.  Croisée  *.  Signe  de 
croix  ^. 

*  Au  premier  sens,  c'est  le  travers  que  l'orment 
les  deux  bras  d'une  église  bàlie  en  croix  [ce  que 
nous  appelons  le  carré  ou  la  croisée  du  transept], 
(bu  Cange,  Gl.  I.  au  mol  Critx.) 

^  On  lit  dans  la  seconde  signification  :  .■  Par  une 
<■  lies,  croisades  iiui  se  font  sur  rtioslie,  etc.  »  (Apol. 
pour  Hérodote,  p.  5Ô5.)  Nous  ne  parlons  point  de 
l'acceplion  subsistante  du  mot  croisade  (1). 

Croisadeur,  siibst.  masc.  Qui  fait  des  signes 
de  croix.  (Dicl.  de  Cotgr.  et  l'Apol.  pour  Hérodote, 
page  555.  ) 

Croisaige.  [Intercalez  Croisaige,  conlribulions 
payées  aux  grandes  compagnies  sous  prétexte  de 
croisade:  «  Le  suppliant  et  ung  autre  homme  de 
«  guerre...  alerent  courir  une  parroise  du  paùs 
«  juré,  tenant  le  party  de  nos  anciens  ennemis  et 
<■  adversaires  les  Anglais,  pour  l'appaliz  ou 
-  croisaige,  que  les  habitans  de  ladite  parroisse 
«  estoient  tenuz  paier  à  la  sarnison  de  Sainte 
«  Suzanne.  «  (JJ.  178,  p.  216,  an.  1447.)]  (n.  e.) 

Croisant,  siibst.  masc.  Partie  de  la  cuirasse. 
C'étoit  le  gousset  de  la  cuirasse,  la  partie  qui  étoit 
sous  les  aisselles.  «  Commença  le  seigneur  de  Ter- 
«  nant  à  charger,  et  ti  quérir  (rechercher)  son 
»  compagnon  de  la  pointe  de  l'espée  par  le  dessous 
■<  de  l'armet,  tirant  à  la  gorge,  sous  les  essèles  à 
>■  l'entourdn  croisant  de'la  cuirasse.  >■  (Mémoires 
d'Ol.  de  La  Marche,  liv.  1,  p.'253.)«  L'Auglois frappa 
«  de  sa  lance  le  dit  Louis  tout  dedans,  et  au  travers, 
>•  scavoir  au  dessous  du  bras,  et  au  vif  de  son  har- 
«  nois,  par  faute  et  manque  d'y  avoir  un  croissant, 
«■  ou  gouchet,  il  fut  si  douloureusement  blessé, 
«  qu'assez  peu  de  tems  aprez  il  en  mourut  (2).  ■> 
(Math,  de  Coucy,  Hisl.  de  Ch.  VU,  p.  560.) 

VARl.\NTi:S  : 
CROISANT.  Mém.  d'Ol.  de  la  Marche,  liv.  I,  p.  253. 
Croissant.  Math,  de  Coucy,  Ilist.  de  Ch.  VII,  p.  560. 

Croisbet.  [Inleicalez  Crolsbet ,  coup  donné 
sous  le  menton  :  «  Machery  fery  le  suppliant  par  le 
«  menton  et  lui  fist  le  croisbet.  »  (JJ.  154,  p.  6'2, 
an.  1398.)]  (n.  e.) 

Croisé,  adj.  Marqué  d'une  croix  *.  tioupé  , 
interrompu  °. 

*  Ces  deux  significations  sont  figurées.  On  a  dit, 
au  premier  sens,  une  )naiso)i  croisée,  pour  une 
maison  marquée  d'une  croix,  en  signe  d'abandon. 
«  En  ce  temps  touttes  gens  qui  avoient  maisons  y 
«  renonçoient,   puisqu'elles   estoient  chargées  de 


.<  renies  :  car  nuls  des  censiers  ne  vouloient  rien 
«  laisser  de  leurs  rentes,  et  amoient  mieulx  tout 
»  perdre  que  faire  humanité  (faire  grâce,  traiter 
"  humainemenl)  à  ceulx  (lui  leur  dévoient  rente; 
«  tant  estoit  la  foy  petite  ;  et  pour  celle  defi'aulte  de 
<■  foy,  on  eust  trouvé  à  Paris  des  iiiaisons  vuideset 
«  croisées,  saines  et  entières  plus  de  cinquante 
•>  milliers  ou  nulli  ne  habiloit.  »  (Journ.  de  Paris, 
sous  Ch.  VI  et  VII,  p.  90,  ann.  142-2.) 

^  On  a  dit  aussi  rimes  croisées  ou  vers  croisés, 
pour  exprimer  que  la  suite  des  rimes  ou  des  vers 
de  même  espèce  éloit  coupée,  interrompue  par 
d'autres  rimes  ou  d'autres  vers.  (Voyez  Fabri,  Art 
de  rhétorique,  liv.  Il,  fol.  15.) 

Croisée,  subst.  fém.  Lustie  de  bois  *.  Partie  de 
l'épée  °.  Partie  d'un  armet  '^.  Partie  d'un  moulin  à 
vent  °.  Croisement  ^.  Croisade  ''.  Ce  mol  subsiste 
avec  plusieuis  acceptions.  Nous  n'indiquons  ([ue 
celles  qui  sont  hors  d'usage.  Sa  signification  propre 
et  générique  est  de  désigner  toute  chose  mise  en 
traVers  sur  une  autre,  de  mai.ière  qu'en  la  iraver- 
saiitou  Ci-iupant,  ellerepréseiile  la  ligured'unecroix. 

*Delà,  f/o/st%  pour  signifier  une  espèce  de  lustre 
de  bois  dont  les  branches  éloienl  disposées  en  forme 
de  croix.  »  Chandeliers  pendans  que  l'on  appelle 
«  croisées.  »  (La  Colombière,  Théâtre  d'honneur, 
tome  1,  page  79.) 

^  Cétoil  aussi  par  similitude  que  ce  mot  s'étoit 
pris  pour  une  partie  de  la  garde  d'une  épée.  (Dict. 
d'Oudin.i  Braiilùme  dit,  en  parlant  du  chevalier 
Bayard  :  «  qu'aussitôt  qu'il  se  senlit  frappé  il  s'es- 
«  cria,  ah  !  mon  Dieu  :  je  suis  mort.  Si  prist  son 
«  espée  par  la  poignée  et  en  baisa  la  croisée,  en 
«  signe  de  la  croix  de  noslre  seigneur,  et  dit  tout 
«  haut  miserere  mei  Deus.  »  (Cap.  fr.  l.  I,  p.  85.  — 
Voyez  Choisie.) 

■^  Ce  mot  a  signifié  la  partie  de  l'armet  ou  d'un 
casque,  la  partie  supérieure  qui  éloit  en  forme  de 
croix.  «  A  la  neufieme,  et  dernière  course  le  cheva- 
lier atleindil  (alleignit)  sur  le  bord  de  la  croisée  de 
»  l'armet  de  l'escuyer,  et  futratleinle  si  grande, 
«  (lue  la  dite  coiffe  fut  enfoncée  jusques  à  la  teste  et 
«  si  le  coup  fut  descendu,  aussi  bien  qu'il  monta.  ■■ 
(Mém.  dOl.  de  la  Marche,  liv.  1,  p.  322.) 

"  Ce  mol  s'est  dit  pour  partie  d'un  moulin  à  vent, 
la  mémeque  croix  de  moulin.  «  La  croisée,  es\acbe, 
"  giâsaut,  belfroy,  arbre,  gayolie,  maison,  pierre, 
«  nieulle,  et  tout  ce  qui  est  édifié  sur  moulin  tantù 
«  vent  comme  à  eau,  est  réputé  héritage.  -  (Coût, 
de  Bapeaume,  Nouv.  Coul.  Cén.  t.  1,  p.  332.)  La 
même  disposition  se  trouve  répétée  au  Coût.  Gén. 
(t.  I,  p.  761,  et  t.  H,  p.  882.)  On  lit  dans  le  passage 
suivant  :  «  Icelui  duc  le  fit  aussi  pendre  sur  son 
"  chemin  avec  deux  autres  qui  esloient  du  party 
«  de  la  ville  de  Gand,  à  1 1  croisée  d'un  moulin  à 
"  vent,  etc.  »  (Math,  de  Coucy,  Hisl.  de  Ch.  Vil, 
p.  05i.)  Ces  ditïércntes  significations  sont  propres. 


(1)  C'est  aussi  une  pénitence  monastique  axxx  statuts  manuscrits  des  bénédictines  de  Casai  (ch.  XX'V)  :  «  Et  si  pour  cela 
elles  ne  s'amendent,  on  leur  fera  faire  des  croisades  au  meilleu  dudit  chœur.  »  (N.  E.) 

(2)  Ce  sont  les  gardes  des  bras.  Voyez  dans  le  Costume  de  M.  Quicherat  la  planche  de  la  p.   269.   On  lit  aussi  dans 
Partonopex,  au  sens  actuel  (v.  855)  :  «  Soleil  et  lune  et  ans  et  jors.  Et  les  croisans  et  les  décors.  »  (.\.  e.) 


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^  On  disoil,  au  llguré,  croisée  pour  croiseinent, 
ternies  donl  se  serveiil  les  mailres  d'armes  pour 
exprimer  l'aclioii  de  uiettre  son  épée  en  l'orme  de 
croix  sur  celle  de  son  adversaire.  Ainsi,  on  lit  dans 
ce  même  sens  :  «  A  ladix  neullemefeirenl  tousdeux 
»  alteiiile  en  croisée.  »  (Mém.  d'Ol.  de  la  Marche, 
liv.  1,  p.  'i(>'.).)  «  Lances  leur  l'urenl  baillées,  et  là 
«  de  première  course  ne  liront  point  d'aleinle;  à  la 
«  seconde  tirent  une  rude  croisée.  »  (Ibid.  p.  32-2.) 
»  Venir  en  croissée.  »  (Ibid  liv.  1,  p.  'iO'i.) 

''  On  appeloit  aussi  croi-'iées  les  croisades,  les 
guerres  entreprises  contre  les  infidèles  ou  contre  les 
îiérctiques.  Elles  tiroienl  cette  dénomination  des 
croix  de  différentes  couleurs  que  ceux  qui  avoient 
dessein  d'y  aller  placoient  sur  leurs  babils.  «  Une 
«  croisée  \)Ouv  aller  sur  les  Turcs  et  iutldelles  de 
«  nostre  foy.  «  (Matb.  de  Coucy,  Ilist.  de  Charl.  VU, 
p.  702.)  On  lit  à  la  marge  une  croix  ou  croisade[\). 
(Voyez  Gloss.  sur  les  Coût,  de  Beauvoisis,  et  Du 
Gange,  Gl.  lat.  au  mot  Crucem  assumere.)  Remar- 
quons celte  expression  :  croisée  de  l'esclii'ne,  pour 
signifier  le  dos  ou  les  reins.  «  Un  autre  aleman  luy 
"  Vua  (jeta)  une  balebardesur  la  teste  de  telle  force 
»  que  jusques  à  la  croisée  de  l'escliine  le  fouldroya.  " 
(.lean  d'Auton,  Ann.  de  Louis  XII,  p.  1G8.) 

VARIANTES  : 
CROISÉE.  Percef.  vol.  IV,  fol.  37. 
Croissée.  Mém.  d'Ol.  de  la  Marche,  liv.  I,  p.  202. 

Croisement,  subsl.  masc.  Terme  de  coutume. 
Croix  mises  en  signe  de  saisie  féodale  [voyez  plus 
haut  croisé,  adjectif].  Quand  on  saisissoit  féodale- 
ment  les  héritages,  on  désignoit  ces  héritages 
saisis  par  des  croix  que  l'on  y  metloit,  et  cela 
s'appeloit  croisement.  «  Les  justices  des  seigneurs 
"  peuvent  contraindre  les  subjects  et  porleriens 
«  (pour  fermiers)  par  croisement  d'héritages,  ou 
«  autre  exécution  réelles  pour  le  payement  des 
>■  droictiu^es,  et  redevances  seigneuriales  bien 
"  cogneues,  el  poursuivre  la  réunion  de  l'héritage 
<'  affecte  à  la  droiclure.  «  (Coût,  de  Metz,  Nouveau 
Coût.  Gén.  t.  II,  p.  307.)  Ci) 

Ci'oiser,  verbe.  Faire  des  signes  de  croix  *. 
Meltre  des  croix  en  signe  de  saisie  ^.  Mettre  en 
croix, en  travers*^,  liaturer".  Appareiller^.  Croître, 
augmenter  "^  (3). 

*  On  a  dit  dans  le  premier  sens  :  «  Tous  à  bon 
«  visage  et  joeusemenl  marchèrent  en  faisant  le 
..  signe  de  la  croix  en  eulx,  regardant  (pour  recom- 
c(  mandant  ou  adressant)  à  Dieu,  et  les  Anglois  à 
0  leurcoustume,  C)'o/sfl/ii  la  terre  etbaisanticelle  >> 
(Lettres  du  duc  de  Bourgogne  au  S'  Dufey,  p.  302.) 


°  On  meltoit  des  croix  sur  les  héritages  en  signe 
de  saisie  féodale,  et  on  appeloit  cela  croiser,  comme 
dans  ce  passage  :  »  C'est  auxexerceans  la  basse,  ou 
"  foncière  justice,  à  croiser  [voyez  croisé  (adj.)  el 
«  croisement],  saisir,  et  emhaunir  (pour  confisquer) 
»  les  heiilages,  faire  iceux  mettre  en  criées,  par 
«  leui's  doyen,  ou  scigeut,  faute  de  cens  payez.  » 
(Coût,  de  Gorze,  Nouv.  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  1077.) 

■^  Ces  deux  premières  acceptions  sont  figurées,  et 
se  tirent  de  l'acception  propre  mettre  en  croix,  en 
travers(4).  Onlitencesens:  «  Alector  n'ayant  de  quoy 
«  se  detfendre,  luy  présenta  l'eseu,  el  s'advisant  de 
«  la  sagelle  qu'il  avoit  croisée  h  son  baudrier,  la 
»  saisit  promptcment,  etc.  »  (Alect.  Rom.  f»  140.) 

De  là.  on  a  dit  des  chevaux  qui,  dans  une  joute, 
se  rencontrent  et  heurtent  l'un  contre  l'autre,  qu'ils 
se  croisent.  «  Les  deuxesperonnerent  les  chevaux  : 
«  et  puis  abaissèrent  les  glaives  :  et  s'en  vindrent 
«  l'un  contre  l'autre  de  grand  voulonté  :  mais  le 
«  premier  coup  ils  faillirent  ;  car  les  chevaux  croi- 
«  serent  donl  ils  furent  moult  courroucés.  » 
(Froissart,  liv.  IV,  p.  53.) 

°  On  disoil  encore,  au  figuré,  croisier  pour  effa- 
cer, raturer,  ce  qui  se  fait  assez  souvent  en  tirant 
sur  l'écriture  des  signes  de  gauche  à  droite  et  de 
droite  à  gauche  qui  se  traversent  et  représentent 
des  espèces  de  croix.  (Voy  Bout.  Som  Rur.  p.  113. )(5) 

^  Croiser  semble  avoir  aussi  signifié  figurément 
mettre  la  voile  en  croix  sur  les  niAls,  ap'pareiller. 
«  Quand  ils  eurent  vent  à  gré  pour  partir,  ils  croi- 
«  serent  leurs  nefs  el  entrèrent  en  leurs  nefs  et 
«  entrèrent  en  leurs  vaisseaux;  et  partirent  [éd. 
«  Kervyn,  IX,  214].  »  (Froissart,  hv.  II,  p.  75.)  Le 
même  auteur,  parlant  d'un  projet  de  descente  en 
Angleterre  par  Charles  VI,  en  1386,  ajoute:  «  Jà 
«  plusieurs  jeunes  seigneurs  du  sang  royal  qui  se 
'<  desiroyent  avancer,  "a.voyent  croisé  (C)  leurs  nefs, 
>'  et  boutées  avant  en  la  mer ,  en  signifiant  et 
«  disant:  je  seray  des  premiers  qui  arriveray  en 
«  Angleterre,  si  nuly  va.  »  (Livre  III,  page  150.) 

''  On  a  dit  aussi  croiser  pour  croître.  Au 
moins  a-t-on  dit  croise  pour  croisse,  augmente. 
«  On  a  entendu  que  la  valeur  de  la  terre  croise 
«  tousjours  par  son  sagement  maintenir.  »  (Beaum. 
page  10.) 

VARI.^NTES  : 
CROISER.  Orth.  subsistante. 
Croisier.  Bout.  Som.  Rur.  p.  113. 

Croiserée,SHbs/.  /"(j'/h.  Croisade.  Ces  différentes 
orthographes  ont  toules  la  même  étymologie  qui  est 
le  mot  croix.  On  nommoit  ainsi  les  guerres  entre- 


(1)  «  Comme  .xx.  et  .vi.  ans  a  ou  environ  que  nostre  saint  père  le  pape  donna  la  croisée  encontre  les  compaignies  ,  lors 
estant  en  nostre  royaume.  »  (.1.1. 140,  p.  100,  an.  1390.)  (n.  e.) 

(2)  Ce  mot  signifié  aussi  croisade  ;  «  Ce  fLit  aussi  comme  une  prophecie  de  la  grant  foison  de  gens  qui  moururent  en  ces 
dons  ccoi'.soiioi.s.  )i  (.loinville,  S  69.)  (n.  e.) 

(3)  On  Ut  aussi  dans  le  sens  de  prendre  la  croix  (Quesnes,  Romaiwern,  p.  97)  :  «  Ne  remainrai  avecques  ces  tirans  Qui 
sont  croisai;  à  loier  Pour  disraer  clers  et  borjois  et  sergens  ;  Plus  en  croisa  envie  qu'encreance.  »  ^n.  e.) 

(4)  (f  Li  Flament  ont  tellement  croisict  de  grans  mairiens  et  d'estaques  parmy  les  gistes  dou  pont  que  impossible  seroil 
de  passer  ne  nef  ne  nacelle.  »  (Froiss.,  X,  121.)  (n.  e.) 

(o)  Bouteillier  écrit  à  la  page  18R,  tit.  30  :  «  Et  dois  savoir  que  si  croix  y  a.  «  (N.  E.) 

(6)  «  Et  se  tinrent  li  rois  et  lors  gens  en  lor  vaissiaus  tous  croissics  sus  la  mer,  atendans  les  Espagnols  »  (Froissart , 
V,  286.)  On  lit  aussi  dans  le  Ménestrel  de  Reims  (§  06)  :  «  Si  vous  dirons  dou  conte  de  Blois  qui  monta  sour  meir  ;  et  en 
venoit  à  Marseilles,  voile  croisié.  »  (n.  e.) 


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prises  pour  la  conquête  de  la  Terre-Sainte,  parce 
que  ceux  qui  faisoienl  vœu  d'y  aller  prenoient  une 
croix  sur  leurs  habits.  «  Le  premier  haut  homme  de 
»  cele  croiserie  qui  passa  fu  le  roy  de  Honguerde 
»  qui  mult  de  £;ens  mena.  »  (Conliu.  de  G.  de  Tyr, 
Martène,  t.  V,  col.  G8t.) 

Cil  ala  outremer  avoec  la  croiserie. 
Et  tant  i  demora  qu'il  i  perdi  la  vie. 

Fabl.  MSS.  du  P..  n'  7218,  fol.  269,  V-  col.  2. 

(Voyez  Croisie  ci- après.) 

VAEIIANTES  : 
CROISERÉE.  Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  f»  80. 
Croisehie.  Poës.  MSS.  V:ilican,  n»  1522,  fol.  163  (.!)• 
Croizerie.  g.  Guiart,  MS.  fol.  209,  R». 

Croises  ,  subst.  fém.  pluriel.  Arrérages  *. 
Coquille  ^. 

*Au  premier  sens,  ce  mot  vient  àecroire,  prêter, 
faire  crédit,  donner  délai.  (Voyez  Croire  ci-dessus.) 
On  lit  dans  le  passage  suivant  :  «  Si  un  débiteur  de 
"  renie  fait  apparoir  par  quittances,  ou  autres 
"  docLimens  légales  qu'il  a  payé  trois  années  de 
»  suite  la  rente  qu'il  doit,  lors  sont  prsumées 
«  d'estre  payées  les  croises  antérieures,  etc.  »  (Coût. 
de  Brusselles,  Nouv.  Coût.  Gén.  t.  I,  p.  I'2i8.) 

^  Dans  la  seconde  signiflcalion  ,  on  disoit  croises 
de  noix,  pour  coquilles  de  noix,  que  l'on  appelle 
encore  aujourd'hui  creuses  dans  quelques  pro- 
vinces : 

Et  es  croises  de  nois  feu  mistrent 
0  (avec)  li  feu  firent  ens  repondre. 

Rom.  de  Brut.  MS.  fol.  103,  V"  col.  1  el  2. 

Croisés,  subst.  masc.  plur.  Ce  mot  subsiste 
sous  celle  orthographe,  et  l'on  trouve  dans  La 
Thaum.  Coul.  de  Berry,  p.  GO,  ce  que  les  anciens 
auteurs  et  les  anciennes  chartes  appellent  les  privi- 
lèges des  croisés.  (Voyez  Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.)  (2) 
Il  y  auroit  beaucoup  de  choses  à  dire  sur  les  croisés 
et  les  croisades,  mais  nous  ne  devons  parler  de  nos 
anciens  usages  qu'autant  qu'ils  sei'vent  à  expliquer 
les  mots  qui  ne  sont  plus  d'usage  .  et  les  mots  de 
croisade  et  de  croisés  subsistent  encore.  Ce  dernier 
pareil  cependant  signifier  autre  chose  que  ce  que 
nous  entendons  ordinairement  par  ce  mot.  C'éloient 
peut-être  des  pèlerins  ou  religieux  ainsi  nommés  à 


cause  d'une  croix  qu'ils  portoient  au  bout  de  leurs 
bâtons. 

Par  la  ville  fait  demander 
Les  cevaliers  mal  aaisiés  (chevaliers  pauvres), 
Et  les  prisons,  et  les  croisiés  (prisonniers). 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  T.I89,  fol.  67,  V°  col.  S. 

vAr,i.\NTES  : 
CROISÉS.  Orth.  subsistante. 
(Croisiés.  Joinville,  p.  16  ;  Beauraan.  p.  14. 

Croisette,  subst.  fém.  Petite  croix*.  Espèce 
d'herbe  «  (3). 

*Au  premier  sens,  on  nommoit  escus  à  la  petite 
croix  ou  à  la  croisette  une  sorte  de  monuoie  sur 
laquelle  éloit  empreinte  une  petite  croix.  (DuCange, 
Gl.  lai.  au  mot  Moneta'  aureœ  Reg.  franc.) 

^Ce  mol  signifioit  aussi  une  espèce  d'herbe  dont 
on  se  sert  dans  certains  remèdes  pour  les  chiens. 
"  Prenez  une  poignée  d'Iierbe  nommée  la  c'roist^//^?, 
«  ou  cruciale,  une  poignée  de  rue,  etc.  >•  (Salnove, 
Vénerie,  p.  333.) 

Croiseule.  [Intercalez  Croiseule  ,  cruche  : 
«  Encore  lisent  faire  un  engien  les  Gantois  et 
"  asseoir  devant  la  ville,  qui  jeloit  vint  croiseules 
"  de  cuivre  tout  boulant.  »  (Froissirt,  V,  GO.)  On 
trouve  croisuel  (Miracles  de  Notre-Dame)  et  croi- 
sieu  :  «  Après  que  icelle  Marguerite  eut  alumé  un 
«  chareil  ou  croisieu.  «  (,l.l.  185,  p.  310,  an.  145G.) 
De  même  creuseul,  croissol,  crusset,  crasset, 
comme  le  moderne  creuset,  nous  mènent  au  latin 
crucibulmn.']  (n.  e  ) 

Croiseur,  subst.  masc.  Marqueur  de  monnoie. 
(Dirt.  de  Monet.)  Vraisemblablement  celui  qui  met- 
toit  à  la  monnoie  l'empreinte  d'une  croix  ou  croi- 
sette. (Voyez  ce  mot.) 

Croiseure,  subst.  fém.  L'action  de  se  croiser. 
De  croiser  ci-dessus,  se  rencontrer,  se  choquer;  en 
parlant  des  chevaux  dans  une  joute.  (Froissart, 
liv.  IV,  p.  39.) 

Croisie,  subst.  fém.  Cotte  d'écriture  *.  Croi- 
sade^. Partie  de  la  garde  d'une  épée*^.  Partie  d'un 
moulin  à  veut"  (4). 

*0n  marquoit  autrefois  les  pièces  d'écritures 
d'une  petite  croix  ;  de  là  croisie  pour  cotte.  (Laur. 
Gloss.  du  Dr.  fr.) 


(■1)  Croiserie  est  aussi  dans  Froissart  (X,  207).  On  lit  aussi  dans  une  Chronique  de  S'  Magloire  (Du  Cange,  I|,  680,  col.  3)  : 
«  L'an  mil  deux  cens  soixante  quatre  S'alla  Charles  li  rois  combatre.  En  PuiUe  encontre  Mainfroy.  Alors  fu  une  croiserie, 
Dont  on  portoit  la  crois  partie.  Les  crois  furent,  si  come  semble.  De  blanc  et  de  vermeil  ensemble.  »  (N.  E.) 

(2)  «  Ouiconques  est  ci-oisié  de  crois  d'outremer,  il  n  est  tenus  à  respondre  en  nule  cort  laie.  »  (Beaumauoir,  XI  ,  8.)  Ils 
pouvaient  aussi  plaider  devant  les  cours  ecclésiastiques  (fortiiu  ecclesiasiicuiit) ,  soit  comme  demandeurs,  soit  comme 
défendeurs,  sauf  en  matière  féodale  (Ord.  de  Philippe-Auguste,  1214),  et  d'après  Beaumanoir,  en  matière  de  propriété  et 
d'héritage.  Le  bras  séculier  les  réclamait  encore,  quand  ils  étalent  pris  en  flagrant  délit  enlraîmnt  mort  ou  mutilation. 
S' Louis  leur  aciorda  un  délai  de  cinq  ans  pour  payer  leurs  dettes  ;  enfin,  ils  avaient  un  délai  d'un  an  et  un  jour,  après 
leur  rentrée  en  France,  pour  intenter  les  procès  et  les  actions  suspendus  pendant  leur  absence,  liais  ces  privilèges 
nuisaient  autant  aux  croisés  qu'à  leurs  débiteurs  et  à  leurs  créanciers.  On  introduit  donc  dans  la  pratique  une  clause  de 
renonciation  au  privilège  de  croix  prise  ou.  à  prendre,  confirmée  par  une  ordonnance  de  1303.  (Philippe-le-Bel.)  Cette  clause 
persistait  au  xvf  siècle,  dans  le  dispositif  des  chartes  et  le  protocole  des  notaires  ,  alors  qu'il  n'y  avait  plus  de 
croisades,  (n.  e.) 

(3)  C'est  aussi  une  espèce  de  jeu  (JJ.  195,  p.  339,  an.  1469):  «  Lesquelz  compaignons  jouent  aux  croisettes.  »  On  disait 
aussi  :  «  Comme  fexposant  et  Gielfroy  Buglart  eussent  Jo»é  aux  croe:  les  foiriées  de  Noël.  »  (.)J.  138,  p.  189,  an.  1390.)  Ce 
doit  être  le  jeu  de  plie  ou  face,  qu'on  nommait  alors  pile  ou  croix.  (N.  E.) 

(4)  Ce  mot  a  un  autre  sens  ;  Rues  de  l'ancien  Paris  ,  se  continuant  comme  grand'routes  au  dehors  :  «  Richart  de 
Flacourt  officier  sur  le  fait  des  réparations  des  chau.jsèes  de  nostre  ville  et  banlieue  de  Paris  confesse...  avoir  emplolez 
ou  fait  emploier  nos  carreaulx  et  grez  es  terres  d'aucuns  seigneurs  hors  de  la  croisie  de  Paris  ,  dont  la  réparation  des 
chaucées  n'appartient  point  estre  faitle  à  nos  dépens.  »  (JJ.  138,  p.  82,  an.  1389.)  La  rue  S'  Martin  était  réputée  croisie.  » 
(Arrêts  du  parlement,  t.  VIII,  10  avril  1391.)  (n.  e.) 


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400 


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°  f.es  croisés  porloient  des  croix  sur  leurs  habits, 
d'oîi  croisic,  croisade,  pour  signifier  ces  goerres 
pour  la  coïKiuèle  de  l;i  Terre  S;iinle.  "  Le  duc  Gode- 
"  froy  vendit  sa  duclié  de  Buiilon  ù  l'cvesi^ue  du 
«  Liège  pour  nier  en  la  cvoinie  [voyez  aussi  Matli. 
"  de  Coucy  (Charles  VIII,  p.  71  ii].  •■  (Tri.  des  IX 
Preux,  page  'i58.) 

'^On  appeloit  aussi  croisie  une  partie  de  la  garde 
d'une  cpée.  C'est  la  petite  l)rani'he  qui  sépare  la 
poignée  do  la  coquille,  en  formant  uiie  espèce  de 
croix.  Croisie  (le  l'ex/iéeii).  (L-j  Colomb.  Th.  d'honn. 
t.  I,  p.  07.  —  \oy.  CnnisLE  ci-dessus  et  l'art.  Croix.' 

"Enlln  i;c  motdésignoit  une  partie  d'un  moulin 
à  vent,  la  même  que  croisée  ci- dessus.  (Coul.  Cén. 
1. 1,  p.  7jO.) 

Croisie,  adj.  et  /larticipi'.  Qui  est  en  croix,  en 
travers*.  Qui  a  une  croix  ^. 

*  Le  premier  sens  est  le  sens  propre.  De  là,  on 
disoit  lance  croisie  pour  lance  en  bandoulière. 

Cil  ont  leur  lances  tendues 
A  pointes  luisanz  et  nioisies, 
Et  a  l'enviroii  d'eus  craisies. 

G.  Guiail,  MS.  fol.  271.  V. 

^  Les  croix  font  encore  parlie  de  la  parure  des 
femmes,  et  c'est  en  ce  sens  qu'on  a  dit  croisie,  qui 
a  une  croix,  qui  porte  une  croix. 

Les  dames  furent  ofTrisiés  (parées  d'orfroi) 
Drut  perlées,  et  bien  cfoisiéx  (2). 

Fro;ssart.  Pocs.  MSS.  p.  16,  col  1. 

VARIANTES    I 

CROISIE.  Froissart.  Poës.  MSS.  p.  16,  col.  1. 
Croisi.  g.  Guiart,  MS.  fol.  271,  V'. 

Croisier  (se),  verbe.  Entreprendre  une  croi- 
sade. Proprement  prendre  une  croix  sur  son  habit, 
eu  signe  de  celte  entreprise.  Mouskes,  p.  579,  dit 
en  parlant  de  Philippe-Auguste  : 
Si  se  sont  croisté  faiisement. 

VARIANTES    (3)  : 
CROISI'ÎR  (SE). 

Creisek,  d'où  Creisés,  Croisez.  Rvmer,  t.  I,p.  116. 
Croizier.  Ph.  Mouskes,  MS  p.  579." 
Croissier.  Dict.  de  Borel  et  de  Corneille. 

Croisière,  sitbst.fém.  Butte  d'une  mine.  (Oud. 
rticlionnaire.i 

Croisiers,  siilisl.  niasc.plur.  Carrefours  [voyez 
aussi  la  note  sous  croisie].  Lieux  où  deux  chemins 
se  croisent.  «  Pour  avoir  fait  faire  plusieurs  laignes 
"  de  coques,  et  de  laignes  de  quesne  devant  la 
»  forest ,  sur  les  croisiers  venants  au  pont  de 
«  Sassegmez  ,  et  venants  à  Guillebert  Mamsoil  , 
«  jusques    à    l'aulnoye   de    Gillechon   Carton,   et 


«  revenant  es  amettes  (limites)  et  à  la  pierre  aux 
■  aulels  fi  l'un  des  costez  et  l'autre,  etc.  »  (Coût,  de 
Landrochies,  .Nouv.  Coût   Gén.  t.  II,  p.  '209.) 

Croisille,  sitbsi.  fcni.  Croix  Croix  mise  sur  un 
chemin.  (Du  Cange,  Gl.  I.  au  mot  Crucil'œ.) 

<>r()ison.  [Intercalez  Croi.'^on,  comme  croisie  {e)  : 
«  Hegiiault  feri  icelui  Ligier  du  croison  dudit 
.<  espie   un  tout  seul  cop  sur  le  col.  »   (J,I.    L3-2, 

p.  l.Vi,  an.  1387.)]  'n.  e.) 

Croissant,  subst.  masc.  Ouvrage  de  fortifica- 
tion*. Ordre  de  chevaleiie  °.  Croit*^. 

*  Dans  le  premier  sens,  croissant  est  le  nom  de 
certaines  fortificalions  nouvelles  dans  les  places  de 
guerre.  (Peliss.  Leit.  Hist.  t.  III,  p.  329.)('() 

^L'ordre  du  croissant é\.o\[.  un ordredechevalerie 
dont  la  marque  éloit  un  croissant,  et  la  devise  ces 
mots  :  los  en  croissant.  Le  roi  d'armes  de  cet  ordre 
avoit  le  nom  de  Ins  et  le  poursuivant  celui  de  crois- 
sant. (Voy.  La  Colomb  Th.  d'Honn.  t.  1,  p.  117.) 

'^  FA\\]n' croissant,  en  termesdecoutume,  désignoil 
le  croit,  l'augmentation  du  produit  d'une  lerre 
pendant  une  année,  relativement  aune  autre,  et 
ilcscroissinit  la  diminulion  du  même  produit. 
(Dénombr.  de  la  terre  de  Montmor  fait  en  1.396.  — 
Voy.  ci-après  Croist  ) 

Croissanz,  subst.  masc.  Nom  propre.  Peut-être 
Crassus. 

Plus  larges,  et  poissanz 

Ne  fu  Cesarres  et  croissanz  (5). 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  63.  V  col.  1. 

Croisseiz,  subst.  mnsc.  Cliquetis.  Le  bruit  des 
laices  qui  se  croisent  ou  se  croissent,  qui  se  brisent 
avec  bruit,  du  verbe  croisser  ci-après. 

Et  de  lances  les  croiseh. 

Rom.  de  Rou,  MS.  p.  242.  Ibid.  p.  33j. 

Croissemence,  subst.  fém.  Croissance. 

Mes  maie  vite  croissemence. 

Fahl.  MSS.  du  R.  n- 1-218,  fol.  358,  V'  col.  1. 

Croissement,  subst.  ntasc.  Accroissement  ((»). 
Ce  mot  signilioit  dans  le  sens  propre  augmentation, 
accroissement  sous  toutes  ses  orthographes.  On  l'a 
employé  particulièrementsous  celles  de  croisement 
et  cro'issement  pour  désigner  les  enchères  d'une 
livre  en  sus  de  chaque  dizaine  de  livres,  dans  cer- 
taines enchères  publiques.  «  Se  prend  le tier- 

X  cernent  sur  la  somme  première  et  principale  de 
«  l'enchère;  le  moiliement  sur  l'une  et  l'autre 
»  joints  ensemble;  le  croisement  de  chacun  dix, 
»  un  (comme  pour  exemple),  si  la  mise  est  vingt 
«  frans,  le  tiercement  sera  de  dix,  le  moitiement 


(1)  «  Ledit  .lehannot  fu  feruz...  d'une  espie  ou  de  la  crnisié  d'icellui  espie.  »  ^.1J.  132,  p.  152,  an.  1387.)  (n.  E.) 

(2)  Voyez  plus  haut  crezé,  étoffe  croisée  ou  couverte  de  dessins  croisés  :  «  Une  pièce  de  ruban  croisetée  d'or  et  de  soie.  » 
(Bibl.  de  l'Ecole  des  Chartes,  1874,  p.  519.)  (N.  E.) 

(3)  Voyez  Croiser.  On  trouve  aussi  cruisier  (Thomas  de  Cantorbery,  115)  :  «  Mais  se  volez  la  terre  et  le  règne  laissier  Pur 
le  servise  Deu,  e  vus  voilliez  cruisier.  »  (N.  E.) 

(4)  «  Ces  ouvrages  inconnus  jusques  ici  dans  notre  fortification  se  nomment  des  flèches  à  cause  de  leur  figure,  et  sont, 
à  rég,nrd  de  ces  angles  saillants,  ce  qu'est  une  contre-garde  à  l'égard  d'un  bastion  ;  il  y  a  aussi,  entre  les  deux,  d'autres 
petits  ouvrages  qu'ils  nomment  croissants  ;  et  tout  cela  palissade,  quoique  de  lerre  simplement,  se  défend  assez  bien  l'un 
l'autre,  quand  on  beaucoup  de  monde  et  beaucoup  de  feu.  »  (N.  E.) 

(5)  La  conjonction  et  qui  précède  croissan:  le  relie  à  poissait:  ;  c'est  le  participe  présent  de  croître,  (n.  e.) 

(6)  On  Ut  déjà  dans  Thomas  de  Cantorbery  (157)  :  «  Li  parreins  fu  ocis  et  gist  en  Orient  ;  Car  sainte  iglise  estait  idunc  en 
crcissernent.  n  (N.  e.) 


CR 


—  401  — 


CR 


»  de  trente,  el  le  croisement  de  six,  que  font  en 
«  somme  une  totale,  soixante  six.  »  (Coût,  de  Lor- 
raine, Coût.  Gén.  t.  Il,  p.  1068.) 

VARIANTF.S  : 
CROISSEMENT,  Creissement,  Cressement. 
Croisement.  Coût,  de  Lorraine,  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  1068. 

Groisser,  verbe.  Craquer,  faire  du  bruit,  reten- 
tir*. Ecraser  avec  bruit  ^  (1). 

*  Au  premier  sens,  ce  verbe  est  neutre  et  signifie 
craquer,  faire  du  bruit.  «  Rontloil  du  nez  en  si 
«  grant  yre  (colère,  fureur)  ainsi  comme  un  cheval, 
0  et  estraingnoit  (serroili  les  dens  ensemble,  si 
t'  quelles  ero/sso/>Hi  moultdurement (fortement).  » 
(Lanc.  du  Lac,  t.  1,  fol.  10.) 

On  s'est  même  servi  de  ce  mot  pour  exprimer  le 
bruit  des  tambours. 

Tabours  crnissent,  trompes  bondonnent. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  330.  V'. 

°  Pris  dans  une  signiOcation  active,  crolsser  s'est 
dit  pour  écraser,  faire  craquer  en  écrasant.  Le 
comte  de  Foix,  voulant  détourner  les  chevaliers 
d'aller  l'i  la  guerre  d'Espagne,  leur  disoit  :  «  Vous 
"  retournerez  si  povres,  et  si  nus  que  les  poux 
<>  vous  estrangleront,  et  les  croisserez  entre  vos 
«  ongles.  «  (Froissart,  livre  III,  page  47.  —  Voyez 
Croissir  ci-après.) 

Croisserece,  sitbst.  féni.  Cliquetis.  Bruit  d'ar- 
mes qui  se  rompent  ou  se  croisent.  (Voy.  Croisseiz.) 

La  veissiez  lances  brissier, 

Jà  ne  se  set  nus  conseillier, 

Là  Dissiez  tiel  croisserece, 

Et  sor  heaumes  tiel  tinterece,  etc. 

Rom.  de  la  guerre  de  Troye,  MS.  cilé  par  Du  Gange,  à  Tinniilus. 

Croisset,  subst.  masc.  Grenouille.  (Dictionnaire 
d'Oudin.) 

Croissir,  verbe.  Craquer,  faire  du  bruit,  reten- 
tir *.  Secouer  ^.  Ces  deux  mots,  malgré  leur  diffé- 
rence d'orthographe,  on  tu  ne  identité  de  signilication 
qui  ne  pei  met  pas  de  les  distinguer. 

*  Au  premier  sens,  ce  sont  les  mêmes  que  croisser 
ci-dessus,  croissir.  en  latin  stridere,  craquer,  faire 
du  bruit,  selon  le  Gloss.  de  Labbe,  p.  527  (2).  Le  pas- 
sage suivant  contu-me  cette  acception  : 

Les  cottes  li  fist  croissir. 

Rom.  du  Brul,  MS.  fol.  9,  V'col.  1. 

On  disoit  croistre  nu  même  sens  : 

Tout  le  lit  en  fet  croisire. 

Eslrub.  Fabl.  MSS.  dn  R.  n-  7906,  p.  86. 

On  l'appliquoit  même  au  bruit  des  tambours,  de 
même  que  croisser  : 

Tabours  croistre  (3),  corz  bondonner. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  313,  V°. 

^En  remontant  de  l'effet  à  la  cause,  croissir  et 
croistre  signifioient,  dans  un  sens  actif  et  obscène, 
secouer,  faire  craquer  en  secouant  : 


Vostre  famé  la  duchoise 

Qui  est  debonaire  et  cortoise 
Croissi-je  anuit  xiii  fois. 

Rsiruli.  Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7990,  p.  29. 

On  lit  dans  un  autre  endroit  : 

Trubert  la  comence  à  croistre 

Si  que  tout  le  lit  en  fet  croistre. 

Ibid.  page  86. 

C'est  en  ce  même  sens  que  croistre  est  employé 
substantivement  dans  ces  vers  : 

Amis  du  croistre.  vous  taisiez, 

Et  gardez  que  plus  n'en  pleidiez  (parliez). 

Ibid.  page  6. 

VARIANTES    : 
CnOISSIR.  Parton.  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  f«  153,  V»  col.  3. 
Croistre.  G.  Guiart,  MS.  fol.  322,  V». 

Croissoeres,  subst.  plur.  Il  n'est  pas  aisé  de 
déterminer  le  sens  de  ce  mot,  qu'on  trouve  dans  le 
détail  des  marchandises  que  vend  un  mercier  et 
que  nous  n'avons  point  rencontré  ailleurs  : 
.l'ai  buleteax  à  bolanger 
J'ai  croissoeres  à  gastea.x,  etc. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  42,  V-. 

Croisson,  sul)St.  fém.  Croissance,  criî.  «  Fem- 
«  mes  qui  font  les  enfans  sur  terre  v.-.i  mauvaise 
«  croisson  et  de  puteur  (pour  puanteur  au  figuré), 
«  et  quant  elles  se  voyent  délivrés  de  mauvais 
«  fruict,  souventes  fois,  par  leur  malices,  elles  le 
<■  changent  en  ung  bon.  »  (Percef.  vol.  111,  f"  158.) 

On  a'dit  aussi  inns  de  toute  creussoii,  pour  vins 
de  tout  criî.  (Cartheny,  Voyage  du  chev.  err.  f-  130.N 

VARIANTES   : 
CROISSON.  Percef.  vol.  III,  fol.  158,  V». 
Creusson.  Cartheny,  Voyage  du  chev.  err.  fol.  1.30,  R». 

Croist.  [Intercalez  Croist:  1°  Revenus  végétaux 
d'un  lief  ou  censive  :  «  Et  se  aucuns  tient  en  fié 
«  franc,  la  garde  de  l'enfant  et  des  choses  sont  ou 
"  pooir  au  plus  près,  et  sunt  tuit  li  croiz  des  fruiz 
«  et  dou  fié  à  celi  qui  l'a  en  garde.  »  (Livre  de 
Justice,  58.)  2°  Nouveaux  nés  des  animaux  baillés 
en  cheptel:  «  Un  agneau  que  le  suppliant  a\'Oit 
«  baillié  ea  croiz-  et  en  chatel  à  Guiot  Choppart.  » 
(JJ.  128,  p.  132,  an.  1385.)  3° Intérêts  d'une  somme: 
«  Mors  fait  laissier  usure  et  crois.  «  (Helinaud, 
vers  sur  la  mort.)  4°  C7mst  de  cens,  surcens  ou 
second  cens  :  intérêts  payés  au  seigneur  par  le 
censier  pour  un  capital  prêté,  ou  redevance  payée 
au  censier  pour  la  tenure  qu'il  sous-loue.  5°  Source 
d'un  fleuve:  «  Alla  loger  au  mont  S'  Martin, en  une 
"  abbaye  au  dessous  de  Beaurevoir,  ou  croist  de 
«  l'Escaut.  »  (Du  Bellay,  1.  I,  fol.  25.)]  (n.  e.) 

VARIANTES  : 
CROIST.  Ord.  t.  I,  p.  777. 
Croix.  Ibid.  p.  447. 

Croys.  Britt.  Loix  d'Anglet.  fol.  86,  R». 
Crois.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  77,  col.  3. 
Croiz.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  t.  I,  fol.  103,  Y"  col.  2. 


(1)  On  a  aussi  dit  croisser  pour  crosser  :  «  .\insi  que  les  diz  enfans  croissaient  ensemble  ,  icelluy  suppliant  frappa  ledit 
Jelian  d'une  grosse  ou  masselote  qu'il  tenoit.  »  (.1,1.  152,  p.  253,  an.  1397.)  (N.  E.) 

(2)  On  lit  déjà  dans  la  Chanson  de  Roland  (v  3485):  «  Ces  escuz  sur  ces  helmes  cruisir.  »  De  même  aux  Annales  du  règne 
de  S<  Louis  (p.  227)  «  La  nef  le  roy  se  feri  à  plain  voile  en  une  havaire  de  terre  endurcie  ,  si  fort  que  elle  en  croissi 
toute.  »  (N.  E.) 

(3)  «  Lequel  arbre  commença  à  croistre,  et  lors  le  suppliant  commença  à  dire  et  crier  à  haulte  voix  par  deux  fois  :  ledit 
arbre  s'en  va,...  et  tantost  après  ledit  arbre  cheu.  »  (,IJ.  181,  p.  151,  an.  1452.)  (n.  e.) 

IV.  51 


CR 


-  402  - 


CR 


Croistre,  verbe.  Augmenter,  accroître.  Ce  mot, 
qui  subsiste  comme  verbe  neutre,  étoit  actif  autre- 
fois. "  Il  pounoientcj'Oîs/re  la  gabelle,  selon  ce  que 
»  bon  leur  semblera.  »  (Ordonii.  1. 111,  page  25.) 
«  Donnons  povoir  de  mander,  et  assamble'r  gens 
«  d'armes  et  de  pié,  de  les  croistre  et  amenuiser 
«  (diminuer)  toutes  et  quantes  fois  que  bon  vous 
<•  semblera.  »  (Ibid.  p.  160.)  On  disoit  aussi  croistre 
son  alleure,  pourhàter  le  pas,  ledoubler,  aller  plus 
vite  :  <■  Quant  les  chevaliers  l'apercoyvent,  ilz  crois- 
«  sent  leur  alleure,  et  vont  plus  tost  qu'ilz  ne 
«  souloient  (avoient  coutume).  »  (Lancelot  du  Lac, 
tome  1,  folio  10.)  (1) 

Se  croistre,  pour  s'accroître,  s'agrandir,  faire  de 
nouvelles  acquisitions  dans  une  terre.  (Voy.Perard, 
cité  plus  haut.) 

Conjugaison. 

Graisset,  dans  S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  257, 
répond  au  latin  crescat. 

Craistre ,  d'où  craisset ,  dans  la  conjugaison 
ci-après. 

Crestre,  d'où  le  futur  crestra.  (Perard,  Hist.  de 
Bourg,  p.  518.) 

Graisser.  (S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  257.) 

Grusirent,  prêter.  S'accrurent.  (Hist.  de  la  Sainte 
Croix,  Ms.  p.  4.) 

Craissoit,  pour  croissent.  (S.  Bern.  Serm.  fr.  mss. 
p.  90,  dans  le  lai.  crescnnt.) 

Graisseraient,  pour  augmenteroient.  (S.  Bern. 
Serm.  fr.  .mss.  p.  129,  dans  le  lat.  proficiant.) 

Graisset,  pour  croist,  au  subj.  (S.  Bern.  Serm. 
fr.  MSS.  p.  257,  dans  le  latin  crescat.) 

Grast,  pour  accroist,  augmente.  (S.  Bern.  Serm. 
fr.  MSS.  p.  28b,  dans  le  latin  augetur  et  crescit.) 

Greisent,  pour  croissent.  (Marbod.  col.  1642.) 

Greissant,  pour  croissant.  (Marbodus,  col.  1668.) 

Greisl,  pour  croist.  (Marbod.  col.  1642  et  1658.) 

Crest.  pour  croist.  (S.  Bern.  Serm.  fr.  mss,  p.  284.) 

Crestra,  pour  accroistra,  augmentera.  (Perard, 
cité  plus  haut.) 

C/Mii  (fut),  pour  crût.  (S.  Bern.  Sermons  franc. 
mss.  page  176.) 

VARIANTES  : 
CROISTRE.  Orth.  subsistante. 
Creistre.  D.  Morice,  Hist.  de  Bret.  col.  263. 

Croisure ,   siibst.  fém.  Croisade  *.  Terme  de 
poétique  ^  (2). 
*  Au  premier  sens,  on  disoit  croisure  pour  croi- 


sade. (Joinville,  p.  125.  —  Voyez  Choisie  et  Croisi£ 
ci-dessus  avec  la  même  signification.) 

^  Groisure  s'est  dit  aussi  d'une  pièce  de  poésie 
dont  les  vers  se  croisent,  dont  la  rime  est  coupée, 
interrompue.  «  La  diversité  de  la  mesure,  et  de  la 
•'  croisure  des  vers  que  j'y  ay  meslez.  » 

Croix,  snbst.  fém.  Signe  de  croix  et  croisade 
dont  la  croix  étoit  le  signal*.  Procession  ^(3).  Argent 
monnoyé*^.  Borne,  limite".  Partie  de  la  garde  d'une 
épée^.  Partie  d'un  moulin''.  Ce  mot  subsiste,  et  c'est 
de  son  acception  propre  que  se  sont  formées  les  ac- 
ceptions particulières  que  nous  venons  de  marquer. 

*  Au  premier  sens,  il  exprimoit  le  mouvement  de 
la  main  droite  par  lequel  on  représente  la  ligure 
d'une  croix.  •<  Il  flst  comme  ung  bon  chrestien  de 
«  la  Bannerole,  la  croix.  »  (J.  de  Saintré  ,  p.  331.) 

Lors  s'escrient  à  haute  voix, 
Et  en  firent  plus  de  cent  crois. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7615,  t.  Il,  f  129,  V. 

Comme  la  croix  étoit  le  signe  de  la  croisade 
entreprise,  on  le  trouve  en  ce  sens  sous  les  ortho- 
graphes croez,  crois,  croix  et  croiz.  «  Privilège  de 
«  croe%  prise  et  a  prendre.  »  (D.  Morice,  Histoire 
de  Bret.  Pr.  col.  994,  lit.  de  1295.)  «  Privilège  de 
«  tTOiS  et  de  chevalerie.  »  (Baluze,  Mais.  d'Auverg. 
92,  lit.  de  1258.)  Vou  de  la  croix,  pour  vœu  de  la 
croisade.  (Duchesne,  Généalogie  de  Montmorency  , 
p.  386,  tit.  de  1265.) 

^  On  portoit  anciennement,  comme  aujourd'hui, 
des  croix  aux  processions  ;  de  là,  ce  mot  s'est  pris 
pour  signiTier  les  processions  mêmes.  On  disoit,  en 
ce  sens,  croix  noires,  pour  désigner  la  procession 
«  qui  se  fait  le  jour  de  S.  Marc,  à  cause  qu'on  cou- 
«  vre  les  autels  et  les  croix  de  noir,  en  ce  jour-là  (4).  » 
(Voyez  Uu  Cange,  sur  Joinville  (5),  p.  43  ;  id.  Gl.  L. 
aux  mots  Cruces  nigrœ.) 

^  Nos  monnoies  avoient  autrefois  une  croix 
empreinte  sur  le  revers  (6);  de  là ,  ces  expressions 
encore  subsistantes  :  n'avoir  ni  croix,  ni  pile,  jouer 
à  la  croix,  ou  pile; mais  nous  ne  disons  plus  croix 
pour  argent,  comme  dans  ce  passage  : 

Cure  n'a  de  ceux  qui  n'ont  croix. 

Eusl.  Deschainps,  Poês.  MSS.  fol.  205,  col.  3. 

On  ajoutoit  quelquefois  au  mot  o'ozs  celui  de  pille 
[pille  est  là  pour  pile']  et  ces  deux  mots  réunis 
avoient  la  même  signification  : 

Je  crois  la  cause  du  concile 
Ke  por  atraire  crois  et  pille  (7). 

Hist.  de  Fr.  a  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  fol.  70- 


(1)  Croître  signifie  encore  :  1°  Naître  :  «  Se  besoings  vous  croist.  »  (Froissart,  II,  93.)  2°  Arriver  :  «  Tous  les  jours  leur 
croissaient  gens  d'armes  ensi  qu'ils  aloient  avant.  »  (Id.  II,  72.)  3"  Enchérir  ;  «  Afin  que  chascun  soit  engrant  De  croistre,  et 
que  au  plus  offrant.  »  (E.  Desch.  ms.,  fol.  407.)  4»  Faire  des  recrues:  «  Donnons  povoir  de  mander  et  assembler  gens 
d'armes  et  de  pié,  de  les  croistre  et  amenuiser.  »  (Ord.,  III,  60.)  (n.  e.) 

(2)  On  a  dit  aussi  croisure  pour  carrure  (G.  Chastelain,  Eloge  de  Philippe-le-Bon)  :  «  Estoitgent  en  corsage  plus  qu'autre  ; 
droict  comme  un  jonc  ;  fort  d'eschine  et  de  bras,  et  de  bonne  croisure.  »  (n.  e.) 

(3)  «  Jehan  Dourderon...  la  vigile  de  l'Ascension  Nostre  Seigneur  portast  un  confanon  ou  baniere  de  l'église  de 
Landricourt  aus  processions  et  crois,  en  la  compaignie  du  curé  et  des  gens  d'icelle  ville.  »  (JJ.  105,  p.  458,  an.  1374.)  (N.  E.) 

(4)  «  Celi  jour  porte  l'on  croix  en  procession  en  moût  de  lieus,  et  en  France  les  appelle  l'on  les  croiz  noires.  »  (Ed.  de 
Wailly,  §  69.)  On  lit  encore  dans  le  ms.  de  S'  Victor,  28,  fol.  118,  v"  col.  2  :  «  La  première  letanie  en  trois  manières  est 
apelée  :  au  première  letanie  gregnour  ;  au  secont  est  dite  processions  de  sept  fourmes  ;  au  tierz  est  dite  croix  noires.  »  (N.  e.) 

(5)  Ed.  Henschel,  t.  VIT,  p.  347.  Les  autels  et  les  croix  étaient  voilés  de  noir  en  souvenir  d'une  peste  qui  ravagea  Rome 
sous  le  pontificat  de  Saint-(3régoire-le-Grand.  (n.  e.) 

(6)  Cette  croix  est  encore  au  revers  des  louis  d'or  frappés  en  1718.  (N.  e.) 

(7)  Louis  le  Débonnaire  introduisit  en  Gaule  le  type  de  la  monnaie  de  Milan  ;  c'était  un  fronton  de  temple  païen  ,   porté 


CR 


—  403  — 


CR 


Le  Jouvencel  ,  faisant  allusion  îi  cette  croix 
empreinte  sur  la  monnoie,  dit  que  «  l'on  ne  va 
«  plus  à  la  court  pour  la  croLr  d"or  et  d'argent  que 
«  pour  l'amour  de  celle  de  cèdre,  et  de  cyprès,  où 
«  Dieu  souffrit  mort.  »  (Le  Jouvenc.  fol.  15.) 

°  L'usage  de  planter  des  croix,  pour  distinguer  les 
juridictions  les  unes  des  autres  et  marquer  les 
limites  des  héritages,  a  fait  employer  le  mot  croix 
dans  le  sens  générique  de  borne,  limite.  «  Dans  les 
«  terres  de  C'hateauneuf,  Beauvoir  et  S.  Julien  sont 

«  tous  serfs fors    et  excepté   seulement  les 

«  bourgeois  de  la  ville  et  fauxbourgs  du  dit  Chateau- 
«  neuf  demeurans  en ,  et  au  dedans  des  quatre 
«  croix,  et  bornes  de  leur  affranchissement.  »  (La 
Thaum.  Coût,  de  Berry,  p.  177.)  On  appeloit  croix 
de  la  franchise  les  croix  servant  à  marquer  l'étendue 
et  les  limites  des  lieux  qui  jouissoient  de  ce  droit. 
(Ibid.  p.  17.) 

^  On  a  vu  ci-dessus  croisée  et  croisie  pour  partie 
de  la  garde  d'une  épée.  Croix  a  la  même  signifi- 
cation dans  ce  vers  : 

Lors  trait  l'espée,  et  la  croiz  baise. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  356,  V. 

''  Enfin,  c'est  aussi  dans  le  même  sens  de  croisie 
et  croisée  ci-dessus,  qu'on  trouve  croix  du  moulin, 
pour  désigner  le  fer  sur  lequel  tourne  la  meuled'un 
moulin,  selon  Du  Gange,  Gl.  L.  au  mot  Ferramen- 
lum  de  molino. 

On  nommoît  aussi  croix  les  pièces  de  charpente 
mises  en  croix  ou  en  travers  sur  une  autre  pièce  de 
bois  debout  qui  porte  la  cage  ou  le  bâtiment  du 
moulin,  suivant  ce  passage  :  >■  Le  moulin  ù  vent, 
«  et  tout  ce  qui  se  meut  et  tourne,  à  celuy  moulin 
«  est  meuble  ;  et  tout  ce  qui  ne  se  tourne,  c'est  à 
«  scavoir  lestache  du  moulin,  l'estanfique,  et  croix 
«  qui  le  porte,  tout  ce  est  héritage  [c'est-ù-dire 
«  immeuble].  »  (Bouteiller,  Som.  Rur.  p.  431.) 

Avant  de  passer  aux  expressions  que  nous  fournit 
le  mot  croix,  nous  remarquerons  deux  anciens 
usages  dont  il  nous  rappelle  l'idée  : 

Le  premier  consistoit  à  mettre  des  croix  sur  les 
héritages  saisis,  pour  avertir  qu'ils  étoient  dans  la 
main  de  la  justice.  »  S'il  est  requis  faire  mettre  le 
«  ban  sur  fruicts  pendans,  ou  chose  immeuble,  le 
«  dit  sergent  doit  mettre  une,  ou  plusieurs  croix, 
«  ou  enseigne  du  dit  ban,  ou  y  mettre  pannonceaux 
«  (pour  banderolles)  ou  autre  signe,  >•  (Coût,  de 
Bayonne,  Goût.  Gén.  t.  II,  p.  714.) 

L'autre  usage  regardoit  les  fous  que  l'on  avoit 
coutume  de  raser,  de  tondre  en  forme  de  croix, 
pour  les  mieux  reconnoître,  comme  l'indique  le 
passage  suivant  : 


....  Il  n'est  fol  en  croix  tondu, 
Selon  le  myen  entendement, 
Qui  eust  aussi  saigement. 

Gace  delà  Bigne,  des  Déd.  MS.  fol.  tl6,  V°. 

Façons  de  parler  : 

1"  Vendredi  de  la  croix  aoiirée.  C'est  le  Vendredi 
saint.  (Chron.  S.  Denis,  t.  I,  fol.  197.) 

[1"  bis.  «  Lequel  Jehan  Lestourmi  lui  respondi 
«  qu'il  renioit  Dieu  et  la  croix  de  Beleen ,  s'il 
«  mouroitjà  parautres  mains  que  par  les  siennes.  » 
(JJ.  151,  p.  22,  an.  1396.)]  (n.  e.) 

2°  La  S"  Croix  en  may  ou  de  may.  C'est  la  fête 
qu'on  appelle  aujourd'hui  l'Invention  de  la  Sainte 
Croix  (l),et  qui  se  célèbre  dans  le  mois  de  mai.  (Mod. 
et  Racio,  fol.  1.) 

3°  La  S"  Croix  en  sejitemhre.  C'est  l'exaltation  de 
la  S"  Croix.  »  Saison  de  chasser  les  cerfs  est  entre  la 
«  S"  Croix  de  may  ,  et  la  S"  Croix  en  septembre.  » 
(Modus  et  Racio,  toi.  1.) 

4°  Croix  de  Rhodes.  (Voyez  Invent,  de  Charles  V, 
à  la  suite  de  son  Hist.  par  Choisy,  p.  534.) 

5°  Privilèges  de  la  croix  [voy.  ia  note  sous  croisé]. 
C'étoient  les  privilèges  accordés  à  ceux  qui  se  croi- 
soient.  «  Si  quelqu'un  renonce  dans  une  obligation 
«  au  privilège  rf'os^  (armée),  de  croix,  de  bastide 
«  (forteresse)  nouvelle,  et  de  quinquennelles  ou  de 
«  rcpit  de  cinqans,  il  ne  pourra  plus  s'en  aider.  » 
(Ord.  t.  I,  p.  397.)  On  trouve  :  «  Privilège  de  croiz 
prise,  ou  à  prendre,  «  dans  les  Ord.  t.  II,  p.  343. 

[5°  bis.  La  croix  était  considérée  comme  un  lieu 
d'asile  (Ane.  Coutume  de  Normandie,  ch.  23):  «  Si 
«  comme  il  advient  de  ceux  qui  sont  fuitifs  pour 
«  aucun  crime,  ou  qui  sont  en  cbartre,  ou  en 
«  lieux,  qui  eschappent  et  s'enfuient  en  l'Eglise, 
«  ou  ils  embrassent  une  croix.  »  De  même  au 
chap.  82:  »  Se  aucun  damné  ou  fuitif  s'enfuit  à 
«  l'église  ou  en  cymetiere,  ou  en  lieu  saint,  où  il 
«  s'aert  à  une  croix  qui  soit  fichée  en  terre,  la 
«  justice  loye  le  doit  laisser  en  paix  par  le  privilège 
«  de  l'Eglise.  >']  (n.  e.) 

G-  Les  deniers  d'or  à  la  double  croix  étoient  une 
sorte  de  monnoie  dont  il  est  parlé  dans  les 
Ord.  1. 1,  p.  479. 

7"  Escus  à  la  petite  croix.  Autre  monnoie  sur 
laquelle  on  peut  consulter  Du  Gange,  Gl.  L.  sous  le 
mot  Monetœ  aureœ  reg.  Franc  (2). 

8"  Croix  de  cerf.  C'est  le  nom  d'un  os  qui  se 
trouve  dans  le  cœur  du  cerf.  (Dict.  d'Oud  et  de  Gotgr.) 

9"  Sonnet  en  croix  de  S.  André.  Sonnet  ainsi 
nommé  dans  Beauch.  (Rech.  des  Théâtres,  t.  II, 
p.  14.)  Le  sonnet  de  Jacques  Gordoan  sur  Marie 
Chaluet  (cité  ibid.  p.  196)  pourroit  donner  l'idée  de 
celte  espèce  de  sonnet.  Ce  sont  deux  sonnets  dont 
lesslrophessont  placées  les  unes  vis-à-vis  des  autres. 


sur  quatre  colonnes,  dont  le  soubassement  est  deux  marches  ;  une  croix  surmonte  le  faîte  et  le  transforme  en  basilique. 
Ce  type  fut  adopté  par  le  monastère  de  S'  Martin  de  Tours,  qui  s'établit  dans  la  ville  même  à  la  fin  du  x"  siècle.  Mais  les 
dessinateurs  altèrent  la  basilique,  transforment  une  marche  en  un  bâton  à  tête,  réunissent  l'autre  à  2  colonnes  pour  en 
faire  une  pince,  que  surmontent  trois  pois  et  un  triangle  avec  croix  au  sommet.  Le  triangle  ressemblait  aux  tombeaux 
romains  dits  «  san-asinois  »  ;  on  le  nomma  comme  eux,  pHe.  Le  revers  était  une  croix  ;  de  là  pile  ou  croix:  Quand  la  tète 
royale  prit  la  place  de  la  pile,  on  aurait  dû  dire,  «  face  ou  croix.  »  (n.  e.) 

(1)  Voyez  les  dictons  qu'on  range  sous  cette  fête  dans  rAnnuaire  de  la  soc,  de  l'hist.  de  France  (t8i8).  (n.  e.) 

(2)  Par  suite,  on  a  écrit  dans  le  Jouvencel  (fol.  25)  :  «  Quant  à  moy,  je  croy  qu'on  va  plus  à  la  court  pour  la  croix  d'or  et 
d'argent  que  pour  l'amour  de  celle  de  cèdre  et  de  cyprès  où  Dieu  souffri  mort.  »  (n.  e.) 


CR 


—  404  - 


CR 


Dans  l'un,  les  lettres  des  mots  Marie  de  Chaliiet 
sont  les  initiales  de  chaque  vers,  et  les  lettres  de 
Jacques  Cordoan  se  trouvent  placées  séparément 
et  comme  en  liiiiie  diagonale  dans  chaque  vers  de 
la  pièce.  Dans  l'autre  sonnet,  les  lettres  du  nom  de 
l'auteur  sont  les  initiales  de  chaque  vers,  et  celles 
des  mots  de  Marie  de  Chaîne t  sont  mises  dans  les 
vers  comme  en  ligne  diagonale.  Les  premiers  vers 
de  ces  sonnets  conlirmeront  cette  explication  : 

MarJe  dont  les  yeu.'c 
A  ceu.K  qii'.-l  vos  beautés 
Ralumés  par  Ces  vers 
Jamais  vainO\ieur  on  n'est 
Etant  privé  de  Fous. 
Dedans  ces  liens  mon  coEur 
Et  mes  tristes  penser.S 
Influent  mille  a.Vours 
.\llumerent  leur  fl.4me, 
Ces  amours  paii  votre  ame 
Qu'on  ne  va/nque  toujours 
Vous  formEz  mes  discours 
Encor  De  vous  s'enflame 
Sans  £"sperer,  Madame,  etc. 

10''  Baiserses  poulees  en  croix.  Croiserses  pouces 
pour  les  baiser.  Acte  de  dévotion  auquel  fait  allu- 
sion Rabelais,  t.  IV,  p.  "228.  (Voyez  la  note  de 
l'éditeur  ibid.  note  n.)  (1) 

11°  Mettre  quelqu'un  à  la  croix  de  par  Dieu.  Lui 
faire  recommencer  tout  ce  qu'il  a  fait.  «  Le  roy  eut 
«  nouvelles  de  l'empereur  qu'il  avoit  fait  refreschir 
«  ceulx  de  la  dicte  ville  de  Xuz,etd'icelle  avoit  mis 
«  hors  tous  les  navrez  et  malades ,  et  les  avoit 
»  avitaillez  pour  un  an  anlier,  et  mis  gens  tous 
«  nouveaulx,  et  partant  niist  le  dit  de  Bourgongne 
"  à  sa  croix  de  par  Dieu.  »  (Chron.  scandaleuse 
de  Louis  XI,  p.  228.) 

12°  .Vt'  sçavoir  ne  croix  ne  pille,  signifioit  ne 
savoir  absolument  rien.  (Coquillart,  p.  I7i.) 

13°  Faire  de  croix,  pile.  Celte  expression  est 
figurée  dans  ces  vers,  pour  tromper,  en  imposer 
d'une  layon  grossière  : 

De  vissie  vous  font  lanterne 
Gels  qui  à  destre  et  à  senestre 
Sont  entor  vous,  et  l'erbe  psstre 
Sire,  vous  font,  et  de  crois,  pile  (2). 

Hist.  de  France,  à  la  suile  du  Rom.  de  Fauvel,  fol.  70. 

\A°  Prendre  croix  ou  pile,  façon  de  parler 
empruntée  du  jeu  qu'on  nomme  croix  ou  pile.  Elle 
est  employée  figurément  dans  ces  vers  pourdire  de 
quelque  côté  qu'ils  se  tournent  : 

Gomment  qu'il  prenrjnent  croiz  ou  pile 
Morz  en  sont  plus  de  xni  mille. 

G.  Guiarl,  MS.  fol.  222,  R». 


V.\R1ANTES  : 
GROIX.  Orth.  subsistante. 
GnoEz.  D.  Morice,  Hist.  de  Bret.  Pr.  col.  994. 
Ckoiz.  g.  Guiart,  MS.  fol.  356,  V». 
Crois.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  222. 

Ci'okier.  [Intercalez  CroJiier  :  1°  Accrocher  et 
non  faire  eau,  comme  le  dit  M.  Scheler  dans  le 
Glossaire  de  l'édition  Kervyn  :  «  De  cet  encontre 
«  fu  la  nef  don  roy  si  estonnée,  que  elle  fu  crokie, 
«  et  faisoil  aiguë.  »  (Froissart,  V,  2G1.)  Au  même 
paragraphe,  on  lit  encore  :  ><  Acrokiés  ma  nef  à 
»  ceste,  car  je  le  voeil  avoir.  »  2°  Donner  un  croc 
en  jambes:  "  .le  gagerai  à  toy  un  pot  de  vin  que  je 
«  te  abatray  dedens  trois  fois,  mais  que  tu  me 
«  laisses  hanchier  ou  croquier  à  chascune  foiz.  » 
(JJ.  151,  p.  3G8,  an.  1397.)]  (n.  e.) 

Croie,  subst.  masc.  Secousse.  On  lit  dans  G.  de 
Tyr,  Martene  :  «  Qu'en  mcciaix  fu  un  grant  croie  en 
»  Ilermenie  qui  fondi  un  chastiaus,  et  tiois  abbaies 
«  de  Ermins.  »  (Conlin.  t.  V,  col.  743.)  De  là,  crol- 
les  de  terre  pour  tremblement  de  terre.  (Chron. 
S.  Den.  t.  I,  fol.  116.)  (3)  On  disoit  même,  dans  une 
signification  plus  étendue,  en  parlant  d'un  homme 
qui  n'est  pas  ferme  sur  son  cheval  : 

Onques  nule  beste  ne  poez  chevauchier 

Qui  puisse  desos  vous  amender  ou  frouchier 
C'est  tout  par  vostre  croUe,  et  par  votre  hochier. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  721H,  f"  312,  V-  col.  1  (4). 

VARIANTES  : 
CROLE.  Gont.  de  G.  de  Tyr,  Martene,  t.  V,  col.  743. 
Grolle.  Chron.  S.  Den.  t.  I,  fol.  116,  V». 

Croler,  verbe.  \Sva\\\qv,  secouer,  remuer*  (5). 
Trembler,  avoir  une  secousse^.  Crouler'^.  Dépérir, 
devenir  caduc".  Crosler,  dans  S.  Bern.  répond  au 
latin  vacillare. 

*  Ce  mot,  au  premier  sens,  a  une  signification 
active  et  d'un  usage  très  étendu.  Croler  exprimoit 
en  général  toute  sorte  de  mouvement,  soit  du  corps, 
soit  de  la  tête  ou  de  toute  autre  chose.  ■■  On  connoit 
«  le  faucon  avoir  vers  au  corps,  quant  il  fait  tout 
«  un  jour  esnieut  (excrément)  vert  et  jaune,  et 
«  tremble  trois  ou  quatre  fois  l'une  après  l'autre, 
«  sans  trop  croller  le  corps,  en  regardant  tousjours 
«  à  terre.  »  (Fouilloux,  Fauconn.  fol.  82.) 
Iréement  (avec  colère)  le  chief  cvolla  (G). 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  200,  V"  col.  1. 

Dans  ce  vers,  croler  s'est  dit  du  mouvemeni 
qu'imprime  au  front  l'action  de  froncer  le  sourcil. 

Croler  le  front,  et  qu'il  ait  a  un  lez  (a  costez). 

Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  201,  col.  1. 


(1)  On  mettait  aussi  les  bras  en  croix  dans  les  grands  dangers.  Le  navire  de  S'  Louis  ayant  tait  côte  devant  Chypre  ,  le 
roi  ci;  sailli  de  son  Ut  touz  deschauz  (car  nuls  esloit),  une  cote,  sans  plus,  vestue,  et  se  ala  mettre  en  croiz  devant  le  cors 
Nostre  Signour,  comme  cil  qui  n'atendoit  que  la  mort.  »  (Joinville,  g  39.)  (N.  E.) 

(2)  La  pile,  dont  l'origine  est  expliquée  plus  haut,  ne  disparut  que  sous  le  règne  de  Jeau-le-Bon.  Nos  monnaies  altérées 
n'étalent  plus  recherchées,  comme  autrefois,  par  toute  l'Europe  ;  elles  n'avaient  plus  besoin  d'être  distinguées.  La  pince 
placée  sous  la  pile  passait  alors  pour  les  menottes  portées  par  S'  Louis  pendant  sa  captivité.  (N.  E.) 

(3)  Au  t.  III  de  dom  Bouquet,  p.  176,  on  lit  ;  «  En  ce  tens  fu  crolles  et  esmovemement  de  ten'e.  »  Au  t.  VI,  p.  liïl  ,  on  lit 
croules.  Aux  Annales  du  régne  d.-  S'  Louis  (p.  229,  an.  1205),  on  a  crolleys.  (N.  E.) 

(4)  Fiait  Renart  de  Dammartin,  Jubinal,  t.  II,  p.  24.  (N.  E.) 

(5)  «  Icelle  femme  en  courant  vint  hurler  audit  Guillaume,  lequel  la  hurta  du  bras,  sens  ce  que  il  semblast  que  li  uns 
feist  mal  à  l'autre,  ne  que  l'un  ne  l'autre  en  crolast  ou  cheust.  »  (.)J.  I4i,  p.  220,  an.  1392.  Crouler  (cuni  rotulare)  est  devenu 
{/rouiller  chez  Molière  (Misaiilhrope)  ;  »  Elle  grouille  aussi  peu  qu'une  pièce  de  bois.  »  (N.  E.) 

(6)  «  Icelluy  Houcy  en  demonstranl  qu'il  avoit  voulenté  de  mal  faire  au  suppliant ,  crosla  la  teste.  »  (JJ.  158,  p.  230, 
an.  -1403.)  (n.  e.) 


CR 


—  405  — 


CR 


Il  s'employoit  aussi  pour  signifier  le  mouvement 
que  le  rire  produit  sur  le  visage. 

Alexandre  sorrist,  et  croule  son  visage. 

Notice  du  Hoin.  d'Alex,  fol.  16. 

On  disoit  crosler  les  de:,,  pour  les  rouler,  les 
agiter,  les  remuer  avec  le  cornet. 

Croslez  les  dés. 

Rora  de  Brut.  MS.  fol.  80,  R-  col.  2. 

°  Dans  le  sens  neutre,  ce  verbe  signifioil  trembler, 
en  parlant  de  la  terre,  éprouver  une  secousse  : 

Tant  fort  crollura  la  terre. 

Fabl.  iMSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  113,  R"  col.  1. 

*^Par  extension,  ce  mol  signifioit  crouler, 
s'écrouler. 

Frappe  tel  coup  contre  un  portai  barre 
Qu'il  fait  croler  les  tours  du  lieu  inlame. 

Cléra.  Marot,  p.  38. 

"Enfin,  dans  un  sens  plus  étendu,  croler  s'est  dit 
pour  tomber,  dépérir,  au  propre  et  au  figuré  (I). 

Mauvnis  arbre  ne  puet  florir, 
Ains  sèche  tous,  et  va  craiilatu. 

Chans.  MSS.  du  G"  Thibaut,  p.  107. 

On  lit  au  figuré,  en  parlant  des  hommes  : 

Et  li  vielle  viellart  crollant. 

Poes.  MSS.  av.  1300,  t.  IV.  p.  1312. 

C'est  eucore  dans  le  sens  de  dépéri,  exténué  ou 
foulé,  brisé,  qu'on  trouve  crulez  en  ce  vers  : 

Et  par  maie  femme  milez. 

Eust.  Dcsch.  Pot-s.  MSS.  fol.  421,  col.  1. 

VABlANTBS    : 
CROLER.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  f»  261,  col.  1. 
Croller.  Poës.  MS>;.  av,  13130.  t.  IV,  p.  1312. 
Crosler.  Rom.  de  Brut,  MS.  fol.  80. 
Crauler.  Chans.  MSS.  du  C»  Thib.  p.  107. 
Crouler.  Fabl.  MSS.  du  R.  n°  7989,  i»  89,  V»  col.  2. 
Crouller.  Rabelais,  t.  I,  p.  186. 
Crousler. 

Cruler.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  f»  424,  col.  1. 
Escroler.  Dlas.  des  Faulces  amours,  p.  288. 
EscROULLER.  Essais  de  Montaigne,  t.  II,  p.  773. 
Escrouser.  Du  Cange,  Gloss.  lat.  à  ApicularU. 
EscROUSSER.  Rabelais,  t.  III,  p.  93. 

Croliere,  siibst.  férn.  Fondrière.  De  croler  ci- 
dessus,  s'écrouler.  (Voy.  Borei,  Cotgrave  et  Oudin.) 
«  A  l'autre  costé  sont  toutes  fontaines,  et  mares- 
«  cage  bien  de  six  lieues  de  largeur,  et  par  devers 
>'  nous  sont  tous  viviers  et  crolieres  (\m  durent 
«  jusqu'au  chastel.  »  (Perceforest,  vol.  1,  fol.  101.] 
"  Estonné  ne  regarda  l'heure  que  son  cheval  entra 
«  en  une  crolUere  jusques  au  ventre.  »  (Ibid. 
vol.  Il,  vol.  30.) 

VARIANTES  : 
CROLIERE.  Percef.  vol.  I,  fol,  101,  R»  col.  2. 
Crolliere.  Ibid.  vol.  II,  fol.  30,  R°  col.  1. 
Croulliere.  Chasse  de  Gast.  Phéb.  MS.  p.  15. 


Crouliere.  Froissart,  liv.  IV,  p.  236  (2). 
Crouillière.  Du  Cange,  Gloss.  lat.  au  mot  Groa. 

Crollement,  snbst.  niasc.  Tremblement,  se- 
cousse, mouvement.  Onadil:  «  crolleinens{3),  et  si 
«  grans  esmouvemens  de  terre  furent  que  i\  peu 
«  (peu  s'en  fallut)  que  le  palais,  &t  Se  trésor  ne 
«  cheiretit.  »  (Ghron.  S.  Den.  t.  1,  fol.  167.) 

VARIANTES  : 
CROLLEMENT.  Chron.  S.  Denis,  t.  I,  fol.  107,  V°. 
Croslement.  Tri.  des  IX  Preux,  p.  194,  col.  1. 

Ci'olois,  subst.  masc.  Fondrière.  «  Sur  le  rivage 
<  de  la  mer  il  y  avoil  foison  de  fossés,  de  crolois,  et 
.<  (le  marets,  et  n'y  avoit  sur  le  chemin  qu'un  seul 
«  pont  par  où  l'on  sceusl  passer.  »  (Froiss.  liv.  I, 
p.  1G6.  —  Voy.  Croliere  ci-dessus  ) 

Ci'onibe.  [Intercalez  Crombe ,  infirme,  au 
pèlerin  de  Guigneville  (Du  Cange,  II,  045,  col.  2)  : 

Crombe  et  impolcns  te  ferai 
Des  grans  cops  que  je  te  donrai. 

Il  n'est  plus  adjectif,  mais  substantif  au  passage 
suivant,  que  je  ne  puis  expliquer  (Ch.  de  13i9,  id.): 
><  Nous  avons  hcut  et  receut  par  la  main  Colars 
«  Deffranoy  clerc,  le  rouviaiit  des  crombes  d'ou- 
«  tremer,  que  nous  aviens  prestei  à  nostre  chier 
«  oncle...  Henry...  evesque  de  Verdun.  »]  (n.  e.) 

Ci'omorne,  subst.  niasc.  Basson.  Ménage  définit 
ce  mot  en  ce  sens:  «  Un  iiislrumentde  musique  ser- 
«  vaut  de  basse  aux  hauboisetqui  pour  cette  raison 
«  est  appelle  presentemi-'ut  basson.  ■»  (Dict.  Etym.) 
«  Les  trompettes,  tanibouis,  lymbales,  clairons, 
«  nacaires  attabales,  cornets,  limbes,  cimbales, 
«  dulcines,  hautbois,  crumonies  (i),  fifres,  flûtes  tra- 
<>  versieres  sont  les  inst  ru  mens  les  plus  propres  pour 
<■  celte  harmonie  guerrière.  »  (Le  P.  Menestr.  p.  169.) 

Ci'oinpados,  sulist.  masc.  pUir.  Ac(|uéreurs. 
Mot  béarnois.  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 

Grone,  subst.  Diasc.  Terme  de  pèche.  On  appelle 
crône  un  endroit  au  fond  de  l'eau,  garni  de  racines 
d'arbre,  de  grands  herbiers,  etc.,  dans  lequel  les 
poissons  se  retirent.  (Ménage.)  [C'est  ;iussi  une 
machine  pour  charger  et  décharger  les  navires.] 

Ci'Oîiifiques,  subst.  masc.  plur.  Colifichets.  Il 
pai'oit  que  c'est  le  sens  de  ce  mot  dans  ces  vers  : 

.loyaux,  alTiques, 
Teiz  croiu/iijHes. 

Le  Blason  des  Faulces  .Amours,  p.  2C9  et  270. 

Croniquei",  verbe.  Ecrire  l'histoire.  Froissart, 
après  avoir  établi  une  distinction  entre  cronique  et 
bisloire,  liv.  111,  p.  r,t2,  confond  ensuite  (Ibid.)  les 
mots  croniquer  et  bistorle)'  (ô). 


(1)  «  Se  nostre  foy  n'eûst  esté  si  fort  confermée  en  la  grâce  du  Saint-Esprit,  elle  eiist  été  crostée  et  branslée.  »  (Froissart, 

XI,  251.)(N.  E.) 

(2)  «  Et  s'en  vint  sur  ung  mares  entre  rosiaux  et  crolieres.  »  (Ed.  Kervyn,  III,  256.)  (n.  e.) 

(3)  On  trouve  aussi  crollc  et  crolleijs  :  «  C'est  tout  par  vostre  crolle  et  par  vostre  hociiier.  »  (Plait  Renart  de  Dammartin, 
.lubinal,  II,  24.)  —  «  En  icel  an  meismes  (1255),  el  mois  de  septembre,  fu  crolleijs  de  terre  en  la  cité  de  Roume.  »  (Ann.  du 
règne  de  S<  Louis,  p.  229.)  Voyez  Croler.  (n.  e.) 

(4)  L'origine  est  l'allemand  Krummhoni  {kruinm,  courbe,  et  Horn,  cor,  corne).  (N.  E.) 

(5)  «  Si  je  disoie  ;  «  Ainsi  et  ainsi  advint  en  ce  temps  »,  sans  ouvrir,  ne  déclairer  la  matière  qui  fut  grande  ,  grosse  et 
horrible  et  bien  tailliée  pour  en  venir  ung  grant  inconvénient,  ce  seroit  cronique  et  non  pas  histoire  ;  et  si  m'en  passeroie 
très-bien,  se  passer  m'en  vouloie.  Or  ne  m'en  vueil  je  mie  passer  que  je  ne  déclaire  tout  le  fait  ou  cas  que  Dieu  m'en  a 
donné  le  sens,  le  temps,  la  mémoire  et  le  loisir  de  croniquier  et   liislorier  au  long  de   la  matière.    »   (Edition   Kervyn  , 

XII,  153.)  (N.  E.) 


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VARIANTES    : 
CRONIQUER.  Froissart,  Hist.  liv.  III,  p.  192. 
Chroniqukr.  Al.  Chart.  Charles.  VII,  p.  293. 
CRONisEn.  Froissait,  liv.  III,  p.  42  (1). 

Ci'onisieres.  [Iiilercalez  Cronisieres,  chroni- 
queur: "  Se  je  Froissars,  acleres  et  cronisieres 
«  de  ces  croniques,  puis  avoir  le  temps,  l'espace 
«  et  le  loisir  dou  faire.  »  (Ed.  Kervyn,  IV,  328.)]  (n.  e.) 

Cronologien,  subst.  musc.  Clironologiste. 

Crope  ,  subst.  fém.  Croupe  *.  Sommet  ^. 
Troussis'^. 

*  Ce  mot  subsiste  sous  la  dernière  orthographe, 
avec  la  première  siguification.  On  écrivoit  autrefois 
crupe  de  cheval.  (P'h.  Mouskes,  ms.  p.  191.) 

Ce  torean  qui  porte  en  crope 
La  sidonienne  Europe. 

Œuv .  de  Rem.  Belleau,  fol.  19.  V-  col.  2. 

Nous  rapporterons  à  cette  acception  propre  les 
expressions  figurées  qui  suivent.  On  disoil  : 

|o  p(>yii'  (fc  la  crupe.  Façon  de  parler  obscène. 

2'  Demeurer  en  croupe,  pour  rester  en  arrière. 
Alexandre,  dans  un  dialogue  avec  Rabelais,  dit  : 
«  Après  tant  de  travaux  et  fatigues,  tu  me  contes 
»  qu'un  chacun  Ht  eschantillon  (entaille,  brèche) 
«  de  mon  empire  à  son  profit,  et  que  tous  mes 
o  parens  demeurèrent  non  seulement  e)i  crouppe, 
«  mais  aussi  furent  misérablement  muertris  par 
«  ceux  que  j'avoiseslevez.  »  (Rech.  dePasq.p.  90'2.) 

3°  Laisser  en  croupe  pour  laisser  en  arrière,  né- 
gliger. «  Us eussent  fait  leurs  affaires,  sans  se 

o  mesler  de  celles  d'autruy,  ains  les  laisser  en 
»  croupe.  «  ;Brant.  Cap.  Fr.  t.  II,  p.  342.) 

^On  dit  encore  croupe,  pour  le  sommet  d'une 
montagne  ,  à  cause  de  sa  forme  ordinairement 
arrondie  et  qui  représente  une  croupe.  On  l'em- 
ployoit  autrefois  comme  aujourd'hui  ,  non-seule- 
ment en  ce  sens  ,  mais  aussi  comme  terme 
d'architecture.  (Voyez  Clém.  Marot,  p.  GIO;  Rab. 
t.  in,  p.  90,  et  Croperie  ci-après.)  Il  se  disoit  même 
de  toute  élévation  terminée  en  figure  ronde,  comme 
l'on  voit  par  ce  passage  :  «  Portoit  ledit  escuyer 
«  sur  un  baston,  le  harnois  de  leste  du  Roy,  et  sur 
«  ledit  harnois  une  couronne  d'or,  et  au  milieu  sur 
«  \a  crouppe,  une  s:ros&e  fleur  de  lys  d'or.  »  (Al. 
Chart.  Hist.  de  Charles  VI  et  VII,  p.  107.) 

'^  C'est  par  métonymie  que  le  mol  croppe  a  dési- 
gné le  troussis  de  la  robe  d'une  femme.  Ce  troussis 
étoit  précisément  au-dessus  du  derrière,  de  la 
croupe  comme  l'on  dit  encore  dans  un  sens  ironi- 
que. «  Ces  villains  chiens  la  conchioient  toute,  et 
«  compissoient  tous  ses  habillemens,  tant  qu'un 
«  grand  lévrier  luy  pissa  sur  la  teste,  les  aultres 
«  aux  manches,  les  autres  à  la  croppe,  les  petits 
«  pissoient  sur  ses  patins.  »  (Rab.  t.  II,  p.  202.) 

VARIANTES  '. 
CROPE.  Œuv.  de  Rem.  Belleau,  fol.  19. 
Croppe.  M.  de  S.  Gelais,  p.  273. 


Crupe.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  191  (2). 

Cruppe.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  220,  V". 

Crouppe.  Al.  Chartier,  Hist.  de  Charles  VI  et  VII,  p.  107. 

Croupe.  Chron.  de  IJerry,  depuis  1402-1416,  p.  398. 

Croperie,  subst.  fém.  Terme  d'architecture.  Le 
même  que  croupe,  encore  en  usage  pour  désigner 
la  partie  d'un  pavillon,  coupée  obliquement  et  cou- 
verte en  penchant  comme  le  reste  du  comble. 
«  Lorsqu'il  y  a  quelques  maisons  entre  héritiers, 
«  et  usufruitiers,  et  qu'il  vienne  à  manquer  quelque 
«  chose  touchant  la  massonnerie ,  charpenlerie, 
«  croperie,  toits  ou  semblables,  etc.  "  (Coût,  de 
Brusselles,  Nouv.  Coût.  Gén.  1. 1,  p.  1273.) 

Cropet.  [Intercalez  Cropet,  nabot  :  "  Revendiez 
<■  vous,  vous  tairiez  vous  battre  à  cestui  cropet.  « 
(.JJ.  195,  p.  171,  an.  1473.)]  (n.  e.) 

Cropie,  subst.  fém.  Accroupissement.  Propre- 
ment la  posture  d'un  homme  qui  est  accroupi.  Delà, 
faille  la  croupie,  pour  se  tenir  accroupi.  (Dict.  de 
Monet.)  C'est  assez  ordinairement  l'attitude  d'un 
homme  à  l'affùl,  d'où  l'on  a  dit  à  la  cropie,  pour 
à  l'affût  : 

Ou  vous  tenir  par  nuit  à  la  cropie  (3). 

Eusl.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  439,  col.  3. 

On  chasse  les  lièvres  et  les  loups  à  la  croupie. 
(Chasse  de  Gast.  Phéb.  .ms.  p.  345.) 

VARIANTES  : 
CROPIE.  Gace  de  la  Digne,  des  Déd.  MS.  fol.  114,  V». 
Croupie.  Chasse  de  Gast.  Phéb.  MS.  p.  345. 

Cropion,  subst.  inasc.  Croupion.  (Voyez  Nicot. 
Rob.  Est.  Mouet;  Villon,  p.  47,  et  Rab.  t.  Il,  p.  226.) 

Cropir,  verbe.  S'accroupir  *.  Croupir  °. 

*  On  disoit  cropir  et  croupir,  au  premier  sens, 
avec  cette  dilTérence  (lue  notre  mot  s'accroupir  ne 
se  dit  qu'en  parlant  des  hommes,  au  lieu  que  se 
croupir  s'appliquoil  aussi  aux  animaux,  comme 
dans  ce  passage  où  il  s'agit  du  lièvre  :  «  Quant  il 

«  s'en  yra  à  son  giste se  croupira,  et  lavera,  et 

«  limera  ses  piez,  son  visaige  et  ses  oreilles.  » 
(Chasse  de  Gast.  Phéb.  ms.  p. "588.)  Nous  trouvons 
cropir,  employé  figurément  sans  le  pronom,  pour 
exprimer  le  contour,  la  ligure  de  la  lettre  T  : 

Du  T  vous  dirai  la  manière, 

En  cropant  porte  sa  bannière  (sa  teste) 

Une  lettre  est  corte  et  crampie  (crochue),  etc. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7-218,  fol.  ^i^,  R°  col.  2. 

^  Dans  le  sens  de  croupir,  ce  mot  subsiste  sous  la 
seconde  orthographe.  On  l'écrivoit  aussi  cropir. 
(Eust.  Desch.  Poës.  mss.  fol.  511.)  Son  acception 
figurée  éloit  très  étendue.  Les  passages  que  nous 
citerons,  pour  en  marquer  les  nuances  différentes, 
serviront  en  même  temps  pour  indiquer  l'anomalie 
de  la  conjugaison  de  ce  verbe. 

Crout,  iud.  prés.  Demeure,  séjourne,  croupit  (4): 

A  Dieu  tuit  nous  humilions  : 
Péchiez  trop  en  nostre  hostel  crout. 

Eust.  Desch.  Pois.  MSS.  fol.  346,  col.  3. 


(1)  «  Ou  temps  que  j'escripsy  et  cronisay  ces  présentes  croniques.  »  (Ed.  Kervyn,  XI,  251.)  (n.  e.) 

(2)  «  Curte  la  quisse  et  la  crupe  bien  large.  »  (Roland,  v.  1653.)  (N.  E.) 

(3)  «  Le  seigneur  de  Montgoubert  affermoit  qu'il  avoit  droit  de  chacer  au  lièvre  et  au  goupiU  et  de  tendre  à  la  croupie  et 
à  la  revenue,  et  de  mettre  en  toutes  sesons  ses  pors  en  pasture  en  nostre  forest  de  Rest.  »  (.IJ.  143,  p.  63,  an.  1328.)  (N.   E.) 

(4)  On  trouve  aussi  crot  :  «  Si  a  veu  trestot  debot  Renart  qui  seur  un  angle  crot.  »  (Renart,  v.  23447.)  (N.  E.) 


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Foulz  est  à  court,  qui  trop  s'i  tient,  et  ct-out. 
Ibid.  fol.  352,  col.  3. 

A  court  pas  en  vain  ne  .sa  croul, 
Un  coup  vendra  qui  paiera  tout. 

Ibid.  fol.  50.  col.  i. 

Se  ta  femme  crout  en  maison, 
Et  garde  le  leu  et  les  cendres. 
Elle  en  vault  pis. 

Eust.  Desc.  Poès.  MSS.  fol.  511,  col.  2. 

....  C'est  un  cornart, 

Un  maleureux  par  Nostre  Dame, 

Qui  toudiz  (toujours)  crout  delez  sa  femme. 

Ibid.  fol.  519,  col.  4. 

VARIANTES  : 
CROPIR.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7'2i8,  fol.  127,  R»  col.  2. 
Croupir.  Chasse  de  Gast.  Phéb.  MS.  p.  258. 

Croppetons  (à) ,  adv.  Dans  une  situation 
accroupie  : 

Ainsi  le  bon  temps  regretons 
Entre  nous,  pauvres  vieilles  sottes, 
Assises  bas  à  croppetons  (1), 
Tout  en  ung  tas,  comme  pelottes. 

Ci'oquans,  sitbst.  masc.  pliir.  On  donna  ce 
nom  à  des  paysans  qui  se  révoltèrent  en  1594.  »  Les 
«  crocquans  et  paysans  mutinez  de  Xainctonge , 
0  Angoulmois,  Limousin  et  Poictou  s'avancèrent 
«  jusques  à  Blanc  en  Berry.  »  (Mém.  de  Bassomp. 
t.  IV,  p.  218,  an  162G.)  On  a  étendu  cette  significa- 
tion particulière  et  Ton  a  dit  croquant,  en  général, 
pour  paysan  (Fable  12,  liv.  II  de  La  Fontaine),  pour 
vilain,  gueux.  (Oudin,  Dict.  et  Cur.  fr.) 

VARIANTES  : 
CROQUANS.  Mém.  de  Guise,  p.  275  et  276. 
Cbocquants.  Hist.  de  Thou,  Trad.  t.  XII,  p.  72  (2). 

Croquant,  adj.  Croassant.  Il  paroil  que  c'est  le 
sens  de  ce  mot  dans  ce  vers  : 

Au  corbeau  sale,  à  la  croquante  voix. 

Perrin,  Poës.  fol.  17,  V°. 

Croquart.  [Intercalez  Croqiiart,  croquant,  dans 
Froissart,  éd.  Buchon,  liv.  I,  ch.  325:  »  Ce  croquart 
•  chevauclioit  une  fois  un  jeune  coursier.  »]  (n.  e.) 

Croqué,  partie.  Nous  citons  ce  mot  pour  rap- 
porter le  no:.T  d'un  ancien  jeu,  dont  parle  Oudin, 
dans  son  Diclionn.,  et  qu'il  appelle  «  qui  t'acroqué 
<•  mon  compagnon.  ■> 

Croque-lardon  ,  subst.  masc.  Gourmand  , 
écornifleur.  (Cotgrave,  Oudin,  Cur.  fr.)  (3) 

Croque  moutons.  C'étoil  le  nom  d'une 
espèce  d'arquebusiers  à  clieval.  «  La  cavalerie 
«  légère  d'Henri  IV  pouvoit  estre  de  500  chevaux 
«  et  500  arquebusiers  que  l'on  appelloit  croque 
«  moutons  (Mém.  d'Angoulesme,  p.  38).  » 

Croque    notaire,  subst.  masc.   Ce    mot  se 


trouve  dans  Rabelais.  Il  l'emploie  comme  une 
turlupinade  contre  les  protonotaires.  (Rabelais  , 
t.  II,  Prol.  p.  6.) 

Croquepoys,  subst.  masc.  Sorte  d'arme  (4). 

De  haiche  à  martel  qui  confont. 

De  croquepois,  de  fer  de  lance 

Eusl.  Dcsch.  Poés.  MSS.  fol.  350,  col.  1. 

De  croquepoys,  de  masses  de  Surie. 

Ibid.  fol.  201,  col.  4. 

(Voyez  Haussepied  ci- après.) 

VARIANTES  : 
CROQUEPOIS.  Eust,  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  350,  col.  1. 
Croquepoys.  Ibid.  fol.  204,  col.  4. 

Croquer,  verbe.  Ce  mot  subsiste.  On  disoit 
proverbialement  croquer  la  pie,  pour  boire  large- 
ment. 

VARIANTES  l 
CROQUER,  Orth.  subsistante. 
Crocquer.  Cotgrave,  Oudin,  Cur.  fr. 

Croques  ,  subst.  masc.  plur.  Cirques.  C'est 
peut-être  une  faute  dans  ce  passage  :  "  En  ce  temps 
«  fist  le  roy  Chilperic  establir  à  Paris,  et  à  Soissons 
«  manière  dejeux  qui  sont  appeliez  crofyiu's  (5),  enla 
»  manière  que  les  Romains  souloient  faire  ancien- 
«  nement.  Si  vault  autant  à  dire  comme  cerne  qui 
<i  est  fuit  à  la  ronde,  en  une  large  place,  dedans 
«  laquelle  les  chevaux  courroient  sans  issir  des 
<■  bournes  qui  y  sont  mises.  »  (Chron.  S.  Denis, 
t.  I,  fol.  51.) 

Croquet.  [Intercalez  Croquet,  crochet,  bâton  à 
crochet  :  «  Lesquelz  [vendengeurs]  mistrent  leurs 
a  hottes  à  terre,  et  de  leurs  croqués,  dont  ils 
«  apuyoient  leurs  hottes  ou  d'autres  basions,... 
«  escarmoucherent  plusieurs  cops  l'un  contre 
«  l'autre.  »  (JJ.  152,  p.  195,  an.  1397,)]  (n.  e.) 

Croqueter,  verbe.  Gloutonner.  Manger  goulû- 
ment, avec  avidité.  (Monet,  >;icot,  Cotgrave  et 
Oudin.) 

Croqueterie,  subst.  fém.  Gloutonnerie,  gour- 
mandise. (Dict.  de  Cotgrave  et  de  Monet.) 

Croqueteur,  siibst.  masc.  Gourmand,  glouton. 
(Monet,  Oudin,  Cotgrave,  Dict.) 

Croquiner,  verbe.  Croquer,  manger.  «  Lors 
«  descendit  sur  son  heaulme  l'espervier  pourveu 
«  d'une  allouette  qu'il  pluma,  puis  la  vint  laver  en 
«  la  fontaine,  et  en  fisl  sa  gorge  (pour  la  mangea)  ; 
»  et  quant  la  teste  deust  croquiner,  une  verge  d'or 
«  a  une  verde  esmeraude  cheut  d'adventure  en  la 
><  main  de  Bennucq,  car  l'alouette  l'avoit  autour 


(1)  «  Or  resgardez,  ils  veulent  pondre.  Veez  comme  ilz  sont  à  croupetons.  »  (Mart.  de  S.  P.  et  S.  Paul.  »  (n.  e.) 

(2)  D'après  Palma  Cayet,  «  du  commencement,  on  appela  ce  peuple  mutiné  les  tard  avisez ,  parce  que  l'on  disoit  qu'ils 
s'avisoient  trop  tard  de  prendre  les  armes,  vu  que  chacun  n'aspiroit  plus  qu'à  la  pai.K  ;  et  ce  peuple  appeloit  la  noblesse 
O'Ofyuaji.s,  disant  qu'ils  ne  demandoient  qu'à  croquer  le  peuple  ;  mais  la  noblesse  tourna  ce  sobriquet  croquant  sur  ce 
peuple  mutiné,  à  qui  le  nom  de  croquaitts  demeura.  »  D'après  d'Aubigné  (Hist.,  III,  382),  «  la  petite  guerre  des  croquans, 
ainsi  nommez  pour  ce  que  la  première  bande  qui  prit  les  armes  fut  d'une  paroisse  nommée  Croc  de  Limousin.  (Creuse, 
Arr.  d'Aubusson.  »  (N.  E.) 

(3)  On  lit  aux  contes  d'Eutrapel,  d'après  Dochez  :  «  S'il  n'y  avoit  que  les  enfans  ou  femme  à  la  maison,  lorsqu'il  alloit  en 
queste,  il  estoit  si  subtil  et  affecté  croquelardon  qu'il  en  avoit  cuisse  ou  aile.  »  (n.  e.) 

(4)  a  Lorens  Davy,..  donna  audit  Guillaume  d'un  grant  planchon  ou  croquepois  par  la  cuisse.  »  (JJ.  108,  p.  63,  an.  1375.) 
Ce  doit  être  un  échalas  pour  faire  grimper  les  pois,  pour  les  accrocher.  On  trouve  aussi  cro(iuebois  :  «  Icellui  Guillaume  feri 
ledit  Raoul  d'un  baston  nommé  croquebois  en  la  joe.  »  (JJ.  119,  p.  332,  an.  1381.)  (N.  e.) 

(5)  M.  P.  Paris  imprime  cirques  (t.  I,  p.  205).  (N.  e.) 


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«  son  col  liés  (lu'elle  (depuis  qu'elle  estoit  née) 
»  esloil  en  vie.  •■  (Percef.  vol.  IV,  fol.  1  i").) 

Gros  (en) ,  r.rprcss.  adv.  En  gros  [cros  est 
encore  la  forme  picarde].  On  tlisoil  :  «  Vendre  vin 
«  a  broiche,  ou  ch  n'os,'pouren  gros  »  et  en  détail. 
(Ordonnances  des  Rois  de  Krance,  t.  Ill,  p.  G61.) 

Crosei'ie,  snbst.  fém.  Signe  de  la  croix. 

D'e  sa  dextre  main  elle  a  fait  une  croserie, 
A  Dieu  père  de  glore  sointe  meie  s'amie. 

Pocs.  MSS.  avant  13U0, 1.  IV,  p.  1366. 

Croslis.  [Intercalez  CrosUs ,  comme  CroUère 
(Froissart,  XV,  270):  »  Fourme  d'isles,  de  croslis  et 
«  de  marescages.  »]  (.n.  k.) 

Crosse,  siibst.  fém.  Evêque,  archevêque*. 
Abi)aye  ^.  Souveraineté,  dignité,  puissance  '^  (1). 

*  Ce  mol  subsiste,  mais  on  ne  le  dit  plus  pour 
désigner  celui  qui  la  porte,  soit  évèque,  soit  arcbe- 
vôque.  «  Le  long  de  la  procession  de  l'église,  il  y 
"  avoit  treize  crosses  dont  l'archevesquè  de  Bor- 
"  deaux  faisoit  le  bout  du  costé  dextre.  »  (Math,  de 
Coucy,  Hist.  de  Charles  Vil,  p.  734.)  (2) 

°  Le  droit  de  porter  la  crosse  étoit  attaché  aux 
abbayes.  De  là,  ou  a  dit,  par  la  même  ligure,  crosse 
pour  abbaye  ;  il  pareil  que  c'est  le  sens  de  ce  mot 
dans  ce  vers  : 

Deux  ci-osses,  collège  ensement  [dans  la  ville  de  Vertus]. 
Eusl.  Dcscli.  Poos.  MSS.  fol.  364,  col.  i. 

'^  Comme  la  crosse  est  une  marque  d'autorité  et 
de  dignité  tout  h  la  fois,  on  s'est  servi  de  ce  mot 
dans'le  sens  générique  de  souveraineté,  puissance, 
dignité,  comme  le  prouvent  les  passages  suivans  : 
"  Le  duc  de  Bourgogne  étoit  retourné  en  son  pais, 
«  et  avoit  le  cœur  "très  élevé  pour  cette  duché,  et 
'■  qu'il  avoit  jointe  à  sa  crosse.  >■  (Mém.  de  Comin. 
p.  247.)  «  Si  Miniiti  président  à  Tholose  n'eust  pas 
>■  joint  à  sa  crosse  la  gloire  et  sijperhe  qui  est  assez 
»  familière  à  celte  qualité  ,  il  n'eust  pas  ouy 
»  l'arrest  qui  luy  fut  prononcé.  »  (Contes  d'Eulrap. 
page  114.) 

Tous  biens  mondains  et  toute  crosse  aroye  (j'aurois) 
El  lors  seroit  mon  cuer  assevi  (assouvi), 
Se  ma  tristesce  estoit  tourné  en  joye. 

Eust.  Desch.  Pocs.WSS.  fol.  188,  col.  3. 

Crosser.  [Intercalez  Crosser:  1°  Courber: 
«  Duquel  baston  icellui  Jehan  donna  au  suppliant 
«  pluseurs  cops  et  collées,  tant  ([u'il  list  ploier  et 
>'  crosser  le  fer  dudil  baston.  »  (J.J.  176,  p.  236, 
an.  1444.)  2°  Jouer  à  la  crosse,  à  la  soûle  (voyez 
chauler  et  croce).  3°  Jouer  au  billard,  ou  plutôt  du 
billard,  synonyme  de  crosse  (Pelit  testament  de 
Villon)  ; 


Item  plus,  je  adjoinctz  à  la  crosse 

Celle  de  la  rue  Sainct-Anthoine 

Et  ung  billart  de  quoy  on  crosse]  (N.  E.) 

Ci'ossisseinent,  S(//)S^  masc.  Craquement.  Du 
verbe  Cnoissm  ci-dessus.  «  Le  corps  s'estandant 
"  roidement  avec  croississement  de  nerfz,  tomba 
«  mort  tout  à  plat  sur  le  plan  du  marbre  rouge  et 
«  noir.  »  (Alect.  P.om.  fol.  42.) 

Ci'osson,  suhst.  masc.  Partie  d'une  crosse.  La 
partie  recourbée  de  la  crosse. 

VAni.\NTES   : 
CROSSON.  s.  Julien  Mesl.  Hist.  p.  568. 
Crosseron.  Dict.  Etym.  de  Ménage. 

Croster.  [Intercalez  Croster,  encroûter,  dans 
la  Chr.  des  ducs  de  >'ormandie  (v.  1728)  : 

Dune  vint  l'iver  od  ses  glaçons, 

Od  ses  niefs  e  od  ses  gelées 

Qui  les  terres  ont  si  crostées.]  (N.  E.) 

Ci'Oi,subst  ?»flsc.  Antre,  fosse*.  Anse,  porl^. 

*  Ce  mol  a  été  employé,  dans  le  premier  sens, 
sous  ses  diverses  orthographes.  11  signilie  creux, 
fosse  dans  une  déposition  rapportée  à  la  page  28  du 
Mém.  des  reliques  prétendues  de  S.  Germain  d'Aux. 
C'est  dans  ce  même  sens  qu'on  lit,  au  singulier, 
crotz,  avec  l'article  féminin.  Peut-être  n'est  ce 
qu'une  faute  d'orthographe  dans  ce  vers  où  il  s'agit 
de  la  descente  de  J.  Ch.  aux  limbes  : 

Li  cors  remest  en  la  crotz  mis. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n*  7615,  t.  I.  fol.  73,  V  col.  I. 

(Voyez  Croto  ci-après  et  Crotte.) 

^  Dans  le  second  sens,  on  a  dit  le  crot  de  leure  ou 
du  hable,  pour  l'anse,  le  port  de  l'Eure  et  du 
Havre.  «  Nous  voulons  que  les  marchandises  et 
»  biens  que  les  marchans  et  gens  dessus  diz  auront, 
"  et  deschargeronl  en  Saine,  et  dedenz  le  court  de 
«  l'Eure  ou  le  Hable  qui  vint  de  Harefleu,  seyant 
"  baillé  par  compte  aux  batelilis.  »  (Ordonn.  t.  HI, 
p.  576.)  On  lit  dans  le  Registre  80:  «  le  cro/ de  l'Eure 
u  ou  de  Hable  ».  suivant  la  noteQ  de  l'éditeur.  (Ib.) 

Le  Havre  est  h  présent  un  port  fortifié;  l'Eure 
n'est  qu'une  anse  à  une  demi-lieue  au-delà,  en 
remontant  la  Seine  vers  Harfleur. 

VARIANTES   (3)    : 
CROT  C4). 

Crotz.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  t.  I,  fol.  73,  V"  col.  1. 
Croton.  Apol.  pour  Hérodote,  p.  603. 

CORTON. 

1.  Ci'ote.  [Intercalez  Crote,  grotte,  du  latin 
grupta  pour  crypta,  dans  une  charte  de  1287  (voy. 
Du  Cange).  Les  l'ormes  successives  sont:  1°  Crute: 

Ad  ApoUin  en  curent  en  une  crule. 

Roland,  v.  1653 


(1)  La  crosse  sert  au  jeu  de  boule.  (Voir  C/jow?er.)  On  relève  aussi  dans  d'Aubigné  les  expressions  suivantes  (Hist.,  I, 
288)  :  «  Le  sergent  de  qui  Goas  avoit  tiré  promesse  de  ne  tirer  que  le  bourre  n'entrast,  et  de  rompre  croce  sur  cap  ,  passe 
plus  de  la  moitié  du  champ.  —  Les  uns  levèrent  la  croce  en  haut.  »  On  manœuvre  ici  la  crosse  de  Tarquebuse  à  la  manière 
des  Allemands  dans  la  dernière  guerre.  D'Aubigné  écrit  encore  jouer  de  la  crosse  (Hist.,  III,  405),  et  tourne  en  périphrase 
le  verbe  épauler  (III,  '260)  :  «  N'aprocherent  point  la  crosse  de  demi-pied  du  menton.  »  (N.  E.) 

(2)  Nous  conservons  encore  la  crosse  de  S'  Rémi  (VF  siècle)  en  forme  de  T  ;  mais  c'est  au  xii'  siècle  que  la  crosse  devient 
l'attribut  indispensable  des  évêques.  (N.  E.) 

(.3)  On  trouve  aussi  la  forme  cros  (,IJ.  132,  p.  37,  an.  1387)  ;  «  Le  suppliant  bouta  de  lui  Pierre  Benoît,  duquel  boutement  il 
chei  oudit  cros  ou  fosse,  qui  estoit  derrière  lui.  »  (N.  E.) 

(4)  «  Le  suppliant  et  son  compaignon  prinreut  en  ung  crot  dedanz  terre,  environ  quatre  sexliers  de  seigle.  »  (JJ.  103, 
p.  289,  an.  1372.)  De  même  au  reg.  ,1.1.  163,  p.  137,  an.  1410  :  «  Le  supphant  feist  ou  celier  de  l'ostel...  un  crot  ou  une  fosse, 
et  V  enterrast  et  couvrit  sa  vaisselle  d'argent.  «  (n.  e.) 


CR 


409  - 


CR 


2*  Croûte: 

El  moustier  n'a  autel  ne  croule  beneie 
Que  lor  palefroi  n'ait  ordée  et  conccte. 

Chanson  d'Anlioche,  I,  820. 

«  El  mist  en  embuscade  douze  hommes  d'armes 
»  de  ses  gens  en  une  vieille  croûte.  »  (Froissait, 
XIV,  199.) 

3°  Croie: 

Li  destrier  sont  leans  el  soiisterrin, 
En  une  croie  que  firent  Sarrazin. 

Roman  de  Garin  (Du  Caiige,  II,  6G9,  col  S). 

Voyez  plus  bas  Crotte.]  (n.  e.) 

2.  Crote.  [Intercalez  Crote,  cave  ou  cellier,  au 
reg.  JJ.  151,  p.  177,  an.  1445:  «  Item  une  chambre 
«  et  deux  petites  crûtes,  assises  en  la  cité  de 
«  Viviers,  au  carrefour  de  Magibosa.  »]  (x.  e.) 

3.  Crote,  siibst.fém.  Ce  mot  subsiste  cncoredans 
le  sens  de  boue,  fange  des  rues.  Il  se  dit  aussi, 
comme  autrefois,  en  termes  de  chasse,  de  la  lienle 
des  lièvres  et  connils.  Nous  ne  le  citons  donc  que 
pour  remarquer  son  usage  dans  ces  vers  :  "  Et 
«  boire  eau  maintz  soirs  et.  matins,  Que  je  ne 
«  crains  pas  trois  O'0/?fs.  »  (Villon,  p.  11.) 

Nous  disons  vulgairement,  que  je  ne  crains  non 
plus  que  rien,  «  non  plus  que  la  boue  de  mes 
«  souliers.  » 

On  disoit  aussi  proverbialement  : 

1°  Crote  d'Esmials,  de  Mials.  Peut-être  de  la  ville 
de  Meaux.  (Prov.  à  la  suite  des  Poës.  mss  av.  1300, 
t.  IV.  p.  1651.)  [Leroux  de  Lincy,  I,  363]. 

'1"  Vérole  de  llouen  et  crottes  de  Paris  (1)  ne  s'en 
vont  jamais  qu'avec  la  pièce.  (Le  Duchat,  sur  Rab. 
t.  V,  p.  98,  note  4.) 

VARIANTES  : 
CROTE.  G.  Guiart,  MSS.  fol.  71,  V». 
Crotte.  Orth.  subsistante. 

Crotée.  [Intercalez  Crotée,  dans  l'expression 
soupe  crotée,  croûte  au  pot  :  »  Les  compagnons 
«  d'icelles  nopces  portèrent  le  cochet,  autrement 
«  dit  le  plat  de  l'espousée,  en  une  taverne,  où  ilz 
«  firent  plein  plat  de  souppes  crotées.  »  (.1.1.  195, 
p.  806,  an.  1472.)]  (n.  e.) 

Grotesque,  adj.  et  subst.  masc.  Grotesque. 
(Dict.  de  Cotgrave.) 

Ci'oteuse,  subst.  féni.  "  Si  mêlez  un  poi  de 
«  sain  (graisse)  de  marmote.  Et  de  l'eslront  de  la 
«  linote.  Et  si  mêlez  de  l'eslront  à  la  charrée  (pour 
«  cendre  de  lessive)  de  Troies  Et  de  l'eslront  à  la 
«  crotensede  Ligni,  Nel  (ne  le)  mêlez  en  oubli.  » 
(Erber.  ms.  de  S.'g.  fol.  89.) 

Croteux,  adjectif.  Qui  crote*.  Croté^. 

*  Ce  mot,  au  premier  sens,  a  une  signification 
active.  M.  de  la  Porte  s'en  est  servi  pour  épithèie  de 
fange. 

^Dans  le  sens  passif,  ce  mot  signifioit  crotté. 
(Rab.  t.  L  p.  128  et  la  note  19.) 

Croto,  subst.  masc.  Cave,  souterrain.  Mot  pro- 
vençal. (Du  Cange,  Gl.  1.  au  motCro^o,  3.) 


Croton.  [Intercalez  Crofon,  diminutif  de  crot, 
cachot.  Voyez  Du  Cange  sous  scroba.^  (x.  e.) 

Crotte,  subst.  [cm.  Antre,  caverne,  souterrain, 
fosse.  On  a  désigné  la  S"  Vierge  sous  le  nom  de 
«  Nostre  Dame  des  crottes,  no"n  pas  qu'elle  soit 
«  crotée;  mais  parce  qu'elle  est  en  quelque  creux 
"  sous  terre  fait  en  façon  de  cave;  car  ce  mot  crote 
«  en  cette  signification  vient  du  grec  xçiurr^.  „ 
(Apol.  pour  Hérodote,  p.  603.) 

Dehors  les  murs  d'antiquité 
Trouva  une  croitsie  soubz  terre  ; 
Là  se  tourna  pour  la  mort  querre 
Et  dit  que  jamais  n'en  istra, 
Mais  la  dedans  de  duel  mourra. 

Rom.  d'Alhis,  MS.  cite  par  Du  Cange,  au  mot  Crola,  2. 

Le  sens  du  mot  croûte,  dans  le  passage  suivant 
paroit  peu  clair;  cependant,  il  semble  qu'on  puisse 
l'expliquer  par  chapelle  souterraine.  «  S'en  paradis 
»  ne  vont  foi  s  tex  gens  (que  telles  gens"»  con  je  vos 
■'  dirai,  il  i  vont,  el  cil  viel  prestre,"et  cil  viej  clop 
"  (boiteux)  et  cil  raaiike  (manchots)  que  lote  jor  et 
<■  lote  nuit  crapeni  (pour  crachenl)  devant  lesautex 
«  (autels),  et  en  ces  vies  croutes{2),  etc.  »  (Fabl.  mss 
du  R.  ir  7989,  fol.  73.  —  Voy.  Croupte  ci-après.)     " 

VARIANTES  : 
CROTTE   Apol.  pour  Hérodote,  p.  603. 
Crote.  G.  Guiart,  MS.  fol.  81,  R». 
Croûte.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7989,  fol.  70.  V»  col  " 
Croutte.  Chron.  S.  Den.  t.  1,  fol.  221,  V». 
Crouste.  Du  Cange,  Gloss.  lat.  au  mot  Crotci. 

Crou,  subst.  masc.  Parc.  Du  Cange,  au  mot, 
Cofj'era,  cite  le  catholicon  armoricum,  où  on  lit  • 
"  Crou,  an  devet,  gallicè:  bergerie  ou  clais  où  cou- 
•'  chenl  les  brebis  aux  champs.  Lai  :  caula,  ovile 

.'  Crou  an  gueffr Caprile.  Crou  an  moch.. 

«  hara,  crou  an  hoven,  boslar  »  Ce  mot,  comme 
l'on  voit  par  ce  passage,  étoil  un  terme  générique 
pour  désigner  un  clos,  un  lieu  où  l'on  renfermoit 
soit  des  moutons,  soit  des  chèvres,  soit  des  che- 
vaux, etc.  (Voyez  Croi:fte  ci-après.) 

Crouaz,  subst.  masc.  plur.  Croates.  C'est  ainsi 
que  nous  écrivons  aujourd'hui  ce  nom.  Les  Crouaz 
étoient  des  troupes  au  service  de  la  République  de 
Venise  en  1510,  qu'on  a  appelées  depuis  cravates 
(Voyez  Lelt.  de  Louis  XII,  t.  I,  page  246  ;  Ibid.  à  la 
marge,  et  enfin  citâtes.)  ■•  Les'dits  Crouaz  sont 
«  cruels  à  la  guerre,  car  ils  tuent  tout  ce  qu'ils 
«  peuvent,  et  ne  prennent  jamais  prisonniers, 
•<  aussi  on  leur  a  fait  de  tel  pain  soupes.  »  (Ibid'. 
p.  247.)  C'est-à-dire  on  leur  rend  la  pareille. 

Croiibe,  adj.  Courbé.  (Borel  copié  par  Corneille  ) 
On  y  trouve  cette  citation  du  Rom.  de  la  Rose. 

Car  moult  crotibes,  et  moult  crochues 
Avoit  les  mains  icelle  image. 

Croucit.  [Intercalez  Croucit,  sorte  de  croc,  au 
reg.  .JJ.  151,  p.  287,  an.  1397  :  «  QuiBonilus  tenebal 
«  tune  in  manu  sua  qucmdam  baculum,  vocatum 
«  gayar  sive  croucit,  cum  quo  Irahitur  fenum  de 
«  fenario  pro  animalibus,  quando  fenum  est  nimis 
«  conlassatum.  »]  (n.  e.) 


(1)  Aussi  appelait-on  les  écoliers  «  les  crote:  de  Paris.  »  (Leroux  de  Lincy,  I,  379.)  (n.  e.) 

(2)  Il  s'agit  des  cryptes,  confessions  s'étendant  sous  plusieurs  autels,  (n.  e.) 

iV. 


52 


GR 


-  410  - 


CR 


Croue,  .S!/f;s^  fém.  Ecrou  ou  écroue.  On  disoit 
la  crotie  d'un  pressoir.  (Rab.  t.  V,  p.  74  ;  Dictionn. 
de  Colgrave.) 

Croufte,  subst.  fém.  Clos,  enclos.  Il  paroîl  que 

c'est  le  sens  de  ce  mol  dans  ce  passage:  «  Roger 

a  demanda  des  autres  (luele  fu  celé  place  que  on 
«  apela  le  trésor  de  Mortimer;  et  li  fut  dist  que  ce 
«  {ai  une  croufte  joignant  à  l'abeye,  assez  bonne 
<i  terre  et  large,  et  à  'merveille  bien  fructitiante.  » 
(Du  Gange,  au  mot  Cvoflum.)  (1) 

Croug,  verbe.  Pendre,  suspendre.  Mot  breton. 

VARIANTES    : 
CROUG.  Du  Gange,  Gl.  lat.  au  mot  Cmxalis  pœna  (2). 
Crug,  Crouga.  Id.  il)id. 

Croughet,  adj.  Suspendu,  pendu.  Mot  breton. 
(Du  Gange,  Gl.  lat.  ù  Cruxulis  pœna.) 

Crouiller,  verbe.  Verrouiller.  Du  mot  crau, 
crou,  etc.,  verrouil.  On  dit  encore  crouiller,  en  ce 
sens,  dans  le  Maine  et  l'Anjou  (3).  (Ménage.) 

Crouillet,  subst.  masc.  Verrouil.  Ce  mot  est 
encore  en  usage  en  ce  sens,  dans  l'Anjou  et  le 
Maine  (4).  (îMénage.) 

Crouissi  ,  verbe.  Cra(|uer  en  rompant.  Mot 
languedocien.  Le  même  que  croissir  ci-dessus. 
(Dict.  de  Borel,  au  moi  Crotsair.) 

Croulis,  subst.  masc.  Roulis  *.  Agitation  de 
l'air  '. 

*  On  a  dit  croler,  crouler,  etc.,  pour  agiter,  être 
agité;  de  là,  croulis  s'est  appliqué  dans  une  signifi- 
cation particulière  à  l'agitation  d'un  vaisseau  qui 
penche  tantôt  d'un  bord,  tantôt  de  l'autre;  ce  qu'on 
appelle  roulis  en  termes  de  marine.  ■■  Parle  croulis 
»  des  navires  plusieurs  malades  et  blessez  mouru- 
«  renl  la  dedans  et  furent  jetiez  en  mer.  »  (J.  d'An- 
ton, Ann.  de  Louis  Xll,  de  1499-1501,  p.  312.) 

^  De  là,  ce  mot  a  été  employé  figurément  pour 
exprimer  le  mouvement  de  l'air  agité  par  une  tem- 
pête. Cette  agitation  forme  une  espèce  de  flux  et 
reflux.  "  Un 'tourbillon  de  vent  veint  tant  impétueu- 
«  sèment  heurter,  que  par  le  croulis{b)  de  l'oraige 
«  feut  la  fenestre  entrouverte.  »  (J.  d'Anton,  Ann. 
de  Louis  Xll,  p.  129.) 

Croupe,  adj.  Epais.  (Dorel  et  Corneille.)  Propre- 
ment qui  a  une  large  croupe. 

Croupisses,  «(//.  fém.  plur.  On  a  dit  eaux  crou- 
pisses, pour  eaux  croupies  ou  croupissantes.  (Œuv. 
deBaïf,  p.  11.) 

Crouppe  ,    subst.    fém.  Sorte   d'étoffe.  C'est 


ainsi  que  l'explique  Borel,  au  mot  Pannes,  où  il 
cite  ces  vers  de  i'atbelin  : 

Prenez  en,  ou  de  menlenettes  (manches) 
Des  ci-oupi:n,  ou  des  penillieres  (brayettes). 

Croupte,  subst.  fém.  Chapelle  souterraine  ((5). 
Voyez  Du  Gange,  Gloss.  lat.  au  mot  Crijptw.  sous 
Crypta,  qui  paroit  l'élymologie  primordiale.  L'ély- 
mologie  imniédiale  semble  être  le  mot  crot,  pris 
pour  antre, souterrain.  (Voy.  Crot  ci-dessus.) 

Crous,  adj.  Creux*.  Evidé,  maigre,  élancé^. 

*  Le  premier  sens  est  le  sens  propre  de  ce  mol 
sous  l'une  et  l'autre  oilbographe,  quoique  nous  ne 
le  Irouvion.s  avec  celle  signilicalion  que  sous  celle 
de  ci'oes. 

Car  il  esloil  tout  croes  parmi, 
Beaus,  et  foellus,  ombrus  et  vers. 

Froissart,  Poes.  MSS.  page  394,  col.  I. 

^  On  a  dit  crous,  au  figuré,  pour  évidé,  maigre, 
élancé. 

Son  corps  est  un  petit  trop  crous. 

Froissarl,  Poës.  MSS.  p.  201,  col.  1 

VARIANTES  : 
CROUS.  Froissart,  Poës.  MSS.  p.  297,  col.  1. 
Cboes.  Id.  Ibid.  p.  384,  col.  1  (7). 

Croustele,  subst.  fém.  Diminutif  de  croûte. 

Lors  si  me  gete  une  croustele 

Qui  est  plus  dure  d'une  astele  (broche  de  fer). 

Si  qu'à  peine  la  puis  raengier. 

F.ibl.  MSS.  du  K.  n"  7218,  fol.  168.  V*  col.  2. 

Crousteau,  subst.  masc.  Croûte*.  Gale  sèche^. 
Rayon  de  miel  '=. 

*  Oudin  l'explique,  au  premier  sens,  morceau  de 
croûte.  (Dict.  fr.  ilal.) 

^  Ce  mot  signifioit  aussi  gale  sèche,  selon  Cotgr. 
Dict.  On  dit  encore  croûte,  en  ce  sens. 

<=  Enfin  crousteau  s'est  pris  pour  rayon  de  miel. 
(Dict.  de  Colgrave  et  d'Oudin.)  C'est  en  ce  sens  qu'il 
faut  entendre  crouteau  dans  ces  passages  :  «  Les 
«  abeilles  ont  acoustumé  de  se  tenir  dessus  leurs 
«  ruches  ou  esseins  ,  quand  elles  mangent,  ce 
«  qui  abonde  de  leur  crouteau,  connoissans,  par 
«  instinct  naturel,  que  si  elles  nefaisoient  ainsi,  les 
«  yragnes  (araignées)  s'y  mêleroient,  qui  les  feroient 
«  mourir.  »  (Div.  Leç.  de  P.  Messie,  fol.  355.)  ••  Us 
«  mettent  trois  remparts  au-devanl  de  leurs  crou- 
X  teaux  :  car  la  première  croule  est  aniaire,  une 
«  autre  plus  douce,  et  une  autre  plus  grosse  qui  est 
«  la  plus  prochaine  de  leur  viande,  et  là  est  le  fon- 
«  dément  de  leur  deffense.  »  (Ibid.  fol.  357.) 

VARIANTES  1 

CROUSTEAU.  Oudin  et  Cotgrave,  Dict. 
Crouteau.  Id.  Ibid. 


(4)  Les  formes  latine  et  française  sont  extraites  du  Monasticon  Anglicanum.  Dans  l'anglais  moderne,  croft  est  un  petit 
clos  touchant  à  une  maison,  (n.  e.) 

(2)  Ed.  Henschel,  II,  G81,  col.  3.  (N.  e.)  c  ■        ,  ^-     .  ,        ■. 

(3)  Et  même  dans  le  pays  de  Hurepoix  (Ile-de-France)  ;  il  est  fort  usité  dans  la  vallt  e  de  Chevreuse  (Seme-et-Oise).  (n.  e.) 

(4)  Dépiirtsment  de  la  Sarthe  ;  «  Dans  le  hangar,  M.  D...  a  poussé  lecrouillet  du  milieu  de  la  porte.  »  (Gaz.  des  Tribunaux, 
7  sept.  1873,  p.  871,4»  col.)  (N.E.) 

(5)  Voyez  Crolle  et  Crollcr  :  «  Si  granz  croules  et  si  granz  movemenz  de  terre,  o  (D.  Bouquet,  VI,  c.  la,  p.  151.)  (N.  E.) 

(6)  C'est  là  uiie  forme  provinciale  remontant  à  3»i(p(a.  On  dit  aussi  (--/-oiUe  et  crouste :  «  Et  aveuc  che  ressartironl  [les 
massons]  en  le  crouste  de  l'église,  partout  là  où  il  appartenra.  »  (Cart.  de  Corbie,  an.  1426.)  Les  formes  crot,  croie,  crotte, 
croupie  pourraient  être  réunies  sous  un  seul  article.  (N.  E.) 

(7)  Froissart  donne  aussi  tfiie.s,  prononcé  creiti-,  comme  ;rtife»e  prononcé  meute:  «  Et  y  pooit  avoir  entre  lun  bauch 
(poutre)  et  l'autre  environ  demi  piet  de  crues  et  d'ouverture.  »  (Ed.  Kervyn,  III,  25.)(N.  E.) 


CR 


-  411 


CR 


Croustelevé,  adj.  Couvert  de  e;ale  *.  Vérole  °. 

*  Voyez,  sur  le  premier  sens  de  couvert  de  gale, 
les  Dict.  d'Oudin  et  de  Cotçcr. 

°  Par  extension,  ce  mol  a  signifié  vérole.  (Oudin 
et  Cotgrave.)  ■■  Infecté  du  mal  de  Naples.  »  (Le 
Diichat,  sur  Rabelais,  t.  1,  p.  318.) 

VARIANTES  : 
CROUSTELEVÉ.  Dict.  d'Oudin  et  de  Cotgrave. 
Crostelevez.  Fabl.  MSS.  du  R.  ii"  7615,  t.  II,  f»  192. 

Crousteleveiire ,  snbst.  fém.  Gale  sèche, 
vérole.  On  trouve  ce  mot,  avec  l'une  et  l'autre  signi- 
fication, dans  les  Dict.  d'Oudin  etde  Cotgrave.  (Voy. 
Crousteleve  ci-dessus.) 

Grouster,  verbe.  Enduire.  Proprement  encroû- 
ter, couvrircomme  d'une  croûte.  «  Le  lychneumon, 
«  quand  il  doit  venir  aux  prises  avec  le  crocodile, 
«  munit  son  corps,  l'enduit,  et  le  croiiste  tout  à 
a  l'entour  de  limon  bien  serré,  et  bien  paistry  comme 
«  d'une  cuirasse.  »  (Ess.  de  Montaigne,  t.  II,  p.  221.) 

Crousteuse  ,  adjectif  au  féni.  Sèche.  Galle 
crousteuse,  pour  gale  sèche.  (M.  de  La  Porte.)  C'est- 
à-dire  qui  forme  une  croûte  (1). 

Croustillant,  adj.  Bouffon,  plaisant  [ou  plutôt 
graveleux].  (Voyez  Lett.  chois,  impr.  en  4751,  p.  '280, 
où  ce  mot  est  employé  comme  épithète  de  chanson.) 
Le  peuple  dit  encore  crouslUleux  dans  ce  sens  (2). 

Croutat,  adjectif.  Voûté.  Mot  provençal.  (Du 
Gange,  Gl.  L.  au  motrro/ft3.)ll  pareil  formé  de  crot 
ou  Groto  ci-dessus,  qui  signifie  cave,  souterrain. 

1 .  Croûte,  siibst.  fém.  Ge  mot  subsiste;  on  disoit 

autrefois  : 

Tu  le  rendras  en  croule,  ou  en  mye. 

Coniredit  de  Songecreux.  fol.  97.  R". 

C'est-à-dire  de  façon  ou  d'autre. 

Crote  ou  mie  étoil  aussi  une  façon  de  parler  qui 

s'employoit  avec  une  négation,  pour  signifier  rien, 

quoi  que  ce  soil,  comme  dans  ce  vers  : 

Souffrir  ne  veult  qu'il  en  ait  crote,  o:i  mie. 

'  Eusl.  Desch.  Pol's.  MSS  fol.  44,  col.  2. 

Proverbe  : 
Oui  plus  esfraint  (mange)  croule  que  mie 
En  saulce,  parest  trop  destraint. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  8«,  V  col.  1., 

VARIANTES    (3)  : 

CROUTE.  Orth.  subsistante. 

Crote.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  44,  col.  2. 


2.  Croûte,  suhst.  fém.  Peut-être  le  même  que 
Croi'pe  ci-dessus,  partie  d'un  toit.  (Voyez  Crope.)  On 
trouve  ce  mot  dans  la  fable  du  Colon  et  du  Goupi%, 
c'est-à-dire  du  Renard  et  du  Pigeon  : 

D'un  colon  conte  qui  jadis 
Estoit  sur  une  croule  assis. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  19,  R-  col.  2. 

Crouté,  adjectif.  Crotté.  Au  pluriel,  croute%. 
(Chron.  fr.  ms.  de  Nangis,  an  1315.)  On  lit  crotez 
dans  le  même  passage  de  la  Chron.  S.  Denis. 

Ca'outeille.  [Intercalez  Crouteille,  gâteau,  en 
latin  cripiscula  au  Glossaire  latin-français  4120 
(an.  13.V2).]  (n.  e.) 

Croutelle,  subst.  fém.  Roseau  ou  paille.  «  Le 
«  mari  fit  faire  un  grand  berceau  à  croutelles.  » 
(Bouchet,  Serées,  liv.  I,  p.  95.)  «  Ils  ont  toujours  de 
«  rargent  frais  ;  car  pour  en  avoir  il  est  aisé  à 
«  lever  leur  boutique,  il  ne  faut  qu'un  petit  mou- 
"  choir,  et  le  barril  dessus,  et  en  une  des  mains  un 
«  aiguillier  de  croutelles.  »  (Ibid.  liv.  III,  p.  309.)(4) 

Crovée,  S(//;s/.  fém.  Corvée*.  Pièce  de  terre ^. 

*0n  trouve  ce  mot,  au  premier  sens,  dans  Rabe- 
lais, t.  I,  p.  3'i,  note  2  de  Le  Duchat.  On  dit  prover- 
bialement en  Lorraine:  «  On  ne  peut  être  ensemble 
«  de  garde,  et  de  crovée,  <•  pour  signifier  qu'on  ne 
peut  faire  deux  choses  à  la  fois.  (Les  Quinze  .loyes 
du  Mariage,  p.  118,  noie  de  l'éditeur.) 

°  De  ]h^ crovée  semble  s'être  pris  pour  mesure  ou 
pièce  de  terre  qu'un  vassal  étoil  obligé  de  labourer 
pour  acquitter  ses  corvées.  «  Item  l'autre  crovée 
"  est  en  .louchery  vers  le  ban  de  Saulx  contenant 
«  environ  cinquante  jours.  »  (Citât,  de  Du  Gange, 
au  mol  Croada.)  (5) 

Crovière.  [Intercalez  Crovière,  dans  Partonop. 
V.  10.587  : 

Cascuns  oiseaus,  ens  la  crouiére, 

Fait  cant  u  crie  en  sa  manière.]  (N.  E.) 

Crovisiez,  subst.  masc.  plur.  Nous  ne  pouvons 
déterminer  la  signification  de  ce  mol.  Peut-être 
est-ce  une  espèce  de  plante  marine.  Peut-êlre  aussi 
faut-il  entendre  par  cror/s/^v  ou  croH/s/f;^  certaines 
planches  de  bois,  faites  en  formes  de  coquilles, 
dont  les  chasse-marées  couvrent  leurs  paniers  de 
poissons.  »  Nous  avons  oixlené,  que  nul  ne  mette 
«  en  paniers  rouges  crovisiez-,  ne  en  nulle  autre, 


(1)  »  Lors  il  advient  rongne  et  gratele  croiileuse.  »  (Paré,  Introd.,  6.)(n.  e.) 

(2)  De  Caillières  (1690)  voit  là  un  terme  bas  ;  il  est  devenu  familier.  (N.  E.) 

(3)  On  trouve  aussi  crusire  (Raoul  de  C,  286)  :  «  Ne  pain,  ne  vin,  ne  nulle  croxlre  grosse.  »  (N.  E.)  ' 

(4)  Croutelle  ne  signifie  point  roseau  ou  paille.  C'est  le  nom  d'un  bourg  situé  près  de  Poitiers,  où  l'on  fabriquait  une 
grande  quantité  d'ouvrages  en  bois.  Guillaume  Bouchet,  auteur  des  Serées,  était  né  à  Poitiers,  en  1526  ;  en  parlant  d'un 
grand  berceau,  il  dit  que  «  le  mari  le  lit  faire  à  Croutelles.  »  Ce  n'était  pas  un  berceau  en  roseau  ou  en  paille,  mais  fait  dans 
le  bourg  de  Croutelles.  U  en  est  ainsi  pour  l'Aiguiller  de  Croutelles  cité  dans  le  même  article.  Un  auteur  poitevin,  .lacques 
Contant,  dans  ses  commentaires  sur  Dioscoride,  dit  :  «  On  fait  d'excellens  ouvrages  en  bouys  (buis)  au  fameux,  excellent 
«  et  renommé  bourg  de  Croustelles,  près  Poicliers,  auquel  lieu  habite  la  perle  de  tous  les  tourueurs,  à  faire  toute  sorte  de 
((  menu  mesnage,  utenciles  (ustensiles)  de  boys  pour  faire  une  ceconomie  et  service  de  maison.  ."Vussy  il  s'y  fait  des  instru- 
«  mens  de  musique  percés  à  jour,  comme  cornets  à  bouquin,  haut-bois,  cornemuses,  chèvres  sourdes,  flageols,  piffres 
«  (fifres)  et  flustes,  dont  le  bois,  qui  est  excellent  et  qui  rend  l'harmonie  et  le  son  plus  mélodieux,  est  le  buys.  Il  se  fait 
«  aussi  audit  lieu  de  Croustelles  diverses  sortes  de  jeux  de  buys,  comme  quilles  et  boulles  ;  et,  en  outre,  ils  fabriquent 
«  industrieusement  des  Jeux  de  quille  avec  la  boule,  faits  d'ivoire,  qui  ne  pèsent  les  neuf  quilles,  la  pirouette  et  la  IJoëte 
«  qu'un  grain  de  froment,  chose  quasi  incroyable  qui  ne  le  verroit.  »  Il  est  donc  certain  que  G.  Bouchet,  dans  ses  Serées, 
parlait  de  Croutelles  comme  bourg,  et  non  comme  signifiant  roseau  ou  paille.  Croutelle  est  un  mot  poitevin  qui  tire  son 
origine  de  Croutay,  Ci-outelai.  rendre  inégal,  raboteux.  Le  bourg  de  Croutelle  est  sur  un  coteau  raboteux.  (N.  E.) 

(5)  D'après  un  ms.  de  Commercy  :  c  Déclaration  des  heritagesde  l'eghse  nostre  Dame  de  Sommiere  de  l'an  1497  par  Colia 
la  Heyre,  notaire.  »  (N.  e.) 


CR 


il2 


CR 


«  pescaillc,  suit  fresclie,  ou  salée,  ne  corde  pour 
•>  estraindre  (serrer)  le  pannier,  sur  peine  dei'our- 
"  faiie  le  pannier.  >•  (Ord.  t.  V,  p.  2M.)  L'éditeur, 
noie  g,  avoue  qu'il  n'entend  pas  ce  mot. 

Croyablenient,  adverbe.  Vraisemblablement. 
(Oudin  et  Cotgrave,  Dicl.) 

V,voye, siibst.  féni.  On  disoit:  Prendre  fer  et  croije. 

Le  Psalmiste  m'abandonna 

Son  ouvrouer  (atelier),  et  tous  ses  ouvrages 

De  Saiuct  Hieiosme  et  d'autres  sages 

J'ay  prins  partout  et  fer,  et  crmje, 

Puis  j'ay  fait  d'autruy  cuyr  courroye. 

Coniredîl  de  Songecr.  fol.  4.  R". 

Croyeur,  suhst.  masc.  Dupé.  Homme  crédule. 
!  Voyez  .\pol.  pour  Hérodote,  Préf.  fol.  1.) 

Croyser  (ù).  C'étoit  un  des  jeux  de  Gargantua. 
(Rabelais,  t.  I,  p.  152.)  Peut-être  le  jeu  de  ban-es. 

Crozats.  [Intercalez  C?'oxafs,  monnaie  du  Midi: 
>'  L'an  13G3.aultre  provision  fust  faicte  de  quatorze 
«  mil  sestiers  de  bled,  où  est  faicte  mention  de 
.<  certaine  monuoie,  appelle  cro^^ats.  «  (Chron.  de 
Montpellier,  B.  N.  ms.  fr.  anc.  46.%.)]  (n.  e.) 

Cru,  suhst.  masc.  Ce  mot  subsiste  pour  cru, 
fonds  de  terre,  en  latin  cresccntia  et  crementum. 
(Gloss.  lat.  de  Du  Gange.)  On  a  dit  lierbe  du  cru, 
sorte  de  plante  autrement  nommée  hellébore  noire. 
(Fouilloux.  Vénerie,  fol.  80.) 

Crualité  ,  subst.  fém.  Cruauté ,  rigueur  *. 
Horreur  ^  (1). 

*  Dans  le  premier  sens,  on  lit  :  «  Avoit  presché 
«  devant  le  roy  le  ministre  des  Mathurins,  très 
<>  bonne  personne;  et  monstra  la  crualité  que  ils 
"  faisoient  par  deffault  de  bon  conseil,  disant  qu'il 
"  falloil  qu'il  y  eust  des  traîtres  en  ce  royaulme; 
«  dont  ung  prélat  nommé  le  cardinal  de  Bar  qui 
<•  estoit  au  dit  sermon  ledesraenty,  etnomma  villain 
«  chien  ,  dont  il  fut  moult  hay  de  l'Université  et  du 
«  commun.  >>  (Journ.  de  Paris,  sous  Charles  VI  et 
VH,  p.  3  et  4,  an  1409.)  «  Or  oiez  se  cest  genz  (en- 
«  tendez  si  ces  gens)  devroient  terre  tenir,  ne  perdre 
"  (posséder)qui  si  gvanl crualteZ'  faisoient  li  undes 
"  autres.  »  (Villeh.  p.  112.)  [Edition  de  Wailly, 
§271.]  Le  sire  de  Laval  voulant  détourner  le  diic 
de  Bretagne  de  faire  assassiner  le  connétable  de 
Clisson,  le  duc  lui  répondit  [éd.  Kervyn,  t.  XII, 
p.  168]  :  .'  Laissez  moy  faire  ma  voulenté,  car 
«  Clisson  m'a  tant  de  fois  courroucé,  que  maintenant 
«  il  est  heure  que  je  luy  monstre:  et  partez  vous 
"  d'ici.  Je  ne  vous  demande  riens:  laissez-moi 
"  faire  ma  cruauté:  car  je  vueil  qu'il  meure.  » 
(Froissart,  livre  III,  page  198.) 


On  a  même  appliqué  ce  mot  aux  tributs  ou  impo- 
sitions dont  on  surcharge  le  peuple  sans  aucun 
ménagement.  (Le  Jouv.  fol.  31.)  (2) 

C'est  dans  un  sens  moral  et  figuré  qu'on  Yûcrueté 
de  la  discipline,  traduit  du  laliu  correpcio,  dans  la 
Hègle  de  S.  Ben.  lat.  et  fr.  .ms.  de  Beauv.  chap.  64. 
On  dit  encore  sainte  rigueur,  dans  ce  sens,  en 
termes  ascétiques. 

°  On  trouve  aussi  ce  mol  pour  horreur,  ou  ce  qui 
en  inspire.  (Percef.  vol.  IV,  fol.  73,  col.  1.)  (3) 

VARIANTES    : 
CRUALITÉ.  Jour,  de  Paris,  sous  Charles  VI  et  VII,  p.  3  et  i. 
CnuALTÉ.  Villehardouin,  p.  112  (4). 
Cruaulté.  Le  Jouvencel,  MS.  fol.  31,  R''. 
Cruauté.  Orth.  subsistante. 
Crauté. 

Crueuté.  Poës.  IISS.  Vat.  n»  U90,  fol.  78.  V». 
Crueté.  Règle  de  S.  Ben.  lat.  fr.  MS.  de  lieauv.  ch.  64. 
Crudeliïé.  Les  Marg.  de  la  Marg.  fol.  29  (û). 

Cruaiideresse,  subst.  fém.  Ilfaul  lire  truan- 
deresse,  féminin  de  truant,  mendiant,  gueux,  dans 
ce  passage:  »  Item  que  un  ban  soit  fait  devant 
«  aoustquetousceux  qui  seront  II  ouvez  hors  heures 
«  aux  champs  es  biens  d'autruy,  moissonnans 
«  soient  à  deux  sols  blancs  de  loix  (peii  e,  amende), 
«  et  une  crnanderesse  h  douze  deniers  blancs.  -> 
(Coût,  de  Mons,  Coût.  Gén.  t.  I,  p.  831.  —  Voyez 
Truand  elTnL'AXDE  ci-après.) 

Crubaran,  3'  pers.  plur.  del'ind.  futur.  Recou- 
vreront. Ce  mot  est  du  patois  de  Béarn.  (Laurière. 
Gloss.  du  Ur.  fr.) 

Cruble,  subst.  Engin  à  pêcher.  C'est  certaine- 
ment une  faute  pour  truble.  (Voyez  ce  mot.) 

0  crubles  et  o  forches  lez  fièrent  maintenant. 

Roni.de  Roii,  MS.  p.  111. 

Crue,  subst.  musc.  Croc,  crochet.  «  Je  vous  le 
«  grapperay  au  crue.  »  (Rabelais,  t.  111,  p.  65.) 

Crucalles,  subst  plur.  Sorte  d'insecte  : 
Lit  de  colon  pour  gésir  (coucher) , 
Pour  couvrir,  sçarder  des  crucalles. 

Eusl.  Desch.  Pocs.  iMSS.  fol.  486,  col.  i. 

Cruce,  subst.  fem.  Nous  ne  citons  ce  mot,  qui 
subsiste  sons  l'orthographe  cruche,  que  pour  remar- 
quer l'ancien  usage  de  mettre  du  vin  en  réserve 
pour  les  charités.  Le  vase  dans  lequel  on  le  metloil 
s'appeloit  la  cruche  à  l'aumône.  (Kabl.  mss.  du  R. 
n"  7218,  .folio  338.) 

VARIANTES  : 
CRUCE.  Tri.  des  IX  Preux,  p.  486,  col.  2. 
Crusse.  Hist.  de  B.  du  Guesclin,  par  Ménard,  p.  524. 
Cruche.  Orth.  subsistante  (6). 

Crucefier  (se),  verbe.  Faire  le  signe  de  la 
croix  *.  Etendre  les  bras  en  croix  ^. 


(1)  Il  signifie  aussi  souffrance  (Froissart,  poésies,  mss.)  ;  «  Et  encores  par  tel  folie  As-tu  hui  fais  regrés  et  plains  ;  Tu  es 
un  jeune  homme  tout  plains  De  cruaulés.  »  (N.  E.) 

(2)  «  Et  prendrons  tribus  et  apatissemens  sur  nos  adversaires  le  plus  que  nous  pourrons  ;  et  sur  ceulx  de  noslre  parti 
ferons  aucune  ct-naulté  la  moindre  et  la  plus  douce  que  faire  se  pourra.  »  (n.  e.) 

(3)  Il  Quant  la  dame  se  fust  aucun  peu  advisée  et  qu'elle  eust  fort  regardé  le  fondement  du  temple  et  la  cruauté  d«s 
lances  qui  y  apparoient.  »  (N.E.) 

(4)  Cruche  au  roman  de  la  guerre  de  Troie  :  «  Culvert,  cornant  avez  pansé.  Que  feistes  tiel  cruelle  ?  »  (n.  e.) 

(5)  «  Le  suppliant  doublant  la  crudelité  dudit  Ridel,  fery  icellui  d  un  baston  que  il  portoit  par  la  teste.  »  (JJ.  98,  p.  743, 
an.  1365.)  (n.  e.) 

(6)  On  lit  dans  le  Chevalier  de  la  Tour  Landry  (fol.  33):  «  Pour  ce  est  bien  dit  que  tant  va  la  cruche  à  i'eaue  que  le  cul  y 
demeure.  »  (n.  e.) 


CR 


-  413  — 


CR 


*  On  lit,  au  premier  sens  de  faire  le  signe  de  la 
croix  : 

Et  par  le  champ  se  cruce fient. 

G.  Guiarl.MS.  fol.  1-23,  V-. 

°  On  trouve  la  seconde  acception  dans  le  vers 
suivant  [voyez  croisade]  : 

Les  la  dame  se  crucefie. 

Fabl.  MSS.  duR.  n"  7218.  fol.  :WI,  T.-  col.  I. 

De  là,  se  crucefier  pour  se  prosternai'  les  bras 
étendus  en  croix.  Le  poëte  s'adresse  à  la  S"  Vierge 
dans  ce  vers  : 

Dame  en  cui  nous  nous  flons, 
Devant  vos  nos  crucefions. 
Dame,  par  Dieu  merchi  prions, 
Et  vos  crions.  Vierge  saintisme... 

Eni.  la  Vielle  de  Galinois,  Poés.  MSS.  av.  1300,  t.  Il,  p.  872. 

Crucefis,  suhst.  viase.  Crucifix  *.  Christ  °. 
Argent  ''. 

*  Le  sens  propre  est  crucifix  ou  la  figurede  Jésus 
Cil.  en  croix.  On  ;i  dit  croix  à  crucifix ,  pour  dési- 
gner une  croix  chargée  de  la  figure  de  .lésus  Christ 
crucifié.  (Godefr.  Observ.  sur  Ch.  YIll,  p.  308.) 

^On  a  quekiuefois  appliqué  le  mot  crucifix  pour 
désigner  J.  Ch.  même  après  sa  résurrection,  comme 
en  ce  passage  :  «  Sur  un  crucefx  peint  dans  ses 
"  heures  sortant  d'un  sépulchre.  »  lŒuv.  de  Rem. 
Belleau,  t.  II,  p.  îUO.)  Crétin  a  même  dit,  page  \(i7>  : 
"  Prions  le  benoist  crucifx.  >'  C'est  en  ce  même 
sens  qu'on  lit  patremoine  au  crucefi,  pour  le  patri- 
moine de  J.  Ch.  dans  ce  vers  : 

Le  patrernoine  au  crncefi. 

Fabl.  MSS.  du  R.  u-  7615,  1. 1,  fol.  «8,  V  i..l.  1 

^  Enfin,  comme  nos  monnoies  ont  été  s.iuveiit 
chargées  de  croix,  on  s'est  servi  du  mot  cruccfix 
pour  signifier  de  l'argent.  Eustache  Deschamps  se 
plaint  de  manquer  de  tout,  dans  une  ballade  dont 
voici  le  refrain  : 

Le  crucefis  et  je  nont  que  deux  crois. 

Poès.  MSS.  fol.  222,  col.  1. 

On  disoit  proverbialement  : 

1°  Crucefis  de  Limoges.  {Prov.  à  la  suite  des  Poës. 
MSS.  av.  1300,  t.  IV,  p.  1652.) 

■2"  Manger  les  crucefis,  en  parlant  des  dévols 
outrés. 

Quel  devotieux  ypocrite 

Qui  faisiez  semblant  de  manger 

Les  cnicefix  et  estre  hermite. 

LWmant  rendu  Cordeliep,  p.  532. 

Coquillart,  p.  30,  a  dit  dans  le  même  sens  ronger 
les  crucifix. 

3°  Enfin  on  trouve  cette  autre  expression  aussi 
proverbiale  : 

Il  est  en  luy  trop  mieux  séant 
Qu'un  crucifix  en  un  monstier. 

Farce  de  Pathelin,  p.  52. 

VARIANTES  ' 
CRUCEFIS.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  IV.  p.  1652. 
Crucefi.x.  Apol.  pour  Hérodote,  p.  57. 
Crucefi.  Fabl  MSS.  du  R.  n»  7615.  t.  I,  fol.  101. 
Crucefiz.  Estrub.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7996,  p.  31. 
Crucifis.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  p.  222,  col.  I. 
Crocefiz.  Hist.  de  S"  Léoc.  MS.  de  S.  G.  fol.  27. 


Cruche,  subst.fém.  Ecaille.  Cruche  de  l'oistre, 
en  latin  ostra,  suivani  le  Closs.  de  Labhe,  p.  517. 
Ecaille  ou  coquille  d'huitre,  comme  on  a  vu  ci- 
dessus  croises  de  mis,  pour  co(iuilles  de  noix. 

Crucher  (se)  ,  verbe.  S'enfoncer  dans  un 
creux. 

Comme  un  nouvel  essain 

Au  retour  du  printemps  qui  se  jette,  et  se  cruche 
Dans  un  arbre  feuillu,  au  sortir  de  la  ruche. 
Pots,  de  Rem.  BcIIlmu,  t    I.  p.  21. 

Cruchete,  subst.  fém.  Diminutif  de  cruche. 
(Monet,  Cotgrave,  Oudin,  Dict.) 

VARIANTES  : 
CRUCHETE,  Cruchette. 

Cruchon.  [Intercalez  Cruchon,  sorte  de  rede- 
vance, au  reg.  JJ.  40,  p.  't,  an.  1311  :  «  Assignamus 
«  tenore  pra^senlium  leddilus  nostros,  quos  in 
<i  villa  Vernonis  habemus  et  percipimus.  vocatos  le 
«'  cruchon ,  cum  omnibus  suis  pertinenliis  et 
•'  emolumentis,  ad  valorem  seu  summam  sex 
«  viginli  quinque  librarum  turona'stimatos.»](N.E.) 

Cruciale,  subst.  fém.  Sorte  de  plante.  On  la 
nommoit  indistinclemenl  croisette  ou  cruciate. 
(Salnove,  Vénerie,  p.  333.) 

Crucier,  verbe.  Tourmenter.  Crucicoet,  dans 
S.  Bernard,  Serm.  fr.  .mss.  p.  "240,  répond  au  latin 
Irucidabal.  [Nicol,  Monet,  Colgrave  et  Oudin,  Dict.) 
"  De  quel  tourment  de  paour  estimez  vous  qu'il  fut 
••  crucié.  »  (L'Am.  ressusc.  p.  157  ) 

Crucifier,  verbe.  Crucifier.  (Orth.  subsist.  ; 
S.  Bern.  Serm.  fr.  p.  311.) 

Crucifis,  partie.  Crucifié. 

0  mon  sauveur  pour  nioy  mort  crucifix. 

Les  .Marg.  de  la  Marg.  p.  19. 

En  ce  saint  jour  où  Dieu  fut  crucefis. 

Eust.  Desch.  Pues.  MSS.  fol.  lU,  col.  3. 

VARIANTES  : 
CRUCIFIS.  Eust.  Desch.  Poës.  .MSS.  fol.  301,  col.  3. 
Crucifix.  Les  Marc,  de  la  .Marg.  p.  19. 
Cruckfis.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  328,  col.  I. 

Cruçon  ,  subst.  nuise.  Accroissement,  crois- 
sance. On  a  dit  au  propre  : 

La  florette  en  un  lieu  cruçon  prent 

Ou  nourie  est  d'un  si  floult  élément. 

Kroissarl,  Poës.  .MSS.  p.  "I,  col.  1. 

Au  figuré,  on  a  dit  : 

Mar  cruchon  et  essaucement. 

Hisl.  des  Trois  .Maries,  en  vers,  MSS.  p.  338. 

VARIANTES  : 
CRUÇON.  Froissart,  Poës.  MSS.  p.  71,  col.  1. 
Cruchon.  Hisl.  des  Trois  Maries,  en  vers,  MS.  p.  338. 

Crud,  adj.  Nu*.  Sans  art^.  Simple'^.  Difficile  à 
digérer  °  (l). 

*  Dans  le  premier  sens,  l'on  a  dit  et  on  dit  encore 
botter  à  crud,  pour  mettre  les  jambes  nues  dans  ses 
bottes.  Oud.  Cur.  (r.)Ar7né  à  crud,  pour  armé  sans 
avoir  de  vêlement  sous  son  armure.  (Mém.  d'An- 
gouléme,  p.  83.)  Armé  de  pied  en  cap,  comme  sem- 
ble l'indiquer  l'expression  armeure  à  cru,   pour 


(1)  On  disait  aussi  à  une  rude  température  :  «  Il  faisoit  si  crut  temps  et  si  plouvieux  que  il  hostoyoient  à  trop  grant 
malai.se.  »  (Froissart,  IV,  194.)  De  même  au  t.  III,  p.  i15  :  '  Il  faisoit  dur  et  crut  et  froit  à  hostoyer.  «  (N.  E.) 


CR 


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CR 


annnre  qui  couvre  son  homme  de  pied  en  cap. 
(Dict.  lie  Monel.) 

^Itans  le  second  sens,  un  discours  crud  est  un 
discours  sans  art,  sans  fard.  (Oud.  Car.  fr.,  (1) 

'^  Par  une  extension  de  celte  dernière  sis;nifiuation, 
l'on  a  nommé  délies  crues  les  dettes  simples,  en 
les  opposant  aux  dettes  hypotliéquces.  «  Seront 
«  payez  au  sol  la  livre,  comme  aussi  toutes  les  det- 
«  tes  reconnues  en  justice,  sansipie  néanmoins  de 
«  ce  qui  est  dit  cy-devant ,  il  soit  préjudicié  aux 
«  créanciersquiontnncliypotlier|ue  particulière, .■•• 
><  et  toutes  les  autres  dettes  et  actions  qui  sont 
«  tenues,  et  réputées  pour  dettes  crues,  seront 
«  payées  les  précédentes  an  sol,  ou  au  marc.  » 
(Nouv.  Coût.  Cén.  t.  I,  p.  015.)  On  WUle-ttes  crues  et 
volantes.  (Ibid.  p.  752.) 

"Enfin  CJ'ii  signifie  encore  difficile  à  digérer,  an 
propre  et  au  figuré.  Mais  on  ne  diroit  plus  comme 
autrefois,  en  parlant  du  divorce  de  Charles  VIT,  que 
le  pape  Clément  Vil  le  trouva  si  eru,  qu'il  le  con- 
damna comme  inique.  (Hist.  de  la  Popelinière,  t.  I, 
liv.  111,  fol.  70.) 

On  peut  rapporter  à  cette  signification  cette  façon 
de  parler  proverbiale  :  vous  vie  la  baillez  crue. 
(Les  Marg.  de  la  Marg.  t.  I,  fol.  90.)  Nous  disons 
aujourd'hui:  vous  me  la  donnez  belle,  au  même  sens. 

On  trouve  crue,  faute  pour  que,  dans  ces  vers  : 

Belle  crue  je  n'os  (que  je  n'ose)  nommer. 

Moniol  de  Paris,  Poês.  MSS.  av.  1300.  t.  II,  p.  639. 

VARIANTES  I 
CRUD.  Oudin,  Cur.  fr. 
Crc.  Orlh.  subsist. 

Crue,  subst.  fém.  Augmentation  *.  Recrue  ^. 

*0n  a  dit  au  premier  sens  crue  pour  augmenta- 
tion en  général.  «  J'espère  que  le  Roy  me  permettra 
«  enfin  de  décharger  votre  généralité  sur  la  crue 
»  extraordinaire  de  quelque  trente  cinq  mille 
«  livres.  »  (Mém.  de  Sully,  t.  I.\,  p.  282.) 

^De  là.  pour  recrue,  augmentation  de  troupes. 
»  Avons  avisé  de  faire  fournir  à  la  compagnie  de 

»  M'  de  Boesse,  je  veux  dire  à  sa  crue, du  pain 

«  pour  lui  donner  moyen  de  vivre  en  attendant 
"  qu.'elle  soit  payée.  »  (Mém.  de  Sully,  t.  V,  p.  10t>.) 

Cruel,  adj.  Intrépide,  fier.  Ce  mot  subsiste,  mais 
il  est  toujours  pris  eii  mauvaise  part.  On  le  prenoit 
autrefois  en  bonne  part  et  alors  il  désignoit  le  cou- 
rage, la  noble  fierté.  «  Le  prince  de  Galles  qui 
«  estoit  courageux,  et  cruel  comme  un  lyon,  ce 
>'  jour  print  grand  plaisir  à  combattre,  et  chacer 
«  ses  ennemis.  >•  (Froissart,  liv.  I,  p,  195.) 

Le  mot  cruel  avoit  le  même  sens  qui  subsiste 
encore,  dans  cet  ancien  proverbe  :  ah  cruel  et 
deviy.  Diantôme,  parlant  du  maréchal  de  Chatillon, 
colonel  général,  à  qui  on  avoit  donné  le  surnom  de 
très  cruel,  dit  :  «  Avant  cette  guerre,  il  apprit  aux 
«  Anglois  un  proverbe  ah  !  cruel  et  demij,  ou  bien 
"  du  tout,  car  ils  estoient  si  cruels  à  nos  François, 


"  et  l'avoient  tant  esté  qu'ils  n'en  pouvoient 
«  desapprendre,  t:inl  ils  l'avoient  pris  en  habitude.  » 
(Cap.  fr.  t.  IV,  p.  '>!?,.) 

Crueliser,  verbe.  Tyranniser.  >.  Un  notable 
«  précepteur  de  lyrannié  tient  pour  maxime  et 
«  fondement,  que  la  multiplicité  et  nombre  d'offi- 
«  ces  et  chicaneurs,  est  un  gros  appuy  pour  asser- 
«  vir  crueliser,  et  esclaver  ses  sujets.  »  (Contes 
d'Eutr.  p.  32.) 

Cruelle,  subst.  fém.  Sorte  de  fruit  sauvage. 
Peut-être  celui  que  l'on  nomme  encore  gruelle 
dans  quelques  endroits  de  la  Normandie.  «  La  pi- 
«  pée  du  soir  est  bonne  quant  les  oyseaulx  quierent 
«  (cherchent)  l'abri  et  laissent  les  bayes,  et  vont  au 
«  bois,  et  ainsi  quant  il  y  a  bien  à  menger  au  bois 
«  de  prunelles,  de  cruelles,  de  graines,  de  pommes, 
«  et  de  telles  choses  qui  menguent  (qu'ils  mangent) 
«  voulentieis.  »  (Modus  et  Racio,  fol.  90.) 

Cruesié,  adjectif.  Creusé  (2). 

La  roideur  si  grant.  et  la  rive  cniesiée 
Il  ne  s'ose  mètre  enz  (dedens)  tant  fort  l'a  redoutée. 
Parlon.  de  Blois.  MSS.  de  S.  G.  fol.  172.  R"  col.  1. 

Crueté,  subst.  fém.  Crudité.  (Dictionn.  de  Rob. 
Estienne.) 

Cruetet,  subst.  fém.  Cruauté. 

Et  commanda  par  cruetet, 
Qu'on  l'euist  del  royaume  ostet. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  778. 

VARIANTES  : 
CRUETET. 
Crugerteiz.  s.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  213. 

Crueus,  adjectif.  Cruel,  inhumain,  barbare*. 
Courageux,  brave  ^.  Ce  mot  se  prenoit  en  bonne  et 
en  maiivaise  part,  comme  le  mot  crMe/ qui  subsiste, 
mais  en  mauvaise  part  seulement. 

"^Crueus,  pris  en  mauvaise  part  sous  toutes  ses  or- 
thographes, signifloit  barbare,  inhumain  [«  Crueuses 
"  batailles  (Froissart,  11,  7^  »].  On  lit  dans  la  Chron. 

fr.  MS.  de  Nangis,   an  895  :"  »  François vaut 

«  autant  à  dire  comme  (■(■(/(^HJ' en  langue  Greioise.  » 

Tout  homme  armé  doit  estre,  par  effect, 
Crueulx  devant  ;  piteux  après  victoire. 

Eusl.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  109,  col.  1. 

Ne  soies  crxieuse,  ne  fiere 

Vers  moi,  ki  plus  vous  aim 

Poês.  MSS.  Vatican,  n-  1190,  fol.  21,  Rv 

^Crueus,  pris  en  bonne  part,  signifioit  courageux, 
brave,  fier  (3).  Robert,  fils  de  Richard,  duc  de  Nor- 
mandie : 

Bons  cevaliers  fu,  et  crueus 

Larges,  sages,  visites  et  preus  (prompt). 

Pb.  Mouskes,  MS.  p.  412. 

Ce  mot  semble  exprimer,  dans  le  vers  suivant, 
cette  fierté  noble  et  louable  qui  naît  du  courage,  de 
la  sagesse,  etc.  Peut-être  aussi  la  dureté  qui  accom- 
pagne la  vertu  trop  austère  : 

Se  sage  il  est,  et  s'en  monstre  crueulx. 

Contrcd.  de  Songecr.  fol.  154,  R*. 


(1)  On  disait  au  xiiF  siècle,  au  sens  de  non  apprêté  :  «  Et  quan  qu'il  i  aura  de  cuirier  cru   es  charrettes.    »    {Livre  des 
Métier.f,  280.)  De  même  dans  Froissart  (II,  169)  :  «  Ains  faisoient  solers  de  quir,  tout  crus  atout  le  poil.  »  (n.  e.) 

(2)  On  lit  dans  Grégoire  le  Grand  (p.  93)  :  «  E  la  roche  est  ensi  crusée  Cum  une  maison  bien  ovrée.  »  (n.  e.) 

(3)  On  lit  dans  Roncisvals  (p.  20)  :  «  Cruez  hom  est  Rolant.  »  (N.  e.) 


CR 


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eu 


VARIANTES  : 
CRUEUS.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  412. 
Crueux.  Coquillart,  p.  183. 

Crueulx.  Eusl.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  109,  col.  1. 
Cruieus.  Jeh.  de  l'Escur.  Rom.  de  Fauv.  fol.  62. 
Crieux.  Gloss.  sxir  les  Coût,  de  Beauvoisis. 
Creus.  Poës.  MSS.  Vatican,  n"  1490,  fol.  7G,  R". 
Cruex.  Beauman.  p.  8. 
Cruiex.  Sig.  du  Jugem.  MS.  de  S.  G.  fol.  25,  R°. 

Crueusement,  adverbe.  Durement  •■  Philippe 
<■  de  Valois  a  monstre  sa  felo:iielropt'i/rù;j<SÉîmeK/.  ■■ 
(Foi.ssarl,  livre  I,  p.  117.)  On  lit  à  la  marge: 
«  Peut-être  qu'il  y  (•Antcriteuscnient  (1)  :  duquel  mot 
■<  les  anciens  usent  souvent  pour  cruellement. 
«  Toutesfois  La  Chaux  dit  cruellement.  » 

Por  ce  que  me  moquoie  avant 
Fu  navrez  plus  creunemait 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  IHH,  fol.  355.  V"  col.  1. 

VARIANTES  : 
CRUEUSEMENT.  Labbe,  Gloss.  p.  490. 
Creusement.  Fabl.  MSS.  du  R  n»  7218.  fol.  361,  V"  col.  1. 
Crukument.  Chans.  Fr.  du  X1I1«  siècle,  ch.  352,  fol.  283. 
Croieusement.  Borel,  Gloss.  de  Beauvois. 
Cruyerement.  s.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  291. 
Curieusement.  Fioissart,  liv.  1,  p.  117. 

Cruis,  i"  pei's.  du  prêter,  intl.  .(e  trouvai. 

Crujon,  subst.  masc.  Petite  cruche  (2).  C'est  le 
sens  propre  de  ce  mot,  et  l'on  dit  encore  en  Norman- 
die cruchon  dans  ce  sens.  Comme  nous  nous  servons 
encore  du  mot  cruche  pour  désigner  un  sot,  un 
imbécile,  un  homme  qui  a  la  léle  mal  faite,  dans  un 
sens  figuré  ;  de  même,  »  quand  les  Poitevins  veu- 
«  lent  exprimer  une  tête  mal  faite  (dans  le  sens 
«  propre) ilsse  servent  du  mol cruJon{3).  ■■■  (LcîUich. 
sur  Rah.  t.  I,  p.  58,  noie  ir>  )  C'est  encore  ilaiis  ce 
sens  qu'on  lit:  «  11  y  a  prooez  indécis  qui  tourmente 
«  bien  les  juges,  d'un  qui  a  dit  à  son  voisin  qu'il 
«  avoit  la  tête  faite  comme  une  fourche  ;  se  delîen- 
«  dant,  il  jure  l'avoir  dit  ainsy  qu'on  parle  commu- 
«  nement,  quand  on  reproche  à  quelqu'un  qu'il  a 
«  la  teste  faille  comme  un  crujon,  ou  comme  une 
«  courge,  ou  comme  une  boulée.  »  (Bouch.  Serées, 
liv.  1,  p.  298.) 

Ce  mol,  selon  Cotgrave,  se  disoit  d'une  .chose 
ronde,  et  p;irliculièrement  du  crâne  de  la  tête. 

VARIANTES  (4)  : 
CRU.ION.  Bouchet,  Serées,  liv.  1,  p.  298. 
Cruon.  Rab.  t.  III,  p.  46,  et  la  note  12,  p.  47. 

Crulure.  [Intercalez  Crulure ,  criblures,  au 
reg.  JJ.  109,  p.  3i7,  an.  1376:  «  Jehan  Thomas 
«  tantost  prist  do  la  crulure  el  hauton  de  son  blé 
«  el  le  gela  en  ladite  entremye  dudil  molin,  pour 
«  le  faire  moldre  avec  le  ble  de  Jehan  Garlet.»](N.E.) 

Cruppée,  subst.  fém.  Coup  sur  le  dos.  Propre- 
ment sur  la  croupe. 


Et  aux  bardeaux  portans  espées 
Comme  terribles  applicquans 
De  nuyt  trois  ou  quatre  rriippées  (5)  ; 
S'oii  les  trouve  par  les  clicquans. 

MoliiKl,  Testam.  p.  192  et  193. 

Crustemenies,  adj.  fém.  plur.  On  disoit  poires 
eliiommes  crustemenies,  pour  poires  el  pommes  de 
bon  chrétien.  '  Vous  mangerez  poires  et  pommes 
»  crustemenies,  berguamottes ,  etc.  »  (Rabelais, 
t.  III,  p.  73.  Voyez  note  Pi,  ibid.) 

Crux,  adj.  Cru,  en  latin  crudus.  (Glossaire  de 
Labbe,  p.  497.) 

Gruyse.  rinlercalez  Cruyse,  tessons  de  cruche 
{cruye):  «  Encloez  le  en  une  chartre  bien  obscure, 
■'  et  li  mêliez  cruiises  fort  agues,  et  ses  piez  li 
•>  encloez  en  un  fiist,  et  soit  eslendus  sur  les 
>'  crutjses.  «  (Du  Cange,  II,  072,  col.  3.)  (n.  e.) 

Guauldre.  [Intercalez  Cuauldre,  recueillir,  aux 
preuves  de  l'Histoire  d'Auxerre  (p.  111,  col  I, 
an.  1305):  «  Tous  les  blez  el  vins  que  ils  cuaut- 
«  droient  en  tous  leurs  héritages.  "]  (n.  e.) 

Cubarie.  [Intercalez  Cubarie,  cellier,  au  reg. 
JJ.  12;;,  p.  181,  an.  i;^83:  «  Lequel  Choucial  s'enfouy 
«  en  la  cubarie  dudil  liostel  et  par  la  court,  en 
«  cuidant  s'en  aler  dehors.  »]  (n.  e.) 

Cubel,  sulist.  masc.  Tonneau.  Mot  du  patois 
d'Auvergne,  (Du  Cange,  Gl.  L.  au  mot  Cubellmn.) 
Nous  l'avons  déjà  remarqué,  le  b  et  le  v  sont  lettres 
de  même  organe.  De  là,  Cubel  pour  cuvel,  petite 
cuve. 

Cubiculaire,  adject.  Où  l'on  couche.  Lit  cubi- 
culaire.  (M.  de  La  Porte.) 

Cubiculaire  ,  suhst.  masc.  Chambellan.  Du 
latin  cubiculum,  chambre.  (Chroniques  fiançoises 
MS.  de  Nangis,  an  1345.)  On  lit  chambellan,  au 
même  passage,  dans  la  Chron.  S.  Denis.  Rob.  Est. 
dans'  son  Di'ct.  rexpli(iue  par  valet  de  chambre, 
conformément  à  son  élymologie  latine. 

Cubie,  subst.  fém.  Sorte  de  plante  ou  de  fruil. 
Peut-èlre  la  cubébe,  fruit  des  Indes.  On  lit,  en  par- 
lant de  l'ile  S.  Thomas  : 

Là  croist  li  pritre  (la  pyrite)  et  la  cubie 
Le  gingenbres  et  la  turmie. 

Kabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  6i,  R"  col.  3. 

Cubinens,  adj.  Convoilable.  Mot  gascon.  Louis- 

le-Jeune  reprochoit  à   Eléonore  de  Guienne,   sa 

femme,  qu'elle  étoit  : 

Malostruge  (malotrue)  et  non  cubinens. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  Ifli. 

Vostre  amors  m'ataing, 
Tant  est  cubiuenle. 

Pots.  MSS.  av.  1300,  t.  11.  p.  902. 


(1)  i(  Li  rois  regarda  sus  euls  moult  crueusement.  »  (Id.,  V,  214.)  De  même  au  reg  JJ.  161,  p.  161 ,   an.  1406:   «  Tous  les 
trois  frères  ensemble  le  bâtirent  et  navrèrent  moult  crueusement.  »  (N.  E.) 

(2)  C'est  un  diminutif  de  cruye  (.)J.  187,  p.  328,  an.  1458)  :  «  Icelle  .lehanne  print  sa  cntije  ou  bouteille,  pour  aler  à  l'eaue 
en  une  fontaine.  »  (N.  e.) 

(3)  On  peut  lire  ceuioM,  comme  d'Aubigné.  (Baron  de  Fœneste,  III,  3).  Le  Poitevin  emploie  cnigoti  et  cnjon.  (Favre, 
Glossaire.)  (N.  E.) 

(4)  On  trouve  aïissi  crwjeon  (.IJ.  199,  p.  519,  an.  1464)  :  «  Denis  du  Vergier  vint  quérir  de  l'uylle...  et  en  s'en  retournant 
ung  crugeon  d'uylle  en  un  sac  à  son  col.  »  (N.  E.) 

(5)  «  Le  suppliant  dist  à  icellui  Perceval,  que  s'il  aloit  à  lui,  il  lui  donroit  une  cruppée  d'un  baston  moyte  qu'il  tenoit.   » 
(JJ.  189,  p.  492,  an.  14œ.)(N.  E.) 


eu 


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eu 


Cubite,  siibst.  féin.  Coudée.  Josué  défendit  aux 
Isrtiëlitcs  >'  d'api)roL'.lier  de  l'arche  à  plus  de  'idO 
«  cnhites  d'espace.  »  (Tri.  des  IX  Preux,  p.  5.) 

Cucé.  [Intercalez  Cucc,  caclié,  dans  la  Cliron. 
des  ducs  de  iNorniandie  (v.  lO'ît'/): 

Repost  e  curé  e  mucié.]  (n.  e.) 

Cuchoii,  suhst.  maso.  Les  paysans  de  Bresse  se 
servent  de  ce  mot  pour  sisinitier  un  tas,  un  monceau 
de  foin,  une  meule.  (Du  Gange,  Gloss.  Lat.  au  mot 
Vucho.) 

Cucuaiilt.  [Intercalez  Cucimult,  mari  complai- 
sant (.1.1.  HK),  p.  '203,  an.  14(53)  :  «  Cardin  Tholomer, 
«  en  appelant  le  suppliant  ciiviiaitlt ,  et  lui  disant 
«  qu'il  alast  garder  sa  femme.  »]  (.n.  e.) 

Ciicube,  subst.  [cm  Sorte  de  plante.  La  lor- 
telle  ou  le  velar.  (Dict.  d'Oudin.) 

Cuciicie,  siihst.  fém.  Viol  ou  rapt  (1).  (Du  Cange, 
(;i.  L.  au  mot  Ciicucia,  sous  le  mot  Ciigus.) 

Cucule,  suhst.  fém.  Cape*.  ï'Yoc^.  Capuchon'^. 
Femme  de  mauvaise  vie  °. 

*  Au  premier  sens,  ce  mot  désigne  un  habille- 
ment ancien,  fait  en  forme  de  cape.  L'usage  de 
porter  des  habits  rebordés  sur  le  cou  et  sur  les 
manches  de  peaux  rouges,  teintes  de  gueules,  avoit 
fait  nommer  cette  espèce  de  cape  c;/(;((/c,  du  latin 
cusculium,  graine  d'écarlate  ('2).  (Dict.  Univ.) 

^  Dans  la  suite,  on  appliqua  le  nom  de  cucule  h 
la  chape,  au  froc  des  moines.  (Dict.  Univ.)  Les 
religieuses  portoient  aussi  des  cucules.  «  Sœur 
»  Vénérande,  qui  estoil  la  plus  âgée  de  toutes,  se 
"  mit  au  milieu  de  la  place,  et  tirant  de  sa  cuculle 
»  une  petite  esguille  de  Damas,  laquelle  y  estoit 
<■'  attiichée,  levasses  robbes.  »  (Nuicts  de  Slrapar. 
t.  II,  p.  52.) 

■^  On  remarque  plusd'analogie entre  l'étymologie 
de  ce  mol  et  sa  signillcation,  lorsqu'il  désigne  le 
capuchon  rouge  que  les  cardinaux  portent  sous 
leur  chapeau.  "  A  l'entrée  de  Charle-Quint  dans 
«  Paris  en  153'.J,  les  cardinaux  esloient  vestus  de 
«  leurs  cucules,  et  chapeaux  rouges  sur  mulles 
«  houssées  de  mesmes.  "  (Mém  Du  Bell,  t.  VI,  p.  436.) 

°  Enfin  cuculle,  dans  le  sens  de  femme  de  mau- 
vaise vie,  paroit  venir  de  C!/f((,  orthographe  de  cocu. 
(Voyez  ce  mot.)  «  Juvenal  dit  que  quand  homme 
"  paist  une  cuculle,  ou  meretrice  (3),  la  femme  paist 
<'  une  nouveau  paillarl,  et  aussi  est  ce  la  nature  du 
<'  coucou,  quand  il  treuve  le  nid  des  autres  oyseaulx 
<•  garnis  d'œufs,  et  l'oyseau  n'y  est  point,  il  se  assiet 
«  dessus  et  les  couve.  »  (Nef  des  folz,  f°  47.) 

VARIANTES    : 
CUCULE.  Nef  des  fols,  fol.  45,  V». 
Cuculle.  Nuits  de  Slrapar.  t.  V,  p.  5. 


Cucnl-puyon,  suhst.  masc.  Espèce  d'oiseau. 
Peut-être  le  coucou. 

....  .le  ne  semble  pas  l'oysel 

Que  l'on  clame  cticul-puyon  tel 

Gace  de  la  Bigne,  des  Déduits,  US.  fol.  lOil,  V. 

Cucuser.  [Intercalez  Cucuser,  débaucher  une 
femme  (.1.1.  Ml,  p.  38,  an.  1377):  «  Pierre  le  Duc 
>'  disl  à  ses  quatre  compaignons,  qu'il  tray  à  part, 
«  ces  paroles  ou  semblables:  celui  Boyu  qui  s'en 
«  va,  est  cil  qui  m'a  cucusé  de  celle  meschine  que 
«  vous  savez.  »]  (n.  e.) 

Cude,  suhst.  fém.  Enceinte  *.  Ceinture  ^. 

*  On  trouve  cuda,  synonyme  de  fossatum,  fossé, 
dans  le  C.l.  L.  de  Du  Cange.  D'où  l'on  a  dit  cude 
d'une  ville  pour  signifier  son  enceinte,  proprement 
les  fossés  qui  l'environnent.  Du  moins  semble-t-il 
qu'il  faille  l'entendre  en  ce  sens,  dans  ce  passage  : 
i<  Les  sergens,   et  messaigiers  des  dis  conssous 

«  (consuls) pourront  lever,  du  mandement  des 

«  dis  conssous,  les  lailles,  et  communs  imposez,  et 
«  imposer  aux  habitans  des  dis  chastels  et  ville  par 
«  les  dis  conssous  ;  et  pourront  crier  et  faii'e  crier 
»  par  la  cude  [lisez  cride  ou  crie  (voy.  Criage)]  de 
«  la  dicte  ville,  de  leur  propre  auclorité,  sans 
«  autre  requerre ,  ne  demander,  les  choses  et 
"  causes  appartenant  à  leur  consulat,  et  pour  les 
«  réparacions  des  dis  chastel  et  ville.  »  (Ord.  t.  V, 
p.  70.'î.)  L'éditeur  ajoute  :  "  Peut-être  les  cris  ei 
«  proclamations  publiques  se  faisoient-elles  sur  le 
«  rempart  autour  de  la  ville.  » 

^De  là,  vraisemblablement,  c!/de,  au  figuré,  pour 
ceinture.  <>  Avec  un  petit  présent  d'une  ceinture 
«  que  les  fi  leurs  de  soye  nomment  une  cude,  elle 
«  reporta  la  fourchette  au  bon  père,  luy  disant 
"  qu'elle  étoit  bien  tenue  à  luy.  »  (Moyen  de  parv. 
page  334.) 

Cue,  suhst.  fém.  Queue  (4).  Vaisseau  à  mettre  du 
vin.  Sa  mesure  varie  suivant  les  lieux.  (Dictionn. 
de  Monet.) 

variantes  : 

cue,  cueue. 

Cueillante,  suhst.  fém.  Récolte.  Il  paroit  que 
c'est  le  sens  de  ce  mot  dans  ce  vers  :  ■ 

Car  il  fu  de  maie  cueillante. 

Geofr.  de  Paris,  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  fol.  54. 

Cneillette,  suhst.  fém.  Récolte  *.  Collecte  ^. 
Recrue  '^. 

*  Ce  mot,  dans  sa  signification  propre  et  générale, 
désigne  l'action  de  cueillir,  ramasser  ;  levée,  d'où 
cuillete  pour  récolte,  levée  de  grains  (5).  «  En  quel 
«  temps  sera  la  euil'ete  ?  à  my-juillet,  respondit  le 
«  laboureur.  »  (Rabelais,  t.  IV,  p.  190.)  Cueilette 
subsiste  encore  dans  ce  sens. 


(1)  C'est  un  mot  espagnol.  (Du  Cange,  II,  689,  col.  3.)  (n.  e.) 

(2>  L'étymologie  est  le  latin  cuculliis,  employé  par  Martial  (XI,  99,  10)  :  «  Non  te  cncullis  asseret  caput  tectum,  »  et  par 
Juvénal  (VllI,  "141)  :  «  Tempora  Santonico  vêlas  adoperta  cucullo.  »  Ces  vêtements,  empruntés  à  l'Illyrie  ,  furent  donc 
fabriqués  en  Gaule,  (n.  e.) 

(3)  Est-ce  une  aUusion  à  Messaline  «  Ausa  Palatino  tegetem  prœferre  cubill  ,  Sumere  nocturnes  meretrix  .Vugusta 
cucvUos.  ;>  (VI,  118.)  (N.  E.) 

(4)  C'est  aussi  l'orthographe  au  sens  propre  :  «  Blanche  la  cxte,  et  la  crignete  jalne.  »  (Roland,  v.  1655.)  (n.  e.) 

(5)  On  dit  aussi  du  vin  (JJ.  100,  p.  279,  an.  1369)  :  «  Les  vignes  du  finage  de  Brines  en  Berry  estoient  à  vendenger,  les 
fruiz  d'icelles  venuz  à  meurté  et  presque  en  état  de  cueillete.  »  Beaumanoir  (XLIV,  34)  donne  coilloite.  n.  e.) 


eu 


-  417  — 


eu 


°  Ce  mot  a  élé  employé  pour  collecte,  levée  de 
deniers,  suivanl  la  Coût,  de  Bretagne,  citée  par 
Laurière.  «  Le  seigneur  de  tlef  peut  contraindre  ses 
«  sujets  solvables  à  la  faire;  ils  doivent  repondre 
«  des  deniers.  »  (Gloss.  du  Dr.  fr.)(I) 

^  Enfin  cueillette  a  signifié  recrue,  levée  de  trou- 
pes. «  Le  jeune  sire  de  Gommegnies  qui  se  desiroit 
»  avancer  (luy  revenu  en  Haynault)  lit  une  cueil- 
«  lette  (2)  d'aucuns  compagnons  :  et  se  boutèrent 
»  plusieurs  hommes  d'armes  en  sa  roule  (compa- 
><  gnie),  et  dessous  son  pennon.  »  (Proissart,  liv.  1, 
p.  237.  —  Voyez  ci-dessus  Acculite  ) 

VARIANTES  : 

CUEILLETTE.  Coût,  de  Bret.  cité  par  Laur.  GL  du  Dr.  fr. 

Ceillaitte  et  Cuilliaite.  La  Thaura.  Coût.  d'OrL  p.  467. 

CuEiLLETE.  Le  .louv.  MS.  p.  78. 

CuEiLLAiTTE.  Anc.  Cout.  d'OrL  Beauman.  p.  467. 

CuEiLLOiTE.  FabL  MSS.  du  B.  n»  7'21S,  foL  62,  V°  coL  1. 

CuELLETTE.  Ord.  des  R.  de  Fr.  i.  I,  p.  73. 

CuiLLETE.  Rabelais,  t.  IV,  p.  190. 

CuiLLAiTE.  Cout.  de  Bret.  citée  par  Laur.  GL  du  Dr.  fr. 

Cuilliaite.  La  Thaum.  Cout.  d'Ôrl.  p.  467,  tit.  de  H83. 

Ceillaitte.  Cout.  Anc.  d'Orl.  Beaumann.  p.  467. 

Cueilîeur,  sh/^s/.  jhasc.  Collecteur  (3).  Celui  qui 
fait  la  cueillette  ou  collecle  des  droits  d'une  foire 
ou  marché  ;  »  Les  cueilleurs  du  lieu  des  halles 
«  n'en  pourront  rien  louer,  hors  des  couvertures 
«  des  halles  au  poisson  :  et  s'ils  font  le  contraire, 
»  ils  doivent  payer  cinq  sols  d'amende,  toutes  les 
"  fois  qu'ils  en  seront  atleints.  »  (Ord.  t.  II,  p.  358.) 
On  disoit,  au  même  sens,  cueilleurs  de  pecune, 
pour  collecteur  des  impôts.  (Chron.  fr.  mss.  de 
ISangis,  an  1292.)  (4) 

Cueilli, ;ja?'<ic.  Arrangé,  ajusté.  Ce  molsubsiste 
dans  le  sens  propre.  On  lit,  au  figuré  :  «  Elle  .sera 
«  toujours  coincle  (pour  propre),  jolie,  et  bien 
«  cueillie  (ô).  »  (Arr.  Amor.  p.  241.) 

Cueilliere,  subst.  fém.  Terme  de  coutume.  Il 
signifioil  proprement  une  certaine  mesure  de  grain 
qui  se  cueilluit,  qui  se  prenoit  sur  les  grains  appor- 
tés dans  un  marché.  "  Lequel  cens  se  comprend 
«  d'une  certaine  cueilliere,  ou  mesure  de  tout  le 
"  grain  q\ii  se  vend  en  la  dite  ville.  »  iMémoires 
tie  Bassonipierre.  t.  1,  p.  5.)  »  Pour  la  part  démon 
«  trisayeul,  échurent  les  terres  de  Rosières,  Puli- 

<■'  gny ,  etc avec  la  cueilliere  Ae  la  mesure, 

»  comme  au  l'eingrafï  échut  la  bague  ;  et  au 
i'  seigneur  de  Crouy  le  gobelet.  »  (Ibid'.  p.  G.) 

On  trouve  dans  le  Coul.  Gén.  (t.  I,  page  1251) 
l'exemption  de  la  culliere  à  la  halle  aux  bleds,  au 


figuré  varioient  presque 


nombre  des  privilèges  accordés  aux  liabitans  de 
Bruxelles. 

VAWANTES  : 
CUEILLIERE.  Mém.  de  Rassomp.  t.  I,  p.  5. 
Culliere.  Nouv.  Cout.  Gén.  t.  I,  p.  1251,  col.  t. 

Cueillir,  verbe.  Cueillir,  recueillir,  prendre,  re- 
lever* (6).  Plisser,  plier^.  Assembler"^.  S'amasser°. 

*  Ce  mol  subsiste  dans  le  premier  sens,  qui  est  le 
sens  propre.  On  disoit  autrefois  : 

Pour  çou  (ce)  que  j'ai  bone  amor 
Keudrai  la  violete  au  jour. 

Baude  de  ia  Keierie,  Poos.  MSS. 

Nous  rassemblerons  à  la  fin  de  l'article  les  ano- 
malies de  ce  verbe.  11  conserve  encore  quelques 
acceptions  figurées ,  m;iis  on  ne  dit  plus  : 

Quant  désir  en  regart  queil 
Durlé  vient  dont  je  me  meiL 

Eusl.  Desch.  Poës.  MSS. 

Les  nuances  de  ce  sens 
à  l'infini.  On  disoit  : 

1°  Cueillir  les  napes  et  ramasser,  pour  desservir. 
(Percef.  vol.  I,  fol.  13î.i  (7) 

2°  Cueillir  ses  draps  entour  soy,  pour  s'envelopper 
dedans.  (Percef.  vol.  I,  fol.  135.) 

3»  Cueillir  du  plaisir  pour  s'amuser,  prendre 
plaisir."  Livres  esquelson  peut  cueillir  quelque 
«  plaisir.  »  (Nuicts  de  Strapar.  t.  I,  épit.  p.  2.) 

4°  Cueillir  de  l'orgueil,  pour  prendre  de  l'orgueil, 
s'enorgueillir.  «  Si  grant  orgueil  cueillit  que"  trop 
«  estoit  baude  et  hardie.  »  fChron.  S.  Denis,  t.  I, 
fol.  36.) 

5°  Cueillir  cueur  et  hardement,  force  et  harde- 
ment.  pour  prendre  courage,  s'enhardir.  //  cueilly 
force  et  hardement.  (Histoire  de  B.  du  Guescl.  par 
Mén.  p.  232.)  «  Depuis  luy  envoyastes-vous  l'escu 
»  au  chef  de  géant,  là  ou  vôstre  figure  est  au  dessus, 
«  qui  l'a  gardé  de  touz  perilz,  car  la  cucilloit  cneuv 
«  et  hardement  en  touz  ses  faitz.  »  (Percef.  vol.  II, 
fol.  82.) 

6°  Cueillir  un  chemin,  pour  prendre  un  chemin. 

Si  a  colti  son  cemin  (chemin) 

Très  parmi  le  baus  foilli  (bois  feuillu). 

Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7980. 

7°  De  là,  cueillir  une  voix,  au  figuré,  pour  pren- 
dre un  parti,  se  déterminer.  «  Le  floy demoura 

«  fort  pensant  comment  il  pourroit  savoir  la  vérité 
»  toutes  fois  cucillc-'û  une  voix,  etc.  >■  (Pei'ceforesl, 
vol.  V.  fol.  100.) 

8°  Cueillir  venaison,  pour  devenir  gias,  prendre, 
ou,  comme  l'on  dit  en  ternies  de  chasse,  charger  sa 
venaison,  en  parlant  du  cerf.  «  Les  chevreuils  ne 


(1)  Voyez  aussi  les  Ord.,  V,  p.  495,  an.  1360.  Un  reg.  de  la  Chambre  des  Comptes  avait  pour  titre  ;   «   La  miemUeile  de 
10000  pans,  que  la  ville  de  Paris  paye  pour  la  chevalerie  du  roy  Loys,  fils  le  roy  Philippe  le  Bel,  l'an  1313.  »  (n.  e  ) 

(2)  On  trouve  plutôt  cueilloile  (éd.  Kervyn,  III,  2i)  ;  »  Et  se  mist  un  jour  en  le  compagnie  et  cueiiloile  de  pluiseurs  bons 
chevaliers  desquels  Jehans  de  Hainnau  estoit  li  chies.  »  On  trouve  quellmte  correspondant  à  qucuillette  :  «  Ces  saudovers 
quant  il  orent  fait  lor  quelloite,  ils  misent  ensamble  bien  deus  cens  bestes.  »  (IH,  254.)  (N.  e.)  ' 

(3>  Le  reg.  JJ.  133,  p.  123,  an.  1388,  donne  citeUteleur,  et  le  cart.  23  de  Corbie.  an.  1391,  cuelieur.  (n.  e.) 

(4)  On  disait  proverbialement  pour  gens  mal  vêtus  cueiUcur  de  pommes  (Rabelais,  PaïUagrue!,  III,  prol.)  et  ci'eilleur 
prunes  (Desperiers,  70'  Conte)  :  «  Il  s'en  alioit  par  les  rues,  tantost  habillé  en  marinier,  tanto.st  en  magister,  tantost 
cueilleur  de  prune-^,  et  toujours  en  fou.  »  (N.  E.) 

(5)  Ce  sens  se  retrouve  dans  Perceforest  (t.  I.  fol.  21):  «  Veslus  de  toile  blanche  et  déliés  ,  cueillie  à  l'entour  d'eux  si 
mignotement  que  c'esloit  merieilles  à  veoir  la  beaulté  de  leur  vesture.  »  (N.  e.) 

(6)  Et  même  accueillir  :  «  Uns  toiermens  (tourm.-nte)  le  prist  et  ctwilla  sus  mer.  »  (Froiss.,  IV,  211.)  (n.  e.) 

(7)  <r  Adonc  fut  temps  de  n.nppes  oster  ;  si  les  cueillu-ent  escuyers  et  sergens  :  après  se  levèrent  dames  et  damoiselles  et 
chevaliers.  »  (n.  e.) 


de 
en 


rv. 


53 


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418  — 


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«  cueillent  pas  trop  grand  venaison,  si  ce  n'est  par 
«  dedans.  »  (Fouilloux,  Vénerie,  fol.  !)9.) 

9°  Cueillir  le  vent,  pour  prendre  l'air,  respirer. 
X  Osta  son  heauline  et  abbatit  sa  ventaille  pour 
«  mieux  cueillir  le  vent,  car  il  avoit  eu  trop  de 
«  chault.  »  (Lanc.  du  Lac,  t  111,  fol.  18.) 

10"  Cueillir  quelqu'un  en  haine,  pour  le  prendre 
en  haine,  le  h;iïr.  ••  Les  François  avaient  cueilli 
«  en  grande  liaine  Perchemme.  »  (Chron.  S.Denis, 
t.  I,  fol.30,\°.)(l) 

11"  Cueillir  l'eau,  pour  prendre,   puiser  leau. 

«  Ceux  du  chastel faisoient  souvent  de  grosses 

«  escharinouches  aux  Poiclevins,  et  spéciallement 
«  à  celle  heure  que  ceux  du  chasleau  cueillaient 
«  leans  (lisez  l'eaue)  pour  eux  et  leurs  chevaux,  qui 
«  n"en  avoienl  point  s'ils  ne  la  prenoient  à  la 
"  rivière.  »  (Hist.  de  Louis  111,  duc  de  Bourbon, 
page  169.)  [Edition  Chazaud,  p.  138.] 

12°  Cueillir  sa  robe,  pour  la  retrousser,  la  rele- 
ver. "  Faites  votre  robbe  cueillir.  »  (Petit  J.  de 
Saintré,  p.  88  )  «  En  passant,  attaindit  la  chemise 
«  de  la  pucelle  aux  deux  dragons,  et  la  cueillit  de 
«  ses  cornes.  »  (Percef.  vol.  VI,  fol.  57.) 

Cueillir  est  aussi  mis  pour  relever  dans  ce  pas- 
sage :  «  Quant  ce  vint  à  l'approcher,  Lionnel  baisse 
«  sa  lance,  et  va  cueillir  la  ventaille  du  heaulme, 
"  et  luy  rompt  le  laz,  et  emporte  son  heaulme 
«  emmy  le  camp.  »  (Percef.  vol.  I,  fol.  108.) 

On  dit  encore  relever  une  chose,  pour  la  prendre 
en  mauvaise  part  C'est  en  ce  sens  qu'il  faut  enten- 
dre le  mot  cueillir  dans  la  Jaille  du  Champ  de  Bat. 
fol.  59,  où,  à  propos  d'un  jeune  homme  qui  avoit 
jeté  le  gage  de  bataille  imprudemment,  ses  parens 
prient  "le  prince  de  cueillir  ce  cas  légèrement 
advenu  d'abresec,  de  juger  que  ce  cas  est  arrivé 
par  l'imprudence  d'un  jeune  homme,  et  de  ne  pas 
le  relever  trop  vivement. 

13°  ?\"ous  disons  aussi  cueillir  une  taille.  On 
disoit  autrefois  cueillir  des  debtes,  pour  les  faire 
rentrer,  en  exiger  le  payement.  (Ord.  t.  111,  p.  471.) 

Les  autres  slgnilicalions  de  ce  mot  ne  sont  que 
des  applications  plus  marquées  de  son  acception 
propre. 

^  Ce  mot  semble  mis  pour  plisser,  dans  les  passa- 
ges suivans:  «  Vestus  de  toille  blanche,  et  déliée, 
»  cueillie  à  l'entour  d'eulx  si  mignotement  que 
"  c'estoit  merveilles  à  veoir  la  beauté  de  leur  ves- 
■<  lure.  •>  (Percef.  vol.  I,  fol.  21.)  [Voyez  plus  haut 
Cueillie.] 

Il  est  employé  pour  plier  dans  cet  autre  endroit  : 
«  Et  le  chevalier  qui  tant  avoit  aydé  à  monseigneur 
«  Yvair,  dit  qu'il  ne  laissera  devant  qu'il  soit 
«  guary  ;  et  si  fait  cueillir  le  pavillon  à  son  neveu, 
"  et  une  coutle  pointe  bien  riche:  car  il  pense  bien 
»  ([ue  meslier  il  aura  du  pavillon,  se  gésir  (coucher) 


«  le  convient  hors  de  la  ville.  »  (Lanc.  du  Lac,  1. 1, 
fol.  149.) 

'^Cueillir  signifioit  aussi  assembler.  Il  paroit  que 
c'est  le  sens  de  ce  mot  dans  ce  passage  :  «  L'office 
'•  de  ceux  qui  sont  establi  pour  le  guect  cuillir  (2), 
"  serasouppendu,  et  autres.  "  (Ord.  t.  I,  p.  253.) 

"Delà,  enfin,  ce  mot  est  pris  pour  s'amasser, 
dans  une  signification  absolue  et  toujours  figurée  : 
■■'  Les  mousches  en  sont  tant  friandes  que  merveil- 
«  les,  et  se  y  cueilliroyent  facillement,  et  y  feroient 
«  leur  oidure.  >•  (Kab.  t.  II,  p.  149.)  On  lit  da!;s  ce 
même  sens  :  «  .Nous  firent  venir  de  l'ost  (l'armée) 
"  de  la  viande  à  menger  ;  c'est  assavoir  des 
«  bignetz  de  fromage  roustiz  au  souleil,  afin  que 
»  les  vers  n'y  cuillissent.  »  [Joinv.  p.  75.) 

Co.NJUGAISON  : 

Cueil,  impér.  Cueille.  (Eust.  Desch.  Poës.  mss.) 
Cueildras,  futur.  Cueilleras.  (Chron.  S.  Den.  1. 1.) 
Cucitlus.  part.  Cueilli.  (E.  Desch.  Poës.  wss.  f°277.) 
Keue,  ind.  prés.  Je  cueille.  (Poës.  mss.  Vatican, 

n°1490.) 
Kielt,  ind.  prés.  Il  cueille.  (Ch.  mss.  du  C"  Thib.) 
Kieudra,  futur.  Cueillera.  (Chans.  mss.  du  C"  Thib.) 
(Jueil,  indic.  prés.  Je  cueille.  (Eust.  Deschamps.) 
Quell,  indic.  prés.  Il  cueille.  (Poës.  mss.  Vatican, 

n°  1490,  fol.  75.) 
Queudra,  fut.  Cueillera.  (Poës.  mss.  Vat.  n»  1490.) 
Queudront,  futur.  Cueilleront.  (Eust.  Deschamps.) 
Queult,  indic.  prés.  11  cueille.  (Eust.  Deschamps.) 
Queul,  indic.  prés.  Il  cueille.  (Thib.  de  Navarre.) 

VARIANTES   : 
CUEILLIR.  Crétin,  p.  255  ;  Borel,  Dict. 
CuELLiR.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7989,  fol.  212,  R»  col.  2. 
Cuillir.  Joinville,  p.  75. 

CoiLLiR.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7615,  t.  I,  fol.  119,  V»  col.  2. 
QuEiLLiK.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS. 
OUELLIR.  Poës.  MSS.  av.  1300. 

QuEUDRE.  Ord.  t.  I,  p.  601;  Chans.  MSS.  du  C»  Thibaut. 
QuEULDRE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS. 
Keudre.  Poës.  MSS.  Vat.  n°  1490. 
KiEUDRE.  Chans.  MSS.  du  C"  Thib. 
Oueulder.  Froiss.  liv.  III,  p.  48  ;  Rab.  t.  I,  p.  176. 

QUEDER. 

Cueirier.  [Intercalez  Cueirier,  échevins,  juges 
des  affaires  civiles  (Ord.  IX,  p.  585,  an.  1410): 
«  Seront  faiz  et  créez  de  par  nous  jusques  à  vint 
"  quatre  eschevins  et  encriers  pour  le  gouverne- 
«  meut  d'icelle  nostre  chaslellenle.  »  Le  tribunal 
était  dit  euere  et  les  justiciables  cuerfreres  et 
cuerseiirs.]  (n.  e.) 

Cuellée ,  subst.  fém.  Assemblée  séditieuse  , 
émeute.  Du  verbe  cueillir  ci-dessus,  assembler.  On 
lit  dans  le  CI.  lat.  de  Du  Gange,  au  mot  Collecta,  4  : 
«  Cil  amendera  pour  tous  les  laids  (injures)  et  pour 
«  tous  les  forfais,  pour  la  cuellée  qui  aura  esté 
«  faite  (3).  ••  On  dit  aujourd'hui  levée  de  bouclier,  à 
peu  près  dans  ce  même  sens. 


(1)  On  lit  aussi  dans  Froissart  (l.K,  53)  ;  «  Si  ne  fu  mies  li  rois  de  Navarre  trop  resjoys  de  ces  nouvelles  et  en   queilla  en 
flm/i( /laiyjîe  le  roy  de  France.  (N.  E.)  .  o.n  v  r^     ,, 

(2)  «  Anisi  qu'on  chasseroit  ung  foucq  de  bestes  qui  sont  cueillies  devant  une  place.  »  (Froissart,  XIV,  312.)  On  1  emploie 
aussi  au  moyen  :  «  Si  se  cueiUièrenl  secrètement  tant  quil  furent  bien  cinq  cens  armeiires  de  fier.  »  (Id.,  III,  76.)  (N.  E.) 

(3)  Coutume  d'Amiens    Au   sens   de   rassemblement ,   Froissart   écrit  :    «    Ces    gens   darmes  fisent  lor  '/twlloite  de 
compagnons,  n  (III,  17.)  (n.  e.) 


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—  419 


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Ciier,  siibst.  masc.  Cœur*.  Ame,  sentimens^. 
Confidence,  intimilé  *=.  Favori,  coiificlent,  ami  °. 
Esprit,  entendement,  mémoire^-  Cliœur''.  Cuer  el 
cuers,  dans  S.  Bernard,  répondent  aux  mots  cor, 
animus,  anima  el  mens. 

*Ce  mot,  qui  subsiste  au  premier  sens,  sous  l'or- 
thographe cœur,  diffère  cependant  par  l'usage  qu'on 
en  faisoit,  dans  grand  nombre  d'expressions  qu'on 
peut  voir  f>  la  fin  de  l'article.  Nous  disons  encore 
avoi7'  à  cœur  une  ctiose  pour  la  désirer,  et  c'est  en 
ce  même  sens  qu'on  lit  ; 

Hons  que  femme  a  en  cuer,  cornent  aroit  mesaise  ? 
Fabl.  MSS.  du  R.  n»  1015,  t.  I,  fol.  99,  V»  col.  2. 

Quoiqu'on  s'en  serve  aussi  pour  signifier  le  sein, 
cependant  on  ne  pourroit  plus  dire:  «  Dieu  con- 
('  forta  nature  d'onime  quant  il  entra  ou  cuer  de 
«  Vierge  Marie.  »  (Modus  et  Racio,  ms.  fol.  70.) 

Cœur  se  dit  encore,  au  figuré,  du  milieu  de  cha- 
que chose.  Mais  les  façons  "de  parler  suivantes,  où 
ce  mot  a  cette  signification,  sont  tout  à  fait  hors 
d'usage  :  En  droit  cuer  de  saison,  pour  au  milieu 
de  la  saison.  (Chasse  de  Gast.  Phéb.  .ms.  page  18.) 
On  disoit  aussi  au  cueur  de  saison.  (Gace  de  la 
Bigne,  des  Déd.  .ms.  fol.  100.)  Cuer  de  haije,  pour  le 
milieu  d'une  haye,  peut-être  ce  qu'on  appelle 
le  fourré.  (Modus  et  Racio,  ms.  fol.  03.)  En  cuer 
d'yver,  pour  au  milieu  de  l'hiver.  (Eustache  Descli. 
Poës.  MSS.  fol.  '203.)  Ou  fin  cueur,  pour  au  milieu, 
au  beau  milieu,  comme  l'on  dit  encore  vulgaire- 
ment. «  Le  chastel  de  Montlehery  qui  est  ou  fin 
«  cueur  de  la  France.  »  (Joinville,  page  10.)  De  là, 
l'expression  cuer  d'un  château,  peut-être  le  château 
même,  étant  ordinairement  placé  au  milieu  de  la 
terre  qui  en  est  dépendante.  «  Se  li  bers  (baron) 

«  fet  semondre  ses  hons li  prevos  les  doivent 

«  amener  de  chacun  ostel  au  commandement  leur 
«  seigneur  el  cuer  du  chastel,  et  puis  s'en  doivent 
«  retourner.  »  (Ord.  t.  I,  p.  152.) 

"Le  cœur  reçoit  l'impression  des  passions  de 
l'âme  ;  de  là,  ce  mot  pris  encore  aujourd'hui  pour 
signifier  l'âme  même;  mais  il  n'exprime  plus, 
comme  autrefois,  ses  différentes  affections  d'une 
manière  aussi  générale  el  aussi  absolue.  H  s'em- 
ployoit  pour  tendresse,  amour,  haine,  dépit,  joie, 
chagrin,  désir,  intention,  volonté,  crainte,  cons- 
cience (1),  etc.  C'est  en  ce  dernier  sens  qu'on  lit  : 

De  çou  que  li  cuers  se  remort  (se  reproche). 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  761.5,  t.  I,  f  104,  V°  col.  2. 

Ce  mot  est  mis  pour  crainte,  pressentiment  en 
général.  »  11  avoit  plusieurs  l'ois  commandé  que 
<'  l'en  fist  celé  feneslre  freillier  (griller),  pour  les 
<•  enfans,  car  le  cuer  li  disoit  qu'eîe  feroit  damage.  » 
(Gonlin.  de  G.  de  Tyr,  Martene,  t.  V,  col.  C45.)  «  Le 
"  CMei/r  luy  jugeoit  que  c'etoit  le  chevalier  à  l'es- 
«  pervier  qu'elle  aimoit  si  parfaitement,  et  d'autre 
«  part  elle  doubtoit,  etc.  »  (Percef.  vol.  lil,  fol.  7.) 


On  a  employé  CMer  pour  désir,  volonté,  intention, 
comme  dans  les  passages  suivans  : 

Certes,  fait  il,  par  malves  (mauvais)  cuer 
Avons  gité  nos  bacons  (nos  lards)  puer. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  53.  V»  col.  3. 

Celi  qui  me  gardoit  de  fors, 
Mais  autre  cuer  avoit  ou  cors. 

Fabl.  MSS.  du  R  n-  7615,  fol.  69,  R-  col.  1. 

.<  Avant  que  nous  départons,  on  verra  ce  qu'ils 
»  ont  sur  le  cueur,  etc.  »  C'est-à-dire  qu'elle  est 
leur  intention.  (Le  Jouvencel,  fol.  .58.)  «  Il  vous  a 
«  dist,  et  bien  montré  ce  qu'il  avoit  sur  le  cueur  et 

«  a  dit qu'il  est  délibéré,  etc.  »  (Le  .Jouvencel, 

MS.  p.  171.) 

Les  chevaliers  faisoient  autrefois  des  vœux  à  la 
veille  des  batailles  et  des  tournois.  Un,  entre  autres, 
fui  celui  d'accomplir  les  ordres  que  lui  donneroient 
douze  demoiselles,  et  s'engagea  de  gagner,  à  force 
d'armes,  ce  qui  feroit  l'objet  des  désirs  de  chacune 
d'elles  dans  le  tournoi,  «  d'avoir  à  toutes  douzes 
»  leurs  cœurs  accomplis,  el  leurs  désirs.  »  (La 
Colomb.  Th.  d'honn.  t.  T,  p.  188.) 

Cuer  a  été  mis  pour  chagrin,  peine.  De  \k,  couvrir 
son  cuer  pour  cacher  sa  peine.  «  Quant  .lohan 
«  d'Ibelin  aperçut  ces  choses,  il  n'en  fi-t  semblant, 
«  ains  couvri  son  cuer.  »  (Contin.  de  G.  de  Tyr, 
Martène,  t.  VI,  col.  712.) 

On  disoit  aussi  de  cuer  noir  (2),  avec  peine,  avec 
chagrin. 

Et  si  ne  vous  puis  veoir 

Fors  d'iex  (les  veux)  clos  et  de  co'ur  noir. 

Chans.  MSS.  du  G"  Thibaud,  p.  59. 

Cueur  a  signifié  joie,  comme  dans  celle  expres- 
sion, à  cueur,  avec  joie,  de  bon  cœur.  «  Là  se 
«  rencontrèrent  ses  ennemis,  el  luy,....  et  s'esver- 
«  tuèrent  et  employèrent  les  archiers  «  cueur  par 
«  telle  façon,  etc.  «  (Le  Jouv.  f°  33.)  Le  peuple  dit 
encore,  en  ce  sens,  à  cœur  joye. 

Ce  mot  a  été  mis  pour  dépit,  haine,  envie.  Il 
semble  qu'il  faille  enlendre  le  mot  cuer,  en  ce 
dernier  sens,  dans  ces  vers  : 

Mes  il  a  de  citer  sens  chargié, 
Il  ne  veut  pas  ce  que  je  vueil. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  350,  V-  col.  1. 

Il  exprime  la  haine,  le  dépit,  dans  les  expres- 
sions suivantes  : 

Els  passer,  le  cuer  en  lor  l'entre. 

Hisl.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  fol.  70,  V". 

Si  eurent  les  Anglois  gros  cueur 
A  cause  de  ceste  journée. 

Vig.  de  Charles  Vil,  1. 1,  p.  94. 

Avoir  le  cœur  gros  contre  quelqu'un  signifioit, 
comme  aujourd'hui,  être  irrité,  être  en  colère.  «  Il 

«  n'osoil  parler  au  prince pour  ce  que  le  dit 

«  prince  avoit  le  cueur  si  gros  encontre  luy.  » 
(Hist.  de  B.  du  Guesclin,  parMénard,  p.  278.)  Cœur, 
en  ce  dernier  sens,  est  pris  dans  le  sens  propre. 

Enfin  ce  mol  s'est  pris  pour  tendresse,  amour, 
inclination.  C'est  en  ce  sens  qu'on  lit  :  «  Se  com- 


(1)  Et  même  force  :  «  Cest  dur  aurez  à  vostre  part  que  il  est  bon  à  cuer  tenir  (Renart,  v.  21448),  c'est-à-dire  donner  de  la 
force.  (N.  E.) 

(2)  Au  même  sens,  on  disait  sor  cuer  :  «  En  duel,  en  poverte,  en  deshet,  Sor  cuer  tos  jors  et  en  aguet.   »   (Partonopex, 
V.  (169).  (N.  E.) 


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420  — 


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«  plaignoit  Bathides  a  elle  que  le  roy  son  père  ne 
«  l'avoitsoulTert  marier  à  une  damoiselle  qu'il  avoil 
«  amenée  d'eslrange  terre  ;  mais  la  royne  le  clias- 
«  tioil  (corrigeoil,  reprenoil)  de  paroles,  en  disant, 
«  beau  nepveu,  qui  son  cuciir  cioyt,  k  toute  heuie 
«  aucunement  ne  peult  eslre  ([u'il  nefoUie.  »  (Perc. 
vol.  IV,  fol.  9.) 

....  James  ne  vous  diroie 

Mon  cuer  fors  que  par  chansons. 

Adans  li  Bucus,  l'ocs.  fr.  MSS.  aTanl  1300,  l.  IV,  p.  (39K. 

Que  chascuns  disl  son  cuer  sans  trecherie, 
Chou  doivent  faire  et  amis  et  amie. 

Poês.  MSS.  Vatican,  n-  1490,  fol.  1  U!,  V'. 

'^  Le  mot  cœur  s'élant  pris  pour  inclination  (1),  a 
pu  signifier  aussi  la  confiance  qu'elle  produit  entre 
deux' personnes  qui  s'aiment;  et,  de  lu,  pour  con- 
fidence : 

Car  el  n'esloit  pas  de  leur  cuer, 
N"au  secré  conseil  apelee. 

Hist.  de  Fr  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  fol.  83. 

°  De  là,  aussi,  ce  mot  s'est  appliqué  à  l'objet 
même  de  notre  amour,  attachement  ou  affection  et 
de  notre  confiance,  el  l'on  a  dit  cueiir  pour  favori, 
ami,  confident  (2).  «  Le  comte  d'Angles  estoit, 
«  pour  celuy  temps,  le  cueur  et  tout  le  conseil  du 
«  roy  :  et  le  roy  n'avoit  homme  en  tjui  il  eust  par- 
«  faille  fiance  fors  en  luy.  »  (Froissart,  livre  II, 
p.  301.)  «  Le  comte  de  Foix  eul  un  beau  fils,  qui 
«  estoit  tout  le  cueur  du  père  et  du  pa'is.  »  (Id. 
liv.  m,  p.  23.) 

^  En  supposant,  comme  l'on  a  fait,  que  les  prin- 
cipales parties  de  l'esprit  résidoient  au  cœur,  ce  mot 
s'est  pris  souvent  pour  l'esprit  même,  entendement, 
jugement,  mémoire.  «  Celuy  qui  souhaitoit  que 
«  nous  eussions  une  feneslre  au  cœur,  pour  mani- 
«  fesler  l'intérieur  de  nos  pensées,  eslimoit  que  là 
»  estoit  la  resseance  (la  résidence,  le  siège),  de 
«  nostre  esprit  ;  comme  aussi  les  passages  de  l'es- 
«  criture  qui  dienl  in  corde  cogltationes.  semblent 
»  nous  enseigner  le  semblable,  et  quant  les  Latins 
«  usèrent  de'ce  mot  recordari,  qui  vient  de  cor,  et 
«  ïiosVvanço'xsidh'eniappreiidrelei^  choses  par  cœur, 
«  ils  ne  furent  pas  grandement  eslongnez  de  cesle 
«  opinion,  car  en  cedisanl,  ils  sembloyenl  establir 
«  le  sie^e  de  la  mémoire  au  cœur.  »  (Leti.  de  Pasq. 
L  I,  p.  582.) 

Ce  mot  s'est  dit  pour  jugement,  intelligence  : 

Tex  cuide  avoir  le  cuer  moult  fin 
Oui  l'a  moult  povre  à  la  besoigne. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7989,  fol.  240,  V  col.  1. 

Cuer  signifie  esprit,  réflexion,  dans  cet  autre 
passage  : 

Seignor,  oiez  une  merveille 

Que  je  vous  veus  dire  el  conter. 
Or  nietez  cuer  à  Tescouter. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  281,  V  col.  1. 

De  Ih,  cette  expression  lui  tomba  au  cœur,  lui 


vint  à  l'esprit.  ^  Soudain  lu\j  tomba  au  cueur  que 
«  c'estoient  ils  (eux).  »  (D.  Florès  de  Grèce,  f"  163.) 
On  lit  au  même  sens,  tantost  luy  client  au  cœur, 
etc.  (Percef.  vol.  II,  fol.  47.) 

On  disoit  aussi,  dans  le  même  sens  :  se  tuer  le 
cœur  el  le  corps,  pour  s'épuiser  le  corps  et  l'esprit. 
(Nuicts  de  Strapar.  t.  11.  p.  38(i.)  C'est  noire  expres- 
sion se  tuer  le  corps  et  l'àme. 

"^  Enfin  cœur,  cour  n^  cuer  ont  été  écrits  pour 
chœur  ;  alors  il  est  formé  du  latin  chorus.  On  lit,  au 
sujet  des  désordres  des  ecclésiastiques  : 

Ge  connois  tel  qui  a  tel  cuer  (goût), 
Plus  chante  au  bois  ne  fait  en  cuer. 

Hist.  de  S"  Léoc.  MS.  de  S.  Gerra.  fol.  29,  V  col.  3. 

Rabelais  appelle,  au  ^\g\iré,  moulons  du  bas  cœur, 
les  moutons  de  la  plus  petite  espèce,  et  dont  la 
voix  est  la  moins  bonne  ;  par  ce  qu'il  fait  dire  à 
Panurge,  en  parlant  de  moulons  qu'il  veut  acheter  : 
»  Je  trouve  lîue  depuis  le  moindre  jusqu'au  plus 
«  gros,  tous  chantent  plustosl  qu'ils  ne  bêlent, 
"  mais  de  grâce,  vendez  m'en  un,  fut-il  des  plus 
«  petits ,  el  de  ceux  dont  la  voix  est  moins 
«  bonne.  »  (Le  Duchal,  note  10  ,  sur  Kabelais, 
t.  IV,  p.  24.)  (3) 

Expressions  remarquables  : 

I»  On  disoit  cuer  dou.i;  [voyez  plus  haut  cuer  fils 
de  ?'o/],  teime  de  tendresse,  mon  cœur  : 

Si  je  vos  pert,  biau  fm  cuer  donz. 
Comment  porrai  sanz  vos  durer  ? 

Clians.  fr.  du  xiif  S.  MS.  de  Bouli.  ch.  225,  fol.  210. 

)i' Cuers  d'orne,  pour  personne,  pris  négati- 
vement : 

En  rendra  chascun  tel  guerredon  (récompense) 
Que  cuers  d'orne  nel  poroit  esprisier  (apprécier). 

Hues  de  S.  Uuenlin,  Po.s.  .\iSS.  avant  1300,  t.  111   p.  1251. 

3°  Cuer  de  serpent,  pour  brave  cœ'ur,  courageux. 
i>  Quant  le  ducl'oy  ainsi  parler,  il  disl  au  chevalier 
<i  que  c'estoit  un  fier  vassal ,  el  qu'il  avoit  en  son 
«  cuer  un  (lvo\l  cuer  de  serpent  et  grant  merveille 
"  ot  (eut)  de  ce  qu'il  avoit  ainsi  respondu.  »  (Hist. 
«  de  B.  du  Cuescl.  par  Ménard,  p.  37.) 

4°  Cuer  de  poupée  se  disoit  ligurément  pour  cœur 
lâche.  (G.  Guiarl,  f»  ilO.) 

5»  Cœur  failly ,  pour  àme  basse  el  vile.  «  Voyant 
«  qu'ils  avoieal  le  coc;/r /'«/'//f/.  ne  les  voullut  plus 
«  avoir  en  sa  compagnie.  "  ^.Mém.  de  l'.ob.  de  la 
Marck,  ms.  p.  442.) 

6°  N'avoir  point  de  cueur  au  ventre,  pour  être 
poltron,  sans  cœur.  (Le  Jouvcnc.  ms.  p.  401.) 

7°  Cuer  à  cuer  on  cueur  à  cueur  signifioit  adver- 
bialement de  gré  à  gré,  volontairement,  sous  seing 
privé,  debonne  foi.  »  Vente  peulestre  faicle  par  trois 
"  voies  sur  héritage  :  c'est  assavoir,  par  marché  fait 
«  cueur  à  cueur  entre  parties,  ou  par  obligacion, 
«  ou  parjugemenldecourtou  par  condemnalion.  » 
(Ane.  Coùt.'de  Bret.  fol.  19.)  ■•  Quiconques  achatera 


(1)  Par  suite  on  a  dit  :  \«  De  cuer.  volontaireinent  :  «  Par  Dieu,  qui  de  ciœr  veut  morir,  Ne  U  pues  pas  longes  guencir.  » 
(Flores  et  Blancetlor,  v.  775.)  2»  En  coer,  cordialement  :  «  Ossi  li  plus  grant  partie  de  tous  ses  chevaliers  estoieut  en  coer 
englès.  »  (Froissart,  II,  481.)  Et  par  suHe  prendre  en  coer,  pour  prendre  à  cœur  :  «  Li  jones  contes  de  Ilaynau  avoit  si  pris 
en  cuer  ceste  guerre.  »  (III,  225.)  (N.  e.) 

(2i  «  Si  li  a  dil  :  lils  cuers  de  roi.  »  (Renart,  v.  20503.)  (N.  E.) 

(3)  Cuer  signifie  aussi  santé  (Nuits  de  Slraparole,  1,  p.  258)  :  :<  Estant  allé  à  Bergame,  U  trouva  son  maistre  qu'il  salua 
joyeusement  ;  et  le  maistre  luy  rendit  le  salut  en  disant  :  «  Que  ii   1    True  ?  (n.  e.) 


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-  421  — 


eu 


<'  doresenavant  héritage,  ou  rente  à  vie,  ou  à  liéri- 
>'  lage,  partie  à  autre,  cuer  à  citer,  à  poyer  (payer) 
«  une  foyz.  ou  à  pluseuis,  saiiz  terme,  ou  ù  termes, 
"  un  ou  piuseurs,  se  il  adverioit  que  mulation  de 
<■  monoie  lusl  entre  le  temps  de  l'achat,  elle  temps 
•'  du  poyemenl  (payement)  réal  et  de  fait,  radiateur 
«  sera  tenuz  poier  au  vendeur  la  somme  que  il 
i>  devra,  à  la  monnoye  courante  ou  temps  du  con- 
«  Iraut,  si  elle  a  cours  au  temps  du  dit  payement, 
"  et  sinon  à  la  monoye  lors  coursable  (courante).  » 
(Ord.  t.  II,  p.  2rL} 

8"  .4  ciieiir  jeun,  en  cueur  jcung,  se  disoit  aussi 
adverbialement,  pour  à  jeun,  sans  avoir  mangé. 
(Percef.  vol.  VI,  fol.  127.)  «  Or  passa  le  conte  dOs- 
«  tervant  en  un  jeudi,  et  s'en  vint  ù  Cantorbie,  et 
"  le  vendredy  alla  veoir  Saincl  Thomas,  a  cueur 
«  jeun  ;  et  y  lit  offrande  belle  et  riche.  «  (Froiss. 
liv.  IV,  p.  9-2.; 

9"  A  cœur  saoul,  pour  à  l'excès,  avec  excès.  «  Le 
«  but  de  telles  gens  ne  tend  qu'à  lascber  la  bride 
"  aux  affeclions  corporelles,  pour  se  vautrer  à 
«  cœur  saoul,  comme  on  dit,  dans  la  volupté.  » 
(Disc,  polit,  et  milit.  de  la  Noue,  p.  G03.) 

10"  Aijnier  jusqncs  au  cucr  crever,  pour  aimer  à 
l'excès.  ••  Se  vous  in  aijniie^jusques  au  cuer  crever, 
»  si  ne  pourriez  vous  advenir  à  moy  en  nulle 
"  manière,  car  j'ayme  par  amours  ung  clievalier 
«  vers  qui  je  ne  faulsaroye  pour  riens  ma  foi.  » 
(Lanc.  du  Lac,  fol.  119.) 

11°  Porter  son  cœur  au  froni .  Nous  disons  au  même 
sensavoirlecœursur  leslèvres.(Sag.  deCh.  p.  400.) 

12°  Avoir  le  cœur  en  bon  et  hault  lieu  répond  à 
notre  façon  de  parler  avoir  le  cœur  bien  placé. 
(L'Amant  ressuscité,  p.  105.) 

io"  Connoitre  sou  cœur  est  mis  dans  le  passage 
suivant  pour  reconnoilre  son  erreur,  sa  témérité. 
•<  Cognent,  mais  trop  tard,  son  cueur  d'avoir  voulu 
«  entreprendre  de  garder  le  pas  d'une  rivière  contre 
«  une  armée  l'rançoise  venant  en  sa  première 
«  furie.  "  (.Mém.  du  Bellay,  liv.  II,  fol.  53.) 

14"  Faire  esclavrcir  le  cœur  de  quelqu'un,  c'étoit 
le  tirer  d'inquiétude.  "  l'our  Dieu,  si  vous  sçavez 
«  nulles  nouvelles  de  Boort,  si  nousen  faites  nostre 
«  cueur  esclaircir,  car  nous  ne  sçavons  qu'il  est 
«  devenu.  »  iLanc.  du  Lac,  t.  III,  fol.  18  ) 

15°  Faire  le  cueur  clerc  à  quelqu'un,  pour  le 
distraire,  l'égayé:-.  »  Brief  je  lui  en  feroq  son  cueur 
«  clerc,  et  luy  mectray  hors  de  la  marencolie.  ■■ 
(Le  Jouvenc.  .ms.  p.  592.) 

16°  Soupirer  au  cuer  desmentir,  pour  jusqu'à  se 
trouver  mal.  -  Soup'wer  au  cuer  desmentir.  »  (G. 
Guiart,  ms.  fol.  241,  R°.) 

16  bis.  Le  cueur  d'or  à  larmes  étoit  une  espèce 
d'ornement  que  portoienl  les  amans  par  galanterie. 
«  Cueur  d'or  fait  à  larmes  qu'il  portoit  pour  l'amour 
"  d'elle,  entre  la  chemise  et  la  chair,  affui  demons- 
«  trer  par  cela  sa  possession,  et  aussi  laccointance 
»  qu'il  avoit  eue  avec  elle.  «  (Arr.  Anior.  p.  145.) 


17»  On  disoit  aussi  proverbialement  :  Son  cueur 
commence  à  rire  au  ventre  de  jotje,  pour  il  ressent 
une  joie  vive.  (Percef.  vol.  I,  fol.  107.) 

IS°  Le  cœur  leur  devint  foije,  pour  ils  perdirent 
courage.  "  Après  avoir  connu  la  fureur  de  la  bat- 
«  terie,  le  cœur  leur  devint  fuye,  et  se  rendirent, 
"  leurs  vies  sauves.  »  (Mémoires  de  Du  Bellay, 
liv.  II,  fol.  46  ) 

19°  .1  juijer  de  mon  cueur  l'autruy ,  comine  nous 
disons  à  juger  des  autres  par  nous-mêmes.  (Apol. 
pour  Hérodote,  p.  487.) 

Proverbes  : 

1.        Mais  or,  n'argent  en  grosses  sommes 

Ne  vaull  tant  que  les  cners  des  hommes  : 
Car  chascuns  peut  et  doit  sçavoir 
Qui  a  les  cuers,  il  a  l'avoir  (1). 

2°  Qui  s' éloigne  de  l'œil,  s'éloigne  du  cueur.  (L'Ahk 
ressusc.  p.  122.) 

3°  Cueur  n'est  seur  qui  de  haulte  amour  est 
énamouré.  C'est-à-dire  qu'un  cœur  agité  d'une 
passion  violente  change  souvent  de  résolution. 
(Percef.  vol.  VI,  fol.  91.') 

4°  Cueur  délicat  se  plainct  de  leste  saine.  (J. 
Marot,  p.  43.)  C'est-à-dire  que  les  amans  délicats 
et  sensibles  se  plaignent  souvent  sans  sujet. 

5.         Ung  cueur  piteux  en  larmes  se  délite. 

CoquiUarl,  p.  lix. 

6 Le  sage  pieça  (a  coutume)  dire  seult 

Qui  a  oeil  voit,  au  cuer  ne  deult  (lasche). 

Jlodus  el  Racio,  MS.  fol.  151.  R». 

7.  Le  cueur  fait  l'œuvre,  non  juis  long  jour.  Ce 
proverbe  se  trouve  expliqué  pai'  le  passage  suivant  : 
et  Se  dame  vieillesse  vous  atïoyblist  les  membres 
»  tellement  (ju'ilz  ne  pevenl  faire  ce  que  autresfois 
..  ont  fail,  faceuL  de  bon  cueur  aussi  avant  (autant 
■<  que)  qu'ilz  pevent.  el  puis  ayez  le  cueur  tel  qu'il 
«  parface  (achève)  le  remenant  (le  reste)  ;  car  en 
■'  dicl  ja  pieça  le  cueur  fait  l'œuvre,  non  pas  long 
«  jour.  »  (Peicef.  vol.  IV.  fol.  71.) 

8.  Là  où  est  le  cueur,  là  est  l'œil  reposé.  C'est-à- 
dire  qu'on  ne  voit  que l'ohjet  qu'on  aime;  qu'on  est 
tout  entier  à  ce  qui  nous  est  cher.  (Percef.  vol.  V, 
fol.  43.)  C'est  en  ce  même  sens  qu'on  lit  :  «  Là  ou 
«  tel  trésor  est,  là  est  ton  cueur,  el  tes  pensées.  » 
(Ibid.  fol.  44.) 

9.  On  dit  communément  ••  qu'on  rit  par  la  rate, 
"  qu'on  se  courrouce  par  le  fiel,  qu'on  aime  par  le 
«  l'oie,  et  qu'on  sent  par  le  cueur.  »  ;Tri.  de  la 
Noble  Dame,  fol.  102.) 

Voyez  d'autres  proverbes  el  façons  de  parler  dans 
le  Dict.  de  Cotgrave  (2)  et  Oudin,  Cur  fr. 

VARIANTES    : 

CUER.  Fabl.  MSS.  du  R.  n°  7Gt5,  t.  II,  fol.  137. 
CuEHS.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  .tI. 
Coeur.  Joinv.  p.  6  ;  J.  Marot,  p.  197. 
CuOR.  Marbodus,  col.  1660. 
Cour.  Dnehesne,  Gén.  de  Cha<iteigner.?,  p.  27. 
CuRAGGE.  Marbodus,  col.  1638. 


(1)  On  Ut  dans  Machault,  p.  111  :  «  Tu  semblés  loisel  de  proie  ,  Qui  vuet  le  cuer  tant  seulement  ;  Si  le  cuer  bas  tant 
seulement,  Aras  le  corps  et  la  chavance.  »  (N.  E.) 
(2>  Belle  chère  (visage)  et  cœur  arrière  (Cotgrave).  (n.  e.) 


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eu 


Cuerl)ille,  sitbst.  fém.  Corbeille. 

Et  cucrliilln.  et  rastierfi.  et  mait  (coffre  à  farine).  (1) 
Pocii.  MSS.  avant  1300,  t.  IV,  p.  1340. 

C-ucrdé,  subst.  masc.  Espèce  de  jurement. 
Comme  qui  iliroil  par  le  cœur  de  Dieu. 

Quant  Gauteron  l'a  eiitendii 

Par  le  cimy  de>f.  fit-il,  i  put  (il  pue). 

Fabl.  IISS.  du  II.  n-  TIÎId.  I.  II,  (*  208,  IC  col.  2. 

Ou  chaiiijtoit  encore  le  d  eu  //,d'où  vient  cuerbé, 

etc.  «  Os  par  le  cuerbé iiorqiioi  cautaioi-je  por 

c  vos, sine ineseoit.  »  (Fabl.  .Mss.dii  F!.  n"7989, f°78.) 

On  disoil  atissi  i)Or  le  saint  cuerbu.  (Fabl.  imss.  du 
R.  Il"  7-218,  fol.  239.) 

VAHIANTES    : 
CUERDÉ.  Fabl.  MSS.  du  R.  n«  7fil.5,  t.  II,  f»  177,  V»  col.  2. 
CUEUDEU.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  701.^  t.  II,  l»  208,  R»  col.  2. 
CuERUiu.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7989,  fol.  91,  R"  col.  1. 
CUERBIEU.  Estrub.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7996,  p.  44. 
Cuerbu.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»721.S,  fol.  239,  V»  col.  2. 
Cuerbé.  Fabl.  MSS.  du  R   n»  7989,  fol.  78,  R»  col.  2. 

Cuern,  subst.  mase.  Gabier.  (Voyez  Du  Ca'nge, 
Gl.  I.  au  mo[ Quatcrnio.)  (2) 

Cuei'oise.  Ce  mot  «  pourroit  bien  s'estre  dit 
»  pour  courenseoucouritHie,  puisque  le  lieu  appelle 
«  pojis  arcus  currentis  est  le  pont  de  l'arcbe 
«  cueroise.  »  (Valois,  notice,  p.  453.) 

Cuerre,  subst.  masc.  C'est  une  faute  pour  euer 
ou  cueur,  cœur,  dans  ce  passage  :  «  ^Nous  desirons 
«  de  tout  notre  cuerre.  »  (Ord.  l.  III,  p.  95.) 

Cuesso,  sidtst.  masc.  Petite  mesure  de  blé.  Mot 
provençal.  (Du  Cange,  Gl.  I.  au  mol  Cossa,  1.) 

Cueu,  subst.  jnasc.  Cuisinier.  On  lit  dans  Du 
Cange,  Gloss.  lat.  au  mol Soliardus  :  «  Item  les  dits 
»  religieux,  abbé  et  convent...  auront  un  seul 
«  quenchou  cuisinier  qui  aura  ung  serviteur  appelle 
»  souUart  [comparez  souillon]  (valet  ou  garçon  de 
<>  cuisine)  ù  gaiges.  » 

A  tant  fut  li  mangers  tost  aprestez, 

Trois  escouflps  (chouettes)  i  ot  de  viez  salez, 

Que  li  qiiex  li  avoit  appareillez. 

Rom.  d'Audi-.  MS.  de  S.  Germ.  fol.  69,  R°  col.  1. 

Il  sçait  blâmer  le  bouteiller, 

Le  ijueiix,  le  maistre,  et  la  maîtresse 

S'ilz  ne  font  bien  appareillier. 

Eusl.  Desch.  Poi-s.  MSS. fol.  224,  col.  4. 

Ja  qniejis  en  cuisine  estans 
N'ert  de  souper  desirans. 

Poëi.  MSS.  Vaticin,  n"  1490,  fol.  IIT,  R". 

On  disoit  en  ce  sens  le  grand  cueux,  dignité  con- 
sidérable de  la  cour  de  France.  (Du  Cange,  Gl.  lat. 
aux  mots  Carnifex  et  Coquus.)  "  Le  grand  queux 
«  de  France  avoit  la  surintendance  sur  tous  les 
Il  ofliciers  de  la  maison  du  Roy,  et  étoit  sous  le 
«  Grand  Mailre  de  France.  «  (l.a'ur.  Gl.  du  Dr.  fr.) 

On  trouve  maislre  lieu  et  sonbkeu,  dans  une  cita- 
tion du  Gloss.  lat.  de  Du  Cange,  au  mol  Sergentiœ 
parva'.  On  lit  (Ibid.  au  mot  Miles,  col.  738  et  739) 
quelles  étoient  les  fonctions  du  maistre  queux  à  la 


réception  d'un  chevalier  du  Bain.  (Voyez  Id.  aux 
mots  aiagister  coquinœ  et  Maqister  coquus.)  Rabe- 
lais, t.  IV,  page  lliG,  fait  «  Putiphar  maistre  quieux 
"  des  cuisines  de  Pbaraon.  ■> 

Queux  étoit  aussi  le  nom  du  chef  de  cuisine  dont 
la  chaige  éloit  béréditaire  et  même  féodale  dans  les 
monastères.  (Voyez  Le  Beuf,  Histoire  du  diocèse  de 
Paris,  à  l'article  d'.\rgenteuil,  oii  il  parle  d'une 
charte  de  1200.) 

On  se  servoit  autrefois  de  l'expression  crier  aux 
queux,  pour  désigner  la  manière  d'avertir  les  cui- 
siniers qu'il  est  temps  de  servir.  «  Le  Roy  dit, 
«  allons  disner,  car  j'ay  ouy  maistre  Almiot  le 
«  médecin  qui  dit  qu'il  est  temps  de  crier  aux 
«  queux,  c'est  à  dire  que  chascun  se  lieve.  «  (Le 
Jouvenc.  fol.  31.) 

VARIANTES  : 
CUEU,  CuEus,  QuEus. 

Queux.  Le  ,Iouv.  fol.  31,  V»;  Rabelais,  t.  IV,  p.  108,  etc. 
QuEuz.  Ordonn.  t.  HI,  p.  392. 
Queulx.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  376,  col.  4. 
QuEU.  Rob.  Est.  Gram.  fr.  p.  106. 
QuiKus.  Poës  MSS.  Vatican,  n»  1490,  fol.  377,  R». 
Qui  II.  Fabl.  MSS.  de  S.  G. 

QuE.\.  Rom.  d'Audigier,  MS.  de  S.  G.  fol.  69,  R»  col.  t. 
CuEZ.  Du  Cange,  Gloss.  lat.  au  mot  Coquus  (3). 
Ceu. 

Keu.  Poës.  MSS.  Vatican,  n°  1522,  fol.  156,  R»  col.  1. 
KEU.S.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  182. 
Keux. 

Kiu.  Duchesne,  Gén.  de  Guines,  p.  284.  tit.  de  1241. 
QuENCH.  Du  Cange,  Gl.  lat.  au  mot  Soliardus. 
GuEU.  Dict.  de  Cotgrave. 
Gueux.  Le  Duch.  sur  Rabelais,  p.  208. 

C'.ieiîs,  subst.  fém.  Pierre  à  aiguiser.  Le  Labou- 
reur l'explique  au  même  sens  par  pierre  affiloire, 
du  latin  cos.  (Orig.  des  Armes,  p.  128.) 

Ou  disoit  au  figuré  :  «  Faut  confesser  que 
«  l'amour  est  la  plus  parfaite  vertu  des  vertus  con- 
"  templatives,  pour  ce  que  c'est  la  vraye  queu  pour 
«  aiguiser  les  cogitations  spirituelles.  «(Printemps 
d'Yver,  fol.  229.)  Un  de  nos  anciens  poètes  dit,  en 
parlant  de  la  jalousie,  que  c'est 

Queux  où  l'amour  aiguise,  et  trempe  son  mallieur. 

Poès.  d'Amadis  Jarain.  p.  186. 

On  a  dit  cueux  de  plomb  dans  le  sens  oîi  nous 
disons  saumon  de  plomb,  grosse  pièce  ou  gros 
morceau  de  plomb.  (Dict.  d'Oudin.)  <•  Aristote  escrit 
«  que  les  cueux  de  plomb  se  fondent  et  coulent  de 
«  froid  et  de  la  rigueur  de  l'hiver  aussi  tost  que 
«  l'on  approche  l'eau  d'elles,  et  l'air  serrant  et 
«  pressant  les  corps  par  la  froideur,  les  casse  elles 
«  rompt.  »  (Morales  dePlutarq.  trad.  d'Amyot,  t.  II, 
page  U'6.) 

VARIANTES   (4)  : 
CUEUS. 

Queux.  Mor.  de  Plutarq.  trad.  d'Amyot,  t.  I,  p.  351. 
(^UEU.  Oudin,  Monet,  Nicot,  Dict. 
Queu.  Printemps  d'Yver,  fol.  229,  V". 
Queue. 


Cl)  On  lit  dans  la  bataille  d'AIeschans  (v.  3956)  :   «.  Une  corbille  trova  merveilles  grant  ;  Plus  de   cent   pains   i   a   mis 
maintenant.  »  (N.  E.) 

(2)  C'est  un  mot  espagnol  extrait  de  la  Chronique  de  Pierre  IV  d'Aragon.  (Liv.  III,  ch.  XXX.)  (n.  e.) 

(3)  Il  cite  Cuvelier  :  «  Cuez  de  cuisine  plus  de  quarante  cinq.  »  (N.  E.) 

(4)  On  trouve  aussi  au  Gloss.  lat.  7684  ;  «  Cos,  couz  pour  aguiser.  Cotella,  cotula,  petite  couz  »  ;  et  au  reg.  JJ.  144,  p.  367, 
an.  1393  :  «  Cue\vx  de  pierre  à  aguisier  faulx  ou  couteaulx.  »  (N.  e.) 


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eu 


Gueux,  subst.  masc.  Affliclion.  Mot  breton.  (Du 
Cange,  Gl.  1.  au  mot  Manganus.)  [Ed.  Ilenschel,  IV, 
228,  col.  2.] 

VARIANTES  : 
GUEUX,  Keus. 

1 .  Cuevre.  Peut-être  est-ce  une  faute  pour  coure 
dans  une  ordonnance  de  13-iO,  concernant  la  pèche. 
On  y  lit  :  ■■  Que  l'on  ne  baie  aux  arlbes,  ni  au  gros 
«  aux  halles  et  que  vruye  chance,  arbre,  ne  cuevre 
«  et  que  l'on  v  adjoigne  boisse  et  dépens.  »  (Ord. 
1. 1,  page  793.)  Cette  citation,  toutù  lait  défectueuse, 
pareil  pouvoir  être  rectifiée  par  le  mémo  passage, 
tel  qu'on  le  lit  dans  le  Gr.  Coût,  de  Fr.  p.  28.  ..  Que 
.<  l'on  ne  batte  aux  arches,  ne  aux  herbes,  et  que 
.<  braye  h  chance  ne  coure  que  Ton  n'y  adjoigne 
«  bousset  espais.  ■• 

2.  Cuevre.  [Intercalez  Cuevre,  carquois,  dans 
la  Chron.  des  ducs  de  Normandie  (t.  11,  p.4r)0,  col.  2): 

Et  un  cuevre  plain  de  quarriaus.]  (N.  E.) 

Cuevi'ii',  verbe.  Couvrir,  cacher*.  Dissimuler, 
feindre^.  Prétexter,  s'excuser'^. 

*  Ce  mot  est  pris  au  premier  sens,  dans  cet  ancien 
proverbe  : 

Mal  se  cuevre  cui  le  cul  pert  (paroît). 

Prov.  du  Vilain.  MS.  de  S.  G.  fol.  "j.  R"  col.  3. 

^On  disoit  au  figuré  se  couvrir,  pour  se  cacher, 
dissimuler,  feindre. 

Il  .se  cuevre,  mener  tendant 

Que  n'estoit  riens  que  tant  amast. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  86,  V"  col.  3  et  87,  R"  col.  1. 

"^Par  une  extension  du  sens  figuré  que  nous 
venons  d'exposer,  on  disoit  se  ciievrer  pour  pré- 
texter, s'excuser.  «  Se  i  avient  que  li  un  sont  un 
«  an  majeur  (pour  maire)  ou  jurés,  ou  recheveur 
«  (receveur)  en  autre  année  après,  si  les  font  de 
«  leurs  frères,  ou  de  leurs  neveu  s,  ou  de  leurs  pro- 
«  cheins  pareils,  si  que  en  dix  ans,  ou  en  douze, 
a  luit  li  riche  houme  (pour  nobles  hommes  ou  pour 
-'  riches  ,  puissans,  ont  les  aminislrations  des 
<>  bonnes  villes,  et  après  che,  quant  li  quemun  (la 
«  commune)  vient  avoir  conte,  il  se  cucvrcnt  que 
<>  il  ontconlé  les  uns  as  autres.  »  ^Beauman.  p.2Cl).) 

VARIANTES  : 
CUEVRIR.  Fabl.  MSS.  du  R  n»  7218,  fol.  131,  V»  col.  1. 
CuEUVRiR.  Moilus  et  Racio,  fol.  87,  V". 

Cufarde,  subst.  féni.  Hypocrisie.  Du  mot  cafard. 

Por  cou  qu'en  li  n'a  point  ne  barat  ne  cufarde. 

Poés.  MSS.  av.  1300,  l.  IV,  p.  1333. 

Cuffere.  [Intercalez  Cuffere ,  festin  de  rele- 
vailles  :  «  L'exposant  oy  dire  que  icelle  femme  avoit 
«  esté  il  une  gessine,  autrement  nommée  au  pays 
«  [Coutanoes]"  fM//cre.  »   (JJ.  167,  page  359.  an. 

1414.)]   (N.  K.) 

Cuffet.  [Intercalez  Cwjff/,  coiiïe  ou  petit  béguin: 
«  Lequel  Vidal  prinst  ledit  Guilart  par  le  culfet.  » 
(JJ.  146,  p.  191,  an.  1394.)]  (n.  e.) 

Cugue,  subst.  fém.  Queue.  En  latin  cauda,  sui- 
vant le  Gloss.  de  Labbe,  p.  494. 


Cugnet.  [Intercalez  Cuymt ,  coin  de  teri'e: 
«  Item  encore  ung  c?/(/«t'i  contenant  environ  ung 
■•  quartier.  »  (Ch.  d'Abbeville  de  1497.)]  (n.  e.) 

Cugniete.  [Intercalez  Cugniele,  petite  cognée: 
«  Pierre  de  Waloncapelle...  tourna  vers  Jehan 
>>  d'Esclimen  escuier,  et  getta  contre  lui  un  ou 
■<  deux  cops  dune  cugniele  que  ledit  escuier  receut 
u  sur  sa  taloche.  »  [ii.  211,  p.  7,  an.  1382.)  On 
trouve  aussi  cuigniete  (JJ.  109,  p.  310,  an.  1376), 
queugniete  (JJ.  100,  p.  209,  an.  1:569.)]  (.n.  e.) 

Cui,  prou,  relatif.  Qui*.  Que^.  Ce  mot  qui,  dans 
les  S.  fr.  .MSS.  de  S.  13.  est  employé  pour  qtù  comme 
nous  le  disons  et  répond  au  latin  eujus,  quam,  quem, 
quod,  quibus,  qnos  (1  ).  On  lit  a  cui  avènement  pour  à 
l'avénemenl  de  qui,  dans  S.  Alhanase  (Symb. 
2'  traduction.) 

*Ce  mot,  de  tous  genres  et  de  tous  nombres, 
comme  notre  pronom,  qui  étoil  aussi  autrefois  de 
tous  les  cas  sans  être  précédé  d'aucune  préposition, 
ni  d'aucun  article.  11  avoit  beaucoup  de  rapport 
avec  le  cui  des  llaliens.  On  disoit,  dans  une  signifi- 
cation absolue,  cui  cis  avoir  pouvii  qui  appartient, 
etc.  (Fabl.  mss.  du  R.  n^  7989,  fol.  210.) 

Jlolt  m'enquist  et  demanda 

Cui  fis  biaus  avoirs  pooit  eslre. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7080,  fol.  213,  V-  col.  1. 

(Voyez  Borel,  Dicl;  Ord.  t.  I,  p.  314  ;  Ibid.  t.  lit, 
p.  612;  Villehard.  p.  49,  etc.,  etc.) 

^Au  second  sens,  c'étoil  notreque,  inlerrogalif  et 
relatif.  Cui  caut  signifie  qu'importe  dans  ces  vers  : 

Ne  sai  que  voil  aler  trader  (chercher). 

Car  ne  sai  voie,  ne  sentier  ; 

Cui  caut  '?  ce  ne  me  giieve  rien  (ne  me  fait  rien). 

Amors  m'avoiera  moult  bien  (conduira). 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7080.  fol.  Gl,  R»  col.  1. 

Ceos  cui  nos  veons,  pour  ceux  que  nous  voyons, 
dans  S.  Bern.  Serin,  fr.  .mss.  p.  1,  et  plusieurs  autres 
exemples  semblables. 

variantes  : 
CUI 
Cu\.  s.  B.  Serm.  fr.  MSS.  passim. 

Cui  bono.  Mots  latins  qui  signifient  à  quoi  bon 
et  qui  ont  passé  dans  notre  langue  qui  lésa  emprun- 
tés des  jurisconsultes  latins.  «  Toutes  vos  pré- 
«  somptions  seroientvaines,  si  elles  n'aboulissoient 
«  au  cui  bono  de  l'ancien  jurisconsulte  Cassius  ; 
«  voulant  dire  qu'il  n'i  falloit  pas  aisément  présu- 
.<  mer  qu'un  homme  se  fil  meschant  à  crédit.  » 
(Lett.  de  Pasq.  t.  1,  p.  7.58.) 

Cuiçon,  subst.  fém.  Cuisson*.  Acidité^. 

*Au  premier  sens,  ce  mot  ne  diffère  que  par  la 
manière  de  l'écrire,  il  vient  du  latin  coctio.  (Valois, 
notice,  p.  599.) 

°  Cuiçon,  fiu  figuré,  signifioit  acidité,  l'effet  des 
acides  étant  d'exciter  une  espèce  de  cuisson. 

L'une  est  trop  dure,  l'autre  a  cuifnii. 

Fabl.  MSS  du  R.  n»  7218,  fol.  217,  R"  col.  2. 

Cuicte,  subst.  fém.  Cuisson  (2).  (Rabelais,  t.  I, 
p.  248.)  Ce  mot  semble  formé  du  latin  coctura. 


(1)  11  correspond  surtout  aux  cas  obliques  comme  le  cui  latin,  (n.  e.) 

(2)  «  Il  inventa  les  horologes  et  quadrans  pour  entendre  le  temps  de  la  cuycte  de  pain.  »  (Pant.,  IV,  61.)  (N.  E.) 


eu 


-  424 


eu 


Ciiidaiice,  sw/'S/.  féni.  Croyance,  iinaoination, 
présomption.  F,e  Closs.  de  Lab'be.  p.  500.  rend  ce 
mot  par  c.rislimiiHo.  Ce  sens  est  justillé  par  les 
passages  snivans  :  «  Mous  devons  liumilier  nos 
«  ciiûinnces  ;  les  sutimettre,  et  assiijeclir  aux  déler- 
«  minations  de  la  Sainte  Ei^lise  apostolique  et 
«  romaine,  croire  que  Jésus  Christ  n'est  pas  men- 
"  leur,  r,  (S.  Jul.  Mesl.  Ilist.  p.  '203.;  Quelque  pré- 
«  somptueuse  cuideric  que  puisse  avoir  prince 
<'  riche,  puissant,  et  orgueilleux,  tous  ses  fais 
"  seront  devant  le  jugement  divin  mis  en  balence 
"  d'équité.  »  (Hist.  de  la  Tois.  d'Or,  vol.  II,  f"  175.) 

Orgueilleuse  semblance 
Monstre  folle  ciiidmice. 

Dict.  de  Coli;r.ive. 

(Voyez  SoRcuiDANCE  et  Outrecuidance  ci-après.) 

VARIANTES    : 
CUIDANCE.  Poës.  MSS.  avant  1300,  t.  IV,  p.  ia53. 
CciDERiE.  Al.  Chart.  l'Espér.  p.  310. 
CrvDERiE.  Hist.  de  la  Tois.  dOr,  vol.  II,  fol.  175,  V". 

Cuider,  verbe.  Cvoive''.  Présumer^.  Tâcher '=. 
Ce  mot,  sous  ses  didcrentes  oi'thographes,  dans 
S.  Bernard,  répond  au  latin  arbilrare,  autiiniare, 
pulare,  reputare  et  pra'sumere. 

*l.e  verbe  cuidev  siguilie  croire,  dans  le  passage 
suivant  : 

James  merchi  ne  vos  i/uidai  crier. 

Hughes  de  Brcgi,  Poos.  MSS.  avant  1300,  t.  III,  p.  999. 

C'esl-à-dire,  jamais  je  ne  crus  être  dans  le  cas  de 
vous  crier  merci,  de  vous  demander  grâce. 

^  Ce  mol  signifie  présumer,  imaginer  dans  ces 
autres  passages  : 

Dames,  certes  ne  devés  pas  (juUUer, 
Mais  bien  savoir  ke  trop  vous  ai  amée. 

Chans.  MSS.  du  C"  Thib.  p.  1. 

Vous  ne  devez  pas  seulement  présumer,  mais 
être  sûre  que  je  vous  ai  aimée. 

Sans  quidier,  sai  bien  que  je  morrai. 

Cardons  de  Croisilles,  Poi-s.  MSS.  avant  1300,  t.  III,  p.  12U. 

C'est-à-dire,  sans  m'abuser  par  de  vaines  imagi- 
nations, de  vaines  présomptions.  Ce  mol  est  encore 
employé  absolument  et  sans  régime,  dans  le  vers 
suivant  où  cuider  exprime  la  présomption  qui  naît 
de  trop  de  cou fiance  : 

....  Je  ticng  por  fol  cil  qui  cnidc. 

Hi=l.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauvel,  fol.  74. 

'^  Cuider  s'est  dit  aussi  pour  lâcher,  dans  le  pas- 
sage suivant  :  "  11  ci(?''/«  emprunter  de  l'argent.  » 
(Hisl.  d'Artus  111,  connest.  de  Fr.  p.  768.) 
Conjugaison  : 
Cude,  ind.  prés.  Croit. 

Cuidet,  ind.  pr.  Il  croit  (S.  De:  n.  Serm.  fr.  p.  55.) 
fiiic,  ind.  prés.  .Je  crois.  (Rom.  de  BruL.) 
Cîiidie^<,  part.  Qui  croit,  persuadé.  En  lat.  riiliis. 
(Closs.  de  Labbe,  p.  5'21.) 


Cnidiinunes,  ind.  prés.  Nous  croyons.  (G.  Guiart, 
Ms.  fol.  -iOO.) 

Cuist,  p'uir  crût.  (S.  Bernard,  Serm.  fr.  page  10.) 
Bépond  au  latin  repiitet  til  pricsuniat. 

Cuit.  ind.  prés.  Je  crois.  (iSom.  de  Brut,  f"  83.) 

Cuiz:  ind.  prés.  Je  crois.  (S.  Bern.  S.  fr.  p.  3.) 

r«s,  ind.  prés.  Je  crois.  (Hist.  de  Fr.  à  la  suiledu 
Boni,  de  Fauv.  fol.  71.) 

Cut,  ind  prés.  Je  présume.  (Poës.  mss.  av.  1300, 
t.  IV,  p.  UiO'i.) 

Cuijdesses,  pour  croiriez-vous.  (S.  B.  Serm.  fr. 
page  108.) 

Cuijdievct,  pour  on  croiroit.  (S.  Bern.  Serm.  fr. 
page  '203.) 

Cuis  (je),  ind.  prés.  Je  crois.  (S.  Bern.  Serm.  fr. 
page  108.) 

Qui-je,  ind.  prés.  Crois-je.  (Poës.  mss.  av.  1300, 
t.  III,  p.  1-275.) 

Qnic,  ind.  prés.  Je  crois.  fLi  Vid.  Chartres,  Poës.) 

Quit,  ind.  prés.  Je  crois.  (Rom.  de  Brut,  fol.  81.) 

VARIANTES   (1)  : 
GUIDER,  s.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  10. 
CUYDER.  Percef.  Vol.  VI,  fol.  76. 
CUYDIER.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  91. 
OuiiDER.  Rymer,  t.  I,  p.  45,  tit  de  1259. 
Quidier.  Chans.  MSS.  du  C"  Thib.  p.  63. 
CuiDiER.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  205. 
Klider.  Ciirpentier,  Hist.  de  Cambray,  p.  18,  tit.  de  1133. 
KuiDiER.  Poës.  MSS.  Vat.  n°  1490,  fol.  8,  R». 
Cuier.  Al.  Chart.  TEsper.  p.  3.51. 

EscLiDiER.  Jeu  parti  de  Grieviler,  MS.  du  Vatic.  n»  1522. 
Reclider.  Duclos,  preuv.  de  Louis  XI,  p.  258. 
Recuyder.  Lanc.  du  Lac,  t.  I,  fol.  154,  V»  col.  1. 

CuUler, snbst.  mnsc.  Présomption,  confiance  (2). 
C'e^l  proprement  le  verbe  cuider  ci-dessus,  dé- 
pouillé de  l'affirmation  essentielle  aux  verbes. 
Comme  les  infinitifs  ne  peuvent  nier  une  chose,  ni 
l'affirmer,  de  là  l'usage  i|u'on  en  fait  pour  de  vrais 
substantifs. 

Ce  ciajdcr  là  semble  un  mal  si  petit. 
Que  ce  n'est  rien,  mais  petit  à  petit 
Se  tait  si  grand,  que  l'on  congnoit  à  l'œil 
Que  c'est  le  chef  de  tout  péclié  qu'orgueil  : 
Par  ce  cuyder  estre  vierges  parfaites. 
En  s'eslongnant  de  moy,  se  sont  défaites. 

Les  Marg.  de  la  Marg.  fol.  259.  V'. 

On  disoit  au  même  sens  être  en  son  cuidier.  pour 
être  dans  son  humeur  présomptueuse.  (Histoire  de 
Bertr.  du  Guescl.  par  Mén.  p.  427.) 
PnovERREs  : 

1.  Cuyder  déçoit,  c'est-à-dire  que  trop  de  con- 
fiance nuit,  qu'on  se  trompe  par  trop  de  présomp- 
tion. (Percef.  vol.  111,  fol   AQ.) 

2.  Ouir  dire  va  par  ville  :  et  en  mni  de  cuider, 
n'y  a  point  plein  poing  (plein  la  main)  de  sçavoir. 
(Loisel,  Instit.  Coul.  t  11,  p.  '238.) C'est-à-dire  où  il  y 
a  beaucoup  de  confiance,  il  y  a  peu  de  savoir  (3). 


(1)  Ce  verbe  est  dans  Roland  sous  les  formes  gtdd  (150),  qitidel  (2733),  (piiet  (395),  quident  (2121  "l,  quias  (764),  quiad. 
(:i50C).  (N.  E.) 

(2»  11  signifie  encore  :  1»  Illusions  de  la  jeunesse  :  «  Son  fils  qui  estoit  jeune  et  en  ses  cuidiers.  »  (Froissart ,  XII,  183.) 
S"  Espérances  ;  «  Et  remaindront  plus  de  vos  cuidiers  qtie  ils  ne  s'en  achèveront.  «  (XIII,  34.)  tN.  E.) 

(3)  Dans  l'appréciation  des  témoignages,  on  distinguait  les  témoins  qui  avaient  entendu  (de  auditu)  et  ceux  qui  avaient 
vu  (de  vint).  «  Cil  qui  sont  baillié  auditeurs  et  enquesteurs,  doibvent  considérer  si  le  tesmoin  sçait  ,  croit  ou  ciiide.  »  Le 
témoignage  de  ces  derniers  ne  vaut  pas  en  certaines  causes  ;  de  là  le  proverbe  de  Loisel.  On  Ut  encore  au  Roman  de 
Cli^oniadès  (Lerou.x  de  Lincy,  II,  4«9)  ;  «  Mais  on  dist  :  cuidiers  fu  un  ses.  »  (N.  E.) 


eu 


—  425  — 


eu 


'Â.Cuider  n'est  pas  juste  mesure.  (Diclionn.  de 
Colgi^ave.) 

VARIANTES  : 

GUIDER.  Tri.  dps  IX  Preux,  p.  5il,  col.  1. 
CuYDER.  Percef.  vol.  I,  fol.  127,  V»  col.  i. 
GuiDiER.  llist.  de  Bertr.  du  Guescl.  par  Mén.  p.  427. 

Cuidereaii,  suhsl.  masc.  Présomptueux,  témé- 
raire. On  a  mal  expliqué  ce  mot  par  amant,  dans 
les  Dict.  de  Borel  et  de  Corneille. 

A  servans,  et  fiUes  mignottes  (mignonnes) 
Perlant  surcotz,  et  justes  cottes, 
A  cuidereaulx  d'amours  transis 
(~:haiissans  sans  meshaing  fauves  bottes, 
.le  crye  à  toutes  gens  raerciz. 

Villon,  p.  90. 

(Voy.  CuiDEim  ci-après.) 

V.\BIAKTES  : 
CtJIDEREAU. 
GuYDEREAU.  Conlred.  de  Songecr.  fol.  101,  V". 

CUIDERIAU. 

CuiDERiAULX,  pi.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  f»  290,  col.  2. 
CuYDEREAULX,  pi.  Rog.  de  Collerye,  p.  142. 
Cuidereaulx,  pi.  Villon,  p.  90. 

Cuideur ,  subst  masc.  Celui  qui  croit  une 
chose.  «  Madame  vous  avez  tort  qui  enquerez  de 
«  moy.  Cny (leurs  sont  aulcune  foiz  deceuz  :  ne 
«  croyez  de  moy  chose  qui  ne  soit  vrave.  »  (Percef. 
vol.  VI,  fol.  53.) 

Et  Grardin  le  kijere. 

Poés.  anon.  MSS.  avant  1300. 

A';7«'^,  dansce  vers,  paroilsigni  fier  présomptueux, 
plein  de  confiance.  liahelais  appelle  ciihlcurs  de 

vendange  ceux  qui  «  cuidants  peter se  con- 

..  cliienl.  »  (T.  I,  p.  176.)  Voy.  Ibid  note  5,  où  l'édi- 
teur dit  que  «  celte  plaisanterie  est  fondée  sur  la 
«  qualité  laxalive  du  raisin  nommé  par  celle  raison 
«  foirard.  » 

VARIANTES  : 
GUIDEUR. 

Ctn'DEUR.  Percef.  vol.  VI,  fol.  53,  V"  col.  1. 
Kijere.  Poës.  MSS.  av.  1300. 

Cuidiaus.  [Intercalez  Ciddiaus,  oulil  de  pèche, 
dans  un  reg.  de  la  Ch.  des  Comptes,  an.  is-Hi  (Du 
Cange,  II,  «88,  col.  3):  »  Quant  aus  cuidiaus,  les 
"  chauces  seront  au  molle  d'un  parisis  de  plat 
<•  aisiemenl.  «]  (n.  e.) 

Cuiese. 

Si  del  tôt  m'escondisoit 

Autres  mesages  qui  feroit  ? 
Nus  ne  fera  si  la  cose 
Gamoil  cuiese  quant  il  ose. 
Quel  part  le  cuides-tu  trover  ? 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7989,  fol.  CO,  V"  col.  2. 

Guignât.    [Intercalez   Guignât    [cognatns]    et 


Cuignate  [cognata],  beau-frère,  belle- sœur,  d'après 
Montfaucon  (Antiquités,  IX,  102).]  (n.  e.) 

Cuignet,  subst.  masc.  Sorte  de  pain*.  Petit 
coin  °. 

*  Les  Picards  appellent  cuignet  une  sorte  de  pain 
à  plusieurs  cornes,  fait  avec  la  farine  la  plus  fine 
et  des  œufs.  Les  Flamands  le  nomment  quenicux. 
Ils  ont  coutume  d'en  distribuer  aux  eafans,  surtout 
le  jour  de  la  Nativité  de  N.  S.  (!) 

^On  trouve  le  mo\euigiiet,  employé  comme  dimi- 
nutif de  coin,  dans  les Kpilli.  de  la  Porte;  mais  cette 
acception  ne  se  rencontre  point  ailleurs  et  ne 
s'étend  point  à  l'orlliographe  quenieux.  La  Porte 
étoit  un  grand  forgeur  de  mots  (2). 

VARIANTES  : 
GUIGNET.  Epith.  de  M.  de  la  Porte. 
Quenieux.  Du  Gange,  Gloss.  lat.  au  mot  Cuneus,  2  (3). 

Cuignie-virolé,  subst.  masc.  Espèce  de  mar- 
teau. Nous  ne  jugeons  de  la  signilicalion  de  ce  mot 
que  par  le  sens  que  semble  présenter  le  passage 
suivant  :  «  Se  li  Hois  mandoitson  airiereban  en  ost 
«  (armée),  le  dit  evesque  seroit  tenus  d'y  aler,  ou 
«  envoler  pour  lui  ;  el  lors  la  communal iè  des  pain- 
«  très,  et  des  escuchiers  (faiseurs  ou  peintres  de 
»  boucliers)  d'Amiens  seront  tenus  de  trouver  audit 
-  evesque  bon  et  suffisant  escu  :  el  la  communauté 
"  des  iià\'ve?,\ç cuignie-virolé  (i),elpessonsde  tentes 
«  de  l'evesque,  et  toutes  autres  choses  faites  de  fer. 
(Citât,  du  Gloss.  lat.  de  Du  Gange,  au  mot  Hostis.) 

Cuille,  subst.  Ce  mot  se  trouve  dans  les  Loix 
Norm.  art.  10;  il  est  traduit  dans  le  lat.  testicule. 

Cuillère,  subst.  fém.  Le  culeron.  Partie  du 
harnois  d'un  cheval.  (Du  Cange,  (il.  lat.  aux  mots 
Postella  et  Subtela.)  Ce  mot  subsiste  encore  en  ce 
sens  dans  quelques  provinces.  «  Le  cheval  avoit  la 
«  cullière  toute  sanglante.  >•  (Joinv.  p.  77.) 

Q'opieres  bones,  et  cuillères, 
Moult  bien  taillées  et  legieres. 

Parlon.  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  119,  R-. 

On  a  dit  aussi  cuillère,  au  figuré,  dans  un  sens 
obscène.  (Eust.  Desch.  Poës.  mss'  fol.  230.) 

VARIANTES  : 
CUILLERE.  Part,  de  Bl,  MS.  de  S.  G.  fol.  149. 
Cuillière.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  252.  col   2 
Gulière.  Part,  de  Bl.  fol.  135. 
GuLLiERE.  Joinville,  p.  52. 

Cuillier,  suiist.  masc. 

Tu  pers  ton  pris  : 

Dont  ne  seras-tu  pour  riens  mis 
Ne  por  fuisel,  ne  por  cuillier  (5), 
Non  mie  por  un  aiguillier. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol.  2r.8.  V  col.  2. 


(I)  Traduit  de  Du  Gange  (cofHorfa).  «  Le  dimenclie  d'après  Noël...  iceulx  compaignons  vindrent  soupper  et  menser  leur 
cwynelavec  leur  cure.  »  (J,T.  195,  p.  21,  an.  1467.)  Ce  gâteau  se  prépare  encore  en  Bretagne  :  «  Avant  leur  départ,  ils" avaient 
Pi?P"'^''S>''';''^"','\®°'''® '''^ë*'®^"'^'^™^"^S6'^''èsS0ûtédans  nos  campagnes  bretonnes.  »  (Gaz.  des  Trib.,  12-13  cet. 
1o74,  p.  980,  4'  col.){N.  E.) 


e  même 
essaies  à 


(2)  Cependant  on  lit  au  reg  JJ.  5,  fol.  3,  an.  1344  :  «  Et  en  chascun  cutgnet  desdites  arçonnieres  un  angelot.  »  D 
au  reg.  .IJ.  lt)l,  p.  Ibd,  an.  1^06;  «  Lesquelx  se  logèrent  en  un  cuignet  des  bergeries,  où  il  avoit  un  tas  d'e 
brebis.  »  (n.  e.) 

(3)  On  y  trouve  (jiiiijnet  (J,I.  iW,  p.  298,  an.  1391)  et  cwjgriié  (Liv.  Noir  d'Abbeville)  :  «  Une  eschache  qui  va  en  maizniere 
(Je  cuygnic.  »  (N.  e.)  '  -i  s    ^  ^ 

(4)  Il  s'agit  là  d'une  cognée  au  manche  renforcé  d'auneaux  et  viroles,  (n.  e.) 

(o)  C'est  une  cuiller  comme  dans  la  bataille  d'Aleschans  (v.  3886)  :  «  Il  s'abaissa,  si  a  pris  un  cuillier  »  (n.  E  ) 
"■  54 


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Cuingnée,  subst  f.  Coignée.  On  demande  «  si 

«  comme  qiianl  aucun  est  prouvés  de  murdre,  oude 

«  liomecide,  ou  de  liaison,  ou  de  empoisonnement, 

«  oudefemmeefforcicr,  pourlesquiex  casse  maison 

«  doit  eslre  arse ,  ou  abalue  'f se  cliil  qui  melTet 

«  a  poi  (peu)  de  partie  en  le  meson,...  encelcas  ne 

«  doit  l'en  faire  l'exéculion  de  le  justice  par  feu, 

«  mais  abalreà  cuingniées,  ou  à  martiaux  leparlie 

«  du  melîeleiir  tant  seulement.  »  (Beaum.  p.  178.) 

VARIANTES   (1)  : 
CUINGNÉE. 
CuGNiEiE.  s.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  318. 

Ciiinziine,  adj.  de  nombre.  Quinzième. 

Cuiqu'une,  adj.  de  nombre.  Cinquième.  C'est 
une  faute.  11  faut  lire  chiquime,  dans  ce  passage  : 
«  S'en  ala  à  Salahadin  li  cuiqu'une  ses  frères  ;  il  les 
"  récent  bel,  etc.  »  (Contin.  de  G.  de  Tyr,  Martène, 
t.  V,  col.  6'i7.) 

Cuir,  subst.  maso.  Peau  *.  Courroies  ^.  Armes 
défensives  '^. 

*  Ce  mot  se  disoil,  non  seulement  des  peaux  que 
nous  désignons  encore  par  le  nom  d'un  cuir,  mais 
de  toutes  peaux  en  général.  «  Lanceiot  luy  arracha 
»  le  beaulmede  sa  leste  si  felonneusementqu'illuy 
"  arracha  tout  le  cuyr  du  visage,  et  du  nez.  »  (Lanc. 
du  Lac,  t.  III,  fol.  25.)  (2) 

Philippe-Auguste,  quitlanllaTerre  Sainte, allégua 
pour  sa  justilication  l'état  où  l'avoil  mis  le  poison 
qu'on  lui  avoit  donné  : 

A  tant  li  a  monstre  ses  dois, 
Et  son  cors  ki  tant  fu  destrois  (alfligé) 
Qu'il  ni  avoit  ongle  remés  (resté) 
Et  del  cors  fu  li  qiiirs  esté. 

Ph.  Mouskes. 

Ce  mot,  pris  dans  le  sens  subsistant,  désignoilles 
peaux  dont  on  servoit  pour  couvrir  les  machines  de 
guerre  et  les  garantir  du  feu  : 

Si  garnissiez  si  vos  chasteax 
De  perrieres,  de  mangoneax  ; 
Si  faites  cutr  et  verge  atraire 
Fer  et  merrien  por  encîins  faire. 

Parton.  de  Bi:  MS.  de  S.  Germ.  fol.  168,  R-  col.  2. 

^  Comme  les  courroies  se  faisoient  ordinairement 
de  cuir,  ce  qui  lenoit  lieu  de  ces  courroies  porta 
aussi  le  nom  de  cuir  ;  de  là,  on  disoil  courroijes  de 
cuir  de  soye,  pour  courroie  de  soie.  «  Lors  s'afficha 
«  es  estriers  dont  les  courroyes  estoienl  de  cuir  de 
"  soye.  »  (Percef.  vol.  II,  fol.  46.) 


•^  Enfin  comme  les  boucliers  ,  cuirasses  ,  etc. 
étoient  originairement  de  cuir  ,  on  a  donné  ce 
nom  aux  armes  défensives,  comme  le  bouclier,  la 

cuirasse  : 

Enyois  que  cest  oévre  soit  faite, 

Sera  mainte  aime  de  cors  traite  (arrachée). 

Et  cuir  percié  (3). 

Blanch.  MS.  de  S.  G.  fol.  187,  R-  col.  3. 

On  nommoit  cuyrs  figurés  des  cuirs  peints,  peut- 
être,  comme  nos  cuirs  dorés.  Il  y  avoit  des  cuir.s 
figurez  parmi  les  présens  que  le  roi  d'Plspagne  fit, 
en  J38G,  au  ducde  Bourbon.  (Hist.  de  Louis  ill,duc 
de  Bouibon,  p.  13i.)  [Ed.  Chazaud,  p.  111.] 

On  disoit  proverbialement  : 

1°  D'autrui  cuir,  large  çainture,  pour  largesses 
aux  dépens  d'autrui.  (Froiss.  Poës.  .mss.  p.  327.) 

2°  Donner  d'autrui  large  courroye  a  la  même 
signification  dans  les  Prov.  du  Vil  (4). 

3°  Le  cuir  d'Irlande  étoit  passé  en  proverbe  avant 
1300.  (Poës.  MSS.  t.  IV,  p.  1653.) 

Qui  cuir  voit  tailler, 
Courroies  demande. 

Prov.  du  Vil.  MS.  de  S.  G. fol.  74,  R-  col.  â. 

C'est-à-dire  que  quand  on  voit  faire  bonne  chère 
aux  autres,  on  voudroil  en  avoir  sa  part. 

VARIANTES  '. 

CUIR.  Orth.  subsistante. 
Cuyr.  Percef.  vol.  V,  fol.  31,  R»  col.  2. 
Qliir.  Parton.  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  168. 
CuER.  Du  Cange,  Gl.  L.  au  mot  Viridis. 

Cuiracete,  subst.  fém.  Petite  cuirasse.  <■  Per- 
«  fidie  usitée  dans  les  duels  ou  l'on  portoit  deux  ou 
«  trois  pistoles,  et  pistolets  dans  la  poche  de  ses 
«  chausses,  et  des  cuirassines,  ou  jaques  de  maille 
«  sous  son  habillement  (5),  contre  des  ennemis  qui 
"  n'avoient  que  le  pourpoint  découpé  à  jour.  » 
(Monbourcher,  Des  gages  de  batailles,  fol.  19.) 

VARIANTES    : 
CUIRACETE.  Dict.  de  Monet,  d'Oudin  et  de  Cotgrave. 
CuiRACiNE.  Moiil:iourcher,  Gages  de  Bat.  fol.  24. 
CuiRASsiNE.  Théàt.  d'honn.  par  la  Colomb,  t.  II,  p.  175. 
CuYRASsiNE.  Brant.  sur  les  duels,  p.  116. 

Cuii'ache,Si/bs<.  fém.  Cuirasse  (6).  On  trouve  ce 
mot,  avec  la  première  orthographe,  dans  le  passage 
qui  suit  :  »  Item  que,  de  tous  Irespassans  possedans 
"  fiefs  lièges  (liges),  sera  prins  et  levé  par  les  sei- 
«  gneurs,  ou  leurs  baillifs  dont  iceux  fiefs  lièges 
•'  seront  tenuz,  le  meilleur  cheval,  à  son  choix,  à 


(1)  On  trouve  dans  Froissart  les  formes  coingne ,  coingnié ,  coingniée  dans  l'espace  de  trois  pages  (XllI ,  68  à  71); 
ruignie  (111,  180)  et  ijuignwes  (ms.  de  Rome).  (N.  E.) 

(2)  On  lit  aussi  dans  Eust.  Deschamps  (fol.  238)  :  «  Jamais  mestier  aprendre  ne  voudray,  Car  ces  ouvriers  ont  trop  courbes 
les  dos  ;  Je  voy  qu'ils  n'ont  que  le  cuir  et  les  os.  »  (N.  E.) 

(3)  On  lit  aux  Èmau.x:  de  de  Laborde  (xir"  siècle,  p.  339)  :  «  Un  cuir  boli  a  en  son  dos  gité  ,  Par  desore  ot  un  clavain 
afautré.  »  Il  en  était  de  même  pour  l'armure  du  cheval  :  «  Son  poitral  li  liça  qui  fa  de  cuir  bolis.  »  (Chanson  d'Antioche, 
IV,  189.)  (N.  E.) 

(4)  On  lit  aussi  dans  un  ms.  de  l'Arsenal  (c'est  li  mariages  des  filles  au  dyable)  :  «  D'autrui  ewir  font  large  corroie.  »  (N.  E.) 

(5)  On  lit  aussi  dans  une  lettre  de  Henri  IV  à  M.  de  Miossens  (1576,  t.  1,  p.  81)  :  «  Nous  sommes  presque  tousjours  prestz 
à  nous  couper  la  gorge  les  uns  aux  aultres  ;  nous  portons  dagues,  jaques  de  mailles  et  bien  souvent  la  cuirassine  soubz 
la  cape.  »  (n.  e.) 

(6)  C'est  là  une  forme  du  xvi«  siècle  ;  au  xuv  siècle,  on  nomme  cuirie  un  plastron  de  cuir  couvrant  la  poitrine  sous  la 
tunique  et  le  haubert  :  «  Qui  lors  veist  d'une  part  et  d'autre  haubers  rouleir,  glaives  enferreir,  pourpoinz  et  cuiries  et  escuz 
enarmeir...  »  (Ménestrel  de  Raims,  §  123.)  L'armure  en  fer  battu  adoptée  sous  les  Valois  rappela  la  cuirasse  délaissée 
depuis  les  temps  Carolingiens  ;  Cuvelier  (V.  16186)  écrit  :«  Mais  li  haubert  sont  fort,  ne  puent  entamer;  Les  poictrines 
d'acier  ne  puent  empirer.  »  Froissart  (IX,  491)  la  nomme  pièce  :  «  Li  bon  fier  de  Bourdiaulx  entrèrent  ens  et  les  [escus] 
pertruisierent  et  passèrent  le  pieche  d'achier,  les  plates  et  t&utes  les  armeure,  jusques  en  cheir.  »  (n.  e.) 


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«  eux  appartenant,  avec  leurs  armures  d'iceux 
«  trespassans  telles  que  la  cuirache,  et  l'almelte, 
«  s'elies  y  sont,  n  (Coût,  de  Haynault,  au  Coutum. 
Gén.  t.  I,  p.  803.)  Le  mot  cuirache  ou  cuirasse  est 
venu  de  ce  que  «  les  guerriers  premièrement  se 
«  couvrirent  de  cuir.  »  (Pauchet,  des  Origines, 
livre  II,  page  111.) 

On  écrit  encore  cuirasse,  mais  on  ne  dit  plus 
comme  autrefois,  un  lieutenant  de  cuirasse  (\),  pour 
lieutenant  de  cuirassiers.  (Mémoires  du  duc  de 
Guise,  p.  511.) 

VARIANTES  ! 
CUIRACHE. 

Cuirasse.  Orth.  subsistante. 
CuRASbE.  Joinville,  p.  50. 

Cuiracier,  suhst.  masc.  Faiseur  de  cuirasses. 
(Du  Gange,  Gl.  L.  au  mot  Corra^arii.) 

Cuirain,  suhst.  masc.  Cuir,  peau.  «  Aucun  ne 
"  peut  estre  freppier  (frippier)  dans  la  banlieue  de 
«  Paris,  c'est  a  savoir  vendeurs,  ne  acheteurs  de 
«  robhes  vieilles,  linges  ou  langes  (draps  de  laine), 
«  ne  d'aucune  espèce  de  cuirain,  vieux,  ou  neuf, 
«  s'il  n'achette  le  dit  meslier  du  i  oy.  »  (Du  Tillot, 
Recueil  des  Rois  de  France,  p.  297.) 

L'en  me  desrompt  le  cuirien. 

Eust.  Desch.  Poés.  MSS.  fol.  32i,  col.  3. 

Dame  blanche  comme  tlores  (fleur) 
Tendre  de  cio-ien  délié. 

Po.5.  MSS.  av.  1300,  t.  1,  p.  317 

VARIANTES  : 
CUIRAIN.  Du  TiUot,  Rec.  des  R.  de  Fr.  p.  297. 
Cuirien.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  249. 
CURIEN.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7989,  fol.  212. 

Cuirassier,  adj.  Qui  appartient  i>  la  cuirasse. 
(Dict.  d'Oudin.)  Ce  mot  n'est  plus  en  usage  que  pour 
désigner  un  soldat  armé  d'une  cuirasse. 

Cuire,  verbe.  Brûler*.  Faire  des  préparatifs ^(2). 
Ce  mot,  dans  les  orthographes  employées  par  S. 
Bernard,  répond  au  latin  adurere,  coqu'ere  et  deco- 
quere.  Le  mot  cuire  subsiste  dans  le  sens  propre. 
Nous  ne  citons  que  les  sens  figurés. 

*0n  trouve  cuire,  pour  brûler  (3),  dans  les  pas- 
sages suivants  : 

Leurs  manoirs  n'y  demourra  grange 
Que  je  n'arde  tout  et  cnise. 

Pocs.  MSS.  d'Eust.  Desch.  fol.  4G8,  col.  4. 

C'est  aussi  en  ce  sens  qu'on  a  dit  : 
Les  chasteaulx  prins  par  maléfice, 
Dont  maint  pais  ont  esté  cuis. 

Pocs.  MSS.  d'Eust.  Desch.  fol.  2fl9. 

On  prenoit  cuire ,  pour  brûler,  dans  ces  pro- 
verbes: 

l"  Avoir  tes  jarrets  cuitz,  avoir  les  pied%  cuitX; 
pour  signifier  être  en  prison.  «  On  conseilla 


«  que  l'enfant  eût  les  Jarrets  cuits,  et  fût  gardé  en 
«  prison  a  toujours  mais.  »  (Chron.  S.  Denis,  t.  I, 
folio  207.)  0) 

2»  A  grant  peine  peut  fupr  celluy  qui  a  les  piedz 
cuijctx:,  ou  bien  aller  ne  s'en  pcult  qui  les  pied%  a 
cuix,.  Ces  deux  proverbes  vouloient  dire  qu'on  ne 
peut  fuire  son  malheui'.  «  Atant  (alors)  ilz  com- 
«  mandèrent  à  leurs  gens  qu'ilz  allassent  devant  à 
•<  Déserte  annoncer  leur  venue  en  ce  soir,  car  ilz 
«  y  arriveroient,  mais  non  firent  :  car  grandement 
«  leur  mescheut  ;  et  pour  ce  dit  vray  le  proverbe 
«  queo  grant  peine  peult  fuyr  celluij'qui  a  Icspiedz 
•<  cuyct:i.  Si  eult  mieulx  valu  que  Estonneeustcreu 
«  le  conseil  du  Tors  son  cousin  combien  que,  quant 
«  Dieu  a  ordonné  une  chose,  il  faut  qu'elle  sortisse 
«  son  effect.  »  (Perceforest,  vol.  IV,  fol.  22.) 

3°  Qui  trop  gratte  Irien  se  peut  cuire.  (Hist.  de  Fr. 
à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  fol.  74.)  Nous  avons 
substitué  à  ce  proverbe  celui  de  trop  gratter  cuit. 

^  On  a  aussi  employé  cuire  pour  faire  des  prépa- 
ratifs, prendre  des  mesures.  «  Sa  majesté  a  été 
«  conseillée  d'en  déclarer  quelque  chose  à  l'ambas- 
«  sadeur  des  archiducs,  afin  liue  ses  maîtres  ne 
«  meUenlcuire  sur  cela  (ne  prennent  des  mesures, 
"  ne  fassent  des  préparatifs  en  conséquence).  » 
(Négot.  de  Jeannin,  t.  I,  p.  680.) 

De  là,  ces  expressions  proverbiales  : 

1°  Avoir  tout  cuijt,  et  moulu,  pour  dire  avoir  pris 
son  parti,  être  préparé  à  tout  événement.  Un  galant, 
sur  le  point  d'être  surpris  par  un  mari  fâcheux  qui 
en  arrivant  chez  lui  gronde  tout  son  monde,  s'ex- 
prime ainsi  : 

J'avoije  tout  cuyt  et  moulu. 

Coquiilart,  Monol.  de  la  Botte  de  foing,  p.  147. 

2°  On  dit  encore  dans  le  langage  familier  :  avoir 
cuit  son  pain  rie  jeunesse,  avoir  fait  ses  arrange- 
hiens  de  bonne  heure.  Eust.  Deschamps  employé 
ce  proverbe  dans  ses  Poës.  mss.  fol.  71  (5). 
Conjugaison  : 

Coit,  pour  cuit,  brûle.  (Marbodus,  col.  1G50.) 

Coysent,  pour  cuisent.  (S.  Bernard,  Senn.  franc. 
Ms.  page  130.) 

Cuisiex:,  impér.  Brûlez.  (Fabl.  mss.  du  R.  n°  7615, 
t.  II,  fol.  177.) 

Cuist,  pour  brûle.  (S.  Bern.  Serm.  fr.  p.  75.) 

VARIANTES  : 
CUIRE.  Poës.  MSS.  d'Eust.  Desch.  fol.  468. 
CoiR,  d'où  le  présent  coit.  Marbodus,  col.  1650. 
COYRE.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  130. 
QuiRE.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  374. 

Cuirée,  subst.  fém.  Curée  *.  Régal  ^  (6). 

*  iNous  écrivons  aujourd'hui  curée.  La  curée  des 


(1)  D'Aubigné  écrit  souvent  cuirasses  pour  cuirassiers,  (llist.,  I,  p.  311,  315.)  (n.  e.) 

(2)  Il  signifie  aussi  causer  des  remords  (Froissart,  XVI,  26)  :  «  Toutes  ces  choses  vous  seront  si  renouvelées  qu'elles 
vous  cuiront  lorsque  remédier  n'y  sçaurés.  »  (N.  E.( 

(3)  «  Veuillent  au  roy  monstrer  que  je  suis  cuis  ;  Il  m'aidera  par  leur  bonne  raison  De  trois  cens  frans  ;  d'autre  chose  ne 
mis.  »  (E.  Desch.,  fol.  223.)  (n.  e.) 

(4)  On  lit  aussi  dans  la  Chanson  d'Antioche  (V.  340)  :  «  Les  bras  li  ont  loiés  et  les  pies  environ,  Les  garés  li  ont  quis   à 
fu  et  à  charbon,  k  soufre  tout  ardant,  et  puis  après  à  pion.  »  (N.  E.l 

(5)  Villon  écrit  aussi  :  «  Vente,  «resle,  gelle,  j'ai  mon  pain  cuict  ;  Je  suis  paillard,  la  paills.rde  me  duit.  »  (n.  e.) 

(6)  Ce  mot  a  encore  le  sens  de  chasse  (JJ.  157,  p.  62,  an.  1402)  :  >(  Lequel  veneur  pria  audit  Symon  qu'il  lui  voulsist   aler 
quérir  un  cheval...  pour  faire  la  cuirée  aux  loups,  ausqueLx  loups  iceUui  veneur  avoit  entention  de  chacier.  »  (N.  E.) 


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chiens  de  chasse  est  ainsi  nommée  parce  qu'elle  se 
fail  dans  le  cuir  des  bêtes.  [Horel,  Colgrave.) 

On  nominoit  curées  froides  celles  qui  se  font  au 
logis.  (Fouilloux,  Yen.  fol.  5").)  On  lit  plus  haut  que 
■■  les  curées  chaudes,  et  soudainement  faites  sont 
•<  meilleures,  sans  comparaison,  que  celles  qui  se 
>.  l'ont  au  logis,  et  mettent  bien  plus  tôt  et  mieux 
■<  les  chiens  a  la  chair.  » 

Ce  mot  se  disoit  aussi  en  termes  de  fauconnerie. 

"  S'il  preiit  le  herou,  tu  luy  feras  sa  cuiréc, en 

•  la  manière  qui  s'en  suit,  donne  luy  premièrement 
«  le  cuer,  etc.  »  (Modus  et  Racio,  fol.  122.) 

^Du  régal  des  cliieus  désigné  par  le  mol  cuirée, 
on  a  pris  occasion  de  l'employer  pour  régal,  festin 
en  général.  Ainsi,  en  parlant  des  libéralités  usitées 
dans  la  chevalerie,  on  a  dit  : 

Que  de  mainte  gent  ait  curie  ; 
Qui  n'a  coste,  si  ait  cuiriée. 

Eleni.  de  Courtoisie,  MS.  de  S.  G.  fol.  40,  R-  col.  2. 

VARIA.NTES  : 
CUIRÉE.  Font.  Guér.  Très,  de  Vén.  MS.  p.  52. 
CuiKiÈE.  Eles  de  Courtoisie,  MS.  de  S.  G.  fol.  40,  R"  col.  2. 
QuEURÈE.  D'Authon,  Ann.  de  Louis  XII,  p.  4. 
CuiRiE.  [•"roissart,  Poës.  MSS.  p.  389. 
Curie.  Gace  de  la  Bigne,  des  Déd.  MS.  fol.  124,  V°. 
CURYE.  Gace  de  la  Digne,  des  Déd.  MS.  fol.  91,  V". 
Curriêe.  Chasse  de  Gast.  Phéb   MS.  p.  300. 
Curbée.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  32,  V». 
Curée.  Orth.  subsistante. 
Keuz.  s.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  139. 

Cuivel,  suhst.  masc.  Petit  morceau  de  cuir  (1).  Ce 
mot,  employé  en  ce  sens  dans  les  passages  suivans, 
désigne  une  petite  bourse  de  cuir; 

Quinze  livres  d'estrelins  blans 
E.stoient  en  un  ruirel  cousus. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  50,  R-  roi.  2. 

Cuii'ie,  subst.fém.  Colletde  buffle*.  Cuirasse^. 
[Voyez  la  note  sous  cuirache.]  Bride  de  cheval  =• 

*  Ce  mot  qui  signilioit,  selon  son  élymologie,  ce 
qui  étoit  fait  de  cuir,  étoil  particulièrement  em- 
ployé pour  désigner  le  collet  de  bul'lle  qui  se  mettoit 
par  dessus  le  haubert  (2).  (Favin,  Théàt.  d'honn.  1. 1, 
p.  9i.)  11  paroil  que  ce  mot  est  employé  en  ce  sens, 
dans  le  passage  qui  suit  : 

N'en  aporte  lance,  n'escu. 
Haubert,  ne  hiaume,  ne  cuirio. 

Eslrub.  Fabl.  .MSS.  du  R.  n"  "9%,  p.  7-2. 

^Commeles  cuirasses  étoient  aussi  originaire- 
ment de  cuir,  on  a  dit  quelquefois  cuiriee  pour 
cuirasse.  «  Appareillez  en  leurs  cutjrées.  ou  en 
«  leurs  coles  avec  leurs  escus.  »  (Ane.  Coût,  de 
Norm.  fol.  89.) 

Bien  sont  armées  les  mesniées  (troupes) 
De  cotereax,  et  de  cuii-iées. 

Blanch.  MS.  de  S.  G.  fol.  ITJ,  R«  col.  1. 

■=  On  a  dit  aussi  cuiriée  {'A)  pour  la  partie  qui  est  de 
cuir  dans  la  bride  d'un  cheval  : 


Et  ne  reraaint  por  la  cuiriée 
Que  trosque  denz  li  brans  ne  fiere. 

Pari,  de  Bl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  135. 

V.\RIA.NTF,S  : 
CUIRIE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  t.  II,  fol.  167. 
CuiRiE.  Kom.  de  Rou,  MS.  p.  105. 
Curie. 

CuYRÉE.  Ane.  Coût,  de  Normandie,  fol.  89,  R'. 
QiiiRÉE.  Gloss.  lat.  de  Du  Gange,  à  Quirée  (4). 
Cuiriée.  Rom.  de  Rou,  MS.  p.  305. 

1.  Cuirier.  [Intercalez  f-'H/ricr,  garnir  de  cuir 
un  chat  (vineu).  galerie  de  charpenle'pour  l'attaque 
d'une  place  :  ■•  Dont  lisl  Hues  d'Aire  faire  un  cat,  et 
«  le  list  bien  cuirier  et  acesmer.  »  (Villehardouin, 
g  (J7i.)  D'oi^i  le  participe  cuirié  :  «  Et  esloit  [li 
«  berfrois]  liretekiés  et  cuiriés  pour  le  trait  trop 
«  malement  fort.  »  (Froissart,  V,  376.)]  (n.  e.)  . 

2.  Cuirier,  suhst.  masc.  Armure  de  cuir.  (Voyez 
le  Roman  de  Rou,  ms.  page  120.)  Ce  mot  s'est  pris 
dans  les  mûmes  sens  que  le  subsl.fém.c(f»7f,  dont 
il  ne  dilfère  que  par  l'orthographe  et  le  genre.  (Voy. 
Clirie.) 

Giiisage,  subsl.  )nasc.  Cuisson.  «  Lesuject  n'est 
<'  doresnavant  plus  tenu  d'aller  cuire  à  son  four, 
•■  ne  moudre  :i  son  moulin,  jusciues  a  ce  (|ue  le 
«  seigneur  leur  aura  fait  amender  (réparer)  par  son 
«  fournier,  ou  son  meusnier  le  dommage  qui  sera 
«  trouvé  que,  par  leur  mauvaiscM/srtift^(5),  ou  mau- 
«  vais  moulage  (action  de  moudre),  auront  eu.  » 
(Bout.  Som.  Rur,  p.  904.^ 

Ciiisançon,s«te/./(/?H.  Soin.  Chagrin  cuisant(C). 
Dépit.  Borel,  copié  par  Corneille,  interprète  mal  ce 
mot  par  danger  et  fâcherie.  La  significalion  que 
nous  lui  donnons  est  celle  qu'indique  son  élymolo- 
gie et  que  justifient  les  passages  suivans  : 

Cilz  qui  trop  a  n'est  tondis  en  un  point, 
Tousjours  doubto  du  sien  perdre,  et  gaster  ; 
Cuisançon  l'art  (ardel),  avarice  le  point. 
Et  envie  luy  fait  le  sien  oster. 

Poos.  MSS.  d'Eust.  Desch  fol.  51,  col.  2. 

«  Il  l'alegist  des  solicitudes,  et  cusanrions  qu'il  a 

'<  louchant  la  province.  "    Hist.  de  la  Toison  d'or, 

vol.  II,  fol.  23((.) 

Quant  tu  aura,  et  fille,  et  fil, 
Lors  te  croistra  fusaiico». 

Poos.  MSS.  d'Eusl.  Desch.  fol.  502,  col.  2. 

Cusation  semble  avoir  le  même  sens,  dans  ce 
passage  :  »  Le  roy  Daire  estoit  triste,  et  ennuyé 
"  des  cusat.io)is,  et  sollicitudes  survenues.  "  (Tri. 
des  IX  Preux,  page  121.)  Peut-être  est-ce  une  faate 
pour  cusanUon.  Voy.  ci-après  Guyture  dans  le  même 
sens. 

Ce  mot  me  paroit  moins  formé  de  cuisson,  cha- 
grin cuisant,  (|ue  du  latin  cura  qu'on  a  dit  curantia 
avec  la  négative  seulement  no)i  curantia.  \\  répond, 
dans  S.  Bern.  Serm.  fr.  en  Min  cura,  soliicitudo. 


[ïl  9"    .  ,        Gange  (II,  690,  col.  1)  :  «  Cuirst  vero  dicitur  pellis  abrasa,  sed  aluta  nondum  concinnata.   »  (n.  e.) 

(Z)  G  est  un  plastron  de  cuir  serré  entre  le  gambeson  et  le  haubert,  (n.  e  ) 

(5)  G  est  aussi  une  courroie  dans  Renart,  v.  24077.  (n.  e.) 

(4)  Il  cite  le  formulaire  de  Madox  (p.  424)  :  «  Legavit...  palefridum  cum  armis,  Scialicet  loricà,  quirée  ,   capello  de  ferro  , 
gladio,  carcanbus.  »  (n.  E.)  °  r  >  .  m  .       r  > 

^^ l^lT"^^"^' f  ^  '"  ^™'^  '^"^^  demandé  à  l'exposant  l'argent  pour  le  cui.iage  de  sept  hostiaux  de  pain.  »  (,IJ.  123,   p.   221, 

(6)  On  lit  aussi  dans  Froiss.  (IV,  24)  :  «  Il  furent  toute  la  nuit  en  grant  (/uisançon  de  ce  que  la  dame  ne  revenoit.  »  (n.  e.) 


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-  429  - 


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zelus,  circumspectio.  On  y  lit  aussi  ferait  ciisen:ioii 
p.  248,  dans  le  latin  darct  opcram. 

VARIANTES  : 
CUISANÇ.ON.  s.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  97. 
CusENÇON  et  CusENZON.  S.  Bern.  Serm.  fr.  p.  361  et  74. 
CuiSANgON.  Poës.  MSS.  d'Enst.  Desch.  fol.  51,  col.  2. 
CuiSENçox.  Estrub.  Fabl.  jMSS.  du  R.  n»  7'J96,  p.  45 
QuiSENçoN.  Froiss.  l'oës.  MSS.  p.  79,  col.  1. 
Cuss.VNÇON.  Fabl.  MSS.  du  1\.  n»  7615,  t.  II.  fol.  150. 
CusANCioN.  Hist.  de  la  Tois.  d'or,  vol.  II,  fol.  230. 
CusANTiON.  Gloss.  du  p.  Labbe,  p.  525. 
CusATiON.  Triomphe  des  IX  Preux,  p.  12,  col.  1. 
CCSENÇON.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  I,  p.  488. 
CusANTON.  Gloss.  du  p.  Labbe.  p.  497. 
CuzANZON.  s.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  25. 
CuzENçoN,  CuzENSON  et  CuzENZON.  S.  Bern.  Serm.  fr. 

Cuisançoniieus,  adj.  Rempli  desoins  cuisans, 
de  soucis.  Ce  mol,  dans  S.  Bernard,  répond  au  lut. 
sullicitHS  et  studlosus. 

En  son  trésor  a  s'esperance, 
Tousjours  sera  ciiisavroniieus, 
Tousjours  et  ses  cuers  doleieus, 
Pour  l'ardeur  de  querre  chevance. 

Poës.  MSS.  d'Eust.  Desch.  fol.  8C.,  col.  3. 

Oui  tel  vie  a  citsançonneusL', 
Pas  ne  se  nourrist  en  oiseuse. 
Bien  peut  faire  son  sauvcment. 

PoÊs.  d'Eust.  Desch.  fol.  Sfô. 

Ces  mots  de  Ciceron,  an  commencemenl  du  livre 
(le  Seneclute  :  qiautimam  certe  sclu  non  ut  Flami- 
nmin  sollicitarl  te,  Attlce,  sic  noctes  diesque,  etc., 
sont  ainsi  traduits  dans  une  ancienne  version 
franc,  .ms.  appartenant  à  M""  de  Sabran  :  «  Mon  amy 
«  Alticus,  combien  que, je  saclie  certainement  que 
0  tu  n'es  point  nuit  et  jour  si  cusançonneii  'ùu  gou- 
«  vernement  de  la  chose  publique  ,  comme  est 
"  Titus  Silianus  consul  de  Rome,  etc.  » 

VARIANTES  : 
CUISA.NÇONNEUS.  Poës.  MSS.  dEust.  Desch.  fol.  86. 
CusANCE°NAULE.  S.  Bern.  Serm.  Ir.  MSS.  p.  133. 
CusANCENOLS.  S.  Bern.  Serm   fr.  MSS.  p.  2S,  et  passim. 
CusANÇûNNEUS.  Poës.  MSS.  d'Eust.  Desch.  fol.  562,  col.  4. 
CusENCENOUS.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  235,  et  passim. 
CusENCONNEUX.  Trad.  iMS.  du  Traité  de  Ciceron. 
CusENZENOLS.  S.  BerD.  Serm.  fr.  MSS,  p.  238. 

Cuisançoilosenient ,  adverbe.  Soigneuse- 
ment, alleulivement,  sérieusement.  Ce  mot,  dans 
S.  Bernard,  répond  au  latin  sollicite. 

VARIANTES  : 
CUSANCENOSEMENT.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  299. 
CusANCENOUSRMENT.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  2. 
CuSANCENOUZEMENT.S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  151. 

Ciiisîintoneiix,  adjeelif.  Le  P.  Labbe  traduit  en 
latin  ce  mot  par  assiduus,  enlentis.  (Gloss.  du  P. 
Labbe,  p.  489.) 

Cuiseeur,  i>ubst.  niasc.  Qui  fait  cuire.  <■  Se  li 
«  forniers  fesoit  dommage  aux  cuiseeurs  de  lor 
"  pain  mal  cuit  le  sire  leur  devroit  amender,  etc.  » 
(Ordonn.  des  R.  de  Fr.  t.  1,  page  199.) 

VARIANTES  : 
CUISEEUR.  Ord.  t.  I,  p.  199. 
CuiSEUR.  Diction,  de  Monet  et  d'Oudin. 


Ciiiseigni,  subst.  )nasc.  Un  auteur  de  fabliaux 
désigne  allégoriquement  les  cuisses  par  le  païs  de 
Ciiiseigni,  mot  factice.  (Fabl.  mss.  de  S.  G.  f"  64.) 

Cuisiaux.  [Intercalez  Cuisiaiix,  cuissard,  dans 
un  inventaire  de  1810:  ■  Rem  un  cuisiaux  gam- 
«  boisez.  »  On  lit  aussi  au  Roman  du  IChevalier 
délibéré  (Du  Cange,  11,  o90,  col.  1)  ; 

Cuissiitz,  braconniere  de  maille. 
Avoir  te  fault,  et  n'y  fais  faille. 

Dans  Froissart,  on  trouve  les  formes  euisseus, 
cuissieus  (V,  A'M)  et  qnisseus  (IX,  329).  Les  cuissots 
ou  cuissards  appaiaissent  entre  1270  et  1350,  et 
annoncent  l'armure  en  fer  battu.]  (n.  e.) 

Ciiisible,  adj.  Uui  peut  être  cuit. 

Cuisinai,  adjectif.  Qui  concerne  la  cuisine.  Ou 
trouve  en  ce  sens  livre  cuisinai,  dans  le  Dictionn. 
de  Cotgrave. 

Cuisine,  subst.  féni  Lieu  où  l'on  prépare  à 
manger*.  Les  mets  qu'on  y  prépare  °.  L'estomac 
qui  les  digère  ^.  Feu  °  (1). 

*  Ce  mot  subsiste,  dans  le  premier  sens,  sous  l'or- 
Ihograpbe  de  cuisine  et  l'on  trouve  en  ce  même 
sens  clnciiiu,  dans  le  Glossaire  lat.  de  Du  Cange.  On 
disoit  de  là  se  remuer  en  cuisine,  pour  signifier 
faire  les  appréls  d'un  grand  festin.  (Nuits  de  Stra- 
par.  t.  II.  page  225.)  JNous  disons  familièrement  se 
ruer  en  cuisine. 

^Ce  même  mot,  qui  désigne  le  lieu  où  les  mets  se 
préparent,  a  aussi  été  employé  pour  désigner  les 
mets  eux-mêmes  (2). 

■Vivre  me  fault,  et  char,  ne  cuinine 
Ne  puis  qu'à  grant  paine  avaler. 

Poi'S.  SISS.  d'Eust.  Desch.  fol.  314.  col.  3. 

"  Tantost  après  la  messe,  les  tables  furent  dres- 
"  sées,  et  Vd  cuisine  appareillée,  si  demanda  on  au 
«  dit  messire  .fehan  Chandos  s'il  vonloit  disner.  ■• 
(Froissart,  liv.  I,  p  375  )  On  a  dit  au  figuré: 
François,  maie  voisine  ont  en  toi,  par  mon  chief, 
Mengé  as  la  cuisine,  et  lessié  le  relief. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  "SIS,  fol.  3M,  V-  col.  I. 

•^  Enfin  l'estomac  qui  digère  les  mets,  et  qui  peut 
être  en  ce  sens  regardé  comme  une  seconde  cui- 
sine, a  aussi  été  désigné  par  ce  mot.  On  a  dit  la 
cuisine  ne  va  pas  bien  pour  signifier  l'estomac  ne 
digère  pas.  (Oud.  Dict.  et  Curios.  fr.) 

°  Cuisiner,  que  l'on  verra  ci-après,  s'est  dit  pour 
brûler.  De  là,  cuisine  a  signifié  feu.  Nous  ne  trou- 
vons ce  mot  en  ce  sens  que  dans  cette  expression 
enfernal  cuisine. 

Vierge  .Marie,  celestiex  reine. 

Par  vos  m'aint  (aide)  le  pitiez  divine 

Que  je  ne  arde  en  enfernal  cuisine. 

Vies  des  SS.  MS.  de  Sorb.  chif.  LXl.  col.  iO. 

VARIANTES    : 
CUISINE.  Orth.  subsistante. 

CusiNE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"76I5,  t.  II,  fol.  163,  V»  col.  2. 
OuisiNE.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  43,  V»  col.  3. 
QoissiNE.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  314. 


(1)  Il  signifie  aussi  :  «  1°  Embonpoint  (Dosperiers,  28«  Conte)  :  «  Il  y  en  eust  deux  qui  se   lassèrent  de  trotter,   pour  ce 
qu'ils  estoient  un  petit  chargés  de  cuisine.  »  2°  Revenu  et  fonds  pour  entretenir  une  maison.  (Duverd.,  Bibl.,  p.  153.)  (n.  e.) 

(2)  «  Que  louz  ceulz  qui  voudront  tenir  estai  ou  fenestre  à  vendre  cuisine,  sachent  appareillier  toute  manière  de  viande.  » 

(Lw.  des  Méliers,  175.)  (N.  E.) 


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430 


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Cuisiner,  verbe.  Brûler.  Nous  trouvons  ce  mot, 
avec  rncception  subsistante,  dans  les  Contredits  de 
Songecr.  f°  174.  11  est  mis  pour  brûler  dansée  vers: 

Ne  remaigne  se  n'el  cuisim'. 

Fabl.  MSS.  du  K.  n-  7015,  t.  II,  fol.  177,  R-  col.  1. 
VARIANTES  : 
CUISINER.  Fabl.  MSS.  du  R.  ii°  7G15,  t.  II,  f»  177,  R°  col.  2. 
OuisiNER.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol 
CrvsiNEn.  Contred.  de  Songeor.  fol.  17i,  R°. 

Cuisinei'ie,  subst.  féin.  Ce  qui  appartient  à  la 
cuisine.  (Monet,  Dicl.)  rOii  le  trouve  aussi  au  C.loss. 
lat.  7684.] 

Cuisineus,  adject.  Qui  appartient  à  la  cuisine. 
Cuisineiis  se  trouve  employé  comme  épitliète  de 
foyer,  dans  51.  de  la  Porte,  et  comme  épitliète 
d'ècuelle.  (Ibid.) 

VARIANTES  : 
CUISINEUS.  Epith.  de  M.  de  la  Porte. 
Cuisinier.  Id.  Ibid. 

Cuisinier,  subst.  mcisc.  Qui  fait  la  cuisine.  Ce 
rnot  subsiste  sous  celle  orlhograpbe,  mais  nous 
avons  quelque  chose  à  dire  de  son  ancien  usage. 
On  trouve  dans  la  Table  des  Métiers  de  Paris,  .ms.  de 
Meinière,  p.  '24  :  ■>  Oyers 'rôtisseurs  qui  vendent  les 
«  oyes)  et  cuisiniers,  rôtisseurs,  ou  traiteurs.  «  On 
disoit  :  «  Stile  de  cuisinier,  et  marmiteux  ■■,  comme 
nous  disons  latin  de  cuisine.  '^Le  Duchat,  sur  Rab. 
t.  Il,  p.  100,  note  12.)  On  disoit  aussi  «  cuisinier  de 
«  la  reine  Cilette  »,  pour  désigner  un  mauvais  cui- 
sinier. (Oudin,  Cur.  fr.) 

VARIANTES  : 
CUISINIER.  Orth.  subsistante. 
CuissENiER.  Dict.  de  Borel. 

Cuissage,  subst.  masc.  Espèce  de  droit  seigneu- 
rial. Le  passage  qui  suit  explique  en  quoi  consistoit 
ce  droit  :  «  Je  me  suis  laissé  dire  qu'il  n'y  a  pas 
«  longtemps  qu'aucuns  seigneurs,  mesme  ecclésias- 
«  tiques,  avoient  droict,  par  ancienne  coustume, 
«  de  mettre  une  jambe  dans  le  lict  où  couclioit 
«  l'espousée,  la  première  nuictde  ses  noces;  il  yen 
«  eut  un  le  quel  voulant  outrepasser  les  limites  de 
«  son  devoir,  et  abuser  de  son  privilège,  poussé 
«  d'une  effi'enée  lubricité  fisl  perdre ceslecoustume 
»  au  prisdesa  vie.  »  (Div.  Leç.  deDu  Verd.  p.9G.)(l) 

Cuissal,  subst.  masc.  Cuissard.  Partie  d'une 
armure.  (Cotgr.  et  Oudin.)  On  disoit  cuissau.r  [voy. 

cmsiaitx  ci-dessus]  au  pluriel.  (Id.  Ibid.  — Voy. 
Ci'issARTs  ci-après.) 

Cuissarts,  subst.    masc.  plur.  Armure    des 

cuisses*.  Cuisses °.  Ce  mot  subsiste  dans  le  pre- 
mier sens. 

Leurs  cuisseres  estèrent  trestout  communément. 
Pourquoi  aler  puissent  trop  plus  legieremont. 

Du  Cange,  Gloss.  lat.  au  mot  Coxale. 

"  Osterent  leurs  cuissez-  pour  plus  legierement 


»  aler.  •<  (Ilist.  de  B.  du  Guesclin,  par  Mén.  p.  142.) 
«  Item  uns  cuissiaus  sons  pouloins  (poulaines, 
"  becs  de  souliers)  •',  dans  un  inventaire  d'armes, 
cité  par  Du  Cange,  Gloss.  lat.  au  mol  Armatura,  3. 
»  Item  soleres  (souliers  de  fer),  grèves  (armures  de 
"  jambes),  poulainset  cuissots  garnies  de  samgnies 
«  (pour  étolTes  rougies)  de  haubergerie  (collectif  de 
"  bauhert.  cuirasse^  et  étoffez  souflisamment,  » 
dans  une  citation  du  Glossaire  lat.  de  Du  Cange,  au 
mot  Snlelus  [d'après  D.  Lobiueau  fl.  Il,  col.  673, 
an.  1380).] 

Icy  se  voit  l'espée,  et  sur  une  autre  place. 

Les  brassars,  les  cuissots  et  le  corps  de  cuirasse. 

Œuv.  de  Des  Portes,  p.  157  el  458. 

^  Nous  trouvons  ce  mot  sous  l'orthographe  cuis- 
sots, employé  pour  cuisses,  dans  le  passage  suivanl  : 

Rompt,  tranche,  et  détaille 

Jambes,  cuissots,  des  ventres,  bras,  et  testes. 
Crétin,  page  69. 

VARIANTES  : 
CUISSARTS.  Gl.  lat.  de  Du  Cange,  à  Cuissellus. 
Cuissards.  Mil.  fr.  du  P.  Daniel,  t.  I,  p.  4(X). 
Clisseres.  Gloss.  lat.  de  Du  Cange,  à  Coxale. 
Cuissez.  Hist.  de  1!.  du  Guescl.  par  Mén.  p.  142. 
Cuissiaus.  Gloss.  lat.  de  Du  Cange,  à  Armatura. 
CuissoLS.  Gloss.  lat.  de  Du  Cange,  au  mot  Soletiis. 
Cuissots.  Œuv.  de  Des  Portes,  p.  438. 

Cuisse,  subst.  fém.  Terme  de  vénerie.  On  appe- 
\o'û  cuisse  de  gresse  une  partie  du  cerf.  «  Oste  une 
«  cuisse  de  gresse,  qui  est  appellée  folie  (nous 
«  disons  fol  l'y  laisse,  par  corr.  sot  l'y  laisse)  et  l'oste 
«  avecques  l'autre  gresse  que  tu  trouveras  es 
«  boyaulx.  ->  (Moduset  Racio,  fol.  15.) 

Cuisselette,  subst.  fém.  Petite  cuisse. 

VARIANTES  : 
CUISSELETTE.  Dict.  de  Cotgrave  et  d'Oudin. 
CuissETTE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  505,  col.  4. 
CuissETE.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  218. 

Cuissené,  adjectif.  Né  d'une  cuisse.  Epithète 
de  Bacchus.  (Dict.  de  Cotgrave  et  de  Nicot.) 

Cuisser,  verbe.  Nous  trouvons  ce  mot  employé, 
en  terme  de  fauconnerie,  peut-être  dans  le  sens 
llguré  de  brûler.  <■  ,Iacob  de  Mestretle  plumoit  l'es- 
»  pervier  sur  le  cropion,  et  avec  un  caulaire  cuis- 
>'  soit,  ou  destruisoit  le  petit  graiz  qui  est  en  celle 
«  part,  el  disoit  que  jamais  ne  s'escarteleroit.  » 
(Arteloq.  Faucoun.  fol.  92.) 

Cuisses  de  nois.  C'est  ainsi  qu'on  lit  dans  le 
.MS.  de  \r  de  Bombarde,  au  lieu  de  croises  di'  nois 
qu'on  trouve  dans  le  passage  suivant  : 

Et  es  croises  de  nois  feu  inistrent  (mirent). 

Rom.  de  Brut.  MS.  fol.  103,  V-  col.  l  el  2. 

Cuissette.  [Intercalez  Cuissette,  fourrure,  dans 
E.  Deschamps  (fol.  514): 

Or  a  bonne  pane  de  gris, 

De  menu  vair  et  de  cuissettes. 


(I)  On  lit  aussi  dans  l'évêque  Bouhier  (statuts  synodaux  du  dioo.  de  Dijon,  297,  num.  17.  an.  1744  ;  et  dans  Du  Cange, 
IV,  283,  col.  1>  :  «  Ego  vidi  in  curià  Bituricensi  coram  metropolitano,  processum  interpellationis,  in  quo  rector,  seu  curatus 
paroohialis,  prîetendebat  ex  consuetudine  primam  habere  carnalem  sponsœ  cognitionem,  qua?  consuetudo  fuit  annullata, 
et  in  einendam  condemnatus.  Et  pariter  dici  audivi,  et  pro  certo  ter.eri ,  nonnulos  Vasconi;e  dominos  habere  facultatem 
prima  nocte  nuptiarum  suorura  subditorum  ponendi  unam  tibiam  nudain  ad  latus  neogam.'B  cubantis,  aut  componendi  cum 
ipsis.  »  En  Savoie  et  en  Piémont,  cette  coutume  se  nommait  cazxaqio.  (Vov.  Mitterm.  princip.  iur.  Germ.,  S  93,  not. 
18etl99.)(N.  E.)  J       K     .  V        t    s 


eu 


431  — 


eu 


C'était  la  peau  recouvrant  la  cuisse  de  l'agneau 
(JJ.  163,  p.  2-2,  an.  Ii08):  «  Quatre  hoppelandes, 
«  trois  fourrées,  les  deux  d'estaiz  deroyez  et  l'autre 
«  de  CHîSSfif'sd'aigneaulx.  »  On  disposait  les  peaux 
comme  dans  les  manteaux  d'hermine  :  "  Lequel 
«  sera  tenu  ù  faire  pour  son  chef  d'œuvre  ung 
«  manteau  de  cuisse ttes  noires,  du  nombre  de 
«  huit  cens  jambes  et  huit  tiers  de  hauteur.  «  (Ord. 
de  juillet  1486.)]  (n.  e.) 

Cuisseus,  subst.  masc.  plur.  La  partie  des 
cuisses. 

Par  devers  les  cuisseus  por  çou  que  c'est  le  pire. 

Anonyme  parmi  les  Poés.  fr.  MSS.  av.  1300,  t.  IV,  p.  KUll. 

Cuissiiiet,  suhst.  masc.  Petit  coussin.  Diminu- 
tif du  mot  6'2</ssi«  employé  sous  coijcin.  (Voyez  ce 
dernier  mot.) 

Cuissineus,  adject.  Qui  appartient  au  coussin. 
Epithète  d'oreiller.  (De  la  Porte.) 

Cuisson,  subst.  fé))i.  Ce  mol  subsiste  dans  le 
sens  propre,  mais  on  ne  diroit  plus  au  figuré,  maie 
cuisson,  pour  mauvais  traitement,  comme  dans  le 
vers  suivant  : 

Ou  François  par  mésaventure 
Reçurent  si  malc  cuisson. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  257,  R-  [v.  G248  (15228)  de  l'édilion]. 

Cuistre.  [Intercalez  Cuistre,  et  voyez  coustre 
et  couleur.  Toutes  ces  formes  remontent  au  latin 
custos.]  (n.  e.) 

Cuite,  rtf/j.  masc.  et  fém.  Quitte.  Libéré  (1).  On 
disoit  clamer  cuite,  dans  le  sens  ou  nous  disons 
tenir  quitte. 

Tout  le  mal  que  j'ai  enduré 
Vous  claiin  cuite  pour  un  basier. 

Fabl.  MSS.  du  R.  : 

«  Ont  verpi  et  t'/aj/U'  cuite 
cédé.  (Duchesne,  Gén.  de  Béthune",  p.  383,  litre  de 
1259.)  El  de  là  «  clamer  cuite  une  chose  »  signilioit 
aussi  y  renoncer,  au  ligure  lui  dire  adieu. 

Et  toute  joie  clamer  cuite. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  355,  R'  col.  2. 

Tenir  une  terre  cud/e.  C'étoit  la  posséder  exempte 
de  toute  redevance  ou  servitude,  peut-être  aussi 
franche  de  toute  dette. 

Ains  tint  /«  terre  toute  cuite. 

Fabl.  USS.  du  R.  n*  7218,  fol.  355,  R"  col.  2. 

Cuitement,  adverbe.  Sans  retour.  Un  moine  et 
un  paysan,  voulant  Iroquer  leurs  chevaux  l'un  con- 
tre l'autre,  conviennent,  après  avoir  disputé  sur 
leur  valeur,  de  les  attacher  l'un  à  l'autre  par  la 


■  7218,  fol.  247.  V  col.  1. 

pour  ont  quitté. 


queue  et  que  celui  dont  le  cheval  entraineroit  l'au- 
tre les  emmeneroit  tous  deux  avec  lui. 

Se  li  vostres  est  tant  fors 

Qu'il  puist  le  notre  trare  (tirer)  fors 

Mener  l'en  poez  (pouvez)  cuitcinerd  (2). 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  2i9.  R-  col.  2. 

Cuiter,  verbe.  Tenir  quitte.  Céder.  Abandonner. 
Ce  mot,  qui  dans  le  sens  propre  signifie  tenir 
quitte,  est  employé  figurémenldans  ces  vers  comme 
pour  absoudre  : 

De  toz  ses  péchiez  la  cuila. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  328,  V-  col.  1. 

De  là,  cuiter  se  disoit  quelquefois  pour  abandon- 
ner une  chose,  la  céder  entièrement. 

Le  cuer  avez,  je  vous  le  cuite. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol  280,  R-  col.  2. 

Cuitons,  subst.  masc.  Colon,  sorte  de  laine  de 
cotonnier. 

De  vorre  et  de  cuitons  y  seront  par  dedens  mise. 
Anon.  parmi  les  Pocs.  fr.  MSS.  av.  1300,  t.  IV,  p.  I36i',. 

VARIANTES    : 
CUITONS.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  IV,  p.  1366. 
QuiTONS.  Ibid.  p.  r3G.5. 

Cuiture.  C'est  une  faute  dans  le  passage  sui- 
vant, rapporté  par  Du  Caiige,  qui  dit  qu'il  faut  lire 
cultiirer.  11  seroit  plus  à  propos  peut-êlre  de  lire 
cuiturer  pour  cuire,  dans  le  sens  de  brûler.  C'est 
ici  appliquer  un  fer  chaud.  «  Des  bestes  restives  : 
«  Le  soigner  li  doit  faire  rendre  ses  deniers,  et 
«  reprendre  à  l'auslre  sa  beste,  se  il  fournit  l'assise, 
«  se  il  n'a  la  beste  faite  mareschauser  (traiter  par 
«  un  maréchal,  panser)  ou  CH;7Hret3)  (lisez cuiturer) 
«  ou  traire  dens,  ou  descoiller  la,  et  il  après  la 
«  treuve  reslive,  il  ne  la  peut  rendre  par  l'assise. 
«  El  se  il  n'a  la  beste  faite  mareschauser  de  l'une 
.<  des  trois  avant  dites  choses,  et  elle  reslive  (est 
«  rétive),  et  il  la  veaut  rendre,  l'aire  le  peut  par  la 
«  dite  assise.  >■  (Assises  de  Jérusalem,  ms.  ^'ilé  par 
Du  Cange,  Gloss.  lat.  au  moiMureschalcia  ) 

Cuive,  subst.  fém.  Cive.  Ciboule.  Borel  inter- 
prète mal  ce  mot  par  cuivre. 

Cuivers,  subst.  masc.  Serf.  (Ordonn.  des  Rois 
de  France,  t.  1,  piéf.  p.  16  et  Ibid.  p.  187.  note  a  et 
b.  Le  Gloss.  lat.  de  Du  Cange,  aux  mots  Culverta  et 
Colliberti.  Culvert  vient  de  coUibertus  (4)  formé  du 
mot  latin  coiilaborare.  On  lvou\e  conlaboratus,  pf\s 
en  ce  sens,  dans  Baluze,  t.  I,  p.  1211  C'éloil  une 
espèce  de  gens  qui  n'étoienl  pas  absolument  serfs, 
mais  qui  cependant  éloient  sujets  au  cens  et  à  la 
capitalion  (5).  Ils  pouvoient  èlre  mis  dans  le  com- 


(1)  Le  sens  de  la  racine  quietus  (tranquille)  est  dans  Partonopex  (v.  7840)  :  «  Si  m'en  aurés  à  cevalier  Vostre  cuite  tôt 
ligement  A  trestot  cest  tornoieruent.  »  Cuitée,  tranquillité,  est  dans  la  Chron.  des  ducs  de  Normandie,  (n.  e.) 

(2)  Cet  adverbe  a  été  fait  sur  cuite  de  (juietus  ;  il  signifie  donc  tranquillement.  (N.  E.) 

(3)  Ou  est  pour  el  (en  la)  ;  culture  signilie  pré.  (N   E.) 

(4)  CoUibertus,  qui  signifie  compagnon  d'affranchissement ,  ne  peut  venir  de  collaborator,  qui  signifie  compagnon  de 
travail,  (n.  e.) 

(5)  En  Anjou,  ils  sont  rangés  parmi  les  serfs.  (Bibl.  de  l'Ec.  des  Chartes,  IV^  série,  t.  IV,  p.  409,  art.  de  M.  Marchegay.) 
Us  doivent  des  services  personnels  définis,  des  corvées,  etc.;  ils  habitent  un  domaine  dit  /iscus  colliberti  qu'ils  transmettent 
à  leurs  descendants.  Généralement  ils  paient  une  redevance  annuelle  de  4  deniers,  d'où  leur  nom  de  servi  .un.  denariorum. 
(Voyez  Chandelier.)  On  se  déclarait  coUibert  en  plaçant  sur  sa  tête  ces  quatre  deniers,  que  le  seigneur  faisait  tomber  pour 
vous  affranchir.  (Voyez  Grandmaison,  Liv.  des  serfs  de  Marmoutier.)  Us  formaient  une  classe,  puisque  le  fils  héritait  de  la 
condition  paterneUe  ;  cependant  ils  ne  sont  pas  serfs,  puisque  dans  les  cartiolaires  de  S'  Père  de  Chartres  et  de  Vendôme 
des  actes  d'affranchissement  transforment  des  serfs  en  coUiberts.  (n.  e.) 


eu 


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eu 


merce,  et  donnes  et  vendus  pnr  celui  à  qui  ils 
appartenoient. 

El  dist  le  rois:  ne  lor  CPlez  vos  ja  ; 

Qui  ne  verra,  jamais  m'amour  n'aura; 

Il  et  ses  hoirs  toujours  cuivcrs  sera. 

Et  de  chaviiige  (chevage)  quatre  deniers  donra. 

Du  Gantée,  Gl.  I.  au  mol  Chevaghim  sous  le  mot  Capitale. 
Anchises  ol  non  li  cnivevz  (eut  nom  le  vilain) 
<Jui  de  Troie  list  les  deserz. 

Part,  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  f»I.  m.  V-  col.  2. 

Il  a  été  dit  plus  haut  qu'il  éloit  serf  du  roi  Priain  : 
Or  n'avons  riens  perdu,  recouvrée  est  la  perte 
Franchie  est  la  gent  Dieu  qui  por  ce  estoit  cuvprie. 
Disimle  du  Juif  cl  du  Clirct.  MS.  de  S.  G.  f"  109,  V  col.  1. 

fjll  faut  peut-être  lire  couvers  au  lieu  de  cotivers, 
ans  le  passage  qui  suit.  Peut-être  aussi  n'est-ce 
qu'une  variation  d'oitliographe. 

Nous  sommes  ver.sez  a  l'evers, 
Et  par  vilains,  et  par  couvers. 

Hist.  de  Fr.  à  la  suile  du  Rom.  de  Fauvel,  fol.  85,  V"  col.  1 . 

(Voy.  AcuvEitTin  ci-dessus  et  Cuvektaigf,  ci-après.) 

VAKIANTES  I 

CUIVERS.  Part,  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  124,  V»  col.  2. 

CULVERT,  CUVERS. 

CoNVERS,  pi.  Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  f"  85. 
CtJVERT.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  t.  I,  fol.  103,  V»  col.  2. 
Ouverte,  s.  f.  Dispos,  du  Juif  et  du  Chrét.  MS.  de  S.  G. 

Ciiivers,  adj.  musc.  Vil,  méchant,  traître.  En 
général,  ce  mot  est  un  terme  d'injure  qui  se  prend 
communément  dans  le  sens  que  nous  venons  de 
marquer.  11  tire  son  origine  du  substantif  précédent 
qui  signifie  une  sorte  de  serfs  méprisables. 

D'occire  le  fit  grant  semblant  : 
Max  cuivers,  dit  il,  ja  morras. 

Rom.  de  Brut,  MS.  fol   3,  V  col.  2. 

Son  frère  le  félon,  et  citvert. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  21. 

Mais  moult  crenioient  Sigebert 
Le  faus,  le  félon,  le  cuveri. 

Ibid.  p.  26. 
Trop  est  cuveric,  et  de  put  estre. 

F:ibl.  MSS.  do  S.  G.  fol.  57,  R-  col.  2. 

VARIANTES    : 
CUIVERS.  Rom.  ds  Brut,  MS.  fol.  3,  V»  col.  2. 
CuivERT.  Poës.  MSS.  av.  130t),  p.  13.Ô7. 
CuiNERS  (lisez  ctiivet-s}.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  227. 
CuvERS.  Poës.  MSS.  dKust.  Desch.  fol.  28,  col.  1. 
Ouvert.  Ph.  Mouskes,  p.  21. 
CuviERS.  Ph.  Mouskes,  p.  498. 
Cuviert.  Ph.  Mouskes,  p.  748. 
CuYVERS.  Hist.  des  Trois  Maries,  MS.  p.  227. 
Quivers. 

CuiVERTE,  adj.  f.  Fabl.  MSS.  du  R.  n  ■  7218,  fol.  296. 
Ouverte,  adj.  f.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7615,  t.  U,  fol.  179. 
OUVERSE,  adj.  f.  Poës.  MSS.  de  Froissart,  p.  240,  col.  2. 

Cuiwe,  subst.  /'m.  Soin.  Souci.  Ce  mot  vient 
du  latin  cura. 

Quant  delez  lui  se  fut  assis, 
^i  compaignon  sont  bien  apris. 
Assis  sont,  ne  li  firent  cuivre  : 
Sor  un  coffre  couvert  de  cuivre. 
Avec  deux  gentiz  damoiseles, 
Que  qu'il  se  déduisent  a  eles 
Entendent  a  plusor  affaire. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  86,  V-  col.  2. 

De  là,  on  disoit?i'flt)o?r  cuivre  pour  n'avoir  souci. 
Des  femmes  de  débauche,  après  avoir  volé  un  homme 
dans  un  cabaret,  conseillent  au  cabaretier  de 
prendre  ses  habits  pour  gage  et  de  le  mettre  dehors. 


Quant  il  aura  laissié  bon  gaige, 
Si  ie  metez  la  fors  au  large  ; 
Ainsi  n'en  aurons  james  cuivre. 

Corloii  d'^'tois,  MS.  de  S.  Gerni  fol.  83,  V  col.  3. 

Cuivré,  adj.  Garni  de  cuivre. 

Il  a  le  bon  espie  (épée  de  cuivre)  cttivré. 

Floire  el  Blanch.  MS.  de  S.  G.  fol.  205,  R-  col.  1. 

(^uivreiis,  adjectif,  ijui  est  de  cuivre.  Ce  mot 
se  trouve  sous  cette  orthographe  employé  comme 
épithèle  d'airain,  et  au  féminin  comme  épithète  de 
marmite,  dans  les  Epilh.  de  M.  de  la  Porte.  (Voyez 
les  Dict.  de  Cotgrave  et  d'Oudin.) 

VARIANTES  : 
CUIVREUS   Epith.  de  M.  de  la  Porte. 
OuïVREUX.  Dict.  de  Cotgrave. 

Cuivrijer,  verbe.  Cacher,  couvrir,  dissimuler. 
Quoique  ce  mot  paroisse  avoir  cette  signification 
dans  le  passage  suivant ,  il  y  pourroil  peut-être 
aussi  signifier  déshonorer,  avilir,  auquel  cas  il 
viendruil  de  l'adjeclif  cuivers,  que  l'on  a  vu 
ci-dessus  employé  pour  vil,  comme  de  vilain  on  a 
fait  vilainer. 

Cil  qui  se  melle  de  trover  (du  métier  des  trouvères) 

Doit  bien  waiter  (prendre  garde)  en  quel  saison 

Il  puist  miex  dire  par  raison, 

Et  por  mains  a'ame  cuivrijer  : 

Conter  vos  voel,  sans  destrijer  (différer) 

Por  coi  (pourquoi)  j'ai  comniencié  cest  dit. 

Anon.  viarmi  les  Poes.  fr.  MSS.  av.  1300,  t.  IV,  p.  1322. 

Cujats,  2'  pers.  plttr.  de  l'ind.  //res.  .Vous  pen- 
sez. Cest  le  sens  de  ce  mot  provençal,  suivant  le 
Dict.  de  Borel,  au  mol  Drus  [comparez  le  français 
cuidcx'^. 

Cuker,  verbe.  Heurter.  Ce  mot  se  dit  particu- 
lièrement des  moutons  qui  se  heurtent. 

S'il  cuke  de  se  corne,  nus  ne  l'en  doit  blasmer, 
Kainc  mais  ne  vi  Bernart,  ne  mouton  si  cornu. 

Anon.  parmi  les  PoCs.  fr.  MSS.  av.  1300,  t.  IV,  p.  13i9. 

Cul,  subst.  musc.  Cul.  Derrière.  Ce  mot,  qui 
subsiste  sous  la  première  orthographe  avec  la  même 
signification,  étoit  autrefois  employé  dans  quantité 
d'expressions  que  nous  allons  rassembler  et  que 
nous  partagerons  en  plusieurs  classes  pour  plus 
d'ordre  et  de  clarté. 

^ous  commencerons,  comme  l'ordre  naturel  le 
demande,  par  les  expressions  où  ce  mot  conserve 
son  sens  propre  et  primitif,  quoique  l'expression 
même  dans  la  composition  de  laquelle  il  entre  soit 
métaphorique  en  sa  totalité. 

1°  Cul  du  dialile  signifioit  cul  de  basse  fosse, 
cachot.  •'  On  reclust  Balde  au  fonds  de  la  terre 
«  soubs  le  eut  du  diable,  et  ne  luy  octroyé  on  point 
«  une  seule  dragme  de  jour,  ou  .de  lumière.  » 
(Merlin  Cocaie,  t.  1,  p.  13.5.) 
'2o  Cul  salle.  Sorte  de  jeu ,  dans  Rab.  t.  I,  p.  152. 
3°  Cul  de  Paris.  Façon  de  parler  en  quelque  sorte 
proverbiale. 

J'ay  bonnes  rayns,  ce  m'est  avis, 
Bon  dos,  bon  cul  de  Paris, 
Cuisses  et  gambes  bien  faictes, 
Suv  je,  suy  je,  suy  je  belle. 

Poës.  MSS.  d'E'Jst.  Desch.  fol.  173.  col.  4. 

4°  Cul  d'estourneaux  semble  désigner  un  cul 
maigre  et  décharné,  dans  le  vers  suivant  où  l'au- 


eu 


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eu 


teiir,  parcourant  les  différentes  parties  du  corps, 
leur  attribue  à  ctiacune  la  qualité  la  plus  opposée  à 
celle  qu'elle  devrait  avoir  pour  être  belle  et  bien 
faite. 

Cul  d'eslourneaux,  gros  genoux  d'oliphant. 

Pors.  MSS.  d'Eust.  Descii.  fol.  221,  col.  4. 

Passons  maintenant  aux  expressions  directement 
contraires  aux  précédentes,  c'est-à-dire  celles  ou 
le  mot  cul  est  employé  métaphoriquement,  quoique 
l'expression  où  il  se  "trouve  soit  en  son  entier  dans 
sa  signification  propre  et  primitive. 

i' Cul  de  couvent,  c'est-à-dire  couvent,  fonds  de 
couvent.  Arnolplie,  en  colère,  dit  à  Agnès  : 

Vous  rebutez  mes  vœux,  et  me  poussez  à  bout, 
Mais  un  cul  de  com-etil  nie  vengera  de  tout  (l). 

Coméd.  de  Molière,  Ecole  des  femmes,  acte  5,  se.  4. 

2°  Cul  de  fosse  signifioit  cul  de  basse  fosse, 
cachot.  (Dicl.  d'Oudin.)  •■  Fit  mettre  en  un  cul  de 
«  fosse  les  ambassadeurs  envoyez  à  cet  elîet.  » 
(Ess.  de  Mont.  l.  III,  p.  331.) 

3°  Cul  de  hache  désignoit  le  dos,  le  revers  d'une 
hache.  (Chasse  de  GasI.  Phéb.  ms.  p.  20'2.)  ('ij 

4°  Cul  de  robe  sigiiilioit  cette  partie  de  la  robe  des 
femmes  qui  s'étend  par  derrière  depuis  les  reins 
jusques  aux  talons,  comme  le  prouvent  ces  vers  : 

Mais  au  dessoubs  fault  faire  voile 

Depuis  les  reing  jusques  au  piet 

Du  cul  de  robe  qui  leur  chiet 

Contre  val,  comme  uns  fons  de  cuve, 

Bien  fourré,  où  elle  s'encuve, 

El  ainsi  ara  la  meschine, 

Gresle  corps,  ijros  ctil  et  poitrine. 

Poés.  MSS.  d'Eust.  Dcsrh.  fol.  491. 

5»  Dans  le  passage  suivant,  ce  mot  signifie  méta- 
phoiiquement  quelque  paquel  de  linge  ou  autre 
chose  semblable  que  les  femmes  mettent  à  la  place 
du  derrière  (quand  elles  n'en  ont  pas)  pour  paroitre 
en  avoir.  <•  Encore  que  ce  gros  cul  empesche  les 
«  femm.es  qui  le  portent,  si  est  ce  que,  quand  elles 
«  veulent,  elles  le  laissent,  et  en  ay  eu  plusieurs 
«  qui  disoient  :  apportez  moy  mon  cul,  j'ay  laissé 
■•  mon  cul  a  la  maison,  et  me  suis  tant  advancée 
«  (depeschée,  hastée)  que  je  suis  venue  icy  sans 
«  mon  cul.  «  (Bouchet,  Serées,  liv.  111,  page  Gô.  — 
Voy.  ci-après  prendre  son  cul  par  l'oreille] 

6°  Cul  jilat  de  mors.  C'est  le  nom  que  donnent  les 
éperonniers  à  cette  partie  du  mors  distinguée  de 
celle  qu'ils  appellent  cul  de  bassin.  (Dict.  d'Oudin.) 

7°  Cul  de  la  bourse  signifioit  le  fonds  de  la  bourse 
ou  la  bourse  même ,  quelquefois  aussi  l'argent 
qu'elle  renferme  : 

Il  font  pugnir  larrons  par  le  pendant, 
Ou  bien  souvent  par  le  c»/  de  la  bourse. 

Crelin,  p.  178. 

Ce  mot  cw^ait  partie  de  chacun  de  ces  quatre 
mots  composés  culclos,  culocul,  quloculet<iuloscul, 
qui  ont  signifié  tous  quatre  ce  que  nous  nommons 
populairement  le  culot,  le  plus  jeune  de  tous  les 


enfans  d'une  famille.  (Dict.  d'Oudin,  de  Cotgrave  et 
de  Nicot.)  Ils  ont  aussi  désigné  le  dernier  né  de 
tous  les  petits  d'un  animal.  (Ôud.  Cur.  fr.) 

Parlons,  à  cette  heure,  des  expressions  adver- 
biales où  ce  mot  se  trouve  employé  : 

1°  Après  le  cul  se  disoit  pour  signifier  par  der- 
rière. (Modus  et  Racio,  fol.  30.) 

2°  Le  cul  dehors,  c'est-à-dire  en  montrant  le  cul, 
en  allongeant  le  derrière,  ce  qui  se  faisoit  pour  se 
moquer  ou  pour  témoigner  du  mépris. 

Tu  seras  partout  diffamé  ; 

Car  quant  l'en  te  monstroit  les  voies 

De  marier,  tu  respondoies 

A  ceuls  qui  t'en  parloient  lors. 

En  ce  blasmant,  le  cul  dehors. 

Alléguant  franchise,  franchise; 

Et  tu  as  fait  de  femme  prise. 

Poès.  MSS  d'EusI.  Desch.  fol.  418.  col.  2. 

3°  De  cul  et  de  teste.  Celte  expression  est  encore 
en  usage,  et  soit  qu'elle  s'emploie  au  propre  ou  au 
figuré,  elle  signifie  toujours  de  toute  sa  force,  de 
tout  son  pouvoir.  «  Après  avoirrué  plusieurs  coups 
«  l'un  sur  l'autre,  et  voyant  que  leur  force  ne 
>i  diminuoit  en  rien,  délibéra  jouer  à  quitte  ou  dou- 
«  ble,  parquoy  baissant  la  teste,  e!  se  parant  au 
»  mieux  qu'il  iieult,  entra  sur  Macarée  de  cul  et  de 
"  teste{S),  luy  ruant  un  coup  de  taille,  duquel  il  pen- 
«  soit  luy  couper  les  jarretz.  »  (D.  Florès  de  Grèce, 
fol.  108.) 

4°  De  cul  fin.  C'est  une  basse  et  grossière  équivo- 
que, dans  les  vers  suivans,  pour  de  cœur  fin, 
c'est-à-dire  de  bonne  foi,  sincèrement  : 

Ce  conte  fus  à  noces  vers  S.  Harcelains 
Par  sintes  miroracles  fesis  vers  l'an  vins 
Ensi,  com  je  le  croe  vraiement,  de  cul  fin. 

Arion.  parmi  les  Poi-s.  fr.  MSS.  av.  1300.  t.  IV,  p.  1367. 

5°  Cul  sur  pointe,  c'est-à-dire  à  la  renverse.  On 
trouve  envoyer  cul  sur  pointe,  pour  renverser, 
détruire,  dans  les  Essais  de  Jfontaigne,  t.  I,  p.  4'29. 

*i°  De  cul  et  de  pointe  s\gn\i\o\[à'unhout  à  l'autre. 

L'enmaine  de  ctd  et  de  pointe. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7218,  fol.  249,  V"  col.  1. 

7°  Le  cul  entre  deux  fesses,  c'est-à-dire  au  milieu, 
dans  un  égal  éloignement  des  deux  extrémités. 
L'auteur,  comparant  les  génies  médiocres  aux 
grands  el  aux  petits  génies,  dit  •>  les  mestis  (mi- 
"  loyens)  qui  ont  dédaigné  le  premier  siège  de 
«  l'ignorance  des  lettres,  et  n'ont  pu  joindre  l'autre, 
"  le  cul  entre  deux  fesses,  desquels  je  suis,  et  tant 
•'  d'aulres,sontdangereux, ineptes, importuns, ceux 
«  cy  troublent  le  monde.  «  (Ess.  de  Mont.  1. 1,  p.  531.) 

L'ordre  naturel  semble  demander  qu'après  les 
adverbes,  nous  faisions  suivre  les  interjections  : 

1"  Par  le  cul  Dieu  éloit  une  espèce  de  jurement 
brutal  et  impie.  Nous  le  trouvons  souvent  répété 
dans  les  Fabl.  mss.  du  R. 


Par  le  cul  Dieu,  fet-il,  c'est  drois. 

Fahl.  MSS.  du  R.  n'  7218,  fol.  235 


V-  col.  2. 


(1)  C'est-à-dire  un  cul  de  basse  fosse.  (Voyez  Cul  du  diable.)  (n   e.) 

(2)  Ou  plutôt  poignée  (.TJ.  143,  p.  109,  an.  1392)  :  «  Icellui  Cervoise  donna  audit  Dufesne  avecques  le  cul  de  sa  dague 
deux  ou  trois  cops  sur  la  teste.  »  (n.  e.) 

(3)  On  lit  aussi  dans  la  Bibl.  de  l'Ecole  des  Chartes  (IV'  série,  t.  I,  p.  430,  xv»  siècle)  :  «  Quarante  hommes  d'armes  qui 
estoient  au  roi,  furent  chassés  cvl  par  dessus  teste  ,  par  les  coureurs  et  quelque  nombre  de  gens  de  l'avant-garde  du 

duc.   »  (N.  E.) 

IV-  55 


GU 


—  434  — 


eu 


1"  Par  le  cul  sainte  Marie  éloit  un  jurement  de 
h)  même  espèce  que  le  précédent. 

Vois  !  par  le  rui  saiitle  Marie. 

FaW.  MSS.  du  R.  n-  "ilg,  fol.  13,  V"  col.  1. 

3»  Par  le  cul  bien  est  vraisemblablement  une 
faute  dans  le  vers  qui  suit,  où  il  iaul  lireywr  le  cul 
bieu,  ce  qui  ne  seroil  que  le  premier  jurement  dont 
on  auroii  changé  le  dernier  mol  pour  en  ôter  l'im- 
piété. 

Par  le  cul  bien  qui  est  ce  dont  ? 

IbiJ.  fol.  740,  V-  col.  1. 

Nous  allons  passer  aux  façons  de  parler  où  ce 
mot,  soit  au  propre,  soit  au  llguré,  ne  sert  que  de 
modification  à  tel  ou  tel  verbe  auquel  il  donne  une 
signification  particulière  qu  il  nauroit  pas  sans  lui  : 

1°  Metlre  un  cheval  du  cul,  c'est  le  renverser  de 
telle  sorte  qu'il  ne  porte  que  sur  la  croupe  et  les 
jambes  de  derrière.  «  La  lance  lui  feit  voler  du 
«  poing,  et  viist  son  clieval  du  cul,  lequel  fut  puis- 
«  sant,  et  se  releva.  »  (J.  d'Aut.  Ann.  de  Louis  XII, 
page  147.) 

2-  Mettre  de  cul  signifioit  mettre  ù  quia,  comme 
nous  disons  maintenant,  c'est-à-dire  faire  des  argu- 
mens  auxquels  ou  ne  puisse  pas  répondre.  (Rabe- 
lais, t.  Il,  p.  180.) 

3°  Tendre  les  mains  vers  le  cul  vouloit  dire  être 
pendu. 


Gontars  fu  tes  cousins  germains, 
Qui  vers  soh  cul  lendi  ses  mains. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7218,  fol. 


V-  col.  2. 


4»  Manger  le  cul  des  poules,  c'est-à-dire  croquer 
la  poule  des  paysans.  «  Voulant  faire  marcher  son 
«  homme  à  la  première  poincte  d'un  assaut  qui  se 
«  donnoit  à  Vezelay,  il  le  trouva  tout  autre  qu'il 
<'  n'esloit,  mumjeant  le  cul  des  poules  sur  le  bon 
«  homme.  «  (Douchet,  Serées,  liv.  III,  p.  29.) 

5°  Faire  le  cul  de  poule,  c'est  serrer  les  doigts 
l'un  contre  l'autre  et  en  faire  toucher  les  extrémités 
à  la  paume  de  la  main  [c'est  faire  la  moue  en 
avançant  et  en  pressant  les  lèvres].  (Rab.  t.  II, 
p.  183.) 

6°  Metlre  au  cul  du  four  signifioit  ne  pas 
employer,  ne  pas  se  servir. 

Les  vaillans  mettre  au  cul  du  four. 

Pocs.  MSS.  d'Eust.  Dcsch.  fol.  431,  col.  2. 

7°  Prendre  son  cul  par  l'oreille,  c'est  proprement 
prendre  la  queue  de  son  vêlement,  le  cul  de  robe 
qu'on  a  vu  ci-dessus,  le  retrousser  pour  mieux  cou- 
rir. Nous  disons,  dans  le  même  sens,  prendre  son 
cul  à  deux  mains  ou  prendre  ses  jambes  à  son  col. 

Son  cul  a  par  l'oreille  pris 
Si  a  passée  la  charriere. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  48,  V'col.  i. 

8°  Etre  de  deux  selles  le  cul  à  terre,  c'est-à-dire 


n'oblenir  aucune  des  deux  choses  ((ue  l'on  veut 
avoir  ou  chose  semblable.  Nous  disons  dans  le 
même  sens  :  être  entre  deux  selles  le  cul  à  terre. 
Jean  le  Veau,  en  ini.'^,  écrivant  à  l'archiduchesse 
Marguerite  d'Autriche,  au  sujet  du  duc  de  Milan, 
s'e.xprime  ainsi  :  ■•  J'ay  crainte,  madame,  à  parler 
«  par  révérence,  que  ce  povre  duc  n'en  soitdedeux 
«  selles  le  cul  à  lerre.  »  (Lett.  de  Louis  XII,  t.  IV, 
page  252.) 

9°  .Hier  de  ventre  ou  de  cul,  c'esl-à-dire  marcher 
en  avant  ou  en  anière.  ••  Avoienl  aussi  tousjours 
«  patente  la  partie  postérieure  de  la  teste,  comme 
«  nous  avons  le  visaige;  cela  esloit  cause  qu'ils 
»  alloient  de  ventre,  ou  de  cul  comme  bon  leur 
«  sembloit.  »  iRab.  t.  Y,  p.  129.) 

Nous  voici  enfin  à  la  dernière  classe  qui  con- 
tiendra les  proverbes  où  le  mot  cul  se  trouve 
employé  (I)  : 

1"  Pitie:i  de  cul  trait  lentes  de  cliief.  Il  est  plus 
que  probable,  par  le  sens  total  du  passage  où  se 
trouve  ce  proverbe,  qu'il  signifie  que  la  complai- 
sance qu'ont  les  jeu  nés  gens  pour  les  vieilles  femmes 
amoureuses  leur  élanlbien  payée,  sert  à  les  tirer 
de  l'indigence  et  par  conséquent  à  les  délivrer  des 
lentes  qui  en  sont  une  suite  presque  nécessaire. 

Et  par  nuit,  et  par  jor. 
Piliez  de  cul. 

Prov.  du  Vil.  MS.  de  S.  G.  fol.  75,  R-  col.  l  et  i. 

2°  Plus  tire  eus  que  corde.  Ce  proverbe  répond 
précisément  à  celui  qui  dit  :  «  Un  cheveu  de  ce 
0  qu'on  aime  tire  plus  que  quatre  bœufs.  » 

Plus  tire  eus  que  carde. 

Prov.  du  Vil.  MS.  de  S.  G.  f'  75,  R»  col.  1. 

3°  Mal  se  cuevre  cui  le  cul  pert.  Ce  proverbe  se 
trouve  aussi  dans  les  Prov.  du  Vilain,  ms.  de  S.  G. 
fol.  75. 

4°  Bientost  porra  sa  goule  savoir  que  son  cul 
/joise.  On  se  servoit  de  cette  expression  pour  dire 
de  quelqu'un  qu'il  pourra  bientôt  être  pendu. 

Se  il  s'en  orguillist,  et  mené  foie  noise 
Bientost  porra  sa  r/outr  savoir  que  s<yn  cul  poise. 

Fabl."  MSS.  du  R.  n-  7218,  foi.  218,  R-  col.  2. 

Cette  façon  de  parler  a  été  imitée  par  Villon  (2). 

VARIANTES  : 
CUL.  Orth.  subsistante. 
Cus.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  56,  R»  col.  1. 

Culaige,  subst.  masc.  Ce  mot  est  peut-être  le 
même  que  cullage  ci-après.  Nous  le  trouvons  em- 
ployé dans  un  sens  obscène  (3),  dans  des  lettres  de 
Charles  VI  du  mois  de  juillet  1415,  où  nous  lisons  : 

«  .le  crois  qu'elle  est  allée  boire  du  culaige ma 

»  sœur  n'avez  vous  pas  honte  d'aller  si  souvent 
Il  chez  Miicé  Toiret?  quelle  chose  y  avez  vous  à 
»  faire  .^  vous  vous  ferez  dilfamer,  et  parler  de  vous 


(1)  Froissart  écrit  aussi  :  «  [Le  roi  d'Angleterre!  a  le  cul  trop  pesant  ;  il  ne  demande  que  le  boire  et  le  mangier.  » 
(XVI,  3.^  (N.  E.) 

(2)  «  Je  suis  François  dont  ce  me  poise  ;  Né  à  Paris  emprès  Pontoise  ;  Et  saura  corde  d'une  toise  Ce  que  mon  col  à  mon 
cul  poise.  »  (N.  E.) 

(3)  C'pst  un  présent.  Le  nouveau  marié,  pour  échapper  aux  cérémonies  burlesques  qui  accompagnent  encore  en  Bretagne 
la  première  nuit  de  noces,  faisait  à  ses  compagnons  un  présent  en  vin  :  «  Fu  par  les  variés  de  la  ville  de  S.  .lust  demandé  le 
vin  ou  coullaige,  qui  est  \ine  chose  accoustumée  ou  pays.  »  (JJ.  189,  p.  284,  an.  1458  )  De  même  au  reg.  JJ.  Wt,  p.  4Î^, 
an.  1454:  «  Lesquelz  compaignons  envoyèrent...  oudit  hostel  ou  se  faisoient  les  nopces,  pour  demander  à  l'espousé  son 
culaige,  ainsi  qu'ilz  ont  accouslumé  à  faire  oudit  lieu  [de  S'  Leu  en  Rethelois.]  »  (n.  e.) 


eu 


—  435 


eu 


»  deshonnetement.  «  (Très,  des  Chart.  Reg.  168, 
page  270.) 

Culasse,  subst.  fém.  Vieillesse.  Ce  mot,  dans  le 
sens  propre,  désignoit  nn  gros  vilain  cul,  paroppo- 
silion  à  culot,  pris  pour  diminutif  de  cul.  De  là,  on 
a  employé  le  mot  culot  pour  marquei'  la  jeunesse, 
et  culasse  pour  exprimer  la  vieillesse.  On  disoit 
proverbialement  :  «  Qui  nectiastie  culot,  nechastie 
«  culasse,  «  c'est-b-dire* quand  on  a  négligé  de 
châtier  dans  la  jeunesse,  on  ne  châtie  pas  dans  la 
vieillesse.  Cotgr.  —  Voy.  Culot.) 

Culasson,  subst.  masc.  Culasse.  (Oudin,  Dict.) 

Cillé.  [Intercalez  Culé,  chaton  de  bague,  dans 
rinv.  des  biens  du  duc  de  Berri  (an.  l-ilC):  «  Item 
«  de  .\\\.  chastons  ou  cule^  d'or.  »]  (n.  e.) 

Ciller,  verbe.  C'est  un  terme  obscène  employé 
par  Clém.  Marot  (I). 

Culerage,  subst.  masc.  Persicaire.  Sorte  de 
plante.  (Dict.  d'Oudin.) 

Culette,  subst.  fém.  Queue  de  robe.  On  disoit 
aussi  cul  de  robe  dans  le  même  sens.  (Voyez  celte 
expression  au  mot  Cul  ci-dessus.)  «  11  les  happeroit 
«  aux  fesses  comme  étant  les  plus  savoureuses,  et 
»  mieux  faisindées,  joint  qu'il  eloil  assez  aisé, 
«  parce  qu'alors  les  dames  n'avoienl  point  de 
<'  culette.  «  (Moyen  de  Parvenir,  p.  108.) 

Culice,  subst.  masc.  Cousin.  Sorte  d'insecle. 
«  Il  parle  absolument,  et  proprement  des  pulces, 
■•  punaises,  cirons,  monsches  calices,  et  autres 
«  telles  bestes.  »  (Rabelais,  t.  III,  p.  l'21.) 

Culinaire,  adjectif.  Qui  concerne  la  cuisine. 
(Cotgr.  et  Oudin.;» 

Cullage,  sulist.  masc.  Espèce  de  droit  seigneu- 
rial. C'étoit  un  droit  des  seigneurs  sur  les  nouveaux 
mariés  leurs  vassaux.  (Laur.  (Jloss.du  Droit  fr.  (2); 
Du  Cange,  Glossaire  latin  aux  mots  Collecta.  Cula- 
gium  el  Marcheta.)  Ce  mot  a  été  corrompu  de  celui 
A'osculage,  en  latin  osculagium. 

VARI.\NTES  : 
CULLAGE,   CULAGE.  CULLIAGE,  CUL. 
COLLETAIGE,   COI'ILLAGE. 

Ciillet.  [Intercalez  Cullet,  sorte  d'étoffe  ou  de 

peau  :   «  Iteai  d'une  panne  de  cullet,  le  vendeur 

«  doit  .n.  den.,  et  autant  l'acheteur.  »  (Du  Cange, 

II,  692,  col.  -.'.)]  (N.  E.) 

Cullier,  subst.  masc.  Cul  (3).  (E.  Desch.  f°  346.) 

Ciillot.  [Intercalez  C;///of,  basset:  «  Xostre  ami 


«  Richard  des  Costes,  escuier,  bourgeois  et  citoyen 
«  de  Lion,...  ayant  près  de  lui  ungsien  chien  '^ullol 
«  assez  rioleux  et  malicieux.  »  (JJ.  195,  p.  H26, 

an.  1474.)]  (n.  e.) 

Ciilon,  subst.  masc.  Cul. 

Il  faut  qu'ils  ayent  suprà  culons. 

Œuv.  de  Rog.  de  Collerye,  p.  (î. 

Culot.  [Intercalez  Culot,  bourse  (JJ.  165,  p.  53, 
an.  1410):  «  Le  suppliant  print  en  l'ostel  Jehan  le 
"  .Noir  escuier,  demeurant  à  Noyon,...  un  culot 
•<  nommé  bourse,  boutonnée  de  fraiseles  dorées.  » 
Le  reg.  JJ.  170,  p.  262,  an.  1418,  nous  donne  le 
pluriel  :  «  Deux  bourses  à  usaige  d'homme  ou  de 
«  femme,  nommées  culoz.  »]  (n.  e.) 

Culte,  aclj.  Cultivé. 

Las  faudra  il  qu'un  gendarme  impiteux 
Tienne  ce  champ  tant  culte,  et  fructueu.v. 
Clém.  llarol,  p.  483. 

Ciiltefier,  verbe.  Cultiver.  Dieu,  après  avoir 
chassé  Adam  du  paradis  terrestre,  le  conduisit  en 
Orient,  «  li  envoya  diverses  semences  par  ses  angel 
"  (anges)  e  leur  inonsti'a  cornent  il  devoit  laborer 
«  e  lalerre  culte  fier.  »  (Hist.  de  la  S'°  Croix,  ms.  p.  3.) 

Cultellaire,  adj.  Fait  avec  un  couteau  (4). 
(Colgr.  et  Oudin,  Dict.) 

Cultivage,  subst.  masc.  Culture.  (Oud.  Dict.) (5) 

Cultivation,  subst.  fém.  Culture.  Cultiveure 
est  employé  figurément  dans  ces  vers  où  le  poète, 
s'adressaiit  à  la  sainte  Vierge,  dit  : 

Vigne  de  noble  fruit  chargée, 
Sans  humaine  cultiveure, 
Violele  non  violée, 
Cortilz  touz  enceinz  à  closture. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  -218,  fol.  179,  V'  col.  1  [Rulebeuf,  H,  12]. 

VARIANTES  : 
CULTIVATION.  Dict.  d'Oudin  et  de  Colgr.  [Voy.  Couture.] 
Cultiveure.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"7'218,  f°  179,  V»  col.  1  (6). 

Cultivement,  s^/bs^  masc.  Culture*.  Culte ^. 

*  Le  premier  sens  est  culture.  iOud  et  Cotgr.)  (7) 

^Dans  le  second  sens  de  culte,  on  a  dit  :  «  Je 

«  regarderai  l'onneur,  et  le  cultivement  de  Dieu,  et 

>.  des  églises.  "  (Chron.  de  S.  Den.  t.  I,  fol.  180.)  (8) 

Cultiver,  verbe.  .4dorer,  rendre  un  culte*. 
Recueillir,  percevoir^. 

*Ce  mot,  qui  subsiste,  n'exprime  plus,  comme  au- 
trefois, le  culte  que  les  hommes  rendent  à  la  divinité: 

Les  isdoles  que  cultivon.^  clii 
Chou  est  culture  d'anemi. 

Vies  des  SB.  MS.  de  Sorbonne,  chif.  LX,  col.  45. 


(1)  On  trouve  au  même  sens  ruleler,  en  latin  clunagilare,  au  Gloss.  7692  ;  on  lit  aussi  à  la  81"  Nouv.  de  Louis  XI  :    «   Ce 
bon  chevalier,  qui  tout  le  jour  avoit  culleté  sa  selle  tant  à  la  queste  des  lièvres  comme  pour  quérir  logis.  »  (N.  E.) 

(2)  Lauriére  cite  une  charte  de  1507  sur  les  revenus  de  la  baronnie  de  S'  M  irtin  le  Gaillard  :   «   Item  a  ledit   seigneur  [le 
comte  d'Eu]  audit  lieu  de  Saint  Martin  droit  de  cullaije  quand  on  se  marie.  »  (N.  E.) 

(3)  «  On  en  a  de  vache  et  de  brebis,  De  buefs,  de  pourceaulx,  de  moutons,  Boyaux  cnlliers  ,  pance  et  le  pis  ,  Teste  de 
veau.  »  (N.  E.) 

(4)  Ou  ayant  forme  de  couteau  :  «  Des  quels  cautères  aucuns  sont  cuUeUaires,  les  autres  ponctuels,  les  autres  otivaires.  » 
(Paré,  XVI,  33.)  (n.  e) 

(5)  On  Ut  aussi  dans  un  ms.  de  la  Consolation  de  Boèce  (Du  Cange,  II,  695,  col.  2)  :  «  .\  coultiver  terre  s'adonne  ,   Et  sis 
qui  le  cuer  ot  volage,  Commence  à  louer  cullivage.  »  (N.  E.) 

(6)  On  lit  aussi  au  Gloss.  lat.  7692  :  «  Latria,  cultiveure  de  Dieu.  »  (N.  E.) 

(7)  On  lit  aussi  dans  Christine  de  Pisan  (Charles  V,  II,  2)  :  «  Une  autre  porcion  de  peuple  fu  par  lui  commise  au  labour 
et  coulltvcment  des  terres,  y  (N.  E.) 

(8)  On  lit  au  reg.  des  fiefs  du  comté  de  Clermont  (an.  1254)  :  «  Nous  pour  regart  don  cultivement  divin.  »  (n.  e.) 


eu 


436  — 


eu 


^Cultiver  est  pris  pour  recueillir,  percevoir, 
dans  ce  passage  :  ><  Les  renies  que  doivent  en  bled 
«  lesbabilans  du  dit  lieu  se  doivent  payer,  el  culti- 
"  ver  en  la  manière  que  cy  après  s'en  suit  »  (Coût. 
de  la  ville  de  Puele,  N.  C.  (J.  t.  1,  p.  416.) 

VARIANTES  : 
CULTIVER. 

CoiLivER  pour  Cultiver.  LaThaum.  Coût.  d'Orl.  p.  466(1). 
CusTlVER.  Loi.\  Norm.  art.  33,  en  latin  coleve  terram  (2). 

Cultiveur,  subst.  masc.  Cullivateur  (3).  On 
trouve  le  mot  ciiltivierrcs,  en  ce  sens,  dans  les 
vers  qui  suivent  : 

Li  ciiUivierrcs  lion  (homme) 
Qui  fet  gaaignerie  (fait  un  labour) 
Premerement  arrache 
Le  chardon,  et  l'ortie. 

Kabl.  MSS.  du  R.  n*  7015,  l.  11.  fol.  178,  K»  col.  -2. 

VARIANTES  : 
CULTIVEUR.  Loix  Norm.  art.  33,  en  latin  cultor. 
CuLTiviERRES.  Fabl.  MSS.  du  R.  n°  7615,  t.  II,  fol.  178  (4). 

Culture,  subst.  fém.  Culte  [voyez  couture]. 
INous  venons  de  voir  ciil.tivement  et  cultiver  en 
ce  sens.  Culture  a  la  même  signilicalion  en  ce  vers: 

Chou  est  culiure  d'anemi  (démon). 

Vies  des  SS.  MS.  de  Sorb.  LX,  col.  45. 

Culvertage.  [Intercalez  Culvcrtage,  asservis- 
sement, esclavage,  dans  Partonopex,  v.  230,  et 
dans  la  Chronique  des  ducs  de  Normandie,  t.  II, 
v.  16706.)]  (n.  e.) 

Cum,  CuN,  CoME,  CoN,  CuME,  Clmme,  dans  le  sens 
de  comme,  de  même  que,  ainsi  que.  (Marbod.  col. 
1642.)  »  Ces  seyl  entendu  aussi  ben  de  cliasteus,  e 
«  des  contes,  ki  le  Hey  iiostre  père  nos  ad  bayle, 
«  e  de  forestes,  ensement  e  des  autres  bayla'ies, 
«  les  queus  nos  tenoms  à  terme  par  un  seul  bayl 
«  cum  de  nos  cliasteus  et  de  nos  baylaces  de 
«  meyne.  »  ^Rymer,  t.  I,  p.  115,  col.  I,  til.  de  1270. 
—  Duchesne,  Gen.  de  Cbastilloii,  p.  45,  tit.  de  1236.) 
Com  il  fut  ainsi  que,  pour  comme,  etc.  (Duchesne, 
Gen.  de  Bethune,  p.  lil,  tit.  de  1259.) 

Cum  signifie  lorsque,  attendu  que,  puisque, 
quoique. 

"  0  f«m\5)est  chaitiscil  homme ki  dezoitluy 

»  mismes  por  ceu  k'il  cuydet  estre  aucune  chose, 
<■  cÎDii  il  soit  uns  nianz.  -  (S.  Bern.  Serm.  fr.  mss. 
page  292.) 

Cum  est  employé  avec  le  sens  de  comme,  dans  ce 

passage  :  «  Faisons  savoir que  cum  discors 

«  fut,"etc.  «  (Perard,  Uist.  de  Bourg,  p.  519,  titre 
de  1270.) 

Le  mol  cum,  dans  S.  Bernard,  p.  265,  répond  au 
latin  cum.  Cum  ce  soit  que  et  cum  il  soit,  dans 
S.  Bern.  Serm.  fr.  .mss.  p.  4,  93,  99,  répond  loujours 
au  latin  cum,  dans  le  sens  de  comme  et  puisque. 

Come  [Si],  comme.  (Rynier,  1. 1,  p.  109,  col.  1.) 

Coii,  comme.  (Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  502.) 


Cum,  comme.  (Marbodus,  col.  16iO.) 

Cumc,  comme.  (Marbodus,  col.  16'i8.) 

Cuinme,  cûmme.  (Duchesne,  Gén.  de  Bar-le-Duc, 

p.  30,  lit  de  I2'<9.) 
Cum,  combien.  (S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  2,  3, 4.) 
C«)h/;/ch,  combien.  (Duchesne,  Gén.  de  Bar-le-Duc, 

p.  30,  lil.  de  1249.) 
En  cum  briej  parole.  (S.  Bernard,  Serm.  fr.  »ss. 

page  288.) 
Cum  el  cun  grant.  (S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  44.) 
Cum  lonyement  ou  longuement.  (S.  Bern.  Serm! 

fr.  MSS.  p.  46.) 
Cum  el  cumque,  combien  que,   etc.   (S.  Bern. 

Serm.  fr.  mss.  p.  53.) 
Cum  po  ou  poc.  (S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  252.) 
Cum  ou  cou  poc  que  soit,  tant  soit  peu.  (S.  Bern. 

Serm.  fr.  mss.  p.  77.) 
Cotn,  que. 
Por  ensis  com,  pour  ainsi  que.  (Perard,  Ilist.  de 

Bourg,  p.  514.) 
Si  com,  ainsi  que.  (D.  Morice,  Hist.  de  Br.  p.  934.) 
Tant  com,  tant  que.  (Rymer.  t.  I,  p.  45.) 
Issi  com.  ainsi  que.  (S.  Alhan.  Syuib.  fr.) 
Ausi  comc,  ainsi  que.  (S.  Alhan.  Symb.  fr.) 
Aulrelcnt  come,  autant  que.  (Rymèr,  t.  I,  p.  !09.) 
Issi  come,  ainsi  que.  (S.  Alhan.  Symb.  fr.) 
Si  come,  ainsi  que.  (Idem.) 
Tant  come,  tant  que.  (Rymer,  t.  I,  p.  50.) 
Taunl  come.  jusqu'à  ce  que.  (Rymer,  t.  I,  p.  109.) 
Ainsi  comme,  ainsi  que.  ^Perard,  p.  518.) 
Ensi  el  ensint  comme,  ainsi  que.  (Duchesne, 

Gén.  de  Bétbune,  p.  138.) 
Ausinc  comme,  ainsi  que.  (Perard,  p.  519.) 
De  ce  comme,  de  ce  que.  (Loix  Norm.  art.  2.) 
Si  comme,  comme  ainsi  que.  (Perard,  p.  492.) 
Tant  comme,  tant  que.  (Perard,  p.  518.) 
Cou,  que.  Ainsi  counous,  ainsi  que  nous.  (Perard, 

Uist.  de  Bourg,  p.  503.) 
Aussi  avant  cou,  autant  que.  (Duchesne,  Gén.  de 

Bétbune,  p.  383.) 
Allre  tel  cum,  tel  que.  (.Marbodus,  col.  1652.) 
Ensic  ou  ensinc  cum,  ainsi  que.  (Perard,  p.  519.) 
Si  cum,  ainsi  que.  (Loix  Norm.  art.  41.) 
Tant  cum.  iiulnni  que,  tandis  que.  (Loix  Norm. 

art.  12.) 

Tel  cum,  tel  que.  (Loix  Norm.  art.  32.) 
Autre  tel  cum,  telle  que.  (Maibodus,  col.  1642.) 
Olele  cum,  telle  que.  (Marbodus,  col.  1642.) 
Si  cume,  ainsi  que.  (S.  Alhan.  Symb.  fr.) 
Con,  qu'on.  (Duchesne,  Gén.  de  Guines,  p.  283.) 
Si  cou,  ainsi  que.  (Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  502.) 
Cum,  qu'on.  (S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  5.) 
Cun,  qu'on.  (S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  5.) 

Cumaucer,  verbe.  La  signification  de  ce  mot, 
dans  le  passage  suivant,  paroît  fort  incertaine. 


(1)  Ou  plutôt  coiUivée  (Benoît  de  S'  Mort,  v.  7059)  et  coliver  (Adam,  Mystère,  p.  35).  (N.  e.) 

(2)  «  Cil  qui  cuslivent  la  terre.  »  (n.  e.) 

(3)  On  trouve  aussi  ci<Wiud(B»)' dans  .luvenal  des  Ursins  (Hist.  de  Charles  VI,   p.  290)  :   «  Cultivateur  de  paix.   »   Colère, 
d'où  dérive  cultivateur,  a  le  sens  d'aimer,  (n.  e.) 

(4)  C'est  le  cas  sujet  ;  dans  le  lib.  psalmor.  (fol.  156),  on  a  cultirerc;  le  cas  rjgime  est  cultiveciior  (id.,  fol.  155).  (N.  E.) 

(5)  C'est  déjà  la  forme  dans  le  Serment  de  Strasbourg  :  «  Si  cum  om,  per  dreit  son  fradra  salvar  dist.  »  (n.  e.) 


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Peul-étre    y    esl-il    mis    dans  le  sens  d'inviter, 
semoncer  : 

Graf  lens  art  qu'assés  ia  à  cuiiiancer 

Et  s'en  la  vile  a  chevalier 

Que  sejorner  vois  le  cacerai  (je  le  chasserai) 

Qu'il  l'en  amaint  ensans  casai. 

Fabl.  MSS.  Ju  R.  ir  TOSa,  fol.  6".  V"  col.  i. 

Ciiniare,  suhst.  fém.  SibiUe  de  Cumes.  (Colgr. 
Dictionnaire.) 

Cumascle,  suhst.  fém.  Crémaillère  [en  pro- 
vençal], (Du  Gange,  Gloss.  lat.  à  Cumascle.) 

Cuinbel.  [Intercalez  Cumbel,  vallon,  diminutif 
de  combe:  «  Dicta  terra...  se  exlendit  usque  ad 
«  cuniLiam  sive  cuinbale,  à\cium  cumbel  paurtit.  •■ 
(JJ.  71,  p.  319,  an.  1339.)]  (.n.  e.) 

Cuinencement,  subst.  Commencement  [voyez 
commencement].  (Marbodus,  col.  1658.) 

Cumuler,  verbe.  Amasser,  accumuler.  (Cofgr. 
Dictionnaire.) 

Cun.  Ce  mot  signifie  quelquefois  comme.  (Voyez 
Co.M.)  Quelquefois  il  s'est  pris  pourqu"un,  c'est-à-dire 
que  un.  (Borel,  Dict.) 

Ne  se  tinrent  c'uns  faus  d'Alemaigne. 

Ch.-ms.  MSS.  du  C"  Tliibaul,  p.  151. 

On  trouxe,  au  féminin,  cune  pour  c'une,  que  une 
dans  le  Trésor  de  Borel,  p.  ô7. 

Dans  les  vers  que  nous  allons  rapporter,  cun 
paroitètre  une  faute  et  signiile  l'instant,  le  moment. 
L'auteur,  parlant  du  roi  de  France  Louis  l'"'  dit  le 
Débonnaire,  dit  que  : 

S'orrent  fait  espiier  cil  cttn. 

Ph.  Mouskes,  MS.  p.  48i. 

VAR1.4NTES  : 
CUN.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  484. 
C'UNS.  Thib.  de  Nav.  Poës.  MSS.  av.  13<X),  t.  I.  p.  268. 

Cunardir.  flnlercalez  Cunardir.  entreprendre 
(JJ.  17'2,  p.  i07,  an.  1 'r>3)  :  ..  Lequel  Perrinet  vint 
«  pour  marcliaiider  avec  les  coinpaigiions  ou  l'un 
«  d'eulx,  de  cunardir  de  faire  une  pièce  de  vigne, 
•■  qui  à  dire  becliier  ou  houer.  "]  (.n.  e.) 

Cunchiure,  suhst.  [cm.  Ordure.  C'est  le  sens 
propre  de  ce  mot.  Un  a  dit  au  figuré  :  «  Adonque 
«  serai  iou  sans  cunchiure  > ,  traduit  du  latin  lune 
ero  immaculatiis.  i,l\tg\.  de  S.  Ben.  lai.  fr.  ms.  de 
Beauvais,  ch.  7.) 

Cunctateur,  subst.  masc.  ïeinporiseur  (i;.  On 
trouve  ce  mot  employé  comme  épilhète  de  Fabius, 
dans  les  Fpilb.  de  la  Porte. 

Cunctation,  subst.  fém.  Délai,  relard.  (Cotgr. 
Dictionnaire.) 

Cunes.  Si  ce  mol  n'est  pas  une  faute  dans  le 
passage  suivant,  il  peut  être  le  nom  d'un  pays  ou 
d'une  ville  de  l'Asie. 

Que  maille  n'en  faussa  de  l'auberc  de  cimex. 

Parton.  de  Blois,  MS.  de  S.  G.  fol.  lîO,  R°  col.  3. 


Cuniae,  subst.  masc.  Coulluenl.  (Valois,  notice 
des  Gaules,  col.  153.) 

Cuuiie,  subst.  Générations.  (Borel,  2"  add.) 

Cunte,  subst.  fém.  Espèce  de  peine  juridique. 
C'est  elle  que  l'on  eucouroil  lorsque  l'on  ne  se  ren- 
doil  pas  aux  plaids  de  justice  tenus  dans  un  comté 
ou  dans  le  canton,  ou  le  district  de  la  seigneurie. 
«  Etre  quite  de  seule  (poursuite)  ou  cunte  (pour 
<'  compte)  " ,  c'est  être  exempt  de  cette  peine.  iDu 
Gange,  Gl.  lat.  à  Syre,  sous  scyra.) 

Cunyat,  suhst.  masc.  Beau-frère.  C'est  un  mot 
gascon.  "  Que  nos  som  obligats  al  Bey  d'Arago 
«  cunyat  [voyez  culgnat]  nostre,  ab  sagramenl,  de 
«  valer  et  ajudar  li  contra  tôles  les  personnes 
del  mon.  ■■  (Du  Gange,  Gl.  lat.  à  Valere.) 

Gupée.  [Intercalez  Cupée,  sorte  d'alouette  (Chr. 
des  ducs  de  Norm.,  v.  19241)  : 

Par  les  plains  chante  la  cupée. 

Au  vers  31314,  c'est  une  épilhète  : 

Kar  aiiiz  que  seit  clers  li  matins 
Ne  que  chant  l'aloe  citpée.  (N.  E.) 

Cupide,  adj.  Qui  désire,  <|ui  convoite.  (.Nicol 
et  Monel,  Dictionn.)  «  Plusencores  inlinimentestoil 
«  cupide,  el  insatiable  de  richesses.  »  (L'Amant 
ressuscité,  p.  106.) 

Cupidemant,  adverbe.  Avec  cupidité,  avide- 
ment. (Monel,  Dict.) 

Cupidique,  adj.  Amoureux.  (Cotgr.  Dict.)  (2) 

Cupidité,  sulist.  fém.  Ce  mol  subsiste.  Nous  ne 
le  citons  que  pour  parler  de  son  époque.  Il  étoit 
nouvellement  introduit  dans  la  langue,  suivant 
Ménage.  (Bemarques  sur  la  langue,  page  76.)  On  le 
trouve  cependant  dans  Charron  (3).  •<  On  a  très  bien 
«  dit  que  cupidité  estoit  racine  de  lous  maux.  - 
(Sagesse  de  Charron,  p.  135. j 

Cupido.  subst.  Cupidité. 

Cupklo  vit,  richf^sce  est  honourée. 

Poés.  MSS.  d'Eust.  Desch.  fol.  31.  col.  2  (4). 

Cupidouneau,SH/^sf.  }nasc.  PelilCupidon.  ••  Ses 
«  beaux  yeux  petits  cupidonneaux.  »  (Moyen  de 
Parvenir,  p.  22.) 

Cuque,  suhst.  fém.  Compagnie  de  coqHiins. 
(Oudin,  Dict.) 

Cuquelin.  [Intercalez  Cuquelin ,  mesure  de 
poids  ou  de  volume,  au  reg.  JJ.  l63,  p.  208, 
an.  1408):  »  Lu  lonnellet  de  huit  loz  ou  environ, 
..  plain  de  chandelles  de  sieu,  contenant  .\iii.  livres 
■i  ou  environ,  el  deux  euquelins  d'espices.  »]  (.n.  e. 

Cura,  suhst.  L'action  de  curer,  de  nettoyer. 
C'est  un  mol  provençal  [c'est  un  mot  latin  dans 
une  charte  latine  de  Marseille  (1257)].  (Du  Gange,  à 
Cura,  3.) 

Curable,  adj.  Qui  guérit.  Epithète  de  remède 


(1)  «  Cela  fit  haster  ce  cuitctaleur  de  gagner  Orléans.  »  (D'Aubigné,  Hist.,  I,  104  )  (N.  E.) 

(2)  On  lit  dans  Marot,  d'après  Leroux  :  «  El  si  deliberay,  Pour  rencontrer  cette  dame  pudique.  De  m'en  aller  au  temple 
<:apidique  »,  c  est-à-dire  de  Cupidou.  (N.  E.) 

(3)  Et  avant  lui  dans  J.  Lemaire  (Pallas  parlant  à  Vénus):  «  Donne  toy  garde  des  rochlers  de  cupidité  effrénée.  »  (n.  e.) 

(4)  Dochez,  et  d'après  lui  M.  Littré,  ont  lu  cupidité,  (n.  e.) 


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dans  De  la  Porte.  Nous  disons  incurable,  mais  nous 
ne  disons  point  c!(raW('  (1). 

Curache.  [Inteivalez  Citrache,  cuirasse,  dans 
une  ordonnance  du  duc  de  Bourgoiîne  (1573): 
«  Les  hommes  d'armes  sei'onl  armez,  habillez  et 
«  montez  ainsi  qu'il  est  déclairié  cy  àpiès  ;  c'est 
«  assavoir  de  curache  eom[)lette.  "  Voyez  Cri- 
liACiii:.]  (.N.  E.) 

Cui'acioii,  suhst.  fém.  Remède. 

Ne  je  n'y  vois  nulle  curacinii 

l'ors  de  fuir 

Pocs.  MSS.  d'Eust.  Dcscli.  fol.  W,  col.  2. 

Ciiragiei-,  fi<lj.  Qui  prend  soin.  On  a  dit  cum- 
(jiere  iI'cIikjuciicc,  pour  désiLrner  une  personne  qui 
s"appli(iue  à  réioii'.icnce,  qui  est  éloquente.  (Moyen 
de  Parvenir,  p.  247.) 

Ciiraignement,  suhsL  innsc.  Parole.  En  latin 
effamrn,  selon  le  Cliss.  du  P.  Labbe,  p.  499.  Peut- 
être  faut-il  WvQ  arraignonent. 

Cnrailles,  suhst.  j'em.  phiv.  Epluchures  , 
ordures  (2). 

v.iiiiA.N'TEs  : 
CURAIL1.es.  Dict.  de  Cotgr.  et  dOudin. 
CuREUREs.  Ord.  t.  III,  p.  97. 

Ciiralier.  [Intercalez  Curnlicr,  broussailles, 
dans  une  charte  de  1308  (JJ.  40,  p.  29):  .■  Domini 
«  de  Fontesio  possint  depascere  animalia  sua,  et 
«  ibidem  ligna,  videlicel  motzes  et  boisses  et 
<<  argilax  et  curaliers  dumtaxat  colligere...  ad  opus 
<■  furni  sui.  »]  (.n.  e.) 

Curanderie  se  dit  en  Normandie  pour  blan- 
chisserie (3),  sans  doute  du  mot  curer,  nettoyer. 

Curaterie.  [Intercalez  Curaterie,  curatelle,  au 
reg.  JJ.  210,  p.  102,  an.  1408:  «  Le  suppliant  qui 
t<  lors  estoit  et  encores  est  en  curaterie  de  bas 
»  eage.  »]  (n.  e.) 

Curatier.  [Intercalez  Curatier:  1°  Curateur, 
au  féminin  curatresse:  «  S'il  advcnoil  que  par 
«  séduction  ou  alourdement  de  cnrutier  ou  cura- 
"  tresse,...  fille  de  sons  l'eage  de  .xu.  ains  fusse 
■■  emminée.  »  (Ch.  de  142i,"Du  Gange,  II,  707, 
col.  2.)  2"  Courtier:  «  Eslablir  curatiers  jurez  au 
«  profit  des  marchans,  et  les  ostei-  trouvez  non 
«  suffisans  ou  abusans  de  leurs  offices  et  les 
«  punir.  »  (Ord.  V,  p.  676,  an.  1331.)]  (n.  e.) 

Ciiration,  suhst.  fém.  Soin,  attention.  Ce  mot, 
(|ui  subsiste  comme  terme  de  médecine,  ne  se  dit 
plus  en  ce  sens  :  «  Entre  les  curations  des  beson- 
"  gnes  que  nous  avons,  et  devons  avoir,  pour  le 
"  bien  et  utilité,  et  conservation  de  nostre  domina- 
"  tion,  le  souverain  désir  que  nous  avons,  c'est  de 
«  nourrir  paix,  amour  et  union  entre  noz  sub- 
«  jectz.  »  (Ordonn.  de  Charles  VI,  de  1-412,  citée  par 
Monstrelet,  t.  I,  fol.  155.) 


Curatrie.  ^Intercalez  Curatrie,  lieu  de  dé- 
bauche, an  rc;;-.  JJ.  206,  p.  124,  an.  1579:  «  Icelle 
«  .Marie  dist  que  le  suppliant  et  sa  femme  avoient 
«  tenu  curatrie  ou  buurdeau  en  leur  maison  [à 
"  Tournay].  "]  (n.  e.) 

Cure,  subst.  fém.  Soin,  attention;  zèle*.  Cura- 
telle^. Cardien,  qui  prend  soin  '^.  Remède".  Béné- 
fice^. Nom  d'une  fontaine''. 

*Sur  la  première  acception  éloil  soin,  attention, 
zèle.  On  disoit,  en  ce  sens,  prendre  en  cure,  mettre 
cure,  etc.  [Froissart,  II,  4  ;  IV,  137.] 

Ce  mot  est  employé  dans  un  sens  moral  en  ce 
passage  : 

N'ont  por  Dieu  riov  de  conbatre. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7615,  t,  I,  fol.  50,  V"  col.  2. 

L'expression  n'avoir  cure,  dont  on  se  sert  encore 
dans  le  style  familier,  est  très  ancienne  [elle  est 
dans  Roland,  v,  293].  Nous  la  trouvons  dans  ces  vers: 

Qu'elle  n'a  ciin;  de  ffaber. 

Eslrub.  Vahl.  MSS.  du  B.  n'  7000,  p.  88. 

On  a  dit  aussi  cure  de  las,  peut-être  pour  soin  de 
tendre  des  filets,  des  lacets,  des  pièges  : 

C'est  à  dire  que  les  prelas 
Ententis,  par  cure  de  las, 
A  mondains  désirs  acomplir. 

Eust.  Descli.  Pocs.  MSS.  fol.  531,  col.  2. 

^  De  ce  que  cure  signifioit  soin,  il  a  signifié  aussi 
ce  que  nous  nommons  curatelle.  (La  Thaum.  Coût, 
de  Berri,  p.  302). 

'^On  appliquoil  aussi  ce  mol  à  !a  personne  même 
cliarg:%  du  soin  d'une  chose.  C'est  en  ce  sens  qu'il 
est  mis  pour  gardien,  guide,  conducteur,  dans  ce 
vers  : 

Il  estoit  cure  de  ma  vie. 

Vies  des  SS.  MS.  de  Sorb.  cliif.  I.X,  col.  r.O. 

°  Le  mot  latin  curare,  d'où  vient  le  moi  cure,  signi- 
fie également  soigner  et  guérir.  De  iïi,  cure  a  été 
employé  pour  remède,  médecine  ou  potion  médici- 
nale. «  Monseigneur  Charles  de  la  Paix,  lequel 
«  trespassa  à  Napplesau  chastel  de  l'euf,  es  prisons 
»  de  la  dicte  royne  Jehanne,  par  les  souspeçons  et 
»  divisions  d'entre  eulx,  car,  fust  vray  ou  non,  fut 
«  dit  à  ma  dite  dame  que  il  se  vouloil  faire  Roy  : 
"  dont,  luy  estant  malade,  fut  dit  que  dans  unecwre 
«  luy  fut  mis  des  dyamansqui  fuirent  cause  de  plus 
«  abréger  sesjours.  »  (La  Salade,  fol.  39.) 

Dans  un  sens  moins  générique,  ce  mot  se  disoit, 
en  termes  de  fauconnerie,  des  pilules  que  l'on 
donne  aux  faucons  pour  les  purger.  «  Une  cure 
«  d'oiseau  doil)t  estre  de  plume,  ou  d'osselets,  d'oi- 
»  seaux  froisez,  ou  de  pié  de  connins,  ou  de  lièvre 
«  rompu,  les  ongles,  et  gros  os  ostez.  "  (Fouilloux, 
Fauconn.  fol.  66') 

^Nous  disons  encore  une  cure  pour  désigner  le 
rectorat  des  paroisses.  Autrefois,  ce  mot  désignoit 
en  général  les  bénéfices  ecclésiastiques,  même  le 
pontificat.  On  lit  dans  la  Chron.  S.  Den.  t.  I,  fol.  18, 


(1)  On  Ut  dans  Modns  (fol.  91,  verso):  «  Moult  de  maladies  puent  advenir  aux  faulcons,  de  quoy  les  uns  sont  curables  et 
les  auii'es  non.  »  (N.  E.) 

(2)  Voyez  Coraille.  C  est  un  terme  de  dédain  dans  la  Chron.  des  ducs  de  Normandie  (v.  9340)  :  «  Veuz  mielz  vivre  d'autrui 
quartier  Huniz,  eschar,  d'autres  curaille.  »  (N.  E.) 

(3)  Blanchisserie  de  toiles  neuves.  (Instruction  Necker,  impr.  du  cabinet  du  roi,  178i.)  (n.  e.) 


eu 


i39 


eu 


en  parlant  d'un  pape  :  »  Le  pape  Jean  la  cure  de 
11  S"  Eglise  gouvernoil,  et  l'avoit  reçue  après  le 
«  pape  llcwniisde.  >>  (Du  Cange,  Gl.  lat.  à  Cirralmn.) 
''La  [uns  cure  semble  une  fontaine  pareille  à  celle 
du  Monl-lielicon,  appelée  [unleine  Helie,  clans  une 
ballade  sur  la  morl  du  poêle  Guillaume  Machaut. 

La  fous  cure  (1),  et  la  fonleine  Helie 
Dont  vous  estiez  le  ruissel,  et  les  dois. 

Eusl.  Desch.  Poès.  MSS.  fol.  28,  col.  3. 

"Enfin  cure,  dans  le  passage  suivanl,  s'est  pris 
figurénient  pour  curée.  «  Le  capitaine  Bonneval, 
"  ce  nonobstaul,  peisisloit  en  la  délibération  arres- 
"  lée  par leconseil, alléguant  t|uede lad. entreprise, 
<'  ores  (quoique)  qu'elle  fust  bien  exécutée  ,  ne 
«  dependoit  point  tant  d'avantage  aux  affaires  ilu 
»  Roy,  comme  de  désavantage  d'une  cure  [l'éd.  de 
«  1582,  p.  3(i7,  donne  curée]  donnée,  si  mal  en 
«  advenoit,  aux  ennemis.  »  (Mém.  du  Bell.  liv.  VII, 
fol.  'ilO.) 

VAlîI.^NTES  : 
CURE.  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  1. 
CunRE.  Arlel.  Faucon,  fol.  89,  V". 

1.  Cuvé,  partie.  Purgé.  Proprement  (/«/«fe/if/» 
la  cure.  Les  fauconniers  donnent  à  leurs  oiseaux 
des  pilules  composées  de  coton  ou  de  plumes,  pour 
dessécher  leur  flegme.  Quand  l'oiseau  a  rendu  la 
pilule,  on  lui  remet  son  chaperon,  «  sans  luy  don- 
«  ner  à  manger,  afin  qu'il  jette  sa  glette;  estant 
«  curé  de  plume  et  de  glette,  soit  abêché  de  chair 
«  chaude.  »  (Budé,  des  Oiseaux,  fol.  123.) 

2.  Curé,  subsl.  masc.  Ce  mot  subsiste  (2).  On 
trouve  curalus  et  capellamts  curatus,  au  même 
sens,  dans  le  Gl.  lat.  de  Du  Gange.  On  dislinguoit  le 
curé  propriétaire,  c'est-à-dire  Fe  curé  en  lilre,  du 
vice-curé.  (Nouv.  Coût.  Gén.  t.  1,  p.  931.) 

En  Bretagne,  on  a  donné  aux  vicaires  le  nom  de 
curés,  et  les  curés  v  sont  appelés  recteurs.  (Du 
Cange,  Gl.  lat  hlieetor.) 

On  disoil  proverbialement,  d'une  chose  impossi- 
ble, qu'elle  auroil  lieu  «  quand  les  curez-  ne  vou- 
«  dront  plus  d'olTrandes  »  (Apol.  pour  Hérodote, 
page  625.) 

Cureanlx.  [Intercalez  Cureanix,  enfants  de 
chœur,  dans  le  Cérémonial  de  S'-Brieuc  (voyez 
chorial)  :  «  Item  les  petits  enffens,  c'est  assavoir 
«  les  petils  cureaulx ,  ne  doivent  pas  seoir  ne 
»  eslaller  es  chaeses  haulles  ne  basses,  mes  ils 
«  doivent  eslre  es  peliz  releiz  de  cueur  en  manière 
"  de  station.  »  Une  charte  bretonne  de  1433  donne 
curiaux.'\  (n.  e.) 

Cureboisson.  [Intercalez  Cureboisson ,  sorte 
de  boyau,  au  reg.  JJ.  181,  p.  142,  an.  1451  :  «  Les 
»  supplians    prindrent    ung    ferrement,    appelle 


«  cureboisson,  et  autres  choses  nécessaires  à  faire 
><  la  closture  desdites  terres  et  prez.  »]  (n,  e.) 

Curedent,  subsl.  masc.  Nous  ne  citons  ce  mol, 
qui  subsiste  (3),  quepouri  apporter  le  proverbe  sui- 
vant :  Le  curedent  de  l'amiral  de  Coliymj  (4).  (Hist. 
de  M.  de  Tbou.)  C'est  ainsi  qu'on  disoit  le  chapelel 
du  coinieslable  de  Montmorenci  (Ibid.) 

Curée,  subsl.  fém.  Terme  de  fauconnerie.  Sa 
signilication  ditTère  peu  de  celle  du  mot  cure 
ci-dessus,  pris  pour  remède.  N'ous  lisons  que  c'est 
dans  le  faucjii  un  signe  de  santé,  lorsiju'avec  le  bec 
"  il  pj-end  en  quelque  lieu  de  sa  crouppe  aucune 
»  greisse  (graisse)  de  quoy  il  se  oingt  (frolle)  a 
»  dexlre  et  à  seuestre,  et  celte  curée  est  appellée 
»  onction  feable.  »  (Arleloq.  Faucon,  fol.  93.) 

Curelie,  adj.  Ternie  de  tapissier.  .Nous  n'entre- 
prendrons point  de  l'expliquer,  mais  nous  citerons 
le  passage  où  il  se  trouve  ;  •■  Tout  homme  qui  fei'a 
»  lornicles,  quelles  que  elles  soient,  que  elles 
"  soient  armoiées  de  surlal,  et  que  le  sunal  soit 
«  aussi  bon  comme  le  champ,  et  que  il  soit  curelie 
«  de  poins,  et  poui'lillezdecbiefs,  et  cousus  desoye 
"  bien  nellemenl  :  et  s'il  y  a  cotlon,  que  il  y  en  ait 
«  autrendroil  du  cendal,  ou  cas  -qu'elle  ne  soit 
-  drappée,  et  que  elle  seroienl  de  poins  enfermez 
«  et  brochiez,  si  l'en  a  loisir  de  la  poindre.  » 
(statuts,  MSS.  des  Armoiers  et  Cousiepointiers  de 
Paris,  cités  par  Du  Cange,  Gl.  lat.  à  Tunica,  2.) 

Curer,  verbe.  Avoir  soin*.  Panser,  guérir^. 
Nettoyer  '^.  Epuiser  °. 

*  Sur  le  premier  sens  d'avoir  soin,  voyez  Dict 
de  Borel  et  les  Ord.  t.  I,  p.  792. 

^  Le  second  sens  de  panser,  guérir,  se  trouve 
dans  ces  passages  :  "  La  fist  curer  et  mediciner  ses 
«  playes.  »  (Kroissart,  livre  I,  p.  104.)  [Edition 
Kervyn,  IV,  97.]  ..  Celuy  malade  qui  fut  curé,  etc. 
(Chron.  S.  Denis,  t.  I,  fol.  132.) 

"=  On  a  d\l  curer  pour  nettoyer.  «  Avoit  fait  porter 
•'  à  la  maison  d'un  cureur,  et  blanchisseur  de 
"  loilles,  une  sienne  toille  pour  curei-,  et  blan- 
"  chir.  »  (Bout.  Som.  Bur.  p.  319.) 

°  En  étendant  un  peu  1  idée  de  cette  dernière 
acception,  on  fera  naitre  celle  d'épuiser,  qu'on  a 
aussi  quelquefois  attachée  au  mot  curer.  Le 
gouvernement  de  Languedoc  ayant  été  ôté  au  duc 
de  Berry,  en  1389,  par  Charles  VI,  «  le  pais  et 
»  marchesde  Carcassonne, de Besiers,  de  Narbonne, 
«  de  Fougaux,  de  Bigorre  et  de  Toulouse  esloit  tout 
«  resjoy  :  car  voirement  du  temps  passé  avoit  e.sté 
«  trop  forlcuré  (r)),el  travaillé  de  tailles  que  le  duc 
«  de  Berry  y  avoit  mises,  et  assises.  »  (Froissart, 
liv.  IV,  p.  14.) 


(1)  Lisez  la  fons  Circé  :  «  Sirenum  voces  et  Circœ  pocnla  nosti.  »  (Horace.)  On  connaît  l'ile  de  Circé  ,  non  sa  fontaine  • 
mais  il  y  a  là  un  faux  sens,  et  pociila  signifie  breuvage.  (N.  E.) 

(5)  On  Ut  dans  Rutebeuf  (193)  :  «  Sans  avoir  cureur  (souci),  [les  moines]  ont  l'avoir,  Et  li  curez  n'en  puet  avoir  S'a  peine 
non,  du  pain  pour  vivre,  Ne  achater  un  petit  livre,  Où  il  puisse  dire  complies.  »  (N.  E.) 

(3)  On  le  trouve  au  xv  siècle  dans  les  Emaux  de  de  Laborde  (p.  242)  ;  «  Ung  curedent ,  ouauel  est  mis  en  œuvre  une 
diamant  nommé  la  lozenge.  »  (n.  e.) 

(4)  Nous  avons  expliqué  plus  haut  ce  dicton,  (n.  e.) 

(5)  M.  Kervyn  (XIV,  39)  donne  examiné  et  en  variante  anoyé.  (n.  e.) 


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—  440 


eu 


De  là  ,  on  a  dit  rurc  pour  priv»^  ,  liéponillé 
de  ses  biens. 

Dont  ses  père  ot  esté  curés. 

Ph.  Vouskes.  MS.  p.  405, 

Curestable ,  subsl.  manc.  C,si\-on  (Vécuiie. 
(Cotgrave  el  Oudin,  Iiict.) 

Ciiret.  [Inleiciilez  Curct.  écnroir  de  cliairue: 
••  Ainsi  (lue  le  suppliant  ot  lié  ses  beufs  à  la 
«  charrue,  appeireut  ([u'il  avoit  oublié  son  cunt, 
«  dont  il  curoit  sa  terre  et  sa  cliarrue.  >•  (J,l.  17ô, 
p.  38,  an.  liSI.)  Au  re°-.  11*2,  p.  315,  an.  1378,  on  a 
cureur:  »  Le  signilianl  trouva  sa  charrue  où  il 
'■  print  un  baston  que  l'en  appelle  cureur.  •■]  (n.  k.) 

Curetel  ,  subst.  masc.  Eeuroir.  Instrument 
jtiopre  ti  iiettoNCr  les  pieds  des  cbevaux.  ><  l.edict 
"  Boniface  faisb.l  regarder  son  clieval,  et  avoyent 
<■  ceux  qui  le  servoyent  une  coustume  qu'à  chas- 
"  cune  course,  ou  bien  souveut,  l'on  iielloyoit  du 
"  curetel  les  quatre  pieds  di;  son  cheval.  >•  (Mém. 
d'Olivier  de  La  Maiche,  livre  I,  p.  '2()9.  —  Voyez 
CrREi'TE  ci-après.) 

Cuvetle^auhst.  9»rtsf.Eeuroir  (1).  C'esl  la  même 
aceeplion  que  le  mot  précédent,  un  instrument 
pi'opre  à  nettoyer  les  fers  dun  cheval,  le  soc  d'une 
charrue,  etc.  (Dict.  d'Oudin  el  de  Cotgrave.; 

Cureur,  subst.  masc.  Qui  nettoyé.  Il  se  disoit 
particulièrement  des  blanchisseurs  de  toiles.  (Voyez 
ci-dessus  CrRF.n.)  On  nommoit  aussi  les  palefreniers 
cureurs  de  chevaux.  <■  Premièrement  vous  con- 
"  noissez  tous  Escalon,  el  scavez  que  devant  il  y  a 
«  pailles,  et  fumiers  qui  sont  boutez  tous  hors  des 
<•  estables  des  cureurs  de  elievaul.r,  el  là  vous 
«  povez  mettre  deux  cens  hommes,  sans  ce  que 
'■  ame  (personne)  les  voye.  "  (Le  Jouvenc.  fol.  40.) 

VARIANTES  : 
CUREUR.  Le  Jouvenc.  fol.  40,  V°. 
CuRiERES.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  295. 

Cur-fu-bell,  subst.  masc.  Aorn  dune  cloche. 
Celle  qu'on  sonnoit  pour  le  couvrefeu.  (lUi  Gange, 
(j.  L.  à  Ignitegium.)  Bell,  en  auglois  ,  signilie 
cloche,  d'où  ce  mot  composé  cur-fu-bell. 

Curia  ,  sub:<t.  masc.  Courtisai;*  {'I^.  Officier  de 
ville  «. 
*  Ce  mot,  au  premier  seus,  signifie  c mrtisan. 

0  ciiriul  tant  pleine  est  court  d'envie, 
Et  de  tourment,  qui  d'acroistre  ne  cesse. 
Que  dire  puis  partout  .sanz  viilenie  : 
Foulz  la  poursuit  et  saiges  la  delesse, 
Tous  cunuulj)  que  jeunesse  deni;iine. 

Eusl.  Desch.  Pocs,  MSS.  fol.  20,  col.  3. 

^  On  a  désigné  par  le  mol  curial,  dans  le  pays  de 
Hresse,  «  les  officiers  des  villes  i|ui  servent  de  scribes 
"  sous  les  chaslelains  ou  officiers  locaux.  «  (Laur. 
•jloss.  du  Dr.  fr.)  C'est  en  ce  sens  qu'il  faut  enten- 
dre le  titre  de  graud  curial  de  Bauge.  d'Yenne, 
dansGuichenon.  Eu  latin  magnus  curialis,  dans  le 


G.  L.  de  Du  Gange  qui  l'avoit  mal  interprété  , 
suivant  la  remarque  des  nouveaux  éditeurs  [éd. 
Ilenschel,  t.  II,  p.  715,  col.  2]. 

VARIANTES  : 
CURIA..  Beauch.  Rech.  des  Théâtres,  t.  I,  p.  493. 
CuKiAL.  l'asq.  Rech.  p.  872. 
CuimiAL   Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  342,  col.  2. 

Curial,  adj.  Qui  appartient  à  la  cour.  On  disoit 
autrefois  homme  curial,  pour  homme  de  cour, 
courtisan.  "  Q'ung  homme  curial  face  bien,  ou 
.■  face  mal,  esl  tousjours  en  dangier.  »  (Le  Jouv. 
.MS.  p.  til.)  Conseiller  curial,  pour  officier  de  jus- 
tice, du  latin  curia,  cour,  juridiction.  .Xous  disons 
officier  de  la  cour. 

Prévost,  conseiller  curial. 

Eust.  Desch.  Pofs.  MSS.  fol.  254. 

De  là,  on  nommoit  amende  curiale  l'amende 
[irononcée  par  la  cour  du  seigneur.  Pains  curiaux 
étoient  les  pains  fournis  par  le  .seigneur  pour  la 
nourriture  de  ses  officiers.  «  là  chapelains  ara 
"  (aura)  par  livroison  par  sengles  jours  (chaque 
«  jour),  quatre  pains  curiaulx,  ou  deux  denrées  de 
"  pain,  et  demi  sesliei  de  vin  à  taule  (table),  et 
"  une  pièce  de  char,  ou  deux  deniers.  »  (Ch.  de 
Glermont  en  Beauvoisis  de  1208.)  Dans  une  charte 
de  l'iOtt,  pour  Creil,  on  lil:  «  Ara  en  chascune 
"  nuit  pour  livroison  3  pains  curiaux.  »  (Citation 
du  Cl.  L.  de  Du  Gange,  au  mot  Panes  curiales.) 

Curialemeut,  adv.  Courtoisement,  honnète- 
m.cuL  »  Assez  curialement  fu  messire  Raimon 
..  Bernard  repris  par  le  comte  de  Genève,  de  ce  que 
"  il  ne  s'en  alloit  à  .Jaunes.  >■  (Journ.  de  l'évesque 
de  Chartres,  cité  par  Le  Laboureur,  Préambule  de 
rHi.sl.  de  Ch.  VI,  p.  63.) 

Curialiste,  adjectif.  Qui  est  de  cour,  poli, 
civil.  (Nicot,  Cotgrave,  Oudin,  Dicl.) 

Venez  mignons  curialisles. 

Coqulllart,  p.  2. 

Ce  mot  est  pris  aussi  pour  épilhète  de  courtisan, 
et  rie  civilité,  dans  de  La  Porte. 

Curialité,  subst.  fém.  Courtoisie,  politesse. 
(Golgr.  Oudin  et  Du  Gange,  G.L.au  mol  Curialitas.) 
•'  Le  vassal  à  qui  esl  baillée,  ou  transportée  terre 
■>  féodale,  en  récompenses  des  services  eicurialite:^ 
«  qu'il  a  faits  au  donateur,  doit  quinl  denier  de  la 
'<  terre.  »  (Coul.  de  Chaumont,  en  Bassigni,  Coul. 
Gén.  t.  I,  p.  438.)  Ou  trouve  cette  disposition  répé- 
tée dans  le  IN'ouv.  Coût.  Gén.  t.  III,  p.  376.  ■>  Consi- 
"  derans  aussi  que  ,  depuis  nostre  avènement  à  la 
«  couronne,  nos  dits  cousins  ont  esté  conlinuelle- 
«  ment  nourris,  et  entretenus  à  l'enlonr  de  nostre 
»  personne,  où  ils  ont  fait  plusieurs  bons  el  agréa- 
«  blcs  services,  et  Ci(?'/fl//'<t'j,el  les  auront  lousjours 
<'  trouvez  prests  et  appareillez  de  nous  servir, 
«  etc.  "  (Godefr.  Observ.  sur  Charles  VIII,  p.  614.) 
<■  Avec  toutes  soubmissions,  el  curialite%,  il  prie 
"  les  citoyens  de  le  vouloir  secourir  de  trois  cens 


(1)  «  Une  bourse  de  cuir,  en  laquelle  avoienl  plusieurs  papilotes  d'argent  et  une  curette  à  curer  oreilles  et    dens.    »  (JJ. 
191).  p.  8{i.  an.  1W0.)  C'e.^t  aussi  un  instrument  de  chirurgie  servant  à  l'extraction  de  la  pierre.  (Paré,  XV,  45.)  (N.  E.) 

(2)  C'est  par  une  fauss'^  étymologie  de  cnur,  qui  vient  de  curtin,  non  de  cuna,  que  curial  est  synonsTne  de  courtisan.  Les 
curiales  romains  correspou'laient  aux  collecteurs  de  l'ancien  régime,  agents  gratuits  du  pouvoir  central.  (N.  E.) 


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-    441  — 


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«  mi!  escus,  en  la  nécessilé  qui  se  présentoit.  » 
(Pasq.  Hecli.  p.  498.)  •■  Il  advient  ordinairement  que 
«  toutes  choses  qui  sont  du  coniniencemenl  inlro- 

0  duiles  de  curialité,  et  comme  disent  les  eccle- 
«  siastiques  d'une  louaWe  couslnme,  se  tournent 
"  par  progrès  du  temps  en  oblioation.  »  (Id.  ibid. 
page  381.) 

Curie,  subst.  fém.  Gourde  Rome.  (DicUonn. 
d'Oudin.) 

1.  Ciirier,  verbe.  Dans  le  sacre  des  Rois,  ms.  de 
Charles  V,  on  trouve  écrit  de  sa  main,  qu'il  le 
fit  ^  coriiger,  ordeiner  ,  eurier  et  liistorier  en 
«  ioG5.  »  (Choisy,  Vie  de  Charles  V.) 

2.  Ciirier.  [Intercalez  Curier,  variante  de 
f«wJer  (voyez  ce  mol),  ennuyer  :  .>  Pour  le  cause 
"  de  ce  que  il  avoit  fortement  apovri  et  cuniel 
»  Cambresis.  »  (b^roissart,  111,29.)  Au  t.  XVI,  p.  57, 
le  texte  donne  ennuyé  et  les  variantes  :  "  Curie  de 
«  toutes  choses.  »J  [n.  e.) 

Curies,  subst.  masc.  plur.  Recherches,  arti- 
fices. «  Pour  obvier  h  lelx  fraudes  et  malices,  et 
«  pour  extirper  tels  curies  de  mal  fait,  et  de  mal 
<'  example,  etc.  »  (Ord.  t.  II,  p.  5<)4,  an.  1354.) 

Curieus,r/(/J.Soigneux,em  pressent  J.S.Bernard, 
p.  301,  ayant  recommandé  dans  le  carême  non 
seulement  l'abslinence  des  viandes,  recommande 
aussi  le  jeûne  de  toutes  les  espèces,  dit  :  »  Junsl  li 
»■  oroille  (que  l'oreille  jeûne),  junsl  li  langue,  junst 

»  li  mains junst  li  oyis  de  lo.^  curious  eswarlz 

«  (dans  le  latin  curiosis  aspectibus)  et  de  tôles 
"  envoiseuresidans  le  \i\Vm petulantia.)  »  Ondisoit 
CM7ieus  et  entenlis.  (Ord.  t.  I,  p.  775.)  «  Milhridates, 
«  ce  dit  Plinius,  fut  un  très  grant  roi  à  .son  temps, 
«  moult  ententis  et  curiaulx  es  choses  ou  sciences 
<'  dessus  dittes.  »  (Eust.  Desch.  Poës.  mss.  fol.  381.) 
»  Slout  doivent  penre  garde  li  père  et  le  mère  a  qui 
«  il  font  nourir  leur  enfant  ,  car  nourices  poi 
«  curieuses  (2)  ont  mis  maint  enfant  à  mort.  » 
(Beaumanoir,  p.  347.) 

De  chanter  ai  volenté  curkntse 
Pour  une  dame  à  cui  faute  doi. 

.\tlaii5  li  lioçus.  Poi'S.  MSS.  avant  1300.  l.  IV,  p.  407. 

VARIANTES  '. 
CURIEUS.  Ord.  des  R.  de  Fr.  t.  h  p.  775. 
Curieux.  Modus  et  Racio.  MS.  fol.  1U7,  R". 
CURIA.ULX.  Eust.  Uescli.  Poës.  MSS.  fol.  281,  col.  1. 
Guaious.  S.  Bern.  Serra,  fr.  MSS.  p.  301. 

Curieusement,  adv.  Soigneusement*.  Avec 
affectation  ^. 

*  Dans  le  premier  sens,  on  disoit  d'une  petite  voie 
gardée  soigneusement  »  qu'elle  estoit  moult  (,'»)'k'î/.- 

1  sèment  gardée.  »  (Ch.  S.  Denis,  t.  I,  fol.  171.)  (3) 
°  Ce  mol  signilloit  aussi  avec  affectation  ou  pré- 
tention.  "  Personne    n'est  exempt  de  dire   des 


«  fadaises  ;  le  malheur  est  de  les  dire  curieuse- 
«  sèment.  »  (Ess.  de  Mont.  t.  III,  p.  1.) 

Curieuseté ,  subst.  fém.  Curiosité.  (Daïf , 
folio  'im  ) 

VARIANTES  : 
CUniEUSETÉ. 
CuRiosiTEiz.  s.  Bern.  Serin,  fr.  MSS.  p.  2  (4). 

Curiosité,  subst.  fém.  Excellence,  rareté*. 
Soin,  attention  °. 

*  Dans  le  premier  sens,  on  disoit  :  «  Parfums 
«  d'une  extrême  curiosité.  >>  (Ess.  de  Montaigne, 
t.  II,  p.  717.) 

^  On  trouve  ce  mot,  dans  la  seconde  acception, 
en  divers  passages  de  nos  anciens  historiens.  Le 
roi  Charles  VIlH  allant  h  Naples,  passa  pai'  Brian- 
çon.  »  Après  il  fut  mené  en  son  logement  qui  par 
«  curiosité  luy  estoil  préparé  hors  de  la  ville,  en  une 
»  hostellerie  la  plus  grande  et  spatieuse  qu'on 
<•  puisse  voir.  »  (Pierre  Desrey,  Voyage  de  Charles 
VIII  à  Naples,  p.  195.)  «  Oiit  tous  ,  par  bonne 
"  délibération,  fuit  très  humble  regi'aliation  (remer- 
«  ciment,  reconnoissance)  a  vostre  royale  majesté 
«  de  la  très  noble  curiosité  el  soiiveii;;nce  i(ueavez 
«  persévérammenl  à  la  conservation ,  paix ,  et 
«  union  de  vos  très  humbles  sujets.  »  (Godefroy, 
Observ.  sur  Charles  VIIl,  p.  503.) 

Curiz,  subst.  masc.  Cuir,  courroie,  lien.  C'est 
en  ce  sens  que  ce  mot  est  employé  dans  ce  vers  : 

Tant  seulement,  ains  est  ses  curiz. 

Eusl.  Descli.  l^ës.  .MSS.  fol.  209. 

On  disoit  cuiriée  pour  courroie. 

Curlins ,  subst.  masc.  plur.  Travailleurs.  On 
noi.imoit  ainsi  les  travailleurs,  en  parlant  de 
sièges.  «  Pionniers  et  curlins  assemblés  par  les 
«  ennemis  à  Ypres  comme  pour  faire  un  siège.  » 
(Peliss.  Letl.  Hisloriq.  t.  III,  p.  34.) 

Gurminée,  subst.  fém.  Espèce  de  mets. 

Il  fait  bon  estre  son  voisin 
Pour  avoir  de  la  cHriniiiée. 

Eust.  Desch.  Poês.  MSS.  fol.  231.  col.  2. 

Currnulx,  subst.  masc  plur.  Sorte  de  troupes. 
On  les  nommoit  ainsi  du  mot  Curbe  ci-après,  parce 
qu'elles  combatloient  sur  des  chars.  «  Les  chevau- 
»  oheurs  et  t'Hrrn»/,»' bretonscommirent  aigrement 
"  bataille  contre  les  Romains.  >■  (Tri.  des  IX  Preux, 
page  3i0.) 

Curre,  subst.  masc.  Char,  chariot.  (Borel,  Du 
Gange,  G.  L.  au  mol  Carrociu)n.)  On  disoit  curre 
triomphal,  pour  char  de  tiiomphe.  (J.  d'Aulhon, 
Ann.  de  Louis  XII,  p.  73.)  11  faut  lire,  au  lieu  de 
curces  trioinpliaus,  curres.  etc.  dans  Al.  Charlier 
(Quadril.  Invec.  p.  415.)  Charles  V  envoya  à  l'empe- 
reur, pour  l'amener  à  Paris,  en  1377,  une  voiture 


(t)  Dans  Roland  (v.  1813),  il  signifie  soucieux.  Il  se  dit  encore  de  ce  qui  excite  la  curiosité  (Machiult,  p.  96)  :  «  Ou  avoir 
robes  curieu.-ies,  Joiaus,  deniers,  chevaux,  destriers.  »  (Machault,  p.  96.)  (n.  e.) 

(2)  «  Le  suppliant  fery  ledit  entant  plus  pour  le  doctriner  et  enseigner,  afin  que  autrefoiz  il  feust  plus  soigneux  et  curieux 
de  icelles  bestes  garder.  »  (.1.1.  106,  p.  378,  an.  1374.)  (n.  e.; 

(3)  On  lit  dans  Beaumanoir  (LXIX,  2):  «  Il  m'est  avis  que  c'est  resons,  par  ce  que  cascuns  gart  plus  curieusement  celi 
dont  il  est  hoirs.  »  Dans  les  Machabées  (II,  2),  on  a  au  même  sens  corioscinetil.  (N.  E.) 

(4)  Marie  de  France  (Purgatoire,  1429)  écrit  :  «  Vie,  senz,  curinscté  En  dras,  e  vivre  à  grant  planté  »,  c'est-à-dire  recherche 
dans  l'habillement.  (N.  E.) 

IT.  56 


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442 


eu 


attelée  de  clievaux    blancs ,    appelée    charioL  et 

curre  dans  la  Cliroii.  S.  Denis,  l.  111,  fol.  34.  (1) 

Il  me  faudioit  avoir  un  curre. 

Eust.  Deschamps,  PoSs.  WSS.  fol.  406,  col.  •^. 

VARIANTES    : 
CURRE.  Chron.  S.  Denis,  t.  HT,  fol.  34,  V». 
Cure.  Hist.  de  la  S'"  Croi.x,  MS.  p.  4. 
QUEURRE  Gloss.  de  l'Hist.  de  Bret. 
CURCE.  Al.  Charlier,  Quadril.  inv   p.  415. 

Cui'rié,  partie.  Corroyé,  apprêté.  C'est  le  sens 
de  ce  mot  dans  le  vers  suivant  : 

Et  moufles  bien  ciirriés. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  7CJ5,  I.  H.  f  213. 

Cursaire.fldj.  Qui  fait  des  courses.  Les  Romains 
appeloienl  légions  ciirsaires,  les  troupes  destinées 
pour  aller  à  ladécouverle.  Nous  disons  aujourd'hui 
troupes  légères.  •>  Se  mirent  en  une  embuscade 
«  soubz  la  conduite  du  duc  Corbeus,  affin  de  sur- 
«  prendre  les  levions  ciirsaires.  »  (Triomphe  des 
IX  Preux,  p  306.) 

Cui'soire,  subst.  niasc.  et  adj.  Propre  à  la 
course.  Ce  mot,  mis  comme  adjectif  dans  la  Chron. 
de  S.  Denis,  t.  II,  fol.  36,  où  Ion  trouve  «  nefa 
«  eursoires ,  naves  cursoria-  »  dans  le  laiin  de 
Rigord,  s'employoit  plus  souvent  comme  substantif, 
ainsi  rm'il  paroit  par  les  passages  suivans  :  "  Me 
«  mandez  incontinent  par  vos"  eursoires  toutes 
«  nouvelles,  et  le  pluslost  que  vous  pourrez.... 
«  envoya  eursoires  en  mer  pour  scavoir  si  le  dict 
«  roy  d'Arragon  esloit  prest.  »  (J.  d'Authon,  Ann. 
de  Louis  XII,  p.  280  )    . 

Cui'sor,  subst.  mase.  Courrier.  Ce  mot  est  pris 
en  cette  signilication,  dans  le  passage  suivant,  oîi 
cependant  il  semble  employé  comme  synonyme  de 
chambrier.  «  Et  de  fait,  par  un  cî/rsor,  ou  cham- 
«  brier,  le  pape,  sur  le  raport  qu'on  luy  avoit  fait 
«  qu'un  certain  Ilolandois  estoit  là,  fut  cherché, 
«  mandé,  et  appelle.  »  (Contes  d'Eutrap.  p.  227.) 

Curtaysie  ou  Curtesie.  [Intercalez  Curlmjsie, 
dans  la  locution  eurtaijsle  d^Anglelerre,  coutume 
par  laquelle  le  mari  pourvu  d'enfants  a  l'usufruit 
viager  des  liefs  de  sa  femme,  si  celle-ci  meurt 
avant  lui:  <•  Lequel  sire  Jean  engendra  sur  ly  un 
«  fils,  ou  une  fille,  que  mourust,  issi  ke  après  la 
«  mort  Jeanne,  sire  Jean  le  Despeusér  tint  le  maner 
«  du  chastel  per  la  curtaysie  de  Englelerre.  » 
(Monasticon  Angl.  II,  p.  645.)]  (n.  e.) 

Curtin.  [Intercalez  Curti)i  ,  courtil,  au  reg. 
JJ.  132,  p.  lûô,  an.  1387:  »  Item  un  eurlin  séant 
«  dehors  les  murs,...  emprès  le  curtin  messire 
«  Eude  Bonni;...  ledit  curtin  au  pris  de  quatre 
<•  livres  tournois.  »]  (n.  e.) 

Curtiner,  verbe.  Enclore.  (Du  Cange,  Gl.  Lat. 
au  mot  Ineortinare,  sous  eostis  2.) 


(hii'tLver,  verbe.  Cultiver.  "  Puis  soit  enquis, 
■■  de  mesme  le  boys  (dans  le  bois  mesme)  combien 
«  chescune  acre  vault  par  an,  pour  tenir  a  bos- 
"  cage,  ou  pour  assarter  (défricher)  ou  pour  curli- 
«  ver.  "  (Brill.  Loix  d'Anglel.  fol.  181,  V".) 

Curvatiire,  subst.  fém.  Courbure.  Le  Glossaire 
de  Marol  interprète  «  en  ligne  courbe.  >> 

Cusantous.  [Intercalez  Cusantous,  dépenses, 
au  reg.  JJ.  65  [2],  p.  146,  an.  1327:  Leurs  grans 
«  froiz,  cusantous  et  travaux.  »]  (n.  e.) 

Ciisin,  subst.  mase.  Espèce  d'insecte.  Nous  le 
nommons  encore  cousin.  (Voyez  Cotgrave.) 

Tant  n'est  la  puespe  ennemie  au  raisin, 
Ny  au  beigeail  le  moleste  cusin, 
Quand  de  moissons  la  campagne  est  féconde. 
PoL's.  d'Amad.  Jamin,  fol.  2i7,  V*. 

Cussin,  subst.  Coussin.  (Voyez  S.  Bern.  Serm. 
fr.  MSS.  p.  26.)  Dans  le  latin  pulvinar. 

Ciisté,  sut)St.  mase.  Côté. 

Il  a  çainte  sin  spede  et  mise  à  sen  custé. 

Po«s.  MSS.  av.  1300.  I.  IV,  p.  I3C5. 

Custel,  subst.  mase.  Château.  Peut-être  est-ce 
une  faute,  et  doit-on  lire  castel.  Cependant  l'ortho- 
graphe ci/s/p/ est  répétée  deux  fois  dans  le  même 
recueil. 

Por  aler  sui-  Noevile  le  cuslel  asalir. 

Pois.  MSS.  av.  13U0,  1.  IV,  p.  13G3. 

Se  Dex  me  laisse  viner  (venir)  vers  cusiol  de  Noeville. 

Ibid.  p.  4367. 

Custode,  subst.  ?Hasc.  Gardien  *.  Rideau  de  lit  ^. 
Etui  '^.  Bandeau  °.  Pièce  d'échecs  ^  (2). 

*  Ce  mot  vient  du  latin  custos  qui  signifie  gardien. 
(Dict.  de  Monel.)  De  là  sont  nées  toutes  ses  autres 
acceptions. 

^  Ainsi  on  a  nommé  custode  les  rideaux  d'un  lit, 
parce  qu'ils  le  renfermoient  et  le  gardoient  contre 
le  jour.  (Dict.  d'Oudiu.)  C'est  en  ce  sens  qu'il  faut 
entendre  fHS/of/t'  dans  le  passage  suivant:  «  On 
«  entreprend  contre  Charles  une  tragédie  [les 
»  Vêpres  siciliennes]  qui  fut  jouée  à  trois  person- 
«  nages,  dont  Proubite  esloit  sous  la  custode,  le 
«  Prolecole,  uns  Pierre  d'Arragon,  Michel  Paleo- 
'i  logue  empereur  de  Constantinople ,  le  pape 
"  Nicolas  troisième.  »  (Pasq.Rech.  p.  744)  La  reine 
était  en  couche,  en  1401,  ■•  et  cheut  le  tonnerre.... 
«  la  chambre  de  la  reyne,...  et  brusia  toutes  les 
»  custodes,  et  courtines  de  son  lit.  »  (Juvenal 
des  Ursins,  Hist.  de  Charles  VI,  p.  146.)  Charles  IX, 
quelques  moments  avant  sa  mort,  dit  qu'on  luy 
tirast  «  sa  custode  «  voulant  essayer  de  reposer,  et 
sa  nourrice  s'approcliant  tout  doucement  du  lit, 
■<  tira  la  custode.  »  (Journ.  d'Henry  111,  an  1574, 
t.  I,  p.  33.)  Cemoieustode  (3),  encore  en  usage  pour 
signifier  les  rideaux  qui  servent  dans  les  églises, 


(i)  «  Et  luy  envoya  la  nuit  de  sabmedy  un  des  curres  de  son  corps  noblement  appareillé  et  de  chevaux  blancs  attelé.  » 
Dans  un  hommage  de  1387,  «  le  seigneur  de  Mausson,  quand  le  seigneur  ou  dame  viennent  nouvellement  à  Mirebeau,  soit 
en  curre,  ou  cheval,  doit  avoir  et  prendre  un  cheval  de  curre,  lequel  qui  luy  plaira,  ou  celui  sur  quoy  ils  chevaucheront.  » 
(Du  Cange,  II,  202,  col.  3)  Voyez  la  note  sou.';  Carrosse.  (N.  E.) 

(2)  Custode,  aujourd'hui  cuslon  en  Normandie,  est  le  sacristain  (Benoît  de  S'  More,  II,  v.  25447)  :  «  Hoc  avoit  >m  segrestein, 
Cualode  et  garde  et  marrogler.  »  Cornparez  Costre,  Coulre,  Cuistre.  (N.  E.) 

(3)  On  lit  aussi  au  reg.  .IJ.  176,  p.  3'75,  an.  1445  :  «  Icellui  Andry  tira  et  sacha  les  courtines  ou  custodes  de  la  bouticled'icellui 
barbier.  »  (N.  E.) 


eu 


443  — 


eu 


d'ornement  aux  autels,  désigne  un  temple  profane 
dans  le  Vray  et  parf.  amour,  fol.  98. 

•=  Par  analogie,  on  a  aussi  nommé  custode  un 
étui,  une  boile^l),  une  armoire,  etc.  «  Remist  le  livre 
«  et  l'eslolle  eu  leur  custode.  «  (Lancelot  du  Lac. 
t.  III,  fol.  88.)  »  Lors  monta  et  prinl  congé  de  luy, 
><  et  se  mist  au  chemin,  et  le  menestrier  demoura 
»  tout  seul,  si  print  sa  harpe,  et  la  mist  en  sa 
«  custode,  puisse  mist  au  chemin.  »  (Perceforest, 
vol.  II.  fol.  81.)  «  Encore  sont  utensiles,  secrius, 
«  huches,  coffres,  custodes,  soit  à  melire  armures, 
«  ou  autres  choses,  chaliz,  perches  à  draps,  chan- 
'■  deliers,  lanternes.  »  (Bout.  Som.  Rur.  p.  435.) 
Richard  ,  roi  d'Angleterre  ,  ayant  résigné  son 
royaume  au  duc  de  Lancastre,  lui  remit  son  sceptre 
et  sa  couronne.  Celui-ci  les  ayant  remis  à  l'arche- 
vêque de  Cantorbéry,  on  fit  «  emporter  en  coffres, 
«  et  en  custodes  les  deux  joyaux  solemnels.  » 
(Froiss.  liv.  IV,  p.  338,  au  1398.)  (2) 

"  On  a  appliqué  le  nom  de  custode  aux  bandeaux 
dont  les  femmes  ridées  se  servoient  pour  cacher 
leur  front,  et  en  effet  ces  bandeaux  éloient  comme  les 
gardiens  qui  empêchoient  qu'on  aperçut  les  rides. 

Quelqu'une  qui  a  front  ridé. 
Porte  devant  une  custode. 

Coquillart,  p.  50  et  5t. 

^  Enfin  on  nommoit  custodes  les  pièces  des  échecs 
(jue  nous  appelons  tours,  et  qui  sont  comme  les 
gardiennes  par  excellence.  Dans  la  description 
«  du  bal  joyeux  en  forme  de  tournoy  »  (lui  fait  le 
sujet  du  24'  chap.  du  V'  livre  de  Pantagruel,  dans 
Rabelais,  et  dans  lequel  l'auteur  fait  une  allégorie 
du  jeu  des  échecs  aux  personnages  de  cette  fête, 
on  "lit  :  "  En  la  salle  entrarenf  trente  deux  jeunes 

«  personnaiges sçavoir  est,  buict  jeunes  nym- 

«  phes,  ainsi  que  les  peignoient  les  anciens,  en  la 
«  compaignie  de  Diane,  ung  roy,  une  royue,  deux 
«  custodes  de  la  roque,  deux  chevaliers,  et  deux 

"  archiers les  roynes  à  costé  de  leurs  roys 

«  deux  archiers  auprès  de  chascun  costé,  comme 
»  gardes  de  leurs  roys  et  roynes.  Auprès  des 
«  archiers  deux  chevaliers,  auprès  des  chevaliers 
"  deux  custodes,  au  ranc  prochain  devant  eulx 
«  estoieut  les  huicl  nymphes.  »  (Rabelais,  t.  V, 
p.  HO  et  111.) 

VARIANTES  1 
CUSTODE.  Orlh.  subsist. 
Custodes.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  330,  R»  col.  1. 

Custotli-nos  ,  subst.  masc.  Dépositaire.  Xom 
donné  ù  des  laïques  tenant  des  bénéfices  en  qualité 
de  simples  dépositaires.  (Voyez  Lett.  de  Pasq.  t.  I, 
p.  306.)  ••  Les  princes  sécu  iers  ont,  sur  ces  com- 
(■  mandes,  basty  lantost  des  œconomes,  tanlosl  des 
«  custodims  et  dépositaires,  la  pluspart  gens  de 
«  nulle  valeur,  qui  sous  de  grandes  soutanes  et 
«  bonnets  à  l'episcopale,  gardent  les  eveschez,  et 


«  abbayes,  qui  i")  un  capitaine  et  guerrier,  qui  à  un 
«  huguenot,  qui  à  gens  mariez,  qui  Ci  une  dame, 
»  voire  par  aventure  une  garce.  «  (Lett.  de  Pasq. 
t.  II,  p.  607  et  608.)  »  Le  roy  nomme  aux  eveschez, 
«  et  abbayes,  des  custodinosen  faveui'  des  princes, 
«  et  des  seigneurs.  »  (Ibid.  t.  III,  p.  708.) 

Custodio,  SH&s^  inasc.  Poitrine  d'animal.  Mot 
languedocien.  (Du  Gange,  G.  L.  au  mot  Custodia  6.) 

Ciistoier  (se),  verbe.  Se  cacher.  Ce  mot,  en  ce 
sens,  paroît  être  une  variation  de  l'orthographe 
CuTER  ci-après,  cacher. 

Ly  riches,  a  tout  se  monnoie, 
Pour  ses  bas  parens  se  cu.^loie. 

Eusl.  Desch    Pops.  MSS.  fol.  87.  col.  3. 

Gustoves  ,  subsl.  masc.  pluriel.  Partie  d'un 
vaisseau. 

Nez  commencent  a  perillier, 
Hors,  et  chevilles  à  froissier, 
Rompent  ciisloreif  et  bors  croissent 
Voilles  despiecent  et  mas  froissent. 

Rom.  du  Brut.  MS.  f.il.  Ifl,  R°  col.  2. 

Ciistote,  subst.  Partie  de  l'habillement  d'un 
chevalier  du  Bain.  Un  chevalier  du  Bain,  à  sa 
réception,  devoit  être  «  reveslu  d'une  rnbe  de  bleu, 
«  et  les  manches  de  custote,  en  guise  d'un  prestre, 
«  et  il  aura  à  l'espaule  senestre  un  laz  de  blanche 
«  sove  pendant.  »  (Du  Cause  ,  Gloss.  latin  ,  au 
mot  Miles  [éd.  Ilenscbel,  IV,  399,  col.  2].) 

dite.  [Intercalez  Cute,  cachette,  au  reg.  JJ.  182, 
p.  78,  an.  1454:  «  Le  suppliant  et  autres  ses 
«  complices  avolent  esté  par  nuit...  en  une  cute, 
«  laquelle  estoit  en  la  ville  de  Condé...  et  icelle 
"  cute  avoient  rompue  et  emporté  aucuns  biens 
«  que  ilz  y  avoient  trouvé.  »  De  même  aux  preuves 
de  l'Hist.  de  Bretagne  (I,  col.  !16.'>)  :  "  Ordennons 
«  que  nuls  regraltiers...  achattent  denrées... 
«  jucques  à  l'heure  devant  dite,  en  en  privé  hors 
«  du  marché,  n'en  lieu  rebot  ou  en  cute.  »]  (n.  e.) 

Cuter,  verbe.  Cacher.  Ce  mot  vient  du  breton 
cu%et,  qui  signifie  cacher  [c'est  le  breton  qui  vient 
de  cuter  ou  cucer}. 

VARIANTES  : 
CUTER.  G.  Guiart,  MS.  fol.  33i,  R'. 
Cutter.  Gloss.  de  l'Hist.  de  Bret.  (3) 

Cutte  cache,  subst.  masc.  Soite  de  jeu.  (Rab. 
t.  I,  p.  152.)  L'éditeur  croit  que  cutte  vient  du  latin 
cutis  et  que  c'est  le  jeu  qu'en  Lorraine  on  appelle 
cacbemains,  \)arce  qu'on  est  obligé  de  cacher  ses 
mains,  fi  peine  de  recevoir  des  coups  de  verges.  (Le 
Duchat,  Ibid.  note  90.) 

Cuvaige.  [Intercalez  Cuvaige,  endroit  où  l'on 
met  les  cuves:  »  Manoir,  ediflices,  court,  chapelle. 
«  pressouer,  cwua/ffc  et  jardins  du  lieu  seigneurial 
.<  assis  à  Vannes.  »  (Cart.  de  Lagny,  Du  Gange,  II, 
731,  col.  1.)  (.\.  E.) 


(1)  «  Icelle  suppliant  prist  huit  cuvellettes  d'argent  estans  en  une  custode  et  unes  heures  à  deu-x  petits  cloans  d'areent.  » 
(.TJ.  153,  p.  296,  an.  1398.)  (N.  E) 

(2)  Il  dit  aussi  d'un  étui  d'étain  contre  l'eau  (X,  88)  :  «  Si  se  parti  le  varlet,  la  lettre  dou  conte  et  le  briefvet  en  un  cwtode 
estamné  pour  l'yauve.  »  Comparer  le  latin  cuslos  telonim,  carquois.  (N.  E.) 

(3)  «  Mucer,  cuter  ne  povon  mie.  Car  nous  sommes  en  sa  baillie.  »  (Preuves,  II,  col.  316.)  On  lit  aussi  dans  la  Chron.  des 
ducs  de  Normandie  (v.  39125)  :  a  Mais  ne  s'i  sevent  si  esJuire  Ne  en  cel  leu  cuitcr  ne  faire.  »  (n.  e.) 


eu 


—  hkU  — 


eu 


Cuve,  mhU.  fétu.  Cuve.  Ce  mol  subsiste  et  nous 
ne  citerons  (jue  ce  qui  concerne  son  ancien  usage. 
(Du  Caiiye,  Closs.  lat.  à  Cuba  et  Cuiia.)  Ou  lit  cupas 
vint,  clans  les  annales  de  s.  Deiiin,  i)age  '202,  sous 
l'an  Gi6. 

Il  yavoildes  cuves  de  bois  employées  pour  les 
sièges  »  (msI  le  Roy  drecer  pierres  et  mangonneaul.x 
«  et  une  toui-  sur  qualre  r^tes,  et  une  cuve  de  hoija, 
»  et  (Ist  aiiareiller  et  amasser  quant  que  il  peut 
«  assembler  de  tournions,  puis  les  list  lancer  de 
'<  toutes  paris  ,  et  assaillir  par  granl  vertu.  » 
(Chron.  S.  Denis,  t.  111,  (u\.^'>,  an  1377.) 

On  appeloit  «  manteau  à  fonds  de  cuve  »,  une 
espèce  d'habilleuienL  à  l'usage  des  bommes  et  des 
femmes.  Cbarles  V  étuit  revêtu  d'un  «  manteau  à 
«  l'onds  de  cuve  »,  à  l'entrée  de  l'empereur  à  Paris, 
en  1377.  (Cbron.  S.  Denis,  t.  111,  fol.  3ô.)  Dans  une 
pièce  qui  a  pour  litre  :  «  Des  cbarges  (lui  sont  en 
"  mariage,  pour  le  mesnaige  sousleuir,  avec  les 
«  pompes  el  grans  bobans  des  femmes  »,  on  lit  : 

Et  si  (.lira  :  encore  je  vueil 

Une  fiilaine,  monseigneur, 

El  me  fault  un  mantel  greignee.ur 

Que  je  n'ay,  a  droit  fons  de  cuoe  (1). 

Eiisl.  Desc.  Pocs.  .MSS.  fol.  496,  col.  3. 

VAltlANTES  : 
CUVE.  Orlli.  subsistante. 
Cuv.^E.  Gloss.  (Je  l'Hist.  de  Bret. 

Cuvel,  subst.  mcific.  Petite  cuve.  (Colgrave  et 
Rob.  Estienne.) 

Chaudière,  baingnoire,  et  cuviaux. 

Eusl.  Desch.  Poës.  MSS.  fol.  412,  col.  3  (2). 

Cuveliers,  subst.  masc.  Ce  mot,  qui  est  le  nom 
propre  d'un  de  nos  anciens  poêles  appelé  »  .lean  11 
-..  Cuveliers  d'Arras  »  ,  semble  avoir  signifié  un 
«  faiseur  de  cuves  »  ou  «  tonnelier  ».  On  trouve 
une  pièce  de  la  composition  de  cet  auteur  (3).  (Poës. 
MSS.  av.  1300,  t.  1,  p.  381.) 

Cuvelle,  subst.  féin.  Petite  cuve.  On  trouve 
u  un  cuvier,  une  cuvelle,  un  seau,  <>  dans  la  Coût. 
de  Valeuciennes.  iNouv.  Coul.  Gén.  1. 11,  p.  258.) 

Ciivei'taige,  sttbst.  masc.  Servitude. 

D'ax  francher  de  lor  cuvertair/e  [voy.  culverkiqe]. 

Pari,  de  Bl.'MS.  de  S.  G.  fol.  124,  col.  3. 

Cuverliere.  [[ulevciûezCuveiiicre,  couverture 
d'une  maison  :  -  Item  sur  la  cuverliere  de  deux 
«  mesons ,  qui  furent  aux  Juifs  de  Cbinon,  .xx. 
liv.  t.  »]  (n.  e.) 

Cuvertise,  subst.  féin.  Mécbanceté,  trabison. 
Du  mot  cuvert,  mécbanl.  (Voy.  Clivers.)  Il  faut  lire 
cuvertise,  au  lieu  de  cuverlie  dans  ce  vers  : 

Bien  sot  couvrir  sa  cuverlie. 

Rom.  du  Brul,  MS.  fol.  51,  R°  col.  2. 

VARIANTES    : 
CUVERTISE.  G.  Guiart,  J!S.  fol.  90,  R°  (4). 
CcvERTissE.  Fabl.  MSS.  duR.  n»  7615,  t.  1,  f»  120,  R»  col.  2. 


Covep.ti.se.  Fabl.  MSS.  du  U.  n»  7615,  t.  Il,  f»  190,  V°  col.  1. 
CuVKRTiE.  Boni,  du  Orut,  .MS.  fol.  51,  R». 
CouvEiTiSE,  Rom.  du  Brut,  .MS.  de  Bomb. 

Cuvrier.  [Intercalez  Ciivrier,  tourmenter,  dans 
le  Froissait  de  l'édition   Kervyn ,  l.   III,   p.   81: 

«  Criguars  de  Mauny  cuvrioit  et  travailtoil  fort 
"  cliiaux  de  Combrai  »  De  même  au  t.  VI,  p  106: 
"  Si  eu  furent  cbil  d'Abbeville  durement  cuvryet  de 
«  vivres  et  de  pourveanches.  »  La  forme  est  admise 
par  M.  Luce(l.  V,  p.  iS'I,  1.  15):  «  Cil  d'Abbeville 
"  en  furent  trop  citvriiés,  car  là  preudroienl  il  le 
«  plus  graiit  partie  de  leurs  pourveances.  »  Ce  mot 
embarrasse  les  élymologistes  français  autant  que 
kuruir^eit  (mettre  l'épée  dans  les  reins)  embarrasse 
les  Allemands:  seraienl-ils  de  même  famille?]  (n.  e.) 
Cuyala  o  detlat.  Ce  sont  deax  mois  béarnois 
qui  se  trouvent  dans  la  «  Rubrique  des  herbages, 
art.  7.  »  Ils  désignent  «  une  étendue  de  terre  où 
'<  l'on  fail  paitre  les  bestiaux.  Si  elle  est  ouverte, 
«  elle  est  appellée  <'i/yfl/rt;  si  elle  est  entourée  de 
«  fossez,  ou  de  pieux,  elle  est  appeilée  cledat, 
«  parce  que  clede  signifie  une  barrière  de  bois 
«  avec  laquelle  on  ferme  l'entrée  de  ces  sortes  de 
"  lieux.  »  ^Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 

Guygiiié  [Intercalez  Cugguié,  comme  cugnet, 
dans  un  texte  d'Abbeville  :  .■  Une  eschache  qui  va 
«  en  magiiiere  de  euijgnié.  »]  (x.  e.) 

Cuyrage,  subst.  masc.  Plante.  Le  nom  de  celte 
plante  signifioil  «  mal  me  servez  »,  selon  le  Blason 
des  tleurs.  (Recr.  des  dev.  amour,  p.  59.) 

Cuyrien.  [Intercalez  Cu\jrien,  dioils  sur  le 
cuir,  dans  un  lexle  de  1343  (anc.  8428  .3.  fol.  67): 
'(  Cy  ensuieut  lesdiles  parties  de  la  revenue  el  de 
«'  la  despense...  le  cuyrien,  le  gressin,  les 
«  esgruns.  »]  (x,  fi.) 

Cuysanment,  adverbe.  On  lit  dans  S.  Bernard  : 
"  Encontre  les  altres  s'eslievent  ctTronleyemenl  el 
<>  euysanmenl,  et  ois  mismes  b'andissenl  sottement 
«  et  perillousemenl.  ■'  (S.  Bernard,  Serm.  fr.  mss. 
page  38.) 

On  lil  dans  le  latin  :  -  Xoii  coniraalios  tamimpu- 
«  denier,  quam  inanitei'  usinant  :  seipsos  tam  insi- 
<•  pieiiler,  quam  inuliliter  palpant,  » 

Guysots,  subst.  masc.  plur.  Ce  mot  signifie 

peut-èlre  «  jambons  »   dans  ce  passage,  oià   l'on 
trouve  : 

Faisans,  outardes,  cygnes,  paons, 
Lièvres,  perdri.x,  lappereaulx  et  connils 
Ctiysots,  patez  de  haute  venaison, 
Poules,  pigeons,  chapons  de  S.  Denys. 

André  de  la  Vigne,  Vtrjj,  d'iionn.  fol.  19,  \'. 

Cuyture,  subsl.  fém.  Soucis  cuisans.  On  le 
trouve  employé  en  ce  sens,  dans  Perceforest,  en 

mille  endroits.  «  Se  tu .  rememoyroys  les  pai- 

«  nés  et  les  travaulx,  les  seings  el  les  cuytures  qui 


(i)  A.U  .wii"  siècle,  Tallemant  des  Reaux  parle  de  haut  de  chausse  ti  fond  de  cuve.  Hauts  do  chausses  et  manteaux  étaient 
partout  d'égale  largeur  comme  les  fossés  à  fond  de  cave  qui  ne  sont  pas  talutés.  i.N.  E.) 

(2)  Au  fol.  36.3,  on  lit  :  «  Qui  fait  vignes,  li  coux  est  grans;  Car  basions  y  fauil  à  oultraige ,  Cuves,  cuvaux ,  queux, 
reliaige.  »  (n.  e.) 

(3)  «  Jehan  le  Vasseur  cuvelier...  dist  à  Regnaudin  qu'il  le  rainseroit  autre  part.  »  (JJ.  141,  p.  13,  an.  1391.)  (n.  e.) 

(4)  «  La  iiouvele  partout  aloil  IHi  grief  et  de  la  cuvertixe  Ou  Reinon  tenoit  sainte  yglise.  »  (Vers  4934  ou  5248).  (n.  e.) 


CY 


CY 


«  sont  en  amours,  elc.  ■  ^\o].  11,  f°  30,  V°  col.  1.  — 
(Voyez  Cl'isan(.;un.) 

Cuyvre,  siibst.  masc.  Cuivre.  On  [vouwe  cuprH))i 
et  cyprinum,  ;iu  même  sens,  clans  le  Gloss.  laL.  de 
Du  Gange. 

Cuzelle,  sji'fls/.  /'c'?».  Récolle.  Le  même  "  cueil- 
lette »  ci-dessus.  •■  Vcl've  acceptant  le  douaire  cous- 
«  tumitr  joiiit  des  hérilages,  et  fruicts  d'iceax,  en 
«  Testât  qu'ils  sont  lors  du  douaire  esclieu,  comme 
«  des  foins,  [)rets  îi  faucher,  ou  fener,  bleds,  ou 
«  autres  grains,  on  légumes  à  couper,  et  iccueillir, 
«  raisiiis  à  vend:inger  et  autres  telles  ciiwllex  de 
«  quelle  nalui'e  ils  soient.  »  (Coût,  de  Gorze,  Nouv. 
Coût.  Cén.  t.  Il,  p.  1080.) 

Cy,  adverbe.  Ici  *.  Oui°.  Sur  le  champ '^. 

*Dans  le  premier  sens,  on  disoil  «  jusques  cy  » 
pour  jusques  ici.  (Joinv.  p.  108.) 

On  disoit  «  aj  en  arrière  "  pour  «  ci-devant  ». 
(Ord.  t.  lit,  p.  530.)  «  Cij  endroit,  »  pour  "  ici  »  «  en 
cet  endroit  »  (.Joinville,  page  80.)  ■■  Cij  va.  cti  fuit  à 
Miraud,  »  sont  des  cris  de  chasse  pour  animer  les 
chiens,  où  le  mol  cy  est  mis  pour  ici.  (Foailloux, 
A'énerie.  fol.  50.) 

^Cy  dans  le  sens.de  «  oui  »  signiile  proprement 
«  ainsi,  »  en  latin  ••  sic  ■■  ■  disoU  que  cy.  »  (Lett. 
de  Louis  XII,  t.  11,  page  )  19.)  •■  Il  semble  que  cy.  « 
(Tenur.  de  Lilll.  fol.  31,  ?,".] 

'^Cy  se  disoil  aussi  pour  maintenant,  sur  le 
cliamp.  (Oudin,  Cur.  fr.; 

De  là,  cette  expression  «  cy-pris,  cy  mis  »,  pour 
sur  le  champ,  sans  perdre  de  tcmi)S. 

El  commanJa  que  tout  soulitaiii, 
Cij  pris  oj  Diia  (1),  on  chappelast 
Cinq  ou  six  douzaines  de  pain, 
Et  que  bientost  on  se  hastast. 

Villon,  Rep.  fr.  p.  li  et  15. 

Cy  (la  S.),  siihst.  [ém.  Ce  mot  n'est  employé 
que  dans  celte  expression  :  «  Le  pain  bénit  de  la 
«  S.  Cy.  »  'Dict.  de  Cotgrave.)  >  Ceux  (lui  ont  prins 
«  du  pain  benist  de  la  S.  Cy  se  doivent  gauler  de 
«  loucher  à  leurs  femmes.  »  (Douchet,  Serées, 
liv.  Il,  p.  256.) 

Cyc,  adj.  Ainsi.  tVoyez  Caria  Magna,  fol.  !2i,  K° 
et  8'2,  V°.)  C'est  une  formule  employée  dans  le  dis- 
positif des  ordonnances. 

Cychriotles,  subst.  pliir.  Nom  d'un  animal  mis 
au  nombre  de  ceux  que  cite  Rabelais.  (T.  IV,  p.  274.) 

Cycne,  subst.  masc.  Cigne.  L'ortliograpbe  la 
plus  approchante  de  l'étymologie  latine  es!  celle 
que  suil.Nicot. 

Ne  soiez  pas  com  li  cisne  (2) 
K'ades  bat  ses  cisneaux. 

Clians.  MSS.  du  C"  ïhib.  p.  43. 


Cliine  se  trouve  dans  ce  passage  de  l'IIisloire  de 
Charles  VU,  par  Mathieu  de  Coucy,  page  604:  «  Le 
••  chevalier  au  chine  servileur  des  dames.  » 

VABIA^TES   (3)  ; 
CYCNE.  Rabelais,  t.  III,  p.  113. 
Cygne.  Nicot,  Oudin. 
Cyne.  Pêiciîf.  vol.  VI,  fol.  118,  V»  col.  1. 
Cisne.  Borel. 
Chine.  Math,  de  Couey,  Hist.  de  Charles  VII,  p.  664. 

Cydran,  subst.  masc  Tyare.  Les  Latins  disoienl 
"  tiara,  «  ou  «  cidaris  [cidai'is  est  dans  Quinte 
<•  Curce(III,  3)]  »  d'où  ce  mol  paroiî  s'être  formé 
Alexandre,  s'avançant  vers  Jérusalem,  fut  pénétré 
de  respect  à  la  vue  du  »  prince  de  la  loy  ayant  une 
•■  esloille  d'or  j:'ccintue,  le  cydran  sur  le  ebief,  et 
'<  au  dessus  une  lame  d'or  où  esloit  escript  le  nom 
«  de  Dieu.  » 

Cye,  subst.  fém.  Scie.  (Cellh.  de  L.  Trippaull.) 

Cyei',  verbe.  Scier.  (Celtb.  de  L.  Trippault.) 

Cyerce,  subst.  masc.  Vent  de  nord-ouesl.  Mol 
languedocien,  du  latin  circius.  (Ménage,  au  mot 
Gers.)  [Voyez  ce  mot.] 

Cyeur,  subst.  masc.  Scieur.  (Cellh.  deL.  Tripp.) 

Cygnean,  adj.  Qui  appartient  au  cigne.  fDicl. 

de  Cotgrave.)  «  Blancheur  cygneanne.  »  (Epilh.de 

la  Porte.) 

Cy  ke,  adverbe.  Voici  ou  voilà.  Ce  mot,  dans 
S.  Bernard,  répond  au  mol  ecce.  «  Cy  ke  vos  eist 
«  vient,  »  pour  voici  que  celui-là  vient.  (S.  Bern. 
Serm.  fr.  mss.  p.  13,  dans  le  latin  ecce  venit  is.) 

CyiTiaise  ,  subst.  j'ém.  Sorte  de  vase.  »  On 
«  appelle  cymaises  ('<)  à  Dijon  de  ceriains  grands 
«  pots  d'elain  à  l'antique  dans  lesquels  la  vilie 
«  envoyé  du  vin  par  honneui-,  en  des  occasions  de 
«  cérémonie.  »  (Le  Duch.  sur  Rab.  t.  V,  p.  !69  (5), 
note  8.) 

Cyni])aIo  ,  subst.  [cm.  Sorte  de  tymbale  *. 
Sonnette^. 

*0n  nommoit  communément  cymbale  une  soite 
d'instrument  de  musique  fait  en  forme  de  tymbale 
ou  avec  des  lames  de  cuivre  roulé  que  l'on  tou- 
choil  avec  la  main  ou  avec  des  baguelles  (Dicl.  de 
Nicol  et  Rob.  Kstienne.)  ■'  Les  menestriers  se  rnis- 
»  rent  tous  devant,  sonnans  trompes,  clairons,  et 
'•  cors  sarrasinois,  cimballes,  et  labours  et  me- 
«  noient  si  granl  déduyl,  elc.  •'  iPercefoiesl,  vol.  I, 
fol.  105,  V"  col.  1.)  «  Le  roy  de  Thunes,  le  roy  de 
0  Trames.-en  (Tlemcen),  et  le  roy  de  Bolzie  (Bougie) 
«  vindrnel  devant  AulTrique  en  leurs courrois,  selon 
«  leur  coustume,  à  tout  leurs  naquerres,  labours, 
0  cymballes,  tréteaux,  et  giays  présenter  la  ba- 


([)  «  Pour  parler  plein,  elle  se  délivra,  ci  prins  ci  mis,  après  cette  première  course  ,  d'un  très  beau  fils.  »  (Louis  XI, 
29'  Nouv.)  (N.  E.) 

(2)  Raoul  de  Cambrai  donne  aussi  :  «  Paons  rotiz  et  bons  cisnes  pevreis.  »  (n.  e.) 

(3)  On  lit  dans  l'Hist.  or.  des  Croisades  UI,  293,  xur"  siècle):  ■<  Et  contrefais.oient  le  cinne  qui  chante  quand  il  doit 
morir.  »  On  ne  connaissait  pas  encore  le  cijrjiie  d'Australie  :  «  C'est  un  oisel  cler  semé  en  terre  ,  Si  legierement 
congnoissable,  Qu'il  est  au  due  noir  semblable.  »  (La  Rose,  v.  8746.)  .loinville  écrit  cynes  {%  525)  et  Chastelain  (1"-  partie  , 
ch.  XX)  chisne.  (N.  E.) 

(4)  «  Claude  Clerc  portant  deux  connils  cuitz  et  une  cymoise  de  vin  et  aussi  du  pain.  »  (.1,1.  195,  p.  1031,  an.  1474.)  (n.  e.) 

(5)  Rabelais  écrit  setnaise  ;  c'est  orne  mesure  contenant  8  setiers  de  Paris,  (n.  e.) 


cv 


—  446  - 


CY 


»  faille.  "  (Hisl.   de  Loys  III,  duc  de  Rouri)on,  ! 
p.  ^m.)  (1) 

Flûtes,  llajolz,  cymbales  bien  sonantes. 

Crétin,  page  W. 

°  On  donnoit  aussi  le  nom  de  cijmhales  à  de  sim- 
ples sonnettes.  «  L'ne,iTiuliet  aveciiue  ses  cymba- 
■.  les.  ..  (Hah.l.  I,  p. '103.) 

VARIANTES    : 
CVMRALE.  Crétin,  p.  40. 
CiMiîALE.  Percef.  vol.  I,  fol.  105,  V»  col.  1. 

Cyme,  siihf't.  fcm.  Hejeton  de  plante  (2).  (Dict.de 
Monet,  de  Nicot.  de  Cotgrave.) 

Cymeron.  [Intercalez  Cijmeron,  bout  du  nez, 
au  règ.  JJ.  125,  p.  150,  an.  I38i;  «  Sacha  un  graut 
«  cousiel  et  en  feri  l'exposant  sur  le  visaige,  et  lui 
«  coppa  le  cijmeron  du  nez  tout  jus  et  le  fendi 
«  jusqu'aux  dens.  »]  (n.  f,.) 

Cymese,  subst.  fém.  Cimaise.  Terme  d'archi- 
tecture. (Coût.  Gén.  t.  II,  p.  272.)  (3) 

Cyinetere,  sh/^s/.  Cimetière.  (Voyez  Duchesne, 
Gén.  des  Cliaslaigners,  p.  27,  til  de  1220.)  Il  est  dit, 
parlant  des  lieux  où  les  curés  mettoient  leurs 
dimes  :  «  Grange  ou  cemetiere  por  traire  lor 
«  dismes.  »  (Perard,  Hisl.  de  Bourgogne,  p.  28, 
titre  de  1255.) 

Cymetiere ,  subst.  masc.  Cimeterre.  Espèce 
de  sabre. 

Escharpe,  tout  jusques  au  cymetiere. 

Eusl.  Desch.  Poc's.  MSS.  fol.  112,  col.  2. 

On  a  dit  aussi  cymetiere  pour  cemetiere.  (Voyez 
Cementieue.) 

Cymier,  subst.  masc.  Cimier.  On  lit  «  cymier 
«  de  cerf  ■>  ,  pour  ^>  cimier  de  cerf.  >>  (Petit-Jean 
de  Saintié,  p.  552.) 

Cynamon,  subst.  masc.  Cinnamome,  canelle. 

En  ma  chambre  a  bon  aromas 
De  cijnamoii,  mirre,  alloé  (4). 

Eust.  Desch.  Pocs.  MSS.  fol.  530,  col.  i. 

Cynanclie,  subst.  Lacet.  Proprement  «  lacet  à 
»  étrangler  un  chien  >■  ,  suivant  Laurent  .louberl, 
cité  par  Le  Ducbat,  sur  Rabelais,  t.  III,  p.  2G2,  note  7. 

Cyiietailles  (par)  ,  express,  adverbiale.  A 
l'aventure,  pour  par  conjecture. 

«  Hélas  !  ceux  qui  de  tous  faire  parlent,  ordon- 
«  nent,  et  conseillent  ne  scavent  pas  les  maulxque 
«  tu  sens,  aincoys  eu  ordonnent  ainsy  comme  par 
<<  cynelailles;  peu  leur  couste  de  dire;  mais  à  inoy 
»  en  gist  au  fuire  le  mistere  ;  helas  comment  fera 
<'  l'homme  bonne  chère  sans  cueur,  sansvoulenté, 
<'  et  sans  plaisance.  »  (Perceforest,  vol.  V,  fol.  76, 
V,-  col.  2.) 


Cyneulle,  subst.  masc.  Espèce  de  dévidoir.  Ce 
mol  s'esl  conservé  en  Xoi-mandie,  dans  quelques 
manufactures.  Quoifiu'il  ail  éprouvé  une  allération 
assez  considérable,  on  peut  cependant  le  recon- 
noîtredans('/)/,7H0//<^,  instrument  composé  de  quatre 
ailes,  sur  lequel  on  dévide  les  fuseaux  de  trame. 
On  le  fait  tourner  comme  une  roue,  avec  unepetite 
manivelle.  On  se  sert  plus  communément  du  mot 
liasple.  «  C'estoieut  toutes  vieilles  matrosne  barbues, 
«  et  eschevelées  (|ui  menuieut  le  plus  laid  deduyt 
«  qu'on  ne  pourroitouyr,  et  tenoient  en  leur  mains 
«  sellettes,  et  bourdons  hesples,  ou  cijneulles,  et 
«  eu  alloient  escrimissant  les  unes  aux  autres  , 
«  ainsi  que  toutes  enragées.  »  (Perceforest,  vol.  Il, 
fol.  14,  V°col.  1.) 

Cynople,  subst.  masc.  Siuople.  Couleur  verte 
en  armoiries.  (Le  Labour.  Orig.  des  Armes,  p.  133.) 

Cynsours,  subst.  masc.  plur.  On  disoit  autre- 
fois «  cijusours  de  burses,  »  pour  coupeurs  de 
bourses.  ■•  Et  de  cynsours  de  burses,  volons  que 
«  celuy  que  la  burse  coupe,  si  autre  mauvaiseté  ne 
«  evt  fait,  eit  jugement  de  pillori.  »  fBritt.  Loix 
d'AhgIeL  fol.2i,  V».) 

Cypre  ,  7iom  de  lieu.  Chypre.  (Marbodus  , 
colonne  1662.) 

Cypressier,  adj.  Qui  est  de  cyprès.  (Cotgrave 
et  oiidin,  Dict.) 

Cyr,  subst.  Nous  ne  pouvons  déterminer  le  sens 
de  ce  mol  employé  dans  cette  expression  de  Bran- 
tô:ac  :  «  Les  belles  dames  et  filles  de  cyr.  «  H  y  a 
peul-êlie  faute  dans  le  texte,  où  Cyr  est  un  nom  de 
lieu,  t^et  auteur,  comparant  les  habillemens  des 
femmes  de  son  temps  avec  ceux  des  dames  romai- 
nes, que  l'on  appeloit  «  à  la  Nympbale,  »  et  dont 
on  retrouve  le  modèle  dans  les  anciens  monumens 
de  Home,  s'exprime  ainsi  :  «  Mais  aujourdhuy  les 
«  belles  dames  et  lilles  de  cyr  [lisez  cy  pour 
»  ci  (ici)],  et  qui  les  rend  aimables  certes,  ce  sont 
«  bien  leur  beautez,  et  leurs  gentillesses;  mais 
«  aussi  leurs  goi'giales  façons  de  s'habiller,  et 
«  surtout  leurs  rob'bes  fort  courtes,  qui  moustrent 
»  à  plein  leurs  belles  jambes,  etc.  »  (Brant.  Dames 
Gall.  t.  I,  p.  420.) 

Cyragîe ,  subst.  masc.  Goûteux.  Proprement 
qui  à  la  gouUe  aux  mains.  «  Je  ne  t'ay  sçu  excuser, 
«  sinon  que  tu  es  si  cyragic,  et  que  les  mains  qui 
<<  me  souloyent  rescripre  ne  savent  plus  tenir  la 
>■  plume,  parquoy,  s'il  est  vray,  etc.  "  (Tabri,  Art  de 
Réthor.  fol.  157.) 

Cyve,  subst.  mffsc.  Sire,  seigneur.  Nous  écrivons 
sire',  mais  à  toi-t,  car  ce  mot  vient  du  grec  xvçeoç. 


(1)  On  lit  dans  Eust.  Deschamps  (fol.  405)  ;  «  Engineurs,  maçons  ,  charppntiers  ,  Qne  fumée  suit  voulentiers  ,  Joueurs 
d'orgues  ou  de  cymbale,  Feront  meslier  es  maistres  sales.  «  Un  lib.  psahnor.  du  xii»  siècle  (p.  231)  doune  «  cymbics  bien 
sonanz.  »  (n.  e.) 

(2)  On  trouve  cimeaulx  au  reg.  .IJ.  207,  p.  2i5,  an.  1481  :  «  Iceulx  supplians  se  prindrent  à  copper  des  cymeaulx  dudit 
bois.  »  (N.  E  ) 

(3)  Au  t.  I,  p.  201,  on  lit  :  «  Au  regard  des  lancieres  jambes  de  cheminée  et  cymaises,  le  voisin  les  pourra  percer  tout  outre 
ledit  mur.  pour  y  asseoir  les  dites  lancieres  et  ciiinaisc><  à  fleur  dudit  mur.  n  (N.  E.) 

(4)  On  lit  dans  une  charte  de  1-422  au  cart.  de  Corbie  :  «  [Ricouart  de  Liekprke  escuier  bourgeois  de  Gand]  sera  tenus  de 
rendre  et  paier  chascun  an  à  l'église  ou  à  son  command  la  somme  de  .Liv.  livres  de  gros,  vint  livres  de  cyiwmomc  ,  vint 
livres  de  gingembre  de  mesche  et  une  livre  de  safren.  »  (n.  e.) 


CY 


447  — 


cz 


Ainsi  la  vraie  orlliographe  devroit  être  cijre  [sire 
vient  de  senior'].  iBolel,  au  mot  Mo7isieitr,  Dicl.  de 
Cotgrave  et  Rabelais,  t.  I,  p.  212.,  Ou  donnoil 
autrefois  ce  nom  aux  saints  : 

Cire  S.  Mor,  rendez  le  moy  goûteux. 

Eusl.  Desch.  Pues.  IISS.  fol.  207,  col.  2. 

Cyrograffer,  subst.  7n(isc.  Greffier.  »  Et  ausi 
"  de  cleis  de  noslre  couit  de  la  cliancellerie,  et  de 
"  l'un  brancke,  elde  l'autrcetdeclersdel  Escbeker 
■'  que  parnent  plus  d'un  dener  pur  l'escripture  de 
«  un  bre  de  eyrograffers  que  plus  parnent  de  iiii 
"  S.  pur  le  cyrogratTe.  »  (Brilton,  Loix  d'Anglet. 
folio  37.) 

1.  Cyi'ograplie,  subst.  masc.  Signature  privée, 
billet  signé.  (Ordonn.  t.  V,  p.  135.)  On  disoit  : 
"  Lettres  de  chirographe  «  pour  lettres  sous  seing 
privé,  et  particulièrement  certaines  lettres  qui  «  se 
.1  faisoient  en  double,  et  dont  l'une  se  bailloit  à 
«  partie,  l'autre  se  mettoit  au  coffre  des  eschevins.  » 
(Gloss.  sur  les  Coût,  de  Beauvoisis,  et  Du  Gange, 
GI.  lat.  à  Chirographi.)  [Voyez  Chirographe.] 

2.  Cyrogi"aplie,s(/ùs/.  Tilreou  autre  lettre  écrit 
de  la  main  de  celui  qui  le  donne.  «  Avoms  nos 
"  notre  seal  mis  a  ccste  lettre  fête  en  foime  de 
«  cijrograf.  <>  (Rymer,  lome.  I,  p.  llô,  colonne  d, 
titre  de  1270.) 

3.  Cyrographe,  adj.  signé.  On  disoit  lettres 
cyrograj)lies,  pour  lettres  signées  sous  seing  privé, 
opposées  à  lettres  scellées.  »  Item  a  le  ber  en  sa 
><  terre  toute  la  cognoissance  de  tous  dains,  dons 
«  quais,  peines,  services  :  en  quoy  on  se  peut  obliger 
"  par  lettres,  soient  cijrograplies,  ou  lettres  scel- 
«  lées.  »  (Bout.  Som.  Rur.  p.  900.) 

Cyrographei",  verbe.  Ecrire  de  sa  main.  C'est 
la  signilication  propre  de  ce  mot.  «  Toulz  attornés 
u  generalz  pourront  lever  fins  et  cgrograjfer,  et 
»  acorder  en  fontz  plées  taunt  avaunt  corne  eux 
«  mesmes  qui  altornes  il  sount.  »  i,Brilt.  Loix 
d'Anglet.  fol.  285.)  «  Ecrits  et  cyrograitliés  tels 
«  comme  ils  ont  accoustumé  par  leur  loy.  »  (Bout. 
Som.  Rur.  p.  8'J5.) 


VARIANTES  : 
CYROGRAPHER.  Bout.  Som.  Rur,  p.  805. 
Cyrograffer.  Hrilt.  Loix  d'Anglet.  fol.  285,  V". 

(lyrogrylles ,  s;(/(S/.  On  trouve  ce  mot  sans 
explication'dans  le  Dicl.  de  Borel,  ifui  cite  la  Bible 
historiaux,  ms.  suivant  laquelle  «  le  chamel,  et  le 
«  cyrogrrjlles  <•  sont  au  nombre  des  animaux  dont 
il  éloit  défendu  de  manger. 

Cyi'oigne ,  subst.  masc.  Espèce  d'onguent. 
Suivant  le  Dict.  de  Borel,  on  dit  encore,  en  Nor- 
mandie, cMrouanne  pour  signifier  une  sorte 
d'emplâtre. 

Cyromaucie,  subst.  fém.  Chiromancie.  (Eusl. 
Desch.  Poës.  Mss.  fol.  380,  col.  4.) 

Cyropiennes. 

N'alas-tu  à  Phebus  noncier, 
Comment,  par  loy  espeluchier, 
Tu  véis  les  cyfopienyies, 
Dessus  les  forests  yndiennes. 

Eusl.  Ddsch.  Poc-s.  WSS.  fol.  M3. 

Cyseau.  [Intercalez  Cyseau,  fer  de  flèche:  «  Le 
«  suppliant  print  un  cyseau  ou  railion,  et  le  mist 
"  sur  son  arbalestre.  »  (JJ.  205,  p.  192,  an.  1478.) 
On  lit  encore  au  reg.  J.I.  190,  p.  11(5,  an.  1460: 
"  L'arbaleste  bandée  et  un  traict  dessus  ferré  d'un 
«  fer,  appelle  ciseau.  »]  (x.  e.) 

Cytlïoloux's.  [Intercalez  Cytiiolours,  joueurs  de 
cilole  (Du  Gange,  II,  308,  col.  1)  :  «  Nerons  en  chanz 
"  s'entendoit,  si  que  touz  les  cytJiolours  et  les 
«  autres  jugleours  par  chanter  surmontoil.  »](n.e.) 

Cytoal.  [Intercalez  Cytoal,  zédoaire,  espèce  de 
gingembre  (Ord.  II,  p.  320,  an.  13491.]  (n.  e.) 

Cyve,  subst.  Sorte  d'animal. 

Plus  i  ot  de  vin  la  fontaine  ; 
Li  fut  III  jors  en  la  semaine 
Seraines,  cive.t  cinen  [jour  cygnes,  et  lyons.... 

Hist.  de  France,  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauvel,  fol.  SI. 

Cz.  On  écrivoit  cza  et  là  au  lieu  de  çà  et  là. 
(Borel.)  Ces  deux  caractères  s'employoient  aussi 
pour  deux  SS,  comme  dans/'iu'iCH/  (I),  pour  fassent, 
fauc^enerie,  pour  fossonerie.  (^Ilist.  des  ducs  de 
Bretagne.) 


{V)  Il  est  certains  dialectes  provençaux,  aux  appreches  du  Dauphiné,  où  :  se  prononçait  c:.  (n.  e  ) 


D 


DA 


DA 


D  ;1).  Celle leUie  eslajouléeà  la  lerminaisoiides 
fiilurs  et  (les  parlicipes  des  verbes.  Pour  les  fulurs, 
voyez  trouverad,  pour  trouvera. 

Pour  les  parlicipes,  jugied  pour  jugé,  ported 
pour  porté,  Irouvcd  (2)  puur  trouvé.'  (Voyez  Loix 
iXormandes,  passlm.) 

Daarain,  udj.  Dernier.  Ce  mot,  sous  les  ortho- 
graphes employées  par  S.  Beru.  répond  au  latin 
S'ovissimus. 

On  dit  encore  derraiii  dans  quelques  provinces. 

Aussi  serez  la  daarraine.  (Frais.  Poës.  i44.J 

Il  sembleroil  qu"on  a  quelquefois  employé  ce  mol 
comme  suhslanlif.  Ainsi  dcsrain  se  disoil  pour  le 
dernier  jour,  lejour  delà  mort....  ■■  Ne  ressemblera 
"  son  bon  père,  qui  iuy  enhorta  à  son  desrain,  et 
<•  luv  pria  moult,  de  toujours  obeïr  au  roy.  »  (.T. 
Le  Fevre  de  S.  Remy,  Hisl.  de  Cb.  II,  p.  3.) 

Derreniere,  pour  la  dernière  chanson  : 

Ma  dervcniere  vueil  faire  en  chantant. 

Ocdede  la  CouiToicrie,  Pors.  MSS.  t.  2,  p.  653. 

«  Chanter  la  daaraine  »  chanter  sa  dernière 
chanson.  Expression  ligurée  qui  signifioit  mourir  : 

....  Non  je  cuit  qu'il  vous  poise 
Que^'ai  chante  la  daaraine. 

FaU.  MSS.  du  R.  n'  m*,  fol.  Cl,  V  col.  5. 

Cependant,  si  l'on  y  fait  attention,  on  s'apercevra 
facilement  qu'il  y  a  un  subslanlif  sous-entendu  dans 
ces  façons  de  parler  ,  et  que  le  mol  darrain  n'y  est 
réellement  qu'adjectif. 
Hemarquoiis  celle  autre  expression  : 
«  Assise  de  durcuii  présent  »  éloii  l'assise  ou 
audience  pour  constater  le  droit  de  celuy  qui  s'est 
présenté  le  dernier  en  justice.  C'est  le  lilreduchap. 
90  des  Loix  d'Angleterre,  du  Britlon,  (o\.'î-2'2  :  ••  Que 

"  le  visconte  du  pays  eit trestous  les  brefs  que 

»  ajoui'nés  ont  estes  jesques  en  eyre,  et  toutes  les 
"  assises  de  novele  disseie,  de  inordane  et  de 
"  dareijn  présent,  et  de  utrum  et  de  dower.  »  (!bid. 
folio  8,  R°.) 

v.iiuANTEs  (3)  : 

lUARAIN.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  257,  Ro  col.  1. 
Daarrain.  IbiU.  n»  7218,  fol.  13,  R"  col.  2. 


Daarin.  Ibid.  n"  7989,  fol.  240,  V»  col.  1. 

Daerain.  Poës.  MSS.  du  Vat.  t.  IV,  p.  1394. 

Daerrain.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  111,  p.  1025. 

Darain.  Ord.  des  R.  de  Fr.  t.  I,  p.  447. 

Darrain.  Villehard.  p.  204. 

Darrein.  Ord.  des  R.  de  Fr.  t.  I,  p.  447. 

Darraien.  Villehard.  p.  42. 

Darevn.  Britt.  Loi.x  d'Anglel.  fol.  222,  R». 

Dairien.  Ord.  dps  R.  de  Fr.  t   1,  p.  591. 

Deerain.  Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  53,  V». 

Deerrain.  Ibid.  fol.  53,  V». 

Deeshain.  Part,  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  124,  V»  col.  1. 

Derhain.  Vig.  de  Ch.  VII,  t.  Il,  p.  199. 

Derrein.  ¥nh\.  MSS.  du  R.  n»  761.5,  t.  Il,  fol.  212,  V°  col.  2. 

Desrain.  Hist.  de  B.  du  Guescl.  par  Mén.  p.  519. 

Derriem.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  t.  Il,  fol.  153,  V"  col.  1. 

Derrien.  Test,  du  C'=  d'Al.  à  la  suite  de  Joinv.  p.  181. 

DERRiiAlN.  G.  Guiart,  MS.  fol.  38,  V». 

Derrier.  Chasse  de  Gasl.  Phéb.  MS.  p.  184. 

lliCRRAiNiER.  Test,  du  C'=  d'Al.  à  la  suite  de  Joinv.  p.  181. 

Derrenier.  Vig.  de  Charles  Vil,  t.  I,  p.  93. 

iiARRANiER.  Font.  Guér.  Très,  de  Vén.  MS.  p.  23. 

Uarrknier.  Joinv.  p.  15. 

Daren'ier.  Ord  des  R.  de  Fr.  t.  I,  p.  421. 

Derrnier.  Gace  de  la  Bigne,  des  Déd.  MS.  p.  57,  R". 

Daraenk.  fém.  D.  Morice,  Hist.  de  Bret.  col.  983. 

Darreniere.  fém.  Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  513. 

Deraigne.  fém.  Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  467. 

Derains.  fém.  S.  Athan.  Symb.  t.  II,  p.  733. 

Daarrains  (au  et  au  par\flrf!'.  En  dernier  lieu, 
à  la  lin.  Ce  mot,  sous  les  orthographes  employées 
par  S.  Bernard,  répond  au  lalin  novissime,  ultimo, 
deinde,  denique,  dernum  et  postremo. 

L'un  prent  el  ni,  et  l'autre  à  dncrains. 

Po.'S.  MSS.  du  Valican,  n"  1490,  fol.  m,Rv 

VARIANTES  : 
DAARRAINS  ^au  et  a\i  par),  Fybl.  MSS.  du  R.  n°  7218. 
Daari.v.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7989,  f»  240. 
Daerrain.  Gontiers,  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  III,  p.  1025. 
Darrain.  Froissart,  p.  118,  col.  2. 
Deerai.  Poës.  MSS.  du  Vat.  n"  1490,  fol.  120,  V°. 
Deeraixs.  Ibid.  fol.  147,  R". 
Daarrains  (a).  Duchesne,  Gén.  de  Béth.  p.  115. 
Daarins  (a).  Duchesne,  Gén.  de  Béth.  p  132. 
Dairiens  (a).  S.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  66. 
Deriens  (a).  S.  Bern.  Serra,  fr.  MSS.  p.  41. 

Dabo  (le),  sub&t.  masc.  Celui  qui  donne.  '  Il 

»  est  toujours  le  ddho.  «  Façon  de  parler  pour  dire, 
il  paye  d'ordinaire  pour  toute  la  compagnie.  (Oudin, 


(1)  On  lit  dans  la  Senefiance  de  VA  D  C  (Jubin,  II,  276i:  «  D  [Dieu]  jeta  ceux  de  Vaigre  feu  Qui  touz   tems  fussent   en 
«lifer  ;  I)  fu  en  fust,  D  fu  en  fer  ;  D  eut  au  G  [croix]  angoisse  et  soif.  »  (n.  e.) 

(2)  Ce  d  vient  d'un  /  latin  devenu  final  après  la  chute  de  la  terminaison  ;  tandis  qu'il  disparaît  en  français,  il  persiste   et 
se  renforce  en  /  jusqu'au  niv  siècle,  en  Normandie,  en  Picardie.  S"  Eulalie  donne,  pre.'ieutede.  (n.  e.) 

(3)  Le  type  latin  est  dnreiranus  (de  de-retro)  ;  de  [à  le  provençal  dereira)),  et  le  français  deerrain,  daarrain,  contracté  en 
t}errain,  darrain  (adouci  en  dairain).  Une  forme  extensive  est  darrainier,  derrenier.  d'oi!i  dernier,  (n.  e.) 


DA 


449  — 


DA 


Cur.  fr.)  De  là,  ce  mot  s'est  employé  pour  signifier 
le  maître  du  logis.  (Ibid.) 

»  Dace,  subst.  fêm.  Impôt,  tribut.  (Dict.  d'Oudin, 
Monet.)  «  Aides,  tailles,  péages,  gabelles,  daces, 
«  subsides  et  autres  impots  »  qui  se  percevoient  en 
France  en  1G03.  (Mém.  de  Sully,  t.  VI,  p.  87.) 

«  Dace  de  tiertmjne  «  se  trouve  dans  le  vers 
suivant  : 

De  pis  avoir  que  daccs  de  Tiertaxjne.  {E.  Desch.  46. J 

Dace  (la),  subst.  fém.  h&  Danemark.  On  lit 
dans  Godefroy  ,  Observations  sur  Charles  VU  , 
page  724  :  «  Le  roy  de  Dace,  "  et  dans  un  autre 
exemplaire  le  mot  dace  est  remplacé  par  celui 
de  Danemark  [l'roissart  emploie  la  forme  Dane- 
mavce~\. 

Dacer,  verbe.  Mettre  des  impôts.  (Dictionnaire 
de  Monet.  —  Voy.  Dacé.) 

Dacher,  verbe.  Lancer,  tendre.  «  Aucun  ne 
"  tende  harnas  à  vallée  de  prairie,  ny  de  marez, 
K  aussy  ne  levé  d'autre  harnas  que  le  sien  qui 
»  dache  en  rivière  courante  sur  la  ditte  amende  et 
<.  le  harnas  perdu.  »  (Cont.de  Hainaut,  au  Nouv. 
Coût.  Gén.  t.  II,  p.  150.) 

VARIANTES  : 
DACHER.  Coût,  de  Hainault,  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  150. 
Dagher.  Coût.  Gén.  t.  I,  p.  813. 

Dacier,  subst.  masc.  Collecteur.  Celui  qui  est 
chargé  de  percevoir  les  daces  ou  impôts.  (Dict.  de 
Cotgr.,  d'Oud.  et  de  Monet.  —  Voyez  Dace.) 

Dacte,  subst.  fém.  Date.  «  Selon  la  dactc  et 
»  priorité  des  invoquants.  »  (Rab.  t.  V,  p.  43.) 

Dactier,  adjectif.  Qui  appartient  au  fruitappelé 
datte.  On  trouve  ce  mot  pour  épithète  de  noyau, 
dans  de  la  Porte.  On  y  trouve  aussi  «  prunes  dac- 
«  tieres  »  pour  désigner  le  fruit  du  dattier. 

Dactille,  subst.  masc.  Datte.  Sorte  de  fruit. 

c<  Raisins,  dactijles,  noix.  »  (Rab.  t.  IV,  page  256.) 

"  Asnes  portans  pains,  roisins  et  masses  de  figues 

.   «'  elûe  dactilles  et  de  vin.  »  (Tri.  des  IX  Preux, 

page  64.) 

VARIANTES  : 
DACTILLE.  Tri.  des  IX  Preux,  p.  64,  col.  1  et  2. 
Dactyle.  Rab.  t.  IV,  p.  256. 

Dadais,  sh/;s^  masc.  Niais,  sot.  (Oudin,  Dict. 
etCur.  fr.)(l) 

Dadée,  subst.  fém.  Niaiseries,  enfantillages  *. 
Figure,  conformation^. 

*  Sur  le  premier  sens  de  niaiserie,  enfantillage, 
voy.  le  Dicl.  d'Oudin  et  de  Colgrave. 

°  Par  une  extension  de  la  première  acception,  ce 
mot  a  signifié  la  «  conformation  »,  la  nature  d'un 

enfant.  «  Ne  vous  souvient  il  point  du  conte 

"  de  noslre  More  'f  ([uel  train  menoit  il  à  sa  femme 
«  de  ce  que  son  enfant  estoit  blanc  comme  albastre 


«  et  ne  tenoit  aucun  trait  de  la  dadée  camaresque. 
«  Il  fut  condamné  de  refaire  bon  ménage  d'avouer 
«  le  fruit  pour  sien,  puisqu'il  n'avoit  légitime  occa- 
«  sion  de  soupçonner  que  sa  moresque  eut  ailleurs 
'<  emprunté  un  pain  sur  la  fournée.  »  (Contes  de 
Cholières,  fol.  150.) 

Dadier,  subst.  masc.  Dattier,  palmier.  (Dict.  de 
Borel.)  >'  Ils  commencèrent  à  sentir  la  famine  de 
«  plus  en  plus,  si  quilz  cherchoient  les  racines  des 
«  dadiers,  car  nulz  au  Ires  arbres  n'y  croissoient.  » 
(Tri.  des  IX  Preux,  p.  211.) 

Nous  remarquerons  l'expression  suivante  : 
«  L'evêque  de  pince  dadier  ».  Elle  semble  faire 
allusion  à  un  évéque  qui  aimoit  à  jouer  aux  dés. 
(Coquillart,  p.  108.)  Peut-être  aussi  (/rtdù'r,  dans  cette 
expression,  dériveroit-il  de  dadais,  pince-dadier, 
pince-niais,  fin  joueur. 

Daffaicti,  partie.  Défait. 

Si  est  tost  daffaictie  la  ruse 
Sans  que  longuement  on  y  muse. 

Gacede  la  Bigne,  des  Déduils,  MS.  fol.  lOi,  \". 

Dafin,  subst.  masc.  Pièce  du  jeu  des  échecs. 

Bien  tenoit  on  ce  qu'en  tenoit 
Roc,  fierce,  chevalier,  datin  (2). 

Geofr.  de  Paris,  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauvel.  fol.  .'iS. 

Dagard,  subst.  inasc.  Daguet,  brocard.  Jeune 
cerf  qui  pousse  son  premier  bois  (3).  (Dict.  d'Oudin, 
Cotgrave.) 

Dagel,  subst.  masc.  Damoiseau,  en  patois 
gascon.  (Boulainv.  Ess.  sur  la  Nobl.  p.  61.) 

Daggloi',  subst.  Sorte  de  bête.  Peut-être  le 
caméléon.  «  Geste  beste  avoit  teste  de  serpent  et 
«  le  col  d'une  beste  que  les  Sarrazins  nomment 
«  dagglor,  et  estoit  ce  col  tant  merveilleux  que 
«  toutes  les  couleurs  du  monde  y  apparoissoient 
«  ordonnéement  assises  et  compassées.  »  (Percef. 
vol.  III,  fol.  88.) 

Daghe.  [Intercalez  Daghe,  dague,  dans  Frois- 
sart  (III,  496)  :  «  Là  secombatoientli  auciin  main  à 
«  main,  as  espées  et  as  haches,  as  espois  et  h 
«  daglics.  »]  (n.  e.) 

Dagobart,  suhst.  masc.  Chantre  héroïque.  Le 
Dict.  de  Borel  le  dérive  de  bard,  chantre.  (Dict.  de 
Cotgr.  au  mot  Dagobert.) 

VARIANTES  : 
DAGOB.ART.  Borel,  Dict. 
D.\gobert.  Cotgrave,  Dict. 

Dagone.  [Intercalez  Dagone,  peut-être  peau: 
'  Guillaume  Chandescole  boursier...  estoit  alez 
«  querre  environ  deux  cens  pesant  de  dagones  de 
«  porc  pour  mettre  en  euvre.  »  (.JJ.  105,  p.  184, 
an.  1373.)]  (n.  e.) 

Dagorne,  subst.  fém.  Vilaine  vieille.  (Oudin  et 
Cotgrave.) 


(1)  Dansles  villes  de  l'Ouest  et  de  la  Bretagne,  on  prononce  dada.  Les  Berrichons  disent  jageais.  (N.  E.) 

(2)  Lisez /(Pire  et  ni(/()i.  A«/)n  viendrait  de  a/-p/i(7,  [éléphant,  en  arabe];  de   /il,   nos   ancêtres  ont  [ait  fol,   puis  fou. 
(Du  Cange,  I,  204,  col.  1.)  Fierce  est  la  reine,  rue  est  la  tour.  (N.  E.) 

(3)  Ce  premier  bois  ressemble  à  une  dague,  (n.  e.) 


IV. 


DA 


—  450  - 


DA 


Dagron,  sttbst.  masc.  Dragon.  On  a  dit  en  par- 
lant de  la  forêt  d'Ardène  : 

Por  olifanz,  ne  por  lions, 
Ne  por  guivres  (vipère),  ne  por  dagrons. 
Ne  por  autres  merveilles  granz 
Donc  la  forest  est  forraanz. 

Parton.  de  Bluis,  MS.  de  S.  G.  fol.  125,  col.  3. 

1.  Da(jue,  suhst.  /'t'w.  Espèce  d'arme.  (Tenur. 
de  Litll.  toi.  àG.)  C'éloit  une  sorte  de  poignard  ou 
de  couteau  dont  on  se  servoit  îi  la  guerre,  dans  les 
combals  particuliers  et  dans  le.s  joutes  (1).  Il  se 
lançoit  ou  dai'doil  quelquefois.  Des  Accords,  dans 
ses  Bigarrures,  fol.  89,  le  dérive  du  mot  aigu.  «  Un 
«  de  nos  gendarmes  gecta  sa  dague  a  un  de  ces 
«  Turcs.  »  (Joinville,  p.  50.)  «  Les  François  mon- 
"  toyent  a  mont  sur  les  eschelles,  et  s'en  venoyent 
«  comiiallre  main  à  main,  dague  à  dague  à  ceux 
"  du  fort.  »  (Froissait,  liv.  II,  p.  2'J5.) 

La  terminaison  du  mot  dagitasse,  annonce  un 
mot  augmentatif  en  mauvaise  part,  une  grande 
vilaine  dague.  Nous  tenons  ces  augmentatifs  des 
Italiens,  mais  nous  ne  nous  en  servons  plus  guères. 

On  appeloil  aussi  dague  une  pointe  de  fer  que 
l'on  melloit  au  haut  ou  sur  le  côté  d'une  hache 
d'armes  ou  d'une  hache  à  main,  qui  communément 
avoil  un  tranchant  d'un  côté  et  un  marteau  de  l'au- 
tre. "  Issiient  hors  des  pavillons  hache  en  main, 
laquelle  estoit  sans  dague,  à  gros  marteaulx  et 
•'  petit  taillant.  »  (J.  Le  Fevre  de  S.  Rémi,  Histoire 
de  Charles  VI,  p.  77.) 

On  distinguoit  diverses  sortes  de  dagues.  La 
dague  d'armes.  (Petit  J.  de  Sainlré,  p.  311 .)  La  dague 
à  roelle  ou  à  rouelle  qu'on  appeloit  aussi  «  dagues 
«  d'Escosse.  »  C'étoit  une  dague  dont  la  poignée 
avoit  deux  ronds  ou  deux  platines  de  fer  pour  cou- 
vrir la  main.  (Fauch.  des  Uiig.  liv.  II,  p.  109  ;  Dict. 
de  Borel.)  «  En  ce  temps  le  roi  tlst  casser  et  abatre 
«  tous  les  francs  archiers  du  royaulme  de  France, 
«  et  en  leur  place  y  voult  estre  et  demeurer,  pour 
«  servir  en  ses  guerres,  les  Souisses  etpiciiuiers,  et 
«  fit  faire  par  lous  cousteliers,  granl  quantité  de 
»  picques,  hallebardes  et  grans"  dagues  à  larges 
«  rouelles.  »  (Chr.  scandai,  de  Louis  XI,  page  319, 
an.  1480.) 

Remarquons  quelques  expressions  figurées  où  le 
mol  dague  est  employé  : 

1"  Les  dagues  à  rouelles  étant  devenues  de  vieil- 
les armes  et  hors  d'usage,  ce  mot  fut  employé 
comme  une  injure  pour  designer  une  femme  laiâe 
et  vieille. 

Retirez  vous  vieille  dague  à  rouelle, 
Retirez  vous,  car  vous  n'estes  plus  celle 
Qui  jadis  sçeut  aux  hommes  tant  complaire. 
J.  Marot,  p.  230. 

2"  Langue  et  dague,  façon  de  parler  qui  faisoit 
allusion  à  l'usage  des  tournois  où  les  vaincus  ren- 
doient  les  armes  (la  lance  et  dague)  aux  vainqueurs. 
Brantôme,  parlant  d'une  femme  mourante,  dit  : 
«  Il  y  eut  un  gentilhomme  son  voisin,  qui  disoit 


«  bien  le  mot,  et  avoit  aimé  à  causer  et  bousonner 
"  avec  elle,  qui  se  présenta  :  elle  luy  dit  :  ah  !  mon 
"  amy,  il  se  faut  rendre  à  ce  coup,  et  langue  et 
»  dague,  et  tout  à  Dieu.  »  (Brantôme,  D"  Gall. 
t.  II,  p.  422.)  Ce  mot  adonné  lieu  à  plusieurs  autres 
façons  de  parler  qu'on  trouve  dans  Oudin. 

VARIANTES  : 
DAGUE.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  48,  V». 
Daigue.  Crétin. 
Daguasse.  Merlin  Cocaie. 
Dagasse.  Oudin,  Dict. 
Dacque.  Cotgrave.  —  Vig.  de  Charles  VIL 

2.  Dague.  [Intercalez  Dague,  raillerie  :  «  Et 
«  pour  ce  qu'il  sembla  audit  Touse  qu'il  deist  ce 
«  par  manière  de  raffarde  ou  moquerie,  lui  dist: 
«  je  te  prie,  ne  me  baille  point  de  dague,  j'en  ai 
<■  assez  d'une.  »  (JJ.  152,  p.  131,  an.  1397.)]  (s.  e.) 

1 .  Daguenet,  subst.  masc.  Diminutif  de  dague  *. 
Injure^. 

*Sur  le  premier  sens,  voy.  Hab.  t.  V,  p.  39. 

^Ce  mot,  sous  la  seconde  orthographe,  se  trouve 
employé  comme  terme  d'injure  faite  à  une  femme 
dans  lès  Contes  d'Eutr.  p.  324. 

variantes  : 
DAGUENET.  Rab.  t.  V.  p.  39. 
Daguedon.  Contes  d'Eutrapel,  p.  324. 

2.  Daguenet,  subst.  masc.  Espèce  de  poire. 
(Oudin.) 

Dagueniser ,  verbe.  Donner  des  coups  de 
dague. 

variantes  : 
DAGUENISER.  Hist.  du  Th.  fr.  t.  IX,  p.  146. 
Daguer.  Cotgrave,  Oudin  et  Monet. 

Daguette,  subst.  fém.  Petite  dague.  (Cotgrave, 
Oudin.)  On  donna  «  4  espées  et  4  daguettes,  à  sca- 
«  voir  deux  grandes  et  deux  petites,  à  la  Chastene- 
«  raye  et  à  Jarnac  pour  leur  combat.  »  La  Colomb, 
ïh.  d'honneur,  t.  II,  p.  431.)  «  Us  eurent  chacun 
«  deux  daguettes  espointées.  «  (Ibid.  p.  432.) 

Daiere,  adverbe.  Derrière  et  arrière.  «  En  la 
u  seconde  procession  vont  jai  les  tourbes  et  davant 
"  et  daiere.  «  (S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.  257.)  On  lit 
dans  le  latin  :  »  In  secunda  Jam  processione  prœ- 
>•  eunt  turbœ  et  sequuntur.  « 

Daiere  (par)-  Pour  en  arrière.  S.  Bernard,  par- 
lant aux  Pharisiens  de  l'adultère,  dit  :  «  Mais  ceste 
«  est  tote  vostre  justice  que  vos  cou  faciez  rece- 
«  leiement  par  daiere  que  vosarqueizetreprennoiz 
«  en  arvert  davant  la  gent.  (p.  354.)  «  Dans  le  latin 
'■  sed  liœc  est  iota  justitia  vestra  et  quœ  palam 
«  arguitis,  eadem  agitis  in  oeculto.  » 

Daigner,  verbe.  Vouloir,  agréer,  souffrir.  «  Si 
<■  ne  daigneroie  pécher.  »  (Petif  J.  deSaintré,  p.  87.) 

Li  perrons  ordure  ne  daingne  : 
Riens  orde  n'i  puet  aprochier. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n- 1218,  fol.  357.  V'  col.  1. 

«  Vueille  ou  ne  daigne.  »  Façon  de  parler  qui 
signifie  de  gré  ou  de  force. 


(1)  «  Henriet  saicha  une  dague,...  et  la  geta  à  la  ditte  femme,  par  tels  manière,  que  se  icelle  dague  n'eust  encontre  une 
armiole  plaine  de  vin,  tenant  trois  quartes  ou  environ...  »  (JJ.  119,  p.  440,  an.  1381.)  (n.  e.) 


DA 


-  451  - 


DA 


Ni  ramanoit  poisson  en  mer 

Que  ni  venist  imcilli-  ou  ne  dmrjne  (\). 

Bal.  de  Quaiesme,  MS.  de  S.  G.  fol.  91,  V*. 

Conjugaison  : 
Daignaissent,  imp.  du  subj.  Daignassent.  (Ordon. 

des  R.  de  Kr.  t.  111,  p.  I'i9.) 
Daigneit,  ind.  prés.  Il  daigne.  (S.  Bern.  S.  Fr  ) 
Daiiist,  au  subj.  Daigne.  ^Poës.  mss.  avant  1300, 

l.  111,  p.  978.) 
Daint,  subj.  Daigne.  (Ibid.  t.  II,  p.  813.) 
Degne,  subj.  Daigne.  (Ibid.  t.  III,  p.  1*207.) 
Dignat,  daigna.  (S.  Bern.  Ser.  fr.  p.  9.) 
Daigon,  suhst.  masc.  Donjon,  tour. 


A  tant  avale  le  daigo),  (2). 

Vie  des  SS.  MS.  de  Sorb. 


chif.  LX,  col.  53. 

nom  qui    fut 


Daigues  ou   Buyai.   C'est  le 
donné,  en  14.">5,  à  un  hôtel  ou  autre  lieu  de  la  ville 
de  Bourges.  (Procès  de  J.  Cuer,  ms.  p.  157.) 

Dail,  subst.  masc.  Faulx.  «  La  mort  avec  son 
«  dail,  l'eust  faulché  et  cerclé  de  ce  monde.  »  (Ftab. 
t.  IV,  Nouv.  Prol.  p.  33.)  (3)  Dalho  est  usité  en  Lan- 
guedoc (4).  (Du  Cange,  C.  L.  à  Dayla.) 

VARIANTES  : 
DAIL.  Cotgrave  et  Ménage,  Diot. 
Dart.  Monet,  Dict.  (5) 
Dalho.  Du  Cange,  G.  L.  à  Dcujla. 

Dailhayre,  subst.  masc.  Faucheur.  Ce  mot,  qui 
n'est  d'usage  qu'en  Languedoc,  s'est  formé  du  verbe 
Dailiia  ci-dessus.  (Du  Cânge,  G.  L.  à  Daijla.) 

Dailla,  verbe.  Faucher,  dans  le  patois  langue- 
docien. 

variantes  : 

DAILLA.  Du  Cange,  G.  L.  au  mot  Dayla. 

Dailha.  Borel,  Dict. 

1 .  Dain,  subst.  masc.  Usurier.  (Glossaire  du  P. 
Labbe,  au  mot  Danius.) 

2.  Dain,  snbst.  Daim. 

Escervelez  comme  beaulx  dains. 

Coi|uillart,  p.  40. 

«  Par  leur  agilité  sembloient  un  beau  troupeau 
«  de  daines.  «  (Pérégrination  d'Amour,  fol.  35.) 
variantes  : 

DAIN.  Coquin,  p.  40. 

Daine.  Borel,  Dict. 

Daimne.  Peregrin.  d'am.  toi.  35. 

Deyne.  Britt.  Loix  d'Angl.  fol.  84. 


Daincie,  subst.  Ce  mot  semble  signifier  abon- 
dance ou  puissance,  effort,  merveille.  Au  reste,  le 
sens  véritable  se  saisit  difficilement,  et  au  lieu  de  le 
déterminer,  nous  rapporterons  plusieurs  passages 
où  ce  mot  se  trouve  : 

La  coslifire  très  quel  parfont 

Est  plaine  et  bêle  à  grant  daincie  (6).  (P.  de  B.  466. J 

Sires  Jehans 

Est  si  légiers  et  volans 

Kil  ne  veut  arester  saur  les  daintiés 

Et  fuir  les  pouretés  et  les  griés. 

POL'S   MSS.  Vatican,  n-  liflO,  f'  iV,  R*. 

VARIANTES   (7)  : 
DAINCIE.  Part,  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  fol.  16(5,  V»  col.  i. 
Daintie.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  II,  p.  898. 
Daintié.  Poës.  MSS.  du  Vat.  n«  I4TO,  fol.  177,  R«. 
Damtié.  Rom.  d'Audig.  MS.  de  S.  G.  fol.  (55,  V   col.  3. 

Daine,  subst.fém.{8)  Dame.  C'est  le  féminin  de 
Do)ii.  dans  Rabelais.  (Voyez  Dam.) 

Dainteau,  subst.  masc.  Pelit  daim.  (Oudin  et 
Cotgrave.) 

Daintiers,  subst.  masc.  plur.  Testicules  du 
cerL  «  La  première  chose  qu'il  doit  faire,  il  doit 
«  couper  les  deux  couillons,  ensemble  à  toute  la 
«  pel,  que  on  appelle  daintiers,  etc.  »  (Chasse  de 
Gast.  Phéb.  hs.  p.  189.)  Nicot,  dans  son  Dict.  expli- 
que ce  mot  par  cervini  testiculi. 

variantes  (9)  : 
DAINTIERS.  Modus  et  Racio,  MS,  fol.  28,  V. 
Daintiés.  Font.  Guér.  Très,  de  Vén.  MS.  p.  50. 
Daintiez.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  t.  II,  fol.  167. 
Dyntiers.  Fouill.  Vén.  fol.  54,  R'. 

Daintiés,  subst.  plur.  Choses  à  manger. 

Qui  miex  aiment  lait  et  matous 
Que  il  ne  font  autres  daintiez  (10). 

Fabl.  MSS.  du  R.  n-  "218,  fol.  2r>8.  R'  col.  2. 

variantes  : 
DAINTIES.  Vies  des  SS.  MS.  de  Sorb.  chif.  Lxi,  col.  39. 
Daintiez.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  fol.  268. 

Dainzie,  subst.  féminin.  Denrée,  provision. 
Mouskes,  parlant  de  la  sobriété  de  Charlema- 
gne,  dit  : 

Si  avoit  moult  de  gens  li  rois 

A  son  mangier,  et  quatre  mes, 

Se  il  n'euist  aucun  dainzie 

Diversement  apparillie.  [P.  Mouskes,  81.) 

On  Ut  dans  Eginhard,  p.  102,  où  il  est  parlé  du 
même  prince  :  «  Prœter  assam  quam  vinatorf^s 


(1)  On  Ut  déjà  dans  S"  Eulalie  :  «  Tuit  oram  que  por  nos  degnet  preier.  »  (n.  e.) 

(2)  Lisez  ZJfuii/o»),  comme  dans  Benoît  de  S'«  More  (II,  13391):  «  Ne  remaindra  en  Flandres  rien,  Dangon  ne  tur  ne 
forteresce.  »  (n.  e.) 

(3)  Le  mot  est  plus  ancien  :  «  Le  suppliant  d'une  faux  ou  daiUe  frappa  icellui  Pierre  environ  le  genoil  près  le  pommel  de 
la  jambe.  »  (,I.I.  169,  p.  353,  an.  1416.)  (N.  e.) 

(4)  Dans  les  bois  des  Landes,  le  dail  ou  daille  est  une  faux  à  manche  court  qui ,  pour  la  coupe  du  soutrage  ,  remplit 
l'office  d'une  pioche  au  tranchant  d'acier.  (Enquête  sur  les  incendies  des  Landes,  p.  168.)  (N.  E.) 

(5)  «  Jehan  des  Ouches,  qui  portoit  un  dart  â  faucher  appareillé  et  emolu  de  nouvel.  »  (.IJ.  153,  p.  458  ,  an.  1398.)  On 
trouve  aussi  la  forme  daux  (J,I.  195,  p.  1002,  an.  1473)  :  «  Jehan  Passareu  dist  au  lils  du  suppliant  qu'il  lui  avoit  desrobé 
ung  daux  ou  faugibe.  »  (N.  E.) 

(6)  On  lit  aussi  dans  Aubri  (p.  152,  col.  1)  :  «  Poons  pevrés  et  capons  et  daintiés.  »  Dainliers  est  encore  employé  en 
vénerie  et  subsiste  en  anglais  sous  la  forme  dainty,  morceau  de  choix.  Rapprochez  donc  de  ce  mot  les  articles  daintiers, 
daintiés,  dainzie.  (N.  E.) 

(7)  On  trouve  aussi  la  forme  doincie  dans  Girart  de  Rossillon  (v.  2283).  (n.  e.) 

(8)  C'est  aussi  un  poisson  d'après  le  ms.  lat.  6838.  c,  ch.  XIX  :  «  Umbra  a  toto  illo  tractu,  qui  a  Massilia  est  Neapolim 
usque  umbrino  vocatur,  Baionœ  borrugat,  quasi  verrucatus,  a  verruca  quam  in  mento  habet ,  a  GaUis  maigue  ,  in  Gallia 
nostra  Narbonensi  daine,  nonnullis  peis  rei,  id  est  piscis  regius.  »  (N.  E.) 

(9)  Le  Ménagier  de  Paris  donne  deytiés  (II,  5).  (n.  e.) 

(10)  On  lit  aussi  dans  Partonopex  :  «  Il  fait  si  bien  que  c'est  daintiez  ;  Mais  Partonopex  le  fait  mielz.  »  (n.  e.) 


DA 


452  — 


DA 


«  verubiis   inferre    solebant,    quà    ille  libentius 
«  quam  ullo  alio  cibo  vescebatur.  » 

Daïre,  sithst.  H«rtsc.">'om  propre.  Darius,  roi 
de  Perse. 

Me  faist  plus  mal  soffrir 

Qu'Alixandres  ne  list  Daire. 

PoLS.  IISS.  av.  1300,  1. 1,  p.  24i. 

Josué,  Barres  (1)  et  Artus.  (E.  Desch.  44.) 
VARIANTES    : 
DAIRE.  Poës.  MSS.  av.  131)0,  t.  I,  p.  244. 
Darres.  Poës.  MSS.  d'Eusl.  Desch.  fol.  44,  col.  3. 

Dairer,  verbe.  Fâcher,  irriter. 

Et  ii  rois  moult  s'en  ilaira.  (P.  Mouskes,  837.) 

Daii'ieiieteiz  ,  subst.  Extrémité,  le  dernier 
terme.  «  Cum  cusencenousement  doiens  nos  dot- 
«  teir,  chier  (vevekeVKlairienetL'izôe  nostre  vie  ne 
«  soit  atroveie  père  do  la  primicre,  etc.  »  (S.  Bern. 
Serni.  fr.  mss.  p.  260.)  On  lit  dans  le  latin:  «  Ne  forte 
«  inveniantur  nostra  novissima  pejora  prioribus.  » 

Dais,  subst.  masc.  Lieu  élevé,  estrade*  (2). 
Siège  °. 

*  Dans  le  premier  sens,  on  a  dit  :  «  Ce  ballet  fait 
«  en  24  heures  fut  dansé  sur  un  haut  dais  dans  une 
"  salle  dressée  à  l'instant  à  la  façon  de  ces  palais 
«  enchantés  des  romans.  »  (Deauch.  Recherch.  des 
Théàl.  t.  111.  p.  13i,  an  10")!.)  Dans  la  description 
de  la  salle  des  machines  du  château  des  Tuileries, 
on  lit,  liprès  avoir  parlé  du  parterre  :  «  On  monte 
«  ensuite  sur  un  haut  ilais  réservé  pour  les  places 
«  des  personnes  royales  et  de  ce  qu'il  y  a  de  plus 
«  considérable  à  la  cour.  »  (Hist.  du  Théâtre  fr. 
t.  XI,  p.  126.) 

^  Ce  mot,  dans  le  passage  suivant,  nous  paroît 
devoir  être  pris  dans  le  sens  de  sièges  ou  des  tapis 
qui  les  couvroient:  «  Comme  la  damoyselle  passoit 
«  paruiy  les  dcex.-,  si  furent  les  tables  remplies  de 
'•  toutes  les  bonnes  mannes  du  monde,  et  quant 
«  elle  eut  esté  tout  encontre  val  les  dee%  si  comme  les 
«  tables  esloient  mises,  si  s'en  revint  en  la  chambre 
«  dont  elle  estoit  issue.  ■  (Lanc.  du  Lac,  t.  III,  f°  21.) 

VARIANTES  : 
DAIS.  Hist.  du  Th.  fr.  t.  II,  p.  126. 
DÈS.  Dict.  de  Borel,  au  mot  Daii. 
DÉEZ.  Lanc.  du  Lac,  t.  III,  fol.  21,  V»  col.  1. 
Deis.  Dict.  de  Borel. 
Ders.  Du  Gange,  G.  L.  au  mot  Vagiis  Ci). 


Dois,  llist.  de  B.  du  Guescl.  par  Mén.  (4) 
Doiz.  Chr.  fr.  MS.  de  Nangis,  sous  l'an  1377. 
DoYS.  Lanc.  du  Lac. 
Doy.  Hist.  de  B.  du  Guescl.  par  Mén. 

Daités,  suhst.  fcm  Divinité.  On  a  dit,  en  par- 
lant do. I.  C.  :  sa  dolée  rfai^Éîs.  (Poës.  mss.  av.'l.'SOO, 
tome  II,  878.) 

1 .  Dale,  subst.  Sorte  de  monnoie.  Elleavoitcours 
en  Allemagne.  «  Trois  vieux  escus  françois  avec  un 
'<  dater  [c'est  \e  thaler]  d'or  et  trois  moutons  à  la 
«  grande  laine.  »  (Moyen  de  Parv.  p.  76.)  «  La 
«  somme  de  deux  millions  de  dalles.  »  (Ambass. 
«  de  Bassompierre,  tome  I,  p.  205.) 

VARIANTES  : 
DALE.  Dict.  d'Oudin. 
Dalle.  Bassorap.  t.  I,  p.  205. 
D.\LER.  Moyen  de  Parvenir,  p.  76. 

2.  Dale,  adverbe.  Prés,  auprès.  «  Vichenes  dates 
»  Paris,  »  pour  Vincennes  près  Paris.  (Perard , 
Hist.  de  Bourg,  p.  402,  tit.  de  1258.)  (5) 

VARIANTES  : 
DALES.  Carpentier,  Hist.  de  Cambiay,  p.  28. 
D.VLET.  Id.  Ibid. 

Dallin,  subst.  masc.  Dauphin.  Titre  du  fils  aine 
de  la  maison  de  France. 
Parle  tesmoing  monseigneur  le  dalphiu.  (E.  Desch.  180.) 

VARIANTES    : 
DALFIN.  Ph.  Mouskes. 
Dalphin.  Eust.  Desch.  fol.  180. 

Dalibras,  subst.  masc.  Nom  propre. 

Du  grief  feu  de  S.  Dalibras.  [E.  Desch.  4-13.) 

Dalle,  subst.  fcm.  Fosse.  Dalle  se  dit  à  Cier- 
mont,  en  Beauvoisis  ;  en  Bretagne,  on  dit  dallée. 
(Laur.  Closs.  du  Dr.  fr.)  [A  Brest,  dalle  est  syno- 
nyme d'évier.] 

Dalmatique ,  suhst.  fém.  Espèce  de  robe 
longue.  (Dict.de  Borel.)  (6)  Nicoles  Gilles,  parlant  de 
Charles-le-Chauve.  dit  :  «  Il  vestoit  une  dalmatique 
"  c'est-à-dire  longue  robe  qui  luy  venoit  jusques 
«  aux  tolons    >•  (Fauchet,  des  Orig.  liv.  II,  p.  108.) 

....  Si  fu  encor 

Viestus  et  moult  bien  et  moult  biel 

Damaliele  et  de  tunikiel.  (P.  Mouskes,  644.) 

VARIANTES   (7)  : 
DALMATIQUE.  Fauch.  des  Orig.  liv.  II,  p.  108. 
Damaticle.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  644. 


(1)  Lisez  David  ;  Deschamps  cite  là  un  preux  dans  chacune  des  catégories  sarrasinoise  ou  païenne,  juive  et  chrétienne,  (n.  e.) 

(2)  Le  sens  primitif  est  table  :  «  Dune  fu  apresté  lur  mangiers  Si  s'i  assistrent  volentiers  ;  N'i  orent  tables  n'autres  deis 
Fors  la  vert  herbe  e  le  junc  freis.  »  (Benoît,  v.  3557.)  Une  phrase  de  Mattli.  Paris  en  est  une  preuve  :  «  Priore  pandente  ad 
magnam  mensam  quam  dais  vocamus.  »  (Addit.,  p.  148.)  L'étymologie  est  donc  le  latin  discus  ,  dressoir,  comme  l'anglais 
dish.  (N.  E  ) 

(3)  D'après  l'ordre  du  roi  Henri  II  (p.  335)  :  «  Le  roy  se  vint  mettre  à  table  sur  un  haut  ders,  fait  et  préparé  en  la  grande 
salle  du  logis  archiépiscopal  »  ;  p.  312,  on  lit  :  «  Sous  un  grand  derselet  de  velours  cramoisi.  »  (N.  E.) 

(4)  On  lit  aussi  dans  Partonopex  (v.  7439)  :  «  Et  ele  esloit  sor  un  banket  De  blanc  yvorie  petitet.  Qui  est  assis  devant  le 
dois.  »  De  même  dans  Flore  et  Blanchetlor,  v.  1715  :  «  Les  napes  fait  oster  des  dois.  »  (n.  e.) 

(5)  Cet  adverbe  peut  être  précédé  de  par  :  «  Et  passa  oultre  par  dalès  le  cité  de  Biauvais  (Froissart ,  IV,  430.)  Dalès  est 
composé  de  de,  à,  tés  (latiis).  (n.  e.) 

(6)  La  dalmatique  est,  à  l'origine,  le  manteau  d'apparat  du  diacre.  C'était  un  grand  sarrau  descendant  «  à  fond  de  cuve  » 
jusqu'à  mi-jambe  ;  de  vastes  manclies  s'y  adaptaient  et  l'étofTe  blanche  était  décorée  de  claves  de  pourpre  ,  ou  d'orfrois 
qu'on  nommait  limbes.  Au  ix«  siècle ,  la  plupart  des  prêtres  avaient  une  dalmatique  sur  leur  chasuble.  A  partir  du 
XI'  siècle,  elle  devient  l'attribut  de  lépiscopat  ;  mais  elle  s'arrête  aux  genoux,  est  fendue  sur  les  côtés  ,  et  les  manches 
disparaissent  pour  n'être  plus  que  des  ailerons.  (N.  E.) 

(7)  Le  Ménestrel  de  Reims  (§  181)  donne  les  variantes  suivantes  :  L'autnaiique,  la  malicle  ,  ta  tunique  daumatique  ,  la 
daumike.  Damaticle  esl  dsins  un  inv.  de  Cambrai  (1371);  on  trouve  aussi  tuniques  domatiques  au  reg.  JJ.  70,  p.  175, 
an.  1335.  (n.  e.) 


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Dalphinois.  [Intercalez  Dnlphinois,  partisan 
de  Charles,  régent  de  France,  duc  de  Normandie  et 
dauphin  de  Viennois,  contre  Cliarles  le  Mauvais, 
roi  de  Navarre:  «  Icellui  CoUiiiet  Navarrois,  ou 
.<  pur  alié  de  noslre  Irere  le  roi  de  Navarre  et  de 
«  sa  guerre  contre  nous,  reproclia  au  suppliant, 
«  pour  ce  qu'il  estoit  frequentans  devers  les 
«  nostres,  qu'il  estoit  dalpliiiwis.  »  (JJ.  87,  p.  170, 
an.  1359.)]  (n-  e.) 

1.  Dam,  suhst.  Vallée.  (Dict.  deBorel.) 

2.  Dam,  subst.  masc.  Doni,  seigneur,  dame.  Ce 
mol,  qui  eloil  particulièrement  atïecté  à  Dieu,  s'est 
donné  aussi  à  toutes  les  personnes  constituées  en 
dignité.  Les  seuls  religieux,  dans  certaines  commu- 
nautés, ont  retenu  parmi  eux  le  mot  dom  ,  qui 
est  le  même  que  dam  qu'ils  prenoient  autre- 
fois. On  lit  :  «  Domne  Deu,  »  pour  seigneur  Dieu. 
(Marbodus,  colonne  1(J78.)  (1)  Cependant  on  voit 
dans  l'apologie  de  l'abbé  Suger,  p.  81,  que  le 
titre  de  dom  ne  se  donnoit  qu'au  seul  abbé  des 
monastères  quoiqu'il  ne  fût  pas  prêtre.  Ce  titre  est 
donné  à  l'abbé  de  l'abbaye  d'Aubrac  et  celte  abbaye 
s'appelle  Dommoie.  (Voyez  le  Dicl.  de  la  Marti- 
nière  )  C'étoit  un  titre  que  l'on  donnoit  aux  prêtres 
laïques  et  cet  usage  se  continue  dans  la  Dasse 
Bretagne.  (Voyez  le  Gloss.  de  l'Hist.  de  Bretagne.) 
En  Savoie,  ce  titre  répond  à  notre  mot  messire. 
Dans  les  vieux  romans,  il  est  mis  pour  sire  ou 
seigneur.  (Pasq.  Rech.  p.  C67.)  «  Mult  en  furent 
"  conforté  cil  de  l'host,  et  mult  en  loerent  t'^nn  le 
"  Dieu.  "  (Villebard.  p.  Gl.)  »  Par  Dieu  damp 
>i  chevalier  vous  avez  parlé  trop  follement.  «  (D. 
Florès  de  Grèce,  fol.  115,  r)  Dans  abbé,  titre  que 
Charlemagne  donne  à  l'abbé  de  S.  Denis.  (Ciiron.  de 
S.  Denis,"t.  I,  fol.  13i  )  •>  Dant  evesque  «  (Ibid. 
t.  II,  fol.  105.)  On  lit  :  «  dame  Dieu  et  dames  Dex  » 
dans  Ph.  Mouskes,  ms.  p.  148. 

VARIANTES   : 
DAM.  Le  P.  Honoré  de  S''  Marie,  sur  la  Chev. 
Dame.  Cit.  de  Du  Gange,  Gl.  lat.  au  mot  Doinnus  (2). 
Dames,  Damel.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  148. 
Damp.  CoquîUart. 
Damps.  Poës.  M&S.  dEust.  Desch. 

Dant.  Cit.  de  Du  Gange,  Gloss.  lat.  au  mot  Dcmnus  (3).  • 
Dans.  Chron.  S.  Denis,  t.  I,  fol.  134,  \'°. 
Dant,  Danz.  Aubuins,  Poës.  iMSS.  av.  1300  (4). 
Dom.  Gloss.  de  IHist.  de  Drel. 
DoME.  Duchesne,  Gén.  des  Chasteigners,  p.  28. 
DoMNE.  Marbodus,  col.  1678. 
DoMP.  Bourgoing  de  Orig. 

3.  Dam.  [Intercalez  Da)n,  dans  l'expression  à 
son  dam  [voyez  llaynouardj;  on  lit  déjà  aux  Ser- 
ments de  Strasbourg:  «  Nul  plaid  qui  cist  meon  x 
..  fiadre  Karle  in  damno  sit.  »  Il  est  curieux  que 
l'historique  ne  puisse  donner  une  série  d'exemples 
du  xr  au  xvi°  siècle.]  (m.  e.) 


Damagable.  [Intercalez  Daviagable,  domma- 
geable :  «  Cache  qui  fu  assez  damagable  et  honteuse 
u  pour  les  Engiès.  •>  (Froissart.  II.  250.)  On  lit 
aussi  dans  H.  de  Mondeville  (fol.  475):  «  Spasme 
«  esl  acddeni  damagable.  »;(n.  e.) 

Damage,  subsl.  masc.  [Intercalez  Damage: 
1°  Dommage,  perte.  «  Mult  grant  damage  i  ont  de 
«  chresliens.  »  (Cb.  de  R.  v"  1885.)  Celle  forme  se 
retrouve  au  xn'  siècle  (Couci,  XIX)  : 

.V  maint  amant  ont  fait  ire  et  damage. 

Au  xnr  siècle,  Villehardouin  donne  damage 
(§  1()7,  '204,  50G,  5G6),  Beaumanoir  écrit  damace 
(19).  Froissart  (111,  1-21)  l'emploie  aussi:  »  Li  Escot 
i  disoient  qu'il  ne  teuroient  Irieuwes  ne  respit  as 
«  Engiès,  car  pas  n'y  estoient  tenu,  mes  de  porter 
«  les  dammaiges  t\u'\\  poroient.  »  5"  Danger:  ■•  11 
«  considérèrent  le  péril  et  le  damage  ou  il  esloienl 
«  ill,  78).  '  C'est  une  forme  extensive  de  dam 
(damniim),  qu'on  peut  rapprocher  du  type  fictif 
damnalicum.'\  (n.  e.) 

Damagier.  [Intercalez  Damagler,  porter  dom- 
mage :  "  Et  se  melloient  en  granl  painne  li 
«  Flamench  ileconquerreelderfr/H/rtr/ZcrTouriuiy.  " 
(Froissart,  III,  l'27.)  On  lit  aussi  aux  Ordonnances 
(t.  V,  p.  515,  an.  137'2):  »  Et  pour  ce  que  les  dittes 
«  lettres  originales...  sont  damaigées  et  empi- 
"  rées.  »]  (n.  e.) 

Damaisine  ,  subst.  fém.  Prune  de  Damas. 
(Oudin.) 

Damajant.  [Intercalez  Damajant,  dommagea- 
ble, au  Cart.  de  S'  \Vandrille(t.  I,  p.  137,  an.  129 7 :  : 

"  Et  où  il  seroit  mains  damajant  h  moi.  «]  (x.  e.) 

Damajos.  [Intercalez  Damajos,  qui  éprouve  un 
dommage,  dans  la  Chron.  des  ducs  de  Normandie, 
V.  4904  : 

Et  trop  nos  ont  fait  datnajos.]  (N.  E.)  " 

1.  Damas,  subst.  inasc.'Som  de  ville  (5).  Cette 
ville  a  donné  son  nom  à  une  étoffe  qui  s'y  fabriquoil. 
On  distinguoil  autrefois  : 

1°  >i  Le  drap  de  Damas.  »  C'étoit  une  éloffe  de 
soie  faite  à  Damas  même.  Cette  expression  se  trouve 
dans  la  description  d'un  banquet  qui  fut  préparé  à. 
la  suite  d'une  joute  en  -1453.  «  Je  m'en  allay  là  où 
<•  le  banquet  devoil  estre  :  auquel  lieu  je  liouvay 
«  cinq  portes  à  passer,  avant  que  vinsse  jusquesen 
«  la  salle,  et  à  chacune  porte  il  y  avoit  des  archers 
»  ordonnez  pour  les  gai'der  et  des  gentilshommes 
«  avec  eux  pour  reconnoistre  les  gens,  et  estoient 
«  les  archers  vestus  de  robes  de  di'ap  gris  et  noir 
»  et  les  gentilshommes  de  satin  giis  et  noir,  et 
«  pareillement  tous  ceux  qui  servirent  le  banquet; 
«  les  chevaliers,  de  drap  de  damas,  les  escnyers  de 
«  salin  ;  les  varlels  de  drap  de  laine,  etc.  »  (Math. 


(1)  Dans  Roland  (str.  243)  :  «  Dient  Franceis  :  Damnes  Deus  nous  ait.  »  On   trouve   aussi  Dame  le  Diu  dans    Flore   et 
Blaaceflor  (v.  3276,  3339).  (N.  E.) 

(2)  «  Et  jura  Da»ie  Dieu,  qui  mainst  el  firmament.  »  (Chron.  de  Duguesclin.)  (N.  E.) 

(3)  «  Et  maintefois  Dmt  Girard  desconflt.  »  (Garin.)(N.  E.) 

(4)  Dans  Froissart,  on  trouve  dans  abbes  (II,  25)  au  cas  sujet  ;  dant  abhet  (II,  273)  au  cas  régime,  ou  bien  dampt   abbet 
(id.  275)  et  dan  Henri  de  Caslille  (V,  376).  (N.  E.) 

(5)  Elle  donne  aussi  son  nom  au  prunier  de  damas  blanc.  (Voyez  Mém.  de  Sully,  11^  136,  sous  Hocher.)  (n.  e.) 


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de  Concy.  Ilist.  de  Charles  VH,  page  6G7.)  Dans  l'in- 
ventaire des  livres  de  Charles V,  h  l'art.  8i9,  on  lit: 
«  couverture  de  dnip  de  damas  nmli'  à  r/ueiie.  « 

2°  >i  Le  damas  d'ortraict.  «  FJoiïo  brochée  en  or, 
«  tunique  de  riche  damas  d'or  traict  et  bordé  ;i 
«  deux  bords  de  deux  bordelettes  de  toile  d'argent 
«  traict  et  montrant  formes  de  grosses  perles.  » 
(Mém.  du  Bellay,  t.  VI,  p.  14-).) 

3»  a  Le  damas  meslé.  »  Etoffe  de  différentes  cou- 
leurs. ■<  Il  faut  doncques  des  plus  belles  estoffes  ; 
«  incontinent  je  desploye  un  velours  à  la  Turque, 
«  un  saliu  à  llcurs,  un  velours  a  ramage,  un 
«  damas  meslé  ,  et  autres  grandes  estofres.  » 
iCaquels  de  l'Ace,  p.  10.) 

2.  Damas.  Eau  de  senteur  composée  de  l'amas 
de  diiïérentes  herbes,  comme  qui  diroil  eau  de 
mille  Heurs.  Léon  Trippault  l'écrit  eatic  d'amas 
(Voyez  son  Celthellenisnie  à  la  lettre  d.)  Selon  l'or- 
thographe qu'emploie  Colgrave,  eau  de  Damas{[),  il 
sembleroit  que  cette  eau  tireroit  son  nom  de  celui 
de  la  ville  do  Damas.  Crétin  écrit  eaa  de  Damatz, 
dans  une  pièce  faite  au  nom  des  dames  de  Paris  où 
il  adresse  la  parole  ;\  Charles  VIU. 

Que  eaux  de  damatz,  marjolaines,  cyprès.  (Cret.  i75.J 

Damascer  ,  verbe.  Damasquiner.  Terme  de 
fourbisseur  ou  d'armurier.  (Dict.  d'Oudin.) 

Damasceure,    subst.    fém.    Damasquinure. 

(Oudin  et  Colgrave.) 

Damasquin,  adjectif.  Qui  ressemble  aux 
ouvrages  de  Damas. 

De  là,  on  a  dit  damasquin,  pour  désigner  ce  qui 
ressemble  à  l'étotTe  appellée  damas,  du  nom  de  la 

ville  où  elle  se  fabriquoit «  Si  j'estois  raz  ou 

«  damasquin,  je  vaudrois  pour  le  moins  un  florin 
«  l'aulne,  et  je  ne  vaux  plus  rien.  »  (Nuicts  de 
Strapar.  t.  Il,  p.  100.) 

On  a  employé  ce  même  mot  pour  exprimer  ce 
qui  a  la  qualité"de  l'acier  de  Damas.  lOud.  et  Cotgr.) 
«  Ce  qui  est  ondoyé  comme  les  lames  de  Damas.  « 
C'est  en  ce  sens  qu'on  lit  dans  ce  vers  : 

0  gorge  damasquine,  ens  cent  plis  figurée. 

OSuv.  de  Joach.  du  Bellay,  fol.  405. 

Damasquinage,  subst.  masc.  Damasquinure. 
(Cotgr.  et  Oudin.) 

Damasquine,  subst.  fém.  Sorte  de  ciselure  (2). 
C'est  le  sens  que  présente  ce  mot  dans  les  deux 

passages  que  nous  allons  citer  :  «  Au  milieu 

«  de  celle  table  de  marbre  y  avoit  un  petit  pilier  de 
«  crystal,  et  sur  icelluy  une  statue  de  mesme  ma- 
«  tiere  diaphane  qui  representoit  l'image  d'une 
«  prudence  en  forme  féminine,  non  nue  mais  cou- 
«  verte  d'une  longue  stole  crystaline  bordée  en 


«  damasquines  d'or  et  semée  d'estoilles  d'or.  » 
(Alector,  Hom.  fol.  129,  V-.l 

Deux  bracelets  d'or  fin  taiUez  en  da>nasqui,w. 

PoLS.  de  Rem.  Bellcau,  t   I,  fol.  97,  V'. 

Damasquiner,  verbe.  Nous  ne  citons  ce  verbe 
qui  subsiste  que  pour  donner  un  exemple  du  sens 
flguré  dans  lequel  on  l'a  employé  aulrefois. 
«  Polygamme  dit  que  la  plus  grande  finesse  qui  soit 
«  en  ce  monde  est,  aller  rondement  en  besongne, 
«  parler  son  vray  patois,  et  naturel  langage,  sans 
«  le  pourfiler  et  damasquiner,  comme  font  nos 
"  refraisez  et  gaudronnez  de  ce  jour.  »  (Contes 
d'Eutr.  p.  191.) 

Damassé,  adj.  Terme  d'armoirie  (3).  »  Les  armes 
"  d'Ailly  sont  damassées  de  gueules  au  chef  échi- 
«  quête  d'argent  et  d'azur.  »  (La  Roque,  Orig.  des 
noms,  p.  210.) 

Dame,  subst.  fém.  Fille  de  qualité*.  Femme 
mariée  ^.  Belle-mère  '^.  Maîtresse  °.  Femme  ^. 
Amante''.  Pièce  du  jeu  des  échecs°  (4). 

Le  titre  dedame,qm  se  donne  aujourd'hui  indis- 
tinctement à  toutes  les  femmes  en  général,  étoit 
anciennement  affecté  aux  femmes  des  chevaliers. 
Les  femmes  des  écuyers  et  toutes  les  autres  femmes 
mariées  ou  non  étoient  simplement  qualifiées 
demoiselles.  (Voyez  la  note  a  de  l'éditeur  de  Petit 
J.  de  Saintré,  page  152.)  Dans  les  services  dus  pour 
les  fiefs  où  il  étoit  permis  de  substituer  (luelqu'un 
à  sa  place,  on  voit  que  les  dames  y  envoyoient  un 
chevalier  et  les  demoiselles  un  écuyer.  (Voyez 
Beauman.  p.  147.)  Les  usages  ont  cependant  varié 
pour  l'emploi  de  ce  mot,  suivant  les  temps  et  sui- 
vant les  auteurs  qui  s'en  sont  servis.  Les  mots  de 
dame  et  de  demoiselle  ont  souvent  été  confondus. 
Les  sentimens  sont  partagés  sur  son  étymologie. 
Les  uns  le  dérivent  de  l'hébreu  daman,  en  latin 
silere,  se  taire.  (Borel,  Dict.)  Cette  étymologie  est 
bien  contredite  aujourd'hui,  à  en  croire  le  préjugé 
presque  généralement  reçu.  On  en  voit  une  autre 
dans  les  Serées  de  Bouchot,  p.  176,  qui  n'est  pas  si 
avantageuse.  «  Comment,  disoit-il ,  pourroit  on 
«  aimer  les  dames,  puisqu'elles  se  nomment  ainsy 
«  du  dam  et  dommages  quelles  portent  aux  hom- 
«  mes.  »  Au  reste,  il  "paroît  tout  simple  de  dériver  le 
mot  dame  de  dam  qui  vient  de  domnus,  seigneur  (5). 
(Pasq.  Rech.  p.  007.)  La  distinction  entre  dame  et 
demoiselle  paroît  bien  confirmée  par  le  passage 

suivant  :  "  Vous  donrez  ung  très  bel  soupper 

»  à  plusieurs  chevatiers,  dames,  et  damoiselles  de 

«  la    court et    lorsque   pour   publier   vostre 

«  emprise  plus  honorablement  par  le  roy  d'armes, 
«  ou  herault  vous  ferez  crier  que  la  dame  ou  da- 
«  moiselle,  chevalier,  ou  escuyer  que  aux  dances 


(1)  «  Le  rozier  de  danias  blanc  »,  dil  0.  de  Serres  (552>  ;  c'est  donc  une  eau  de  l'ose.  (n.  e.) 

(i)  Le  nom  turc  de  la  ville  syrienne  est  Dimacq,  ce  qui  fait  comprendre  le  7  intercalé  dans  damasquine  et  les   articles 
environnants.  (N.  E.) 

(3)  On  appelle  ainsi  les  tissus  de  même  couleur  dont  les  teintes  différent  à  cause  de  la  direction  diverse  des  fils    qui 
composent  le  tissu.  Les  peintres  et  les  graveurs  du  moyen-âge  ne  disaient  pas  damassé,  mais  diapré.  (Voy.  ce  mot.)  (N.  E.) 

(4)  Enfin  on  a  dit  da>ne  grant  pour  grand'mère  :    «   Lesquels  orphelines  demeurèrent  ou  gouvernement    d'une  bonne 
femme,  leur  rfrone-grant.  »  (JJ.  185,  p.  340,  an.  14.56.)  (N.  E.) 

(5)  Le  changement  d'rt  en  0  n'est  pas  rare  en  français  (Dame  D(>»)  ;  d'ailleurs  on  trouve  aussi  dôme  (Bibl.   de  l'Ec.  des 
Chartes,  3'  série,  t.  V,  p.  87)  :  «  L'aumône  que  ma  dôme  Teeline  aveit  fait  à  De  e  ans  hospitaulers.  n  (n.  e.) 


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«  seront,  le  mieulx  chantans  à  icelle  feste  :  La  dame 
«  ou  (lamoiselle  aura  de  vous  un^bel  diamant  et  le 
«  chevalier  ou  escuyer  aura  un  bel  rubis.  »  iPetit 
J.  de  Saintré,  p.  172.) 

On  voit  cependant  que  le  litre  de  dame  se  donnoit 
aux  femmes  de  la  plus  basse  condition.  ^Oudin.) 
«  Les  femmes  de  qualité,  on  les  nomme  dames,  les 
«  moyennes  demoiselles,  et  dames  eneores  cellesde 
«  la  plus  basse  marche.  »  (Ess.  de  Montaigne,  t.  I, 
page  S'iS.) 

Après  ces  observations  générales  sur  le  moidanie, 
donnons  des  exemples  des  diverses  acceptions  que 
1  on  a  attribuées  à  ce  même  mot  : 

"Dame  s"est  dit  pour  tille  et  fille  de  noble  extrac- 
tion, surtout  quand  elles  avoient  atteint  l'Age  de 
cinquante  ans.  «  Elle  a  une  sienne  niepce  lille  de 
<>  sa  seur  une  des  plus  belles  dames  du  monde, 
«  s'elle  vit  en  aage,  qui  n'a  pas  encore  sept  ans.  » 
(Lanc  du  Lac,  t.  i,  fol.  147.)  «  Là  avoit  une  dame 
<■  nommée  Tiphaine,  extraicte  de  noble  lignée, 
«  laquelle  avoit  environ  vingt  quatre  ans,  ne  onc- 
«  ques  n'avoit  esté  mariée.  »  (Ilist.  de  B.  du  Guescl. 
page  53.) 

^  Dame  signifioit  aussi  une  «  femme  mariée.  » 
Les  femmes,  dans  les  actes,  sont  appelées  domina' 
par  leurs  maris.  (Du  Cange,  Glossaire  latin,  au  mot 
Domina,  4.)  On  voit  Ibid.  au  mot  donna,  les  mots 
donnam  et  dominam  employés  dans  le  sens  où 
nous  disons  en  langage  familier  rfame  &\,viailresse. 

Li  uns  dil  et  vuet  prover  par  raison 
Qu'assez  fait  rnieuz  à  loer  (himi'.  à  baron 
Que  pucelle  pour  amer. 

Poês.  MSS.  avanl  1300,  t.  I,  p.  iril. 

•^On  disoit  quelquefois  dame  pour  belle-mère  (1),  la 

femme  du  père.  »  Quand  telle  communauté  est 

«  contractée  par  an  et  jour  par  la  ditte  coustume, 
«  le  partissent  les  biens  en  telle  manière  que  le  dit 
«  père  et  sa  femme  seconde  prennent  chacun  pour 
>'  teste,  c'est  à  syavoir  les  deux  parts  et  les  fils  ou 
«  fille  le  tiers  :  et  si  le  dit  fils  estoit  marié,  luy  et  sa 
«  femme  emporteront  autant  que  son  père  et  sa 
«  dame.  »  (Coût,  de  Meaux,  au  Coût.  Gén.  t.  I, 
page  79.) 

°  Dame  s'employoit  dans  le  sens  de  maîtresse  ("i). 
Ainsi,  en  parlant  du  duc  de  Bretagne  qui  entrete- 
noit  de  sourdes  pratiques  avec  l'Angleterre,  se  fiant 
sur  l'amitié  de  la  duchesse  de  Bourgogne  sa  cou- 
sine, Froissart  ajoute  :  «  Et  bien  savoit  le  duc  de 
«  Brelaigne  que  plusieurs  seigneurs  en  France,  et 
«  non  pas  tous  l'avoyent  grandement  contre  cou- 
«  rage  :  mais  il  n'en  faisoit  compte,  ains  cheminoit 
«  tousjours  avanl.  et  se  confioit  grandement,  de 
«  plusieurs  de    ses   affaires,  en    sa    cousine    la 

«  duchesse  de  Bourgongne;  et  il  avoit  droit 

«  Celle  dame  de  Bourgongne  (que  je  vousdy)  estoit 


«  bien  da7ne,  car  le  duc  son  mary  ne  l'eust  point 
"  voulontiers  courroucée  :  et  bien  y  avoit  cause, 
«  car  de  par  la  da)ne  il  tenoit  de  grans  héri- 
«  tages  :  et  si  en  avoit  de  beaux  enfans,  de  quoy  le 
«  duc  estoit  plus  tenu  à  elle  :  et  estoit  aussi  toute 
»  la  couronne  de  France.  »  (Froiss.  liv.  IV,  p.  124.) 
[Ed.  Kervyn,  t.  XIV,  p.  351.] 

De  là,  on  disoit  «  dame  de  soi  »  pour  maîtresse 
de  soi,  qui  n'est  soumise  à  personne.  Aussi  nom- 
moit-on  les  villes  qui  se  gouvernoient  par  leurs 
propres  magistrats  :  «  Leur  disoit  que  les  autres 
«  bones  viles  s'esloient  accordées  privement,  que 
>'  eles  ne  vouloient  plus  estre  en  l'obéissance  de 
«  seigneur,  et  que  la  vile  qui  ne  si  accorderoit 
«  seroit  deslruite  par  les  autres  bones  viles,  et 
«  seroit  chascune  bonne  vile  dame  de  soi  sans 
«  tenir  d'autrui.  »  ^Beaum.  p.  155.) 

^On  s'est  quelquefois  servi  du  mot  dame  pour 
femme  dans  le  sens  générique.  Dans  un  de  nos 
anciens  romans,  une  fée  ayant  grondé  vivement  le 
jeune  Partonopex  qu'elle  trouva  dans  son  lit,  se 
laisse  enfin  toucher  par  ses  larmes. 

El  l'ait  que  dame,  et  si  fait  bien  : 

Quar  soz  ciel  n'a  si  franche  rien, 

Con  est  tiaiiie  qui  velt  amer, 

Quant  Diex  la  velt  à  ce  torner.  [P.  de  B.  i'iS.j 

■^  Le  mot  rfrt(«(^  s'est  souvent  employé  pour  dési- 
gner une  nnianle,  une  maîtresse.  On  la  nommoit 
quelquefois  dame  d'amours.  "  Une  dainoiselle 
«  juifve  qui  dame  d'am.ours  estoit  du  roy  Pierre, 
«  etc.  »  (Tri.  des  IX  Preux,  p.  5'2'2.)  Plus  souvent 
on  disoit  simplement  dame. 

Dame  otroie  à  ami 
Cors  et  cuer  autresi. 

Marcoul.  el  Salem.  MS.  de  S.  G.  fol.  116.  R-  col.  2. 

°  Enfin  on  nommoit  autrefois  dame  {3,\  au  jeu  des 
échecs,  la  pièce  que  nous  appelons  aujourd'hui  la 
reine,  et  Pasquier  disoit  :  «  Celui  qui  appelle  cette 
«  pièce  dame,  non  royne,  dit  le  mieux.  <>  (Rech. 
page  378.) 

Nous  citerons  ici  quelques  proverbes  et  quelques 
expressions  remarquables  : 

1°  »  A  belle  dame,  beau  joyau.  »  Ce  proverbe  se 
trouve  dans  la  Récréation  des  Devis  amoureux, 
page  47.) 

'2°  «  Les  chambres  vuides  font  les  soties  da- 
«  7)ies  (4).  » 

3°  »  Dame  Justice  »  se  disoit  souvent  pour  la 
justice.  (Ane.  Coût,  de  Bref.  fol.  20.)  Celle  expres- 
sion nous  est  restée  dans  le  style  plaisant. 

4°  «  Compagnie  de  la  fille  de  dame  oiseuse.  » 
Société  ainsi  nommée.  Le  P.  Meneslrier,  parlant  des 
sociétés  burlesques  ou  de  plaisance  qui  se  tenoient 
anciennement  dans  plusieurs  villes,  dit  :  «  Ces  jeux 
«  estoient  si  frequens,  et  si  fort  répandus  partout. 


(1)  «  Comme  le  suppliant  se  feust  marié  à  la  tille  d'une  femme  appellée  Guillemete  le  Gaz  ;...  icelle  Guillemete  sa  dame,  b 
(JJ.  136,  p.  144,  an.  1389.)  De  même  au  reg.  JJ.  158,  p.  166,  an.  1403  ;  «  Lequel  exposant  demanda  audit  Popile  pourquoy  il 
avoit  fait  semondre  lui  et  sa  danw  mère  de  sa  femme.  »  (X.  E.) 

(2)  Il  vaudrait  mieux  dire  maîtresse  femme,  (n.  e.) 

(3)  On  la  nomme  encore  ainsi  et  l'on  dit  des  pions  qu'ils  vont  «  dame.  Plus  anciennement  la  dame  se  nommait 
fierce.  (n.  e.) 

(4)  Ou  plutôt  :  «  Wide  chambre  fait  foie  dame.  »  (Leroux  de  Lincy,  I,  213,  xiii'  siècle.)  (n.  e.) 


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«  que  sur  les  registres  des  villes  des  Pays-Bas,  on 
«  trouve  jusqu'à  I'i90,  des  sommes  ordonnées  parles 
«  majïistrats  à  certaines  personnes,  qui  alloienl  sur 
«  des  chariots  ;"!  la  l'esli!  du  Prévost  des  Estourdis, 
<■  etc.  à  la  Coni|)as;nii>  de  la  fille  de  la  dame 
«■  oiseuse.  »  (Le  P.  Menestr.  de  la  Chev.  p.  251.) 

5»  «  Dame  ordinaire  de  la  royne.  «  Espèce  de 
charge  dans  la  maison  de  la  reine.  Dans  le  procès 
verbal  de  la  Coût,  de  Monlfort  Lainaulry,  eu  lô.j?, 
on  voit  «  Dame  Claude  de  Beaulne  dame  ordinaire 
«  de  la  royne.  » 

G°  «  Dame  du  lit  »  Sorte  de  charge  à  la  cour.  Il 
yen  avoit  quatre  au  service  delà  reine  d'Angle- 
ierre,  en  IG-iG.  (Ambas.  de  Bassomp.  t.  I,  p.  9.) 

7°  «  Dame  d'honneur  et  dame  de  compagnie.  » 
On  faisoil  distinction  de  ces  den.\  titres,  suivant  la 
dignité  des  maisons  auxquelles  elles  éloient  atta- 
chées. L'auteur  du  livre  intitulé   «   Les  honneurs 
«  de    la  Cour  » ,    après  avoir  parlé  des  maisons 
des    [«oys  ,   Roynes  ,    Ducs,    Duchesses  ,   Prin- 
cesses et  des  usages  c|u'on  y  observoit,  ajoute  :  «  El 
«  toutes  ces  choses  dessus  dilles  ne  se  doibvent 
«  faire  ez  maisons  de  plus  bas  degré,  sy  comme  de 
»  comtesses,  vice  comtesses,  baronnesses  dont  il  y 
«  a  grant  nombre  par  plusieurs  royaumes  et  pays  : 
<■  que  s'il  y  at  en  icelle  quelque  dame  demeurant, 
"  elle  se  doibt  appeller  dame  decompaignie  et  non 
«  pas  dame  d'honneur.  Les  damoiselles  se  doivent 
«  appeller  damoiselles  ou  gentifemmes  de  celles 
<c  maisons  et  non  pas  filles  d'honneur.  Celle  qui  les 
»  garde  se  doibt  appeller  par  son   nom,  Jeanne, 
»  Marg  irite,  et  non  pas  mère  des  filles.  »  (Honn. 
de  la  Cour,  ms.  p.  75.) 

8"  "  Dame  des  erbes.  »  La  première  de  toutes 
les  herbes,  la  plus  effictice,  celle  qui  a  les  propriétés 
les  plus  singulières.  Un  charlatan,  qui  vante  la  bonté 
de  ses  drogues,  propose  de  faire  voir  la  dame  des 
erbes,  dans  l'Erberie,  ms.  de  S.  G.  fol.  90. 

9°  ■'  Dame  des  nopces.  »  La  mariée,  l'épousée. 
Marguerite  d'Autriche,  écrivant  à  l'empereur,  son 
père,  les  circonstances  du  mariage  de  Mad=  Isabeau 
d'Autriche,  sa  nièce,  avec  le  roi  de  Danemarck,  en 
1514,  dit  :  «  Après  le  souppé  danses  et  tournoisjus- 
»  quesbien  tard  qu'on  se  retira  et  alla  l'on  coucher 
«  la  dame  des  nopces.  »  (Lettres  de  Louis  XII, 
t.  IV,  p.  326.) 

10"  «  Dame  des  fillettes.  »  Gouvernante  destines. 
>i  II  la  trouva  gisant,  prosternée  à  terre  au  millieu 
u  de  l'ancienne  dame  de  ses  fillettes  et  de  son 
»  petit  fils.  »  (Tri.  des  IX  Preux,  p.  143.) 

11"  ■■  Jeu  des  dames.  »  Espèce  de  jeu  qui  se 
jouoit  avec  des  dames  et  où  le  hasard  avoit  plus  de 
"part  que  la  science.  «  Certes  je  ne  scay  comment 
■■  nous  employons  presque  tous  nos  passetemps  au 


"  jeu  des  dames,  les  uns  au  vif  et  ù  bon  escient,  les 
«  autres  à  petits  semblants  parescrils  :  il  n'est  pas 
«  qu'a  faute  de  l'un  et  de  l'autre  le  commun  peuple 
«  n'employé  ordinairement  une  partie  de  ses  après 
»  disnées  au  jeu  des  dames  sur  le  tablier,  et  tout 
«  ainsi  qu'en  ce  jeu  le  hazard  du  dé  s'en  fait  croyre 
«  principallement  quelque  conduite  d'esprit  que 
»  nous  V  apportions,  ainsi  en  est-il  des  deux  autres 
"  jeux.  ■»  (Pasq.  Œuv.  Mesl.  p.  331.) 

[12»  Dame  des  [îllcs  de  joije.  Au  xvi'  siècle,  des 
courtisanes,  à  la  suite  de  la  cour,  recevaient  pen- 
sion du  trésor  royal:  «  A  Olive  Sainte,  dame  des 
filles  de  joije  suivant  la  cour  du  roy,  .90.  livres  par 
«  lettres  données  à  Watteville  le  .12.  may  1535, 
«  pour  lui  aider  et  auxdites  filles  à  vivre  à  vivre  et 
«  supporter  les  dépenses  qu'il  leur  convient  faire  à 
«  suivre  ordinairement  la  cour.  »  Dans  un  autre 
compte  du  tiésor  (1539),  on  lit  aussi:  «  A  Cécile 
«  Viefville,  dame  des  filles  de  joye  suivant  la  cour 
«  .90.  livres  par  lettre  du  6.  janv.  1538,  tant  pour 
»  elle,  (jue  pour  les  autres  femmes  et  filles  de  sa 
«  vacation,  à  départir  entr'elles  pour  leur  droit  du 
«  .1.  jour  de  may  dernier  passé,  qui  estoit  deu  à 
«  cause  du  bouquet  qu'elles  présentèrent  au  roy 
«  ledit  jour,  que  pour  leurs  estraines  du  .1. janvier; 
«  ainsi  qu'il  est  accoustumé  de  faire  de  tout  temps.  •• 
Mêmes  mentions  dans  les  comptes  de  1540  à 
1540.]  (N.  E.) 

Dame-Dé.  Cette  expression  signifie  Seigneur- 
Dieu.  (Voyez  Dam.) 

V.4RIANTES   : 
DAME  DIX.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7989,  fol.  77. 
D.\ME  DEU.  Fabl.  MSS.  du  P..  n»  7615,  t.  II,  fol.  180. 
D.VME  DIEU.  Ibirl.  t.  II.  fol.  127,  R»  col.  1. 
Dampne  dieu.  Hist.  de  la  S"  Croix,  MS.  p.  1  (1). 

Damer,  verbe.  Doubler  un  pion  *.  Donner  le 
titre  de  dame  °. 

*  Au  premier  sens,  ce  mot  se  dit  encore  au  jeu 
des  dames.  Pris  au  sens  figuré,  il  signifie  «  rendre 
..  la  pareille,  payer  de  la  même  monnoie.  (Voyez 
Rabelais,  t.  IV,  p.  48.)  (2) 

^  Le  mot  damer  se  disoit  aussi  pour  «  donner  le 
«  litre  de  dame  (3).  ■>  L'éditeur  de  Bouleillerdéclame 
contre  la  licence  que  chacun  prenoit  de  se  faire 
chevalier  «  et  de  damer  sa  femme  »  sans  être  ni 
écuyer  ni  noble.  (Bout.  Som.  Rur.  p.  502.) 

Dameus,  adj.  Qui  sert  au  jeu  des  dames.  Epi- 
thète  d'échiquier.  (De  la  Porte.) 

Damianes,  s.  f.  pi.  Religieuses  de  S'"  Claire. 
Ce  nom,  suivant  La  Roque,  leur  fut  donné  «  parce 
«  que  S"  Claii'e  prit  l'habit  de  religion  dans  l'église 
<i  de  S.  Damian  d'Assise  (4).  »  (La  Roque,  de  l'Orig. 
des  noms,  p.  253  ) 

Damie,  subst.  fém.  Titre  donné  à  la  S"  Vierge. 


(1)  Celle  expression  esl  déjà  dans  Roland  (v.  358,  1898,  elc).  Dame  est  là  pour  doiiiiiw.  non  pour  domina.  (N.  E.) 

(2)  «  .Te  damera])  ce  conle,  disl  Panurge,  vous  racontant  ce  que  Breton  Villandry  respondis  un  jour  ou  seigneur  duc  de 
Guise.  »  (Pofi/o'yiKe/,  IV,  ll.)(N.  E.)                                                                                                 .       .         ,,     „  j.       • 

(3)  «  C'est  une  daine  de  haut  prix,  Qui  est  tant  digne  d'estre  amie,  Quele  doit,  rose,  estre  damée.  »  (La  Rose,  d après 

Richelet.)  (N.  E.)  ....  .         ■  -j  ,t 

(4)  On  les  appelait  damhhnsles  pour  les  distinguer  des  simples  cordelières,  qui  étaient  beaucoup  moins  rigides.  (Jown. 
officiel,  30  juin  1874,  p.  4490,  2=  col.)  (N.  E.) 


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DA 


Mot  formé,  comme  celui  de  dame,  du  mot  latin 
domina. 

Sinte  mare  Damie. 

Poes.MSS.  av.  1300,  t.  IV,  p.  13G5 

Damnement,  stibst.  masc.  Condamnation  *. 
Daninalion  ^.  Dommage  *^. 

*  Sur  le  premier  sens,  voyez  le  Dict.  de  Bo;  el,  au 
mot  damner. 

^  Dainnewent  signifie  la  damnation  éternelle  dans 
le  vers  suivant  : 

A'eu  que  sa  fin  n'est  rien  que  damncinent.    (C.  Marot,  454.,' 

C'est  en  ce  même  sens  qu'on  a  dit  «  dnmpnement 
»  perpétuel.  »  (Cbr.  fr.Mss.  deNang.  sous  ran  1310.) 

'^  Enli'i  le  mot  dampnement  se  trouve  employé 
pour  dommage,  dans  le  l'i'ocès  de  J.  Cuer,  p.  13. 

VARIANTES  (1)  :i 
DAMNEMENT.  Cl.  Marot,  p.  454. 
Dampnement.  Chr.  fr.  MS.  de  Nangis,  an  1310. 
Daulnement.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  II,  p.  ".X)4. 

Damnor,  wr/;f.  Condamner*.  I.ivre:aux  peines 
dereiiler^  Ce  mot,  daiis  S.  Bernard,  répond  au 
latin  damnarc,  condemnnrc  el  piinire. 

*Le  premier  sens  est  le  sens  propre  et  générique. 
«  Damnée  en  exil ,  »  pour  condamnée  à  l'exil. 
(Chron.  de  S.  Den.  t.  I,  fol   17.) 

On  a  dit  «  procréé  de  sang  damné  »  pour  né  de 
père  el  de  mère  condamnés  pour  crime.  «  ...Elle 
«  les  niainteuoit  inliabilles  à  succéder,  pourempes- 
«  chement  coutumier  estant  en  leur  personne,  à 
«  raison  qu'ils  estoienl  procréez  de  Guillaul  Lau- 
"  reiis,  qu'elle  alîermoit  et  vouloil  prouver  avoir 
«  esté  m.  ans  auparavant  exécuté  à  mort  et  déca- 
"  pilé  pour  ses  demeriles,  et  par  ce  moyen  que  les 
«  dits  detfendenrs  comme  procréez  de  sang  damné, 
«  esloient  rendus  pur  la  coustume  de  Normandie 
«  inhabiles  à  succéder  en  quelconque  hoirie,  » 
dans  un  ;irrél  donné  parle  parlement  de  Rouen, 
rapporté  dans  le  Coût.  Gén.  t.  1,  p.  1015. 

^  De  \h,  le  mot  damner  s'est  employé  en  particu- 
lier pour  désigner  la  condamnation  aux  peines  de 
l'enfer  et  nous  l'employons  encore  dans  ce  sens. 
On  disoil  proverbialement  :  <■  Se  damner  comme 
«  une  serpe,  c'est-à-dire  se  précipiter  en  enfer  la 
«  léle  baissée.  »  (Rabelais,  t.  Il,  p.  1G9.) 

VARIANTES  : 
DAMNER.  Monet,  Corneille,  et  Bore!,  Dict. 
Damneir.  s.  Hem.  Serm.  fr.  MSS.  p.  88  et  passim. 
Dampnkr.  Ici.  ibid  p.  24. 
Dampneir.  td.  ibid.  p.  126  (2). 

Dainnerie,  subst.  fim  Choses  qui  damnent. 
«  Courlisannerie,  menterie,  diablerie,  damnerie  et 
«  toutes  telles  sciences  el  praeliques  desguisantes 
"  et  deslruisanles  vérités.  ■>  (Alector,  Rom',  fol.  35.) 


Damnisé, /jar^/c.  Accusé  faussement.  (.T  Chart. 
Hisl.  de  Charles  Vil,  p.  282.)  On  lit  à  la  marge  : 
»  La  dame  de  Morlagne  condamnée...  pour  fj;,sse 
«  accusation  contre  Jacques  Cœur.  » 

Damoiller,  verbe.  Traiter  de  demoiselle.  Borel 
cile  Coquillart,surce  mol,  qu'il  expliqueen  cesens. 
Il  pareil  êlre  le  même  que  dumoyacller  (|u'om  verra 
ci-api'ès  avoir  signifié  laire  demoiselle,  marier  une 
fille  à  un  noble.  Peul-êlie  les  deux  sigiiilicalions 
apparliennent-elles  à  chacun  de  ces  deux  mois  qui 
.semblent  ne  différer  que  par  une  altératiun  de  pro- 
nonciation ou  d'orthographe. 

1.  Damoiseau  ,  s.  masc.  Jeune  genlilhomme, 
écuyer  *.  Seigneur  souverain  °. 

Ce  mot,  qui  paroit  être  le  diminutif  de  dam  (3), 
seigneur,  est  employé  avec  diverses  accepli:)ns 
dans  nos  auteurs  par  un  abus  qui  est  ordinaire  pour 
les  noms  de  dignité. 

*  Il  s'est  appliqué  aux  jeunes  gens  de  condition 
qui  n'éloient  pas  encore  chevaliers  ,  mais  simple- 
ment écuyers,  qui  n'avoient  point  de  terre  ou 
seigneurie  en  propre  et  qui  n'étoieni  noint  mariés. 
Il  a  été  donné  aux  fils  mêmes  des  rois.  On  s'en 
servoit  aussi  pour  les  jeunes  gens  de  la  noblesse  la 
moinsqualifiée.  Selon  le  P.  Jl'eneslrier.  les  «  enl'ans 
"  des  chevaliers  se  nommoienl  damoiseaux  en 
«  France,  donzils  en  Catalogne,  en  Savoye  et  en 
"  quelques  autres  endroits,  du  diminutif  de  dam  et 
«  de  dom,  qui  esloient  les  titres  d'honneur  qui  se 
"  donncient  aux  chevaliers,  quasi  domini  et  les 
«  damoiseaux,  dominicelli.  »  (Le  P.  .Menestrier  de 
la  Chev.  p.  105.)  Celte  acception  est  jistifiée  dans 
un  litre  où  on  lit  :  «  Unze  que  chevaliers  que 
«  damoisels  des  chastes  (châteaux)  d'un  seigneur, 
«  jurent  pour  lui.  »  (Perard,  Hist.de  Bourgoane, 
p.  'S()0,  lit.  de  12-'(G.)  Selon  Fauchel,  le  "  nom  de 
"  damoisel  n'appartenoil  qu'aux  jeunes  adolescens 
"  de  grande  maison,  et  n'estoii  pas  commun.  » 
(Fauch.  des  Orig.  liv.  1,  p.  86.) 

Froissart,  parlant  du  fils  du  roi  d'Angleterre, 
sous  l'an  l:-;7(3,  dit  :  ■>  Après  la  teste  S.  Michel,  qu'on 
«  eust  fait  à  Londres  rohsè(!ue  du  prince,  ainsi 
"  qu'il  apparlenoil,  le  roy  d'Angleterre  fit  recon- 
«  gnoistre  à  ces  eufans  le  duc  de  l.ancasire,  le 
«  comte  de  Canlebruge,  et  monseigneur  Thomas,  le 
«  moins  aisné  et  ù  tous  les  barons,  comtes,  prélats 
«  et  chevaliers  d'Angleterre,  le  jeune  damoisel 
«  Richard,  àeslreroy  après  son  décès.  «  (Froiss. 
liv.  1,  p.  455.)  [Ed.  Kt-rvyu,  VllI,  p  384,  var.] 

Ph.  Mouskes,  parlant  de  la  mort  de  Pépin,  fils  de 
Charlemagne,  s'exprime  ainsi  : 

Jouenes  dansiaus  preux  et  gallars  (4).  (P.  Mouskes,  19.] 


(1)  On  lit  au  \\V  siècle,  dans  la  Chanson  des  Saxons  (XXI)  :  «  Mais  je  nés  eslie  mie  pour  le  lor  damptnement  »  ;  et  au 
xiii'  siècle,  dans  la  Rose  (v.  9050)  :  «  Car  la  letre  neïs  tesmoigne  Ou  sisiesme  livre  Virgile,  Par  l'auctoiité  de  Sébile  ,  Que 
nus  qui  vive  chastement  Ne  puet  venir  à  dcmpncmcnt.  »  Dumvalion  était  employé  au  même  sens  :  «  Li  niultitinline  de  la 
inercit  c'on  lor  a  niostreit  lor  lurne,*à  la  parsomme,  en  accomblement  de  droitiiriere  dampnasinn .  »  (S'  Bernard,  559.) 
DampiHiblc  n'apparait  pas  avant  le  xv  siècle.  i,Fènin,  1423.)  (n.  z.) 

(2t  Dans  Thomas  de  Cantorbéry  (30)  on  lit  :  «  Nuls  ne  deit  sun  prélat,  ne  clerc,  ne  lai  dampner.  »  (n.  e.) 

(3)  11  a  été  fait  sur  le  diminutif  dominicellus  et  peut  être  contracté  en  dancel,  danzel,  doncel,  donzel.  «  Borgois,  et  dames, 
chevalier  el  damel.  »  (Garin.)  (N.  E.) 

(4)  Celte  forme  est  dans  la  Chanson  d'Antioche  (I,  774)  :  «  Et  Raimnns  de  saint  Gille  et  Rohers  li  Mansiaus,  Godefrois  de 
Ituillon,  Ustasses  li  dansiaus,  Et  Bauduins  ses  frères  qui  est  encore  tousiaus.  »  (Comparez  le  provençal  toza  )  (n   e  ) 

IV.  58 


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458  — 


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Cependant,  il  me  sembleroit  que  le  titre  de 
davtoisel  se  seroit  inéine  donné  aux  jeunes  gens 
non  nobles,  car  dans  une  idylle  ou  pastourelle  où  il 
n'est  queslion  que  de  bergers,  on  lit  : 

Par  envie  doi  ilaniel 

Li  elloadieiil  son  forueil  (al.  fourrel). 

Poës.  MSS.  av.  13U0,  l.  III,  p.  10S8  et  1080. 

Dans  des  actes  de  l'iGG,  on  voit  les  qualités  «  de 
«  noble  bouillie,  damoiseau  et  bourgeois  de  Clia- 
«  rolies  et  celles  ne  noble  bomme  damoisea>i  sei- 
u  gneur  de  la  Vesure  sur  Arroux  »  réunies  dans  la 
même  personne.  (Uist.  des  Grands  OUlciers  de  la 
Cour,  t.  VI,  p.  4ii.)  Dans  un  autre  titre  de  1340, 
on  voit  la  qualité  de  damolsel  donnée  à  un  noble 
ayant  reinine.  (La  Tliauin.  Coût,  de  Berri,  p  '254.) 
On  trouve '/o»u'h/s<'/hs, dans  G.  eg.  de  Tours,  p.  323. 

Il  faut  ce|ieuduiit  convenirque  souvent,  dans  nos 
anciens  piiéles,  le  nom  de  daDwisiaiixè'esl  employé 
pour  designer  en  général  deux  jeunes  gens.  C"est  en 
ce  sens  que  ce  mot  doit  s'enleudre  dans  ces  vers  : 

....  Quant  je  vois  ces  danioisiaitx 
Qui  taul  sont  avenans  et  biaus. 

Fabl.  MSS.  du  R   n"  1218,  fol.  217,  V-  col.  1. 

^Le  mot  «  dajnoisclniise  trouve  guieres  avoir  esté 
«  porté  pour  tiltre  de  seigneurie,  que  par  celuy  de 
«  Coinmarcliis  [Commercy]  place  et  grand  fief  assis 
«  entre  la  Champagne  et  Lorraine.  ■•  (Fauch.  des 
Origines,  liv.  1,  p.  80.)  Pasquier  cite  cependant 
plusieurs  Ane.  Cbron.  et  des  Poës.  fr.  où  il  est  dit 
que  S  Louis  «  esloit  damoisel  de  Flandres  voulant 
«  dire  qu'il  en  estoit  seigneur  souverain.  »  (Pasq. 
Rech.  p.  6G7  )  On  lit  dans  Ph.  Mouskes,  m.-,,  p.  8'jG  : 

Car  de  Flandres  jusqu'à  Bordiaus 

Est  li  rois  souverains  dauiolsiaus.  (P.  Mouskes,  846. J 

Remaniuons  encore  ces  expressions  : 

1°  On   disoit    proverbialement   :   «  Li  damoisel 

«  d'Amiens.  »  (Prov.   à  la  suite  des  Poës.  mss.  av. 

1300,  t.  IV,  page  1G45) 
2°  »  La  coiifraïrie  de  la  fierté  des  damoiseaux  de 

«  Tournay  »  étuit  une  espèce  d'association  dont  on 

voit  l'institiilion  dans  l'Histoire  de  Tournay,  par  J. 

Cousin,  cb.  16,  p.  79. 

VARIANTES  : 

DAMOISEAU.  Gace  de  la  Bigne,  des  Déd.  MS.  f»  130,  V». 

Damoiseax.  Fabl.  MS.  de  S  G   fol.  60,  R»  col.  3. 

Da.moyseau.k   Gloss.  du  P.  I.abbe,  au  mot  iJoDiicellus. 

Damolsiax.  Fabl.  MSS.  du  R   n»  7989,  fol.  78,  R»  col.  2. 

Damoisiaux.  Ibid.  n»  7615,  t.  II,  f»  135,  V»  col.  2. 

Damoisel.  Ibid  n°  7218,  fol.  2.53,  V°  col.  2. 

Damisele.  Vies  des  SS.  MS.  de  Sorb.  ch.  LX,  col.  44  (1). 

Damisel.  Du  Cange,  Gl  lai.  au  mot  Uoink-ellus. 

Demisele  Poës.  MSS.  du  Vat.  u»  1490,  fol.  144,  V». 

Dansel.  Ibid.  n»  1490,  fol. 

Danzel.  Rom.  de  Narcis,  MS.  de  S.  G.  fol.  118,  V»  col.  3. 


Danziax.  Parton.  de  Bl.  MS.  de  S.  G.  f»  128,  V»  col.  2. 
Danskllo.n.  Fabl.  MSS.  du  li  n»  79«9,  f°  80,  R»  col.  1. 
DONZEI.LON.  Ph.  Mouskes,  MS.  p.  145. 

2.  Damoiseau,  adj.  Brillant,  galant*.  Humain, 
tendre^  (2). 
*  Ce  mot  est  au  preniier  sens  dans  ces  vers  : 

Je  vente  aussi  la  déité  parée 

Qui  éclairsit  son  lustre  (/fu?i()!.scai(. 

Pocs.  de  Loys  le  Caron,  fol  18,  R*. 

L'auteur  s'est  servi  très  souvent  de  ce  mot. 
^  Clém.  Marot  a  dit  au  second  sens  : 

Avez  vous  donc  les  cœurs  moins  damoyseaux 
Qu'dspics  ni  loups?  (C  Maml,  t'JO.) 

Damoiseie,  s.  /'.  Femme  d'un  écuyer*.  Fille*. 

*Onappeloit(/«)/;o/s^'//('S  les  femmes  des  nobles  du 
plusbaul  iaiig()iii  u  avoient  point  reyu  la  chevalerie. 
Le  litre  de  dame  étant  réservé  pour  les  femmes  des 
chevaliers.  Voyez  la  préface  de  l'armoriai,  Gén.  de 
M'  d  Hozier,  p.  G,  où  il  cite  les  exemples  de  «  demoi- 
«  selle  de  Laval  "  femme  de  Gui,  comte  de  Laval,  vi- 
vant en  J540  et  de  «  damoiselle  de  Montmorenci  » 
femme  de  Guillaume,  baron  de  -Montmorency,  en 
1484.  Au  reste,  cette  distinction  vaiioit  iiuelquefois, 
caron  voitdansLanc.  du  Lac,  la  femme  d'un  chevalier 
qui  étoit  fille  de  roi  appelée  simplement  f/ft)«()/sf/ic. 

^On  se  servoit  du  mot  daiiioiselle,  au  second 
sens,  pour  désigner  une  fille  soil  noble,  soit  de 
basse  extraction;  nous  l'employons  encore  aujour- 
d'hui avec  la  même  acception.  C'est  en  ce  sens 
qu'on  disoit  :  »  Isabeau  (l'une  des  filles  de  Beimont 
«  prince  d'Antiocbej  moru  damoiselle,  sans  avoir 
«  été  mariée.  »  (Ass  de  Jérus  p  224.)  (3) 

Un  ancien  poëte  nomme  les  Lois  Maries 

Ces  trois  danzcUes. 

Hisl.  des  Trois  Maries,  en  vers,  MS.  p.  3. 

Remarquons  quelques  expressions  singulières  où 
ce  mot  se  trouve. 

1"  "  Damoiselles  »  ou  ^  genlifemmes.  »  C'est  le  titre 
que  l'on  donnoit  aux  filles  attachées  aux  maisons 
d'un  rang  inférieur,  et  que  l'on  apptloit  »  tillesd'hon- 
"  neur  »  dans  les  maisons  du  plus  haut  rang.  (Voy. 
les  Honn.  ms.  page  75,  cité  ci-dessus,  au  mot  "  Dame 
d'honneur, etc.  »)  Cependant  la  femmed'Enguerrand 
de  Marigiiy,  seigneur  de  Menneville,  qui  mourut  en 
1200,  dans  son  épilaphe  est  qualifiée  «  damoiselle  de 
^  la  reine.  »  (Voyez  Meneslr.  Orn.  des  arm.  p.  137.) 

2°  «  La  damoiselle  »  est  une  expression  qui  a 
quelquefois  servi  pour  désigner  la  S'"  Vierge.  (Voy. 
l'IIist.  de  S"  Léoc.  ms.  de  S.  G.  fol.  26.) 

3"  1.  Damoiselle  d'une  aulne  de  velours,  »  c'est- 
à-dire  d'une  fille  du  commun  (|ui  faisoit  la  demoi- 
selle. (Dialog.  de  Tahur.  fol  38  ) 

4"  On  a  dit  aussi  «  damoisellez  (4)  »  pour  désigner 


(1)  Damisel,  qu'on  trouve  dans  Roncisvals  (p.  142),  correspond  à  damisele.  (Chanson  de  Roland,  v.  370S.)  (N.  E.) 

(2)  On  lit  aussi  dans  Ronsard  (896)  ;  «  Là  sont  d'âge  pareils  cent  jeunes  jouvenceaux,  Beaux  ,  vermeils  ,  crespelus  ,  aux 
mentons  damoiseaux.  «  (n.  e.) 

(3)  Ce  li;re  se  donnait  même  à  des  dames  mariées  :  «  Piètres  dou  Bos  s'en  vint  un  soir  chiés  ce  Phelippe  [d'ArteveldeJ, 
aui  demorolt  avoecques  sa  damoiselle  de  mère  (Froissard,  IX,  374)  »  ;  ou  veuves  :  «  Ysîbel  de  Combes  damoiselle  vefve  de 
l'aage  dp  cpiatre  vins  ans.  »  (.T.I.  68,  p.  256,  an.  1347. >  (N.  E.) 

(4)  «  Uellui  Ancelet  dist  à  icelle  femme  :  avisiez  la  damoiselle,  qui  est  à  dire  et  entendre  au  pais  [Laonnois]  qu'elle  estoit 
repronthée  ou  blasmée  de  son  corps.  »  (.1.1.  184,  p  112,  an.  1451.)  C'était  aiissi  la  directrice  des  filli  s  de  joie  :  «  Comme... 
Raoulin  brotjnart  et  Adenet  d'Orgfbrueil  fussent  a|pz  pour  eulx  esbatre  en  Fostel  de  Guillette  la  de  moiselle,  qui  estoit  lois 
coustumiere  de  tenir  et  avoir  en  sondit  liostpl  à  Rouen  fillettes  amoureuses  pour  esbatre  les  compaignons  ;  à  laquelle 
damoiselle  ils  demandèrent  avoir  pour  la  nuit  deux  lilletles.  »  (JJ.  120,  p.  219,  an.  1381.)  (n.  e.) 


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des  filles  de  mauvaise  vie.  Ce  mot  ne  paroît  pas 
susceptible  d'un  autre  sens  dans  le  passage  que 
nous  allons  rapporter:  «  Et  si  soloit  estre  que  le 
«  marescal  devoit  avoir  douze  damoiscUcz  à  la 
"  court  le  Roy,  qui  devioient  faire  seireinent  à  son 
"  badielor,  qu'elles  ne  sauveroient  aultres  putains 
«  à  la  court  qu'elles  mesnies  ne  ribaudes  sans 
X  avowerie  de  allre  [voyez  plus  haut  dame  des 
«  (i/li'S  (le  joye].  »  (Dans  une  citation  rapportée  par 
Du  Cauge,  Glossaire  latin  au  mot  Marescallus 
forinsecus.) 

VARIANTES   : 
DÂMOISELE.  Borel,  Dict. 

Damoiselle.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7989,  fol.  48,  R»  col.  2. 
Damoyselle.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t. 
Damaiselle  Pptit  J.  de  Saintré. 
Damayselle   Chr.  de  S.  Denis. 
De.miselle.  Poës.  MSS,  du  Vatican,  n°  1490. 
Demoiselle.  Orlli   subsi.stante. 
Dancele.  Poës   MSS.  avant  1300,  t. 
Danzele.  Hist.  des  Trois  Maries,  MS.  p.  3. 
Dimiselle.  Duchesne,  Gén.  de  Bélhune,  p.  164. 

1.  Damoiselet,  f/f/y.  Galant,  adonné  à  l'amour, 
élégant.  U.iMS  les  épilh.  de  M.  delà  Porte,  on  trouve 
cet  adjectif  employé  pour  épithète  de  «  musc  » 
«  d'atour,  ■■  de  ><  parfum,  •>  de  «  courtisan.  »  H  dit 
aussi  haquenée  «  damerete,  »  litière  «  damerelte  ". 
Au  reste,  ou  sait  que  cet  auteur  se  donne  une  grande 
licence  dans  l'emploi  qu'il  fait  des  mots. 

La  plus  mignarde  fronsure 
D'un  habit  duinoyselel. 

Poès.  de  Loys  le  Caron,  fol.  -iô,  V°. 

VARIANTES  : 
DAMOISELET.  Oliv.  de  la  Marche,  liv.  I,  p.  238. 
Damehet.  Epith.  de  M.  de  la  Porte. 

2.  Damoiselet,  s.  m.  Diminutif  de  damoiseau. 

VARIANTES  : 
DAMOISELET.  Dict.  d'Oudin. 
Damoiselin.  VUlon,  Dialog.  de  Mallep.  p.  55. 
Damovselin.  Contred.  de  Songecr.  fol.  153. 

Damoiselete,  s.  f.  Diminutif  de  demoiselle. 
(Voy.  les  autorités  citées  sur  les  ortliograijhes.) 

VARIANTES    : 
DAMOISELETE.  Oudin,  Dict. 

Damoiselette.  Id.  Des  Accords,  Bigarr.  fol.  137,  V». 
Damaiseulete.  .lean  de  Lescur,  à  la  suite  du  R.  de  Fauv. 
Dami.selilete.  Idem. 

Damoisellage,  s.  m.  Célibat.  (Voyez  Laurière, 
filoss.  du  Dr.  fr.  au  mot  Damoisellage.)  »  Héritages 
«  colliers  acquis  avant  mariage  qu'on  dist  en  demi- 
«  sellaige  succèdent  en  ligne  directe  comme  patri- 
«  moine.  «  (Coût,  de  l'Isle,  au  Coût.  Gén.  t.  II, 
page  903.) 

VARIANTES  : 
DAMOISELLAGE.  Laur.  Glo?s.  du  Dr.  fr. 
Demisellage.  Bout.  Som.  Rur.  p.  5.54. 
Demisellaige.  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  905. 

Damoiselle.  [Intercalez  Damoiselle,  support 
qui  remplaça,  au  sw'  siècle,  les  chambrières  char- 
gées de  tenir  les  miroirs  devant  leurs  maîtresses: 
«  Ledit  maitre  Girart  pour  la  façon  de  iiu.  damoi- 
»  selles  de  fust,   nettement  ouvrées  et  paintes,  ù 


<■  bon  or  bruni,  h  tenir  les  miroirs  des  dittès 
«  dames,  à  cause  de  leur  dit  alour.  »  —  «  Une 
«  desvidouere,  une  damoiselle  et  unes  tables  et  un 
«  estui.  >■  (De  Lahorde,  Emaux,  p  'iil  xiv  siècle.) 
Certains  outils  portent  encore  ce  nom,  comme  le  jam- 
bier  soutenant  le  cheval  des  scieurs  de  long.]  (n.  e.) 
Damoisellerie,  s.  f.  Race  de  femme  noble. 
«  Issus  de  damoisellerie  et  de  genliUiommeté.  » 
(Moyen  de  Parvenir,  p.  5.) 

Damoyseller,  verbe.  Faire  une  demoiselle. 
Marier  une  fille  roturière  à  un  homme  noble.  On 
trouve  ce  mot  en  ce  sens  dans  la  Dispute  d'un  mari 
et  d'une  femme.  L'un  vouloit  marier  sa  fille  à  un 
bourgeois,  l'autre  à  un  noble. 

Damp,  s.  m.  Batardeau  (1).  «  Par  la  ceure  de  fan 
»  1509,  et  en  laquelle  l'on  s'entretient,  est  dit, 
«  advenant  que  la  ventille  de  la  grotte  de  Remin- 
.  ghem  fut  insuffisante  ou  qu'il  v  manqua  quelque 
«  chose,  que  après  avoir  sommé  la  justice  du  dit 
«  Remingliem,  de  ne  réparer  en  dedans  huit  jours 
..  qu'ils  en  seioient  detîaillants,  que  l'on  fermera 
..  la  dite  grotte  et  venteilles,  et  ou  icelle  ne  puis 
«  fermer  que  l'on  doit  jetter  au  devar.t  un  bon  et 
«  sufllsant  damp,  et  pour  claure  et  ouvrir  ù  portion 
«  la  dite  venteille,  la  clef  doit  estre  mise  entre  les 
..  mains  de  la  justice  du  Wincle  qui  ordonne  et 
»  concert  une  peisonne  du  dit  Wincle  pour  en 
«  avoir  le  soin.  »  (Coût,  de  l'Angle,  au  Nouv.  Coût. 
Gén.  t  I,  p.  312,  col.  2.1  »  Aus  di'cts  couransd'eanx, 
«  soit  Réepdiche,  Watergache,  ne  se  pourront  faire 
«  aucuns  dams,  sans  le  cousenlement  de  ceux  de  la 
«  loy  et  au  cas  de  les  avoir  relevé  deubvemenl  par 
"  avant  le  dit  ecauage.  »  (Ibid  col.  1.) 

VARIANTES  : 
DAMP.  Nouv.  Coût.  Gén.  t.  I,  p.  312,  col.  2. 
Dam.  Ibid.  col.  1. 

Dampné,  adj.  Méchant.  C'est  proprement  le 
participe  de  dam/mer  [voyez  damner\  pris  dans 
le  sens  de  condamner. 

Leur  faulce  et  dnmpyxèe  (2)  pratique.  [Coquill.  p.  iSi.J 

Danipnification,  s.  (.  Dommage.  Nous  trou- 
vons ce  mot  en  ce  sens,  dans  Geofr.  de  Paris,  (as. 
du  R.  n-  0812,  fol.  .57.) 

Dampnisier.  [Intercalez  Dampn'sier  (Ord. 
VII,  33,  an.  1343):  «  Et  restableronl  le  dommaige 

«  au  dampnisié.  »]  (n.  e  ) 

Dainpnoy,  s.  m.  Nous  rapporterons,  pour  l'in- 
telligence du  sens  de  ce  mol,  le  passage  où  il  se 
trouve  :  «  Robin  sans  delay  a  fait  son  diimpnoij  :  Si 
»  l'a  embracié  et  décrié  en  vers  soi:  Puis  dit  de 
«  cuer  gai  :  Marot,  je  ne  te  faudrai.  »  (Bouhier,  ms. 
ch.  204,  fol.  199,  R".') 

Dan,  adv.  En  bas.  (Dict.  de  Borel.) 

Dance,  s.  /"  Danse  *.  Chance^.  Train,  dépense  "=. 
Terme  d'armoirie  °. 
*  Ce  mot,  qui  servoit  autrefois  pour  exprimer 


<1)  C'est  l'allemand  Damm,  rempart  ou  digue  :  .imsterdam,  digue  de  l'Amstel.  »  (n.  e.) 
(2)  «  Miex  voudroie  estre  morte,  se  ne  soie  dampnée.  i>  (BeT\je,  115'  couplet.)  (n.  e.) 


DÂ 


4C0  — 


DA 


toutes  sorles  de  danses,  pris  nu  sens  propre,  con- 
serve encore  aujourd'hu;  le  même  usage  (1). 
°An  lii;uré,  il  signifioiL  c/iw/it'f!. 

En  ce  monde  ne  vueil  plus  remanoir 

0«e  la  dancc  (2)  est  dureriienl  retournée.  (E.  Desch.  259.J 

•=  Le  mol  danee  est  pris  pour  «  train,  dépense  » 
dans  le  passage  suivant,  où  l'on  dit  en  parlant  des 
lal)les  somptueuses  (|ue  le  dnc  de  Bourbon  tenoit  à 
Paiis  :  "  Si  dura  si  longuement  oet^e  dance  que  le 
«  duc  de  Bourbon  se  Irouva  endebté  de  GO  mille 
«  francs  d'or.  "  {Ilisl.  de  Loys  111,  duc  de  Bourbon, 
paye  ai5.) 

°  Eiilin  ce  mol  se  trouve  employé  comme  «  terme 
"  d'armoii  ies  »  dans  les  versiiue  nous  allons  citer  : 

PortMit  armes  mervi=iUes  ceintes, 
A  dance.i  (3)  d'or,  en  vnrt  d'aucices 
A  quatre  bandes  lose.igies. 

Fabl.  MSS.  du  K,  ii-  71115,  t.  U.fol.  190,  R-  col.  1. 

Nous  placerons  ici  quelques  proverbes  et  expres- 
sions dans  lesquelles  le  mol  dance  se  trouve 
employé,  lautôt  dans  le  sens  propre,  tantôt  dans  le 
sens  figuré.  Nos  anciens  auteurs  en  fourmillent  (4). 

1°  »  La  danse  du  compaigiion.  »  C'étoit  une 
danse  connue  du  temps  de  .Marol.  Peut-être  aussi 
ces  mois,  pris  dans  un  sens  libre  et  figuré,  signi- 
fioient-ils  quelque  obscénité.  (Gl.  Marol,  p.  163  ) 

2° .'  La  dance  des  pucelles  »  étoit  une  sorte  de 
danse  que  l'on  liguroil  ordinairement  aux  noces. 
Les  filles  éloient  menées  par  un  homme.  «  Vous 
«  aurez  de  ma  livrée,  et  si  mangerons  de  l'oye  cor 
«  beuf,  que  ma  femme  ne  rouslii'a  poinct,  encore 
«  vous  prieray  je  mener  la  première  dance  des  pii- 
«  celles,  s'il  vous  plaist  me  faire  tant  de  bien  et 
«  d'bonneur  pour  la  pareille.  »  (Rab.  t.  III,  p.  163.) 

3°  »  Danse  de  S'  Jean.  »  C'étoit  ainsi  qu'on  appe- 
loit  une  sorle  de  maladie  inconnue,  peut-être  l'épi- 
lepsie.  (Du  Gange,  Gl.  1.  à  Saltus  sancti  Viti.)[?>) 

4°  «  Danse  basse.  »  Espèce  de  danse  et  air  de 
musique  sur  lequel  on  la  dansoit.  «  Les  dictz  me- 
«  nestiiers  alois  commencèrent  a  jouer  de  la  basse 
«  dance.  «  (Arrest.  Amor  p  206.) 

5"  "  Scavoir  de  la  vieille  danse,  «  c'est-;Vdire 
savoir  les  bons  tours  des  femmes  galantes.  On  a  dit 
en  parlant  d'une  mère  qui  interroge  sa  fille  sur  une 
aventuie  galante  dans  buiuelle  elle  avoit  été  sur- 
prise par  son  mari  :  «  La  uiere  luy  dit  (qui  scait 
«  assez  de  la  vieille  dance)  certes,  fait  elle,  je  me 
0  double  qu'il  n'y  ait  autre  chose,  et  ne  te  crniray 
«  jamais  qu'il  fu>t  si  hardy  d'entrer  en  la  chambre, 
«  s'il  n'eust  grande  accoinlance  à  loy.  »  (Les  Quinze 
Joyes  du  IMariage,  p.  186.) 


G°  «  Faire  de  ses  dens  la  danse  »,  pour  claquer 
des  dénis. 

7°  ..  Danse  du  loup.  »  E.xpression  obscène.  (Contes 
d'Eulrap.  p.  336.) 

8^"  Commcn.ier  la  mortel  dance  »,  c'est-à-dire 
commencer  le  combat. 

9"  «  Dance  de  coquin.  »  >■  A  dont  le  dit  Dnplois 
>'  respondi  audit  Simon  que  s'il  reucontroit  une 
«  aulreidis,  qu'il  y  auroil  dance  de  coquin.  ■>  (Très, 
des  Cil.  ]{(ig.  17-i,  p.  296.) 

10°  On  a  dit  «  faire  sa  danse  »  pour  faire  sa 
course,  son  tour. 

11°"  Mainer  la  dance  des  maleureux,  »  pour  de- 
venir malheureux,  miser  ible.  (Eust  Desch. '279.) 

Nous  cil(;roiis  encore  ce  proverbe  : 

Ades  ne  rist-on  pas  de  ce  qu'il  fet  la  rfnj!.s.se  (6). 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7-218,  f-  240,  V-  col.  1. 

VARIANTES    : 
DANCE.  Rabelais,  t.  III,  p.  163. 
Danse.  Apol.  pour  Hérodote,  p.  566. 
Danssiî.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7218,  f°  340,  R"  col.  2. 
Danseuie.  Du  Verd.  Bibl.  p.  688. 
Damaillerie.  Bouch.  Serées,  liv.  I,  p.  135. 
Dancade.  Bouh.  MS.  ch.  247,  fol.  218,  V°. 

Daiicé,  partie.  Accompagné  de  danses  *.  Mené 
à  la  danse  ^. 

*  En  parlant  d'un  souper  donné  h  Londres  à  la 
suite  des  joules  en  1390,  on  a  dit  au  premier  sens  : 
«  ....  Fut  le  souper  bel  et  gent,  bien  dancé,  et  con- 
«  tinué  toute  la  nuict,  jusques  auprès  du  jour.  » 
(Froiss.  liv.  IV,  p.  93.) 

^Dans  la  citation  suivante  on  trouve  la  preuve 

de  la  seconde  acception  du  mol  dancé.  «  Tous 

«  s'en  vindrentdevers  les  dames  qui  les  altendoient 
<i  pour  eslre  (lancées  et  carollées,  car  fesie  de  fem- 
«  mes  sans  hommes,  et  d'hommes  sans  femmes  est 
«  de  nulle  plaisance.  »  (Percef.  vol.  IV,  fol.  158.) 

Dancel,  s.  m.  [Intercalez  Dancel,  damoiseau, 
jeune  homme,  dancelle,  jeune  fille,  dans  la  Chron. 
des  ducs  de  Normandie.  Voyez  les  notes  et  variantes 
de  damoiseau.  Il  semblerait,  d'après  Amadas  et 
Ydoine  (B.  N,  6981,  fol.  315),  que  la  dansele  ou 
donz-elle  était  inférieure  à  la  damoiselle  : 

Et  chevalier  et  damoiseles, 
Esquier,  bourgois  et  datiseles. 

En  provençal,  donzel  est  synonyme  d'écuyer.  Le 
mot  subsiste  comme  nom  de  famille  en  Normandie 
[H.  Moisy).]  (n.  iî.) 

Danceinant,  s.  m.  L'action  de  danser. 

VAniANTES  : 
DANCKMANT.  Dict.  de  Monet. 
Dancement.  Nicot,  Dict. 


n)  a  Baiiccs,  baus  et  caroles  veïssiez  commencer.  »  (Berte,  XI.)  (N.  E.) 

(2)  «  Ct  luy...  qiu  maistre  esloil  de  mener  telles  danse.t,  et  qui  peu  les  craignoit.  »  (Bouciq.,  III,  ch.  II.)  (N.  E.) 

(3)  Danclté  se  dit  des  pièces  qui  se  terminent  en  pointes  aiguës.  A  la  suite  lisez  :  En  vair  dancies  ,  découpées  sur 
fourrure.  (N.  E.) 

(4)  Voici  les  noms  de  différentes  danses  employées  au  moyen-âge  :  «  Aucuns  de  la  ville  de  S.  Mard  vouldrent  que  le 
menesirel.  qui  cornoil  d'une  chevrette,  cornast  la  hauttc  dance.  »  (.T.I.  159,  p.  20,  an.  1403.)  Au  même  reg.,  an.  1404,  p.  137  : 
«  CoEiime  li'S  supplians  feussent  à  im  esbutement,  là  où  l'on  dansoit  à  loinjucs  dances,  en  la  ville  de  S.  Josse  sur  la  mer.  » 
Enfin  au  reg.  .1.1.  144,  p.  283,  an.  1393  ;  «  Icellui  Buch:irles,  qui  dançoit  à  ladite  feste  à  la  ronde  dance.  »  Ces  danses 
ress  niblaient  aux  gavottes  et  aux  bals  de  la  Bretagne  et  de  l'Auvergne,  comme  l'indique  l'expression  «  dancer  en  la  main 
d'une  fille  (I.I.  162.  p.  221,  an.  1408)  »,  c'ost-à-dire  en  la  conduisant  par  la  main.  Voyez  Croichet  plus  haut.  (N.  E.) 

(5)  Ou  lit  dans  Oudin  (p.  321)  ;  «  11  a  le  mal  Saint  .lean  »,  c'est-à-dire  le  m:u  caduc.  C'est  la  (/a»).st;S"  Guy  ou  S'  Witt.  (N.  E.) 

(6)  «  De  la  panse  vient  la  danse  »,  dit  encore  Villon  (.Grand  testament,  25).  (N.  e.) 


DA 


461  - 


DA 


Dancer,  verbe.  Danser  *.  Faire  danser  °. 

*Le  premier  sens  sulisisle  (I). 
"Ce  mol  esl  employé  au  second  sens  de  faire 
danser,  dans  ce  vers  : 

Que  je  duiice  filles  à  marier.  {J.  ilarot,  241.) 

Comme  les  anciens  poêles  employoienl  souvent 
ce  mot  au  ligure,  ce'a  a  donné  lieu  ?i  beaucoup 
d'expressions  remarquables.  Nous  en  citerons  ([uel- 
ques-unes  : 

1°  Eust  Deschamps,  dans  ses  poésies,  fait  dire  à 
un  mililaire  obligé  d'aller  au  guet  pendant  la  nuit  ; 

Pour  Dieu  me  soit  houppelande  donnée 
Car  ce  n  est  pas  en  yver  graiil  déduit 
D'ainsi  dancer. 

2°  »  Siècle  qui  dance  »  pour  le  temps  qui  court, 
le  temps  présent.  (Voy.  Monios,  parmi  les  Poëy.  fr. 
Mss.  av.  1300,  t.  111,  p.  ior)4.; 

3°  «  Faire  dancer  comme  jau  sus  breze.  ■>  Expres- 
sion proverbiale  qui  se  trouve  dans  Rabelais,  t.  II, 
page  16-i. 

PliOVEKRF.  : 
Qui  mal  danse,  bien  triomphe  (2). 

NuiB  de  Slraiiar.  t.  1,  p.  401. 

VARIANTES  ; 
DANCER.  Poës.  MSS.  dEust.  Desoh.  fol.  210,  col.  4. 
D\NCHER.  Dict.  de  Borel. 
Danser.  Nuits  de  Strapar.  t.  I,  p.  401. 
Dansser.  Ibid.  t.  II,  p.  3'^3. 
D.\NCAR.  Bouh.  MS.  ch.  249,  fol.  219,  R». 

Danceresse,  s.  f.  Danseuse. 

VARIANTES  : 
DANCERESSE.  Coquillart,  p.  3. 
Danseresse.  Nicot,  Dict. 

Danche,  s.  f.  Dents  de  scie.  Terme  d'armoi- 
ries. (.Monet,  Dict.) 

Dandas,  s.  m.  Nom  de  pays.  Celui  d'où  venoit 
l'indigo.  (Gloss.  de  l'Hist.  de  Paris.) 

1 .  Dandin,  adj.  Qui  a  l'air  hébété  (3)'.  Ce  mol  est 
mis  comme  terme  d'injure,  dans  Rab.  t.  I,  p.  178. 

VARIANTES  : 
D.\NDIN.  Epith.  de  M.  rie  la  Porte. 
Dendin.  Rab.  t.  I,  p.  ilH. 

2.  Dandin.  [Intercalez  Dandin,  clochette  des 
bestiaux:  »  Esquelles  besles  à  laine  en  avoit  une 
«  qui  avoit  un  dandin  on  clojhelte  pendue  au  col.  » 
(JJ.  139,  p.  113,  an.  1300.)]  {.n.  e.) 

Dando  (la).  Sorte  de  maladie.  ■•  Environ  quinze 
«  jours  devant  la  S.  Remy  cheut  un  mauvais  air 


«  corrompu  dont  une  très  mauvaise  maladie 
«  advint  que  on  appelluit  /((  dundo (4),  et  n'estoit  nul 
«  ne  nulle  qui  aucunement  ne  s'en  senlist  dedens 
"  le  temps  qu'cMe  dura.  »  (Jonrn.  de  Paris  sous 
Charles  VI  et  VU,  p.  113,  an  1127.) 

Dando  (le).  Ce  mot.  foiiTié  du  latin,  semble 
avoir  signitié  celui  qui  donne,  qui  fournit  à  la  dé- 
pense. ^Coquill.  p.  1G9.  —  Voy.  Dabo.) 

Dandi'illes,  s.  pi.  Mol  obscène.  (Cotg.  Oudin.) 

Dane,  s.  f.  Nom  propre.  Il  est  mis  pour  Daphné, 
dans  ce  vers  : 

Pour  Dane  qu'il  desiroit  si.  [Ffuiss.  Poës.  386.) 

Danemarche,  s.  Le  Danemark.  Dans  ce  pays 
on  faisoil  divers  ouvrages  qui  étoienlen  réputation, 
tels  que  des  >•  laielles  •■,  des  haches,  etc. 

Je  le  mis  en  une  laiette 

Quej'avois  proprement  fette 

De  Danneniarce.  (Froiss.  Poës.  p.  i73.) 

On  disoit  aussi  ■  hasches  danoises.  »  (Du  Cange, 
Gloss.  lat.  au  mot  Secitres  Danicœ)  ('^)  On  trouve 
»  haichesde  Danemarclie  »  et  le  proverbe  suivant. 
(Poës.  MSS.  avant  1300,  t.  IV,  page  1652,  dist  de 
l'Apostoile)  : 

Li  plus  bel  home  en  Alemaigne 
Li  plus  grant  en  Daiiemarche. 

VARIANTES    : 
DANEMARCHE.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  IV,  p.  1652. 
Dannemarce.  Froissarl,  Poës.  MSS  p.  173.  col.  2. 

Daneschier,  verbe.  Ce  mot,  formé  du  mot 
"  Danois,  »  sert  à  exprimer  le  cri  de  guerre  danois. 

Forment  les  oissiez  daneschier  et  crier. 

Rom.  de  Rou,  MS.  p.  133. 

Danger,  s.  m.  (6)  Péril,  danger,  risque*.  Obsta- 
cle, difliculté,  refus,  résistance^.  Ouerelle'^.  Retard, 
délai".  Besoin,  nécessité^.  Domination,  puissance, 
autorité''.  Fierté,  hauteur".  Domaine,  héritage". 
Mari,  le  maître  d'une  maison  '.  Congé,  permission  ". 
Droit,  impôt"-. 
*  Le  premier  sens  subsiste  encore  aujourd'hui. 
^On  Irouve  dangier  pour  «  obstacle,  difficulté, 
«  résistance  »,    dans    les    citations    suivantes    : 

«  Pour  double  que  ceulx  de  Paris  ne  luy  feis- 

«  sent  aulcuu  dangier,  s'en  partit  et  s'en  alla.  »  {.). 
Le  Fevre  de  S.  Remy,  Hist.  de  Charles  VI,  p.  23.) 
Fealté  fist,  mez  pou  la  tint  : 
Pour  dangier  fere  à  son  soignour 
Fist  dessus  arches  une  tour  (7). 

Rom.  de  Rou,  MS.  p.  227. 


(1)  Froissart  (éd.  Kervyn.  XIV,  203)  parle  d'un  souper  qui  fut  «  bien  estoffé,  bien  danssé  et  bien  continué  toute  la  nuit 
jusqups  au  jour  »,  c'est-à-dire  accompagné  de  danses.  (N.  E.) 

(2)  Car  «  janjais  danseur  ne  fu!-t  bon  clerc,  n  (Leroux  de  Lincy,  II,  79.)  (N.  E.) 

(3)  Selon  Petilleau  (suppl.  au  Dict.  de  Litlré)  le  niot  français  dandin  a  donné  à  Tangl.  le  mot  dandy  ;  le  sens  n'a  guère 
changé  ;  car  un  dandij  est  aussi  ridicule  par  sa  toilette  que  Georges  Dandin  par  ses  mésaventures  conjugales,  (n.  e.) 

(4)  "Cette  maladie,  paraît-il,  courbait  le  dos  (rfa)i.s  le  dos.  Ducaliana,  part.  II,  p.  316).  Comparez  Biuguendos  au  reg.  JJ.  132, 
p.  250,  an.  1388  :  «  Le  mary  prist  un  baston,  et  vous  en  donna  un  bingiiemlos  sur  les  espaules.  »  (N.  E.) 

(5)  «  Et  portent  glaives  [lances],  et  espies  Poitevins  ;  Hasches  danoises  pour  lancier  et  ferir.  u  (Garin  )  (N.  E.) 

(6)  Danrjer,  comme  donjim,  dit), rj.m,  est  un  dérivé  de  dominus ,  dominiaria  (Du  Cange).  car  au  -XVI»  siècle,  d'après 
Palsgrave,  on  prononçait  encore  dangier.  Le  sens  primitif  est  donc  pouvoir,  domination  :  «  Desor  tous  autres  rois  auriez 
le  daniper.  »  (Saxons,  VI.)  Ce  s^ns  est  au  xni*  siècle,  dans  la  Ch.  d'Antioche  (VI,  270)  ;  au  xiv«  siècle,  dans  Eust.  Deschamps, 
dans  Froissart  (II,  40,  362)  ;  voyez  aussi  le  reg.  JJ.  149,  p.  297,  an.  1896.  J.  Marot,  au  xvr  siècle,  écrivait  encore  :  «  Et  en 
parlant,  par  gestes  monstroit,  que  ses  advers,  il  ne  doubtoit  de  rien,  ne  leur  danger.  »  (V,  100.)  (N.  E.) 

(7)  Ce  sens  vient  le  second  dans  l'ordre  historique  (La  Rose,  1896)  :  «  Vassal,  pris  les,  noient  n'i  a  Du  contredire  ,  ne   du 


DA 


—  462 


DA 


"^  Davf/ier  semble  signifier  querelle  dans  les  pas- 
sages que  nous  allons  ciler  : 

Tesiez,  fit  il,  vous  estps  sot; 
De  quoy  me  fêtes  vous  dai-gier'? 

Fabl.  MSS.  du  II.  n- 1518,  fol.  2-2!).  V'  col.  2. 

"  Quant  Passelion  veil  queMarinones"esloiignoit 
«  par  courrou.K  dont  par  avant  peu  luy  estoil,"mais 
«  amouis  lait  aucunes  fois  enamoui'èr  et  désirer 
une  personne  plus  que  une  aulie  pour  nouveau 
dangier,  ainsy  advi.;t-il  au  preux  Passelion,  car 
le  dangier  nouvel  que  la  dame  luy  monslra  luy 
fist  tendrement  gouster  les  deduiiz  passez, 
comme  le  faniilleux  la  viande;  car  amours  l'ai- 
guilionoit  si  aygrement  qu'en  luv  n'avoit  ne  sens 
ne  advis.  »  (Percef.  vol.  iV.  fol.  i53.) 
"L'idée  «  d'obstacle  >■  entrainoit  celle  de  «  délay, 
«  retard  "  et  l'on  s'est  aussi  servi  du  mot  dangier 
en  ce  dernier  sens  : 

Les  a  semons,  sans  nul  dangier 
Qu'il  viegnent  à  la  feste  fere. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n"  1218,  fol.  58,  R*  col.  ). 

^ Ce  mot  s'eniployoit  aussi  pour  «  besoin,  néces- 
«  site.  »  C'est  en  ce  sens  qu'il  faut  l'entendre  dans 
les  différentes  citalious  que  nous  allons  rapporter  : 
<'  La  rivière  de  Caen  qui  porte  gros  navires,  estoit 
«  si  basse  et  si  morte,  qu'ils  la  passoyent  et  repas- 
«  soyentsans  le  danger  au  pont.  »  iFroiss.  liv.  I, 
p.  145.)  (I)  Ku  parlant  du  jeune  Partonopex  qui  se 
perdit  à  la  chasse,  on  a  dit  : 

A  g;rant  nusoise  fut  li  las; 
Il  fist  grant  froil,  s'ot  poi  de  dras, 
Grant  fain  ot  et  net  que  menger, 
One  n'en  avoit  eu  danger. 

Parion.  MS.'de  S.  Germ.  fui.  1-2G,  R'  col.  3. 

""Ce  même  mot  tiroit  quelquefois  son  étymologie 
de  "  dam  «  seigneur,  et  alors  il  avoit  des  accep- 
tions fort  différentes.  11  signifioit  »  domination, 
«  puissance,  autorité  (2).  »  C'est  en  ce  sens  qu'on  a 
dit,  en  parlant  des  piétentions  du  roi  de  Caslille 
qui  se  croyiiit  héritier  de  Ferrand,  roi  de  Portugal, 
dont  il  avoit  épousé  la  fille  légitimée  :  <•  Les  gens 
<'  des  cités  et  bonnes  villes  de  Portugal  murmu- 
>'  royent  ensemble  el  disoyent  :  il  vaut  mieux 
«  mourir,  que  d'eslre  au  danger  n'en  la  sugection 
«  des  Castillans.  »  (Froiss.  liv.  III,  p.  03,  an  1385.) 

On  lit  dans  Froissarl,  au  sujet  du  comte  de  Flan- 
dres qui  refusoit  d'épouser  la  fille  du  roi  d'.\ngle- 
terre  en  13i(>:  «  ....  Il  fut  longuement  au  da/i^cr  des 


<■  Flamens  et  en  prison  courtoise  :  mais  mouit  luy 
«  eunuyoit.  »  (Froiss.  liv.  I,  p.  163) 

Un  sait  que  J.  de  Bretagne  resta  en  prison  en 
Angloteire  comme  caution  de  la  rauroii  de  Charles 
de  Clois,  son  père,  en  138".  C'est  à  ce  sujet  que  le 
même  auteur  rapporte  ([ue  :  »  ...  Quand  il  luy  sou- 
»  veuoilde  son  jeune  temps,  luy  (jui  estoit  de  la 
«  plus  nohie  génération  du  monde,  comment  il 
"  l'avoit  perdu,  et  encores  perdoil,  il  pluuroit  moult 
«  tendrement  :  el  eust  plus  cher  eslre  mort  que 
«  vif  :  car  xxv  an  ou  environ  fut  il  ou  danger  de 
»  ses  ennemis  en  Angleterre  et  ne  luy  appaioissoit 
«  délivrance  de  nul  costé.  »  (Froiss.  Hv.  111,  p.  IGO.) 

°De  là,  on  s'est  servi  de  ce  mot  pour  -  hauteur, 
«  fierté.  " 

Blasmer  doit  on  larron,  rubeor,userier 
Le  délit  des  borgois,  l'orguel  des  chevaliers, 
Les  folies  des  femes,  des  dames  lor  dangier; 
Due  l'on  doit  :  ce  faites,  ce  devés  vous  laissier; 
Puis  l'on  doit  penitance,  si  com  drois  est,  encarcier. 
Vies  des  SS.  MS.  de  So-bonne.  chif.  xxvn,  col.  2Î, 

"Dangier  ayant  signifié  quelquefois  <•  domina- 
«  tion  "  a  pu  aussi  signifier  »  domaine  ,  héri- 
<•  tage  »  (3)  et  c'est  pi'ut.-ôlre  le  sens  de  ce  mot 
dans  le  passage  suivant  :  «  Prises  de  bestes  eu  dan- 
«  gier  d'aulti'uy,  il  n'y  a  que  cinq  sols  parisis 
«  d'amende  et  satisf-^clion  de  partie.  »  (La  Thaum. 
Coût,  de  Berri,  p.  340  )  Peut-être  aussi  doit-on  en  cet 
endroit  interpréter  ce  mot  par  «  dommage,  "  ce  qui 
se  rapproche  de  l'acception  subsistante  de  »  péril.  » 

'  Dangier  paroit  dériver  évidemment  de  dam 
lors  |u'il  est  employé  pour  «  mari,  le  maître  de  la 
»  maison.  »  (Gloss.  des  Arrêts  d'amour.)  Le  com- 
mentateur des  Arr.  amor.  p.  43,  a  prétendu  cepen- 
dant que  danger  signifioit  «  mari,  ■>  propter  pericu- 
«  lum  uln  viriuxorum  amorcsprœsenserint.  Voici 

le  passage  :  «  A  une  journée  que  danger  estoit 

«  hors  tie  la  maison.  •■  (Arr.  amor.  p.  178.) 

"De  l'idée  «  d'autor'té  -  nail  celle  de  «  permis- 
«  sion,  congé.  »  Le  mot  dangier,  employé  pour 
«  autorité  »  comme  on  l'a  vu,  a  aussi  été  employé 
pour  désigner  «  permission,  congé.  »  «  Bonne 
»  équicté,  bonne  foy  et  bonne  renommée  m'ontjci 
«  arresté  :  jeusse  mis  peine  de  me  retraire  avec- 
«  ques  mes  gens  si  n'eiist  esté  la  fiance  que  j'ay  en 
"  vous,  el  peut  eslre  que  je  me  feusse  bien  retrait 
«  sans  vostre  dangier,  toulelîois,  etc.  »  (Le  Jouv. 
Ms.  page  573.) 

"■Enfin  on  s'est  servi  du  mot  dangier  pour  dési- 


defendre  ;  Ne  fai  pas  davgier  de  toi  rendre.  «  Ce  sens  se  développe  au  xiv  siècle  et  devient  :  1»  Le  droit  d'accorder  la 
permission  :  «  El  ne  pooient  prendre  terre  fors  par  lor  dangier.  »  (Froissart,  III.  20't.)  2»  Le  droit  de  refuser,  les  caprices  , 
les  scrupules  :  «  Il  li  convenoit  poursuivir  tous  les  dangiers  et  tes  volentés  del  duch  sou  cousin.  »  (Id  ,  II,  472.1  —  n.  .\voec 
tout  ce  li  rois  d'Escoce  se  faisoit  dangier  de  traire  avant.  »  (X,  338.)  3"  Les  délais,  les  retards  :  «  Et  convenoit  que  il  portast 
ce  dangier.  »  (II,  485).  4°  Le  besoin,  la  disette  ;  «  Us  ont  vivres  à  lor  voleuté  el  nous  les  avons  à  grant  dangier.  »  (XIV, 
270.)  (N.E.)  °  ;/  V        > 

(1)  Ed.  Kervyn,  IV,  412.  Entendez  :  Sans  s'exposer  au  danger  du  pont.  (n.  k.) 

(2)  Nous  sommes  prés  de  l'élymotogie,  car  dam  vient  de  doininus.  Dangier  signifiait  aussi  domaine  :  a  Comme  la  ville  de 
Muande  soit  située  près  des  fins  et  mettes  de  nostre  rovaume,  es  destroit.  et  dangier^  des  contez  de  Foix  et  d'Arminhac.  » 
(U.  135,  p.  262,  an.  13H9.1  De  même  dans  Froissart  (Xllf,  19)  :  «  Et  les  gens  ne  pooient  entrer  en  Allemaigne  fors  par  les 
terres  et  dangiers  du  duc  de  lulliers  et  duc  de  Guéries,  u  (N.  E.) 

(3)  Danger  est  synonyme  de  torre  en  dèfens  :  «  Lequ-'l  Tassin  avoit  mené  vaches  et  autres  hestes  es  dangiers  de  la  mère 
de  l'exposant,  sans  sa  licence.  »  {.U.  100,  p.  413,  an  1309.)  On  considér;iit  comme  terres  en  défense,  vetées  (vetitœj  :  1»  Les 
vignes,  jardins  et  garennes,  toujours  en  rfa»!/er;  2"  lus  terres  labourables  ensemencées  ou  non  moissonnées;  3^  les  prés 
de  la  mi-mars  à  la  Touss:iint,  de  la  Chandeleure  à  la  .S'  Martin  ;  ¥  les  bois  tailUs  jusqu'à  quatre  ans  et  un  mai,  c'est-à-dire 
jusqu'à  la  cinquième  feuille,  (n.  E.) 


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gner  »  un  droil,  un  impôt  "  qui  se  levoit  sur  les 
marcliandises  dont  l'e-Nportnlion  se  l'aisoit  pur  eau. 
Dans  un  coniple  du  donia.ne  de  la  Chambre  des 
Comptes  de  lioulogne,  rapporté  par  Un  Cange,  on 
lit  :  «  Receple  ùns^langiers  de  godales,  de  cliervoi- 
«  ses,  de  bromars  et  de  houppenbiers  amenés  par 
<i  mer  à  Boulogne.  »  (Du  Gange, Gl.  I.  au  mot('t'/<a.j 
»  Beserve  expiessénienl  et  entièrement  à  nos 
«  bourgeois  de  Paris,  que  par  accort,  ne  par  cliose 
«  qui  soit  contenu  en  ceste  présente  lettre,  ou  ins- 
«  trument,  toutes  leurs  libériez,  leurs  privilèges, 
«  leurs  usages  et  leurs  coustumes,  meismeuienl  de 
»  tant  connue  il  louche  le  descori  et  le  danyier  que 
«  il  ont  sui'  les  biens,  les  denrées  et  les  maichan- 
«  dises  qui  sont  mises  ou  trouvées  en  l'iaue,  enti'e 
«  le  dit  pont  de  Paiis  et  le  pont  de  Mante,  ne  puis- 
«  sent  de  rien  eslie  empirécs.  »  (Ord.  des  H.  de  Fr. 
t.  I,  p.  W»0.) 

Rassemblons  ici  plusieurs  expressions  remarqua- 
bles dans  lesquelles  ce  mot  entre  avec  ^■es  ditlèren- 
tes  acceptionset quelqiiefoisen  prend  denou\elles: 

1"  "  Dangier  palatins  »  pour  mari  jaloux.  (Rab. 
t.  I,  p.  347.) 

2°  <'  Faire  danger  »,  c'est-à-dire  faire  semblant, 
faire  mine.  Celte  mterprélalion  est  prouvée  dans  ce 
vers  tiré  d'un  ancien  fabliau  ; 
Et  il  fist  daiirjev  d'esveiller. 

3°  ■<  Faux  danger  »,  gouvernante.  «  Se  pourront 
«  retirer  cliez  eulx  sans  toutes  fois  que  avec  leurs 
«  damoyselles,  ils  puissent  laisser  de  ces  vieilles 
«  que  l'on  nomme  (aux  danger.  »  (Arr.  am.  p.  424.) 

4»  «  A  danger,  à  dangier  »  pour  à  peine,  avec 
peine,  avec  difllculté. 

Or  fui  povres,  je  vy  à  fjrani  dangiers.  (E.  Descli.  57./ 

A  dangier  signidoit  aussi  avec  force,  .avec  puis- 
sance. Ph  Mouskts,  parlant  de  Charlemagne  qui 
menoit  avec  lui  ses  enfans  et  ceux  de  Pépin  son  fils, 
dit: 

Et  tant  les  amoit  à  dangier.  (Pli.  Moiisk.  79  ) 

5°  «  Mener  danger.  »   Faire  querelle.  (Fabl.  ms. 
de  S.  G.  fol.  57,  R"  col.  3.)  On  disoit  aussi  «  mener 
«  danger  »  pour  s'enorgueil  ir,  taire  trophée. 
Vous  poez  bien  veer  com  il  se  fet  jà  iler 
Jà  se  lait  orgueillou.x  et  mantne  ijratit  dangier. 
Rom.  do  Rou,  MS.  p.  77. 

Celle  même  expiession  signifioil  quelquefois 
«  mener  grand  train,  »  traiter  durement. 

Oui  si  me  maine  grand  dangier. 

Fabl.  MS.  de  S.  G.  fol.  120,  V  col.  1. 

6"  «  Fief  de  danger  »  ou  «  de  dangier  »  est  un 
fief  que  le  seigneur  qui  en  a  pris  possession  sans 
faire  foi  et  hommage  à  son  seigneur  féodal,  court 
risque  de  perdre.  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.  au  mol 


Fief.  —  Du  Gange,  Gl.  1.  au  mot  bangerium.)  «  Au 
«  bailliage  de  Troyes  n'y  a  aucuns  liei's  de  danger, 
«  lesquels  fiefs  de  danger  sont  de  telle  nature,  que 
>■  quand  le  fief  de  danger  est  ouvert,  ou  sans 
«  homme  l'héritier  ou  seigneur  d'iceluy  n'y  doit 
«  entier,  n'en  prendie  possession  sans  premiere- 
"  ment  en  faire  foy  et  hommage  ;'i  son  seigneur 
"  féodal  ;  et  si  aulrement  se  lait,  le  dit  fief  est 
«  acquis  par  commise  ou  confiscalion  au  dit  sei- 
■'  gneur  féodal  (1).  »  (Procès  verb.  des  Coût,  de 
Troyes,  au  Cmit.  Gen.  t.  1,  p.  430.)  ("i) 

7°  «  Tiers  et  droit  de  danger  »  ou  ■■  de  dangier  » 
est  un  dioit  par  lequel  le  loy  sur  la  vente  des  bois 
prend  le  tiers  et  le  dixième  sur  le  prix  de  celte 
vente.  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.)  (3)  «  \\  est  à  observer 
«  (ajoule-il  qu'il  y  a  di  s  bois,  qui  ne  sont  sujets 
"  qu'au  tiers  sans  dangei'  et  d'autres  au  danger 
»  sans  tiers.  »  De  Sully  dislingue  trois  cas.  On  lit 
dans  ses  Mém.  t.  X,  page  'i'JO  :  «  Tiers  et  danger. 
'<  tiers  sans  danger,  danger  sans  tiers.  »  Philippe- 
le-Bel  donna  à  Engueran  de  Marigni  «  le  tiers  et  le 
'<  danger  de  certaines  forests  en  Normandie  qui 
«  bien  valoient  00  mille  livres.  »  (Chron.  de  S. 
Denis,  t.  11,  fol.  148.)  On  lit  «  dang  (4)  »  au  lieu  de 
dangier  dans  la  Chr.  Ir.  ms.  de  iNangis. 

8°  "  Temple  du  danger.  »  Il  esl  difficile  de  savoir 
à  laquelle  des  explicaîions  données  au  mot  danger 
ou  dangier  on  doit  rapporter  le  titre  suivant  qui  se 
trouve  parmi  les  Poës.  de  Guill.  Alexis  :  «  Le  mar- 
"  lyrologue  des  faulses  langues  et  le  chapitre  gene- 
»  lal  d'icelles  tenu  au  temple  de  danger,  faicl  par 
«  couplets  dont  le  dernier  vers  de  chacun  finit  par 
"  une  sentence  ou  proverbe.  »  (Du  '^'erdier,  Bibl. 
page  460.) 

9°  <.  Danger  de  norrice.  »  Expression  proverbiale 
qui  se  trouve  dans  les  Prov.  à  la  suite  des  Poës. 
Mss.  av.  1300,  t.  IV,  p.  Hm. 

VARIANTES    : 
DANGER.  Gace  de  la  Bigne,  des  Déd.  MS.  fol.  12,  R". 
Dangier.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7996,  p.  46. 
Da.vg.  Chr.  fr.  de  Nangis,  MS.  citée  dans  cet  article  n"  7. 
DONOIEH.  Poës   MSS.  av.  1300,  t.  I,  p.  398. 
Dengier   Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  -152,  R°  col.  1. 
DoNGER.  Fabl  MSS.  du  R.  n"  7615,  t.  I,  f»  105,  V»  col.  1. 

Dangerei".  [Intercalez  Dangerer,  supplier  :  «  Il 
«  se  fisl  très-grandement  prier  et  dangerer.  » 
(Froissart,  X111,"3P2.)  Cette  locution  se  rattache  à  la 
suivanle:  «  Pour  coustraindre  les  Flammens  et 
«  mettre  en  son  dangier  » ,  c'est-à-dire  à  sa 
merci.]  (n.  e.) 

Dangereus,  adj.  Difficile,  fâcheux*.  Caustique, 
dont  il  faut  se  délier^.  Soupçonneux,  défianl^  (5). 

*  Pour  "  difficile,  fâcheux  »  difficultueux.  «  Darne, 
«  dist  le  chevalier  à  la  fumée,  je  ne  pourroye  souf- 


(1)  C'étaient  des  fiefs  anxquels  on  ne  pouvait  appliquer  le  régime  du  bail.  (n.  e.) 

(2)  Voyez  encore  Coutume  de  Cliaumonl,  art  56.  Coutume  de  Bar,  art.  1.)  (n.  e.) 

(3)  Ce  droit,  levé  d'aborri  par  les  ducs  de  Nornjandie,  était  une  reconnaissance  des  droits  du  suzerain  ;  dans  im  registre 
de  la  Ch.  des  Comptes,  tiie  par  Du  Cange.  on  lit  ;  o  1  lers  et  danger  sont  que  toutes  les  lorests  de  Normandie  qui  ne  sont 
du  très  fond  du  loy,  desquelles  les  1res  fonciers  n'ont  spéciale  exemption  et  usages...  iceux  très  fonciers  ne  peuvent  faire 
Tente  ordinaire  ni  exploiter...  sans  licence  du  roy,  qu'ils  ne  perdent  toute  la  vente.  »  (N.  E.) 

(4)  Un  signe  d'abréviation  aura  été  oublié  ou  elîacé.  (N   E.) 

(5)  Il  signifie  aussi  infirme,  malade  :  «  L'un  d'iceulx  coups,  p.ir  cas  de  mescliief  et  d'aventure  ,  chey  sur  l'ueil  dudit 
Thomas  lequel  il  avoit  un  pou  dangereux  et  malade.  »  (JJ.  145,  p.  173,  an.  1393.)  (N.  E.) 


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464  — 


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"  frir  que  aulre  chevalier  de  inoy  voulsist  parlir  à 
«  mes  amours  :  sire,  dist  la  dame,  vocs  estes  trop 
«  rfflH(/nrHJ';  quel  advaiitai^e  peull  dire  le  eheva- 
«  lier  (jui  dye  pour  loules  en  gênerai.  .■  l'Percefor. 
vol.  VI,  fol.  91,  n-col    1.) 

^Poiir  «  causLi(iue,  dont  il  faut  se  délier.  "  «  Car- 
«  mail  Ternies  et  moy  qu'on  nominoit  lors  \esilan- 
«  gereux.  •■  (Mém.  de  Bass.  l.  I,  p.  tiO'i,  an  KiOS.) 
,1e  crois  (luc  c'est  le  sens  dans  lequel  on  doit  enten- 
dre ce  mot,  ainsi  qu'en  ce  proverbe  :  <•  Dangereux 
"  comme  le  retour  de  matines.  "  (Garasse,  liech. 
des  P.edi.  p.  8'."  el  8()0.) 

'^Dangereux  s'est  aussi  employé  dans  le  sens  de 

déliant,  soupçonneux.    «   Voulenliers  lièvre 

«  se  reliève  el  s'en  revient  h  son  gisle  par  un  lieu 
«  el  brise  à  ses  dens,  el  fait  sentier  en  guise  el  alin 
«  que  rien  ne  li  face  ennuy;  car  trop  est  dange- 
«  relise  besle,  car  peuvent  tendre  les  manvaiz  qui 
»  ainsi  les  prenneni,  menues  cordelettes  que  chas- 
«  cun  scet  faire.  »  (Chasse  de  GasI.  Ph.  ms.  p.  343.) 

On  a  dit  aussi  «  dame  dangereuse  ■•  pour  signi- 
fier une  femme  qui  se  défend  vivement  des  attaques 
d'un  amant.  iTri.  des  IX  Preux,  p.  '271.)  il) 

Remarquons  les  expressions  suivantes  : 

1°  .1  Don  danç;erous  »,  don  casuel  ou  condition- 
nel, dans(Britl.'^Loix  d'Angl   fol.  94,  P.". 

2°  >■  Sergents  dangereux  Ci).  >■  On  appeloit  ainsi, 
•■  des  serjens  établis  pour  avoir  l'inspection  sur  les 
"  bois,  où  le  fioy  a  le  di'oil  de  tiers  el  danger.  » 
(Laur.  Gloss.  du  Ltr.  fr.) 

3°  «  Péril  dangereux  »  ,  c'est-à-dire  pressant. 
(Percef.  vol.  IV,  fol.  54) 

VARIANTES  : 
DANGEREUS.  Tri.  des  IX  Preux,  p  271,  col.  1. 
Dangerel-x.  Percef.  vol.  VI,  fol.  91,  R»  col.  1. 
Daungerous.  Britt.  Loix  d'Angl.  fol.  9i,  R». 

1.  Danges,  s.  m.  Nom  propre  [Froissarl  cite 
Dangier  et  Dance]. 

2.  Danges ,  s.  f.  p.  Chaussées.  «  Les  danges  de 
"  Sublaines.  «  sont  des  levées  de  terres  près  de  Su- 
blaines, en  Touraine  [Indre-et-Loire,  c.  de  Bléré].  Ce 
mot  semble  dérivé  de  «  duinp  »  qu'on  a  vu  ci-dessus 
pour»  batardeau.  «(.LeMerc.  de  Janvier  173(i,  p.  73.) 

Dangier,  v.  Craindre,  ménager.  C'est  l'inter- 
prétation naturelle  de  ce  mol  dans  ce  vers  : 

Cil  qui  trop  leur  famés  danyierent.  (Fabl.  1015,  t.  II,  p.  111.) 

Dangnablement  [Intercalez  Dangnablement, 
\wnvduvinablenient.  ••  Item,  que  ledit  prevost  consi- 
"  dérant  que  les  choses  dessus  dictrs  avoient  esté 
«•  faictes  diuignublement....  «  (1400,  Duclié  d'Or. 
Procédures  de  Janville.  —  Le  C.  de  D.)]  (n.  e.) 


Danjon.  [Intercalez  Dnn'on,  donjon,  tour  ou 
réduit  suprême  d'un  chalea  i  seigneurial,  construit 
en  bois  au  xi'  siècle  (voir  tapisserie  de  Bayeux), 
puis  en  pierre.  Il  était  accosté  d'une  fillette,  tour 
plus  petite  et  enceinl  d'une  chemise  de  pierre.  Sa 
forme  a  varié  avec  les  temps  et  les  régions:  le 
plus  souvent,  elle  est  ronde  au  nord  et  carrée  au 
sud  de  la  Loire: 

E  li  dus  fist  son  gonfanon 

Porter  et  lever  el  danjon.  [Rom  de  Rou  J 

Benoit  de  S'  5!orevll,  13391)  donne  dangon.  Du 
Cange  nous  permet,  par  la  forme  doingio ,  de 
remonter  à  un  primitif  (/o??i/Hio.]  (n.  e.) 

Dannemai'quois,'S.  m.  Danois.  «  Après  avoir 
«  gaigiié  une  bataille  au  prouflit  dudit  roy,  eslans 
"  enlin  abandonnez  des  Daiinemarquois,  en  un 
«  combat  fait  sur  la  glace  furent  deffails.  »  (Mém. 
de  Du  Bellay,  liv.  I,  p.  14.) 

Danone,  s.  ?H.  Le  Danube,  fleuve.  «  Alla  haute 
«  baronnie  de  France  el  d'ailleurs  en  Hongrie,  ou 
>■  passe  la  rivière  delà  Danone(3).n  (Hist.deLoyslII, 
duc  de  Bourbon,  p.  338.'  Il  faut  peut-être  lire 
Danoue,  comme  on  le  trouve  écrit  dans  le  Dict.  de 
Monel.  au  mol  Dunoe.  «  ....  La  Dunauve  entre 
«  en  ycclle  mer  es  extrémités  de  Vasosquie.  »  (Hist. 
de  la  Tois.  d'or,  p.  31.) 

VARIANTES  : 
DANOUE.  Monet,  Dict. 

Danone.  Hist.  de  Louis  III,  duc  de  liourb.  p.  338. 
Di.NOE.  Chr.  de  S.  Denis,  t.  I,  fol.  260.  V». 
DvNûi;.  Chr.  fr.  MS.  de  Nangis,  sous  l'an  895. 
DuNOUE.  Inv.  des  Urs.  Hist.  de  Charles  VI,  p.  124. 
DuxoE.  Eroissart,  livre  IV,  p.  228. 
Dunauve.  Hist.  de  la  Tois.  d'or,  folio  31. 
Dyonor.  Chr.  de  S.  Denis,  t.  I,  fol.  II. 

Dan-roy,  s.m  Seigneur  roi.  Ce  mot  est  composé 
de  dan,  seigneur,  maitre,  et  du  mot  roi.  (Voy.  Dam.) 

Le  roy  de  France  haut  apele 

Daii  roi,  fail-il,  Othes  vous  mande.  (G.  Gukirl,  121.1 

Dansereau ,  s.  maso.  Diminutif  de  danseur. 
(Molinet,  p.  133.) 

Dansette,  s  /.  Diminutif  de  danse.  (Fait.  p.  133.) 

Dante,  adj.  Terme  de  vénerie.  On  a  dit,  en 
parlant  des  fuii;ées  du  cerf:  ......  Si  tu  Ireuves 

«  veines  el  limonneuses  ou  grandement  dantées  ce 
»  sont  mauvais  signes.  >•  (Modusel  Racio,  p.  10.) 

Daniel',  v.  Polir,  civiliser,  adoucir.  Ce  mot 
paroil  le  même  que  >•  domler  »  qui,  au  ligure,  a  pu 
naUirelkraent  s'employer  pour  •'  adoucir,  civi- 
«  User.  »  En  ce  sens,  on  a  dit  : 

Tant  vilain  ne  mal  entechiez 

Qui  bien  ne  se  porroit  danter  (4).  (Fabl.  7218,  p.  151.} 


(1)  «  Laquelle  femme,  quand  elle  aperceut  que  ledit  prestre  son  maistre  venoit,  fist  la  dangereuse  et  s'escria  faintement.  * 
(JJ.  13C,  p.  159,  an   i;«9.)  (N.  E.l 

(2)  Esqutls  Dois  nous  avons  droit  de  dangier,  c'est  assavoir  que  toutes  et  quantefoiz  que  aucunes  bestes  sont  trouvées 
esdis  bois,  elles  sont  confisquées  à  nous...  Robert  le  Fort  no^tre  seiyeiil  (/ajiyeirîi.r  advisa  de  loing  iceiles  brebis.  »  (JJ.  158, 
p.  60,  an.  1403.)  C  est  là  un  garde  champêtre  qui  protège  les  biens  en  deffens  ou  en  danger.  L'officier  du  roi  chargé  de 
l'inspection  des  forêts  de  Rouniare  et  de  Rouvray  était  le  senjenl  d'armes,  maître  du  clos  des  galées  de  Rouen.  (N.  E.) 

(3)  M.  Chazaud  (p.  268)  lit  Dunoe,  en  allemand  Donau.  (N.  E.) 

(4)  De  même  qu'on  a  dit  dan  pour  doin  ;  on  a  écrit  danter  pour  dnnier  [dnmitare).  On  lit  encore  dans  Rou  (ms.,  fol.  32)  : 
K  Maint  félon  ai  danlé  comme  cheval  à  frain.  »  Dans  la  Rose  (v.  8054)  t  «  Tant  me  set  danter  et  meslir  Povrelé  qui  tout  ami 
toit.  »  Enfin  dans  Bercheure  (fol.  60,  v»)  :  «  La  gent  des  Eques  estoit  damptée  et  sousmise.  »  Mais  au  xvi«  siècle  ,  d'après 
Palsgrave,  on  prononçait  danter.  (n.  e.) 


DA 


—  465  - 


DÂ 


Dant-hiie.  Mot  composé  de  dant,  seigneur. 
(Voyez  Dans.)  Hue,  probablement,  est  un  nom 
propre.  Pour  mieux  en  juger,  voici  le  passage  où 
ce  mot  se  trouve  ; 

Haro,  dani  Hue,  dit  la  dame, 

Mors  ou  escorchiez  ou  ars  en  flame 

Serons,  ou  au.x  fourche.5  levé  : 

Murtres  ne  puet  estre  celé.  [Fabl.  IGiô,  t.  II,  p.  IHS.j 

Dantiers,  s.  m.  p.  Mets.  Morceau  reclierché. 
Peut-être  sonl-ce  les  daintiers  du  cerf. 

De  gros  chappons  de  perdriz  de  dantiers.  (E.  Desch.p.  212.) 

Diiquei' ,  V.  Piquer.  Proprement  piquer  avec 
une  dague,  d"où  ce  mot  s'est  employé  pour  piquer, 
en  général. 

Des  espérons  le  cheval  daque.  (FabL  n"  7218,  p.  236.1 

1.  Dar,  s.  m.  Sorte  de  poisson.  C'est  ce  que 
nous  appelons  aujourd'hui  «  dard  ou  vendoise.  » 
(Ord.  1. 1,  p.  793  [comparez  t.  Vlll,  p.  779].) 

2.  Dar,  s.  ?/(   Dard,  javelot,  pique. 

Le  mot  drtfs  autrefois  désignoilgénéralement  tout 
ce  qui  peut-être  jeté  ou  lancé.  «  .  .  .  .  Durs  est 
«  communément  tout  ce  qui  est  trel  d'arc,  si  come 
>•  Gayus  escrit  en  l'exception  de  la  loy  des  douze 
»  tables.  Mes  dars  est  generaument  tout  ce  que 
«  aucuns  giete  o  sa  main,  et  s'ensuit  que  pierre  est 
«  dars  et  li  baston  sunt  contenus  par  cest  nom,  et 
«  il  est  appeliez  dars  selonc  le  grieu  por  ce  qu'il 
«  est  envoyez  en  loing.  »  (Ane.  Coût.  d'Orléans,  à 
la  suite  de  Beaum.  p.  470.)  «  Dars  volans,  »  c'est- 
à-dire  lancés  en  l'air.  (Cbr.  de  S.  Denis,  t.  II,  f''49.) 
Ce  mot  est  employé  dans  un  sens  figuré  dans  les 
passages  suivans  (1): 

En  celuy  temps  Cupido  par  ses  arcs 

AUoyt  jectant  par  fenestre  ses  dans.  (.1.  Mai-ot,  p.  166.] 

Contre  s'onneurne  soit  escu  ne  dars.  (E.  Desch.  p.  i28.J 

VARIANTES    (2)  : 
DAR.  Fabl.  MSS.  du  R.  n"  7218,  fol.  361,  R»  col.  1. 
Darc.  Jean  Marot,  p.  166. 
Dars.  Coût.  d'Orl.  à  la  suite  de  Beaum.  p.  470. 

Darbosses,  s.  /".  p.  Espèce  d'arbre.  On  trouve 
ce  mol  dans  le  passage  suivant  :  «  Item  quod  aliqua 
>'  persona  non  audeat  seu  pricsumat  scindere  rrjves, 
0  euses,  nec  darbosses  ,3),  infrà  dictas  defensiones.  » 
(Gl.  lat.de  Du  Gange,  au  mot  Rovcs.) 

Dai'ceau,  s.  )«.  Diminutif  de  dard.  Ce  poisson 
est  fort  commun  dans  la  Loire. 

Femme  est  plus  escoulant  que  n'est  darset  en  Loire. 
Chaslie  Mus.  US.  de  S.  Germ.  fol.  107,  col.  i. 

VARIANTES  : 
DARCEAU.  Rabelais, -t.  IV,  p.  255. 
Derceau.  Id.  t.  I,  p.  11,  note  2. 
Darset.  Chastie  Musart,  MS.  de  S.  G.  fol.  -107,  col.  1. 


Darcidoine.  [Intercalez  Darcidoine,  peut-être 
pour  Clialcédoine,  au  reg.  JJ  151.  p.  133,  an.  1396: 
«  Le  suppliant  piinl  à  faire  un  petit  de  verrière  en 
«  la  chambre  de  frère  Jehan  de  Buusac,  evesque  de 
«  Darcidoine  en  la  ville  de  Bourges.  »]  (n.  e.) 

Darclne,  s.  f.  Diminutif  de  darse  [c'est  l'es- 
pagnol darsena].  Partie  d'un  port  de  mer  dans 
l'intérieur  d'une  ville.  (Diction.  d'Oudin.) 

Dai'danaire,  s.  m.  Usurier.  Ce  mot  sert  à  dési- 
gner spécialement  celui  «  qui  cache  les  bleds  ou 
«  autres  denrées  en  attendant  la  cherté.  «  (Dict.  de 
Nicot,  Borel  et  Oudili.) 

Dardaux,  Borel,  dans  son  Dict.,  explique  ce 
mot  par  «  d'eux  deux  »  et  s'appuye  de  l'autorité  de 
Villehardouin.  Mais  c'est  une  faute,  il  faut  lire 
«  d'amdeux.  ■>  (Voyez  Ambes.) 

Darde,  s.  /'.  Flèche  (4).  Le  pluriel  darx-,  dans 
S.  Bern.  p.  'iSO,  répond  au  \n[m  jactila.  (Gloss.  de 
Mai'ot,  au  mot  Darde.)  On  lit  «  Genevois  trayans 
«  des  dardes.  »  (Hist.  de  B.  du  Guescl.  par  Mén. 
p.  261.) 

Remarquons  les  expressions  suivant^^s  : 

1°  «  Jouer  de  la  darde.  «  C'éloit  une  espèce  de 
divertissement  qui  consistoit  à  lancer  des  dards  : 
»  Comme  les  compaignons  eussent  joué  de  la 
»  darde,  Clerc  gaga  contre  le  dit  Jean  de  la  Brosse 
"  de  geler  en  cinij  géez  ou  à  cinq  fois  une  darde  ou 
"  dart  du  dit  jardin  où  ils  éloient  jusqu'au  jardin 
«  de  Pierre  Pkim.  »  (Très,  des  Chartes,  Reg.  146, 
p.  438,  an.  1394.) 

2°  «  Jouer  ses  aiguillettes  à  la  darde.  »  (Bouch. 
Serées,  liv.  1,  p.  143.) 

3»  «  Jouer  à  escu  ou  à  darde  >■  (Eust.  Desch. 
folio  238.) 

Dardé,  at/y.  Prompt  comme  un  dard.  Ce  mot  est 
mis  en  ce  sens  pour  épilhète  de  «  roideur  •■  dans  de 
La  Porte,  par  allusion  à  la  la  rapidité  d'un  dard. 

Dardelle,  s.  f.  Diminutif  de  dard.  «  llasches, 
«  dards,  dardeltes  (5),  javelines,  javelots,  espieux.  » 
(Rab.  t.  m,  Prolog,  p.  VIL) 

Darder,  v.  Lancer.  On  a  dit  »  darder  une 
"  lance,  >•  pour  porter  un  coup  de  lance.  (Percef. 
vol.  IV,  fol.  127.)  (6) 

Darderesse,  adj.  aufthn.  Quidarde,  qui  lance. 
(Dict.  de  Cotgr.  et  d'Oud.) 

Darde-tonnerre,  adj.  musc.  Qui  lance  le 
tonnerre.  (Dict.  de  Cotgr.  et  d'Oudin.) 

Dardiere,s.  f.  Sorte  de  piège.  Voyez  l'usage  de 
ce  piège  dans  la  définition  suivante  :  «  El  illec  doit 


{l\  On  parle  du  darl  d'amour  et  du  dart  des  yeux  dès  le  xiii*  siècle,  (n.  e.) 

(2)  Le  mot  est  dans  Roland  :  «  Wigres  et  dur:.  »  (Vers  2075.)  (n.  e.) 

(3)  De  là  peut-être  dari/o,  sébille  où  l'on  jette  les  clous  finis.  {Ctpin.  nationale,  30  mai  1876,  3"  page,  4«  col.)  (n.  e.) 

(4)  Cette  formr-  féminine  de  dard  désigne  plutôt  une  lance  (,1J.  120,  p.  137,  an.  1381  ;  «  Armez  d'une  cote  de  fer  ,  d'une 
espée,  d'une  taloche  et  d'une  darde  ou  demi-glaive.  »  On  sait  que  glaive  signifie  lance  au  xiv=  siècle  ;  d'ailleurs  on  lit  au 
reg.  JJ.  142,  p.  329,  an.  1391  ;  «  Le  suppliant  en  soy  défendant  mist  au  devant  dudit  Martin  ladite  lance  ou  darde.  »  Froissart 
la  distingue  du  dard  (XI,  301)  :  «  Les  coups  de  dars  et  de  dardes.  »  Il  parle  aussitôt  de  «  petite  courte  darde  espagnole  à  un 
large  fier  (IX,  75)  »,  et  de  couteaux  irlandais  «  à  largue  alumelle,  à  dedx  taillants,  à  la  manière  de  darde.  »  (XV,  l"69.)  (n.  e.) 

(5)  On  trouve  aussi  dardille  :  «  Le  suppliant  getta  icelle  dardille,...  laquelle  chey  sur  le  front  d'iceUui  Poupart,  qui  la  tira 
Sitost.  »  (JJ.  191,  p.  12,  an.  1454.)  (N.  E.) 

(6)  «  Le  chevalier  lui  darda  sa  lance  au  corps.  »  (n.  e.) 

IV.  59 


DÂ 


DÀ 


<.  tendre  sa  dardiere  on  bas  ou  haut,  selon  que  la 
"  besle  seia.  C"esl  une  perche  qui  soil  tendue  bien 
"  tirant,  et  un  fer  d'espieu  bien  taillant  et  bien  agu 
«  et  bien  lié;àr\)n  des  bouts  de  la  perclie  d"un 
»  coude  de  long,  el  demi  pié  de  large;  et  une  petite 
»  cordelette  qui  soil  sus  le  pertuis  où  la  beste 
«  vendra,  el  un  cliquet  tout  ainsi  ([ue  un  ratier  pour 
«  prendre  raz,  el  (|uant  la  beste  cuidera  entrer,  il 
»  y  touchera  et  le  destendra,  et  la  perche  viendra 
«  de  si  graut  roideur,  qu'il  li  percera  les  coslez.  » 
(Chasse  de  Gast.  Pliéb.  ms.  p.  313.) 

Darcliller,  v.  Aiguillonner.  Ce  mot  exprime 
parfaitt-ment  la  vibration  précipitée  d'un  aiguillon 
qui  pique  à  plusieurs  reprises.  De  là  on  a  dit  en 
parlant  d'Apollon  qui  considère  Daphné  endormie  : 

Ne  le  scachant,  mille  floches, 

Mille  amoureuses  flameches 

Au  cœur  du  Dieu  dardillant.  (Baïf,  fol.  '28. j 

Darement.  [Intercalez  Darement,  déclaration 
de  guerre,  dans  une  charte  llamande  de  1387  (Du 
Cange,  11,  742,  col.  2)  :  «  El  de  ce  ont  joys  et  assez 
<■  paysiblement  avant  les  darement,  guerre  et 
«  commotion  qu'ils  ont  esté  à  noslredit  pays  de 
«  Flandre.  »]  (.n.  e.) 

Dargié,  s.  ?w.  Dragée.  Peut-être  faut-il  lire 
dragié. 

C'ains  nul  ne  vist  si  fort  durgic.  (Fabl.  t.  II,  p.  i88.J 

Dariole.  [Intercalez  bariole,  petite  pièce  de 
pâtisserie  :  «  Laqelle  servante  avoit  fait  cuire  audit 
«  four  pour  son  maistre  certain  compenage,  nommé 
«  darioles;  lequel  compenage  cuit,  elle  le  prist  et 
«  l'emporta  sur  la  teste;...  elle  trouva  que  il  lui 
«  deffailloit  une  dariole.  »  (JJ.  138,  page  36,  an. 
1385.)  Villon  parle  aussi  de  »  darioles,  tartes 
«  entières.  »]  (n.  e.) 

Dariolet,  adj.  Débauché. 

De  vertueux  qu'il  fut  le  rend  dariolet.  [Régnier,  .S'a(.  5.) 

Dariolette,  s.  /'.  Soubrette,  suivante.  Demoi- 
selle au  service  d'une  dame,  et  par  extension  fille 
qui  sert  et  favorise  un  commerce  amoureux.  Ce 
mot  semble  être  venu  du  nom  de  la  confidente 
d'Elisène,  dans  le  Rom.  d'Amadis.  (Dict.de  Cotgrave 
et  d'Oudin.)  «  J'ay  oui  parler  et  raconter  de  beau- 
«  coup  de  filles  qui  en  servant  leurs  dames  et  mai- 
«  tresses  de  dariolet  tes  (1),  vouloient  aussi  taster  de 
«  leurs  morceaux.  Telles  dames  aussi  souvent  sont 
«  esclaves  de  leurs  demoiselles,  craignaus 'lu'elles 
«  ne  les  descouvrent  et  publient  leurs  amours.  » 
(Brant.  Dames  Gall.  t.  II,  p.  33.) 

Darnier,  v.  Armer,  équiper.  En  ajoutant  la 
lettre  «  D  »  comme  on  a  dit  «  dairer  »  pour 
«  airer.  >■ 

En  darma  x  por  Bauduin.  (P.  Mouskes,  p.  S06.] 

Daron,  s.  m.  Fief,  domaine.  «  Othe  vint  avant, 
«  qui  estoit  fis  de  Pierre  et  requist  la  saisine  dou 


«  daron  (2)  comme  le  plus  droit  beir  apparanl  de 
«  Pierre  qui  fu  seignor  dou  daron,  el  deraiuement 
«  en  fu  saisi  et  tenant  com  de  son  fié.  »  (Assises 
de  .lérus.  p.  53.)  Ce  mot  est  souvent  répété  (Ibid.) 
dans  le  même  sens.  On  trouve  aussi  le  «  cbasteldu 
«  daron,  »  pour  le  manoir  seigneurial.  (Cont.  de 
G.  de  Tyr,  Martène,  l.  V,  col.  9.) 

Darrainierement ,  adv.  Dernièrement,  en 
dernier  lieu,  depuis  peu.  Voyez  les  autorités  citées 
sur  les  dilférenles  orthographes  de  ce  mot.  On  lit  : 
•'  Vendre  h  derraul.  »  (Jarain.  Hisl.  du  Comté 
d'Aussonne,  p.  24,  tilre  de  1229.)  C'est  une  faute; il 
faut  lire  «  en  détail,  >■  comme  on  lit  dans  le  même 
titre  riipporté  par  Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  412. 

VARIANTES  : 
DARRiVINIEREMENT.  Ord.  des  R.  de  Fr.  t.  II,  p.  191. 
Darreinisp.ement.  JoinviUe,  p.  15. 
Darkkine.menj.  Ord.  des  R.  de  Fr.  t.  I,  p.  444. 
Darreinement.  Rymer,  t.  I,  p.  50,  tit.  de  1259. 
Darrerement.  Ibid.  t.  III,  p.  177. 
Derrainement.  Gloss.  de  l'Hist.  de  Paris. 
Debreinement.  Rymer,  t.  I,  p.  45,  tit.  de  1259. 

Dart  (en),  adv.  En  vain.  C'est  le  sens  que  pré- 
sente ce  mot  dans  les  passages  suivans.  Il  vient  de 
l'Italien  indarnu,  qui  signifie  en  vain.  L'auteur  fait 
ici  le  portrait  de  sa  maîtresse  : 

En  li  me  sembloit  teus  devise, 
Et  croi  que  desous  la  quemise 
N'aloit  point  li  seurplus  en  dar; 
Bêlement  eiisi  fui-je  pris 
Pour  amour  qi  si  m'eut  soupris. 

Poes.  MSS.  du  Val.  n'  U90,  fol.  132,  V. 

»  Mettre  en  dart  une  maison  »  signifie  la  bâtir. 
«  Il  n'est  pas  comme  nous ,  qui  bâtissons  une 
«  maison  avec  beaucoup  de  temps  et  la  ruynonsen 
'«  peu,  il  la  met  en  dart  avec  une  diligence  esmer- 
<■  veillable  ;  el  la  voulant  ruyner,  c'est  avec  une 
«  grande  lenteur.  •<  (Lettres de  Pasq.  t.  III,  p.  574.) 

Das  ou  Dais.  [Intercalez  Das  ou  Dais,  s.  m. 
Crible.  «  Lequel  blé  se  doit  vetiuer  pardessus  ung 
«  das  ou   crible.  »  ^Compte  du   Domaine.   — îD. 

d'O.]  (n.  E.) 

Das  à  Dieu.  Peut-être  dés  à  Dieu. 

Daser,  v.  Rêver,  bercer  de  chimères.  11  semble 
que  ce  soit  le  sens  de  ce  verbe  dans  cette  citation  : 

Mes  j'ai  conquis,  bien  m'en  vant, 
Ce  que  j'aloie  querant 
Et  sui  issus  du  musage  : 
Chantez  qui  alez  dosant. 

Poi-s.  MSS.  du  Vat.  n"  1522,  fol.  1G3,  V'. 

Daserie,  s.  f.  Rêve,  imagination,  chimère. 

Li  biens  présent  sont  trop  plus  pourlîtant 
Qu'estre  endormie  en  tele  daserie 
Al  resvilUer  n'aquiert  on  fors  envie 
D'ensi  muser. 

Pois.  MSS.  du  Vat.  n"  U90,  fol.  158,  R-. 

VARIANTES    : 
DASERIE.  Poës.  MSS.  du  Vat.  n»  1522,  fol.  156. 
Dazerie.  Ibid.  n  '  1490,  fol.  175,  R°. 


(1)  On  lit  dans  Yver  (p.  559)  :  «  Il  délibéra  de  s'aider  de  quelque  dariolette  d'amour  qu'ils  appellent,  sauf  la  révérence  de 
la  compagnie,  une  m...  »  (N.  E.) 

(2)  C'est  la  transcription  du  mot  daroum,  petite  localité  au  sud  de  Gaza.  (Quatremère,  Hist.  des  sultans  Mameloucks,  I  , 
2"  partie,  p.  238.)  I.e  mot  subsiste  en  argot,  où  il  signifie  maître,  (n.  e.) 


DA 


—  467  - 


DA 


Dassemblé,  adj.  Dépareillé,  désuni. 

Dassemblés  sont  en  leur  marier.  (E.  Desch,  p.  O.j 

Dasticotter,  v.  Pniier  allemand.  «■  Ce  mot  tire 
«  son  origine  de  Dus  dicli  Gotl  (1),  etc  ,  qui  est  une 
«  façon  de  jurer.  >-  (Oud.  Cur.  fr.)  De  là  est  venu 
notre  mot  «  testicoler  »  qui  a  pris  un  sens  différent. 

Dastipoteurs,  s.  m',  p.  Allemands.  On  les  a 
ainsi  nommés  en  faisant  allusion  à  leursjuremens. 
«  Les  AUemans  en  leur  maudissons  pour  lesquels 
«  nous  les  appelions  dastipoteurs  faute  de  les  bien 
«  entendre,  déguisent  le  motGott.  »  (Apologie  pour 
Héroilote,  p.  52.) 

1.  Dat,  s.  m.  Dés  à  jouer  (2). 

2.  Dat,  s.  711.  Date,  époque. 

Et  estoient  les  lettres  d'ung  dat 

Dattées  en  forme  d'escroue.  (Coquill.  p.  iiT.) 

«  Dedans  le  terme  d'un  an,  à  commencer  du  date 
«  d'aujourdlmy.  »  (Godefroy,  Observations  sur 
Charles  VIII,  p.  461.) 

1:  Date,  s.  m.  Testicule*.  Urine  °. 

*Mot  qui  répond  peut-être  aux  daintiers  du 
sangliers.  Marbodus,  article  24,  col.  1658,  au  titre 
de  la  pierre  appelée  ligurienne,  s'exprime  ainsi  : 

Lignrium  creist  et  s'arestc 
El  date  d'une  fiere  beste. 

^  Sur  le  second  sens,  voyez  le  Dictionn.  d'Oudin. 
«  ....  Un  vilageois  vint  demander  à  un  de  nos 
«  médecins  conseil  pour  un  sien  parent  qui  estoit 
«  malade,  le  médecin  luy  va  dire  apportez  moy  de 
«  son  date[^).  Cerustique  luy  demande,  qu'est-ce  que 
«  du  date  ?  Le  médecin  lui  respond:  apportez-moy 
«  de  ce  qu'il  fait.  Le  pitaul  retourné  prend  des 
«  estoiipes,  fait  faire  les  affaires  du  malade  là  de- 
«  dans.  '•  (Bouchet,  Serées,  liv.  L  p.  186.) 

2.  Date,  s.  f.  Fruit.  >■  Depuis  la  my  juillet,  jusques 
«  à  la  my  aoust  ou  environ,  lesse  le  cerf  ses  fumées 
«  en  fourme  de  dates  (4)  en  moule  et  ne  s'entretien- 
nent point.  »  (Modus  et  Racio,  fol.  9.) 

Daté,  adj.  Réglé,  ordonné.  Ce  mot  est  formé  du 
latin  datus. 

La  jeusne  soustient  en  santé  ; 
Mais  qu'il  soit  de  modus  daté 
Ainçois  que  le  malade  afine.  (Modus  et  Racio,  p.  2.) 

Datent,  s.  m.  Surnom.  On  appeloit  ainsi  Jean, 
fils  deuxième  d"Edouard  II,  roi  d'Angleterre,  et 
d'Isabelle  de  France.  Il  seroit  difficile  d'en  donner 
la  raison.  (Voy.  Froissart,  livre  I,  p.  2.)  (5) 


Dateur,  s.  m.  Qui  donne.  (Dict.  d'Oudin.) 

Datif.  [Intercalez  Datif,  terme  de  grammaire, 
pris  au  figuré  par  Ch.  d'Orléans  (68'  Rondeau)  : 

Il  avoit  rais  six  ducats  en  datif, 

Pour  mieux  avoir  s'amie  vocative.]  (  n.  e.) 

Datil,  s.  m.  Datier,  sorte  d'arbre. 
Dation,  s.  f.  Date.  (Gloss.  de  l'Hist.  de  Bret.) 
Datoque,  adv.  Supposé  que.  Le  mot  dato  est 
ici  purement  latin.  «  .  .  .  .  Item  n'y  fait  rien  que  ce 
»  qu'on  voudroit  dire  que  ledit  raport  de  cous- 
«  tume  est  pour  le  temps  advenir  :  car  datoque 
«  ainsi  fut,  par  là  verroitl'on  que  ce  ne  seroit  cous- 
«  tume,  mais  statut  ou  autre  ordonnance.  »  (Coût. 
d'Auvergne,  au  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  492.) 

Datoiir.  [Intercalez  Datour,  caution,  dans  une 
charte  de  1270  (Du  Gange,  II,  745,  col.  3)  :  >■  Et  se 
«  li  davant  dis  Jacomes  ne  tenoit  ces  consenances 
»  davant  dittes,  Simones  Kalons,  Buevelas  li  Lons, 
«  Simonas  Abelenne  les  tenroient  comme  droits 
«  datours.  »]  (.n.  e.) 

Dati'ice,  s.  f.  Qui  donne.  (Dict.  d'Oudin.) 

De  ta  pitié  datrice  de  cent  vies.  (Loy  le  Caron,  p.  23.J 

Dau,  art.  Du,  dans  le  patois  de  Cognac.  (Ord. 
t.  II,  page  342.) 

Dauber,  v.  Tourmenter  *.  Battre  °. 
*  On  a  employé  ce  mot  dans  le  sens  figuré  pour 
«  tourmenter.  »  Ainsi  on  a  dit,  en  parlant  des 
hypocrites  : 

Papelart  guilent  moult  de  gent, 
Por  ce  que  daubé  sont  d'argent. 
G'en  voi  sovent  de  si  daubez 
Qu'ansant  resanblent  desaubez 
Et  au  semblant  et  à  la  chère. 

Hist.  de  S"  Lcoc.  MS.  de  S.  G.  fol.  31,  R-  col.  2. 

^  Sur  la  seconde  acception,  voyez  Du  Cange,  Gl. 
lat.  qui  dérive  ce  mot  de  adobare.  Il  s'est  conservé 
en  A'ormandie  sans  aucune  altération  dans  le  sens 
de  battre,  maltraiter  (6). 

VARIANTES  : 
DAUBER.  Hist.  de  S'»  Léoc.  MS.  de  S.  G.  fol.  31,  R»  col.  2. 
Daulber.  Rab.  t.  IV,  p.  69  (7). 

Dauchei'on.  [Intercalez  Daiicheron,  outil  de 
tonnelier:  »  Auquel  varlet  Gille  Watebos  tonnelier 
«  il  demandèrent  par  emprunt  un  daiicheron  qu'il 
«  tenoit  en  sa  main.  »  (.JJ.  98,  p.  355,  an.  1865.]  (n.  e.) 

Daulphiné.  s.  f.  Le  Dauphiné.  Ce  nom,  qui  est 
aujourd'hui  toujours  masculin,  s'est  mis  autrefois 
au  féminin.  (Monstrelet,  vol.  I,  fol.  135.) 

Daulphinois,  s.  m.  p.  Les  partisans  du  dau- 


(1)  C'est  à-dire  dans  que,  d.ich  toi,  Gott  Dieu,  sous  entendez  verdamynt,  maudisse,  (n.  e.) 

(2)  D'après  un  Gloss.  latin  provençal  7(j57  :  «  Dat,  prov.  decius...  »  (n.  e.) 

(3)  On  lit  au  reg.  JJ.  19.5,  p.  1592,  an.  1476  :  "  Il  fist  meçtre  sur  le  lieu  où  il  avoit  esté  frappé  ung  petit  du  date  d'un  des 
autres  jeunes  enfans,  qui  estoient  là  présens,  avec  ung  petit  de  mousse,  pour  cuider  tappir  et  faire  cesser  le  sang.  »  C'est 
là  encore  un  remède  populaire  contre  les  piqûres.  (N.  E.) 

(4)  Aux  Assises  de  Jérusalem,  on  lit  datte,  qui  se  rapproche  davantage  de  dactilus,  avec  i  bref.  Ce  doit  être  aussi  l'origine 
du  mot  précédent,  (n.  e.) 

(5)  M.  Kervyn  imprime  (II,  19)  :  «  Li  seconds  eut  noms  Jehans  de  Eltem.  »  C'est  le  château  de  Eltham ,  entre 
Tuniridge-Wells  et  Maidstone.  (n.  e.) 

(6)  Il  en  est  de  même  en  Bretagne.  Aux  environs  de  Paris,  on  dit  cela' me  daube,  en  parlant  d'une  douleur  ou  d'un  point 
de  côté.  (N.  E.) 

(7)  «  Frère  Jan  le  daubba  tant  et  trestant  que  je  le  cuijdoys  mort.  »  (Gargantua.)  (n.  e.) 


DA 


-  468 


DE 


phin.  Ils  furent  ainsi  appelés  par  les  historiens  de 
Charles  VI  (1). 

Dauiioi.  [Intercalez  Daunôi,  amour,  plaisir: 

Il  et  le  dame  iteinaine  son  daiuioi.  (Aubry,p.  159,  col.  2.,' 

On  trouve  aussi  la  forme  donoi: 

Ne  n'ai  cure  de  do»in 

De  tel  vaissaul.      (Wackernkainig,  Pastourelle,  p.  80. j 

On  a  encore  la  variante  dosnoi  : 

Sa  suer  li  prie  od  grand  dosnoi.    (Parlonopex,  v.  610.3.1 

Sur  ce  substantif  a  été  fait  le  verbe  exlensif, 
donoier,  dosnoier,  faire  l'amour  : 

Quant  li  vallés  espousé  eut 

Et  sa  famé  le  vous  aqueut. 

Et  nuit  et  jor  à  dosnoier, 

A  acoler  et  à  besier.  (Du  Caiige,  024,  col  i.j 

Le  nom  et  le  verbe  ne  peuvent  remonter  à 
domina,  à  cause  du  s  intercalaire,  et  se  rattachent 
plutôt  au  nom  propre  Dosne.  Celui-ci  doit,  comme 
donatus,  et  donné  au  moyen-fige,  signitier  enfant 
naturel:  «  Cuillaume  Robeliu  donné  et  rendu  de 
«  nostre  ami  et  féal  cousin  le  conte  de  Sancerre.  » 
(JJ.  114,  p.  'i!î),  an.  1379.)  Rendu  ou  advoué,  qu'on 
trouve  en  d'autres  textes,  sont  synonymes  de 
reconnu.]  (n.  e.) 

Dauqui-en-avant.  [Intercalez  Dauqui-en- 
avant,  désormais,  au  reg.  .I.J.  101,  p.  09,  an.  1348 
(Privilèges  des  habitants  de  Grancey)  :  "  Et  dauqui- 
«  en-avant  seroil  de  la  condition  des  autres 
«  habitaus  de  la  ville  de  Grancey.  ■>]  (n.  e.) 

Daurade.  [Intercalez  Daurade,  poisson  de  la 
Méditerranée,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le 
cyprin  doré:  "  Aurata  vel  orata  ab  auri  colore 
«  dicitur.  Ha  ne  provinciales  et  Ilispani  dorade 
«  vocant,  seivala  ab  omnibus  eadem  fere  nominis 
«  ratione...  In  Gallia  Narbonensi  pro  aHalisdiffe- 
»  rentia ,  quœ  magnitudine  definitur,  diversa 
»  nomina  babet:  nam  mnqueue  dicitur;  quœ 
«  cubili  est  magnitudine,  daurade;  quœ  iuler  illas 
»  est, /«t'/'fldc,  quasi dicas  mediam.  iNostri  piscatores 
«  maximam  auralam  subredaurade  vocant,  id  est 
«  supra  auratam,  quodcommunem  mngnitudinem 
«  superet.  Calli  fabriim  piscem  auralam  appellant, 
«  ne  quis  nominis  affinitale  decipiatur,  et  nostram 
«  auralam  brame  de  mer  muncup;:nt.  »  ^B.  N.  1. 
0838  .c.  ch.87.)](N.  e.) 

Dausse,  s.  /'.  Terme  de  blason.  11  y  a  lieu  de 
croire  que  ce  mot  signilie  "  gousse,  »  d'autant  pins 
qu'on  trouve  «  dausse  d'ail,  »  pour  gousse  d'ail, 
dans  les  Dicl.  de  Cotgr.  et  d'Oudin  (2). 

Dautier.  [Intercalez  Dautier,  parement  d'autel, 
dans  une  charte  de  1360  (Du  Cange,  1,  209,  col.  3): 
«  Et  il  pourvoir  une  foiz  h  ladite  chappellenie  de 


■  calice,  messel,   touaille,  dautier  et  vestemens 
«  pour  ladite  chappellenie  deservir.  «]  (n.  e.) 

Dautriei's,  .s.  m.  Terme  de  vénerie.  Nous  rap- 
porlerous  le  passage  où  ce  mut  est  employé.  Peul- 
élre  est-ce  le  même  ((ue  dainliers  que  nous  avons 
vu  ci-dessus.  «  Puis  la  pourfens  tout  au  long  par 
«  devers  les  jarres,  respondant  à  la  feule  première 
«  entre  le  cul  où  tu  ostas  les  dautriers  et  tout  ainsi 
«  de  la  jambe  derrière,  etc.  »  (Modus  et  Racio, 
folio  14,  V».) 

Davaiit,  adv.  Devant.  (Fiabelais,  t.  l,  p.  82.) 
On  trouve  souvent  ce  mol  jaint  avec»  que,  « 
comme  en  ce  passage  :  «  Si  elle  vieni  par  la  part 
«  feuestre.  je  loe  qu'il  la  laisse  venir  el  la  lire  au 
«  costé.  Mais  il  faut  qu'il  lire  au  devant  de  elle  et 
«  non  pas  au  costé  ;  car  s'il  liioil  entre  les  quatre 
«  membres  davant  que  la  sayette  feusl  là,  la  beste 
«  seroil  passée  une  toyse  ou  plus  oultre,  si  fault 
"  droit,  etc.  »  iChasse  de  Gast.  Phéb.  ms.  p.  327.) 

Daver,  v.  Endêver,  se  désespérer. 

Apou  sire  que  ne  davoe.  (Fabl.  7Gi5,  t.  II,  p.  149.) 
Davi,  s.  m.  David. 

J'ai  non  Davis  en  droit  baptesrae.  [Fabl.  7980,  p.  210.) 

Davied,  s.  m.  Davier  (3).  Instrument  dedenlisle. 
(Rabelais,  t.  II,  p.  105.) 

Dax,  adj.  Doux,  cher.  C'esl  une  faute,  il  faut  lire 
dox  dans  ce  vers  : 

Ahi,  fait  ele,  dox  amis.  (Fidil.  1989,  p.  65.) 

Dayée,  s.  f.  Empan  *.  Cercle  de  femmes  qui 
filent  le  soir  ^. 

*  Au  premier  sens,  ce  mol  sert  à  exprimer  la 
mesure  de  la  longueur  ou  du  travers  du  doigt.  Son 
étymologie  est  la  même  que  celle  du  verbe  ■'  a'daier  » 
qui  signifie  toucher  du  bout  du  doigt.  Il  est  mis  au 
figuré  dans  le  passage  suivant  :  «  Plaidant  ma 
«  première  cause,  je  dis  à  ces  M"  là  beaucoup  de 
«  clioses  que  je  n'eutendois  pas  ny  eux  aussi,  ce 
«  qui  m'apporta  une  belle  dayée  de  réputation.  •■ 
(Moy.  de  Parv.  p.  3ri0.)  On  trouve  «  une  dayée  de 
«  commodité.  »  (Ibid.  p.  294.) 

^Au  second  seiis,  ce  mot  signifie,  en  Champagne 
et  en  Lorraine,  une  assemblée  de  femmes  qui  se 
réuuisseal  le  soir  pour  filer.  Les  i'^lamands  se  ser- 
vent du  mol  u  séries.  »  Ailleurs  on  dit  >>  serées  » 
ou  »  écreignes.  »  (Du  Cange,  Gl.  1.  au  mol  Daeria.) 

De.  A\  En^.  Envers ■=.  Oiie°.  De  là ^(4).  De  s'esl 
employé  tantôt  comme  article,  tantôt  comme  pré- 
position. 

*  11  remplace  quelquefois  l'article  du  datif  ■■  à  «. 
■'  Ceux  (/('qui  ils  estoient.  »  Ordonn.  des  R.  de  Fr. 
t.  1,  p.  474.)  -  Ils  estoient  tous  de  cheval.  »  (Pasq. 
Rech.  p.  803.)  11  remplace  aussi  quelquefois  «  à  » 


(1)  Il  en  fut  de  même  des  partisans  de  Charles  V,  quand  il  n'était  que  duc  de  Normandie.  (Voyez  Ualphinois.)  (N.  E.) 

(2)  «  .lehan  Planquiele  demanda  une  dauxe  d'ail  pour  dauxer  son  païn   »  (.U.  122,  p.  39,  an.  i;fe2.)  (n.  v.,.) 

(3)  l'aré  écrit  daviet ;  l'étymologie  est  le  nom  propre  David,  nom  d'un  instrument  de  tonnellerie  dans  l'Ain  ;  les  marins 
ont  aussi  leur  davier.  (N.  E.) 

(4)  Il  sifîiiirie  :  1»  A  cause  de  :  «  Pour  avoir  bon  ayis  comment  il  ordonneroit  rfela  besoingne  la  royne  sa  soer.  »  (Froissart, 
II,  31.)  2»  Pendant:  «  De  celle  saison  (id.,  III,  231);  De  le  nuit  (III,  28i).  »  —  De,  régissant  un  infinitif,  dont  il  est  séparé  par 
un  complément,  est  renforcé  par  la  préposition  à  précédant  le  verbe  :  «  Chil  qui  dedens  estoient  se  doublèrent  de  leurs 
corps  à  perdre.  »  (Froissart,  III,  345.)  (N.  E.) 


DE 


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DE 


devant  Finlinilif «  quand  il  a  de  parler,  etc.  », 

pour  quand  il  a  à  parler.  (Mém.  de  Du  Bellay,  l.  V, 
page  334.) 

^On  a  dit  de  pour  "  en.  <>  »  Eslre  mal  de  court  " 
pour  en  cour.  (Kroiss.  liv.  I,  p.  396.)  «  Trois  cens 
«  livres  -le  tournois  ....  de  parisis  »  pour  trois  cens 

livres  e..  nionnoye  de  Tours et  en  monnoye  de 

Paris.  (Ducli.  Gén.  de  Chàlillon,  p.  00.)  ■>  Se.xante 

«  sous  de  blans  de  rente, quarente  souz  de 

"  blanc  de  rente;  »  c'est-à-dire  soi.\ante  et  qua- 
rante sols  de  rente  en  blancs  ou  en  nionnoie  l)ian- 
che.  (Duch.  Gén.  de  Chàtillon,  p.  58,  tit.  de  1268.) 
Il  estoit  de  guerre.  iFabl.  1218,  p.  150. j 

Ce  mot  est  pris  aussi  pour  «  par  :  »  «  semble  de 

«  verdur  ■■  pour  ressemble  par  sa  verdeur.  Dans 

l'art.  '26  de  la  pierre  appelé  silenite,  on  lit  «  silenite 

«  a  bêle  culur.  » 

Jaspe  semble  de  la  verdur. 

Marb.  art.  26,  col.  1G60. 

*^Ce  mot  a  signifié  »  envers.  »  »  Le  roy  s'acquitta 
«  rf'eux  moult  doucement.  »  (Froiss.  liv.  I,  p.  261) 

De  est  explétif  dans  l(;s  passages  suivans.  On  lit 
«  s'en  escouriade  soi  duzime  de  main.  •  Dans  le 
latin  se  piirgel  se  duodechna  vianu,  pour  se  justifie 
par  lui  douzième  de  main,  c'est-à-dire  en  levant,  la 
main  luy  douzième,  (f-oix  Norra.art.  16.)  «  Mesliers 
«  at  de  pitiet  li  raignaule  de  créature  »,  dans  le 
latin  eget  miseratioite  erealiiru  valiunalis.  (S.  Bern. 
Serm.  fr.  mss.  page  377.)  «  11  oyvet  la  voix  Nosti'e 
«  Signer.  »  «  Il  ne  veoit  mies  de  sa  fazon.  »  (Id. 
p.  250.)  On  lit  dans  le  latin  «  faciem  non  vid/uut. 
«  Kl  bien  voit  lui  et  il  de  lui  ne  puet  mies  veu. .  » 
(S.  Bern.  Serm.  fr.  mss.  p.' 185.)  On  lit  dan-.  !c  latin 
a  qito  videatur  et  quem  videre  non  passit. 

"  Ce  mot  a  signifié  «  que.  »  (1)  »  Oncques 

o  depuis  cent  ans  ne  fut  plus  courtois  ne  plus  pleins 
«  de  loutes  bonnes  et  nobles  vertus  et  conditions 
«  en  les  Anglais  de  lui.  »  (Froiss.  liv.  I,  p.  386.) 

"  Dire  de  non  «  est  mis  pour  dire  que  non,  dans 
l'Hist.  de  Louis  11,  duc  de  IBourb.  p.  157.  Dans  les 
Mém.  de  Bellievre,  de  signifie  simplement  «  non  ». 

^Eiifin  on  s'est  servi  de  l'aiticle  de  pour  l'art. 

fém.  «  delà  »  commeen  ce  passage.  «  Que  on 

«  preigne  des  fonrchieres  et  menu  boys  et  les  boute 
«  l'eu  dedanz  les  fosses  et  puis  mettre  de  terre 
«  dessus.  »  (Chasse  de  Gast.  IHiéb.  ms.  p.  292.) 

De  est  explétif  dans  les  citations  suivantes  : 

Prinsonnier  est  sans  cause  et  sanz  raison 
Mon  las  de  cuer  qui  longtemps  l'a  esté. 
Sans  avoir  bien  ne  joieuse  saison, 
Fors  que  toudis  languir  en  obscurté. 

Tocs.  MSS.d'EusI.  Desch.fol.  31,  col.  4. 


Certes  le  las  de  cuer  nie  fent 
Quant  je  resgarde,  etc.  (Id.  p.  401.) 

On  a  dit  aussi  "  en  vaudriez  de  mieux.  «  (Monstr. 
vol.  l,  fol.  12.)  "  Son  seigneur  de  père,  sa  dame  de 
«  mère.  »  (Math,  de  Coucy,  tlist.  de  Charles  VII, 
p.  567.)  (2)  «  Un  superbe  de  frère.  » 

Il  y  avoit  aussi  plusieurs  occasions  oiî  l'on  sup- 
primoil  le  de  comme  dans  les  expressions  que  nous 

allons  rapporter  :    «  Incarnation  nostre   Sei- 

«  gneur.  »  (Beauman.  p.  1.)  «  ....  La  mort  Jésus.  » 

(Coiiuillart,  page  171.)  <■  L'amour  INarcissus.   » 

(Ibid.  p.  177.)  «'...Cerveau  Jupiter.  »  (J.  Marot,  p.  7.) 
«  ....  La  cause  sa   maladie.  »   (L'Amant  ressusc. 

p.  347.)  "  Frère  sa  femme.  »  (Villehard.  p.  35.) 

«  ...  Maison  mon  père.  »  (Cl.  Marot,  p.  96  )  (3) 

Il  y  a  en  contestation  sur  l'article  de.  Il  s'agissoit 
de  décider  si  l'on  pouvoil  s'en  servir  pour  «  des  ». 
Voici  ce  que  dit  Garasse  à  ce  sujet  :  «  Pour  moy 
"  qui  ne  suis  pas  de  ces  esprits  renchéris  et  refor- 
<■  mateurs  de  la  langue  fraiiç.oise,  et  qui  ne  fais  pas 
«  des  questions,  scavoir  s'il  faut  dire  des  superbes 
«  palais  ou  de  superbes  palais,  comme  font  mes- 
«  sieuis  nos  traducteurs  de  cour.  «  (Garasse.  Rech. 
des  Rech.  p.  561.) 

La  Roque,  Orig.  des  noms,  p.  185,  traite  de  ridi- 
cule l'usage  où  quelques  personnes  étoienl  de  met- 
tre l'article  de  devant  leur  nom.  pour  le  rendre  plus 
noble.  (Voyez  aussi  Des  Accords,  Bigarr.  livre  IV, 
fol.  12.)  Leurs  réllexions  ont  eu  peu  d'ell'et,  car  on 
ne  s'est  guèi'es  corrigé. 

l.Dé,  s.  m.  Dez  à  coudre  *('!).  Pièce  d'une  vitre^. 
Dé  à  jouer '^. 

*  Ce  mot  est  encore  en  usage.  Un  mercier,  parlant 
des  marchandises  qu'il  a  à  vendre,  dit  : 

J'ay  les  deeus  à  costurieres.  [Fabl.  MSS.  de  S.  G.  p.  42.y 

On  a  employé  le  mot  dé,  pris  en  ce  sens,  pour 
exprimer  en  général  une  ctiose  de  peu  de  valeur. 

Tel  c\iide  b'en  avoir  de  sa  chair  engendré 
Des  enfans  en  sa  femme  qui  ne  luy  sont  un  de  (rien). 
SliPLTis  de  Vineaux,  cité  par  Faiich.  Lang.  fr.  p.  115. 

^ De  signifie  «  une  pièce  de  vitre  ■>,  selon  Cor- 
neille. «  Les  vitriers  appellent  certaines  pièces  de 
«  vitre  du  dé.  » 

'^  Dé,  dans  le  sens  subsistant  de  »  dé  à  jouer,  »  a 
donné  lieu  aux  façons  de  parler  suivanies,  la  plu- 
part figurées  : 

ï"  Un  berger  avoue  à  Pathelin  qu'il  lui  a  mangé 
trente  agneaux  en  trente- trois  ans  et  Pathelin  lui 
répond  : 

Ce  sont  dix  de  rente 

Pour  les  dez  et  por  ta  chandelle. 


(1)  De,  chez  Froissart,  remplace  ipie  après  un  terme  de  comparaison  :  «  .ailleurs  de  cy  (XI,  105)  pour  ailleurs  qu'ici.  » 
C'était  la  règle  même  en  latin  :  «  Accentus  est  anima  verborum  sive  vox  syllabœ,  quae  in  sermone  phis  sonat  de  ceteris 
sy  lia  bis.  »  (îx""  siècle.  Revue  Critique,  1873,  p.  87.)  (N.  E.) 

(2)  On  trouve  aussi  dans  Froissart  :  «  Son  sigueur  de  père  (II,  195)  ;  sa  dame  de  mère  (III,  87)  ;  sa  damoiselle  de  mère 
(IX,  374.)  »  (N.  E.) 

(3)  Cette  suppression  existe  aussi  dans  Froissart  (IV,  329)  :  «  Il  avoit  le  fleur  de  se  jonesse  usée  ou  service  le  roy  Englés.  » 
—  «  Il  boutèrent  le  feu  ens  es  tentes  les  seigneurs  françois.  »  (IV,  21.)  (N.  E.) 

(4)  Il  ne  faut  pas  confondre  pour  l'étymologie  dé  à  coudre  et  dé  à  jouer  ;  le  premior  vient  du  latin  diç/itale  ,  comme  le 
prouvent  les  formes  suivanies  ;  «  Theca,  gallice  dois  et  deaul.  »  (Gloss.  lat.  4120,  an.  1348.)  Dms  un  autre,  on  Ut  :  «  Decl  à 
mettre  ou  doy  pour  queudre.  »  Enfin  on  lit  au  reg.  J.T.  138,  an.  1389:  «  Il  prit  sa  sainture  et  sa  lasse,  en  laquelle  avoit...  un 
dcl  à  queuldre.  »  Dé  à  jouer  vient  de  ddtum.ce  qui  est  donné,  jeté  sur  la  table:  «  Li  dé  serunt  mult  tost  sur  amhe  as  (deux  as) 
turné,  Qui  imt  esté  sovent  sur  sines  (six)  ruelé.  »  (Th.  do  Cantorbéry.  157.)  (n.  e.) 


DE 


—  470 


DE 


C'est-à-dire  pourtes  profils,  peul-èlre  par  allusion 
à  rargent  ijne  les  joueurs  douueiit  pour  payer  les 
frais  du  jeu. 

:>°  Ou  a  dit  eu  parlant  de  certaines  femmes  qui  ne 
padoieul  jamais  qu'évêques, cardinaux, etc.  : 

Elles  ne  couchent  d'autres  dez  ^ 

Que  d  evesque,  ou  de  cardinaux 
Archidiacres  ou  abbez.  (Coquill.  p.  36.J 

3°  "  Dehors  tout  de:i  (le  jugement,  »  ou  bien  «  liors 
«  le  dez- (l'estimât ion  »,  c'est-à-dire  hors  de  toute 
estimation,  hoi'sde  prix.  ■•  .Je  croy,  dist  Epistemon, 
«  qu'en  toute  la  partie  vous  n'eussiez  mieulx  choisi, 
«  je  ne  dy  seullemeul  touchant  les  perfections 
«  d'ung'  chascun  eu  sou  estât  ,  lesquelles  sont 
«  dehors  tout  de:^  de  jugement.  »  (fJabelais,  t.  III, 
p.  ICI.)  "  L'amour  que  de  vostre  grâce  me  portez 
«  est  hors  le  de%  d'estimation.  «  (Ibid.  page  32.)  Le 
Duchat,  note  G,  dit  (|ue  c'est  par  allusion  «  aux  dez 
«  des  jiigemens.  atea  judiciorum  »  dont  parle 
Bridoie,  dans  Rabelais. 

4°  «  Dez-  mal  poins,  »  dez  pipez.  (Voyez  Lettres 
du  mois  d'août  13%,  Très,  des  Ch.  Reg.  150.  p.  80.) 

.5»  --Dex-  du  jilus  dez  du  inains  »  pour  dez  qui 
amènent  gros  et  petit  point.  On  fait  dire  à  un  mer- 
cier en  parlant  de  ses  marchandises  : 

J'ay  dez  du  plus,  j'ay  de:  du  mains 
De  Paris,  de  Cliartres,  de  Rains; 
Si  en  ai  deus,  ce  n'est  pas  gas, 
Qui  au  hocer  chieent  sor  as. 

Fabl.  MSS.  de  S.  G.  fol.  «,  R"  col.  1  (1). 

6°  '<  Changer  le  dez  »  faire  tourner  la  chance  : 
«  S'estoit  vanté  le  Captai  que  le  Roy  et  son  bernage, 
«  il  delivreroit  au  Roy  engloiz,  mais  Bertran  fuy 
«  cliangea  bien  le  dex-.  »  (Hisl.  de  B.  du  Guesclin, 
par  Mén.  p.  99.)  (2) 

7°  «  Avoir  le  dé  »,  être  heureux,  avoir  pour  soi 
la  fortune. 

Le  dé  ont  eu  longuement. 
Mes  torné  lor  est  autrement  ; 
Tornée  lor  est  la  chéance 
Du  dé,  en  perte  et  meschéance. 

Hist.  de  Fr.  à  la  suite  du  Rom.  de  Fauv.  fol.  76. 

8°  <■  Souhait  en  trois  dex,.  »  On  s'est  servi  de 
cette  expression  équivalente  à  "  rafle  de  dez  »  pour 
exprimer  tout  ce  qu'on  peut  désirer  de  mieux. 
Dans  un  jeu  parti  l'on  demande  si,  lorsqu'on  est  sûr 
de  n'ètie  p  ,s  aimé  de  sa  dame,  fou  pourroit  se 
déterminer  à  la  céder  à  sou  ami  qui  seroit  certain 
d'en  être  mieux  traité. 

.  .  .  Souhait  en  trois  dez 
A,  cui  de  s'est  ostez 
Qui  en  la  fin  l'occist 
Et  son  ami  en  saisist. 

Po.s.  MSS.  du  Vatican,  n"  1522,  fol.  Mi,  V  col.  1. 

9°  «  Li  dé  sont  de  deus  et  d'as.  »  Façon  de  parler 
pour  dire  «  perdre.  » 


Or  pues  tu  bien  crier  hélas, 
Quar  li  dé  sont  de  deus  et  d'as 
Non  ques  nul  bon  i?eu  ne  prf-is. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7218.  fol.  77,  R-  col.  2. 

VAR1.4NTES  : 
DÉ,  Di':el.  Ménage,  Dict.  Etym. 
Del.  Marbodus,  col.  1672. 
Det.  Faifeu,  p.  34. 
De.\m.  Dict.  Etym.  de  Ménage. 
Deeu.  Fabl.  MS.S.  de  S.  G.  fol.  42,  V". 
Ded.\l.  Du  Gange,  Gl.  1.  au  mot  Digitahulum. 

2.  Dé.  [Intercalez  Dé,  deuil,  dans  la  Chron.  des 
ducs  de  .Normandie,  il,  v.  "26997: 

Dé  ne  leur  faut  ne  anz  ne  jor.]  (n.  e.) 

Dea,  e.rclamation  (•'!!.  Dea,  vraisemblablement, 
est  la  même  chose  que  -  dame.  »  Exclamation  très 
usitée  aujourd'hui  dans  la  conversation.  «  Or  vous 
<•  taisez,  dit  Gervaise,  car  je  croy  que  Dieu  vous 
«  aidera,  comment  dist  le  .louvencel?  dea;  dist 
«  Gervaise,  vous  estes  trop  cbaull.  »  (Le  Jouvenc. 
iMs.  page  383.1 

Il  semble  avoir  aussi  signifié  originairement  la 
«  déesse  »  que  l'on  trouve  dans  nos  auteurs  sous 
l'orthographe  de  <>  dives.se  ■■  et  sous  d'autres  à  peu 
près  semblables.  On  s'en  est  aussi  servi  pour  dési- 
gner la  S"  Vierge. 

Da  est  afllrmalif  dans  ces  vers  : 

Il  ostoit  du  bon  parti 

Da  :  et  si  le  fit  bien  paroistre. 

Gilles  tiurc-mt,  à  la  suite  de  Boimef.  page  223. 

C'est  en  ce  sens  qu'on  s'en  sert  encore  dans  le 
langage  populaire  et  particulièrement  en  Nor- 
mandie. 

VARIANTES   : 
DEA.  D.  Florès  de  Gr.  fol.  139. 
Deac.  Le  .louvenc.  MS.  p.  251. 

Da.  Fabl.  MSS.  du  R.  n»  7615,  t.  II,  fol.  126,  V»  col.  2. 
Diva.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  III,  p.  1257. 
Dyva.  Lanc.  du  Lac,  t.  II,  fol.  4,  Y»  col.  1. 
Dya.  Poës.  MSS.  d'Eust.  Desch.  fol.  450. 

Deablece,  s.  f.  Diablesse. 

Quant  je  l'oi  grant  pose  regardée 

Et  sa  contenance  avisée. 

Si  en.quis  madame  Larguece 

Qui  estoit  celé  deablece 

El  me  dist  :  c'esloit  avarisce 

Qui  perist  chascun  par  son  visce. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n*  7218,  fol.  280,  V-  col.  ». 

Deablie.  [Intercalez  Deablie,  diablerie: 

Mes  dire  les  choses  à  taire. 

C'est  trop  grand  deablie.  [La  Rose,  v.  7068.) 

Cette  forme  se  retrouve  dans  Froissart  (IX,  449)  ; 
plus  anciennement,  ou  avait  diaulie  (S'  Bei'nard, 
p.  525);  diablerie  signifie  injures  dans  Lancelot  du 
Lac  (t  III,  fol.  10):  «  Quelles  diableries  il  me 
"  disoit  !  »]  (n.  e.) 

Dealbatoire,  adj.  Qui  blanchit.  (Dict.  d'Oudin 
et  de  Cotgr.) 


(1)  D'après  le  Dict.  du  Mercier.  (Comparez  de  Laborde,  Emaux,  p.  247.)  (m.  e.) 

(2)  On  lit  aussi  an  ms.  anc.  7218,  fol.  299  :  «  Rien  me  seront  li  dé  changié.  Quant  por  ce  que  j'aurai  mangié  ,  M'aura  Diex 
issi  estrangié  De  sa  meson.  »  (N.  E.) 

(3)  Au  xiu'  siècle,  on  trouve  Dira:  «  Diva!  fait-il,  lesse  m'ester  ;  Diex  ne  ne  me  lesse  avant  aler.  »  (Renard,  229.)  D'après 
Diez,  diva  est  composé  des  deux  impératifs  di  [dis]  et  va  ;  «  T'«,  car  me  di.  »  (Chev.  au  lion,  p.  \3S.)  —  «  Or  va,  de  par  Dieu 
va.  »  (Chev.  au  cygne,  v.  6242.)  Va  était  même  renforcé  par  di  :  «  Et  tu,  di,  va  di,  faz  noienz.  »  (Ruteb.,  1, 335.)  .Au  XV  siècle, 
on  trouve  la  contraction  dea  :  «  Dea,  beaulx  amis,  ce  dict  amours.  »  (Ch.  d'Orléans.)  (n.  e.) 


DE 


471  — 


DE 


Dealeticien,  s.  7n.  Dialecticien.  (Blanch.) 
Déambulatoire,  adj.  Où  l'on  peul  se  prome- 
ner. (Colgr.  Dicl.) 
Déambuler,  verbe.  Marcher  (1). 

Déumbninr  en  belle  çravité. 

Vig.  de  Charles  VII,  p.  22. 

Dean,  s.  m.  [Intercalez  Dean,  doyen,  au  Cartu- 
laire  cie  Lagiiy  (fol.  183,  an.  l'iG2).  "  Nous  avons 
«  fait  inhibicion  et  deflenses,  de  par  monseigneur, 
«  à  messire  Jelian  Camail,  procureur  des  déan  et 
»  chapitre  Sainte-Croix  d'Orléans.  «  (l'i0'2,  Reg.  de 
la  prévôté  du  ductié  d'Orléans.)  Le  C.  de  D.  Boian 
est  au  reg.  .(J.  5G,  p.  238,  an.  1318:  «  Feisines 
«  asavoir,  dire  etsenelier  par  nos  doiaiis  et  sergens 
«  establis....  »  Au  .mp  siècle,  on  disait  dciens 
(Thomas  de  Cantorbéry,  38)  :  «  Ses  deieiis  est,  ço 
«  dit  ;  par  dreil  la  [croix]  deit  porter.  »  Celle  forme 
se  retrouve  au  Caitulaire  de  Champagne  (fol.  90, 
verso)  :  «  Deiens  de  l'iglise  S.  Macio  de  Bar  sur 
"  Aube.  »  Les  chartes"  de  Joinville  (Mémoire  de 
M.  de  Wailly,  1868)  donnent  diens,  doleiis,  deyen. 
Dienz  de  Làingresde  S"  Bénigne  de  Dijon  (an.  1350). 
Decanus,  au  sens  ecclésiastique,  a  été  fait  non  sur 
decem,  mais  sur  diàxoi'oç,  diacre.]  (n.  e.) 

Deané.  [Intercalez  Deané,  doyenné.  «  La  déané 
«  d'Orliens.  »  (l'21»8,  duchéd'U.  Privilèges  d'Orléans.) 
Le  C.  de  D.]  ^n.  e.) 

Deauée,  s.  f.  Sorte  de  magistrature.  C'étoit  le 
nom  dont  on  se  servoit  pour  désigner  une  i  snèce 
de  magistrature  établie  dans  la  ville  d'Orma.  s  ('2). 

Déanesse,  s.  f.  Doyenne.  (Gloss.  du  i'.  J.abbe, 
page  497.) 

Deaune.  [Intercalez  Deanne,  redevance,  dans 
une  charte  de  1298  (Du  Cange,  II,  745,  col. 2)  :  «  Les 
;<  cens  des  tanneurs,  les  lontez,  le  deanne,  c'est 
«  assavoir  cens,  aventures  et  auties  deniers  de 
«  renies.  >■]  (n.  e.) 

Deans ,  préposVion.  Dans.  «  Deam  quinze 
«  jours.  »  (Coût.  Gén.  t.  II,  p.  981.) 

Dearne,  s.  f.  Tranche.  Tranche  de  poisson. 
L'on  dit  "  dalle  »  en  Normandie ,  •■  darne  »  en 
quelques  aulres  lieux,  «  dearne  »  en  Auvergne. 
(Du  Cange,  Cl.  1.  au  moi  Darims.) 

Deartuer,  verbe.  Diviser,  anatomiser.  (Dict.  de 
Borel.) 

Deasurder,  verbe.  Assurer.  «  A  que  faire 

'  «  vous  donner  tant  de  peine  à  griffonner  le  papier, 
.'  pour  le  barbouiller  de  commentaires  sur  tant  de 


"  folies  de  poètes,  et  orateurs,  et  fouillau  cofres 
"  qui  les  ont  escriles  eu  boivant  et  se  riant,  elles 
"  estimées  tant  sérieuses  el  telles  les  deasurder.  » 
(Moyen  de  Parv.  p.  90.) 

Deaublage.  [Intercalez  Deanblage  ou  deablage. 
redevance  en  blé:  «  Les  coustumes  des  portes  de 
«  Chartres  appartiennent  à  la  prevousté,  quand 
«'  elle  est  vendue;  c'est  à  savoir  le  deaublage,  le 
«  lonli  et  le  buscage.  »  (Livre  des  cens  et  fiefs  du 
Comté  de  Chartres,  fol.  1.)]  (n.  e.) 

Déauté,  subst.  Ce  mot  se  trouve  dans  le  Dict.  de 
Borel.  Sans  nous  occuper  h  faire  des  conjectures 
sur  le  sens  qu'on  pourroit  lui  donner,  nous  cite- 
rons ces  vers  du  Roman  de  la  Rose  : 

Si  lu  te  tiens  en  loyalté 
Je  te  donray  tel  déauté  (3) 
Que  tes  playes  te  guérira. 

Debagouler,  verbe.  Parler  indiscrètement.  Ce 
mot,  au  propre,  signifie  «  degueuler  ■>,  mais  il  ne 
s'est  employé  qu'au  figuré,  dans  le  sens  que  nous 
avons  marqué,  dans  le  style  burlesque  ou  bas.  On 
trouve  "  se  debagouler  »,  dans  Brantôme,  Cap.  fr. 
t.  111,  p.  111.  Le  peuple,  en  plusieurs  endroits  delà 
Normandie,  se  sert  encore  du  terme  debagouler 
pour  signifier  avouer  un  fait  sur  lequel  on  est 
interrogé. 

VARIANTES   (4)  : 
DEBAGOULER.  Brant.  Cap  fr.  t.  III,  p.  Ml. 
DEbBAGOULER.  Monet,  Oudin,  Dict. 

Debaguer ,  verbe.  Dépouiller.  «  La  reyne 
«  d'Angleterre  fut  en  adventure  de  perdre  sa  vie  el 
«  son  fils  en  une  forest  du  pays,  où  ils  furent  pris 
"  et  debuguez  de  brigans.  »  (Histoire  abr.  de 
Ch.  VU,  an.  14G3,  p.  358.)  Ce  verbe  s'est  formé  de 
»  bagues  »  éiiuipages.  (Voy.  ce  mot  ) 

VARIANTES  : 
DEBAGUER.  Hist.  Chron.  dep.  1400-1467,  p.  358. 
Desbaguer.  Monstr.  vol.  III,  fol.  96,  R». 
Desbaguier.  Math,  de  Coucy,  Hist.  de  Charles  VII,  p.  536. 

Debailler,  verbe.  Livrer,  mettre  aux  mains  *. 
Employer^.  Combattre,  détruire"^  (.".). 

*Dans  le  [iremier  sens,  ce  mot  semble  le  même 
que  "  bailler,  »  el  en  effet  le  mot  «  de  »  s'ajoutoit 
souvent  autrefois  aux  verbes  sans  en  changer  la 
signification.  Ainsi  on  a  dit  en  parlant  de  la'Croix 
prise  par  les  Sarrasins  sur  les  chrétiens  :  «  Et  des 
»  escommuniees  mains  aux  Sarrazins  villainement 
«  débaillée.  «  (Chr.fr.  ms.  de  Nangis,  sous  l'an  U>i7, 
p.  3.)  On  lit  dans  le  latin  eontrectata. 

^Debailler  a  signifié  aussi  se  servir,  faire  usage. 


(1)  On  lit  aussi  dans  la  Pénitence  d'Adam  (Du  Cange,  II,  747,  col,  2)  :  «  Adam  à  la  parole  d'Eve  sa  compaigne  se  leva  du 
lieu  triste  où  il  s'estoit  mis  pour  plourer,  et  déambula  par  sept  jours  toute  la  terre  d'environ  aulx.  »  (n.  e.) 

(2)  C'est  une  variante  de  l'intercalation  précédente  ;  toutes  les  corporations  avaient  un  doyen  :  «  Il  1  avoit  mis  en  l'office 
dou  doianvé  des  lelliers.  »  (Froiss.,  IV,  62.)  Au  polyptyque  d'Irminon^  le  doyen  est  chargé  de  la  juridiction  inférieure  sur 
les  colons  et  sur  les  serfs,  (n.  e.) 

(3)  Lisez  pour  la  rime  dealté  ;  dealté  a  été  fait  sur  dealilas  (Du  Cange)  et  signifie  don  divin,  remède  magique,  (n.  e.) 

(4)  On  trouve  aussi  desbagoler  :  «  Dieu  sçait  corne  se  desbagoloit  contre  ce  paouvre  prebstre.  »  (Bonnivard  ,  Advis  et 
Devis,  -144.)  (n.  e.) 

(5)  11  signifie  encore  :  1»  Découvrir,  entrebailler,  dans  la  traduction  des  statuts  de  l'Eglise  de  Tours  (B.  N.  ms.  1.  1237, 
ch.  LXXVII,  an.  I39G)  :  «  S'il  a  rfe/jai//é  (obtractaverit)  la  poitrine  à  la  pucelle  ou  autres  membres  honteux  des  femmes,..! 
il  est  escript  ;  tu  ne  bailleras  ne  n'attouoheras  la  leidesce  des  femmes.  »  2"  Dégager  ;  <i  Si  tu  ne  deUvres  aujourd'hui  le 
Cousteau,  que  tu  me  baillas  dimanche  en  gaige  de  quatre  deniers,  tu  ne  le  deboiHeras  jamais.  »  (JJ.  187,  p.  75,  an.  1457.)  (n.  e.\ 


DE 


47-. 


DE 


emplnïpr  (1).    C'esl  une  extension  do  l'acception 
prcccdenle. 

Diverses  armes  debailUml. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  25G,  R'. 

Par  divers  basions  c'on  débaillc.  (Jcl.  fnl.  3?4.J 

"^  Enfin  on  a  pris  ce  mot  dans  le  sens  de  «  com- 
«  battre,  »  et  alors  il  semble  être  formé  du  mot 
latin  debellare  où  c'est  une  contraction  du  veri)e 
«  (léhalailU'v  »  ijue  fon  verra  ci-après. 

Cens  des  bastiaus  les  retoiirmentent 
Aus  graiiz  cops  geler  les  ddinilteiit. 

G  Guiait,  MS.  fol.  321;.  Rv 

Debanu,  verbe.  Dévider  sur  quatre  fuseaux. 
(Dict.  de  Borel,  an  mot  Devencr.) 

Debaratei",  verbe.  Déconcerter*.  Déran2:er, 
mettre  en  désordre  °.  Défaire'^.  Ecarter,  dissiper, 
malmener".  Affliger,  désoler^  (2). 

*Sur  la  première  acception  déconcerter,  voyez 
les  Dictionn.  de  Borel,  Cotgr.  et  Oudin.  C'esl  dans  le 
sens  de  •'  déconcerter  »  qu'on  a  dit  en  parlant  de 
Pierre-le-Cruel  ahamlonné  de  tous  ses  sujets  :  «  Si 
<■  arriva  le  roy  Doin  Pieire  le  soir  mesme  comme 
»  un  chevalier  (/rsftrtra^f' et  déconfit  (3).  «  (t'roissarl, 
iiv.  1,  p.  295.) 

Les  autres  d'amont  et  d'aval 

Desbarela  et  desconfi.  (Pli.  ytoiink.  p.  4S5.) 

^On  employoil  aussi  ce  mol  pour  «  déranger  ■>, 
«  mettre  en  desordre  >■  :  "  Quant  nous  les  verrons 
«  ainsi  debarate:.:,  si  leur  courrons  sur  tout  à  coup, 
«  et  il  n'en  eschappera  pié,  qu'il  ne  soit  attrapé.  » 
(Hisl.  de  B.  du  Guescl.  par  Mén.  p.  25."».) 

•^Ce  mot  signifie  «  défaire  »,  abattre  dans  ce  pas- 
sage :  «  ....S'enfuit  l'ietre  du  Bois  a  tous  quatre 
«  mille  hommes  seulement  vers  Jacques  Dartevelle 
«'  son  capitaine  tout  debbaraté.  »  (Hist.  de  LoyslII, 
duc  de  Bourb.  p.  2]!.) 

°  Desbaralrer  se  prenoil  aussi  quelquefois  dans 
le  sens  «  d'écarter,  dissiper,  malmener.  »  «  ....Quant 
«  il  virent  que  il  ne  le  pourroient  enclore,  et  qu'il 
«  avoitjà  mis  à  mort  jusques  à  dix  buytde  leurs 
«  compaignons  par  folle  suite,  ilz  sàrrestôrent 
«  tous  confuz  et  le  laissèrent  aller;  et  qui  me 
»  deaianderoit  qui  estoit  le  chevalier  qui  les  avoit 
«  desbaruirez,  je  diroie:  c'estoil  Estonne.  »  (Percef. 
vol.  I,  fol.  58,  R".) 

^  Enfin  on  trouve  «  se  debareter,  se  debretter  » 
pour  se  désoler,  s'affliger  (4). 

Pour  son  trespas  moult  se  debrelle. 

Hist.  des  Trois  Maries,  en  vers,  MS.  p.  5. 

Debai'ber,  verbe.  Oter  la  barbe. 

....  On  le  di'sbai'ba 

De  sa  barbe  barbue.  (Molinet,  p.  111.) 


VAIIIANTKS    : 

DEBARBER. 

DESB.\nBER.  Molinet,  p.  171. 

Debarginna,  verbe.  Brouiller,  mettre  en  dé- 
sordr'e.  iDu  Cange,  Gl.  I.  à  Darfiinna.) 

Débat,  s.  m.  Débat,  dispute*.  Combat,  choc, 
allaque°. 

*Nous  nous  servons  encore  aujourd'hui  du  mot 
débat,  pris  au  premier  sens.  (Du  Cange,  au  mot 
Debutum.)  C'est  en  ce  sens  que  Coquillart  a  intitulé 
une  pièce  de  vers  :  «  Le  blason  des  armes  et  dames 
»  ou  le  débat  des  armes,  etc.  ►  (Coquillart,  p.  137.) 
C'est  une  espèce  de  petit  plaidoyer.  On  trouve  le 
pluriel  deliaux,  dans  les  Rech.  de  Pasq.  p.  213. 

^  Ce  mot  s'employoit  aussi  très  souvent  pour 
combat  ou  choc,  attaque,  en  parlant  d'un  pas  d'ar- 
mes du  seigneur  de  Charni,  en  1 '(43.  On  a  dit  : 
«  Fièrement  s'assemblèrent  les  deux  escuyers  et 
«  donna  deCompays  le  premier  coup  mais  ce  fut  de 
«  la  rondelle  du  dit  de  Vaudrey  :  et  de  ce  débat  le 
«  dict  de  Vaudrey  donna  de  la  pointe  de  l'estoc  au 
•'  bainet  de  son  compaignon.  »  (Mém.  d'OI.  de  la 
Marche,  Iiv.  I,  p.  205) 

On  appeloit  «  terre  de  débat  »,  une  terre  qui 
étoit  en  contestation.  Peut-être  aussi  que  cette 
expression  désignoit  le  terrain  destiné  pour  les 
combats  en  champ  clos  ou  gages  de  bataille.  «  Les 
«  mayeurs  et  eschevins  de  nostre  ville  de  Lessines, 
«  terre  de  débat  ressortissante  immédiatement  en 
<i  nostre  grand  conseil.  »  (Coût,  de  Lessines,  au 
Nouv.  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  213.) 

V.4RUNTES  : 
DÉB.VT.  Orth.  subsistante. 
IJEBAUX,  pi.  Pasq.  Rech.  p.  213. 
Desbaux,  pi.  Id.  Lett.  t.-  III,  p.  489. 

Debatable,  adj.  Litigieux.  Sujet  à  contesta- 
tion (5).  (Dict.  d'Oud.  et  de  Cotgr.) 

Debataillier,  verbe.  Attaquer,  combattre. 
«  />t'^«/ft////t'î' et  assaillir  la  cité  d'Acre.  »  (Chron. 
fr.  MS.  de  Xangis,  sous  l'an  II9I.)  On  lit  dans  le 
latin  exj)ug)tandam.  On  entend  peut-être  par  deba- 
taillier faire  la  première  attaque  des  palissades 
que  l'on  nommoit  «  bailles  ■>  ou  «  batailles.  » 

Debateis,  s.  m.  Terme  de  fauconnerie  (6).  Ce  mot 
se  trouve  employé  sous  ses  différentes  orthogra- 
plies  dans  les  passages  suivans  :  «  Oste  donc  le 
«  chapperon  à  ton  faucon,  et  s'el  l'eslieve  et  s'em- 
«  bat,  si  le  laisse  aler  au  debateis.  »  (Modus  et 

Racio,  MS.  fol.  123.)  «  Oste  le  chapperon  à  ton 

«  nouveau  faucon  et  le  levé,  et  s'il  se  bat  laisse  le 
a  aller  au  debatis.  ■•  (Budé,  des  Oiseaux,  f"  12G,  R°.) 
t<  Il  devroit  assez  bien  débatre  le  héron  au  deba- 
«  tois.  »  (Modus  et  Racio,  ms.  fol.  60.) 


(1 1  Ou  plutôt  lancer:  «  Gascons  dars  et  lances  debai/leut.  (G.  Guiart,  an.  -1241.)  (N.  E.) 

(2)  Il  signifie  encore  démolir  (G.  Guiart,  v.  4365  (4777):  «  Vers  le  mur  que  11  minéeur  Orent  cuidié  desbare.'ilcr.  »  (N.  E.) 

(3)  Besbaraté  étant  synonyme  de  desconfire,  signifie  vaincu,  mis  en  déroute  :  «  Mes  compaignons  sont  tous  espars,  ainsi 
que  gens  riesconfis  et  desbaretcs.  »  (Froiss.,  XIV,  21)5.)  (n.  e.) 

(4)  «  Apriès  le  rescousse  dou  castiel  de  Roussi  morut  messires  Pierres   d'.\ndelée  ,   dont  si  compaignon  furent  moult 
drsbai-eié.  »  (Froiss.,  VI,  189.)  (n.  e.) 

(5)  «  Des  erreurs  contestées  et  debatlablcs.  »  (Montaigne,  I,  122.)  (n.  e.) 

(6)  C'est  l'action  d'agiter  :  «  Vous  déussîez  laissier  ester  Le  debaleis  de  ces  cloches.  »  (La  Rose,  v.  21644.)  Ce   sens  est 
assuré  par  le  vers  21711  :  «  Et  quand  il  vit  Tybert  le  chat  Qui  si  fort  les  cloches  dfbat.  »  (n.  e.) 


DE 


—  473  - 


DE 


VARIANTES  : 
DEBATEIS.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  123,  R». 
Debatois  Ibid.  fol.  66,  R°. 
Debatis.  Budé,  des  Ois.  fol.  126,  R°. 

Debateur,  s.  m.  Qui  débat,  qui  couteste. 
variantes  : 

DEBATEUR.  Cotgrave,  Dict. 
Debatiebres.  Beauman.  p.  275. 

Debattenient,  s.  m.  L'action  de  débattre,  de 

contester.  (Dict.  de  Cotgrave.) 

Débattre ,  verhe.  Disputer,  soutenir  avec 
chaleur*.  Objecter^.  Faire  grand  bruif^.  Battre, 
frapper"  (1). 

*  On  a  dit  au  premier  sens,  en  parlant  du  prince 
de  Condé  :  «  .l'ay  ouï  dire  h  feu  monsieur  do  Mont- 
>'  pensier  et  le  debaltoit  contre  moy  qu'il  estoit 
«  beaucoup  plus  éloquent  que  monsieur  son  père.  » 
(Brant.  Cap.  fr.  t.  111,  p.  228.1 

°  Par  une  extension  naturelle  de  la  première  ac- 
ception, débattre  a  signifié  •■  objecter.  »  «  Hz 

«  marchent,  et  vous  les  actendez  qui  l'adventaige 
«  que  vous  vous  cherchiez,  vous  me  porez  debatre 

«  que  s'ilz  s'en  vont pourroienl  avoir  une 

«  grosse  arrière  garde.  "  (Le  .louvenc.  ms.  p.  145.) 

°  On  se  servoil  aussi  de  ce  mot  pour  exprimer  le 
bruit  que  font  des  tambours  et  des  trompettes. 

Tabours  et  trompes  se  ch'halent. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  237,  V. 

°  Enfin  (/e&aij'<?  s'est  dit  dans  le  sens  de  »  frapper». 

Ferrant  en  tel  guise  dcbalent.  fid.  fol.  156.] 

Plaçons  ici  nu  proverbe  où  ce  mot  se  trouve 
employé  dans  le  premier  sens.  «  Par  trop  débattre, 
"  la  vérité  se  perd.  »  (Oudiu,  Dict.) 

variantes  : 
DEBATTRE.  Cotgr.  Dict. 
Deb.^tre.  g.  Guiart,  MS.  fol.  237,  V°. 

Débatu,  part.  Foulé. 

Devoit  li  rois  estre  abatuz 

Des  piez  des  chevaus  debatiiz.  (G.  &uiart,  p.  150. J 

Nous  remarquerons  l'usage  qu'on  a  fait  de  ce 
mot  dans  l'annonce  des  prix  proposés  au  «  puy  de 
«  l'Immaculée  Conception  à  Rouen.  »  Il  y  est  dit 
qu'à  celui  qui  fera  la  meilleure  pièce,  «  sera  donnée 
"  la  palme  et  au  debatu  le  lis.  »  C'est-à-dire  à 
celui  dont  la  pièce  l'aura  disputé  à  la  première. 
(Vovez  les  Poës.  de  Sagon  et  autres  mss.  du  Rov, 
n"768'i,  fol.  1.) 

Debauchement,  DESRArniiE.MENT,  s.  m.  Désor- 
dre, débauche.  (Dict.  d'Oud.  et  de  Cotgr.)  (2) 

Débaucher,  v.  Déranger  *.  Engager  ^. 

*  Ce  mot  se  dit  encore  dans  le  premier  sens  en 
quelques  provinces.  (Du  Cange.  Gloss.  grec.)  Bran- 
tôme, en  parlant  de  l'.imiral  Brion,  rapporte  que 
o  le  roy  voulut  un  grand  mal  au  dit  sieur  amiral, 
«  pour  luy  avoir  fort  débauché  (3)  ses  affaires,  qui 


«  estoient  en  très  bon  estât,  et  d'avoir  donné  loisir 
«  à  l'empereur  de  songer  aux  siennes.  »  (Brant. 
Cap.  fr.  t.  I,  p.  363.)  On  lit  d;ins  le  même  auteur  : 
«  Ce  que  demande  fort  le  courtisan  que  d'avoir 
«  bouche  à  cour  et  à  l'armée,  car  quelque  petit 
o  ordinaire  qu'il  leur  faille  tenir,  il  leur  débauche 
«  fort  la  bourse  »  (p.  2731,  et  au  sujet  d'une  nou- 
velle invention  de  fondre  les  canons  :  «  Avant  cette 
«  fonte  nos  canons  n'estoient  de  beaucoup  si  bons, 
«  mais  cent  fois  plus  fragiles,  et  plus  sujets  à  estre 
«  rafraîchis  de  vinaigre  et  autres  choses  où  il  y 
«  avoit  plus  de  peine,  et  qui  plus  desbauchoit  de  la 
"  batterie.  »  (Ibid.  p.  220.) 

«  Un  peu  desbauché  »  étoil  une  expression  qui 
désignoit  quelqu'un  dont  la  santé  est  dérangée. 
(Voyez  Oud.  Dict.  et  Cur.  fr.) 

^  Ce  mol  se  dit  aussi  en  plusieurs  provinces  pour 
«  engager  >■  dans  quelque  entreprise. 

Granz  genz  aveuc  lui  se  débauchent. 
Droit  vers  Lille  en  Flandres  chevauchent. 

G.  Guiart,  MS.  fol.  273. 

VARIANTES  : 
DEBAUCHER.  Brant.  Cap.  fr.  t.  I,  p.  863. 
Desbaucher.  Id.  ibid.  p.  220. 
Desbauchier.  Molinet,  p.  194. 

Debaux,  s.  m.  p.  Plaisirs,  ébats. 

Plus  plaisant  est  encor  amor: 

Mais  aussi  après  les  debaurc  (4) 

Les  larmes  viennent  à  monceaux.  [Bl.  des  F.  Am.  34S.J 

Debaver  (se),  v.  Baver.  «  L'autre  rage  s'ap- 
"  pelle  rage  mue  et  ne  courent  ne  mordent,  mais 
«  ilz  ne  veulent  mengier  et  ont  un  petit  la  gueule 
«  ouverte,  comme  s'ilz  avoient  un  os  en  la  gueule 
»  et  se  debavent  et  ainsi  meurent,  etc.  »  (Chasse  de 
Gast.  Pbéb.  ms.  p.  96.) 

Debeciller,  v.  Déboiter  lesos.  En \Alin  debecil- 
lare,  des  mots  de  et  biiculus  ;  les  os  étant  comme 
des  bâtons,  l'éminence  desquels  entre  dans  la  cavité 
des  autres.  C'est  la  note  de  Le  Duchat,  sur  Rabelais, 
t.  I,  p.  193,  d'où  Le  Duchat  conclut  que  «  debeciller 
«  les  faucilles  »  signifie  rompre  bras  et  jambes. 

VARIANTES  : 
DEBECILLER.  Rab.  t.  I,  p.  193. 
Debexiller.  Cotgrave. 
Debezilleb.  Rab.  t.  IV,  p.  224. 

Debeffer,  v.  Déchirer  *.  Effacer,  raturer  °. 
*  Dans  le  premier  sens  de  déchirer,  on  trouve 
ce  vers  : 

Et  quant  par  li  sont  mi  drap  deheffé.  (Froiss.  p.  300.) 

De  là  on  a  dit  au  figuré,  en  parlant  des  femmes 
qui  ont  vieilli  dans  la  galanterie  : 

Au  reste  sont  plus  esgrifîées, 

Plus  usées,  plus  desbiffées, 

Que  vieilles  chausses  d'un  poète.  [J.  ilarol,  p.  iOO.j 

^  On  trouve  deshijfer  pour  effacer,  raturer,  dans 
le  Dict.  d'Oudin.  Nous  disons  encore  »  biffer.  » 


(1)  Il  signifie  aussi  contester  :  «  Les  fais  contraires  contre  le  roy  furent  là  lus,  et  reraonstré  par  celuy  qui  les  lisi  que  le 
roy  n'en  avoit  nuls  debalus.  »  (Froissart,  XVI,  193.)  N.  E.) 

(2)  Le  mot  est  dans  Calvin  (2()5)  :  «  Pour  remédier  à  toutes  occasions  de  desbauchement,  et  avoir  une  conduite  certaine, 
il  regarde  à  ce  que  Dieu  lui  montre.  »  (n.  e.) 

(3)  Bauche,  en  Saintonge,  est  une  tâche;  débaucher  signifie  donc  interrompre  une  bauche.  (N.  E.) 

(4)  C'est  le  pluriel  de  débat  ou  un  composé  de  l'allemand  bald,  joyeux  {s'ébaudir}.  (n.  e.) 

lY.  60 


DE 


474  — 


DE 


VARIANTES  : 
DEBEFFER.  Froiss.  Poës.  MSS.  p.  300,  col.  2. 
Desuiffer.  J.  Marot,  p.  199  (1). 

Debeleur,s.  m.  Vainqueur.  Du  lalin  debellator. 

Si  vous  suply  ?  Iriumphanti/cfte/cur,  etc.  (J.  Marot,  S'i'î.J 
César  grand  debctleur.  (Id.  p.  133.) 

VARIANTES  : 
DEIiELEUR.  J.  Marot,  p.  242. 
Debellel'r.  Id.  p.  133. 

Debellatoire ,  adj.  Victorieux,  Iriomphant. 
«  Les  causes  motives,  les  très  diligentes  militaires 
«  conduicles  et  les  de  bel  lato  ires  efl'ectz  de  la 
«  sienne.  ■>  (J.  Mar.  Prolog,  p.  5.) 

Debeller,  v.  Vaincre.  (Dict.  de  Nicot,  Cotgrave 
et  d'Uudin.)  M""  de  Sévigné,  dans  ses  lettres,  t.  I, 
p.  107,  reproche  à  M.  de  GoulangesTusage  fréquent 
qu'il  faisoit  de  ce  mot  (2). 

Debender,  v.  Décoclier  *.  Détacher,  envoyer 
en  avant  ^  (3). 
*  Au  premier  sens,  nous  trouvons  ce  vers  : 

Car  si  sur  toy  de  choiera  il  clesbeiide  (4).  (C.  Mar.  p.  10.] 

On  lit,  dans  les  Triomphes  de  Pétrarque,  trad. 
par  le  B.  d'Opede,  folio  80  :  «  Autant  que  loeil 
«  débande  ,  »  pour  autant  que  la  vue  peut 
s'étendre  (5). 

Cotgrave  cite  ce  proverbe  :  »  Desbander  l'arc,  ne 
«  gueVit  pas  la  playe.  » 

^  Au  figuré,  ce  mot  a  signifié  détacher,  envoyer 
en  avant.  ......  Ordonna  de  marcher  le  comte 

«  Guillaume  de  Furstemberg  avec  ses  bandes  lui 
«  commandant  de  dfs^rtHrfer  1000  ou  riOO  arquebu- 
«  siers  pour  gaigner  le  dessus  du  bastion  (6).  » 
(Mém.  du  Bellay,  liv.  VIII,  fol.  206,  R°.j 

VARIANTES  : 
DEBENDER.  Triomph.  de  Pétrarque,  p.  80. 
Desbender.  Cléin.  Marot,  p.  70. 
Desbander.  Cotgrave,  Dict. 

Debirentier,  s.  musc.  Débiteur  d'une  rente. 
«  Comme  il  est  souvent  advenu  qu'à  cause  de  la 
«  voisinance  du  dit  Chimay  à  la  France,  tant  les 
«  comptes  des  Eglises  et  maisons  pieuses,  que  les 
><  tiltres  chyrographes  et  leltriages  des  particuliers 
«  ont  esté  perdus,  bruslez  ou  cachez  par  guerre, 
«  qui  a  donné  occasion  aux  debirenliers  de  denier 
«  calomnieuscment  les  rentes   qui  leur  estoient 


«  prétendues,  etc.  »  (Coût,  de  Chimay,  au  Nouv. 
Coût.  Gén.  t.  H,  p.27i.) 

Débit,  s.  m.  L'action  de  débiter.   « Un 

«  cabarelier,  bosle  ou  autre  vendant  boire  à  débit, 
«  ne  peut  avoir  pots  en  sa  maison  et  cabaret  iju'ils 
«  ne  soient  de  sauge  et  grandeur  suffisante.  »  (Coût, 
de  Lille,  au  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  891).) 

Ce  mot  est  répété  dans  la  Coût,  de  Douay,  au 
Nouv.  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  971,  col.  2. 

VARIANTES  : 
DEBIT.  Cout.  Gén.  t.  II,  p.  899. 
Débite.  Monet,  Cotgrave,  Dict. 

Débite,  s.  /'.  Sorte  d'impôt  (7).  C'étoit  un  droit 
qui  se  percevoit  sur  les  choses  dénommées  dans  le 
passage  suivant  :  «  Oppressoient  nos  diz  ventiers 
«  les  marchanseslrainges  amenans  ou  vendans  sel 
«  en  nostre  dite  ville  en  exigeant  excessivement  les 
"  débites  accoustumées  pour  les  chevaux,  chers  et 
«  cherrettes,  geloinie  ou  mesure  ou  grant  giief  et 
«  préjudice  que  dessus.  »  (Ord.  des  R.  de  Fr.  t.  III, 
p.  057.)  On  appelioit  aussi  débite  un  droit  que 
payoient  les  orfèvres  en  faveur  des  pauvres.  (Ord. 
des  R.  de  Fr.  t.  III,  p.  13.)  (8) 

Debitenient,  s.  m.  Droit,  imposition.  Frois- 
sart,  parlant  de  la  révolte  des  Parisiens,  en  1381, 
dit  que  «  les  communes  s'armèrent,  et  emeurenlet 
«  occirent  tous  ceux  qui  avoyent  assis  les  gabelles 
«  et  debitemens.  «  (Froiss.  liv"  II,  ch.  84,  p.  "154.)  (9) 

Débiter,  v.  Vendre  en  détail  et  à  crédit.  (Laur. 
Gloss.  du  Dr.  fr.) 

Debitis.  Lettres  de  chancellerie  pour  obliger 
les  débiteurs,  par  saisie  ou  vente  de  leurs  biens  et 
par  contrainte  par  corps ,  à  payer  leurs  dettes. 
«  Lettres  et  gagement  passez  par  autre  nottaire  ou 
«  greflier  que  de  cour  laye,  ne  gisent  en  exécution 
»  es  biens  du  debteur  obligé  sinon  qu'il  y  ait 
"  debitis.  •>  (Cout.  d'Orléans,  au  Cout.  Gén.  t.  I, 
p.  1004.)  «  Lettres  de  débits  qui  sont  mandemens 
«  généraux  se  donnent  par  le  dit  sieur  bailly  ou 
«  son  lieutenant.  »  (Cout.  de  Clermont,  au  Nouv. 
Coul.  Gén.  t.  II,  p.  871.)  «  Qu'il  soit  deiïendu  audit 
»  bailly  de  Sens  et  à  tous  autres  de  bailler  gardes 
«  et  debitis  aux  sujels  de  mon  dit  seigneur  en  son 
«  dit  duché.  »  (Mém.  de  Comines,  t.  III,  p.  116.) 


(1)  Aux  contes  de  Cholières  (I,  Mat.,  9)  on  lit  :  «  Je  vous  trouve  depuis  peu  de  jours,  changé,  hâve,  deffait,  dehiffc.  »  (n.  e.) 

(2)  «  Je  VOUS  assure  qu'elle  est  dcbellôe,  comme  dit  M.  de  Coulanges.  »  Le  mot  est  dans  Oresme  (prol.)  :  «  Debeller  les 
orgueilleux  »,  et  dans  Monstrelet  (I,  70)  :  «  Pour  debeller  tous  ceux  qui  voudroient  le  contraire.  »  (n.  e.) 

(3)  Le  sens  le  plus  ancien  est  ôter  un  bandeau  (Bat.  d'Aleschans,  v.  5660)  :  «  Et  ses  deux  mains  derriers  vet  déliant ,  Et 
ses  biaz  euz  li  vet  tôt  dexbandant.  »  (n.  e.) 

(4)  On  lit  au  reg.  JJ.  199,  p.  539,  an.  1464  :  «  IceUui  Genesquet  vint  par  derrière  l'un  desdiz  compaignons  et  print  l'arbrier 
de  son  arbaleste,  et  la  fist  desbender.  »  (n.  e.) 

(5)  Sa  pensée  desbrouillée  et  desbaudêe,  dit  aussi  Montaigne  (I,  94).  (N.  E.) 

(6)  C'est  plutôt  placer  en  tirailleurs  :  «  Il  partagea  ses  gens  de  pied  à  ses  deux  mains,  et  à  chaque  costé  desbanda  200 
harquebuziers  et  plus.  »  (D'Aub.,  Hist.,  II,  454.)  ^N.  E.) 

(7)  11  est  synonyme  de  cens  dans  une  cliarte  de  Compiègne  (12599)  :  «  Et  retient  l'église  toutes  ses  rentes  et  toutes  ses 
defti/es,  si  come  ele  les  a  eues  jusques  au  jour  d'ui.  »  De  même  dans  Froissart  (VII,  25):  «  Leurs  terres  et  signeuries 
estoient  franches  et  exemtes  de  toutes  débites.  »  Au  reg.  JJ.  91,  p.  502,  an.  1358,  c'est  un  droit  de  place  :  «  Item  oppressoient 
nos  diz  ventiers  les  marchang  estrainges,  amenans  ou  vendans  sel  en  nostre  dite  ville ,  en  exigent  excessivement  les 
defrîto  acoustumées  pour  les  chevaux,  chers  et  cherrettes.  »  Enfin  il  signifie  impôt  en  général,  comme  l'anglais  duhj  : 
«  Et  que  tout  ouvrier  ouvrant  ars  et  saiettes  fuissent  franc  et  quittes  de  toutes  debitles.  »  (Froissart,  II,  419.)  (n.  e.) 

(8)  Voyez  aussi  Ord.,  t.  V,  p.  178,  an.  1369.  (n.  e.) 

{^)  M.  Kervyn  (IX,  44i6)  édite  :  «  Li  commun  s'esmurent  et  s'armèrent  et  ochirent  tous  ceulx  qui  avoient  ceusi  ces  gabelles 
et  ces  débites.  »  (n.  e.) 


DE 


-  475 


DE 


TASIANTES  : 
DEBITIS.  Cout.  Gén.  t.  I,  p.  1004. 
Débits.  N.  Cout  Géa.  t.  II,  p.  871. 

Debitoire.  Endetté,  chargé  de  dettes. 

Lui  est,  pourestre  debitoire.  (Eust.  Desch.  p.  310.) 

Deblaer,  v.  Couper  les  blés.  (L>u  Gansée,  Gl.  L. 
à  Bludare,  dcbladare  el  imbladare  {\).  De  ce  mot 
s'est  formé  celui  de  déblayer,  débarrasser,  enle- 
ver (2).  (Dict.  de  Nicot  et  de  Monel,  au  moi  Dcsbléer.) 

VARIANTES    : 
DEBLAER. 
Desbleer.  Ord.  des  R.  de  Fr.  t.  I,  p.  249. 

Deblamer,  v.  Disculper,  justifier.  «  Comme 
«  vous  povez  vous  f/c&/fls??ic/' d'avoir  en  cest  endroit 
«  commis  ainsi  que  une  publique  idolâtrie  dont  vos 
«  mœurs  sont  corrompus  et  vostre  police  per- 
«  vertie.  »  (Al.  Chart.  l'Espér.  p.  303.)  «  Jamais  ne 
«  vouloit  que  l'en  mesdeist  de  nuls,  ne  ne  voul- 
«  sist  cuir  parler  mal  de  nuls,  et  quant  l'en  en 
«  parloit  devant  elle,  elle  les  desblamoit,  et  disoit 
■>  que  se  Dieu  plaist,  ils  se  amenderoient  et  que  nul 
«  ne  scavoil  que  luy  estoit  h  advenir  et  que  les 
«  vengences  et  les  jugemens  de  Dieu  estoient  mer- 
<i  veilîeux.  »  (Le  Chev.  de  la  Tour,  Inslr.  à  ses 
filles,  fol.  68,  V°  col.  1.)  (3)  C'est  en  ce  même  sens 
qu'on  a  dit  de  la  reine  Esther  :  «  La  sainte  escrip- 
«  ture  la  loue  moult  de  sa  saincte  vie  el  de  ses 
«  bonnes  meurs,  car  le  roy  son  seigneur  estoit 
«  bastif  et  divers  et  luy  disoit  aucunes  fois  moult 
«  d'oultrageuses  parolles  et  villenies  ;  mais  pour 
«  riens  quel!  luy  dist.  elle  ne  luy  respondoit  riens... 
«  devant  les  gens  ;  mais  après  quant  elle  le 
«  trouvoil  seul  .  .  .  .elle  se  desblanioit ,  et  Uiy 
«  monslroit  bel  et  courtoysement  sa  faulle.  »  (Ibid. 
fol.  47,  V^'col.  1.) 

VARIANTES  : 
DEBL.-VMER.  Poës.  de  L.  le  Caron,  fol.  39,  V». 
Deblasmer.  m.  Chartier,  l'Espér.  p.  303. 
Desblamer.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS,  fol.  367,  col.  4. 

Déblasine,  subst.  Injure,  offense.  Ce  mot  se 
trouve  dans  une  lettre  de  1379.  (Choisv,  Vie  de 
Charles  V,  page  4G9.) 

Debleiire,  s.  f.  Récolte,  moisson*.  Ghamparl^. 

*  C'est  proprement  la  dépouille  d'une  terre  embla- 
vée. Debleuve  se  dit  encore  dans  quelques  provin- 
ces (4).  " Celuy  qui  tient  et  occupe  terre  subjectc 

«  à  ferrage  ou  champart  ne  peult  enlever  sa  desblée 
«  sans  appeller  le  seigneur  à  qui  est  deu  le  dit 
«  ferrage  ou  champart  son  commis  ou  fermier.  » 
(La  Thaum.  Cout.  de  Berry,  p.  452.) 


^  Ce  mots'employoit  aussi  quelquefois  pour  dési- 
gner une  sorte  de  champart  qui  consistoit  dans 
la  moitié  de  la  recolle.  (Voyez  Du  Gange,  Gl.  lat.  au 
mol  Diablagium.) 

variantes  : 

DEBLEURE.  Cout.  Gen.  t.  I,  p.  872. 

Desbleore.  Ibid.  p.  872. 

Desblée.  Cout.  Gén  t.  I,  p.  912  (5). 

Deablage.  Du  Gange,  Gl.  lat.  au  mot  Diablagium. 

Deaublage.  Ibid.  au  mot  Buftcarjium. 

Débloquer,  v.  Lever  le  blocus*.  Déboucler^. 
*Sur  le  premier  sens  qui  est  figuré,  voy.  les  Dict. 
d'Oud.  et  de  Cotgr. 

Sans  que  Paris  débloqué  fat. 

Mmi.  du  carii.  de  Relz,  l.  IV,  p.  200. 

^  On  disoit  aussi  au  sens  propre  desblouquer  •pour 
déboucler,  et  les  paysans  de  plusieurs  provinces  [la 
Bourgogne  et  la  Picardie]  prononcent  encore  ainsi: 
«  11  lui  desblouca  son  bachinet,  puis  Uiy  donna  de  son 
«  épée  dessus  le  nez.  »  (Tri.  des  IX  Preux,  p.  510.) 

Deboener.  [Intercalez  Deboener,  ôter  les 
bornes,  au  Gart.  de  l'église  de  Langres  (anc.  8518, 
fol.  227,  v°,  an.  1316):  «  Li  religieux  [d'Auberive] 
«  sunt  en  saisine...  de  metlre  bones  i^n  la  ville  et 
«  ou  linaige  de  S.  Loup,  et  de  deboener,  toutes  fois 
«  que  partie  contre  autre  le  requiert.  »]  (n.  e.) 

Deboinaireté  ,  s.  /.  Clémence  ,  douceur  *. 
Grâce,  faveur  ^. 

*  Ce  mot  est  pris  au  premier  sens  dans  les  pro- 
verbes suivans  : 

De  mauvais  conpaignon 
Grant  deboiiaireté 
A  meint  nice  grevé 
Ce  dit  li  vilains. 

Prov.  du  C"  de  Rrel.  MS.  de  S.  G.  fol.  115,  R-  col.  1. 

<■  Grand  âebonnaireté  a  maints  hommes  grevé.  » 
(Dict.  de  Cotgr.  —  Voyez  Débonitarieté.  dans  Bean- 
manoir,  page  8.)  On  à  dit  en  ce  même  .sens  «  par 
»  debonnaireté  »,  c'est-à-dire  de  bonne  volonté, 
par  douceur.  »  Par  ma  foy,  dist  le  chevalier,  puis- 
«  que  vous  ne  le  voulez  faire  par  debonnaireté, 
»  vous  le  ferez  par  force,  si  vous  gardez  de  moy 
«  car  je  vous  deffie.  »  (Lanc.  du  Lac,  t.  11,  f"  52.) 

^On  a  dit  aussi  deboinaireté  pour  grâce,  faveur. 

Parquoy  lour  puist  eschaoir 
Nule  deboinaireté. 

Pots.  MSS.  av.  1300.  l.  III,  p.  1081 

VARIANTES   : 
DEBOINAIRETÉ.  Gloss.  sur  les  Cout   de  Beauvoisis  (6). 
Debonaireté.  Prov.  du  C-'  de  Bret.  MS.  de  S.  G.  f°  115. 
Debonnaireté.  Dict.  de  Cotgrave. 
Debonnarieté.  Beaumanoir,  p.  8. 


(1)  «  Comme  le  suppliant  pour  icelles  terres  desblaver  et  despoillier  en  la  messon...  eust  envoyé  faussilleurs  pour 
faussillier  son  bief.  »  (,1J.  168,  p.  385,  an.  1415.)  Dans  une  charte  de  1.300  (JJ.  54)  on  lit  :  «  Derechef  que  h  bourgeois  puissent 
bleer  et  detlilccr  leurs  héritages  toutes  fois  qu'il  leur  plaira.  »  (N.  e.) 

(2)  Ce  sens  se  trouve  au  reg.  JJ.  48,  p.  8,  an.  1311  :  «  Item  que  tout  le  droit  que  nous  avons  et  poons  avoir  de  desblaver 
et  de  oster  tous  les  empesohemens  qui  se  feroient,  tant  es  voieries,  comme  es  chemins  de  ladite  ville  de  Vailli.  »  Au  reg. 
JJ.  B,  p.  12,  an.  1363,  le  sens  est  figuré  et  la  forme  est  desbiaer  :  «  Ichils  chevaliers  a  promis  et  créante...  en  nostre  main  à 
celle  rente  warandir,  délivrer,  défendre  et  desbiaer  envers  tous.  >;  (N.  E.) 

(3)  On  lit  dans  des  textes  contemporains  :  «  Le  suppliant  se  desblaina,  montra  et  représenta  incoulpable.  »  (JJ.  103,  p.  76, 
an.  1372.)  —  «  Pour  eulx  purger,  desbiamer  et  oster  de  le  souppechon,  fait  et  famé.  »  (JJ.  136,  p.  268.  an.  1389.)  (N.  E.) 

(4)  «  Vous  promet  que  cette  desbieure  faite,  je  me  departiray  de  mon  frère.  »  (JJ.  146,  p.  10,  an.  1394.)  (n.  e.) 

(5)  On  lit  des  1410,  au  reg.  JJ.  165,  p.  46  :  «  Comme  en  la  desblée  et  moissons  derreinement  eschi'us  ,  le  suppliant  eust 
cueilli  certain  grain  appelle  milet.  t  Les  citations  des  coutumiers  nous  prouvent  l'usage  du  mot  au  xvi«  siècle,  (n.  e.) 

(6)  On  lit  dans  Beaumanoir  (XIII,  21)  :  «  Si  que  noz  avons  veu  on  aucuns  liex,  là  u  il  a  esté  soufert  par  debonereté  ,  que 
ele  [la  femme]  emportoit  bien  autant  de  muebles  ou  plus  comme  il  demoroit  as  hoirs  ou  as  exécuteurs.  »  (N.  e.) 


DE 


—  476  — 


DE 


Dcboisser.  [Intercalez  Urboiasev,  dégrossir, 
sculpter,  chiiis  la  Glirou.  des  ducs  de  Normandie, 
V.  10'(7G,  '25997,  2G073.]  (n.  e.) 

Deboit,  s.  m.  Dégoût.  »  0  toy  que  je  recognois 
«  par  ton  libelle  esire  un  vray  pédant  qui  as  un  de- 
«  &o(7  et  reluit  de  toutes  les  choses  bonnes.  »  (Lett. 
de  Pasq.  t.  III,  p.  859.)  "  Pour  devenir  bons  reli- 
»  gieux  et  avoir  un  dcsbon  des  choses  mondaines, 
«  et  acquérir  l'amour  que  devons  à  nostre 
«  créateur.  »  (Ibid.  p.  ■ii7.) 

VAIUA.NTES  : 
DEBOIT.  Lelt.  de  Pasq.  t.  III,  p.  859. 
Desbûy.  Ibid  p.  447. 

Debolesse,  s.  f.  Débilité,  impuissance.  De  l'ita- 
lien debole-^z-a  (Voy.  Brant.  D"  Gai.  t.  I,  p.  120  ) 

Débonnaire,  adj.  Doux,  clément*.  Faible, 
lâche,  poltron^.  Ce  mot  est  formé  de  trois  mots 
différens  qui  se  trouvent  exactement  distingués 
dans  Mai'bodus,  art.  7  de  l'Emeraude,  col.  1648.  En 
parlant  des  propriétés  de  cette  pierre,  il  dit  : 

Ki  là  deit  estre  de  bon  aire  (I). 

*  Le  premier  sens  subsiste  sous  cette  orthogra- 
phe. Nous  ne  citerons  que  ce  passage  sur  cette 
acception  : 

Li  grant  sont  de  débonnaire  engin 

Leur  lasche  cuer  ployant  comme  jong  marin. 

Poès.  .MSS.  d'Eust.  Desch.  fol.  -219,  col.  4. 

^  Comme  rien  ne  ressemble  tant  ù  la  faiblesse 
qu'une  douceur  trop  complaisante,  ce  mot  s'est  dit 
par  extension  pour  faible,  lâche,  poltron.  Ainsi  on 
lit  dans  Pasquier,  en  parlant  de  Louis-le-Débonaire  : 
«  Les  Italiens  qui  en  s'ugraudissant  par  effet  de 
«  nos  despouilles,  ne  furent  chichesde  belles  paro- 
«  les,  voulurent  attribuer  cecy  à  une  piété  et  pour 
«  cette  cause  l'honorèrent  du  mot  latin  plus,  et  les 
«  sages  mondains  de  nostre  France,  l'imputant  â 
«  une  manque  et  faute  de  courage,  l'appellerent  le 
«  débonnaire.  Sur  ce  propos  il  îne  souvient  que  le 
«  roy  Henry  troisième  disoit  parlant  de  ce  prince 
«  en  ses  couiiniins  devis,  qu'on  ne  luy  pouvoit 
«  faire  plus  grand  despit  que  de  le  nommer  le 
«  débonnaire,  parce  que  celte  parole  impliquoit 
'<  sous  soy  je  ne  scay  quoy  du  sot.  »  (Pasq.  Hech. 
p.  389.)  Ainsi  le  niot  débonnaire  se  prenoit  en 
bonne  et  en  mauvaise  part.  11  est  pris  en  bonne 
part  dans  cette  expression  :  «  A  félons  ne  à  débon- 
«  naires  »,  c'est-à-dire  ni  aux  méchans,  ni  aux 
bons,  à  aucune  personne  que  ce  soit. 

A  félons  ne  à  débonnaires.  (G.  Guiart,  -280.) 

VARI.iNTES  : 
DEBONN.\IRE.  Eust.  Desch.  Poës.  MSS.  f"  219,  col.  4. 
Debonneres.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  IV,  p.  1399. 
Deboinaire.  Ibid.  t.  III,  p.  1002. 
Deboinere.  Bouh.  MS.  ch.  252,  fol.  220,  R». 

Debonnement.     [Intercalez    Debonnement , 


affranchissement,  acte  par  lequel  on  libère  des 
serfs  abonnés:  »  Lequel  affr:uK-hissement,  eschie- 
«  vemenl  et  f/t'/jo///u';Ht'H/...  je  promets  en  bonne 
«  foy  pour  moy  et  pour  mes  hoirs,  bien  et 
«  lovaiiment  tenir  et  garder.  »  (Lib.  de  Perrusses, 
ord.VUI,  34,  an.  1347.)]  (x.  e) 

Deboniiei".  [Intercalez  Debonner,  affranchir: 
«  Mesdiz  hommes  de  Perrices...  eschieve  et  debonne 
«  perpetuelmeut  aux  débiles  et  redevances  et 
«  services  qui  s'ensuient.  »  (Ordon.  VII,  ;i-2,  an. 
1347.)]  (x.  E.) 

Debonnereinent,  adv.  Débonnairement,  béni- 
gneraent.  iVoy.  Duchesne,  Gén.  de  Béthune,  p.  134. 
tu.  de  1247.)  ('2) 

Debord,  s.  m.  Débordement,  inondation.  (Dict. 
de  Monet  et  d'Oudin.)  (3) 

Debornement,  s.  m.  Enquête  pour  un  bor- 
nage. "  Si  l'adjourné  accorde  leal  debornement  que 
"  l'on  dit  d'ancienneté  cerque  manage,  les  parties 
"  seront  assignées  pour  comparoir  à  certain  jour 
«  et  heure  sur  le  lieu  des  limites  contentieux.  » 
(Coût,  de  Binch,  au  Nouv.  Coût.  Gén.  t.  Il,  p.  204. 
—  Voyez  Cerquemage  ci-dessus.) 

Déboté,  adj.  Terme  de  vénerie.  «  Ils  gettentles 

«  fumées  en  diverses  manières oreen  tourthe, 

«  ore  en  plateaux,  ore  faurmées,  ore  aguillonnées, 
«  ore  entées,  ore  pressées,  ore  debotées  et  en  d'aul- 
«  1res  diverses  manières.  »  (Chasse  de  Gast.  Phéb. 
.\is.  p.  18.) 

Débouler,  verbe.  Jeter,  lâcher  la  boule  de  la 
main.  (Dict.  de  Monet.)  (4) 

Debour,  s.  m.  Déboursement*.  Dépense^. 

*  Nos  coutumes  l'emploient  souvent  dans  le  pre- 
mier sens.  «  Item  en  succession  venant  de  costédu 
«  tronc,  que  les  plus  prochains  dont  les  dits  biens 
«  viennent,  succéderont  en  iceux  biens  sauf  le 
«  droict  du  viagier,  pourveu  qu'il  en  fasse  relief  et 
"  debour.  »  (Coût,  de  Namur,  au  Coût.  Gén.  t.  II, 
page  8G7.,  '  Les  fruicts  sont  acquis  au  retrayant  du 
<■  jour  de  radjournemeut,  desbours  ou  garnisse- 
<■  ment  qu'il  aura  fait  des  deniers  du  prix  principal 
«  du  contract  et  loyaux  coûts.  »  (Coût,  de  Norman- 
die, Ibid.  t.  I,  p.  1024.)  On  lit  â  la  marge  desbour- 
seinent. 

^  On  trouve  aussi  de&boursement  pour  dépense, 
dans  Clém.  Marot,  p.  156. 

variantes  : 

DEBOUR.  Coût.  Gén.  t.  Il,  p.  S67. 
Desbol'rs.  Coût,  de  Norm.  Ibid.  t.  I.  p.  1024. 
Desboursement.  Cotgr.  Dict. 

Debourder,  verbe.  Converser,  discourir,  s'en- 
tretenir. "  Ainsi  s'en  vont  chevauchant  tout  parlant 
»  de  leurs  adventures;  etdist  Claudiusque  enchan- 
«  leurs  sont  mauvaises  gens,  et  qu'il  auroit  plus 


(1)  On  lit  déjà  dans  Roland  (v.  2252)  ;  «  Clievaler  de  bon  aire  »,  et  par  opposition  «  malvais  hom  de  put  aire  (v.  763).  » 
J.  Bruyant  (Ménagier,  II,  p.  11)  donne  à  la  fois  le  sens  et  l'étymologie  du  mot  ;  «  Soies  courtois  et  débonnaire.  Comme  uns 
homs  estrail  de  bonne  aire.  »  (N.  E.) 

(2)  On  lit  déjà  dans  Coucy  (V)  :  «  Souflrir  m'esteut  si  débonairement.  »  (n.  e.) 

(3)  «  N"y  le  debord  de  ce  dieu  tortueux  Qui  tant  de  fois  t'a  couvert  de  son  onde.  »  (Du  Bell.,  VI,  55,  verso.)  (n.  e.) 

(4)  II  est  encore  populaire  au  sens  de  dégringoler,  dégaitler,  comme  on  dit  en  Champagne,  (n.  e.) 


DE 


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DE 


«  cher  avoir  à  faire  à  deux  bien  preux  chevaliers 

u  que  à  ung  seul  enchanteur,  car  des  coups  aux 

«  chevaliers  se  peult  on  couvrir,  mais  contre  l'en- 

«  chanteur  ne  vault  force  ne  prouesse.  Tout  ainsi 

«  debourdant  chevauchèrent  ils  jusques  à  heure  de 

«  vespres.  »  (Percef.  vol.  1,  fol.  73.)  «  Tout  de hour- 

«  dant  du  chaslel  et  de  plusieurs  autres  choses, 

«  chevaucha  tant  la  compaignée  qu'ils  entrèrent  au 

«  neuf  chastel.  »  fld.  vol.  11,  fol.  5.  —  Voy.  IiornnER 
ci-dessus.) 

Debouser,  v.  Il  est  difficile  de  donner  la 
signification  de  ce  mot  ((iie  l'on  trouve  dans  une 
ballade  dont  le  langage  est  fort  obscur.  (Villon, 
page  107  et  109.)  (l)  Cet  auteur  est  queltiuefois  inin- 
lelligible. 

1.  Debout,  s.  m.  Bout,  extrémité (2).  Cemotétoit 
souvent  en  usage  autrefois.  «  Les  lilz  d'Israël  l'en- 
«  sepvelirenl  (Josué)  au  debout  de  sa  possession  en 
«  la  montaigne  d'Elîi-aim.  «  (Tri.  des  IX  Preux, 
p.  ^l.)  »  Dedans  èe  fort  chasleau  d'Ylion  estoit  une 
«  sale  de  moult  noble  composicion  au  deboiil  de 
«  laquelle  estoit  ung  ymage  de  la  longueur  de 
«  quinze  cubites  de  pur  or.  »  (Ibid.  p.  'i^S,  col.  1.) 

Nous  mettons  ici  deux  expressions  remarquables  : 
1°  «  A  deux  debouts  et  costés  ",  c'est-à-dire  en 
une  pièce  bornée  par  bouts  et  côtés.  Voyez  Laur. 
Gloss.  du  Dr.  fr.  au  ch.  'i8  de  la  Coul.  de  ÎMons,  qui 
a  pour  titre  :  «  De  faire  partage  d'héritage.  ■>  On  y 
lit  :  »  Quand  cy  devant  il  s'en  faisoit  autrement  par 
"  l'arrogance  des  parties,  ou  l'une  d'icelles,  il 
«  escheoit  aucunes  fois  que  celuy  ayant  son  tiers 
«  escheoit  en  la  moienne  el  parlant  celuy  ayant  les 
«  deux  tiers,  les  avoit  «  deux  debout  et  eostés.  » 
(Coût.  Gén.  t.  I,  p.  829.)  Voyez  l'observ.  de  Lauricre 
sur  ces  mots  :  «  Debouts  à  éteinte  de  chandelle  (3).  » 
2°  «  Etre  sur  le  debout  » ,  à  l'extrémité.  Un 
joueur  ayant  perdu  son  manteau,  etc.,  s'exprime 
ainsi  : 

Je  vueil  cslre  sur  le  debout  : 
Prestez  sur  ma  cotte  et  pourpoint. 

Eusl.  Desch.  fol.  375,  col.  4. 

2.  Debout,  prépos.  A  côté,  auprès  (4).  «  Aucune 
«  fois  avient  que  H  barons  [mari]  est  trouvés  mors 
»  debout  se  famé,  et  le  famé  debout  son  barons; 
a  et  quant  il  avient,  l'en  doit  penre  garde  au  mort, 
«  se  il  pert  que  l'en  li  ait  che  fet;  et  se  il  li  pert 
«  che,  est  grant  présomption  contre  le  vivant  se  il 
«  ne  cria.  »  (Beaum.  p.  319.) 

3.  Debout,  adv.  Sur  le  champ  [ou  plutôt  abso- 
lument] Mouskes,  parlant  de  la  guerre  ded'IIaibers 
contre  son  frère  Dagobert,  dit  : 


Qufir  Haiberg  vot  avoir  debout 

Partie  del  roiaume  u  tout.  (Pli.  Mou.sk.  p.  3S.I 

Debouteineiit,  s.  m.  L'action  de  repousser*. 
Imbécillité,  faiblesse  °. 

*  Voy.  sur  le  premiersens  action  derepousser (5), 
les  Dict.  de  Moiiel,  Cotgr.  et  Oudin.  »  Parmy  tous 
«  les  pesans  coups  qu'on  luy  donnoit  et  les  durs 
"  deboulemens  qu'on  luy  l'aisoit,  il  fendit  la  presse 
"  à  force  de  bras  par  les  grans  coups  qu'il  donnoit 
«  enlour  de  luy,  et  fist  tant,  voulsissent  tousses 
«  grevains  ou  non,  qu'il  vint  à  la  compaigniée  à 
>i  toutl'escu  joyeulx  de  son  adventure.  ■>  ^Percef. 
vol.  I,  fol.  141.) 

^  Nous  n'attribuons  la  seconde  acception  d'imbé- 
cillité au  mot  deboutettient,  que  sur  la  foi  du  Dict. 
de  Nicol  qui  ne  cite  aucune  autorité. 

Débouter,  verbe.  Chasser,  expulser,  repous- 
ser*. Avancer  en  poussant  ■*.  Obliger,  contraindre'^. 
Mépriser,  rejeter".  Récuser^.  Partir''.  Ce  mot,  qui 
n'est  plus  d'usage  qu'en  terme  de  pratique,  a  eu  dif- 
férentes significations.  (Voy.  le  Dict.  de  Monet  et  le 
Gloss.  de  Marot.) 

*  Débouler,  au  premier  sens,  a  signifié  «  chasser, 
"  repousser.  »  •■  Avec  son  enseigne  et  quelques 
«  gens  d'armes  qui  le  suivirent,  déboutèrent  tout 
"  ceulx  i|ui  estoient  jà  dessus  et  crois  que  sans  lui 
•<  la  ville  estoit  en  grand  danger  d'estre  prinse.  » 
(Mém.  de  Ilob.  de  laMarck,  ms.  p.  dlG.)  «  Débouter  ((i) 
«  hors  du  dit  royaume.  >  (Ord.  des  R.  de  Fr.  t.  III, 
page  221.)  «  Gens  de  pié  ne  doivent  jamais  mettre 
«  gens  de  cheval  devant  eux,  car  quant  les  gens  de 
«  cheval  sont  déboutez-  ils  heurtent  leurs  gens  sou- 
«  ventes  fois  de  poictrine  de  cheval  et  rompent  et 
«  desconfisent.  «  (Le  .Jouv.  fol.  91.) 

^Ce  mot  se  disoit  aussi  pour  «  avancer  en  pous- 
«  sant.  " 

Le  flo  de  gent  s'eniredeboute.  (G.  G-uiart,  SD4.J 

On  l'a  mis  quelquefois  dans  le  sens  «  d'obliger. 


contraindre. 


Furent   déboutez    à  eulx  en 


«  venir  sans  riens  faire.  »  (Chron.  fr.  ms.  de  Nan- 
gis,  sous  l'an  1295.)  On  lit  dans  \e\aV\i\,  redire  inef- 
licax  conipulsus  est.  (Ord.  des  P..  de  Fr.  t.  III,  p.  474.) 
°  Ce  mot  s'est  employé  dans  un  sens  figuré  pour 
"  mépriser  (7).  » 

Les  religions  l'en  déboute.  [Rom.  de  Fauv.  f»  61  .j 

^  On  disoit  aussi  en  terme  de  pratique  «  débouler 
«  en  juge  »  pour  le  récuser  (8).  (Voy.  le  Glossaire  sur 
les  Coût  de  Beauvoisis.)  «  L'une  partie  deboulisl 
«  l'un  des  commissaires  disant  qu'il  avoit  esté  du 
«  coiiseil  de  l'autre  partie.  »  (Bout.  Som.  Rurale, 
page  682.) 


(1)  Lisez  débouté  :  «  Bien  recueilly,  débouté  de  cliascun.  »  (lîd.  Jannet,  p.  110.)  (N.  E.) 

(2)  «  Us  ont  envoie  le  roy  icy  sur  Tun  des  debouts  de  son  roiaulme.  »  (Froissart,  XII,  275.)  (N.  E.) 

(i)  C'est  un  terme  des  coutumes  bretonnes.  Debouts  signifie  à  côté,   comme   dans   l'article   suivant.   (Voyez  aussi 
Chandelle.)  (n.  e.) 

(4)  On  lit  déjà  dans  Thomas  le  Martyr  (69)  :  «  Tut  de  but  se  teneient  cil  trei  partut  al  rei.  »  De  même  que  le   vent  debout 
s'oppose  à  la  marche  d'un  navire  ;  on  a  dit  d'un  juge  (Romancero,  p.  163)  :  «  A  moi  se  tiendra  tout  debout.  »  (tj.  e.) 

(5)  «  Pour  le  repulsement  et  debouteineiil  de  noz  ennemis  les  .Vnglois.  »  (JJ.  183,  p.  243,  an.  1457.)  (N.  E.) 

(6)  «  Celle  noble  dame  qui  escachie  estoit  et  déboutée  hors  de  son  pays.  »  (Froissart,  II,  61.)  (N.  E.) 

(7)  «  Mielz  valt  fiz  à  vilain  qui  est  prouz  e  senez.  Que  ne  fait  gentilz  hiiem  failliz  e  débutez.  »  (Th.  le  Martyr,  63.)  (N.  e.) 

(8)  «  Tout  chil  qui  poent  estre  débouté  por  vilain  cas  de  crieme  de  tesmongnage  porter,   poent  et  doivent  estre  débouté 
d'avocations.  »  (Beaum.,  V,  13.)  (n.  e.) 


DE 


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DE 


''  En  terme  de  fauconnerie,  on  trouve  dans  Arte- 
loque,  fol.  80:  »  se  débouter  du  poinç;  >•,  en  parlant 
des  oiseaux  de  proie,  pniiirdu  point;',  l'abandonner 
pour  ne  plus  revenir  :  "  Ne  lés  reclamez  jusciues  à 
«  tant  qu'ils  soient  asseurez,  car  Us&edeboiiteroiL'iit 
<■  du  poing'  et  ne  voudroieni  jamais  arrester.  » 

Déboutonner  (se),  !'.  Ouvrir  son  cu'ur,  parler 
sincèrement.  «  Se  déboutonner  d'autre  chose  >■  , 
pour  se  découvrir,  s'expliquer  sur  autre  chose. 
(Négot.  de  Jeann.  t.  II,  p.  32G.) 

Debracer  (se),  v.  Etendre  les  bras,  le  con- 
traii'c  d'embrasser.  De  là,  le  proverbe  : 

Oui  trop  embrace  et  trop  entoise 

Cil  se  dehraœ  a  plaine  toise.  (Ph.  Mouskes,  p.  830.1 

Debradé,  part.  Blessé  au  bras.  C'est  un  mot 
forgé  par  Rabelais  qui  l'employé  en  ce  sens  dans  le 
passage  suivant  :  «  Loire  se  plaignoit  de  ce  que  le 
«  records  debradé  luy  avoit  donné  si  grand  coup 
«  de  poing  sus  l'aultre  coubte,  etc.  »  (Rabel.  t.  IV, 
p.  67.)  11  s'agit  d'un  record  qui  avoit  eu  le  bras 
droit  démis. 

Debraguetter,  1».  Défaire  ses  braguettes.  (Oud. 
et  Colgrave,  Dicl.) 

Débrider  (se),  v.  Manger  de  grand  appétit.  Ce 
mol  se  dit  encore  en  ce  sens  dans  plusieurs  pro- 
vinces. (Voy.  des  Accords,  p.  24.) 

VARIANTES  : 
DEBRIDER  (SE).  Des  Ace.  Escr.  dijon.  fol.  24,  V. 
Desbrider.  Crétin,  p.  166. 

Débris,  s.  L'action  de  briser.  (Dict.  de  Cotgrave.) 
«  Iderée  n'avoit  pas  entendu  le  bruict  qu'il  avoit 
o  faicl,  au  débris  de  la  porte.  »  (Peler.  d'Amour, 
p.  '2r)9.^  On  lit  :  «  debrusure  de  prison,  «  pour  bris 
de  prison,  dans  Brilt.  Loix  d'Angl.  fol.  3.) 

VARIANTES  : 
DEBRIS.  Peler.  d'Am.  p.  259. 
DEimusuRK.  Britt.  Loix  d'Aiiglet.  fol.  3,  V". 

Debrisé,  part.  Fatigué.  Terme  de  fauconnerie. 
«  ...  la  tierce  qu'il  en  fait  plus  de  voles  et  qu'il  en 
«  vole  mieulx  et  plus  roidement,  pour  ce  que  il  est 
«  moins  debrisé  que  celui  qui  n'a  point  de  cliape- 
«  ron  qui  débat  souvent  et  debrisé  moult.  »  (Modus 
et  Racio,  fol.  73.) 

VARIANTES  : 
DEBRISÉ.  Modus  et  Racio,  MS.  fol.  73,  V». 
Debrisié.  Ibid.  fol.  137,  R". 

Debriser,  v.  Briser,  détruire  *.  Tourmenter, 
agiter  ^.  Cesser,  Unir  *=  (1). 

*  Ce  mot  étoit  employé  dans  le  premier  sens  de 
briser,  détruire,  soit  au  "propre,  soit  au  figuré.  (Dict. 
de  Monet,  Oudin  et  Colgrave.) 

En  non  Dieu,  je  m'en  dueil 

Et  débris  d'amer,  //'oc^s.  MSS.  t.  II,  p.  77.9.; 

^  Ce  mot  signifioil  quelquefois  <■  tourmenter. 


«  agiter.  »  «  Sans  vos  ne  pues  durer  ne  bien 

<■  avoir  longuement,  quant  ne  pues  sovent  aler 
«  parler  à  vous  à  ma  devise,  li  maus  d'amer  me 
"  debrisé.  »  (Bouh.  ms.  ch.  91,  fol.  129.) 

•^  Enfin  on  employoit  aussi  ce  mot  pour  «  cesser, 
»  finir  »  : 

Au  noviau  tens  que  l'iver  se  debruise. 

Pors.  fr.  MSS.  av.  1300.  1.  IV,  p.  i^të. 

VARIANTES  : 
DEBRISER.  Clém.  Marot,  p.  655. 
Drsbkiser.  Villon,  p.  2. 

Debruiser.  Poës.  MSS.  av.  1300,  t.  IV,  p.  1546(2). 
Debruser.  Britt.  Loix  d'Anglet.  fol.  17,  R"  (,3). 

Debroisser.  [Intercalez  Debroisser,  faire  re- 
tentir : 

Menestriex  leurs  tons  debroissent . 

G.  Cuiarl,  v.  11-03.)  (N.  E.) 

Deljrunir,  v.  Eclaircir. 

Que  demain  la  belle  Aurore 
Qu\  di'bi  unira  les  cieux, 
Vous  trouve  éveillez  encore; 
Sans  avoir  fermé  les  yeux. 

G.  Dur.  à  la  suite  de  Bonncf.  p.  163. 

Debrutaliser,  v.  Oter  la  brutalité.  MolqueM"" 
la  marquise  de  Rambouillet  avoit  fait,  selon  Ménage. 
[Voyez  aussi  Vaugelas  (Rem.  nol.  Th.  Corneille,"lI, 
838).]  L'usage  ne  l'a  point  confirmé. 

Debte,  Debt,  s.  f.  Dette.  Dat  et  da~;  dans  S. 
Bei'uaid,  répond  au  latin  debituin.  Ce  mol  subsiste 
sous  l'orthographe  dette,  avec  cette  différence 
cependant  qu'autrefois,  sous  celle  même  ortho- 
graphe, il  s'employoil  au  masculin.  Pasquier,  dans 
ses  Lei;;es,  t.  II,  p.  380,  reproche  ù  Montaigne  (4) 
d'avoii-  employé  le  mot  debte  au  genre  masculin.  Il 
est  employé  de  même  au  Gloss.  de  l'IIist.  de  Paris  : 
«  En  succession  esehéanlde  ligne  collatérale,  frères 
«  de  pères  et  de  mère  sont  préférez  quant  aux 
»  biens,  meubles,  debts  et  conquets  immeubles 
«  demeurez  du  décez  de  leur  frère  ou  sœur  tres- 
«  passé  contre  le  frère  ou  la  sœur  paternel  seule- 
«  ment.  >-  (Coût,  de  Troyes ,  au  Coût.  Général, 
t.  I.  page  419.) 

On  disoit  :  1»  «  Debtes  liquides  et  illiquides.  » 
(Voyez  le  Nouv.  Coût.  Gén.  t.  I,  p.  294.)  Voy.  aussi 
les  autres  espèces  de  debtes.  (Laur.  Gloss.  du  Dr.  fr.) 
—  2°  «  Dettes  crues  ou  volantes,  »  non  reconnues 
en  justice  et  qui  n'onl  hypothèque.  (Voyez  Coût,  de 
Bourbourg,  au  Xouv.  Coul.  Gén.  t.  I,  p.  500.)  — 
3°  «  Belle  de  mariage,  »  c'esl-à-dire  devoir  conju- 
gal. (Buul.  Soin.  RuV.  p.  728.)  —  4°  «  Confesser  la 
«  debte.  »  Façon  de  parler  encore  en  usage  dans  le 
langage  familier.  On  la  trouve  dans  les  Contes  de 
la  reine  de  Navarre,  t.  II,  p.  89.  —  5°  »  Longe 
«  debte  vient  à  jour.  »  (Poës.  de  Froiss  )  —  6° 
«  Vielles  debtes  viennent  en  lieu.  "  (Al.  Charlier, 
p.  720.)  —  7°  «  Vielles  debtes  duisent.  »  (Dictionn. 
de  Cotgrave.)  —  8°  «  Une  debte  ne  retient  l'autre.  » 


(1)  Dans  Froiss.,  se  debrisier  signifie  se  diviser:  «  Or  sedebrise  et  disfereli  mondes  en  pluiseurs  manières.  »  (II,  13.)  (N.  e.) 
(2'»  Debruiser  est  aussi  dans  la  Chron.  des  ducs  de  Normandie  (v.  19624).  (n.  e.) 

(3)  On  lit  aussi  dans  Robert  d'Avesbury  (Hist.  d'Edouard  III,  p.  125)  :  «  Ceaux  de  la  ville  de  seint  Lée  debruserent  le  pont, 
et  le  roy  le  fit  refeare,  et  passa  lenrtemayn.  »  (n.  e.) 

(4)  i(  Il  y  avoit  dangier  qu'un  marchand  luy  feist  mettre  la  main  sur  le  collet  à  cause  d'un  vieux  debte.   »   (Essais, 
I,  296.)  (N.  E.) 


DE 


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DE 


Proverbe  qu'on  explique  ainsi  :  «  Ce  qu'on  dit  en  la 
«  terre  de  Gorze  qu'une  debte  ne  retient  l'autre, 
«  veutsignifier  et  donner  à  entendre  querenoncia- 
<■  lion  n'y  a  point  de  lieu,  c'est  à  scavoir  procédant 
«  de  diverses  causes.  »  (Coût,  de  Gorze,  au  Nouv. 
Coût.  Gén.  t.  II,  p.  1082.)  «  Par  debles  procédantes 
«  de  diverses  causes  renonciation  n'a  point  de  lieu, 
«  qu'est-ce  que  l'on  dit,  une  debte  ne  retient 
«  l'autre.  ■>  (Ibid.  dans  la  Coût  d'Espinal,  p.  1133.) 
—  9°  «  Debtes  deviennent  mauvaises  par  faute 
«d'interpellation.  »  (Proverbes,  dans  l'Amant 
ressuscité,  p.  132.)  —  [10°  Faire  sa  debte  d'une 
somme  d'argent  envers  quelqu'un,  s'engager  à  la 
lui  payer,  s'en  obligier  (Froissart,  II.  182).]  (n.  e.) 

VARIANTES  : 
DEBTE.  LaHr.  Gloss.  du  Dr.  fr. 
Daite.  Ph.  Moiiskes,  MS.  p.  7'29. 

Debetancue.  Carpentier,  Hist  de  Cambray,  t.  II,  p.  18. 
Débite.  Chron.  S.  Denis,  t.  II,  fol.  35. 
Decte.  Ryraer,  t.  I,  p.  114. 
Depte.  Oïd.  t.  III,  p.  224. 
Dete.  La  Thaum.  Coût.  d'Orl.  p.  465. 
Detebie.  Beaumanoir,  p.  235. 
Destherie.  .^ssis.  de  Jérus.  p.  98. 
Duetie.  Ten.  de  Littl.  fol.  62,  V. 
DuERE.  Ibid.  fol.  62,  V°. 
DoiTE.  Ord.  t.  I,  p.  315. 
DoiBTE.  Ibid.  p.  74. 

Debteresse,  s.  f.  Débitrice. 

VARIAMES  : 
DEBTERESSE.  Les  Tri.  de  la  Noble  Dame,  fol.  64. 
Debitresse.  Coût.  Gén.  t.  II,  p.  947. 

Debteur,  s.  m.  Débiteur.  Ce  mot,  sous  les 
différentes  orthographes  employées  par  S.  Bern. 
répond  au  latin  debitor.  «  Je  suis  ton  debteur  non 
«  seulement  de  dix  mille  besans,  etc.  »  (Chasse  de 
Gast.  Phéb.  Ms.p.  359.)  «  Silost  comme  il  aqueman- 
«  dément  de  fere  comme  bons  pièges,  il  devient 
'<  detes  [il  faut  lire  deteuroa  deteres]  de  la  chose.  » 
(Beaum.  Coût,  de  Beauvois.  page  12.) 

VARIANTES  : 
DEBTEUR.  Gloss.  de  Mar.  (1)  et  Rab.  t  IIÎ,  p.  16. 
Deteur.  Beaumanoir,  p.  12. 
Detteur.  Art.  poët.  de  Sibillet,  liv.  II,  p.  79  (2). 
Dettour.  Britt.  Loix  d"Angl.  fol.  2,  V». 
Détour.  Thiéb.  de  Nav.  Poës.  t.  I,  p.  243. 
Detieres,  Ord.  t.  I,  p.  221  et  228. 
DEPTEYRE.S.  Gloss.  sur  les  Coût,  de  Beauv. 
Dettes.  Beaum.  p.  288. 
Detes.  Id.  p,  194. 
Dethe.  Assis,  de  Jérus.  p.  98. 
Datteres.  s.  Bern.  Serm.  fr.  MSS.  p.  304. 
Dattor.  Id.  ibid.  p.  27  (3). 
D.\ttres.  Id.  ibid.  p.  365. 
Dettres.  Id.  ibid.  p.  28. 

Debuchier,  v.  Sortir  *.  Ouvrir  °. 

*  Proprement  »  sortir  du  bois.  »  De  la  sortir,  en 
général.  Ainsi  on  a  dit  «  faire  dcbuebier  »  pour  faire 
sortir,  «  faire  debuchier  le  jour  »  pour  faire  sortir 
de  la  vie  : 


En  fist  maint  le  jour  debuchier.  (Rom.  de  Rou,  p.  351.) 

«  Quand  son  mulet  regimboit  et  ne  vouloit  mar- 
«  cher  il  le  chargeoit  de  si  grands  coups  qu'à  Une 
<i  force  luy  estoil  de  débusquer.  »  (Contes  de  Chol. 
fol.  225,  V°.)  «  A  tant  se  debuscberent  (4)  les  batailles 
«  d'une  part  et  d'aulre  (se  mirent  en  mouve- 
«  ment.)  »  (Lanc.  du  Lac,  t.  III,  fol.  145.) 

^  On  a  dit  aussi  débusquer  pour  ouvrir,  débou- 
cher. «  Débusquer  sa  biayelte,  »  c'est-à-dire  ouvrir 
sa  braguette.  (Poës.  de  ,1.  Tahur.  p.  123.) 

VARIANTES  : 

DEBUCHIER.  Rom.  de  Rou,  MS.  p.  51. 
Debusciier.  Lanc,  du  Lac.  t.  III,  fol.  145,  R°  col.  1. 
Débusquer.  Contes  de  Chol.  fol.  225,  V°. 

Débuter,  v.  Commencer.  Nous  le  disons  encore 
en  ce  sens  ;  mais  nous  ne  disons  plus  estre  débuté 
pour  commencer  d'être  payé,  comme  en  ce  passage 
où  on  se  plaint  de  la  dii'licultéqu'il  y  avoit  à  se  faire 
payer  des  «  généraux  des  linances  «  : 

...  Ils  treuvent  les  gens  xiiii  moys 

Avant  que  nulz  puist  estre  débutez  (5).  (E.  Desch.  /'.  S09.) 

Dec,  s.  m.  Borne  *.  Banlieue".  Amendes '^. 

*  Ces  mots  sont  en  usage  dans  le  Languedoc  (Borel, 
1'"  add.),  le  Querci,  etc.  On  disoit'en  lalin  deci, 
que  Du  Gange  interprète  «  limites ,  tcrmini ,  » 
bornes,  limites.  Dans  un  titre  rapporté  par  Rymer, 
t.  II,  p.  2G0,  on  lit:  >>  Infrà  décos  seu  terminos 
«  dictœ  Bastidtç,  etc.  « 

Peut-être  appeloit-on  dex  les  bornes  ou  limites 
d'un  territoire,  parce  que  ces  bornes  étoient  mar- 
quées par  des  croix,  lesquelles  en  chiffre  signifient 
le  nombre  dix  que  l'on  prononce  dex  dans  le 
Languedoc.  (Hist.  des  Comtes  de  Toulouse,  p.  194.) 
L'auteur  cite  un  titre  qui  prouve  qu'en  effet  les 
bornes  de  la  •■  Sauveté  de  Toulouse  »  étoient  mar- 
quées par  des  croix.  i<  Concessit  eamdem  salvilatem 
«  sicut  signala  est  et  bodulata  per  crucem,  et  de 
«  cruce,  et  in  cruce,  etc.  »  (Ibid.)  On  lit  en  ce  sens, 
dans  la  Coût,  de  Bayonne  :  «  Aucun  habitant  de  la 
■>  dite  ville  ne  doit  aller  au  devant  des  navires  ou 
«  batteaux  venans  à  la  dite  ville  devers  le  Boucaut 
«  ou  devere  Ilorgaue.. .  ou  au  devant  autres  portans 
«  vivres  par  terre,  jusqu'aux  dect%  anciens  acheter 
«  les  dits  vivres,  qui  sont  dedans  lesdits  bateaux 
«  ou  navires  ou  autrement  conduits  par  terre.  » 
(Coût.  Gén.  t.  II,  p.  703.) 

°  Le  mot  dex,  qui  primitivement  nedésignoit  que 
la  borne  d'un  territoire,  fut  ensuite  employé  pour 
désigner  le  territoire  même,  le  district  d'une  juri- 
diction, la  banlieue  d'une  ville.  Le  territoire  de 
Toulouse,  nommé  communément  la  «  Sauvelé  de 
«  Toulouse,  »  est  appelé  le  dex  de  Toulouse  dans 
les  coutumes  du  pays.  (Catel,  Hist.  des  Comtes  de 
Toulouse,    ubi    suprà.)    On    disoit    alors    sans 


(1)  «  Il  n'est  point  de  presteur,  s'il  veut  prester,  qui  ne  fasse  un  debleur.  »  (Marot,  Ep.  au  roi.)  (n.  e.) 

(2)  «  Les  dettes  son  père  paia  ;  ses  delteurs  trestous  apaia.  »  (Cl.  et  Jehan,  v.  2141.)  (N.  e.) 

(3)  «  For  ce  que  fins  et  agréable  Fusse  vers  tous  mes  bienfaitors,  Si  cum  doit  faire  bons  delors,  Rendi  grâces  dix  fois  ou 
vint.  »  (La  Rose,  v.  22014.)  (N.  E.) 

(4)  On  lit  déjà  dans  Renart  (v.  24486)  :  «  Maté  fussent  et  recréant  Cil  delà,  n'en  eschapast  pié ,   Quant  d'un  val  se  sont 
desbuchié  Plus  de  dis  mile  escorpions.  »  (n.  e.) 

(5)  Débutez  n'est-il  pas  là  pour  déboutez  '?  (n.  E.) 


DE 


—  480  — 


DE 


pléonasme  :  «  les  bornes  du  dex.  »  (Du  Gange,  Gl. 
lat.  au  mot  Deci.) 

'^Knnii  l'acception  du  mol  dex  s'étendoit  jusqu'à 
signifier  quelquefois  les  droits  mêmes  de  la  ban- 
lieue. Ainsi  on  trouve  le  mot  de.r  souvent  employé 
dans  des  ordonnances  concernant  Ihs  privilèges  de 
Mantauban,  dans  le  sens  des  amendes  prononcées 
en  police  pour  dommages  causés  dans  l'étendue  de 
la  juridiction  de  celle  ville.  (Voy.  l'art.  7  des  lettres 
du  mois  d'avril  1370,  t.  VI,  p.  69r>,  et  la  note  sur  cet 
article.)  On  en  trouvera  plusieur.>  autres  exemples 
dans  le  t.  XI  du  même  lecueil.  Dex  doit  s'entendre 
en  ce  même  sens  dans  l'article  13  des  lettres  du 
mois  de  mai  13C8.  concernant  les  privilèges  accor- 
dés à  la  ville  de  Villeneuve  en  Rouergue.  (Ordonn. 
t.  V.  p.  397.)  Il  est  dit  que  les  officiers  de  la  séné- 
cbaussée  de  Roueigue:  »  Comme  il  aient  la  con- 
«  gnoissance  des  dex  et  bans,  c'est  assavoir  de 
"  ceul.xqui  font  dommage  es  vignes,  blez,  vergiers, 
«  terres,  prez  et  les  émolumens  et  amendes  qui  en 

«  ysleront  (proviendront) seront  leurs.    «    Le 

mol  «  bans,  »  en  cet  endroit,  signifie  une  peine 
pécuniaire  pour  les  contraventions,  imposée  par 
les  statuts  des  lieux;  le  mol  dex,  les  amendes 
prononcées  par  les  sentences  des  juges.  C'est  la 
même  dilTérence  que  Walbonn  établit  entre  baiinum 
eijustilia.  (Voy.  Hist.  du  Dauphiné,  t.  I,  p.  115.) 

VARIANTES  : 
DKC.  Du  Gange,  Gloss.  lat.  au  mot  Dextrorum. 
Dect.  Coût  Gén.  t.  II,  p.  703. 
Dex.  Du  Gange,  Gloss.  lat.  au  mot  Dextrorum. 
DOYS.  Ord.  t.  VI,  p.  69.5,  note  d. 

Deçà,  prép.  En  deçà.  Deuù,  dans  S.  Bernard, 
répond  au  latin  citra. 

Deçà  mer  plains  de  bonnes  Teques.  [Ph.  Mousk.  690.] 

<■  Deçà  la  S.  Denis,  »  en  deçà  la  S.  Denis,  aupa- 
ravant celte  fête.  (Fabl.  mss.  du  R.  w"  7615,  t.  II.) 

Au  deçà  sedisoit  aussi  pour  en  deçà.  «  ...Marcha 
»  pour  aller  devant  Luxembourg,  prenant  son  che- 
»  min  par  .Arlon,  petite  ville  à  4  lieiies  au  deçà  du 
"  dit  de  Luxembourg.  "  (Mém.  du  Bell.  fol.  '290.) 

vAniAî^TEs  : 
DEÇA.  Mouskes,  MS.  p.  690. 
AUDEÇA.  Mém.  de  Du  Bellay,  fol.  300,  V°. 
Dezai.  s.  Bern.  Serm.  Ir.  .MSS.  p.  117. 

Decadaut,  adj.  Qui  tombe  eu  décadence.  «  Je 
»  n'aurois  jamais  l'ait,  si  je  disois  tout,  car  ses 
«  devis  furent  grands  et  longs,  et  point  se  ressen- 
«  tant  d'un  corps  fauy,  ny  esprit  foible  et  deea- 
«  dant.  »  (Branl.  D"  Gall.  t.  II,  p..  422.) 

Decachiei*.  [Intercalez  Déraciner,  descachier, 
chasser  :  «  Quant  il  vil  que  il  avoit  la  royne  et  son 
«  ainuel  fil  decachiet  borsdel  royaume.'»  (Froiss. 
Il,  34.)  »  On  a  cesle  bonne  royne  descachie  hors 
«  d'Engielerre.  «  (Id.  11,  G2.)  (m.  e.) 


Decair.  [Intercalez  Decair,  déchoir,  être  dé- 
bouté: ■  Decair  dévoient...  de  la  complainte  qu'il 
"  avoient  faite.  -  (Ch.  de  I32r>.  Du  Gange,  II,  755, 
col.  2.)  On  lit  déjà  dans  Roland  (v.  2902): 

Cum  ilccai-rat  ma  force  e  ma  baldur!]  (n.  e.) 

Decaire  dates  [lisez  défaire  pales,  c'est-à-dire 
couper  le  jambon].  Nous  ne  tiouvons  ce  mot  que 
dans  le  passage  suivant  : 

Tant  cerquierent,  qu'il  asenerent 
Au  moine  et  quant  il  trouvèrent 
Le  froc,  cascuiis  s'est  merveilles. 
Li  uns  asene  vers  les  pies  : 
Cil  dessus  dist  de  défaire  pales  ; 
Il  respont:  n'a  bacons  à  pâtes. 
Et  si'a  bras  et  mains  et  ganbes. 

Fabl.  MSS.  du  R.  n'  7989.  fol.  90,  V  col.  1  (1). 

Decais,  s.  m.  Décès,  mort. 

VARIANTES  : 
DECAIS^Mousk.  MS.  p.  41  (2). 
Decease.  Ten.  de  Littl.  fol.  6i,  V». 
Deceper.  Perard,  Hist.  de  Bourg,  p.  474,  titre  de  1252. 

Decanat,  s.  m.  Doyenné.  Dignité  du  doyen. 
(Dicl.  de  Corneille.) 

Décapitation,  s.  f.  Décollation. 

Itertolomieu,  hélas, 
Fu  escorchiez,  de  saint  Andrieu  lisons 
Qu'en  croix  mouru;  décapitatums 
Ku  à  Jacques....  (F..  Desch.  fol.  i^^.j 

Decaptiver,  v.  Tirer  de  captivité.  (Colgr.) 

Mais  toy,  seigneur,  de  qui  le  bras  puissant 

D.    ■  pliva  ton  peuple  languissant.  (Joach,  du  Bell.  S14.J 

Decariieler.  [Intercalez  Decarneler,  déchi- 
queter en  créneaux:  »  Waulier  baillast  une  forces 
«  à  cousturier  que  il  tenoit  à  l'exposant  pour 
"  garder,  et  tandis  que  ledit  W.iulier  se  jouoit  à 
«  ladite  fille,  ledit  exposant  par  joie  et  esbatement 
«  se  print  à  decarneler  la  robe  dudit  Wautier.  » 
(J.I.  130,  p.  199,  an.  1387.)  (n.  e.) 

■  Decarquelé,  adj.  Qui  a  ôté  son  carquois. 

.Alors  parniy  les  fleurettes, 
Auprès  des  fontainelettes. 
Les  amoureteau.x  aislez 
Débandez,  decarquelez 
Ainsi  qu'oiselets  volnges 
Voletoient  sur  les  rivages. 

G.  Durant,  à  la  suite  de  Bonnef.  p.  154. 

Decarteler,  v.  Ecarter,  fendre.  «  Quant  le 
«  porc  vit  que  les  chiens  le  tenoient  si  court,  il  se 
"  print  à  ronfier  de  la  narine  et  se  dresser  sur  les 
"  piedz  et  fiert  ung  des  chiens  de  sa  dent,  si  luy  va 
«  descarteler  toute  l'eschiiie.  »  (Perc.  vol.  II,  f°  9.) 

Décassé,  adj.  Rompu, déchiré.  (Coquill.  p.  65.) (3) 

Decatholiques.  Sorte  de  vers.  Il  faut  lire 
dccatosliques,  c'est-à-dire  dixains.  (Nef  des  Fols, 
fol.  3.)  Ou  trouve  heccatosliques  pour  huitains. 
(Ibid.  fol.  4.) 


(1)  C'est  le  conte  du  Moine  sacristain  (Fabliaux  de  Barbazan,  t.  I):  on  prend  le  corps  du  moine  pour  celui  d'un  porc.  (N.  E.) 

(2)  Dans  S'  Alexis  (sir.  LXXX)  on  lit  décès  :  «  Puis  mun  derc.'i  en  fusses  ennret.  »  (N.  El 

(3>  On  lit  au  Miserere  du  Reclus  de  Morliens  (226)  ;  «  Mors  set  moût  tost  fol  acoisier  ;  Mors  a  moût  tost  de  son  arcier 
Descasce  l'ame  dolente.  »  (n.  e  ) 


Niort.  —  Typographie  de  L.  Favre. 


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ôiiNûii^U  ^LCT.      JUN  2  1  1978 


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2889 
S2 


Sainte-Palaye ,  Jean  Baptiste 
de  La  Curne  de 

Dictionnaire  historique 


8^